Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-11-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 19 novembre 1931 19 novembre 1931
Description : 1931/11/19 (A32,N156). 1931/11/19 (A32,N156).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380426r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRBNTE-DEUXIEME ANNEE. Ne 156,
m NUAono en CENTIMES
JEUDI SOIR, 19 NOVKMBRE 1931,
JOUMIL OUOTIDIEI
AJtltldio" & Administration ;
>4, ta ci MM-Tftatir
PARIS O")
TIILtPH. 1 LOUVRE le-si
- RICHELIEU S7-M
Les Annales Coloniales
Lit •nnoncet et réclame& sont reoue. m
bureau du Journal.
DiRECTBUR.FoNDATftUR t Marcel RUEDEL
Tous les articles publU. dans notre tournai ne peuvent
être reproduits qu'en citant les Akkales Coloniales.
ABONNEMENTS
avec la Revue mensuelle :
un et 6 Moi. 8 Moi*
Francs et
Colonie! 180 » 100 » 60.
Étranger. 240. 126. JO.
On s'abonne sans trais dans
tous les bureaux de poste.
Le régime douanier de l'Indochine
)
C'est la loi du 13 avril 1928 qui a fixé le
régime douanier de tous les territoires rele-
vant du Ministère des Colonies. Cette très
importante mesure législative réclamée de-
puis de longues années par tous les milieux
coloniaux est l'œuvre de l'ancien ministre
des Colonies, mon ami le Sénateur Léon
Perrier, et d'un distingué haut fonction-
naire, M. Georges Keller, Directeur des
Affaires Economiques au Ministère des
Colonies.
La Fédération Tndochinoise est rangée par
l'acte législatif du 13 avril 1928, parmi les
colonies assimilées, c'est-à-dire, qu'en prin-
cipe, sa législation douanière est la même
que celle de la métropole, ou que son terri-
toire est considéré, au point de vue douanier,
comme faisant partie intégrante du sol fran-
çais.
La loi du 13 avril 1928 qui pose, nous
l'avons déjà dit, les principes de notre statut
douanier colonial a été complétée par le
décret du 2 juillet suivant.
Cette loi et ce règlement ont été promul-
gués en Indochine par les arrêtés des 5 juil-
let et 25 août 1928.
Bien que la nouvelle charte douanière de
l'Indochine ne soit appliquée que depuis
deux années, et que depuis cette époque
notre France asiatique traverse une crise
économique très aiguë, cette réforme touche
trop profondément à la vie économique du
pays pour qu'il ne soit pas déjà possible do
la commenter, de l'analyser et d'en dégager
les résultats positifs.
Toute l'Indochine il m'est agréable de
le répéter - a accueilli cette réforme avec
une vive satisfaction. Elle correspondait à
ses vœux.
Le nouveau statut douanier contient, en
effet, des éléments heureux pour la mise en
valeur de la colonie et pour les relations
commerciales entre la France et l'Indochine
et inversement. Mais il renferme aussi. il
faut bien le reconnaître (lcs inconvénients
qui proviennent plus de l'application de la
loi que des principes sur lesquels elle repose.
La loi du 13 avril 1928 donne enfin pour
le pnent une solution satisfaisante et défi,
nitive à un problème excessivement délicat, et
permet, pour l'avenir, des adaptations et le
développement de la colonie tout en sauve-
gardant les légitimes droits et intérêts de la
mère-Patrie.
Le principe de l'assimilation douanière de
l'Indochine à la France est mis en vigueur
avec un grand libéralisme. La colonie a,
notamment, la possibilité d'obtenir des tarifs
spéciaux mieux adaptés à sa situation éco-
nomique et géographique. La méthode em-
ployée pour la promulgation des textes
douaniers métropolitains est simple, et les
demandes de dérogation à ces textes assu-
rent l'ahoutissement des revendications légi-
times des représentants de l'Indochine.
Le lien de solidarité économique entre la
France continentale et l'Union Indochinoise
est fortifié par le maintien en rapport cons-
tant des tarifs locaux avec les tarifs métro-
politains, sans toutefois gêner les tram.-
actions de l'Indochine avec les pays étran-
gers puisque des demandes de dérogations
au tarif français peuvent être formées.
La franchise douanière qui devient la
règle des échanges franco-indochinois, amé-
liore également le traitement des produits
originaires de l'Union à leur entrée sur le sol
national.
La nouvelle loi met fin, selon la propre
expression du Gouverneur Général de l'Indo-
chine, M. Pierre Pasquier, « à une iné-
galité de traitement choquante et injuste P, en
autorisant l'admission en franchise dans la
Métropole des produits étrangers nationa-
lisés, sous l'unique condition du paiement
de la différence des droits existant entre le
tarif métropolitain et le tarif local'.
Ainsi que nous venons de le remarquer, les
principes directeurs de la nouvelle charte
douanière indochinoise sont très généreux.
Ils ne rappellent pas le pacte colonial. Ils
évitent aussi, dans l'intérêt de l'Union, les
inconvénients d'une assimilation douanière
trop rigide, trop absolue, inspirée par un
néfaste souci d'égalité.
Cette loi est véritablement une mesure
libérale digne de notre grande démocratie.
Elle favorise la mise en valeur de la colonie
en accordant notamment à ses produits, à
leur entrée en France, la franchise doua-
nière et en protégeant l'agriculture et l'in-
dustrie locales. De plus, par sa situation
géographique et économique, l'Indochine,
grâce en partie à la loi du 13 avril 1928,
doit devenir un marché important, faisant
avec la Métropole un courant fructueux
d'affaires, pour le plus grand profit des
deux pays.
La - première conséquence de la promul-
gation en Indochine de la loi douanière co-
loniale du 13 avril 1928 devait être tout
naturellement la réforme du tarif douanier
jusque-là appliqué dans la colonie, en vue
de le mettre en harmonie avec les droits du
tableau métropolitain qui venaient de subir
un remaniement général.
La refonte complète du tableau du tarif
douanier de l'Indoclnne, mise à l'étude des
le vote de la loi, fut examinée par les assem-
blées élues de la colonie et adoptée par le
Conseil du Gouvernement. Le projet de tarif
douanier comprend deux groupes de posi-
tions.
Dans un premier groupe, les quotités du
tarif métropolitain sont maintenues.
Cette fraction du tarif douanier indo
chinois fut promulguée par arrêté du 25 dé-
cembre 1928 du Gouverneur Général de
l'Indochine.
Dans le deuxième groupe, nous trouvons
toutes les autres positions du tarif, pour les-
quelles des dérogations aux droits douaniers
métropolitains avaient été demandées.
Ces dérogations furent presque toutes
accordées. Elles constituent le tarif douanier
spécial de l'Indochine, institué par décret
du 29 juin 1929 et promulgué, en Indochine,
par arrêté du chef de la colonie du 10 juillet
suivant.
Le régime douanier de l'Indochine est un
acte tellement important qu'il est impossible
de l'examiner convenablement dans le cadre
d'un seul article. Je me propose donc de
faire sur cette question vitale pour l'Indo-
chine, une série d'articles. Dans le pro-
chain, je commenterai les caractéristiques
du nouveau tarif douanier (le la France
d'Extrême-Orient.
Léon Archimbaud,
Député,
Ancien Sous-Secrétaire d'Etat
des Colonies.
M. Lucien Saint
fait des déclarations
A son retour de France, M. Lucien Saint a
fait part à la presse locale des résultats des
démarches qu'il avait faites durant son séjour à
Paris.
Au sujet de l'emprunt, le Résident a décla-
ré que le chiffre global atteindra sans doute
1.700 millions et sera pour la plus grande par-
tie absorbé par les travaux publics, ports et
routes. Les agrandissements et aménagements
du seul port de Casablanca entraîneront des
dépenses de l'ordre de deux cents milliqns.
En ce qui concerne la colonisation, M. Lu-
cien Saint fit connaître que les caisses mutuel-
les de crédit agricole vont être assujetties au
contrôle étendu de l'Etat et que, désormais, le
protectorat aura toutes les garanties désirables
en matière de prêts.
La Banque d'Etat maintiendra pour cette
année les crédits de dix-neuf millions et quinze
millions qu'elle avait consentis l'an passé.
A propos des doléances des indigènes relati-
ves à l'élévation des impôts et la rudesse de
leur perception, le Résident précisa qu'il avait
donné à ce sujet des instructions sévères et, en
raison de la crise qui sévit et de l'abaissement
des cours de céréales et de bestiaux, deman-
dé qu'on procède aux encaissements indigènes
avec modération.
Parlant de la dissidence, M. L. Saint ajou-
ta : nous avons fait bonne et rude besogne sur
l'Oued El Abid et à Tounfit. Nous en ac-
complissions aussi au Tadkaet et ailleurs. Mais,
nous ne nous faisons pas d'illusions, nous avons
encore de farouches adversaires qui tiennent la
campagne. Les enfermer en clôturant tous les
passages d'accès au Sahara ou dans les tribus
où ils se ravitaillent serait une lourde faute,
que je ne veux pas commettre en allant trop
vite. Je préfère laisser à notre action politique
le temps de préparer les voies et obtenir des
soumissions par raison plutôt que par la force.
Le moyen sera plus long, mais moins coûteux
en existences.
Notre action au Maroc
-
Nouvelle avance de nos troupes
L'occupation brusque réalisée sans coup
férir du village de Foum el Souk par le
groupe mobile de Marrakech est 'le premier
résultat de l'action de remplissage qui, dans
ces dernières semaines, a conduit nos trou-
pes dans la vallée supérieure de l'oued Da.
des vers celle de l'oued Imiter, affluent du
Todra. Bien préparé politiquement, surveil-
le sur place par le général Huré, comman-
dant supérieur qui s'est rendu le 6 novembre
en avion jusqu'à Ouarzazat, puis par 'le gé-
néral Catroux qui, quatre jours plus tard,
établissait dans le centre son quartier géné-
ral, le glissement s'est opéré sans incident
en direction générale est-nord-est d'Ouarza-
zat par la kelaa des M'Gouna vers Imiter et
llomalem.
Ce pays n'était tenu, jusqu'à présent, que
par les représentants du caïd Glaoui.
Emprunt autorisé
pour le gouvernement général
de l'Algérie
̃
Le Journal Officiel a publié ce matin le
décret autorisant le gouvernement général
de l'Algérie à émettre une quatrième tran-
che de 810 millions de francs des emprunts
autorises par 'les lois des 5 août 1920, 3°
mars 1922 et 23 juillet 1931 au moyen d'obli-
gations de 1.000 francs, rapportant 4 d'in-
térêt annuel payable semestriellement.
Ces obligations, émises avec jouissance du
irv janvier 1932, seront amortissables, soit au
pair en trente ans, par tirages au sort et
conformément au tableau d'amortissement
qui sera reproduit au dos des titres, soit par
voie de rachats en Bourse au-dessous du pair
dans la limite du montant total de l'annuité
prévue pour le service de l'emprunt.
Le gouvernement général de l'Aligérie
pourra procéder, à partir du ior janvier 1935
au remboursement anticipé de la totalité Ob
d'une partie des obligations non encore
amorties à cette époque.
Le prix auquel les obligations seront offet.
tes au public ne pourra être inférieur à 960
francs par obligation.
Le Crédit Agricole
et nos vieilles colonies
LES INSTITUTIONS
DE CREDIT AGRICOLE
DE NOS TROIS VIEILLES COLONIES
DOIVENT ETRE RATTACHEES
A LA CAISSE NATIONALE
ES institutions de
Crédit agricole ont
pris, depuis la
guerre, dans nos
trois vieilles colo-
eties, Guadeloupe,
Martinique, La
Réunion, un grand
développement qui
se trouve actuelle-
ment, quelque Peu
retardé parce que
les Caisses locales ne disposent pas des res-
sources suffisantes pour aider, comme il se-
rait nécessaire, les petits agriculteurs, en
leur accordant, notamment, des prêts à
moyen et à long terme.
La loi du 10 juillet 1931 a bien autorisé
la Caisse Nationale de Crédit Agricole à
consentir aux Caisses Coloniales, des avan-
ces jusqu'à concurrence de 100 millions.
Mais le Goireemcment, préoccupt de déve-
lopper surtout les institutions de Crédit
agricole dans les Colonies nouvelles où elles
existent à peine, a décide de répartir entre
elles Ici grosse part des avances de la Cais-
se Nationale et les groupements des vieilles
Colonies ne peuvent espérer recevoir que
fort peu de chose sur les 100 millions au-
torises -- par le Parlement.
Il est pourtant indispensable de leur ve-
nir en aide. En Guadeloupe, il existe 42
syndicats agricoles, 12 coopératives et 28
caisses locales de crédit agricole. A la Mar-
tinique, 33 syndicats sont affiliés à la Cais-
se régionale de Crédit agricole. ra Réunion,
de son côté, groupe 28 caisses locales. Tous
ces organismes de coopération sont extrême-
ment actifs, rendent les plus grands servi-
ces, et peuvent en rendre encore de plus im-
portants, surtout pour la mise en valeur des
terres à bananes, spécialement en Guadelou-
pe où cette culture est familière à tous les
petits planteurs et doit favoriser l'acces-
sion à la petite propriété d'un grand nom-
bre d'ouvriers agricoles, si on veut bien les
v aider par V octroi de crédits.
A diverses reprises, les groupements agri-
coles des vieilles collmics, notamment la 1
Confédération de la Mutualité et de la Coo-
pération agricole de la Guadeloupe et le
Syndicat des Planteurs de la Réunion, ont
émis le vœu que les institutions de Crédit
agricole mutliel de ces colonies soient ratta-
chées à la Caisse Nationale de Crédit agri-
cole.
f.e vœu a été repris cl confirmé en 1931
par le Congres de la Mutualité Coloniale et
des Pays de Protectorat. D'autre part, la
Fédération Nationale de la Mutualité et de
la Cooo pération agricoles, qui groupe les
Caisses régionales de Crédit agricole mutuel
Métropolitaincs, a émis des vœux identi-
ques dans ses Congrès tenus à Alger en
1930 et à Vannes 1931.
Des démarches que j'ai faites récemment
en compagnie de M. Ch. Romana, cOllseil-
ler général de la Guadeloupe, auprès de
mon collègue et ami, M. Fernand David,
Président et de M. Vimeux, secrétaire gé-
néral de la Confédération générale de la
Mutualité et de la Coopération agricoles,
comme auprès de M. Tardy, directeur de la
Caisse Nationale, il résulte, par ailleurs,
que tousjes intéressés sant d'accord sur la
nécessité et l'urgence d'établir des relations
plus étroites entre les Caisses de Crédit agri-
cole et la Caisse Nationale.
Le rattachement des Caisses coloniales, de
la Guadeloupe, de la Martinique et de la
Réunion, à la Caisse Nationale, qui assu-
rerait une répartition des ressources, ana-
logue à celle adoptée pour la Métropole et
permettrait de donner aux institutions de
Crédit Agricole mutuel des directives appro-
priées, peut être aisément réalisé par une ex-
tension aux Colonies intéressées, de la loi
du 2i mars 1919.
C'est au Gouvernement qu'il appartien-
drait, au premier chef, de hâter l'adoption
d'une mesure indispensable au développe-
ment de l'agriculture de nos vieilles Colo-
nies. Mais, à son défaut, il entre dans mes
intentions de déposer sur le Bureau du Sé-
nat, dès la rentrée, une proposition de loi
tendant à l'assimilation réclamée des insti-
tutions de Crédit agricole de nos trois vieux
départements d'outre-mer avec celles de nos
départements métropolitains. Ce faisant,
j'ai la conviction de bien servir les intérêts
de la démocratie agricole dans nos trois
vieilles colonies.
Henry Bérenger,
Sénateur de la Guadeloupe, Vice-
Président de la Commission des
Affaires Etrangère».
t
Arrivée
'bc
M. Ponsot à Beyrouth
M. Ponsot est arrivé mardi à Beyrouth.
11 a reçu les hautes notabilités du Liban et
de la Syrie, qui étaient venues en très grand
nombre le saluer,
le cible des aveux
,+«
Jusqu'à la dernière note, M. Paul Rey-
naud, sa famille et sa suite, auront chanté
juste le refrain de Ciboulette.
Après « les enchantements », voici u les
visions éblouissantes », « le plus merveil-
leux paradis », « l'élancement vers la iner
par temps d'azur » et la nuit de rêve dans
« une Venise pour Titans ».
Le programme touristique de cette croi-
sière est de tout premier ordre, bâtons-nous
de le reconnaître loyalement et il méritera
certainement, au ministre des Colonies, à sa
rentrée au Palais-Bourbon, un joli succès de
curiosité. Si nombreux sont ceux qui enchaî-
nés au rocher de la nécessité quotidienne,
n'ont jamais visité que « l'ile des Pin-
gouins » ! Et maintenant que la part est faite
à la poésie de la planète, quittons les azurs
verts, les so'lcils d'argent, les flots nacreux
et les sentiers fleuris et suivons M. Paul
Reynaud sur :
La grand'route des hommes
A ce point de rencontre avec une race,
M. le ministre des Colonies est moins à
l'aise. Le càble est formel, nous n'avons qu'à
l'interpréter, les aveux sont spontanés.
D'abord le Temps, ce grand maître des im-
pressions durables, manque au dieu blanc.
« Le rythme du voyage officiel s'est en-
core aCtéléré ces derniers jours. Le voici
terminé et à peine avons-nous eu « le
temps », non pas de réfléchir, mais même de
voir et d'écouter. »
Voyageur, voyageur ! si vous osiez avouer,
au moins, que vous revenez les mains vides !
Mais, vous vous croirez obligé de rentrei
au Palais-Bourbon les poches bourrées de bi-
belots-souvenirs sans authenticité.
Du reste, entre tant de réceptions et d'al-
locutions nous apprenons que :
« Dans ses discours, le ministre ne se dé-
partit point de son ordinaire et sympathique
réserve. Il
Voici une circonspection qui n'est point
sans inquiéter le lecteur.
Les accueils Il réservés >» sont rarement une
fleuve de chaude cordialité. Et, pour qui
it, non pas entre les lignes, mais seulement
les caractères imprimés, on pressent une
ambiance IIerveuse, des fins de banquets
congestionnées, des digestions si ipénibles que
pour se soulager, M. l'au'l Reynaud en ar-
rive à rejeter les principes de N9.
De l'idéologie occidentale 1.
Il est impossible de mettre en doute la
bonne foi de Mme Andrée Viollis, témoin
auriculaire.
Voici du reste sa déposition enregistrée
le 17 novembre, dans le Petit Parisien :
« Et au banquet des notabilités tonkinoi-
ses. quand Pliain Huy Luc, président de la
Chambre des Représentants du Peuple, pré-
senta avec une certaine timidité le cahier
des revrudications concernant la liberté de
la ipresse, 'l'extension du pouvoir des assem-
blées locales avec augmentation des mem-
bres indigènes dans les assemblées mixtes,
M. Reynaud fit avec humour le procès de
l'idéologie occidentale qui a mis le feu à
l'Orient, mais en laquelle, assura-t-il, l'Eu-
rope comtnencc il n'avoir plus une foi ab-
solue. »
Idéologie occidentale, les principes qui
sont les assises do la République Françai-
se ? Ces Droits de l'Homme et du Citoyen
qui à l'article Il de la déclaration de l'As-
semblée Constituante en 89, affirment « le
respect de la libre communication des pen-
sées et des opinions » ?
Idéologie occidentale, ce vent de liberté,
envol de la Marseillaise, qui a gonflé d'es-
poir tant de peuples opprimés ?
Idéologie occidentale, cette traduction lit-
térale des « Trois couleurs » qui est le plus
sûr garant de la loyale collaboration de la
Métropole et des « France » lointaines, dans
le progrès de la dignité humaine ?
'Quelle confiance, les Indochinois, que le
maître momentané de la rue Oudinot, a été
visiter au nom de la France, pourront-ils
accorder à ses bienveillantes assurances
après ce grave reniement 1
Les électeurs que le député du 2* arron-
dissement se choisira prochainement, feront
bien de lui réclamer une profession de foi !
Marie-Louiae Sicard.
Les retours d'Indochine
à bord du d'" Artagnan"
»+«
A bord du paquebot d'Artagnan, parti mar.
di matin à destination de Marseille, ont pris
place Mme et Mlle Reynaud, et M. Gaston
Joseph, directeur des affaires politiques du
ministre des Colonies.
Par le même bateau rentrent en congé M.
Krautfceimer, gouverneur de la Cochinchine
et M. Dain, premier président de la Cour
d'appel de Cochinchine et du Cambodge.
Il
A l'Académie des Sciences
t8.
Distribution de prix
Voici la troisième liste des prix et subven-
tions attribués en 1931 :
Prix gâéraax. Prix Parkin (3.400
francs), à M. Marius Dalloni. professeur de
géologie à l' université d'Alger. Prix de
2.500 francs, à M. Raymond Decary, admi-
nistrateur des Colonies à Madagascar.
A L'INSTITUT NATIONAL D'AGRONOMIE
COLONIALE
.,. 1
Créations de nouvelles chaires
Il est créé à l'institut national d' agronomie
coloniale trois chaires magistrales ayant pour
principal objet : 1 0 les études de chimie et de
technologie appliquées aux colonies ; 20 l'étu-
de des maladies non parasitaires et des enne-
mis des cultures tropicales appartenant au rè-
gne végétal ; 30 l'étude des insectes utiles et
des ennemis des cultures tropicales appartenant
au règne animal.
Le mouton ., du Maroc
«•»
La situation de l'élevage, notamment pour la
race ovine n'est pas au Maroc ce qu'elle devrait
être. La quantité existe mais la qualité fait dé-
faut.
La question, depuis quelques années déjà,
préoccupe les spécialistes. M. Velu, directeur
du Laboratoire des Recherches du Service de
l'élevage au Maroc, vient de faire paraître dans
l'Union Ovine, un avis aux éleveurs qui em-
prunte à la valeur technique de son auteur une
importance réelle.
D' après lui, ce qui fait la faiblesse du mou-
ton marocain c'est, d'une part. l'abâtardisse,
ment des races indigènes, et de l'autre cette
conception erronée, et malheureusement trop en-
trée dans les mœurs des indigènes et des colons,
que le mouton ne doit être élevé que sur des
terrains presque désertiques, qu'il doit se nour-
rir pour ainsi dire de cailloux. On arrive ainsi
à avoir des animaux mal conformés parce qu ils
souffrent toujours : la viande et la toison s' en
ressentent forcément.
Ce qu'il faudrait pour relever la qualité du
mouton marocain, ce serait, non pas augmente!
le nombre de bêtes sur les terrains de parcours.
qui n'appartiennent plus d'ailleurs qu'aux indi-
gènes possesseurs de terres collectives et devien-
nent relativement rares : ce serait créer sur les
petites propriétés, c'est-à-dire sur celles ayant
quelques centaines d'hectares seulement, un éle-
vage intensif étroitement lié à une culture four-
ragère bien comprise.
Les animaux qu'il s'agirait de produire ainsi
ne doivent pas provenir des races communes ac-
tuelles, car on peut les considérer comme indi-
gnes des sacrifices qui seraient nécessaires pour
les amener à de bonnes conditions de vente, no-
tamment à cause de la lenteur avec laquelle
elles arrivent à acquérir les qualités de poids
voulues pour être offertes aux acheteurs à de
bonnes conditions. il y a lieu de procéder à des
croisements judicieux, à des sélections sévères
ou même à l'importation de nouvelles espèces.
On peut prendre comme modèle, par exemple,
le Mérinos précoce, qui est un type très heureux
du mouton râblé à squelette assez réduit, ro-
buste, susceptible de parvenir rapidement au
point optimum, et qui fournit une viande fine,
savoureuse, répondant au besoin du consomma-
teur le plus difficile, en même temps qu'une
laine.de très bonne qualité.
Il faut, en un mot, obtenir des animaux amé-
liorés, pouvant tirer fructueusement parti des
ressources fourragères qu'il faut leur distribuer
en abondance ; c' est dire que le mouton doit de-
venir au Maroc le complément indispensable de
l'agriculture. Il fournira aux colons la viande et
la laine, à la terre le fumier, qui est l'élément
fertilisateur naturel sans lequel les engrais chi-
miques ne donnent jamais leur plein rendement.
Tant que ce principe fondamental d'un bon
élevage sera méconnu ou dédaigné, il ne faut
pas escompter une amélioration de la production
marocaine.
Lorsque la race amél iorée ou sélectionnée
sera créée le mot n' est pas trop fort il
faudra ensuite s'occuper de la question de
l'écoulement de la viande des animaux et leurs
toisons. Ce ne sont pas les ventes individuelles
qui permettront d'obtenir les meilleurs prix, il
faudra arriver à des offres collectives. Et nous
nous trouvons encore, pour ce sujet, en présence
de la situation dont nous avons déjà dit quel-
ques mots en parlant des terres de la région do
l'oued Beth : il faut organiser au moins pout
les ventes un Groupement Corporatif. Ici en-
core il a sa place toute indiquée.
Louis Le Barbier.
Tu te rends compte.
UNE USINE DE TATOUAGES
Paris avait déjà ses Instituts de Beauté où
l'on « transforme nez, yeux, oreilles, bouche,
selon le goût de fa cliente. Remise à neuf aussi
des visages et des seins usagés succès ga-
ranti le traitement se paye d'avance. »
Mais, ça, c'est de l'histoire périmée >; l'An-
cien Testament déjà, fut le théâtre de créatu-
res célestes et photogéniques, qui comme Jéza-
bel savaient réparer des ans l'irréparable ou-
trage.
La mode de demain nous apporte, au son
des tam-tams, une coutume chère à l'épouse de
Batouala.
Plus de bâton de rouge indélébile, plus de
houpette à poudre en vraie cygne.
Les élégantes peuvent dorénavant se faire
tatouer une beauté et sans bain de soleil cui-
sant et martyriaant. devenir des mulâtresses bon
teint.
On vient de découvrir un traitement qui per-
met, grâce à l'emploi d'une fine aiguiHc élec-
trique de tatouer en rouge, en rose, en noir ou
tout autre couleur, jaune, ocre, orange, terre
de sienne, jonquille pâmée, etc. les lèvres et
les joues des Reines de Paris.
Ainsi, tandis que la négrcssc-à-plateau
souhaite une jolie bouche en cœur, miss Euro-
pe 193. peut se faire tatouer couleur-souda-
naise-foncée.
Cette opération est, parait-il, absolument in-
dolore. Après avoir insensibilisé les zones à
colorer l'opérateur travaille l'épiderme avec
une aiguille électrique et fait absorber à cha-
que pore la couleur qui doit lui demeurer à vie.
Est-ce, ça, le secret divin de la diversité des
races ?
Ainsi, il ne faut pas desespérer de voir un
jour, les chinois atteint de rougeôle et les
peaux-rouges de jaunisse.
Nous avons déjà opté pour la peau de José-
phine Baker, tandis que M. Diagne (Biaise),
ministre-Roi-Mage, rêve de M. Paul Rey-
naud : « Petit blanc, petit blanc. de Mexi-
co ».
Dinah,
Le départ de la mission
touristique au Sahara
.----
Un informe de Marseille qu'à boid du pa
quebot Timgad, courrier d'Alger, a pris pas.
age mardi matin la mission touristique qui
se propose de démontrer la facilité d'une
traversée du Sahara avec les moyens actuels
La mission se compose de MM. Godef-
frois et Clarisse, les globe-trotters très
connus qui firent déjà des explorations en
Afrique centrale. Aux chefs de mission se
joignent MM. Chapuis, Co'ur, Ponty. A Al-
ger, M. Beyzas, professeur à l'Université de
cette ville, retrouvera la mission.
Cette randonnée représente 2 5.000 kil.
durera probablement sept mois, et se fera au
Soudan. Côte d'Ivoire, la Haute-yalta, le
Niger, la Nigeria anglaise, le Cameroun, le
Tchad. l'Oubanghi, le Congo Français, le
Gabon et l'Algérie par le Iloggar.
La mission essaiera de tourner trois tilnis
documentaires sur les grandes chasses aux
quelles elle se livrera.
Mort de Mgr Ogé
»♦»
Hier matin ont eu 'lieu à Lyon, les obsè-
ques de Mgr Jean Ogé, 41 ans, originaire de
Strasbourg, des Missions africaines de Lyon,
préfet apostolique de Libéria et représentant
du Saint Siège près du gouvernement libé-
rien.
Ce vaillant missionnaire est mort des sui-
tes de maladie contractée en Afrique.
,---- -----
Le commandant
Bénard le Pontois se suicide
avec ses deux enfants
Le commandant Bénard La Pontois, direc-
teur du musée préhistorique de Penmarch, qui
fut récemment à la tête d'une mission au Saha-
ra « les Cargos du Désert », s'est suicidé,
mardi après-midi, en s'asphyxiant au moyen
d'un réchaud de charbon, en son domicile à
Penmarch, avec ses deux enfants, une fillette
de huit ans environ et un garçonnet de deuze
ans.
On attribue cet acte de désespoir à des rai-
sons d'argent.
Le commandant Bénard Le Pontois était
très répandu dans les milieux scientifiques.
Professeur à l'Institut international d'an-
thropologie, il avait entrepris, le 16 novembre
1930, pour le compte de cet organisme, une
fort intéressante randonnée automobile dans le
Sahara, au cours de laquelle il parcourut, en
90 jours, plus de dix mille kilomètres.
Cette prouesse, qui avait attiré sur lui l' at-
tention du grand public, avait valu au comman-
dant Benard Le Pontois d'être reçu à l'Elysée
par M. Doumergue, d'avoir été fêté à l' Aéro-
Club, et d'assister à une imposante manifesta-
tion à la Cité des Informations. Partout, un
magnifique succès était réservé aux « Cargos du
Désert ».
Nous nous souvenons encore du comman-
dant Bénard Le Pontois, professeur de préhis-
toire à l'Institut International d'Anthropologie
de Paris, exposant avec quel enthousiasme, les
résultats préhistorique, trigonométrique, géodé-
sique de son raid épique Alger-Gao.
Ainsi, ce chef d'équipe héroïque qui avait
su résister aux épreuves cruelles du Désert de
la soif. s' est laissé vaincre par dès chagrins in-
times et aussi des soucis d'un autre ordre.
----- _n_ --- - -- --- ----
Réunion des délégations
financières de l'Algérie
La crise économique et l'Algérie
Les délégations financières se sont réunies
mardi après-midi, sous la présidence du
gouverneur général, M. Jules Carde, assisté
de M. Marcel Peyrouton, secrétaire général
du gouvernement général. Aussitôt après la
lecture du décret de convocation, l'assemblée
a procédé à l'élection du bureau. M. Luc-
ciani a. été élu président.
M. Carde a prononcé un discours à l'ou-
verture de cette session, discours dans lequel
après avoir rappelé les causes de la crise
économique générale il a déclaré que l'Al.
gérie qui prolonge au delà de la Méditerra-
née le domaine agricole de la France et qui
participe si étroitement à sa vie économique
et morale souffrait nécessairement, quoiqu'à
un degre moindre, du désarroi économique.
A propos de l'agriculture algérienne,
M. Carde a tait constater à l'assemblée que :
Ciràee aux mesures do/tanière s édictées
par la Métropole, deux branches essentielles
de la production agricole algérienne : Iii c.
réaliculture, et la viticulture, n'ont pas à
craindre la situation critique des produc-
teurs euro péens.
De même, pour les viticulteurs, la irise
n'a pas eu de conséquence grave. Ils ont pu
écouler à des prix̃ satisfaisants la majeure
partie de leurs récoltes et, au cours de la
dernière campagne, le chiffre de leur expor-
tation s'est eleve à près de deux milliards
de francs.
Par confie, les autres productions de notre
colonie, exportées sur les marchés extérieurs
hihacs, co(o>\\, huiles et agrumes), ont eu à
subir les effets de la dépression générale.
La fabrication des tabacs, très pros père, et
dont le rayon d'action s'étendait en dehors
de la France aux colonies françaises, à la
Syrie, à la Helgique. à VEspagne, au Portu-
gal et à la Turquie, a dû soutenir la lutte
contre des concurrents redoutables, et mar-
que une ,',',I,¡h¡w' tendance vers la régression
La < n-e, a dit encore M. Carde, es-t .;:,;,.
-ible -m tout dans l'industrie algérienne.
t .e manufactures, dont les produitN ,,)Jl.'
destinés à V exportation, les huileries, les fit
briques de tabacs, les tanneries, les laveries
de laine et surtout les usines de criti regctal
oht travaille au ralenti et ruf Jt) fr,irfoi
'entier leurs portes.
< ont me il fallait égale tuent .v'y attendre,
le marché des lièges dent les recettes ont
contribue, au cours de ces dernières années,
à alimenter, dans une proportion qui n'est
m NUAono en CENTIMES
JEUDI SOIR, 19 NOVKMBRE 1931,
JOUMIL OUOTIDIEI
AJtltldio" & Administration ;
>4, ta ci MM-Tftatir
PARIS O")
TIILtPH. 1 LOUVRE le-si
- RICHELIEU S7-M
Les Annales Coloniales
Lit •nnoncet et réclame& sont reoue. m
bureau du Journal.
DiRECTBUR.FoNDATftUR t Marcel RUEDEL
Tous les articles publU. dans notre tournai ne peuvent
être reproduits qu'en citant les Akkales Coloniales.
ABONNEMENTS
avec la Revue mensuelle :
un et 6 Moi. 8 Moi*
Francs et
Colonie! 180 » 100 » 60.
Étranger. 240. 126. JO.
On s'abonne sans trais dans
tous les bureaux de poste.
Le régime douanier de l'Indochine
)
C'est la loi du 13 avril 1928 qui a fixé le
régime douanier de tous les territoires rele-
vant du Ministère des Colonies. Cette très
importante mesure législative réclamée de-
puis de longues années par tous les milieux
coloniaux est l'œuvre de l'ancien ministre
des Colonies, mon ami le Sénateur Léon
Perrier, et d'un distingué haut fonction-
naire, M. Georges Keller, Directeur des
Affaires Economiques au Ministère des
Colonies.
La Fédération Tndochinoise est rangée par
l'acte législatif du 13 avril 1928, parmi les
colonies assimilées, c'est-à-dire, qu'en prin-
cipe, sa législation douanière est la même
que celle de la métropole, ou que son terri-
toire est considéré, au point de vue douanier,
comme faisant partie intégrante du sol fran-
çais.
La loi du 13 avril 1928 qui pose, nous
l'avons déjà dit, les principes de notre statut
douanier colonial a été complétée par le
décret du 2 juillet suivant.
Cette loi et ce règlement ont été promul-
gués en Indochine par les arrêtés des 5 juil-
let et 25 août 1928.
Bien que la nouvelle charte douanière de
l'Indochine ne soit appliquée que depuis
deux années, et que depuis cette époque
notre France asiatique traverse une crise
économique très aiguë, cette réforme touche
trop profondément à la vie économique du
pays pour qu'il ne soit pas déjà possible do
la commenter, de l'analyser et d'en dégager
les résultats positifs.
Toute l'Indochine il m'est agréable de
le répéter - a accueilli cette réforme avec
une vive satisfaction. Elle correspondait à
ses vœux.
Le nouveau statut douanier contient, en
effet, des éléments heureux pour la mise en
valeur de la colonie et pour les relations
commerciales entre la France et l'Indochine
et inversement. Mais il renferme aussi. il
faut bien le reconnaître (lcs inconvénients
qui proviennent plus de l'application de la
loi que des principes sur lesquels elle repose.
La loi du 13 avril 1928 donne enfin pour
le pnent une solution satisfaisante et défi,
nitive à un problème excessivement délicat, et
permet, pour l'avenir, des adaptations et le
développement de la colonie tout en sauve-
gardant les légitimes droits et intérêts de la
mère-Patrie.
Le principe de l'assimilation douanière de
l'Indochine à la France est mis en vigueur
avec un grand libéralisme. La colonie a,
notamment, la possibilité d'obtenir des tarifs
spéciaux mieux adaptés à sa situation éco-
nomique et géographique. La méthode em-
ployée pour la promulgation des textes
douaniers métropolitains est simple, et les
demandes de dérogation à ces textes assu-
rent l'ahoutissement des revendications légi-
times des représentants de l'Indochine.
Le lien de solidarité économique entre la
France continentale et l'Union Indochinoise
est fortifié par le maintien en rapport cons-
tant des tarifs locaux avec les tarifs métro-
politains, sans toutefois gêner les tram.-
actions de l'Indochine avec les pays étran-
gers puisque des demandes de dérogations
au tarif français peuvent être formées.
La franchise douanière qui devient la
règle des échanges franco-indochinois, amé-
liore également le traitement des produits
originaires de l'Union à leur entrée sur le sol
national.
La nouvelle loi met fin, selon la propre
expression du Gouverneur Général de l'Indo-
chine, M. Pierre Pasquier, « à une iné-
galité de traitement choquante et injuste P, en
autorisant l'admission en franchise dans la
Métropole des produits étrangers nationa-
lisés, sous l'unique condition du paiement
de la différence des droits existant entre le
tarif métropolitain et le tarif local'.
Ainsi que nous venons de le remarquer, les
principes directeurs de la nouvelle charte
douanière indochinoise sont très généreux.
Ils ne rappellent pas le pacte colonial. Ils
évitent aussi, dans l'intérêt de l'Union, les
inconvénients d'une assimilation douanière
trop rigide, trop absolue, inspirée par un
néfaste souci d'égalité.
Cette loi est véritablement une mesure
libérale digne de notre grande démocratie.
Elle favorise la mise en valeur de la colonie
en accordant notamment à ses produits, à
leur entrée en France, la franchise doua-
nière et en protégeant l'agriculture et l'in-
dustrie locales. De plus, par sa situation
géographique et économique, l'Indochine,
grâce en partie à la loi du 13 avril 1928,
doit devenir un marché important, faisant
avec la Métropole un courant fructueux
d'affaires, pour le plus grand profit des
deux pays.
La - première conséquence de la promul-
gation en Indochine de la loi douanière co-
loniale du 13 avril 1928 devait être tout
naturellement la réforme du tarif douanier
jusque-là appliqué dans la colonie, en vue
de le mettre en harmonie avec les droits du
tableau métropolitain qui venaient de subir
un remaniement général.
La refonte complète du tableau du tarif
douanier de l'Indoclnne, mise à l'étude des
le vote de la loi, fut examinée par les assem-
blées élues de la colonie et adoptée par le
Conseil du Gouvernement. Le projet de tarif
douanier comprend deux groupes de posi-
tions.
Dans un premier groupe, les quotités du
tarif métropolitain sont maintenues.
Cette fraction du tarif douanier indo
chinois fut promulguée par arrêté du 25 dé-
cembre 1928 du Gouverneur Général de
l'Indochine.
Dans le deuxième groupe, nous trouvons
toutes les autres positions du tarif, pour les-
quelles des dérogations aux droits douaniers
métropolitains avaient été demandées.
Ces dérogations furent presque toutes
accordées. Elles constituent le tarif douanier
spécial de l'Indochine, institué par décret
du 29 juin 1929 et promulgué, en Indochine,
par arrêté du chef de la colonie du 10 juillet
suivant.
Le régime douanier de l'Indochine est un
acte tellement important qu'il est impossible
de l'examiner convenablement dans le cadre
d'un seul article. Je me propose donc de
faire sur cette question vitale pour l'Indo-
chine, une série d'articles. Dans le pro-
chain, je commenterai les caractéristiques
du nouveau tarif douanier (le la France
d'Extrême-Orient.
Léon Archimbaud,
Député,
Ancien Sous-Secrétaire d'Etat
des Colonies.
M. Lucien Saint
fait des déclarations
A son retour de France, M. Lucien Saint a
fait part à la presse locale des résultats des
démarches qu'il avait faites durant son séjour à
Paris.
Au sujet de l'emprunt, le Résident a décla-
ré que le chiffre global atteindra sans doute
1.700 millions et sera pour la plus grande par-
tie absorbé par les travaux publics, ports et
routes. Les agrandissements et aménagements
du seul port de Casablanca entraîneront des
dépenses de l'ordre de deux cents milliqns.
En ce qui concerne la colonisation, M. Lu-
cien Saint fit connaître que les caisses mutuel-
les de crédit agricole vont être assujetties au
contrôle étendu de l'Etat et que, désormais, le
protectorat aura toutes les garanties désirables
en matière de prêts.
La Banque d'Etat maintiendra pour cette
année les crédits de dix-neuf millions et quinze
millions qu'elle avait consentis l'an passé.
A propos des doléances des indigènes relati-
ves à l'élévation des impôts et la rudesse de
leur perception, le Résident précisa qu'il avait
donné à ce sujet des instructions sévères et, en
raison de la crise qui sévit et de l'abaissement
des cours de céréales et de bestiaux, deman-
dé qu'on procède aux encaissements indigènes
avec modération.
Parlant de la dissidence, M. L. Saint ajou-
ta : nous avons fait bonne et rude besogne sur
l'Oued El Abid et à Tounfit. Nous en ac-
complissions aussi au Tadkaet et ailleurs. Mais,
nous ne nous faisons pas d'illusions, nous avons
encore de farouches adversaires qui tiennent la
campagne. Les enfermer en clôturant tous les
passages d'accès au Sahara ou dans les tribus
où ils se ravitaillent serait une lourde faute,
que je ne veux pas commettre en allant trop
vite. Je préfère laisser à notre action politique
le temps de préparer les voies et obtenir des
soumissions par raison plutôt que par la force.
Le moyen sera plus long, mais moins coûteux
en existences.
Notre action au Maroc
-
Nouvelle avance de nos troupes
L'occupation brusque réalisée sans coup
férir du village de Foum el Souk par le
groupe mobile de Marrakech est 'le premier
résultat de l'action de remplissage qui, dans
ces dernières semaines, a conduit nos trou-
pes dans la vallée supérieure de l'oued Da.
des vers celle de l'oued Imiter, affluent du
Todra. Bien préparé politiquement, surveil-
le sur place par le général Huré, comman-
dant supérieur qui s'est rendu le 6 novembre
en avion jusqu'à Ouarzazat, puis par 'le gé-
néral Catroux qui, quatre jours plus tard,
établissait dans le centre son quartier géné-
ral, le glissement s'est opéré sans incident
en direction générale est-nord-est d'Ouarza-
zat par la kelaa des M'Gouna vers Imiter et
llomalem.
Ce pays n'était tenu, jusqu'à présent, que
par les représentants du caïd Glaoui.
Emprunt autorisé
pour le gouvernement général
de l'Algérie
̃
Le Journal Officiel a publié ce matin le
décret autorisant le gouvernement général
de l'Algérie à émettre une quatrième tran-
che de 810 millions de francs des emprunts
autorises par 'les lois des 5 août 1920, 3°
mars 1922 et 23 juillet 1931 au moyen d'obli-
gations de 1.000 francs, rapportant 4 d'in-
térêt annuel payable semestriellement.
Ces obligations, émises avec jouissance du
irv janvier 1932, seront amortissables, soit au
pair en trente ans, par tirages au sort et
conformément au tableau d'amortissement
qui sera reproduit au dos des titres, soit par
voie de rachats en Bourse au-dessous du pair
dans la limite du montant total de l'annuité
prévue pour le service de l'emprunt.
Le gouvernement général de l'Aligérie
pourra procéder, à partir du ior janvier 1935
au remboursement anticipé de la totalité Ob
d'une partie des obligations non encore
amorties à cette époque.
Le prix auquel les obligations seront offet.
tes au public ne pourra être inférieur à 960
francs par obligation.
Le Crédit Agricole
et nos vieilles colonies
LES INSTITUTIONS
DE CREDIT AGRICOLE
DE NOS TROIS VIEILLES COLONIES
DOIVENT ETRE RATTACHEES
A LA CAISSE NATIONALE
ES institutions de
Crédit agricole ont
pris, depuis la
guerre, dans nos
trois vieilles colo-
eties, Guadeloupe,
Martinique, La
Réunion, un grand
développement qui
se trouve actuelle-
ment, quelque Peu
retardé parce que
les Caisses locales ne disposent pas des res-
sources suffisantes pour aider, comme il se-
rait nécessaire, les petits agriculteurs, en
leur accordant, notamment, des prêts à
moyen et à long terme.
La loi du 10 juillet 1931 a bien autorisé
la Caisse Nationale de Crédit Agricole à
consentir aux Caisses Coloniales, des avan-
ces jusqu'à concurrence de 100 millions.
Mais le Goireemcment, préoccupt de déve-
lopper surtout les institutions de Crédit
agricole dans les Colonies nouvelles où elles
existent à peine, a décide de répartir entre
elles Ici grosse part des avances de la Cais-
se Nationale et les groupements des vieilles
Colonies ne peuvent espérer recevoir que
fort peu de chose sur les 100 millions au-
torises -- par le Parlement.
Il est pourtant indispensable de leur ve-
nir en aide. En Guadeloupe, il existe 42
syndicats agricoles, 12 coopératives et 28
caisses locales de crédit agricole. A la Mar-
tinique, 33 syndicats sont affiliés à la Cais-
se régionale de Crédit agricole. ra Réunion,
de son côté, groupe 28 caisses locales. Tous
ces organismes de coopération sont extrême-
ment actifs, rendent les plus grands servi-
ces, et peuvent en rendre encore de plus im-
portants, surtout pour la mise en valeur des
terres à bananes, spécialement en Guadelou-
pe où cette culture est familière à tous les
petits planteurs et doit favoriser l'acces-
sion à la petite propriété d'un grand nom-
bre d'ouvriers agricoles, si on veut bien les
v aider par V octroi de crédits.
A diverses reprises, les groupements agri-
coles des vieilles collmics, notamment la 1
Confédération de la Mutualité et de la Coo-
pération agricole de la Guadeloupe et le
Syndicat des Planteurs de la Réunion, ont
émis le vœu que les institutions de Crédit
agricole mutliel de ces colonies soient ratta-
chées à la Caisse Nationale de Crédit agri-
cole.
f.e vœu a été repris cl confirmé en 1931
par le Congres de la Mutualité Coloniale et
des Pays de Protectorat. D'autre part, la
Fédération Nationale de la Mutualité et de
la Cooo pération agricoles, qui groupe les
Caisses régionales de Crédit agricole mutuel
Métropolitaincs, a émis des vœux identi-
ques dans ses Congrès tenus à Alger en
1930 et à Vannes 1931.
Des démarches que j'ai faites récemment
en compagnie de M. Ch. Romana, cOllseil-
ler général de la Guadeloupe, auprès de
mon collègue et ami, M. Fernand David,
Président et de M. Vimeux, secrétaire gé-
néral de la Confédération générale de la
Mutualité et de la Coopération agricoles,
comme auprès de M. Tardy, directeur de la
Caisse Nationale, il résulte, par ailleurs,
que tousjes intéressés sant d'accord sur la
nécessité et l'urgence d'établir des relations
plus étroites entre les Caisses de Crédit agri-
cole et la Caisse Nationale.
Le rattachement des Caisses coloniales, de
la Guadeloupe, de la Martinique et de la
Réunion, à la Caisse Nationale, qui assu-
rerait une répartition des ressources, ana-
logue à celle adoptée pour la Métropole et
permettrait de donner aux institutions de
Crédit Agricole mutuel des directives appro-
priées, peut être aisément réalisé par une ex-
tension aux Colonies intéressées, de la loi
du 2i mars 1919.
C'est au Gouvernement qu'il appartien-
drait, au premier chef, de hâter l'adoption
d'une mesure indispensable au développe-
ment de l'agriculture de nos vieilles Colo-
nies. Mais, à son défaut, il entre dans mes
intentions de déposer sur le Bureau du Sé-
nat, dès la rentrée, une proposition de loi
tendant à l'assimilation réclamée des insti-
tutions de Crédit agricole de nos trois vieux
départements d'outre-mer avec celles de nos
départements métropolitains. Ce faisant,
j'ai la conviction de bien servir les intérêts
de la démocratie agricole dans nos trois
vieilles colonies.
Henry Bérenger,
Sénateur de la Guadeloupe, Vice-
Président de la Commission des
Affaires Etrangère».
t
Arrivée
'bc
M. Ponsot à Beyrouth
M. Ponsot est arrivé mardi à Beyrouth.
11 a reçu les hautes notabilités du Liban et
de la Syrie, qui étaient venues en très grand
nombre le saluer,
le cible des aveux
,+«
Jusqu'à la dernière note, M. Paul Rey-
naud, sa famille et sa suite, auront chanté
juste le refrain de Ciboulette.
Après « les enchantements », voici u les
visions éblouissantes », « le plus merveil-
leux paradis », « l'élancement vers la iner
par temps d'azur » et la nuit de rêve dans
« une Venise pour Titans ».
Le programme touristique de cette croi-
sière est de tout premier ordre, bâtons-nous
de le reconnaître loyalement et il méritera
certainement, au ministre des Colonies, à sa
rentrée au Palais-Bourbon, un joli succès de
curiosité. Si nombreux sont ceux qui enchaî-
nés au rocher de la nécessité quotidienne,
n'ont jamais visité que « l'ile des Pin-
gouins » ! Et maintenant que la part est faite
à la poésie de la planète, quittons les azurs
verts, les so'lcils d'argent, les flots nacreux
et les sentiers fleuris et suivons M. Paul
Reynaud sur :
La grand'route des hommes
A ce point de rencontre avec une race,
M. le ministre des Colonies est moins à
l'aise. Le càble est formel, nous n'avons qu'à
l'interpréter, les aveux sont spontanés.
D'abord le Temps, ce grand maître des im-
pressions durables, manque au dieu blanc.
« Le rythme du voyage officiel s'est en-
core aCtéléré ces derniers jours. Le voici
terminé et à peine avons-nous eu « le
temps », non pas de réfléchir, mais même de
voir et d'écouter. »
Voyageur, voyageur ! si vous osiez avouer,
au moins, que vous revenez les mains vides !
Mais, vous vous croirez obligé de rentrei
au Palais-Bourbon les poches bourrées de bi-
belots-souvenirs sans authenticité.
Du reste, entre tant de réceptions et d'al-
locutions nous apprenons que :
« Dans ses discours, le ministre ne se dé-
partit point de son ordinaire et sympathique
réserve. Il
Voici une circonspection qui n'est point
sans inquiéter le lecteur.
Les accueils Il réservés >» sont rarement une
fleuve de chaude cordialité. Et, pour qui
it, non pas entre les lignes, mais seulement
les caractères imprimés, on pressent une
ambiance IIerveuse, des fins de banquets
congestionnées, des digestions si ipénibles que
pour se soulager, M. l'au'l Reynaud en ar-
rive à rejeter les principes de N9.
De l'idéologie occidentale 1.
Il est impossible de mettre en doute la
bonne foi de Mme Andrée Viollis, témoin
auriculaire.
Voici du reste sa déposition enregistrée
le 17 novembre, dans le Petit Parisien :
« Et au banquet des notabilités tonkinoi-
ses. quand Pliain Huy Luc, président de la
Chambre des Représentants du Peuple, pré-
senta avec une certaine timidité le cahier
des revrudications concernant la liberté de
la ipresse, 'l'extension du pouvoir des assem-
blées locales avec augmentation des mem-
bres indigènes dans les assemblées mixtes,
M. Reynaud fit avec humour le procès de
l'idéologie occidentale qui a mis le feu à
l'Orient, mais en laquelle, assura-t-il, l'Eu-
rope comtnencc il n'avoir plus une foi ab-
solue. »
Idéologie occidentale, les principes qui
sont les assises do la République Françai-
se ? Ces Droits de l'Homme et du Citoyen
qui à l'article Il de la déclaration de l'As-
semblée Constituante en 89, affirment « le
respect de la libre communication des pen-
sées et des opinions » ?
Idéologie occidentale, ce vent de liberté,
envol de la Marseillaise, qui a gonflé d'es-
poir tant de peuples opprimés ?
Idéologie occidentale, cette traduction lit-
térale des « Trois couleurs » qui est le plus
sûr garant de la loyale collaboration de la
Métropole et des « France » lointaines, dans
le progrès de la dignité humaine ?
'Quelle confiance, les Indochinois, que le
maître momentané de la rue Oudinot, a été
visiter au nom de la France, pourront-ils
accorder à ses bienveillantes assurances
après ce grave reniement 1
Les électeurs que le député du 2* arron-
dissement se choisira prochainement, feront
bien de lui réclamer une profession de foi !
Marie-Louiae Sicard.
Les retours d'Indochine
à bord du d'" Artagnan"
»+«
A bord du paquebot d'Artagnan, parti mar.
di matin à destination de Marseille, ont pris
place Mme et Mlle Reynaud, et M. Gaston
Joseph, directeur des affaires politiques du
ministre des Colonies.
Par le même bateau rentrent en congé M.
Krautfceimer, gouverneur de la Cochinchine
et M. Dain, premier président de la Cour
d'appel de Cochinchine et du Cambodge.
Il
A l'Académie des Sciences
t8.
Distribution de prix
Voici la troisième liste des prix et subven-
tions attribués en 1931 :
Prix gâéraax. Prix Parkin (3.400
francs), à M. Marius Dalloni. professeur de
géologie à l' université d'Alger. Prix de
2.500 francs, à M. Raymond Decary, admi-
nistrateur des Colonies à Madagascar.
A L'INSTITUT NATIONAL D'AGRONOMIE
COLONIALE
.,. 1
Créations de nouvelles chaires
Il est créé à l'institut national d' agronomie
coloniale trois chaires magistrales ayant pour
principal objet : 1 0 les études de chimie et de
technologie appliquées aux colonies ; 20 l'étu-
de des maladies non parasitaires et des enne-
mis des cultures tropicales appartenant au rè-
gne végétal ; 30 l'étude des insectes utiles et
des ennemis des cultures tropicales appartenant
au règne animal.
Le mouton ., du Maroc
«•»
La situation de l'élevage, notamment pour la
race ovine n'est pas au Maroc ce qu'elle devrait
être. La quantité existe mais la qualité fait dé-
faut.
La question, depuis quelques années déjà,
préoccupe les spécialistes. M. Velu, directeur
du Laboratoire des Recherches du Service de
l'élevage au Maroc, vient de faire paraître dans
l'Union Ovine, un avis aux éleveurs qui em-
prunte à la valeur technique de son auteur une
importance réelle.
D' après lui, ce qui fait la faiblesse du mou-
ton marocain c'est, d'une part. l'abâtardisse,
ment des races indigènes, et de l'autre cette
conception erronée, et malheureusement trop en-
trée dans les mœurs des indigènes et des colons,
que le mouton ne doit être élevé que sur des
terrains presque désertiques, qu'il doit se nour-
rir pour ainsi dire de cailloux. On arrive ainsi
à avoir des animaux mal conformés parce qu ils
souffrent toujours : la viande et la toison s' en
ressentent forcément.
Ce qu'il faudrait pour relever la qualité du
mouton marocain, ce serait, non pas augmente!
le nombre de bêtes sur les terrains de parcours.
qui n'appartiennent plus d'ailleurs qu'aux indi-
gènes possesseurs de terres collectives et devien-
nent relativement rares : ce serait créer sur les
petites propriétés, c'est-à-dire sur celles ayant
quelques centaines d'hectares seulement, un éle-
vage intensif étroitement lié à une culture four-
ragère bien comprise.
Les animaux qu'il s'agirait de produire ainsi
ne doivent pas provenir des races communes ac-
tuelles, car on peut les considérer comme indi-
gnes des sacrifices qui seraient nécessaires pour
les amener à de bonnes conditions de vente, no-
tamment à cause de la lenteur avec laquelle
elles arrivent à acquérir les qualités de poids
voulues pour être offertes aux acheteurs à de
bonnes conditions. il y a lieu de procéder à des
croisements judicieux, à des sélections sévères
ou même à l'importation de nouvelles espèces.
On peut prendre comme modèle, par exemple,
le Mérinos précoce, qui est un type très heureux
du mouton râblé à squelette assez réduit, ro-
buste, susceptible de parvenir rapidement au
point optimum, et qui fournit une viande fine,
savoureuse, répondant au besoin du consomma-
teur le plus difficile, en même temps qu'une
laine.de très bonne qualité.
Il faut, en un mot, obtenir des animaux amé-
liorés, pouvant tirer fructueusement parti des
ressources fourragères qu'il faut leur distribuer
en abondance ; c' est dire que le mouton doit de-
venir au Maroc le complément indispensable de
l'agriculture. Il fournira aux colons la viande et
la laine, à la terre le fumier, qui est l'élément
fertilisateur naturel sans lequel les engrais chi-
miques ne donnent jamais leur plein rendement.
Tant que ce principe fondamental d'un bon
élevage sera méconnu ou dédaigné, il ne faut
pas escompter une amélioration de la production
marocaine.
Lorsque la race amél iorée ou sélectionnée
sera créée le mot n' est pas trop fort il
faudra ensuite s'occuper de la question de
l'écoulement de la viande des animaux et leurs
toisons. Ce ne sont pas les ventes individuelles
qui permettront d'obtenir les meilleurs prix, il
faudra arriver à des offres collectives. Et nous
nous trouvons encore, pour ce sujet, en présence
de la situation dont nous avons déjà dit quel-
ques mots en parlant des terres de la région do
l'oued Beth : il faut organiser au moins pout
les ventes un Groupement Corporatif. Ici en-
core il a sa place toute indiquée.
Louis Le Barbier.
Tu te rends compte.
UNE USINE DE TATOUAGES
Paris avait déjà ses Instituts de Beauté où
l'on « transforme nez, yeux, oreilles, bouche,
selon le goût de fa cliente. Remise à neuf aussi
des visages et des seins usagés succès ga-
ranti le traitement se paye d'avance. »
Mais, ça, c'est de l'histoire périmée >; l'An-
cien Testament déjà, fut le théâtre de créatu-
res célestes et photogéniques, qui comme Jéza-
bel savaient réparer des ans l'irréparable ou-
trage.
La mode de demain nous apporte, au son
des tam-tams, une coutume chère à l'épouse de
Batouala.
Plus de bâton de rouge indélébile, plus de
houpette à poudre en vraie cygne.
Les élégantes peuvent dorénavant se faire
tatouer une beauté et sans bain de soleil cui-
sant et martyriaant. devenir des mulâtresses bon
teint.
On vient de découvrir un traitement qui per-
met, grâce à l'emploi d'une fine aiguiHc élec-
trique de tatouer en rouge, en rose, en noir ou
tout autre couleur, jaune, ocre, orange, terre
de sienne, jonquille pâmée, etc. les lèvres et
les joues des Reines de Paris.
Ainsi, tandis que la négrcssc-à-plateau
souhaite une jolie bouche en cœur, miss Euro-
pe 193. peut se faire tatouer couleur-souda-
naise-foncée.
Cette opération est, parait-il, absolument in-
dolore. Après avoir insensibilisé les zones à
colorer l'opérateur travaille l'épiderme avec
une aiguille électrique et fait absorber à cha-
que pore la couleur qui doit lui demeurer à vie.
Est-ce, ça, le secret divin de la diversité des
races ?
Ainsi, il ne faut pas desespérer de voir un
jour, les chinois atteint de rougeôle et les
peaux-rouges de jaunisse.
Nous avons déjà opté pour la peau de José-
phine Baker, tandis que M. Diagne (Biaise),
ministre-Roi-Mage, rêve de M. Paul Rey-
naud : « Petit blanc, petit blanc. de Mexi-
co ».
Dinah,
Le départ de la mission
touristique au Sahara
.----
Un informe de Marseille qu'à boid du pa
quebot Timgad, courrier d'Alger, a pris pas.
age mardi matin la mission touristique qui
se propose de démontrer la facilité d'une
traversée du Sahara avec les moyens actuels
La mission se compose de MM. Godef-
frois et Clarisse, les globe-trotters très
connus qui firent déjà des explorations en
Afrique centrale. Aux chefs de mission se
joignent MM. Chapuis, Co'ur, Ponty. A Al-
ger, M. Beyzas, professeur à l'Université de
cette ville, retrouvera la mission.
Cette randonnée représente 2 5.000 kil.
durera probablement sept mois, et se fera au
Soudan. Côte d'Ivoire, la Haute-yalta, le
Niger, la Nigeria anglaise, le Cameroun, le
Tchad. l'Oubanghi, le Congo Français, le
Gabon et l'Algérie par le Iloggar.
La mission essaiera de tourner trois tilnis
documentaires sur les grandes chasses aux
quelles elle se livrera.
Mort de Mgr Ogé
»♦»
Hier matin ont eu 'lieu à Lyon, les obsè-
ques de Mgr Jean Ogé, 41 ans, originaire de
Strasbourg, des Missions africaines de Lyon,
préfet apostolique de Libéria et représentant
du Saint Siège près du gouvernement libé-
rien.
Ce vaillant missionnaire est mort des sui-
tes de maladie contractée en Afrique.
,---- -----
Le commandant
Bénard le Pontois se suicide
avec ses deux enfants
Le commandant Bénard La Pontois, direc-
teur du musée préhistorique de Penmarch, qui
fut récemment à la tête d'une mission au Saha-
ra « les Cargos du Désert », s'est suicidé,
mardi après-midi, en s'asphyxiant au moyen
d'un réchaud de charbon, en son domicile à
Penmarch, avec ses deux enfants, une fillette
de huit ans environ et un garçonnet de deuze
ans.
On attribue cet acte de désespoir à des rai-
sons d'argent.
Le commandant Bénard Le Pontois était
très répandu dans les milieux scientifiques.
Professeur à l'Institut international d'an-
thropologie, il avait entrepris, le 16 novembre
1930, pour le compte de cet organisme, une
fort intéressante randonnée automobile dans le
Sahara, au cours de laquelle il parcourut, en
90 jours, plus de dix mille kilomètres.
Cette prouesse, qui avait attiré sur lui l' at-
tention du grand public, avait valu au comman-
dant Benard Le Pontois d'être reçu à l'Elysée
par M. Doumergue, d'avoir été fêté à l' Aéro-
Club, et d'assister à une imposante manifesta-
tion à la Cité des Informations. Partout, un
magnifique succès était réservé aux « Cargos du
Désert ».
Nous nous souvenons encore du comman-
dant Bénard Le Pontois, professeur de préhis-
toire à l'Institut International d'Anthropologie
de Paris, exposant avec quel enthousiasme, les
résultats préhistorique, trigonométrique, géodé-
sique de son raid épique Alger-Gao.
Ainsi, ce chef d'équipe héroïque qui avait
su résister aux épreuves cruelles du Désert de
la soif. s' est laissé vaincre par dès chagrins in-
times et aussi des soucis d'un autre ordre.
----- _n_ --- - -- --- ----
Réunion des délégations
financières de l'Algérie
La crise économique et l'Algérie
Les délégations financières se sont réunies
mardi après-midi, sous la présidence du
gouverneur général, M. Jules Carde, assisté
de M. Marcel Peyrouton, secrétaire général
du gouvernement général. Aussitôt après la
lecture du décret de convocation, l'assemblée
a procédé à l'élection du bureau. M. Luc-
ciani a. été élu président.
M. Carde a prononcé un discours à l'ou-
verture de cette session, discours dans lequel
après avoir rappelé les causes de la crise
économique générale il a déclaré que l'Al.
gérie qui prolonge au delà de la Méditerra-
née le domaine agricole de la France et qui
participe si étroitement à sa vie économique
et morale souffrait nécessairement, quoiqu'à
un degre moindre, du désarroi économique.
A propos de l'agriculture algérienne,
M. Carde a tait constater à l'assemblée que :
Ciràee aux mesures do/tanière s édictées
par la Métropole, deux branches essentielles
de la production agricole algérienne : Iii c.
réaliculture, et la viticulture, n'ont pas à
craindre la situation critique des produc-
teurs euro péens.
De même, pour les viticulteurs, la irise
n'a pas eu de conséquence grave. Ils ont pu
écouler à des prix̃ satisfaisants la majeure
partie de leurs récoltes et, au cours de la
dernière campagne, le chiffre de leur expor-
tation s'est eleve à près de deux milliards
de francs.
Par confie, les autres productions de notre
colonie, exportées sur les marchés extérieurs
hihacs, co(o>\\, huiles et agrumes), ont eu à
subir les effets de la dépression générale.
La fabrication des tabacs, très pros père, et
dont le rayon d'action s'étendait en dehors
de la France aux colonies françaises, à la
Syrie, à la Helgique. à VEspagne, au Portu-
gal et à la Turquie, a dû soutenir la lutte
contre des concurrents redoutables, et mar-
que une ,',',I,¡h¡w' tendance vers la régression
La < n-e, a dit encore M. Carde, es-t .;:,;,.
-ible -m tout dans l'industrie algérienne.
t .e manufactures, dont les produitN ,,)Jl.'
destinés à V exportation, les huileries, les fit
briques de tabacs, les tanneries, les laveries
de laine et surtout les usines de criti regctal
oht travaille au ralenti et ruf Jt) fr,irfoi
'entier leurs portes.
< ont me il fallait égale tuent .v'y attendre,
le marché des lièges dent les recettes ont
contribue, au cours de ces dernières années,
à alimenter, dans une proportion qui n'est
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 90.58%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 90.58%.
- Auteurs similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6380426r/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6380426r/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6380426r/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6380426r
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6380426r
Facebook
Twitter