Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-11-03
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 novembre 1931 03 novembre 1931
Description : 1931/11/03 (A32,N149). 1931/11/03 (A32,N149).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380419m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TnBNTK-DKUXlËMlî ANNEE. No 149. LE NUMERO : W CENTIMES M AUDI SOIn. 3 N<»V IVMBUK mi.
JOURRAL OUOTIDIER
Rédaction & Administration :
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PARIS CI")
TtliPH. : LOUVRE 19-37
RICHELIEU «7-84
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Bilan provisoire
de l'Exposition Coloniale
v -a.1:1 m
L'Exposition Coloniale va prochainement
fermer ses portes et, en dépit de toutes les
pétitions lancées par un nombre imposant de
protestataires, il est probable que cette fer-
meture sera définitive.
L'heure va donc bientôt sonner où il fau-
dra dresser un bilan sincère de cette grande
manifestation qui a incontestablement connu
un immense succès de curiosité, dépassant de
fort loin toutes les espérances. Sous peu,
nous aurons sans doute en mains toutes les
données utiles à l'établissement de ce bilan.
Mais, en attendant, il nous est loisible
d'établir un compte provisoire des avantages
que l'Exposition Coloniale a procurés au bon
peuple de France.
Tout d'ahord, il n'est pas douteux qu'elle
a été pour lui une exceptionnelle occasion
d'apprendre la géographie et de se documen-
ter sur l'importance de nos richesses colo-
niales. Il saura désormais qu'il est un des
grands propriétaires fonciers du monde et
que sur ses terres le soleil ne se couche ja-
mais. Cette constatation réconfortante lui ai-
dera, souhaitons-le tout au moins, à suppor-
ter, sinon avec allégresse, tout au moins avec
résignation, les dures privations que le som-
bre hiver qui commence va inéluctablement
lui apporter ! Propriétaire de clos fameux,
jusqu'alors insoupçonnés, et qui ont nom :
Indochine, Madagascar, A.O.F., A.E.F.,
Antilles, Guyane, Nouvelle-Calédonie ou
Algérie, Tunisie, Maroc, il aura, lorsque la
mévente de son blé, de son vin, de ses bette-
raves, de son bétail, de ses primeurs l'éprou-
vera, lorsque le chômage le frappera, la
consolation de penser que ses précieux biens
qu'il détient au delà des mers ruissellent de
,riz, de caoutchouc, d'essences forestières, de
cannes à sucre, de plants oléifères, de fruits
délicieux, etc. Si le mirage des richesses loin-
taines, dont il aura eu un aperçu dans son
périple autour du lac de Vincennes, lui fait
oublier un peu sa détresse présente, l'Expo-
aition Coloniale aura eu tout de même du
bon.
Elle daura pas non plus été inutile si c l le
a arraché un tantinet le peuple de France à
ses habitudes casanières et si elle lui a re-
donné le goût des aventures et des beaux
voyages, ou tout au moins la volonté d'aller
lUI leS-terres lointaines déployer sa robuste
énergie et y faire fructifier les richesses la-
tentes. Nous le croyons, ce résultat a été at-
teint et beaucoup de jeunes gens exaltés par
le spectacle de l'Exposition rêvent d'aller
tenter fortune au delà des mers. Seulement.
malgré leurs persévérantes recherches, ils
n'ot pas pu trouver l'entrée de cette Ecole
'du futur colonisateur qu'on aurait bien dû
créer et installer tout à côté de la Cité des
Informations. Ils auraient appris là qu'il est
aussi difficile de trouver une occupation lu-
crative dans la France d'outre-mer que dans
la métropole même, que les capitaux que
l'on y investit fondent aussi vite entre les
tropiques que sous le 450 de latitude Nord,
et que même lorsqu'on a réussi, à la force du
poignet, à se créer bien loin une honnête si-
tuation, on n'a pas toujours conquis pour
cela une bienheureuse tranquillité, car il faut
-- quelquefois compter avec les vexations et
les tracasseries de certains petits tyranneaux
à la Juvanon.
L'Exposition Coloniale n'a pas eu seule-
ment pour but de faire connaître aux Fran-
çais l'importance de nos richesses d'outre-
mer. Elle a eu ce résultat également d'ap-
prendre à toutes les nations que la France
avait un immense empire colonial, que cet
empire était fabuleusement riche et que le
coq gaulois avait été faussement accusé de
se ) :urner à gratter le sable. Nul n'ignore
maintenant, pas plus au delà du Rhin qu'au
delà des Alpes, que le Français s'est taillé
dans le vaste univers une bien grande et bien
belle part.
Nous ferions preuve de partialité si, dans
ces rapides réflexions, nous nous bornions à
constater que l'Exposition Coloniale a eu
surtout pour résultats généraux d'instruire
notre bon peuple et de lui donner une haute
idée de sa fortune, d'exalter le goût des en-
treprises lointaines chez nos jeunes gens.
L'Exposition a eu pour beaucoup des effets
heureux plus immédiats et plus tangibles.
Elle en a eu pour nos bons commerçants pa-
risiens qui ont vu depuis six mois, avec un
sourire sans cesse accru, déferler sur la ca-
pitale, en flots toujours plus serrés, provin-
ciaux et étrangers au portefeuille rebondi ;
ainsi le marasme économique leur aura été
épargné pendant l'estivale saison. Elle en a
eu aussi pour les innombrables gagne-petit
qui grouillent autour du lac de Vincennes, et
que la fermeture de l'Exposition plongera
peut-être dans l'enfer du chômage. Cette fer-
meture sera déplorée davantage encore par
la cohorte imposante des gros entrepreneurs
de travaux et par celle des courtiers en pu-
blicité : leur désespoir sera à la mesure des
bénéfices réalisés.
Et tout cela n'est pas négligeable 1 Même
provisoire, le bilan de l'Exposition Coloniale
a tout de même quelque chose cîe substantiel
à faire figurer à son actif.
Georges Nouelle,
député de Saône-ct-Loire,
Vice-président de la Commission des Colonies,
Vice-président de la Commission des Mines.
Au Conseil d Étant
Au Conseil du Contentieux de l'Indochine
Le Conseil d'Etat a rendu un arrêt et
ce, à la requête du Gouvernement Généra'l
de l'Indochine annulant un arrêté du
Conseil administratif du Contentieux de
l'Indochine siégeant à Saigon, en date du
17 octobre 1928, condamnant le gouverne-
ment général à accorder à M. Sioco, inscrit
maritime, le bénéfice de l'abonnement de sa
pension, dans les conditions établies par
l'arrêté du gouverneur général en date du
19 avril 1927.
Attendu qu'aux termes dudit arrêté, en
date du 19 avril 1927, le régime de 'i'abon-
nement des pensions s'étend aux arrérages
des pensions civiles et militaires, et de la
marine de toutes catégories dont les titulai-
res. francais de naissance ou par naturalisa
tion, - résidant - en Indochine que si cette dis-
position a eu pour effet d'ouvrir le droit
au bénéfice de l'abonnement de leur pension
au profit des fonctionnaires civils et des mi-
litaires des armées de terre et de mer, ainsi
qu'à leurs ayants-cause, lorsqu'ils remplis-
sent, par ailleurs, les conditions énumérées
4 à l'arrêté susvisé.
Ellie n'a pas eu pour conséquence de confé-
rer un semblable droit aux anciens inscrits
maritimes titulaires de pensions servies par
la caisse des Invalides de la Marine.
Cette haute iuridiction a adopte :
t" Un projet de décret tendant à rendre
applicable à l'Algérie le décret du 20 mars
1930 sur l'importation, le commerce et l'usa-
* ge des substances vénéneuses ;
20 Un projet de décret, autorisant la ces-
sion à l'Algérie de l'immeuble « Infirmerie-
« Sanatorium de Birtraria », à Alger ;
30 Un projet de décret prorogeant le délai
des expropriations nécessaires à la construc-
tion du barrage-réservoir de Zardezas sur
l'Oued-Saf-Saf (Constantine) ;
40 Un projet de décret portant revision
du tarif des droits et émoluments dus aux
interprètes judiciaires en Algérie.
lie
,.
Mort du Gouverneur général Richard
M. Henri Richard, gouverneur général des
Colonies, en retraite, vient de mourir, à
l'âge fin 52 ans, après une longue maladie.
Né cm) 1 S/c> à Constantine, M. Richard
avait été. nommé administrateur en Indochi-
ne en iqoH. Chef de cabinet du gouverneur
de l'A. O. K. en 1017, administrateur en
chef en loto, gouverneur en 1023, fut nom-
mé à la Martinique, où il resta jusqu'en
1925, date à laquelle, s'étant embarquépour
un congé en France sur le « Pellerm-de-
Latouche », il fut victime d'un attentat.
Un individu tira dans sa direction six balles
de revolver, dont quatre l'atteignirent griè-
vement au point de l'obliger à prendre sa
retraite peu après. Il devint alors adminis-
trateur de la banque de l'A. O. F.
Dépêches de ttlndochine
Trésorier indélicat
Un trésorier à Hanoi a détourné, en deux
ans, 419.085 iratws puisés dans la caisse du
régiment qu'il administrait.
Ce capitaine-trésorier (lit 4,1 régiment d'ar-
tillerie coloniale menait grande vie.
Auant été en proie d une grande dépres-
sion mentale qui avait nécessité son liospi-
talisation, il fut remplacé par le trésorier-
adjoint. Celui-ci ne tarda pas à constater
un déficit de mille piastres dans la caisse
du régiment. Le colonel en lut avisé qui or-
donna line vérification des écritures, et
c'est ainsi qu'on découvrit les détourne-
ments de L'officier.
Une enquête a été aussitôt ouverte.
AU SIAM
Au Conseil Suprême
Le prince Purachatra Kambacngbejra,
ministre du Commerce et des Communica-
tions et le prince Devavongsi Varodotta,
ministre des Affaires étrangères ont été
nommés membres du Conseil Suprême. Le
prince Purachatra est bien connu en
France où il a récemment fait un long sé-
jour.
La situation monétaire au 30 septembre
Circulation des. billets, 135.870 ticaux.
Béserves, 113.4-i0.20? ticaux.
Pour cette énaluation, la réserve en li-
vres sterling déposée à Londres est calcu-
lée en ticaux, crossrate. lAtndres et Neie-
York an 30 septembre ; valeur de l'or-lical:
C.6657 gr. d'or fin.
Le commerce au Siam
Le total des importations de Bangkok en
septembre a atteint 7.823.000 ticaux et le
total des exportations 7.821.Nii.
Les exportations de riz de. Bangkok en
septembre atteignent 72.258 tonnes.
Le total des exportations du ler janvier
1111. 30 septembre est de 908.770 tonnes.
-
Les effets de l'éruption
du volcan de la Réunion
04*
Nous avons déjà relaté certains effets de la
dernière éruption du volcan de la Réunion.
On nous signale aujourd'hui un autre phéno-
mène dû probablement à la même cause.
La plage de galets roulés dont est constitué
le littoral de la partie du Vent, a été recou-
verte dans la région de Saint-Deni s par une
épaisse couche de sable fin sur laquelle les flots
qui naguère déferlaient en grosses volutes, vien-
nent mourir doucement.
De l'Exposition doit dater
une nouvelle mentalité
ltak
/•..vposition Colonia
le aura remis les
colonies à la mo-
de. Cela ne suffit,
pas pour assurer
leur prospérité.
L' opinion leur a
déjà décerné la vedette sans que rien de bien
décisif en résultât.
Après la guerre, des boulevards de Paris
aux cercles de sous-préfectures et aux cafés
du commerce des chefs-lieux de canton, on
a répété que les colomes referaient la
France. Seulement, on a oublié de faire les
colonies. Le développement que celles-ci ont
pris et dont l'Exposition permet de se con-
vaincre, elles l'ont dû à leurs seuls moyens
intrinsèques et à Vénergie d'administrateurs
que la Métropole ignorait quand elle ne
contrariait pas leur effort.
La grande impulsion d'ensemble ne s'est
jamais avérée dans l'œuvre coloniale. A ce
point de vue, l'Exposition, avec tout soit
succès, loin d'être une apothéose, serait plu-
tôt un remords.
Souhaitons seulement qu'elle soit un point
de départ pour l'action nécessaire, action
qui doit s'af firmer à la fois du côté de
l'illitiative privée et du côté des dirigeants
de l'Etat.
En ce qui concerne /initiative, elle devra
s'inspirer des compétences et non se préoc-
cuper trop uniquement de spéculation. Les
entreprises coloniales peuvent et doivent être
de boit rapport. mats à condition d'être
d'abord bien étudiées sur place Pdr dc s
com pétences.
Ur, dans la période qui ci suivi la guerre,
beaucoup de ces entreprises ont été combi-
liées dans des bureaux d'affaires, éi Paris.
avant d'être transportées sur le terrain que
l'on prétendait contraindre à s'adapter aux
modalités présentées pour séduire comman-
ditaires ou souscripteurs.
Ne citons comme exemples que les créa-
tions onéreuses de grandes usines d'égre-
nage de coton dans des régions où la cul-
ture de cette flante, si la nature du sol et
le climat ne l interdisent pas folmellemmt,
ne saurait du moins être rcmunératrice. Ces
usines s'élèvent inertes, avec leur précieux
outillage inutile, n'ayant jamais vu venir la
matière qui devait les animer. N'était-il pas
élémentaire de s'assurer d'abord des condi-
tiOllS, non seulement agricoles, mais écono-
iniques de la culture indispensable à leur
viet Oui, mais, alors, pas d. appel aux capi-
taux, pas d'émissions, partant pas de com-
missiolist
C'est, par des opérations de ce genre que
l'on détourne le capital de celles d'un meil-
leur aloi où il trouverait la juste compensa-
liolt de ses risques. Quant au Gouvernement,
quant au ParLemcllt. il faut qu'ils arrivent,
à com prendre que si la Erance veut à bon
droit récolter de riches moissons sur son
domaine colonial, elle doit comme/lccr par
défricher et ensemencer le sol vierge sur
lequel elles germeraient.
Sons l'avons dit, la prospérité relative de
chacune de nos colonies est son œuvre par-
ticulière. Ce n'est pas assez. Il y a de
grands travaux, des ports, des voies fer-
rées, des routes, auxquels le commerce de la
Métropole n'est pas moins intéressé que la
colonie. Il appartient à la Métropole de
participer largement aux sacrifices qu'ils
exigellt, trop lourds pour un pays où tout
est à faire.
D'autre part, la France doit condamner
tout vestige de cet élat d'esprit qui procède
de la lamentable mentalité par laquelle
l Espagne a perdu le plus magnifique 011- !
pire colonial du monde en exigeant de ses
possessions exotiques qu'elles payent tribut
à la Métropole sans que leurs propres avan-
tages entrent jamais en compte. N'est-ce
point ce que l'on fait en interdisant aux
colonies certaines cultures auxquelles elles
sont particulièremclltproprcs, parce que
leur succès gênerait des traditions qu un
égoisine local prétend ériger en monopole!
Si les forces latentes que révèle l'Expo-
sition dans notre monde colonial peuvent
susciter chez ses visiteurs innombrables des
réflexions capables de leur faire admettre
les larges vues d'ensemble qui permettront
d'en tirer tout le parti dont elles sont sus-
ceptibles, ce sera le plus beau titre de cette
manif estatio/Z au souvenir de la France.
Ernest Haudos,
Sénateur de la Marne,
Vice-Président de la Commission
des Douanes.
--
Typographie coloniale
Sait-on qu'il existe en Indochine une typo-
graphie inventée de toutes pièces, celle du
quôc-ngu. ,
Le quôc-ngu est une torme spéciale de la
typographie qui s'emploie en Indochine, Le
quôc-ngu est la transcription de l' annamite
parlé en caractères romains. Mais la pronon-
ciation annamite est telle que beaucoup de ces
lettres romaines doivent être complétées par
des accents et par des signes particuliers.
Actucllement, il y a vingt-deux journaux
ou périodiques imprimés en quôc-ngu, dont le
plus important est le « Tied-Da )) ou « La
Voix du Peuple » paraissant à Hué, capi-
tale de l'Annam ; vient ensuite la revue
« Nam-Phong », qui contient quelques pages
imprimées en français et en chinois, mais dont
le corps principal est écrit et imprimé eg
quôc-ngu.
Mentionnons aussi au Japon le moyen de
remplacer par un alphabet dérivé de l'alpha-
bet occidental les si difficiles caractères japo-
nais.
DSPART
M. Lucien Saint est parti pour le Maroc
via Madrid
M. Lucien Saint, résident général de Fran-
ce au Maroc, a quitté Paris dimanche soir, à
19 h. 20, par la gare d'Orsay, pour rejoindre
son poste.
Il regagne le Maroc par l' Espagne et doit,
au cours d'un bref séjour à Madrid, prendre
contact avec le nouveau gouvernement espa-
gnol, notamment avec M. Azana, président du
conseil, et M. Lerroux, ministre des Affaires
étrangères, qui, à plusieurs reprises, avait
exprimé son intention de se rendre en zone ma-
rocaine espagnole et de se rencontrer avec le
Résident général français.
Ces entretiens auront trait probablement aux
intérêts communs de la France et de l'Espagne
au Maroc et aux meilleures méthodes à suivre
pour continuer à assurer la collaboration étroite
et confiante entre les deux puissances.
M. Lucien Saint s' est, à Paris, entretenu
avec les membres du gouvernement français,
notamment de la question du contingentement
des blés marocains et des problèmes miniers.
M. Saint a été salué à son départ de Paris
par de nombreuses personnalités parisiennes et
marocaines. On remarquait notamment sur le
quai de la gare : MM. Victor Berti, commis-
saire-adjoint de l'Exposition Coloniale ; Bran-
ly, directeur des Finances du Maroc ; le ca-
pitaine Durosoy, représentant le maréchal
Lyautey ; le colonel de Saint-Maurice, repré-
sentant M. Carde ; MM. Nacivet, directeur,
et Mourey, sous-directeur de l'Office du Ma-
roc ; Gérard, directeur de l'Office de l'Algé-
rie ; Labonne, secrétaire général de la Rési-
dence, ainsi que de nombreux amis personnels
du Résident général.
M. Lucien Saint à Madrid
M. Saint, résident général au Maroc fran-
çais est arrivé hier soir à Madrid à 20 heures.
Il était accompagné du commandant Juin,
chef de son cabinet militaire. Dans le même
train voyageait M. Danvila, ambassadeur d'Es-
pagne à Paris, qui vient à Madrid pour avoir
quelques conversations avec son gouvernement.
Les voyageurs ont été reçus sur le quai de la
fare par M. Heibette, ambassadeur de
rance ; M. Barrois, conseiller ; le haut per-
sonnel de l' ambassade ; M. Agramonte, sous-
secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères ; M.
Madariaga, ambassadeur d'Espagne à
Washington, et de nombreuses personnalités
politiques espagnoles.
Le général Naulin
inspecte au Maroc
Poursuivant son inspection, le général Nau-
lin, membre du conseil supérieur de la guerre,
a visité dimanche le camp de Sker et le cer-
c le du haut Ouergha.
Le général a admiré le brillant développe-
ment agricole des pays de l' Ouergha, qu'il
sauva en 1926 de 1 emprise rifaine.
.Ia 1
Pour une protection élargie
de la production coloniale
-
Dans sa séance du 2S août dernier la
Chambre de Commerce de Majunga s'est oc-
cupée de la production en coprah dans la
Grande Ile.
Dès 1921, le Gouverneur Général conseil-
lait aux Colons l'intensification de la culture
des cocotiers, et ceux qui ont suivi rc
conseil de tous leurs efforts se trouvent au-
jourd'hui dans une situation précaire, les
frais de production étant supérieurs aux ré-
sultats de réalisation.
!.'Assemblée estimant qu'effectivement la
situation de ce produit doit être soutenue au
même titre que d'autres produits a émis le
vœu que le coprah soit protégé.
Venant à la rescousse, et faisant remar-
quer qu'aucun produit de la Côte Ouest ne
jouit d'une protection, un membre de l'As-
semblée a fait adopter un autre vœu tendant
à élargir la protection aux autres produits de
la région.
Il n'y a aucune raison désormais pour que
les autres Chambres de Commerce de l'lle
n'élèvent des prétentions identiques, et que
cet exemple ne soit imité par toutes nos colo-
nies pour toutes leurs denrées d'exportation.
Et comme ces denrées ont leurs similaires
dans les colonies étrangères dont nous som-
mes aussi les clients, la barrière douanière
dont la métropole ne cesse de s'entourer,
s 'éleverait d'un nouvel étage.
Mais quelle serait notre situation si, réa-
gissant contre cette tendance les nations qui
achètent à nos colonies usaient, elles aussi
de représailles.
Rien n'illustre mieux le chaos de contra-
dictions où nous sommes, que la position
prise par les commerçants de Majunga.
Ces derniers pourtant ne sont-ils pas dans
la logique ? Et les cuirs et les coprahs mal-
gaches ne présentent-ils pas un intérêt égal
à celui du tapioca, du café et du caout-
chouc ?
Quand on s'oriente sur certaines pentes, il
est bien difficile de s'arrêter.
Mais alors de quel droit jeter feu et flam-
me à l'annonce que l'Angleterre projette des
tarifs prohibitifs contre nos articles de luxe,
à cette époque de gêne où le luxe est précisé-
ment ce dont il conviendrait de se passer.
P.-C. Georges François,
Gouverneur honoraire des Colonies.
L'RE EN SECONDE PAGE :
A l'Union Coloniale
A l'Exposition Coloniale.
T,' vintion coloniale.
le Sénégal en 1931
1" »
Les emplois du manioc
La variété de manioc qui pousse au Séné-
gal appartenant aux espèces douces, et son tu-
bercule pouvant par suite être consommé sans
inconvénient à l'état frais, de plus le fait qu'on
peut le récolter pendant les mois de la « sou-
dure », comme nous l'avons déjà dit, tout ce-
la devait forcément attirer l'attention de l'Ad-
ministration, justement préoccupée par la me-
nace de disette qui se produit a chaque cam-
pagne vers cette époque de l'année. Elle s'est
donc imposée des sacrifices pour créer ou dé-
velopper dans les villages la culture de cette
plante si intéressante.
La première question à résoudre était celle
des boutures nécessaires. Il les fallait nombreu-
ses et de bonne qualité. Heureusement une des
quatre plantations ou exploitations européennes
installées au Sénégal s'est livrée depuis sa
fondation, qui remonte à quelques années dé-
jà, à la culture du manioc. Elle a sélectionné
de très bonnes variétés, et mis en culture plu-
sieurs centaines d'hectares. Son centre d'ex-
ploitation est près de Kaolack, dans cette ré-
gion du Saloum qui est incontestablement l'une
des plus riches du Sénégal. Par suite d'er-
reurs commises au début, ainsi que cela se pro-
duit souvent dans les entreprises nouvelles en
pays neuf, et ensuite comme conséquence de
la crise mondiale sur les matières premières,
les résultats financiers de cette affaire n'ont
peut-être pas été, dit-on, aussi satisfaisants que
ses promoteurs l'auraient désiré ; mais, au
point de vue qui nous occupe, c'est-à-dire, la
sélection d'une très bonne variété de manioc,
on ne pouvait pas mieux réussir.
L'Administration a donc pu se procurer là
de nombreuses boutures lui donnant tous apai-
sements. Depuis deux ou trois ans, elle en a
acquis plusieurs centaines de mille, et les a
données aux chefs de villages les plus intelli-
gents. Ceux-ci ont bien compris l'utilité, pour
eux et pour leurs concitoyens de la culture à
laquelle on les conviait. Ils - étaient -- d'ailleurs
fixés sur la bonté de l'aliment puisqu on cultive
la plante dans le haut fleuve, et que sur la
concession de Kaolack, chaque nuit les vols
commi s par des riverains affamés étaient nom-
breux, ce qui démontrait, tout au moins, que
les gens des environs se rendaient pleinement
compte de la valeur alimentaire de ces tuber-
cules. On peut donc espérer légitimement que
la culture du manioc va prendre chez les noirs
du Sénégal un accroissement rapide et que
dans quelques campagnes, ils seront à l'abri de
la disette annuelle. C'est déjà un gros point.
Mais ce n' est pas tout. Le manioc peut être
consommé comme légume frais, mais il se
prête merveilleusement à d' autres emplois,
quand il a été séché et travaillé. On en fait
de la farine, ou on en isole la fécule.
La farine destinée à la consommation indi-
gène (et il faut habituer le Sénégalais à son
emploi) s'obtient avec des procédés presque
primitifs, et en tout cas très facilement. Elle
peut se consommer soit à l'état frais, soit
conservée.
Dans le premier cas voici comment on pro-
cède, notamment à la Guyane ou les indigènes
en font une grande consommation. Le tuber-
cule est lavé et pelé. On le réduit ensuite en
poudre grossière au moyen de râpes de forme
variable. Cette pulpe rapée et humide est in-
troduite dans des paniers cylindriques faits
avec la feuille de l'Arouma, et confectionnés
de telle sorte qu'ils sont relativement larges
et courts lorsque l'on introduit la farine mouil-
lée, mais qu'ils s'allongent et se rétrécissent
lorsque l'on opère une traction sur l'extrémité
inférieure du panier. Dans la partie supérieure
ils sont munis d'une poignée qui permet de les
suspendre verticalement.
Au bas du sac on attache des poids, et la
pression ainsi exercée sur les parois fait sortir
le liquide laiteux contenu dans la pulpe râpée.
Au Brésil la farine humide est mise dans
des tubes en métal perforés et est soumise à
une pression, soit faite à la main, soit mécani-
que, toujours pour évacuer le liquide, dont
elle est imbibée.
De toute façon la farine débarrassée de cet-
te humidité, est complètement desséchée et
ensuite pulvérisée. Elle est alors nritahle-
ment à l'état de farine plus ou moins grosse,
et on la consomme soit avec des haricots, soit
avec de la viande ou du poisson. Elle constitue
un aliment sain, nutritif, agréable au goût. Il
est évident que les Sénégalais s' y habitueront
rapidement et en deviendront aussi frianefs que
tous les habitants de la Guyane ou du Brésil
ou des Antilles.
Louis Le Barbier.
Sahara - Niger - Soudan
»♦«
Prochain départ d'une mission scientifique
M. Aug. Chevalier, professeur de botani-
que appliquée au Muséum national d'histoire
naturcllc, dont on connaît les nombreux et
précieux travaux sur l'exploration géogra-
phique de nos colonies et l'étude de leur vé-
gétation et de leur agriculture, va se rendre
bientôt en Afrique centrale, chargé d'une
nouvelle mission par M. Carde, gouverneur
général de l'Algérie et par M. Brévié, gnu-
verneur général de l'Afrique occidentale. La
mission placée sous le natronatre scientifi-
que du Muséum d'histoire naturelle et de
1 académie des sciences coloniales, visitera
tout d'abord les principaux oasis du Sud al-
gérien et en étudiera la végétation en re-
cherchant Is introductions de plantes utiles
qu'il y aurait lieu de tenter. Elle prendra
dans les oasis de la région de Riskra des bou-
tures de bonnes variétés de dattiers (deglet-
nour, etc.) pour les transporter vers le Sa-
hara soudanais où elles n'existent pas en-
core.
Le voyage" M. Paul Reynaud
Le M. Paul Reynaud
en Indochine
"'on -
Impressions de Cochinchine
;Dk \oiKE E\vn\i:. sn'ciAt.. )
La Cochinchine a fait, comme il fallait s' y
attendre, un accueil extrêmement sympathique
à M. Paul Heynaud, dont la venue symbolise
bien des espoirs, l'out le monde veut voir dans
la visite du premier Ministre des Colonies,
qui ait franchi le canal de Suez, le présage
d'un renouveau d'influence française en
Exlrême-Orient. pour le plus grand bien de
l'Union indochinoise tout entière.
- - - -- -
Suffisamment de journalistes de grande in-
formation m'entourent actuellement pour que
je me dispense de m'attarder sur le côté pitto-
resque du voyage du Ministre ; mes confrères
s' en chargeront mieux que moi et vous ra-
conteront par le menu ce qu'auront été ses di-
verses visites à Saigon. ses randonnées sous
une pluie incessante au travers de la Cochin-
chine, les cérémonies qu'il aura, chemin fai-
sant, présidées et enfin le charme de ces pre-
miers instants au Cambodge, d'où j'écris ac-
tuellement.
Pour moi, je voudrais essayer tout d'abord
de rappeler la portée exacte de ce voyage.
Car, en France, l'opinion publique qui s'émeut
trop souvent avec une facilité déconcertante,
n en a sans doute considéré l'utilité que sous
son angle habituel, à savoir : le Ministre est
allé enquêter sur la menace communiste, qui
s'adresse à l' I ndochine ? Ain^i entrevu, ce
voyage risque d'être remené à de trop étroites
proportions. On n enquête pas sur une « me-
nace communiste » (lans un pays où le commu-
nisme ne suppose surtout qUe une poignée
d'agitateurs. On enquête sur tout un ensem-
ble de faits et de facteurs tant politiques
qu économiques et sociaux qui font que les agi-
tateurs trouvent des hommes pour les suivre.
Et c'est ainsi seulement qu on peut futtfti
contre le mal.
Telle est la besogne à laquelle s'est consa-
cré M. Paul Reynaud. Elle est considérable.
Réussira-t-il à déceler et à imposer les solu-
tions adéquates, l' avenir le dira. Il n'est point
nécessaire d'espérer pour entreprendre. -- ni de
- - -- -
réussir pour persévérer.
Ce faisant le Minore, s'il parvient à ses
fins, fait encore plus et mieux. Il rassure en
effet, une opinion publique, dans la colonie.
inquiète et désorientée ; il ranime une foi vail-
lante; il remet en honneur les traditions d'une
saine et juste colonisation. Il fait enfin de l'In-
dochine le pays moderne qu'il commence à
devenir à certains points de vue et qui s'impose
à l'attention de ses voisins : ceux-ci, au sur-
plus, au travers de l' I ncbch ine, jugent r œu-
vre de la France et la France tout court- pré-
cisément au moment où le prestige de l'Angle-
terre, qui est celui de l'Europe, semble à son
déclin sur les bords du Pacifique.
Voilà tout ce qu' un pareil voyage peut ap-
porter de neuf et d'intéressant, à condition de
savoir oser et agir. Encore une fois M. Rey-
naud réussira-t-il ? L'évolution la nécessai-
re évolution indochinoise ne l'emportera-t-
elle pas plus loin qu'il ne voudrait aller. Toute
la difficulté est là.
Les débuts du voyage ont été prometteurs :
la gourme du gouvernement de Ceylan, le
charme de celui des Straits ont été, sous une
double forme, la même manifestation des sen-
timents contradictoires qui animent les âmes an-
glaises à l'écard de la France dans les circons-
tances actuelles. A Java, la réception a été
plus que chaleureuse. Dans tous ces lieux où
règne la consternation, la venue du Ministre
des Colonies de la République Française
car c est bien en cette occasion qu'il en faut
parler -- a été la haute signification qu'il exis-
te encore une nation qui n'abandonne ni ne
s'abandonne. A cet égard, succès complet.
C'était, et de beaucoup, le plus facile.
En Indochine, et particulièrement en Co-
chinchine, il en va tout autrement. Les Fran-
çais qui sont ici, s'ils sont heureux du prestige
de l'Indochine et de la France, dans les pays
qui les entourent, ont mieux à faire que cher-
cher à réhausser encore ce prestige. Ils ont
tout d'abord eu à faire qu'il soit une réalité :
ils ont maintenant à veiller à ce qu'il demeure.
Pour ceci, il n'est qu'une seule formule, travail.
ler : mais travailler à l'époque actuelle signi-
fie au moins autant vendre que produire. Et
l'un et l'autre exigent la paix sociale, c'est-à-
dire la collaboration des Français et des indi-
gènes.
Après avoir taillé 1 Indochine le « vête-
ment Il qui fait qu' elle peut 1 sortir dans le
monde o encore laut-il lui permettre de ga-
gner son argent cie poche et lui donner des le-
çons de maintien. Y persévérer au milieu des
dérèglements d' une société fléchissante n'est
pas précisément très aisé.
11 est donc permis aux avis d'être contradic-
toires, et de fait ils le sont. Que va faire le
Ministre, voilà ce que pensent et disent tous les
Indochinois ?
Les lecteurs des Anna/es Coloniales connais-
sent suffisamment la situation de la Cochinchine
pour que j' insiste. En deux mots, le riz se
vend mal et à des prix très bas. A défaut d'un
véritable communisme agissant, les esprits
houillomwnt et la pression conformiste et ami-
cale de I élite indigène se fait néanmoins tous
les jours plus lourdement sentir. Comment don-
ner à la fois satisfaction aux uns et aux alltrl,
promettre et maintenir, donner et retenir, voilà
votre tache, M. le Ministre. Ou si vous ju-
gez que les cadres et les formules actuels ne
répondent plus à des situations nouvelles, com-
ment et par quoi les remplacer ?
Mais sans aller si loin, il suffirait pour l'ins-
tant à M. Reynaud de se documenter. Le
gouverneur général Pasquier semble réellement
I y avoir aidé de tout son pouvoir et a mis son
propre cabinet à la disposition du Ministre s'ef-
JOURRAL OUOTIDIER
Rédaction & Administration :
34, RUI eu MMt-YtmMr
PARIS CI")
TtliPH. : LOUVRE 19-37
RICHELIEU «7-84
1--, d e s 1 Àdi niadllë 1 0
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Bilan provisoire
de l'Exposition Coloniale
v -a.1:1 m
L'Exposition Coloniale va prochainement
fermer ses portes et, en dépit de toutes les
pétitions lancées par un nombre imposant de
protestataires, il est probable que cette fer-
meture sera définitive.
L'heure va donc bientôt sonner où il fau-
dra dresser un bilan sincère de cette grande
manifestation qui a incontestablement connu
un immense succès de curiosité, dépassant de
fort loin toutes les espérances. Sous peu,
nous aurons sans doute en mains toutes les
données utiles à l'établissement de ce bilan.
Mais, en attendant, il nous est loisible
d'établir un compte provisoire des avantages
que l'Exposition Coloniale a procurés au bon
peuple de France.
Tout d'ahord, il n'est pas douteux qu'elle
a été pour lui une exceptionnelle occasion
d'apprendre la géographie et de se documen-
ter sur l'importance de nos richesses colo-
niales. Il saura désormais qu'il est un des
grands propriétaires fonciers du monde et
que sur ses terres le soleil ne se couche ja-
mais. Cette constatation réconfortante lui ai-
dera, souhaitons-le tout au moins, à suppor-
ter, sinon avec allégresse, tout au moins avec
résignation, les dures privations que le som-
bre hiver qui commence va inéluctablement
lui apporter ! Propriétaire de clos fameux,
jusqu'alors insoupçonnés, et qui ont nom :
Indochine, Madagascar, A.O.F., A.E.F.,
Antilles, Guyane, Nouvelle-Calédonie ou
Algérie, Tunisie, Maroc, il aura, lorsque la
mévente de son blé, de son vin, de ses bette-
raves, de son bétail, de ses primeurs l'éprou-
vera, lorsque le chômage le frappera, la
consolation de penser que ses précieux biens
qu'il détient au delà des mers ruissellent de
,riz, de caoutchouc, d'essences forestières, de
cannes à sucre, de plants oléifères, de fruits
délicieux, etc. Si le mirage des richesses loin-
taines, dont il aura eu un aperçu dans son
périple autour du lac de Vincennes, lui fait
oublier un peu sa détresse présente, l'Expo-
aition Coloniale aura eu tout de même du
bon.
Elle daura pas non plus été inutile si c l le
a arraché un tantinet le peuple de France à
ses habitudes casanières et si elle lui a re-
donné le goût des aventures et des beaux
voyages, ou tout au moins la volonté d'aller
lUI leS-terres lointaines déployer sa robuste
énergie et y faire fructifier les richesses la-
tentes. Nous le croyons, ce résultat a été at-
teint et beaucoup de jeunes gens exaltés par
le spectacle de l'Exposition rêvent d'aller
tenter fortune au delà des mers. Seulement.
malgré leurs persévérantes recherches, ils
n'ot pas pu trouver l'entrée de cette Ecole
'du futur colonisateur qu'on aurait bien dû
créer et installer tout à côté de la Cité des
Informations. Ils auraient appris là qu'il est
aussi difficile de trouver une occupation lu-
crative dans la France d'outre-mer que dans
la métropole même, que les capitaux que
l'on y investit fondent aussi vite entre les
tropiques que sous le 450 de latitude Nord,
et que même lorsqu'on a réussi, à la force du
poignet, à se créer bien loin une honnête si-
tuation, on n'a pas toujours conquis pour
cela une bienheureuse tranquillité, car il faut
-- quelquefois compter avec les vexations et
les tracasseries de certains petits tyranneaux
à la Juvanon.
L'Exposition Coloniale n'a pas eu seule-
ment pour but de faire connaître aux Fran-
çais l'importance de nos richesses d'outre-
mer. Elle a eu ce résultat également d'ap-
prendre à toutes les nations que la France
avait un immense empire colonial, que cet
empire était fabuleusement riche et que le
coq gaulois avait été faussement accusé de
se ) :urner à gratter le sable. Nul n'ignore
maintenant, pas plus au delà du Rhin qu'au
delà des Alpes, que le Français s'est taillé
dans le vaste univers une bien grande et bien
belle part.
Nous ferions preuve de partialité si, dans
ces rapides réflexions, nous nous bornions à
constater que l'Exposition Coloniale a eu
surtout pour résultats généraux d'instruire
notre bon peuple et de lui donner une haute
idée de sa fortune, d'exalter le goût des en-
treprises lointaines chez nos jeunes gens.
L'Exposition a eu pour beaucoup des effets
heureux plus immédiats et plus tangibles.
Elle en a eu pour nos bons commerçants pa-
risiens qui ont vu depuis six mois, avec un
sourire sans cesse accru, déferler sur la ca-
pitale, en flots toujours plus serrés, provin-
ciaux et étrangers au portefeuille rebondi ;
ainsi le marasme économique leur aura été
épargné pendant l'estivale saison. Elle en a
eu aussi pour les innombrables gagne-petit
qui grouillent autour du lac de Vincennes, et
que la fermeture de l'Exposition plongera
peut-être dans l'enfer du chômage. Cette fer-
meture sera déplorée davantage encore par
la cohorte imposante des gros entrepreneurs
de travaux et par celle des courtiers en pu-
blicité : leur désespoir sera à la mesure des
bénéfices réalisés.
Et tout cela n'est pas négligeable 1 Même
provisoire, le bilan de l'Exposition Coloniale
a tout de même quelque chose cîe substantiel
à faire figurer à son actif.
Georges Nouelle,
député de Saône-ct-Loire,
Vice-président de la Commission des Colonies,
Vice-président de la Commission des Mines.
Au Conseil d Étant
Au Conseil du Contentieux de l'Indochine
Le Conseil d'Etat a rendu un arrêt et
ce, à la requête du Gouvernement Généra'l
de l'Indochine annulant un arrêté du
Conseil administratif du Contentieux de
l'Indochine siégeant à Saigon, en date du
17 octobre 1928, condamnant le gouverne-
ment général à accorder à M. Sioco, inscrit
maritime, le bénéfice de l'abonnement de sa
pension, dans les conditions établies par
l'arrêté du gouverneur général en date du
19 avril 1927.
Attendu qu'aux termes dudit arrêté, en
date du 19 avril 1927, le régime de 'i'abon-
nement des pensions s'étend aux arrérages
des pensions civiles et militaires, et de la
marine de toutes catégories dont les titulai-
res. francais de naissance ou par naturalisa
tion, - résidant - en Indochine que si cette dis-
position a eu pour effet d'ouvrir le droit
au bénéfice de l'abonnement de leur pension
au profit des fonctionnaires civils et des mi-
litaires des armées de terre et de mer, ainsi
qu'à leurs ayants-cause, lorsqu'ils remplis-
sent, par ailleurs, les conditions énumérées
4 à l'arrêté susvisé.
Ellie n'a pas eu pour conséquence de confé-
rer un semblable droit aux anciens inscrits
maritimes titulaires de pensions servies par
la caisse des Invalides de la Marine.
Cette haute iuridiction a adopte :
t" Un projet de décret tendant à rendre
applicable à l'Algérie le décret du 20 mars
1930 sur l'importation, le commerce et l'usa-
* ge des substances vénéneuses ;
20 Un projet de décret, autorisant la ces-
sion à l'Algérie de l'immeuble « Infirmerie-
« Sanatorium de Birtraria », à Alger ;
30 Un projet de décret prorogeant le délai
des expropriations nécessaires à la construc-
tion du barrage-réservoir de Zardezas sur
l'Oued-Saf-Saf (Constantine) ;
40 Un projet de décret portant revision
du tarif des droits et émoluments dus aux
interprètes judiciaires en Algérie.
lie
,.
Mort du Gouverneur général Richard
M. Henri Richard, gouverneur général des
Colonies, en retraite, vient de mourir, à
l'âge fin 52 ans, après une longue maladie.
Né cm) 1 S/c> à Constantine, M. Richard
avait été. nommé administrateur en Indochi-
ne en iqoH. Chef de cabinet du gouverneur
de l'A. O. K. en 1017, administrateur en
chef en loto, gouverneur en 1023, fut nom-
mé à la Martinique, où il resta jusqu'en
1925, date à laquelle, s'étant embarquépour
un congé en France sur le « Pellerm-de-
Latouche », il fut victime d'un attentat.
Un individu tira dans sa direction six balles
de revolver, dont quatre l'atteignirent griè-
vement au point de l'obliger à prendre sa
retraite peu après. Il devint alors adminis-
trateur de la banque de l'A. O. F.
Dépêches de ttlndochine
Trésorier indélicat
Un trésorier à Hanoi a détourné, en deux
ans, 419.085 iratws puisés dans la caisse du
régiment qu'il administrait.
Ce capitaine-trésorier (lit 4,1 régiment d'ar-
tillerie coloniale menait grande vie.
Auant été en proie d une grande dépres-
sion mentale qui avait nécessité son liospi-
talisation, il fut remplacé par le trésorier-
adjoint. Celui-ci ne tarda pas à constater
un déficit de mille piastres dans la caisse
du régiment. Le colonel en lut avisé qui or-
donna line vérification des écritures, et
c'est ainsi qu'on découvrit les détourne-
ments de L'officier.
Une enquête a été aussitôt ouverte.
AU SIAM
Au Conseil Suprême
Le prince Purachatra Kambacngbejra,
ministre du Commerce et des Communica-
tions et le prince Devavongsi Varodotta,
ministre des Affaires étrangères ont été
nommés membres du Conseil Suprême. Le
prince Purachatra est bien connu en
France où il a récemment fait un long sé-
jour.
La situation monétaire au 30 septembre
Circulation des. billets, 135.870 ticaux.
Béserves, 113.4-i0.20? ticaux.
Pour cette énaluation, la réserve en li-
vres sterling déposée à Londres est calcu-
lée en ticaux, crossrate. lAtndres et Neie-
York an 30 septembre ; valeur de l'or-lical:
C.6657 gr. d'or fin.
Le commerce au Siam
Le total des importations de Bangkok en
septembre a atteint 7.823.000 ticaux et le
total des exportations 7.821.Nii.
Les exportations de riz de. Bangkok en
septembre atteignent 72.258 tonnes.
Le total des exportations du ler janvier
1111. 30 septembre est de 908.770 tonnes.
-
Les effets de l'éruption
du volcan de la Réunion
04*
Nous avons déjà relaté certains effets de la
dernière éruption du volcan de la Réunion.
On nous signale aujourd'hui un autre phéno-
mène dû probablement à la même cause.
La plage de galets roulés dont est constitué
le littoral de la partie du Vent, a été recou-
verte dans la région de Saint-Deni s par une
épaisse couche de sable fin sur laquelle les flots
qui naguère déferlaient en grosses volutes, vien-
nent mourir doucement.
De l'Exposition doit dater
une nouvelle mentalité
ltak
/•..vposition Colonia
le aura remis les
colonies à la mo-
de. Cela ne suffit,
pas pour assurer
leur prospérité.
L' opinion leur a
déjà décerné la vedette sans que rien de bien
décisif en résultât.
Après la guerre, des boulevards de Paris
aux cercles de sous-préfectures et aux cafés
du commerce des chefs-lieux de canton, on
a répété que les colomes referaient la
France. Seulement, on a oublié de faire les
colonies. Le développement que celles-ci ont
pris et dont l'Exposition permet de se con-
vaincre, elles l'ont dû à leurs seuls moyens
intrinsèques et à Vénergie d'administrateurs
que la Métropole ignorait quand elle ne
contrariait pas leur effort.
La grande impulsion d'ensemble ne s'est
jamais avérée dans l'œuvre coloniale. A ce
point de vue, l'Exposition, avec tout soit
succès, loin d'être une apothéose, serait plu-
tôt un remords.
Souhaitons seulement qu'elle soit un point
de départ pour l'action nécessaire, action
qui doit s'af firmer à la fois du côté de
l'illitiative privée et du côté des dirigeants
de l'Etat.
En ce qui concerne /initiative, elle devra
s'inspirer des compétences et non se préoc-
cuper trop uniquement de spéculation. Les
entreprises coloniales peuvent et doivent être
de boit rapport. mats à condition d'être
d'abord bien étudiées sur place Pdr dc s
com pétences.
Ur, dans la période qui ci suivi la guerre,
beaucoup de ces entreprises ont été combi-
liées dans des bureaux d'affaires, éi Paris.
avant d'être transportées sur le terrain que
l'on prétendait contraindre à s'adapter aux
modalités présentées pour séduire comman-
ditaires ou souscripteurs.
Ne citons comme exemples que les créa-
tions onéreuses de grandes usines d'égre-
nage de coton dans des régions où la cul-
ture de cette flante, si la nature du sol et
le climat ne l interdisent pas folmellemmt,
ne saurait du moins être rcmunératrice. Ces
usines s'élèvent inertes, avec leur précieux
outillage inutile, n'ayant jamais vu venir la
matière qui devait les animer. N'était-il pas
élémentaire de s'assurer d'abord des condi-
tiOllS, non seulement agricoles, mais écono-
iniques de la culture indispensable à leur
viet Oui, mais, alors, pas d. appel aux capi-
taux, pas d'émissions, partant pas de com-
missiolist
C'est, par des opérations de ce genre que
l'on détourne le capital de celles d'un meil-
leur aloi où il trouverait la juste compensa-
liolt de ses risques. Quant au Gouvernement,
quant au ParLemcllt. il faut qu'ils arrivent,
à com prendre que si la Erance veut à bon
droit récolter de riches moissons sur son
domaine colonial, elle doit comme/lccr par
défricher et ensemencer le sol vierge sur
lequel elles germeraient.
Sons l'avons dit, la prospérité relative de
chacune de nos colonies est son œuvre par-
ticulière. Ce n'est pas assez. Il y a de
grands travaux, des ports, des voies fer-
rées, des routes, auxquels le commerce de la
Métropole n'est pas moins intéressé que la
colonie. Il appartient à la Métropole de
participer largement aux sacrifices qu'ils
exigellt, trop lourds pour un pays où tout
est à faire.
D'autre part, la France doit condamner
tout vestige de cet élat d'esprit qui procède
de la lamentable mentalité par laquelle
l Espagne a perdu le plus magnifique 011- !
pire colonial du monde en exigeant de ses
possessions exotiques qu'elles payent tribut
à la Métropole sans que leurs propres avan-
tages entrent jamais en compte. N'est-ce
point ce que l'on fait en interdisant aux
colonies certaines cultures auxquelles elles
sont particulièremclltproprcs, parce que
leur succès gênerait des traditions qu un
égoisine local prétend ériger en monopole!
Si les forces latentes que révèle l'Expo-
sition dans notre monde colonial peuvent
susciter chez ses visiteurs innombrables des
réflexions capables de leur faire admettre
les larges vues d'ensemble qui permettront
d'en tirer tout le parti dont elles sont sus-
ceptibles, ce sera le plus beau titre de cette
manif estatio/Z au souvenir de la France.
Ernest Haudos,
Sénateur de la Marne,
Vice-Président de la Commission
des Douanes.
--
Typographie coloniale
Sait-on qu'il existe en Indochine une typo-
graphie inventée de toutes pièces, celle du
quôc-ngu. ,
Le quôc-ngu est une torme spéciale de la
typographie qui s'emploie en Indochine, Le
quôc-ngu est la transcription de l' annamite
parlé en caractères romains. Mais la pronon-
ciation annamite est telle que beaucoup de ces
lettres romaines doivent être complétées par
des accents et par des signes particuliers.
Actucllement, il y a vingt-deux journaux
ou périodiques imprimés en quôc-ngu, dont le
plus important est le « Tied-Da )) ou « La
Voix du Peuple » paraissant à Hué, capi-
tale de l'Annam ; vient ensuite la revue
« Nam-Phong », qui contient quelques pages
imprimées en français et en chinois, mais dont
le corps principal est écrit et imprimé eg
quôc-ngu.
Mentionnons aussi au Japon le moyen de
remplacer par un alphabet dérivé de l'alpha-
bet occidental les si difficiles caractères japo-
nais.
DSPART
M. Lucien Saint est parti pour le Maroc
via Madrid
M. Lucien Saint, résident général de Fran-
ce au Maroc, a quitté Paris dimanche soir, à
19 h. 20, par la gare d'Orsay, pour rejoindre
son poste.
Il regagne le Maroc par l' Espagne et doit,
au cours d'un bref séjour à Madrid, prendre
contact avec le nouveau gouvernement espa-
gnol, notamment avec M. Azana, président du
conseil, et M. Lerroux, ministre des Affaires
étrangères, qui, à plusieurs reprises, avait
exprimé son intention de se rendre en zone ma-
rocaine espagnole et de se rencontrer avec le
Résident général français.
Ces entretiens auront trait probablement aux
intérêts communs de la France et de l'Espagne
au Maroc et aux meilleures méthodes à suivre
pour continuer à assurer la collaboration étroite
et confiante entre les deux puissances.
M. Lucien Saint s' est, à Paris, entretenu
avec les membres du gouvernement français,
notamment de la question du contingentement
des blés marocains et des problèmes miniers.
M. Saint a été salué à son départ de Paris
par de nombreuses personnalités parisiennes et
marocaines. On remarquait notamment sur le
quai de la gare : MM. Victor Berti, commis-
saire-adjoint de l'Exposition Coloniale ; Bran-
ly, directeur des Finances du Maroc ; le ca-
pitaine Durosoy, représentant le maréchal
Lyautey ; le colonel de Saint-Maurice, repré-
sentant M. Carde ; MM. Nacivet, directeur,
et Mourey, sous-directeur de l'Office du Ma-
roc ; Gérard, directeur de l'Office de l'Algé-
rie ; Labonne, secrétaire général de la Rési-
dence, ainsi que de nombreux amis personnels
du Résident général.
M. Lucien Saint à Madrid
M. Saint, résident général au Maroc fran-
çais est arrivé hier soir à Madrid à 20 heures.
Il était accompagné du commandant Juin,
chef de son cabinet militaire. Dans le même
train voyageait M. Danvila, ambassadeur d'Es-
pagne à Paris, qui vient à Madrid pour avoir
quelques conversations avec son gouvernement.
Les voyageurs ont été reçus sur le quai de la
fare par M. Heibette, ambassadeur de
rance ; M. Barrois, conseiller ; le haut per-
sonnel de l' ambassade ; M. Agramonte, sous-
secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères ; M.
Madariaga, ambassadeur d'Espagne à
Washington, et de nombreuses personnalités
politiques espagnoles.
Le général Naulin
inspecte au Maroc
Poursuivant son inspection, le général Nau-
lin, membre du conseil supérieur de la guerre,
a visité dimanche le camp de Sker et le cer-
c le du haut Ouergha.
Le général a admiré le brillant développe-
ment agricole des pays de l' Ouergha, qu'il
sauva en 1926 de 1 emprise rifaine.
.Ia 1
Pour une protection élargie
de la production coloniale
-
Dans sa séance du 2S août dernier la
Chambre de Commerce de Majunga s'est oc-
cupée de la production en coprah dans la
Grande Ile.
Dès 1921, le Gouverneur Général conseil-
lait aux Colons l'intensification de la culture
des cocotiers, et ceux qui ont suivi rc
conseil de tous leurs efforts se trouvent au-
jourd'hui dans une situation précaire, les
frais de production étant supérieurs aux ré-
sultats de réalisation.
!.'Assemblée estimant qu'effectivement la
situation de ce produit doit être soutenue au
même titre que d'autres produits a émis le
vœu que le coprah soit protégé.
Venant à la rescousse, et faisant remar-
quer qu'aucun produit de la Côte Ouest ne
jouit d'une protection, un membre de l'As-
semblée a fait adopter un autre vœu tendant
à élargir la protection aux autres produits de
la région.
Il n'y a aucune raison désormais pour que
les autres Chambres de Commerce de l'lle
n'élèvent des prétentions identiques, et que
cet exemple ne soit imité par toutes nos colo-
nies pour toutes leurs denrées d'exportation.
Et comme ces denrées ont leurs similaires
dans les colonies étrangères dont nous som-
mes aussi les clients, la barrière douanière
dont la métropole ne cesse de s'entourer,
s 'éleverait d'un nouvel étage.
Mais quelle serait notre situation si, réa-
gissant contre cette tendance les nations qui
achètent à nos colonies usaient, elles aussi
de représailles.
Rien n'illustre mieux le chaos de contra-
dictions où nous sommes, que la position
prise par les commerçants de Majunga.
Ces derniers pourtant ne sont-ils pas dans
la logique ? Et les cuirs et les coprahs mal-
gaches ne présentent-ils pas un intérêt égal
à celui du tapioca, du café et du caout-
chouc ?
Quand on s'oriente sur certaines pentes, il
est bien difficile de s'arrêter.
Mais alors de quel droit jeter feu et flam-
me à l'annonce que l'Angleterre projette des
tarifs prohibitifs contre nos articles de luxe,
à cette époque de gêne où le luxe est précisé-
ment ce dont il conviendrait de se passer.
P.-C. Georges François,
Gouverneur honoraire des Colonies.
L'RE EN SECONDE PAGE :
A l'Union Coloniale
A l'Exposition Coloniale.
T,' vintion coloniale.
le Sénégal en 1931
1" »
Les emplois du manioc
La variété de manioc qui pousse au Séné-
gal appartenant aux espèces douces, et son tu-
bercule pouvant par suite être consommé sans
inconvénient à l'état frais, de plus le fait qu'on
peut le récolter pendant les mois de la « sou-
dure », comme nous l'avons déjà dit, tout ce-
la devait forcément attirer l'attention de l'Ad-
ministration, justement préoccupée par la me-
nace de disette qui se produit a chaque cam-
pagne vers cette époque de l'année. Elle s'est
donc imposée des sacrifices pour créer ou dé-
velopper dans les villages la culture de cette
plante si intéressante.
La première question à résoudre était celle
des boutures nécessaires. Il les fallait nombreu-
ses et de bonne qualité. Heureusement une des
quatre plantations ou exploitations européennes
installées au Sénégal s'est livrée depuis sa
fondation, qui remonte à quelques années dé-
jà, à la culture du manioc. Elle a sélectionné
de très bonnes variétés, et mis en culture plu-
sieurs centaines d'hectares. Son centre d'ex-
ploitation est près de Kaolack, dans cette ré-
gion du Saloum qui est incontestablement l'une
des plus riches du Sénégal. Par suite d'er-
reurs commises au début, ainsi que cela se pro-
duit souvent dans les entreprises nouvelles en
pays neuf, et ensuite comme conséquence de
la crise mondiale sur les matières premières,
les résultats financiers de cette affaire n'ont
peut-être pas été, dit-on, aussi satisfaisants que
ses promoteurs l'auraient désiré ; mais, au
point de vue qui nous occupe, c'est-à-dire, la
sélection d'une très bonne variété de manioc,
on ne pouvait pas mieux réussir.
L'Administration a donc pu se procurer là
de nombreuses boutures lui donnant tous apai-
sements. Depuis deux ou trois ans, elle en a
acquis plusieurs centaines de mille, et les a
données aux chefs de villages les plus intelli-
gents. Ceux-ci ont bien compris l'utilité, pour
eux et pour leurs concitoyens de la culture à
laquelle on les conviait. Ils - étaient -- d'ailleurs
fixés sur la bonté de l'aliment puisqu on cultive
la plante dans le haut fleuve, et que sur la
concession de Kaolack, chaque nuit les vols
commi s par des riverains affamés étaient nom-
breux, ce qui démontrait, tout au moins, que
les gens des environs se rendaient pleinement
compte de la valeur alimentaire de ces tuber-
cules. On peut donc espérer légitimement que
la culture du manioc va prendre chez les noirs
du Sénégal un accroissement rapide et que
dans quelques campagnes, ils seront à l'abri de
la disette annuelle. C'est déjà un gros point.
Mais ce n' est pas tout. Le manioc peut être
consommé comme légume frais, mais il se
prête merveilleusement à d' autres emplois,
quand il a été séché et travaillé. On en fait
de la farine, ou on en isole la fécule.
La farine destinée à la consommation indi-
gène (et il faut habituer le Sénégalais à son
emploi) s'obtient avec des procédés presque
primitifs, et en tout cas très facilement. Elle
peut se consommer soit à l'état frais, soit
conservée.
Dans le premier cas voici comment on pro-
cède, notamment à la Guyane ou les indigènes
en font une grande consommation. Le tuber-
cule est lavé et pelé. On le réduit ensuite en
poudre grossière au moyen de râpes de forme
variable. Cette pulpe rapée et humide est in-
troduite dans des paniers cylindriques faits
avec la feuille de l'Arouma, et confectionnés
de telle sorte qu'ils sont relativement larges
et courts lorsque l'on introduit la farine mouil-
lée, mais qu'ils s'allongent et se rétrécissent
lorsque l'on opère une traction sur l'extrémité
inférieure du panier. Dans la partie supérieure
ils sont munis d'une poignée qui permet de les
suspendre verticalement.
Au bas du sac on attache des poids, et la
pression ainsi exercée sur les parois fait sortir
le liquide laiteux contenu dans la pulpe râpée.
Au Brésil la farine humide est mise dans
des tubes en métal perforés et est soumise à
une pression, soit faite à la main, soit mécani-
que, toujours pour évacuer le liquide, dont
elle est imbibée.
De toute façon la farine débarrassée de cet-
te humidité, est complètement desséchée et
ensuite pulvérisée. Elle est alors nritahle-
ment à l'état de farine plus ou moins grosse,
et on la consomme soit avec des haricots, soit
avec de la viande ou du poisson. Elle constitue
un aliment sain, nutritif, agréable au goût. Il
est évident que les Sénégalais s' y habitueront
rapidement et en deviendront aussi frianefs que
tous les habitants de la Guyane ou du Brésil
ou des Antilles.
Louis Le Barbier.
Sahara - Niger - Soudan
»♦«
Prochain départ d'une mission scientifique
M. Aug. Chevalier, professeur de botani-
que appliquée au Muséum national d'histoire
naturcllc, dont on connaît les nombreux et
précieux travaux sur l'exploration géogra-
phique de nos colonies et l'étude de leur vé-
gétation et de leur agriculture, va se rendre
bientôt en Afrique centrale, chargé d'une
nouvelle mission par M. Carde, gouverneur
général de l'Algérie et par M. Brévié, gnu-
verneur général de l'Afrique occidentale. La
mission placée sous le natronatre scientifi-
que du Muséum d'histoire naturelle et de
1 académie des sciences coloniales, visitera
tout d'abord les principaux oasis du Sud al-
gérien et en étudiera la végétation en re-
cherchant Is introductions de plantes utiles
qu'il y aurait lieu de tenter. Elle prendra
dans les oasis de la région de Riskra des bou-
tures de bonnes variétés de dattiers (deglet-
nour, etc.) pour les transporter vers le Sa-
hara soudanais où elles n'existent pas en-
core.
Le voyage" M. Paul Reynaud
Le M. Paul Reynaud
en Indochine
"'on -
Impressions de Cochinchine
;Dk \oiKE E\vn\i:. sn'ciAt.. )
La Cochinchine a fait, comme il fallait s' y
attendre, un accueil extrêmement sympathique
à M. Paul Heynaud, dont la venue symbolise
bien des espoirs, l'out le monde veut voir dans
la visite du premier Ministre des Colonies,
qui ait franchi le canal de Suez, le présage
d'un renouveau d'influence française en
Exlrême-Orient. pour le plus grand bien de
l'Union indochinoise tout entière.
- - - -- -
Suffisamment de journalistes de grande in-
formation m'entourent actuellement pour que
je me dispense de m'attarder sur le côté pitto-
resque du voyage du Ministre ; mes confrères
s' en chargeront mieux que moi et vous ra-
conteront par le menu ce qu'auront été ses di-
verses visites à Saigon. ses randonnées sous
une pluie incessante au travers de la Cochin-
chine, les cérémonies qu'il aura, chemin fai-
sant, présidées et enfin le charme de ces pre-
miers instants au Cambodge, d'où j'écris ac-
tuellement.
Pour moi, je voudrais essayer tout d'abord
de rappeler la portée exacte de ce voyage.
Car, en France, l'opinion publique qui s'émeut
trop souvent avec une facilité déconcertante,
n en a sans doute considéré l'utilité que sous
son angle habituel, à savoir : le Ministre est
allé enquêter sur la menace communiste, qui
s'adresse à l' I ndochine ? Ain^i entrevu, ce
voyage risque d'être remené à de trop étroites
proportions. On n enquête pas sur une « me-
nace communiste » (lans un pays où le commu-
nisme ne suppose surtout qUe une poignée
d'agitateurs. On enquête sur tout un ensem-
ble de faits et de facteurs tant politiques
qu économiques et sociaux qui font que les agi-
tateurs trouvent des hommes pour les suivre.
Et c'est ainsi seulement qu on peut futtfti
contre le mal.
Telle est la besogne à laquelle s'est consa-
cré M. Paul Reynaud. Elle est considérable.
Réussira-t-il à déceler et à imposer les solu-
tions adéquates, l' avenir le dira. Il n'est point
nécessaire d'espérer pour entreprendre. -- ni de
- - -- -
réussir pour persévérer.
Ce faisant le Minore, s'il parvient à ses
fins, fait encore plus et mieux. Il rassure en
effet, une opinion publique, dans la colonie.
inquiète et désorientée ; il ranime une foi vail-
lante; il remet en honneur les traditions d'une
saine et juste colonisation. Il fait enfin de l'In-
dochine le pays moderne qu'il commence à
devenir à certains points de vue et qui s'impose
à l'attention de ses voisins : ceux-ci, au sur-
plus, au travers de l' I ncbch ine, jugent r œu-
vre de la France et la France tout court- pré-
cisément au moment où le prestige de l'Angle-
terre, qui est celui de l'Europe, semble à son
déclin sur les bords du Pacifique.
Voilà tout ce qu' un pareil voyage peut ap-
porter de neuf et d'intéressant, à condition de
savoir oser et agir. Encore une fois M. Rey-
naud réussira-t-il ? L'évolution la nécessai-
re évolution indochinoise ne l'emportera-t-
elle pas plus loin qu'il ne voudrait aller. Toute
la difficulté est là.
Les débuts du voyage ont été prometteurs :
la gourme du gouvernement de Ceylan, le
charme de celui des Straits ont été, sous une
double forme, la même manifestation des sen-
timents contradictoires qui animent les âmes an-
glaises à l'écard de la France dans les circons-
tances actuelles. A Java, la réception a été
plus que chaleureuse. Dans tous ces lieux où
règne la consternation, la venue du Ministre
des Colonies de la République Française
car c est bien en cette occasion qu'il en faut
parler -- a été la haute signification qu'il exis-
te encore une nation qui n'abandonne ni ne
s'abandonne. A cet égard, succès complet.
C'était, et de beaucoup, le plus facile.
En Indochine, et particulièrement en Co-
chinchine, il en va tout autrement. Les Fran-
çais qui sont ici, s'ils sont heureux du prestige
de l'Indochine et de la France, dans les pays
qui les entourent, ont mieux à faire que cher-
cher à réhausser encore ce prestige. Ils ont
tout d'abord eu à faire qu'il soit une réalité :
ils ont maintenant à veiller à ce qu'il demeure.
Pour ceci, il n'est qu'une seule formule, travail.
ler : mais travailler à l'époque actuelle signi-
fie au moins autant vendre que produire. Et
l'un et l'autre exigent la paix sociale, c'est-à-
dire la collaboration des Français et des indi-
gènes.
Après avoir taillé 1 Indochine le « vête-
ment Il qui fait qu' elle peut 1 sortir dans le
monde o encore laut-il lui permettre de ga-
gner son argent cie poche et lui donner des le-
çons de maintien. Y persévérer au milieu des
dérèglements d' une société fléchissante n'est
pas précisément très aisé.
11 est donc permis aux avis d'être contradic-
toires, et de fait ils le sont. Que va faire le
Ministre, voilà ce que pensent et disent tous les
Indochinois ?
Les lecteurs des Anna/es Coloniales connais-
sent suffisamment la situation de la Cochinchine
pour que j' insiste. En deux mots, le riz se
vend mal et à des prix très bas. A défaut d'un
véritable communisme agissant, les esprits
houillomwnt et la pression conformiste et ami-
cale de I élite indigène se fait néanmoins tous
les jours plus lourdement sentir. Comment don-
ner à la fois satisfaction aux uns et aux alltrl,
promettre et maintenir, donner et retenir, voilà
votre tache, M. le Ministre. Ou si vous ju-
gez que les cadres et les formules actuels ne
répondent plus à des situations nouvelles, com-
ment et par quoi les remplacer ?
Mais sans aller si loin, il suffirait pour l'ins-
tant à M. Reynaud de se documenter. Le
gouverneur général Pasquier semble réellement
I y avoir aidé de tout son pouvoir et a mis son
propre cabinet à la disposition du Ministre s'ef-
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