Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-06-23
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 juin 1931 23 juin 1931
Description : 1931/06/23 (A32,N94). 1931/06/23 (A32,N94).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63803643
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. - N9 94-. Lfi NUMflHO : 80 CENTIMES MARDI SUIR 23 JUIN 1931.
JOIIMLQIjOTIDIE*
Rédaction & Administration ;
M, RMlBMM-TIHir,
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Les Annales Coloniales
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DIR«CTIUII.FONDATBUÉ 1 Maroel RUEDEL
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Contre le communisme en Indochine
Contre le com ù ui:i e en lédochine
–: ) mtm f -
Un communiqué du ministre des Colonies
à la presse apprenait, il y a une quinzaine
de jours, au public, que de nouveaux troubles
s'étaient produits en Indochine. Un télé-
gramme du 24 mai de M. Robin, gouverneur
par intérim, était publié et relatait des scè-
nes de désordre et de pillage, voire même
de meurtres commis par des bandes armées.
Le ministre, ainsi que les membres de la
commission des Colonies, étaient à la même
époque saisis de plaintes émanant d'Annam,
dans lesquelles on accusait les autorités fran-
çaises d'avoir réprimé de façon brutale des
manifestations paisibles, d'avoir accueilli à
coups de fusil des cortèges qui venaient pré-
senter des revendications.
Après l'audition du ministre et les répon-
ses fournies à des questions posées à M. Pas'
quier, gouverneur général, le jour de son
départ pour l'Indochine, après l'examen du
problème fait ensuite par la Commission des
Colonies, il apparaît nettement que la situa-
tion est sérieuse, qu'elle mérite une atten-
tion particulière, une vigilance spéciale, sans
être tout à fait alarmante.
Certains assassinats particulièrement
odieux-ont été commis, des attaques par co-
lonnes organisées ont eu lieu, voilà Je fait
brutal.
Il serait puéril, et d'ailleurs dangereux,
'de vouloir se dissimuler l'importance du
mouvement de grande envergure mené par
les communistes en Extrême-Orient.
Dans toute l'Asie, de la Perse au Japon,
Moscoy multiplie ses efforts. La Birmanie,
où le gouvernement socialiste de l'Angleterre
vient d'être obligé d'envoyer trois régiments,
les Indes néerlandaises, les Philippines sont
travaillées par une agitation persistante.
L'Indochine, où le parti communiste local
vient d'être élevé à l'état de parti indépen-
dant, est particulièrement visée.
Sur un plan d'attaque communiste saisi le
6 décembre dernier, nous apprenons que la
manœuvre est confiée à un comité central qui,
un jour connu seulement de lui, devait ras-
sembler les masses de choc, leur fournir pof-
gnards, revolvers, bombes, et leur faire as-
saillir les points stratégiques, gares, postes
et télégraphes, assassiner certains fonction-
naires, tuer tous les opposants et organiser
aussitôt un cgpunandement militaire.
Les renseignements recueillis ont confirmé
ce que j'ai écrit, il y a quelques mois, dans
ce journal ; le Laos et le Cambodge sont
absolument calmes. La propagande moscou-
–ttflrfr n'a eu Buëune prise sur 169 populations
loyalistes de ces deux pays. Au Tonkin et
en Indochine, qui avaient été l'an dernier le
siégé d'événements douloureux, aucune agi-
tation ne se manifeste actuellement. Seule
la région du Nord-Annam a été troublée par
le dernier assaut des communistes; qui ont
préféré localiser leur action et ne pas disper-
ser leur effort.
Je n'insiste pas sur les raisons diverses
bien connues pour lesquelles le Nord-Annam
est, ainsi que le 'répétait le ministre des
Colonies, c une Vendée indochinoise t.
Me bornant à rappeler que la situation
économique mauvaise des rëgions de Vinh,
de Hatinh, a créé une - atmosphère favorable
au développement des idées communistes, je
constate que dans la région au nord de Vinh,
où nous avons amélioré la culture au point
d'y faire maintenant deux récoltes annuelles,
la propagande n'a eu aucun effet ; toutes
les excitations ont échoué. Je constate aussi
qu'à certains endroits où l'activité bolche-
vique s'était auparavant manifestée, grâce
aux mesures spéciales de défense prises par
les autorités, aucun incident n'a eu lieu et
j'en conclus que pour éviter Je retour des
événements graves que nous déplorons, il
faut prendre des mesures qui non seulement
attaquent le ferment lui-même, mais aussi
le neutralisent en modifiant le terrain fa-
vorable à son développement.
Empêcher les troubles de se produire, les
supprimer lorsqu'ils ont éclaté, c'est l'oeuvre
du gouvernement local.
Dans la mesure où des frontières, diffi-
ciles à garder, le permettent, empêcher l'en-
trée en Annam des éléments douteux, repé-
rer, surveiller les individus suspects, dépis-
ter, expulser les propagandistes étrangers,
avertir le Résident des indices révélateurs
d'une sédition possible, l'alerter et lui per-
mettre de prendre, en temps voulu, les dis-
positions nécessaires, tel est le rôle de la
police ; il est plus facile de prévenir le mal
que de le guérir.
Si les forces de police ne sont pas suffi-
santes, qu'on les augmente, et surtout que
l'on exige d'elles une surveillance effective,
intelligente, exempte de toute brimade inu-
tile et vexatoire.
Lorsque les troubles se produisent, l'ordre
doit être maintenu ; il faut une ré-
pression rapide, vigoureuse, mais, pour bien
porter, elle doit porter juste et n'atteindre
que les .coupables. Les troupes destinées à
maintenir l'ordre permettront d'autant plus
à la police de reconnaître les meneurs
qu'elles sauront mettre du sang-froid, du
calme, ne pas répondre à des provocations
puériles, et n'agir vigoureusement qu'en cas
de légitime défense.
En dehors de l'activité directe des trou-
pes contre les cohortes manœuvrières et me-
naçantes, aucune répression collective ne doit
être effectuée ; il ne faut pas d'expéditions
punitives, ni de village bombardé pat avion,
sdus prétexte que le village s'.est révolté.
Les bombes risqueraient d'être inofrSnsives
pour les chefs communistes et d'être meur-
trières, soit pour ceux qui se seraient laissé
entratner, soit pour ceux-là mêmes qui se
seraient abstenus, et ces derniers pourraient
alors se dresser légitimement contre nous.
Camille Briquet,
Député de l'Eure Secrétaire de la Com-
mission de l'Algérie, des Colonies, et
ias Protectorats.
AU CONSEIL D'ETAT
- t .:a.
Bureau Municipal d'Hygiène Publique de
Bône. - Candidats à la direction
Le Conseil d'Etat.
Considérant, - - -
qu'aux termes de l'art. 2 du décret du
4 août iÇtOj déterminant les conditions d'or-
ganisation et de fonctionnement des bureaux
municipaux d'hygiène en Algérie, « .le
« personnes qui auront été reconnues aptes
« par le Conseil supérieur d'Hygiène publi-
« que et par le Gouverneur général de l'Al-
« gérie.. »
.mais l'intervention du Gouverneur géné-
ral n'est prévue qu'en ce qui concerne l'exa-
men des altitudes administratives des candi-
datSj l'appréciation des titres scientifiques
demeurant exclusivement réservée au Conseil
supérieur d'Hygiène Publique.
Tels sont les principaux motifs pour les-
quels le Conseil d'Etat, à la requête de
M. Honorât, médecin à Bône, - annule une
décision à la suite de laquelle, par avis in-
séré au Journal officiel du 15 février 1928, a
été ouvert un nouveau délai pour la présen-
tation des candidatures t au poste de directeur
du bureau municipal d'Hygiène de Bône.
Réorganisation de la justice en Indochine
Relet. de la requête des avocats
Le Conseil d'Etat a rejeté la requête que
la Compagnie des avocats défenseurs de la
Cochinchine et du Cambodge avait présentée
à l'effet d'obtenir l'annulation, pour excès
de pouvoir, du décret en date du 24 juin 1927
portant modification aux décrets les 19 mars
îQio et 16 février 1921 réorganisant la jus-
tice en Indochine. -
Dans leur requête, les avocats dont s'agit
soutenaient que les dispositions du décret
précité avaient été prises en violation des
principes régissant l'organisation judiciaire
comme les principes de la liberté et de l'in-
dépendance du barreau.
Qu'elles consacraient ainsi la main-mise
de l'Administration sur l'autorité judiciaire.
.Les requérants rappelaient également
que l'art. 67 du nouveau texte porte que la
direction des services judiciaires en Indo-
chine est confiée à un haut magistrat qui
prend le tifre de premier président chef de
l'Administration judiciaire.
.Que les procureurs généraux et les pre-
miers présidents de Cours d'appel de Saigon
et d'Hanoi, perdant leurs attributions anté-
rieures sont mis sous les ordres de ce super-
premier président qui se voit confier l'action
publique.
.Qu'il a la discipline des magistrats, les
'déplace et le note et fait toutes - propositions
en vue de leur avancement.
.Qu'en ce qui concerne spécialement les
avocats défenseurs, leui discipline est dé-
sormais dévolue au chef de l'Administration
judiciaire, etc., etc.
di Appelé à juger cette affaire, le Conseil
Etat - ainsi que dit - a rejeté la re-
quête des avocats défenseurs de la Colonie
attendu qu'aux termes dé l'art. 18 du sena-
tus-consulte du 3 mai 1854, les colonies au-
tres que la Martinique, la Guadeloupe et la
Réunion sont - régies par des décrets.
En modifiant par le décret du 24 juin
1927 les décrets des 19 mai 1909 et 16 février
1921, portant réorganisation de la justice en
Indochine, le chef de l'Etat a agi dans
l'exercice' des pouvoirs qu'il tient du séna-
tus-consulte ci-dessus mentionné.
Dès lors, la Compagnie des avocats n'est
pas fondée à demander l'annulation dudit
décret.
Rejet de la requête d'un médecin de
l'assistance médicale de l'Indochine
Le Conseil d'Etat a rejeté la requête que
M. Honorât, médecin de l'Assistance médi-
cale en Indochine en retraite, avait présen-
tée aux fins d'annulation d'une décision du
Gouverneur lui refusant : 10 les bénéfices des
indemnités de charges de famille; 20 la re-
vision de la pension qui lui a été concédée.
Le Conseil d'Etat a décidé que la partie
de la requête concernant la revision de
charges de famille était sans objet, attendu
que ce fonctionnaire avait bénéficié de ladite
indemnité, conformément aux dispositions
de l'art. 45 du règlement d'administration
publique du ief novembre 1928.
En ce qui concerne la pension concédée à
M. Honorat sur la caisse intercoloniale des
retraites, le Conseil d'Etat a déclaré que
M. Honorat n'est pas fondé à soutenir que
la totalité des services militaires accomplis
par lui hors de l'Indochine - et qui n'ont
pas été retenus pour leur intégralité lors de
la concession de sa pension sur la caisse
locale des retraites - aurait dû entrer en
compte pour la revision effectuée en vertu
des dispositions des articles 41 et suivants
du règlement d'administration publique du
1er novembre 1928, sur la caisse intercolo-
niale des retraites - attendu que :
.si en vertu de ces dispositions il doit être
tenu compte pour cette revision des traite-
ments afférents, au jour- de la publication
dudit règlement, aux emplois occupés pen-
dant les trois dernières années d'activité,
il n'est pas prévu de revision du décompte
initial des services servant de base à la li-
quidation de la pension.
Tels sont les principaux motifs pour les-
auels le Conseil d'Etat a rejeté la requête
de M. Honorât, ex-médecin de l'Assistance
médicale en Indochine, demeurant actuelle-
ment à Bône (Algérie), 4, rue More au.
Fruits altérlens
rlr
-
JsSs
u dernier congrès de
l'Arbre fruitier,
organisé par les
Chemins de fer al-
gériens de l'Etat,
M. Pelegri, ingé-
nieur ̃ agrotlome,
membre de la Chambre d'Agriculture d'Al-
gert a présenté un rapport qui ouvre de bien
belles possibilités fruitières à nos trois dé-
parlements algériens.
Après la consommation exagérée qui s'est
faite, et continue de se faire en Frollee, de
fruits étrangers (qu'ils viennent du Cap ou
de l'Amérique du Nord, etc.), le métropoli-
tain lecteur du rapport de M. Pelegri, peut
s'étonner à bon droit de Vimmense verger
quasi paradisiaque que nous négligeons de
défr!cli'Tr. °
Car il est impossible de mettre en doute
la haute compétence de M. Pelegri, doublée
d'une expérience qui s'est formée sur les
lieux dont il vante les possibilités fruitières.
« Que Von parcoure noire belle Afrique
du Nord, d'Est en Ouest, pour celui qui,
comme nous, a vécu une partie de son elt-
fance dans un beau coin de la III, on
reste frappé d'une chose : l'absence presque
complète d'arbres fruitiers dans la majorité
des zones parcourues.
« Pour/allt, que de possibilités dans ce
beau- département de Constantine ! Pourquoi
s'y obstiner à y faire dans certaines régions
des céréales hypothétiques, alors que ces
mêmes contrées seraient rapidement riches
de leurs productions fruitières ?. Ces en-
virons de Batna, ne peut-on les concevoir en
vergers de pommiers, de poiriers, d'abrico-
tiers, qui donneraient à une ville bien plus
vivat/te auttelois un regain de commerce et
d'activité ? Possibilité d'abricotiers, de pê-
chers dans les alentours de Timgad ? » Les
exemples sont encourageants : autour de Mil-
lésimo poussent des abricotiers d'une beauté
rare. Qu'attend-on pour leur donner des
compagnons ? Alentour de la ville de Bône,
orangeries et vergers poussent à metveille.
Les coteaux qui dominent femmapes appel-
lent les plantations d'amandiers. Avec l'abon-
dance de pluies dont bénéficie cette région,
avec la richesse de son sol, quelles poires
succulentes, quelles pêches magnifiques /Jo"r-
rait-on en retirer 1 ---
Quant au manque de facilités d'expédi-
tions, la possibilité d'un tonnage de fruits
atses important incitèrent les compagnies à
s'prgatriter four V évacuation rationnelle des
produits.
Qu'attendons-nous pour faire fructifier
les terres noires d'El-Arrouch, les situations
privilégiées de Djidjelli, de Bougie, etc. 1
Même chose à l'ouest, oh la belle vallée de
la Tafna ne devrait former qu'un verger inin-
terrompu, les amandiers poussent splendide-
ment. sur la route de Tlemcen à Nemours,
etc., etc.
Il est impossible dans cette vue à vol
d'oiseau de souligner toutes les certitudes
géographiques données par un Pelegri.
Souhaitons qu'tilt ensemble d'efforts
concertés mette en valeur assez rapidement
l'admirable verger que nous avons en jouis-
sance en Afrique du Nord. Ainsi, les moin-
dres débitants de la métropole offriront à
mie clientèle friande de fruits, de beaux spé-
cimens an meilleur prix.
Ernest Haudos,
Sénateur de la Marne,
Vicc-Présldent de la Commission
des Douanes.
4«»
A l'Académie des Sciences
868
Direction de l'Observatoire d'Alger
L'assembléc, lors de sa dernière séance, a
désigné pour la direction de l'Observatoire
d'Alger M. Lagrula, déjà sous-directeur, en
première ligne et M. Dufay, astronome à
ILyon, en seconde ligne.
A la Chambre de Commerce
de Majunga
.,.
La Chambre de commerce de Majunga a
ouvert un crédit de 200.000 francs pour
l'achat d'un immeuble destiné au service de
la standardisation.
Virtuellement l'Office de la standardisa-
tion est entré dans la période active. Son
installation se poursuit petit à petit.
L'expert-directeur a été installé; il a
pour mission de début, de coordonner et de
mettre au point les multiples opérations nées
de cette installation.
La question du port et des quais inscrite
a fait l'objet d'un rapport indiquant les in-
convénients qui résultent de l'actuelle instal-
lation qui ne permet pas, ou alors très dif-
ficilement, l'accès et le dégagement des
quais, notamment les jours de courriers.
Le rapport énumère les avantages qu'il y
aurait à établir un sens circulaire unique
dans cette partie de la ville et suggère d'uti-
liser la partie du terre-plein non empierré
à l'est dies magasins de la Compagnie
Franco-Malgache et de la Marseillaise,
comme voie de pénétration, et à utiliser les
deux voies existantes, après remise en état
comme voies de dégagement.
Les travaux à effectuer et la dépense à en-,
gager n'en parait pas tellement importante
qu elle ne puisse pas être incorporée au plus
prochain plan de campagne et être exécutés
en premier lieu.
Difficultés budgétaires
à Tahiti
.,.
Dans une lettre qu'il a adressée au prési-
dent de la Chambre de commerce de Papeete
le Gouverneur des Etablissements français
de l'Océanie lui a fait connaître que la di-
minution du tonnage d'extraction des phos-
phates entraînant une réduction très sensiblq
des perceptions faites au budget local au
cours de la présente année, il était nécessaire
d'envisager la création de nouvelles ressour-
ces fiscales. A cet effet, il a déclaré avoir
l'intention de porter les droits de consom-
mation frappant les tabacs fabriqués et les
cigarettes respectivement de 4 et 8 francs
en ce moment à 20 et 30 francs le kilo et
qu'il prévoyait un impôt nouveau de consom-
mation frappant les cartes à jouer et les
allumettes dont les taux seraient respective-
ment de 5 francs par jeu et 10 francs le kilo.
Le Gouverneur a demandé de lui faire
parvenir d'urgence l'avis de l'Assemblée
consulaire sur ces différents points. Ils ont
été discutés au cours de la séance tenue par
la Chambre de commerce le 22 avril dernier.
Le Président a d'abord communiqué aux
membres de la Compagnie les chiffres ci-
après des importations en 1930 des produits
sur lesquels doit frapper le nouvel impôt
proposé :
Tabac, 12.000 kilos ; cigarettes et cigares,
20.000 kilos; jeux de cartes, 4.500 environ
pesant 403 kilos ; allumettes, 22.000 kilos.
D'après ces chiffres le nouvel impôt produi-
rait 1.072.500 francs.
Il a ajouté que l'importation de ces mar-
chandises ayant diminué d'une façon impor-
tante depuis le commencement de l'année il
serait sage d'envisager que cette diminution
ne pourra que s'accroître d'ici la fin de 1931.
Le chiffre qui vient d'être indiqué polir la
production du nouvel impôt sera donc très
sensiblement réduit.
Au cours de la discussion, M. Spitz, l'un
des membres de la Chambre de commerce,
a demandé à ses collègues de protester éner-
giquement contre tout nouvel impôt frappant
le consommateur. Il a émis l'avis de chercher
le redressement du Budget en augmentant
les droits de sortie des phosphates et en ré-
duisant le nombre des fonctionnaires. Il a
dit que si cette taxe passe, elle ne sera pas
suffisante et d'autres suivront. Il a ajouté :
nous n'avons que trois produits à exporter :
le coprah qui baisse tous les jours, la nacre
et la vanille qui sont invendables. Il a fait
remarquer que la valeur totale de tous les
produits exportés n'atteint pas le chiffro du
Budget et que même si les producteurs fai-
saient cadeau à l'Administration de tous
leurs produits, leur valeur ne suffirait pas à
payer les dépenses du Service local. Il a
fait remarquer encore qu'à chaque numéro
du fàumi officiel on constate des augmen-
tations de traitements, des attributions d'in-
demnités et des nominations de nouveaux
fonctionnaires. Il a supplié ses collègues de
donner un avis défavorable sur le nouvel
impôt.
Plusieurs autres membres de la Chambre
de commerce ont émis des opinions dans le
même sens en faisant ressortir que la Colo-
nie est dans une situation économique si cri-
tique, qui provient de la mévente de ses pro-
duits, que ta misère commence à régner dans
la population indigène. Ils ont attiré l'atten-
tion sur les faillites, les liquidations forcées
ou volontaires qui sévissent dans le com-
merce.
Lorsque la discussion a été terminée le
Piésident a mis aux voix le vœu suivant, pré-
senté par M. Grand qui a été voté à l'unani-
mité et qui a été envoyé au Gouverneur :
La Chambre de commerce de Papeete,
Considérant que la mévente de la nacre et
la baisse très sensible de la vanille et du
coprah, seules ressources de la Colonie, a
provoqué une situation très critiqu dans
certains cas, frisant la misère, aussi bien
dans la population que dans le commerce.
Considérant notamment que cette situation
a déjà provoqué la faillite, ou la liquidation
forcée ou volontaire de certains commerçants
de la place.
Considérant que le contribuable de cette
Colonie a atteint l'extrême limite de sa ca.
pacité fiscale.
Considérant qu'une augmentation des taxes
de consommation, étant donné la gêne d'un
grand nombre de consommateurs aurait
pour résultat immédiat de réduire encore les
importations et que cette réduction influerait
sur les ressources qui proviennent de la per-
ception des droits d'entrée et de la taxe
d'importation.
Considérant que la réduction de la capacité
d'achat du consommateur provoquera néces-
sairement la réduction du chiffre d'affaires
des commerçants,
Emet le vœu :
Qu'aucun nouvel impôt, quel qu'il soit,
frappant le consommateur, soit créé dans la
Colonie.
Et suggère très respectueusement à M. le
Gouverneur, que le rétablissement financier
de la Colonie soit obtenu, sans nouvelles
taxes, par des compressions des dépenses in-
combant au Budget local.
.,.
L'Aviation Coloniale
»» »
Un accident au Maroc
Un avion sanitaire évoluant au-dessus
de Kasbah-Tadla a pris feu en vol. Le pi-
lote Jourdcs s'est lancé en parachute de
160 mètres de hauteur et a atterri sans
blessure.
L'avion eest écrasé en flammes à quel-
ques mètres de lui.
Un avion transatlantique à Terre-Neuve
Les aviateurs danois Hillig et Holrlis sont
arrivés ici dans leur avion Liberty, venant
de New-Jersey, accomplissant la première
étape de leur vol transatlantique vers le
Danemark, via Terre-Neuve.
Les conditions atmosphériques les cmpê-
chent jusqu'ici de repartir.
L'utilisation ? Bambou
en Indochine
!♦»
Le bambou est certainement parmi toutes
les plantes, celle que l'on rencontre le plus
fréquemment en Indochine.
En dehors de la fameuse « mer de bam-
bous » qui s'étend depuis les berges de Saï-
gon jusqu'au Cambodgel on trouve sur tout
le territoire de l'Indochine de véritables fo-
rêts de ces arbustes dont la hauteur atteint
parfois jusqu'à 30 mètres et dont la puissance
et la souplesse font un contraste étrange avec
la ténuité des racines profondément enter-
rées. «
On ne saurait croire combien la vie même
de l'indigène est intimement liée à celle du
bambou, qu'il sait adapter à presque tous ses
besoins. Avec les tiges les plus grosses, il
installe des conduites d'eau, lance des ponts
légers sur les rivières, fabrique des échelles,
des charpentes, des poutres, des récipients
de toutes sortes, des mâts, des échafaudages.
Les moyennes tiges sont réservées à la con-
fection d'un mobilier qui ne le cède parfois
en rien aux meubles les plus esthétiques de
nos meubles d'Occident : tableaux, fauteuils,
écrans, coffrets et boîtes à bijoux, cadres très
finement sculptés, instruments de musique ;
ou pour des objets usuels tels que montants
de moustiquaires, dévidoirs, lances, gaffes,
tuiles.. lattes, planchers, etc. Avec les plus
fines, il confectionne des cannes, des man-
ches de parapluie où d'ombrelle, des engins
de pêche, des manches d'outils, des pipes à
eau, des navettes de tissage, etc.
D'une adresse incomparable, l'indigène
sait aussi diviser certaines tiges de bambous
en lanières de toutes dimensions avec les-
quelles il confectionne des chapeaux, des
éventails, des corbeilles, des nattes, des pa-
rasols, des stores, des cages, des claies, des
liens, des tressages, des radeaux, des bar-
ques même, d'une légèreté telle qu'un
homme peut, à bout de bras, transporter à lui
seul et simultanément son bateau et tous ses
engins de pêche (au grand étonnement du
colonial fraîchement débarqué).
On utilise en outre le bambou pour la fa-
brication du papier : des cordages rustiques.
Les graines de certaines espèces valent, de
l'avis des indigènes, celles de nos céréales
et les jeunes pousses que l'on mange en sa-
lade, constituent un mets plus délicat que
nos meilleures asperges.
Les feuilles fournissent un excellent four-
rage pour les animaux et les vieux Annamites
font encore usage du sucre de bambou, pe-
tites masses dures obtenues par coagulation
du liquide sucré que laissent échapper cer-
taines espètes.
Les 200 espèces de bambous que l'on a déjà
pu identifier se divisent en deux catégories:
le bambou mâle (types Hop et Trc-Hoa) et
le bambou femelle (type Nua).
Bambou mâle
Le bambou mftlé est une tige cylindrique,
polie, luisante même, d'une belle couleur
verte, jaunâtre à rnâturité. De distance en
distance "d'épaisses cloisons, constitué par
un tissu ligneux à fibres très fortes, impré-
gné de silice, forment des nccuds très résis-
tants qui valent le meilleur frettage.
Le bambou atteint en deux ans sa hauteur
maxima. L'espace compris entre deux nœuds
consécutifs varie de 30 à 80 centimètres sui-
"ant l'âge du bambou L'épaisseur de la cou-
ronne diminue d'une année à l'autre d'envi-
ron un millimètre jusqu'à sept. A ce moment
elle n'est plus que de ; à 6 mim et le bam-
bou dont le diamètre moyen peut atteindre
jusqu'à 20 c/m, n'a plus les qualités requises
pour supporter de gros poids
On a procédé à différentes reprises à des
essais de résistance des bambous mâles dont
un enfoncement de pilots en mauvais ter-
rain : une palée composée de quatre bambous
mâles de 7 c/m de diamètre moyen, a été
construite sur de la vase consistante. Les
bambous taillés en sifflet, étaient espacés de
75 c/m d'axe en axe et avaient une fiche de
1 m. 70. Cette palée a été chargée à 1.500
kilos. Il en est résulte immédiatement l'en-
foncement suivant :
1er pilot, 1 rn/m; 20 pilot, 2 m/m 5; 3e pi-
lot, 2 m/m; 4° pilot, 2 m/m 5.
Vingt-quatre heures plus tard l'enfonce-
ment était le suivant ;
1er pilot, 41 m/m; b pilot, 41 m/m 5;
3e pilot, 42 rn/m; 4e pilot, 42 m/m 5.
La charge ayant été portée à 2.000 kgs il
n'en est résulté en 24 heures, aucun nouvel
enfoncement appréciable. Cette expérience
permet de conclure qu'en sol vaseux l'enfon-
cement d'une travée de pilots de bambous
n'offre aucun danger si .ta fiche est de
1 m. 70.
Bambou femelle
Le bambou femelle est loin d'offrir les ca-
ractéristiques du bambou mâle, en ce qui
concerne la résistance à la compression et à
la flexion. La paroi en est très mince (2 à
6 m /m), les nœuds sont peu solides et très
espacés. Il est inutilisable comme pilot, car
il ne résisterait pas aux coups que nécessite-
rait son enfoncement.
'Il constitue, par contre, des corps de sup-
port flottant de tout premier ordre, sa densité
étant de beaucoup inférieure à celle du bam-
bou mâle. Des expériences faites au cours de
1928 ont permi's d'envisager leur utilisation
pour la construction de tabliers de passe-
relle à corps de support fixe et pour la con-
fection de radeaux.
Dans le premier cas une travée de 3 mètres
constituée par quatre poutrelles en bambous
femelles espacés de 75 c/m d'axe en axe, a
supporté pendant vingt heures une charge
de 1.000 kgs uniformément répartie. Dans
cette expérience, les bambous avaient en
moyenne 10 c/m de diamètre et leurs parois
5 .ni/m 5 d'épaisseur. Aucune déformation ne
fut constatée, une fois la charge enlevée. La
flèche avait atteint 11 c/m.
Dans le second cas un radeau simple de
trente bambous femelles de 5 mètres de lon-
gueur et 8 c/m de diamètre moyen a permis
de transporter en toute sécurité une charge
de 400 kgs, le poids brut des trente bambous
atteignant à peine 315 kgs.
On voit donc par ce rapide exposé tout l'in-
térêt que présente aussi bien pour l'indigène
que pour le colon le développement intensif
des forets de bambous dont l'emploi est illi-
mité.
A. Reboul.
Dépêchesde l'Indochine
«<̃
Avant le départ de M. Robin
pour la France
L'Association pour la formation intellec-
tuelle et morale des Annamites de la Cham-
bre des Représentants du Peuple du Ton-
kin et l'Amicaledu Personnel Annamite de
l'Administration du Protectorat ont offert
au Gouverneur Générai P. 1. Robin, le 18
courant, à l'occasion de son prochain dé-
part en congé en France, un thé d'honneur
auquel assistaient, en outre de nombreuses
personnalités françaises invitées, une foule
de notabilités indigènes. Le Président du
Comité de réception S. E. Ifoang-Trong-
Phu, Tong-doc de Iladong, a rappelé les
efforts méthodiques de t'ancien chef du Pro-
tectorat pour assurer le dévelojxpement du
Tonkin et la prospérité de son peuple. Il
énuméra les importants résuliuts obtenus,
notamment en matière de travaux d'irriga-
tion, de digues protectrices, d'assistance
publique et les nombreuses réformes admi-
nistratives opérées dans le respect des con-
ditions locales. Il termina en exprimant les
regrets et les vœux du personnel indigène
de r administration.
Le Gouverneur Général Robin a remer-
cié. Il dit son attachement ait peuple^anna-
mite auquel, depuis trente ans, il consa-
cre son labeur. Faisant allusion à la récen-
te réforme du cadre mandarinal, il insista
sur la nécessité de parfaire la compréhen-
sion des fonctionnaires annamites, sur la
noblesse de leur rôle, dans Vapplication des
mesures administratives pour t'amélioration
constante des populations. Il exprima sa
confiance dans les destinées de l Indochine
qui doit continuer à se développer dans
l'ordrc et la paix française.
Le lendemain, 19, les représentants de la
population française du Tonkin, auxquels
s'étaient jointes de nombreuses personnali-
tés annamites avaient invité le Gouverneur
général Robin à un Champagne d'honneur à
Ilôtel Métropole de Ilanoï. En présence
d'une affluence considérable d'Européens et
d'indigenes, M. Perroud, président du
Grand Conseil des Intérêts Economiques et
Financiers de l'lnctochine. entouré des pré-
sidents des Chambres de Commerce et
cl' Agriculture du Tonkin, des conseillers
municipaux de Hanoï et de Haiphona et des
membres tonkinois du Grand Conseil, a ac-
cueilli le chef intérimaire de la colonie. De
nombreux fonctionnaires et colons français
et des personnalités indigènes étaient ve-
nus des provinces pour assister à cette cé-
rémonie. Le Président du Grand Conseil
exprima les regrets de la population de
voir s'éloigner ce chef qui après avoir con-
tribué puissamment pendant. de longue.s
années à rendre le Tonkin prospère sût,
grdcc à sa vigilante fermeté, lors de la pé-
riode troublée de l'an passé, ramener
promptement le calme dans le pays et pré-
server la population de la criminelle agita
tion des fauteurs de désordres. Les popula-
tions française et annamite du Tonkin lui
resteront reconnaissantes de son action dé-
cisive dans ces moments difficiles. Le Gou-
verneur général répondit en disant com-
bien il était sensible à la touchante récep-
tion (les représentants de la pojnilation.
Si au cours de 15)30, il fut amené à pren-
dre de sévères mesures pour enrayer les
troubles graves qui commençaient, il ne fit
que son devoir en protégeant la population
avec laquelle il se sentit d'ailleurs en ce
moment en parfaite harmonie de pensée, et
à laquelle il renouvelle ses remerciements
pour son attitude calme et digne. Il ter-
mina en disant sa gratitude aux représen-
tants des populations qui lui accordèrent
toujours une pleine confiance, facilitant
ainsi grandement sa tdchc,
Indopacifi.
La Fête Nationale Annamite
AUCltn incident n'a marqué à Hanoï
la célébration de la fête nationale le 22 juin
qui a donné lieu dans toutes les provinces
à des fêtes et à des cérémonies. Les com-
munistes avaient annoncé des - tnanifesta-
tions dans les provinces de Quang-Ngai,
Hatinh et Vtnh.
Il ne s'en produisit aucune et un calme
complet règne dans les pays.
(Par dépche.)
44^
L'ITALIE ET LES POSSESSIONS
ESPAGNOLES EN AFRIQUE
par P. C. Georges FRANÇOIS.
Dans son numéro du 31 mai dernier la re-
vue belge l'Essor Colonial et Maritime a pu-
blié ce qui suit :
Un de nos amis italiens nous écrit de Ge-
nève :
Une indiscrétion fortuite me met à même de
vous faire part des faits suivants qui ne. man-
quent pas d'intérêt:
Pendant le séjour ici de MM. Grandi et
Lerroux, ces ministres des Affaires Etrangères
d'Italie et d'Espagne ont abordé le sujet dé-
licat de la substitution de l'Italie aux droits
exercés jusqu'ici par l'Espagne en Afrique.
On sait combien l'action espagnole au Maroc
est peu sympathique à tous les éléments démo-
cratiques de la Péninsule ibérique ; il est natu-
rel que la République veuille rejeter ce reste
de l'action exercée par la Monarchie.
Que, pour rompre plus définitivement avec
le régime politique qui, hier encore était le
sien, l'Espagne songe à abandonner la partie
du Maroc dont elle a le Protectorat, voilà
qui serait pousser bien loin le ressentiment.
D'ordinaire, les peuples aussi :)ien que les in-
dividus n'exercçnt pas des représailles contre
eux-mêmes.
Interrogé au lendemain du départ d'Al-
phonse XIII, 'M. Lerroux ne manqua pas d'af-
firmer qu'il n'était nullement dans les inten-
tions du nouveau Gouvernement d' abandonner
le territoire -- nord-africain que - l'Espagne - admi-
nistre. Tout au plus parla-t-il d'une réduction
ne ré d uct i on
des charges militaires, de l'occupation, non
seulement souhaitable, mais encore possible.
Mais autant une simple évacuation avec les
effets moraux déplorables qu'elle comporte
JOIIMLQIjOTIDIE*
Rédaction & Administration ;
M, RMlBMM-TIHir,
PARII 011)
TiktPM. t kOUVRI 19-Sf
- RICHBLIBU1744
Les Annales Coloniales
e s , àle - 0
CM MWHIMI €§ téelêmet «oui rqwo m
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DIR«CTIUII.FONDATBUÉ 1 Maroel RUEDEL
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Contre le communisme en Indochine
Contre le com ù ui:i e en lédochine
–: ) mtm f -
Un communiqué du ministre des Colonies
à la presse apprenait, il y a une quinzaine
de jours, au public, que de nouveaux troubles
s'étaient produits en Indochine. Un télé-
gramme du 24 mai de M. Robin, gouverneur
par intérim, était publié et relatait des scè-
nes de désordre et de pillage, voire même
de meurtres commis par des bandes armées.
Le ministre, ainsi que les membres de la
commission des Colonies, étaient à la même
époque saisis de plaintes émanant d'Annam,
dans lesquelles on accusait les autorités fran-
çaises d'avoir réprimé de façon brutale des
manifestations paisibles, d'avoir accueilli à
coups de fusil des cortèges qui venaient pré-
senter des revendications.
Après l'audition du ministre et les répon-
ses fournies à des questions posées à M. Pas'
quier, gouverneur général, le jour de son
départ pour l'Indochine, après l'examen du
problème fait ensuite par la Commission des
Colonies, il apparaît nettement que la situa-
tion est sérieuse, qu'elle mérite une atten-
tion particulière, une vigilance spéciale, sans
être tout à fait alarmante.
Certains assassinats particulièrement
odieux-ont été commis, des attaques par co-
lonnes organisées ont eu lieu, voilà Je fait
brutal.
Il serait puéril, et d'ailleurs dangereux,
'de vouloir se dissimuler l'importance du
mouvement de grande envergure mené par
les communistes en Extrême-Orient.
Dans toute l'Asie, de la Perse au Japon,
Moscoy multiplie ses efforts. La Birmanie,
où le gouvernement socialiste de l'Angleterre
vient d'être obligé d'envoyer trois régiments,
les Indes néerlandaises, les Philippines sont
travaillées par une agitation persistante.
L'Indochine, où le parti communiste local
vient d'être élevé à l'état de parti indépen-
dant, est particulièrement visée.
Sur un plan d'attaque communiste saisi le
6 décembre dernier, nous apprenons que la
manœuvre est confiée à un comité central qui,
un jour connu seulement de lui, devait ras-
sembler les masses de choc, leur fournir pof-
gnards, revolvers, bombes, et leur faire as-
saillir les points stratégiques, gares, postes
et télégraphes, assassiner certains fonction-
naires, tuer tous les opposants et organiser
aussitôt un cgpunandement militaire.
Les renseignements recueillis ont confirmé
ce que j'ai écrit, il y a quelques mois, dans
ce journal ; le Laos et le Cambodge sont
absolument calmes. La propagande moscou-
–ttflrfr n'a eu Buëune prise sur 169 populations
loyalistes de ces deux pays. Au Tonkin et
en Indochine, qui avaient été l'an dernier le
siégé d'événements douloureux, aucune agi-
tation ne se manifeste actuellement. Seule
la région du Nord-Annam a été troublée par
le dernier assaut des communistes; qui ont
préféré localiser leur action et ne pas disper-
ser leur effort.
Je n'insiste pas sur les raisons diverses
bien connues pour lesquelles le Nord-Annam
est, ainsi que le 'répétait le ministre des
Colonies, c une Vendée indochinoise t.
Me bornant à rappeler que la situation
économique mauvaise des rëgions de Vinh,
de Hatinh, a créé une - atmosphère favorable
au développement des idées communistes, je
constate que dans la région au nord de Vinh,
où nous avons amélioré la culture au point
d'y faire maintenant deux récoltes annuelles,
la propagande n'a eu aucun effet ; toutes
les excitations ont échoué. Je constate aussi
qu'à certains endroits où l'activité bolche-
vique s'était auparavant manifestée, grâce
aux mesures spéciales de défense prises par
les autorités, aucun incident n'a eu lieu et
j'en conclus que pour éviter Je retour des
événements graves que nous déplorons, il
faut prendre des mesures qui non seulement
attaquent le ferment lui-même, mais aussi
le neutralisent en modifiant le terrain fa-
vorable à son développement.
Empêcher les troubles de se produire, les
supprimer lorsqu'ils ont éclaté, c'est l'oeuvre
du gouvernement local.
Dans la mesure où des frontières, diffi-
ciles à garder, le permettent, empêcher l'en-
trée en Annam des éléments douteux, repé-
rer, surveiller les individus suspects, dépis-
ter, expulser les propagandistes étrangers,
avertir le Résident des indices révélateurs
d'une sédition possible, l'alerter et lui per-
mettre de prendre, en temps voulu, les dis-
positions nécessaires, tel est le rôle de la
police ; il est plus facile de prévenir le mal
que de le guérir.
Si les forces de police ne sont pas suffi-
santes, qu'on les augmente, et surtout que
l'on exige d'elles une surveillance effective,
intelligente, exempte de toute brimade inu-
tile et vexatoire.
Lorsque les troubles se produisent, l'ordre
doit être maintenu ; il faut une ré-
pression rapide, vigoureuse, mais, pour bien
porter, elle doit porter juste et n'atteindre
que les .coupables. Les troupes destinées à
maintenir l'ordre permettront d'autant plus
à la police de reconnaître les meneurs
qu'elles sauront mettre du sang-froid, du
calme, ne pas répondre à des provocations
puériles, et n'agir vigoureusement qu'en cas
de légitime défense.
En dehors de l'activité directe des trou-
pes contre les cohortes manœuvrières et me-
naçantes, aucune répression collective ne doit
être effectuée ; il ne faut pas d'expéditions
punitives, ni de village bombardé pat avion,
sdus prétexte que le village s'.est révolté.
Les bombes risqueraient d'être inofrSnsives
pour les chefs communistes et d'être meur-
trières, soit pour ceux qui se seraient laissé
entratner, soit pour ceux-là mêmes qui se
seraient abstenus, et ces derniers pourraient
alors se dresser légitimement contre nous.
Camille Briquet,
Député de l'Eure Secrétaire de la Com-
mission de l'Algérie, des Colonies, et
ias Protectorats.
AU CONSEIL D'ETAT
- t .:a.
Bureau Municipal d'Hygiène Publique de
Bône. - Candidats à la direction
Le Conseil d'Etat.
Considérant, - - -
qu'aux termes de l'art. 2 du décret du
4 août iÇtOj déterminant les conditions d'or-
ganisation et de fonctionnement des bureaux
municipaux d'hygiène en Algérie, « .le
« par le Conseil supérieur d'Hygiène publi-
« que et par le Gouverneur général de l'Al-
« gérie.. »
.mais l'intervention du Gouverneur géné-
ral n'est prévue qu'en ce qui concerne l'exa-
men des altitudes administratives des candi-
datSj l'appréciation des titres scientifiques
demeurant exclusivement réservée au Conseil
supérieur d'Hygiène Publique.
Tels sont les principaux motifs pour les-
quels le Conseil d'Etat, à la requête de
M. Honorât, médecin à Bône, - annule une
décision à la suite de laquelle, par avis in-
séré au Journal officiel du 15 février 1928, a
été ouvert un nouveau délai pour la présen-
tation des candidatures t au poste de directeur
du bureau municipal d'Hygiène de Bône.
Réorganisation de la justice en Indochine
Relet. de la requête des avocats
Le Conseil d'Etat a rejeté la requête que
la Compagnie des avocats défenseurs de la
Cochinchine et du Cambodge avait présentée
à l'effet d'obtenir l'annulation, pour excès
de pouvoir, du décret en date du 24 juin 1927
portant modification aux décrets les 19 mars
îQio et 16 février 1921 réorganisant la jus-
tice en Indochine. -
Dans leur requête, les avocats dont s'agit
soutenaient que les dispositions du décret
précité avaient été prises en violation des
principes régissant l'organisation judiciaire
comme les principes de la liberté et de l'in-
dépendance du barreau.
Qu'elles consacraient ainsi la main-mise
de l'Administration sur l'autorité judiciaire.
.Les requérants rappelaient également
que l'art. 67 du nouveau texte porte que la
direction des services judiciaires en Indo-
chine est confiée à un haut magistrat qui
prend le tifre de premier président chef de
l'Administration judiciaire.
.Que les procureurs généraux et les pre-
miers présidents de Cours d'appel de Saigon
et d'Hanoi, perdant leurs attributions anté-
rieures sont mis sous les ordres de ce super-
premier président qui se voit confier l'action
publique.
.Qu'il a la discipline des magistrats, les
'déplace et le note et fait toutes - propositions
en vue de leur avancement.
.Qu'en ce qui concerne spécialement les
avocats défenseurs, leui discipline est dé-
sormais dévolue au chef de l'Administration
judiciaire, etc., etc.
di Appelé à juger cette affaire, le Conseil
Etat - ainsi que dit - a rejeté la re-
quête des avocats défenseurs de la Colonie
attendu qu'aux termes dé l'art. 18 du sena-
tus-consulte du 3 mai 1854, les colonies au-
tres que la Martinique, la Guadeloupe et la
Réunion sont - régies par des décrets.
En modifiant par le décret du 24 juin
1927 les décrets des 19 mai 1909 et 16 février
1921, portant réorganisation de la justice en
Indochine, le chef de l'Etat a agi dans
l'exercice' des pouvoirs qu'il tient du séna-
tus-consulte ci-dessus mentionné.
Dès lors, la Compagnie des avocats n'est
pas fondée à demander l'annulation dudit
décret.
Rejet de la requête d'un médecin de
l'assistance médicale de l'Indochine
Le Conseil d'Etat a rejeté la requête que
M. Honorât, médecin de l'Assistance médi-
cale en Indochine en retraite, avait présen-
tée aux fins d'annulation d'une décision du
Gouverneur lui refusant : 10 les bénéfices des
indemnités de charges de famille; 20 la re-
vision de la pension qui lui a été concédée.
Le Conseil d'Etat a décidé que la partie
de la requête concernant la revision de
charges de famille était sans objet, attendu
que ce fonctionnaire avait bénéficié de ladite
indemnité, conformément aux dispositions
de l'art. 45 du règlement d'administration
publique du ief novembre 1928.
En ce qui concerne la pension concédée à
M. Honorat sur la caisse intercoloniale des
retraites, le Conseil d'Etat a déclaré que
M. Honorat n'est pas fondé à soutenir que
la totalité des services militaires accomplis
par lui hors de l'Indochine - et qui n'ont
pas été retenus pour leur intégralité lors de
la concession de sa pension sur la caisse
locale des retraites - aurait dû entrer en
compte pour la revision effectuée en vertu
des dispositions des articles 41 et suivants
du règlement d'administration publique du
1er novembre 1928, sur la caisse intercolo-
niale des retraites - attendu que :
.si en vertu de ces dispositions il doit être
tenu compte pour cette revision des traite-
ments afférents, au jour- de la publication
dudit règlement, aux emplois occupés pen-
dant les trois dernières années d'activité,
il n'est pas prévu de revision du décompte
initial des services servant de base à la li-
quidation de la pension.
Tels sont les principaux motifs pour les-
auels le Conseil d'Etat a rejeté la requête
de M. Honorât, ex-médecin de l'Assistance
médicale en Indochine, demeurant actuelle-
ment à Bône (Algérie), 4, rue More au.
Fruits altérlens
rlr
-
JsSs
u dernier congrès de
l'Arbre fruitier,
organisé par les
Chemins de fer al-
gériens de l'Etat,
M. Pelegri, ingé-
nieur ̃ agrotlome,
membre de la Chambre d'Agriculture d'Al-
gert a présenté un rapport qui ouvre de bien
belles possibilités fruitières à nos trois dé-
parlements algériens.
Après la consommation exagérée qui s'est
faite, et continue de se faire en Frollee, de
fruits étrangers (qu'ils viennent du Cap ou
de l'Amérique du Nord, etc.), le métropoli-
tain lecteur du rapport de M. Pelegri, peut
s'étonner à bon droit de Vimmense verger
quasi paradisiaque que nous négligeons de
défr!cli'Tr. °
Car il est impossible de mettre en doute
la haute compétence de M. Pelegri, doublée
d'une expérience qui s'est formée sur les
lieux dont il vante les possibilités fruitières.
« Que Von parcoure noire belle Afrique
du Nord, d'Est en Ouest, pour celui qui,
comme nous, a vécu une partie de son elt-
fance dans un beau coin de la III, on
reste frappé d'une chose : l'absence presque
complète d'arbres fruitiers dans la majorité
des zones parcourues.
« Pour/allt, que de possibilités dans ce
beau- département de Constantine ! Pourquoi
s'y obstiner à y faire dans certaines régions
des céréales hypothétiques, alors que ces
mêmes contrées seraient rapidement riches
de leurs productions fruitières ?. Ces en-
virons de Batna, ne peut-on les concevoir en
vergers de pommiers, de poiriers, d'abrico-
tiers, qui donneraient à une ville bien plus
vivat/te auttelois un regain de commerce et
d'activité ? Possibilité d'abricotiers, de pê-
chers dans les alentours de Timgad ? » Les
exemples sont encourageants : autour de Mil-
lésimo poussent des abricotiers d'une beauté
rare. Qu'attend-on pour leur donner des
compagnons ? Alentour de la ville de Bône,
orangeries et vergers poussent à metveille.
Les coteaux qui dominent femmapes appel-
lent les plantations d'amandiers. Avec l'abon-
dance de pluies dont bénéficie cette région,
avec la richesse de son sol, quelles poires
succulentes, quelles pêches magnifiques /Jo"r-
rait-on en retirer 1 ---
Quant au manque de facilités d'expédi-
tions, la possibilité d'un tonnage de fruits
atses important incitèrent les compagnies à
s'prgatriter four V évacuation rationnelle des
produits.
Qu'attendons-nous pour faire fructifier
les terres noires d'El-Arrouch, les situations
privilégiées de Djidjelli, de Bougie, etc. 1
Même chose à l'ouest, oh la belle vallée de
la Tafna ne devrait former qu'un verger inin-
terrompu, les amandiers poussent splendide-
ment. sur la route de Tlemcen à Nemours,
etc., etc.
Il est impossible dans cette vue à vol
d'oiseau de souligner toutes les certitudes
géographiques données par un Pelegri.
Souhaitons qu'tilt ensemble d'efforts
concertés mette en valeur assez rapidement
l'admirable verger que nous avons en jouis-
sance en Afrique du Nord. Ainsi, les moin-
dres débitants de la métropole offriront à
mie clientèle friande de fruits, de beaux spé-
cimens an meilleur prix.
Ernest Haudos,
Sénateur de la Marne,
Vicc-Présldent de la Commission
des Douanes.
4«»
A l'Académie des Sciences
868
Direction de l'Observatoire d'Alger
L'assembléc, lors de sa dernière séance, a
désigné pour la direction de l'Observatoire
d'Alger M. Lagrula, déjà sous-directeur, en
première ligne et M. Dufay, astronome à
ILyon, en seconde ligne.
A la Chambre de Commerce
de Majunga
.,.
La Chambre de commerce de Majunga a
ouvert un crédit de 200.000 francs pour
l'achat d'un immeuble destiné au service de
la standardisation.
Virtuellement l'Office de la standardisa-
tion est entré dans la période active. Son
installation se poursuit petit à petit.
L'expert-directeur a été installé; il a
pour mission de début, de coordonner et de
mettre au point les multiples opérations nées
de cette installation.
La question du port et des quais inscrite
a fait l'objet d'un rapport indiquant les in-
convénients qui résultent de l'actuelle instal-
lation qui ne permet pas, ou alors très dif-
ficilement, l'accès et le dégagement des
quais, notamment les jours de courriers.
Le rapport énumère les avantages qu'il y
aurait à établir un sens circulaire unique
dans cette partie de la ville et suggère d'uti-
liser la partie du terre-plein non empierré
à l'est dies magasins de la Compagnie
Franco-Malgache et de la Marseillaise,
comme voie de pénétration, et à utiliser les
deux voies existantes, après remise en état
comme voies de dégagement.
Les travaux à effectuer et la dépense à en-,
gager n'en parait pas tellement importante
qu elle ne puisse pas être incorporée au plus
prochain plan de campagne et être exécutés
en premier lieu.
Difficultés budgétaires
à Tahiti
.,.
Dans une lettre qu'il a adressée au prési-
dent de la Chambre de commerce de Papeete
le Gouverneur des Etablissements français
de l'Océanie lui a fait connaître que la di-
minution du tonnage d'extraction des phos-
phates entraînant une réduction très sensiblq
des perceptions faites au budget local au
cours de la présente année, il était nécessaire
d'envisager la création de nouvelles ressour-
ces fiscales. A cet effet, il a déclaré avoir
l'intention de porter les droits de consom-
mation frappant les tabacs fabriqués et les
cigarettes respectivement de 4 et 8 francs
en ce moment à 20 et 30 francs le kilo et
qu'il prévoyait un impôt nouveau de consom-
mation frappant les cartes à jouer et les
allumettes dont les taux seraient respective-
ment de 5 francs par jeu et 10 francs le kilo.
Le Gouverneur a demandé de lui faire
parvenir d'urgence l'avis de l'Assemblée
consulaire sur ces différents points. Ils ont
été discutés au cours de la séance tenue par
la Chambre de commerce le 22 avril dernier.
Le Président a d'abord communiqué aux
membres de la Compagnie les chiffres ci-
après des importations en 1930 des produits
sur lesquels doit frapper le nouvel impôt
proposé :
Tabac, 12.000 kilos ; cigarettes et cigares,
20.000 kilos; jeux de cartes, 4.500 environ
pesant 403 kilos ; allumettes, 22.000 kilos.
D'après ces chiffres le nouvel impôt produi-
rait 1.072.500 francs.
Il a ajouté que l'importation de ces mar-
chandises ayant diminué d'une façon impor-
tante depuis le commencement de l'année il
serait sage d'envisager que cette diminution
ne pourra que s'accroître d'ici la fin de 1931.
Le chiffre qui vient d'être indiqué polir la
production du nouvel impôt sera donc très
sensiblement réduit.
Au cours de la discussion, M. Spitz, l'un
des membres de la Chambre de commerce,
a demandé à ses collègues de protester éner-
giquement contre tout nouvel impôt frappant
le consommateur. Il a émis l'avis de chercher
le redressement du Budget en augmentant
les droits de sortie des phosphates et en ré-
duisant le nombre des fonctionnaires. Il a
dit que si cette taxe passe, elle ne sera pas
suffisante et d'autres suivront. Il a ajouté :
nous n'avons que trois produits à exporter :
le coprah qui baisse tous les jours, la nacre
et la vanille qui sont invendables. Il a fait
remarquer que la valeur totale de tous les
produits exportés n'atteint pas le chiffro du
Budget et que même si les producteurs fai-
saient cadeau à l'Administration de tous
leurs produits, leur valeur ne suffirait pas à
payer les dépenses du Service local. Il a
fait remarquer encore qu'à chaque numéro
du fàumi officiel on constate des augmen-
tations de traitements, des attributions d'in-
demnités et des nominations de nouveaux
fonctionnaires. Il a supplié ses collègues de
donner un avis défavorable sur le nouvel
impôt.
Plusieurs autres membres de la Chambre
de commerce ont émis des opinions dans le
même sens en faisant ressortir que la Colo-
nie est dans une situation économique si cri-
tique, qui provient de la mévente de ses pro-
duits, que ta misère commence à régner dans
la population indigène. Ils ont attiré l'atten-
tion sur les faillites, les liquidations forcées
ou volontaires qui sévissent dans le com-
merce.
Lorsque la discussion a été terminée le
Piésident a mis aux voix le vœu suivant, pré-
senté par M. Grand qui a été voté à l'unani-
mité et qui a été envoyé au Gouverneur :
La Chambre de commerce de Papeete,
Considérant que la mévente de la nacre et
la baisse très sensible de la vanille et du
coprah, seules ressources de la Colonie, a
provoqué une situation très critiqu dans
certains cas, frisant la misère, aussi bien
dans la population que dans le commerce.
Considérant notamment que cette situation
a déjà provoqué la faillite, ou la liquidation
forcée ou volontaire de certains commerçants
de la place.
Considérant que le contribuable de cette
Colonie a atteint l'extrême limite de sa ca.
pacité fiscale.
Considérant qu'une augmentation des taxes
de consommation, étant donné la gêne d'un
grand nombre de consommateurs aurait
pour résultat immédiat de réduire encore les
importations et que cette réduction influerait
sur les ressources qui proviennent de la per-
ception des droits d'entrée et de la taxe
d'importation.
Considérant que la réduction de la capacité
d'achat du consommateur provoquera néces-
sairement la réduction du chiffre d'affaires
des commerçants,
Emet le vœu :
Qu'aucun nouvel impôt, quel qu'il soit,
frappant le consommateur, soit créé dans la
Colonie.
Et suggère très respectueusement à M. le
Gouverneur, que le rétablissement financier
de la Colonie soit obtenu, sans nouvelles
taxes, par des compressions des dépenses in-
combant au Budget local.
.,.
L'Aviation Coloniale
»» »
Un accident au Maroc
Un avion sanitaire évoluant au-dessus
de Kasbah-Tadla a pris feu en vol. Le pi-
lote Jourdcs s'est lancé en parachute de
160 mètres de hauteur et a atterri sans
blessure.
L'avion eest écrasé en flammes à quel-
ques mètres de lui.
Un avion transatlantique à Terre-Neuve
Les aviateurs danois Hillig et Holrlis sont
arrivés ici dans leur avion Liberty, venant
de New-Jersey, accomplissant la première
étape de leur vol transatlantique vers le
Danemark, via Terre-Neuve.
Les conditions atmosphériques les cmpê-
chent jusqu'ici de repartir.
L'utilisation ? Bambou
en Indochine
!♦»
Le bambou est certainement parmi toutes
les plantes, celle que l'on rencontre le plus
fréquemment en Indochine.
En dehors de la fameuse « mer de bam-
bous » qui s'étend depuis les berges de Saï-
gon jusqu'au Cambodgel on trouve sur tout
le territoire de l'Indochine de véritables fo-
rêts de ces arbustes dont la hauteur atteint
parfois jusqu'à 30 mètres et dont la puissance
et la souplesse font un contraste étrange avec
la ténuité des racines profondément enter-
rées. «
On ne saurait croire combien la vie même
de l'indigène est intimement liée à celle du
bambou, qu'il sait adapter à presque tous ses
besoins. Avec les tiges les plus grosses, il
installe des conduites d'eau, lance des ponts
légers sur les rivières, fabrique des échelles,
des charpentes, des poutres, des récipients
de toutes sortes, des mâts, des échafaudages.
Les moyennes tiges sont réservées à la con-
fection d'un mobilier qui ne le cède parfois
en rien aux meubles les plus esthétiques de
nos meubles d'Occident : tableaux, fauteuils,
écrans, coffrets et boîtes à bijoux, cadres très
finement sculptés, instruments de musique ;
ou pour des objets usuels tels que montants
de moustiquaires, dévidoirs, lances, gaffes,
tuiles.. lattes, planchers, etc. Avec les plus
fines, il confectionne des cannes, des man-
ches de parapluie où d'ombrelle, des engins
de pêche, des manches d'outils, des pipes à
eau, des navettes de tissage, etc.
D'une adresse incomparable, l'indigène
sait aussi diviser certaines tiges de bambous
en lanières de toutes dimensions avec les-
quelles il confectionne des chapeaux, des
éventails, des corbeilles, des nattes, des pa-
rasols, des stores, des cages, des claies, des
liens, des tressages, des radeaux, des bar-
ques même, d'une légèreté telle qu'un
homme peut, à bout de bras, transporter à lui
seul et simultanément son bateau et tous ses
engins de pêche (au grand étonnement du
colonial fraîchement débarqué).
On utilise en outre le bambou pour la fa-
brication du papier : des cordages rustiques.
Les graines de certaines espèces valent, de
l'avis des indigènes, celles de nos céréales
et les jeunes pousses que l'on mange en sa-
lade, constituent un mets plus délicat que
nos meilleures asperges.
Les feuilles fournissent un excellent four-
rage pour les animaux et les vieux Annamites
font encore usage du sucre de bambou, pe-
tites masses dures obtenues par coagulation
du liquide sucré que laissent échapper cer-
taines espètes.
Les 200 espèces de bambous que l'on a déjà
pu identifier se divisent en deux catégories:
le bambou mâle (types Hop et Trc-Hoa) et
le bambou femelle (type Nua).
Bambou mâle
Le bambou mftlé est une tige cylindrique,
polie, luisante même, d'une belle couleur
verte, jaunâtre à rnâturité. De distance en
distance "d'épaisses cloisons, constitué par
un tissu ligneux à fibres très fortes, impré-
gné de silice, forment des nccuds très résis-
tants qui valent le meilleur frettage.
Le bambou atteint en deux ans sa hauteur
maxima. L'espace compris entre deux nœuds
consécutifs varie de 30 à 80 centimètres sui-
"ant l'âge du bambou L'épaisseur de la cou-
ronne diminue d'une année à l'autre d'envi-
ron un millimètre jusqu'à sept. A ce moment
elle n'est plus que de ; à 6 mim et le bam-
bou dont le diamètre moyen peut atteindre
jusqu'à 20 c/m, n'a plus les qualités requises
pour supporter de gros poids
On a procédé à différentes reprises à des
essais de résistance des bambous mâles dont
un enfoncement de pilots en mauvais ter-
rain : une palée composée de quatre bambous
mâles de 7 c/m de diamètre moyen, a été
construite sur de la vase consistante. Les
bambous taillés en sifflet, étaient espacés de
75 c/m d'axe en axe et avaient une fiche de
1 m. 70. Cette palée a été chargée à 1.500
kilos. Il en est résulte immédiatement l'en-
foncement suivant :
1er pilot, 1 rn/m; 20 pilot, 2 m/m 5; 3e pi-
lot, 2 m/m; 4° pilot, 2 m/m 5.
Vingt-quatre heures plus tard l'enfonce-
ment était le suivant ;
1er pilot, 41 m/m; b pilot, 41 m/m 5;
3e pilot, 42 rn/m; 4e pilot, 42 m/m 5.
La charge ayant été portée à 2.000 kgs il
n'en est résulté en 24 heures, aucun nouvel
enfoncement appréciable. Cette expérience
permet de conclure qu'en sol vaseux l'enfon-
cement d'une travée de pilots de bambous
n'offre aucun danger si .ta fiche est de
1 m. 70.
Bambou femelle
Le bambou femelle est loin d'offrir les ca-
ractéristiques du bambou mâle, en ce qui
concerne la résistance à la compression et à
la flexion. La paroi en est très mince (2 à
6 m /m), les nœuds sont peu solides et très
espacés. Il est inutilisable comme pilot, car
il ne résisterait pas aux coups que nécessite-
rait son enfoncement.
'Il constitue, par contre, des corps de sup-
port flottant de tout premier ordre, sa densité
étant de beaucoup inférieure à celle du bam-
bou mâle. Des expériences faites au cours de
1928 ont permi's d'envisager leur utilisation
pour la construction de tabliers de passe-
relle à corps de support fixe et pour la con-
fection de radeaux.
Dans le premier cas une travée de 3 mètres
constituée par quatre poutrelles en bambous
femelles espacés de 75 c/m d'axe en axe, a
supporté pendant vingt heures une charge
de 1.000 kgs uniformément répartie. Dans
cette expérience, les bambous avaient en
moyenne 10 c/m de diamètre et leurs parois
5 .ni/m 5 d'épaisseur. Aucune déformation ne
fut constatée, une fois la charge enlevée. La
flèche avait atteint 11 c/m.
Dans le second cas un radeau simple de
trente bambous femelles de 5 mètres de lon-
gueur et 8 c/m de diamètre moyen a permis
de transporter en toute sécurité une charge
de 400 kgs, le poids brut des trente bambous
atteignant à peine 315 kgs.
On voit donc par ce rapide exposé tout l'in-
térêt que présente aussi bien pour l'indigène
que pour le colon le développement intensif
des forets de bambous dont l'emploi est illi-
mité.
A. Reboul.
Dépêchesde l'Indochine
«<̃
Avant le départ de M. Robin
pour la France
L'Association pour la formation intellec-
tuelle et morale des Annamites de la Cham-
bre des Représentants du Peuple du Ton-
kin et l'Amicaledu Personnel Annamite de
l'Administration du Protectorat ont offert
au Gouverneur Générai P. 1. Robin, le 18
courant, à l'occasion de son prochain dé-
part en congé en France, un thé d'honneur
auquel assistaient, en outre de nombreuses
personnalités françaises invitées, une foule
de notabilités indigènes. Le Président du
Comité de réception S. E. Ifoang-Trong-
Phu, Tong-doc de Iladong, a rappelé les
efforts méthodiques de t'ancien chef du Pro-
tectorat pour assurer le dévelojxpement du
Tonkin et la prospérité de son peuple. Il
énuméra les importants résuliuts obtenus,
notamment en matière de travaux d'irriga-
tion, de digues protectrices, d'assistance
publique et les nombreuses réformes admi-
nistratives opérées dans le respect des con-
ditions locales. Il termina en exprimant les
regrets et les vœux du personnel indigène
de r administration.
Le Gouverneur Général Robin a remer-
cié. Il dit son attachement ait peuple^anna-
mite auquel, depuis trente ans, il consa-
cre son labeur. Faisant allusion à la récen-
te réforme du cadre mandarinal, il insista
sur la nécessité de parfaire la compréhen-
sion des fonctionnaires annamites, sur la
noblesse de leur rôle, dans Vapplication des
mesures administratives pour t'amélioration
constante des populations. Il exprima sa
confiance dans les destinées de l Indochine
qui doit continuer à se développer dans
l'ordrc et la paix française.
Le lendemain, 19, les représentants de la
population française du Tonkin, auxquels
s'étaient jointes de nombreuses personnali-
tés annamites avaient invité le Gouverneur
général Robin à un Champagne d'honneur à
Ilôtel Métropole de Ilanoï. En présence
d'une affluence considérable d'Européens et
d'indigenes, M. Perroud, président du
Grand Conseil des Intérêts Economiques et
Financiers de l'lnctochine. entouré des pré-
sidents des Chambres de Commerce et
cl' Agriculture du Tonkin, des conseillers
municipaux de Hanoï et de Haiphona et des
membres tonkinois du Grand Conseil, a ac-
cueilli le chef intérimaire de la colonie. De
nombreux fonctionnaires et colons français
et des personnalités indigènes étaient ve-
nus des provinces pour assister à cette cé-
rémonie. Le Président du Grand Conseil
exprima les regrets de la population de
voir s'éloigner ce chef qui après avoir con-
tribué puissamment pendant. de longue.s
années à rendre le Tonkin prospère sût,
grdcc à sa vigilante fermeté, lors de la pé-
riode troublée de l'an passé, ramener
promptement le calme dans le pays et pré-
server la population de la criminelle agita
tion des fauteurs de désordres. Les popula-
tions française et annamite du Tonkin lui
resteront reconnaissantes de son action dé-
cisive dans ces moments difficiles. Le Gou-
verneur général répondit en disant com-
bien il était sensible à la touchante récep-
tion (les représentants de la pojnilation.
Si au cours de 15)30, il fut amené à pren-
dre de sévères mesures pour enrayer les
troubles graves qui commençaient, il ne fit
que son devoir en protégeant la population
avec laquelle il se sentit d'ailleurs en ce
moment en parfaite harmonie de pensée, et
à laquelle il renouvelle ses remerciements
pour son attitude calme et digne. Il ter-
mina en disant sa gratitude aux représen-
tants des populations qui lui accordèrent
toujours une pleine confiance, facilitant
ainsi grandement sa tdchc,
Indopacifi.
La Fête Nationale Annamite
AUCltn incident n'a marqué à Hanoï
la célébration de la fête nationale le 22 juin
qui a donné lieu dans toutes les provinces
à des fêtes et à des cérémonies. Les com-
munistes avaient annoncé des - tnanifesta-
tions dans les provinces de Quang-Ngai,
Hatinh et Vtnh.
Il ne s'en produisit aucune et un calme
complet règne dans les pays.
(Par dépche.)
44^
L'ITALIE ET LES POSSESSIONS
ESPAGNOLES EN AFRIQUE
par P. C. Georges FRANÇOIS.
Dans son numéro du 31 mai dernier la re-
vue belge l'Essor Colonial et Maritime a pu-
blié ce qui suit :
Un de nos amis italiens nous écrit de Ge-
nève :
Une indiscrétion fortuite me met à même de
vous faire part des faits suivants qui ne. man-
quent pas d'intérêt:
Pendant le séjour ici de MM. Grandi et
Lerroux, ces ministres des Affaires Etrangères
d'Italie et d'Espagne ont abordé le sujet dé-
licat de la substitution de l'Italie aux droits
exercés jusqu'ici par l'Espagne en Afrique.
On sait combien l'action espagnole au Maroc
est peu sympathique à tous les éléments démo-
cratiques de la Péninsule ibérique ; il est natu-
rel que la République veuille rejeter ce reste
de l'action exercée par la Monarchie.
Que, pour rompre plus définitivement avec
le régime politique qui, hier encore était le
sien, l'Espagne songe à abandonner la partie
du Maroc dont elle a le Protectorat, voilà
qui serait pousser bien loin le ressentiment.
D'ordinaire, les peuples aussi :)ien que les in-
dividus n'exercçnt pas des représailles contre
eux-mêmes.
Interrogé au lendemain du départ d'Al-
phonse XIII, 'M. Lerroux ne manqua pas d'af-
firmer qu'il n'était nullement dans les inten-
tions du nouveau Gouvernement d' abandonner
le territoire -- nord-africain que - l'Espagne - admi-
nistre. Tout au plus parla-t-il d'une réduction
ne ré d uct i on
des charges militaires, de l'occupation, non
seulement souhaitable, mais encore possible.
Mais autant une simple évacuation avec les
effets moraux déplorables qu'elle comporte
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