Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-07-23
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 juillet 1931 23 juillet 1931
Description : 1931/07/23 (A32,N107). 1931/07/23 (A32,N107).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380377q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. - N° 107. LE NUMERO i 8Q CENTIMES JEUDI SOIR, 23 JUILLET 1931.
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Réduction & Administration :
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Les Annales Coloniales
Lit ênnonee» et tobinoi lont reçus» m
kuretu du Journal.
DI.UR..PONDATIU' i Marcel RUEDEL
roui les article» publW. dans noire Journal lit pewnl
être reproduit» qu'en citant les Anum Gounoalb.
ABONNEMENTS
mm la Revu* mensuelle :
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etimp.. 1. J Wt Top
On t'abonnt nns Mi daa>
ton» lu bwatux poii».
ta colonisation-témoin
C'est une nouvelle formule de colonisation
qui est née de l'expérience vécue sur place,
dans la brousse, par des administrateurs
clairvoyants, actifs et réfléchis' : elle mérite,
je crois, de retenir l'attention.
Pour * mieux en faire saisir la portée, qui
est surtout sociale, disons comment elle est
née.
o Quiconque a seulement visité nos gran-
des colonies africaines a été frappé de
l'étendue de ce que j'appellerai les « espa-
ces vides P. Moi-même, je me souviens
d'avoir traversé, pendant des heures en
auto, sur une belle route blanche, un pays
implacablement vide et c'était pourtant
entre Bamako et Liguiri, c'est-à-dire dans
une région qui n'est nullement désertique.
Mais le prototype de ces pays vides, c'est
bien 1 A. E. F. Cette immense colonie,
pour un territoire de plus de 2.500.000
kilomètres carrés possède une population
qui est évaluée (1) à un peu plus de 5 mil-
lions d'habitants, accusant ainsi une den-
sité démographique de 2 habitants au kilo-
mètre carré.
Or, jusqu'ici, suivant la méthode tradi-
tionnelle de l'histoire métropolitaine, faite
pour un pays de relativement forte densité
de population, on a administré ces pays
vides en prenant pour base le territoire,
découpé en tranches, en circonscriptions ter-
ritoriales.
J'ai déjà eu l'occasion de montrer, ici,
récemment, à propos du très suggestif tra-
vail d'un adjoint des services civils en
A.E.F., qui remplit encore, je crois, les
fonctions de chef de subdivision, les défauts
fonciers d'un tel régime.
On laisse la vie indigène s éparpiller, au
hasard des coutumes, des fuites devant
l'impôt, dans cet immense espace. On se
contente de percevoir l'impôt par le chef
indigène sans entrer en contact avec la
population elle-même. Dans ce pays vidj,
on administre dans le vide.
Je rappellerai simplement la saisissante
description que "Vai déjà citée de cet admi-
nistrateur auquel je viens de faire allusion:
« Une subdivision d, en moyenne, un
rayun de 75 kilomètres autour du poste qui
en est le chef-lieu. Ses habitants vivent
groupés en petits villages soumis à l'auto-
rité a 'un' chef. L'importance des villages
est variable : il y en a de 1.000 Indigènes
et d'autres de 50 seulement. Et les subdi-
1%i-l'iVi8ion. eUe".métnes se dinférencient tant par
leur superficie que par. leur population qui
va de 13.000 à 300.000.
Dans le cadre, ainsi défini (qui repré-
sente 4 ou 5 départements métropolitains),
le chef de subdivision incarne à lui seul
toutes les fonctions publiques : il assure la
sécurité, rend la justice, perçoit les impôts,
paye les dépenses, exécute les travaux
publics, élabore et réalise le programme des
cultures vivrières et industrielles selon les
besoins de ses administrés, etc.
Fonctions variées, mais moyens dérisoi-
res pour les remplirs les déplacements se
font sur des chaises à porteur èt le chef n'a
d'autre part jpour tout collaborateur qu'un
interprète' avec quelques miliciens armés et
(les chefs de village, tous illettrés.
Voîlà le tableau saisissant de notre admi-
nistration saisie sur le vif.
Sans .doute, on dissimule ces réalités
sous des apparences diverses. On construit
des ports et des routes et des chemins de
Ter, qui coûtent très cher. Dans la brousse
même, on pousse les administrateurs à faire
construire, au moyen des prestations, des
routes dans le désert et l'on pare cette
défaite d'Un beau titre : « politique des
voies de pénétration ».
Je ne conteste nullement - la - râleur de
cette politique, que j'ai moi-même souvent
préconisée, dans un pays qui a déjà atteint
un certain degré de 9 densité économique »,
si j'ose dire.
Mais, dans un pays vide, une telle poli-
tique aboutit à un vain éparpillement des
efforts, des. crédits et dsystme de circulation sanguine oit ne man-
que que le sang.
On obtient ainsi les résultats que nous
connaissons et qui ne peuvent être reprochés
a personne, car ils sont la conséquence
inéluctable de la politique générale qui est
appliquée..
Prenons un budget comme celui du
Moyen-Congo qui est, cependant, la colo-
nie la plus évoluée du groupe de Ij A.E. F.
Les dépenses affectées à la solde du per-
sonnel administratif y représentent 70
du total.
Par contre, les travaux publics ne figu-
rent que pour 2 du total des dépenses et
l'assistance médicale et d'hygiène, défal-
cation faite des sommes prévues pour les
hôpitaux de Brazzaville et Pointe Noire,
que ptror !,s
que pour 1,5
L'enseignement primaire n est ouvert
qu'à 400 enfants, pour une population
supérieure à 600.000 habitants. 'En 1930, on
a délivré 26 certificats d'études, 16 à Braz-
zaville et 10 à Pointe Noire.
En novembre 1930, M. le Docteur Bour-
geoDt faisant une tournée dans la circons-
cription du Pool, constate qu'un poste mé-
dical desservant près de 80.000 habitants
ne possède qu'un outillage ridiculement
insuffisant et qu'un crédit de soo francs (40
francs d'avant-guerre) est inscrit, à son
budget, pour l'achat de matériel d'hygiène
et âfi propreté.
Comment un observateur impartial ne
concltrerait-il pas à la faillite d'une telle
conception de la colonisation ?
C'est en considération de ces résultats
qu'est née, dans l'esprit de certains admi-
nistrateurs, l'idée d'une autre politique de
colonisation reposant sur une conception
fondamentale nouvelle.
Au lieu d'éparpiller notre personnel,
notre matériel social et économique, nos cré-
dits sur un immense pays vide, ne vau-
drait-il pas mieux, nous disent-ils, les
concentrer sur certains points de ce territoire,
où l'on attirerait la population par des
avantages positifs par exemple, exonéra-
tion de l'impôt de capitation pendant 10
ans où l'on grouperait tous les services
sanitaires, d'enseignement et tout l'effort
économique.
Cet aménagement serait fait au moyen de
capitaux d'emprunt demandés à la Métro-
pole, qu'on pourrait certainement récupérer,
dans une large mesure par la plus-value des
terres qu'on rétrocéderait aux colons et indi-
gènes exploitants.
En dehors de ces noyaux de colonisation
témoin, dans le reste ûU- pays, on ne
contenterait d'assurer l'ordre et de percevoir
l'impôt, comme aujourd'hui, mais avec le
minimum de personnel et d'appareil admi-
nistratif.
Cette formule de colonisation apparaît, à
la réflexion, comme la seule vraiment fé,
conde, dans ces pays, démographiquement
et économiquement, vides et dont la mise
en valeur doit s'adapter aux conditions du
milieu naturel. ,
J en ai recueilli l'expression chez des
coloniaux, je le répète, qui ne sont pas des
coloniaux de cabinet ou de bureau. Je de
mande à tous de ne pas la rejeter, à la
légère.
Eiienne Antonelli,
Député de 111 tlaute-Savolc,
Rapporteur du budget de
V Algérie
Le voyage de M. Paul Reynaud
en Indochine of
'.1
M. Paul Reynaud, ministre des Colonies,
s'embarquera le 11 septembre prochain à
Marseille à bord du d'Artagnan, à destina-
tion de Saïgon. MM. Grimald, administra-
teur des Services civils de l'Indochine, chef
adjoint et Signoret chef du secrétariat
particulier du ministre des Colonies, pren-
dront le paquebot des Messageries matiti-
mes dft a8 jjulllefc
, La suite de M. Paul ReynaUd qui s'embar-
quera sur le d'Artagnan, se composera du
capitaine Leboiteux, officier d'ordonnance
du ministre ot de M.. Paleswki, chef adjoint
du cabinet. M. Pagès, résident supérieur en
Indochine, s'embarquera sur le même cour-
rier pour rejoindre son poste.
Le programme du voyage de M. Paul Rey-
naud est à peu près fixé. Après un court sé-
jour à Segon, le ministre des Colonies re-
joindra en Annam et au Tonkin. Il se rendra
ensuite au Cambodge et remontera au Laos,
cette fois en avion, ne voulant pas utiliser
les raffiots des Messageries fluviales. Une
6culc personne de sa suite accompagnera M.
Paul Reynaud à Vientiane.
M. Paul Reynaud a également l'intention
de se rendre à Java et à Sumatra en avion.
C'est par la voie des airs que M. Paul Rey-
naud rentrera en France. Il prendra l'avion
postal vers le 15 novembre pour rentrer par
la voie la plus rapide à Marseille. Il compte
être à Paris avant la fin du mois de no-
vembre.
1 -*4«> *
Le Gouverneur Général en tournée
dans la région du Lac Alaotra
1.
Avant de s'embarquer pour la France, le
gouverneur général Cayla, au cours .d e la tour-
née qu'il a faite au début de juin, dans la ré-
gion du Mangoro et dans le pays de Sihanaka,
a visité les diverses féculeries et rizeries qui se
trouvaient sur son parcours.
Grace aux mesures de protection récemment
intervenues en faveur du manioc et de ses dé-
rivés les féculeries ont repris toute leur activité.
Les indigènes n'en sont pas moins satisfaits que
les usiniers, car ils peuvent écouler leur récolte
de manioc à un prix supérieur de 10 à celui
qui leur était payé l'an passé.
Le Gouverneur général a examiné sur place
les conditions dans lesquelles pourraient être
réalisés les grands travaux indispensables pour
intensiifer la production des riches plaines qui
bordent le lac Alaotra et de celles qui leur
le lar- l a d i rect i on de Moramanga. Des
font syite dans la direction de Moramanga. Des
études vont être entreprises à cet effet; Elles
porteront à la fois sur les améliorations d'hy-
drâulique agricole qu'exige la mise en valeur
de plusieurs milliers d nectares d'excellentes
terres d'alluviorts, actuellement inondées, une
grande partie de Tannée et sur les ouvrages
(voie ferrée et appohtements) appelés à faciliter
l'écoulement de la production.
Dans toutes les localités qu'il a visitées le
Gouverneur général a constaté l'excellente atti-
tude des populations.
» u 1.
Liathioile constitutionnelle
t
VEthiopie jusqu'k ce jour en Monarchie
absolue a été dotée ld 16. courant tVnne cons-
titution avec deux chambres due à l'initia-
tive personnelle de l'empereur Hailé Sillas-
sié premier régent depuis 1917, empereur
depuis le 2 novembre 1930. La proclamation
a eu lieu au milieu de grandes solennités en
présence des hauts dignitaires et dit corps
diplomatique,
(Press Office WeinfZingu.)
Le Quai d'Orsay
et nos Colonies
- .,4,
Lest lfll fait dont le
Quai d'Orsay 11e
tient pas asses
compte; c'est le
suivant : La Fran-
ce n'est pas seu-
lement une nation
européenne, elle est
aussi une nation
mondiale.
Notre pays, au
point de vue territorial, n'est pas uniquement
une petite bande de terre à l'ouest de l'Eu-
rope. C'est encore de vastes territoires, ri-
ches, assez peuplés, bien placés au point de
vue stratégique et commercial, situés dans
tous les continents.
La France coloniale, de par sa position
géographique dans le monde, l'étendue et la
richesse de son sol, le chiffre de sa popula-
tion, sa situation écollomique, son commerce
et ses formidables ressources lalcllies, ac-
croît considérablement le prestige, la situa-
tion universelle, la puissance de la France
européenne.
Dans les conversations et négociations in-
ternationales, nos délègues semblent mé-
conn-ûire la valeur de cet argument.
L'exemple de la Belgique, de la Hol-
tauele, de l'Angleterre devrait cependant
nous servir de leçon.
Nous sommes malgré tout Ici deuxième
puissance coloniale dit monde.
Nous 11e sommes pas uniquement une na-
tion continentale, mais encore une nation
i ni erc ontinentale.
Notre diplomatie dirige les Affaires exté-
rieures de notre pays en ne se souciant pas
asses de l'intérêt de la France coloniale d'
en ne tirant pas assez parti de ce facteur
important dans notre propre intérêt tratiollal.-
Après la guerre, n'aurions-nous pas pu
augmenter l'outillage de nos colonies avec
les prestations en nature de l'Allettiagtie?
Les industriels français n'en voulaient
presque pat pour la France. La guerre et
l'après-guerre avaicnt rdevé la valeur de
nos colonies.
Pourquoi cette carence presque lottlle ?
Pourquoi une fois la tourmente passée
avons-nous commis les mêmes' erreurs diplo-
matigues, nationales et coloniales ?
Dans le plan Dawes et le plan Voung,
il aurait été de notre devoir de songer à
France-ext trieur e* -
Nous ne Votions fait que trop faiblement.
A Genèvc, à Locarnot à T hoir y, à La
Haye et éditeurs, dans- toutes les grandes
rencontres internationales, nos délégués ne
patient qu'au nom de la France mUropoli-
taine et ne discutent que des intérêts de
celle-ci.
Pourquoi, ne parlent-Us pas au nom de la
Fédération française et ne conduisent-ils
pas le débat en s'inspirant de l'intérêt de
cetle-ci t
Dans notre politique de rapprochement
avec l'Allemagne, inaugurée par Edouard
Herriot et approuvée par presque tout le
pays, dans le projet d'Utiioii européenne
d'Aristide Briand, accepté par tous les gou-
vernement d'Europe, quelle place occupe la
France d?outre-mer ?
Aristide Briand a infusé à la diplomatie
française, pour mieux organiser la paix, de
nouveaux principes et des méthodes neuves,
nous rendons volontiers un hommage public
à la générosité de sa politique.
Le rapprochement des peuples, tUniOft
européenne sont des buts IOl/ables. Il semble
cependant qu'il ne serait pas négligeable de
tenir compte que la France ci quelques au-
tres nations européennes sont des nations
coloniales et que par conséquent, il y aurait
pour nous et pour ces pays, un gros intérêt,
politique et économique à envisager la réor-
ganisation de l'Europe, non seulement dans
le cadre de l'Europe, mais dans le cadre
élargi dé l'Europe et de ses dépendances co-
loniales.
Léon Archimbaud,
Dépulé,
Ancien Soue-Secrétaire d'état
des Colonies.
..a
Le Sultan du Maroc
sera l'hôte de Paris
q
Ainsi que nous l'avons précédemment an-
noncé, le 5 août prochain, S. M. Moulay
Youssef le sultan du Maroc arrivera à Paris
Il se rendra, dès le lendemain matin, à Ram-
bouillet, où il sera reçu par le président de la
République qui le retiendra à déjeuner.
L'après-midi, il sera reçu par le Conseil muni-
cipal de Paris, à l'Hôtel de Ville.
Nous avons déjà publié mardi dernier, le
programme de la visite du sultan à l'Exposi-
tion Çoloniate.
Chargé de préparer le voyage du souverain,
le général Noguès, chef du oabinet militaire de
M. Lucien Saint, résident général de France
au Maroc, est arrivé, à Marseille, à bord du
MarêcM-Lyauic^
Les chefs africains à Bordeaux
Quarante-liuit chefs indigènes des huit
colonies de l'Afrique Occidentale française
qui étaient partis ae Paris en autocar ainsi
que nous l'avions dit, sont les hôtes de Bor-
d. Ils poursuivent aujourd'hui leur
voyage sur Ludion, Toulouse et Marseille.
L'Enfant Tunisien
i4»
Le regretté docteur-conseil, directeur du bu-
reau d'hygiène de Tunis, avait établi des sta-
tistiques sanitaires et démographiques de la vil-
'le de Tunis, qui viennent d'être publiées dans
Je Bulletin officiel municipal (n" 22, pages
477 à 506). Il ressort de ces statistiques, por-
tant sur vingt années de 1909 à 1928, que
pour 1.000 naissances. vivantes d'enfants mu-
sulmans, il y a une moyenne de 428 décès au-
dessous de dix ans, tandis que la moyenne pour
leJ. enfants français est de 186 décès pour 1.000
naissances.
Ainsi près de la moitié des enfants musul-
mans n'atteignent pas l'âge de dix ans 1 morta-
lité effrayante ! Et, cependant, la lutte contre
la mortalité infantile est menée assez vigou-
reusement grâce aux oeuvres de l'enfance,
goutte de lait, dispensaires, vestiaires, etc, qui
trouvent à Tunis, grande Ville moderne, les en-
couragements financiers et moraux nécessaires.
v)n peut, par suite, imaginer ce que doit être
la mortalité infantile parmi la - population ru-
flllè, dans le bled, où la protection de l'enfance
lie rencontre pas les mêmes facilités que dans
les villes.
1 Pourquoi les enfants indigènes meurent-ils en
i grand nombre ? Les causes sont assez com-
p lexes. Les maladies de carence, la tubercu-
ose, la misère, les mauvaises conditions d'hy-
iène sont parmi les causes les plus directes de
a mortalité infantile. Aussi, l'Administra-
tion du protectorat doit-ette intensifier son effort
ans le domaine de l'assistance médicale et de
'hygiène publique, où une œuvre remarqua-
le a déjà été accomplie. Il faut créer un corps
ae sages-femmes et d'infirmières visiteuses et
taire fonctionner la loi Strauss, qui a donné des
résultats appréciables en FIance.
Il faut surtout faire l'éducation de la femme
tnusulmane, qui est absolument ignorante en
lait d'hygiène et de puériculture. Et, en même
temps, se pose le problème de son instruction
générale, car la femme arabe n'est pas seule-
ment une mère bornée, c'est aussi un être hu-
main enfermé dans un réseau de superstitions
main en,errn é dans un te
et de préjugés multiséculaires. Elle n'est pas
responsable de sa situation, elle a des qualités
de cœur et d'esprit indéniables. Le responsa-
ble, c'est lemilieu, c'est l'ambiance morale.
Longtemps, les intellectuels et les dirigeants
de la société musulmane ont été réfraclaircs à
l'instruction des filles, par tradition, par né-
gligence et par cr ai rite d'une émancipation
dans le sens européen : suppression du voile,
abolition du harem ou gynécée, vie mondaine.
Aujourd'hui, il semble qu'uti courant d'opinion
se dessine en faveur de l'instruction de la fem-
me. Les musulmans qui réfléchissent se rendent
%Çompte- que le salut et l'avenir de leur race dé-
pèndent de t'education été la femme. Celle-ci
ne peut continuer son,existence d'ignorance et
de superstition; elle doit prendre sa part de res-
ponsabilité dans la vie - sociale.
- Si le premier besoin de 1 enfant tunisien est
d'être protégé contre la mort, le deuxième, non
moins immédiat, c'est d'éduquer la mère.
Pour sauver l'enfance, il faut encourager
l'instruction des fillettes arabes, les mèrer de
demain.
Mais ce mouvement d'éducation et d éman-
cipation ne peut être accéléré que dans la me-
sure où les intéressés, c'est-à-dire les parents
musulmans, en manifesteront la volonté.
Arthur Pellegrin,
Délégué au Grand Conseil de la Tunisie.
M. Manceron vient en France
en hydravion
M. François Manceron, Résident général
de France en Tunisie, s'est embarqué au
port aérien de Tunis ce matin à bord de
l'hydravion de service. Il sera ce soir même
à Marseille d'où il prendra le train pour
'Paris où il est attendu demain matin.
Rappelons que M. Manceron fut le pre-
mier haut fonctionnaire de nos protectorats
et colonies utilisant ce mode rapide et pra-
tique de circulation qu'il n'a jamais aban-
donné du reste.
J
Notre action au, Maroc
Au Tadla,
Une dépêche de Rabat à ta date du 22
juillet noits inlortne que Voccupation du
terrain entre Tadla et l'oued el Abid, qui
a été réalisée hier par les troupes du colonel
de Loustalj permet de faire glisser les for-
ces françaises de l'est à l'ouest, le long de
Vouedj pour atteindre les hauteurs formant
la ligne de partage des eaux de la Haute
Moulouya, tandis que les troupes en prove..
Moulouya, Middlet refoulent vers le sud les
dissidents occupant cette région. De la
sorte, une double pression s'effectue sur la
dissidence : Vune par le niJrdJ l'autre par
l'ouest.
Pour être bien sûr que les dissidents du
sud n'apportent pas leur appui à leurs voi-
sins établis plus au nord, le mouvement
nord-sud, qui s'était arrêté à l'oued El Abid,
s'est continué sur la rive gauche de ce fleuve
et a repoussé encore des Ait Skontan, les
les réfugiés de la rive droite et même les in-
digènes établis dept(is de longues années
dans cette tribu.
Pour cela, trois groupes ont été formés :
le groupe Groenery le plus à l'ouest ; le
groupe Dauphinot, au centrei et le groupe
Legrand, à l'est. Tandis que les colonels
Groener et Dauphinot poursuivent leur
chasse en direction dit sud, le colonel Le-
grand, partant d'Arbala et de Tisi Nisly,
fonce vers l'est, et occupe les sommets de
VAtlas, dominant tout le pays.
Les sburces de la Moulouya et toute sa
vallée vont donc être libérées de la servi-
tude dissidente qui ne cessait de la mena.
cer. Notre liaison par la vallée des oueds
Ouirine et Tounfit avec le djebel Aayaclli
sera chose faite d'ici peu et c'est de nouveau
une tranche considérable de bled dissident
qui nous sera attachée.
M. Paul Doumer
à l'Exposition Coloniale
M. Paul Doumer, président de la Répu-
blique, a tenu à ce que sa première visite à
l'Exposition fut pour l'Indochine dont il fut
le Gouverneur général unanimement appré-
cié.
Cette fois, conformément au protocole et
contrairement à ce qui s'était passé le jour
de l'inauguration, c est M. Paul Reynaud,
ministre des Colonies, qui a été à l'Elysée
chercher le chef de l'Etat et l'a accompagné
jusqu'à l'Exposition, où ils sont arrivés à
17 heures battant au Commissariat de l'In-
dochine.
Le général Braconnier, chef de la maison
militaire et le colonel iGoudouneix, de la
maison militaire du président, le Gouver-
neur D. Reste, chef du cabinet du ministre
des Colonies les suivaient.
11 a été reçu sur la route de ceinture du
lac, à l'extrémité de la chaussée d'Angkor,
par le maréchal Lyautey; MM. Gourdon,
commissaire adjoint de l'Indochine; Duli-
gnier, chef adjoint du protocole; Georges
Schwob d'Héricourt ; Renard, préfet de la
Seine ; Morain, ancien préfet de police ;
Guichard, directeur de la sécurité de Paris;
Angoulvant, gouverneur général honoraire ;
le gouverneur Blanchard de la Brosse; Na-
civet ; Dupré ; du Vivier de Streel ; Gérard ;
Vatin-Pérignon; etc., etc.
Un détachement de tirailleurs annamites
rendait les honneurs ; à l'entrée du pavillon
de l'Indochine, la garde royale d'Annam, en
tunique rouge, faisait la haie avec ses dra-
peaux multicolores et ses armes bizarrement
sculptées. Une salve joyeuse de pétards lan-
çant une pluie de pétales roses et ayant pour
objet de chasser les mauvais esprits de la
maison à l'arrivée d'un hôte fut tirée en
l'honneur de M. Doumer.
Quand il eut pris place au centre du pa-
villon, entre M. Paul Reynaud et le maré-
chal Lyautey, M. Paul Doumer reçut l'hom-
mage des délégations cochinchinoisc, lao-
tienne, cambodgienne et annamite portant
les costumes nationaux.
Puis le « phu » Chan (préfet d'une pro-
vince cochinchinoisc), en longue tunique
bleue, brodée d'or et portant en sautoir un
large ruban vieil or, lut au nom de ses
compatriotes des colonies asiatiques un
compliment de bienvenue au Président de la
République, saluant en lui le grand gouver-
neur qui a fait l'unité indochinoise et dont
le nom a été donné à l'un des plus auda-
cieux ouvrages d'art du monde.
Je vous remercie, lui répondit M. Dou-
mer; je suis heureux de trouver réunis ici
un aussi grand nombre de vos compatriotes.
Nous vous avons toujours considérés comme
des Français d'Indochine, comme nos
compatriotes de l'Extrême-Orient. Votre dé-
vouement nous est connu. Vous pouvez, en
revanche, attendre de la France la plus
grande sollicitude.
Les danseuses laotiennes, les bras chargés
de fleurs, dansèrent et chantèrent ; les ar-
tistes du théâtre annamite, en rutilants cos-
tumes. mimèrent un combat devant la cour;
puis les danseuses du ballet khmer exécu-
tèrent une de leurs danses rythmée par un
orchestre curieux où les tambourins et les
flûtes de roseaux mêlaient étrangement leurs
sons.
Contrairement aux cérémonies précéden-
tes, il y avait eu bien peu d'invités à cette
réunion qui groupait autour de M. Doumer
une centaine de personnes appartenant à
l'élite du monde colonial.
Après une visite du pavillon, au cours de
laquelle le thé lui fut offert ainsi qu'une ma-
gnifique gerbe de roses et de chrysanthèmes
pour Mme Doumer, le chef de l'Etat gagna
à pied, sous l'escorte rituelle des quatre pa-
rasols dores auxquels ont droit les plus
hauts dignitaires, l'extrémité de la chaussée
d'Angkor, après avoir visite les pavillons de
l'Union indochinoise. Il remonta en voiture
pour se rendre à la Cité des Informations.
Apres s'être arrête un instant au stand
d Haïti, ancienne colonie française, où le sa-
luait le ministre de la grande république
antillaise.
A 18 heures, sa visite terminée, M. Dou-
mer remontait en voiture avec M. Paul Rey-.
naud, pour rentrer à l'Elysée.
*
Tu te rends compte.
EST-IL VRAI QUE. ?
OU L'ATLAS DE TOPAZE
On raconte en Alger une bien plaisante his-
toire.
Lorsqu'on décida de constituer les Editions
du Centenaire, dont Vœuore constitue d'ailleurs
aujourd'hui un remarquable monument, on dé-
cida de confier au capitaine de corvette M.
Khaznadian le soin de faire paraître un Atlas
Historique de l'Algérie. A la suite de quelles
influences ce marin au long cours et au nom
si français fut-il chargé de ce travail ? On
l'ignore. Toujours est-il qu'on oient de s'aper-
cevoir que ce volume, mal imprimé et mal pré-
senté, n'était ou un tissu d'erreurs. Un de nos
confrères aurait même entre ses mains, une let-
Ire de M. Julien, professeur agrégé d'histoire
du lycée Janson de Sailly qui dirait : « Cet
Atlas est une ordure, un monsireux assemblage
d'erreurs, d'oublis, Je confusions. On recule
d' horreur devant un pareil monstre. »
V oilà ui n'est déjà pas mal direz-vous,
Mais ce n est pas tout. On assure que ce chef -
d'œuvre n'aurait pas coûté moins de 400.000
francs à la Caisse du Centenaire, soit 1.000 Sr.
l'exemplaire.
Evidemment qualre cents « sacs » par le
temps qui court, sont une vétille et l'Atlas de
M. Khaznadian ne fera jamais qu'un livre de
plus promis aux rats.
Mais tout de même, si l'histoire est vraie,
on aimerait à connaitre les responsables de ce
charmant scandale.
Jacques Alphaud. 1
Aberrations coloniales
pu ̃
Que l'on se rassure, il ne s'agit que de
littérature, de la littérature coloniale de M.
Pierre Mille. Le signataire de ce Barnavaux
dont tous les traits originaux sont dus à un
grand gouverneur général en retraite au-
jourd'hui, et dont M. Pierre Mille se garde
de parler, cet auteur vient de se livrer, dans
les « Nouvelles Littéraires » à des élucubra-
tions que de nombreux lecteurs ont été sur-
pris de trouver dans ce journal habituelle-
ment bien composé.
Le « moi » n'est nullement haïssable
pour M. Pierre Mille ; avec une modestie
touchante, il s'admire uniquement et cite
pour commencer « un excellent article pu-
blié naguère », lequel décrète que : « M.
Pierre Mille n'en reste pas moins le seul de
nos écrivains auquel on puisse décerner le
titre de colonial.., »
Et, (( le seul écrivain colonial » poursuit
affirmant qu'en France il n'y a pas de litté-
rature coloniale, que la Métropole est une
terrienne rustaude, courtaude, obtuse qui
n'entend rien à la mer et encore moins à ses
colonies,dont les habitants méritent la litté-
rature exotique « bobardissante » qu'ils ont.
Du carnage général, quelques noms sont
sauvés : Claude Farrère, Jean Ajalbert, Ma-
rius et Ary fLeblond, Jérôme et Jean Tha-
raud, Fauconnier et Gide. Et encore, ces
rescapés ne le sont qu'à titre de voyageurs,
ils ne donnent pas « le frisson colonial »,
spécialité réservée à Pierre Mille.
Le reste : André Demaison, André Mal-
raux, Luc Durtain, Maurice Leglay, Herbert
Wild, Daguerches, Mmes Jeanne Leubact,
Thivas-Baron, les Chadourne, et tant d'au-
tres écrivains voyageurs et régionalistes
d'Afrique, d'Asie, d'Océanie. c'est de la lit-
térature bobardissante ! I !
Après la littérature, M. Pierre Mille
oublie la géographie.
Et d'abord, ouvrons un atlas, en fait de
« nation terrienne », la France est baignée
par la mer du Nord, la Manche, l'Océan At-
lantique, la mer Méditerranée, elle s'étend
dans les cinq parties du monde, trempe dans
le racinque, ce qui explique les récits et
les voyages d'Alain Gcrbault, la naissance
de , Vasco, les nostalgies de Larrouy, jus-
qu'aux peintures de Matisse.
Et, maintenant, M. Pierre Mille, je trou-
ve que pour un « peuple de terriens », la
France, au cuurs des siècles s'est joliment
bien débrouillée sur l'eau. Il faut donc vous
rappeler, M. Pierre Mille, les voyages de
Parmentier au Brésil et à Sumatra, la décou-
verte du Canada par Jacques Cartier, les
randonnées de Champlain, ceci pour le set-
zième sitcle. Au siècle suivant, les relations
de Tavernier, de Chardin, de Bernier en
font foi, les Français abordent à l\'radaga-
car. aux Inde. Oiicnlai - a Su4»ati;i, T<;.-
tavia, à Ccylan, dani i.' au.
Au dix-huitième, c'c?t J'lp!I;\, 11;.',1:.:1 l'in-
c- t, - t l'ili-
de, le voyage de circur: navigation de Hou-
de, le voyagv de e l uctir-
gainville, ceux La Tcrousc, d Enf/ecai-
teaux vers le mystérieux- Pacifiqup
Au dix-nctivièm., conquête de l'Algérie er
les départs glorieux vers l"Afriqul' Orciden-
tale, Équatoriale, le Sahara, Madagascar, le
Tonkin, l'Indochinc, la Tunisie, le Maroc.
Soutenez-vous toujours, M. Pierre Mille,
que nous n'entendons rien à la mer, rien aux
choses coloniales.
En vérité, nous avons une admirable épo-
fiée coloniale, nous avons une littérature co-
loniale. Barnavaux n'est pas un chef-d'œu-
vre, encore moins l'unique chef-d'œuvre de
la France coloniale.
Pour notre littérature coloniale
Seulement, notre littérature coloniale,
éparpillée aux trente deux pétales de la ro-
se-des-vents, n'occupe pas au cœur de la
Métropole la place qui lui est due. Le pu-
blic n'est nullement responsable de cet état
de choses, il ne méconnaît pas, il ignore.
La preuve, quoiqu'en pense M. Pierre Mille,
que le français est apte à goûter autre chose
« que des bobards », c'est l'accueil qu'il a
fait aux œuvres de Kipling, de Conrad de
Stevenson, d'Ossendowsky, etc.., dès qu une
publicité efficiente eût révélé les chcfs-d'œu-
vres étrangers. C'est l'éditeur, c'est le criti-
que métropolitain qui déterminent la non-
réussite de notre littérature coloniale.
Les auteurs « exotiques n, d'avance, sem*
blent être consacrés au culte des petites cha-
pelles régionales. L'Indo-Chine s'occupe de
ses saints, l'Afrique des siens, et ainsi de
suite. La cathédrale métropolitaine n'a en-
core élevé, pour eux, aucun autel privilégié.
Ils appartiennent pourtant à la même reli-
gion. Les éditeurs ayant fait paraître des
œuvres coloniales, hésitent à jouer la chan.
ce d'une grosse publicité sur des poulains
exotiques.
Quant aux critiques, à part M. Jean VI-
gnaud pour qui la France coloniale existe
et qui fait de fructueux efforts pour natura-
liser la littérature coloniale, lui donner
droit de cité dans nos grands quotidiens, les
autres, Edmond Jaloux en tête, si friand de
littérature étrangère, s'en désintéressent un
peu trop. Pourtant, c'est dans la production
littéraire actuelle que s est reformée la forêt
vierge ; c'est là, que le sabre d'abatis du
critique est indispensable pour tracer la rou-
te au grand public et signaler les œuvres qui
méritent son attention.
J'imagine que nous pouvons intéresser les
Français à notre littérature coloniale sans
changer Paris de place, ainsi que le réclame
Danun'fiu.Vj après boire.
Marie-Louise Sicard.
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
«» ̃
Inauguration des Journées Médicales
Hier matin, dans la salle des fêtes de la
Cité des Informations, a eu lieu la séance
d'inauguration du Congrès Médical Colo-
nial.
Dès () h. 3/4, une nombreuses affluence
attendait l'arrivée du maréchal Lyautey, il
avait accepté fa présidence de cette ouver-
ture d'une si haute importance.
Le moment solennel annoncé sur les in-
vitations marquait « dix heures », mais les
habitués des réjouissances de Vincennes sa.
vent que le Commissariat général embrouillé
MIMAIJVOTIIIER
-
Réduction & Administration :
k.
'A.II. * *
TÉUtMl. I LOUVM ,.
- NlCHKLIBU 1744
I 0
Les Annales Coloniales
Lit ênnonee» et tobinoi lont reçus» m
kuretu du Journal.
DI.UR..PONDATIU' i Marcel RUEDEL
roui les article» publW. dans noire Journal lit pewnl
être reproduit» qu'en citant les Anum Gounoalb.
ABONNEMENTS
mm la Revu* mensuelle :
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etimp.. 1. J Wt Top
On t'abonnt nns Mi daa>
ton» lu bwatux poii».
ta colonisation-témoin
C'est une nouvelle formule de colonisation
qui est née de l'expérience vécue sur place,
dans la brousse, par des administrateurs
clairvoyants, actifs et réfléchis' : elle mérite,
je crois, de retenir l'attention.
Pour * mieux en faire saisir la portée, qui
est surtout sociale, disons comment elle est
née.
o Quiconque a seulement visité nos gran-
des colonies africaines a été frappé de
l'étendue de ce que j'appellerai les « espa-
ces vides P. Moi-même, je me souviens
d'avoir traversé, pendant des heures en
auto, sur une belle route blanche, un pays
implacablement vide et c'était pourtant
entre Bamako et Liguiri, c'est-à-dire dans
une région qui n'est nullement désertique.
Mais le prototype de ces pays vides, c'est
bien 1 A. E. F. Cette immense colonie,
pour un territoire de plus de 2.500.000
kilomètres carrés possède une population
qui est évaluée (1) à un peu plus de 5 mil-
lions d'habitants, accusant ainsi une den-
sité démographique de 2 habitants au kilo-
mètre carré.
Or, jusqu'ici, suivant la méthode tradi-
tionnelle de l'histoire métropolitaine, faite
pour un pays de relativement forte densité
de population, on a administré ces pays
vides en prenant pour base le territoire,
découpé en tranches, en circonscriptions ter-
ritoriales.
J'ai déjà eu l'occasion de montrer, ici,
récemment, à propos du très suggestif tra-
vail d'un adjoint des services civils en
A.E.F., qui remplit encore, je crois, les
fonctions de chef de subdivision, les défauts
fonciers d'un tel régime.
On laisse la vie indigène s éparpiller, au
hasard des coutumes, des fuites devant
l'impôt, dans cet immense espace. On se
contente de percevoir l'impôt par le chef
indigène sans entrer en contact avec la
population elle-même. Dans ce pays vidj,
on administre dans le vide.
Je rappellerai simplement la saisissante
description que "Vai déjà citée de cet admi-
nistrateur auquel je viens de faire allusion:
« Une subdivision d, en moyenne, un
rayun de 75 kilomètres autour du poste qui
en est le chef-lieu. Ses habitants vivent
groupés en petits villages soumis à l'auto-
rité a 'un' chef. L'importance des villages
est variable : il y en a de 1.000 Indigènes
et d'autres de 50 seulement. Et les subdi-
1%i-l'iVi8ion. eUe".métnes se dinférencient tant par
leur superficie que par. leur population qui
va de 13.000 à 300.000.
Dans le cadre, ainsi défini (qui repré-
sente 4 ou 5 départements métropolitains),
le chef de subdivision incarne à lui seul
toutes les fonctions publiques : il assure la
sécurité, rend la justice, perçoit les impôts,
paye les dépenses, exécute les travaux
publics, élabore et réalise le programme des
cultures vivrières et industrielles selon les
besoins de ses administrés, etc.
Fonctions variées, mais moyens dérisoi-
res pour les remplirs les déplacements se
font sur des chaises à porteur èt le chef n'a
d'autre part jpour tout collaborateur qu'un
interprète' avec quelques miliciens armés et
(les chefs de village, tous illettrés.
Voîlà le tableau saisissant de notre admi-
nistration saisie sur le vif.
Sans .doute, on dissimule ces réalités
sous des apparences diverses. On construit
des ports et des routes et des chemins de
Ter, qui coûtent très cher. Dans la brousse
même, on pousse les administrateurs à faire
construire, au moyen des prestations, des
routes dans le désert et l'on pare cette
défaite d'Un beau titre : « politique des
voies de pénétration ».
Je ne conteste nullement - la - râleur de
cette politique, que j'ai moi-même souvent
préconisée, dans un pays qui a déjà atteint
un certain degré de 9 densité économique »,
si j'ose dire.
Mais, dans un pays vide, une telle poli-
tique aboutit à un vain éparpillement des
efforts, des. crédits et dsystme de circulation sanguine oit ne man-
que que le sang.
On obtient ainsi les résultats que nous
connaissons et qui ne peuvent être reprochés
a personne, car ils sont la conséquence
inéluctable de la politique générale qui est
appliquée..
Prenons un budget comme celui du
Moyen-Congo qui est, cependant, la colo-
nie la plus évoluée du groupe de Ij A.E. F.
Les dépenses affectées à la solde du per-
sonnel administratif y représentent 70
du total.
Par contre, les travaux publics ne figu-
rent que pour 2 du total des dépenses et
l'assistance médicale et d'hygiène, défal-
cation faite des sommes prévues pour les
hôpitaux de Brazzaville et Pointe Noire,
que ptror !,s
que pour 1,5
L'enseignement primaire n est ouvert
qu'à 400 enfants, pour une population
supérieure à 600.000 habitants. 'En 1930, on
a délivré 26 certificats d'études, 16 à Braz-
zaville et 10 à Pointe Noire.
En novembre 1930, M. le Docteur Bour-
geoDt faisant une tournée dans la circons-
cription du Pool, constate qu'un poste mé-
dical desservant près de 80.000 habitants
ne possède qu'un outillage ridiculement
insuffisant et qu'un crédit de soo francs (40
francs d'avant-guerre) est inscrit, à son
budget, pour l'achat de matériel d'hygiène
et âfi propreté.
Comment un observateur impartial ne
concltrerait-il pas à la faillite d'une telle
conception de la colonisation ?
C'est en considération de ces résultats
qu'est née, dans l'esprit de certains admi-
nistrateurs, l'idée d'une autre politique de
colonisation reposant sur une conception
fondamentale nouvelle.
Au lieu d'éparpiller notre personnel,
notre matériel social et économique, nos cré-
dits sur un immense pays vide, ne vau-
drait-il pas mieux, nous disent-ils, les
concentrer sur certains points de ce territoire,
où l'on attirerait la population par des
avantages positifs par exemple, exonéra-
tion de l'impôt de capitation pendant 10
ans où l'on grouperait tous les services
sanitaires, d'enseignement et tout l'effort
économique.
Cet aménagement serait fait au moyen de
capitaux d'emprunt demandés à la Métro-
pole, qu'on pourrait certainement récupérer,
dans une large mesure par la plus-value des
terres qu'on rétrocéderait aux colons et indi-
gènes exploitants.
En dehors de ces noyaux de colonisation
témoin, dans le reste ûU- pays, on ne
contenterait d'assurer l'ordre et de percevoir
l'impôt, comme aujourd'hui, mais avec le
minimum de personnel et d'appareil admi-
nistratif.
Cette formule de colonisation apparaît, à
la réflexion, comme la seule vraiment fé,
conde, dans ces pays, démographiquement
et économiquement, vides et dont la mise
en valeur doit s'adapter aux conditions du
milieu naturel. ,
J en ai recueilli l'expression chez des
coloniaux, je le répète, qui ne sont pas des
coloniaux de cabinet ou de bureau. Je de
mande à tous de ne pas la rejeter, à la
légère.
Eiienne Antonelli,
Député de 111 tlaute-Savolc,
Rapporteur du budget de
V Algérie
Le voyage de M. Paul Reynaud
en Indochine of
'.1
M. Paul Reynaud, ministre des Colonies,
s'embarquera le 11 septembre prochain à
Marseille à bord du d'Artagnan, à destina-
tion de Saïgon. MM. Grimald, administra-
teur des Services civils de l'Indochine, chef
adjoint et Signoret chef du secrétariat
particulier du ministre des Colonies, pren-
dront le paquebot des Messageries matiti-
mes dft a8 jjulllefc
, La suite de M. Paul ReynaUd qui s'embar-
quera sur le d'Artagnan, se composera du
capitaine Leboiteux, officier d'ordonnance
du ministre ot de M.. Paleswki, chef adjoint
du cabinet. M. Pagès, résident supérieur en
Indochine, s'embarquera sur le même cour-
rier pour rejoindre son poste.
Le programme du voyage de M. Paul Rey-
naud est à peu près fixé. Après un court sé-
jour à Segon, le ministre des Colonies re-
joindra en Annam et au Tonkin. Il se rendra
ensuite au Cambodge et remontera au Laos,
cette fois en avion, ne voulant pas utiliser
les raffiots des Messageries fluviales. Une
6culc personne de sa suite accompagnera M.
Paul Reynaud à Vientiane.
M. Paul Reynaud a également l'intention
de se rendre à Java et à Sumatra en avion.
C'est par la voie des airs que M. Paul Rey-
naud rentrera en France. Il prendra l'avion
postal vers le 15 novembre pour rentrer par
la voie la plus rapide à Marseille. Il compte
être à Paris avant la fin du mois de no-
vembre.
1 -*4«> *
Le Gouverneur Général en tournée
dans la région du Lac Alaotra
1.
Avant de s'embarquer pour la France, le
gouverneur général Cayla, au cours .d e la tour-
née qu'il a faite au début de juin, dans la ré-
gion du Mangoro et dans le pays de Sihanaka,
a visité les diverses féculeries et rizeries qui se
trouvaient sur son parcours.
Grace aux mesures de protection récemment
intervenues en faveur du manioc et de ses dé-
rivés les féculeries ont repris toute leur activité.
Les indigènes n'en sont pas moins satisfaits que
les usiniers, car ils peuvent écouler leur récolte
de manioc à un prix supérieur de 10 à celui
qui leur était payé l'an passé.
Le Gouverneur général a examiné sur place
les conditions dans lesquelles pourraient être
réalisés les grands travaux indispensables pour
intensiifer la production des riches plaines qui
bordent le lac Alaotra et de celles qui leur
le lar- l a d i rect i on de Moramanga. Des
font syite dans la direction de Moramanga. Des
études vont être entreprises à cet effet; Elles
porteront à la fois sur les améliorations d'hy-
drâulique agricole qu'exige la mise en valeur
de plusieurs milliers d nectares d'excellentes
terres d'alluviorts, actuellement inondées, une
grande partie de Tannée et sur les ouvrages
(voie ferrée et appohtements) appelés à faciliter
l'écoulement de la production.
Dans toutes les localités qu'il a visitées le
Gouverneur général a constaté l'excellente atti-
tude des populations.
» u 1.
Liathioile constitutionnelle
t
VEthiopie jusqu'k ce jour en Monarchie
absolue a été dotée ld 16. courant tVnne cons-
titution avec deux chambres due à l'initia-
tive personnelle de l'empereur Hailé Sillas-
sié premier régent depuis 1917, empereur
depuis le 2 novembre 1930. La proclamation
a eu lieu au milieu de grandes solennités en
présence des hauts dignitaires et dit corps
diplomatique,
(Press Office WeinfZingu.)
Le Quai d'Orsay
et nos Colonies
- .,4,
Lest lfll fait dont le
Quai d'Orsay 11e
tient pas asses
compte; c'est le
suivant : La Fran-
ce n'est pas seu-
lement une nation
européenne, elle est
aussi une nation
mondiale.
Notre pays, au
point de vue territorial, n'est pas uniquement
une petite bande de terre à l'ouest de l'Eu-
rope. C'est encore de vastes territoires, ri-
ches, assez peuplés, bien placés au point de
vue stratégique et commercial, situés dans
tous les continents.
La France coloniale, de par sa position
géographique dans le monde, l'étendue et la
richesse de son sol, le chiffre de sa popula-
tion, sa situation écollomique, son commerce
et ses formidables ressources lalcllies, ac-
croît considérablement le prestige, la situa-
tion universelle, la puissance de la France
européenne.
Dans les conversations et négociations in-
ternationales, nos délègues semblent mé-
conn-ûire la valeur de cet argument.
L'exemple de la Belgique, de la Hol-
tauele, de l'Angleterre devrait cependant
nous servir de leçon.
Nous sommes malgré tout Ici deuxième
puissance coloniale dit monde.
Nous 11e sommes pas uniquement une na-
tion continentale, mais encore une nation
i ni erc ontinentale.
Notre diplomatie dirige les Affaires exté-
rieures de notre pays en ne se souciant pas
asses de l'intérêt de la France coloniale d'
en ne tirant pas assez parti de ce facteur
important dans notre propre intérêt tratiollal.-
Après la guerre, n'aurions-nous pas pu
augmenter l'outillage de nos colonies avec
les prestations en nature de l'Allettiagtie?
Les industriels français n'en voulaient
presque pat pour la France. La guerre et
l'après-guerre avaicnt rdevé la valeur de
nos colonies.
Pourquoi cette carence presque lottlle ?
Pourquoi une fois la tourmente passée
avons-nous commis les mêmes' erreurs diplo-
matigues, nationales et coloniales ?
Dans le plan Dawes et le plan Voung,
il aurait été de notre devoir de songer à
France-ext trieur e* -
Nous ne Votions fait que trop faiblement.
A Genèvc, à Locarnot à T hoir y, à La
Haye et éditeurs, dans- toutes les grandes
rencontres internationales, nos délégués ne
patient qu'au nom de la France mUropoli-
taine et ne discutent que des intérêts de
celle-ci.
Pourquoi, ne parlent-Us pas au nom de la
Fédération française et ne conduisent-ils
pas le débat en s'inspirant de l'intérêt de
cetle-ci t
Dans notre politique de rapprochement
avec l'Allemagne, inaugurée par Edouard
Herriot et approuvée par presque tout le
pays, dans le projet d'Utiioii européenne
d'Aristide Briand, accepté par tous les gou-
vernement d'Europe, quelle place occupe la
France d?outre-mer ?
Aristide Briand a infusé à la diplomatie
française, pour mieux organiser la paix, de
nouveaux principes et des méthodes neuves,
nous rendons volontiers un hommage public
à la générosité de sa politique.
Le rapprochement des peuples, tUniOft
européenne sont des buts IOl/ables. Il semble
cependant qu'il ne serait pas négligeable de
tenir compte que la France ci quelques au-
tres nations européennes sont des nations
coloniales et que par conséquent, il y aurait
pour nous et pour ces pays, un gros intérêt,
politique et économique à envisager la réor-
ganisation de l'Europe, non seulement dans
le cadre de l'Europe, mais dans le cadre
élargi dé l'Europe et de ses dépendances co-
loniales.
Léon Archimbaud,
Dépulé,
Ancien Soue-Secrétaire d'état
des Colonies.
..a
Le Sultan du Maroc
sera l'hôte de Paris
q
Ainsi que nous l'avons précédemment an-
noncé, le 5 août prochain, S. M. Moulay
Youssef le sultan du Maroc arrivera à Paris
Il se rendra, dès le lendemain matin, à Ram-
bouillet, où il sera reçu par le président de la
République qui le retiendra à déjeuner.
L'après-midi, il sera reçu par le Conseil muni-
cipal de Paris, à l'Hôtel de Ville.
Nous avons déjà publié mardi dernier, le
programme de la visite du sultan à l'Exposi-
tion Çoloniate.
Chargé de préparer le voyage du souverain,
le général Noguès, chef du oabinet militaire de
M. Lucien Saint, résident général de France
au Maroc, est arrivé, à Marseille, à bord du
MarêcM-Lyauic^
Les chefs africains à Bordeaux
Quarante-liuit chefs indigènes des huit
colonies de l'Afrique Occidentale française
qui étaient partis ae Paris en autocar ainsi
que nous l'avions dit, sont les hôtes de Bor-
d. Ils poursuivent aujourd'hui leur
voyage sur Ludion, Toulouse et Marseille.
L'Enfant Tunisien
i4»
Le regretté docteur-conseil, directeur du bu-
reau d'hygiène de Tunis, avait établi des sta-
tistiques sanitaires et démographiques de la vil-
'le de Tunis, qui viennent d'être publiées dans
Je Bulletin officiel municipal (n" 22, pages
477 à 506). Il ressort de ces statistiques, por-
tant sur vingt années de 1909 à 1928, que
pour 1.000 naissances. vivantes d'enfants mu-
sulmans, il y a une moyenne de 428 décès au-
dessous de dix ans, tandis que la moyenne pour
leJ. enfants français est de 186 décès pour 1.000
naissances.
Ainsi près de la moitié des enfants musul-
mans n'atteignent pas l'âge de dix ans 1 morta-
lité effrayante ! Et, cependant, la lutte contre
la mortalité infantile est menée assez vigou-
reusement grâce aux oeuvres de l'enfance,
goutte de lait, dispensaires, vestiaires, etc, qui
trouvent à Tunis, grande Ville moderne, les en-
couragements financiers et moraux nécessaires.
v)n peut, par suite, imaginer ce que doit être
la mortalité infantile parmi la - population ru-
flllè, dans le bled, où la protection de l'enfance
lie rencontre pas les mêmes facilités que dans
les villes.
1 Pourquoi les enfants indigènes meurent-ils en
i grand nombre ? Les causes sont assez com-
p lexes. Les maladies de carence, la tubercu-
ose, la misère, les mauvaises conditions d'hy-
iène sont parmi les causes les plus directes de
a mortalité infantile. Aussi, l'Administra-
tion du protectorat doit-ette intensifier son effort
ans le domaine de l'assistance médicale et de
'hygiène publique, où une œuvre remarqua-
le a déjà été accomplie. Il faut créer un corps
ae sages-femmes et d'infirmières visiteuses et
taire fonctionner la loi Strauss, qui a donné des
résultats appréciables en FIance.
Il faut surtout faire l'éducation de la femme
tnusulmane, qui est absolument ignorante en
lait d'hygiène et de puériculture. Et, en même
temps, se pose le problème de son instruction
générale, car la femme arabe n'est pas seule-
ment une mère bornée, c'est aussi un être hu-
main enfermé dans un réseau de superstitions
main en,errn é dans un te
et de préjugés multiséculaires. Elle n'est pas
responsable de sa situation, elle a des qualités
de cœur et d'esprit indéniables. Le responsa-
ble, c'est lemilieu, c'est l'ambiance morale.
Longtemps, les intellectuels et les dirigeants
de la société musulmane ont été réfraclaircs à
l'instruction des filles, par tradition, par né-
gligence et par cr ai rite d'une émancipation
dans le sens européen : suppression du voile,
abolition du harem ou gynécée, vie mondaine.
Aujourd'hui, il semble qu'uti courant d'opinion
se dessine en faveur de l'instruction de la fem-
me. Les musulmans qui réfléchissent se rendent
%Çompte- que le salut et l'avenir de leur race dé-
pèndent de t'education été la femme. Celle-ci
ne peut continuer son,existence d'ignorance et
de superstition; elle doit prendre sa part de res-
ponsabilité dans la vie - sociale.
- Si le premier besoin de 1 enfant tunisien est
d'être protégé contre la mort, le deuxième, non
moins immédiat, c'est d'éduquer la mère.
Pour sauver l'enfance, il faut encourager
l'instruction des fillettes arabes, les mèrer de
demain.
Mais ce mouvement d'éducation et d éman-
cipation ne peut être accéléré que dans la me-
sure où les intéressés, c'est-à-dire les parents
musulmans, en manifesteront la volonté.
Arthur Pellegrin,
Délégué au Grand Conseil de la Tunisie.
M. Manceron vient en France
en hydravion
M. François Manceron, Résident général
de France en Tunisie, s'est embarqué au
port aérien de Tunis ce matin à bord de
l'hydravion de service. Il sera ce soir même
à Marseille d'où il prendra le train pour
'Paris où il est attendu demain matin.
Rappelons que M. Manceron fut le pre-
mier haut fonctionnaire de nos protectorats
et colonies utilisant ce mode rapide et pra-
tique de circulation qu'il n'a jamais aban-
donné du reste.
J
Notre action au, Maroc
Au Tadla,
Une dépêche de Rabat à ta date du 22
juillet noits inlortne que Voccupation du
terrain entre Tadla et l'oued el Abid, qui
a été réalisée hier par les troupes du colonel
de Loustalj permet de faire glisser les for-
ces françaises de l'est à l'ouest, le long de
Vouedj pour atteindre les hauteurs formant
la ligne de partage des eaux de la Haute
Moulouya, tandis que les troupes en prove..
Moulouya, Middlet refoulent vers le sud les
dissidents occupant cette région. De la
sorte, une double pression s'effectue sur la
dissidence : Vune par le niJrdJ l'autre par
l'ouest.
Pour être bien sûr que les dissidents du
sud n'apportent pas leur appui à leurs voi-
sins établis plus au nord, le mouvement
nord-sud, qui s'était arrêté à l'oued El Abid,
s'est continué sur la rive gauche de ce fleuve
et a repoussé encore des Ait Skontan, les
les réfugiés de la rive droite et même les in-
digènes établis dept(is de longues années
dans cette tribu.
Pour cela, trois groupes ont été formés :
le groupe Groenery le plus à l'ouest ; le
groupe Dauphinot, au centrei et le groupe
Legrand, à l'est. Tandis que les colonels
Groener et Dauphinot poursuivent leur
chasse en direction dit sud, le colonel Le-
grand, partant d'Arbala et de Tisi Nisly,
fonce vers l'est, et occupe les sommets de
VAtlas, dominant tout le pays.
Les sburces de la Moulouya et toute sa
vallée vont donc être libérées de la servi-
tude dissidente qui ne cessait de la mena.
cer. Notre liaison par la vallée des oueds
Ouirine et Tounfit avec le djebel Aayaclli
sera chose faite d'ici peu et c'est de nouveau
une tranche considérable de bled dissident
qui nous sera attachée.
M. Paul Doumer
à l'Exposition Coloniale
M. Paul Doumer, président de la Répu-
blique, a tenu à ce que sa première visite à
l'Exposition fut pour l'Indochine dont il fut
le Gouverneur général unanimement appré-
cié.
Cette fois, conformément au protocole et
contrairement à ce qui s'était passé le jour
de l'inauguration, c est M. Paul Reynaud,
ministre des Colonies, qui a été à l'Elysée
chercher le chef de l'Etat et l'a accompagné
jusqu'à l'Exposition, où ils sont arrivés à
17 heures battant au Commissariat de l'In-
dochine.
Le général Braconnier, chef de la maison
militaire et le colonel iGoudouneix, de la
maison militaire du président, le Gouver-
neur D. Reste, chef du cabinet du ministre
des Colonies les suivaient.
11 a été reçu sur la route de ceinture du
lac, à l'extrémité de la chaussée d'Angkor,
par le maréchal Lyautey; MM. Gourdon,
commissaire adjoint de l'Indochine; Duli-
gnier, chef adjoint du protocole; Georges
Schwob d'Héricourt ; Renard, préfet de la
Seine ; Morain, ancien préfet de police ;
Guichard, directeur de la sécurité de Paris;
Angoulvant, gouverneur général honoraire ;
le gouverneur Blanchard de la Brosse; Na-
civet ; Dupré ; du Vivier de Streel ; Gérard ;
Vatin-Pérignon; etc., etc.
Un détachement de tirailleurs annamites
rendait les honneurs ; à l'entrée du pavillon
de l'Indochine, la garde royale d'Annam, en
tunique rouge, faisait la haie avec ses dra-
peaux multicolores et ses armes bizarrement
sculptées. Une salve joyeuse de pétards lan-
çant une pluie de pétales roses et ayant pour
objet de chasser les mauvais esprits de la
maison à l'arrivée d'un hôte fut tirée en
l'honneur de M. Doumer.
Quand il eut pris place au centre du pa-
villon, entre M. Paul Reynaud et le maré-
chal Lyautey, M. Paul Doumer reçut l'hom-
mage des délégations cochinchinoisc, lao-
tienne, cambodgienne et annamite portant
les costumes nationaux.
Puis le « phu » Chan (préfet d'une pro-
vince cochinchinoisc), en longue tunique
bleue, brodée d'or et portant en sautoir un
large ruban vieil or, lut au nom de ses
compatriotes des colonies asiatiques un
compliment de bienvenue au Président de la
République, saluant en lui le grand gouver-
neur qui a fait l'unité indochinoise et dont
le nom a été donné à l'un des plus auda-
cieux ouvrages d'art du monde.
Je vous remercie, lui répondit M. Dou-
mer; je suis heureux de trouver réunis ici
un aussi grand nombre de vos compatriotes.
Nous vous avons toujours considérés comme
des Français d'Indochine, comme nos
compatriotes de l'Extrême-Orient. Votre dé-
vouement nous est connu. Vous pouvez, en
revanche, attendre de la France la plus
grande sollicitude.
Les danseuses laotiennes, les bras chargés
de fleurs, dansèrent et chantèrent ; les ar-
tistes du théâtre annamite, en rutilants cos-
tumes. mimèrent un combat devant la cour;
puis les danseuses du ballet khmer exécu-
tèrent une de leurs danses rythmée par un
orchestre curieux où les tambourins et les
flûtes de roseaux mêlaient étrangement leurs
sons.
Contrairement aux cérémonies précéden-
tes, il y avait eu bien peu d'invités à cette
réunion qui groupait autour de M. Doumer
une centaine de personnes appartenant à
l'élite du monde colonial.
Après une visite du pavillon, au cours de
laquelle le thé lui fut offert ainsi qu'une ma-
gnifique gerbe de roses et de chrysanthèmes
pour Mme Doumer, le chef de l'Etat gagna
à pied, sous l'escorte rituelle des quatre pa-
rasols dores auxquels ont droit les plus
hauts dignitaires, l'extrémité de la chaussée
d'Angkor, après avoir visite les pavillons de
l'Union indochinoise. Il remonta en voiture
pour se rendre à la Cité des Informations.
Apres s'être arrête un instant au stand
d Haïti, ancienne colonie française, où le sa-
luait le ministre de la grande république
antillaise.
A 18 heures, sa visite terminée, M. Dou-
mer remontait en voiture avec M. Paul Rey-.
naud, pour rentrer à l'Elysée.
*
Tu te rends compte.
EST-IL VRAI QUE. ?
OU L'ATLAS DE TOPAZE
On raconte en Alger une bien plaisante his-
toire.
Lorsqu'on décida de constituer les Editions
du Centenaire, dont Vœuore constitue d'ailleurs
aujourd'hui un remarquable monument, on dé-
cida de confier au capitaine de corvette M.
Khaznadian le soin de faire paraître un Atlas
Historique de l'Algérie. A la suite de quelles
influences ce marin au long cours et au nom
si français fut-il chargé de ce travail ? On
l'ignore. Toujours est-il qu'on oient de s'aper-
cevoir que ce volume, mal imprimé et mal pré-
senté, n'était ou un tissu d'erreurs. Un de nos
confrères aurait même entre ses mains, une let-
Ire de M. Julien, professeur agrégé d'histoire
du lycée Janson de Sailly qui dirait : « Cet
Atlas est une ordure, un monsireux assemblage
d'erreurs, d'oublis, Je confusions. On recule
d' horreur devant un pareil monstre. »
V oilà ui n'est déjà pas mal direz-vous,
Mais ce n est pas tout. On assure que ce chef -
d'œuvre n'aurait pas coûté moins de 400.000
francs à la Caisse du Centenaire, soit 1.000 Sr.
l'exemplaire.
Evidemment qualre cents « sacs » par le
temps qui court, sont une vétille et l'Atlas de
M. Khaznadian ne fera jamais qu'un livre de
plus promis aux rats.
Mais tout de même, si l'histoire est vraie,
on aimerait à connaitre les responsables de ce
charmant scandale.
Jacques Alphaud. 1
Aberrations coloniales
pu ̃
Que l'on se rassure, il ne s'agit que de
littérature, de la littérature coloniale de M.
Pierre Mille. Le signataire de ce Barnavaux
dont tous les traits originaux sont dus à un
grand gouverneur général en retraite au-
jourd'hui, et dont M. Pierre Mille se garde
de parler, cet auteur vient de se livrer, dans
les « Nouvelles Littéraires » à des élucubra-
tions que de nombreux lecteurs ont été sur-
pris de trouver dans ce journal habituelle-
ment bien composé.
Le « moi » n'est nullement haïssable
pour M. Pierre Mille ; avec une modestie
touchante, il s'admire uniquement et cite
pour commencer « un excellent article pu-
blié naguère », lequel décrète que : « M.
Pierre Mille n'en reste pas moins le seul de
nos écrivains auquel on puisse décerner le
titre de colonial.., »
Et, (( le seul écrivain colonial » poursuit
affirmant qu'en France il n'y a pas de litté-
rature coloniale, que la Métropole est une
terrienne rustaude, courtaude, obtuse qui
n'entend rien à la mer et encore moins à ses
colonies,dont les habitants méritent la litté-
rature exotique « bobardissante » qu'ils ont.
Du carnage général, quelques noms sont
sauvés : Claude Farrère, Jean Ajalbert, Ma-
rius et Ary fLeblond, Jérôme et Jean Tha-
raud, Fauconnier et Gide. Et encore, ces
rescapés ne le sont qu'à titre de voyageurs,
ils ne donnent pas « le frisson colonial »,
spécialité réservée à Pierre Mille.
Le reste : André Demaison, André Mal-
raux, Luc Durtain, Maurice Leglay, Herbert
Wild, Daguerches, Mmes Jeanne Leubact,
Thivas-Baron, les Chadourne, et tant d'au-
tres écrivains voyageurs et régionalistes
d'Afrique, d'Asie, d'Océanie. c'est de la lit-
térature bobardissante ! I !
Après la littérature, M. Pierre Mille
oublie la géographie.
Et d'abord, ouvrons un atlas, en fait de
« nation terrienne », la France est baignée
par la mer du Nord, la Manche, l'Océan At-
lantique, la mer Méditerranée, elle s'étend
dans les cinq parties du monde, trempe dans
le racinque, ce qui explique les récits et
les voyages d'Alain Gcrbault, la naissance
de , Vasco, les nostalgies de Larrouy, jus-
qu'aux peintures de Matisse.
Et, maintenant, M. Pierre Mille, je trou-
ve que pour un « peuple de terriens », la
France, au cuurs des siècles s'est joliment
bien débrouillée sur l'eau. Il faut donc vous
rappeler, M. Pierre Mille, les voyages de
Parmentier au Brésil et à Sumatra, la décou-
verte du Canada par Jacques Cartier, les
randonnées de Champlain, ceci pour le set-
zième sitcle. Au siècle suivant, les relations
de Tavernier, de Chardin, de Bernier en
font foi, les Français abordent à l\'radaga-
car. aux Inde. Oiicnlai - a Su4»ati;i, T<;.-
tavia, à Ccylan, dani i.' au.
Au dix-huitième, c'c?t J'lp!I;\, 11;.',1:.:1 l'in-
c- t, - t l'ili-
de, le voyage de circur: navigation de Hou-
de, le voyagv de e l uctir-
gainville, ceux La Tcrousc, d Enf/ecai-
teaux vers le mystérieux- Pacifiqup
Au dix-nctivièm., conquête de l'Algérie er
les départs glorieux vers l"Afriqul' Orciden-
tale, Équatoriale, le Sahara, Madagascar, le
Tonkin, l'Indochinc, la Tunisie, le Maroc.
Soutenez-vous toujours, M. Pierre Mille,
que nous n'entendons rien à la mer, rien aux
choses coloniales.
En vérité, nous avons une admirable épo-
fiée coloniale, nous avons une littérature co-
loniale. Barnavaux n'est pas un chef-d'œu-
vre, encore moins l'unique chef-d'œuvre de
la France coloniale.
Pour notre littérature coloniale
Seulement, notre littérature coloniale,
éparpillée aux trente deux pétales de la ro-
se-des-vents, n'occupe pas au cœur de la
Métropole la place qui lui est due. Le pu-
blic n'est nullement responsable de cet état
de choses, il ne méconnaît pas, il ignore.
La preuve, quoiqu'en pense M. Pierre Mille,
que le français est apte à goûter autre chose
« que des bobards », c'est l'accueil qu'il a
fait aux œuvres de Kipling, de Conrad de
Stevenson, d'Ossendowsky, etc.., dès qu une
publicité efficiente eût révélé les chcfs-d'œu-
vres étrangers. C'est l'éditeur, c'est le criti-
que métropolitain qui déterminent la non-
réussite de notre littérature coloniale.
Les auteurs « exotiques n, d'avance, sem*
blent être consacrés au culte des petites cha-
pelles régionales. L'Indo-Chine s'occupe de
ses saints, l'Afrique des siens, et ainsi de
suite. La cathédrale métropolitaine n'a en-
core élevé, pour eux, aucun autel privilégié.
Ils appartiennent pourtant à la même reli-
gion. Les éditeurs ayant fait paraître des
œuvres coloniales, hésitent à jouer la chan.
ce d'une grosse publicité sur des poulains
exotiques.
Quant aux critiques, à part M. Jean VI-
gnaud pour qui la France coloniale existe
et qui fait de fructueux efforts pour natura-
liser la littérature coloniale, lui donner
droit de cité dans nos grands quotidiens, les
autres, Edmond Jaloux en tête, si friand de
littérature étrangère, s'en désintéressent un
peu trop. Pourtant, c'est dans la production
littéraire actuelle que s est reformée la forêt
vierge ; c'est là, que le sabre d'abatis du
critique est indispensable pour tracer la rou-
te au grand public et signaler les œuvres qui
méritent son attention.
J'imagine que nous pouvons intéresser les
Français à notre littérature coloniale sans
changer Paris de place, ainsi que le réclame
Danun'fiu.Vj après boire.
Marie-Louise Sicard.
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
«» ̃
Inauguration des Journées Médicales
Hier matin, dans la salle des fêtes de la
Cité des Informations, a eu lieu la séance
d'inauguration du Congrès Médical Colo-
nial.
Dès () h. 3/4, une nombreuses affluence
attendait l'arrivée du maréchal Lyautey, il
avait accepté fa présidence de cette ouver-
ture d'une si haute importance.
Le moment solennel annoncé sur les in-
vitations marquait « dix heures », mais les
habitués des réjouissances de Vincennes sa.
vent que le Commissariat général embrouillé
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