Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-04-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 avril 1932 19 avril 1932
Description : 1932/04/19 (A32,N44). 1932/04/19 (A32,N44).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380479w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. N° 44.
al NUMERO : 80 CENTIMES
MARDI SOIR, 19 KVRlL 1900.
JOURNAL QUOTIDIEN
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Les Annales Coloniales
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Tous les articles publiés dans notre tournai ne Miivtnt
itre reproduits qu'en citant les ADALU ÇoLOllALll.
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France et
Colonies - lu 9 lie 9 46 9
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On s'abonne mus feik im
tous les bureaux 4e poste.
4
L'artisanat colonial
^e«iH :
D'un bout à l'autre de notre monde colonial
et l'on peut dire, du reste, d'un bout à l'au-
tre du monde entier l'artisanat crie misère.
Pour en rester à nos - colonies, l'artisanat indo-
chinois se plaint et proteite. l'artisanat malga-
che appell à son secours, l'artisanat tunisien
gémit et même manifeste.
En effet, ces jours demiers, dans une atti-
tude non seulement correcte, mais qui est restée
très déférente à regard du représentant de la
France, une longue colonne d'artisans indigènes,
s'est repdué devant la Maison de France -
Tunis pour remettre une requête au Résident
général.
On prend ici sur le vif la difficulté que com-
porte un peu partout la crise de l'artisanat indi-
gène en raison même de la transformation pro-
fonde que la civilisation moderne apporte dans
ses traditions et dans ses méthodes de trawail.
On reheontre la même antinomie en Indochine,
à Madagascar et dans nos autres domaines colo-
niaux où les coutumes, les mœurs, les fabrica-
tions ancestraies se heurtent aux produits et aux
organisations modernes du travail.
C'est ce conflit qui motivait la manifestation
dont nous venons de parler. II est intéressant et
instructif d'en exposer la genèse.
il y-a quelques années encore, la corporation
des tisserands indigènes de Tunis jouissait dans
toute l'Afrique du Nord et jusqu'en Syrie d'une
ancienne et légitime réputation pour les riches
tissus de soie qu'elle fabriquait sur ses métiers
où la navette passait et repassait, guidée par la
main experte d'un tisseur qui travaillait souvent
dans sa maison ou dans un petit atelier, avec
un ou deux apprentis adolescents.
Ces tissus fabriqués de cette façon revenaient
assez cher. mais ils étaient très appréciés, no-
tamment des musulmanes de tous les pays iièdi.
terranéens.
La machine introduite à Tunis a bouleversé
cette industrie individuelle, et la soierie de
Lyon, par sa concurrence, en a augmenté la
crise.
Il y a quelques mois, une délégation de la
Chambre de Commerce indigène de Tunis
s'était rendue à Paris et à Lyon pour essayer
de trouver un remède à cette situation.
Dans le numéro du 3 décembre des Annales
Coloniales, j'ai signalé ces démarches et je di-
sais à leur sujet :
« Hélas, c'est là un épisode de plus de la
lutte inégale' de l'homme contre la machine.
luttequi se termine partout et toujours par la
victoire de celle-ci. »
J'ajouteis : « On ne voit pas trop par quelles
mesures on pourrait instituer en pareil cas une
protection efifcace.
« Tout au plus, concluais-je, pour ne pas
laisser complètement disparaître une des plus
jolies. industries nisiennes. pourrait-on aider
par clés subventions quelques-uns des meilleurs
artisans qui survivent encore, mais ce ne peut
être là qu'un palliatif provisoire. »
Pour avoir voulu essayer mieux qu'un pallia-
tif provisoire, l'adminiltration du Protectorat tu-
nisien a augmenté le mal si elle en a quelque
peu changé les victimes :
Par un décret du 11 février dernier, elle a
frappé les soieries de fabrication mécanique
d'une taxe atteignant le double de leur valeur
de vente.
Si les soieries tissées à la main étaient ainsi '1
protégées, quoique toujours handicapées par leur
prix élevé, les métiers mécaniques, se trouvaient
frappés d'une taxe vraiment prohibitive.
Ils ont dû s'arrêter, et leurs ouvriers indigè-
nes, aussi nombreux au moins que les tisseurs à
métiers. sont réduits au chômage. C'est de leur
corporation que se composait surtout le cortège
qui est allé apporter ses doléances à la Rési-
dence générale.
La suggestion que les Annales Coloniales
émettaient le 3 décembre était certainement
plu. efifcace : on peut essayer, par une aide
limitée, de maintenir quelques métiers qui four-
niront aux amateurs disposés à les payer des
tissus de haute qualité ; mais on voudrait en vain
galvaniser une industrie qui ne répond plus aux
conditions du travail et surtout du commerce
modernes.
Comment ne serait-elle pas condamnée à se
restreindre, alors que ceux-là même qui défen-
dent sa cause ne la soutiennent pas de leur
clientèle personnelle. Leurs pères portaient des
vestes et des gilets de soie brodés par les tis-
seurs des métiers tunisiens ; eux, .sont vêtus de
drap anglais ou français et leurs .complets sont
coupés par des taylors qui se réclament de Lon-
dres ou des tailleurs qui se recommandent de la
mode de Paris.
Il en est de même en Indochine, à Mada-
gascar ; il en sera de même bientôt à Abécher
et dans les stations les plus éloignées des pays
où s'introduit la civilisation.'
Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Du point
de vue pittoresque et exotique, on ne peut que
regretter la disparition des industries indigènes
et l'on doit s'efforcer, répétons-le, d'en main-
tenir ce qui peut en survivre pour satisfaire aux
goûts de ceux qui s'intéressent au pittoresque et
à l'exotisme.
Mais du point de vue économique, il serait
vain d'essayer de conserver à ces industries un
développement factice qui ne pourrait éviter une
chute plus ou moins prochaine.
Ce qu'il, faut, c'est orienter la main-d'œuvre
indigène vers des travaux appropriés à révolu-
tion industrielle à laquelle les pays coloniaux
ne peuvent manquer de participer.
A l'heure actuelle, dans chaque pays, l'arti-
sanat se persuade aisément qu'il est une victime
spécialement éprouvée. Hélas, si t'artisallat
indoohinois, l'artisanat malgache, l'artisanat tu-
nisien connaissent des heures pénibles, il en est
de même pour les artisanats français, anglais,
belge, allemand, américain et pas seulement
pour les artisans, mais pour toutes les catégories
de travailleurs.
C'est, en réalité, à un rétablissement général
de la norme économique universelle que tout
les efforts doivent s'appliquer. L'artisanat sera
le premier à profiter des résultats obtenus, dans
ce sens, aussi bien dans les contrées asiatiques
et africaines que chez les nations européennes.
Encore devra-t-il s'adapter, comme toutes
les collectivités, aux transformations qui résul-
teront nécessairement de la crise mondiale et
ne point vouloir s'incruster dans des modalités
qui ne correspondent plus aux tendances et aux
besoins solidaires de la production et de la
consommation.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-Président de la Commission
de< Douanes.
La leie de ÏÂit-el-Keblr
A la mosquée de Paris
Samedi, dans la calme Mosquée de la rue
Geoffroy-Saint-Hilaire, les Musulmans de Paris
se sont rendus en foule pour assister à la célé-
bration de la fête de r AIt-el-Kebir, fête la
plus importante de là religion islamique.
Aux côtés de Si Kaddour ben Ghabrit, se
trouvaient Son Exc. Moulay-Hafid, ancien sul-
tan du. Maroc, les ministres de Perse, d'Albe-
nie, d'Afghanistan, d'Egypte, de Turquie ;
M. Rober Raynaud, le général Simon, de nom-
breuses personnalités musulmanes de passage à
Paris ; des représentants des corps de troupes
musulmanes en garnison à Paris ou dans la ré-
gion parisienne, de nombreux généraux et offi-
ciers supérieurs ayant contribué à la pacification
du Maroc, etc.
L'iman, avant de dire les prières, rappela
aux fidèles accroupis sur les tapis de prières,
la signification de cette fête. Abraham, dans
le désert, allait sacrifier Ismaët, lorsqu'il trouva
auprès de lui un mouton que le Seigneur lui
avait envoyé pour sauver celui de qui allait des..
cendre la race islamique. -
Dans le ravissant, patio, les fidèles qui
n'avaient pu trouver place dans la Mosquée se
pressaient autour des sept moutons qu'on allait
immoler pour commémorer le sacrifice d'Abra-.
ham. Ce fut Si Kaddour ben Ghabrit qui choi-
sit les moutons du sacrifice.
A l'issue de la cérémonie, Si Kaddour ben
Ghabrit a reçu ses hôtes dans les sa lons de
l'Institut islamique.
En Tunisie
Les fêtes de I Aït-eJ-Kébir ont débuté avec
éclat à Tunis samedi.
Le bey s'est rendu le matin au palais du
Bardo, où il a reçu les compliments des notabi-
lités indigènes, françaises et étrangères.
A 10 heures, M. Manceron, escorté par les
chasseurs d'Afrique, s'est rendu à la Marsa, où
il a présenté ses vœux au souverain.
Au Maroc
Samedi, ont commencé à Rabat les grandes
rêtes rituelles musulmanes de l'Art-el-Kébir. au
milieu d'une énorme affluence d'indigènes ac-
courus de toutes les régions du Maroc.
M. Lucien Saint, accompagné des princi-
paux chefs de service du protectorat, s'est rendu
à 4 heures, aU Palais Impérial de Rabat, afin
de présenter ses vœux au souverain qui l'a reçu
dans la salle du tr&ne, suivant le protocole des
audiences solennelles.
Les fêtes, qui ont débuté par une prière faite
en présence du sultan, puis par le traditionnel
acte d'hommage des tribus au souverain, se
poursuivront pendant trois jours. Elles compor-
teront des réceptions au palais impérial et de
grandes tantasias.
) (
Le rugby au Maroc
L'équipe de France de rugby ira au Maroc
La tournée de propagande que doit effec-
tuer l'équipe de France de rugby au Maroc
se précise. Le départ et le lieu d'embarque-
ment sera vraisemblablemen le lo mai à Bor-
deaux où aura lieu le rassemblement des 40
joueurs, choisis parmi les disponibilités pré-
sentes.
) - <
Une délégation à la Chambre
de Commerce américaine au Maroc
Le paquebot Marêchal-Lyautey, qui avait
quitté Marseille samedi matin ayant à son
bord une délégation de la Chambre de com-
merce américaine en France, est arrivé à
Tanger.
La délégation a été reçue par le consul de
France, ainsi que par le Syndicat d'initia-
tive de Tanger. La matinée a été employée
par la délégation à visiter la ville.
Au dîner qui a eu lieu lundi soir, une mé-
daille d'honneur a été remise par le président
de la Chambre de commerce américaine,
M. Charles G. Loeb, au commandant Fabre,
du Marêchl-Lyautey, en témoignage de gra-
titude pour 'la courtoise réception qu'il a ré-
servée à la délégation.
Le paquebot Maréchal-Lyautey a dû arri-
ver à Casablanca aujourd'hui mardi dans la
matinée.
> (
les prix et taxes du calé
et ducaoutctwiccnA.E F.
.,
En Afrique Equatoriale française un ar-
rêté du Gouverneur général fixe le prix de
revient du café en fèves à 7 fr. 50. Pour le
deuxième trimestre le taux de la prime ac-
cordée à l'exportation du café est oe 1 fr. 50
par kilo. Le taux prime à l'exportation du
caoutchouc fixée à 2 fr. 50 par kilo. Le prix
d'achat minimum est de 1 rr. 50 latex frais
et de 2 fr. 25 le kilo latex sec.
Par dessus l'Afrique.
De Djibouti à Dakar
1
ous nous faisons tin,
devoir et UII plai.
sir, chaque fois
que Voccasion s'en'
présente, de signa-
ler la contributionJ
considérable d é:
Vaviation à l'étudi
et à la connais-
sance du continent
africain dont elle
nous révélera certainement encore bien des
mystères qui restent à tnétrer.
Nous ne saurions donc manquer de mus
intéresser à la magnifique tentative qui va;
sous peu de jours, ajouter un exploit de prt;
mier ordre à ceux dont s1 honorent déjà Ici
fastes de V aviation. 1
Il s'agit d'un trajet dont, il a été plllil
d'une fois parlé mais qui n'a encore été qci.
cotnpli par personne. Il a d'ailleurs Un il.',
lustre parrain en la personne du géné^ ral;
JI atlgi" qui, passionné pour tout ce qui tou-
chait à l'Afrique, avait lté frappé de l'avan-
tage qu'il offrirait en préparatrt des rela-
tions régulières entre nos colonies de l'Est
et celles de l'Ouest africains, par un vol qui
irait du littoral de l'Océan indien à celui de
l'Atlantique, partant de Djibouti pour abou-
tir à Dakar.
M an gin, peu de temps avant sa tilort., -
avait entretenu le président Do tinter gue de
ce projet à la réalisation duquel celui-ci avait
promis de s'employer. Le président en parla
à son tour à un aviateur qu'un exploit de
premier ordre, le périple complet de l'Afri-
que par étapes, venait de signaler à son at-
tention : j'ai lIommé, par cette évocation,
M. D'Estaillcur-Chanteraine.
C'est à bord de ce même monoplan Far-
rnan 190 muni d'un moteur Lorraine-Mizar
240 CV, le « Paris » avec lequel il a accom-
pli sa première randonnée africaine, qUe,
demain, M. D'Estai Uettr-C hanter aine va
s'cttvoler de Djibouti pour traverser le
continent africain dans sa plus large hori-
zontale.
Il est accompagné de l'excellent méca-
nicien Mistrot qui fut déjà de sa précédente
mission.
A son grand regret, il n'en est pas de
mime du pilote de grande classe Giraud qui
n'est pas de ce voyage, Ett effet, le pilote
Giraud s'est marié il y a quelques jours.
Vraiment, on, ne peut voniair, qu'il aban-
donne la lune de miel pour aller brader te
soleil équatorial. De plus, Giraud est pilote
militaire et le ministère de la Défense Na-
tionale n'aime guère prêter ses as à des ten-
fatives privées.
Aussi] est-il remplacé par un des meil-
leurs pilotes de la maison Farman, Freto",
recordman. avec Lavergne, de la vitesse sur
100 kilomètres et de celui de la durée pour
avions légers.
Dans un hangar de Toussus-le-Noble, le
D Paris - était l'objet de tous les soins des
mécaniciens qui poussaient sa mise au point.
A son bord, M. D'Estailleur-Chanteraine et
ses compagnons ont repris le chemin de
l'Afrique, mais pour se diriger, cette fois,
vers Djibouti qu'ils ont gagné par Or an,
Benghasi-Ouadi-Halfa.
Maintenant commence leur véritable raid
transafricain dont l'itinéraire ne sera défi-
nitivement arrêté qu'après réception de ren-
seignements aUe/tdus sur certains points
d'atterrissage. On peut cependant indiquer
qu'il passera par Massaouah, Albara, El-
Facher, Abécher, Fort-Lamy, Zinder, Birni
,V' KOt.llli, Niamey, Bamako et Kayes.
Il comprendra ainsi environ 20.000 kilo-
métrés de vol.
Il est à remarquer que dans ce parcours,
la mission D'Estailleur-C hanter aine survo-
lera d cs territoires anglais et italiens.
Voyons-y donc le prélude d'une entente aé-
rienne internationale que nous souhaitons.
Nous faisons les vaux les plus chaleureux
pour la pleine réussite d'une tentative qui
sera elle-même féconde en résultats et. qui
prouvera, une fois de plus, que Vavion en
combinaison avec l'automobile est l'engin
désigné pour les voyages et les transports
transafricains.
Lucien O-parin,
Député de la D'union,
membre de la Commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats.
) M*m E'
Le recensement des populations
en A. E. F.
Le recensement général de la population
opéré en juillet 1931, fait ressortir que la po-
pulation indigène est do 3.192.282 individus
dont 387.293 Gabon, 661.909 Moyen-Congo,
1.090.084 Oubangui-Chari, 1.053.006 Tchad,
ou 996.567 hommes, 1.135.938 femmes,
553.586 enfants masculins, 606.191 enfants
féminins. Ce résultat dépasse 'légèrement ce-
lui de 1926, soit 3.127.707 qui était en aug-
mentation sur 1921. On peut affirmer contrai-
rement à l'opinion répandue que la progres-
sion est lente mais continue. La population
européenne a subi une sensible augmenta-
tion de 4.687 contre 2.502 en 1926, 3.806 Fran-
çais dont 1.327 Gabon, 1.718 Moyen-Congo,
507 Oubangui-Chari, 354 Tchad, ou 2.779
hommes, 752 femmes, 275 enfants. La Colo-
nie la plus dense est le Moyen-Congo : 2.441
puis Gabon : 1.352, Oubangui-Chari : 716,
Tchad: 378. Parmi les étrangers : Portu-
gais : 236, Belges : 156, Italiens : 126,
Suisses : 64, Américains : 57, Suédois : 52,
Anglais : 44, Grecs : 32. L'augmentation du
nombre de femmes et d'enfants est un symp-
tôme d'amélioration dans les conditions de
vie.
DÉFINITIOI DU MESKINE
.ta
-W -
Si l'Afrique du Nord ne possède pas de
personnalités synthétiques et représentatives
ue race, de religion ou d'attitude collective,
elle onre du moins un type original bien que
répandu à 'plusieurs millions (l'exemplaires
à travers cette vaste contrce, dans les villes
et les villages et surtout dans le bled.
Ce type, c'est le meskine.
Par son aspect extérieur, le mesjkine frappe
tous ceux qui visitent une portion quelcon-
que du territoire nord-atricain. il vit misé-
rablement. Vêtu de loques ou d'un mauvais
burnous, il va nu-pieds par tous les temps,
lui, sa femme et ses entants. il loge dans un
gouroi fait fie branchages ou de - tonbes, en
compagnie de ses bétes de somme quand il
en a. et de vermine, toujours.
Son état permanent c'est la misère, une
misère congénitale, incoercible et millénaire.
Le meskine ne craint qu'une choset qui
n'a rien a voir avec la bravoure c'est, ue
manquer de la poignée d'orge ou de dattes
qui le fait vivre, encore, quand il meurt de
taim, a-t-il une consolation : Allah 1 Allait,
Dieu tutélaire et surtout symbole de .a rési-
gnation à la fatalité doit choses de ce monde.
Il est borné, analphabète, insouciant; son
crâne dur et recuit de soleil est plein de su-
perstitions et de tantômes, ce qui limite sin-
gulièrement ses possibilités d'évolution vers
ie mieux-être et la liberté.
A la campagne, le meskine est khumnès
(c'est-à-dire sert), fellah et ouvrier agricole.
La pluie est alors pour lui une bénédiction
du ciel et la sécheresse une punition de
même origine. Le malheur c'est que les béné-
dictions sont trop rares et les châtiments trop
fréquents.
A la ville, il est manœuvre, portefaix,
gagne-petit ou artisan, pour une rétribution
toujours dérisoire et insuffisante. Parce que,
disent ceux qui l'emploient, le meskine est
paresseux, chapardeur et bon à rien, ce qui
vrrive quelquefois avec circonstances atté-
nuantes.
La civilisation des Roumis le délivre peu
à peu de iiéaux tels que la famine endémique,
le typhus et la syphilis, Par contre, elle lui
a fait contracter l'habitude funeste d'abuser
du thé dans les campagnes, et de l'alcool
dans les villes. 11 est encore menacé d'un
danger plus redoutable : le machinisme, qui
tend à le déposséder de sa terre, de son mé-
tier à tisser, du maigre travail de ses mains,
de ses ressource ancestrales et nécessaires.
Ainsi dépeint, on croira peut-être que le
meskine est un être sympathique auquel va
naturellement la compassion. il n'a, en et-
fet, aucun ennemi, il n'a que des amis qui
s'entendent à merveille - pour veiller sur son
destin moyennant quelques petits cadeaux
que le meskine fait volontiers à ses maîtres
et serviteure suivant une coutume très an-
cienne. Ses meilleurs amis, de ce point de
vue, sont le marabout, le cheikh, le caïd et
tous ceux qui limitent étroitement les faits et
gestes de sa vie sociale. Apres quoi, et mal-
gré sqn dénuement, le meskine paie encore
une dîme à la commune, à la région, à
l'Etat, sans avoir aucun droit de regard sur
les affaires publiques. Il paie enfin une rede-
vance assez ruineuse à son inséparable ami :
l'usurier.
C'est pour caractériser sa situation que
l'on a inventé cette image : la sueur dit bur-
nous, qui est une image exacte. N'a-t-on pas
constaté que même la délivrance d'un certifi-
cat d'indigence donne lieu à rétribution !
A noter - que le meskine fait bien dans le
paysage africain. Les peintres et les littéra-
teurs ont dit de lui, qu'il restituait aux ho-
rizons leur valeur biblique. Son existence mi-
sérable est appelée simplicité. Sous le soleil
magicien, les loques dont il se vêt prennent
des reflets de pourpre et d'or, et les "plis de
son burnous rapiécé îui donne des attitudes
évocatrices de l'antique.
Redressera-t-il un jour sa 'face d'opprimé,
le meskine, et comprendra-t-il jamais sa di-
gnité d'homme?
D'autres ont déclaré qu'il est immuable
dans son comportement social et que rien ne
pourra rompre son immobilité.
Pour moi qui le connais depuis longtemps,
je crois que l'étincelle qui est en lui finira
par se dégager des servitudes de l'ignorance
et de la peur. Mais il devra passer par ces
trois choses essentielles pour son devenir :
l'école qui formera son cerveau, la commune
qui lui apprendra le secret des affaires pu-
bliques, et le syndicat instrument de sa li-
bération économique.
Arthur Pellegrin,
Délégué au Grand Conseil de la Tunisie.
M. Manceron veut organiser
la lutte contre les sauterelles
Le Résident général a quitté Tunis sa-
medi soir, pour accomplir une tournée rapide
dans les territoires de Medenine et Matmata;
le train spécial est passé en gare de Sousse,
à une heure du matin, il est arrivé à Sfax, à
3 heures du matin, et a changé de ligne dans
la direction de Medenine.
Au cours de ce déplacement, M. Mance-
ron, qui est accompagné de M. Chappaz, di-
recteur général de l'Agriculture, et de M.
Robinet, directeur des Services agricoles,
ainsi que du capitaine Pouvreau, du cabinet
militaire, visitera les chantiers de destruction
des criquets et se rendra compte personnelle-
ment des résultats de la lutte engagée contre
les acridiens.
Sans être inquiétante, la situation causée
par les invasions menaçantes est cependant
sérieuse. Les sauterelles venant du Sahara
se sont abattues en grand nombre dans la
région des territoires militaires et de Gabès.
On les signale aussi dans la région de gai-
rouan. La ponte a été abondante et tous les
efforts sont faits pour détruire les œufs avant
l'éclosion des criquets. Plus de 50.000 sacs de
sauterelles ont été récoltés dans 'la région de
Gabès et des centaines de milliers d'œufs ont
été détruits. L'activité déployée dans les en-
droits envahis permet d'espérer que l'impor-
tance des éclosions sera très réduite.
Elections coloniales
M. Louis Prat est parti pour l'Inde
M. Louis Prat, candidat radical-socialiste
aux élections législatives, dans les Etablis-
sements français de l'Inde, est parti diman-
che de Marignane par avion. Il arrivera à
Calcutta 'le 19 ou 20 courant, et commencera
aussitôt sa campagne électorale à Chander-
nagor pu,is à Pondichéry et Karikal.
) (
Le voyage du duc
et de la duchesse de Brabant
Au Cambodge
Le voyage de LL. AA. RR. 4le duc et la
duchesse de Brabant continue dans d'excel-
lentes conditions. Les princes ont été reçus à
la Cour du Cambodge et ont visité l'Institut
indigène du Bouddisme établi dans la capi-
tale Pnom-Penh.
) (
Il conseil supérieur des Colonies
La représentation annamite
Le ministère des Colonies communique la
note suivante ;
« Au cours de son voyage en Indochine,
M. Reynaud, alors ministre des Colonies,
avait estimé opportun de donner satisfaction
a un vœu des Annamites de Cochinchine
tendant à leur représentation au Cunseil su-
périeur des colonies. 11 avait, dès son retour,
chargé les services de son département
d'étudier 'les propositions présentées à ce su-
jet par le gouverneur général de l'Indo-
chine. M. de Chappedelaine vient de faire
signer par le Président de la République un
décret qui donne satisfaction au désir ex-
primé par les populations indigènes cochin-
chinoises. Le représentant de ces populations
sera désigné par un collège électoral dont la
composition sera fixée par les autorités lo-
cales.
« La mesure ainsi prise aura certainement
une répercussion politique des plus heureu-
ses en Cochinchine. »
- ) -.. (
Tu te rends compte.
TOUT COMME LES ETRES HUMAINS
L'ELEPHANT EST VINDICATIF.
Les animaux ont leur sensibilité, c'est indis-
cutable, prenons'comme témoignage la mère
poule veillant sur ses poussins, la chienne allai-
tant son petit, et la chatte réchauffant sous son
poil ses châtions, et l'inquiétude qui s'empare
d'eux- si un de leurs petits disparaît ; ils appel-
lent, cherchent et sont de véritables bêtes er-
rantes et désemparées..
Dernièrement. aux environs de Hué, un
éléphanteau jut tué par un bûcheron du vil-
lage de Bach- Thach, la mère éléphant barit
jour et nuit, et, désespérée, décida de venger
la mort de son petit.
Dix nuits. semant la terreur ¡,ur son passage
par ses cris et sa course folle. elle erra autour
du village pour trouver le btlcheron; enfin la
bête devenue furieuse, le bûcheron- craignit
oour sa vie et dut auitter les lieux. Mais l'élé-
phant veillait toujours, et ne pouvant plus trou-
ver son ennemi, elle décida de se Venger sur un
autre bûcheron qui lui aussi avait pris part au
partage et mangé de la chair de l'éléphanteau.
Un jour. comme le bûcheron allait abattre
du bois dam la forêt sans être nullement in-
quiété, il fut brusquement saisi par la mère
éléphant qui sauta sur lui et le piétina littérale-
ment.
L'amour maternel avait enfin obtenu Ven-
geance.
F. J.
A l'Académie des Sciences
Etude sur le Maroc maritime français
Le capitaine de frégate J. Rouch, qui com-
mande maintenant notre marine au Maroc,
vient de terminer un très important et pré-
cieux mémoire météorologique et océanogra-
phique sur ce pays, mémoire que le docteur
Charcot présentait hier avec les plus grands
éloges à l'Académie des sciences.
Ce travail donne d'abord une vue d'ensem-
ble, condensée et cependant complète, du
climat des côtes atlantiques du Maroc. La
température de l'air, la pression atmosphéri-
que dont les variations saisonnières donnent
lieu à l'établissement d'une véritable mous-
son, la direction et la vitesse des vents, la
pluie, la nébulosité et la brume y sont étu-
diées successivement suivant le plan et la
méthode que l'auteur a déjà employés dans
sa « Notice météorologique sur les côtes de
France et d'Algérie ».
Au point de vue océanographique, le mé-
moire du commandant Rouch résume les don-
nées actuellement acquises sur la tempéra-
ture de la mer, si froide pour la latitude,
sur les courants côtiers, les marées et surtout
la houle, qui a tant d'importance tout le long
du littoral marocain.
L'auteur a eu à sa disposition les obser-
vations recueillies à l'Institut scientifique
chérifien, sous la direction du docteur Liou-
ville.
Comme l'a remarqué M. Charcot en termi-
nant, au moment où 'le protectorat va don-
ner une vive impulsion au développement du
service météorologique chérifien, le mémoire
du commandant Rouch fournira un cadro
commode aux recherches nouvelles.
> 4a*
A l'Académie des Beaux-Arts
18.
Le jury de la société coloniale
des artistes français
Tnvitée à désigner trois de ses membres
pour faire partie du jury de la Société Co-
loniale des Artistes Français, le choix de la
Compagnie se porte sur MM. Chabas, Lucien
Simon et Landowsky.
L'importance do Prix
de Littérature coloniale
Un fait nouveau
Dans deux jours (21 avril), le prix de lit-
térature coloniale sera décerné rue d'En-
ghien, dans le bureau de M..Jean Vignaud,
directeur littéraire du Petit ParisienJ prési-
dent de l'Association de la Critique litté.
raire.
L'auteur du Huitième Péché, de la Maison
du Maltais, de Sarrati le Terrible, etc. qui
est un voyageur passionné et aussi un anima-
teur d'une belle énergie, s'est penché sur une
vérité actue'lle, urgente à révéler.
Ce fait nouveau, dont la manifestation du
21 avril apportera, en quelque sorte, le mes-
sage, c'est que la littérature française doit
englober, par delà les mers, l'unité de l'es-
prit colonial qui anime les écrivains épars
dans les te France » lointaines. Il faut que
cette heure symbolique de 1932, année consé-
cutive à l'Exposition Coloniale, sonne un
ralliement qui soit entendu de l'Atlantique
au, Pacifique, de la Méditerranée jusqu'en
Extrême-Asie, jusqu'au cœur de la France
des Antipodes.
Mission du Livre
Pour que le lien se forge plus résistant
entre la métropole et notre empire ..d'outre-
mer; afin que l'Exposition Coloniale porte
les fruits qui ont été semés à Vincennes avec
l'aide enthousiaste du pays entier : il faut
qu'une communion spirituelle s'établisse en-
tre les habitants do la France-promontoire-
européen et les millions d'êtres français eux
aussi qui sont disséminés parmi les brousses,
les savanes, les déserts de sable et d'eau.
S'il est vrai que les forces psychologiques
sont l'âme des phénomènes matériels; que
les forces matérielles sont redoutables et les
forces psychologiques invincibles : n'oublions
pas que le livre possède ce dynamisme psy-
chologique qui mène l'histoire.
Entre toutes les grandes dates qui jalon-
nent la destinée humaine, prenons 1848,
l'abolition définitive de l'esclavage dans les
colonies françaises; nous devons reconnaître
que l'âme de cettq réforme sociale a été le
livre.
Bernardin de Saint-Pierre, Rousseau, Mme
de Staël, enthousiastes défenseurs des noirs,
ont admirablement préparé l'opinion publi-
que. - -
Victor tiugo put s'emparer tic cette llamme
de liberté entretenue par le livre et en dépit
de toutes les vicissitudes politiques, décider
de l'une des grandes étapes de la civilisation
terrestre.
Quand on interroge la ligne de chance de
la destinée coloniale de la France, on est
frappé du rôle providentiel que la littérature
a joué. Relations du « Journal des voyages »
romans d'aventures en des pays étrangers,
les livres ont bercé nos pères d une irrésisti-
ble et rKmalgique-invitation au '¥(Jya,e,-.;L".
encore s'est trouvée cette force psychologique
invincible, qui a su triompher de l'hostilité
anticoloniale des gouvernements et galvani.
ser l'inertie.
En 1932, les forces psychologiques ne se
sont pas déplacées, elles résident toujours
dans le foyer intellectuel.
Le livte. a cause peut-être de la matérialité
de notre époque, demeure ce lien mystique
chargé d'effluves et qui seul peut établir le
contact entre les hommes séparés qui ne se
rencontreront peut-être jamais.
Nulle propagande ne peut être plus effi-
cace que celle faite par le livre, riche en
images, doué de cette merveilleuse « faculté
corporelle d'émotion o qu'a magnifiée Ga-
briele d'Annunzio.
Par le livre, l'auteur ne cesse de collaborer
avec chaque nouveau lecteur qui reforme se-
lon son imagination t'ambiance fée des ta-
bleaux écrits.
Devnir du Précetif
--.. --- -- - -----.
Je crois que le jury du. Prix de Littérature
Coloniale ne se trompe pas, quand il juge
que l'heure présente commande la coordina-
tion des forces intellectuelles coloniales qui
s'effeuillent selon les caprices de la Rose des
Vents.
Je crois qu'il ne se trompe pas non plus,
quand il veut établir à Paris le centre rayon-
nant du foyer des Lettres de la « Plus grande
France ».
Dans ce domaine rien n'est fait et l'action
est urgente.
Nous sommes parvenus à une ère de trans-
formation où la vie des peup'les évolue vers
les conflits de races.
La France, seconde puissance coloniale du
globe, avec un empire de 10.311.638 kilomè-
tres carrés et une population d environ 60 inil-
lions d'habitants, doit à la responsabilité de
civilisation qu'elle a assumée, d'organiser
sans retard les forces intellectuelles colo-
nia!les qui demain, en Afrique, en Amérique,
en Océanie, mèneront l'histoire.
Politique d'assimilation. politique d'as-
sociation !. c'est peut-être par la littérature
de la « Plus grande France » que s'opérera
« ce miracle de compréhension, de sympa-
thie. ce compromis d'intelligences et de sa-
gesses - que les esprits les plus - altiers de no-
tre race et de notre siècle annoncent sans
oser l'espérer; chacun apportant, chacun of-
frant, afin de le mettre en commun, ce qu'il
a trouvé de mieux dans son histoire, dans
son esprit et dans son cœur. »
Faisons nôtre, ce vœu d'al'légresse de
M. Pierre Hubac, il consacre l'importance
du Prix de Littérature Coloniale.
Jury et candidats
Parmi les membres du jury qui officieront
jeudi après-midi dans le vaste et lumineux
bureau de M. Jean Vignaud, citons : MM.
Jérôme et Jean Tharaud, Jean Vignaud,
lienry Bérenger, sénateur de la Guadeloupe ;
Louis Bertrand, Ajalbert, Demaison, le géo.
graphe Dubois, etc.
-v r Les principaux candidats en présence sont
MM De avignette (les Paysans Noirs), Por-
tier (Mékong), Pujarnisclc (Pltiloximc ou la
Littérature coloniale\ Maurice Martin du
Gard (Courrier d'Afrique).
Dernière heure
M. Alain Laubreaux qui avait présenté
« Wara » au jury du Prix de Littérature Co-
loniale vient de retirer son livre. Par contre,
un nouveau-né de 48 heures concourt c'est
IllantZ fille des Tropiques, de M. Albert
Bèrar.
Mari..Loe Sicmrd.
al NUMERO : 80 CENTIMES
MARDI SOIR, 19 KVRlL 1900.
JOURNAL QUOTIDIEN
Rédaction & Administration t
M.
PARIS AN
TtLtPH. t LOUVM IHf
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7, 0 le
Les Annales Coloniales
Lu 4sume et r'oIGm" sont rtgu«« MI
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DmtcTtuit.PoNDATiuit i Marotl RUBDBL
Tous les articles publiés dans notre tournai ne Miivtnt
itre reproduits qu'en citant les ADALU ÇoLOllALll.
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- - -
France et
Colonies - lu 9 lie 9 46 9
ttrMMr 246.9 Wi 70 9
On s'abonne mus feik im
tous les bureaux 4e poste.
4
L'artisanat colonial
^e«iH :
D'un bout à l'autre de notre monde colonial
et l'on peut dire, du reste, d'un bout à l'au-
tre du monde entier l'artisanat crie misère.
Pour en rester à nos - colonies, l'artisanat indo-
chinois se plaint et proteite. l'artisanat malga-
che appell à son secours, l'artisanat tunisien
gémit et même manifeste.
En effet, ces jours demiers, dans une atti-
tude non seulement correcte, mais qui est restée
très déférente à regard du représentant de la
France, une longue colonne d'artisans indigènes,
s'est repdué devant la Maison de France -
Tunis pour remettre une requête au Résident
général.
On prend ici sur le vif la difficulté que com-
porte un peu partout la crise de l'artisanat indi-
gène en raison même de la transformation pro-
fonde que la civilisation moderne apporte dans
ses traditions et dans ses méthodes de trawail.
On reheontre la même antinomie en Indochine,
à Madagascar et dans nos autres domaines colo-
niaux où les coutumes, les mœurs, les fabrica-
tions ancestraies se heurtent aux produits et aux
organisations modernes du travail.
C'est ce conflit qui motivait la manifestation
dont nous venons de parler. II est intéressant et
instructif d'en exposer la genèse.
il y-a quelques années encore, la corporation
des tisserands indigènes de Tunis jouissait dans
toute l'Afrique du Nord et jusqu'en Syrie d'une
ancienne et légitime réputation pour les riches
tissus de soie qu'elle fabriquait sur ses métiers
où la navette passait et repassait, guidée par la
main experte d'un tisseur qui travaillait souvent
dans sa maison ou dans un petit atelier, avec
un ou deux apprentis adolescents.
Ces tissus fabriqués de cette façon revenaient
assez cher. mais ils étaient très appréciés, no-
tamment des musulmanes de tous les pays iièdi.
terranéens.
La machine introduite à Tunis a bouleversé
cette industrie individuelle, et la soierie de
Lyon, par sa concurrence, en a augmenté la
crise.
Il y a quelques mois, une délégation de la
Chambre de Commerce indigène de Tunis
s'était rendue à Paris et à Lyon pour essayer
de trouver un remède à cette situation.
Dans le numéro du 3 décembre des Annales
Coloniales, j'ai signalé ces démarches et je di-
sais à leur sujet :
« Hélas, c'est là un épisode de plus de la
lutte inégale' de l'homme contre la machine.
luttequi se termine partout et toujours par la
victoire de celle-ci. »
J'ajouteis : « On ne voit pas trop par quelles
mesures on pourrait instituer en pareil cas une
protection efifcace.
« Tout au plus, concluais-je, pour ne pas
laisser complètement disparaître une des plus
jolies. industries nisiennes. pourrait-on aider
par clés subventions quelques-uns des meilleurs
artisans qui survivent encore, mais ce ne peut
être là qu'un palliatif provisoire. »
Pour avoir voulu essayer mieux qu'un pallia-
tif provisoire, l'adminiltration du Protectorat tu-
nisien a augmenté le mal si elle en a quelque
peu changé les victimes :
Par un décret du 11 février dernier, elle a
frappé les soieries de fabrication mécanique
d'une taxe atteignant le double de leur valeur
de vente.
Si les soieries tissées à la main étaient ainsi '1
protégées, quoique toujours handicapées par leur
prix élevé, les métiers mécaniques, se trouvaient
frappés d'une taxe vraiment prohibitive.
Ils ont dû s'arrêter, et leurs ouvriers indigè-
nes, aussi nombreux au moins que les tisseurs à
métiers. sont réduits au chômage. C'est de leur
corporation que se composait surtout le cortège
qui est allé apporter ses doléances à la Rési-
dence générale.
La suggestion que les Annales Coloniales
émettaient le 3 décembre était certainement
plu. efifcace : on peut essayer, par une aide
limitée, de maintenir quelques métiers qui four-
niront aux amateurs disposés à les payer des
tissus de haute qualité ; mais on voudrait en vain
galvaniser une industrie qui ne répond plus aux
conditions du travail et surtout du commerce
modernes.
Comment ne serait-elle pas condamnée à se
restreindre, alors que ceux-là même qui défen-
dent sa cause ne la soutiennent pas de leur
clientèle personnelle. Leurs pères portaient des
vestes et des gilets de soie brodés par les tis-
seurs des métiers tunisiens ; eux, .sont vêtus de
drap anglais ou français et leurs .complets sont
coupés par des taylors qui se réclament de Lon-
dres ou des tailleurs qui se recommandent de la
mode de Paris.
Il en est de même en Indochine, à Mada-
gascar ; il en sera de même bientôt à Abécher
et dans les stations les plus éloignées des pays
où s'introduit la civilisation.'
Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Du point
de vue pittoresque et exotique, on ne peut que
regretter la disparition des industries indigènes
et l'on doit s'efforcer, répétons-le, d'en main-
tenir ce qui peut en survivre pour satisfaire aux
goûts de ceux qui s'intéressent au pittoresque et
à l'exotisme.
Mais du point de vue économique, il serait
vain d'essayer de conserver à ces industries un
développement factice qui ne pourrait éviter une
chute plus ou moins prochaine.
Ce qu'il, faut, c'est orienter la main-d'œuvre
indigène vers des travaux appropriés à révolu-
tion industrielle à laquelle les pays coloniaux
ne peuvent manquer de participer.
A l'heure actuelle, dans chaque pays, l'arti-
sanat se persuade aisément qu'il est une victime
spécialement éprouvée. Hélas, si t'artisallat
indoohinois, l'artisanat malgache, l'artisanat tu-
nisien connaissent des heures pénibles, il en est
de même pour les artisanats français, anglais,
belge, allemand, américain et pas seulement
pour les artisans, mais pour toutes les catégories
de travailleurs.
C'est, en réalité, à un rétablissement général
de la norme économique universelle que tout
les efforts doivent s'appliquer. L'artisanat sera
le premier à profiter des résultats obtenus, dans
ce sens, aussi bien dans les contrées asiatiques
et africaines que chez les nations européennes.
Encore devra-t-il s'adapter, comme toutes
les collectivités, aux transformations qui résul-
teront nécessairement de la crise mondiale et
ne point vouloir s'incruster dans des modalités
qui ne correspondent plus aux tendances et aux
besoins solidaires de la production et de la
consommation.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-Président de la Commission
de< Douanes.
La leie de ÏÂit-el-Keblr
A la mosquée de Paris
Samedi, dans la calme Mosquée de la rue
Geoffroy-Saint-Hilaire, les Musulmans de Paris
se sont rendus en foule pour assister à la célé-
bration de la fête de r AIt-el-Kebir, fête la
plus importante de là religion islamique.
Aux côtés de Si Kaddour ben Ghabrit, se
trouvaient Son Exc. Moulay-Hafid, ancien sul-
tan du. Maroc, les ministres de Perse, d'Albe-
nie, d'Afghanistan, d'Egypte, de Turquie ;
M. Rober Raynaud, le général Simon, de nom-
breuses personnalités musulmanes de passage à
Paris ; des représentants des corps de troupes
musulmanes en garnison à Paris ou dans la ré-
gion parisienne, de nombreux généraux et offi-
ciers supérieurs ayant contribué à la pacification
du Maroc, etc.
L'iman, avant de dire les prières, rappela
aux fidèles accroupis sur les tapis de prières,
la signification de cette fête. Abraham, dans
le désert, allait sacrifier Ismaët, lorsqu'il trouva
auprès de lui un mouton que le Seigneur lui
avait envoyé pour sauver celui de qui allait des..
cendre la race islamique. -
Dans le ravissant, patio, les fidèles qui
n'avaient pu trouver place dans la Mosquée se
pressaient autour des sept moutons qu'on allait
immoler pour commémorer le sacrifice d'Abra-.
ham. Ce fut Si Kaddour ben Ghabrit qui choi-
sit les moutons du sacrifice.
A l'issue de la cérémonie, Si Kaddour ben
Ghabrit a reçu ses hôtes dans les sa lons de
l'Institut islamique.
En Tunisie
Les fêtes de I Aït-eJ-Kébir ont débuté avec
éclat à Tunis samedi.
Le bey s'est rendu le matin au palais du
Bardo, où il a reçu les compliments des notabi-
lités indigènes, françaises et étrangères.
A 10 heures, M. Manceron, escorté par les
chasseurs d'Afrique, s'est rendu à la Marsa, où
il a présenté ses vœux au souverain.
Au Maroc
Samedi, ont commencé à Rabat les grandes
rêtes rituelles musulmanes de l'Art-el-Kébir. au
milieu d'une énorme affluence d'indigènes ac-
courus de toutes les régions du Maroc.
M. Lucien Saint, accompagné des princi-
paux chefs de service du protectorat, s'est rendu
à 4 heures, aU Palais Impérial de Rabat, afin
de présenter ses vœux au souverain qui l'a reçu
dans la salle du tr&ne, suivant le protocole des
audiences solennelles.
Les fêtes, qui ont débuté par une prière faite
en présence du sultan, puis par le traditionnel
acte d'hommage des tribus au souverain, se
poursuivront pendant trois jours. Elles compor-
teront des réceptions au palais impérial et de
grandes tantasias.
) (
Le rugby au Maroc
L'équipe de France de rugby ira au Maroc
La tournée de propagande que doit effec-
tuer l'équipe de France de rugby au Maroc
se précise. Le départ et le lieu d'embarque-
ment sera vraisemblablemen le lo mai à Bor-
deaux où aura lieu le rassemblement des 40
joueurs, choisis parmi les disponibilités pré-
sentes.
) - <
Une délégation à la Chambre
de Commerce américaine au Maroc
Le paquebot Marêchal-Lyautey, qui avait
quitté Marseille samedi matin ayant à son
bord une délégation de la Chambre de com-
merce américaine en France, est arrivé à
Tanger.
La délégation a été reçue par le consul de
France, ainsi que par le Syndicat d'initia-
tive de Tanger. La matinée a été employée
par la délégation à visiter la ville.
Au dîner qui a eu lieu lundi soir, une mé-
daille d'honneur a été remise par le président
de la Chambre de commerce américaine,
M. Charles G. Loeb, au commandant Fabre,
du Marêchl-Lyautey, en témoignage de gra-
titude pour 'la courtoise réception qu'il a ré-
servée à la délégation.
Le paquebot Maréchal-Lyautey a dû arri-
ver à Casablanca aujourd'hui mardi dans la
matinée.
> (
les prix et taxes du calé
et ducaoutctwiccnA.E F.
.,
En Afrique Equatoriale française un ar-
rêté du Gouverneur général fixe le prix de
revient du café en fèves à 7 fr. 50. Pour le
deuxième trimestre le taux de la prime ac-
cordée à l'exportation du café est oe 1 fr. 50
par kilo. Le taux prime à l'exportation du
caoutchouc fixée à 2 fr. 50 par kilo. Le prix
d'achat minimum est de 1 rr. 50 latex frais
et de 2 fr. 25 le kilo latex sec.
Par dessus l'Afrique.
De Djibouti à Dakar
1
ous nous faisons tin,
devoir et UII plai.
sir, chaque fois
que Voccasion s'en'
présente, de signa-
ler la contributionJ
considérable d é:
Vaviation à l'étudi
et à la connais-
sance du continent
africain dont elle
nous révélera certainement encore bien des
mystères qui restent à tnétrer.
Nous ne saurions donc manquer de mus
intéresser à la magnifique tentative qui va;
sous peu de jours, ajouter un exploit de prt;
mier ordre à ceux dont s1 honorent déjà Ici
fastes de V aviation. 1
Il s'agit d'un trajet dont, il a été plllil
d'une fois parlé mais qui n'a encore été qci.
cotnpli par personne. Il a d'ailleurs Un il.',
lustre parrain en la personne du géné^ ral;
JI atlgi" qui, passionné pour tout ce qui tou-
chait à l'Afrique, avait lté frappé de l'avan-
tage qu'il offrirait en préparatrt des rela-
tions régulières entre nos colonies de l'Est
et celles de l'Ouest africains, par un vol qui
irait du littoral de l'Océan indien à celui de
l'Atlantique, partant de Djibouti pour abou-
tir à Dakar.
M an gin, peu de temps avant sa tilort., -
avait entretenu le président Do tinter gue de
ce projet à la réalisation duquel celui-ci avait
promis de s'employer. Le président en parla
à son tour à un aviateur qu'un exploit de
premier ordre, le périple complet de l'Afri-
que par étapes, venait de signaler à son at-
tention : j'ai lIommé, par cette évocation,
M. D'Estaillcur-Chanteraine.
C'est à bord de ce même monoplan Far-
rnan 190 muni d'un moteur Lorraine-Mizar
240 CV, le « Paris » avec lequel il a accom-
pli sa première randonnée africaine, qUe,
demain, M. D'Estai Uettr-C hanter aine va
s'cttvoler de Djibouti pour traverser le
continent africain dans sa plus large hori-
zontale.
Il est accompagné de l'excellent méca-
nicien Mistrot qui fut déjà de sa précédente
mission.
A son grand regret, il n'en est pas de
mime du pilote de grande classe Giraud qui
n'est pas de ce voyage, Ett effet, le pilote
Giraud s'est marié il y a quelques jours.
Vraiment, on, ne peut voniair, qu'il aban-
donne la lune de miel pour aller brader te
soleil équatorial. De plus, Giraud est pilote
militaire et le ministère de la Défense Na-
tionale n'aime guère prêter ses as à des ten-
fatives privées.
Aussi] est-il remplacé par un des meil-
leurs pilotes de la maison Farman, Freto",
recordman. avec Lavergne, de la vitesse sur
100 kilomètres et de celui de la durée pour
avions légers.
Dans un hangar de Toussus-le-Noble, le
D Paris - était l'objet de tous les soins des
mécaniciens qui poussaient sa mise au point.
A son bord, M. D'Estailleur-Chanteraine et
ses compagnons ont repris le chemin de
l'Afrique, mais pour se diriger, cette fois,
vers Djibouti qu'ils ont gagné par Or an,
Benghasi-Ouadi-Halfa.
Maintenant commence leur véritable raid
transafricain dont l'itinéraire ne sera défi-
nitivement arrêté qu'après réception de ren-
seignements aUe/tdus sur certains points
d'atterrissage. On peut cependant indiquer
qu'il passera par Massaouah, Albara, El-
Facher, Abécher, Fort-Lamy, Zinder, Birni
,V' KOt.llli, Niamey, Bamako et Kayes.
Il comprendra ainsi environ 20.000 kilo-
métrés de vol.
Il est à remarquer que dans ce parcours,
la mission D'Estailleur-C hanter aine survo-
lera d cs territoires anglais et italiens.
Voyons-y donc le prélude d'une entente aé-
rienne internationale que nous souhaitons.
Nous faisons les vaux les plus chaleureux
pour la pleine réussite d'une tentative qui
sera elle-même féconde en résultats et. qui
prouvera, une fois de plus, que Vavion en
combinaison avec l'automobile est l'engin
désigné pour les voyages et les transports
transafricains.
Lucien O-parin,
Député de la D'union,
membre de la Commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats.
) M*m E'
Le recensement des populations
en A. E. F.
Le recensement général de la population
opéré en juillet 1931, fait ressortir que la po-
pulation indigène est do 3.192.282 individus
dont 387.293 Gabon, 661.909 Moyen-Congo,
1.090.084 Oubangui-Chari, 1.053.006 Tchad,
ou 996.567 hommes, 1.135.938 femmes,
553.586 enfants masculins, 606.191 enfants
féminins. Ce résultat dépasse 'légèrement ce-
lui de 1926, soit 3.127.707 qui était en aug-
mentation sur 1921. On peut affirmer contrai-
rement à l'opinion répandue que la progres-
sion est lente mais continue. La population
européenne a subi une sensible augmenta-
tion de 4.687 contre 2.502 en 1926, 3.806 Fran-
çais dont 1.327 Gabon, 1.718 Moyen-Congo,
507 Oubangui-Chari, 354 Tchad, ou 2.779
hommes, 752 femmes, 275 enfants. La Colo-
nie la plus dense est le Moyen-Congo : 2.441
puis Gabon : 1.352, Oubangui-Chari : 716,
Tchad: 378. Parmi les étrangers : Portu-
gais : 236, Belges : 156, Italiens : 126,
Suisses : 64, Américains : 57, Suédois : 52,
Anglais : 44, Grecs : 32. L'augmentation du
nombre de femmes et d'enfants est un symp-
tôme d'amélioration dans les conditions de
vie.
DÉFINITIOI DU MESKINE
.ta
-W -
Si l'Afrique du Nord ne possède pas de
personnalités synthétiques et représentatives
ue race, de religion ou d'attitude collective,
elle onre du moins un type original bien que
répandu à 'plusieurs millions (l'exemplaires
à travers cette vaste contrce, dans les villes
et les villages et surtout dans le bled.
Ce type, c'est le meskine.
Par son aspect extérieur, le mesjkine frappe
tous ceux qui visitent une portion quelcon-
que du territoire nord-atricain. il vit misé-
rablement. Vêtu de loques ou d'un mauvais
burnous, il va nu-pieds par tous les temps,
lui, sa femme et ses entants. il loge dans un
gouroi fait fie branchages ou de - tonbes, en
compagnie de ses bétes de somme quand il
en a. et de vermine, toujours.
Son état permanent c'est la misère, une
misère congénitale, incoercible et millénaire.
Le meskine ne craint qu'une choset qui
n'a rien a voir avec la bravoure c'est, ue
manquer de la poignée d'orge ou de dattes
qui le fait vivre, encore, quand il meurt de
taim, a-t-il une consolation : Allah 1 Allait,
Dieu tutélaire et surtout symbole de .a rési-
gnation à la fatalité doit choses de ce monde.
Il est borné, analphabète, insouciant; son
crâne dur et recuit de soleil est plein de su-
perstitions et de tantômes, ce qui limite sin-
gulièrement ses possibilités d'évolution vers
ie mieux-être et la liberté.
A la campagne, le meskine est khumnès
(c'est-à-dire sert), fellah et ouvrier agricole.
La pluie est alors pour lui une bénédiction
du ciel et la sécheresse une punition de
même origine. Le malheur c'est que les béné-
dictions sont trop rares et les châtiments trop
fréquents.
A la ville, il est manœuvre, portefaix,
gagne-petit ou artisan, pour une rétribution
toujours dérisoire et insuffisante. Parce que,
disent ceux qui l'emploient, le meskine est
paresseux, chapardeur et bon à rien, ce qui
vrrive quelquefois avec circonstances atté-
nuantes.
La civilisation des Roumis le délivre peu
à peu de iiéaux tels que la famine endémique,
le typhus et la syphilis, Par contre, elle lui
a fait contracter l'habitude funeste d'abuser
du thé dans les campagnes, et de l'alcool
dans les villes. 11 est encore menacé d'un
danger plus redoutable : le machinisme, qui
tend à le déposséder de sa terre, de son mé-
tier à tisser, du maigre travail de ses mains,
de ses ressource ancestrales et nécessaires.
Ainsi dépeint, on croira peut-être que le
meskine est un être sympathique auquel va
naturellement la compassion. il n'a, en et-
fet, aucun ennemi, il n'a que des amis qui
s'entendent à merveille - pour veiller sur son
destin moyennant quelques petits cadeaux
que le meskine fait volontiers à ses maîtres
et serviteure suivant une coutume très an-
cienne. Ses meilleurs amis, de ce point de
vue, sont le marabout, le cheikh, le caïd et
tous ceux qui limitent étroitement les faits et
gestes de sa vie sociale. Apres quoi, et mal-
gré sqn dénuement, le meskine paie encore
une dîme à la commune, à la région, à
l'Etat, sans avoir aucun droit de regard sur
les affaires publiques. Il paie enfin une rede-
vance assez ruineuse à son inséparable ami :
l'usurier.
C'est pour caractériser sa situation que
l'on a inventé cette image : la sueur dit bur-
nous, qui est une image exacte. N'a-t-on pas
constaté que même la délivrance d'un certifi-
cat d'indigence donne lieu à rétribution !
A noter - que le meskine fait bien dans le
paysage africain. Les peintres et les littéra-
teurs ont dit de lui, qu'il restituait aux ho-
rizons leur valeur biblique. Son existence mi-
sérable est appelée simplicité. Sous le soleil
magicien, les loques dont il se vêt prennent
des reflets de pourpre et d'or, et les "plis de
son burnous rapiécé îui donne des attitudes
évocatrices de l'antique.
Redressera-t-il un jour sa 'face d'opprimé,
le meskine, et comprendra-t-il jamais sa di-
gnité d'homme?
D'autres ont déclaré qu'il est immuable
dans son comportement social et que rien ne
pourra rompre son immobilité.
Pour moi qui le connais depuis longtemps,
je crois que l'étincelle qui est en lui finira
par se dégager des servitudes de l'ignorance
et de la peur. Mais il devra passer par ces
trois choses essentielles pour son devenir :
l'école qui formera son cerveau, la commune
qui lui apprendra le secret des affaires pu-
bliques, et le syndicat instrument de sa li-
bération économique.
Arthur Pellegrin,
Délégué au Grand Conseil de la Tunisie.
M. Manceron veut organiser
la lutte contre les sauterelles
Le Résident général a quitté Tunis sa-
medi soir, pour accomplir une tournée rapide
dans les territoires de Medenine et Matmata;
le train spécial est passé en gare de Sousse,
à une heure du matin, il est arrivé à Sfax, à
3 heures du matin, et a changé de ligne dans
la direction de Medenine.
Au cours de ce déplacement, M. Mance-
ron, qui est accompagné de M. Chappaz, di-
recteur général de l'Agriculture, et de M.
Robinet, directeur des Services agricoles,
ainsi que du capitaine Pouvreau, du cabinet
militaire, visitera les chantiers de destruction
des criquets et se rendra compte personnelle-
ment des résultats de la lutte engagée contre
les acridiens.
Sans être inquiétante, la situation causée
par les invasions menaçantes est cependant
sérieuse. Les sauterelles venant du Sahara
se sont abattues en grand nombre dans la
région des territoires militaires et de Gabès.
On les signale aussi dans la région de gai-
rouan. La ponte a été abondante et tous les
efforts sont faits pour détruire les œufs avant
l'éclosion des criquets. Plus de 50.000 sacs de
sauterelles ont été récoltés dans 'la région de
Gabès et des centaines de milliers d'œufs ont
été détruits. L'activité déployée dans les en-
droits envahis permet d'espérer que l'impor-
tance des éclosions sera très réduite.
Elections coloniales
M. Louis Prat est parti pour l'Inde
M. Louis Prat, candidat radical-socialiste
aux élections législatives, dans les Etablis-
sements français de l'Inde, est parti diman-
che de Marignane par avion. Il arrivera à
Calcutta 'le 19 ou 20 courant, et commencera
aussitôt sa campagne électorale à Chander-
nagor pu,is à Pondichéry et Karikal.
) (
Le voyage du duc
et de la duchesse de Brabant
Au Cambodge
Le voyage de LL. AA. RR. 4le duc et la
duchesse de Brabant continue dans d'excel-
lentes conditions. Les princes ont été reçus à
la Cour du Cambodge et ont visité l'Institut
indigène du Bouddisme établi dans la capi-
tale Pnom-Penh.
) (
Il conseil supérieur des Colonies
La représentation annamite
Le ministère des Colonies communique la
note suivante ;
« Au cours de son voyage en Indochine,
M. Reynaud, alors ministre des Colonies,
avait estimé opportun de donner satisfaction
a un vœu des Annamites de Cochinchine
tendant à leur représentation au Cunseil su-
périeur des colonies. 11 avait, dès son retour,
chargé les services de son département
d'étudier 'les propositions présentées à ce su-
jet par le gouverneur général de l'Indo-
chine. M. de Chappedelaine vient de faire
signer par le Président de la République un
décret qui donne satisfaction au désir ex-
primé par les populations indigènes cochin-
chinoises. Le représentant de ces populations
sera désigné par un collège électoral dont la
composition sera fixée par les autorités lo-
cales.
« La mesure ainsi prise aura certainement
une répercussion politique des plus heureu-
ses en Cochinchine. »
- ) -.. (
Tu te rends compte.
TOUT COMME LES ETRES HUMAINS
L'ELEPHANT EST VINDICATIF.
Les animaux ont leur sensibilité, c'est indis-
cutable, prenons'comme témoignage la mère
poule veillant sur ses poussins, la chienne allai-
tant son petit, et la chatte réchauffant sous son
poil ses châtions, et l'inquiétude qui s'empare
d'eux- si un de leurs petits disparaît ; ils appel-
lent, cherchent et sont de véritables bêtes er-
rantes et désemparées..
Dernièrement. aux environs de Hué, un
éléphanteau jut tué par un bûcheron du vil-
lage de Bach- Thach, la mère éléphant barit
jour et nuit, et, désespérée, décida de venger
la mort de son petit.
Dix nuits. semant la terreur ¡,ur son passage
par ses cris et sa course folle. elle erra autour
du village pour trouver le btlcheron; enfin la
bête devenue furieuse, le bûcheron- craignit
oour sa vie et dut auitter les lieux. Mais l'élé-
phant veillait toujours, et ne pouvant plus trou-
ver son ennemi, elle décida de se Venger sur un
autre bûcheron qui lui aussi avait pris part au
partage et mangé de la chair de l'éléphanteau.
Un jour. comme le bûcheron allait abattre
du bois dam la forêt sans être nullement in-
quiété, il fut brusquement saisi par la mère
éléphant qui sauta sur lui et le piétina littérale-
ment.
L'amour maternel avait enfin obtenu Ven-
geance.
F. J.
A l'Académie des Sciences
Etude sur le Maroc maritime français
Le capitaine de frégate J. Rouch, qui com-
mande maintenant notre marine au Maroc,
vient de terminer un très important et pré-
cieux mémoire météorologique et océanogra-
phique sur ce pays, mémoire que le docteur
Charcot présentait hier avec les plus grands
éloges à l'Académie des sciences.
Ce travail donne d'abord une vue d'ensem-
ble, condensée et cependant complète, du
climat des côtes atlantiques du Maroc. La
température de l'air, la pression atmosphéri-
que dont les variations saisonnières donnent
lieu à l'établissement d'une véritable mous-
son, la direction et la vitesse des vents, la
pluie, la nébulosité et la brume y sont étu-
diées successivement suivant le plan et la
méthode que l'auteur a déjà employés dans
sa « Notice météorologique sur les côtes de
France et d'Algérie ».
Au point de vue océanographique, le mé-
moire du commandant Rouch résume les don-
nées actuellement acquises sur la tempéra-
ture de la mer, si froide pour la latitude,
sur les courants côtiers, les marées et surtout
la houle, qui a tant d'importance tout le long
du littoral marocain.
L'auteur a eu à sa disposition les obser-
vations recueillies à l'Institut scientifique
chérifien, sous la direction du docteur Liou-
ville.
Comme l'a remarqué M. Charcot en termi-
nant, au moment où 'le protectorat va don-
ner une vive impulsion au développement du
service météorologique chérifien, le mémoire
du commandant Rouch fournira un cadro
commode aux recherches nouvelles.
> 4a*
A l'Académie des Beaux-Arts
18.
Le jury de la société coloniale
des artistes français
Tnvitée à désigner trois de ses membres
pour faire partie du jury de la Société Co-
loniale des Artistes Français, le choix de la
Compagnie se porte sur MM. Chabas, Lucien
Simon et Landowsky.
L'importance do Prix
de Littérature coloniale
Un fait nouveau
Dans deux jours (21 avril), le prix de lit-
térature coloniale sera décerné rue d'En-
ghien, dans le bureau de M..Jean Vignaud,
directeur littéraire du Petit ParisienJ prési-
dent de l'Association de la Critique litté.
raire.
L'auteur du Huitième Péché, de la Maison
du Maltais, de Sarrati le Terrible, etc. qui
est un voyageur passionné et aussi un anima-
teur d'une belle énergie, s'est penché sur une
vérité actue'lle, urgente à révéler.
Ce fait nouveau, dont la manifestation du
21 avril apportera, en quelque sorte, le mes-
sage, c'est que la littérature française doit
englober, par delà les mers, l'unité de l'es-
prit colonial qui anime les écrivains épars
dans les te France » lointaines. Il faut que
cette heure symbolique de 1932, année consé-
cutive à l'Exposition Coloniale, sonne un
ralliement qui soit entendu de l'Atlantique
au, Pacifique, de la Méditerranée jusqu'en
Extrême-Asie, jusqu'au cœur de la France
des Antipodes.
Mission du Livre
Pour que le lien se forge plus résistant
entre la métropole et notre empire ..d'outre-
mer; afin que l'Exposition Coloniale porte
les fruits qui ont été semés à Vincennes avec
l'aide enthousiaste du pays entier : il faut
qu'une communion spirituelle s'établisse en-
tre les habitants do la France-promontoire-
européen et les millions d'êtres français eux
aussi qui sont disséminés parmi les brousses,
les savanes, les déserts de sable et d'eau.
S'il est vrai que les forces psychologiques
sont l'âme des phénomènes matériels; que
les forces matérielles sont redoutables et les
forces psychologiques invincibles : n'oublions
pas que le livre possède ce dynamisme psy-
chologique qui mène l'histoire.
Entre toutes les grandes dates qui jalon-
nent la destinée humaine, prenons 1848,
l'abolition définitive de l'esclavage dans les
colonies françaises; nous devons reconnaître
que l'âme de cettq réforme sociale a été le
livre.
Bernardin de Saint-Pierre, Rousseau, Mme
de Staël, enthousiastes défenseurs des noirs,
ont admirablement préparé l'opinion publi-
que. - -
Victor tiugo put s'emparer tic cette llamme
de liberté entretenue par le livre et en dépit
de toutes les vicissitudes politiques, décider
de l'une des grandes étapes de la civilisation
terrestre.
Quand on interroge la ligne de chance de
la destinée coloniale de la France, on est
frappé du rôle providentiel que la littérature
a joué. Relations du « Journal des voyages »
romans d'aventures en des pays étrangers,
les livres ont bercé nos pères d une irrésisti-
ble et rKmalgique-invitation au '¥(Jya,e,-.;L".
encore s'est trouvée cette force psychologique
invincible, qui a su triompher de l'hostilité
anticoloniale des gouvernements et galvani.
ser l'inertie.
En 1932, les forces psychologiques ne se
sont pas déplacées, elles résident toujours
dans le foyer intellectuel.
Le livte. a cause peut-être de la matérialité
de notre époque, demeure ce lien mystique
chargé d'effluves et qui seul peut établir le
contact entre les hommes séparés qui ne se
rencontreront peut-être jamais.
Nulle propagande ne peut être plus effi-
cace que celle faite par le livre, riche en
images, doué de cette merveilleuse « faculté
corporelle d'émotion o qu'a magnifiée Ga-
briele d'Annunzio.
Par le livre, l'auteur ne cesse de collaborer
avec chaque nouveau lecteur qui reforme se-
lon son imagination t'ambiance fée des ta-
bleaux écrits.
Devnir du Précetif
--.. --- -- - -----.
Je crois que le jury du. Prix de Littérature
Coloniale ne se trompe pas, quand il juge
que l'heure présente commande la coordina-
tion des forces intellectuelles coloniales qui
s'effeuillent selon les caprices de la Rose des
Vents.
Je crois qu'il ne se trompe pas non plus,
quand il veut établir à Paris le centre rayon-
nant du foyer des Lettres de la « Plus grande
France ».
Dans ce domaine rien n'est fait et l'action
est urgente.
Nous sommes parvenus à une ère de trans-
formation où la vie des peup'les évolue vers
les conflits de races.
La France, seconde puissance coloniale du
globe, avec un empire de 10.311.638 kilomè-
tres carrés et une population d environ 60 inil-
lions d'habitants, doit à la responsabilité de
civilisation qu'elle a assumée, d'organiser
sans retard les forces intellectuelles colo-
nia!les qui demain, en Afrique, en Amérique,
en Océanie, mèneront l'histoire.
Politique d'assimilation. politique d'as-
sociation !. c'est peut-être par la littérature
de la « Plus grande France » que s'opérera
« ce miracle de compréhension, de sympa-
thie. ce compromis d'intelligences et de sa-
gesses - que les esprits les plus - altiers de no-
tre race et de notre siècle annoncent sans
oser l'espérer; chacun apportant, chacun of-
frant, afin de le mettre en commun, ce qu'il
a trouvé de mieux dans son histoire, dans
son esprit et dans son cœur. »
Faisons nôtre, ce vœu d'al'légresse de
M. Pierre Hubac, il consacre l'importance
du Prix de Littérature Coloniale.
Jury et candidats
Parmi les membres du jury qui officieront
jeudi après-midi dans le vaste et lumineux
bureau de M. Jean Vignaud, citons : MM.
Jérôme et Jean Tharaud, Jean Vignaud,
lienry Bérenger, sénateur de la Guadeloupe ;
Louis Bertrand, Ajalbert, Demaison, le géo.
graphe Dubois, etc.
-v r Les principaux candidats en présence sont
MM De avignette (les Paysans Noirs), Por-
tier (Mékong), Pujarnisclc (Pltiloximc ou la
Littérature coloniale\ Maurice Martin du
Gard (Courrier d'Afrique).
Dernière heure
M. Alain Laubreaux qui avait présenté
« Wara » au jury du Prix de Littérature Co-
loniale vient de retirer son livre. Par contre,
un nouveau-né de 48 heures concourt c'est
IllantZ fille des Tropiques, de M. Albert
Bèrar.
Mari..Loe Sicmrd.
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