Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-10-29
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 octobre 1931 29 octobre 1931
Description : 1931/10/29 (A32,N147). 1931/10/29 (A32,N147).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380417s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TfU&NTfS-DEUX1 EiMK ANNEE. Ne 147.
LE NUMERO : 30 CENTIMES
JEUDI SOIR, 29 OCTOBRE 19.'1.
40URMl_QU0TIDIEII
Rédaction & Administration :
14, m n .BIDIr
PARIS 0-)
itliPH. i LOUVRE 19-37
RICHELIEU 87-84
Les Annales Coloniales
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La Colonisation par le Médecin
v-
La colonisation ne peut constituer un fait
tolérable qu'autant quelle se traduit pour le
peuple colonisé par une amélioration très mar-
quée de ses conditions matérielles de vie. Dans
cet ordre d'idée le premier devoir d'une
grande nation colonisatrice comme la France
est de veiller à la santé physique des peuples
qu'elle a soumis, de préserver leurs races des
granch fléaux qui de tout temps ont décimé
l'humanité. En un mot, la plus importante des
tâches qu'elle a à accomplir est cette dont ses
savants, ses médecins, ses hygiénistes seront
les pionniers. Il nous importe peu que les
conquêtes coloniales ajoutent à nos gloires mili-
taires, qu'elles soient l'occasion de profits ap-
préciables pour de hardis spéculateurs ; nous
voulons tout simplement savoir si elles ont
rendu possible une colonisation rationnelle par
le médecin.
C'est ce que nous nous proposons d exami-
ner aujourd nui non pas pour l'ensemble de
notre empire colonial, mais seulement pour
l'Indochine oui en est la partie la plus peuplée
et la plus riche.
On sait que l'Extrême-Orient a toujours été
une terre d'élection pour les grandes maladies
épidémiques. Avec toutes les terres intertropi-
cales il a le privilège à peu près exclusif de
quelques grandes endémo-épidémies, comme
la variole, le choléra. la peste et la lèpre. Ces
maladies, actuellement à peu près inconnues e:
Europe et dans les régions tempérées conti-
nuent à ravager les populations de r Extrême-
Asie. L'Indochine n'est pas épargnée. Com-
ment depuis notre occupation avons-nous lutté
contre ces fléaux et quels résultats avons-nous
obtenus 7
Au moment de notre installation en Indo-
chine la VARIOLE v exerçait des ravages cruels.
En particulier, elle sévissait au Tonkin avec
une rigueur tout à fait exceptionnelle ; un
nombre considérable d'indigènes portaient au
visage les traces cicatricielles de la variole ;
le nombre des aveugles était important ; en
temps d'épidémie la proportion des enfants
atteints pouvait être évaluée à plus de 90
de la population infantile jusqu'alors épargnée
par la maladie ; dans les épidémies ordinaires
le nombre de décès s'élevait en moyenne à
50
lU'
Une lutte énergique fut entreprise dès le dé-
but contre la variole. Mais elle se heurta à
deux graves difficultés ; tout d abord difficulté
d'obtenir et de conserver le vacciu ; ensuite
difficulté de créer un corps de vaccinateurs in-
digènes. La première fut résolue d abord
grâce à la substitution des buffions aux génis-
ses comme vaccinifères et ensuite par l'emploi
du vaccin sec ; à l'heure actuelle le vaccin
anti variolique est fourni aux pays de l'Union
par cinq centres vaccinogènes qui sont : Hanoi,
Hue, Saïgon, Vientiane et Xieng-Khanang ;
tous ces centres sont sous la direction et le
contrôle de l'Institut Pasteur. La deuxième
difficulté a été solutionnée grâce au service de
l'Assistance médicale. L'activité du service
anti-variolique s'exprime par les chiffres sui-
vants : deux millions de vaccinations en 1905,
trois millions en 1918, 7 millions et demi en
1928.
Les résultats obtenus ont été satisfaisants,
puisqu'en 1929, bien que des réveils assez sé-
rieux de la maladie aient eu lieu un peu partout,
il n'a été enregistré pour toute l'Indochine que
4.861 cas, dont 1.453 pour la Cochinchine,
1.391 pour le Cambodge, 869 pour r Annam,
666 pour le Laos et 482 pour le Tonkin.
C'est tout à l'honneur de notre corps médical
indochinois.
Comme la variole, le choléra a fait de tout
temps d'importants ravages dans les popula-
tions indochinoises. Il les éprouve encore, soit
sous une forme atténuée, soit sous une forme
sévère comme en 1926 et 1927, année où le
nombre de cas constatés s'est élevé à 19.825
et 33.569 alors qu'il était descendu à 318 en
1924 et qu'il était de 4.993 en 1929. La
lutte contre le choléra a été menée par la vac-
cination dont l'effet a été de Tendre la morta-
lité dix fois plus faible. Les campagnes de
vaccination se heurtent à de sérieuses difficul-
tés résultant, soit du peu d'empressement de la
population pour cette mesure qu elle n appré-
cie pas encore entièrement, soit de l'insuffi-
sance du nombre des infirmiers opérateurs.
Malgré cela le nombre des vaccinations anti-
cholériques a pu atteindre les chiffres suivants:
2.200.000 en 1926. 5.500.000 en 1927.
4.400.000 en 1928 et 2.000.000 en 1929.
En outre de sérieuses mesures prophylactiques
ont été appliquées et des expériences intéres-
santes sont en cours concernant l'efficacité du
bili-vaccin pour l'immunisation particulière
des groupements faciles à surveiller. Ainsi donc
notre corps médical lutte courageusement en
Indochine contre ce vieil et terrible ennemi de
l'espèce humaine qu'est le vibrion cholérique.
Il a aussi entrepris une rude campagne contre
le bacille de Yersin. Elle était indispensable.
On sait, en effet, que lindociiine en relations
constantes depuis des temps immémoriaux,
d un côté avec le Siam, d'un autre côté avec
le Yunnan et les grands ports de Chine;
foyers permanents de PESTE, a subi au cours
des âges des invasions multiples du terrible
fléau. Depuis nos occupations successives des
divers pays de l'Union, des épidémies se sont
allumées deci, detà, presque toutes d'ailleurs
d'origine exogène. Actuellement il existe en
Indochine trois foyers permanents de peste :
l'un à Cholon relativement minime, l'autre très 1
important à Phnom-penh , le troisième dans le
territoire de Kouang-tchéou-wan. Ces trois
foyers sont des foyers chinois et sont entretenus
par le pullulement des rats. Le nombre des
décès officiellement attribués à la peste a été
de : 800 environ en 1919 et 1920, de 1.050
en 1921, de 1.250 en 1922. de 900 environ
dans les années 1923, 1924, 1925, de 200
environ dans les années 1926, 1927, 1928,
1929. La bataille que nos médecins mènent
contre la peste, a été quelquefois fertile en in-
cidents, particulièrement au Cambodge, où
eurent lieu des manifestations populaires con-
tre la constatation des décès, les mesures de
désinfection, la vaccination. Il a fallu que la
mort frappe lourdement la fIIIIIiMe .Ie fftrar
que ces manifestations ne soient plus encoura-
gées en haut lieu.
La vaccination antipesteuse a donné d'ex-
cellents résultats. Mais il semble bien qu'il
faille mettre en œuvre de grandes mesures de
voirie et d'assainissement des habitations pour
détruire totalement les foyers d'épidémie. La
dératisation, déjà pratiquée activement, doit
donner d'excellents résultats.
Nous terminerons cette rapide étude des ter-
ribles maladies contre - -- lesquelles luttent - notre
corps médical indochinois par quelques mots
sur la LÈPRE. La lèpre causa de tout temps de
grands ravages dans notre colonie. En 1802,
l'empereur Cia-Long entreprit la lutte contre
le fléau ; plus tard les missions continuèrent
son oeuvre et installèrent nos premières lépro-
series officielles. Actuellement l'Indochine
dispose pour traiter et isoler ses lépreux d'une
léproserie-asile et de 14 colonies agricoles
et villages spéciaux abritant des lépreux
ainsi répartis :
Tonkin. 2.550
Cochinchine. , 218
Annam. , , , 282
Cambodge. 272
Laos 66
Mais il serait inexact de croire que le nom-
bre de lépreux n'est pas plus considérable. En
réalité, il est au moins de 12.000. Leur répar-
tition serait la suivante :
1 100 au Cambodge.
500 dans le territoire de Kouang-tchéou-
wan.
3.000 en Cochinchine.
850 au Laos.
3.550 au Tonkin.
3.000 en Annam.
Des mesures efficaces ont été appliquées pour
le dépistage des lépreux, la prophylaxie met
en oeuvre l'isolement à domicile, la ségréga-
tion dans des villages spéciaux, la ségrégation
des enfants issus de lépreux. Les divers pays
de l'Union consacre à la lèpre les dépenses
suivantes :
Tonkin 165.000 piastres
Annam 41.000
Cochinchine. 40.000
Cambodge 7.000
Laos 5.000 -
Au total c' est une somme de 258.000 pias-
tres, soit 2.580.000 francs qui est consacrée à
la lutte contre la lèpre. C'est une lourde
charge pour les budgets locaux de l' Assistance,
en particulier au Tonkin, où l'entretien des lé-
proseries absorbe 12,9 des disponibilités
budgétaires.
Ainsi donc, il apparaît que le médecin rem-
plit bien en Indochine le rôle que nous vou-
drions lui voir jouer partout. Son rôle sera
de premier plan le jour où les crédits ne lui
seront pas trop parcimonieusement mesurés. En
attendant, rendons-lui hommage 1
Georges Nouelle,
député de Saône-et-Loire,
Vicc-Ilrésident de la Commission des Colonies,
Vice-président de la Commission des Mines.
M. Liclen Saint à Parts
M. Briand, ministre des Affaires étrangères,
a reçu, hier matin, M. Lucien Saint, résident
général au Maroc.
M. Lucien Saint, résident général de*
France au Maroc, a été reçu par M. Maginot,
ministre de la Guerre, et par M. J.-L. Du-
inesnil, ministre de l'Ait..
le pétrole et les minerais
au Maroc
*+*
Nous avons clcjà indiqué que certaines dé-
couvertes de poches pétrolifcres venaient
d'être faites au Maroc, plus particulièrement
dans la région de Tselfat où un sondage a
trouvé du pétrole à une faible profondeur,
avec un débit régulier de 1. 500 litres par
jour.
Il y a là évidemment une indication très
intéressante, mais dont il serait prématuré
de tirer des conséquences excessives.
Par ailleurs, en ce qui concerne les autres
richesses minières on ne doit pas oublier
que dans l'antiquité romains, portugais et
autochtones ont exploité le cuivre et l'ar-
gent dans le pays.
- On ne doit donc pas s'étonner des efforts
Mployés par les prospecteurs, actuels.
Au t"r janvier 1930 on compta it 3.554
permis de recherches, sur lesquels une dé-
faillance de 2.312 a été enregistrée et 388
permis de prospection, rlduits actucllement
à 247 seulement.
Cette disproportion entre les demandes et
les résultats prouve-t elle le caractère spccu-
latif de pure imagination des richesses mi-
nières du Maroc ?
Kn aucune façon. à notre sens. Il faut ccr-
tainement incriminer le peu de méthode et la
faiblesse des moyens de recherches employés
jusqu'à <"e jour.
'_a -
CDdMA COLONIAL
040
« Baroud »
A Nice de nombreux visiteurs s'extasient
sur les 200 chameaux qui habitent les studios
(iaumont et occupent pour le film Baroud
de Rex InRram, l'enceinte où s'élèvera, d'ici
quelques jours, la reconstitution fidèle d'un
fortin.
Une Cité du Cinéma
060
L'Afrique du Nord se prêterait
admirablement à sa réalisation
--4)-0-
Il
E monde du cinéma
français étudie, pa-
rait-il, la création
d'une Cité du Ci-
néma qui serait pour
la production des
films français ce
qu'est Los Angeles
pour le tournage
américain.
L'idée m t r i t e
d'être prise en sérieuse considération. Il
n'est aucun avantage inhérent à la grande
métro pole cinéaste américaine que la France
ne puisse offrir. An contraire, on peut trou-
ver sur la terre française en comprenant dans
cette dénomination ses provinces nord-afri-
caines si proches à la fois et si différentes,
une variété de sites, de nature, de mœurs,
de races qui ne saurait s'obtenir à Los An-
geles que par un maquillage souvent grotes-
que.
- /Je la Tunisie au Maroc, on trouve les
harmonies de la zone tempérée à côté des
éclats de lumière et de couleur de l'Orient.
Les chotts, les oasis du Djérid, les l'ro-
glodytes des Malmatas, sont dans cc même
pays où la région de Thaï a possède des sites
verdoyants d'Auvergne.
Les vastes solitudes sahariennes commen-
cent aux portes de Biskra, la cité des Ouled.
Nails. Les étranges terrasses pierreuses du
Mzab, avec soit heptapole et sa population
originale, la Chebka dénudée, l'oasis moza'
bite de Berrian, Metlibi, centre des Chaamba
farouches, sont dans le même département
que la majestueuse forêt de cèdres de Te-
niet-el-Haadles orangeries de Blida et les
gorges de la Chiffa abondantes en singes.
Et le Maroc est là tout près, avec ses fleu-
ves, avec ses forteresses moyenâgeuses aux
murailles cyclopéenncs, avec ses citadelles
portugaises sur la côte atlantique, avec Mar-
rakech la rouge, calcinée par un soleil qui
n'arrive pas à fondre les neiges éternelles
des hantes cimes de VAtlas dont elle se cou-
ronne.
Partout, sur les TOliteS, lUI vivant contraste
montre les autos effrayant de leur claksott
les caravanes chamelières et affolant les Bé-
douines qui s'enfuient dans l'envol de leurs
haillons bleus et la sonnerie des lourds bra-
celets d'argint de leurs chevilles nues.
Allez donc demander à los Angeles ces
oppositions évocatrices des époques, des ra-
ces, des mondes. On n'y peut réaliser que
des ersatz, des contrefaçons trop souvent
lamentables.
Les vastes territoires nus sur lesquels
pourrait s'édifier la Cité du Cinéma ne
manquent point dans notre Afrique du
Nord.
Puissent nos grandes firmes s'inspirer du
besoin de renouveau qui se manifeste dans
le cinéma pour lequel la tradition de Los
Angeles s'avère périmée, malgré l'auréole
que le snobisme seul persiste à lui concéder.
Edouard Néron,
Sénateur de la liaute-Loire,
Vice-Président de la Commission
des Douane..
Notre action au Maroc
11.
Le front marocain
La situation est excellente sur l'ensemble
du front marocain.
Grâce aux heureuses mesures prises par M.
Lucien Saint et le général Huré, comman-
dant en chef. les tribus soumises des marches
de la dissidence n'auront rien à craindre cet
hiver et pourront en toute quiétude vaquer
à leurs travaux.
Dans le territoire du Tadja, nos troupes
bordent complètement l'oued el Abid et
donnent la main aux troupes de la région de
Meltnès, dans la vallée de l'Assif-Ouirine
Depuis trois mois, près de 600 tentes sont
dans cette région rentrées dans nos lignes.
Sur le front de la Ioulouya, l'occupation
de Tonjit a permis la liaison avec les trou-
pes du Tadja, ainsi que la soumission de 800
familles des Aïb-Yabid.
Dans la région de Marrakech, de nouveaux
postes jalonnent nos dernières avances : Bou-
Alem, Tijoulinc. Nos soumis sont donc bien
protégés contre les nomades du Sud de
l'oued Drna.
Dans le territoire d'Agadir, la récente oc-
cupation de Taba nous a rallié la totalité
des Aït'Ou M'Ribet.
Aux confins algéro-marocains, la police des
routes sahariennes est parfaitement orga-
nisée et t'invcstissement, à peu près complet
à 1 heure actuelle, du Tafilalet, nous permet-
tra de l'occuper quand la résidence générale,
en accord avec le gouvernement, jugera à
propos de le faire.
La pacification se poursuit
Dans le Todra, les troupes de la région de
Marrakech continuent leur avance méthodi-
que, tandis qu'au sud de Bou-Denib le com-
mandement prépare la pénétration dans la
Ferkla.
C'est l'encerclement complet du massif
montagneux où se trouvent resserrées les tri-
bus dissidentes Ait Yagclmann, Ait Hadidou
et Ait Moghrao.
A l'heure actuelle, la plupart des insoumis
ont abandonné leurs terres cultivables et leurs
habitations fixes pour se retirer dans la haute
montagne. Toutefois, la chute des premières
pluies, qui vient de commencer, ouvrant la
saison des labours dans la plaine, va provo-
quer de nouvelles soumissions.
Déjà, hier, 80 tentes Ait Hadidou ont de-
mandé l'aman et il est certain que dans les
jours qui vont suivre ce mouvement va s'ac-
centuer.
A l'Académie de Médecine
Le trachome en Tunisie
M. Morax a communiqué à la réunion de
mardi, un mémoire de M. Talbot sur 1 organi-
sation et l'action de la mission de prophylaxie
du trachome dans les oasis du Sud tunisien, en
juillet dernier.
il est acquis que la contamination est pré-
scolaire et aucun cas de transmission du tra-
chome, à l'école, n'a été observé. La nécessité
d'instituer des classes spéciales pour les tra-
chomateux ne s'impose donc pas.
Mais il faut traiter les écoliers par une ac-
tion thérapeutique quotidienne, sous une sur-
veillance médicale espacée.
En dehors de l'école, l'action prophylac-
tique doit surtout viser les filles et les mères.
Avant la séance, comités secrets pour les
commissions de la propriété scientifique et du
dictionnaire de l'Académie.
Les ondes courtes
guériraient certaines fièvres
Le docteur Auguste Marie a parlé, hier,
à l'Académie de Médecine, de la récurrenthé-
rapie, parente de la malariathérapie, employée
pour la guérison de la paralysie générale et par-
fois de l' avarie. Et la veille, à l'Académie des
Sciences, le docteur Saïan et M. Roger
Cahen, continuant leurs belles recherches sur
l' emploi thérapeutique des ondes de très haute
fréquence, montraient que ces ondes donnaient
la fièvre, une élévation de température allant
facilement et docilement à 42°, et que dans
ces conditions, des médecins américains avaient
employé ces ondes contre le microbe de l'ava-
rie, qui ne résiste pas à cette température.
Il semble donc que la fièvre déchaînée par
la malaria ou par toute autre maladie agit par
sa température. Il serait donc plus rationnel.
au lieu de déchaîner une maladie grave, et
qui n'est pas sans péril pour des sujets déjà
affaiblis, d'employer les ondes de très haute
fréquence, dont l'application est relativement
facile.
Mais le docteur Saïdman ne s'en est pas
tenu à ces premiers résultats des ondes ultra-
courtes. 11 a tenu à les employer comme anal-
gésiques, ainsi que le signalait déjà l'illustre
d'Arsonval. lors de son étude des hautes fré-
quences. Et l' expérimentateur a obtenu en ef-
fer une diminution très marquée de la douleur
dans les rhumatismes aigus, les névralgies den-
taires, etc.
Avec un appareil d'application, il suffira
bientôt de choisir dans 1 éther les longueurs
d'cwde* cmrvenables pour rendre "es douleurs
très toféraBles et même pour guérir certaines
maladies.
----
M. Manceron à Paris
Réception des Délégués
des Chambres de Commerce
et d'Agriculture de Tunisie
Des délégations des Chambres de Commerce
et d'Agriculture de Tunisie, arrivées à Paris,
ont été reçues par M. François Manceron, ré-
sident général de France à Tunis. Les délé-
gués tunisiens ont longuement entretenu le ré-
sident général de la situation économique de
notre protectorat et en particulier des difficul-
tés rencontrées par l'artisanat indigène. S'il
apparaît que le marché extérieur se trouve ra-
lenti par la crise générale, des efforts utiles
sont à entreprendre pour améliorer le marché
international. Un autre mal., que la situation gé-
nérale fait apparaître en Tunisie, se rapporte
aux pratiques d'usure dont les agriculteurs
indigènes sont victimes. Le résident général qui
donne tous ses soins à cette affaire, a exposé
les mesures prises par son administration.
En remerciant M. Manceron de ses déclara-
tions, les délégués lui ont exprimé l'espoir qu'à
son prochain retour à Tunis, ils poursuivraient
en pleine collaboration avec la résidence géné-
rale l'application de ces mesures de redresse-
ment économique et social.
«Offl. -
M. Carde à Paris
«♦»
M. Carde, gouverneur général de l'Algérie,
a été reçu à la maison des Journalistes, par le
groupement des Journalistes nord-africains, qui
avait organisé un dîner en son honneur. Au
cours de ses différentes visites, ces derniers
jours, M. Carde a rencontré M. Malvy, pré-
sident de la Commission des Finances à la
Chambre des Députés, M. Antonelli, rappor-
teur du Budget de l'Algérie, M. Albert Sar-
raut, et M. le président Paintevé ; il a conti-
nué avec ces personnalités les entretiens sur les
questions actuellement à l' ordre du jour dans la
Colonie.
L'Afrique du Nord en Belgique
«4 1
M. Corbin inaugure 1 Exposition
du Gouvernement Général de l'Algérie
M. Corbin a inauguré au Palais des Beaux-
Arts, la très intéressante exposition de peinture
et de sculptures : L'Algérie vue par les artis-
tes français (XIXO et XX" siècle). Organisée
par M. J. Alazard, conservateur du Musée
d Alger, sous les auspices du gouvernement
général et de l' association française d'expan-
sion et d'échanges artistiques, il y a là une
collection d' oeuvres de genres très différents,
illustrant de façon brillante et suggestive la
France d'outre-mer. On y voit, à côté de De-
lacroix, Barye, Chassériau, Cottet, Fromen-
tin, Renoir, Maufra, des contemporains de
styles divers, certains des élèves de l'école
d Abd-el-Tif : Albert Marquet et bien d'au-
tres, voire deux artistes indigènes intéressants.
C'est une belle évocation de l'Afrique du
Nord.
L'EXPOSITION COLONIALE
Intcnatioinle de Paris
Par MARIE-LOUISE SICARD.
A la Salle Wagram
Je m'étais un peu trop dépêchée d'improvi-
ser des stances de lamentations en l'honneur
de la mort de l'Exposition Coloniale.
J' ailais de l'ode à l'élégie, de Malherbe à
André Chénier, de la Rose à la jeune Cap-
tive, alors qu'il est encore question de lui lais-
ser la vie.
Hier soir, devant le confort-hôtelier en ac-
tion, et le Tout-Paris alimentaire, une demi-
douzaine de Conseillers municipaux sont venus
affirmer, la main sur le cœur, que l'Hôtel de
Ville n'avait pas encore été appelé à donner
son avis sur la réouverture de l'Exposition, en
1932.
La Salle Wagram en a vu bien d'autres !.
ce soir, le service d'ordre est sans importance.
En dépit de nombreux porteurs de cannes-ma-
traques, il n'y a pas de pelotons d'agents exé-
cutant au coin des rues sombres, les ordres brefs
d'un Directeur de la Police municipale.
Si ce n'était la façon dont M. Auguste Sa-
batier fonce en taureau sur le public, cette
séance soi-disant contradictoire, n'aurait été
qu'une longue conférence assez somnolente.
Nous ne nous donnerons pas la peine d'énu-
mérer les noms des pensionnaires du Palais
Bourbon et de l'Hôtel de Ville, qui sont ve-
nus nous emprisonner sous le charme de leurs
improvisations-travai llées.
Auguste Sabatier les a poétiquement et par
deux fois, baptisés : « colombes, blanches
colombes roucoulant dans le même colom-
bier », ce qui signifie, paraît-il, que par esprit
de mimétisme, ils discourent tous dans le mê-
me sens et sans variantes, nous nous en som-
mes aperçus.
La séance a débuté par un brevet d'incapa-
cité géographique décerné à tous les Français
sans distinction.
Une partie du public faisait la tête de « la
vache qui rit » et 1J autre portion garda pour
le reste de la séance 4 l'expression figée de « la
vache sérieuse ».
Une opinion qui compte
A travers le long rosaire des lieux communs
et des fins-utilitaires-métropolitaines, nous
avons, en vain, attendu l' opinion-loi des
représentants de nos Colonies, des Commissai-
res de l' Exposition, des Directeurs de nos
Agences à Paris, etc.
La réouverture de l'Exposition en 1932 est
à tous les points de vue, une question grave,
M. Charles Roux, président du Congrès des
Carburants Nationaux à la Cité des Informa-
tions, l'exprime nettement.
L'écueil terrible à éviter c'est qu'il ne faut
pas que l'année prochaine soit inférieure à cet-
te année et qu'au lieu de mourir en beauté,
Vincennes en 1932 ne périsse de vieillesse mal
fardée.
En vérité, il s'est fait hier soir, beaucoup de
bruit pour rien.
La parole est au maréchal Lyautey.
Marie-Louise Sicard.
-– -
A la Société des Nations
-
A la Commission des territoires
sous-mandat
Le président de la Commission des man-
dats a lu un exposé sur les débats du Conseil
et de l'assemblée, relatifs à la question des
mandats.
La Commission étudiera, à la demande du
Conseil, la proposition du gouvernement bri-
tannique tendant à émanciper l'Irak. Cette
étude sera faite à la lumière de la résolution
du Conseil du 4 septembre ItJ.) 1 et portera
sur les conditions générales qui doivent être
remplies par un pays placé sous mandat
avant qu'il puisse être mis tin à ce régime.
Elle a procédé à l'cxamen du rapport du
gou\ ernement belge sur l'administration du
Kuanda Urundi en 1950 et commencé l'étude
du rapport sur le Tanganyika.
_- --- .---
Les élections cantonales
à la Réunion
-.--
Les élections cantonales, qui ont eu lieu
à La Réunion le 18 «ouiant, ont donné les
résultats suivants :
Canton de Saint-André
MM. I.éopold Mai lin, Raphaël Yidot et
Latge, conseillers sortants ont été réélus.
Canton de Saint-Joseph
M. Henri Payet, conseiller sortant, et MM.
Fdvin, Hoareau et Mondon colistiers de M.
Henri Payet, ont été éus sans concurrents.
Canton de Sainte-Suzanne
MM. Hlanchet et Roger Payet, conseillers
snttantp, ont ct6 réélus.
Canton de Saint-Louis
MM. Léonus; Bénard, sénateur. Augustin
lIoarcau, Aubry et Octave Bénard, conseil-
lers sortants, ont été réélus.
Canton de Saint-Paul
MM. (îabricl Martin, Yincent do la Oito-
dav, Frédéric Payet, Augustin Lucas, René
Michel et (ieorges Ratinaud. conseillers sor-
tants, ont été réélus.
11 n'v a ballottage dan- .un un canton.
L'ordre a été assuré pendant les doi lions
Au« un incident, n'est à signaler.
-- ._-- -----. - -------
Dépêches de l'Indochine
-
Exportations de riz
Les exportations de riz ri tlcrivês dl'
Sditfon. -pendant ht première ilèeade d'or
tohre ont rit1 ' tonnes.
Indopaeiti.
Au Musée d'Ethnographie
du Trocadéro
De vastes travaux sont entrepris au musée
ethnographique du Trocadéro qui permettront
d'inaugurer, en juillet prochain, un incompa-
rable département d'archéologie américaine.
Les précieux vestiges des anciens empires du
Mexique et du Pérou, plus abondants dans ces
collections qu'en aucun autre musée du monde,
trouveront enfin là un cadre digne de tels tré-
sors jusqu'ici non révélés à notre public.
Dans ce premier département aménagé à titre
définitif, les méthodes les plus modernes de
muséographie seront appliquées : classifications
méthodiques, topographiques et comparatives.
documentation abondante réunie autour des ob-
jets (cartes géographiques, notices, photogra-
phies, bibliographie), vitrines éclairées par mi-
nuterie électrique, etc.
D ici juillet, quelques expositions tempo-
raires seront organisées, la plus importante
d'entre elles sera en juin prochain, une expo-
sition de bronzes et d'ivoires du Bénin, art pro-
prement de l'ancienne Afrique, richement re-
présenté dans les collections étrangères, mais
encore inconnu du public parisjen ; on y verra
notamment une superbe grande plaque à per-
sonnages, bronze africain du xv" siècle récem-
ment acquis en vente publique à Londres et
offert à notre Musée par un bienfaiteur ano-
nyme.
Nous conscrerons les années suivantes à la
présentation de nos collections africaines qui
s' augmentent sans cesse de dons et d'envois
importants, notamment des trouvailles de la
Mission Dakar-Djibouti.
Mission Dakar-Djlbouti.
A LA SOCIETE DES ECRIVAINS
DE L'AFRIQUE DU NORD
Pour un théâtre
nord-africain
»♦ «
Toute ueuvie colonisatrice, pour être dura-
hlt" doit, après avoir commencé sur le plan
matériel, se continuer sur le plan intellectuel.
Compréhension prolonge et consolide coopé-
ration. Le défrichement des cerveaux accorn-
pagne le défrichement de la brousse. Plus
que jamais ceci ne va pas sans cela.
L.a diffusion de l'instruction n'est que le
début de J'œuvre intellectuelle. Gratifier les
indigènes d'un enseignement plus ou moins
calqué sur celui de France est bon, mais le
grain semé ne doit pas être abandonné à lui-
même ; l'arbre transplanté doit pouvoir don-
ner des fruits au goût de terroir. Ici apparaît
- et ceci czt vrai d'abord pour les colonies
déjà évoluées comme l'Afrique du Nord -
l'action des écrivains, j'entends des écrivains
nourris et inspirés par la colonie. La littéra-
ture de teiroir joue aux colonies un rôle de
rapprochement et de concorde. Flic est le lien
entre les éléments européens et les éléments
indigènes ; elle les éclaire en étudiant -- leur-.
caractères ; elle décèle et souligne la commu-
nauté des tendances et des intérêts ; elle atté-
nue les frictions et incite aux efforts soli-
daircs.
On objectera que, même en Afrique du
Nord, une minorité est seule capable de s'in-
téresser avec fruit à une littérature originale :
il suffit que cette minorité existe pour que,
grâce au développement de la civilisation et
aux efforts des écrivains locaux, elle grossisse
sans cesse, et c'est ce qui se produit dans la
réalité.
Mais il est une forme de la littérature qui
s'adresse à un plus large public : le théâtre,
et dont le succès devrait précéder celui du
livre. Il est curieux de constater que si le
théâtre existe en Afrique du Nord, s'il y est
apprécié, il ne s'agit, en l'occurrence, que des
œuvres d'origine métropolitaine. Le théâtre
véritablement nord-africain n'existe pas. Sauf
le théâtre de langue arabe, et il convient de
souligner le succès, auprès du public indi-
gène, de certaines pièces classiques françaises
traduites en arabe.
Pourquoi les pièces d'inspiration nord-afri-
caine n'ont-elles jamais eu que des succès
rares, isolés, éphémères ? Médiocrité des au-
teurs, insuffisance des acteurs, intlitterence
du public ? Ni l'un, ni l'autre, mais bien plu-
tôt timidité des efforts et précarité des
moyens. Surtout le public, les écrivains eux-
mêmes, les gouvernants n'ont jamais reconnu
le rôle que pourrait jouer le théâtre nord-afri-
cain.
Or, pour ceux (lui l'observent, le public ne
peut avoir que de la sympathie ; encore faut-il
l'éclairer.
Les amateurs ne peuvent qu'ôtie attires
vers une forme d'art qui contribuerait a leur
faire oublier le dédain en lequel les tient ordi-
nairement la métropole et qui les rapproche-
rait davantage du public qu'ils étudient.
Il ne manque plus que l'attention gouver-
nementale. Ce n'est pas seulement en impor-
tant en Afrique du Nord les œuvres mar-
quantes du théâtre français, mais encore en
songeant un peu aux auteurs et aux acteurs
nord-africains que les gouvernements travail-
leront à l'épanouissement de l'œuvre civili-
satrice qu'ils ont le devoir de conduire.
L. Groiaard,
rétaire Autrui
': la SoctttA 'les L'crii-iin*
,l,' I Wfiiifir Xorii.
--- - -- --- --.-.--------------
A l'Opéra d'Alger
»♦«
La saison 1931-1932
l.a sai-on d'hivei pivpaiée pat M. Audism
directeur de l'Opéra municipal d'Alger s'an-
nonce spleiulide. et un programme < hoisi pié-
Mdera â «elle huitième année de diiection.
l"n grand choix «i opéras, opéras comique-
et tradu< tion» seront interprétés par une.
troupe d'élites formée d'artistes de l'Opéra,
de l'Opéra-comique et des grands théàtre.
allemands.
l'ai mi les ténot i engages citons lt
Friand, Di Mazei, Hurdino de l'Opéra-co-
mique et< ; parmi les barytons et bassei-
MM. A mal de l'Opéra, Musy, Heeckmans de
LE NUMERO : 30 CENTIMES
JEUDI SOIR, 29 OCTOBRE 19.'1.
40URMl_QU0TIDIEII
Rédaction & Administration :
14, m n .BIDIr
PARIS 0-)
itliPH. i LOUVRE 19-37
RICHELIEU 87-84
Les Annales Coloniales
Les annonces et réclames sont reçue. au
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DIRBCTBUR-FONOATEUR : Marcel RUEDEL
Tou. les arttde. publié. dans notre tournai ne peuvent
être reproduit. qu'en cllant les ANNALES COLONIALIS.
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ttranaer. 240 » 115 » 10.
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
La Colonisation par le Médecin
v-
La colonisation ne peut constituer un fait
tolérable qu'autant quelle se traduit pour le
peuple colonisé par une amélioration très mar-
quée de ses conditions matérielles de vie. Dans
cet ordre d'idée le premier devoir d'une
grande nation colonisatrice comme la France
est de veiller à la santé physique des peuples
qu'elle a soumis, de préserver leurs races des
granch fléaux qui de tout temps ont décimé
l'humanité. En un mot, la plus importante des
tâches qu'elle a à accomplir est cette dont ses
savants, ses médecins, ses hygiénistes seront
les pionniers. Il nous importe peu que les
conquêtes coloniales ajoutent à nos gloires mili-
taires, qu'elles soient l'occasion de profits ap-
préciables pour de hardis spéculateurs ; nous
voulons tout simplement savoir si elles ont
rendu possible une colonisation rationnelle par
le médecin.
C'est ce que nous nous proposons d exami-
ner aujourd nui non pas pour l'ensemble de
notre empire colonial, mais seulement pour
l'Indochine oui en est la partie la plus peuplée
et la plus riche.
On sait que l'Extrême-Orient a toujours été
une terre d'élection pour les grandes maladies
épidémiques. Avec toutes les terres intertropi-
cales il a le privilège à peu près exclusif de
quelques grandes endémo-épidémies, comme
la variole, le choléra. la peste et la lèpre. Ces
maladies, actuellement à peu près inconnues e:
Europe et dans les régions tempérées conti-
nuent à ravager les populations de r Extrême-
Asie. L'Indochine n'est pas épargnée. Com-
ment depuis notre occupation avons-nous lutté
contre ces fléaux et quels résultats avons-nous
obtenus 7
Au moment de notre installation en Indo-
chine la VARIOLE v exerçait des ravages cruels.
En particulier, elle sévissait au Tonkin avec
une rigueur tout à fait exceptionnelle ; un
nombre considérable d'indigènes portaient au
visage les traces cicatricielles de la variole ;
le nombre des aveugles était important ; en
temps d'épidémie la proportion des enfants
atteints pouvait être évaluée à plus de 90
de la population infantile jusqu'alors épargnée
par la maladie ; dans les épidémies ordinaires
le nombre de décès s'élevait en moyenne à
50
lU'
Une lutte énergique fut entreprise dès le dé-
but contre la variole. Mais elle se heurta à
deux graves difficultés ; tout d abord difficulté
d'obtenir et de conserver le vacciu ; ensuite
difficulté de créer un corps de vaccinateurs in-
digènes. La première fut résolue d abord
grâce à la substitution des buffions aux génis-
ses comme vaccinifères et ensuite par l'emploi
du vaccin sec ; à l'heure actuelle le vaccin
anti variolique est fourni aux pays de l'Union
par cinq centres vaccinogènes qui sont : Hanoi,
Hue, Saïgon, Vientiane et Xieng-Khanang ;
tous ces centres sont sous la direction et le
contrôle de l'Institut Pasteur. La deuxième
difficulté a été solutionnée grâce au service de
l'Assistance médicale. L'activité du service
anti-variolique s'exprime par les chiffres sui-
vants : deux millions de vaccinations en 1905,
trois millions en 1918, 7 millions et demi en
1928.
Les résultats obtenus ont été satisfaisants,
puisqu'en 1929, bien que des réveils assez sé-
rieux de la maladie aient eu lieu un peu partout,
il n'a été enregistré pour toute l'Indochine que
4.861 cas, dont 1.453 pour la Cochinchine,
1.391 pour le Cambodge, 869 pour r Annam,
666 pour le Laos et 482 pour le Tonkin.
C'est tout à l'honneur de notre corps médical
indochinois.
Comme la variole, le choléra a fait de tout
temps d'importants ravages dans les popula-
tions indochinoises. Il les éprouve encore, soit
sous une forme atténuée, soit sous une forme
sévère comme en 1926 et 1927, année où le
nombre de cas constatés s'est élevé à 19.825
et 33.569 alors qu'il était descendu à 318 en
1924 et qu'il était de 4.993 en 1929. La
lutte contre le choléra a été menée par la vac-
cination dont l'effet a été de Tendre la morta-
lité dix fois plus faible. Les campagnes de
vaccination se heurtent à de sérieuses difficul-
tés résultant, soit du peu d'empressement de la
population pour cette mesure qu elle n appré-
cie pas encore entièrement, soit de l'insuffi-
sance du nombre des infirmiers opérateurs.
Malgré cela le nombre des vaccinations anti-
cholériques a pu atteindre les chiffres suivants:
2.200.000 en 1926. 5.500.000 en 1927.
4.400.000 en 1928 et 2.000.000 en 1929.
En outre de sérieuses mesures prophylactiques
ont été appliquées et des expériences intéres-
santes sont en cours concernant l'efficacité du
bili-vaccin pour l'immunisation particulière
des groupements faciles à surveiller. Ainsi donc
notre corps médical lutte courageusement en
Indochine contre ce vieil et terrible ennemi de
l'espèce humaine qu'est le vibrion cholérique.
Il a aussi entrepris une rude campagne contre
le bacille de Yersin. Elle était indispensable.
On sait, en effet, que lindociiine en relations
constantes depuis des temps immémoriaux,
d un côté avec le Siam, d'un autre côté avec
le Yunnan et les grands ports de Chine;
foyers permanents de PESTE, a subi au cours
des âges des invasions multiples du terrible
fléau. Depuis nos occupations successives des
divers pays de l'Union, des épidémies se sont
allumées deci, detà, presque toutes d'ailleurs
d'origine exogène. Actuellement il existe en
Indochine trois foyers permanents de peste :
l'un à Cholon relativement minime, l'autre très 1
important à Phnom-penh , le troisième dans le
territoire de Kouang-tchéou-wan. Ces trois
foyers sont des foyers chinois et sont entretenus
par le pullulement des rats. Le nombre des
décès officiellement attribués à la peste a été
de : 800 environ en 1919 et 1920, de 1.050
en 1921, de 1.250 en 1922. de 900 environ
dans les années 1923, 1924, 1925, de 200
environ dans les années 1926, 1927, 1928,
1929. La bataille que nos médecins mènent
contre la peste, a été quelquefois fertile en in-
cidents, particulièrement au Cambodge, où
eurent lieu des manifestations populaires con-
tre la constatation des décès, les mesures de
désinfection, la vaccination. Il a fallu que la
mort frappe lourdement la fIIIIIiMe .Ie fftrar
que ces manifestations ne soient plus encoura-
gées en haut lieu.
La vaccination antipesteuse a donné d'ex-
cellents résultats. Mais il semble bien qu'il
faille mettre en œuvre de grandes mesures de
voirie et d'assainissement des habitations pour
détruire totalement les foyers d'épidémie. La
dératisation, déjà pratiquée activement, doit
donner d'excellents résultats.
Nous terminerons cette rapide étude des ter-
ribles maladies contre - -- lesquelles luttent - notre
corps médical indochinois par quelques mots
sur la LÈPRE. La lèpre causa de tout temps de
grands ravages dans notre colonie. En 1802,
l'empereur Cia-Long entreprit la lutte contre
le fléau ; plus tard les missions continuèrent
son oeuvre et installèrent nos premières lépro-
series officielles. Actuellement l'Indochine
dispose pour traiter et isoler ses lépreux d'une
léproserie-asile et de 14 colonies agricoles
et villages spéciaux abritant des lépreux
ainsi répartis :
Tonkin. 2.550
Cochinchine. , 218
Annam. , , , 282
Cambodge. 272
Laos 66
Mais il serait inexact de croire que le nom-
bre de lépreux n'est pas plus considérable. En
réalité, il est au moins de 12.000. Leur répar-
tition serait la suivante :
1 100 au Cambodge.
500 dans le territoire de Kouang-tchéou-
wan.
3.000 en Cochinchine.
850 au Laos.
3.550 au Tonkin.
3.000 en Annam.
Des mesures efficaces ont été appliquées pour
le dépistage des lépreux, la prophylaxie met
en oeuvre l'isolement à domicile, la ségréga-
tion dans des villages spéciaux, la ségrégation
des enfants issus de lépreux. Les divers pays
de l'Union consacre à la lèpre les dépenses
suivantes :
Tonkin 165.000 piastres
Annam 41.000
Cochinchine. 40.000
Cambodge 7.000
Laos 5.000 -
Au total c' est une somme de 258.000 pias-
tres, soit 2.580.000 francs qui est consacrée à
la lutte contre la lèpre. C'est une lourde
charge pour les budgets locaux de l' Assistance,
en particulier au Tonkin, où l'entretien des lé-
proseries absorbe 12,9 des disponibilités
budgétaires.
Ainsi donc, il apparaît que le médecin rem-
plit bien en Indochine le rôle que nous vou-
drions lui voir jouer partout. Son rôle sera
de premier plan le jour où les crédits ne lui
seront pas trop parcimonieusement mesurés. En
attendant, rendons-lui hommage 1
Georges Nouelle,
député de Saône-et-Loire,
Vicc-Ilrésident de la Commission des Colonies,
Vice-président de la Commission des Mines.
M. Liclen Saint à Parts
M. Briand, ministre des Affaires étrangères,
a reçu, hier matin, M. Lucien Saint, résident
général au Maroc.
M. Lucien Saint, résident général de*
France au Maroc, a été reçu par M. Maginot,
ministre de la Guerre, et par M. J.-L. Du-
inesnil, ministre de l'Ait..
le pétrole et les minerais
au Maroc
*+*
Nous avons clcjà indiqué que certaines dé-
couvertes de poches pétrolifcres venaient
d'être faites au Maroc, plus particulièrement
dans la région de Tselfat où un sondage a
trouvé du pétrole à une faible profondeur,
avec un débit régulier de 1. 500 litres par
jour.
Il y a là évidemment une indication très
intéressante, mais dont il serait prématuré
de tirer des conséquences excessives.
Par ailleurs, en ce qui concerne les autres
richesses minières on ne doit pas oublier
que dans l'antiquité romains, portugais et
autochtones ont exploité le cuivre et l'ar-
gent dans le pays.
- On ne doit donc pas s'étonner des efforts
Mployés par les prospecteurs, actuels.
Au t"r janvier 1930 on compta it 3.554
permis de recherches, sur lesquels une dé-
faillance de 2.312 a été enregistrée et 388
permis de prospection, rlduits actucllement
à 247 seulement.
Cette disproportion entre les demandes et
les résultats prouve-t elle le caractère spccu-
latif de pure imagination des richesses mi-
nières du Maroc ?
Kn aucune façon. à notre sens. Il faut ccr-
tainement incriminer le peu de méthode et la
faiblesse des moyens de recherches employés
jusqu'à <"e jour.
'_a -
CDdMA COLONIAL
040
« Baroud »
A Nice de nombreux visiteurs s'extasient
sur les 200 chameaux qui habitent les studios
(iaumont et occupent pour le film Baroud
de Rex InRram, l'enceinte où s'élèvera, d'ici
quelques jours, la reconstitution fidèle d'un
fortin.
Une Cité du Cinéma
060
L'Afrique du Nord se prêterait
admirablement à sa réalisation
--4)-0-
Il
E monde du cinéma
français étudie, pa-
rait-il, la création
d'une Cité du Ci-
néma qui serait pour
la production des
films français ce
qu'est Los Angeles
pour le tournage
américain.
L'idée m t r i t e
d'être prise en sérieuse considération. Il
n'est aucun avantage inhérent à la grande
métro pole cinéaste américaine que la France
ne puisse offrir. An contraire, on peut trou-
ver sur la terre française en comprenant dans
cette dénomination ses provinces nord-afri-
caines si proches à la fois et si différentes,
une variété de sites, de nature, de mœurs,
de races qui ne saurait s'obtenir à Los An-
geles que par un maquillage souvent grotes-
que.
- /Je la Tunisie au Maroc, on trouve les
harmonies de la zone tempérée à côté des
éclats de lumière et de couleur de l'Orient.
Les chotts, les oasis du Djérid, les l'ro-
glodytes des Malmatas, sont dans cc même
pays où la région de Thaï a possède des sites
verdoyants d'Auvergne.
Les vastes solitudes sahariennes commen-
cent aux portes de Biskra, la cité des Ouled.
Nails. Les étranges terrasses pierreuses du
Mzab, avec soit heptapole et sa population
originale, la Chebka dénudée, l'oasis moza'
bite de Berrian, Metlibi, centre des Chaamba
farouches, sont dans le même département
que la majestueuse forêt de cèdres de Te-
niet-el-Haadles orangeries de Blida et les
gorges de la Chiffa abondantes en singes.
Et le Maroc est là tout près, avec ses fleu-
ves, avec ses forteresses moyenâgeuses aux
murailles cyclopéenncs, avec ses citadelles
portugaises sur la côte atlantique, avec Mar-
rakech la rouge, calcinée par un soleil qui
n'arrive pas à fondre les neiges éternelles
des hantes cimes de VAtlas dont elle se cou-
ronne.
Partout, sur les TOliteS, lUI vivant contraste
montre les autos effrayant de leur claksott
les caravanes chamelières et affolant les Bé-
douines qui s'enfuient dans l'envol de leurs
haillons bleus et la sonnerie des lourds bra-
celets d'argint de leurs chevilles nues.
Allez donc demander à los Angeles ces
oppositions évocatrices des époques, des ra-
ces, des mondes. On n'y peut réaliser que
des ersatz, des contrefaçons trop souvent
lamentables.
Les vastes territoires nus sur lesquels
pourrait s'édifier la Cité du Cinéma ne
manquent point dans notre Afrique du
Nord.
Puissent nos grandes firmes s'inspirer du
besoin de renouveau qui se manifeste dans
le cinéma pour lequel la tradition de Los
Angeles s'avère périmée, malgré l'auréole
que le snobisme seul persiste à lui concéder.
Edouard Néron,
Sénateur de la liaute-Loire,
Vice-Président de la Commission
des Douane..
Notre action au Maroc
11.
Le front marocain
La situation est excellente sur l'ensemble
du front marocain.
Grâce aux heureuses mesures prises par M.
Lucien Saint et le général Huré, comman-
dant en chef. les tribus soumises des marches
de la dissidence n'auront rien à craindre cet
hiver et pourront en toute quiétude vaquer
à leurs travaux.
Dans le territoire du Tadja, nos troupes
bordent complètement l'oued el Abid et
donnent la main aux troupes de la région de
Meltnès, dans la vallée de l'Assif-Ouirine
Depuis trois mois, près de 600 tentes sont
dans cette région rentrées dans nos lignes.
Sur le front de la Ioulouya, l'occupation
de Tonjit a permis la liaison avec les trou-
pes du Tadja, ainsi que la soumission de 800
familles des Aïb-Yabid.
Dans la région de Marrakech, de nouveaux
postes jalonnent nos dernières avances : Bou-
Alem, Tijoulinc. Nos soumis sont donc bien
protégés contre les nomades du Sud de
l'oued Drna.
Dans le territoire d'Agadir, la récente oc-
cupation de Taba nous a rallié la totalité
des Aït'Ou M'Ribet.
Aux confins algéro-marocains, la police des
routes sahariennes est parfaitement orga-
nisée et t'invcstissement, à peu près complet
à 1 heure actuelle, du Tafilalet, nous permet-
tra de l'occuper quand la résidence générale,
en accord avec le gouvernement, jugera à
propos de le faire.
La pacification se poursuit
Dans le Todra, les troupes de la région de
Marrakech continuent leur avance méthodi-
que, tandis qu'au sud de Bou-Denib le com-
mandement prépare la pénétration dans la
Ferkla.
C'est l'encerclement complet du massif
montagneux où se trouvent resserrées les tri-
bus dissidentes Ait Yagclmann, Ait Hadidou
et Ait Moghrao.
A l'heure actuelle, la plupart des insoumis
ont abandonné leurs terres cultivables et leurs
habitations fixes pour se retirer dans la haute
montagne. Toutefois, la chute des premières
pluies, qui vient de commencer, ouvrant la
saison des labours dans la plaine, va provo-
quer de nouvelles soumissions.
Déjà, hier, 80 tentes Ait Hadidou ont de-
mandé l'aman et il est certain que dans les
jours qui vont suivre ce mouvement va s'ac-
centuer.
A l'Académie de Médecine
Le trachome en Tunisie
M. Morax a communiqué à la réunion de
mardi, un mémoire de M. Talbot sur 1 organi-
sation et l'action de la mission de prophylaxie
du trachome dans les oasis du Sud tunisien, en
juillet dernier.
il est acquis que la contamination est pré-
scolaire et aucun cas de transmission du tra-
chome, à l'école, n'a été observé. La nécessité
d'instituer des classes spéciales pour les tra-
chomateux ne s'impose donc pas.
Mais il faut traiter les écoliers par une ac-
tion thérapeutique quotidienne, sous une sur-
veillance médicale espacée.
En dehors de l'école, l'action prophylac-
tique doit surtout viser les filles et les mères.
Avant la séance, comités secrets pour les
commissions de la propriété scientifique et du
dictionnaire de l'Académie.
Les ondes courtes
guériraient certaines fièvres
Le docteur Auguste Marie a parlé, hier,
à l'Académie de Médecine, de la récurrenthé-
rapie, parente de la malariathérapie, employée
pour la guérison de la paralysie générale et par-
fois de l' avarie. Et la veille, à l'Académie des
Sciences, le docteur Saïan et M. Roger
Cahen, continuant leurs belles recherches sur
l' emploi thérapeutique des ondes de très haute
fréquence, montraient que ces ondes donnaient
la fièvre, une élévation de température allant
facilement et docilement à 42°, et que dans
ces conditions, des médecins américains avaient
employé ces ondes contre le microbe de l'ava-
rie, qui ne résiste pas à cette température.
Il semble donc que la fièvre déchaînée par
la malaria ou par toute autre maladie agit par
sa température. Il serait donc plus rationnel.
au lieu de déchaîner une maladie grave, et
qui n'est pas sans péril pour des sujets déjà
affaiblis, d'employer les ondes de très haute
fréquence, dont l'application est relativement
facile.
Mais le docteur Saïdman ne s'en est pas
tenu à ces premiers résultats des ondes ultra-
courtes. 11 a tenu à les employer comme anal-
gésiques, ainsi que le signalait déjà l'illustre
d'Arsonval. lors de son étude des hautes fré-
quences. Et l' expérimentateur a obtenu en ef-
fer une diminution très marquée de la douleur
dans les rhumatismes aigus, les névralgies den-
taires, etc.
Avec un appareil d'application, il suffira
bientôt de choisir dans 1 éther les longueurs
d'cwde* cmrvenables pour rendre "es douleurs
très toféraBles et même pour guérir certaines
maladies.
----
M. Manceron à Paris
Réception des Délégués
des Chambres de Commerce
et d'Agriculture de Tunisie
Des délégations des Chambres de Commerce
et d'Agriculture de Tunisie, arrivées à Paris,
ont été reçues par M. François Manceron, ré-
sident général de France à Tunis. Les délé-
gués tunisiens ont longuement entretenu le ré-
sident général de la situation économique de
notre protectorat et en particulier des difficul-
tés rencontrées par l'artisanat indigène. S'il
apparaît que le marché extérieur se trouve ra-
lenti par la crise générale, des efforts utiles
sont à entreprendre pour améliorer le marché
international. Un autre mal., que la situation gé-
nérale fait apparaître en Tunisie, se rapporte
aux pratiques d'usure dont les agriculteurs
indigènes sont victimes. Le résident général qui
donne tous ses soins à cette affaire, a exposé
les mesures prises par son administration.
En remerciant M. Manceron de ses déclara-
tions, les délégués lui ont exprimé l'espoir qu'à
son prochain retour à Tunis, ils poursuivraient
en pleine collaboration avec la résidence géné-
rale l'application de ces mesures de redresse-
ment économique et social.
«Offl. -
M. Carde à Paris
«♦»
M. Carde, gouverneur général de l'Algérie,
a été reçu à la maison des Journalistes, par le
groupement des Journalistes nord-africains, qui
avait organisé un dîner en son honneur. Au
cours de ses différentes visites, ces derniers
jours, M. Carde a rencontré M. Malvy, pré-
sident de la Commission des Finances à la
Chambre des Députés, M. Antonelli, rappor-
teur du Budget de l'Algérie, M. Albert Sar-
raut, et M. le président Paintevé ; il a conti-
nué avec ces personnalités les entretiens sur les
questions actuellement à l' ordre du jour dans la
Colonie.
L'Afrique du Nord en Belgique
«4 1
M. Corbin inaugure 1 Exposition
du Gouvernement Général de l'Algérie
M. Corbin a inauguré au Palais des Beaux-
Arts, la très intéressante exposition de peinture
et de sculptures : L'Algérie vue par les artis-
tes français (XIXO et XX" siècle). Organisée
par M. J. Alazard, conservateur du Musée
d Alger, sous les auspices du gouvernement
général et de l' association française d'expan-
sion et d'échanges artistiques, il y a là une
collection d' oeuvres de genres très différents,
illustrant de façon brillante et suggestive la
France d'outre-mer. On y voit, à côté de De-
lacroix, Barye, Chassériau, Cottet, Fromen-
tin, Renoir, Maufra, des contemporains de
styles divers, certains des élèves de l'école
d Abd-el-Tif : Albert Marquet et bien d'au-
tres, voire deux artistes indigènes intéressants.
C'est une belle évocation de l'Afrique du
Nord.
L'EXPOSITION COLONIALE
Intcnatioinle de Paris
Par MARIE-LOUISE SICARD.
A la Salle Wagram
Je m'étais un peu trop dépêchée d'improvi-
ser des stances de lamentations en l'honneur
de la mort de l'Exposition Coloniale.
J' ailais de l'ode à l'élégie, de Malherbe à
André Chénier, de la Rose à la jeune Cap-
tive, alors qu'il est encore question de lui lais-
ser la vie.
Hier soir, devant le confort-hôtelier en ac-
tion, et le Tout-Paris alimentaire, une demi-
douzaine de Conseillers municipaux sont venus
affirmer, la main sur le cœur, que l'Hôtel de
Ville n'avait pas encore été appelé à donner
son avis sur la réouverture de l'Exposition, en
1932.
La Salle Wagram en a vu bien d'autres !.
ce soir, le service d'ordre est sans importance.
En dépit de nombreux porteurs de cannes-ma-
traques, il n'y a pas de pelotons d'agents exé-
cutant au coin des rues sombres, les ordres brefs
d'un Directeur de la Police municipale.
Si ce n'était la façon dont M. Auguste Sa-
batier fonce en taureau sur le public, cette
séance soi-disant contradictoire, n'aurait été
qu'une longue conférence assez somnolente.
Nous ne nous donnerons pas la peine d'énu-
mérer les noms des pensionnaires du Palais
Bourbon et de l'Hôtel de Ville, qui sont ve-
nus nous emprisonner sous le charme de leurs
improvisations-travai llées.
Auguste Sabatier les a poétiquement et par
deux fois, baptisés : « colombes, blanches
colombes roucoulant dans le même colom-
bier », ce qui signifie, paraît-il, que par esprit
de mimétisme, ils discourent tous dans le mê-
me sens et sans variantes, nous nous en som-
mes aperçus.
La séance a débuté par un brevet d'incapa-
cité géographique décerné à tous les Français
sans distinction.
Une partie du public faisait la tête de « la
vache qui rit » et 1J autre portion garda pour
le reste de la séance 4 l'expression figée de « la
vache sérieuse ».
Une opinion qui compte
A travers le long rosaire des lieux communs
et des fins-utilitaires-métropolitaines, nous
avons, en vain, attendu l' opinion-loi des
représentants de nos Colonies, des Commissai-
res de l' Exposition, des Directeurs de nos
Agences à Paris, etc.
La réouverture de l'Exposition en 1932 est
à tous les points de vue, une question grave,
M. Charles Roux, président du Congrès des
Carburants Nationaux à la Cité des Informa-
tions, l'exprime nettement.
L'écueil terrible à éviter c'est qu'il ne faut
pas que l'année prochaine soit inférieure à cet-
te année et qu'au lieu de mourir en beauté,
Vincennes en 1932 ne périsse de vieillesse mal
fardée.
En vérité, il s'est fait hier soir, beaucoup de
bruit pour rien.
La parole est au maréchal Lyautey.
Marie-Louise Sicard.
-– -
A la Société des Nations
-
A la Commission des territoires
sous-mandat
Le président de la Commission des man-
dats a lu un exposé sur les débats du Conseil
et de l'assemblée, relatifs à la question des
mandats.
La Commission étudiera, à la demande du
Conseil, la proposition du gouvernement bri-
tannique tendant à émanciper l'Irak. Cette
étude sera faite à la lumière de la résolution
du Conseil du 4 septembre ItJ.) 1 et portera
sur les conditions générales qui doivent être
remplies par un pays placé sous mandat
avant qu'il puisse être mis tin à ce régime.
Elle a procédé à l'cxamen du rapport du
gou\ ernement belge sur l'administration du
Kuanda Urundi en 1950 et commencé l'étude
du rapport sur le Tanganyika.
_- --- .---
Les élections cantonales
à la Réunion
-.--
Les élections cantonales, qui ont eu lieu
à La Réunion le 18 «ouiant, ont donné les
résultats suivants :
Canton de Saint-André
MM. I.éopold Mai lin, Raphaël Yidot et
Latge, conseillers sortants ont été réélus.
Canton de Saint-Joseph
M. Henri Payet, conseiller sortant, et MM.
Fdvin, Hoareau et Mondon colistiers de M.
Henri Payet, ont été éus sans concurrents.
Canton de Sainte-Suzanne
MM. Hlanchet et Roger Payet, conseillers
snttantp, ont ct6 réélus.
Canton de Saint-Louis
MM. Léonus; Bénard, sénateur. Augustin
lIoarcau, Aubry et Octave Bénard, conseil-
lers sortants, ont été réélus.
Canton de Saint-Paul
MM. (îabricl Martin, Yincent do la Oito-
dav, Frédéric Payet, Augustin Lucas, René
Michel et (ieorges Ratinaud. conseillers sor-
tants, ont été réélus.
11 n'v a ballottage dan- .un un canton.
L'ordre a été assuré pendant les doi lions
Au« un incident, n'est à signaler.
-- ._-- -----. - -------
Dépêches de l'Indochine
-
Exportations de riz
Les exportations de riz ri tlcrivês dl'
Sditfon. -pendant ht première ilèeade d'or
tohre ont rit1 ' tonnes.
Indopaeiti.
Au Musée d'Ethnographie
du Trocadéro
De vastes travaux sont entrepris au musée
ethnographique du Trocadéro qui permettront
d'inaugurer, en juillet prochain, un incompa-
rable département d'archéologie américaine.
Les précieux vestiges des anciens empires du
Mexique et du Pérou, plus abondants dans ces
collections qu'en aucun autre musée du monde,
trouveront enfin là un cadre digne de tels tré-
sors jusqu'ici non révélés à notre public.
Dans ce premier département aménagé à titre
définitif, les méthodes les plus modernes de
muséographie seront appliquées : classifications
méthodiques, topographiques et comparatives.
documentation abondante réunie autour des ob-
jets (cartes géographiques, notices, photogra-
phies, bibliographie), vitrines éclairées par mi-
nuterie électrique, etc.
D ici juillet, quelques expositions tempo-
raires seront organisées, la plus importante
d'entre elles sera en juin prochain, une expo-
sition de bronzes et d'ivoires du Bénin, art pro-
prement de l'ancienne Afrique, richement re-
présenté dans les collections étrangères, mais
encore inconnu du public parisjen ; on y verra
notamment une superbe grande plaque à per-
sonnages, bronze africain du xv" siècle récem-
ment acquis en vente publique à Londres et
offert à notre Musée par un bienfaiteur ano-
nyme.
Nous conscrerons les années suivantes à la
présentation de nos collections africaines qui
s' augmentent sans cesse de dons et d'envois
importants, notamment des trouvailles de la
Mission Dakar-Djibouti.
Mission Dakar-Djlbouti.
A LA SOCIETE DES ECRIVAINS
DE L'AFRIQUE DU NORD
Pour un théâtre
nord-africain
»♦ «
Toute ueuvie colonisatrice, pour être dura-
hlt" doit, après avoir commencé sur le plan
matériel, se continuer sur le plan intellectuel.
Compréhension prolonge et consolide coopé-
ration. Le défrichement des cerveaux accorn-
pagne le défrichement de la brousse. Plus
que jamais ceci ne va pas sans cela.
L.a diffusion de l'instruction n'est que le
début de J'œuvre intellectuelle. Gratifier les
indigènes d'un enseignement plus ou moins
calqué sur celui de France est bon, mais le
grain semé ne doit pas être abandonné à lui-
même ; l'arbre transplanté doit pouvoir don-
ner des fruits au goût de terroir. Ici apparaît
- et ceci czt vrai d'abord pour les colonies
déjà évoluées comme l'Afrique du Nord -
l'action des écrivains, j'entends des écrivains
nourris et inspirés par la colonie. La littéra-
ture de teiroir joue aux colonies un rôle de
rapprochement et de concorde. Flic est le lien
entre les éléments européens et les éléments
indigènes ; elle les éclaire en étudiant -- leur-.
caractères ; elle décèle et souligne la commu-
nauté des tendances et des intérêts ; elle atté-
nue les frictions et incite aux efforts soli-
daircs.
On objectera que, même en Afrique du
Nord, une minorité est seule capable de s'in-
téresser avec fruit à une littérature originale :
il suffit que cette minorité existe pour que,
grâce au développement de la civilisation et
aux efforts des écrivains locaux, elle grossisse
sans cesse, et c'est ce qui se produit dans la
réalité.
Mais il est une forme de la littérature qui
s'adresse à un plus large public : le théâtre,
et dont le succès devrait précéder celui du
livre. Il est curieux de constater que si le
théâtre existe en Afrique du Nord, s'il y est
apprécié, il ne s'agit, en l'occurrence, que des
œuvres d'origine métropolitaine. Le théâtre
véritablement nord-africain n'existe pas. Sauf
le théâtre de langue arabe, et il convient de
souligner le succès, auprès du public indi-
gène, de certaines pièces classiques françaises
traduites en arabe.
Pourquoi les pièces d'inspiration nord-afri-
caine n'ont-elles jamais eu que des succès
rares, isolés, éphémères ? Médiocrité des au-
teurs, insuffisance des acteurs, intlitterence
du public ? Ni l'un, ni l'autre, mais bien plu-
tôt timidité des efforts et précarité des
moyens. Surtout le public, les écrivains eux-
mêmes, les gouvernants n'ont jamais reconnu
le rôle que pourrait jouer le théâtre nord-afri-
cain.
Or, pour ceux (lui l'observent, le public ne
peut avoir que de la sympathie ; encore faut-il
l'éclairer.
Les amateurs ne peuvent qu'ôtie attires
vers une forme d'art qui contribuerait a leur
faire oublier le dédain en lequel les tient ordi-
nairement la métropole et qui les rapproche-
rait davantage du public qu'ils étudient.
Il ne manque plus que l'attention gouver-
nementale. Ce n'est pas seulement en impor-
tant en Afrique du Nord les œuvres mar-
quantes du théâtre français, mais encore en
songeant un peu aux auteurs et aux acteurs
nord-africains que les gouvernements travail-
leront à l'épanouissement de l'œuvre civili-
satrice qu'ils ont le devoir de conduire.
L. Groiaard,
rétaire Autrui
': la SoctttA 'les L'crii-iin*
,l,' I Wfiiifir Xorii.
--- - -- --- --.-.--------------
A l'Opéra d'Alger
»♦«
La saison 1931-1932
l.a sai-on d'hivei pivpaiée pat M. Audism
directeur de l'Opéra municipal d'Alger s'an-
nonce spleiulide. et un programme < hoisi pié-
Mdera â «elle huitième année de diiection.
l"n grand choix «i opéras, opéras comique-
et tradu< tion» seront interprétés par une.
troupe d'élites formée d'artistes de l'Opéra,
de l'Opéra-comique et des grands théàtre.
allemands.
l'ai mi les ténot i engages citons lt
Friand, Di Mazei, Hurdino de l'Opéra-co-
mique et< ; parmi les barytons et bassei-
MM. A mal de l'Opéra, Musy, Heeckmans de
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