Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-02-18
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 février 1932 18 février 1932
Description : 1932/02/18 (A33,N20). 1932/02/18 (A33,N20).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380455g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTK-THOISIEME ANNEE. N* 20.
LE NUMERO : 30 CENTIMES
JEUDI SOIR. 18 FEVHIEH. 19.
JOURNIUJUOTIDIE*
Rédaction & Administration.
14, III m nuit-mur
PARIS O")
TtliTH. t LOUVRIIMT
RICMKLIKUIMI
Les Annales Coloniales
w. mwwoo et réclame# sont fecMM au
bureau du founuL
Il
Directeur.Fonoateur , Marcel RUEDEL
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avec la Revue mensuelle :
Un ne 6 Mo" S M.t.
France et
Colonies ta.. 100 » Ht
Etranger.. 240b 125 a, là b
On s'abonne sana frais dalll
tous les bureaux de poste.
NOTRE SAHARA
> ..e (
Le Sahara est en pleine vogue. Les ren-
dez-vous de bonne compagnie se donnent
maintenant dans le désert, devant le bordj
de Tamanrasset ou sur les rives du lac
Tchad.
Tous les jours, on annonce le départ ou
l'arrivée de missions prestigieuses qui vont
à Tombouctou ou reviennent du Tanezrouft;
d'expéditions qui s'enfoncent dans les Ter-
ritoires du Sud de l'Algérie ou dans l'hin-
terlaivl tunisien comme actuellement un
prince de sang royal avec ses compagnons.
Les gens les plus s é dentaires finissent
par s'en émouvoir. Les journaux entretien-
nent l'attention. On parle du Sahara un peu
partout : dans les sociétés qui se disent sa-
vantes, dans les derniers salons où l'on cau-
se et même au Café du Commerce.
IL semble que ce soit le moment de vul- |
gariser sur ce sujet peu connu quelques no-
tions exactes pour fournir a la documenta-
tion publique et pour diminuer le nombre
des propos incohérents.
Qu'est-ce donc que le Sahara ?
Ce nom désigne une immense étendue de
caractère désertique qui occupe les neuf
dixièmes du Nord de l'Afrique. En tracer
les limites est un peu téméraire, car on ne
l'a pas entourée d'une grille en fer forgé ni
même d'une muraille dont cul le de Chine
n'aurait été qu'un minuscule ersatz. Cepen-
dant, on peut considérer que l'Atlas au
Nord, l'Océan à l'Ouest lui donnent des
bornes précises et qu'au Sud elle s'arrête
aux régions nigériennes et au Tchad; mais à
l'est et au nord-est elle se prolonge jusqu'à
l'étroite vallée du Nil et même se retrouve
au delà jusqu'au littoral de la mer Rouge.
Les limites n'étant guère précises, la su-
pcrncie ne saurait l'être davantage : c'est
donc entre 8 et io millions de kilomètres
carrés que l'on peut envisager l'étendue.
Diverses théories on* été émises sur l'ori-
gine du Sahara. La plus vraisemblable est
celle qui y voit un océan pétrifié ou ensablé,
dont les chotts du sud tunisien et du dépar-
tement de Constantine seraient les vestiges.
Nous n'analyserons pas les nombreux ar-
guments qui sont fournis à l'appui de cette
thèse et nous nous contenterons de citer un
fait matériel des plus probants : dans les gi-
sements des phosphates de Metlaoui,distants
actuellement de plus de deux kilomètres de
la mer, on trouve des quantités considéra-
bles de dents de squales qui ont mieux ré-
sisté que lei 08 ordinaires à la pulvérisation
des siècles. Ces dents fossiles attestent la
présence dans ces parages, en des temps
dont nous séparent de nombreux millénai-
res, de poissons qui se sont concentrés dans
les derniers fonds marins à mesure que les
sables envahissants en réduisaient l'étendue.
Sur les rivages de cette mer. la vie hu-
maine était possible comme la vie animale
en ces époques de la préhistoire ; main com-
,me la vie animale, elle a disparu à mesure
que les sables étouffaient les eaux. Il n'en
est subsisté que des îlots séparés les uns des
autres par d'énormes distances sur lesquels
ont persisté des races dont les Ajjers et les
Touareg Hoggar peuvent briguer l'honneur
- d'être les représentants.
Mais, surtout, ne laissons rien subsister
de la légende qui voulait que le Sahara ne
fut qu'une immense étendue de sable. Cer-
tes, le terrible niveleur qu'est le sable a
comblé des vallées, des dépressions qui ac-
cidentaient autrefois les terres africaines ;
mais il y a encore des rochers, des dunes,
des montagnes, des gorges sauvages, des
ergs caillouteux et même des vallées riches
de quelque verdure pour rompre la monote
nie de l'étendue aréneuse.
Et puis, il y a la lumière qui ne permet
pas à l'absence de vie de ressembler à la
mort. Il y a la lumière qui prodigue ses
ébloulssements, ses coloris, ses magnificen-
ces dans le calme majestueux.
Ce n'est certes point la splendeur pitto-
resque du Sahara que nous nous proposions
de célébrer en prenant la plume ; mais il est
impossible de l'évoquer sans payer un juste
tribut à cet élément de son prestige.
L'Histoire demeure hésitante au seuil du
Sahara. Elle n'est point arrivée à tracer
une chronique admissible a son sujet.
Certains veulent que les Romains aient
pénétré fort loin, dans le Sud et même jus-
qu'aux rives du Niger ; d'autres croient
qu'ils ne dépassèrent guère la zone de
Biskra. Pour nous, ceux-ci sont plus près
• de la vérité. Lorsque les peuplades musul-
manes se ruèrent vers l'Occident, elles
cherchèrent des contrées opulentes, au cli-
mat doux, aux riches végétations. Elles ne
firent que contourner le nord saha.rien dont
la stérilité les repousse vers les régions ni us
clémentes et plus riches du littoral méditer-
ranéen africain ou européen.
Pendant des siècles, le Sahara resta mys-
térieux et redouté sous le titre de « terrœ
ignotœ » dont quelques énergiques passion-
nés essayèrent seuls de ravir le secret, sans
que l'humanité s'intéressât à leur effort.
C'est à la France qu'était réservée la
gloire de soulever le linceul et d'affirmé:
qu'il y avait encore des germes de vie sous
la couche des sables amoncelés.
Ah ! certes, on a raillé sa ténacité et les
sacrifices qu'elle a consentis pour une oeu-
vre qui pendant longtemps a été considérée
comme incapable de rapporter un profit ou
seulement une compensation.
Et maintenant, après les millions dépen-
sés, après surtout tant de nobles vies sacri-
fiées, des appétits s'affirment et osent dire
cyniquement: « Tant et tant de kilomètres
carrés, c'est beaucoup trop pour la France.
Elle n'est qu'une avide aocapareuse. Nous
avons droit à notre part ! 9
Où étaient-ils donc, ceux-là, lorsque nos
grands Africains, généraux, officiers et sol-
dats, bravaient la soif, les fatigues et les
étapes brûlantes et les haltes desséchées,
combattaient ces tribus barbares qui après
une résistance admirable, torturaient les
blessés et mutilaient les cadavres ?
Aujourd'hui, l'auto, l'avion, la transfor-
mation des esprits font de ce SahaTa long-
temps dédaigné un objet d'envie. On riait
de voir le coq gaulois picorer ce sable à ja-
mais stérile, pour la gloriole maigre de do-
miner quelques peuplades noires faméli-
ques. Et voilà que ces peuplades mieux
nourries se haussent au niveau des peuples
dits civilisés. Voilà que ces sables stériles se
révèlent précieux et gros de promesses.
Le dédain se mue en jalousie. Soit, que
l'on nous jalouse !
Nous l'avons payé cher, notre Sahara. Il
est bien à nous. Nous attendons que quel-
qu'un puisse étayer ses prétentions de ce
côté sur des titres de la valeur des nôtres.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-Président de ta Commission
des DouaMI.
) + <
Notre action au Maroc
1 t 1
Occupation de la palmeraie d'Ifegh
Ainsi que nous l'avons annoncé mardi,
fait suite à l'occupation de Ferkla, la
liaison entre les forces de la région de Mar-
rakech venant de Todçha et celles des
confins parties du Ghéris, a été effectuée
sans incident dans la matinée du n, ame-
nant la soumission immédiate de tous les
ksours de la région.
La sécurité du couloir ainsi ouvert et de
la future route Guarzazat-Tafilalet par le
Oumdga, le Ferkla et le Ghéris, exigeait
impérieusement l'occupation du ksar et de
la palmeraie d'Ifegh qui commandent au
nord toute la vallée du Ferkla et l'installa-
tion d'un poste de couverture en ce point.
Un groupe de la région de Marrakech aux
ordres du colonel François, chargé de cette
mission, avait eu, dans la journée du u,
un engagement avec les dissidents. L'eau
ayant été coupée par les insoumis en amont
du défilé d'l egh, le colonel François fut
amené dans la soirée du n, à installer son
camp près d'un point d'eau, à cinq kilome-
tres - environ au sud-est du ksar. Les dissi-
dents qui avaient réoccupé la palmeraie et
menaçaient le groupe furent à nouveau re-
foulés vers le nord, dans la matinée du 13,
par une vigoureuse action de nos cléments
motorisés, avec de lourdes pertes, alors que
nous n'avions, de notre côté, qu'un officier
très légèrement blessé.
La couverture du Ferkla
L'examen sur place de la situation, le 13,
conduisit le général Giraud à envisager la
couverture du Ferkla, par deux postes ins-
tallés l'un à Asguin, au Sud-Est d'Ifegh,
dont l'organisation fut confiée au détache-
ment des confins du groupe François ; l'au-
tre à Boutarat, à mi-distance entre Tinghir
et lfegh, où le colonel François reçut mis-
sion de s'installer avec les éléments de la
région de Marrakech.
l.e détachement des confins atteignit As-
guin sans incident, mais le groupe François
fut attaqué, dans l'après-midi du 13, dans
sa marche d'Ifegh sur Boutarat, par de
nombreux dissidents qu'il repoussa. Le gé-
néral Huré, qui s'est rendu en avion sur les
lieux, où la situation est redevenue normale,
signale l'admirable attitude du groupe franc
du régiment d'infanterie coloniale du Ma-
roc, qui a subi héroïquement le principal
choc des dissidents du Tafilalet, comprenant
les AIt Hadidou descendus d'Assif Nalloul,
et les Aït Aïssaizem. Les dissidents qui en
arrivèrent au corps à corps avec nos élé-
ments de protection furent finalement re-
foulés avec des pertes très élevées. La si-
tuation est toujours excellente. La couver-
ture militaire à l'ouest a été complétée par
notre installation à Mocossi qui améliore
également la sécurité du couloir du Ferkla,
où le détachement, sous les ordres du lieute-
nant-colonel Trinquet, a été guid6 par les
Djemmas au complet des Ksour Aït Isfoul
de la région. Quinze Sanabs de Belkacem
X'Gadi, venant du Regg, ont fait leur sou-
mission et ont Reposé leurs armes dans la
journée du 13.
) .+ -–
Le général Sanjurjo au Maroc
.el
Le général Sanjurjo, accompagné de son
fils don Justo, est arrivé à Fès, lundi soir.
Il a visite mardi Médina et la ville nou-
velle et est reparti mercredi pour Rabat et
Casablanca.
) <
M. Antonetti en tournée,
prend des décisions
J' 1
M. Antonetti qui vient de visiter la région
de la llaute-Sang-ha s'est particulièrement
intéressé à l'amélioration de l'artère princi-
pale BanRui-Cameroun. Pour stimuler le
zèle des villages auxquels revient le soin
d'entretenir cette route il a réparti d'impor-
tantes gratifications aux agglomérations in-
digènes intéressées. Il a fait, d'autre part,
l'acquisition de 32.000 plants do café qui se-
ront donnés aux habitants. C'est la meil-
leure façon d'assurer aux populations des
revenus nouveaux qui leur permettront par
la suite de s'acquitter facilement de leurs
impôts.
M. Antonetti a également prescrit l'envoi
de troupeaux de taureaux et de vaches de
Berberati à Brazzaville, à destination de la
plaine du Niari qui présente, ainsi qu'on l'a
reconnu, des conditions particulièrement fa-
vorables pour l'élevage.
Les vaches maigres
et le mouton soudanais
68
il
N ce temps de vaches
maigres et de veau
d'or, où le monde
entier se débat COtt.
tre les dix plaies
d'Egypte moderni-
sées, les nouvelles
c ovines » qui nous
arrivent du Soudan Français, sont plus ré-
confortantes que le songe de Pharaon.
Donc, au Soudait, où la crise économique
est particulièrement aiguë, il fallait immé-
diatement, comme cela a été fait, soutenir
l'élevage du mouton en favorisant l'écoule-
ment de son principal produit à l'exporta-
tion : la laine.
Le problème qui se pose pour le mouton
soudanais est le même que celui qu'essayetti
de résotidre, dans d'autres branches, les
uclmiciclls économiques du monde entier :
Telle en est la donnée qui semble être la
formule de Il demain » : « Fournir la meil-
leure qualité, au meilleur prix. » C'est la
devise de M. Reste, Gouverneur de la Côte
d'Ivoire, en ce qui concerne sa colonie.
Pour intensifier ce mouvement et chercher
à éviter la mortalité qui se produit trop fré-
quemment lorsque les béliers croisés sont pla-
cés directement chez les indigènes, « l'Union
Ovine Coloniale n, dont il faut louer les
nombreuses et précieuses initiatives, étudie,
de concert avec le Service Zootechmquc du
Soudan, la criation de cclltres-types et amé-
nagés, où les animaux reproducteurs seront
parqués et surveillés, et mis sur place à la
disposition de l'indigène.
L'Administration de la Colonie a organisé,
toujours avec l'appui de l' « Union Ovine »
des foires de laine qui ont été fréquentées par
de nombreux vendeurs, méfiants au début,
mais vite mis en confiance par la loyauté des
opérations et le règlement immédiat des
avances.
Ainsi Veffort ovin ait Soudan se résume
par des mesures dont on peut vraisembla-
ment espérer les meilleurs résultats :
10 Création de centres-types ;
2" Organisation de foires à laine j
30 Mise au point d'un élevage rationnel
du mouton à laine. Pour cela :
10 Aménagement de vastes parcours peu
peuplés ayant une végétation d'arbustes
épineux verts assez dense ;
20 De l'eau en quantité suffisante, à une
profondeur qui permette de l'utiliser pour
abreuver les animaux, ce qui suppose un
programme de puits, de barrages, de pom-
pes, etc.
Voici eJquissé, un petit tableau de l'utili-
sation des produits de l'élevage au Soudan :
Vers la Nigéria, 7.000 moutons et chèvres.
Vers la Gold Coast, 10.000 moutons et
chèvres.
Vers la Côte d'Ivoire, 5.000 montons et
chèvres.
Vers le Sénégal, 25.000 moutons et chè-
vres.
Quant aux animaux abattus pour la bou-
cherif, on a compti, dans les centres où il
existe des abattoirs surveilles (Bamako,
Kayes, Tombouctou, Gao, Sikasso, Kott-
tiala, Nioro), 400.000 moutons et chèvres
consommés en 1930. La même année, les
exportations de peaux de moutons ont <7
de 56 tonnes et 720 tonnes de laine ont été
expédiées. Faisons confiance aux moutons
soud allais.
Ernest Haudoa,
Sénateur de la Marne,
Vice-Président de la Commission
des LJOIUlrteS.
+- (
L'activité du commerce des œufs
au Maroc
1 0-
Le commerce des œufs, qui est très impor-
tant dans l'économie marocaine, paraît ces
temps-ci animé d'un renouveau d'activité.
Le marché français, par suite de la baisse
de la peseta, du cours élevé des œufs en
France et des barrières douanières opposées
aux œufs de Turquie et de Russie, multiplie
ses demandes auprès du commerce maro-
cain, au point qu'à l'heure actuelle plus de
la moitié des exportations d'œufs de Casa-
blanca et de Mazagan est dirigée sur Mar-
seille.
Casablanca se trouve avantagée du fait
que les œufs sont chargés sur paquebots
rapides qui gagnent Marseille en trois
jours. Par contre, les œufs chargés directe-
ment à Mazagan empruntent des navires
qui mettent sept jours pour effectuer le tra-
jet. Certains exportateurs de Mazagan font
transiter leurs envois par t amions jusqu'à
Casablanca et arrivent, ainsi, en empruntant
les paquebots rapides, à gagner Marseille en
cinq jours, trajet routier Casablanca-Maza-
iran compris.
u Le commerce mazaganais a entamé des
pourparlers afin que le paquebot rapide qui
quitte Casablanca le samedi vienne la veille
charger les envois d'nuifs à Iazagan. Cela
en vue. de réduire les prix de îevient de 7
à S francs par caisse, ce qui faciliterait en-
core aux œuf s marocains l'accès du marché
français par Marseille.
Les exportateurs d'omis du Maroc envisa-
gent aussi l'ouverture de délvmchés possi-
bles sur les ports de l'ouest et du nord de
la France.
) .+
M. Carde à Paris
1"
M. le Gouverneur général Carde, accom-
pagné de Mme Carde et de M. le Gouver-
neur Annet, directeur de son cabinet, arri-
vera à Paris lundi prochain 22 février, à
to h. 15, à la gare d'Orsay.
Le Gouverneur général de l'Algérie vient
à Paris pour traiter diverses questions en
instance dans les ministères.
: AU SEMAT
LA CHUTE DU CABINET LAVAL
Physionomie Coloniale du Scrutin
Ainsi, le Sénat a renversé le 88' Ministère
de la Troisième République et le premier
présidé par un sénateur.
Après avoir, par 155 voix contre 134, re-
poussé l'ajournement au 26 février, de la
discussion de l'interpellation de M. Albert
Peyronnet, le Sénat, par 157 voix contre
134, s'est également opposé à l'ajournement
au 19 février. La question de confiance
ayant été, cette fois, posée.
Union républicaine :
M. Saurin (Oran), a voté pour l'ajourne-
ment.
Gauche démocratique radicale et radicale-
socialiste :
MM. Léonus Bénard (Réunion); Cuttoli
(Constantine) ; Duroux (Alger) ; Henry Lé-
mery (Martinique), ont voté contre l'ajour-
nement. MM. Henry Bérenger (Guadelou-
pe) ; Le Moignic (Inde Française), se sont
abstenus.
M. Le Moignic a essayé de créer
un incident à la Gauche Démocratique
Avant la séance, le groupe de la Gauche
démocratique qui est le groupe républicain
le plus avancé du Sénat, ayant juste la pha-
lange des socialistes S.F.I.O. à sa gauche,
s'est réuni pour décider de son attitude à
l'égard du Gouvernement. La plupart des
membres marquèrent leur intention de voter
contre le Gouvernement.
M. Le Ioignic, sénateur d'Inde, qui
réussit, au lendemain de son élection, à se
glisser dans le groupe de la Gauche démo-
cratique, éleva de véhémentes protestations
contre la décision de ses collègues. Le sé-
nateur d'Inde, déclara qu'il ne pouvait
pas voter contre le ministre qui avait toute
sa confiance et qu'il le soutiendrait, puisque
M. Paul Reynaud maintenait M. Juvanon
Gouverneur à Pondichéry, tandis qu'au
contraire, il y avait un membre du groupe
qui avait décidé d'interpeller sur l'attitude
de ce Gouverneur.
Et ce fut une belle cause d'hilarité que
les scrupules du sénateur Montparnassois!
Souvenirs rétrospectifs
Il faut reconnaître que la journée fut
courte mais rude. même pour les journa-
listes qui furent soumis a un empilage rare-
ment subi au Luxembourg. curieux attrou-
Bien avant 14 heures, les curieux attrou-
pés le long des trottoirs surveillaient le res-
taurant « d'en face » où quelques sénateurs
faisaient provision de vitamines et les re-
gards en projecteurs fouillaient l'intérieur
des autos qui déposaient dans la cour his-
torique un public aussi nombreux qu'élé-
gant.
Depuis la conduite incongrue de la suffra-
gette enchaînée, on peut uire que les fem-
mes sont suspectes au Sénat' J'eus beau
porter ma carte verte en bannière, l'interpel-
lation de l'huissier « d'extra » ne fut pas
ajournée : « Qui êtes-vous?. Où allez-
vous? n
Et je rendis mille grâces 'aux grands-pa-
trons-ancêtres Colbert-Turgot-et-la-suite, en
pénétrant, enfin, dans la tribune archicom-
ble des journalistes.
Que béni soit le Ciel qui me crc:t poids
I)Iunie!. 500 grammes de plus et il m était
impossible de suivre les épisodes d'une
chute qui vint par un chemin de gla.
M.-L. S.
> (
M. Paul Reynaud
est rentré à Paris
-
M. Paul Reynaud parti de Genève hier
soir par le train de 22 h. 30, est arrivé à
3 o, est il
Paris ce matin.
) <
Tu te rends compte.
CALENDRIER POSITIVISTE NOIR
Encore un confrère qui n'a pas quitté les eaux
jaunes du Golfe de Gascogne, pour aller voir
aux IIes-sous-le- Vent ce qui s'y passe.
Ce confrère, qui signe «/. M. H. », raconte
une petite histoire fort spirituelle : « Napoléon
jugé par Joffre, défendu par Zola », mais qui
n'est nullement une spécialité de SaintDomin-
gue.
- La Guadeloupe est fleurie d'états-civils et
d'actes de baptême du plus touchant mysticisme
positiviste. Car il ne faut pas oublier, que les
papas et les mamans noirs, en gratifiant leurs
marmots de noms chargés de gloire, ne font,
sans le savoir, qu'obéir à la religion prêchée
par Auguste Comte.
Des plages baignées par la mer des Antilles
au panache de fumée qui couronne la Soufrière,
cœur volcanique de l'lie d'Emeraude. les Char-
lemagne, les Ulysse, les Napoléon, les Bayard
et les Duguesclin ne sont pas rares. Depuis la
guerre, ils sont du reste en concurrence serrée
avec les petits Joffre et les jeunes Foch.
Pour le sexe faible, les mamans de toutes les
nuances n'ont jamais cessé de consulter la Vie
des Saints. « Marie », mère de Dieu et reine
des Anges, règne, puissante et pleine de grâces,
sur toutes les jeunes têtes noires. Puis viennent
les roses pourpres du Martyr, dont rhilomène
est la renommée.
Ensuite, s'inscrivent les beaux noms de ma-
tador, comme Cristalline. Mais hélas, quand
les « Cristalline » reviennent de France en tail-
leurs et chapeaux à rubans, elles ont aussi des
noms de confection, elles s'appellent : « Ma-
non )) et tous les dérivés en vogue sur les deux
trottoirs du boulevard Montparnasse.
Un beau jour, la Guadeloupe, tout comme
Saint-Domingue peut connaître cette nouvelle
sensationnelle digne de faire le tour du monde
T. S. F. : « Napoléon battu par Joffre et se-
couru par Briand. »
Il suffit simplement que trois jeunes musca-
dins aux noms empruntés dans le calendrier his-
torique, prennent un bon « goumé » au bord du
Galisbé.
Dinah.
LlnE EN SECONDE PAnE:
Tii mort du général Fprrié.
A la rhnnibre do commerce de Saint-
Louis du Sénéral.
Au conseil supérieur des colonies.
A l'Académie de Médecine
.81
Les mesures de protection
contre la variole
Communications techniques diverses et adop-
tion à main levée des conclusions du rapport
de M. Camus sur les mesures de protection
que nous avons indiquées contre l'importation
et la dissémination de la variole.
Le lathyrisme en Syrie
MM. Trabaud et Mruched Khater ont pré-
senté une note intéressante sur le lathyrisme en
Syrie : l'intoxication due à la consommation
des gesses de lathyrus est une maladie assez
rare. Elle ne s'observe, en effet, qu'à l'occa-
sion de grandes guerres ou de grandes famines.
Aussi ne trouve-t-on dans la littérature que
d'assez rares relations peu précises relatives à
ces épidémies. Les populations arabes de Sy-
rie, brimées par les Turcs, subissaient sévère-
ment la raréfaction des vivres supportées par
les puissances centrales ou alliées. Les fellahs
durent, un peu partout, consommer des graines
lathyriques pour obvier à la carence des cé-
réales. Le lathyrisme a ainsi paru dans le Hau-
ran et le Damascène : la maladie s'était mani-
festée d'une façon massive au moment d'une
disette qui avait contraint les villageois à cou-
per leur farine avec de l'orge, du maïs et des
gesses. Cette maladie produit des douleurs en
ceinture, fourmillements et brûlures des extré-
mités et inconti nence urinaire.
Les auteurs ont conclu que, malgré leur
rareté, ces épidémies demeurent graves pour
les populations qui les subissent.
Les mesures sanitaires en Indochine
M. Souques a communiqué hier à l'Acadé-
mie de Médecine une intéressante note du
docteur Lasnet sur les mesures sanitaires prises
par M. Paul Reynaud pendant son voyage
en Indochine.
Après avoir apprécié comme il méritait
d'être apprécié l' effort accompli dans les villes
par l'assistance médicale, de 1906 à 1930
(fonnations sanitaires sextuplées. personnel
médical porté à 150 médecins français. 224
médecins indigènes, 422 sages-femmes, 2.300
infirmiers ; consultations et traitements dans les
hôpitaux plus que décuplés ; vaccination contre
variole, peste, choléra, tuberculose, avec les
vaccins des Instituts Pasteur de Hanoï et de
Saigon accrues de 2 raillions à S millions), le
ministre des Colonies constata que les campa-
gnes ne tiraient pas grand profit de ce magni-
fique progrès, alors que leur population repré-
sente les quatre cinquièmes de la population
totale de l lndochine.
M. Paul Reynaud s'est donc empressé de
développer l'assistance parmi les populations
rurales par la création d'infinneries. de services
de consultations et de groupes sanitaires mo-
biles, mesures qui ont fait l'objet d'un arrêté
du 12 novembre du Gouverneur général Pas-
quier.
Le virus de la Trinité
MM. Remlinger et Bailly ont signalé, il
y a longtemps, les rapports qui existent, en
médecine humaine, entre la rage et l'affection
dite a paralysie ascendante de Landry Il. Ils
ont étudié expérimentalement une épidémie
ayant éclaté en 1929 dans l'île de la Trinité
(Antilles) et rapportée par MM. Weston Hurst
et J.-L. Pawan. Us concluent de leurs recher-
ches que ces cas étaient bien de nature rabi-
que, ce qui confirme leur idée qu'en présence
d'une maladie de Landry, il faut d'abord pen-
ser à la rage.
--+
Après l'Exposition Coloniale
806
La réplique de Mount-Vernon
sera transportée en Haute-Savoie
La réplique du Mount-Vernon de la sec-
tion américaine à l'Exposition Coloniale de
Viiiccnnes, a été vendue hier au docteur
Alexandre liruno, qui est depuis plusieurs
Olnnc;c:; directeur de J.t fondation Rockfeller
pour - la - France. ---------
Le docteur liruno l'intention de trans-
porter le Mount - Yenion à Passy-Plaine-
Joux, dans la liante-Savoie.
Avec l'aide des personnalités françaises et
américaines, le docteur liruno fera rebâtir la
fameuse réplique à 1.400 mètres d'altitude,
face au Mont-Blanc. Elle dominera ainsi la
magnifique vallée de l'Arve.
Le monument scrait inauguré au. mois de
juin prochain et il sera dédié à la mémoire
des maîtres français et américains de la
science médicale qui collaborèrent depuis la
guerre dans la lutio contre la tuberculose.
Il sera baptis<; Mémorial Washington-l.a-
favette.
1 +",.(----
Au Conseil d.État
Cour régionale des Pensions à Alger.
Annulation d'une de ses décisions.
Aux termes de l'art. 37 de la loi du _^i
mars iqiq, instituant; une cour régionale des
pensions au chef-lieu du ressort de chaque
Cour d'appel, « .les fonctions de commis-
saire du (iouvernement seront remplies par
un fonctionnaire de l'Intendance militaire
désigné par le ministre de la Guerre, ou par
un ofticier de l'Intendance désigné par le
ministre de la Marine ou par le niinistrr des
C'olonies Il.
M. (îalano, demeurant à Alger. 40. Ille
Ihnten, invoquant les dispositions de la loi
précitée, avait introduit une requête au
Conseil d'Etat aux tins d'annuler une déci-
s ion de la Cour régionale des Pensions
d'Alger, en date, du 16 décembre îo.'o reje-
tant sa demande de pension.
Attendu, déclarait l'intéressé, que dans
l'instance par lui engagée devant le tribunal
des Pensions et la Cour régionale, les fonc-
tions de commissaire du gouvernement
avaient été remplies pat un fonctionnaire de
l'Intendance militaire non désigné par le
, ministre de la Guerre.
Faisant droit à cette requête, le Conseil
d'Etat a annulé la décision de la Cour ré-
gionale des Pensions d'Alger.
L'affaire a été renvoyée devant la Cour
régionale d'Aix-en-Prove.ice.
Dépêches de l'Indochine
Inauguration de l'Ecole supérieure de droit
à Hanoï
Hier, sous la présidence du Gouverneur
'l,Jnéral Pasquier assisté du recteur Thllla-
mas et du doyen Bienvenu, a eu lieu l'inau-
guration. dU' VEcole' Supérieure de Droit
qui vieu' d'eti,e créée a l'Université d'lIa-
noi. /Je nombreuses flotabilités assistaient
Ú cette cérémonie. Le recteur a salué le
Gouverneur jénéval Pllsquier, protecteur,
guide d réalisateur dsi l'enseignement su-
périeur en hulocfune. Il a lalt l'éloge du
doyen Bienvenu qu'il a installé dans ses
fonctions et a rappelé aux tu.d.ianls et étu-
Itliantes français et indigènes le sens et
l'importance de cette cérémonie.
Le doyen a fait sa leçon d'ouverture sur
les idées générales dominant le droit colo-
nial.
Le Gouverneur général, après avoir féli-
cité le recteur de l'œuvre accomplie, a fait
une brillante improvisation sur la France
propagatrice, depuis des siècles de t'idée
de droit.
La nouvelle école assure les études nor-
males pour la licence en droit métropoli-
taine dans les mêmes conditions que les
facultés de France, rendant désormais
inutile t'émigration des jeunes gens anna-
mites pour les études de droit. Elle donne
également l'enseignement juridique indo-
chinois spécial bien adapté au milieu et
aux besoins locaux.
> om* a> <
Le voyage du duc
et de la duchesse de Brabant
'.1
Fêtes et réceptions au Siam
Les fêtes anniversaires du couronnement
du Roi auront lieu du 23 au 26 courant. Un
discours du trône sera lu par le Roi le 24,
après réception du corps diplomatique et
des hauts fonctionnaires.
Le 26 une fête sera donnée par le Roi et
la Reine dans les jardins.
Le duc et la duchesse de Brabant quitte-
ront Bangkok pour Praé, par train spécial,
demain soir, à 19 heures.
) -.- (
Impressions
sur le Grand Conseil
(De notre correspondant particulier.)
Fièvre, brouhaha, agitation. Dans la grande
sa lle des fêtes de la nouvelle Chambre de
Commerce qui eût pu faire une si belle
Bourse, s'il avait été possible de venir à bout
de certaines habitudes MM. Erard, secré-
taire permanent du Grand Conseil, et Madon,
secrétaire de la Chambre de Commerce, don-
nent des ordres. Des ouvriers s'affairent : on
dispose pour la dernière fois la tribune, les
chaises, les drapeaux ; quelques a becon »
apportent les ultimes plantes vertes. Sonnerie
aux champs. Claquements secs des armes dans
les paumes. Le Gouverneur général de l' In-
dochine vient en grand uniforme inaugurer la
troisième session du Grand Conseil des Intérêts
Economiques et Financiers de la Colonie.
Assistance de choix : tous les grands chefs de
service, les membres du Conseil colonial de
Cochinchine, quelques invités. Le discours est
long mais substantiel. On le connaît déjà en
France.
Le Grand Conseil ! Le ministre des Colo.-
nies vient à peine de partir. Déjà le silence
commence à se faire sur son nom. Certaines
discussions encore sur son attitude, ses propos.
M ais l'Indochine est dynamique. Elle n'est
pas, elle devient, diraient les Allemands.
Déjà elle a d' autres soucis. Lt pour Saï gon
en particulier, en cette année de crise, n'est-ce
pas une attachante préoccupation que d' abriter
pour la première fois les délibérations de cette
jeune assemblée, l'enfant chérie du Gouver-
neur général qui l a créée. On connait ses pré-
rogatives : assemblée composée de membres
désignés par le Gouverneur Général ou élus
au deuxième degré par les principales associa-
tions politiques ou corporatives, elle examine
et consent le budget et donne son rwis sur les
questions qui lui sont soumises.
L'atmosphère
Le lendemain, changement de programme,
changement de décors. M. Pasquier est re-
tourné en son palais du houlevard Norodom.
Qui va présider l' assemblée ? Sous les >eu\
attentifs du savant docteurersin, doyen d'âge,
pasteurien sorti de son laboratoire, on dépouille
le scrutin. Mais tout le monde en connaît par
avance le résutat. Moi-même, assis hier soir
à la terrasse du Continental, n'ai-je pas assisté
de loin à de mystérieux conciliabules entre
gens du Nord et gens du Midi, Hanoïens et
Saïgon nais La question est entendue. C'est
M. Lacaze, président do la Chambre de Com-
merce de Saïgon, qui présidera aussi aux des-
tinées de cette troisième session.
Les débats commencent. Ils ont lieu dans
un amphithéâtre du premier étagt., soigneuse-
ment clos de plaques isolantes, avec des ileurs
sur les Ivdcons des fenêtres. Ln face de la
soixantaine de membres de r Assemblée, le
Président, intimidé, semble un magister inexpé-
rimenté, mais qui lait de son mieux. A ses
pieds, des secrétaires-rédacteurs, comme à la
Chambre, et le banc des minisires, en l'espèce
d%s commissaires du Gouvernement. Ceux-ci
seront MM. C»rilfeuil et Diethdm, respecti-
vement secrétaire général et directeur des Fi-
nances de l'Indochine le premier massif, so-
lide, le regard à l'afînt derrière <011 lorgnon ;
le second, \if, impatient, tecliniciesi jusqu'au
bout des ongles. Près d'eux prendront place à
r occasion M. Pages, rempl.iç mt M. Graffeuii
dans quelques jours, qui vient prendre r atmo-
sphère et se préparer à de futures batailles, et
différents chels de service. Dans un coin, la
presse.
Première, bataille autour des Commissions.
I I L'ordre du jour l étant chargé, il importe que
LE NUMERO : 30 CENTIMES
JEUDI SOIR. 18 FEVHIEH. 19.
JOURNIUJUOTIDIE*
Rédaction & Administration.
14, III m nuit-mur
PARIS O")
TtliTH. t LOUVRIIMT
RICMKLIKUIMI
Les Annales Coloniales
w. mwwoo et réclame# sont fecMM au
bureau du founuL
Il
Directeur.Fonoateur , Marcel RUEDEL
• Tout les articles publiés dans notre journal M piuvffil
être reproduits qu'en citant lot Amalis OMiObikib
ABONNEHIENTS
avec la Revue mensuelle :
Un ne 6 Mo" S M.t.
France et
Colonies ta.. 100 » Ht
Etranger.. 240b 125 a, là b
On s'abonne sana frais dalll
tous les bureaux de poste.
NOTRE SAHARA
> ..e (
Le Sahara est en pleine vogue. Les ren-
dez-vous de bonne compagnie se donnent
maintenant dans le désert, devant le bordj
de Tamanrasset ou sur les rives du lac
Tchad.
Tous les jours, on annonce le départ ou
l'arrivée de missions prestigieuses qui vont
à Tombouctou ou reviennent du Tanezrouft;
d'expéditions qui s'enfoncent dans les Ter-
ritoires du Sud de l'Algérie ou dans l'hin-
terlaivl tunisien comme actuellement un
prince de sang royal avec ses compagnons.
Les gens les plus s é dentaires finissent
par s'en émouvoir. Les journaux entretien-
nent l'attention. On parle du Sahara un peu
partout : dans les sociétés qui se disent sa-
vantes, dans les derniers salons où l'on cau-
se et même au Café du Commerce.
IL semble que ce soit le moment de vul- |
gariser sur ce sujet peu connu quelques no-
tions exactes pour fournir a la documenta-
tion publique et pour diminuer le nombre
des propos incohérents.
Qu'est-ce donc que le Sahara ?
Ce nom désigne une immense étendue de
caractère désertique qui occupe les neuf
dixièmes du Nord de l'Afrique. En tracer
les limites est un peu téméraire, car on ne
l'a pas entourée d'une grille en fer forgé ni
même d'une muraille dont cul le de Chine
n'aurait été qu'un minuscule ersatz. Cepen-
dant, on peut considérer que l'Atlas au
Nord, l'Océan à l'Ouest lui donnent des
bornes précises et qu'au Sud elle s'arrête
aux régions nigériennes et au Tchad; mais à
l'est et au nord-est elle se prolonge jusqu'à
l'étroite vallée du Nil et même se retrouve
au delà jusqu'au littoral de la mer Rouge.
Les limites n'étant guère précises, la su-
pcrncie ne saurait l'être davantage : c'est
donc entre 8 et io millions de kilomètres
carrés que l'on peut envisager l'étendue.
Diverses théories on* été émises sur l'ori-
gine du Sahara. La plus vraisemblable est
celle qui y voit un océan pétrifié ou ensablé,
dont les chotts du sud tunisien et du dépar-
tement de Constantine seraient les vestiges.
Nous n'analyserons pas les nombreux ar-
guments qui sont fournis à l'appui de cette
thèse et nous nous contenterons de citer un
fait matériel des plus probants : dans les gi-
sements des phosphates de Metlaoui,distants
actuellement de plus de deux kilomètres de
la mer, on trouve des quantités considéra-
bles de dents de squales qui ont mieux ré-
sisté que lei 08 ordinaires à la pulvérisation
des siècles. Ces dents fossiles attestent la
présence dans ces parages, en des temps
dont nous séparent de nombreux millénai-
res, de poissons qui se sont concentrés dans
les derniers fonds marins à mesure que les
sables envahissants en réduisaient l'étendue.
Sur les rivages de cette mer. la vie hu-
maine était possible comme la vie animale
en ces époques de la préhistoire ; main com-
,me la vie animale, elle a disparu à mesure
que les sables étouffaient les eaux. Il n'en
est subsisté que des îlots séparés les uns des
autres par d'énormes distances sur lesquels
ont persisté des races dont les Ajjers et les
Touareg Hoggar peuvent briguer l'honneur
- d'être les représentants.
Mais, surtout, ne laissons rien subsister
de la légende qui voulait que le Sahara ne
fut qu'une immense étendue de sable. Cer-
tes, le terrible niveleur qu'est le sable a
comblé des vallées, des dépressions qui ac-
cidentaient autrefois les terres africaines ;
mais il y a encore des rochers, des dunes,
des montagnes, des gorges sauvages, des
ergs caillouteux et même des vallées riches
de quelque verdure pour rompre la monote
nie de l'étendue aréneuse.
Et puis, il y a la lumière qui ne permet
pas à l'absence de vie de ressembler à la
mort. Il y a la lumière qui prodigue ses
ébloulssements, ses coloris, ses magnificen-
ces dans le calme majestueux.
Ce n'est certes point la splendeur pitto-
resque du Sahara que nous nous proposions
de célébrer en prenant la plume ; mais il est
impossible de l'évoquer sans payer un juste
tribut à cet élément de son prestige.
L'Histoire demeure hésitante au seuil du
Sahara. Elle n'est point arrivée à tracer
une chronique admissible a son sujet.
Certains veulent que les Romains aient
pénétré fort loin, dans le Sud et même jus-
qu'aux rives du Niger ; d'autres croient
qu'ils ne dépassèrent guère la zone de
Biskra. Pour nous, ceux-ci sont plus près
• de la vérité. Lorsque les peuplades musul-
manes se ruèrent vers l'Occident, elles
cherchèrent des contrées opulentes, au cli-
mat doux, aux riches végétations. Elles ne
firent que contourner le nord saha.rien dont
la stérilité les repousse vers les régions ni us
clémentes et plus riches du littoral méditer-
ranéen africain ou européen.
Pendant des siècles, le Sahara resta mys-
térieux et redouté sous le titre de « terrœ
ignotœ » dont quelques énergiques passion-
nés essayèrent seuls de ravir le secret, sans
que l'humanité s'intéressât à leur effort.
C'est à la France qu'était réservée la
gloire de soulever le linceul et d'affirmé:
qu'il y avait encore des germes de vie sous
la couche des sables amoncelés.
Ah ! certes, on a raillé sa ténacité et les
sacrifices qu'elle a consentis pour une oeu-
vre qui pendant longtemps a été considérée
comme incapable de rapporter un profit ou
seulement une compensation.
Et maintenant, après les millions dépen-
sés, après surtout tant de nobles vies sacri-
fiées, des appétits s'affirment et osent dire
cyniquement: « Tant et tant de kilomètres
carrés, c'est beaucoup trop pour la France.
Elle n'est qu'une avide aocapareuse. Nous
avons droit à notre part ! 9
Où étaient-ils donc, ceux-là, lorsque nos
grands Africains, généraux, officiers et sol-
dats, bravaient la soif, les fatigues et les
étapes brûlantes et les haltes desséchées,
combattaient ces tribus barbares qui après
une résistance admirable, torturaient les
blessés et mutilaient les cadavres ?
Aujourd'hui, l'auto, l'avion, la transfor-
mation des esprits font de ce SahaTa long-
temps dédaigné un objet d'envie. On riait
de voir le coq gaulois picorer ce sable à ja-
mais stérile, pour la gloriole maigre de do-
miner quelques peuplades noires faméli-
ques. Et voilà que ces peuplades mieux
nourries se haussent au niveau des peuples
dits civilisés. Voilà que ces sables stériles se
révèlent précieux et gros de promesses.
Le dédain se mue en jalousie. Soit, que
l'on nous jalouse !
Nous l'avons payé cher, notre Sahara. Il
est bien à nous. Nous attendons que quel-
qu'un puisse étayer ses prétentions de ce
côté sur des titres de la valeur des nôtres.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-Président de ta Commission
des DouaMI.
) + <
Notre action au Maroc
1 t 1
Occupation de la palmeraie d'Ifegh
Ainsi que nous l'avons annoncé mardi,
fait suite à l'occupation de Ferkla, la
liaison entre les forces de la région de Mar-
rakech venant de Todçha et celles des
confins parties du Ghéris, a été effectuée
sans incident dans la matinée du n, ame-
nant la soumission immédiate de tous les
ksours de la région.
La sécurité du couloir ainsi ouvert et de
la future route Guarzazat-Tafilalet par le
Oumdga, le Ferkla et le Ghéris, exigeait
impérieusement l'occupation du ksar et de
la palmeraie d'Ifegh qui commandent au
nord toute la vallée du Ferkla et l'installa-
tion d'un poste de couverture en ce point.
Un groupe de la région de Marrakech aux
ordres du colonel François, chargé de cette
mission, avait eu, dans la journée du u,
un engagement avec les dissidents. L'eau
ayant été coupée par les insoumis en amont
du défilé d'l egh, le colonel François fut
amené dans la soirée du n, à installer son
camp près d'un point d'eau, à cinq kilome-
tres - environ au sud-est du ksar. Les dissi-
dents qui avaient réoccupé la palmeraie et
menaçaient le groupe furent à nouveau re-
foulés vers le nord, dans la matinée du 13,
par une vigoureuse action de nos cléments
motorisés, avec de lourdes pertes, alors que
nous n'avions, de notre côté, qu'un officier
très légèrement blessé.
La couverture du Ferkla
L'examen sur place de la situation, le 13,
conduisit le général Giraud à envisager la
couverture du Ferkla, par deux postes ins-
tallés l'un à Asguin, au Sud-Est d'Ifegh,
dont l'organisation fut confiée au détache-
ment des confins du groupe François ; l'au-
tre à Boutarat, à mi-distance entre Tinghir
et lfegh, où le colonel François reçut mis-
sion de s'installer avec les éléments de la
région de Marrakech.
l.e détachement des confins atteignit As-
guin sans incident, mais le groupe François
fut attaqué, dans l'après-midi du 13, dans
sa marche d'Ifegh sur Boutarat, par de
nombreux dissidents qu'il repoussa. Le gé-
néral Huré, qui s'est rendu en avion sur les
lieux, où la situation est redevenue normale,
signale l'admirable attitude du groupe franc
du régiment d'infanterie coloniale du Ma-
roc, qui a subi héroïquement le principal
choc des dissidents du Tafilalet, comprenant
les AIt Hadidou descendus d'Assif Nalloul,
et les Aït Aïssaizem. Les dissidents qui en
arrivèrent au corps à corps avec nos élé-
ments de protection furent finalement re-
foulés avec des pertes très élevées. La si-
tuation est toujours excellente. La couver-
ture militaire à l'ouest a été complétée par
notre installation à Mocossi qui améliore
également la sécurité du couloir du Ferkla,
où le détachement, sous les ordres du lieute-
nant-colonel Trinquet, a été guid6 par les
Djemmas au complet des Ksour Aït Isfoul
de la région. Quinze Sanabs de Belkacem
X'Gadi, venant du Regg, ont fait leur sou-
mission et ont Reposé leurs armes dans la
journée du 13.
) .+ -–
Le général Sanjurjo au Maroc
.el
Le général Sanjurjo, accompagné de son
fils don Justo, est arrivé à Fès, lundi soir.
Il a visite mardi Médina et la ville nou-
velle et est reparti mercredi pour Rabat et
Casablanca.
) <
M. Antonetti en tournée,
prend des décisions
J' 1
M. Antonetti qui vient de visiter la région
de la llaute-Sang-ha s'est particulièrement
intéressé à l'amélioration de l'artère princi-
pale BanRui-Cameroun. Pour stimuler le
zèle des villages auxquels revient le soin
d'entretenir cette route il a réparti d'impor-
tantes gratifications aux agglomérations in-
digènes intéressées. Il a fait, d'autre part,
l'acquisition de 32.000 plants do café qui se-
ront donnés aux habitants. C'est la meil-
leure façon d'assurer aux populations des
revenus nouveaux qui leur permettront par
la suite de s'acquitter facilement de leurs
impôts.
M. Antonetti a également prescrit l'envoi
de troupeaux de taureaux et de vaches de
Berberati à Brazzaville, à destination de la
plaine du Niari qui présente, ainsi qu'on l'a
reconnu, des conditions particulièrement fa-
vorables pour l'élevage.
Les vaches maigres
et le mouton soudanais
68
il
N ce temps de vaches
maigres et de veau
d'or, où le monde
entier se débat COtt.
tre les dix plaies
d'Egypte moderni-
sées, les nouvelles
c ovines » qui nous
arrivent du Soudan Français, sont plus ré-
confortantes que le songe de Pharaon.
Donc, au Soudait, où la crise économique
est particulièrement aiguë, il fallait immé-
diatement, comme cela a été fait, soutenir
l'élevage du mouton en favorisant l'écoule-
ment de son principal produit à l'exporta-
tion : la laine.
Le problème qui se pose pour le mouton
soudanais est le même que celui qu'essayetti
de résotidre, dans d'autres branches, les
uclmiciclls économiques du monde entier :
Telle en est la donnée qui semble être la
formule de Il demain » : « Fournir la meil-
leure qualité, au meilleur prix. » C'est la
devise de M. Reste, Gouverneur de la Côte
d'Ivoire, en ce qui concerne sa colonie.
Pour intensifier ce mouvement et chercher
à éviter la mortalité qui se produit trop fré-
quemment lorsque les béliers croisés sont pla-
cés directement chez les indigènes, « l'Union
Ovine Coloniale n, dont il faut louer les
nombreuses et précieuses initiatives, étudie,
de concert avec le Service Zootechmquc du
Soudan, la criation de cclltres-types et amé-
nagés, où les animaux reproducteurs seront
parqués et surveillés, et mis sur place à la
disposition de l'indigène.
L'Administration de la Colonie a organisé,
toujours avec l'appui de l' « Union Ovine »
des foires de laine qui ont été fréquentées par
de nombreux vendeurs, méfiants au début,
mais vite mis en confiance par la loyauté des
opérations et le règlement immédiat des
avances.
Ainsi Veffort ovin ait Soudan se résume
par des mesures dont on peut vraisembla-
ment espérer les meilleurs résultats :
10 Création de centres-types ;
2" Organisation de foires à laine j
30 Mise au point d'un élevage rationnel
du mouton à laine. Pour cela :
10 Aménagement de vastes parcours peu
peuplés ayant une végétation d'arbustes
épineux verts assez dense ;
20 De l'eau en quantité suffisante, à une
profondeur qui permette de l'utiliser pour
abreuver les animaux, ce qui suppose un
programme de puits, de barrages, de pom-
pes, etc.
Voici eJquissé, un petit tableau de l'utili-
sation des produits de l'élevage au Soudan :
Vers la Nigéria, 7.000 moutons et chèvres.
Vers la Gold Coast, 10.000 moutons et
chèvres.
Vers la Côte d'Ivoire, 5.000 montons et
chèvres.
Vers le Sénégal, 25.000 moutons et chè-
vres.
Quant aux animaux abattus pour la bou-
cherif, on a compti, dans les centres où il
existe des abattoirs surveilles (Bamako,
Kayes, Tombouctou, Gao, Sikasso, Kott-
tiala, Nioro), 400.000 moutons et chèvres
consommés en 1930. La même année, les
exportations de peaux de moutons ont <7
de 56 tonnes et 720 tonnes de laine ont été
expédiées. Faisons confiance aux moutons
soud allais.
Ernest Haudoa,
Sénateur de la Marne,
Vice-Président de la Commission
des LJOIUlrteS.
+- (
L'activité du commerce des œufs
au Maroc
1 0-
Le commerce des œufs, qui est très impor-
tant dans l'économie marocaine, paraît ces
temps-ci animé d'un renouveau d'activité.
Le marché français, par suite de la baisse
de la peseta, du cours élevé des œufs en
France et des barrières douanières opposées
aux œufs de Turquie et de Russie, multiplie
ses demandes auprès du commerce maro-
cain, au point qu'à l'heure actuelle plus de
la moitié des exportations d'œufs de Casa-
blanca et de Mazagan est dirigée sur Mar-
seille.
Casablanca se trouve avantagée du fait
que les œufs sont chargés sur paquebots
rapides qui gagnent Marseille en trois
jours. Par contre, les œufs chargés directe-
ment à Mazagan empruntent des navires
qui mettent sept jours pour effectuer le tra-
jet. Certains exportateurs de Mazagan font
transiter leurs envois par t amions jusqu'à
Casablanca et arrivent, ainsi, en empruntant
les paquebots rapides, à gagner Marseille en
cinq jours, trajet routier Casablanca-Maza-
iran compris.
u Le commerce mazaganais a entamé des
pourparlers afin que le paquebot rapide qui
quitte Casablanca le samedi vienne la veille
charger les envois d'nuifs à Iazagan. Cela
en vue. de réduire les prix de îevient de 7
à S francs par caisse, ce qui faciliterait en-
core aux œuf s marocains l'accès du marché
français par Marseille.
Les exportateurs d'omis du Maroc envisa-
gent aussi l'ouverture de délvmchés possi-
bles sur les ports de l'ouest et du nord de
la France.
) .+
M. Carde à Paris
1"
M. le Gouverneur général Carde, accom-
pagné de Mme Carde et de M. le Gouver-
neur Annet, directeur de son cabinet, arri-
vera à Paris lundi prochain 22 février, à
to h. 15, à la gare d'Orsay.
Le Gouverneur général de l'Algérie vient
à Paris pour traiter diverses questions en
instance dans les ministères.
: AU SEMAT
LA CHUTE DU CABINET LAVAL
Physionomie Coloniale du Scrutin
Ainsi, le Sénat a renversé le 88' Ministère
de la Troisième République et le premier
présidé par un sénateur.
Après avoir, par 155 voix contre 134, re-
poussé l'ajournement au 26 février, de la
discussion de l'interpellation de M. Albert
Peyronnet, le Sénat, par 157 voix contre
134, s'est également opposé à l'ajournement
au 19 février. La question de confiance
ayant été, cette fois, posée.
Union républicaine :
M. Saurin (Oran), a voté pour l'ajourne-
ment.
Gauche démocratique radicale et radicale-
socialiste :
MM. Léonus Bénard (Réunion); Cuttoli
(Constantine) ; Duroux (Alger) ; Henry Lé-
mery (Martinique), ont voté contre l'ajour-
nement. MM. Henry Bérenger (Guadelou-
pe) ; Le Moignic (Inde Française), se sont
abstenus.
M. Le Moignic a essayé de créer
un incident à la Gauche Démocratique
Avant la séance, le groupe de la Gauche
démocratique qui est le groupe républicain
le plus avancé du Sénat, ayant juste la pha-
lange des socialistes S.F.I.O. à sa gauche,
s'est réuni pour décider de son attitude à
l'égard du Gouvernement. La plupart des
membres marquèrent leur intention de voter
contre le Gouvernement.
M. Le Ioignic, sénateur d'Inde, qui
réussit, au lendemain de son élection, à se
glisser dans le groupe de la Gauche démo-
cratique, éleva de véhémentes protestations
contre la décision de ses collègues. Le sé-
nateur d'Inde, déclara qu'il ne pouvait
pas voter contre le ministre qui avait toute
sa confiance et qu'il le soutiendrait, puisque
M. Paul Reynaud maintenait M. Juvanon
Gouverneur à Pondichéry, tandis qu'au
contraire, il y avait un membre du groupe
qui avait décidé d'interpeller sur l'attitude
de ce Gouverneur.
Et ce fut une belle cause d'hilarité que
les scrupules du sénateur Montparnassois!
Souvenirs rétrospectifs
Il faut reconnaître que la journée fut
courte mais rude. même pour les journa-
listes qui furent soumis a un empilage rare-
ment subi au Luxembourg. curieux attrou-
Bien avant 14 heures, les curieux attrou-
pés le long des trottoirs surveillaient le res-
taurant « d'en face » où quelques sénateurs
faisaient provision de vitamines et les re-
gards en projecteurs fouillaient l'intérieur
des autos qui déposaient dans la cour his-
torique un public aussi nombreux qu'élé-
gant.
Depuis la conduite incongrue de la suffra-
gette enchaînée, on peut uire que les fem-
mes sont suspectes au Sénat' J'eus beau
porter ma carte verte en bannière, l'interpel-
lation de l'huissier « d'extra » ne fut pas
ajournée : « Qui êtes-vous?. Où allez-
vous? n
Et je rendis mille grâces 'aux grands-pa-
trons-ancêtres Colbert-Turgot-et-la-suite, en
pénétrant, enfin, dans la tribune archicom-
ble des journalistes.
Que béni soit le Ciel qui me crc:t poids
I)Iunie!. 500 grammes de plus et il m était
impossible de suivre les épisodes d'une
chute qui vint par un chemin de gla.
M.-L. S.
> (
M. Paul Reynaud
est rentré à Paris
-
M. Paul Reynaud parti de Genève hier
soir par le train de 22 h. 30, est arrivé à
3 o, est il
Paris ce matin.
) <
Tu te rends compte.
CALENDRIER POSITIVISTE NOIR
Encore un confrère qui n'a pas quitté les eaux
jaunes du Golfe de Gascogne, pour aller voir
aux IIes-sous-le- Vent ce qui s'y passe.
Ce confrère, qui signe «/. M. H. », raconte
une petite histoire fort spirituelle : « Napoléon
jugé par Joffre, défendu par Zola », mais qui
n'est nullement une spécialité de SaintDomin-
gue.
- La Guadeloupe est fleurie d'états-civils et
d'actes de baptême du plus touchant mysticisme
positiviste. Car il ne faut pas oublier, que les
papas et les mamans noirs, en gratifiant leurs
marmots de noms chargés de gloire, ne font,
sans le savoir, qu'obéir à la religion prêchée
par Auguste Comte.
Des plages baignées par la mer des Antilles
au panache de fumée qui couronne la Soufrière,
cœur volcanique de l'lie d'Emeraude. les Char-
lemagne, les Ulysse, les Napoléon, les Bayard
et les Duguesclin ne sont pas rares. Depuis la
guerre, ils sont du reste en concurrence serrée
avec les petits Joffre et les jeunes Foch.
Pour le sexe faible, les mamans de toutes les
nuances n'ont jamais cessé de consulter la Vie
des Saints. « Marie », mère de Dieu et reine
des Anges, règne, puissante et pleine de grâces,
sur toutes les jeunes têtes noires. Puis viennent
les roses pourpres du Martyr, dont rhilomène
est la renommée.
Ensuite, s'inscrivent les beaux noms de ma-
tador, comme Cristalline. Mais hélas, quand
les « Cristalline » reviennent de France en tail-
leurs et chapeaux à rubans, elles ont aussi des
noms de confection, elles s'appellent : « Ma-
non )) et tous les dérivés en vogue sur les deux
trottoirs du boulevard Montparnasse.
Un beau jour, la Guadeloupe, tout comme
Saint-Domingue peut connaître cette nouvelle
sensationnelle digne de faire le tour du monde
T. S. F. : « Napoléon battu par Joffre et se-
couru par Briand. »
Il suffit simplement que trois jeunes musca-
dins aux noms empruntés dans le calendrier his-
torique, prennent un bon « goumé » au bord du
Galisbé.
Dinah.
LlnE EN SECONDE PAnE:
Tii mort du général Fprrié.
A la rhnnibre do commerce de Saint-
Louis du Sénéral.
Au conseil supérieur des colonies.
A l'Académie de Médecine
.81
Les mesures de protection
contre la variole
Communications techniques diverses et adop-
tion à main levée des conclusions du rapport
de M. Camus sur les mesures de protection
que nous avons indiquées contre l'importation
et la dissémination de la variole.
Le lathyrisme en Syrie
MM. Trabaud et Mruched Khater ont pré-
senté une note intéressante sur le lathyrisme en
Syrie : l'intoxication due à la consommation
des gesses de lathyrus est une maladie assez
rare. Elle ne s'observe, en effet, qu'à l'occa-
sion de grandes guerres ou de grandes famines.
Aussi ne trouve-t-on dans la littérature que
d'assez rares relations peu précises relatives à
ces épidémies. Les populations arabes de Sy-
rie, brimées par les Turcs, subissaient sévère-
ment la raréfaction des vivres supportées par
les puissances centrales ou alliées. Les fellahs
durent, un peu partout, consommer des graines
lathyriques pour obvier à la carence des cé-
réales. Le lathyrisme a ainsi paru dans le Hau-
ran et le Damascène : la maladie s'était mani-
festée d'une façon massive au moment d'une
disette qui avait contraint les villageois à cou-
per leur farine avec de l'orge, du maïs et des
gesses. Cette maladie produit des douleurs en
ceinture, fourmillements et brûlures des extré-
mités et inconti nence urinaire.
Les auteurs ont conclu que, malgré leur
rareté, ces épidémies demeurent graves pour
les populations qui les subissent.
Les mesures sanitaires en Indochine
M. Souques a communiqué hier à l'Acadé-
mie de Médecine une intéressante note du
docteur Lasnet sur les mesures sanitaires prises
par M. Paul Reynaud pendant son voyage
en Indochine.
Après avoir apprécié comme il méritait
d'être apprécié l' effort accompli dans les villes
par l'assistance médicale, de 1906 à 1930
(fonnations sanitaires sextuplées. personnel
médical porté à 150 médecins français. 224
médecins indigènes, 422 sages-femmes, 2.300
infirmiers ; consultations et traitements dans les
hôpitaux plus que décuplés ; vaccination contre
variole, peste, choléra, tuberculose, avec les
vaccins des Instituts Pasteur de Hanoï et de
Saigon accrues de 2 raillions à S millions), le
ministre des Colonies constata que les campa-
gnes ne tiraient pas grand profit de ce magni-
fique progrès, alors que leur population repré-
sente les quatre cinquièmes de la population
totale de l lndochine.
M. Paul Reynaud s'est donc empressé de
développer l'assistance parmi les populations
rurales par la création d'infinneries. de services
de consultations et de groupes sanitaires mo-
biles, mesures qui ont fait l'objet d'un arrêté
du 12 novembre du Gouverneur général Pas-
quier.
Le virus de la Trinité
MM. Remlinger et Bailly ont signalé, il
y a longtemps, les rapports qui existent, en
médecine humaine, entre la rage et l'affection
dite a paralysie ascendante de Landry Il. Ils
ont étudié expérimentalement une épidémie
ayant éclaté en 1929 dans l'île de la Trinité
(Antilles) et rapportée par MM. Weston Hurst
et J.-L. Pawan. Us concluent de leurs recher-
ches que ces cas étaient bien de nature rabi-
que, ce qui confirme leur idée qu'en présence
d'une maladie de Landry, il faut d'abord pen-
ser à la rage.
--+
Après l'Exposition Coloniale
806
La réplique de Mount-Vernon
sera transportée en Haute-Savoie
La réplique du Mount-Vernon de la sec-
tion américaine à l'Exposition Coloniale de
Viiiccnnes, a été vendue hier au docteur
Alexandre liruno, qui est depuis plusieurs
Olnnc;c:; directeur de J.t fondation Rockfeller
pour - la - France. ---------
Le docteur liruno l'intention de trans-
porter le Mount - Yenion à Passy-Plaine-
Joux, dans la liante-Savoie.
Avec l'aide des personnalités françaises et
américaines, le docteur liruno fera rebâtir la
fameuse réplique à 1.400 mètres d'altitude,
face au Mont-Blanc. Elle dominera ainsi la
magnifique vallée de l'Arve.
Le monument scrait inauguré au. mois de
juin prochain et il sera dédié à la mémoire
des maîtres français et américains de la
science médicale qui collaborèrent depuis la
guerre dans la lutio contre la tuberculose.
Il sera baptis<; Mémorial Washington-l.a-
favette.
1 +",.(----
Au Conseil d.État
Cour régionale des Pensions à Alger.
Annulation d'une de ses décisions.
Aux termes de l'art. 37 de la loi du _^i
mars iqiq, instituant; une cour régionale des
pensions au chef-lieu du ressort de chaque
Cour d'appel, « .les fonctions de commis-
saire du (iouvernement seront remplies par
un fonctionnaire de l'Intendance militaire
désigné par le ministre de la Guerre, ou par
un ofticier de l'Intendance désigné par le
ministre de la Marine ou par le niinistrr des
C'olonies Il.
M. (îalano, demeurant à Alger. 40. Ille
Ihnten, invoquant les dispositions de la loi
précitée, avait introduit une requête au
Conseil d'Etat aux tins d'annuler une déci-
s ion de la Cour régionale des Pensions
d'Alger, en date, du 16 décembre îo.'o reje-
tant sa demande de pension.
Attendu, déclarait l'intéressé, que dans
l'instance par lui engagée devant le tribunal
des Pensions et la Cour régionale, les fonc-
tions de commissaire du gouvernement
avaient été remplies pat un fonctionnaire de
l'Intendance militaire non désigné par le
, ministre de la Guerre.
Faisant droit à cette requête, le Conseil
d'Etat a annulé la décision de la Cour ré-
gionale des Pensions d'Alger.
L'affaire a été renvoyée devant la Cour
régionale d'Aix-en-Prove.ice.
Dépêches de l'Indochine
Inauguration de l'Ecole supérieure de droit
à Hanoï
Hier, sous la présidence du Gouverneur
'l,Jnéral Pasquier assisté du recteur Thllla-
mas et du doyen Bienvenu, a eu lieu l'inau-
guration. dU' VEcole' Supérieure de Droit
qui vieu' d'eti,e créée a l'Université d'lIa-
noi. /Je nombreuses flotabilités assistaient
Ú cette cérémonie. Le recteur a salué le
Gouverneur jénéval Pllsquier, protecteur,
guide d réalisateur dsi l'enseignement su-
périeur en hulocfune. Il a lalt l'éloge du
doyen Bienvenu qu'il a installé dans ses
fonctions et a rappelé aux tu.d.ianls et étu-
Itliantes français et indigènes le sens et
l'importance de cette cérémonie.
Le doyen a fait sa leçon d'ouverture sur
les idées générales dominant le droit colo-
nial.
Le Gouverneur général, après avoir féli-
cité le recteur de l'œuvre accomplie, a fait
une brillante improvisation sur la France
propagatrice, depuis des siècles de t'idée
de droit.
La nouvelle école assure les études nor-
males pour la licence en droit métropoli-
taine dans les mêmes conditions que les
facultés de France, rendant désormais
inutile t'émigration des jeunes gens anna-
mites pour les études de droit. Elle donne
également l'enseignement juridique indo-
chinois spécial bien adapté au milieu et
aux besoins locaux.
> om* a> <
Le voyage du duc
et de la duchesse de Brabant
'.1
Fêtes et réceptions au Siam
Les fêtes anniversaires du couronnement
du Roi auront lieu du 23 au 26 courant. Un
discours du trône sera lu par le Roi le 24,
après réception du corps diplomatique et
des hauts fonctionnaires.
Le 26 une fête sera donnée par le Roi et
la Reine dans les jardins.
Le duc et la duchesse de Brabant quitte-
ront Bangkok pour Praé, par train spécial,
demain soir, à 19 heures.
) -.- (
Impressions
sur le Grand Conseil
(De notre correspondant particulier.)
Fièvre, brouhaha, agitation. Dans la grande
sa lle des fêtes de la nouvelle Chambre de
Commerce qui eût pu faire une si belle
Bourse, s'il avait été possible de venir à bout
de certaines habitudes MM. Erard, secré-
taire permanent du Grand Conseil, et Madon,
secrétaire de la Chambre de Commerce, don-
nent des ordres. Des ouvriers s'affairent : on
dispose pour la dernière fois la tribune, les
chaises, les drapeaux ; quelques a becon »
apportent les ultimes plantes vertes. Sonnerie
aux champs. Claquements secs des armes dans
les paumes. Le Gouverneur général de l' In-
dochine vient en grand uniforme inaugurer la
troisième session du Grand Conseil des Intérêts
Economiques et Financiers de la Colonie.
Assistance de choix : tous les grands chefs de
service, les membres du Conseil colonial de
Cochinchine, quelques invités. Le discours est
long mais substantiel. On le connaît déjà en
France.
Le Grand Conseil ! Le ministre des Colo.-
nies vient à peine de partir. Déjà le silence
commence à se faire sur son nom. Certaines
discussions encore sur son attitude, ses propos.
M ais l'Indochine est dynamique. Elle n'est
pas, elle devient, diraient les Allemands.
Déjà elle a d' autres soucis. Lt pour Saï gon
en particulier, en cette année de crise, n'est-ce
pas une attachante préoccupation que d' abriter
pour la première fois les délibérations de cette
jeune assemblée, l'enfant chérie du Gouver-
neur général qui l a créée. On connait ses pré-
rogatives : assemblée composée de membres
désignés par le Gouverneur Général ou élus
au deuxième degré par les principales associa-
tions politiques ou corporatives, elle examine
et consent le budget et donne son rwis sur les
questions qui lui sont soumises.
L'atmosphère
Le lendemain, changement de programme,
changement de décors. M. Pasquier est re-
tourné en son palais du houlevard Norodom.
Qui va présider l' assemblée ? Sous les >eu\
attentifs du savant docteurersin, doyen d'âge,
pasteurien sorti de son laboratoire, on dépouille
le scrutin. Mais tout le monde en connaît par
avance le résutat. Moi-même, assis hier soir
à la terrasse du Continental, n'ai-je pas assisté
de loin à de mystérieux conciliabules entre
gens du Nord et gens du Midi, Hanoïens et
Saïgon nais La question est entendue. C'est
M. Lacaze, président do la Chambre de Com-
merce de Saïgon, qui présidera aussi aux des-
tinées de cette troisième session.
Les débats commencent. Ils ont lieu dans
un amphithéâtre du premier étagt., soigneuse-
ment clos de plaques isolantes, avec des ileurs
sur les Ivdcons des fenêtres. Ln face de la
soixantaine de membres de r Assemblée, le
Président, intimidé, semble un magister inexpé-
rimenté, mais qui lait de son mieux. A ses
pieds, des secrétaires-rédacteurs, comme à la
Chambre, et le banc des minisires, en l'espèce
d%s commissaires du Gouvernement. Ceux-ci
seront MM. C»rilfeuil et Diethdm, respecti-
vement secrétaire général et directeur des Fi-
nances de l'Indochine le premier massif, so-
lide, le regard à l'afînt derrière <011 lorgnon ;
le second, \if, impatient, tecliniciesi jusqu'au
bout des ongles. Près d'eux prendront place à
r occasion M. Pages, rempl.iç mt M. Graffeuii
dans quelques jours, qui vient prendre r atmo-
sphère et se préparer à de futures batailles, et
différents chels de service. Dans un coin, la
presse.
Première, bataille autour des Commissions.
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