Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-11-12
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 novembre 1931 12 novembre 1931
Description : 1931/11/12 (A32,N153). 1931/11/12 (A32,N153).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380423h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TftENTE-DEUXIEME ANNEE.. - N.° 1". LE NUMERO: 30 CENTIMES JEUDI SOIR, 12 NOVEMBRE 1001.
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. - Ne 163. LE NUMERO : 30 CENTIMES JEUDI SOIR, 12 NOVEMBRE 1981.
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Les Annales Coloniales
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DIIII!CTEUR.FoNDATI!UR , Marcel RUEDEL
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Frinot et
colonies - - 180 0 100 » 50.
Etranger. 240 » tll. JI.
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Un service automobile Tunis-Lac Tchad
) M*eo <
L'enthousiasme qui accueillit, il y a plus
d'un demi-siècle, l'idée du Transsaharien a
singulièrement baissé. Certes, il lui reste en-
core quelques fidèles, mais la plupart appa-
raissent comme n'étant pas tout à fait désin-
téressés, soit que, hommes politiques, ils y
voient une prébende pour leur région, soit
qu'ils aient des attaches avec la grosse mé-
tallurgie fournisseuse de rails, ou avec le
monde bancaire avide d'émissions et de lan-
cements.
La plupart de ceux qui apportent à l exa-
men du projet une appréciation indépen-
dante, estiment que depuis qu'il a été pré-
senté à l'opinion, il s'est produit dans l'au-
tomobilisme et dans l'aviation, des progrès
de la plus haute importance qui permettent
de s'en remettre à ces deux modes de loco-
motion d'assurer les relations commerciales
et les voyages entre notre pays et les diver.
ses régions de l'Afrique dont le Transsaha-
rien ne pourrait jamais desservir qu'une
partie.
La Tunisie s'est complètement désinté-
ressée du Transsaharien constatant qu'elle
était oubliée dans les divers plans émis où
Alger, Oran, le Maroc se disputaient la tête
de ligne et ne paraissaient même pas dispo-
sés à lui accorder un embranchement prati
que.
Elle a compris qu'elle ne pouvait comp-
ter que sur l'automobilisme pour l'exploita-
tion commerciale de son hinterland africain
dans lequel il suffit de regarder une carte
d'Afrique pour ne pouvoir lui dénier le droit
d'y comprendre le lac Tchad et sa région.
A vrai dire, le Gouvernement du Protec-
torat n'a rien fait encore pour patronner
cette idée, soit parce que ses plus hauts diri-
geants croient prudent et sage de se borner
à une administration terre à terre du pays
déjà mis en valeur, soit parce que certaines
notabilités préfèrent garder pour elles une
sorte de monopole des expéditions transa-
fricaines.
Mais le jour viendra où le mouvement de
l'opinion forcera les grands services publics
à marcher. Tant pis pour eux si, ce jour-là,
ils jouent le rôle du colonel qui disait: a Ce
sont mes hommes, il faut bien que je les
suive. »
Il y a quelques années, le colonel Cour-
tot, chef de la maison militaire du Résident
Général, aujourd'hui retraité, a conduit de
Tunisie au Tchad une mission qui est arri-
vée à son but. Cette expérience, malgré quel-
ques accidents qui auraient peut-être pu être
évités, démontre du moins que le trajet n'est
pas impossible. Il deviendrait beaucoup plus
aisé par quelques travaux exécutés sur deux
ou trois tronçons de la longue route à par.
courir.
Après l'expérience du colonel! Courtot la
question de la création d'un service automo-
bile entre Tunis et le Tchad, comprenant ou-
tre ce trajet direct certains prolongements et
diverses bifurcations, a été étudié par des
techniciens qui pour ne pas être officiels
n'en sont pas moins compétents.
Ils sont arrivés à des conclusions qui peu-
vent se classer en cinq chapitres et d'après
lesquelles :
IOLe service est possible;
2° Il ne tardera pas à être « payant ».
car il répond à des besoins commerciaux
et à des intérêts politiques plus importants
encore ;
3° Il comportera l'emploi d'un matériel
spécial qui est dès à présent déterminé;
4° Il ne faudra qu'un laps de temps re-
lativement restreint pour que les carburants
nécessaires puissent se trouver sur place en
abondance;
5° Il suffit d'un délai de trois années
pour que ce service soit organisé, s'il est
doté des moyens de réalisation suffisants.
Chacun de ces chapitres demanderait un
exposé détaillé qui dépasserait notre cadre.
Le trajet complet serait d'environ 2.900
kilomètres et s'exécuterait en plusieurs éta-
pes. La construction pourrait être envisagée
en trois tranches principales: Tunis à Gha-
damès, soit 1.000 kilomètres, Ghadamès à
Djanet, 700 kilomètres et enfin 1.200 kilo-
mètres de Djanet à Fort-Lamy.
Les caractéristiques de ce long trajet peu-
vent être indiquées ainsi: bon terrain de Ta-
tahouine jusqu'à Bir Alapetite, à 475 kilo-
mètres de Gabès. Ensuite, on rencontre un
passage assez difficile, mais de 44 kilomè-
tres seulement, dans les dunes de El-Bab
jusqu'à Fort-Saint. On retrouve un terrain
favorable pendant un assez long parcours
mais les dunes d'Edei-Ouaram, puis celles
de Tin-Sebbou présentent quelques diffi-
cultés jusqu'à Polignac, à 981 kilomètres de
Gabès. Le terrain devient alors montagneux,
de Polignac à Djanet. Il sera nécessaire
d'exécuter quelques travaux pour permettre
le passage de certaines crêtes et atténuer des
descentes rapides.
De Djanet à Djado, le terrain est assez
bon et il devient très bon de Djado à Bilma,
oh l'on se trouve à 2.117 kilomètres de Ga-
bès. Les dunes se représentent sur une éten-
due de 140 ilomètres pour faire place à un
terrain boisé facile à aménager en piste et
qui permet d'arriver à N'Guimi.
Ce service desservirait des points d'une
activité commerciale déjà considérable qui
s'accrottrait rapidement.
Fort-Saint est déjà un gros marché en
face de Ghadamès. Il recevrait les carava-
nes du Soudan auxquelles il offrirait un dé-
bouché par là Tunisie, alors qu'elles vont
lictuettement le chercher par la Tripolitaine.
Djanet serait aussi un centre important de
tavijtaillement pour le Rhat et les oasis du
Fessan: Zonila, Traghen, Moursouk, Ga-
troum. 11 serait le rendez-vous des carava-
nes qui allaient de Koufra au Soudan.
L'oasis de Djado, abondante en eau, ri-
che en palmiers, pourrait offrir des ressour-
ces si l'on n'y était exposé à deux fléaux: les
pillards du Fessan et du Tibessi que les
autorités italiennes dont leurs territoires
dépendent en théorie ne sont pas arrivées à
dominer, et les moustiques pl us redoutables
encore, dont on peut venir à bout par l'assè-
chement des marécages.
Bilma se prêterait au rôle d'un grand en-
trepôt de marchandises algériennes et tuni-
siennes en même temps que d'une place de
transit commercial pour les produits qui
s'acheminent du centre africain vers la Mé-
diterranée.
L'intérêt politique dont le service Tuni-
sie-Tchad serait le puissant facteur ne se
discute pas, tellement il est évident. Tout
notre empire africain en profiterait.
Si la France ne s'en assure pas le béné-
fice, une autre nation moins négligente orga-
nisera les relations de l'Afrique Centrale
avec la Tripolitaine.
Nous ne pouvons insister ici sur le maté-
riel qu'il conviendra d'employer. Il nous
suffira de dire qu'il est prévu et de réalisa-
tion relativement facile.
Le problème du carburant est aussi un
grave sujet de préoccupation. On ne peut en
attendre la solution de la seule essence. Mais
le carbure, l'acétylène offrent des moyens
moins dispendieux. Enfin et surtout, le gaz
pauvre que l'on peut obtenir sur place du
bois ou du charhon de bois, peut concurren-
cer l'essence, dès qu'il est enrichi par un
mélange d'acétylène. Or, il y a pas mal de
bois sur le parcours que nous avons esquissé
et l'on peut, durant les trois ou quatre an-
nées que demanderont les travaux d'organi-
sation, faire des plantations en de nom-
breux endroits.
Ainsi le projet de l'établissement d'un
service automobile entre la Tunisie et la
région du Tchad s'avère comme parfaite-
ment réalisable. Il est certain que c'est un
travail d'envergure qui exigera un effort ma-
tériel et financier. L'effort n'est-il point,
sous ses diverses formes, la condition essen-
tielle de toutes les réalisations fécondes?
Si la Tunisie donnait cet exemple, elle
qui a toujours été tenue en dehors des pro-
jets du chemin de fer transsaharien, peut-
être comprendrait-on que l'oeuvre transafri-
caine doit s'effectuer non par une voie uni-
que mais par des services automobiles se dé-
tachant de divers points propices et qui
n'exigeront pas que l'on jette aux sables
désertiques des milliers de tonnes de rail et
des populations sacrifiées de travailleurs.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-Président de la Commission
des Douanes.
CINÉMA COLONIAL
Propagande (1) coloniale par le Film
A l'Omnia, cinéma situé sur les Boule-
vards, on passait cette semaine un film ap-
pelé le Monsieur de Minuit, Le jeune pre-
mier, noceur fini, n'ayant plus le sou, avoue
lui-même qu'il est incapable de travailler et
que la seule situation qu'il lui est possible
d'envisager est un emploi aux colonies. On
voit alors le chef de cabinet du ministre des
Colonies, venir, à domicile, lui apporter non
seulement sa nomination, mais son passeport
pour se rendre. comme secrétaire au, consul
de France à Pondichèry. On ajoute même
qu'il ira remplacer aux Indes Françaises,
son prédécesseurj mort de la maladie du
sommeil, maladie bien admillistrative.
Je conseille très vivement à l'auteur de ce
film de profiter des deux jours qui restent
avant la fermeture de l'Exposition Colo-
niale, pour se rendre dans l'avenue des Co-
lonies Françaises. Il y verrait le Pavillon
de l'Inde. Il saurait alors que nos colonies
ont à leurs têtes des gouverneurs. Faire an-
noncer par le chef de cabinet du ministre
des Colonies une nomination de consul de
France aux Colonies Françaises réjouira
tous les coloniaux. Ce n'est pas flatteur pour
le ministère et pour les fonctionnaires ëQlo
niaux pourra penser le public qui a un grand
bon sens. Je dis simplement ; ce n'est pas
flatteur pour l'auteur du film qui ignore en-
core tout de nos colonies, parle à tort et à
travers de la maladie du sommeil et ne se
rend pas compte du travail aux pays loin-
tains.
Rappelons qu'au moment où la salle
d'Omnia était gérée par le sympathique di-
recteur des Films Exotiques, son écran offrit
souvent aux spectateurs des films sur nos co-
lonies. Regrettons qu'il n'en ait pas conservé
la gérance, il n'aurait certes pas toléré de
pareilles inepties.
A. C.
motel
A l'Académie des Sciences
Géologie
Dans sa dernière séance la Compagnie a
assisté à une communication sur la strati-
graphie du N.-O. de Madagascar, de M.
Beysserie présentée par M. Jacob.
INTERIM
A la Résidence du Laos
Par décret en date du 4 novembre 1931,
rendu sur la proposition du ministre des Co-
lonies, M. Thiébaut (Jules-Nicolas), admi-
nistrateur de première classe des Services ci-
vils de l'Indochine, a été chargé des fonc-
tions de Résident supérieur par intérim du
Laos, en remplacement de M. Le Boulanger,
décédé.
EXISTE-T-IVUN "DUMPING"
SUR LES BANANES?
»+«
Il
Il
ne importante délé-
gation de planteurs
et exportateurs de
bananes des Colo-
11 i c s françaises,
présentée par les
mcmbrcs de la Re-
fr ésentation 1* a r-
Ifmelltaire C o l o-
niale a été reçue,
il y a quelques
jours, par M. Louis
Roi lin. ministre du
Commerce : cdlli-fi a été illis au courant,
d'une situation qui, si elle sc maintenait, se-
rait d'une exce ptionnelle gravité pour l'ave-
nir de la production fruitière dans nos Co-
lonies.
!:('s planteurs et importateurs de bananes
des Colonies françaises se sont, en effet, vi-
vement émus des prix pratiqués, depuis quel-
que temps, par la concurrence étrangère qui
aurait vendu récemment des bananes à raison
de 12 à 14 livres sterling la tonne sur wagon
départ Le Havre, ce qui correspond à
1 fr. 20 le kilo environ. Les frais de trans-
port par navires à cales refroidies pour les
bananes de nos colonies étatlt de l'ordre de
1 franc au kilo, si cc prix de 1 fr. 20 cOllti-
nuait d'être pratiqué par la concurrence, il
est évident que la culture de la banane ne
pourrait laisser aucun profit à nos plantettrs
qui voient dans cette baisse anormale une
tentative de « dumping » destinée à arrêter
le développement de leur production, au mo-
ment même où, aux Antilles, comme en Gui-
née, ils espèrent bientôt obtenir de plus grall-
des facilités pour le trans port de leurs fruits
vers la Métropole.
Bien que la consommation de Ici banane
soit en augmentation constante en FlclI/a
(1.i.vooo tonnes importées pour les huit pre-
miers mois de 1931, contre 184.000 tonnes
pour toute Vannée 1930), la concurrence se
fait de plus en plus dure, en ef fet, en raison
des arrivages de plus en plus fréquents, ve-
nant même du Honduras, et de l augmenta-
tion du tonnage importé de nos Colonies, no-
tamment de Guadeloupe et de Guinée. Les
firmes étrangères ont-elles décidé d'arrêter à
tout prix les envois de nos Colonies ? Ce se-
rait grave et le Gouvernement ne saurait évi-
dctpimcnt le tolérer.
Notons, d'ailleurs, en passant, que les
prix de « dumping w, si « dumping. il y a,
n'ont pas fait baisser les prix de vente de
la banane au détail, et que seuls les intermé-
diaires, s'il faut en croire les planteurs et
exportateurs, en auraient eu le bénéfice.
Quoi qu'il en soit, le ministre du Commerce
a promis d'examiner la possibilité de proté-
ger la production coloniale, par un contingen-
tement des importations étrangères, basé sur
la moyenne des cinq dernières années et par
Vétablissement d'une faible taxe statistique,
sans incidencc sur les prix de vente au dé.
tail, mais dont le produit pourrait être ré-
parti, selon la méthode employée pour le
caoutchouc, entre les planteurs coloniaux.
Au cours de l'entretien, il a été indiqué au
ministre qu'un groupe de planteurs martini-
quais aurait, dès maintenant > passé des
contrats pour la construction de trois navires
fruitiers, de 3.000 tonnes de portée en lourd
environ, et pouvant prendre, chacun, 50.000
régimes de bananes, destinés aux transports
des fruits de la Martinique et aussi de la
Guadeloupe. Le ministre a promis, en outre,
d'intervenir à nouveau auprès des Compa-
gnies subventionnées, avec son collègue de
la Marine marchande, pour qu'elles intensi-
fient les transports de bananes. C'est là, à
mou m'is, le nœud de la question. Lorsque
nos planteurs pourront acheminer leurs fruits
vers le marché métropolitain, les bananes des
Colonies s'y imposeront malgré toutes les
tentatives plus ou moins réelles de « dum-
ping » qu'il sera toujours possible d'arrêter
et qu'il n'est, d'ailleurs au pouvoir d'aucun
concurrent de maintenir longtemps sans ris-
ques.
Henry Bérenger,
Sénateur de la Guadeloupe, Vice-
Président de la Commission des
AHaires Etrangères.
et>
La vente de la Panther
e*e
Une entreprise francfortoise a offert 37.262
marks pour l'achat de la canonnière Panther
hier à (Kiel. L'offre la plus basse a été de
3.000 marks. Il appartient maintenant au
ministre de la Reichswehr de parfaire
l'avance.
Voici l'historique de cette ancienne ca-
nonnière de la marine impériale allemande :
elle fut mise en service en février 1902 ;
elle coula, au mois de septembre de la même
année, devant Port-au-Prince, au cours des
troubles d'Haïti, le bâtiment Crète-à-Pierrot,
en possession des rebelles. Dans le conflit vé-
nézuélien, la Panther participa au blocus de
plusieurs ports et à la saisie de navires vé-
nézuéliens dans le port de La Guayra.
Puis, pendant quelques années, la Panther
effectua plusieurs voyages en Amériaue du
Sud et en Afrique sans faire spécialement
parler d'elle, lorsque sa brusque apparition
devant Agadir, au cours de l'été de 1911,
Frovoqua une tension entre la France et
l'Allemagne et fut le prélude de pourpar-
lers qui se terminèrent par l'accord du 4 no-
vembre 1911 sur le Maroc et le Congo. Pen-
dant la guerre de 1914-1918, la Panther ne
prit part qu'à de petites opérations locales
dans la Baltique. Mise hors de service en
1926, elle fut définitivement rayée des effec-
tifs de la marine en 193t.
Le Prix Gringoire
décerné à un voyageur colonial
Chez M. Marc Chadoume
Le journalisme commande la pratique de
l'indiscrétion, défaut qui dans ce métier est du
reste souvent récompensé.
Et c'est ainsi que je choisis l'heure du dé-
jeuner pour porter à M. Marc Chadourne, les
félicitations des Annales Coloniales.
L'auteur de « Cécile de la Folie », qui l'an
dernier obtint le prix Fémina, vient de recevoir
le prix Gringoire de 10.000 fr., réservé au
meilleur reportage de l'année.
Son appartement 1
De grandes fenêtres sur la Seine, en plein
quai de Bourbon, dans 1 île Saint-Louis. Quel
charme possède ce vieux logis, ceinturé d eau,
de recueillement et de silence.
C'est là du reste, sur ce promontoire, en face
de Notre-Dame, qu'il reçut l'invitation au
voyage au lendemain de la guerre.
Marc Chadourne est un jene limousin, si
sympathiquement simple 1 Sans une impatience
pour la table dressée qui le convie, il parle de
son premier départ.
Tahiti
La voix est lente, réfléchie comme le regard.
« Je suis parti pour Tahiti, en 1921 ; j'ai
eu l'occasion d'accepter un emploi dans r ad -
ministration coloniale. » II sourit « du reste. Il
« Oui, j' ai lu « Vasco » ; l'Océanie nous a
valu cette oeuvre étonnamment émouvante où
vous expliquez le besoin d évasion et les mer-
veilleux ferments de songerie voyageuse de no-
tre génération, vieille de quinze ans à la guerre.
Partir, n'importç où, mais partir 1 Et
pour le Pacifique c' est un nouvel amour qui
commence.
Le bateau d'Océanie est à quai.
Tandis que Marc Chadourne évoque précis
et nostalgique ses premières impressions sur les
senteurs de l' arrivée à Tahiti, le tiare, la va-
nille, le frangipanier, j'ai honte soudain de cet-
te table en attente, de ce domestique annamite,
cuisinier peut-être, qui doit maudire mon coup
de sonnette à une heure aussi importune.
En Indochine
Pourtant, la curiosité l'emporte et me ca-
lant sur ma chaise, j' attaque cette muraille de
Chine qui éleva le voyageur au succès présent.
« La muraille de Chine vit. » répète en sou-
riant Marc Chadourne. « Je sais, j ai suivi vo-
tre passionnant reportage sur les bouillonne-
ments du Monde Jaune. Mais, n'étiez-vous
pas en Indochine lors des troubles de Yen-
Bay ? »
« J'étais à Hanoï et je conserve l' impression
très nette, qu'à la base au sanglant mouvement,
il y a eu sursaut national beaucoup plus que
communiste.
Moscou a tenté d'exploiter ce grave malaise,
mais le bolchevisme aurait été impuissant à le
provoquer. Je crois même, qu'il serait néfaste
de persister dans cette erreur de diagnostic car,
en ne soignant pas le mal là où il est, nous ris-
quons de le laisser s' envenimer.
Dans la jeune Annam, on distingue deux
mouvements : l' un tend au retour à la tradition
chinoise ; l'autre veut pounuivre l'évolution se-
lon l'esprit apporté par la France.
Mes sympathies et aussi les chances de salut
sont pour le second mouvement. La Chine a été
le berceau d'une admirable civilisation mais les
les destinées d'un peuple ne peuvent pas le ra-
mener à l'enfance.
L'avenir de notre Extrême-Asie n'est pas en
arrière, dans la stagnation d'un passé mort. »
Puis, le voyageur me parle avec enthousias-
me de l' oeuvre magnifique accomplie par la
France en Indochine, et qui contribue gran-
dement au mieux être de populations vouées
avant nous à toutes les misères du moyen âge.
Une vague odeur de cuisine me rappelle, ce
couvert, le déjeuner sur un coin du fourneau.
tes invités dans le salon.
J'enregistre le prochain voyage de M. Marc
Chadourne en Tunisie et je me sauve, ensorce-
lée, moi aussi, par le chant du départ de Mal-
larmé et le « sourire du pâle Vasco. »
Marie-Louise Sicard.
1 M. Manceron est arrivé à Tunis
M. Manceron, résident général de France
en Tunisie, complètement rétabli de son récent
et léger accident, a ouitté Paris, mardi à
19 h. 30, à destination de Marseille, ainsi que
nous l'avions déjà annoncé.
Il avait été reçu, dans l'après-midi, au
Quai d'Orsay, par M. Briand, ministre des
Affaires étrangères.
M. Manceron arrivé à Tunis, a repris
immédiatement à la Résidence, la direction des
affaires de la Régence.
Exposition de peintures tunisiennes
0*0
Le peintre officiel de la famille du bey de
Tunis, M. Yahia, vient d'ouvrir à la Galerie
Tedesco frères, une exposition de remarquables
toiles où se retrouvent tout le charme oriental.
la splendeur et le pittoresque de la Tunisie.
Un deuil dans la famille
du Sultan du Maroc
l
Moulay El gébir, oncle du sultan Sidi
Mohammed et frère du défunt suhan Moulay
Youssef est dlcédé. Les obsèques musulma-
nes ont été célébrées mardi matin avec une
grande pompe.
RUE OUDINOT
•+« -
Hommage aux coloniaux
tombés au champ d'honneur
M. Maginot, Ministre des Colonies par in-
térim, a déposé mardi matin, rue Oudinot,
une palme devant la plaque commémorative
sur laquelle sont gravés les noms des agents
et fonctionnaires coloniaux tombés au champ
d'honneur.
M. Maginot a prononcé ensuite quelques
paroles émues à la mémoire de ces glorieux
morts. ,
4««i
LENDEMAIN D ARMISTICE
Le soldat noir inconnu
C'est un petit village, non loin de Crépy,
de Moulin-sous-Touvent, ces noms d'héroï-
que et sinistre mémoire l A quelques kilomè-
tres de Rethondes-Armistice. Paul Fort, en
une ballade délicieuse, l'a chanté ce tout
petit village, bourg féodal, embrassé de fos-
sés où passe le rû chanteur ; clairière de
forêt triste aujourd'hui, sous le ciel d'hiver
vaseux comme une eau morte.
Le cimetière ouvre si-r la place, si proche
de l'église, de l'école-mairie, de la pompe
communale, du jeu de boules, que l'accord
est parfait entre le chant des laveuses et
l'hymne du Repos qui monte des tombes
fleurics. Et les morts vieillissent doucement
en liaison constante avec toutes les maisons
couleur de vieux puits, tandis que l'heure
sonne, que la poule glousse, que l'herbe
pousse.
C'est dans ce village de l'Ile de France,
que vint mourir ce soldat noir inconnu, dont
un tertre surmonté d'une croix h mort pour
la France » évoque seul la fugitive exis-
tence.
Au matin du Il novembre, tandis que je
cherchais le nom absent, une fillette chargée
d'un panier rempli de frais chrysanthèmes
et de Heurs en celluloïd, armé d'un balai de
genêts, s'était mise à nettoyer, à fleurir cette
tombe. La petite était blanche, rose, des
cheveux de chanvre, des yeux de bleuets.
Elle balayait, arrosait, ratissait ; les menot-
tes faisaient avec tant de zèle, ce ménage
mortuaire, que je me mis à l'aider. « Faut
pas vous salir les mains. toujours c'est ma-
man qui fait la toilette du soldat noir ; au-
jourd'hui, à cause d'une vache malade, elle
est restée à la maison. Elles sont belles,
hein, les roses peintes? On les lui met les
jours de fêtes ; les fleurs du jardin, on les
laisse jusqu'à ce qu'elles soient fanées, mais
les « celloïd » je vais les rentrer ce soir
crainte de la pluie. On les lui remettra le
jour du 14 Juillet, c'est sa fête à lui aussi.
C'est bien contrariant qu'on ne sait pas
comment il s'appelle, pas même son nom du
calendrier. »
Ton papa, ta maman ne le connais-
saient pas ?
Paraît que non ; il venait des pays de
là-bas, si près du soleil qu'il fait toujours
chaud. Chez nous, dans un tiroir de com-
mode, maman a rangé un bout de collier
rouge qu'il avait autour du cou.
Nous avons fini d'embellir la tombe et
chacun en revenant de voir « ses morts »
s'arrêtait près du soldat noir inconnu. un
salut, un signe de croix.
La petite aux cheveux de chanvre se-
couait son tablier, enlevait ses sabots :
Je rentre pour le midi. Des fois que
ça vous ferait plaisir, maman peut vous
dire son histoire. Notre maison est passé
le poste forestier du Landeblin. Si vous avez
',un vélo et par le rcccourci on y sera dans
dix minutes.
l' .1 '1 Il 1.
Son histoire!.
Ma pauvre demoiselle, on a jamais
su d'où qu'il venait, qui qu'il était.
Un soir d'octobre 1914, -le canon tonnait
que j'en étais sourde ; tandis que je faisais
du bois en bordure de forêt, tenez, près de
ce trou où que les cerfs vont boire, j'ai
trouvé ce jeune soldat nègre à moitié mort
et quasi nu.
-- Pas de papiers, pas de bracelet d'iden-
tité ?
Hien, il avait reçu un éclat d'obus
dans la poitrine. Vers ce même temps,
beaucoup de noirs tenaient la ligne de feu
dans les carrières de la plaine d'Attichy.
C'était un enfer aussi de l'autre côté de
Noyon.
Probable que celui-là, blesse, s'est perdu
dans nos parages. Avec une voisine, on l'a
transporté ici. Le temps que j'allume une
flambée pour le réchauffer il était déjà passé.
Tenez, voilà le collier de grains rouges
qu'il avait autour du cou. Je l'ai gardé des
fois qu'un autre l'aurait reconnu. Fallait
peut être l'envoyer à sa mère, à sa femme?
rotis, on ne connaît personne de l'autre
côté de l'eau. Après, on a été évacué, on a
plus pensé qu'à sauver sa propre vie.
Et la brave femme semble s'excuser de
ne pas avoir fouillé toute l'Afrique pour re-
trouver le village du soldat noir inconnu.
–# Comme de juste, on entretient sa
tombe, ça prend la place de mes deux frères
qui sont disparus l'un sur le front de Cham-
pagne, l'autre à Verdun. La couleur ça n'y
fait rien.
., Il '1 '1
Sous le vent farouche et dur, la forêt se
lamente et pleure infiniment. Je pense à la
monstrueuse sauvagerie des hommes civili-
sés, qui refusent de désarmer.
Dinah.
Mort de M. G. Brossette
-
M. (i. Hrossette, propiiétaire d'une bril-
lante écurie de courses, est décédé subite-
ment mardi matin.
Ses couleurs casaque noire pois jaunes.
manches et toque noi res, firent leur
première apparition en i (ffl, avec Claire-
fontaine 11, Mosquito et Lacadec.
Maurienne, qui lui appartenait, g-agna en
TOio le prix Juigné.
Emile Duffoure, l'entraîneur bien connu
de Maisons-T.affitte, avait alors 1a direction
de son écurie.
M. G. Rrossette qui, depuis plusieurs an-
nées, nfaisait de longs sé jours en Algérie,
avait été appelé, en H),'\O, à la vice prési-
dence do la Société des courses d'Alger.
Un mauvais souvenir
t 1
Ne précisons pas, il s'agissait d'une très im-
portante manifestation coloniale où nous fîmes
connaissance avec les talents policiers de M.
Chiappe.
Le temple d'Angkor vit des invités de tout
premier choix traités avec un m inimum.
d'égards inacceptables et une éminente person-
nalité étrangère, prise dans la tornade d'un
barrage d'agents rompu.
Ce Ministre, hôte de la France, se retrouva.
déporté, à la Guyane.
Or, c'est dans les mêmes conditions de servi-
ce d'ordre inorganisé, que M. Laval, prési-
dent du Conseil, fut reçu à Paris, retour
d'Amérique.
On peut donc dire, que sous toutes les lati-
tudes géographiques et politiques, M. Chiappe
a fourni les preuves de son incompétence sur la
voie publique.
« Ce n était pas la peine, ce n était pas la
peine, ce n'était pas la peine, ânon, vraiment »,
de jeter un encrier à la tête du fonctionnaire
« de la boîte » qui ne faisait que colporter ce
que sait depuis longtemps, le monde entier réu-
ni à Vincennes.
J. Aytet.
Condoléances aux fils
du roi de Luang-Prabang
A la suite du naufrage qui eut lieu le 27 oc-
tobre dans les eaux du Mékong, et dans lequel
onze membres de la famille royale périrent, le
préfet de l'Hérault, M. Rochard, est allé pré-
senter, au lycée de Montpellier, les condoléan-
ces du gouvernement aux trois fils du roi de
Luang. Ces jeunes gens suivent les cours du ly-
cée de Montpellier depuis plusieurs années.
L'antenne coloniale
«+•
A Radio Saigon
La Compagnic indochinoise de radiophonie
informe que son poste de Saigon fait actucl.
lement des essais sur 25.465 m. avec un nou-
vel émetteur. Comme celui travaillant sur
49.050 m., ce nouveau poste est stabilisé par
quartz et transmet avec une puissance de
12 kilowatts. Ces émissions ont lieu tous les
vendre d is, de 15 h. 30 à 15 h. 50.
\,clldrcdÚ;, de 1 5 h, 3° 15 h. 50.
Le voyage de M. Paul Reynaud
en Indochine
.'T
(De notre envoyé spécial.)
Me voici sur le plateau de Lang-Bian.
Une série de réceptions auront pris la
majeure partie du temps de M. Paul Rey-
naud à. Pnom l'enh. Le ministre aura
au surplus visité Angkor, sera revenu en
hydravion à Saigon et, tout son monde tou-
jours derrière lui, le voici depuis hier en
terre d'Annam, trop tôt encore pour que je
puisse vous parler de ses faits et gestes
dans ce dernier pays.
Du Cambodge je ne voudrais dire que
quelques mots pour en revenir plus vite à
l'examen de ces problèmes cochinchinois
dont je vous entretenais l'autre jour. Non
pas que la visite ministérielle n'y ait pas été
appréciée. Les somptueuses et si pittoresques
cérémonies qui se sont déroulées au palais
du roi Siso\\ath Monivong ont au contraire
été le meilleur indice de l'intérèt que les
dirigeants du royaume prenaient à recevoir
l'envoyé du gouvernement français. Car le
Cambodge, comme les autres pays de la créa-
tion, le mot n'est pas trop fort, souffre éga-
lement de la crise et l'année à venir suscite
de graves inquiétudes, notamment au point
de vue de la rentrée des impôts. Mais ce
n'est là qu'un aspect particulier d'un pro-
blème universel. A vrai dire, il n'y a pas de
crise cambodgienne proprement dite, pas
plus sociale qu'économique.
Le caractère heureux des habitants de ce
sympathique pays fait plaisir à voir.
Phnom-Penh et Angkor auront donc été des
étapes reposantes pour l'esprit, davantage
préoccupé des merveilles qui y sont accu-
mulées.
Le nœud de la question pour le ministre
reste donc toujours jusqu'ici à Saigon, abs-
traction faite des modifications dans son ju-
gement qui résulteront peut-être pour lui,
ces jours prochains, de son voyage vers le
Nord.
A vrai dire, en Indochine je crois vous
l'avoir indiqué, IL problème est encore plus
social qu'économique.
Pour l'instant l'économique prime par son
urgence. Mais je ne serais pas surpris qu'au
fond le ministre pensât qu'il ne prime pas
plus que dans d'autres parties du monde,
peut-être moins. De toutes façons tout le
monde est d'accord pour incriminer, outre
la irise contre laquelle personne ne peut
rien, la mauvaise distribution des t rédits.
Une fois cette question résolue et appliquées
également les mesures de standardisation
dos riz actuellement à l'étude, les Pouvoirs
publics auront fait tout ce qu'ils avaient à
faire dans cette occasion. Ensuite la. sélec-
tion naturelle jouera librement!
Mais le problème social. Le problème so-
cial c'est celui de ce fameux fossé franco-
annamite dont on atteste périodiquement
qu'il n'existe plus, preuve qu'il existe tou-
jours. C'est donc à la fois le problème des
Français et des Annamites. C'est le pro-
blème, pour certains du principe, pour les
autres des conditions de notre colonisation
Des premiers, il est permis de n'avoir nul
souci. L'Union Indochinoise n'existe et ne
se maintient que par la France.
Avec les seconds, il faut faire plus atten-
tion.
Dan quelle mesuré doit on tenir compta
des critiques adressées à la France pour
le plus grand bien de l'Indochine et de la
France, tout n'est-il pas là? F.t en par-
ticulier jusqu'à quel point ch-vons-noufi cé-
der immédiatement, si nous devons seule-
ment céder, aux revendications plus ou
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. - Ne 163. LE NUMERO : 30 CENTIMES JEUDI SOIR, 12 NOVEMBRE 1981.
MUMI JVOTIDIE*
Mimctioti & Administration :
u, m m wm-mm
PARIS (18)
Tf twi. 1 LOUV- ,.,
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Les Annales Coloniales
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DIIII!CTEUR.FoNDATI!UR , Marcel RUEDEL
Tous les articles publiés dans notre journal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les ANNALES COLONIALU.
IBOMfiEBTS
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u. 8 Nol. t Mwit
Frinot et
colonies - - 180 0 100 » 50.
Etranger. 240 » tll. JI.
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Un service automobile Tunis-Lac Tchad
) M*eo <
L'enthousiasme qui accueillit, il y a plus
d'un demi-siècle, l'idée du Transsaharien a
singulièrement baissé. Certes, il lui reste en-
core quelques fidèles, mais la plupart appa-
raissent comme n'étant pas tout à fait désin-
téressés, soit que, hommes politiques, ils y
voient une prébende pour leur région, soit
qu'ils aient des attaches avec la grosse mé-
tallurgie fournisseuse de rails, ou avec le
monde bancaire avide d'émissions et de lan-
cements.
La plupart de ceux qui apportent à l exa-
men du projet une appréciation indépen-
dante, estiment que depuis qu'il a été pré-
senté à l'opinion, il s'est produit dans l'au-
tomobilisme et dans l'aviation, des progrès
de la plus haute importance qui permettent
de s'en remettre à ces deux modes de loco-
motion d'assurer les relations commerciales
et les voyages entre notre pays et les diver.
ses régions de l'Afrique dont le Transsaha-
rien ne pourrait jamais desservir qu'une
partie.
La Tunisie s'est complètement désinté-
ressée du Transsaharien constatant qu'elle
était oubliée dans les divers plans émis où
Alger, Oran, le Maroc se disputaient la tête
de ligne et ne paraissaient même pas dispo-
sés à lui accorder un embranchement prati
que.
Elle a compris qu'elle ne pouvait comp-
ter que sur l'automobilisme pour l'exploita-
tion commerciale de son hinterland africain
dans lequel il suffit de regarder une carte
d'Afrique pour ne pouvoir lui dénier le droit
d'y comprendre le lac Tchad et sa région.
A vrai dire, le Gouvernement du Protec-
torat n'a rien fait encore pour patronner
cette idée, soit parce que ses plus hauts diri-
geants croient prudent et sage de se borner
à une administration terre à terre du pays
déjà mis en valeur, soit parce que certaines
notabilités préfèrent garder pour elles une
sorte de monopole des expéditions transa-
fricaines.
Mais le jour viendra où le mouvement de
l'opinion forcera les grands services publics
à marcher. Tant pis pour eux si, ce jour-là,
ils jouent le rôle du colonel qui disait: a Ce
sont mes hommes, il faut bien que je les
suive. »
Il y a quelques années, le colonel Cour-
tot, chef de la maison militaire du Résident
Général, aujourd'hui retraité, a conduit de
Tunisie au Tchad une mission qui est arri-
vée à son but. Cette expérience, malgré quel-
ques accidents qui auraient peut-être pu être
évités, démontre du moins que le trajet n'est
pas impossible. Il deviendrait beaucoup plus
aisé par quelques travaux exécutés sur deux
ou trois tronçons de la longue route à par.
courir.
Après l'expérience du colonel! Courtot la
question de la création d'un service automo-
bile entre Tunis et le Tchad, comprenant ou-
tre ce trajet direct certains prolongements et
diverses bifurcations, a été étudié par des
techniciens qui pour ne pas être officiels
n'en sont pas moins compétents.
Ils sont arrivés à des conclusions qui peu-
vent se classer en cinq chapitres et d'après
lesquelles :
IOLe service est possible;
2° Il ne tardera pas à être « payant ».
car il répond à des besoins commerciaux
et à des intérêts politiques plus importants
encore ;
3° Il comportera l'emploi d'un matériel
spécial qui est dès à présent déterminé;
4° Il ne faudra qu'un laps de temps re-
lativement restreint pour que les carburants
nécessaires puissent se trouver sur place en
abondance;
5° Il suffit d'un délai de trois années
pour que ce service soit organisé, s'il est
doté des moyens de réalisation suffisants.
Chacun de ces chapitres demanderait un
exposé détaillé qui dépasserait notre cadre.
Le trajet complet serait d'environ 2.900
kilomètres et s'exécuterait en plusieurs éta-
pes. La construction pourrait être envisagée
en trois tranches principales: Tunis à Gha-
damès, soit 1.000 kilomètres, Ghadamès à
Djanet, 700 kilomètres et enfin 1.200 kilo-
mètres de Djanet à Fort-Lamy.
Les caractéristiques de ce long trajet peu-
vent être indiquées ainsi: bon terrain de Ta-
tahouine jusqu'à Bir Alapetite, à 475 kilo-
mètres de Gabès. Ensuite, on rencontre un
passage assez difficile, mais de 44 kilomè-
tres seulement, dans les dunes de El-Bab
jusqu'à Fort-Saint. On retrouve un terrain
favorable pendant un assez long parcours
mais les dunes d'Edei-Ouaram, puis celles
de Tin-Sebbou présentent quelques diffi-
cultés jusqu'à Polignac, à 981 kilomètres de
Gabès. Le terrain devient alors montagneux,
de Polignac à Djanet. Il sera nécessaire
d'exécuter quelques travaux pour permettre
le passage de certaines crêtes et atténuer des
descentes rapides.
De Djanet à Djado, le terrain est assez
bon et il devient très bon de Djado à Bilma,
oh l'on se trouve à 2.117 kilomètres de Ga-
bès. Les dunes se représentent sur une éten-
due de 140 ilomètres pour faire place à un
terrain boisé facile à aménager en piste et
qui permet d'arriver à N'Guimi.
Ce service desservirait des points d'une
activité commerciale déjà considérable qui
s'accrottrait rapidement.
Fort-Saint est déjà un gros marché en
face de Ghadamès. Il recevrait les carava-
nes du Soudan auxquelles il offrirait un dé-
bouché par là Tunisie, alors qu'elles vont
lictuettement le chercher par la Tripolitaine.
Djanet serait aussi un centre important de
tavijtaillement pour le Rhat et les oasis du
Fessan: Zonila, Traghen, Moursouk, Ga-
troum. 11 serait le rendez-vous des carava-
nes qui allaient de Koufra au Soudan.
L'oasis de Djado, abondante en eau, ri-
che en palmiers, pourrait offrir des ressour-
ces si l'on n'y était exposé à deux fléaux: les
pillards du Fessan et du Tibessi que les
autorités italiennes dont leurs territoires
dépendent en théorie ne sont pas arrivées à
dominer, et les moustiques pl us redoutables
encore, dont on peut venir à bout par l'assè-
chement des marécages.
Bilma se prêterait au rôle d'un grand en-
trepôt de marchandises algériennes et tuni-
siennes en même temps que d'une place de
transit commercial pour les produits qui
s'acheminent du centre africain vers la Mé-
diterranée.
L'intérêt politique dont le service Tuni-
sie-Tchad serait le puissant facteur ne se
discute pas, tellement il est évident. Tout
notre empire africain en profiterait.
Si la France ne s'en assure pas le béné-
fice, une autre nation moins négligente orga-
nisera les relations de l'Afrique Centrale
avec la Tripolitaine.
Nous ne pouvons insister ici sur le maté-
riel qu'il conviendra d'employer. Il nous
suffira de dire qu'il est prévu et de réalisa-
tion relativement facile.
Le problème du carburant est aussi un
grave sujet de préoccupation. On ne peut en
attendre la solution de la seule essence. Mais
le carbure, l'acétylène offrent des moyens
moins dispendieux. Enfin et surtout, le gaz
pauvre que l'on peut obtenir sur place du
bois ou du charhon de bois, peut concurren-
cer l'essence, dès qu'il est enrichi par un
mélange d'acétylène. Or, il y a pas mal de
bois sur le parcours que nous avons esquissé
et l'on peut, durant les trois ou quatre an-
nées que demanderont les travaux d'organi-
sation, faire des plantations en de nom-
breux endroits.
Ainsi le projet de l'établissement d'un
service automobile entre la Tunisie et la
région du Tchad s'avère comme parfaite-
ment réalisable. Il est certain que c'est un
travail d'envergure qui exigera un effort ma-
tériel et financier. L'effort n'est-il point,
sous ses diverses formes, la condition essen-
tielle de toutes les réalisations fécondes?
Si la Tunisie donnait cet exemple, elle
qui a toujours été tenue en dehors des pro-
jets du chemin de fer transsaharien, peut-
être comprendrait-on que l'oeuvre transafri-
caine doit s'effectuer non par une voie uni-
que mais par des services automobiles se dé-
tachant de divers points propices et qui
n'exigeront pas que l'on jette aux sables
désertiques des milliers de tonnes de rail et
des populations sacrifiées de travailleurs.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-Président de la Commission
des Douanes.
CINÉMA COLONIAL
Propagande (1) coloniale par le Film
A l'Omnia, cinéma situé sur les Boule-
vards, on passait cette semaine un film ap-
pelé le Monsieur de Minuit, Le jeune pre-
mier, noceur fini, n'ayant plus le sou, avoue
lui-même qu'il est incapable de travailler et
que la seule situation qu'il lui est possible
d'envisager est un emploi aux colonies. On
voit alors le chef de cabinet du ministre des
Colonies, venir, à domicile, lui apporter non
seulement sa nomination, mais son passeport
pour se rendre. comme secrétaire au, consul
de France à Pondichèry. On ajoute même
qu'il ira remplacer aux Indes Françaises,
son prédécesseurj mort de la maladie du
sommeil, maladie bien admillistrative.
Je conseille très vivement à l'auteur de ce
film de profiter des deux jours qui restent
avant la fermeture de l'Exposition Colo-
niale, pour se rendre dans l'avenue des Co-
lonies Françaises. Il y verrait le Pavillon
de l'Inde. Il saurait alors que nos colonies
ont à leurs têtes des gouverneurs. Faire an-
noncer par le chef de cabinet du ministre
des Colonies une nomination de consul de
France aux Colonies Françaises réjouira
tous les coloniaux. Ce n'est pas flatteur pour
le ministère et pour les fonctionnaires ëQlo
niaux pourra penser le public qui a un grand
bon sens. Je dis simplement ; ce n'est pas
flatteur pour l'auteur du film qui ignore en-
core tout de nos colonies, parle à tort et à
travers de la maladie du sommeil et ne se
rend pas compte du travail aux pays loin-
tains.
Rappelons qu'au moment où la salle
d'Omnia était gérée par le sympathique di-
recteur des Films Exotiques, son écran offrit
souvent aux spectateurs des films sur nos co-
lonies. Regrettons qu'il n'en ait pas conservé
la gérance, il n'aurait certes pas toléré de
pareilles inepties.
A. C.
motel
A l'Académie des Sciences
Géologie
Dans sa dernière séance la Compagnie a
assisté à une communication sur la strati-
graphie du N.-O. de Madagascar, de M.
Beysserie présentée par M. Jacob.
INTERIM
A la Résidence du Laos
Par décret en date du 4 novembre 1931,
rendu sur la proposition du ministre des Co-
lonies, M. Thiébaut (Jules-Nicolas), admi-
nistrateur de première classe des Services ci-
vils de l'Indochine, a été chargé des fonc-
tions de Résident supérieur par intérim du
Laos, en remplacement de M. Le Boulanger,
décédé.
EXISTE-T-IVUN "DUMPING"
SUR LES BANANES?
»+«
Il
Il
ne importante délé-
gation de planteurs
et exportateurs de
bananes des Colo-
11 i c s françaises,
présentée par les
mcmbrcs de la Re-
fr ésentation 1* a r-
Ifmelltaire C o l o-
niale a été reçue,
il y a quelques
jours, par M. Louis
Roi lin. ministre du
Commerce : cdlli-fi a été illis au courant,
d'une situation qui, si elle sc maintenait, se-
rait d'une exce ptionnelle gravité pour l'ave-
nir de la production fruitière dans nos Co-
lonies.
!:('s planteurs et importateurs de bananes
des Colonies françaises se sont, en effet, vi-
vement émus des prix pratiqués, depuis quel-
que temps, par la concurrence étrangère qui
aurait vendu récemment des bananes à raison
de 12 à 14 livres sterling la tonne sur wagon
départ Le Havre, ce qui correspond à
1 fr. 20 le kilo environ. Les frais de trans-
port par navires à cales refroidies pour les
bananes de nos colonies étatlt de l'ordre de
1 franc au kilo, si cc prix de 1 fr. 20 cOllti-
nuait d'être pratiqué par la concurrence, il
est évident que la culture de la banane ne
pourrait laisser aucun profit à nos plantettrs
qui voient dans cette baisse anormale une
tentative de « dumping » destinée à arrêter
le développement de leur production, au mo-
ment même où, aux Antilles, comme en Gui-
née, ils espèrent bientôt obtenir de plus grall-
des facilités pour le trans port de leurs fruits
vers la Métropole.
Bien que la consommation de Ici banane
soit en augmentation constante en FlclI/a
(1.i.vooo tonnes importées pour les huit pre-
miers mois de 1931, contre 184.000 tonnes
pour toute Vannée 1930), la concurrence se
fait de plus en plus dure, en ef fet, en raison
des arrivages de plus en plus fréquents, ve-
nant même du Honduras, et de l augmenta-
tion du tonnage importé de nos Colonies, no-
tamment de Guadeloupe et de Guinée. Les
firmes étrangères ont-elles décidé d'arrêter à
tout prix les envois de nos Colonies ? Ce se-
rait grave et le Gouvernement ne saurait évi-
dctpimcnt le tolérer.
Notons, d'ailleurs, en passant, que les
prix de « dumping w, si « dumping. il y a,
n'ont pas fait baisser les prix de vente de
la banane au détail, et que seuls les intermé-
diaires, s'il faut en croire les planteurs et
exportateurs, en auraient eu le bénéfice.
Quoi qu'il en soit, le ministre du Commerce
a promis d'examiner la possibilité de proté-
ger la production coloniale, par un contingen-
tement des importations étrangères, basé sur
la moyenne des cinq dernières années et par
Vétablissement d'une faible taxe statistique,
sans incidencc sur les prix de vente au dé.
tail, mais dont le produit pourrait être ré-
parti, selon la méthode employée pour le
caoutchouc, entre les planteurs coloniaux.
Au cours de l'entretien, il a été indiqué au
ministre qu'un groupe de planteurs martini-
quais aurait, dès maintenant > passé des
contrats pour la construction de trois navires
fruitiers, de 3.000 tonnes de portée en lourd
environ, et pouvant prendre, chacun, 50.000
régimes de bananes, destinés aux transports
des fruits de la Martinique et aussi de la
Guadeloupe. Le ministre a promis, en outre,
d'intervenir à nouveau auprès des Compa-
gnies subventionnées, avec son collègue de
la Marine marchande, pour qu'elles intensi-
fient les transports de bananes. C'est là, à
mou m'is, le nœud de la question. Lorsque
nos planteurs pourront acheminer leurs fruits
vers le marché métropolitain, les bananes des
Colonies s'y imposeront malgré toutes les
tentatives plus ou moins réelles de « dum-
ping » qu'il sera toujours possible d'arrêter
et qu'il n'est, d'ailleurs au pouvoir d'aucun
concurrent de maintenir longtemps sans ris-
ques.
Henry Bérenger,
Sénateur de la Guadeloupe, Vice-
Président de la Commission des
AHaires Etrangères.
et>
La vente de la Panther
e*e
Une entreprise francfortoise a offert 37.262
marks pour l'achat de la canonnière Panther
hier à (Kiel. L'offre la plus basse a été de
3.000 marks. Il appartient maintenant au
ministre de la Reichswehr de parfaire
l'avance.
Voici l'historique de cette ancienne ca-
nonnière de la marine impériale allemande :
elle fut mise en service en février 1902 ;
elle coula, au mois de septembre de la même
année, devant Port-au-Prince, au cours des
troubles d'Haïti, le bâtiment Crète-à-Pierrot,
en possession des rebelles. Dans le conflit vé-
nézuélien, la Panther participa au blocus de
plusieurs ports et à la saisie de navires vé-
nézuéliens dans le port de La Guayra.
Puis, pendant quelques années, la Panther
effectua plusieurs voyages en Amériaue du
Sud et en Afrique sans faire spécialement
parler d'elle, lorsque sa brusque apparition
devant Agadir, au cours de l'été de 1911,
Frovoqua une tension entre la France et
l'Allemagne et fut le prélude de pourpar-
lers qui se terminèrent par l'accord du 4 no-
vembre 1911 sur le Maroc et le Congo. Pen-
dant la guerre de 1914-1918, la Panther ne
prit part qu'à de petites opérations locales
dans la Baltique. Mise hors de service en
1926, elle fut définitivement rayée des effec-
tifs de la marine en 193t.
Le Prix Gringoire
décerné à un voyageur colonial
Chez M. Marc Chadoume
Le journalisme commande la pratique de
l'indiscrétion, défaut qui dans ce métier est du
reste souvent récompensé.
Et c'est ainsi que je choisis l'heure du dé-
jeuner pour porter à M. Marc Chadourne, les
félicitations des Annales Coloniales.
L'auteur de « Cécile de la Folie », qui l'an
dernier obtint le prix Fémina, vient de recevoir
le prix Gringoire de 10.000 fr., réservé au
meilleur reportage de l'année.
Son appartement 1
De grandes fenêtres sur la Seine, en plein
quai de Bourbon, dans 1 île Saint-Louis. Quel
charme possède ce vieux logis, ceinturé d eau,
de recueillement et de silence.
C'est là du reste, sur ce promontoire, en face
de Notre-Dame, qu'il reçut l'invitation au
voyage au lendemain de la guerre.
Marc Chadourne est un jene limousin, si
sympathiquement simple 1 Sans une impatience
pour la table dressée qui le convie, il parle de
son premier départ.
Tahiti
La voix est lente, réfléchie comme le regard.
« Je suis parti pour Tahiti, en 1921 ; j'ai
eu l'occasion d'accepter un emploi dans r ad -
ministration coloniale. » II sourit « du reste. Il
« Oui, j' ai lu « Vasco » ; l'Océanie nous a
valu cette oeuvre étonnamment émouvante où
vous expliquez le besoin d évasion et les mer-
veilleux ferments de songerie voyageuse de no-
tre génération, vieille de quinze ans à la guerre.
Partir, n'importç où, mais partir 1 Et
pour le Pacifique c' est un nouvel amour qui
commence.
Le bateau d'Océanie est à quai.
Tandis que Marc Chadourne évoque précis
et nostalgique ses premières impressions sur les
senteurs de l' arrivée à Tahiti, le tiare, la va-
nille, le frangipanier, j'ai honte soudain de cet-
te table en attente, de ce domestique annamite,
cuisinier peut-être, qui doit maudire mon coup
de sonnette à une heure aussi importune.
En Indochine
Pourtant, la curiosité l'emporte et me ca-
lant sur ma chaise, j' attaque cette muraille de
Chine qui éleva le voyageur au succès présent.
« La muraille de Chine vit. » répète en sou-
riant Marc Chadourne. « Je sais, j ai suivi vo-
tre passionnant reportage sur les bouillonne-
ments du Monde Jaune. Mais, n'étiez-vous
pas en Indochine lors des troubles de Yen-
Bay ? »
« J'étais à Hanoï et je conserve l' impression
très nette, qu'à la base au sanglant mouvement,
il y a eu sursaut national beaucoup plus que
communiste.
Moscou a tenté d'exploiter ce grave malaise,
mais le bolchevisme aurait été impuissant à le
provoquer. Je crois même, qu'il serait néfaste
de persister dans cette erreur de diagnostic car,
en ne soignant pas le mal là où il est, nous ris-
quons de le laisser s' envenimer.
Dans la jeune Annam, on distingue deux
mouvements : l' un tend au retour à la tradition
chinoise ; l'autre veut pounuivre l'évolution se-
lon l'esprit apporté par la France.
Mes sympathies et aussi les chances de salut
sont pour le second mouvement. La Chine a été
le berceau d'une admirable civilisation mais les
les destinées d'un peuple ne peuvent pas le ra-
mener à l'enfance.
L'avenir de notre Extrême-Asie n'est pas en
arrière, dans la stagnation d'un passé mort. »
Puis, le voyageur me parle avec enthousias-
me de l' oeuvre magnifique accomplie par la
France en Indochine, et qui contribue gran-
dement au mieux être de populations vouées
avant nous à toutes les misères du moyen âge.
Une vague odeur de cuisine me rappelle, ce
couvert, le déjeuner sur un coin du fourneau.
tes invités dans le salon.
J'enregistre le prochain voyage de M. Marc
Chadourne en Tunisie et je me sauve, ensorce-
lée, moi aussi, par le chant du départ de Mal-
larmé et le « sourire du pâle Vasco. »
Marie-Louise Sicard.
1 M. Manceron est arrivé à Tunis
M. Manceron, résident général de France
en Tunisie, complètement rétabli de son récent
et léger accident, a ouitté Paris, mardi à
19 h. 30, à destination de Marseille, ainsi que
nous l'avions déjà annoncé.
Il avait été reçu, dans l'après-midi, au
Quai d'Orsay, par M. Briand, ministre des
Affaires étrangères.
M. Manceron arrivé à Tunis, a repris
immédiatement à la Résidence, la direction des
affaires de la Régence.
Exposition de peintures tunisiennes
0*0
Le peintre officiel de la famille du bey de
Tunis, M. Yahia, vient d'ouvrir à la Galerie
Tedesco frères, une exposition de remarquables
toiles où se retrouvent tout le charme oriental.
la splendeur et le pittoresque de la Tunisie.
Un deuil dans la famille
du Sultan du Maroc
l
Moulay El gébir, oncle du sultan Sidi
Mohammed et frère du défunt suhan Moulay
Youssef est dlcédé. Les obsèques musulma-
nes ont été célébrées mardi matin avec une
grande pompe.
RUE OUDINOT
•+« -
Hommage aux coloniaux
tombés au champ d'honneur
M. Maginot, Ministre des Colonies par in-
térim, a déposé mardi matin, rue Oudinot,
une palme devant la plaque commémorative
sur laquelle sont gravés les noms des agents
et fonctionnaires coloniaux tombés au champ
d'honneur.
M. Maginot a prononcé ensuite quelques
paroles émues à la mémoire de ces glorieux
morts. ,
4««i
LENDEMAIN D ARMISTICE
Le soldat noir inconnu
C'est un petit village, non loin de Crépy,
de Moulin-sous-Touvent, ces noms d'héroï-
que et sinistre mémoire l A quelques kilomè-
tres de Rethondes-Armistice. Paul Fort, en
une ballade délicieuse, l'a chanté ce tout
petit village, bourg féodal, embrassé de fos-
sés où passe le rû chanteur ; clairière de
forêt triste aujourd'hui, sous le ciel d'hiver
vaseux comme une eau morte.
Le cimetière ouvre si-r la place, si proche
de l'église, de l'école-mairie, de la pompe
communale, du jeu de boules, que l'accord
est parfait entre le chant des laveuses et
l'hymne du Repos qui monte des tombes
fleurics. Et les morts vieillissent doucement
en liaison constante avec toutes les maisons
couleur de vieux puits, tandis que l'heure
sonne, que la poule glousse, que l'herbe
pousse.
C'est dans ce village de l'Ile de France,
que vint mourir ce soldat noir inconnu, dont
un tertre surmonté d'une croix h mort pour
la France » évoque seul la fugitive exis-
tence.
Au matin du Il novembre, tandis que je
cherchais le nom absent, une fillette chargée
d'un panier rempli de frais chrysanthèmes
et de Heurs en celluloïd, armé d'un balai de
genêts, s'était mise à nettoyer, à fleurir cette
tombe. La petite était blanche, rose, des
cheveux de chanvre, des yeux de bleuets.
Elle balayait, arrosait, ratissait ; les menot-
tes faisaient avec tant de zèle, ce ménage
mortuaire, que je me mis à l'aider. « Faut
pas vous salir les mains. toujours c'est ma-
man qui fait la toilette du soldat noir ; au-
jourd'hui, à cause d'une vache malade, elle
est restée à la maison. Elles sont belles,
hein, les roses peintes? On les lui met les
jours de fêtes ; les fleurs du jardin, on les
laisse jusqu'à ce qu'elles soient fanées, mais
les « celloïd » je vais les rentrer ce soir
crainte de la pluie. On les lui remettra le
jour du 14 Juillet, c'est sa fête à lui aussi.
C'est bien contrariant qu'on ne sait pas
comment il s'appelle, pas même son nom du
calendrier. »
Ton papa, ta maman ne le connais-
saient pas ?
Paraît que non ; il venait des pays de
là-bas, si près du soleil qu'il fait toujours
chaud. Chez nous, dans un tiroir de com-
mode, maman a rangé un bout de collier
rouge qu'il avait autour du cou.
Nous avons fini d'embellir la tombe et
chacun en revenant de voir « ses morts »
s'arrêtait près du soldat noir inconnu. un
salut, un signe de croix.
La petite aux cheveux de chanvre se-
couait son tablier, enlevait ses sabots :
Je rentre pour le midi. Des fois que
ça vous ferait plaisir, maman peut vous
dire son histoire. Notre maison est passé
le poste forestier du Landeblin. Si vous avez
',un vélo et par le rcccourci on y sera dans
dix minutes.
l' .1 '1 Il 1.
Son histoire!.
Ma pauvre demoiselle, on a jamais
su d'où qu'il venait, qui qu'il était.
Un soir d'octobre 1914, -le canon tonnait
que j'en étais sourde ; tandis que je faisais
du bois en bordure de forêt, tenez, près de
ce trou où que les cerfs vont boire, j'ai
trouvé ce jeune soldat nègre à moitié mort
et quasi nu.
-- Pas de papiers, pas de bracelet d'iden-
tité ?
Hien, il avait reçu un éclat d'obus
dans la poitrine. Vers ce même temps,
beaucoup de noirs tenaient la ligne de feu
dans les carrières de la plaine d'Attichy.
C'était un enfer aussi de l'autre côté de
Noyon.
Probable que celui-là, blesse, s'est perdu
dans nos parages. Avec une voisine, on l'a
transporté ici. Le temps que j'allume une
flambée pour le réchauffer il était déjà passé.
Tenez, voilà le collier de grains rouges
qu'il avait autour du cou. Je l'ai gardé des
fois qu'un autre l'aurait reconnu. Fallait
peut être l'envoyer à sa mère, à sa femme?
rotis, on ne connaît personne de l'autre
côté de l'eau. Après, on a été évacué, on a
plus pensé qu'à sauver sa propre vie.
Et la brave femme semble s'excuser de
ne pas avoir fouillé toute l'Afrique pour re-
trouver le village du soldat noir inconnu.
–# Comme de juste, on entretient sa
tombe, ça prend la place de mes deux frères
qui sont disparus l'un sur le front de Cham-
pagne, l'autre à Verdun. La couleur ça n'y
fait rien.
., Il '1 '1
Sous le vent farouche et dur, la forêt se
lamente et pleure infiniment. Je pense à la
monstrueuse sauvagerie des hommes civili-
sés, qui refusent de désarmer.
Dinah.
Mort de M. G. Brossette
-
M. (i. Hrossette, propiiétaire d'une bril-
lante écurie de courses, est décédé subite-
ment mardi matin.
Ses couleurs casaque noire pois jaunes.
manches et toque noi res, firent leur
première apparition en i (ffl, avec Claire-
fontaine 11, Mosquito et Lacadec.
Maurienne, qui lui appartenait, g-agna en
TOio le prix Juigné.
Emile Duffoure, l'entraîneur bien connu
de Maisons-T.affitte, avait alors 1a direction
de son écurie.
M. G. Rrossette qui, depuis plusieurs an-
nées, nfaisait de longs sé jours en Algérie,
avait été appelé, en H),'\O, à la vice prési-
dence do la Société des courses d'Alger.
Un mauvais souvenir
t 1
Ne précisons pas, il s'agissait d'une très im-
portante manifestation coloniale où nous fîmes
connaissance avec les talents policiers de M.
Chiappe.
Le temple d'Angkor vit des invités de tout
premier choix traités avec un m inimum.
d'égards inacceptables et une éminente person-
nalité étrangère, prise dans la tornade d'un
barrage d'agents rompu.
Ce Ministre, hôte de la France, se retrouva.
déporté, à la Guyane.
Or, c'est dans les mêmes conditions de servi-
ce d'ordre inorganisé, que M. Laval, prési-
dent du Conseil, fut reçu à Paris, retour
d'Amérique.
On peut donc dire, que sous toutes les lati-
tudes géographiques et politiques, M. Chiappe
a fourni les preuves de son incompétence sur la
voie publique.
« Ce n était pas la peine, ce n était pas la
peine, ce n'était pas la peine, ânon, vraiment »,
de jeter un encrier à la tête du fonctionnaire
« de la boîte » qui ne faisait que colporter ce
que sait depuis longtemps, le monde entier réu-
ni à Vincennes.
J. Aytet.
Condoléances aux fils
du roi de Luang-Prabang
A la suite du naufrage qui eut lieu le 27 oc-
tobre dans les eaux du Mékong, et dans lequel
onze membres de la famille royale périrent, le
préfet de l'Hérault, M. Rochard, est allé pré-
senter, au lycée de Montpellier, les condoléan-
ces du gouvernement aux trois fils du roi de
Luang. Ces jeunes gens suivent les cours du ly-
cée de Montpellier depuis plusieurs années.
L'antenne coloniale
«+•
A Radio Saigon
La Compagnic indochinoise de radiophonie
informe que son poste de Saigon fait actucl.
lement des essais sur 25.465 m. avec un nou-
vel émetteur. Comme celui travaillant sur
49.050 m., ce nouveau poste est stabilisé par
quartz et transmet avec une puissance de
12 kilowatts. Ces émissions ont lieu tous les
vendre d is, de 15 h. 30 à 15 h. 50.
\,clldrcdÚ;, de 1 5 h, 3° 15 h. 50.
Le voyage de M. Paul Reynaud
en Indochine
.'T
(De notre envoyé spécial.)
Me voici sur le plateau de Lang-Bian.
Une série de réceptions auront pris la
majeure partie du temps de M. Paul Rey-
naud à. Pnom l'enh. Le ministre aura
au surplus visité Angkor, sera revenu en
hydravion à Saigon et, tout son monde tou-
jours derrière lui, le voici depuis hier en
terre d'Annam, trop tôt encore pour que je
puisse vous parler de ses faits et gestes
dans ce dernier pays.
Du Cambodge je ne voudrais dire que
quelques mots pour en revenir plus vite à
l'examen de ces problèmes cochinchinois
dont je vous entretenais l'autre jour. Non
pas que la visite ministérielle n'y ait pas été
appréciée. Les somptueuses et si pittoresques
cérémonies qui se sont déroulées au palais
du roi Siso\\ath Monivong ont au contraire
été le meilleur indice de l'intérèt que les
dirigeants du royaume prenaient à recevoir
l'envoyé du gouvernement français. Car le
Cambodge, comme les autres pays de la créa-
tion, le mot n'est pas trop fort, souffre éga-
lement de la crise et l'année à venir suscite
de graves inquiétudes, notamment au point
de vue de la rentrée des impôts. Mais ce
n'est là qu'un aspect particulier d'un pro-
blème universel. A vrai dire, il n'y a pas de
crise cambodgienne proprement dite, pas
plus sociale qu'économique.
Le caractère heureux des habitants de ce
sympathique pays fait plaisir à voir.
Phnom-Penh et Angkor auront donc été des
étapes reposantes pour l'esprit, davantage
préoccupé des merveilles qui y sont accu-
mulées.
Le nœud de la question pour le ministre
reste donc toujours jusqu'ici à Saigon, abs-
traction faite des modifications dans son ju-
gement qui résulteront peut-être pour lui,
ces jours prochains, de son voyage vers le
Nord.
A vrai dire, en Indochine je crois vous
l'avoir indiqué, IL problème est encore plus
social qu'économique.
Pour l'instant l'économique prime par son
urgence. Mais je ne serais pas surpris qu'au
fond le ministre pensât qu'il ne prime pas
plus que dans d'autres parties du monde,
peut-être moins. De toutes façons tout le
monde est d'accord pour incriminer, outre
la irise contre laquelle personne ne peut
rien, la mauvaise distribution des t rédits.
Une fois cette question résolue et appliquées
également les mesures de standardisation
dos riz actuellement à l'étude, les Pouvoirs
publics auront fait tout ce qu'ils avaient à
faire dans cette occasion. Ensuite la. sélec-
tion naturelle jouera librement!
Mais le problème social. Le problème so-
cial c'est celui de ce fameux fossé franco-
annamite dont on atteste périodiquement
qu'il n'existe plus, preuve qu'il existe tou-
jours. C'est donc à la fois le problème des
Français et des Annamites. C'est le pro-
blème, pour certains du principe, pour les
autres des conditions de notre colonisation
Des premiers, il est permis de n'avoir nul
souci. L'Union Indochinoise n'existe et ne
se maintient que par la France.
Avec les seconds, il faut faire plus atten-
tion.
Dan quelle mesuré doit on tenir compta
des critiques adressées à la France pour
le plus grand bien de l'Indochine et de la
France, tout n'est-il pas là? F.t en par-
ticulier jusqu'à quel point ch-vons-noufi cé-
der immédiatement, si nous devons seule-
ment céder, aux revendications plus ou
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