Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-07-28
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 juillet 1931 28 juillet 1931
Description : 1931/07/28 (A32,N109). 1931/07/28 (A32,N109).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380379j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. N* 109. LE NUMERO .P 30 CENTIMES MARDI SOIR, 28 JUILLET 1931.
JOURNAL QUOTIDIEN.
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Les Annales Coloniales
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PREMIER ACTE DE LA COLONISATION
CHEZ LES NOIRS
Ar
La sécurité rétablie
L' explorateur Félix Dubois, l'auteur de
Tombouctou la Mystérieuse et du Beau Niger,
se rappelait, en 1909, le temps où les Son-
ghoïs végétaient misérables : « A quoi bon
travailler, on les dépouillait. Pourquoi pro-
créer ? Leurs enfants étaient enlevés et vendus
au loin comme des esclaves ; ils avaient subi
l' asservissement jusqu'à l'abrutissement. »
« Nos troupes, continuait Félix Dubois, se
mirent résolument à leur rôle de gendarme à
l'égard des nomades anarchistes. Les séden-
taires ont repris conscience et se sont réorga-
nisés ; d'année en année les cultures progres-
sent, l' excédent des récoltes augmente. Les
terres à l'abandon diminuent. » Et Dubois se
réjouissait que « dans le vif émail des yeux
des écoliers négrillons ne se lût plus la crainte
du Touareg voleur d'enfants. »
Avec la paix française, concluait-il, Tom-
bouctou est redevenue « la plaisante et active
cité cosmopolite, trait-d' union entre le monde
des blancs et le pays des noirs. Il constatait
qq en quinze ans l'usage des monnaies fran-
çaises et de nos poids et mesures était devenu
général et que dans les populations indigènes
s'était éveillé un certain désir de savoir, et que
les médecins se louaient des infirmiers indigè-
nes.
Ce livre de Félix Dubois fut comme le pro-
cès verbal d'une civilisation qui venait d' éclo-
re, et volontiers lui donnerais-je comme exer-
gue ce mot du vieux chef peuhl qui disait au
voyageur : « J' ai oublié les razzias audacieu-
ses, je reste au cul de mes vaches ! » Il y res-
tait et il cultivait : la sécurité r avait rendu
sédentaire. Félix Dubois tournait son oreille
vers un grand commerçant ; il le faisait parler
et il écrivait : « Dianguina-Koni nous est to-
talement dévoué en raison de la sécurité per-
sonnelle dont il jouit et de la paix qui favorise
si bien ses affaires ». Quelques années plus
tôt, à cause de l'insécurité, des années entiè-
res se passaient sans t qu'il fût possible de faire
descendre à la côte tel produit (la gomme, par
exemple, ou le mil) dont dépendait l' existence
de tribus ou de villes entières ; le com-
merce désormais, comme l' agriculture, était à
l'abri du péril. Le noir n'avait plus à craindre
les exactions de ses propres chefs ; la paix
française régnait.
Robert Randau, celui qu'on a pu appeler
le Rabelais de l'Afrique, en un passage de
son livre : Les explorateurs, nous montre avec
un savoureux réalisme la façon tout à la fois
militaire et bienfaisante dont cette paix s im-
posait. Un de ses personnages dit aux indigè.
nes : « Je ne dérobe pas la pitance des tribus.
Le sultan des Français, qui a appris votre dé-
tresse, m'ordonne de vous secgurir, et voici
que vous êtes fils de miteux captifs, à demi
morts de mistoque- Et je suis venu à vous pour
vous délivrer tous, depuis l'enfant qui tète jus-
qu'au vieux qui bafouille. Hommes, oyez.
Quand mes compagnons planteront un mât im-
mense sur la plus haute de vos dunes, en
face de votre bourg ; quand vous entendrez
claquer dans le vent mon étendard à trois cou-
leurs, alors sachez que votre terre sera libre, et
que quiconque vous molestera désormais subi-
ra un rude châtiment. »
Les indigènes comprennent ce langage, j'en
ai pour preuve cette chanson fameuse, œuvre
de quelque griot ignoré, que citait il y A deux
ans M. Maginot dans son discours de Dakar,
cette chanson qui rappelle les atrocités de Sa-
mory, les pillages de ses sofas et qui célèbre
la liberté et la délivrance apportées par nos
soldats (1). Aminata femme noire, l'héroïne du
roman de M. Alfred Chaumel, se rend comp-
te à son tour « qu"à l'inverse des sultans noirs,
ce n'est pas pour lui que le blanc du poste
ramotse 1 argent : elle sait que l'impôt n'est
pas une amende, mais qu'il est indispensable à
la construction des écoles et des maisons d' as-
sistance, à l'édification des ponts, à l'établis-
sement des routes. C'est à tous ces travaux
destinés à améliorer l'existence des noirs que
le Sultan blanc emp loie cet argent. » Et de se
sentir tôt ou tard, compris par les indigènes,
aimés parce que compis, et de constater la
valeur qu'ils attachent à l'œuvre de pacifica-
tion, c'est pour ceux qui là-bas représentent la
France la plus glorieuse des jouissances.
Le gouverneur Van Vollenhoven disait un
jour en une page éloquente : « Je me souviens
qu alors que j effectuais une tournée en pays
peu fréquenté des bergers peuhls vinrent me sa-
luer. Ils n'oyaient jamais vu de fonctionnaire
français ; l'un d'eux, un vieillard biblique,
évoqua devant moi le passé de sa tribu, ses
souffrances, les abus dont elle avait été la vic-
time ; découvrant son torse, il me montra les
cicatrices des coups qu'il avait reçus en défen-
dant son bien et sa vie. Puis, dans un geste
d'infinie majesté, comme savent en trouver les
pasteurs de ce pays, il me montra ses trou-
peaux et me remercia de la sécurité qui lui
avait permis de les multiplier. C'était le soir,
le soleil se couchait dans cette splendeur dé-
sordonnée de deuil et de sang qui va si bien
à nos mornes pays d' Afrique. La silhouette du
patriarche se détachait noblement sur le ciel
embrasé ; mon regard suivait sa main qui me
montrait des milliers de boeufs retournant vers
les kraals où ils trouvaient un abri contre les
fauves. Jamais je n' ai vu plus beau. »
Mais si, il y a plus beau 1 Ce sont les rou-
tes se traçant. A la faveur de la sécurité re-
couvrée, le développement économique s'épa-
(1) Afrique Française, 1930, p. 149.
nouit, et il invite à les ouvrir ; et ces routes mê-
mes seront des garanties pour le maintien de
cette sécurité. Moins d' un demi-siècle a suffi
pour qu' un réseau de communications unifiât
et vivifiât certaines régions, qui jadis n' avaient
d' autre unité qu'une unité purement géogra-
phique. Le colonel de Martonnc met en relief,
par des exemples frappants, la portée d' un tel
progrès. En 1927, écrit-il, le gouverneur ho-
noraire Binger, reçu triomphalement à la Côte
d'Ivoire dans la capitale coloniale qui porte
son nom, met moins de quinze jours pour re-
faire en auto l'itinéraire épique « du Haut-
Niger au golfe de Guinée à travers le pays de
Kong et le Mossi », que, une quarantaine
d'année auparavant, le capitaine Binger, explo-
rateur mit plus d' une quinzaine de mois à par-
courir. à pied et en guenilles. En 1929. M.
Bourdarie, secrétaire perpétuel de - l'Académie
des Sciences coloniales, hôte de M. le gou-
verneur général Carde, inaugure à Dakar un
monument qui rappelle le glorieux passé des
troupes noires et ne peut cacher son émerveil-
lement de se trouver rendu deux jours après à
Bamako, que l'on gagnait naguère en plusieurs
semaines de chaland pour inaugurer un canal
qui ouvre une porte sur l'avenir du Sou-
an. » (1).
Au Congo le chemin de fer entre Brazza-
ville et la côte va réaliser une idée pour la-
quelle Brazza avait déjà fait campagne pen-
dant ses séjours dans .la métropole.
Le Bulletin de l'Afrique Française de jan-
vier dernier, nous disait le dernier exploit de
nos ingénieurs : l' ouverture au Dahomey de la
route de Porto-Novo à Cotonou. Porto-Novo
jusqu'ici était demeuré isolé : cette capitale
était comme en marge - du reste du pays. Lors-
que en novembre 1930, après dix mois de tra-
vail, fut achevée, sans une épidémie, sans un
décès, sans un accident dans la multitude des
ouvriers employés, la route de Porto-Novo à
Cotonou, on sentit que pour le Sud Dahomey
lui ère nouvelle allait s' ouvrir et qu'une fois de
plus la route allait créer la richesse. Dans son
discours d'inauguration, M. le gouverneur Res-
te dépeignait F ancien Dahomey, les peupla-
des se redoutant mutuellement, vivant dans
une inquiétude perpétuelle, s'isolant farouche-
ment derrière les obstacles naturels. « L' effort
considérable réalisé dans l' aménagement des
voies de communications, déclarait-il, a eu
pour résultat de faire disparaître l'isolement
des populations, de ménager les tribus et de
substituer à des groupements de races des grou-
pements de territoires ayant des intérêts écono-
miques identiques et poursuivant les mêmes
buts. » C'est là le couronnement du labeur
par lequel la sécurité fut rétablie : des popu-
lations qui jadis, se combattaient entre elles as-
socient désormais leurs vies et leurs espérances
sous le drapeau de la France.
(I) Do Murloiiiio, t.e auranl colonial, p. G*.
Georges Goyau,
Icadémte Française.
- ----
A l'Académie des Sciences
-
Les criquets migrateurs
Au nom de AT. Vayssière, M. Marchai a
présenté hier à l'assemblée une communica-
tion sur les criquets dont on ne sait que trop
les ravages dans les contrées africaines. Il a
montré comment le Congo français et le Con-
go belge ayant été dévastés cette année, les
acridiens étendaient leur zone de migration
beaucoup plus près de l'Equateur qu'on ne
le pensait et que seule la forêt équatoriale
avait arrêté leur marche. Les essaims étaient
de deux espèces : criquet pèlerin et criquet
migrateur. M. Marchai a dit les dégâts que
ces vols avaient fait dans les cultures et
principalement dans les bananeraies.
Les tectites
M. Lacroix a étudié les tectites qui vien-
nent d'être découvertes à Manille et il a
montré leur identité avec celles de l'Indo-
chine et de la Malaisie. Ce sont des frag-
ments de verre naturel auxquels on assigne
une origine cosmique.
A Tanger
La prochaine venue de M. Lerroux
à Tanger
On annonce de Madrid que M. Alexandre
Lerroux, ministre des Affaires étrangères
d'Espagne, effectuerait prochainement un
voyage à Ceuta et à Tanger. La date n'est
pas encore fixée, en raison des occupations
actuelles du ministre et des modifications
possibles dans la composition du ministère.
La visite de M. Lerroux à Tanger coïnci-
derait avec un événement extrêmement im-
portant pour la colonie espagnole de la zone
internationale.
Le nouveau Consul d'Espagne
est arrivé à Tanger
M. Placide Alvarez, nouveau consul géné-
ral d'Espagne, est arrivé à Tanger. Il a
reçu immédiatement les délégations ouvriè-
res qui lui ont exposé leurs griefs au sujet
de l'ingénieur municipal dont l'attitude a
causé de sérieux incidents avec la popula-
tion ouvrière. Cet ingénieur a été mis en
congé par l'administrateur adjoint de la zone
internationale.
Assistance médicale
en Indochine
jw L-
NTRE toutes les heu-
r reuses initiatives
que V Exposition
Coloniale a sug-
gérées il faut ins-
crire les journées
médicales, dont
les séances se
polirsitivelli, en
ce moment, à
V incarnes. A
cette occasion de
très intéressantes brochures consacrées à
notre assistance médicale coloniale sont dé-
posées sur les tables, à ia dispositioll des
congressistes. J'ai entre les mains quelques-
uns de ces résumés suggestifs et je regrette,
que les piles de ces brochures rangées sur
les tables de la salle des Congres, ne soient
pas distribuées dans le grand public visiteur,
à qui serait révélé ainsi le miracle de résur-
rection tndigene accompli par la France
dans ses colonies. Un petit opuscule :
« L'assistance médicale en Indochine fran-
çaise D, expose Cil huit pages illustrÙs, le
plus admirable évangile humain, cl les
renseignements fournis s'expriment en chif-
trrç
1
a L'assistallu médicale en Indochine
soigne et préserve, chaque année, plus de
dix millions d'Indochinois. Cette œlrure,
résultat de quarante années d'efforts, cn-
traîne des dépenses croissantes qui de 1906,
1 million 194.000 piastres, atteignent en
1930, 6 millions 272.000 piastres, soit plus
de 60 millions de francs.
Le nombre des malades soignés dans les
hôpitaux et aux consultations croit sans
cesse : en 1906, 280.000 assistés, en 1930
près de 3 millitJlts; il faut y ajouter les
indigènes vaccinés - contre la vuriolc, Ici
peste, le choiera, la tuberculose, grâce aux
vaccins préparés dans les magnifiques Ins-
tituts Pasteur de llanoi et de Saïgoll. En
1906 à peine deux millions de vaccinations,
en 1930 près de huit milliolls. Les résultats
de cet effort sont l'augmentatioll de ICI na-
talité, la diminution de la mortalité d'où
un accroissement de la population.
En 1901, le recensement donnait 16 mil-
lions d'indigènes indochinois, en 1926, la
population atteignait 20 millions 500.000
indigènes.
Voici n'est-ce pas, des chiffres dont l'élo-
quence se passe de tout commentaire.
Lucien Gaaparin,
Député de la Réunion,
membre de la Commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats.
-----------
Le prochain voyage
du Sultan du Maroc en France
Le croiseur Colbert, commandé par le ca-
pitaine de vaisseau Le Luc, a quitté Toulon
pour se rendre à Casablanca. Ce navire a
reçu la mission d'amener en France le sul-
tan du Maroc, M. Saint, Résident général
de France au Maroc, et les personnages de
leur suite. Il arrivera à Marseille le 4 août,
à 16 heures. Le sultan accompagné du Ré-
sident général, prendra aussitôt passage
dans un train spécial qui le conduira à Paris.
Le sultan doit résider pendant 25 jours
en France. Son voyage a pour but de rendre
visite au Président de la République. Le
Souverain visitera, ainsi que les Annales
Coloniales l'ont annoncé, l'Exposition Colo-
niale.
4»
Notre action pacifique au Maroc
Une nouvelle avance de nos troupes
au Maroc
Dans la journée du 26 juillet, les groupes
mobiles de la région de Meknès et du Tadla
ont effectué leur liaison dans la haute vallée
de l'Assit Ouirine et occupé respectivement
Si Yaya-Ben-Youssef et Bou-Adil. Cette
avance, qui n'a donné lieu qu'à de légères
escarmouches entre partisans locaux et dissi-
dents, place définitivement la région des Aït
Yaya du Nord en arrière de nos lignes.
-00-
Les miracles du marabout de Tadla
-
Au cours de son récent voyage dans la ré-
gion du Tadla. M. Lucien Saint, Résident
général de Franc e au Maroc, a visité le
tombeau du saint marabout Moulay Bou
Assa, qui mourut en 1776, à l'âge de 130
ans.
Moulay Bou Assa fut, parait-il. un remar-
quable faiseur de miracles. Tel Moise de-
vant les légions et Josuè devant le soleil, il
lui suffisait de lever un bras au ciel en mur.
murant quelques paroles, pour que la pluie
tombe en abondance. Les animaux les plus
féroces lui léchaient les mains et lui obéis-
saient.
On cite de lui tant de choses que les in-
digènes ne passent jamais près de la Koubba
du saint sans y faire brûler par dévotion un
paquet de bougies.
Moulay bou Asna mourut pauvre.
A l'Hôtel de Ville
Une cité coloniale permanente ?
M. Robert Bos, conseiller municipal, a dé-
posé sur le bureau du Conseil une proposi-
tion invitant l'administration à étudier, pro-
poser et réaliser, avec le concours de l'Etat
français, des pays étrangers et des gouverne-
ments coloniaux, l'édification d'une Cité co-
loniale internationale permanente sur t'em-
placement et dès la fermeture de l'Exposi-
tion Coloniale actuelle
LEnfant Tunisien
Si l'instruction des filles rencontre des résis-
tances de la part des parents musulmans, il
n en va pas de même pour l' instruction des
garçons. Les journaux et les corps élus indigè-
nes reprochent au gouvernement du Protectorat,
parfois, avec une certaine aigreur, de priver les
enfants indigènes de l'instruction qui leur est
nécessaire, et de vouloir ainsi perpétuer une
politique d' obscurantisme et d' abaissement mo-
ral.
En réalité, le gouvernement tunisien n'est
pas seul responsable si l'instruction primaire
n'est pas encore obligatoire en Tunisie et si
beaucoup d' enfants ne peuvent fréquenter l'éco-
le faute de locaux pour les recevoir et de maî-
tres pour les enseigner. La Section indigène du
Grand Conseil, tout en réclamant énergique -
ment l'ouverture de nouvelles écoles, omet de
donner à l' administration les moyens budgé-
taires qui permettraient à celle-ci de construire
dse bâtiments scolaires et d' augmenter le nom-
bre des instituteurs.
C' est une question de crédits, et non pas
seulement l' effet d' une politique générale
concernant les indigènes.
Tout dépend des sommes m ises à la dispo-
sition de la Direction générale de l'Instruction
publique, qui ne demande pas mieux que
d'étendre son rayonnement à travers tout le
nav
r–J V
Il y a donc un effort financier considérable à
effectuer si l'on veut que tous les enfants
indigènes, qui le désirent, puissent fréquenter
l'école. La Tunisie est-elle en état de sup-
porter cette charge fiscale nouvelle, d' un ordre
de grandeur assez importait?
Il n' est pas impossible, en tout cas, de dres-
ser un programme d'ensemble et de le mettre
à exécution par tranches successives jusqu'à une
date limite que l'on fixera pour rendre l'instruc-
tion obligatoire. L' enseignement est un domaine
où l' œuvre civilisatrice de la France doit se
montrer dans tout son éclat.
En généralisant l'instruction, l'écueil à évi-
ter, c'est que les parents et les élèves ne consi-
dèrent les diplômes, à partir du certificat d'étu-
des primaires, surtout le certificat d'études
parce qu'il est le plus facilement accessible,
comme un moyen d'éviter le travail manuel,
pour lequel la jeunesse des villes, de Tunis en
particulier, ne manifeste pas un goût très vif.
L'enseignement, en Tunisie, ne doit pas vi-
ser exclusivement à former des élites ; mais il
sera considéré, avant tout, comme une œuvre
dr relèvement intellectuel et d'éducation mo-
rale, de formation professionnelle et technique.
Dans les campagnes, jusqu'à présent si déshé-
ritées, il faut donner à l'enfant une instruction
livresque élémentaire et un enseignement ma-
nuel : agriculture et métiers connexes, pour ne
pas détacher l'enfant du travail de la terre et
de son milieu. Bien entendu, aux élèves bien
doués, on donnera tes moyens d'accéder à l' en-
seignement secondaire et à l'enseignement su-
périeur.
De toutes manières, justifions l'hommage
qu'un jeune Berbère, ayant conquis ses diplô-
mes universitaires, exprimait récemment devant
moi : « Si la France n'était pas venue en Tu-
nisie, je serais en train de garder les chèvres
pour le compte des mamelouks. »
Arthur Pelle grin,
Délégué titi Grand Conseil de la Tunisic.
------------
les évadés de la Guyane
ont été remis en liberté
Le Conseil privé de Londres s'est pro-
noncé sur le sort des trois évadés de Saint-
Laurent actuellement à la Trinité.
Le tribunal, réuni sous la présidence de
lord Dunedin, ayant comme assesseurs lords
Blanesburgh, Atkin, Russell et Macmillan.
Pour les appelants, l'avocat D. N. Pritt s'est
attaché à faire ressortir que les crimes im-
putés à ses clients n'ayant pas été commis
en territoire français ne relevaient donc pas
de la catégorie de crimes visés par l'accord
sur l'extradition. Pour lui, la Cour Suprême
de la Trinité avait rendu un jugement er-
roné en maintenant ces trois hommes en pri-
son sans avoi i la preuve absolue que leurs
crimes avaient été commis en France ou en
territoire français. C'est donc la question de
la validité de leur détention qui était en jeu.
Le Conseil privé s'est prononcé aujour-
d'hui. Il a décidé de donner gain de cause
aux trois appelants, Caullier, Kossekechatko
et Retzenger, et, estimant qu'il n'y avait pas
lieu de satisfaire à la demande d'extradition
faite par le Gouverneur de la Guyane fran-
çaise, il a ordonné leur mise en liberté.
--
Les Il Africanistes sont fondés
Il y a en France, et depuis fort longtemps,
une Société des « Américanistes » dont le
but, entrevu à la suite des rêves d'hégémo-
nie de Napoléon III et du savant Brasseur
de Bourbourg, est d'étudier l'histoire et la
préhistoire des régions du Nouveau-Monde.
Nous n'avions point, nation prépondérante
en Afrique, des Africanistes. C'est chose
faite aujourd'hui
Cette Société étudiera donc l'Afrique de-
puis les temps les pius reculés jusqu'à nos
jours.
Sans doute aura-t-elle à reprendre et à
reviser les esquisses de Diodore de Si-
cile sur les Proto-Berbères de l'Atlas maro-
cain et les Libiens d'Algérie et de la Tu-
nisie, sans doute aussi effeuillera-t-elle au
vent de la science l'imagination de Flaubert
et réduira-t-elle à néant les assertions du
ce professeur Berlioux M qui découvrit l'At-
lantide.
Il faut avouer en tout cas que les Africa-
nistes se livrent à un jeu de « sociétés » qui
pourra durer quelques années.
Au Conseil d9État
l' R
Les sinécures de Rufisque
En 1923, M. Ernest Gallois, ingénieur des
Arts et Manufactures, quittait les Ponts et
Chaussées de l'Aisne pour la ville de Rufis-
que où M. Maurice Gueye, maire de la ville
sénégalienne, l'appelait par un brillant
contrat. Il partit aux appointements de
30.000 francs plus le logement et l'éclairage.
En 1926, en récompense de ses services, M.
Gallois obtenait 36.000 francs par an.
Malheureusement, en août de la .même
année, M. Gallois commettait une mala-
dresse administrative de première grandeur.
Il faisait savoir au maire que M. Cupidon
Gueye, conducteur des travaux de la com-
mune, ne s'était jamais présenté à lui, qu'il
n'avait jamais surveillé ou dirigé un seul des
travaux entrepris et que, dans ces condi-
tions, il se voyait obligé de le rayer de ses
services.
Malheureusement M. Cupidon Gueye était
le propre père du maire de Rufisque. Et M.
Maurice Gueye, mécontent de voir qu'un
Il étranger » allait enlever une sinécure gras-
sement payée à un membre de sa famille) se
fâcha tout rouge.
En vain M. Gallois essaya-t-il de ramener
M. le maire à une plus saine compréhension
des choses. Peine inutile. L'agent-voyer, en
outre, crut devoir lui rappeler qu'il lui avait
prêté de l'argent et qu'il avait même déposé
des fonds en banque comme garantie d'une
avance consentie.
Question de famille et question d'intérêts
amenèrent la brouille entre l'ingénieur et M.
Maurice Gueye, établi commerçant à Ruiis-
que, et maire omnipotent de la localité.
Les choses s'envenimèrent et, un beau jour,
sans préavis ni formalité, M. Gueye prit
contre M. Gallois un arrêté de licenciement.
M. Gallois, qui avait quitté en France une
belle situation, se rebitïa. Le Conseil admi-
nistratif du Contentieux du Sénégal lui
ayant accordé une indemnité insuffisante,
M. Gallois fit appel de cette décision et de-
manda au Conseil d Etat de lui allouer pour
le préjudice subi une somme de 125.000 fr.
Le Conseil d'Etat, après avoir entendu M.
Sauvel, maitre des requêtes, en son rapport,
M" Boivin-Champeaux, avocat du requérant,
et M0 Maurice-Hersant avocat de la ville de
Ruiisque, en leurs observations, et M. An-
drieux, commissaire du Gouvernement, en
ses conclusions, a décidé que la révocation
prononcée était irrégulière et qu'aucune fau-
te de service n'était établie de nature à jus-
tifier le brusque congédiement. En consé-
quence, il' a été alloué à M. Gallois une in-
demnité de 47.425 francs.
Mais que doit penser M. Gallois de cer-
taines mœurs coloniales?
Le décret sur les rhums va être appliqué
à l'Algérie
Sur le rapport de M. Pierre Caillaux,
conseiller d'Etat, l'assemblée générale a
adopté le projet de décret rendant exécutoi-
res en Algérie les dispositions prévues aux
articles 43 et 44 de la loi du 16 avril 1930,
prohibant la vente des rhums artificiels et
réprimant les fraudes sur le rhum en gé-
néral.
- -
CINÉMA COLONIAL
« Baroud » ou « les Hommes bleus »
Rex Ingram va commencer la réalisation
de Baroud ou les Hommes bleus, sur un scé-
nario de Benno Vigny.
On tournera une version anglaise et une ver-
sion française. La version française sera dis-
tribuée par M. André Weil.
Baroud sera réalisé dans les studios de
Saint-Laurent-du- Var pour les intérieurs avec
les opérateurs Burel et Fortier. Les extérieurs
seront tournés au Maroc.
---_---- t --
Le roi et la reine de Siam
à bord du Los Angeles"
"'0
Hier a été violée pour la première fois une
des règles les plus antiques et les plus rigi-
des de l'aviation navale américaine. En ef-
fet, la reine de Siam et son mari sont mon-
tés à bord du dirigeable Los Angeles et ont
pu embrasser d'un seul coup d'oeil, à 500
mètres de hauteur, le panorama de New-
York. Jamais jusqu'alors une femme n'avait
été autorisée à monter dans un dirigeable de
la marine américaine.
On ne fit d'ailleurs pas seulement une ex-
ception en faveur du couple royal. Une au-
tre femme, appartenant à la suite des sou-
verains, put prendre passage à bord du
grand aéronef pour ce voyage de tourisme.
En définitive, on compta huit Siamois à
bord.
Le dirigeable flotta dans les airs au-des-
sus de New-York et de Manliatan Island,
permettant à ses augustes passagers d'avoir
une vision inoubliable des gratte-ciel brûlés
par le soleil, la blancheur éclatante de ceux
qui sont récents contrastant avec la gri-
saille de leurs frères plus anciens et moins
élevés.
Avant le départ, le couple royal s'était en-
tretenu avec le commandant du dirigeable.
Le temps était merveilleux et les souverains
confortablement installés, observaient ardem-
ment par les fenêtres l'approche de la capi-
tale. Le dirigeable survola l'Hudson, puis
passa au-dessus d'Atlantic City avant de ren-
trer -à la base navale.
AU SIAM
Retour d'Amérique du roi et de la reine
TA! roi cl, lu reine. de Siam. qu il to.nl les
iïtals-Vnis le 28 juillet pour le. Canada. Ils
séjourneront, officiellement, à (ttlaira les 10
et 11 août. Le proqramnic comprend une
'qarden port!/ à la Légation dl France. Ils
cmhavqucront à Vancoinwr sur rKmpress
(t, pour verontr nu
Siam. 12
Réglementation de l'étain
/> Comité International de la restriction
ditions demandées par ll Siam pour son ac-
ceptation à la restriction, de la production.
La quantité annuelle allouée, au Siam est
(le 10.000 tonnes. Le plan entrera en viquenr
pour le Siam en septembre prochain.
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
ÉCHOS
Le bal des « petits lits noirs »
bientôt aura heu le bal des petits lits noirs
qui avait été primitivement annoncé pour de-
main.
A ce sujet, un abonné nous écrit :
« Je souhaite vhement que, le 30 juillet
prochain, à 21 heures, au L'alais de t'A.U. ) .,
à l'Exposition Coloniale, la g,rand soirée or-
ganisée par Mine la comtesse Eloy Prévost
Sauzac de Touchinibert puisse au moins rap-
porter de quoi changer les draps « «les petits
lits noirs » pour en mettre une t ois par an
des blancs !
Va, chemine 1
Cahin-caha, de-ci dc-la,
Va chemine, va trottine,
"el petit due, le picotin te récompensera.
l u parles ! Les àniery nord africains Jt
l'Exposition louent leurs voitures à âne pour
le prix de famine de 4 francs le quart
d'heure (c'est, moins cher que les Rosen^art
à o fr. ûo la minute). Cela a en outrc un
arcantage, On peut visiter tranquillement
VExposition et déguster tous ses drarmn
Trop tranquillement même car Cadiehon se
montre souvent rebelle. Vànier fait des cf
forts vains, la bourrique va à reculons et /('
quart d'heure est écoulé après des scènes ho
viériques, après que l'ànier, le voyageur et
râlle Ollt fait un cent mètres sur place d'un
grotesque achevé. Mais c'est tout de même
1 francs le quart d'heure.
Mignonnet.
LES JOURNEES MEDICALES
L'une des plus impressionnantes manifesta-
tions de 1* Exposition Coloniale se poursuit en
ce moment. Malheureusement, la grande
Presse qui n'hésite pas à consacrer une co-
lonne de première page à la publicité des ges-
tes antisociaux des fous et des assassins, qui
met en manchettes les six jours cyclistes, les
30 jours fox-trott, etc. s' est désintéressée de
l'admirable record d'assistance humaine sou-
tenu par la France dans ses colonies.
En 12 mois, 13.175.000 consultations mé-
dicales ont été données à nos indigènes.
Rien qu'en A. E. F., où sévit le terrible
fléau de la maladie du sommeil, en 1930,
1.105.038 sujets ont été examinés, ce qui a
permis d'isoler les malades.
C'est ainsi, qu'en vingt-cinq années de tra-
vaux de laboratoires et d'efforts de nos mé-
decins coloniaux un résultat de la plus haute
importance sociale a été obtenu: a La trypano-
somiase humaine n'est plus un danger pour
l' avenir économique de 1 A. E. - F. »
L'assistance médicale en Indochine soigne
et préserve, chaque année, plus de dix mil-
lions d'indigènes.
Les feuilles qui exaltent les crimes de l'im-
périalisme colonial de la France devraient
avoir la loyauté de parler aussi de sa « dicta-
ture sanitaire ».
Dans la salle des Forces d'Outre-Mer, le
docteur Jamot, chef de l'admirable équipe du
Cameroun, le docteur Sicé qui, hier encore,
était directeur de l'Institut Pasteur de Brazza-
ville le docteur Muraz, ces trois praticiens
ayant l'expérience de la brousse, ont exposé,
de la façon la plus simple, la plus émouvante,
les phases de leur lutte acharnée, scientifique,
pour sauver des populations entières vouées
aux pires souffrances, à la mort.
Ah ! je ne 1 oublierai pas de sitôt, cette
matinée de travail, illustrée par le remarqua-
ble film de la mission Chaume!. Sur l'écran,
dans le cadre de résurrection de nos formations
sanitaires, défile « la marche des cadavres »,
formée de toutes les victimes grabataires ron-
gées par le pian, la maladie du sommeil !a
lèpre. Pauvres êtres, au salut desquels, les
médecins, les agents sanitaires, les infirmiers
se dévouent avec une énergie inlassable.
Une chose aussi force l'admiration, c'est la
discipline scientifique que nos écoles ont in-
culquée à l'équipe indigène des infirmiers et
- des aides -- de - laboratoire.
L oeuvre considérable du docteur Jamot a
été justement célébrée. Mais oui l' aurait
connue, en dehors des initiés, si le film de
propagande internationale qu'ont réalisé a\CC
tant de désintéressement et parfois non sans
dangcr, Alfred Chaumel et Geneviève Chau-
mel-Gentil, si ce film, dis-je, ne l'avait révélé
au grand public !
Un mot du docteur Jamot, pour tes propa-
gandistes de son action médicale 11 aurait pas
été déplacé.
La lutte en A. E. F.
Jeune, brun, maigre, la parole nette, le
geste précis, le docteur Adolphe Sicé. sur la
carte de l'A. E. F., qui comprend les colo-
nies du Gabon, du Moycn-Congo, de l'Ou-
bangui-Chari et du Tchad, expose une admi-
rable géographie humaine.
Ces places colorées ne sont ni des villes, ni
des mines, ni des plantations seulement la
mise en valeur de l' assistance nhdicale, pour
arracher à la mouche .< t<é-tsé ̃>, les « terre?
du sommeil ). Dans le silence recueilli, la
voix du docteur Siié résonne, sans une hésita-
tion :
« Le 25 octobre 1906, il y aura 25 ans,
dans quelques semaines, une mission d'études
de la maladie du sommeil, comjKisée de MM.
les docteur Gustave Martin et Lebomf, mé-
decins des T. C. ; Rouhaud, agrégé des
sciences naturelles; Weiss et Muny, embar-
quait à destination du Congo Fr ui^ais.
M. Gentil, commissaire général du Congo,
anxieux des dangers que présentait la trypa..
nosomiase humaine, pour l' avenir économique
de la Colonie, dont il avait la responsabilité,
JOURNAL QUOTIDIEN.
Rédaction & Administration :
14, IN M MttHtHMr
PARIS O")
TtliPH. : LOUVRE 19-37
RICHELIEU 87-54
Les Annales Coloniales
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bureau du iournal.
DIRECTEUR-FONDATEUR : Marcel RUEDEL
Tous les articles publiés dans notre jOl/rnal nf peuvent
être reproduits qu'en citant les ASrôALES CO!.OSIAl.f.S.
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Franco et
Colonies 180 » 100 » 60 »
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tous les bureaux de poste.
PREMIER ACTE DE LA COLONISATION
CHEZ LES NOIRS
Ar
La sécurité rétablie
L' explorateur Félix Dubois, l'auteur de
Tombouctou la Mystérieuse et du Beau Niger,
se rappelait, en 1909, le temps où les Son-
ghoïs végétaient misérables : « A quoi bon
travailler, on les dépouillait. Pourquoi pro-
créer ? Leurs enfants étaient enlevés et vendus
au loin comme des esclaves ; ils avaient subi
l' asservissement jusqu'à l'abrutissement. »
« Nos troupes, continuait Félix Dubois, se
mirent résolument à leur rôle de gendarme à
l'égard des nomades anarchistes. Les séden-
taires ont repris conscience et se sont réorga-
nisés ; d'année en année les cultures progres-
sent, l' excédent des récoltes augmente. Les
terres à l'abandon diminuent. » Et Dubois se
réjouissait que « dans le vif émail des yeux
des écoliers négrillons ne se lût plus la crainte
du Touareg voleur d'enfants. »
Avec la paix française, concluait-il, Tom-
bouctou est redevenue « la plaisante et active
cité cosmopolite, trait-d' union entre le monde
des blancs et le pays des noirs. Il constatait
qq en quinze ans l'usage des monnaies fran-
çaises et de nos poids et mesures était devenu
général et que dans les populations indigènes
s'était éveillé un certain désir de savoir, et que
les médecins se louaient des infirmiers indigè-
nes.
Ce livre de Félix Dubois fut comme le pro-
cès verbal d'une civilisation qui venait d' éclo-
re, et volontiers lui donnerais-je comme exer-
gue ce mot du vieux chef peuhl qui disait au
voyageur : « J' ai oublié les razzias audacieu-
ses, je reste au cul de mes vaches ! » Il y res-
tait et il cultivait : la sécurité r avait rendu
sédentaire. Félix Dubois tournait son oreille
vers un grand commerçant ; il le faisait parler
et il écrivait : « Dianguina-Koni nous est to-
talement dévoué en raison de la sécurité per-
sonnelle dont il jouit et de la paix qui favorise
si bien ses affaires ». Quelques années plus
tôt, à cause de l'insécurité, des années entiè-
res se passaient sans t qu'il fût possible de faire
descendre à la côte tel produit (la gomme, par
exemple, ou le mil) dont dépendait l' existence
de tribus ou de villes entières ; le com-
merce désormais, comme l' agriculture, était à
l'abri du péril. Le noir n'avait plus à craindre
les exactions de ses propres chefs ; la paix
française régnait.
Robert Randau, celui qu'on a pu appeler
le Rabelais de l'Afrique, en un passage de
son livre : Les explorateurs, nous montre avec
un savoureux réalisme la façon tout à la fois
militaire et bienfaisante dont cette paix s im-
posait. Un de ses personnages dit aux indigè.
nes : « Je ne dérobe pas la pitance des tribus.
Le sultan des Français, qui a appris votre dé-
tresse, m'ordonne de vous secgurir, et voici
que vous êtes fils de miteux captifs, à demi
morts de mistoque- Et je suis venu à vous pour
vous délivrer tous, depuis l'enfant qui tète jus-
qu'au vieux qui bafouille. Hommes, oyez.
Quand mes compagnons planteront un mât im-
mense sur la plus haute de vos dunes, en
face de votre bourg ; quand vous entendrez
claquer dans le vent mon étendard à trois cou-
leurs, alors sachez que votre terre sera libre, et
que quiconque vous molestera désormais subi-
ra un rude châtiment. »
Les indigènes comprennent ce langage, j'en
ai pour preuve cette chanson fameuse, œuvre
de quelque griot ignoré, que citait il y A deux
ans M. Maginot dans son discours de Dakar,
cette chanson qui rappelle les atrocités de Sa-
mory, les pillages de ses sofas et qui célèbre
la liberté et la délivrance apportées par nos
soldats (1). Aminata femme noire, l'héroïne du
roman de M. Alfred Chaumel, se rend comp-
te à son tour « qu"à l'inverse des sultans noirs,
ce n'est pas pour lui que le blanc du poste
ramotse 1 argent : elle sait que l'impôt n'est
pas une amende, mais qu'il est indispensable à
la construction des écoles et des maisons d' as-
sistance, à l'édification des ponts, à l'établis-
sement des routes. C'est à tous ces travaux
destinés à améliorer l'existence des noirs que
le Sultan blanc emp loie cet argent. » Et de se
sentir tôt ou tard, compris par les indigènes,
aimés parce que compis, et de constater la
valeur qu'ils attachent à l'œuvre de pacifica-
tion, c'est pour ceux qui là-bas représentent la
France la plus glorieuse des jouissances.
Le gouverneur Van Vollenhoven disait un
jour en une page éloquente : « Je me souviens
qu alors que j effectuais une tournée en pays
peu fréquenté des bergers peuhls vinrent me sa-
luer. Ils n'oyaient jamais vu de fonctionnaire
français ; l'un d'eux, un vieillard biblique,
évoqua devant moi le passé de sa tribu, ses
souffrances, les abus dont elle avait été la vic-
time ; découvrant son torse, il me montra les
cicatrices des coups qu'il avait reçus en défen-
dant son bien et sa vie. Puis, dans un geste
d'infinie majesté, comme savent en trouver les
pasteurs de ce pays, il me montra ses trou-
peaux et me remercia de la sécurité qui lui
avait permis de les multiplier. C'était le soir,
le soleil se couchait dans cette splendeur dé-
sordonnée de deuil et de sang qui va si bien
à nos mornes pays d' Afrique. La silhouette du
patriarche se détachait noblement sur le ciel
embrasé ; mon regard suivait sa main qui me
montrait des milliers de boeufs retournant vers
les kraals où ils trouvaient un abri contre les
fauves. Jamais je n' ai vu plus beau. »
Mais si, il y a plus beau 1 Ce sont les rou-
tes se traçant. A la faveur de la sécurité re-
couvrée, le développement économique s'épa-
(1) Afrique Française, 1930, p. 149.
nouit, et il invite à les ouvrir ; et ces routes mê-
mes seront des garanties pour le maintien de
cette sécurité. Moins d' un demi-siècle a suffi
pour qu' un réseau de communications unifiât
et vivifiât certaines régions, qui jadis n' avaient
d' autre unité qu'une unité purement géogra-
phique. Le colonel de Martonnc met en relief,
par des exemples frappants, la portée d' un tel
progrès. En 1927, écrit-il, le gouverneur ho-
noraire Binger, reçu triomphalement à la Côte
d'Ivoire dans la capitale coloniale qui porte
son nom, met moins de quinze jours pour re-
faire en auto l'itinéraire épique « du Haut-
Niger au golfe de Guinée à travers le pays de
Kong et le Mossi », que, une quarantaine
d'année auparavant, le capitaine Binger, explo-
rateur mit plus d' une quinzaine de mois à par-
courir. à pied et en guenilles. En 1929. M.
Bourdarie, secrétaire perpétuel de - l'Académie
des Sciences coloniales, hôte de M. le gou-
verneur général Carde, inaugure à Dakar un
monument qui rappelle le glorieux passé des
troupes noires et ne peut cacher son émerveil-
lement de se trouver rendu deux jours après à
Bamako, que l'on gagnait naguère en plusieurs
semaines de chaland pour inaugurer un canal
qui ouvre une porte sur l'avenir du Sou-
an. » (1).
Au Congo le chemin de fer entre Brazza-
ville et la côte va réaliser une idée pour la-
quelle Brazza avait déjà fait campagne pen-
dant ses séjours dans .la métropole.
Le Bulletin de l'Afrique Française de jan-
vier dernier, nous disait le dernier exploit de
nos ingénieurs : l' ouverture au Dahomey de la
route de Porto-Novo à Cotonou. Porto-Novo
jusqu'ici était demeuré isolé : cette capitale
était comme en marge - du reste du pays. Lors-
que en novembre 1930, après dix mois de tra-
vail, fut achevée, sans une épidémie, sans un
décès, sans un accident dans la multitude des
ouvriers employés, la route de Porto-Novo à
Cotonou, on sentit que pour le Sud Dahomey
lui ère nouvelle allait s' ouvrir et qu'une fois de
plus la route allait créer la richesse. Dans son
discours d'inauguration, M. le gouverneur Res-
te dépeignait F ancien Dahomey, les peupla-
des se redoutant mutuellement, vivant dans
une inquiétude perpétuelle, s'isolant farouche-
ment derrière les obstacles naturels. « L' effort
considérable réalisé dans l' aménagement des
voies de communications, déclarait-il, a eu
pour résultat de faire disparaître l'isolement
des populations, de ménager les tribus et de
substituer à des groupements de races des grou-
pements de territoires ayant des intérêts écono-
miques identiques et poursuivant les mêmes
buts. » C'est là le couronnement du labeur
par lequel la sécurité fut rétablie : des popu-
lations qui jadis, se combattaient entre elles as-
socient désormais leurs vies et leurs espérances
sous le drapeau de la France.
(I) Do Murloiiiio, t.e auranl colonial, p. G*.
Georges Goyau,
Icadémte Française.
- ----
A l'Académie des Sciences
-
Les criquets migrateurs
Au nom de AT. Vayssière, M. Marchai a
présenté hier à l'assemblée une communica-
tion sur les criquets dont on ne sait que trop
les ravages dans les contrées africaines. Il a
montré comment le Congo français et le Con-
go belge ayant été dévastés cette année, les
acridiens étendaient leur zone de migration
beaucoup plus près de l'Equateur qu'on ne
le pensait et que seule la forêt équatoriale
avait arrêté leur marche. Les essaims étaient
de deux espèces : criquet pèlerin et criquet
migrateur. M. Marchai a dit les dégâts que
ces vols avaient fait dans les cultures et
principalement dans les bananeraies.
Les tectites
M. Lacroix a étudié les tectites qui vien-
nent d'être découvertes à Manille et il a
montré leur identité avec celles de l'Indo-
chine et de la Malaisie. Ce sont des frag-
ments de verre naturel auxquels on assigne
une origine cosmique.
A Tanger
La prochaine venue de M. Lerroux
à Tanger
On annonce de Madrid que M. Alexandre
Lerroux, ministre des Affaires étrangères
d'Espagne, effectuerait prochainement un
voyage à Ceuta et à Tanger. La date n'est
pas encore fixée, en raison des occupations
actuelles du ministre et des modifications
possibles dans la composition du ministère.
La visite de M. Lerroux à Tanger coïnci-
derait avec un événement extrêmement im-
portant pour la colonie espagnole de la zone
internationale.
Le nouveau Consul d'Espagne
est arrivé à Tanger
M. Placide Alvarez, nouveau consul géné-
ral d'Espagne, est arrivé à Tanger. Il a
reçu immédiatement les délégations ouvriè-
res qui lui ont exposé leurs griefs au sujet
de l'ingénieur municipal dont l'attitude a
causé de sérieux incidents avec la popula-
tion ouvrière. Cet ingénieur a été mis en
congé par l'administrateur adjoint de la zone
internationale.
Assistance médicale
en Indochine
jw L-
NTRE toutes les heu-
r reuses initiatives
que V Exposition
Coloniale a sug-
gérées il faut ins-
crire les journées
médicales, dont
les séances se
polirsitivelli, en
ce moment, à
V incarnes. A
cette occasion de
très intéressantes brochures consacrées à
notre assistance médicale coloniale sont dé-
posées sur les tables, à ia dispositioll des
congressistes. J'ai entre les mains quelques-
uns de ces résumés suggestifs et je regrette,
que les piles de ces brochures rangées sur
les tables de la salle des Congres, ne soient
pas distribuées dans le grand public visiteur,
à qui serait révélé ainsi le miracle de résur-
rection tndigene accompli par la France
dans ses colonies. Un petit opuscule :
« L'assistance médicale en Indochine fran-
çaise D, expose Cil huit pages illustrÙs, le
plus admirable évangile humain, cl les
renseignements fournis s'expriment en chif-
trrç
1
a L'assistallu médicale en Indochine
soigne et préserve, chaque année, plus de
dix millions d'Indochinois. Cette œlrure,
résultat de quarante années d'efforts, cn-
traîne des dépenses croissantes qui de 1906,
1 million 194.000 piastres, atteignent en
1930, 6 millions 272.000 piastres, soit plus
de 60 millions de francs.
Le nombre des malades soignés dans les
hôpitaux et aux consultations croit sans
cesse : en 1906, 280.000 assistés, en 1930
près de 3 millitJlts; il faut y ajouter les
indigènes vaccinés - contre la vuriolc, Ici
peste, le choiera, la tuberculose, grâce aux
vaccins préparés dans les magnifiques Ins-
tituts Pasteur de llanoi et de Saïgoll. En
1906 à peine deux millions de vaccinations,
en 1930 près de huit milliolls. Les résultats
de cet effort sont l'augmentatioll de ICI na-
talité, la diminution de la mortalité d'où
un accroissement de la population.
En 1901, le recensement donnait 16 mil-
lions d'indigènes indochinois, en 1926, la
population atteignait 20 millions 500.000
indigènes.
Voici n'est-ce pas, des chiffres dont l'élo-
quence se passe de tout commentaire.
Lucien Gaaparin,
Député de la Réunion,
membre de la Commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats.
-----------
Le prochain voyage
du Sultan du Maroc en France
Le croiseur Colbert, commandé par le ca-
pitaine de vaisseau Le Luc, a quitté Toulon
pour se rendre à Casablanca. Ce navire a
reçu la mission d'amener en France le sul-
tan du Maroc, M. Saint, Résident général
de France au Maroc, et les personnages de
leur suite. Il arrivera à Marseille le 4 août,
à 16 heures. Le sultan accompagné du Ré-
sident général, prendra aussitôt passage
dans un train spécial qui le conduira à Paris.
Le sultan doit résider pendant 25 jours
en France. Son voyage a pour but de rendre
visite au Président de la République. Le
Souverain visitera, ainsi que les Annales
Coloniales l'ont annoncé, l'Exposition Colo-
niale.
4»
Notre action pacifique au Maroc
Une nouvelle avance de nos troupes
au Maroc
Dans la journée du 26 juillet, les groupes
mobiles de la région de Meknès et du Tadla
ont effectué leur liaison dans la haute vallée
de l'Assit Ouirine et occupé respectivement
Si Yaya-Ben-Youssef et Bou-Adil. Cette
avance, qui n'a donné lieu qu'à de légères
escarmouches entre partisans locaux et dissi-
dents, place définitivement la région des Aït
Yaya du Nord en arrière de nos lignes.
-00-
Les miracles du marabout de Tadla
-
Au cours de son récent voyage dans la ré-
gion du Tadla. M. Lucien Saint, Résident
général de Franc e au Maroc, a visité le
tombeau du saint marabout Moulay Bou
Assa, qui mourut en 1776, à l'âge de 130
ans.
Moulay Bou Assa fut, parait-il. un remar-
quable faiseur de miracles. Tel Moise de-
vant les légions et Josuè devant le soleil, il
lui suffisait de lever un bras au ciel en mur.
murant quelques paroles, pour que la pluie
tombe en abondance. Les animaux les plus
féroces lui léchaient les mains et lui obéis-
saient.
On cite de lui tant de choses que les in-
digènes ne passent jamais près de la Koubba
du saint sans y faire brûler par dévotion un
paquet de bougies.
Moulay bou Asna mourut pauvre.
A l'Hôtel de Ville
Une cité coloniale permanente ?
M. Robert Bos, conseiller municipal, a dé-
posé sur le bureau du Conseil une proposi-
tion invitant l'administration à étudier, pro-
poser et réaliser, avec le concours de l'Etat
français, des pays étrangers et des gouverne-
ments coloniaux, l'édification d'une Cité co-
loniale internationale permanente sur t'em-
placement et dès la fermeture de l'Exposi-
tion Coloniale actuelle
LEnfant Tunisien
Si l'instruction des filles rencontre des résis-
tances de la part des parents musulmans, il
n en va pas de même pour l' instruction des
garçons. Les journaux et les corps élus indigè-
nes reprochent au gouvernement du Protectorat,
parfois, avec une certaine aigreur, de priver les
enfants indigènes de l'instruction qui leur est
nécessaire, et de vouloir ainsi perpétuer une
politique d' obscurantisme et d' abaissement mo-
ral.
En réalité, le gouvernement tunisien n'est
pas seul responsable si l'instruction primaire
n'est pas encore obligatoire en Tunisie et si
beaucoup d' enfants ne peuvent fréquenter l'éco-
le faute de locaux pour les recevoir et de maî-
tres pour les enseigner. La Section indigène du
Grand Conseil, tout en réclamant énergique -
ment l'ouverture de nouvelles écoles, omet de
donner à l' administration les moyens budgé-
taires qui permettraient à celle-ci de construire
dse bâtiments scolaires et d' augmenter le nom-
bre des instituteurs.
C' est une question de crédits, et non pas
seulement l' effet d' une politique générale
concernant les indigènes.
Tout dépend des sommes m ises à la dispo-
sition de la Direction générale de l'Instruction
publique, qui ne demande pas mieux que
d'étendre son rayonnement à travers tout le
nav
r–J V
Il y a donc un effort financier considérable à
effectuer si l'on veut que tous les enfants
indigènes, qui le désirent, puissent fréquenter
l'école. La Tunisie est-elle en état de sup-
porter cette charge fiscale nouvelle, d' un ordre
de grandeur assez importait?
Il n' est pas impossible, en tout cas, de dres-
ser un programme d'ensemble et de le mettre
à exécution par tranches successives jusqu'à une
date limite que l'on fixera pour rendre l'instruc-
tion obligatoire. L' enseignement est un domaine
où l' œuvre civilisatrice de la France doit se
montrer dans tout son éclat.
En généralisant l'instruction, l'écueil à évi-
ter, c'est que les parents et les élèves ne consi-
dèrent les diplômes, à partir du certificat d'étu-
des primaires, surtout le certificat d'études
parce qu'il est le plus facilement accessible,
comme un moyen d'éviter le travail manuel,
pour lequel la jeunesse des villes, de Tunis en
particulier, ne manifeste pas un goût très vif.
L'enseignement, en Tunisie, ne doit pas vi-
ser exclusivement à former des élites ; mais il
sera considéré, avant tout, comme une œuvre
dr relèvement intellectuel et d'éducation mo-
rale, de formation professionnelle et technique.
Dans les campagnes, jusqu'à présent si déshé-
ritées, il faut donner à l'enfant une instruction
livresque élémentaire et un enseignement ma-
nuel : agriculture et métiers connexes, pour ne
pas détacher l'enfant du travail de la terre et
de son milieu. Bien entendu, aux élèves bien
doués, on donnera tes moyens d'accéder à l' en-
seignement secondaire et à l'enseignement su-
périeur.
De toutes manières, justifions l'hommage
qu'un jeune Berbère, ayant conquis ses diplô-
mes universitaires, exprimait récemment devant
moi : « Si la France n'était pas venue en Tu-
nisie, je serais en train de garder les chèvres
pour le compte des mamelouks. »
Arthur Pelle grin,
Délégué titi Grand Conseil de la Tunisic.
------------
les évadés de la Guyane
ont été remis en liberté
Le Conseil privé de Londres s'est pro-
noncé sur le sort des trois évadés de Saint-
Laurent actuellement à la Trinité.
Le tribunal, réuni sous la présidence de
lord Dunedin, ayant comme assesseurs lords
Blanesburgh, Atkin, Russell et Macmillan.
Pour les appelants, l'avocat D. N. Pritt s'est
attaché à faire ressortir que les crimes im-
putés à ses clients n'ayant pas été commis
en territoire français ne relevaient donc pas
de la catégorie de crimes visés par l'accord
sur l'extradition. Pour lui, la Cour Suprême
de la Trinité avait rendu un jugement er-
roné en maintenant ces trois hommes en pri-
son sans avoi i la preuve absolue que leurs
crimes avaient été commis en France ou en
territoire français. C'est donc la question de
la validité de leur détention qui était en jeu.
Le Conseil privé s'est prononcé aujour-
d'hui. Il a décidé de donner gain de cause
aux trois appelants, Caullier, Kossekechatko
et Retzenger, et, estimant qu'il n'y avait pas
lieu de satisfaire à la demande d'extradition
faite par le Gouverneur de la Guyane fran-
çaise, il a ordonné leur mise en liberté.
--
Les Il Africanistes sont fondés
Il y a en France, et depuis fort longtemps,
une Société des « Américanistes » dont le
but, entrevu à la suite des rêves d'hégémo-
nie de Napoléon III et du savant Brasseur
de Bourbourg, est d'étudier l'histoire et la
préhistoire des régions du Nouveau-Monde.
Nous n'avions point, nation prépondérante
en Afrique, des Africanistes. C'est chose
faite aujourd'hui
Cette Société étudiera donc l'Afrique de-
puis les temps les pius reculés jusqu'à nos
jours.
Sans doute aura-t-elle à reprendre et à
reviser les esquisses de Diodore de Si-
cile sur les Proto-Berbères de l'Atlas maro-
cain et les Libiens d'Algérie et de la Tu-
nisie, sans doute aussi effeuillera-t-elle au
vent de la science l'imagination de Flaubert
et réduira-t-elle à néant les assertions du
ce professeur Berlioux M qui découvrit l'At-
lantide.
Il faut avouer en tout cas que les Africa-
nistes se livrent à un jeu de « sociétés » qui
pourra durer quelques années.
Au Conseil d9État
l' R
Les sinécures de Rufisque
En 1923, M. Ernest Gallois, ingénieur des
Arts et Manufactures, quittait les Ponts et
Chaussées de l'Aisne pour la ville de Rufis-
que où M. Maurice Gueye, maire de la ville
sénégalienne, l'appelait par un brillant
contrat. Il partit aux appointements de
30.000 francs plus le logement et l'éclairage.
En 1926, en récompense de ses services, M.
Gallois obtenait 36.000 francs par an.
Malheureusement, en août de la .même
année, M. Gallois commettait une mala-
dresse administrative de première grandeur.
Il faisait savoir au maire que M. Cupidon
Gueye, conducteur des travaux de la com-
mune, ne s'était jamais présenté à lui, qu'il
n'avait jamais surveillé ou dirigé un seul des
travaux entrepris et que, dans ces condi-
tions, il se voyait obligé de le rayer de ses
services.
Malheureusement M. Cupidon Gueye était
le propre père du maire de Rufisque. Et M.
Maurice Gueye, mécontent de voir qu'un
Il étranger » allait enlever une sinécure gras-
sement payée à un membre de sa famille) se
fâcha tout rouge.
En vain M. Gallois essaya-t-il de ramener
M. le maire à une plus saine compréhension
des choses. Peine inutile. L'agent-voyer, en
outre, crut devoir lui rappeler qu'il lui avait
prêté de l'argent et qu'il avait même déposé
des fonds en banque comme garantie d'une
avance consentie.
Question de famille et question d'intérêts
amenèrent la brouille entre l'ingénieur et M.
Maurice Gueye, établi commerçant à Ruiis-
que, et maire omnipotent de la localité.
Les choses s'envenimèrent et, un beau jour,
sans préavis ni formalité, M. Gueye prit
contre M. Gallois un arrêté de licenciement.
M. Gallois, qui avait quitté en France une
belle situation, se rebitïa. Le Conseil admi-
nistratif du Contentieux du Sénégal lui
ayant accordé une indemnité insuffisante,
M. Gallois fit appel de cette décision et de-
manda au Conseil d Etat de lui allouer pour
le préjudice subi une somme de 125.000 fr.
Le Conseil d'Etat, après avoir entendu M.
Sauvel, maitre des requêtes, en son rapport,
M" Boivin-Champeaux, avocat du requérant,
et M0 Maurice-Hersant avocat de la ville de
Ruiisque, en leurs observations, et M. An-
drieux, commissaire du Gouvernement, en
ses conclusions, a décidé que la révocation
prononcée était irrégulière et qu'aucune fau-
te de service n'était établie de nature à jus-
tifier le brusque congédiement. En consé-
quence, il' a été alloué à M. Gallois une in-
demnité de 47.425 francs.
Mais que doit penser M. Gallois de cer-
taines mœurs coloniales?
Le décret sur les rhums va être appliqué
à l'Algérie
Sur le rapport de M. Pierre Caillaux,
conseiller d'Etat, l'assemblée générale a
adopté le projet de décret rendant exécutoi-
res en Algérie les dispositions prévues aux
articles 43 et 44 de la loi du 16 avril 1930,
prohibant la vente des rhums artificiels et
réprimant les fraudes sur le rhum en gé-
néral.
- -
CINÉMA COLONIAL
« Baroud » ou « les Hommes bleus »
Rex Ingram va commencer la réalisation
de Baroud ou les Hommes bleus, sur un scé-
nario de Benno Vigny.
On tournera une version anglaise et une ver-
sion française. La version française sera dis-
tribuée par M. André Weil.
Baroud sera réalisé dans les studios de
Saint-Laurent-du- Var pour les intérieurs avec
les opérateurs Burel et Fortier. Les extérieurs
seront tournés au Maroc.
---_---- t --
Le roi et la reine de Siam
à bord du Los Angeles"
"'0
Hier a été violée pour la première fois une
des règles les plus antiques et les plus rigi-
des de l'aviation navale américaine. En ef-
fet, la reine de Siam et son mari sont mon-
tés à bord du dirigeable Los Angeles et ont
pu embrasser d'un seul coup d'oeil, à 500
mètres de hauteur, le panorama de New-
York. Jamais jusqu'alors une femme n'avait
été autorisée à monter dans un dirigeable de
la marine américaine.
On ne fit d'ailleurs pas seulement une ex-
ception en faveur du couple royal. Une au-
tre femme, appartenant à la suite des sou-
verains, put prendre passage à bord du
grand aéronef pour ce voyage de tourisme.
En définitive, on compta huit Siamois à
bord.
Le dirigeable flotta dans les airs au-des-
sus de New-York et de Manliatan Island,
permettant à ses augustes passagers d'avoir
une vision inoubliable des gratte-ciel brûlés
par le soleil, la blancheur éclatante de ceux
qui sont récents contrastant avec la gri-
saille de leurs frères plus anciens et moins
élevés.
Avant le départ, le couple royal s'était en-
tretenu avec le commandant du dirigeable.
Le temps était merveilleux et les souverains
confortablement installés, observaient ardem-
ment par les fenêtres l'approche de la capi-
tale. Le dirigeable survola l'Hudson, puis
passa au-dessus d'Atlantic City avant de ren-
trer -à la base navale.
AU SIAM
Retour d'Amérique du roi et de la reine
TA! roi cl, lu reine. de Siam. qu il to.nl les
iïtals-Vnis le 28 juillet pour le. Canada. Ils
séjourneront, officiellement, à (ttlaira les 10
et 11 août. Le proqramnic comprend une
'qarden port!/ à la Légation dl France. Ils
cmhavqucront à Vancoinwr sur rKmpress
(t, pour verontr nu
Siam. 12
Réglementation de l'étain
/> Comité International de la restriction
ceptation à la restriction, de la production.
La quantité annuelle allouée, au Siam est
(le 10.000 tonnes. Le plan entrera en viquenr
pour le Siam en septembre prochain.
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
ÉCHOS
Le bal des « petits lits noirs »
bientôt aura heu le bal des petits lits noirs
qui avait été primitivement annoncé pour de-
main.
A ce sujet, un abonné nous écrit :
« Je souhaite vhement que, le 30 juillet
prochain, à 21 heures, au L'alais de t'A.U. ) .,
à l'Exposition Coloniale, la g,rand soirée or-
ganisée par Mine la comtesse Eloy Prévost
Sauzac de Touchinibert puisse au moins rap-
porter de quoi changer les draps « «les petits
lits noirs » pour en mettre une t ois par an
des blancs !
Va, chemine 1
Cahin-caha, de-ci dc-la,
Va chemine, va trottine,
"el petit due, le picotin te récompensera.
l u parles ! Les àniery nord africains Jt
l'Exposition louent leurs voitures à âne pour
le prix de famine de 4 francs le quart
d'heure (c'est, moins cher que les Rosen^art
à o fr. ûo la minute). Cela a en outrc un
arcantage, On peut visiter tranquillement
VExposition et déguster tous ses drarmn
Trop tranquillement même car Cadiehon se
montre souvent rebelle. Vànier fait des cf
forts vains, la bourrique va à reculons et /('
quart d'heure est écoulé après des scènes ho
viériques, après que l'ànier, le voyageur et
râlle Ollt fait un cent mètres sur place d'un
grotesque achevé. Mais c'est tout de même
1 francs le quart d'heure.
Mignonnet.
LES JOURNEES MEDICALES
L'une des plus impressionnantes manifesta-
tions de 1* Exposition Coloniale se poursuit en
ce moment. Malheureusement, la grande
Presse qui n'hésite pas à consacrer une co-
lonne de première page à la publicité des ges-
tes antisociaux des fous et des assassins, qui
met en manchettes les six jours cyclistes, les
30 jours fox-trott, etc. s' est désintéressée de
l'admirable record d'assistance humaine sou-
tenu par la France dans ses colonies.
En 12 mois, 13.175.000 consultations mé-
dicales ont été données à nos indigènes.
Rien qu'en A. E. F., où sévit le terrible
fléau de la maladie du sommeil, en 1930,
1.105.038 sujets ont été examinés, ce qui a
permis d'isoler les malades.
C'est ainsi, qu'en vingt-cinq années de tra-
vaux de laboratoires et d'efforts de nos mé-
decins coloniaux un résultat de la plus haute
importance sociale a été obtenu: a La trypano-
somiase humaine n'est plus un danger pour
l' avenir économique de 1 A. E. - F. »
L'assistance médicale en Indochine soigne
et préserve, chaque année, plus de dix mil-
lions d'indigènes.
Les feuilles qui exaltent les crimes de l'im-
périalisme colonial de la France devraient
avoir la loyauté de parler aussi de sa « dicta-
ture sanitaire ».
Dans la salle des Forces d'Outre-Mer, le
docteur Jamot, chef de l'admirable équipe du
Cameroun, le docteur Sicé qui, hier encore,
était directeur de l'Institut Pasteur de Brazza-
ville le docteur Muraz, ces trois praticiens
ayant l'expérience de la brousse, ont exposé,
de la façon la plus simple, la plus émouvante,
les phases de leur lutte acharnée, scientifique,
pour sauver des populations entières vouées
aux pires souffrances, à la mort.
Ah ! je ne 1 oublierai pas de sitôt, cette
matinée de travail, illustrée par le remarqua-
ble film de la mission Chaume!. Sur l'écran,
dans le cadre de résurrection de nos formations
sanitaires, défile « la marche des cadavres »,
formée de toutes les victimes grabataires ron-
gées par le pian, la maladie du sommeil !a
lèpre. Pauvres êtres, au salut desquels, les
médecins, les agents sanitaires, les infirmiers
se dévouent avec une énergie inlassable.
Une chose aussi force l'admiration, c'est la
discipline scientifique que nos écoles ont in-
culquée à l'équipe indigène des infirmiers et
- des aides -- de - laboratoire.
L oeuvre considérable du docteur Jamot a
été justement célébrée. Mais oui l' aurait
connue, en dehors des initiés, si le film de
propagande internationale qu'ont réalisé a\CC
tant de désintéressement et parfois non sans
dangcr, Alfred Chaumel et Geneviève Chau-
mel-Gentil, si ce film, dis-je, ne l'avait révélé
au grand public !
Un mot du docteur Jamot, pour tes propa-
gandistes de son action médicale 11 aurait pas
été déplacé.
La lutte en A. E. F.
Jeune, brun, maigre, la parole nette, le
geste précis, le docteur Adolphe Sicé. sur la
carte de l'A. E. F., qui comprend les colo-
nies du Gabon, du Moycn-Congo, de l'Ou-
bangui-Chari et du Tchad, expose une admi-
rable géographie humaine.
Ces places colorées ne sont ni des villes, ni
des mines, ni des plantations seulement la
mise en valeur de l' assistance nhdicale, pour
arracher à la mouche .< t<é-tsé ̃>, les « terre?
du sommeil ). Dans le silence recueilli, la
voix du docteur Siié résonne, sans une hésita-
tion :
« Le 25 octobre 1906, il y aura 25 ans,
dans quelques semaines, une mission d'études
de la maladie du sommeil, comjKisée de MM.
les docteur Gustave Martin et Lebomf, mé-
decins des T. C. ; Rouhaud, agrégé des
sciences naturelles; Weiss et Muny, embar-
quait à destination du Congo Fr ui^ais.
M. Gentil, commissaire général du Congo,
anxieux des dangers que présentait la trypa..
nosomiase humaine, pour l' avenir économique
de la Colonie, dont il avait la responsabilité,
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