Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-07-10
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 juillet 1931 10 juillet 1931
Description : 1931/07/10 (A32,N103). 1931/07/10 (A32,N103).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63803732
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRBNTErDEUX!EME ANNEE. - N° IW. LE NUMERO : 80 GRNTIBM
VKNbiiUil Ulil, 10 JUILLET IH.
MMML QUOTtDtM
Rédaction & Administration :
14, IM Ai MlM-TUIir
PARIS Cl")
VÉLÈM. t LOUVRK 1*4?
- RICHELIEU 87.
Les Annales Coloniales
r. cnnonces et rklame, sont reçue. -
bureau du fourMI.
DIRECTEUR.FONDATEUR : Marcel RUEDEL
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on ta 6 Moi* 8 Kola
Frtnot et
Colonies 180. tOO. 118.
Él affl 240 > 1t5 » 70 »
on t'abonne mos firtto dam
tous 1M Iwwix f» poole.
La septième Conférence Nord-Africaine
.-----
La Septième Conférence Nord-Africaine
.vient de se tenir à Tunis.
Que de chemin parcouru, depuis la pre-
mière où figuraient seulement l'Algérie, la
Tunisie et le Maroc 1
Celle-ci n'était qu'une sorte de manifes-
tation sentimentale, affirmant une solidarité
cordiale et théorique, mais dont les partici-
pants paraissaient assez peu fixés sur l'oeu-
vre pratique à laquelle ils pouvaient
aboutir. 1
C'est probablement de cette première im-
pression que datent certaines critiques at-
tardées qui se prolongent alors que l'état de
choses auquel elles pouvaient s'appliquer
n'existe plus. Du reste il est aussi beaucoup
de critiques qui n'ont d'autre fondement que
la tendance innée de l'esprit français à pra-
tiquer beaucoup plus volontiers le sarcasme
que l'éloge.
Quelle que soit la catégorie à laquelle il
faille les rattacher, on ne peut que déclarer
injustes les appréciations de ceux qui per-
sistent à ne voir dans la réunion des rési-
dents ou gouverneurs des grands territoires
africains trançais qu'une « parlotte. infé-
conde et dispendieuse.
Certes, les séances de la Conférence dont
Tunis vient d'être le siège, n'ont pas donné
lieu à des luttes oratoires bensationnelles ni
à des débats tumultueux. Mais on y a fait,
en trois jours, du bon travail et beaucoup de
travail.
MM. Antonetti, Gouverneur général de
l'Afrique Equatoriale, et Brévié, Gouver-
neur général de l'Afrique Occidentale,
étaient, cette fois, réunis aux chefs du tryp-
tique nord-africain : M. Lucien Saint, Rési-
dent général au Maroc; M. Carde, Gouver-
neur général de l'Algérie et M. Manceron,
Résident général à Tunis. Aussi M. Brévié
a-t-il pu dire avec raison que la Conférence
pouvait désormais s'intituler : Conférence
de l'Afrique française.
Les chefs de service et les chefs de gou-
vernement ainsi rassemblés ont accompli une
excellente besogne.
D'importantes solutions ont été formulées ;
de plus nombreuses encore ont été prépa-
rées. Toutes tendent à créer entre les im-
menses territoires que ces personnages re-
présentaient une liaison de plus en plus
étroite et qui se manifeste des façons les
plus diverses.
Naguère et c naguère 8 ici veut dire
« hier » -. le Sahara se dressait comme une
barrière farouche entre les diverses unités
territoriales de l'Afrique française. Le Sa-
hara est désormais vaincu. Si la Conférence
Africaine n'a pas été l'artisan proprement
dit de la victoire, elle sera la grande orga-
nisatrice de ses conséquences possibles.
Cette œuvre suffira non seulement à la
justifier mais à la glorifier.
La besogne menée à bien, a Tunis, en ces
premiers jours de juin 1931 contribuera
pour beaucoup à ce beau résultat.
En effet, c'est de liaison, encore de liai-
son et de liaison, sous les formes les plus
variées, que les membres de la Conférence
se sont occupés :
Liaison sanitaire d'abord, par une croi-
sade commune contre la tuberculose, la sy-
philis, le trachome, le paludisme.
Liaison par avions, liaison par automo-
biles.
A propos de ce dernier vœu, adopté à
l'unanimité par les délibérants, signalons
qu'ill a suffi pour provoquer un accès de fu-
reur des tenants du Transsaharien par voie
ferrée. Or, la Conférence n'a manifesté au-
cune hostilité à l'égard de ce projet. Elle a
simplement demandé la « création immé-
diate d'un Transsaharien automobile offrant
une réelle capacité de transport et suscepti-
ble d'assurer au moins un voyage transsaha-
rien par semaine en hiver et deux voyages
par mois en été avec des tarifs aussi réduits
que possible et des conditions améliorées au
point de vue de la durée du trajet et du
confort ».
Tel est le texte précis de la motion for-
mulée par la Conférence. Il a suffi pour lui
valoir de véritables invectives de la part des
champions du railway transsaharien. Si l'ac-
cusation de haute trahison n'a pas été profé-
rée contre les Gouverneurs, et Résidents gé-
néraux coupables d'avoir froissé les gros
intérêts engagés de ce côté, c'est tout juste.
Les populations intéressées n'en approu-
vent que plus chaudement leur proposition
qui d'ailleurs ne peut être réalisée qu'avec
l'approbation et la participation du gouver-
nement français.
Le tourisme saharien et transsaharien a été
également l'objet de la sollicitude des mem-
bres de la Conférence. Ils ont jeté les bases
d'un programme intercolonial d'équipement
des pistes automobiles déjà existantes ou à
créer, notamment en A.E.F., programme qui
sera: étudié par accord direct entre les co-
lonies limitrophes.
La Conférence s'est encore mise d'accord
sur des mesures utiles à la sécurité de la
navigation aérienne, sur la longueur à assi-
gner aux ondes des postes de radio-diffusion
de l'Afrique du Nord, sur l'étude systémati-
que des parasites atmosphériques de la
T. S. F. en Afrique du Nord sur les liaisons
électriques à organiser sur les territoires de
̃ sa juridiction. Elle s'est enfin prononcée sur
d'autres questions administratives et écono-
miques dans l'énumération desquelles nous
ne saurions entrer. Toutes ont trait à des
problèmes importants pour les cinq gouver-
nements qui y ont collaboré.
Que l'on se .représente les centaines de
lettres, de rapports, de demandes d'éclair-
cissements, de rappels, de réponses qu'il au-
rait fallu échanger entre les services intéres-
sés des divers pays pour arriver à une con-
clusion sur quelques-uns de ces problèmes.
Que l'on suppute les mois sinon les années
que ces échanges de correspondances au-
raient nécessités, alors qu'il a suffi de trois
jours d'études en commun et de conversation
empreintes d'une mutuelle bonne volonté,
pour ai river aux mises au point nécessaires,
et l'on reconnaîtra que la Conférence qui
réunit annuellement les chefs des territoi-
res français d'Afrique n'est point une « par-
lotte » stérile.
Il est vrai que les marchands de machi-
nes à écrire pourraient protester contre la
simplification des correspondances qu'elle
représente, s'ils partageaient la hauteur de
vues des partisans du railway transsaharien
protestant contre la création de services au-
tomobiles à travers le Sahara.
Ch. Debierre,
Sénateur du Nord.
Membre de la Commission
Senalortale des Affaires Etrangères.
Au Conseil des Ministres
Le voyage de M. Paul Reynaud
en Indochine
Ce matin à l'Elysée sous la présidence de
M. Paul Doumer, M. Paul Reynaud. minis-
tre des Colonies, a fait approuver le projet de
voyage qu'il effectuas en Indochine.
Le départ de M. Paul Reynaud est fixé
au Il septembre.
Sisal et Fourcroya
A l' exposition de Vincennes, au pavillon de
Madagascar, l'un des mieux aménagés à notre
avis, le visiteur peut voir, côte à côte, des
échantillons de fibre de Sisal et de Fourcroya.
Cet ensemble est agréable à regarder, même
pour les profanes, parce que les produits sont
bien préparés et présentés. On peut ainsi se
rendre compte des différences qui existent en-
tre ces deux textiles, qui appartiennent l'un et
l'autre à la pande famille des Amaryllida-
cées, série des Agaves, et constater que, mal-
gré ces différences, tous deux ont un emploi
utile.
A vrai dire, la c h ose est déjà bien établie
pour le Sisal ; mais jusqu'ici le Fourcroya a été
beaucoup plus laissé de côté. On ne s'explique
pas bien pourquoi, car sa fibre est loin d'être
négliaeable, et sa culture est facile. Il existe
relativement peu de plantations, sauf à Mau-
rice, où on exporte sa fibre sous le nom de
Mauritius Hemp, ou chanvre de Maurice, et à
Madagascar, où la plante pousse d' ailleurs à
l'état spontané, et où la fibre sert à confection-
ner des chapeaux, des nattes, des sacs, des ou-
vrages de sparterie et de corderie appréciés.
Cette fibre, plus fine que celle du Sisal, est
très résistante : décortiquée convenablement et
bien lavée, elle est d'un beau blanc, et prend
bien la teinture. La feuille, plus longue que
celle du sisal, atteint et dépasse souvent 2 mè-
tres, car on en connaît atteignant 3 mètres 50.
Moins riche en fibre que la feuille du Sisal qui
donne 3, 8, elle ne dépasse pas 2, mais plus
longue, son rendement à l'hectare est le mê-
me.
Comme son cousin germain le Sisal, le Four-
croya affectionne les terrains secs et calcaires,
et se comporte mal dans ceux humides. Toute-
fois moins absolu dans ses besoins que le Sisal,
il accepte de pousser dans des terres profon-
des et même légèrement argileuses, tandis que
le Sisal s' y comporte mal. Le Fourcroya a moins
besoin de chaleur, mais ne supporte pas non
plus les gelées. De même, il souffre beaucoup
des vents violents principalement de ceux du
nord, plus délicat en cela que le Sisal. Enfin,
ce qui distingue beaucoup les deux plantes.
c'est que le Sisal n'a jamais trop de soleil, et
que le Fourccoya pousse de préférence à l' om-
bre.
Le poids moyen des feuilles varie entre
650 gr., et 2 kilos 300. Très charnues, elles
se défibrent avec une grande facilité.
La plante vit de 15 à 25 ans, selon les
pays, très rapide dans sa végétation elle peut
être exploitée dès après sa deuxième année.
En pleine maturité, elle fournit annuellement
35 à 40 feuilles. Etant donné la dimension de
ces feuilles les plantations doivent se faire très
espacées. On compte généralement 600 pieds
à l'hectare, et jamais plus de L400.
Les feuilles se décortiquent, soit à la main,
soit à l'aide de machines semblables à celles
usitées pour le Sisal. Comme pour ce dernier,
on a essayé des procédés de rouissage biologi-
que, mais l'expérience a prouvé, qu'il ne fal-
lait pas se servir de ces procédés, longs, coû-
teux, inemployables sur de vastes plantations,
qui colorent la fifcce et l'affaiblissent.
Certains auteurs ont affirmé que l' on pouvait,
avec chance de succès faire des plantations de
Fourcroya sur des surfaces bien moins grandes
que pour le Sisal. La chose est loin d'être dé-
montrée, les frais généraux étant les mêmes, et
le Fourcroya se vendant généralement moins
cher que le Sisal.
Cependant, en résumé, le Fourcroya, jus-
qu'ici trop négligé, devrait tenir une belle pla-
c £ sur les marchés textiles mondiaux.
Louiê Le Barbier.
Croisés !
Contre qui ?
.»« -
LS journaux illustrés
ou non illustres nous
donnent de copieux
comptes rendus du
Congrès cucharisti-
que de Lille.
A l'Université ca-
tholique s'est tenue
Vassemblée générale
que présidait Mon-
seigneur Liénart, légat du pape.
Un cliché publié par un grand quotidien
de Paris représente une foule d'enfants ha-
billés en croisés assistant à la messe en plein
air.
Nous serions heureux de savoir quelle va-
leur symbolique l'Eglise catholique entend
donner à cette manifestation.
Au moment où tOit engloutit des millions
pour développer l'esprit colottial en Fralla,
il est vraiment inopportun d'cncourager les
vieilles querelles religieuses.
Déjà ICI tenue d'un Congrès eucharistique
en Tunisie, Vannée dernière, avait été juste-
ment critiquée dans les milieux laïques.
Quelle croisade le Congrès eucharistique
entend-il cette année exalter ?
Celle contre les musulmans ?
Celle contre les juifs ?
Celle contre les protestants ?
Tout cela appartient à un passé heureuse-
* t r - - - -- r
ment périmé. -- ---- r --o.
VEglise, qui a des « missions 9, entre en
contradiction avec elle-même quand elle
parle Ve « croisade P.
Ou bien c'est une simple manifestation
sans portée et nous la croyons inopportune :
l'Eglise doit la supprimer.
On bien elle représente vraiment la célé-
bration d'exploits trop connus et nous la
croyons dangereuse et condamnable.
Dans tous les cas, les catholiques doivent
s'en abstttliT.
Les mots. « croisés » suffisent à notre
bonheur : ils sont passionnants mais iptoffeir-
sifs.
Michel Geittdoerfer,
Député des Côtes-du-Nord
Secrétaire de la Commission
de la Marine Marchande
M. Lucien Saint
visite le Tadla
-–
M. Lucien Saint, accompagné du géné-
ral ¡\'°l!/ÚJ. s'est rendu dans la matinée
d'hier jeudi, dans la région de Tadla, ou il
doit visiter les régions nouvellement conqui-
ses vers Oued-El-Abid. Il est arrivé à midi
à Oued-Zem, où il a été l'objet d'une récep-
tion enthousiaste par la population civile
rassemblée près dit lac.
Le résident sest entretenu longuement avec
diverses personnalités, étudiant particulière-
ment les questions économiques et la ques-
tion de la sécurité.
Après tin déjeuner au contrôle civil, !11.
Lucien Saint a poursuivi son voyage vers
Ksiba.
M. Cayla rentre en France
Le Gouverneur Général de Madagascar
rentrant en France en mission et Mme Léon
Cayla ont quitté Tananarive en automobile
le 6 juillet pour gagner Majunga où ils se
sont embarqués le 9 juillet sur le Ballardill-
cie-Saillt-Pierre.
A leur départ de la Résidence Générale,
M. et Mme Léon Cayla ont été l'objct d'une
imposante manifestation de vive et déférente
sympathie de la part des fonctionnaires et
de la population de Tananarive.
..8 -
l'emprunt de Madagascar
va être promulgué
La loi du 22 février 1931 a autorisé le
Gouvernement général de Madagascar à con-
tracter un emprunt de 735 millions de francs
pour l'exécution de traraux publics et la pro-
tection sanitaire démographique. Le décret
prévoyant le programme des travaux va être
soumis très prochainement à la signature du
président de la République.
––-–
rtmpeMmr d'Annam
se rend à vichy
L'empereur d'Annam. qui, ces jours der-
niers, donnait à l'Exposition coloniale sa pre-
mière réception officielle arrivera à Vichy, di-
manche, pour faire une cure. Il sera accompa-
gné de son cousin, le prince Vinh Can, et de
son précepteur, M. Charles, gouverneur gé-
néral honoraire des colonies.
Exposition Emile Baès
Notre ami Emile Baès, retour 'd'Egypte,
de Syrie, de Palestine et du Levant expose
à la Galerie Barreiro, 30, rue de Seine, Pa-
ris 6°, une très belle collection de toiles
qu'il a rapportées après un séjour de quatre
mois dans les pays de la Méditerranée orien-
tale.
L'Exposition sera close le 16 juillet.
L'Espagne
et le Problème du Maroc
Le ministre espagnol des Finances, M.
Indalecio Prieto se prononce, à Bilbao, en
faveur de l'abandon dit Maroc.
Une réplique de M. Perez Caballero, an-
cien ministre tics Affaires étrangères.
L'ancien ministre espagnol des Affaires
étrangères, M. Perez Caballero proteste dans
l'A. B. C. de Madrid, 4/7, contre les opinions
exprimées par l' actuel ministre des Finances M.
Indalecio Prieto, lequel, dans un discours, pro-
noncé récemment à Bilbao, a demandé l'aban-
don du Maroc par l'Espagne et le désarme-
ment.
« Citoyens du monde avait déclaré M.
« Prieto, qui, on le sait, appartient au parti
« socialiste –, Français, Anglais, Italiens,
« Américains des' Etats-Unis, vous entretenez
d de puissantes escadres et de grandes armées
« pour conserver vos positions au-delà des
M mers. Vous faites ainsi peser sur la masse
« des contribuables des charges qui les écra-
« sent.
« L'Espagne, elle, ne veut pas dominer.
« L Espagne ne fait pas de rêves impérialistes.
« Vous nous avez mis assurément sur la côte
« nord de l'Afrique comme sentinelles, afin de
« surveiller le guêpier marocain et d'éviter
« d'être piqués vous-mêmes. Mais, nous ne vou-
« Ions pas de cette domination au Maroc.
« L' Espagne peut dire au Monde : « Société
« des Nations charge-toi, toi-même, du Pro-
« tectorat. Ce Protectorat nous a coûté des
« fleuves de sang, des milliers de morts et un
« appauvrissement du pays, que tu n as pas le
« droit d'aggraver en faisant d'une belle na-
u tion un cadavre pétrifié (sic). Laissez-nous
« consacrer ces millions à l' amélioration de no-
« tre culture et à mettre fin à la plaie hideuse
« de notre analphabétique. »
Il est à remarquer que ce discours du minis-
tre socialiste M. Prieto n a pas été reproduit
dans l'organe du parti socialiste espagnol, El
Socialista. Seul, dans toute la presse espagnole,
le Sol a donné le bref compte rendu que nous
venons de reproduire.
M. Perez Caballero. commentant ce dis-
cours, estime que rien n' obligeait le ministre
des Finances du gouvernement provisoire de
traiter des questions de politique internationale.
Si - ce l les-ci sont étrangères à son départe-
ment, elles peuvent par contre avoir des reper-
cussions sur le cours de la peseta, dont il a as-
sumé la défense et dont il doit préparer la sta-
bilisation. Ce n'est certainement pas en accu-
sant d'impérialisme, les gouvernements de la
France, l'Angleterre, l'Italie et les Etats-Unis
que ceux-ci seront disposés à se montrer favo-
rables à l'Espagne et l'aideront à soutenir le
cours de la peseta.
C'est une erreur profonde, a j oute M. Perez
Caballero, d'affirmer que l'Espagne occupe
contre son gré et sur l'injonction des autres
puissances la zone de son protectorat.
<( Il est manifestement erroné de prétendre
« que nous avons été forcés par les autres puis-
(( sances d'occuper le Maroc, que nous som-
« mes leurs émissaires et que nous sacrifions
« exclusivement à leur profit notre sang et no-
« tre argent. C'est complètement faux.
« Le Maroc est un impératif géographique,
« qui nous est imposé par le voisinage. Les
« Phéniciens, les Carthaginois, les Romains et
« les Arabes, tous les peuples qui ont dominé
« notre péninsule et qui ont constitué un Etat
« ou un gouvernement ont senti cette nécessité
« impérieuse et il s 'y sont soumis.
« Le Maroc est la prolongation de r E.spa-
« gne même.
« La mer étroite qui baigne nos côtes et
« celles d'Afrique, n'est pas un fossé ou un
« obstacl e qui nous sépare, mais un chemin
« qui nous unit, qui enlace deux pays qui se
« complètent. La petite zone espagnole que
« nous avons réussi, enfin et après de grands
« efforts, à nous faire reconnaître est foncière-
« ment espagnole par la langue, par les cou-
« tûmes et par les moeurs. Elle garantit notre
« nationalité et nous ouvre encore de part en
« part, commercialement et politiquement les
« portes de toute l'Afrique, passage aérien et
« terrestre, qui s'impose pour se rendre en
« Amérique espagnole.
« Songer à céder une place si laborieusement
« obtenue et qui nous a coûté tant de sang,
« maintenant que nous l'avons pacifiée et alors
« qu'il s'agit de recueillir le fruit de si coûteux
« sacrifices, serait confesser une impuissance,
« qui n'existe absolument pas, car jamais rEs-
« pagne n'a été aussi forte qu' actuellement.
« Ce serait diminuer notre personnalité interna-
(( tionale, alors que l'Espagne croît et prospère
« et qu'il y a lieu d'espérer que la République
« lui assurera de nouveaux succès. Ce serait un
« suicide du point de vue international et au-
(f cun gouvernement ne pourrait nous l'imposer
« sans avoir au préalable l'assentiment du
« pays, exprimé par son organisme souverain,
« le Parlement.
« Les déclarations du minstre des Finances,
« M. Prieto ne peuvent être considérées que
« comme la simpje expression d'un désir per-
« sonnel peu réfléchi, ou comme l'opinion mal
« définie d'un parti, laquelle ne réunit pas
« l'unanimité et n'a pas été l'objet d'une étu-
« de suffisante. De toutes façons étant donné
« l' autorité et la qualité de la personnalité qui
« a exprimé ces déclarations, il est nécessaire
« que l'opinion du pays se prononce contre
« elles et, avant qu'elles ne produisent de plus
« grands ravages, qu'elles soient désavouées,
« par celui qui, revêtu du plus grand prestige
« de sa qualité de ministre des Affaires étrangè-
« res a affirmé récemment à Genève que la
« République espagnole était fermement réso-
« lue à rester au Maroc.
« Sur des conceptions et des décisions aussi
« fondamentales, il ne peut y avoir d'équivo-
»( ques et l'on ne peut changer à l'improviste
« d' op i n i on.
« d'opinion. La gravité des questions interna-
<1 tionales l'exige. »
XXX.
Un nouvel incendie
à l'Exposition Coloniale
-
850.000 francs de dégâts
l'our la deuxième fois un incendie dont
les conséquences auraient pu être terribles
vient donner toute sa signification au danger
que les Annal es Coloniales signalaient, alors
même que l'Exposition n'était pas ouverte,
alors même qu'aucune menace extrémiste ne
pesait sur les Indes Néerlandaises et sur
le pavillon d'Angkor.
Les événements, hélas n'ont pas tardé à
nous donner raison et nous devons déplorer
aujourd'hui un nouvel incendie.
Dans h', nuit de mercredi à jeudi, alors
que les derniers visiteurs passaient les por-
tes, le feu .se déclarait brusquement dans les
baraques loraines de l'île de Reuilly. Aucun
surveillant n'était encore à son poste et ce
n'est que quelques minutes plus tard que l'on
s a perçut que les flammes consommaient un
restaurant, une soufflerie (le verre que ses
propriétaires venaient de quitter et deux ba-
raques de planches.
Aussitôt alertés, les pompiers de l'Expo-
sition mirent quatre lances en batterie. Mais
déjà les flammèches volaient çà et là et les
chaumes alentour s'embrasaient. Un fois de
plus, 1 effort des sauveteurs devait se borner
à circonscrire le sinistre.
Ce ne fut qu'après une longue lutte que ce
danger fut écarté. Sept maisonnettes ren-
fermant une bijouterie, des bars, des restau-
rants, des étalages de bimbeloterie, et deux
établ issements qui avaient été ks premiers
atteints étaient entièrement détruits.
Certes ils ne comptaient point parmi les
plus luxueux de l'Exposition, mais il v avait
cependant pour 150.000 francs de construc-
tions, pour 700.000 francs de stocks et l'in-
cendie lésait justement une catégorie d'arti-
sans et de commerçants aux ressources mo-
destes.
M. Leriche. commissaire de police a Oll-
vert l'enquête traditionnelle. Aucun résultat
n'a encore été enregistré.
Quoi qu'il en soit, le danger persiste plus
que jamais.
Hier soir encore, vers 10 h. 1,2, les visi-
teurs s'arrêtaient à proximité des portes ou
s'y dirigeaient fébrilement : la corne des
pompiers se faisait entendre avec violence,
et leurs deux voitures sortaient rapidement de
leur stand, empruntant la grande allée de
ceinture du lac. Il est vrai que 20 minutes
après, elles revenaient. Mais où étaient-elles
allées ?
Avant-hier la Hollande, hier les baraques
foraines. Sera-ce demain le tour du Congo
belge, du Cameroun, d'Angkor. de tous ces
temples aux toits de chaumes si propices au
fléau ?
Qui sera demain la vict ime du feu?
la tournée du Rhum
Aujourd'hui a eu lieu à midi 1/4 au Mu-
sée permanent des Colonies le déjeuner or-
ganisé par le Comité de la Journée du Rhum
sous les auspices de V Uni on Colonial e et
sous la présidence de M. Paul Reynaud,
ministre des Colonies.
L'après-midi une réunion a eu lieu au
cours de laquelle les mérites et les qualités
du rhum ont éu- judi'ieuscnmit exposés.
Parmi les orateurs, citons M. Ulnise Cen-
drars qui a été particulièrement appnVié.
Au Conseil d'État
Au Tonkin Entreprise de transports en
commun. Retrait du permis de
conduire
Le 3 août kj-5i le résident supéiieur du
Tonkin prenait une décision, retirant, pour
une durée de quatre jours, Ú M. Piovano,
ent 1 epreneur de transports en eu ni m un à
Phulang--Thuong, l'autorisation de circuler
qui lui avait été donnée pour une voiture
automobile.
M. Piovano, s'adressant au Conseil du
Contentieux d'Hanoï, avait demandé à cette
juridiction l'annulation de la décision du ré-
sident.
D'autre part, M. Piovano demandait que
lui soit accordée une indemnité de 3,)0 pias-
tres pour le dommage que ce retrait lui avait
causé.
Le Conseil du Contentieux d'Hanoï ayant
rejeté la requête de ('t't entrepreneur, celui-
ci avait introduit un pourvoi au Conseil
d'Ktat à l'effet d'obtenir l'annulation de l'ar-
rêté du Conseil administratif du Contentieux
d'Hanoï précité.
Dans son pourvoi, M. Piovano soutenait
que la décision prise à son égard était enta-
chée d'illégalité en effet, disait-il, le dé-
cret du 6 mars 1877, fixant les modalités
d'application aux colonies de l'article 471 du
Code Pénal, a décidé que les règlements des
autorités coloniales ne pourraient être sanc-
tionnés que par les peines prévues audit ar-
ticle.
.Ie Résident du Tonkin ne pouvait légale-
ment ajouter une peine à celles prévues par
les textes précités.
.d'autre part, la circulation des automobi-
les a été réglementée en Indochine, faisait
remarquer M. Piovano par un arrêté du
gouverneur général en date du 20 septembre
1913, qui détermine limitativement les pou-
voirs des maires, < h» fs tt
d'administration locale.
En modifiant les dispositions de cet arrêté,
le résident supérieur a méconnu l'étendue de
ses pouvoirs.
Appelé à juger cette affaire, le Conseil
d'Ktat a rejeté la requête de M. Piovano, at-
tendu que le retrait .l'autorisation de a été régulièrement prononcé en exécution
de l'art, i de l'arrêté du 0 mai 10-5.
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
p
ÉCHOS
Toujours volé.
9 juillet 1931.
Monsieur le Viree/nu,
Les Annales Coloniales qui depuis l'ouver-
ture de l'Exposition se font les défenseurs
du « cochon de pavant D., voudront bien
j'espère, accepter ma réclamation :
De passage à Paris liia soir, je suis allé
avec des amis voir les JCux t't lumières de
l'Exposition. Voulant etre agréable à mes
hôtes j'ai payé l'entrée de ICI voiture, soit
50 francs. A'ous passons Ici porte du Portu-
gal, et après quelques II/dus, au premier
carrefour, un barrage d'agents nous interdit
le passage de l alUe vers laquelle nous nous
dirigions. L'exposition est un lieu public
et je fus très surpris qu'il y eût des allies
réservées.
Je demandai donc ci l agent qu'il acceptât
ma réclamation et m'indiquât à qui je pou
vais demander le remboursement de mes 50
francs puisque je ne pouvais visiter VExpo-
sition comme je le voulais. Xous prNàiulls,
mes amis et moi, quitter ce lieu de favoritis-
me et de favorises; ces messieurs commissai-
res généraux, secrétaires et autres. n'ont
vraiment pas le sens de la probité eu affaires.
.1 ma plainte faite IlIi portillon d'entrée,
on a repondu .* « il 1 a réception, monsieur.
"Cf soir. comme lous les soirs du reste, à l'Fx-
position. et les abords des palais où on reçoit
sont réservés aux invités et j'ajoutai qui
eux ne payent ni entrée, ni passage. FIIIIII,
me dit le gardien, sortez si vous le voulez
mais on on peut vous rembourser D.
Je lie sais si poursuivant cette affaire en
justia. qui l'emporterait ! il a bien, si Je ne
m'abusr, erreur sur Ici qualité de la marchan-
dise liirée?
Veuillez croire, Monsieur le JJiuclmr. (i
ma considération distinguée.
H. J.
Premier Bilan
7 millions et demi de visiteurs
à l'Exposition Coloniale
en deux mois
1
Le Dangcau (h; t'bU'positivn Coloniale, notre
excellent confrère, le Mari/uis th: iivhiirl, /ni-
blio dans nntrau.siyeant d'hier les renneii/ne-
ments édifiants stùeuuls sur les résultats de
I'i:.ri>usdiun luityrellement il est enthuusiuste des
résultats, mais iluns la crHi
'/u'il distninii'. a ri-.i-iiv.sition, il célèbre ses
amis et vuldii• les t>vnx oa>'riers de. l'K.ri'ust-
Hem : MM. Marrel idivter, di-iéuné jiénèral du
1 Sou reniement, Moiain et o-ltir tlerti, com-
missaires iieuéruii.v adjoints, cl Ion* les ani-
malears du palais des i vUmies; MM. (,'érard,
\a''ieel, t!collro>i Sninl-lldaa'c, (Icrnud, (iuesdct
Pelletier, Mirahet, llonamy, etc.
Xous n'aurons tjarde. de les oublier.
.\ou.-> Minimes en mesure «te publier quelques
chiffres sur les deux premitTs mois d'exploita-
tion de rKxpusilion, qui vont montrer quel en
.est, en réalité, l'immense et indiscutable .surets.
A lill juin, lî':xpusitillll d>- i IK vu nés n\utt
reçu lu visil" de 7. â S U ,
r'-<;))tu \i-.it.'m's. Litn'ct'ttL-
ainsi obtenue, inaigre les innombrables cartes
données, atteignait francs.
f.a journée ia plus forte, au point de vue- de->
enlives, fui celle du ':? t mai, qui a eu le concours
il faut 1 avouer, des Journées Nationales d'Avia-
tion.et qui \il entrer à lT.xposilion -J lti. |-,".) spec-
laklll's.
I.a journée la plus faible fut une journée plu-
vieuse; celle du 11 mai, ou il v eut moins de
oo.tmo visiteurs.
I.e Jardin Zoolo<,cipale de riOxposilion et qui est d'ailleurs la
plus intéressante, lie devait pas être payant,
M. i.liiappe. préfet de police, accompagne de M.
t ;lIil'ilal'd. directeur t)'- lu police municipale,
vint au début de 1 Kxposition se rendre compte'
des mesures de police prises »-t, avant vu la
l'ouïe qui avait envahi les allées Très étroite^
du Jardin /.onlogique, il reconnut qu'il y avait
là un danger.
I.e directeur du Jardin Zoologique, noire
confrère M. Henri Thetard, lui, immédiatement
prévenu que la direction de la police parisienne
ne pouvait autoriser des foules aus>i compactes
a se promener dans le Jardin Zoologique sans
danger.
tilt
av ise.
M. Homo, directeur du Cabinet du maréchal,
Irouva, avec M. Mourgeois. directeur général de
\'Ex"oitinll. le y"lj'lIlt' a appliquer faire
payer un droit d'i nlree. i .e droit d'entrée lut
mis en vigueur immédiatement après que le
Zoo eût ele mieux prépare u recevoir des mil-
liers de visiteurs. Apres deux mois de ce sys-
tème, on penl annoncer que le Zoo a reçu, pen-
dant les mois de mai et juin, l.:Mi.»>7 teurs et. qu'il a encaissé une ici 'elle do i l,t". t
francs,
Le Parc à automobiles
Au début de l'Kxposition, l'archilecle M. M-
bert l'ournaire, membre de l'Institut, qui diri-
gea les travaux de Vincennes. voulut voir un
très grand garage pour les automobiles. Tout
1" lint bon.
On installa l'immense garage, que tout le mondé
a vu entre la porte de lïeuillv et. la porte de
Charenlon.
t >r, en deux mois, ce garage, malgré les
innombrables voilures qu'il reçoit, gratuitement
par siiile de cartes distribuées assez largement,
a trouve moyen de faire une recette de
francs.
oil présent. |.«
coût de | inslallal'oii de ce garage e>l pavé d
que. a partir du l"r juillet et jusque tin octobre,
les recel les Voilt être (les bellelices.
Les prévisions dépassées
h'aillenrs. toutes les prévisions tic budgets
établies sont dépassées par II recette d>s en-
trées à ri'xposiiion. additionnées avec les en-
trées du Zoo et (les garages.
r'.n effet, pour les deux premiers mois, on
avait ptvvu trois millions cinq cent mille francs.
('.e ehilfre est presque doublé, (''est là un résul-
tat Illli s'apprécie de lui ni« ine et nous ne
comptons pas dans ia recelte (pie nous indi-
quons aujourd'hui ni les abonnements, ni les
caries de légitimation.
I.a progression du s'ïfcês est remarquable à
VKNbiiUil Ulil, 10 JUILLET IH.
MMML QUOTtDtM
Rédaction & Administration :
14, IM Ai MlM-TUIir
PARIS Cl")
VÉLÈM. t LOUVRK 1*4?
- RICHELIEU 87.
Les Annales Coloniales
r. cnnonces et rklame, sont reçue. -
bureau du fourMI.
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être reproduits qu'en citant les Anraus Coumulb.
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mm la Revue mensuelle :
on ta 6 Moi* 8 Kola
Frtnot et
Colonies 180. tOO. 118.
Él affl 240 > 1t5 » 70 »
on t'abonne mos firtto dam
tous 1M Iwwix f» poole.
La septième Conférence Nord-Africaine
.-----
La Septième Conférence Nord-Africaine
.vient de se tenir à Tunis.
Que de chemin parcouru, depuis la pre-
mière où figuraient seulement l'Algérie, la
Tunisie et le Maroc 1
Celle-ci n'était qu'une sorte de manifes-
tation sentimentale, affirmant une solidarité
cordiale et théorique, mais dont les partici-
pants paraissaient assez peu fixés sur l'oeu-
vre pratique à laquelle ils pouvaient
aboutir. 1
C'est probablement de cette première im-
pression que datent certaines critiques at-
tardées qui se prolongent alors que l'état de
choses auquel elles pouvaient s'appliquer
n'existe plus. Du reste il est aussi beaucoup
de critiques qui n'ont d'autre fondement que
la tendance innée de l'esprit français à pra-
tiquer beaucoup plus volontiers le sarcasme
que l'éloge.
Quelle que soit la catégorie à laquelle il
faille les rattacher, on ne peut que déclarer
injustes les appréciations de ceux qui per-
sistent à ne voir dans la réunion des rési-
dents ou gouverneurs des grands territoires
africains trançais qu'une « parlotte. infé-
conde et dispendieuse.
Certes, les séances de la Conférence dont
Tunis vient d'être le siège, n'ont pas donné
lieu à des luttes oratoires bensationnelles ni
à des débats tumultueux. Mais on y a fait,
en trois jours, du bon travail et beaucoup de
travail.
MM. Antonetti, Gouverneur général de
l'Afrique Equatoriale, et Brévié, Gouver-
neur général de l'Afrique Occidentale,
étaient, cette fois, réunis aux chefs du tryp-
tique nord-africain : M. Lucien Saint, Rési-
dent général au Maroc; M. Carde, Gouver-
neur général de l'Algérie et M. Manceron,
Résident général à Tunis. Aussi M. Brévié
a-t-il pu dire avec raison que la Conférence
pouvait désormais s'intituler : Conférence
de l'Afrique française.
Les chefs de service et les chefs de gou-
vernement ainsi rassemblés ont accompli une
excellente besogne.
D'importantes solutions ont été formulées ;
de plus nombreuses encore ont été prépa-
rées. Toutes tendent à créer entre les im-
menses territoires que ces personnages re-
présentaient une liaison de plus en plus
étroite et qui se manifeste des façons les
plus diverses.
Naguère et c naguère 8 ici veut dire
« hier » -. le Sahara se dressait comme une
barrière farouche entre les diverses unités
territoriales de l'Afrique française. Le Sa-
hara est désormais vaincu. Si la Conférence
Africaine n'a pas été l'artisan proprement
dit de la victoire, elle sera la grande orga-
nisatrice de ses conséquences possibles.
Cette œuvre suffira non seulement à la
justifier mais à la glorifier.
La besogne menée à bien, a Tunis, en ces
premiers jours de juin 1931 contribuera
pour beaucoup à ce beau résultat.
En effet, c'est de liaison, encore de liai-
son et de liaison, sous les formes les plus
variées, que les membres de la Conférence
se sont occupés :
Liaison sanitaire d'abord, par une croi-
sade commune contre la tuberculose, la sy-
philis, le trachome, le paludisme.
Liaison par avions, liaison par automo-
biles.
A propos de ce dernier vœu, adopté à
l'unanimité par les délibérants, signalons
qu'ill a suffi pour provoquer un accès de fu-
reur des tenants du Transsaharien par voie
ferrée. Or, la Conférence n'a manifesté au-
cune hostilité à l'égard de ce projet. Elle a
simplement demandé la « création immé-
diate d'un Transsaharien automobile offrant
une réelle capacité de transport et suscepti-
ble d'assurer au moins un voyage transsaha-
rien par semaine en hiver et deux voyages
par mois en été avec des tarifs aussi réduits
que possible et des conditions améliorées au
point de vue de la durée du trajet et du
confort ».
Tel est le texte précis de la motion for-
mulée par la Conférence. Il a suffi pour lui
valoir de véritables invectives de la part des
champions du railway transsaharien. Si l'ac-
cusation de haute trahison n'a pas été profé-
rée contre les Gouverneurs, et Résidents gé-
néraux coupables d'avoir froissé les gros
intérêts engagés de ce côté, c'est tout juste.
Les populations intéressées n'en approu-
vent que plus chaudement leur proposition
qui d'ailleurs ne peut être réalisée qu'avec
l'approbation et la participation du gouver-
nement français.
Le tourisme saharien et transsaharien a été
également l'objet de la sollicitude des mem-
bres de la Conférence. Ils ont jeté les bases
d'un programme intercolonial d'équipement
des pistes automobiles déjà existantes ou à
créer, notamment en A.E.F., programme qui
sera: étudié par accord direct entre les co-
lonies limitrophes.
La Conférence s'est encore mise d'accord
sur des mesures utiles à la sécurité de la
navigation aérienne, sur la longueur à assi-
gner aux ondes des postes de radio-diffusion
de l'Afrique du Nord, sur l'étude systémati-
que des parasites atmosphériques de la
T. S. F. en Afrique du Nord sur les liaisons
électriques à organiser sur les territoires de
̃ sa juridiction. Elle s'est enfin prononcée sur
d'autres questions administratives et écono-
miques dans l'énumération desquelles nous
ne saurions entrer. Toutes ont trait à des
problèmes importants pour les cinq gouver-
nements qui y ont collaboré.
Que l'on se .représente les centaines de
lettres, de rapports, de demandes d'éclair-
cissements, de rappels, de réponses qu'il au-
rait fallu échanger entre les services intéres-
sés des divers pays pour arriver à une con-
clusion sur quelques-uns de ces problèmes.
Que l'on suppute les mois sinon les années
que ces échanges de correspondances au-
raient nécessités, alors qu'il a suffi de trois
jours d'études en commun et de conversation
empreintes d'une mutuelle bonne volonté,
pour ai river aux mises au point nécessaires,
et l'on reconnaîtra que la Conférence qui
réunit annuellement les chefs des territoi-
res français d'Afrique n'est point une « par-
lotte » stérile.
Il est vrai que les marchands de machi-
nes à écrire pourraient protester contre la
simplification des correspondances qu'elle
représente, s'ils partageaient la hauteur de
vues des partisans du railway transsaharien
protestant contre la création de services au-
tomobiles à travers le Sahara.
Ch. Debierre,
Sénateur du Nord.
Membre de la Commission
Senalortale des Affaires Etrangères.
Au Conseil des Ministres
Le voyage de M. Paul Reynaud
en Indochine
Ce matin à l'Elysée sous la présidence de
M. Paul Doumer, M. Paul Reynaud. minis-
tre des Colonies, a fait approuver le projet de
voyage qu'il effectuas en Indochine.
Le départ de M. Paul Reynaud est fixé
au Il septembre.
Sisal et Fourcroya
A l' exposition de Vincennes, au pavillon de
Madagascar, l'un des mieux aménagés à notre
avis, le visiteur peut voir, côte à côte, des
échantillons de fibre de Sisal et de Fourcroya.
Cet ensemble est agréable à regarder, même
pour les profanes, parce que les produits sont
bien préparés et présentés. On peut ainsi se
rendre compte des différences qui existent en-
tre ces deux textiles, qui appartiennent l'un et
l'autre à la pande famille des Amaryllida-
cées, série des Agaves, et constater que, mal-
gré ces différences, tous deux ont un emploi
utile.
A vrai dire, la c h ose est déjà bien établie
pour le Sisal ; mais jusqu'ici le Fourcroya a été
beaucoup plus laissé de côté. On ne s'explique
pas bien pourquoi, car sa fibre est loin d'être
négliaeable, et sa culture est facile. Il existe
relativement peu de plantations, sauf à Mau-
rice, où on exporte sa fibre sous le nom de
Mauritius Hemp, ou chanvre de Maurice, et à
Madagascar, où la plante pousse d' ailleurs à
l'état spontané, et où la fibre sert à confection-
ner des chapeaux, des nattes, des sacs, des ou-
vrages de sparterie et de corderie appréciés.
Cette fibre, plus fine que celle du Sisal, est
très résistante : décortiquée convenablement et
bien lavée, elle est d'un beau blanc, et prend
bien la teinture. La feuille, plus longue que
celle du sisal, atteint et dépasse souvent 2 mè-
tres, car on en connaît atteignant 3 mètres 50.
Moins riche en fibre que la feuille du Sisal qui
donne 3, 8, elle ne dépasse pas 2, mais plus
longue, son rendement à l'hectare est le mê-
me.
Comme son cousin germain le Sisal, le Four-
croya affectionne les terrains secs et calcaires,
et se comporte mal dans ceux humides. Toute-
fois moins absolu dans ses besoins que le Sisal,
il accepte de pousser dans des terres profon-
des et même légèrement argileuses, tandis que
le Sisal s' y comporte mal. Le Fourcroya a moins
besoin de chaleur, mais ne supporte pas non
plus les gelées. De même, il souffre beaucoup
des vents violents principalement de ceux du
nord, plus délicat en cela que le Sisal. Enfin,
ce qui distingue beaucoup les deux plantes.
c'est que le Sisal n'a jamais trop de soleil, et
que le Fourccoya pousse de préférence à l' om-
bre.
Le poids moyen des feuilles varie entre
650 gr., et 2 kilos 300. Très charnues, elles
se défibrent avec une grande facilité.
La plante vit de 15 à 25 ans, selon les
pays, très rapide dans sa végétation elle peut
être exploitée dès après sa deuxième année.
En pleine maturité, elle fournit annuellement
35 à 40 feuilles. Etant donné la dimension de
ces feuilles les plantations doivent se faire très
espacées. On compte généralement 600 pieds
à l'hectare, et jamais plus de L400.
Les feuilles se décortiquent, soit à la main,
soit à l'aide de machines semblables à celles
usitées pour le Sisal. Comme pour ce dernier,
on a essayé des procédés de rouissage biologi-
que, mais l'expérience a prouvé, qu'il ne fal-
lait pas se servir de ces procédés, longs, coû-
teux, inemployables sur de vastes plantations,
qui colorent la fifcce et l'affaiblissent.
Certains auteurs ont affirmé que l' on pouvait,
avec chance de succès faire des plantations de
Fourcroya sur des surfaces bien moins grandes
que pour le Sisal. La chose est loin d'être dé-
montrée, les frais généraux étant les mêmes, et
le Fourcroya se vendant généralement moins
cher que le Sisal.
Cependant, en résumé, le Fourcroya, jus-
qu'ici trop négligé, devrait tenir une belle pla-
c £ sur les marchés textiles mondiaux.
Louiê Le Barbier.
Croisés !
Contre qui ?
.»« -
LS journaux illustrés
ou non illustres nous
donnent de copieux
comptes rendus du
Congrès cucharisti-
que de Lille.
A l'Université ca-
tholique s'est tenue
Vassemblée générale
que présidait Mon-
seigneur Liénart, légat du pape.
Un cliché publié par un grand quotidien
de Paris représente une foule d'enfants ha-
billés en croisés assistant à la messe en plein
air.
Nous serions heureux de savoir quelle va-
leur symbolique l'Eglise catholique entend
donner à cette manifestation.
Au moment où tOit engloutit des millions
pour développer l'esprit colottial en Fralla,
il est vraiment inopportun d'cncourager les
vieilles querelles religieuses.
Déjà ICI tenue d'un Congrès eucharistique
en Tunisie, Vannée dernière, avait été juste-
ment critiquée dans les milieux laïques.
Quelle croisade le Congrès eucharistique
entend-il cette année exalter ?
Celle contre les musulmans ?
Celle contre les juifs ?
Celle contre les protestants ?
Tout cela appartient à un passé heureuse-
* t r - - - -- r
ment périmé. -- ---- r --o.
VEglise, qui a des « missions 9, entre en
contradiction avec elle-même quand elle
parle Ve « croisade P.
Ou bien c'est une simple manifestation
sans portée et nous la croyons inopportune :
l'Eglise doit la supprimer.
On bien elle représente vraiment la célé-
bration d'exploits trop connus et nous la
croyons dangereuse et condamnable.
Dans tous les cas, les catholiques doivent
s'en abstttliT.
Les mots. « croisés » suffisent à notre
bonheur : ils sont passionnants mais iptoffeir-
sifs.
Michel Geittdoerfer,
Député des Côtes-du-Nord
Secrétaire de la Commission
de la Marine Marchande
M. Lucien Saint
visite le Tadla
-–
M. Lucien Saint, accompagné du géné-
ral ¡\'°l!/ÚJ. s'est rendu dans la matinée
d'hier jeudi, dans la région de Tadla, ou il
doit visiter les régions nouvellement conqui-
ses vers Oued-El-Abid. Il est arrivé à midi
à Oued-Zem, où il a été l'objet d'une récep-
tion enthousiaste par la population civile
rassemblée près dit lac.
Le résident sest entretenu longuement avec
diverses personnalités, étudiant particulière-
ment les questions économiques et la ques-
tion de la sécurité.
Après tin déjeuner au contrôle civil, !11.
Lucien Saint a poursuivi son voyage vers
Ksiba.
M. Cayla rentre en France
Le Gouverneur Général de Madagascar
rentrant en France en mission et Mme Léon
Cayla ont quitté Tananarive en automobile
le 6 juillet pour gagner Majunga où ils se
sont embarqués le 9 juillet sur le Ballardill-
cie-Saillt-Pierre.
A leur départ de la Résidence Générale,
M. et Mme Léon Cayla ont été l'objct d'une
imposante manifestation de vive et déférente
sympathie de la part des fonctionnaires et
de la population de Tananarive.
..8 -
l'emprunt de Madagascar
va être promulgué
La loi du 22 février 1931 a autorisé le
Gouvernement général de Madagascar à con-
tracter un emprunt de 735 millions de francs
pour l'exécution de traraux publics et la pro-
tection sanitaire démographique. Le décret
prévoyant le programme des travaux va être
soumis très prochainement à la signature du
président de la République.
––-–
rtmpeMmr d'Annam
se rend à vichy
L'empereur d'Annam. qui, ces jours der-
niers, donnait à l'Exposition coloniale sa pre-
mière réception officielle arrivera à Vichy, di-
manche, pour faire une cure. Il sera accompa-
gné de son cousin, le prince Vinh Can, et de
son précepteur, M. Charles, gouverneur gé-
néral honoraire des colonies.
Exposition Emile Baès
Notre ami Emile Baès, retour 'd'Egypte,
de Syrie, de Palestine et du Levant expose
à la Galerie Barreiro, 30, rue de Seine, Pa-
ris 6°, une très belle collection de toiles
qu'il a rapportées après un séjour de quatre
mois dans les pays de la Méditerranée orien-
tale.
L'Exposition sera close le 16 juillet.
L'Espagne
et le Problème du Maroc
Le ministre espagnol des Finances, M.
Indalecio Prieto se prononce, à Bilbao, en
faveur de l'abandon dit Maroc.
Une réplique de M. Perez Caballero, an-
cien ministre tics Affaires étrangères.
L'ancien ministre espagnol des Affaires
étrangères, M. Perez Caballero proteste dans
l'A. B. C. de Madrid, 4/7, contre les opinions
exprimées par l' actuel ministre des Finances M.
Indalecio Prieto, lequel, dans un discours, pro-
noncé récemment à Bilbao, a demandé l'aban-
don du Maroc par l'Espagne et le désarme-
ment.
« Citoyens du monde avait déclaré M.
« Prieto, qui, on le sait, appartient au parti
« socialiste –, Français, Anglais, Italiens,
« Américains des' Etats-Unis, vous entretenez
d de puissantes escadres et de grandes armées
« pour conserver vos positions au-delà des
M mers. Vous faites ainsi peser sur la masse
« des contribuables des charges qui les écra-
« sent.
« L'Espagne, elle, ne veut pas dominer.
« L Espagne ne fait pas de rêves impérialistes.
« Vous nous avez mis assurément sur la côte
« nord de l'Afrique comme sentinelles, afin de
« surveiller le guêpier marocain et d'éviter
« d'être piqués vous-mêmes. Mais, nous ne vou-
« Ions pas de cette domination au Maroc.
« L' Espagne peut dire au Monde : « Société
« des Nations charge-toi, toi-même, du Pro-
« tectorat. Ce Protectorat nous a coûté des
« fleuves de sang, des milliers de morts et un
« appauvrissement du pays, que tu n as pas le
« droit d'aggraver en faisant d'une belle na-
u tion un cadavre pétrifié (sic). Laissez-nous
« consacrer ces millions à l' amélioration de no-
« tre culture et à mettre fin à la plaie hideuse
« de notre analphabétique. »
Il est à remarquer que ce discours du minis-
tre socialiste M. Prieto n a pas été reproduit
dans l'organe du parti socialiste espagnol, El
Socialista. Seul, dans toute la presse espagnole,
le Sol a donné le bref compte rendu que nous
venons de reproduire.
M. Perez Caballero. commentant ce dis-
cours, estime que rien n' obligeait le ministre
des Finances du gouvernement provisoire de
traiter des questions de politique internationale.
Si - ce l les-ci sont étrangères à son départe-
ment, elles peuvent par contre avoir des reper-
cussions sur le cours de la peseta, dont il a as-
sumé la défense et dont il doit préparer la sta-
bilisation. Ce n'est certainement pas en accu-
sant d'impérialisme, les gouvernements de la
France, l'Angleterre, l'Italie et les Etats-Unis
que ceux-ci seront disposés à se montrer favo-
rables à l'Espagne et l'aideront à soutenir le
cours de la peseta.
C'est une erreur profonde, a j oute M. Perez
Caballero, d'affirmer que l'Espagne occupe
contre son gré et sur l'injonction des autres
puissances la zone de son protectorat.
<( Il est manifestement erroné de prétendre
« que nous avons été forcés par les autres puis-
(( sances d'occuper le Maroc, que nous som-
« mes leurs émissaires et que nous sacrifions
« exclusivement à leur profit notre sang et no-
« tre argent. C'est complètement faux.
« Le Maroc est un impératif géographique,
« qui nous est imposé par le voisinage. Les
« Phéniciens, les Carthaginois, les Romains et
« les Arabes, tous les peuples qui ont dominé
« notre péninsule et qui ont constitué un Etat
« ou un gouvernement ont senti cette nécessité
« impérieuse et il s 'y sont soumis.
« Le Maroc est la prolongation de r E.spa-
« gne même.
« La mer étroite qui baigne nos côtes et
« celles d'Afrique, n'est pas un fossé ou un
« obstacl e qui nous sépare, mais un chemin
« qui nous unit, qui enlace deux pays qui se
« complètent. La petite zone espagnole que
« nous avons réussi, enfin et après de grands
« efforts, à nous faire reconnaître est foncière-
« ment espagnole par la langue, par les cou-
« tûmes et par les moeurs. Elle garantit notre
« nationalité et nous ouvre encore de part en
« part, commercialement et politiquement les
« portes de toute l'Afrique, passage aérien et
« terrestre, qui s'impose pour se rendre en
« Amérique espagnole.
« Songer à céder une place si laborieusement
« obtenue et qui nous a coûté tant de sang,
« maintenant que nous l'avons pacifiée et alors
« qu'il s'agit de recueillir le fruit de si coûteux
« sacrifices, serait confesser une impuissance,
« qui n'existe absolument pas, car jamais rEs-
« pagne n'a été aussi forte qu' actuellement.
« Ce serait diminuer notre personnalité interna-
(( tionale, alors que l'Espagne croît et prospère
« et qu'il y a lieu d'espérer que la République
« lui assurera de nouveaux succès. Ce serait un
« suicide du point de vue international et au-
(f cun gouvernement ne pourrait nous l'imposer
« sans avoir au préalable l'assentiment du
« pays, exprimé par son organisme souverain,
« le Parlement.
« Les déclarations du minstre des Finances,
« M. Prieto ne peuvent être considérées que
« comme la simpje expression d'un désir per-
« sonnel peu réfléchi, ou comme l'opinion mal
« définie d'un parti, laquelle ne réunit pas
« l'unanimité et n'a pas été l'objet d'une étu-
« de suffisante. De toutes façons étant donné
« l' autorité et la qualité de la personnalité qui
« a exprimé ces déclarations, il est nécessaire
« que l'opinion du pays se prononce contre
« elles et, avant qu'elles ne produisent de plus
« grands ravages, qu'elles soient désavouées,
« par celui qui, revêtu du plus grand prestige
« de sa qualité de ministre des Affaires étrangè-
« res a affirmé récemment à Genève que la
« République espagnole était fermement réso-
« lue à rester au Maroc.
« Sur des conceptions et des décisions aussi
« fondamentales, il ne peut y avoir d'équivo-
»( ques et l'on ne peut changer à l'improviste
« d' op i n i on.
« d'opinion. La gravité des questions interna-
<1 tionales l'exige. »
XXX.
Un nouvel incendie
à l'Exposition Coloniale
-
850.000 francs de dégâts
l'our la deuxième fois un incendie dont
les conséquences auraient pu être terribles
vient donner toute sa signification au danger
que les Annal es Coloniales signalaient, alors
même que l'Exposition n'était pas ouverte,
alors même qu'aucune menace extrémiste ne
pesait sur les Indes Néerlandaises et sur
le pavillon d'Angkor.
Les événements, hélas n'ont pas tardé à
nous donner raison et nous devons déplorer
aujourd'hui un nouvel incendie.
Dans h', nuit de mercredi à jeudi, alors
que les derniers visiteurs passaient les por-
tes, le feu .se déclarait brusquement dans les
baraques loraines de l'île de Reuilly. Aucun
surveillant n'était encore à son poste et ce
n'est que quelques minutes plus tard que l'on
s a perçut que les flammes consommaient un
restaurant, une soufflerie (le verre que ses
propriétaires venaient de quitter et deux ba-
raques de planches.
Aussitôt alertés, les pompiers de l'Expo-
sition mirent quatre lances en batterie. Mais
déjà les flammèches volaient çà et là et les
chaumes alentour s'embrasaient. Un fois de
plus, 1 effort des sauveteurs devait se borner
à circonscrire le sinistre.
Ce ne fut qu'après une longue lutte que ce
danger fut écarté. Sept maisonnettes ren-
fermant une bijouterie, des bars, des restau-
rants, des étalages de bimbeloterie, et deux
établ issements qui avaient été ks premiers
atteints étaient entièrement détruits.
Certes ils ne comptaient point parmi les
plus luxueux de l'Exposition, mais il v avait
cependant pour 150.000 francs de construc-
tions, pour 700.000 francs de stocks et l'in-
cendie lésait justement une catégorie d'arti-
sans et de commerçants aux ressources mo-
destes.
M. Leriche. commissaire de police a Oll-
vert l'enquête traditionnelle. Aucun résultat
n'a encore été enregistré.
Quoi qu'il en soit, le danger persiste plus
que jamais.
Hier soir encore, vers 10 h. 1,2, les visi-
teurs s'arrêtaient à proximité des portes ou
s'y dirigeaient fébrilement : la corne des
pompiers se faisait entendre avec violence,
et leurs deux voitures sortaient rapidement de
leur stand, empruntant la grande allée de
ceinture du lac. Il est vrai que 20 minutes
après, elles revenaient. Mais où étaient-elles
allées ?
Avant-hier la Hollande, hier les baraques
foraines. Sera-ce demain le tour du Congo
belge, du Cameroun, d'Angkor. de tous ces
temples aux toits de chaumes si propices au
fléau ?
Qui sera demain la vict ime du feu?
la tournée du Rhum
Aujourd'hui a eu lieu à midi 1/4 au Mu-
sée permanent des Colonies le déjeuner or-
ganisé par le Comité de la Journée du Rhum
sous les auspices de V Uni on Colonial e et
sous la présidence de M. Paul Reynaud,
ministre des Colonies.
L'après-midi une réunion a eu lieu au
cours de laquelle les mérites et les qualités
du rhum ont éu- judi'ieuscnmit exposés.
Parmi les orateurs, citons M. Ulnise Cen-
drars qui a été particulièrement appnVié.
Au Conseil d'État
Au Tonkin Entreprise de transports en
commun. Retrait du permis de
conduire
Le 3 août kj-5i le résident supéiieur du
Tonkin prenait une décision, retirant, pour
une durée de quatre jours, Ú M. Piovano,
ent 1 epreneur de transports en eu ni m un à
Phulang--Thuong, l'autorisation de circuler
qui lui avait été donnée pour une voiture
automobile.
M. Piovano, s'adressant au Conseil du
Contentieux d'Hanoï, avait demandé à cette
juridiction l'annulation de la décision du ré-
sident.
D'autre part, M. Piovano demandait que
lui soit accordée une indemnité de 3,)0 pias-
tres pour le dommage que ce retrait lui avait
causé.
Le Conseil du Contentieux d'Hanoï ayant
rejeté la requête de ('t't entrepreneur, celui-
ci avait introduit un pourvoi au Conseil
d'Ktat à l'effet d'obtenir l'annulation de l'ar-
rêté du Conseil administratif du Contentieux
d'Hanoï précité.
Dans son pourvoi, M. Piovano soutenait
que la décision prise à son égard était enta-
chée d'illégalité en effet, disait-il, le dé-
cret du 6 mars 1877, fixant les modalités
d'application aux colonies de l'article 471 du
Code Pénal, a décidé que les règlements des
autorités coloniales ne pourraient être sanc-
tionnés que par les peines prévues audit ar-
ticle.
.Ie Résident du Tonkin ne pouvait légale-
ment ajouter une peine à celles prévues par
les textes précités.
.d'autre part, la circulation des automobi-
les a été réglementée en Indochine, faisait
remarquer M. Piovano par un arrêté du
gouverneur général en date du 20 septembre
1913, qui détermine limitativement les pou-
voirs des maires, < h» fs tt
d'administration locale.
En modifiant les dispositions de cet arrêté,
le résident supérieur a méconnu l'étendue de
ses pouvoirs.
Appelé à juger cette affaire, le Conseil
d'Ktat a rejeté la requête de M. Piovano, at-
tendu que le retrait .l'autorisation de
de l'art, i de l'arrêté du 0 mai 10-5.
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
p
ÉCHOS
Toujours volé.
9 juillet 1931.
Monsieur le Viree/nu,
Les Annales Coloniales qui depuis l'ouver-
ture de l'Exposition se font les défenseurs
du « cochon de pavant D., voudront bien
j'espère, accepter ma réclamation :
De passage à Paris liia soir, je suis allé
avec des amis voir les JCux t't lumières de
l'Exposition. Voulant etre agréable à mes
hôtes j'ai payé l'entrée de ICI voiture, soit
50 francs. A'ous passons Ici porte du Portu-
gal, et après quelques II/dus, au premier
carrefour, un barrage d'agents nous interdit
le passage de l alUe vers laquelle nous nous
dirigions. L'exposition est un lieu public
et je fus très surpris qu'il y eût des allies
réservées.
Je demandai donc ci l agent qu'il acceptât
ma réclamation et m'indiquât à qui je pou
vais demander le remboursement de mes 50
francs puisque je ne pouvais visiter VExpo-
sition comme je le voulais. Xous prNàiulls,
mes amis et moi, quitter ce lieu de favoritis-
me et de favorises; ces messieurs commissai-
res généraux, secrétaires et autres. n'ont
vraiment pas le sens de la probité eu affaires.
.1 ma plainte faite IlIi portillon d'entrée,
on a repondu .* « il 1 a réception, monsieur.
"Cf soir. comme lous les soirs du reste, à l'Fx-
position. et les abords des palais où on reçoit
sont réservés aux invités et j'ajoutai qui
eux ne payent ni entrée, ni passage. FIIIIII,
me dit le gardien, sortez si vous le voulez
mais on on peut vous rembourser D.
Je lie sais si poursuivant cette affaire en
justia. qui l'emporterait ! il a bien, si Je ne
m'abusr, erreur sur Ici qualité de la marchan-
dise liirée?
Veuillez croire, Monsieur le JJiuclmr. (i
ma considération distinguée.
H. J.
Premier Bilan
7 millions et demi de visiteurs
à l'Exposition Coloniale
en deux mois
1
Le Dangcau (h; t'bU'positivn Coloniale, notre
excellent confrère, le Mari/uis th: iivhiirl, /ni-
blio dans nntrau.siyeant d'hier les renneii/ne-
ments édifiants stùeuuls sur les résultats de
I'i:.ri>usdiun luityrellement il est enthuusiuste des
résultats, mais iluns la crHi
'/u'il distninii'. a ri-.i-iiv.sition, il célèbre ses
amis et vuldii• les t>vnx oa>'riers de. l'K.ri'ust-
Hem : MM. Marrel idivter, di-iéuné jiénèral du
1 Sou reniement, Moiain et o-ltir tlerti, com-
missaires iieuéruii.v adjoints, cl Ion* les ani-
malears du palais des i vUmies; MM. (,'érard,
\a''ieel, t!collro>i Sninl-lldaa'c, (Icrnud, (iuesdct
Pelletier, Mirahet, llonamy, etc.
Xous n'aurons tjarde. de les oublier.
.\ou.-> Minimes en mesure «te publier quelques
chiffres sur les deux premitTs mois d'exploita-
tion de rKxpusilion, qui vont montrer quel en
.est, en réalité, l'immense et indiscutable .surets.
A lill juin, lî':xpusitillll d>- i IK vu nés n\utt
reçu lu visil" de 7. â S U ,
r'-<;))tu \i-.it.'m's. Litn'ct'ttL-
ainsi obtenue, inaigre les innombrables cartes
données, atteignait francs.
f.a journée ia plus forte, au point de vue- de->
enlives, fui celle du ':? t mai, qui a eu le concours
il faut 1 avouer, des Journées Nationales d'Avia-
tion.et qui \il entrer à lT.xposilion -J lti. |-,".) spec-
laklll's.
I.a journée la plus faible fut une journée plu-
vieuse; celle du 11 mai, ou il v eut moins de
oo.tmo visiteurs.
I.e Jardin Zoolo<,
plus intéressante, lie devait pas être payant,
M. i.liiappe. préfet de police, accompagne de M.
t ;lIil'ilal'd. directeur t)'- lu police municipale,
vint au début de 1 Kxposition se rendre compte'
des mesures de police prises »-t, avant vu la
l'ouïe qui avait envahi les allées Très étroite^
du Jardin /.onlogique, il reconnut qu'il y avait
là un danger.
I.e directeur du Jardin Zoologique, noire
confrère M. Henri Thetard, lui, immédiatement
prévenu que la direction de la police parisienne
ne pouvait autoriser des foules aus>i compactes
a se promener dans le Jardin Zoologique sans
danger.
tilt
av ise.
M. Homo, directeur du Cabinet du maréchal,
Irouva, avec M. Mourgeois. directeur général de
\'Ex"oitinll. le y"lj'lIlt' a appliquer faire
payer un droit d'i nlree. i .e droit d'entrée lut
mis en vigueur immédiatement après que le
Zoo eût ele mieux prépare u recevoir des mil-
liers de visiteurs. Apres deux mois de ce sys-
tème, on penl annoncer que le Zoo a reçu, pen-
dant les mois de mai et juin, l.:Mi.»>7
francs,
Le Parc à automobiles
Au début de l'Kxposition, l'archilecle M. M-
bert l'ournaire, membre de l'Institut, qui diri-
gea les travaux de Vincennes. voulut voir un
très grand garage pour les automobiles. Tout
1" lint bon.
On installa l'immense garage, que tout le mondé
a vu entre la porte de lïeuillv et. la porte de
Charenlon.
t >r, en deux mois, ce garage, malgré les
innombrables voilures qu'il reçoit, gratuitement
par siiile de cartes distribuées assez largement,
a trouve moyen de faire une recette de
francs.
oil présent. |.«
coût de | inslallal'oii de ce garage e>l pavé d
que. a partir du l"r juillet et jusque tin octobre,
les recel les Voilt être (les bellelices.
Les prévisions dépassées
h'aillenrs. toutes les prévisions tic budgets
établies sont dépassées par II recette d>s en-
trées à ri'xposiiion. additionnées avec les en-
trées du Zoo et (les garages.
r'.n effet, pour les deux premiers mois, on
avait ptvvu trois millions cinq cent mille francs.
('.e ehilfre est presque doublé, (''est là un résul-
tat Illli s'apprécie de lui ni« ine et nous ne
comptons pas dans ia recelte (pie nous indi-
quons aujourd'hui ni les abonnements, ni les
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