Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-07-25
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 juillet 1931 25 juillet 1931
Description : 1931/07/25 (A32,N108). 1931/07/25 (A32,N108).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63803784
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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TRENTE-DEUXIEME ANNEE. NO. 109. LB NUMBRO 180 CBNTIMB8 SAMEDI SOIR, 25 JUILLET 1931.
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Les Annales Coloniales
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Contre le communisme en Indochine
C'est clans l'ordre économique, moral et so-
il que nous devons faire porter nos efforts si
nous voulons obtenir des résultats sérieux et du-
rables.
- Certes, nous ne désarmerons pas les instiga-
teurs de trqubles (les uns sont animés de cette
foi mystique si fréquente chez les Slaves, les
autres sont des gens salariés, qui exercent leur
métier, re propagandistes) si. bien qu on fasse ;
rieq ne les arrêtera, sauf la crainte de représail-
les.
Il n'en est pas de même des néophytes indi-
gènes devenus subitement les adeptes d'une sor-
te de religion nouvelle dont ils n'ont pas en-
core pu apercevoir les imperfections et les er-
reurs.. Ils se sont laissé séduire par le mirage
de théories auxquelle les difficultés actuelles
semblent donner un aspect de vérité ; contre
ceux-là, notre action sera efficace, si nous sa-
vons leur prouver que. grâce à nous, l'existence
4e tous est aujourd'hui plus facile et meilleure
que jadis, et si nous ne rejetons pas systémati-
quement les légitimes aspirations d'un peuple
qui compte des penseurs et des philosophes.
Ce sont surtout ces petits Annamites intelli-
gents, déçus, aigris, qu'il nous faut reconqué-
rir, car ils ont une influence réelle sur les mas-
ses, et ils servent d'intermédiaires entre l'agent
provocateur soviétique et le peuple indigène.
Attaquons-nous donc résolument à Fa situa-
tion économique mauvaise. Nous avons déjà
beaucoup fait depuis que nous sommes en In-
dochine. La quantité de rizières a considéra-
blement augmenté, grâce à nos travaux de
draînage ou d'irrigation, la qualité s'est amé-
liorée par une sélection bien établie. Multi-
plions nos efforts, cai le riz, élément essentiel
de l' Extrême-Orient n'est pas produit égale-
ment et les moyens de transport encore insuffi-
sants, ne permettent pas de le livrer partout à
- un prix raisonnable.
Il n'y a certes pas de moyens miraculeux,
ma is la dotation plus iqtçnse ckl crédit agricole
la création de magasi ns de stockage, la construc-
tion de rout poursuivie intensivement peuvent
apporter une nette amélioration.
N'hésitoqs pas à dé former le régime fiscal ac-
tuel, vraiment inquisitorial, qui exagère les po-
pulations.
- Au point de vue politique, faisans preuve de
bienveillance pour la jeunesse annamite, turbu-
tente comme toutes les jeunesses, plus suscep-
tible que d'autres de subir des égarements si
passagers; ne nous l'aliénons pas par des tqesures
de répression radicales et définitives; ne fermons
p*> irrémédiablement lés carrières aux indilgè.
nes punis, susceptibles de se réformer. « Dans
un but d'apaisement, vous Ptendrez, a dit le
Ministre des Colonies, à M. Pasquier, des me-
sures de clémence contre ceux qui ont été en.
traînés pqr une propagande répréhensible, je
vous laisse le 80Iq du Moment Ȏ
Je ne puis que m associer à de pareilles pa-
roles, à une condition cependant, c'est que le
ntonient d'appliqueir ces mesures de clémence ne
tarde pas trop ; il ne faudrait pas, sans doute,
que des mesures libérales puissent être interpré-
tées comme un signe de faiblesse; il
ne faut pas, non plus, qu'elles viennent trop
tard, lorsque les esprits seront définitivement ai-
gris, et que de nouvelle manifestations se se-
ront produites.
Toutes ces réformes fiscales, politiques, ad-
ministratives, que réclament les Annuités de.
puis longtemps, que nous considérons d'ailleurs
comme légitimes, et que nous avons différées
jusqu à présent, il est temps de les entreprendre
résolument. est temps de les d re
Nous agirons ainsi au mieux des intérêts des
populations dont nous avons la charge et au
mieux de notre intérêt. propre.
D'autres mesures secondaires peuvent être
préconisées ; elles sont susceptibles de créer un
état d'esprit ravorable. A ce point de vue, M.
de Tastes, membre de la Commission des Co-
lonies, a fait certaines suggestions sur des pointai
de détail : - je les signale.
Il considère que les fonctionnaires" qui fument
l'opium donnent un mauvais exemple nuisible
au prestige de l'Européen. J'en suis persuadé.
Il importe qu'en Indochine, comme dans les co-
lonies anglaises, le Résident généfal prenne
toutes les sanctions nécessaires contre les fonc-
tionnaires qui s'adonnent à ce vice.
Quant à la prostitution des Européennes, que
dénonce mon honorable collègue, je considère
sa suppression comme souhaitable, tout ne n'y
attachant pas la même importance que lui.
Lorsqu'il insiste pour demander qu'à diplôme
égal, toutes les fonctions soient ouvertes de la
même façon aux Annamites qu'aux Français,
lorsqu'il réclame, en particulier, pour les méde-
cins annamites pourvus du diplôme français, qui
leur donne le droit d exercer en France, la mê-
me situation en Annam, que celle de méde-
cins français qui y exercent, je suis en plein, ac-
cord avec - lui, Cela, d'ailleurs, est conforme à
arrêté d e f évr- ier
un arrêté de février 1926, en vertu duquel tou-1
tes les fonctions, sauf celles d'autorité, sont ac-
cessibles aux Annamites. La seule différence
consiste en ce que les Français ont un léger sup-
plément de traitement, sous forme d'indemnité
coloniale, justifiée par l'éloignement, où ils se
trouvent de leur pays d'origine.
Plus importante est la question de rapport de
la Colonie française et des fonctionnaires avec
la population. Il est indispensable que tous les
Français respectent la hiérarchie que les Anna-
mites ont établie eux-mêmes et que, tout en les
traitant tous avec la njême fraternelle hienveil-
lance, ils manifestent nettement - la différence
qu ils font entre un coolie et un intellectuel,
car ce dernier souffrira profondément en lui.
même si l'Européen ne reconnaît pas à son
avantage la suprématie réelle que lui accordent
Sm conteste ses frères indigènes.
Certains français, résidant aux Colonies, sem-
went ignorer lem devoirs. Cinq Gouverneurs
îêmments ont dit qne des mesures étaient à pren-
dre contre eux. Quant aux fanetiunnaires, peu
nombreux, je l'espèce, qui ne remplissent pas
exactement teur tâche, font mal leur service ou
abusent de l'autorité qui teur est confiée, des
sanctions doivent être prises contre eux. Il ap-
partient au Ministre, au Haut Conseil Colonial
et au Parlement de définir ces devoirs et de
donner un texte qui en punisse les manquements.
Que donnerait le retour de l'Empereur
d' Annam ?
Serait-il, pour un peuple attaché à ses tra-
ditions, à ses anciens usages, le signal d'un
apaisement complet ?
L'application intégrale du protectorat lais-
sant seule l'autorité indigène en face de l'in-
digène serait-elle une solution ? N >n, répon-
dent certains Indochinois, qui, se souvenant des
exaction des Mandarins, préfèrent avoir affaire
aux autorités françaises. Oui, répondent les au-
tres. La France a tout intérêt à ne pas se mêler
de ces questions intérieures; délivrée de don r8.
le de justicière, elle, apparaîtra plus bienveillante
et plus haute. C'est à mon avis la bonne solution
à condition toutefois, de ne pas al Ici- trop vite et
de ne pas commettre d'imprudences. Il importe
que le souverain nous soit fidèle et dévouë, et
c'est pour cela que le choix du Gouvernement
me semble bon:
Certes l'ancien monarque déchu, exilé à la
Réunion pour avoir voulu délivrer jadis son
pays de notre tutelle, reconnaît actuellement
ses erreurs et affirme son attachement à la
France, mais que vaudraient ses promesses
après son retour dans un pays encore en effer-
vescence ? L'arme poivrait être à double tran-
chant.
Le Gouverneur Général, d'accord avec le
Ministre, préfère mettre sur le trône d'Annam,
le jeune empereur qui termine actuellement ses
études à Paris, et sous la direction intelligente
d'un ancien gouverneur des Colonies, a appris à
aimer la France et s'est familiarisé avec l'étu-
de la haute charge qu'il devra rempl r
Quelques mois, un an, peut-être, sont nécessai-
res pour que son <( apprentissage » soit terminé.
Prenons patience et sachons aussi faire pa-
tienter un peuple qui, plein d'espérance, at-
tend avec joie, l'arrivée de son jeune Empe-
reur.
Disons-lui, des maintenant, selon la sugges-
tion de Varennes, dans une proclamation géné-
reuse, * hardie, à la Française;, tout ce que nous
youlcMs faire pour Itji, et ce que nous ferons
(inutile de rappeler ce qui a déjà été fait), mais
disons-lui aussi que chacun des Annamites tient
son soft entre ses mqins. et qu'autant nous se-
rons bienveillants ettutéaires poty ceux qui se-
dont des collaborateurs fidèles, autant nous se.
rons sévères pour les auteurs de désordre, et en
particulier, pour les meneurs. La sécurité en
lndochinè est à ce prix.
Camille Briauut*
Député de l'Eure Secrétaire de la Com-
mission de l'Algérie, des Colonies. et
Aes Protectorats.
-– o»
Au Conseil des Ministres
Au Conseil des ministres de ce matin, M.
Au Conseil des ministres de ce matin, M.
Paul Reynaud a fait part du nombre des en-
trées à l'Exposition Coloniale,
Mai : 3.111.000* juin, 4.468.000; 20 pre-
miers jours de- juillet. 3.227.000 visiteurs.
RUE OUDINOT
-
M. Paul Reynaud a reçu l'équipage
du « Paris »
M. Philippe d'Estailleur de Chanteraine,
le pilote Fernand Giraud et le mécanicien
Mistrot, qui viennent de réussir la randon-
née d'études de 35.000 kilomètres autour
de l'Afrique, que l'on sait, ont été reçus
hier matin par M. Paul Reynaud, ministre
des Colonies. Le ministre, après avoir posé
à M. Philippe d'Estailleur de Chanteraine
de nombreuses questions sur le voyage, lui
a demandé de fournir un rapport et des
notes complètes sur son passage dans les co-
lonies françaises et étrangères.
La politique en Guyane
«♦« ̃ ̃̃ -
M. Georges Barthélémy, ancien député du
Pas-de-Calais, ancien délégué du Soudan au
Conseil supérieur des Colonies, sera candidat,
en 1932, au siège guyanais, actuellement oc-
cupé par M. Eugène Lautier.
Il ne sera pas le seuil
Lamarcheenavant des missionnaires
'.11
Les Pères du Saint-Esprit ont fondé trois
stations en deux ans au nord du Vicariat
apostolique du Gabon, ainsi qu'en témoigne
la communication ci-dessous de l'Agence
Fidès -
Sainte-Marie (Gabon Afrique Occidentale
Française). - Il y a deux ans, Mgr Tardy,
des Pères du Saint-Esprit, vicaire apostoli*
que du Vicariat du Gabon, fondait au nord
de son Vicariat une station à Oyem, sous le
vocable de Sainte-Thérèse de Lisieux. Il y
avait envoyé deux prêtres, un frère et 180
catéchistes, tous volontaires. Grâce aux ef-
forts de ces puissants auxiliaires du prêtre
en pays de mission, la population fut sérieu-
sement atteinte. Le succès fut tel que l'évê-
que dut envoyer encore deux autres prêtres
pour subvenir aux besoins toujours plus
nombreux des nouveaux convertis.
Au cours de sa dernière tournée, le vicaire
apostolique dut détacher de la station
d'Oyem deux nouvelles stations. L'une, à
40 Kilomètres, à la frontière du Cameroun :
Bitam, a pour titulaire Saint-jean-Baptiste,
l'autre à 120 kilomètres au sud, Mitzick, qui
a pour titulaire Saint-Joseph.
Signalons, enfin, qu'à Oyem, fonctionne
une école de futurs catéchistes.
Le voyage 1
de M. Paul Reynaud
en Indochine
L y a déjà longtemps
que Von parlait dam
dans les milieux co-
loniaux du voyage
du Ministre des Co-
lonies e/e Indochine.
- Quand M. Maginot
était rue Oudinot,
cette rumeur com-
mençait à circuler.
BUll -loin de dispa-
raitre, elle devint presque une certitude, lors
du passage de M. Pietri au ministère des
Colonies. Elle est maintenant une réalité. M.
Paul Reynaud, notre ministre des Colonies
qui, il faut lui rendre cette justice, préside
avec beaucoup d'activité, en un moment dif-
ficile, à la direction de notre domaine d'ou-
tre-mer, va en effet partir pour l'Union in-
dochinoise.
Ce voyage s'imposait, pour différentes rai-
sons.
La première est la gravité de la situation
dans notre possession d'Extrcnie-Orient. Le
Ministre des Colonies en apportant aux po-
pulations indochinoises le témoignage de la
sollicitude, de la sympathie et de l'affection
de la France amènera sans doute, une dé-
tente dans les esprits. Il semble que les loya-
les populations de VIndochine, se rendant
compte des bienfaits de la colonisation (st-
curité, ordre, protection des personnes et des
biens, amélioration de la santé publique, dé-
veloppement de Venseignement, enrichisse-
ment du pays. accroissement du bicll-être), et
de la nécessité du maintien de l'autorité
française associée à l'alltorit des popula-
tions locales réserveront au représentant de la
métropole un accueil chaleureux.
Les indigènes qui se plaignent de l'action
des c omnium st es salueront avec joie l'arri-
vée du Ministre des Colonies, et ils ne man-
queront pas de fonder de grands espoirs sur
cette visite.
A l'orgueil naturel ci à l'allégresse spon-
tanée des Annamites résultant du voyage mi-
nistériel s'ajoutera une atmosphère de con-
fiance créée par les réformes annoncées de-
puis quelque temps.
Le. voyage de AI. Paul Reynaud, bien
qu'il ne soit pas un voyage touristique, mats
une mission protocolaire et d'études, aura,
nous l'espérons, d'heureuses conséquences.
La deuxième raison est que nos possessions
d'Afrique dit Nord ont reçu nos ministres
et mimes nos Présidents ât la République.
Presque tous nos grands hommes d Etat ont
visité l'Afrique Mineure.
-- L'A. - O. F. a vu les Ministres des - Colo-
niesf Milliès-Lacroix, Albert Sarraut, Magi-
not; Saint-Pierre-ci-Miquelon a vu égale-
ment Albert Sarraut, quand il était rue Oudi-
not ; La Martinique a vu le sous-sccrctairc
d'Etat aux Colonies, Alcide Delmont, député
de la Martinique. De hautes personnalités du
Colonial Office, visitent constamment l'rni-
pire britannique, et reviennent avec des en-
quêtes fécondes. Le Prince de Galles et son
frère, la Reine et le Roi des Belges ainsi
que leurs enfants ont parcouru, leur domaine
extérieur, Il était indispensable que la Fran-
ce délègue soit Ministre des Colonies en In-
dochine pendant les vacances parlementaires
pour lui manifester son attachcment, four
examiner sa situation, étudier ses besoins et
prendre les mesures commandées par les
,- événements.
La troisième raison est que ce voyage était
envisagé depuis tellement, longtemps, que s'il
n'avait pas été accomPli, la France mi/ait
commis à l'égard de l'Indochine un geste
que ce beau pays ne mérite pas.
Il convient toutefois de noter que l'insta-
bilité ministérielle et la distance qui sépare
la France de l'Indochine excusent, le retard
que nos dirigeants ont mis à apporter le sa-
lut de la mère patrie à sa fille de VExtrême-
Orient.
Quoi qu'il en soit, le voyage qu'avec le
complet assentiment du Gouverneur général,
M. Paul Reynaud va entreprendre en Indo-
chine, aura" certainement des résultats très
heureux. En dehors des liens de solidarité et
d'amitié que ce voyage va resserrer plus
étroitement entre la France d'Europe et cel-
le d'Asie, le Ministre des Colonies se ren-
dra compte sur place des mesttres qu'il dc
vra proposer ou prendre, soit dans l'ordre
de la production, du crédit, de Voutillage,
de renseignement, de la santé publique, soit
dans l'ordre politique, pour que VIndochine
continue à vivre et à progresser dans l'ordre
et la Paix.
Léon Archimbaud,
nspiitt.
Ancien Sons-Secrétaire d'iïlat
des Colonies.
A r Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres
L'Ecole d'Extrême-Orient
En comité secret, M. Fou cher a lu son rap-
port sur les travaux de l'Ecole Française d'Ex-
trême-Orient. Aucune communication n'a été
faite par la Compagnie.
-1 * e
A f Académie Française
Médailles de la langue française
L'Académie a décerné onze médailles de
la langue française.
Parmi les lauréats citons : Mlle Yvonne
Salmon de l'Amance française aux colonies
britanniques.
Après l'Asia. l'Asie
La Compagnie des Chargeurs Réunis com-
munique qu'elle veut établir des records de
désastres. Mercredi soir, à 17 heures, un in-
cendie d'une certaine violence a éclaté à
bord du paquebot Asie, courrier de l'A.O.F.,
actuellement amarré au quai Carnot, à Bor-
deaux.
Le feu, dont on ignore la cause, s'est dé-
claré dans un compartiment des machines et
a été activé par une manche à air. Il a ra-
pidement gagné les revêtements calorifuges
d'une des cheminées du navire.
Les mesures de précaution contre les in-
cendies, prises par la Compagnie, mises aus-
sitôt en action, ont permis de combattre
péniblement le feu, que le concours des
pompiers: qui durent mettre plusieurs lan-
ces en batterie, a achevé d'arrêter.
Les dégâts concernent les revêtements de
parois des chaufferies.
Le départ du navire ne sera pas retardé.
Le dépa rt du na%,i re ne sera pas d é.
Décidément, l'équipe Cyprien-Fabre - Bap-
itfaut joue de malheur, et nous plaignons
les fonctionnaires qui font obligatoirement
appel à leurs services.
M. François Manceron
Résident général de France
en Tunisie est arrivé hier à Paris
»•«
Quand Mme et M. Manceron descendirent
.hier matin de leur sleeping il n'apparut
point que fût si lointaine la Régence. Un
soleil d'or fondu glissait sur les verrières, et,
là-bas, derrière le grand porche béant sur le
Midi, la Méditerranée semblait avoir prêté
au ciel de Paris l'azur profond de ses va-
gues. Sans l'ombre d'une fatigue sur leur
visage, tout comme s'ils revenaient d'une
randonnée à l'île de Djerba, souriauts, les
voyageurs descendirent du train. Un groupe
d'amis et de fidèles les attendait : Si Tabor
Kliereddin, ministre cle la Justice de Tuni-
sie; MM. Geoffroy Saint-Hilaire, directeur
de l'Office tunisien; Darrioulet, sous-direc-
teur de cet Office; Gau, directeur de l'En-
seignement; Favières, directeur des Travaux
publics deTunisie; Si Kaddour ben Chabnt;
Robert Raynaud, directeur et secrétaire gé-
néral de l'Institut musulman ; d'Orgeval et
Rouget, de l'Office tunisien, etc., etc.
« Nous avons fait - merci - une ex-
cellente route. Partis hier matin de Tunis
l'hydravion nous déposa, après son escale
coutumière à Ajaccio, à Marseille sans un
raté ni un trou d'air. Vraiment une prome-
nade de tout repos.,. n -
Mais déjà le cercle se refermait et M. de
Saint-Hilaire accaparait littéralement le Ré-
sident Général de France. Ce ne fut que plus
tard que M. François Manceron se jeta en
pâture.
A l'encontre des hommes politiques, les di-
plomates ont une horreur profonde de l'in-
terview. Ils ont appris de fort bonne heure
que quelques journalistes ont été mis sur
terre pour écrire exactement le contraire de
ce cm ils ont clairement exposé et que leur
accueil candide se filigranera bientôt - on
ne saura jamais par quel prodige - de noirs
desseins. A vrai dire, on ne les prend point
sans vert. La Carrière a donc à notre en-
contre un vocabulaire bien à elle. Le « Ne
dites pas. » y fleurit comme aubépine en
mai et le « surtout n'allés pas. » comme
jujubes en septembre.
M. Manceron a dû être gÚté par les gazet-
tes. Ses phrases ne s'émaillent point de lo-
cutions restrictives. Il exprime largement sa
pensée sous l'élégante enveloppe des mots les
faits sont là, nets, et les idées naissent, pré-
cises.
Franklin disait déjà : « La franchise est
la meilleure des politiques »? Il faut soup-
çonner M. Manceron d'avoir été élevé à cette
école.
u - La T uni si e traverse en ce montent
comme tous les pays du monde - une crise
assez grave. La plupart de nos mines de
cllivre d'argent, de zinc ont fermé leurs
portes. Les phosphates même ne trouvent
plus les débouchés d'antan. Dans le centre
la sécheresse a" vous le savez, causé dténor.
mes ravages. Troupeaux et moissons en
souffrent, tout un peuple désespère. Aider
colons et indigènes est certes notre devoir
mais ce sont là dépenses lourdes à suppor-
ter. A Tunis même, beaucoup d'htdustries
sont en sommeil, Vous citerai-je les tisseurs
de soie dont on n'achète que rarement les
beaux ouvrages et qui ne trouvent plus leurs
ventes coutumières auprès de ceux sur qui
s'appesantit la gêne économique.,
« Sans doute esc'ompte-t-on une assez bon-
ne récolte d'olives, assez bonne étant donné
les circonstances, mais à Ventour la terre est
nue, les herbes sèches, les pousses neuves.
Seules les régions Mord et Est donnent quel
que espoir. Nos services prôvoienC aussi une
exportation de six à sept cent mille quintaux
de céréales. Mais de quels soins aura-t-on
entouré ces moissons et quels sacrifices
n'aura-t-on pas consentis f
« Iléltis ! je vous le répète, derrière ces
deux zones favorisées par le climat méditer-
ranéen, le reste de la Régence se trouve aux
prises avec le plus aigu des problèmes. Etant
donné notre budget les solutions sont mini-
mes, les remèdes restreints. n
Pendant quelques instants encore M. Fran.
çois Manceron nous dit ses craintes, ses pré-
visions, ses espérances.
Dans l'antichambre de l'Office de la Tu-
nisie il n'y avait qu'une dizaine de pei-soniief
qui attendaient leur tour et dont les yeux
allaient de l'heure à l'importun.
Jacques Alphautl.
4»
A l'observatoire Il'Alter
'-
Ainsi que nous l'avions annoncé, M. LRWU.
la, astronome-adjoint à l'observatoire diAl-
ger, est nommé directeur, en remplacement
de M. Gonnessiat, admis à la retraite.
La section de médecine coloniale
de Lyon transférée à Marseille
«•» -
En mai 1925 un décret avait créé à Lyon une
section de médecine coloniale destinée à com-
pléter l'effectif des médecins coloniaux deman-
dés à l'Ecole principale du service de santé
de Bordeaux. Cette section comptait environ
2-j à 30 étudiants ce qui permettait de donner
une centaine de jeunes médecins par an à la
France d'outre-mer.
Un récent décret vient de la transférer à
Marseille, où elle sera installée dans uh bâti-
ment de l'hôpital militaire et où ses élèves sui-
vront les cours de la faculté. Son caractère
colonial ne pourra qu'y gagner, auprès de
l'Ecole d'application du Pharo, et dans l'ath-
mosphère particulière de la grande ville.
le lamiao de fiarona
est à Paris
Le lamido Hayatou ayant quitté avec ses
plus beaux atours, sa résidence de Garoua
(Nord-Cameroun) où il sert la cause française
depuis dix ans, a été présenté hier par le gou-
verneur Bonamy, commissaire des territoires
africains sous mandat, à M. Paul Reynaud,
ministre des Colonies.
On sait que le lamidat de Garoua, peuplé
de 30.000 habitants, pour la plupart musul-
mans, est un de ces sultanats importants du
Nord-Cameroun sur lesquels l'administration
française n'exerce qu'une sorte de protectorat
laissant subsister une organisation quasi-mil-
lénaire qui présente sous notre contrôle toutes
les garanties.
Le lamido Hayatou est donc l'hôte de Paris
avec ses 60 femmes et son domestique.
Hier soir, le gouvernement l'avait invité avec
quelques chefs noirs à une représentation de
Sidonic Panache, au Châtelet. Les gar-
des républicains, en grande tenue leur firent
une entrée impeccable et les grands chefs
d'Afrique prirent un plaisir extrême à l'opé-
rette à grand spectacle qui met en scène la
conquête de l'Algérie par Bugeaud et le duc
d'Aumalc.
Le lamido assistera prochainement à une
course sur un des hippodromes parisiens.
Un de ses premiers gestes a été de remettre
i.i.coo francs à l'Assistance publique.
Il y a encore 5 millions d'esclaves
en Afrique
'8'
A la veille du entenaire, de l'abolition de
l'esclavage dans les dominions britanniques,
un débat a été institué hier à la Chambre
Haute d'Angleterre par lord Buxton, dont
le grand-père fut, en grande partie, l'au-
teur de l'article libérateur.
L'orateur a rappelé qu'il y avait encore
cinq millions d'esclaves dans le monde, prin-
cipalement en Abyssinie, en Chine, en Ara-
bie et dans le Libéria. Il a fait appel à la
S. n. N., aux efforts de laquelle il a rendu
un chaleureux hommage pour la libération
de ces cinq millions d'asservis.
L'archevêque de Cantorbery s'est associe
éloquemment à cet appel, ainsi que lord
Cecil et lord Parmoor qui, au nom du gou-
vernement, a accepté la motion de lord
Buxton. Lord Parmoor a d'ailleurs fait re-
marquer qu'il y avait une étroite coopéra-
tion entre la Grande-Bretagne, la France et
l'Italie, pour TTitercepter le trafic des escla-
ves à travers la mer Rouge et en Abyssinie.
Au Conseil d'ttat
Le séjour des hauts fonctionnaires
en France
A été également adopté un projet de dé-
cret modifiant le décret du ior avril 1921
portant règlement d'administration publique
sur. l'organisation du corps de l'Inspection
coloniale. La modification apportée ne con-
cerne que la durée des fonctions de direc-
teur du Contrôle au ministère des Colonies.
Ce directeur sera nommé pour une période
de deux ans et pourra être maintenu en
fonctions deux autres années au maximum.
Les exploits des prisonniers de Majunga 1
M. Latourneric n appris hier au Conseil
d'Etat les débordements des prisonniers de
Majunga. Les prisonniers de la grande île.
avaient, en effet, trouvé le moyen de fabri-
quer une fausse clef et de reconquérir pour
la nuit la liberté dant ils étaient privés le
jour. Le soir venu, le chef de bande ouvrait
quelques cellules, puis ces messieurs, ayant
revêtu J'hahit de soirée avec le linge fin et
les chemises de soie qui provenaient de vols,
s'en allaient dans la cité renouveler leurs
larcins. Le lendemain de bonne heure, ils
rentraient d'eux-mêmes à la geôle. Le chef
de bande fut même trouvé un matin ivre-
mort près du mur extérieur de la prison.
Un ingénieur, M. Le Sant, victime de
l'une de ces expéditions nocturnes, fut ainsi
amené à réclamer à l'administration une in-
demnité compensatrice de 25.000 francs, allé-
guant que le défaut de surveillance des dé-
tenus avait seul rendu possible les vols qui
lui causaient préjudice. Le conseil du conten-
tieux administratif de Madagascar lui ré-
pondit par une fin de non-recevoir.
M. Le Sant, peu satisfait du rejet de sa
demande, chargea M. Guédès de porter sa
requête devant le Conseil d'Etat. Le récla-
mant confia la défense de ses intérêts à Mil
Hoularo.
M. Latournerie a fait observer que M. Le
Sant n'avait pas fourni un devis estimatif
pour les 25.000 francs qu'il demandait au
titre des restitutions : néanmoins, il a conclu
il une décision bienveillante en faveur du
volé.
Malheureusement, le rrcours n'étant pas
rédigé d'une façon suffisamment explicite
quant aux moyens invoqués, il a été, pour
ce motif, rejeté par la haute juridiction.
Contre la fièvre jaune
au Sénégal
Comme on le sait, la fondation Rockfeller,
à New-York a consacré d'importants travaux
à l'étude de la fièvre jaune.
L'institut en question désireux de se rensei-
gner et aussi de faire répandre les résultats
qu'elle a déjà obtenus, a invité le médecin
général Mathis, directeur de l'institut Pasteur,
à Dakar, ainsi que le docteur Stéphanopoulo,
de l'institut Pasteur, de Paris, de se rendre à
New- York.
Cette visite est d'autant plus opportune que
nos colonies de l'A. O. F. sont toujours sous
la menace de la fièvre jaune. En ce moment
même plusieurs cas ont été signalés sur la côte
et jusque dans la Côte d'Or et la Nigeria An-
glaise. - .-
Le Ministère des Colonies a décidé de re-
chercher les centres endémiques par l'examen
en série d'échantillons de sang prélevés sur les
indigènes, tout particulièrement les enfants.
Des atteintes bénignes antérieures se tradui-
saient par la présence dans le sang d'anticorps
én quantité appréciable et dont il est possible
de démontrer la présence.
La recherche dont il s'agit semble aujour-
d'hui possible par - une technique spéciale de
l'Institut Rockfeller. technique dont notre mis-
sion française pourra suivre l'application.
i loiel
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
Les journées médicales :
Anophèle Paludisme
Deuxième journée du congrès médical colo-
nial, présidée par le professeur Marchoux, de
l'Institut Pasteur, par le docteur Blanchard
du Corps de santé colonial, par le médecin
inspecteur Lasnet, par le professeur Brumpft.
Quinze heures, daiu la salle des Congrès.
à la Cité des Informations!. heure du cal-
aire, il règne une température de couveuse
artificielle.
Les préposés au matériel doivent trouver
cette chaleur salutaire aux congressistes, car
trois ventilateurs sur quatre sont aussi immo-
biles que les papillons d'une collection.
De très intéressantes communications vien-
nent heureusement distraire notre tourment et
les conférenciers se succèdent. Ce sont :
lae orofesseur Roubaud. dont la conférence
a pour sujet : L'anophèle.
Les moustiques comptent parmi les insectes
les plus universellement répandus, contre les-
quels l'homme doit lutter sous tous les climats.
Or, ce sont les moustiques anophèles qui pro-
pagent le paludisme, affection qui entrave si
fortement l' essor de la colonisation.
Il faut donc organiser la lutte contre l'ano-
phèle.
Pour s'attaquer efficacement aux mousti-
ques, il faut avant tout, détruire leurs larves
dans les collections d'eaux stagnantes, où elles
se développent parfois en quantité incroyable.
On détruit facilement les larves de mousti-
ques en répandant à la surface des eaux une
couche d'huile minérale, pétrole. etc, qui tue
les larves par aphyxie.
Mais ce procédé a des inconvénients et le
professeur Roubaux préconise l' emploi du lar-
vicide français, le <1 stoxal ».
La séance se poursuit par les communica-
tions du docteur Gaillard : l'anophèle au Ga-
bon; du docteur Blanchard sur « l'Anémie
tropicale n.
Nous apprenons que cette grave affection
n'est pas déterminée par le soleil, mais par les
parasites. Les anémies paludéennes à évolu-
tion pernicieuse sont causées par les parasites
intestinaux.
Il s' agit donc, non pas de combattre l' ané-
mie mais d'appliquer aux malades le traite-
ment spécifique du parasite.
Remarque des plus intéressantes :
Les individus très actifs, vivant au grand
air, sans redouter le plein soleil, tels les cou-
peurs de bois, les chasseurs, les explorateurs,
etc. sont rarement atteints d'anémie tropi-
cale. Les victimes désignées sont les séden-
taires qui redoutent le soleil, les fonctionnai-
res, les professeurs, etc. Pour le traitement
de ces malades le docteur Blanchard prône
l'excellence de certains extraits hépatiques
commerciaux qui sous les tropiques remplacent
avantageusement l'ingérence du foie de veau.
Puis le docteur Daléas, médecin-accou-
cheur, fait d'intéressantes remarques sur l'hé-
mothérapie. Il préfère ce traitement à celui
qui consiste à ingurgiter aux malades du foie
de veau, du foie -- de veau, - et encore - du foie de --
veau. Cette journée s achève par la conférence
du docteur Béteau sur : Insuffisance surrénale,
adrénaline et maladies des pays chauds.
En sortant de ce pays torride qu'est la sa lle
des Congres, après avoir entendu discourir
avec autant de science et d'éloquence sur
tant de fléaux qui ravagent la race humaine,
on se sent rempli d'une reconnaissante émo-
tion envers ceux qui consacrent leur passage
sur la planète au soulagement des sourtrants.
- •
< *
A l'occasion des journées médicales
coloniales
Hier après-midi, la municipalité de Paris a
offert une réception aux médecins français et
étrangers qui assistent en ce moment à Paris
aux journées coloniales. Le docteur Lobli-
geois, secrétaire du conseil municipal, leur
adressa un discours de bienvenue auxquels ré-
pondirent le docteur Rodin, délégué belge, le
docteur Weenyon, Anglais, et le docteur Za-
ky Cliaffer, Egyptien.
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. NO. 109. LB NUMBRO 180 CBNTIMB8 SAMEDI SOIR, 25 JUILLET 1931.
JMMMJMTIMEI
Rééêctioè & Administration :
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Les Annales Coloniales
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DuttcTtUR. FONDATEUR 1 Maroel RUEDEL
Tous les article» publié* dont notre foumal ne pmwi
être rtproduU. qu'en citant les AmuLu Co.
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Contre le communisme en Indochine
C'est clans l'ordre économique, moral et so-
il que nous devons faire porter nos efforts si
nous voulons obtenir des résultats sérieux et du-
rables.
- Certes, nous ne désarmerons pas les instiga-
teurs de trqubles (les uns sont animés de cette
foi mystique si fréquente chez les Slaves, les
autres sont des gens salariés, qui exercent leur
métier, re propagandistes) si. bien qu on fasse ;
rieq ne les arrêtera, sauf la crainte de représail-
les.
Il n'en est pas de même des néophytes indi-
gènes devenus subitement les adeptes d'une sor-
te de religion nouvelle dont ils n'ont pas en-
core pu apercevoir les imperfections et les er-
reurs.. Ils se sont laissé séduire par le mirage
de théories auxquelle les difficultés actuelles
semblent donner un aspect de vérité ; contre
ceux-là, notre action sera efficace, si nous sa-
vons leur prouver que. grâce à nous, l'existence
4e tous est aujourd'hui plus facile et meilleure
que jadis, et si nous ne rejetons pas systémati-
quement les légitimes aspirations d'un peuple
qui compte des penseurs et des philosophes.
Ce sont surtout ces petits Annamites intelli-
gents, déçus, aigris, qu'il nous faut reconqué-
rir, car ils ont une influence réelle sur les mas-
ses, et ils servent d'intermédiaires entre l'agent
provocateur soviétique et le peuple indigène.
Attaquons-nous donc résolument à Fa situa-
tion économique mauvaise. Nous avons déjà
beaucoup fait depuis que nous sommes en In-
dochine. La quantité de rizières a considéra-
blement augmenté, grâce à nos travaux de
draînage ou d'irrigation, la qualité s'est amé-
liorée par une sélection bien établie. Multi-
plions nos efforts, cai le riz, élément essentiel
de l' Extrême-Orient n'est pas produit égale-
ment et les moyens de transport encore insuffi-
sants, ne permettent pas de le livrer partout à
- un prix raisonnable.
Il n'y a certes pas de moyens miraculeux,
ma is la dotation plus iqtçnse ckl crédit agricole
la création de magasi ns de stockage, la construc-
tion de rout poursuivie intensivement peuvent
apporter une nette amélioration.
N'hésitoqs pas à dé former le régime fiscal ac-
tuel, vraiment inquisitorial, qui exagère les po-
pulations.
- Au point de vue politique, faisans preuve de
bienveillance pour la jeunesse annamite, turbu-
tente comme toutes les jeunesses, plus suscep-
tible que d'autres de subir des égarements si
passagers; ne nous l'aliénons pas par des tqesures
de répression radicales et définitives; ne fermons
p*> irrémédiablement lés carrières aux indilgè.
nes punis, susceptibles de se réformer. « Dans
un but d'apaisement, vous Ptendrez, a dit le
Ministre des Colonies, à M. Pasquier, des me-
sures de clémence contre ceux qui ont été en.
traînés pqr une propagande répréhensible, je
vous laisse le 80Iq du Moment Ȏ
Je ne puis que m associer à de pareilles pa-
roles, à une condition cependant, c'est que le
ntonient d'appliqueir ces mesures de clémence ne
tarde pas trop ; il ne faudrait pas, sans doute,
que des mesures libérales puissent être interpré-
tées comme un signe de faiblesse; il
ne faut pas, non plus, qu'elles viennent trop
tard, lorsque les esprits seront définitivement ai-
gris, et que de nouvelle manifestations se se-
ront produites.
Toutes ces réformes fiscales, politiques, ad-
ministratives, que réclament les Annuités de.
puis longtemps, que nous considérons d'ailleurs
comme légitimes, et que nous avons différées
jusqu à présent, il est temps de les entreprendre
résolument. est temps de les d re
Nous agirons ainsi au mieux des intérêts des
populations dont nous avons la charge et au
mieux de notre intérêt. propre.
D'autres mesures secondaires peuvent être
préconisées ; elles sont susceptibles de créer un
état d'esprit ravorable. A ce point de vue, M.
de Tastes, membre de la Commission des Co-
lonies, a fait certaines suggestions sur des pointai
de détail : - je les signale.
Il considère que les fonctionnaires" qui fument
l'opium donnent un mauvais exemple nuisible
au prestige de l'Européen. J'en suis persuadé.
Il importe qu'en Indochine, comme dans les co-
lonies anglaises, le Résident généfal prenne
toutes les sanctions nécessaires contre les fonc-
tionnaires qui s'adonnent à ce vice.
Quant à la prostitution des Européennes, que
dénonce mon honorable collègue, je considère
sa suppression comme souhaitable, tout ne n'y
attachant pas la même importance que lui.
Lorsqu'il insiste pour demander qu'à diplôme
égal, toutes les fonctions soient ouvertes de la
même façon aux Annamites qu'aux Français,
lorsqu'il réclame, en particulier, pour les méde-
cins annamites pourvus du diplôme français, qui
leur donne le droit d exercer en France, la mê-
me situation en Annam, que celle de méde-
cins français qui y exercent, je suis en plein, ac-
cord avec - lui, Cela, d'ailleurs, est conforme à
arrêté d e f évr- ier
un arrêté de février 1926, en vertu duquel tou-1
tes les fonctions, sauf celles d'autorité, sont ac-
cessibles aux Annamites. La seule différence
consiste en ce que les Français ont un léger sup-
plément de traitement, sous forme d'indemnité
coloniale, justifiée par l'éloignement, où ils se
trouvent de leur pays d'origine.
Plus importante est la question de rapport de
la Colonie française et des fonctionnaires avec
la population. Il est indispensable que tous les
Français respectent la hiérarchie que les Anna-
mites ont établie eux-mêmes et que, tout en les
traitant tous avec la njême fraternelle hienveil-
lance, ils manifestent nettement - la différence
qu ils font entre un coolie et un intellectuel,
car ce dernier souffrira profondément en lui.
même si l'Européen ne reconnaît pas à son
avantage la suprématie réelle que lui accordent
Sm conteste ses frères indigènes.
Certains français, résidant aux Colonies, sem-
went ignorer lem devoirs. Cinq Gouverneurs
îêmments ont dit qne des mesures étaient à pren-
dre contre eux. Quant aux fanetiunnaires, peu
nombreux, je l'espèce, qui ne remplissent pas
exactement teur tâche, font mal leur service ou
abusent de l'autorité qui teur est confiée, des
sanctions doivent être prises contre eux. Il ap-
partient au Ministre, au Haut Conseil Colonial
et au Parlement de définir ces devoirs et de
donner un texte qui en punisse les manquements.
Que donnerait le retour de l'Empereur
d' Annam ?
Serait-il, pour un peuple attaché à ses tra-
ditions, à ses anciens usages, le signal d'un
apaisement complet ?
L'application intégrale du protectorat lais-
sant seule l'autorité indigène en face de l'in-
digène serait-elle une solution ? N >n, répon-
dent certains Indochinois, qui, se souvenant des
exaction des Mandarins, préfèrent avoir affaire
aux autorités françaises. Oui, répondent les au-
tres. La France a tout intérêt à ne pas se mêler
de ces questions intérieures; délivrée de don r8.
le de justicière, elle, apparaîtra plus bienveillante
et plus haute. C'est à mon avis la bonne solution
à condition toutefois, de ne pas al Ici- trop vite et
de ne pas commettre d'imprudences. Il importe
que le souverain nous soit fidèle et dévouë, et
c'est pour cela que le choix du Gouvernement
me semble bon:
Certes l'ancien monarque déchu, exilé à la
Réunion pour avoir voulu délivrer jadis son
pays de notre tutelle, reconnaît actuellement
ses erreurs et affirme son attachement à la
France, mais que vaudraient ses promesses
après son retour dans un pays encore en effer-
vescence ? L'arme poivrait être à double tran-
chant.
Le Gouverneur Général, d'accord avec le
Ministre, préfère mettre sur le trône d'Annam,
le jeune empereur qui termine actuellement ses
études à Paris, et sous la direction intelligente
d'un ancien gouverneur des Colonies, a appris à
aimer la France et s'est familiarisé avec l'étu-
de la haute charge qu'il devra rempl r
Quelques mois, un an, peut-être, sont nécessai-
res pour que son <( apprentissage » soit terminé.
Prenons patience et sachons aussi faire pa-
tienter un peuple qui, plein d'espérance, at-
tend avec joie, l'arrivée de son jeune Empe-
reur.
Disons-lui, des maintenant, selon la sugges-
tion de Varennes, dans une proclamation géné-
reuse, * hardie, à la Française;, tout ce que nous
youlcMs faire pour Itji, et ce que nous ferons
(inutile de rappeler ce qui a déjà été fait), mais
disons-lui aussi que chacun des Annamites tient
son soft entre ses mqins. et qu'autant nous se-
rons bienveillants ettutéaires poty ceux qui se-
dont des collaborateurs fidèles, autant nous se.
rons sévères pour les auteurs de désordre, et en
particulier, pour les meneurs. La sécurité en
lndochinè est à ce prix.
Camille Briauut*
Député de l'Eure Secrétaire de la Com-
mission de l'Algérie, des Colonies. et
Aes Protectorats.
-– o»
Au Conseil des Ministres
Au Conseil des ministres de ce matin, M.
Au Conseil des ministres de ce matin, M.
Paul Reynaud a fait part du nombre des en-
trées à l'Exposition Coloniale,
Mai : 3.111.000* juin, 4.468.000; 20 pre-
miers jours de- juillet. 3.227.000 visiteurs.
RUE OUDINOT
-
M. Paul Reynaud a reçu l'équipage
du « Paris »
M. Philippe d'Estailleur de Chanteraine,
le pilote Fernand Giraud et le mécanicien
Mistrot, qui viennent de réussir la randon-
née d'études de 35.000 kilomètres autour
de l'Afrique, que l'on sait, ont été reçus
hier matin par M. Paul Reynaud, ministre
des Colonies. Le ministre, après avoir posé
à M. Philippe d'Estailleur de Chanteraine
de nombreuses questions sur le voyage, lui
a demandé de fournir un rapport et des
notes complètes sur son passage dans les co-
lonies françaises et étrangères.
La politique en Guyane
«♦« ̃ ̃̃ -
M. Georges Barthélémy, ancien député du
Pas-de-Calais, ancien délégué du Soudan au
Conseil supérieur des Colonies, sera candidat,
en 1932, au siège guyanais, actuellement oc-
cupé par M. Eugène Lautier.
Il ne sera pas le seuil
Lamarcheenavant des missionnaires
'.11
Les Pères du Saint-Esprit ont fondé trois
stations en deux ans au nord du Vicariat
apostolique du Gabon, ainsi qu'en témoigne
la communication ci-dessous de l'Agence
Fidès -
Sainte-Marie (Gabon Afrique Occidentale
Française). - Il y a deux ans, Mgr Tardy,
des Pères du Saint-Esprit, vicaire apostoli*
que du Vicariat du Gabon, fondait au nord
de son Vicariat une station à Oyem, sous le
vocable de Sainte-Thérèse de Lisieux. Il y
avait envoyé deux prêtres, un frère et 180
catéchistes, tous volontaires. Grâce aux ef-
forts de ces puissants auxiliaires du prêtre
en pays de mission, la population fut sérieu-
sement atteinte. Le succès fut tel que l'évê-
que dut envoyer encore deux autres prêtres
pour subvenir aux besoins toujours plus
nombreux des nouveaux convertis.
Au cours de sa dernière tournée, le vicaire
apostolique dut détacher de la station
d'Oyem deux nouvelles stations. L'une, à
40 Kilomètres, à la frontière du Cameroun :
Bitam, a pour titulaire Saint-jean-Baptiste,
l'autre à 120 kilomètres au sud, Mitzick, qui
a pour titulaire Saint-Joseph.
Signalons, enfin, qu'à Oyem, fonctionne
une école de futurs catéchistes.
Le voyage 1
de M. Paul Reynaud
en Indochine
L y a déjà longtemps
que Von parlait dam
dans les milieux co-
loniaux du voyage
du Ministre des Co-
lonies e/e Indochine.
- Quand M. Maginot
était rue Oudinot,
cette rumeur com-
mençait à circuler.
BUll -loin de dispa-
raitre, elle devint presque une certitude, lors
du passage de M. Pietri au ministère des
Colonies. Elle est maintenant une réalité. M.
Paul Reynaud, notre ministre des Colonies
qui, il faut lui rendre cette justice, préside
avec beaucoup d'activité, en un moment dif-
ficile, à la direction de notre domaine d'ou-
tre-mer, va en effet partir pour l'Union in-
dochinoise.
Ce voyage s'imposait, pour différentes rai-
sons.
La première est la gravité de la situation
dans notre possession d'Extrcnie-Orient. Le
Ministre des Colonies en apportant aux po-
pulations indochinoises le témoignage de la
sollicitude, de la sympathie et de l'affection
de la France amènera sans doute, une dé-
tente dans les esprits. Il semble que les loya-
les populations de VIndochine, se rendant
compte des bienfaits de la colonisation (st-
curité, ordre, protection des personnes et des
biens, amélioration de la santé publique, dé-
veloppement de Venseignement, enrichisse-
ment du pays. accroissement du bicll-être), et
de la nécessité du maintien de l'autorité
française associée à l'alltorit des popula-
tions locales réserveront au représentant de la
métropole un accueil chaleureux.
Les indigènes qui se plaignent de l'action
des c omnium st es salueront avec joie l'arri-
vée du Ministre des Colonies, et ils ne man-
queront pas de fonder de grands espoirs sur
cette visite.
A l'orgueil naturel ci à l'allégresse spon-
tanée des Annamites résultant du voyage mi-
nistériel s'ajoutera une atmosphère de con-
fiance créée par les réformes annoncées de-
puis quelque temps.
Le. voyage de AI. Paul Reynaud, bien
qu'il ne soit pas un voyage touristique, mats
une mission protocolaire et d'études, aura,
nous l'espérons, d'heureuses conséquences.
La deuxième raison est que nos possessions
d'Afrique dit Nord ont reçu nos ministres
et mimes nos Présidents ât la République.
Presque tous nos grands hommes d Etat ont
visité l'Afrique Mineure.
-- L'A. - O. F. a vu les Ministres des - Colo-
niesf Milliès-Lacroix, Albert Sarraut, Magi-
not; Saint-Pierre-ci-Miquelon a vu égale-
ment Albert Sarraut, quand il était rue Oudi-
not ; La Martinique a vu le sous-sccrctairc
d'Etat aux Colonies, Alcide Delmont, député
de la Martinique. De hautes personnalités du
Colonial Office, visitent constamment l'rni-
pire britannique, et reviennent avec des en-
quêtes fécondes. Le Prince de Galles et son
frère, la Reine et le Roi des Belges ainsi
que leurs enfants ont parcouru, leur domaine
extérieur, Il était indispensable que la Fran-
ce délègue soit Ministre des Colonies en In-
dochine pendant les vacances parlementaires
pour lui manifester son attachcment, four
examiner sa situation, étudier ses besoins et
prendre les mesures commandées par les
,- événements.
La troisième raison est que ce voyage était
envisagé depuis tellement, longtemps, que s'il
n'avait pas été accomPli, la France mi/ait
commis à l'égard de l'Indochine un geste
que ce beau pays ne mérite pas.
Il convient toutefois de noter que l'insta-
bilité ministérielle et la distance qui sépare
la France de l'Indochine excusent, le retard
que nos dirigeants ont mis à apporter le sa-
lut de la mère patrie à sa fille de VExtrême-
Orient.
Quoi qu'il en soit, le voyage qu'avec le
complet assentiment du Gouverneur général,
M. Paul Reynaud va entreprendre en Indo-
chine, aura" certainement des résultats très
heureux. En dehors des liens de solidarité et
d'amitié que ce voyage va resserrer plus
étroitement entre la France d'Europe et cel-
le d'Asie, le Ministre des Colonies se ren-
dra compte sur place des mesttres qu'il dc
vra proposer ou prendre, soit dans l'ordre
de la production, du crédit, de Voutillage,
de renseignement, de la santé publique, soit
dans l'ordre politique, pour que VIndochine
continue à vivre et à progresser dans l'ordre
et la Paix.
Léon Archimbaud,
nspiitt.
Ancien Sons-Secrétaire d'iïlat
des Colonies.
A r Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres
L'Ecole d'Extrême-Orient
En comité secret, M. Fou cher a lu son rap-
port sur les travaux de l'Ecole Française d'Ex-
trême-Orient. Aucune communication n'a été
faite par la Compagnie.
-1 * e
A f Académie Française
Médailles de la langue française
L'Académie a décerné onze médailles de
la langue française.
Parmi les lauréats citons : Mlle Yvonne
Salmon de l'Amance française aux colonies
britanniques.
Après l'Asia. l'Asie
La Compagnie des Chargeurs Réunis com-
munique qu'elle veut établir des records de
désastres. Mercredi soir, à 17 heures, un in-
cendie d'une certaine violence a éclaté à
bord du paquebot Asie, courrier de l'A.O.F.,
actuellement amarré au quai Carnot, à Bor-
deaux.
Le feu, dont on ignore la cause, s'est dé-
claré dans un compartiment des machines et
a été activé par une manche à air. Il a ra-
pidement gagné les revêtements calorifuges
d'une des cheminées du navire.
Les mesures de précaution contre les in-
cendies, prises par la Compagnie, mises aus-
sitôt en action, ont permis de combattre
péniblement le feu, que le concours des
pompiers: qui durent mettre plusieurs lan-
ces en batterie, a achevé d'arrêter.
Les dégâts concernent les revêtements de
parois des chaufferies.
Le départ du navire ne sera pas retardé.
Le dépa rt du na%,i re ne sera pas d é.
Décidément, l'équipe Cyprien-Fabre - Bap-
itfaut joue de malheur, et nous plaignons
les fonctionnaires qui font obligatoirement
appel à leurs services.
M. François Manceron
Résident général de France
en Tunisie est arrivé hier à Paris
»•«
Quand Mme et M. Manceron descendirent
.hier matin de leur sleeping il n'apparut
point que fût si lointaine la Régence. Un
soleil d'or fondu glissait sur les verrières, et,
là-bas, derrière le grand porche béant sur le
Midi, la Méditerranée semblait avoir prêté
au ciel de Paris l'azur profond de ses va-
gues. Sans l'ombre d'une fatigue sur leur
visage, tout comme s'ils revenaient d'une
randonnée à l'île de Djerba, souriauts, les
voyageurs descendirent du train. Un groupe
d'amis et de fidèles les attendait : Si Tabor
Kliereddin, ministre cle la Justice de Tuni-
sie; MM. Geoffroy Saint-Hilaire, directeur
de l'Office tunisien; Darrioulet, sous-direc-
teur de cet Office; Gau, directeur de l'En-
seignement; Favières, directeur des Travaux
publics deTunisie; Si Kaddour ben Chabnt;
Robert Raynaud, directeur et secrétaire gé-
néral de l'Institut musulman ; d'Orgeval et
Rouget, de l'Office tunisien, etc., etc.
« Nous avons fait - merci - une ex-
cellente route. Partis hier matin de Tunis
l'hydravion nous déposa, après son escale
coutumière à Ajaccio, à Marseille sans un
raté ni un trou d'air. Vraiment une prome-
nade de tout repos.,. n -
Mais déjà le cercle se refermait et M. de
Saint-Hilaire accaparait littéralement le Ré-
sident Général de France. Ce ne fut que plus
tard que M. François Manceron se jeta en
pâture.
A l'encontre des hommes politiques, les di-
plomates ont une horreur profonde de l'in-
terview. Ils ont appris de fort bonne heure
que quelques journalistes ont été mis sur
terre pour écrire exactement le contraire de
ce cm ils ont clairement exposé et que leur
accueil candide se filigranera bientôt - on
ne saura jamais par quel prodige - de noirs
desseins. A vrai dire, on ne les prend point
sans vert. La Carrière a donc à notre en-
contre un vocabulaire bien à elle. Le « Ne
dites pas. » y fleurit comme aubépine en
mai et le « surtout n'allés pas. » comme
jujubes en septembre.
M. Manceron a dû être gÚté par les gazet-
tes. Ses phrases ne s'émaillent point de lo-
cutions restrictives. Il exprime largement sa
pensée sous l'élégante enveloppe des mots les
faits sont là, nets, et les idées naissent, pré-
cises.
Franklin disait déjà : « La franchise est
la meilleure des politiques »? Il faut soup-
çonner M. Manceron d'avoir été élevé à cette
école.
u - La T uni si e traverse en ce montent
comme tous les pays du monde - une crise
assez grave. La plupart de nos mines de
cllivre d'argent, de zinc ont fermé leurs
portes. Les phosphates même ne trouvent
plus les débouchés d'antan. Dans le centre
la sécheresse a" vous le savez, causé dténor.
mes ravages. Troupeaux et moissons en
souffrent, tout un peuple désespère. Aider
colons et indigènes est certes notre devoir
mais ce sont là dépenses lourdes à suppor-
ter. A Tunis même, beaucoup d'htdustries
sont en sommeil, Vous citerai-je les tisseurs
de soie dont on n'achète que rarement les
beaux ouvrages et qui ne trouvent plus leurs
ventes coutumières auprès de ceux sur qui
s'appesantit la gêne économique.,
« Sans doute esc'ompte-t-on une assez bon-
ne récolte d'olives, assez bonne étant donné
les circonstances, mais à Ventour la terre est
nue, les herbes sèches, les pousses neuves.
Seules les régions Mord et Est donnent quel
que espoir. Nos services prôvoienC aussi une
exportation de six à sept cent mille quintaux
de céréales. Mais de quels soins aura-t-on
entouré ces moissons et quels sacrifices
n'aura-t-on pas consentis f
« Iléltis ! je vous le répète, derrière ces
deux zones favorisées par le climat méditer-
ranéen, le reste de la Régence se trouve aux
prises avec le plus aigu des problèmes. Etant
donné notre budget les solutions sont mini-
mes, les remèdes restreints. n
Pendant quelques instants encore M. Fran.
çois Manceron nous dit ses craintes, ses pré-
visions, ses espérances.
Dans l'antichambre de l'Office de la Tu-
nisie il n'y avait qu'une dizaine de pei-soniief
qui attendaient leur tour et dont les yeux
allaient de l'heure à l'importun.
Jacques Alphautl.
4»
A l'observatoire Il'Alter
'-
Ainsi que nous l'avions annoncé, M. LRWU.
la, astronome-adjoint à l'observatoire diAl-
ger, est nommé directeur, en remplacement
de M. Gonnessiat, admis à la retraite.
La section de médecine coloniale
de Lyon transférée à Marseille
«•» -
En mai 1925 un décret avait créé à Lyon une
section de médecine coloniale destinée à com-
pléter l'effectif des médecins coloniaux deman-
dés à l'Ecole principale du service de santé
de Bordeaux. Cette section comptait environ
2-j à 30 étudiants ce qui permettait de donner
une centaine de jeunes médecins par an à la
France d'outre-mer.
Un récent décret vient de la transférer à
Marseille, où elle sera installée dans uh bâti-
ment de l'hôpital militaire et où ses élèves sui-
vront les cours de la faculté. Son caractère
colonial ne pourra qu'y gagner, auprès de
l'Ecole d'application du Pharo, et dans l'ath-
mosphère particulière de la grande ville.
le lamiao de fiarona
est à Paris
Le lamido Hayatou ayant quitté avec ses
plus beaux atours, sa résidence de Garoua
(Nord-Cameroun) où il sert la cause française
depuis dix ans, a été présenté hier par le gou-
verneur Bonamy, commissaire des territoires
africains sous mandat, à M. Paul Reynaud,
ministre des Colonies.
On sait que le lamidat de Garoua, peuplé
de 30.000 habitants, pour la plupart musul-
mans, est un de ces sultanats importants du
Nord-Cameroun sur lesquels l'administration
française n'exerce qu'une sorte de protectorat
laissant subsister une organisation quasi-mil-
lénaire qui présente sous notre contrôle toutes
les garanties.
Le lamido Hayatou est donc l'hôte de Paris
avec ses 60 femmes et son domestique.
Hier soir, le gouvernement l'avait invité avec
quelques chefs noirs à une représentation de
Sidonic Panache, au Châtelet. Les gar-
des républicains, en grande tenue leur firent
une entrée impeccable et les grands chefs
d'Afrique prirent un plaisir extrême à l'opé-
rette à grand spectacle qui met en scène la
conquête de l'Algérie par Bugeaud et le duc
d'Aumalc.
Le lamido assistera prochainement à une
course sur un des hippodromes parisiens.
Un de ses premiers gestes a été de remettre
i.i.coo francs à l'Assistance publique.
Il y a encore 5 millions d'esclaves
en Afrique
'8'
A la veille du entenaire, de l'abolition de
l'esclavage dans les dominions britanniques,
un débat a été institué hier à la Chambre
Haute d'Angleterre par lord Buxton, dont
le grand-père fut, en grande partie, l'au-
teur de l'article libérateur.
L'orateur a rappelé qu'il y avait encore
cinq millions d'esclaves dans le monde, prin-
cipalement en Abyssinie, en Chine, en Ara-
bie et dans le Libéria. Il a fait appel à la
S. n. N., aux efforts de laquelle il a rendu
un chaleureux hommage pour la libération
de ces cinq millions d'asservis.
L'archevêque de Cantorbery s'est associe
éloquemment à cet appel, ainsi que lord
Cecil et lord Parmoor qui, au nom du gou-
vernement, a accepté la motion de lord
Buxton. Lord Parmoor a d'ailleurs fait re-
marquer qu'il y avait une étroite coopéra-
tion entre la Grande-Bretagne, la France et
l'Italie, pour TTitercepter le trafic des escla-
ves à travers la mer Rouge et en Abyssinie.
Au Conseil d'ttat
Le séjour des hauts fonctionnaires
en France
A été également adopté un projet de dé-
cret modifiant le décret du ior avril 1921
portant règlement d'administration publique
sur. l'organisation du corps de l'Inspection
coloniale. La modification apportée ne con-
cerne que la durée des fonctions de direc-
teur du Contrôle au ministère des Colonies.
Ce directeur sera nommé pour une période
de deux ans et pourra être maintenu en
fonctions deux autres années au maximum.
Les exploits des prisonniers de Majunga 1
M. Latourneric n appris hier au Conseil
d'Etat les débordements des prisonniers de
Majunga. Les prisonniers de la grande île.
avaient, en effet, trouvé le moyen de fabri-
quer une fausse clef et de reconquérir pour
la nuit la liberté dant ils étaient privés le
jour. Le soir venu, le chef de bande ouvrait
quelques cellules, puis ces messieurs, ayant
revêtu J'hahit de soirée avec le linge fin et
les chemises de soie qui provenaient de vols,
s'en allaient dans la cité renouveler leurs
larcins. Le lendemain de bonne heure, ils
rentraient d'eux-mêmes à la geôle. Le chef
de bande fut même trouvé un matin ivre-
mort près du mur extérieur de la prison.
Un ingénieur, M. Le Sant, victime de
l'une de ces expéditions nocturnes, fut ainsi
amené à réclamer à l'administration une in-
demnité compensatrice de 25.000 francs, allé-
guant que le défaut de surveillance des dé-
tenus avait seul rendu possible les vols qui
lui causaient préjudice. Le conseil du conten-
tieux administratif de Madagascar lui ré-
pondit par une fin de non-recevoir.
M. Le Sant, peu satisfait du rejet de sa
demande, chargea M. Guédès de porter sa
requête devant le Conseil d'Etat. Le récla-
mant confia la défense de ses intérêts à Mil
Hoularo.
M. Latournerie a fait observer que M. Le
Sant n'avait pas fourni un devis estimatif
pour les 25.000 francs qu'il demandait au
titre des restitutions : néanmoins, il a conclu
il une décision bienveillante en faveur du
volé.
Malheureusement, le rrcours n'étant pas
rédigé d'une façon suffisamment explicite
quant aux moyens invoqués, il a été, pour
ce motif, rejeté par la haute juridiction.
Contre la fièvre jaune
au Sénégal
Comme on le sait, la fondation Rockfeller,
à New-York a consacré d'importants travaux
à l'étude de la fièvre jaune.
L'institut en question désireux de se rensei-
gner et aussi de faire répandre les résultats
qu'elle a déjà obtenus, a invité le médecin
général Mathis, directeur de l'institut Pasteur,
à Dakar, ainsi que le docteur Stéphanopoulo,
de l'institut Pasteur, de Paris, de se rendre à
New- York.
Cette visite est d'autant plus opportune que
nos colonies de l'A. O. F. sont toujours sous
la menace de la fièvre jaune. En ce moment
même plusieurs cas ont été signalés sur la côte
et jusque dans la Côte d'Or et la Nigeria An-
glaise. - .-
Le Ministère des Colonies a décidé de re-
chercher les centres endémiques par l'examen
en série d'échantillons de sang prélevés sur les
indigènes, tout particulièrement les enfants.
Des atteintes bénignes antérieures se tradui-
saient par la présence dans le sang d'anticorps
én quantité appréciable et dont il est possible
de démontrer la présence.
La recherche dont il s'agit semble aujour-
d'hui possible par - une technique spéciale de
l'Institut Rockfeller. technique dont notre mis-
sion française pourra suivre l'application.
i loiel
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
Les journées médicales :
Anophèle Paludisme
Deuxième journée du congrès médical colo-
nial, présidée par le professeur Marchoux, de
l'Institut Pasteur, par le docteur Blanchard
du Corps de santé colonial, par le médecin
inspecteur Lasnet, par le professeur Brumpft.
Quinze heures, daiu la salle des Congrès.
à la Cité des Informations!. heure du cal-
aire, il règne une température de couveuse
artificielle.
Les préposés au matériel doivent trouver
cette chaleur salutaire aux congressistes, car
trois ventilateurs sur quatre sont aussi immo-
biles que les papillons d'une collection.
De très intéressantes communications vien-
nent heureusement distraire notre tourment et
les conférenciers se succèdent. Ce sont :
lae orofesseur Roubaud. dont la conférence
a pour sujet : L'anophèle.
Les moustiques comptent parmi les insectes
les plus universellement répandus, contre les-
quels l'homme doit lutter sous tous les climats.
Or, ce sont les moustiques anophèles qui pro-
pagent le paludisme, affection qui entrave si
fortement l' essor de la colonisation.
Il faut donc organiser la lutte contre l'ano-
phèle.
Pour s'attaquer efficacement aux mousti-
ques, il faut avant tout, détruire leurs larves
dans les collections d'eaux stagnantes, où elles
se développent parfois en quantité incroyable.
On détruit facilement les larves de mousti-
ques en répandant à la surface des eaux une
couche d'huile minérale, pétrole. etc, qui tue
les larves par aphyxie.
Mais ce procédé a des inconvénients et le
professeur Roubaux préconise l' emploi du lar-
vicide français, le <1 stoxal ».
La séance se poursuit par les communica-
tions du docteur Gaillard : l'anophèle au Ga-
bon; du docteur Blanchard sur « l'Anémie
tropicale n.
Nous apprenons que cette grave affection
n'est pas déterminée par le soleil, mais par les
parasites. Les anémies paludéennes à évolu-
tion pernicieuse sont causées par les parasites
intestinaux.
Il s' agit donc, non pas de combattre l' ané-
mie mais d'appliquer aux malades le traite-
ment spécifique du parasite.
Remarque des plus intéressantes :
Les individus très actifs, vivant au grand
air, sans redouter le plein soleil, tels les cou-
peurs de bois, les chasseurs, les explorateurs,
etc. sont rarement atteints d'anémie tropi-
cale. Les victimes désignées sont les séden-
taires qui redoutent le soleil, les fonctionnai-
res, les professeurs, etc. Pour le traitement
de ces malades le docteur Blanchard prône
l'excellence de certains extraits hépatiques
commerciaux qui sous les tropiques remplacent
avantageusement l'ingérence du foie de veau.
Puis le docteur Daléas, médecin-accou-
cheur, fait d'intéressantes remarques sur l'hé-
mothérapie. Il préfère ce traitement à celui
qui consiste à ingurgiter aux malades du foie
de veau, du foie -- de veau, - et encore - du foie de --
veau. Cette journée s achève par la conférence
du docteur Béteau sur : Insuffisance surrénale,
adrénaline et maladies des pays chauds.
En sortant de ce pays torride qu'est la sa lle
des Congres, après avoir entendu discourir
avec autant de science et d'éloquence sur
tant de fléaux qui ravagent la race humaine,
on se sent rempli d'une reconnaissante émo-
tion envers ceux qui consacrent leur passage
sur la planète au soulagement des sourtrants.
- •
< *
A l'occasion des journées médicales
coloniales
Hier après-midi, la municipalité de Paris a
offert une réception aux médecins français et
étrangers qui assistent en ce moment à Paris
aux journées coloniales. Le docteur Lobli-
geois, secrétaire du conseil municipal, leur
adressa un discours de bienvenue auxquels ré-
pondirent le docteur Rodin, délégué belge, le
docteur Weenyon, Anglais, et le docteur Za-
ky Cliaffer, Egyptien.
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