Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-06-29
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 29 juin 1931 29 juin 1931
Description : 1931/06/29 (A32,N97). 1931/06/29 (A32,N97).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380367b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. N9 97, LB NUMERO ! M CENTIMES LUNDI SOIR, 29 JUIN 1931.
JWRHAL JUOTIOIEN
Réfaction & Admisilstratioiq :
M.
PARIS €1*0
TftLÉMI.1 bOUVM 19-97
- RIÉHIUIIU 97-94
Les Annales Coloniales
Les ennonctre et rdelarqui. sont reçue» ut
, bureau du Journal.
Directeur.Fondateur « Marcel RUEDBL
Tous les articles publiés dans notre iournal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les ANNALES COLONIALES.
ABONNEMENTS
avec la Revue mensuelle:
Un ai 8 Koi. 8 Koi.
France et
Colonl" 180 » 100 > 60 »
ttruger.. 2401 126 » 70 »
On s'abonne sans frais dana
tous les bureaux de poste.
0
Une inauguration secrète
.–» .,..
Le dernier jour d'avril, s'est accompli,
dans un silence étrange, un événement pour-
tant gros de conséquences, au moins pour
l'Algérie et la Tunisié, c'est-à-dire pour
l'Afrique française du Nord : c'est la mise
en service de la ligne ferrée de Kalaâ-Djerda
à Tebessa, qui met en relations la Tunisie
centrale avec le centre et le sud-algérien.
Pour des faits de bien moindre impor-
tance, on a souvent organisé des. fêtes solen-
nelles, des inaugurations à grand tapage.
Il eût été facile de faire ouvrir le mouve-
ment de cette ligne par Je Président de la
République lors de son récent voyage en
Tunisie. On a préféré le mystère et l'ombrè.
Il n'y a pas eu de discours ; il n'y a même
pas eu de sourires.
C'est que, dit-on, les. dirigeants, surtout
du côté algérien, ont toujours employé leur
influence à empêcher ou tout au moins à re-
tarder cette liaison nouvelle entre les deux
pays. On se souvient encore de l'époque où,
des deux côtés d'ailleurs de la frontière, on
arrêtait le tracé des routes à trois ou quatre
kilomètres de la limite commune, de façon
à éviter le raccordement. Il a fallu de lon-
gues protestations des populations intéres-
sées pour mettre fin à ce particularisme ou-
trancter.
Ce sont les chefs militaires ce n est
point un mystère qui ont obtenu, qui ont
exigé la jonction des deux réseaux pour pou-
voir effectuer d'Algérie en Tunisie ou vice
versa les transports de troupes que les cir-
constances pourraient commander et auxquels
ne pouvait suffire l'unique - ligne Tunis-
Alger.
S'il n'avait dépendu que des services riviU
algériens, on aurait attendu plusieurs ai mers
encore cette traversée par le rail de la fron-
tière.
Ce sentiment s'explique sans se justifier,
par te fait que toute la région sud du dépar-
tement de Constantine va entretenir des re-
lations suivies avec la Tunisie, vers laquelle
se détournera une bonne part du trafic du
cette région.
Dès le premier jour où les trains ont été
mis en circulation malgré l'absence de toute
pdbltcité,. un mouvement assez intense de
voyageurs s'est affermi et déjà l'usine tuni-
sienne d'El-Afrane -reçoit, chaque jour, plu-
sieurs. wagons de phosphates provenant du
Kouif algérien.
Ce sont les ingénieurs de la Direction gé-
nérale des Travaux publics de Tunisie qui
ont procédé aux études sur le terrain et à
l'établissement des projets du tronçon tout
entier.
- La longueur totale est de 36 km. 601,39,
dont 26 km. 626,03 en Tunisie et 9 km.
975,36 eh Algérie.
Le tracé part de la gare de Kalaa-Djerda,
en Tunisie, suit la vallée de l'Oued Haïdra
et franchit ce cours d'eau près de la fron-
tière, par un tablier métallique de 30 mètres.
La voie ferrée traverse, en territoire tuni-
sien, les magnifiques ruines de Haïdra, que
leur éloignement de toute voie d'accès lais-
sait jusqu'ici en dehors du mouvement tou-
ristique. Ensuite, en Al'gérie, elle longe le
flanc nord du Draa :8r Rhilane et parvient
à la gare de Rhilane, où elle rejoint le che-
min de fer qui relie les mines du Kouif à
Tebessa et à la ligne de Souk-Ahras.
C'est à Rhilane que fonctionne le service
des douanes ,tandis que, poutl la grande
ligne du Nord Tunis-Alger, il est établi à
Ghardimaou, station tunisienntt.
Il faut souhaiter, du reste, que disparaisse
bientôt cette épreuve pour les voyageurs, par
l'unification douanière de l'Algérie et de
la Tunisie.
C'est la Compagnie des Chemins t de fer
tunisiens qui assure l'exploitation de la
ligne jusqu'à Rhilane.
La durée du trajet entre Kalaa-Djerda et
Rhilane est d'environ deux heures.
Il est intéressant de noter que si le par-
coûrs tunisien a été réalisé par les moyens
ordinaires, sous la direction des ingénieurs
du Service des Travaux publics, l'a partie
algérienne a été construite par la main-
d'œuvre militaire provenant de l'arme du
Génie et des Compagnies de pionniers de la
Légion étrangère.
C'est certainement à cette intervention des
autorités militaires que l'on doit l'achève-
ment des travaux, après lequel ill a bien
fallu organiser le service des trains.
Pourtant, il suffit de jeter* les yeux sur
une carte des régions frontières algéro-tuni-
siennes pour se rendre compte du haut in-,
térêt que présente cette jonction pour un
vaste territoire aussi bien dans un pays que
dans l'autre. Ce même regard fera compren-
dre en même ternes combien légitime est la
suggestion de ceux qui réclament le prolon-
gement de la ligne de Spuk-Ahras à Tebessa
jusqu'à Feriana, où elle rejoindrait je ré-
seau tunisien du Sud. Mais ce tracé exige
encore un passage à travers la frontière et il
semble vraiment que pour certains esprits
cette opération si naturelle comporte une
sorte de sacrilège.
Ce n'est pourtant que par ce moyen que
l'on' pourra mettre en Valeur une étendue
considérable du département de Constantine,
beaucoup trop éloignée des ports du littoral
algérien, Bône ou Philippeville, pour parti-
ciper à leur trafic, tandis que ces régions
pourraient entretenir des relations avanta-
geuses avec les ports tunisiens de Sfax ou
de Gabès.
L'intransigeance algérienne préférera-
t-elle voir ces territoires rester stériles et
misérables que consentir à leur permettre
de prospérer par une liaison économique
avec la Tunisie?
C'est llà un problème de demain. Celui
qui vient d'être résolu hier par la ligne
Kalaâ-Djerda-Tébessa permet d'espérer que
celui-ci connaîtra aussi une solution favo-
rable.
Souhaitons toutefois que l'inauguration
du tronçon Tebessa-Feriana soit moins se-
crète que ne l'a été celle de la ligne des
centres qui méritait d'être plus ouvertement
célébrée.
Ch. Debierre,
Sénateur du Nord,
Membre de la Commission
Sénatoriale des Affaires EtrangêreR.
La culture du dattier
en Mauritanie
r..
Au point de vue agricole, la Mauritanie
comme on le sait, ne présente guère de res-
sources appréciables. Certaines cultures,
comme le mil, et aussi parfois le maïs, se
pratiquent le long du Sénégal. Mais elles
n'ont d'intérêt que sous le rapport de l'ali-
mentation indigène.
Par contre la gomme est un produit ri-
che. Mais elfe ne peut être cataloguée pro-
duit de culture que si l'on admet que les
peuplements naturels de gommiers doivent
, t" !Ugm,
êtrc augmentés par le travail de l'homme.
Mais une culture semble pour la Maurita-
nie pouvoir être encouragée, celle des dat-
- tiers.
Les régiuns de peuplements sont les sui-
vantes :
Résidence du Tidjikja : Tidjikja, 23.522
palmiers, 141 mâles; Aclumbit, 135 femelles,
1 mtdc; Monachid, 564 femelles, 5 mâles;
Rachid, 1/4 des palmeraies de la Résidence;
Guendel, 14 mâles, 457 femelles; Palaza, 522
nuilesj 1,080 femelles.
Résidence du Moudjcriu : El Maousbima,
5-501 palmiers dont 1.333 en rapport.
5.5R0e5 sidence de Tichitt ; Skeijit, 20.245 pal-
miers, 13.940 en rapport.
Les palmeraies se trouvent en bordure des
oueds. L'origine des pousses ou graines est
inconnue pour la plupart des palmeraies.
Les palmiers dattiers s'obtiennent soit de se-
mis de graines, soit de bouturages de rejets.
Il y a une cinquantaine de variétés de dattes.
A cinq ans @ les premiers fruits apparais-
sent; et si l'arbre reste sain, sa longévité
peut atteindre 150 ans.
Le rendement moyen d'un arbre eh plein
rapport est de 70 à 80 kilos de dattes; cer-
tains donnent parfois jusqu'à 150 kilos.
La production totale se monte à 2.600 ton-
nes pour Tidjikja et à 500 tonnes pour Ti.
cliitt.
Les indigènes viennent de très loin pour
s'approvisionner de dattes et une grosse
quantité est échangée contre du mil ; la
moitié de la production est consommée par
la population du cercle.
,Les palmiers du Tagant représentent une
grande richesse qu'il serait bon d'accroître le
plus possible.
La création et l'extension des palmeraies
sont possibles notamment dans les vallées de
l'Achram, de M'Takecli et de la Tamourt
en Nage. La palmeraie de Tidjikja pourrait
rejoindre celle de Racliid, ce qui donnerait
un riche couloir de 45 kms de long.
Dans la mise en valeur des vallées du cer-
cc, un gros point à étudier est celui des bar-
rages. Par des barrages appropriés on pour-
rait retenir l'eau nécessaire à l'irrigation des
palmeraies pendant une grande partie de la
saison sèche- Les barrages permettraient
aussi de faire couler l'eau dans les affluents
des Oueds et de dessaler ainsi progressive-
ment les terrains.
Le Gouverneur Général Cayla
en tournée
1.1
Au cours de dernière tournée dans les ré-
gions de Majunga et de Diégo-Suarez, le Gou-
verneur général Cayla a pu faire un certain
nombre de constatations qui sont de très bon au-
gure pour revenir de Madagascar.
En ce qui concerne les deux grands ports du
Nord et du Nord-Ouest de la grande île, les
études qui se poursuivent depuis plusieurs mois
permettent dès maintenant c{'affirmer que la cons-
truction d'ouvrages pour l'accostage des navirett
à grand tirant d eau ne présentera aucune diffi-
culté sérieuse et n'entraînera pas de dépenses
supérieures à celles qui figurent dans la repav.
tition des fonds d'emprunt. Les projets défini-
tifs pourront être terminés avant la fin de l'an-
née et les travaux entrepris dès 1932.
D autre part, l'achèvement des roules-pistes,
appelées à relier Diégo-Suarez à Majunga, va
être très activement poussé. L'accord sur le
tracé définitif à adopter a été réalisé entre 'es
deux chefs de région et les travaux seront, &
moins de circonstances tout & tait imprévues,
terminés dès la fin de la saison sèche de 1932.
Diégo, qui s'est toujours plaint avec raison de
demeurer isolé à l'extrémité Nord de la grande
île, verra ainsi se réaliser un de ses plus chers
désirs. -
Le Gouverneur général a eu enfin la vive sa-
tisfaction d'enregistrer les résultats remarqua-
bles que, magré les difficultés de la crise éco-
nomique, la colonisation française a obtenu avec
le concours de la population indigène dans les
riches plaines de la iMahajamba, au Sambirano
et de la Mahavavy. L'opiniâtreté de nos Os-
Ions et la confiance des indigènes ont trouvé leur
première récompense dans les mesures qui vien.
nent d'être adoptées pour la protection des pro-
duits coloniaux. Ces mesures marquent le point
de départ d'un redressement qui s'accentuera
d'autant plus rapidement que dans plusieurs
provinces les récoltes promettent d'être très
belles. Au surplus, la tranquilité qui règne par-
tout est on facteur de plus, indispensable d ail-
len, de la reptise économique.
i
La catastrophe de l'Exposition Coloniale
) <
e. palais de la JloZ-
lande à V Exposi-
tion coloniale n'est
plus : on lira p(ui
loin Les détails de
cette lamentable ca-
tastrophe qui a tér".
duil en cendres cet-
te admirable re-
production du tem-
flie de Bali, avec
les inestimablea
trésors que nos amis y avaient accumulés
pour rehausser d'un éclat sans pareil leur
collaboration à la grande manifestation tiç
Vincennes : le palais lui-même est évalué à
6 millions de francs, mais c'est à près de
cent millions que l'on chiffre les perles cau-
sées par la destruction des trésors, diamattts,
peintures de maîtres, livres anciens, bois
SCtiltés, collections uniques du musée ethno-
graphique de Leyde, etc., clc. On comprend
que la princesse héritière Juliana, en visitant
hier, dimanche, à midi, le brasier qui s'étei-
gnait sous Vamoncellement des cendres, n'ait
pu retenir ses larmes. Les courtoises condo-
léances envoyées par le ministre des Affaires
étrangères, par le ministre des Colonies, et
par l animateur de l'Exposition coloniale, le
maréchal Lyautey, à la reine Wilhelmine et
au gouvernement hollandais, n'atténueront
pas plus les regrets des coloniaux hollandais
et français que -- la -- certitude du rembourse-
ment dé ses collections grâce à l'heureuse
et hardie initiative du commissariat général
de l'Exposition, qui a monopolisé les assu-
rances de tous les exposants contre l'incendie
et les a rendues obligatoires ne consolera
M. Moojen, Varchitecte et inspirateur dit pa-
lais des btdes néerlandaises. C'est pour lui
25 ans de travaux et d'efforts anéantis. Nous
compatissons très sincèrement à son immense
chagrin.
Il me serait facile de rappeler tout ce que
j'ai dit, dans les Annales Coloniales, depuis
deux mois, et de dire que nous avons joue les
Cassandre. Déjà, il y a trois semaines, lors-
qu'à n heures du soir. lors d'une très belle
cérémonie donnée au palais de l'Italie, j'ai
entendu les trompettes des pompiers, je n'ai
pu m*empêcher de craindre que le désastre
était pour .CC dimanche soir. Citait l'an-
goisse unanime.
A quoi sert de récriminer.
le laisserai à d'autres le soin d'épiloguc,.
et de dire que pendant que le maréchal
Lyautey se reposait en Lorraine d'une tâche
écrasante pour ses 78 ans, ceux qui avaient
sa confiance auraient dû organiser sérieuse-
ment les services d'incendie dans l'Exposi-
lion. Ce n'est ni à M. Morain, ni à M. l/leu-
roti ni à M. Chérioux, ni à M. Victor Berti,
ni même à M. Marcel Olivier, que ces esprits
inquiets et justiciers peuvent, doivent ou veu-
lent s'en prendre.
Je laisserai à d'autres le soin de recher-
cher les responsabilités, puisque très coura-
geusement, les dirigeants reconnaissent que
Veffroyable sinistre n'est pas dû à la mal-
veillance, qui serait comme la fatalité chère
à feu Flaminius Raiberti, ministre dç la Ma-
rine, et contre laquelle tout secours est tin-
possible. Non, disent-ils : imptritie air im-
prévoyance.
Je-laisserai à d'autres le soin de demander
des sanctions contre les gens qut, ayant capté
la confiance du maréchal Lyautey, ont crte,
de bonne foi, que leur rôle, en retour des
gras émoluments à eux octroyés; consistait
simplement à arborer un tube ci une jaquette
pour assister à des inaugurations en série, à
se goberger sur les deniers de V Exposition le
midi et le soir, en bonne société, à Bagdad
ou au restaurant de l'Indochine ; de préfé-
rence encore à Armenonville (comme ils
étaient quarante à lè faire samedi soir), au
Café de Paris, Chez Larue ou chez Lcdoycn,
à moins qu'ils ne s'amusent à circuler en voi-
ture en joyeuse compagnie à travers l'Expo-
sition aux heures oil elle est fermée pour
vous et moi.
>- Leçon cruelle, mais qui aurait pu être hor-
rifiante. Hier, au Grand Prix, à Longe ha mp,
c'était avec effroi que tout le monde com-
mentait cette catastrophe, et cette phrase élait
sur toutes les lèvres :
Heureusement que la catastrophe a eu
Ufiu à une heure où il n'y avait aucun visi-
rieur Mais, juge" si ce malheur était sur-
venu un dimanche, à 5 heures du soir, au mi-
lieu d'un bois desséché par le soleil, et dans
une Exposition encombrée de 200.000 visi-
teurs.
Quelle fournaise 1
, Quand on pense que la Case de l'Oncle
Tom, à 300 mètres dit palais hollandais, a
bfûlè à cause de flammèches envolées du
foyer d'incendie, qui ont commencé par em-
brasée les décorations de chaume de ce co-
quet* établissement. Et quand on se souvient
que tes servièes techniques ont exigé des toits
de chaume à la plupart,des pavillons édi-
Hhjbar lis exposants (j'en sais quelque chose
ftpnL/g papillon rf^- Annala» ,CaldtiiaIe5}),
afin de leur donner une couleur coloniale.
et est à frémir pour demain.
Marcel Ruedel.
Le crédit agricole colonial
La Chambre des députés a vote aujour-
d'hui lundi matin, à la demande de M. Paul
Reynaud, ministre des Colonies, un projet de
loi autorisant la Caisse Nationale de Crédit
agricole à consentir des avances pouvant atr
teindre jusqu'à iqo millions, aux institutions
de Crédit Mutuel Agricole de nos colonies.
«««.
On congrès de langue arabe
se tlendra-t-ll à Tunis?
On 'sa i t que le Pàrletnent a voté un
On sait que le Parlement français a voté un
crédit de dix millions de francs en faveur de la
Tunisie, à l'occasion du cinquantenaire du Pro-
tectorat. Sur cette somme, 9 millions iront à
l'agrandissement des hôpitaux indigènes de Sa-
diki et de la Rabta, et le reste, soit un million
servira, pour une part, à l'organisation d'un
congrès de langue arabe, à Tunis.
Si l'intérêt témoigné aux œuvre d'assistance
a produit une excellente impression, par con-
tre la tenue d'un congrès de langue arabe n'a
recueilli aucun échlb favorable dans ta Ré-
gence. On ne voit pas très bien, en effet, l'uti-
lité de cette manifestation, qui ne correspond à
rien d'opportun, dans la réalité. Les dialectes
parlés dans l'Afrique du Nord, sont en cer-
taines contrées, totalement étrangers à la lan-
gue du Coran ; en d'autres contrées, ils sont
bien dérivés de l'arabe régulier, mais celui-ci
a cessé d'être pour eux une somme de dévelop-
pement et d'enrichissement. En dehors de son
utilisation dans les actes officiels, l'arabe offi-
ciel ne fait preuve d'aucune vitalité littéraire
en Afrique du Nord. Dans le domaine scienti-
fique, il n'intéresse que les rares spécialistes
qui en occupent les sommets.
Nous savons qu'une réunion eut lieu derniè-
rement, au Quai d'Orsay pour fixer l'organi-
sation du futur congrès. Cette réunion fut assez
agitée et plusieurs personnalités très informées
combattirent vivement l'idée du congrès en rai-
son de ses conséquences éventuelles au point de
vue politique et religieux. Finaiement, pour dé-
férer à la volonté du Parlement, on convint que
le congrès tiendrait ses assises, mais dans le ca-
dre d'un ordre du jour bien délimité.
(c Nous viendrons faire une promenade à Tu-
nis », nous a confié un futur congressiste.
Arthur Pettegrin,
Délégué au Grand Conseil de la Tunisie.
Aa Conseil d'itat
Agronomie coloniale
Cette haute juridiction à adopté un projet
de décret portant création et organisation de
trois chaires magistrales à l'Institut national
d'agronomie coloniale.
LTXPOSmON COLONIALE
Intenationale de Paris
.♦»
ÉCHOS
Deux poids èt deux mesures !
Pourquoi un pauvre bicycliste qui travaille
quotidiennement dans VExposition est en
butte au courroux d'un certain agent qui
voit rouge dès qu'il aperçoit Vhomme et sa
machine ? Quelle réponse peut-on donner à
cette attitude que rien ne justifie, alors que
les camions de tout calibre circulent à tra-
vers le bois. Il est pourtant bien spécifié que
les véhicules peuvent entrer avant dix heures
du matin sans qu'il soit permis de faire la
moindre objection 1
Lé zèle est excellent quand il s'attaque
aux choses raisonnables I
L'excès en tout, par contre, est. haïssable.
Les malheurs d'un tableau.
Dernièrement, il est advenu une singulière
aventure à un de nos excellents amis, peintre
de grand talent. Il est entré dans l'Exposi-
tion avec une toile chose tout naturelle.
Mais, lorsqu'il a voulu quitter le bois de
Vincennes, il s'est heurté à une consigne for-
melle. Un objet rentre dans le sanctuaire,
mais n'a plus le droit d'en sortir. Explica-
tions. Rien ne fléchit la consigne immuable.
Au cours de ces palabres, un monsieur de-
mande l'adresse d'un président de classe
pour exposer une toile. Il .lui est répondu
gravement que le maître de ces destinées de-
meure à la Guadeloupe.
Enfin, l'obstacle est franchi. Uit brave
gardien prend la toile incriminée sous son
b,as. et notre ami put rentrer en toute quié-
tude chez lui. L'administration est Vaincue.
Ce n'est certes pas de sa faute.
Ifiponnet.
LIRE EN SECONDE PAGE :
La Bataille des questions écriles.
Et toujours les incendies.
Les échos des autres.
Répertoire de l'Officiel.
Le consul de France
de Batavia en Indochine
Le consul de Francc, M. Anfossu a quitté
ce matin Batavia par courrier aérien pour
Soerabaja. Il a été salué à son départ, par
les autorités, de nombreux amis et la co-
lonie française. Il se Tend, à Paris via In-
dochine*.
Indopacifi.
., Carnet de route
SYMPHONIE EXOTIQUE
par Alfred CHAUMEL.
.0180
LA GUADELOUPE
Impressions d'arrivée
C'est régulièrement entre deux et trois heu-
ces du matin que les grands paquebots transat-
lantiques, venant du Sud, mouillent en rade de
Basse-Terre, chef-lieu de la Guadeloupe. Pour
débarquer les bagages et les passagers, (bien
peu de différence les sépare) aucune vedette,
mais de simples canots à rames. Il y a cinq ans
nous étions arrivés par une pluie battante et je
me souviens que par suite d'une panne d'élec-
tricité Basse- T erre était plongé dans l' obscu-
rité la plus complète. Cette fois par bonheur la
nuit est splendide, et sans le. désagrément de
voir ses malles trempées, nous accostons facile-
ment et pouvons mettre nos bagages dans une
petite case « Poste de Douanes )J. Aloirs nous
errons dans ces rues aux gros pavés à la re-
cherche de l'hôtel où nous avons retenu par
câblograme nos chambres. mais la ville est
endormie, on ne rencontre pas un chat ou plu-
tôt que des chats qui se battent en poussant
des cris stridents. Grâce à l'obligeance d'un
ami du pays descendu aivec nous, nous attei-
gnons une petite maison vieillote très « globe
de pendule » aux volets formés, maison qui,
après des coups répétés frappés aux portes de
bois, s' ouvrira pour donner accès à l'escalier
sombre menant à des chambres piteuses. on
ignore la salle de douche ; en 1931, les pre-
mières commodités n'existent même pas 1 et
dans la rue se balance une enseigne a Hôtel
Moderne », c'est 11\' affirme-t-on ce qu'il y a
de mieux à Basse-Terre. Surpris par ce premier
contact, fatigué par la nuit blanche forcément
passée à bord vu l'heure d'arrivée, on s'endort
malgré le cafard qu'apporte ce ch angement
brqtque, njalgré les moustiques et les chants des
coqs qui ne cessent de se répondre de cour en
cour, en songeant aux lectures parcourues dans
les guides,. aux merveilles de l'île d' Eme-
raude.
- Au réveit, le premier geste instinctif du voya-
geur est de jeter un coup d'oeit sur le pays : on
ouvre la fenêtre et on découvre de tous côtés
des toits en tôle, accents circonHexes peints en
griS qui donnent à Basse-Terre * cette ambiance
triste qui plane sur cette vieille ville aux rues
étroites, aux pavés botirsouiiés comme du car-
cc. qme du çar-
ton-pât* »t«l cAllé, tu* i*vt» é £ »àiju
est loin de l'idée coloniale, sans aucune mar-
que d'exotisme ; transporté dans un temps re-
culé ce chef-lieu est resté ce qu'if était il y a
déjà bien longtemps, une très vieille ville qui
n aurait pas connu de jeunesse. Demandez aux
indigènes * s'ils préfèrent la Pointe-à-Pitre à
Basse-T erre (otr, Pointe-à-Pitre profite - au
moins de son bord de mer et d'une - vision pleine
de charme sur sa ra de admirable) presque tous
vous répondront : u Nous aimons mieux Basse-
Terre. parce qu'on est tout près de Saint-
Claude », Saint-Claude est effectivement la
campagne installée sur lq hauteur c 'est-à-dire
« dans la fraîcheur » agglomération qui peut
être charmante pour celui qui possède sa pe-
tite maison et qui y vient y respirer son air
pur. mais, en attendant, ceux qui restent à
Basse-Terre souffrent de la chaleur et dans ses
rues ne trouvent pas l'ombre propice qui repo-
serait de la réverbération du soleil sur tous les
murs, sur toutes les façades plates et sur toutes
les tôles étincelantes.
La Guadeloupe « Pays de Tourisme » est-
elle actuellement préparée pour ce tourisme 7
Je répondrai franchement : « Non », pour trois
raisons : l'une due à la nature elle-même de
ses sites, la deuxième pour son organisation et
la troisième, parce que son tourisme n'est pos-
sible qu'avec beaucoup de temps et seulement
pour les habitants du pays.
Mais avant tout, précisons un point capital :
la Martinique et la Guadeloupe appelées dans
tous les guides classiques « sœurs jumelles »
sont absolument différentes l'une de l'autre,
et comme paysages, et comme état d'âme et
actuellement comme situation économique.
J'ajouterai comme billets de banque. Ce chan-
ge perpétuel, cette perte régulière dans nos co-
lonies est une grande difficulté dans un tour
du monde.
- Les comparer me semble impossible pour la
raison bien simple que la Martinique est une
île possédant une grande ville, que les crédits
alloués pour la mise en valeur portent sur un
seul point. Dira-t-on que la Guadeloupe est
en retard sur la Martinique si l'on songe que
la même somme dépensée pour un travail à Fort-
de-France (poste de T.S.F. par exemple ) - doit
être répartie pour la Guadeloupe entre Basse-
Terre, Pointe-à-Pitre, les Saintes, Marie-Ga-
lante, la Désirade, St-Barthélemy et St-Mar-
tin ? Evidemment, comparer Fort-de-France à
Basse-Terre est une erreur, c'est l'ensemble des
deux pays qu'il faut opposer et l'Administra-
tion d un grand archipel est plus difficile que
celle qui ne porte que sur un seul département.
Excursions et tourisme
La Guadeloupe proprement dite est elle-
même formée de deux îles, la Basse-Terre et
la Grande-Terre. Si, à la Grande-Terre, les
deux excursions classiques : la Porte de l'En-
fer et la Pointe des Châteaux apportent au
voyageur la certitude d'un beau panorama,
grandiose si la mer est mauvaise et si les va-
gues déferlantes viennent battre les roches dé-
chiquetées, ou d'une - - douceur délicieuse si la
mer calme fait miroiter sa palette aux pieds des
sombres forteresses, les sites remarquables de la
Basse-Terre n'apparaissent pendant de longs
mois qu'avec l'effet du hasard et nul ne peut
être certain de remontrer les descriptions nom-
breuses qui font' la beauté de Karukera. Une
des plus belles visions est sans aucun doute la
Soufrière : montagne imposante, pénible à gra-
vir, qu'importe puisque le sommet offre aux
visiteurs l'enchantement de son parterre de
mousse coloré comme un paravent chinois et de
son paysage lunaire tenant à la magie dans son
désordre féérique. Rochers prenant les formes
les plus curieuses : Dents du Sud, Portes de
l'Enfer, Pont-Chinois, la Grenouille, Cratère
Napoléon, d'où s'échappe comme d'une sou-
pape cette vapeur brûlante ; la Grande Faille
au pied de laquelle s'étal e le lac de Soufre,
cheminée laissant monter cette colonne de fu-
mée dans uh grondement impressionnant, enfin
ce plateau-qui forme le sommet, dominant de
1.484 mètres un paysage éblouissant où comme
une carte en relief surgissent les deux Gua-
de loupes : la montagne et la'jner de cannes à
sucre, les Saintes, archipel en pâte d' amandes
Mai i e- G a l ante
avec la montagne du Chameau, Marie-Galante
longue bande grise couchée sur la mer bleue,
la Désirade, ironie du sort, terre si désirée, qui
n'est plus qu' un immense cercueil servant à
l'agonie des lépreux. et, plus loin sur l'horizon
la Dominique et, plus loin encore, la Marti-
nique qui parent comme des joyayx cette robe
moirée de la mer des Antilles. Enfin, après
une descente à pic où parfois le vent violent qui
souffle sur le cône et le vertige qu'apporte cette
dégringolade sur les sombres vallées augmen-
tent la majesté du site incomparable, on par-
vient à « l'Echelle », impression volcàbiqu,
étourdissante et lugubre, de beaucoup la plus
émouvante de toute l'ascension. L Echelle,
lieu sinistre où la forêt brûlée s'étale à parte de
vue et que la Mort eut pu choisir comme ca-
verne. Nuages intenses de fumeroles, llavei
bouillante qui coule à ses pieds, l'Echelle est la
dominante, la grande menace de cette soufrière
unique au monde certes, mais si j'ai pu contem-
pler, il y a cinq ans ce volcan dans toute sa
beauté, à travers des éclaircies découvrant, ce
cône perpétuellement ennuagé, cette fois, au-
cune accalmie ne daigna se présenter et 13 heu-
res durant sous la pluie battante, avec un vent
glacial et de l' eau jusqu' aux chevilles, nous
avons vainement attendu l'occasion si rare de
contempler les merveilles cachées dans un épais
brouillard. Or combien de Guadeloupéens vous
diront : « Je suis monté six fois à la Soufrière.
une seule fois j'ai pu la trouver découverte,..
et pourtant 'étais parti par beau temps ». Cette
excursion vraiment passionnante et qui demande. -
aller sur un Plancher
att er coucher sur un plancher -
dans une maisonnette construite aux Bains jau-
nes et gravir à l'aube 600 mètres à pic de ro-
cher en rocher, cette ascension n' est qu'une
question de veine. avec moins de c hance de
la réussir, - et malheureusement il en est de
même pour tous les sites de la Basse- Terre.
Il est une attraction amusante, bien connue dans
l'île et qui n' existe que là, c'est la « Coulis-
se », Toboggan creusé dans le roc par les eaux,
où les baigneurs se laissent glisser jusqu' au
plongeon final dans un bassin naturel Là en«
core, on ne coulisse pas. parce que la rivière
n'a pas assez d'eau, on ne coulisse pas. parce
que la rivière s'est changée en torrent, il faut
arriver juste au bon moment. Certes il y a
des cascades délicieuses, des chutes fort belles
comme le Saut d' Eau. mais tout dépend de
l'état de la rivière, car le sentier qui vous mène
devient impraticable ou bien, au contraire, vous
conduit parfois à une cascad e inexistante. Ha-
sard, coup de chance, c' est du Tourisme qui
peut évidemment réussir, mais qui a neuf
chances sur dix d'être une fatigue inutile -
toutes ces promenades se font à pied pour
un passager qui ne dispose que de quelques
jours. Si l'on ne voit rien, quel souvenir empor-
te-t-on de la Guadeloupe et voici la première
raison que je signalais due uniquement à la Na-
ture, et qui doit canaliser dans un délai précis
l'époque certaine qui pourrait recevoir les visi-
teurs. Quant à l'organisation, j'ai sous les yeux
le Guide du Tourisme de la Martinique et de
la Guadeloupe de M. Charles Laisant et j'en
extraits ces quelques lignes : « Le Cariai de
Panama va s'ouvrir, nos îles sont merveilleuse-
ment placées sur la route de toutes les grandes
lignes de navigation, les Antillais feront-ils les
efforts nécessaires pour profiter de cette chance
inespérée, c'est à souhaiter, mais le premier de
leur devoir est d'apprendre à connaître leur
merveilleux pays pour y guider l'étranger, pour
le lui rendre hospitalier et confortable, pour y
assurer son séjour et pour en tirer un profit légi-
time. Il lui faudra pour cela construire quelques
hôtels modernes, assurer des communications,
organiser des services d'excursion ».
Ces lignes sont écrites en 1913, or en 1931,
l'Administration, dont le rôle est difficile, puis-
que le Gouverneur, isolé à Saint-Claude, n' a
pas le contact avec la population qui en facili-
terait sa tâche, a surtout depuis deux ans four-
ni un admirable effort rendu plus prodigieux
encore des suites du cyclone, en assurant la
T.S. F., les lignes télégraphiques, les voies de
communication qui avaient été bouleversées et
en construisant actuellement à la Désirade, qui
semblait oubliée, ce phacre qui éclairera cette
toute du monde, attirant comme des papillons
de nuit tous les navires vers nos îles, clefs de
la Méditerranée américaine, qu'ont fait les
habitants pour accueillir le voyageur ? Hôtel,
service de tourisme. situation immuable, in-
changée depuis 1913.
Enfin, troisième raison, ce tourisme est ré -
servé aux Guadeloupéens parce qu'il faut être
familier avec tous les sentiers, tous les chemins
et se rendre au but avec un ami qui vous mon-
tre la route. Le passager qui débarque ne
connaît personne, et ne peut trouver le guide
précieux qui lui est indispensable. Demandant
un renseignement à une femme tenant une bou-
tique dans une commune, elle me répondit :
« Je n'en sais rien, je ne suis pas du pays ».
JWRHAL JUOTIOIEN
Réfaction & Admisilstratioiq :
M.
PARIS €1*0
TftLÉMI.1 bOUVM 19-97
- RIÉHIUIIU 97-94
Les Annales Coloniales
Les ennonctre et rdelarqui. sont reçue» ut
, bureau du Journal.
Directeur.Fondateur « Marcel RUEDBL
Tous les articles publiés dans notre iournal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les ANNALES COLONIALES.
ABONNEMENTS
avec la Revue mensuelle:
Un ai 8 Koi. 8 Koi.
France et
Colonl" 180 » 100 > 60 »
ttruger.. 2401 126 » 70 »
On s'abonne sans frais dana
tous les bureaux de poste.
0
Une inauguration secrète
.–» .,..
Le dernier jour d'avril, s'est accompli,
dans un silence étrange, un événement pour-
tant gros de conséquences, au moins pour
l'Algérie et la Tunisié, c'est-à-dire pour
l'Afrique française du Nord : c'est la mise
en service de la ligne ferrée de Kalaâ-Djerda
à Tebessa, qui met en relations la Tunisie
centrale avec le centre et le sud-algérien.
Pour des faits de bien moindre impor-
tance, on a souvent organisé des. fêtes solen-
nelles, des inaugurations à grand tapage.
Il eût été facile de faire ouvrir le mouve-
ment de cette ligne par Je Président de la
République lors de son récent voyage en
Tunisie. On a préféré le mystère et l'ombrè.
Il n'y a pas eu de discours ; il n'y a même
pas eu de sourires.
C'est que, dit-on, les. dirigeants, surtout
du côté algérien, ont toujours employé leur
influence à empêcher ou tout au moins à re-
tarder cette liaison nouvelle entre les deux
pays. On se souvient encore de l'époque où,
des deux côtés d'ailleurs de la frontière, on
arrêtait le tracé des routes à trois ou quatre
kilomètres de la limite commune, de façon
à éviter le raccordement. Il a fallu de lon-
gues protestations des populations intéres-
sées pour mettre fin à ce particularisme ou-
trancter.
Ce sont les chefs militaires ce n est
point un mystère qui ont obtenu, qui ont
exigé la jonction des deux réseaux pour pou-
voir effectuer d'Algérie en Tunisie ou vice
versa les transports de troupes que les cir-
constances pourraient commander et auxquels
ne pouvait suffire l'unique - ligne Tunis-
Alger.
S'il n'avait dépendu que des services riviU
algériens, on aurait attendu plusieurs ai mers
encore cette traversée par le rail de la fron-
tière.
Ce sentiment s'explique sans se justifier,
par te fait que toute la région sud du dépar-
tement de Constantine va entretenir des re-
lations suivies avec la Tunisie, vers laquelle
se détournera une bonne part du trafic du
cette région.
Dès le premier jour où les trains ont été
mis en circulation malgré l'absence de toute
pdbltcité,. un mouvement assez intense de
voyageurs s'est affermi et déjà l'usine tuni-
sienne d'El-Afrane -reçoit, chaque jour, plu-
sieurs. wagons de phosphates provenant du
Kouif algérien.
Ce sont les ingénieurs de la Direction gé-
nérale des Travaux publics de Tunisie qui
ont procédé aux études sur le terrain et à
l'établissement des projets du tronçon tout
entier.
- La longueur totale est de 36 km. 601,39,
dont 26 km. 626,03 en Tunisie et 9 km.
975,36 eh Algérie.
Le tracé part de la gare de Kalaa-Djerda,
en Tunisie, suit la vallée de l'Oued Haïdra
et franchit ce cours d'eau près de la fron-
tière, par un tablier métallique de 30 mètres.
La voie ferrée traverse, en territoire tuni-
sien, les magnifiques ruines de Haïdra, que
leur éloignement de toute voie d'accès lais-
sait jusqu'ici en dehors du mouvement tou-
ristique. Ensuite, en Al'gérie, elle longe le
flanc nord du Draa :8r Rhilane et parvient
à la gare de Rhilane, où elle rejoint le che-
min de fer qui relie les mines du Kouif à
Tebessa et à la ligne de Souk-Ahras.
C'est à Rhilane que fonctionne le service
des douanes ,tandis que, poutl la grande
ligne du Nord Tunis-Alger, il est établi à
Ghardimaou, station tunisienntt.
Il faut souhaiter, du reste, que disparaisse
bientôt cette épreuve pour les voyageurs, par
l'unification douanière de l'Algérie et de
la Tunisie.
C'est la Compagnie des Chemins t de fer
tunisiens qui assure l'exploitation de la
ligne jusqu'à Rhilane.
La durée du trajet entre Kalaa-Djerda et
Rhilane est d'environ deux heures.
Il est intéressant de noter que si le par-
coûrs tunisien a été réalisé par les moyens
ordinaires, sous la direction des ingénieurs
du Service des Travaux publics, l'a partie
algérienne a été construite par la main-
d'œuvre militaire provenant de l'arme du
Génie et des Compagnies de pionniers de la
Légion étrangère.
C'est certainement à cette intervention des
autorités militaires que l'on doit l'achève-
ment des travaux, après lequel ill a bien
fallu organiser le service des trains.
Pourtant, il suffit de jeter* les yeux sur
une carte des régions frontières algéro-tuni-
siennes pour se rendre compte du haut in-,
térêt que présente cette jonction pour un
vaste territoire aussi bien dans un pays que
dans l'autre. Ce même regard fera compren-
dre en même ternes combien légitime est la
suggestion de ceux qui réclament le prolon-
gement de la ligne de Spuk-Ahras à Tebessa
jusqu'à Feriana, où elle rejoindrait je ré-
seau tunisien du Sud. Mais ce tracé exige
encore un passage à travers la frontière et il
semble vraiment que pour certains esprits
cette opération si naturelle comporte une
sorte de sacrilège.
Ce n'est pourtant que par ce moyen que
l'on' pourra mettre en Valeur une étendue
considérable du département de Constantine,
beaucoup trop éloignée des ports du littoral
algérien, Bône ou Philippeville, pour parti-
ciper à leur trafic, tandis que ces régions
pourraient entretenir des relations avanta-
geuses avec les ports tunisiens de Sfax ou
de Gabès.
L'intransigeance algérienne préférera-
t-elle voir ces territoires rester stériles et
misérables que consentir à leur permettre
de prospérer par une liaison économique
avec la Tunisie?
C'est llà un problème de demain. Celui
qui vient d'être résolu hier par la ligne
Kalaâ-Djerda-Tébessa permet d'espérer que
celui-ci connaîtra aussi une solution favo-
rable.
Souhaitons toutefois que l'inauguration
du tronçon Tebessa-Feriana soit moins se-
crète que ne l'a été celle de la ligne des
centres qui méritait d'être plus ouvertement
célébrée.
Ch. Debierre,
Sénateur du Nord,
Membre de la Commission
Sénatoriale des Affaires EtrangêreR.
La culture du dattier
en Mauritanie
r..
Au point de vue agricole, la Mauritanie
comme on le sait, ne présente guère de res-
sources appréciables. Certaines cultures,
comme le mil, et aussi parfois le maïs, se
pratiquent le long du Sénégal. Mais elles
n'ont d'intérêt que sous le rapport de l'ali-
mentation indigène.
Par contre la gomme est un produit ri-
che. Mais elfe ne peut être cataloguée pro-
duit de culture que si l'on admet que les
peuplements naturels de gommiers doivent
, t" !Ugm,
êtrc augmentés par le travail de l'homme.
Mais une culture semble pour la Maurita-
nie pouvoir être encouragée, celle des dat-
- tiers.
Les régiuns de peuplements sont les sui-
vantes :
Résidence du Tidjikja : Tidjikja, 23.522
palmiers, 141 mâles; Aclumbit, 135 femelles,
1 mtdc; Monachid, 564 femelles, 5 mâles;
Rachid, 1/4 des palmeraies de la Résidence;
Guendel, 14 mâles, 457 femelles; Palaza, 522
nuilesj 1,080 femelles.
Résidence du Moudjcriu : El Maousbima,
5-501 palmiers dont 1.333 en rapport.
5.5R0e5 sidence de Tichitt ; Skeijit, 20.245 pal-
miers, 13.940 en rapport.
Les palmeraies se trouvent en bordure des
oueds. L'origine des pousses ou graines est
inconnue pour la plupart des palmeraies.
Les palmiers dattiers s'obtiennent soit de se-
mis de graines, soit de bouturages de rejets.
Il y a une cinquantaine de variétés de dattes.
A cinq ans @ les premiers fruits apparais-
sent; et si l'arbre reste sain, sa longévité
peut atteindre 150 ans.
Le rendement moyen d'un arbre eh plein
rapport est de 70 à 80 kilos de dattes; cer-
tains donnent parfois jusqu'à 150 kilos.
La production totale se monte à 2.600 ton-
nes pour Tidjikja et à 500 tonnes pour Ti.
cliitt.
Les indigènes viennent de très loin pour
s'approvisionner de dattes et une grosse
quantité est échangée contre du mil ; la
moitié de la production est consommée par
la population du cercle.
,Les palmiers du Tagant représentent une
grande richesse qu'il serait bon d'accroître le
plus possible.
La création et l'extension des palmeraies
sont possibles notamment dans les vallées de
l'Achram, de M'Takecli et de la Tamourt
en Nage. La palmeraie de Tidjikja pourrait
rejoindre celle de Racliid, ce qui donnerait
un riche couloir de 45 kms de long.
Dans la mise en valeur des vallées du cer-
cc, un gros point à étudier est celui des bar-
rages. Par des barrages appropriés on pour-
rait retenir l'eau nécessaire à l'irrigation des
palmeraies pendant une grande partie de la
saison sèche- Les barrages permettraient
aussi de faire couler l'eau dans les affluents
des Oueds et de dessaler ainsi progressive-
ment les terrains.
Le Gouverneur Général Cayla
en tournée
1.1
Au cours de dernière tournée dans les ré-
gions de Majunga et de Diégo-Suarez, le Gou-
verneur général Cayla a pu faire un certain
nombre de constatations qui sont de très bon au-
gure pour revenir de Madagascar.
En ce qui concerne les deux grands ports du
Nord et du Nord-Ouest de la grande île, les
études qui se poursuivent depuis plusieurs mois
permettent dès maintenant c{'affirmer que la cons-
truction d'ouvrages pour l'accostage des navirett
à grand tirant d eau ne présentera aucune diffi-
culté sérieuse et n'entraînera pas de dépenses
supérieures à celles qui figurent dans la repav.
tition des fonds d'emprunt. Les projets défini-
tifs pourront être terminés avant la fin de l'an-
née et les travaux entrepris dès 1932.
D autre part, l'achèvement des roules-pistes,
appelées à relier Diégo-Suarez à Majunga, va
être très activement poussé. L'accord sur le
tracé définitif à adopter a été réalisé entre 'es
deux chefs de région et les travaux seront, &
moins de circonstances tout & tait imprévues,
terminés dès la fin de la saison sèche de 1932.
Diégo, qui s'est toujours plaint avec raison de
demeurer isolé à l'extrémité Nord de la grande
île, verra ainsi se réaliser un de ses plus chers
désirs. -
Le Gouverneur général a eu enfin la vive sa-
tisfaction d'enregistrer les résultats remarqua-
bles que, magré les difficultés de la crise éco-
nomique, la colonisation française a obtenu avec
le concours de la population indigène dans les
riches plaines de la iMahajamba, au Sambirano
et de la Mahavavy. L'opiniâtreté de nos Os-
Ions et la confiance des indigènes ont trouvé leur
première récompense dans les mesures qui vien.
nent d'être adoptées pour la protection des pro-
duits coloniaux. Ces mesures marquent le point
de départ d'un redressement qui s'accentuera
d'autant plus rapidement que dans plusieurs
provinces les récoltes promettent d'être très
belles. Au surplus, la tranquilité qui règne par-
tout est on facteur de plus, indispensable d ail-
len, de la reptise économique.
i
La catastrophe de l'Exposition Coloniale
) <
e. palais de la JloZ-
lande à V Exposi-
tion coloniale n'est
plus : on lira p(ui
loin Les détails de
cette lamentable ca-
tastrophe qui a tér".
duil en cendres cet-
te admirable re-
production du tem-
flie de Bali, avec
les inestimablea
trésors que nos amis y avaient accumulés
pour rehausser d'un éclat sans pareil leur
collaboration à la grande manifestation tiç
Vincennes : le palais lui-même est évalué à
6 millions de francs, mais c'est à près de
cent millions que l'on chiffre les perles cau-
sées par la destruction des trésors, diamattts,
peintures de maîtres, livres anciens, bois
SCtiltés, collections uniques du musée ethno-
graphique de Leyde, etc., clc. On comprend
que la princesse héritière Juliana, en visitant
hier, dimanche, à midi, le brasier qui s'étei-
gnait sous Vamoncellement des cendres, n'ait
pu retenir ses larmes. Les courtoises condo-
léances envoyées par le ministre des Affaires
étrangères, par le ministre des Colonies, et
par l animateur de l'Exposition coloniale, le
maréchal Lyautey, à la reine Wilhelmine et
au gouvernement hollandais, n'atténueront
pas plus les regrets des coloniaux hollandais
et français que -- la -- certitude du rembourse-
ment dé ses collections grâce à l'heureuse
et hardie initiative du commissariat général
de l'Exposition, qui a monopolisé les assu-
rances de tous les exposants contre l'incendie
et les a rendues obligatoires ne consolera
M. Moojen, Varchitecte et inspirateur dit pa-
lais des btdes néerlandaises. C'est pour lui
25 ans de travaux et d'efforts anéantis. Nous
compatissons très sincèrement à son immense
chagrin.
Il me serait facile de rappeler tout ce que
j'ai dit, dans les Annales Coloniales, depuis
deux mois, et de dire que nous avons joue les
Cassandre. Déjà, il y a trois semaines, lors-
qu'à n heures du soir. lors d'une très belle
cérémonie donnée au palais de l'Italie, j'ai
entendu les trompettes des pompiers, je n'ai
pu m*empêcher de craindre que le désastre
était pour .CC dimanche soir. Citait l'an-
goisse unanime.
A quoi sert de récriminer.
le laisserai à d'autres le soin d'épiloguc,.
et de dire que pendant que le maréchal
Lyautey se reposait en Lorraine d'une tâche
écrasante pour ses 78 ans, ceux qui avaient
sa confiance auraient dû organiser sérieuse-
ment les services d'incendie dans l'Exposi-
lion. Ce n'est ni à M. Morain, ni à M. l/leu-
roti ni à M. Chérioux, ni à M. Victor Berti,
ni même à M. Marcel Olivier, que ces esprits
inquiets et justiciers peuvent, doivent ou veu-
lent s'en prendre.
Je laisserai à d'autres le soin de recher-
cher les responsabilités, puisque très coura-
geusement, les dirigeants reconnaissent que
Veffroyable sinistre n'est pas dû à la mal-
veillance, qui serait comme la fatalité chère
à feu Flaminius Raiberti, ministre dç la Ma-
rine, et contre laquelle tout secours est tin-
possible. Non, disent-ils : imptritie air im-
prévoyance.
Je-laisserai à d'autres le soin de demander
des sanctions contre les gens qut, ayant capté
la confiance du maréchal Lyautey, ont crte,
de bonne foi, que leur rôle, en retour des
gras émoluments à eux octroyés; consistait
simplement à arborer un tube ci une jaquette
pour assister à des inaugurations en série, à
se goberger sur les deniers de V Exposition le
midi et le soir, en bonne société, à Bagdad
ou au restaurant de l'Indochine ; de préfé-
rence encore à Armenonville (comme ils
étaient quarante à lè faire samedi soir), au
Café de Paris, Chez Larue ou chez Lcdoycn,
à moins qu'ils ne s'amusent à circuler en voi-
ture en joyeuse compagnie à travers l'Expo-
sition aux heures oil elle est fermée pour
vous et moi.
>- Leçon cruelle, mais qui aurait pu être hor-
rifiante. Hier, au Grand Prix, à Longe ha mp,
c'était avec effroi que tout le monde com-
mentait cette catastrophe, et cette phrase élait
sur toutes les lèvres :
Heureusement que la catastrophe a eu
Ufiu à une heure où il n'y avait aucun visi-
rieur Mais, juge" si ce malheur était sur-
venu un dimanche, à 5 heures du soir, au mi-
lieu d'un bois desséché par le soleil, et dans
une Exposition encombrée de 200.000 visi-
teurs.
Quelle fournaise 1
, Quand on pense que la Case de l'Oncle
Tom, à 300 mètres dit palais hollandais, a
bfûlè à cause de flammèches envolées du
foyer d'incendie, qui ont commencé par em-
brasée les décorations de chaume de ce co-
quet* établissement. Et quand on se souvient
que tes servièes techniques ont exigé des toits
de chaume à la plupart,des pavillons édi-
Hhjbar lis exposants (j'en sais quelque chose
ftpnL/g papillon rf^- Annala» ,CaldtiiaIe5}),
afin de leur donner une couleur coloniale.
et est à frémir pour demain.
Marcel Ruedel.
Le crédit agricole colonial
La Chambre des députés a vote aujour-
d'hui lundi matin, à la demande de M. Paul
Reynaud, ministre des Colonies, un projet de
loi autorisant la Caisse Nationale de Crédit
agricole à consentir des avances pouvant atr
teindre jusqu'à iqo millions, aux institutions
de Crédit Mutuel Agricole de nos colonies.
«««.
On congrès de langue arabe
se tlendra-t-ll à Tunis?
On 'sa i t que le Pàrletnent a voté un
On sait que le Parlement français a voté un
crédit de dix millions de francs en faveur de la
Tunisie, à l'occasion du cinquantenaire du Pro-
tectorat. Sur cette somme, 9 millions iront à
l'agrandissement des hôpitaux indigènes de Sa-
diki et de la Rabta, et le reste, soit un million
servira, pour une part, à l'organisation d'un
congrès de langue arabe, à Tunis.
Si l'intérêt témoigné aux œuvre d'assistance
a produit une excellente impression, par con-
tre la tenue d'un congrès de langue arabe n'a
recueilli aucun échlb favorable dans ta Ré-
gence. On ne voit pas très bien, en effet, l'uti-
lité de cette manifestation, qui ne correspond à
rien d'opportun, dans la réalité. Les dialectes
parlés dans l'Afrique du Nord, sont en cer-
taines contrées, totalement étrangers à la lan-
gue du Coran ; en d'autres contrées, ils sont
bien dérivés de l'arabe régulier, mais celui-ci
a cessé d'être pour eux une somme de dévelop-
pement et d'enrichissement. En dehors de son
utilisation dans les actes officiels, l'arabe offi-
ciel ne fait preuve d'aucune vitalité littéraire
en Afrique du Nord. Dans le domaine scienti-
fique, il n'intéresse que les rares spécialistes
qui en occupent les sommets.
Nous savons qu'une réunion eut lieu derniè-
rement, au Quai d'Orsay pour fixer l'organi-
sation du futur congrès. Cette réunion fut assez
agitée et plusieurs personnalités très informées
combattirent vivement l'idée du congrès en rai-
son de ses conséquences éventuelles au point de
vue politique et religieux. Finaiement, pour dé-
férer à la volonté du Parlement, on convint que
le congrès tiendrait ses assises, mais dans le ca-
dre d'un ordre du jour bien délimité.
(c Nous viendrons faire une promenade à Tu-
nis », nous a confié un futur congressiste.
Arthur Pettegrin,
Délégué au Grand Conseil de la Tunisie.
Aa Conseil d'itat
Agronomie coloniale
Cette haute juridiction à adopté un projet
de décret portant création et organisation de
trois chaires magistrales à l'Institut national
d'agronomie coloniale.
LTXPOSmON COLONIALE
Intenationale de Paris
.♦»
ÉCHOS
Deux poids èt deux mesures !
Pourquoi un pauvre bicycliste qui travaille
quotidiennement dans VExposition est en
butte au courroux d'un certain agent qui
voit rouge dès qu'il aperçoit Vhomme et sa
machine ? Quelle réponse peut-on donner à
cette attitude que rien ne justifie, alors que
les camions de tout calibre circulent à tra-
vers le bois. Il est pourtant bien spécifié que
les véhicules peuvent entrer avant dix heures
du matin sans qu'il soit permis de faire la
moindre objection 1
Lé zèle est excellent quand il s'attaque
aux choses raisonnables I
L'excès en tout, par contre, est. haïssable.
Les malheurs d'un tableau.
Dernièrement, il est advenu une singulière
aventure à un de nos excellents amis, peintre
de grand talent. Il est entré dans l'Exposi-
tion avec une toile chose tout naturelle.
Mais, lorsqu'il a voulu quitter le bois de
Vincennes, il s'est heurté à une consigne for-
melle. Un objet rentre dans le sanctuaire,
mais n'a plus le droit d'en sortir. Explica-
tions. Rien ne fléchit la consigne immuable.
Au cours de ces palabres, un monsieur de-
mande l'adresse d'un président de classe
pour exposer une toile. Il .lui est répondu
gravement que le maître de ces destinées de-
meure à la Guadeloupe.
Enfin, l'obstacle est franchi. Uit brave
gardien prend la toile incriminée sous son
b,as. et notre ami put rentrer en toute quié-
tude chez lui. L'administration est Vaincue.
Ce n'est certes pas de sa faute.
Ifiponnet.
LIRE EN SECONDE PAGE :
La Bataille des questions écriles.
Et toujours les incendies.
Les échos des autres.
Répertoire de l'Officiel.
Le consul de France
de Batavia en Indochine
Le consul de Francc, M. Anfossu a quitté
ce matin Batavia par courrier aérien pour
Soerabaja. Il a été salué à son départ, par
les autorités, de nombreux amis et la co-
lonie française. Il se Tend, à Paris via In-
dochine*.
Indopacifi.
., Carnet de route
SYMPHONIE EXOTIQUE
par Alfred CHAUMEL.
.0180
LA GUADELOUPE
Impressions d'arrivée
C'est régulièrement entre deux et trois heu-
ces du matin que les grands paquebots transat-
lantiques, venant du Sud, mouillent en rade de
Basse-Terre, chef-lieu de la Guadeloupe. Pour
débarquer les bagages et les passagers, (bien
peu de différence les sépare) aucune vedette,
mais de simples canots à rames. Il y a cinq ans
nous étions arrivés par une pluie battante et je
me souviens que par suite d'une panne d'élec-
tricité Basse- T erre était plongé dans l' obscu-
rité la plus complète. Cette fois par bonheur la
nuit est splendide, et sans le. désagrément de
voir ses malles trempées, nous accostons facile-
ment et pouvons mettre nos bagages dans une
petite case « Poste de Douanes )J. Aloirs nous
errons dans ces rues aux gros pavés à la re-
cherche de l'hôtel où nous avons retenu par
câblograme nos chambres. mais la ville est
endormie, on ne rencontre pas un chat ou plu-
tôt que des chats qui se battent en poussant
des cris stridents. Grâce à l'obligeance d'un
ami du pays descendu aivec nous, nous attei-
gnons une petite maison vieillote très « globe
de pendule » aux volets formés, maison qui,
après des coups répétés frappés aux portes de
bois, s' ouvrira pour donner accès à l'escalier
sombre menant à des chambres piteuses. on
ignore la salle de douche ; en 1931, les pre-
mières commodités n'existent même pas 1 et
dans la rue se balance une enseigne a Hôtel
Moderne », c'est 11\' affirme-t-on ce qu'il y a
de mieux à Basse-Terre. Surpris par ce premier
contact, fatigué par la nuit blanche forcément
passée à bord vu l'heure d'arrivée, on s'endort
malgré le cafard qu'apporte ce ch angement
brqtque, njalgré les moustiques et les chants des
coqs qui ne cessent de se répondre de cour en
cour, en songeant aux lectures parcourues dans
les guides,. aux merveilles de l'île d' Eme-
raude.
- Au réveit, le premier geste instinctif du voya-
geur est de jeter un coup d'oeit sur le pays : on
ouvre la fenêtre et on découvre de tous côtés
des toits en tôle, accents circonHexes peints en
griS qui donnent à Basse-Terre * cette ambiance
triste qui plane sur cette vieille ville aux rues
étroites, aux pavés botirsouiiés comme du car-
cc. qme du çar-
ton-pât* »t«l cAllé, tu* i*vt» é £ »àiju
est loin de l'idée coloniale, sans aucune mar-
que d'exotisme ; transporté dans un temps re-
culé ce chef-lieu est resté ce qu'if était il y a
déjà bien longtemps, une très vieille ville qui
n aurait pas connu de jeunesse. Demandez aux
indigènes * s'ils préfèrent la Pointe-à-Pitre à
Basse-T erre (otr, Pointe-à-Pitre profite - au
moins de son bord de mer et d'une - vision pleine
de charme sur sa ra de admirable) presque tous
vous répondront : u Nous aimons mieux Basse-
Terre. parce qu'on est tout près de Saint-
Claude », Saint-Claude est effectivement la
campagne installée sur lq hauteur c 'est-à-dire
« dans la fraîcheur » agglomération qui peut
être charmante pour celui qui possède sa pe-
tite maison et qui y vient y respirer son air
pur. mais, en attendant, ceux qui restent à
Basse-Terre souffrent de la chaleur et dans ses
rues ne trouvent pas l'ombre propice qui repo-
serait de la réverbération du soleil sur tous les
murs, sur toutes les façades plates et sur toutes
les tôles étincelantes.
La Guadeloupe « Pays de Tourisme » est-
elle actuellement préparée pour ce tourisme 7
Je répondrai franchement : « Non », pour trois
raisons : l'une due à la nature elle-même de
ses sites, la deuxième pour son organisation et
la troisième, parce que son tourisme n'est pos-
sible qu'avec beaucoup de temps et seulement
pour les habitants du pays.
Mais avant tout, précisons un point capital :
la Martinique et la Guadeloupe appelées dans
tous les guides classiques « sœurs jumelles »
sont absolument différentes l'une de l'autre,
et comme paysages, et comme état d'âme et
actuellement comme situation économique.
J'ajouterai comme billets de banque. Ce chan-
ge perpétuel, cette perte régulière dans nos co-
lonies est une grande difficulté dans un tour
du monde.
- Les comparer me semble impossible pour la
raison bien simple que la Martinique est une
île possédant une grande ville, que les crédits
alloués pour la mise en valeur portent sur un
seul point. Dira-t-on que la Guadeloupe est
en retard sur la Martinique si l'on songe que
la même somme dépensée pour un travail à Fort-
de-France (poste de T.S.F. par exemple ) - doit
être répartie pour la Guadeloupe entre Basse-
Terre, Pointe-à-Pitre, les Saintes, Marie-Ga-
lante, la Désirade, St-Barthélemy et St-Mar-
tin ? Evidemment, comparer Fort-de-France à
Basse-Terre est une erreur, c'est l'ensemble des
deux pays qu'il faut opposer et l'Administra-
tion d un grand archipel est plus difficile que
celle qui ne porte que sur un seul département.
Excursions et tourisme
La Guadeloupe proprement dite est elle-
même formée de deux îles, la Basse-Terre et
la Grande-Terre. Si, à la Grande-Terre, les
deux excursions classiques : la Porte de l'En-
fer et la Pointe des Châteaux apportent au
voyageur la certitude d'un beau panorama,
grandiose si la mer est mauvaise et si les va-
gues déferlantes viennent battre les roches dé-
chiquetées, ou d'une - - douceur délicieuse si la
mer calme fait miroiter sa palette aux pieds des
sombres forteresses, les sites remarquables de la
Basse-Terre n'apparaissent pendant de longs
mois qu'avec l'effet du hasard et nul ne peut
être certain de remontrer les descriptions nom-
breuses qui font' la beauté de Karukera. Une
des plus belles visions est sans aucun doute la
Soufrière : montagne imposante, pénible à gra-
vir, qu'importe puisque le sommet offre aux
visiteurs l'enchantement de son parterre de
mousse coloré comme un paravent chinois et de
son paysage lunaire tenant à la magie dans son
désordre féérique. Rochers prenant les formes
les plus curieuses : Dents du Sud, Portes de
l'Enfer, Pont-Chinois, la Grenouille, Cratère
Napoléon, d'où s'échappe comme d'une sou-
pape cette vapeur brûlante ; la Grande Faille
au pied de laquelle s'étal e le lac de Soufre,
cheminée laissant monter cette colonne de fu-
mée dans uh grondement impressionnant, enfin
ce plateau-qui forme le sommet, dominant de
1.484 mètres un paysage éblouissant où comme
une carte en relief surgissent les deux Gua-
de loupes : la montagne et la'jner de cannes à
sucre, les Saintes, archipel en pâte d' amandes
Mai i e- G a l ante
avec la montagne du Chameau, Marie-Galante
longue bande grise couchée sur la mer bleue,
la Désirade, ironie du sort, terre si désirée, qui
n'est plus qu' un immense cercueil servant à
l'agonie des lépreux. et, plus loin sur l'horizon
la Dominique et, plus loin encore, la Marti-
nique qui parent comme des joyayx cette robe
moirée de la mer des Antilles. Enfin, après
une descente à pic où parfois le vent violent qui
souffle sur le cône et le vertige qu'apporte cette
dégringolade sur les sombres vallées augmen-
tent la majesté du site incomparable, on par-
vient à « l'Echelle », impression volcàbiqu,
étourdissante et lugubre, de beaucoup la plus
émouvante de toute l'ascension. L Echelle,
lieu sinistre où la forêt brûlée s'étale à parte de
vue et que la Mort eut pu choisir comme ca-
verne. Nuages intenses de fumeroles, llavei
bouillante qui coule à ses pieds, l'Echelle est la
dominante, la grande menace de cette soufrière
unique au monde certes, mais si j'ai pu contem-
pler, il y a cinq ans ce volcan dans toute sa
beauté, à travers des éclaircies découvrant, ce
cône perpétuellement ennuagé, cette fois, au-
cune accalmie ne daigna se présenter et 13 heu-
res durant sous la pluie battante, avec un vent
glacial et de l' eau jusqu' aux chevilles, nous
avons vainement attendu l'occasion si rare de
contempler les merveilles cachées dans un épais
brouillard. Or combien de Guadeloupéens vous
diront : « Je suis monté six fois à la Soufrière.
une seule fois j'ai pu la trouver découverte,..
et pourtant 'étais parti par beau temps ». Cette
excursion vraiment passionnante et qui demande. -
aller sur un Plancher
att er coucher sur un plancher -
dans une maisonnette construite aux Bains jau-
nes et gravir à l'aube 600 mètres à pic de ro-
cher en rocher, cette ascension n' est qu'une
question de veine. avec moins de c hance de
la réussir, - et malheureusement il en est de
même pour tous les sites de la Basse- Terre.
Il est une attraction amusante, bien connue dans
l'île et qui n' existe que là, c'est la « Coulis-
se », Toboggan creusé dans le roc par les eaux,
où les baigneurs se laissent glisser jusqu' au
plongeon final dans un bassin naturel Là en«
core, on ne coulisse pas. parce que la rivière
n'a pas assez d'eau, on ne coulisse pas. parce
que la rivière s'est changée en torrent, il faut
arriver juste au bon moment. Certes il y a
des cascades délicieuses, des chutes fort belles
comme le Saut d' Eau. mais tout dépend de
l'état de la rivière, car le sentier qui vous mène
devient impraticable ou bien, au contraire, vous
conduit parfois à une cascad e inexistante. Ha-
sard, coup de chance, c' est du Tourisme qui
peut évidemment réussir, mais qui a neuf
chances sur dix d'être une fatigue inutile -
toutes ces promenades se font à pied pour
un passager qui ne dispose que de quelques
jours. Si l'on ne voit rien, quel souvenir empor-
te-t-on de la Guadeloupe et voici la première
raison que je signalais due uniquement à la Na-
ture, et qui doit canaliser dans un délai précis
l'époque certaine qui pourrait recevoir les visi-
teurs. Quant à l'organisation, j'ai sous les yeux
le Guide du Tourisme de la Martinique et de
la Guadeloupe de M. Charles Laisant et j'en
extraits ces quelques lignes : « Le Cariai de
Panama va s'ouvrir, nos îles sont merveilleuse-
ment placées sur la route de toutes les grandes
lignes de navigation, les Antillais feront-ils les
efforts nécessaires pour profiter de cette chance
inespérée, c'est à souhaiter, mais le premier de
leur devoir est d'apprendre à connaître leur
merveilleux pays pour y guider l'étranger, pour
le lui rendre hospitalier et confortable, pour y
assurer son séjour et pour en tirer un profit légi-
time. Il lui faudra pour cela construire quelques
hôtels modernes, assurer des communications,
organiser des services d'excursion ».
Ces lignes sont écrites en 1913, or en 1931,
l'Administration, dont le rôle est difficile, puis-
que le Gouverneur, isolé à Saint-Claude, n' a
pas le contact avec la population qui en facili-
terait sa tâche, a surtout depuis deux ans four-
ni un admirable effort rendu plus prodigieux
encore des suites du cyclone, en assurant la
T.S. F., les lignes télégraphiques, les voies de
communication qui avaient été bouleversées et
en construisant actuellement à la Désirade, qui
semblait oubliée, ce phacre qui éclairera cette
toute du monde, attirant comme des papillons
de nuit tous les navires vers nos îles, clefs de
la Méditerranée américaine, qu'ont fait les
habitants pour accueillir le voyageur ? Hôtel,
service de tourisme. situation immuable, in-
changée depuis 1913.
Enfin, troisième raison, ce tourisme est ré -
servé aux Guadeloupéens parce qu'il faut être
familier avec tous les sentiers, tous les chemins
et se rendre au but avec un ami qui vous mon-
tre la route. Le passager qui débarque ne
connaît personne, et ne peut trouver le guide
précieux qui lui est indispensable. Demandant
un renseignement à une femme tenant une bou-
tique dans une commune, elle me répondit :
« Je n'en sais rien, je ne suis pas du pays ».
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 83.09%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 83.09%.
- Auteurs similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6380367b/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6380367b/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6380367b/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6380367b
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6380367b