Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-06-22
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 juin 1931 22 juin 1931
Description : 1931/06/22 (A32,N93). 1931/06/22 (A32,N93).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380363p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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TlRBNTE..DEU}aEME ANNEE. N° 93. ", LB NUMBRO î 80 CENTIMES LUNDI SOIB, 22 JUIN 1991.
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Réduction & Administration :
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Les Annales Coloniales
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Développons la pèche aux Antilles
> m*m E
La mer Caraïbe et les eaux de nos colo-
nies antillaises sont, à juste titre, réputées
très poissonneuses.. La faune marine de ces
régions est remarquablement riche, tant par
la quantité que par l'extrême diversité des
espèces qui la composent. Aussi, parmi les
richesses naturelles encore inexploitées qui
pourraient aider puissamment au développe-
ment économique des Antilles françaises, se
placent au premier rang les produits de la
pêche.
La question de 1 exploitation rationnelle
des eaux antillaises a été à. diverses reprises
soulevée dans les Congrès Nationaux dep
Pêches et Industries Maritimes, notamment
en 1925, à Bordeaux, mais, jusqu'ici les
vœux émis à l'occasion de ces Congres
n'avaient abouti à aucun effort réel de réali-
sation, tandis que les Etats-Unis, dès 192O,
décidaient de consacrer une somme de
too.ooo dollars à l'organisation d'une mis-
sion pour l'étude des fonds marins et des pos-
sibilités de pêche offertes par les Antilles
e dont l'exploitation minutieuse produirait
un acroissement notable des ressources pour
la consommation américaine ».
Enfin, récemment, à la demande des con-
serveurs et des armateurs à la pêche au thon,
le Directeur de l'Office scientifique et tech-
nique des Pêches Maritimes, confia à M. Gé-
rard Belloc, chef du Laboratoire de l'Office
de La Rochelle, en plein accord avec le Dé-
partement des Colonies qui donna à cette
mission sa consécration otlicielle, le soin de
faire une exploration préliminaire méthuùi-
que des eaux màrines des Antilles.
M. Gérard Belloc vient de publier son
rapport dans la Revue des Travaux de l'Of-
fice des Péc/ICS Maritimes. De sa mission il
a rapporté une documentation extrêmement
intéressante sur l'état actuel de la pêche aux
Antilles, la production et la consommation
actuelles des produits de la mer, les moyens
d'augmenter la production et la consomma-
tion et l'utilisation éventuelle des sous-pro-
duits de la mer.
Après avoir visité tous les villages de
pêcheurs de la Martinique, la plupart de
ceux do la Guadeloupe et tous ceux
des dépendances doucette dernière colo-
nie, M. Gérard Belloc a acquis l'a convic-
tion que la mer, dans ces parages est parti-
culièrement poissonneuse, mais que les en-
gins employés par les pêcheurs, de même
que les moyens de transport et de conserva-
.,', tion du poisson sont trop rud Imentaires. pour
puisse$tre sérieusement otga-
Bien que les populations apprécient JLe
poisson sous toutes ses formes, et que )a
cuisine créole abonde en recettes savantes
pour l'accommoder, la consommation du
poisson frais est limitée aux villes du litto-
ral et aux villages, de pêcheurs.
Malgré la faible distance qui sépare du
littoral les villages de l'intérieur, et le
grand nombre de camionnettes qui circulent
et assurent le transport des voyageurs et des
bagages, le poisson frais n'y pénètre pas.
Les villages situés sur la côte, au vent des
îles, en sont eux-mêmes bien souvent privés,
la mer ne permettant pas à leurs frêles em-
barcations de sortir.
Par défaut d'organisation de la pêche et
des. transports et par l'emploi d'engins et de
procédés insuffisamment adaptés, à la riches-
se des eaux environnantes, une grande partie
de la population manque ainsi de poisson
frais et est obligée d'importer du poisson
salé et en conserve. La morue salée, notam-
ment, est consommée en grande quantité.
Dans les petites îles comme Saint-Barthe-
lemy, Saint-Martin, les Sainte et Marie-
Galante où les embarcations sont de plus
fort tonnage la production dépasse souvent
et de beaucoup la faculté d'absorption locale.
L'excédent doit être transporté vers les
grandes terres, ou à défaut, salé.
Pour augmenter la consommation du pois-
son, il est donc indispensable, tout d'abord,
de moderniser les. moyens de conservation et
de transport, et aussi de donner aux pê-
cheurs, sur certains points de la côte, de
plus grandes facilités d'accès pour le débar-
quement et la vente de leur pêche. Ces me-
sures entraîneraient déjà» «par elles-mêmes,
une augmentation de la production, les
pêcheurs étant naturellement incités à pren-
dre plus de poisson, s'ils sont assurés de
pouvoir l'écouler.
Mais une organisation rationnelle de la
pêche, avec tous les avantages qui doivent
en résulter pour les colonies intéressées, exi-
gerait, en premier lieu une transformation
du type de bateaux et des engins de pêche
actuellement utilisés. M. G. Belloc est parti-
san d'une augmentation du tonnage des
embarcations de pêche et prévoit même l'em-
ploi des moteurs, qui s'est généralisé en
France dans les flottilles de pêche, grâce
aux facilités que donne le Crédit maritime.
Pour la conservation du poisson ainsi pê-
ché en grandes quantités, il envisage, en
même temps que des entrepôts frigorifiques
- qui pourraient d'ailleurs être utilisés éga-
lement pour les. fruits, les bananes en parti-
culier l'ètabl isseinent de viviers, surtout
pour les langoustes, et la création d'usines
pour le-s langoustes notamment ) et de
de conserves (de thon notamment) et de
sécheries et salaisons. Ce dernier procédé de
œnservation serait sérieusement facilité par
la proximité de salines qui produisent du sel
en quantités considérables.
Enfin, tous les sous-produits de la pêche
devraient être traités dans des usines spé-
ciales pour la fabrication de la farine et de
l'huile de poisson et la préparation d'en-
grais.
Il serait également utile d'étudier la
nature des fonds de la rgçr Antillaise, afin
de voir s'il pe serait pas possible d'y prati-
quer la pêche au chalut. M. Gérard Belloc
ne rejette pas cette solution a p-riori; il ad-
met également que l'on pourrait pêcher la
baleine aux Antilles.
Mais, sans même tenir compte de ces pos-
sibilités, le programme exposé par M. Gé-
rard Belloc, et dont la plus grande partie
peut être réalisée rapidement, vaut d'être
sérieusement examiné. Dans un moment où
la crise qui sévit sur le rhum et sur le sucre,
démontre, une fois de plus, le danger de la
culture et de l'industrie uniques, il convient
de ne négliger aucune des ressources naturel-
les du sol ou de la mer. Puisque la mer de
nos Antilles Françaises contient pour elles
les trésors de la pêche, nous, serions coupa-
bles de laisser à des étrangers le privilège et
les bénéfices de leur exploitation.
ÍÎellrll Hérengei*,
Sénateur de la Guatldoupc, Vico-
Ptôshlenl de la Commission des
Affaires Etrangères,
A la Commission de r Algérie
des Colonies et des Protectorats
-.6
Convocation et réunion
La Commission de l'Algérie, des Colonies
et des Protectorats se réunira demain mardi
23 juin à 15 heures.
A l'ordre du jour figure la désignation dq
rapporteurs pour avis :
1° De la proposition de lui n° 5130 de
MM. Graëve et Candacc, portant rajuste-
ment des mesures d assistance et de répara-
tion des dommages causés il la Guadeloupe
par le cyclone du 12 septembre 1928;
20 Du projet de loi nU 5034 sur le statut
des coopératives agricoles et de leurs unions ;
lin 3° De la , proposition de loi de M. Graëve
n° 5064 relative au contingentement des
rhums coloniaux, à la plantation de la ba-
nane en Guinée et aux Antilles, et à l'obli-
gation d'employer l'alcool aux colonies dans
les mélanges carburants.
Affaires diverses.
Création de marchés
de laines an Soudan
* 0
Les Annales Coloniales ont déjà signalé
le projet d'administration de la création de
marches des laines au Soudan. Le but pour-
Krtiivl est-d'obtenir–par -la - conditionnement
une amélioration de la qualité- de la laine
par l'institution d'un contrôle au début des
transactions commerciales, c'est-à-dire au.
moment où l'indigène met en vente son pro-
duit.
D'autre part, en raison de la chute des
cours sur les marchés européens, l'Admi-
nistration a envisagé, comme pour le coton,
des mesures propres à permettre à l'indi-
gène de vendre son produit et à ne pas pro-
voquer chez l'éleveur un découragement
nuisible à son propre intérêt et à l'intérêt
général. --
« Les prix limites suivants ont été prévus
pour les deux catégories de laine, ayant une
qualité marchande :
« Première catégorie : 1 fr. 25 pour ta
laine blanche ayattt plus de 7 centimètres
de brin.
Il Deuxième catégorie : ) traltc pour la
laine blanche ayaiit moins de 7 centimètres
de brin.
Il Six marchés de laine fonctionneront
dans les conditions suivantes :
« Les vendeurs seront rassemblés Par le
commandant de Cercle ou son délégué à
Ventrée dit marché où le représentant de
V Union Ovine et le représentant dIt Service
Zootechnique examineront les lots apportés
et imposeront le nettoyage si c'est néces-
saire.
« Pour les lots susceptibles d'être mis en
vcule, chaque vendeur recevra. une fiche in-
diquaut son nom, son village et la catégorie
(première ou deuxième) du lot présenté.
« M uni de. sa fiche d'appréciation, le
vendeur sera dirigé vers l'eltclos réservé ait
pesage oii tin fonctionnaire indigène du Cer-
cle portera le poids dit lot sur la fiche de
l'intéressé.
(( Le vendeur se présentera ensuite dans
la partie réservée, aux transactions où. il sera
libre, de céder son produit aux acheteurs
présents.
- « En cas (l'abstentiolt dit commerce ou si
les prix mini ma fixés n'étaient pas offerts,
le délégué de l'Uniolt Ovihe achèterait im-
médiatement au producteur les sommes lui
revenant. ,'-
<( Dans cette organisation un rôle impor-
tant est dévolu ait représentant de VUnion
Ovine Coloniale ; cette Association placée
sous la surveillance de l'Etat n'intervien-
drait pas comme firme commerciale, mais
seulement pour aider, jtU-ce à son détri-
ment, à Vécoulement de la laine soudanaise,
Ces propositions de l'Administration lo-
cale n'ont pas reçu l'agrément des membres
de la Chambre de commerce.
Ils estiment que le rôle de VAdministra-
tion devrait se borner à la surveillance et
au boIt conditionnement des produits., sans
s'occuper ni du pesage, ni des prix d'achat.
Ils reconnaissent qu'en cette époque de
crise, VAdministration fixe souvent des prix
trop élevés dans le seul but d'encourager
les indigènes producteurs à cultiver, mais il
y a dans cette manière de faire un péril
pour l'avenir, car l'indigène ne peut corn-
prendre les fluctuations dit marclté mondial
et comprend encore moins pourquoi les
commerçants etc peuvent payer le prix offert
par l'Administration,
Il en résulte donc deux suspicions de la
part dit producteur à l'égard des commer.
çants ; fraude sur les pesées et vol sur le
prix d?achat.
En conséquencc, la Chambre ai conclu
que l'Administration devrait seulement exer-
cer la surveillance des marchés et punir sé-
vèrement les fraudes. Quant au prix d'achat
maximum, il serait toujours assuré par la
concurrence des acheteura.
la mévente ai rb
en (OClllncllloe
1 0, 1 ,
L - w 0) )
1 nous souffrons en
Europe de sur-pro-
duction, rendue
d é s 0 r d onnèe et
anarchique depuis
la guerre par
Vcxcès d'un ma-
chinisme tou jours
plus puissant, les
autres pays sont
engagés d a Il s la
mime, crise.
En Cochinchine,
la seule production qui règle le mouvement
des affaires ci domine toute la -;Ae économi-
que dit pays, c'est le commerce du ris. Or,
actuellement, les prix sont tellement tombés
qu'on ne peut pas vendre la récolte. Vexpor-
tation du tia, qui est la grande ressource à
la vie du pays le menace dans ses forces vi-
ves. V exportateur prétend que le producteur
a des exigences excessives. Le producteur
répond qu'aux prix qu'on lui fait, il ne peut
gagner sa vie.
D'autlc part, les exportateurs se refusent
à courir les risques d'autrefois destinés à
régulariser le marché. On ne saurait les y
contraindre, mais le resserrement des crédits
aggrave encore les difficultés ci le marchand
de paddy tic vend pas son riz. -
Un atittt fait vient encore entraver les
transactions à l'intérieur, l'intermédiaire chi-
nois, rouage traditionnel et indispellsable,
privé lui-même des crédits qui lui permet-
tatcnl dans le passe d'établir à ses risques
et périls la régularité du marché, est entrant
dans ses opérations. Les crédits agricoles nt
répondant plus aux besoins ont entraîné, à
leur tour, le crédit saisonnier ci faire place
au crédit hypothécaire qui ne guérit pas le
mal.
En Vochinchine vu produit trop cher et la
concurrence avec les provinces environnantes
se trouve de ce lait paralysée. La crise
actuelle doit être un enseignement pour l'ave-
nir et engager le producteur de Cochinchine
à améliora ses rendements.
La crise aCtItClIC - il faut aller au plus
pressé pourrait être sensiblement atténuée
en en revenant aux anciens errements, c'est-
à-dire mettre à la disposition des intermé-
diaires en leur réclamant les garanties
indispensables, les crédits nécessaires pour
..,.tJI..c" les positions spicttlatives,
inévitables en raison des risques du com-
merce du ris.
Les eifficiiltc's, on les voit. Pour financer
la récolte, 71 faut aller la chercher à l'inté-
rieur, et pour s'assurer de bonnes conditions
il faut souvent la payer en partie d'avance.
Sans avances, pas de transactions.
On a bien proposé un remède au mal du
genre de celui qui a éte soutenu pour le
caoutchouc en incCo-Chinc : diminuer les
droits de sortie qui, en Cochinchine, sont
sensiblement supérieurs à ceux de fbldo.
Chille, du Siam ce de la Birmanie. Mais ce
n'est là qu'un moyen de fortune momentané.
Pour remédier à la sÍfuatiolt, si les moyens
précédents ne pouvaient être acceptés, il res-
terait la création d'une caisse de compcnsa-
tion, destinée à « compenser D l'écart entre
les prix pratiqués sur le marché extérieur et
celui que Tena nécessaire la rémunération
normale du producteur. Le sacrifice à COll-
sentir a été évalué de ce chef de 8 à 10 mil-
lions de piastres. Le gouvernement local
pourrait prendre ci sa charge cette dépense
très importante sans doute en y fai-
sant participer, ce qui serait logique, la
banque d'émission. -
M. Mathieu, président du Conseil Colo-
IIlal, après avoir analysé les causes de la
mévente actuelle du riz en Cochinchine, a
fait un appel pressant aux Pouvoirs Publics
pour qu'ils tentent de mettre rapidement un
frein à la crise. On ne peut qu' encourager
ses efforts pour éviter une cafasfropltr.
C" abebierre,
Sénateur du Nord,
Membre de la commission
Sénatoriale des Affaires Etrangèrcs.
-*««> -
L'organisation du cabinet
de M. Paul Reynaud
Le cabinet du ministre des Colonies est ainsi
complété :
Directeurs : M. Reste, en remplacement de
M. Keller, nommé directeur des affaires éco-
nomiques •
Chef de cabinet : M. Henri de Moulin de
la Barthète, en remplacement de M,. Pages,
nommé résident supérieur ;
Chef-adjoint : M. Gaston Palewski ;
Chargé de mission : M. Grimaldi, en rem-
placement de M1. Henri de Moulin de la Bar-
thète ;
Attaché : M. Ristethuber, en remplace-
ment de M. Robert Bétoland, avocat à la
Cour, qui a donné sa démission.
Çour, qui a donné sîk démission.
AU SIAM
ce
Faillite d'une banque
La banque Ycc Ilaw Ktuang Ilap, Seng
a fait faillite ; le déficit de l'agence de
Bangkok est de 1.000.000 de ticaux. Le. dé-
ficit à Hong-Kong, à Swatow et des autres
agences est évalué à deux millions de dol-
lars,
- Indopacifi.
Carnet de route
« Symphonie Exotique »
lit.
Panama
De Tahiti à Panama, 22 jours d'éternelle
monotonie où les vagues se succèdent si pareil-
les que Ton se demande si c'est la même qui
continue oii d' autres qui lui ressemblent. La
notion du temps se perd, il semble qu'il y a
longtemps que l'on est parti et l'on murmure
pourtant : « Comme les jours passent ! ». 22
jours dans le Pacifique sans un oiseau, sans
l'ombre grise d'une terre aperçue. 22 j'durs,
où le cœur du bateau rythme le coup sourd des
machines, où le frottement de la mer sur les
flancs du navire accompagne éternellement ces
heures chaudes ou ces nuits si longues sans
sommeil.
Enfin, voici les côtes américaines : il y a 5
mois et demi nous franchissions * le canal de
Suez, aujourd'hui c' est celui de Panama et
cette 2e parte faisant communiquer le Pacifi-
que et 1 Atlantique s'ouvre sur le retour et
marque une étape dans notre tour du monde.
Malgré tout on ne peut s'empêcher de com-
parer ces deux ouvrages gigantesques Suez :
depuis des siècles lutte perpétuelle des hom-
mes contre la nature au pays des Pharaons,
triomphe enfin du génie français, rivière créée
contre la force hostile où sur ses rives chaque
jour l' ombre des grands paquebots efface peu
à peu les caravanes venant des horizons mys-
térieux, vision inoubliable des couchers de so-
leil sur l'infini des sables où chante sans arrêt
la voix émouvante du désert. Panama: escalier
prodigieux montant du Pacifique pour atteindre
le grand lac et pour descendre sur l'Atlanti-
que. Usine de titans où la machine est reine
avant tout, puisque dans le plus profond silence
pour hisser les navires vers cette terrasse liqui-
de, les écluses de Mira-Flores, et de Pedro-
Miguel s' ouvrent, se reforment, se remplissent
instantanément. Des locomotives électriques
grimpent les montagnes russes et drainent les
bateaux comme des joujoux à travers ces fortifi-
cations de ciment. Escaliers monumentaux con-
duisant à cette rivière coulant dans un paysage
banal de forêt inondée, d'efforts oubliés où le
bateau reprend sa course, traverse la tranchée de
Culebr. montagne ouverte à coups de dyna-
mite, retrouve r eau calme du grand lac et
vient à nouveau se livrer aux machines pour
descendre l'écluse de Gatun. Au loin, c'est
l'Atlantique: Cristobal apparaît avec ses quais
outillés pour le charbonnage rapide, et, avant
d'atteinqre cette escale, ce n'est pas sans émo-
tion que nous laissons sur notre droite, petite
rivière abandonnée à l'envahissement des her-
bes, ce qui fut te canat français, et dont l'idée
pâatianf fnt le début été ce prodige permettant
enaque année à près de 4.'Offi bateaux de join-
dre en quelques heures les deux océans. Si le
premier canal a su garder sa poésie et ses
paysages évoquant les siècles passés, le
deuxième est un immense ouvrage d usine mar-
quant le triomphe des moyens modernes : le ci-
ment et l'électricité.
Quelques heures de liberté au milieu des
lumières, an milieu des races mêlées, dans ce
carrefour amusant de Colon, escale où le pas-
sager, après cette longue traversée du Pacifi-
que, retrouve la vie grouillante des villes, les
cris familiers des vendeurs, le bruit assourdis-
sant des autos, l' atmosphère en fumé des bars,
et sur les nuages blancs la décalcomanie des
arbres exotiques. Escale d' autant plus vivante
que bousculée par le temps, on court pour tout
voir et que l' on ne voit rien, rien que la vie
qui nous étourdit. Rappelé trop brusquement,
par le départ, on reprend « sa » cabine,
« ses » habitudes, « sa » monotonie, presque
avec satisfaction. comme ces bêtes sauvages,
apprivoisées et vivant en appartement que l'on
sort un jour dans la rue et qui pourtant nostal-
giques de grand air et de liberté, rejoignent en
hâte la petite chambre où depuis de longs
jours, elles ont pris l'habitude résignée de vi-
vre désormais sans effort.
Alfred (Hautnel.
Copyright by Alfred Chaumel (Annales
Coloniales.)
--
Amitié Franco - Belge
Nos amis belges consacrent 1111 supplément
de luxe de leur grand - journal le Neptrme
d'Anvers à l'Exposition Coloniale.
Parmi tous les projets de dessin de couver-
ture, c'est celui de Mlle Rachel Baës, la fille
de notre excellent collaborateur et ami le
peintre Emile Baës, qui a été adopté.
Nous ne pouvons que féliciter le jury de
son choix.
Ce dessin représente une tête noire symboli-
sant, la majesté vigoureuse de la race.
La facture, si pure, s'allie à un souci d'or-
nementation artistique qui classe Mlle Baës par-
mi les maîtres.
A l'Académie des Sciences
morales et politiques
>4*
Au cours de la dernière assemblée M. Paul
Matler a présenté un ouvrage de M. Henri
Dehérain, conservateur de la bibliothèque de
l'Institut, qui sous le titre de Figttres colo-,
niales françaises et étrangères a réuni les
portraits de quelques grands coloniaux du
passé.
A ces portraits, M. Deheram a joint plu-
sieurs études sur des questions d'histoire co-
loniale jusqu'ici mal connues. Ces pages,
écrites d'un style bref et souple, constituent
une très intéressante contribution à l'histoire
des expéditions outre-mer.
Le tiers du prix AudHTrcll, soit 5.000 fr.,
a été décerné à Mme Féliclc Manzoni, née
à Pau, en religion Mère Marie de Grâces,
Franciscaine missionnaire de Marie, supé-
rieure de la léproserie de Rangoon (Bir-
manie).
Un grand projet
de transsaharien-automobile
1
L'une des questions les plus intéressantes
étudiées pendant la téunion de la Vllc Confé-
rence nord-africaine, est assurément celle de la
création de relations rapides et régulières par
automobiles entre la métropole et l'Afrique
centrale.
Autrement dit organiser, dans un laps de
temps très court, une ligne régulière automo-
bile joignant l'Afrique du Nord à l'A. O. F .,
et même à l' A.E.F.
Impossible de mieux ranimer la question
que ne l'a fait le communiqué qui a été fourni
à la presse, et que nous reproduisons ci-après :
La conférence considérant qu'il paraît né-
cessaire. pour faciliter le développement éco-
nomique des possessions françaises de l'Afri-
que, et y introduire des ferments nouveaux d'ac-
tivité, de créer des relations rapides et régu-
lières entre la métropole et l'Afrique centrale,
par la ovie transsaharienne, de manière à faci-
liter les mouvements du personnel (fonction-
naires, commerçants, colons), ainsi que le trans-
port de certaines marchandises sur cette voie ;
considérant que. la création d'un transsaharien
automobile répondra à cet objectif et qu'à ce
titre elle constitue une œuvre d'intérêt essentiel -
lement national, émet le Vœu que le gouverne-
ment décide la création immédiate d'un trans-
saharien automobile, offrant une réelle capacité
de transport et susceptible d'assurer au moins
un Vpijfage transsaharien par semaine. en hiver,
et deux voyages par mois, en été. avec des ta-
rifs aussi réduits que possible et des conditions
améliorées au point de VUe durée du trajet et
confort ; que le gouvernement accorde son ap-
pui matériel à cette œuvre nationale, qui inté-
resse plusieurs ministères, et notamment ceux
de l'Intérieur, des Colonies, des Affaires étran-
gères. des Travaux publics, des P.T.T., du
Tourisme en même temps que l'Algérie, la Tu-
nisie, le Maroc et les Colonies des gtoupes de
l'A.O.F. et de l'A .E.F., lesquels se décla-
rent prêts à y participer ; que des négociations
soient ouvertes à ce sujet avec les firmes qua-
lifiées ; elle demande la constitution urgente
d'une commission interministérielle ; elle dési-
gne, pour la représenter, les directeurs des tra-
vaux , publics dAlgérie, de Tunisie, du Maroc,
de l'A. O.F., le directeurs des territoires du
Sud de l'Algérie jet le général Declaux pour
l'A.E.F.
V-oilà un projet politique, raisonnable, éco-
nomique, parfait. Soyez convaincus qu'il autra
des a dversaires parce qu'il démontrera la com-
plète inutilité du Iranssaharien sur rail, car si
on le veut, l' automobile euffira largement à tous
les besoins de ces pays.
Et quelle économie ! plus de milliards immo-
bilisés pour rien - plus de difficultés insur-
montabfes pour le recrutement de la min-d' œu-
vre. C'en sera fini de la légende entretenue
avec tant d' ardeur par des braves gen, dont
quelques-uns étaient, de bonne foi des trains
multiples, chargés de produits merveilleux, ve-
nant, on ne savait au juste de quel endroit, et
coûtant, rien qu'en frais de transport des prix,
qui allaient en diminuant au fur et à mesure que
la distance augmentait. quel rêve. quelle fo-
lie 1
Le projet actuel rentre dans la réalité des
choses pratiquement exécutables. On peut dire,
sans mentir, qu'il est approuvé par tous ceux
qui, sur place, connaissent les pays que desser-
vira la ligne automobile, leurs besoins et leurs
ressources. Ce n'est plus de l'utopie actréable à
imaginer, mais dangereuse eu impossible à exé-
cuter. En un mot, c: est très bien.
Louis I..e Barbier.
Au Maroc
La conférence douanière franco-espagnole
Des son retour à Rabat, M. Lucien Saint
a reçu en audience particulière la délégation
espagnole à la Conférence économique et
douanière interzones. Cette délégation est
composée de MM. Yalvcrdc, directeur des
Finances; Merolio, chef du cabinet diploma-
tique de Tétouau, et Maraury, chef du ser-
vice des douanes. La conférence qui devait
se tenir à Tétouan en avril dernier et qui fut
ajournée en raison du changement de régime
en Espagne, a commence à Rabat ses travaux
surtout relatifs à l'unification des barrières
et des tarifs douaniers.
Les représentants français sont : MM.
Branly, Mcrillon et Serra.
̃
Des trafiquants d'armes
dans le Sud-Marocain
-08
Vue cnquctc menée dans le Sud-Marocain
par la brigade de Sûretc de Casablanca vient
d'aboutir à Varrestation d'une bande impor-
tante de contrebandiers d'armes et de muni-
tions.
La brigade élait partie} il y a trois jours,
à la suite d'une dénonciation, dans la région
de l'oued Souss. Ses membres s'étaicnt dé-
guises en Arabes et recherchaient la trace
d'une automobile suspecte circulant cuire le
Sud-Marocain et Agadir. Les policiers réus-
sircnt, la nuit dernière, à appréhender celte
auto, dans laquelle ils trouvèrent dix-sept
mousquetons et des cartouches, ainsi que des
revolvers. Un Européen et deux indigènes
qui se trouvaient à l'intérieur furent arrêtes.
.--------
Un drame en mer
44 - -
On nous informe de Casablanca que le '('ll-
peur Mont-Kcmmcl, venant de Las-Pa/mas,
est arrivé ce matin. Le capitaine a déclaré
qu'un passager, d'origine brésilienne, a tiré
trois balles de revolver sur le second capi-
tainej le blessant grièvement. Le meurtrier
s'est hgc ensuite une balle dans la fete. On
croit se trouver en présence de Patte d'un
fou, aucune altercation n'ayant eu lieu entre
les deux hommes.
Le second capitaine du Mont-Kcmmct a
été transporté à l'hô/'illll; où On espère le
sauver.
Le reboisement au Tonkin
et ses causes
par A. RgOOUL.
»♦»
La culture par les cendres dite culture par
« ray » est pratiquée au Tonkin par toutes
les populations montagnardes, Thaï, Méo,
Mail et Lolo. Elle consiste à abattre, la plu-
part du temps sur les hauteurs, une partie
de la forêt, à laisser sécher les arbres abat-
tus, puis à les incendier. Lorsque cette opé-
xatioti a pris fin, le sol grossièrement tra-
vaillé à la houe, est ensemencé en riz de
montagne, parfois mais plus rarement, en
maïs.
Un « mftu » (1) de ray au Tonkin produit
en moyenne 240 à 300 kilos de riz et. on a
calculé qu'il faut environ trois mflU pour
assurer la subsistance de quatre personnes au
cours d'une année. Mais le ray est en mon-
tagne, sur des pentes souvent rapides, et, au
cours de fortes pluies de l'été, l'humus et la
terre -même sont entraînés par les eaux, pré-
cipités au fond des vallées, donnant aux ri-
vières une teinte bourbeuse. Aussi la fertilité
des rays est-elle de courte durée : deux ans
en moyenne, rarement trois. La première et
la deuxième année les champs sont ensemen-
cés en riz ou en maïs et la troisième les cé-
réales laissent la place au manioc qui dispa-
raît à son tour. Le sol livré de nouveau à
lui-même, est alors envahi par des herbes,
des grands roseaux et des arbustes sans va-
leur.
Les statistiques officielles évaluent à
523.000 individus le chiffre total des popu-
lations se livrant à la culture dans les cen-
dres. Mais ces statistiques offrent peu de ga-
rantie car elles sont établies d'après des dé-
clarations de chefs indigènes qui redoutent
dans toute manifestation de cet ordre, un ac.
croissement des charges en matière d'impôt.
En tenant compte simplement du chiffre of-
ficiel on estime que la surface annuellement
défrichée par le feu au Tonkin s'élèverait.
ainsi à 300.000 rnâu, soit 108.000 hectares.
Le dommage causé de ce fait aux popula-
tions laborieuses du delta est incalculable.
Chaque année des millions d'arbres que la
nature avait mis un siècle et, souvent plus
à produire, sont en quelques jours volatili-
ses. Les bois d'industrie les plus précieux
tels qu- les Cho, les Tau, les Lini, Lat, Gu
Sen et Peu-Mou sont anéantis. Aussi ces bois
deviennent-ils de plus en plus rares, entraî-
nant une augmentation de prix qui se réper-
cute sur celui des constructions. De cette fa-
çon la culture dans les cendres pratiquée par
quelques centaines de milliers d'individus,
a une répercussion générale sur le coût de la
vie des 7. 500.000 Annamites groupés dans
les plaines et dans les villes.
Mais ce genre de culture est bien plus né-
faste encore pour une autre raison. Tout le
monde sait que les forêts amortissent la
chute des eaux do pluie. Sur les rays, au
.contraire, l'eau frappe le sol avec violence
et creuse aussitôt à sa surface une multitude
de petits canaux où elle s'écoule avec une
vitesse sans cesse accrue par la pente. Tous
ces canaux se réunissent, en forment de plus
gros qui se rejoignant à leur tour, font des
torrents où les eaux se précipitent avec fu-
rie, arrachant à leurs berges des rochers, des
masses de terre, des arbres entiers mêmes
qu'elles entraînent avec elles. Or, il tombe
sur la haute région du Tonkin une moyenne
de 2.500 m/m d'eau, dont la plus grande
partie au cours des quelques mois d'été seu-
lement. Le volume d'eau est donc considé-
rable.
Les lits des fleuves s'exhaussent peu à peu
et bientôt deviennent insuffisants pour conte-
nir le volume sans cesse accru des eaux qui
descendent de toutes le-j montagnes dénu-
dées. C'est ainsi que des inondations, dont
les effets désastreux sont bien connus du
paysan tonkinois, ont, dix fois en vingt ans,
ravage le delta. De belles récoltes, des ani-
maux, parfois des vies humaines sont ainsi
perdues. On estime en outro que cinq mil-
lions de piastres en moyenne par inondation,
ont été dépensées pouç refaire les digues,
réparer les routes, refaire les maisons détrui-
tes et venir en aide aux sinistres.
On se préoccupe en haut lieu depuis fort
longtemps d'ailleurs, d'essayer de mettre fin
à une situation si dommageable à l'ensem-
ble dit. pays. Malheureusement les moyens en
personnel et en argent dont dispose l'admi-
nistration forestière ne lui ont guère permis,
jusqu'à ce jour, de rendre efficaces les mesu-
res qu'elle avait envisagées de prendre.
Ces mesures sont de deux sortes
10 Interdiction de faire des ray s (art. 55
du règlement forestier) ;
20 Fixation des peuplades nomades en des
régions déterminées, en les autorisant à cul-
tiver dans les cendres sur les surfaces déli-
mitées par les agents forestiers et sous le
contrôle de ces derniers (art. 56 du règle-
ment forestier).
En ce qui concerne l'interdiction de faire
des rays, elle est absolument inopérante
parce que les 600.000 individus qui se livrent
à cette pratique sont répartis sur 6.500.000
hectares de terrains montagneux et fores-
tiers, à raison d'environ neuf habitants par
kilomètre carre, groupés en hameaux de trois
à quatre cases, souvent dissimulés en forêt
dans des régions élevées, dépourvues de
toute voie de communication. Pour réprimer
les milliers de délits de ce genre qui se pro-
duisent chaque année sur cet immense domai-
ne, l'Administration des Forêts dispose seule-
ment d'un nombre intime d'agents européens
qui sont déjà débordés par les taches multi-
ples qui résultent pour eux de la gestion du
domaine forestier qui leur est confié. D'autre
part, lorsqu'un de ces agents arrive à dres-
ser proccs-vcrbal pour ray en forêt, les sanc-
tions éditées par les tribunaux restent le plus
souvent lettre morte parce que les délin-
quants sont en fuite ou insaisissables, ou bien
pour des 1 lisons d'ordre politique ou admi-
nistratif.
T.a deuxième mesure aurait été excellente
si les moyens en personnel avaient pNmili
de l'appliquer. Diverses circulaires avaient
précisé comment pouvait se faire le canton-
nement envisagé et fixé les règles d'un amé-
nagemont où les surfaces à incendier se-
raient revenue à intervalles de temps déter-
miné- sur les mêmes emplacements qui, en.
tre deux rultuuv, auraient eu le temps de.
se reboiser. L'idée du reste n'était pas nou-
velle puisqu'elle a été mise en pratique avec
(l) 3.(JO() mètres t:alT.
TlRBNTE..DEU}aEME ANNEE. N° 93. ", LB NUMBRO î 80 CENTIMES LUNDI SOIB, 22 JUIN 1991.
WUNMAl QlOTIDIEI
;, qwm
Réduction & Administration :
i«, RMftHNtfiMlir
PAR» (h
TtUni. I LOUVRE li-37
- ItieHBLlCU fcHM
Les Annales Coloniales
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* « Dirbctkur-Fondatéur ; Maroel RUEDEL
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Développons la pèche aux Antilles
> m*m E
La mer Caraïbe et les eaux de nos colo-
nies antillaises sont, à juste titre, réputées
très poissonneuses.. La faune marine de ces
régions est remarquablement riche, tant par
la quantité que par l'extrême diversité des
espèces qui la composent. Aussi, parmi les
richesses naturelles encore inexploitées qui
pourraient aider puissamment au développe-
ment économique des Antilles françaises, se
placent au premier rang les produits de la
pêche.
La question de 1 exploitation rationnelle
des eaux antillaises a été à. diverses reprises
soulevée dans les Congrès Nationaux dep
Pêches et Industries Maritimes, notamment
en 1925, à Bordeaux, mais, jusqu'ici les
vœux émis à l'occasion de ces Congres
n'avaient abouti à aucun effort réel de réali-
sation, tandis que les Etats-Unis, dès 192O,
décidaient de consacrer une somme de
too.ooo dollars à l'organisation d'une mis-
sion pour l'étude des fonds marins et des pos-
sibilités de pêche offertes par les Antilles
e dont l'exploitation minutieuse produirait
un acroissement notable des ressources pour
la consommation américaine ».
Enfin, récemment, à la demande des con-
serveurs et des armateurs à la pêche au thon,
le Directeur de l'Office scientifique et tech-
nique des Pêches Maritimes, confia à M. Gé-
rard Belloc, chef du Laboratoire de l'Office
de La Rochelle, en plein accord avec le Dé-
partement des Colonies qui donna à cette
mission sa consécration otlicielle, le soin de
faire une exploration préliminaire méthuùi-
que des eaux màrines des Antilles.
M. Gérard Belloc vient de publier son
rapport dans la Revue des Travaux de l'Of-
fice des Péc/ICS Maritimes. De sa mission il
a rapporté une documentation extrêmement
intéressante sur l'état actuel de la pêche aux
Antilles, la production et la consommation
actuelles des produits de la mer, les moyens
d'augmenter la production et la consomma-
tion et l'utilisation éventuelle des sous-pro-
duits de la mer.
Après avoir visité tous les villages de
pêcheurs de la Martinique, la plupart de
ceux do la Guadeloupe et tous ceux
des dépendances doucette dernière colo-
nie, M. Gérard Belloc a acquis l'a convic-
tion que la mer, dans ces parages est parti-
culièrement poissonneuse, mais que les en-
gins employés par les pêcheurs, de même
que les moyens de transport et de conserva-
.,', tion du poisson sont trop rud Imentaires. pour
puisse$tre sérieusement otga-
Bien que les populations apprécient JLe
poisson sous toutes ses formes, et que )a
cuisine créole abonde en recettes savantes
pour l'accommoder, la consommation du
poisson frais est limitée aux villes du litto-
ral et aux villages, de pêcheurs.
Malgré la faible distance qui sépare du
littoral les villages de l'intérieur, et le
grand nombre de camionnettes qui circulent
et assurent le transport des voyageurs et des
bagages, le poisson frais n'y pénètre pas.
Les villages situés sur la côte, au vent des
îles, en sont eux-mêmes bien souvent privés,
la mer ne permettant pas à leurs frêles em-
barcations de sortir.
Par défaut d'organisation de la pêche et
des. transports et par l'emploi d'engins et de
procédés insuffisamment adaptés, à la riches-
se des eaux environnantes, une grande partie
de la population manque ainsi de poisson
frais et est obligée d'importer du poisson
salé et en conserve. La morue salée, notam-
ment, est consommée en grande quantité.
Dans les petites îles comme Saint-Barthe-
lemy, Saint-Martin, les Sainte et Marie-
Galante où les embarcations sont de plus
fort tonnage la production dépasse souvent
et de beaucoup la faculté d'absorption locale.
L'excédent doit être transporté vers les
grandes terres, ou à défaut, salé.
Pour augmenter la consommation du pois-
son, il est donc indispensable, tout d'abord,
de moderniser les. moyens de conservation et
de transport, et aussi de donner aux pê-
cheurs, sur certains points de la côte, de
plus grandes facilités d'accès pour le débar-
quement et la vente de leur pêche. Ces me-
sures entraîneraient déjà» «par elles-mêmes,
une augmentation de la production, les
pêcheurs étant naturellement incités à pren-
dre plus de poisson, s'ils sont assurés de
pouvoir l'écouler.
Mais une organisation rationnelle de la
pêche, avec tous les avantages qui doivent
en résulter pour les colonies intéressées, exi-
gerait, en premier lieu une transformation
du type de bateaux et des engins de pêche
actuellement utilisés. M. G. Belloc est parti-
san d'une augmentation du tonnage des
embarcations de pêche et prévoit même l'em-
ploi des moteurs, qui s'est généralisé en
France dans les flottilles de pêche, grâce
aux facilités que donne le Crédit maritime.
Pour la conservation du poisson ainsi pê-
ché en grandes quantités, il envisage, en
même temps que des entrepôts frigorifiques
- qui pourraient d'ailleurs être utilisés éga-
lement pour les. fruits, les bananes en parti-
culier l'ètabl isseinent de viviers, surtout
pour les langoustes, et la création d'usines
pour le-s langoustes notamment ) et de
de conserves (de thon notamment) et de
sécheries et salaisons. Ce dernier procédé de
œnservation serait sérieusement facilité par
la proximité de salines qui produisent du sel
en quantités considérables.
Enfin, tous les sous-produits de la pêche
devraient être traités dans des usines spé-
ciales pour la fabrication de la farine et de
l'huile de poisson et la préparation d'en-
grais.
Il serait également utile d'étudier la
nature des fonds de la rgçr Antillaise, afin
de voir s'il pe serait pas possible d'y prati-
quer la pêche au chalut. M. Gérard Belloc
ne rejette pas cette solution a p-riori; il ad-
met également que l'on pourrait pêcher la
baleine aux Antilles.
Mais, sans même tenir compte de ces pos-
sibilités, le programme exposé par M. Gé-
rard Belloc, et dont la plus grande partie
peut être réalisée rapidement, vaut d'être
sérieusement examiné. Dans un moment où
la crise qui sévit sur le rhum et sur le sucre,
démontre, une fois de plus, le danger de la
culture et de l'industrie uniques, il convient
de ne négliger aucune des ressources naturel-
les du sol ou de la mer. Puisque la mer de
nos Antilles Françaises contient pour elles
les trésors de la pêche, nous, serions coupa-
bles de laisser à des étrangers le privilège et
les bénéfices de leur exploitation.
ÍÎellrll Hérengei*,
Sénateur de la Guatldoupc, Vico-
Ptôshlenl de la Commission des
Affaires Etrangères,
A la Commission de r Algérie
des Colonies et des Protectorats
-.6
Convocation et réunion
La Commission de l'Algérie, des Colonies
et des Protectorats se réunira demain mardi
23 juin à 15 heures.
A l'ordre du jour figure la désignation dq
rapporteurs pour avis :
1° De la proposition de lui n° 5130 de
MM. Graëve et Candacc, portant rajuste-
ment des mesures d assistance et de répara-
tion des dommages causés il la Guadeloupe
par le cyclone du 12 septembre 1928;
20 Du projet de loi nU 5034 sur le statut
des coopératives agricoles et de leurs unions ;
lin 3° De la , proposition de loi de M. Graëve
n° 5064 relative au contingentement des
rhums coloniaux, à la plantation de la ba-
nane en Guinée et aux Antilles, et à l'obli-
gation d'employer l'alcool aux colonies dans
les mélanges carburants.
Affaires diverses.
Création de marchés
de laines an Soudan
* 0
Les Annales Coloniales ont déjà signalé
le projet d'administration de la création de
marches des laines au Soudan. Le but pour-
Krtiivl est-d'obtenir–par -la - conditionnement
une amélioration de la qualité- de la laine
par l'institution d'un contrôle au début des
transactions commerciales, c'est-à-dire au.
moment où l'indigène met en vente son pro-
duit.
D'autre part, en raison de la chute des
cours sur les marchés européens, l'Admi-
nistration a envisagé, comme pour le coton,
des mesures propres à permettre à l'indi-
gène de vendre son produit et à ne pas pro-
voquer chez l'éleveur un découragement
nuisible à son propre intérêt et à l'intérêt
général. --
« Les prix limites suivants ont été prévus
pour les deux catégories de laine, ayant une
qualité marchande :
« Première catégorie : 1 fr. 25 pour ta
laine blanche ayattt plus de 7 centimètres
de brin.
Il Deuxième catégorie : ) traltc pour la
laine blanche ayaiit moins de 7 centimètres
de brin.
Il Six marchés de laine fonctionneront
dans les conditions suivantes :
« Les vendeurs seront rassemblés Par le
commandant de Cercle ou son délégué à
Ventrée dit marché où le représentant de
V Union Ovine et le représentant dIt Service
Zootechnique examineront les lots apportés
et imposeront le nettoyage si c'est néces-
saire.
« Pour les lots susceptibles d'être mis en
vcule, chaque vendeur recevra. une fiche in-
diquaut son nom, son village et la catégorie
(première ou deuxième) du lot présenté.
« M uni de. sa fiche d'appréciation, le
vendeur sera dirigé vers l'eltclos réservé ait
pesage oii tin fonctionnaire indigène du Cer-
cle portera le poids dit lot sur la fiche de
l'intéressé.
(( Le vendeur se présentera ensuite dans
la partie réservée, aux transactions où. il sera
libre, de céder son produit aux acheteurs
présents.
- « En cas (l'abstentiolt dit commerce ou si
les prix mini ma fixés n'étaient pas offerts,
le délégué de l'Uniolt Ovihe achèterait im-
médiatement au producteur les sommes lui
revenant. ,'-
<( Dans cette organisation un rôle impor-
tant est dévolu ait représentant de VUnion
Ovine Coloniale ; cette Association placée
sous la surveillance de l'Etat n'intervien-
drait pas comme firme commerciale, mais
seulement pour aider, jtU-ce à son détri-
ment, à Vécoulement de la laine soudanaise,
Ces propositions de l'Administration lo-
cale n'ont pas reçu l'agrément des membres
de la Chambre de commerce.
Ils estiment que le rôle de VAdministra-
tion devrait se borner à la surveillance et
au boIt conditionnement des produits., sans
s'occuper ni du pesage, ni des prix d'achat.
Ils reconnaissent qu'en cette époque de
crise, VAdministration fixe souvent des prix
trop élevés dans le seul but d'encourager
les indigènes producteurs à cultiver, mais il
y a dans cette manière de faire un péril
pour l'avenir, car l'indigène ne peut corn-
prendre les fluctuations dit marclté mondial
et comprend encore moins pourquoi les
commerçants etc peuvent payer le prix offert
par l'Administration,
Il en résulte donc deux suspicions de la
part dit producteur à l'égard des commer.
çants ; fraude sur les pesées et vol sur le
prix d?achat.
En conséquencc, la Chambre ai conclu
que l'Administration devrait seulement exer-
cer la surveillance des marchés et punir sé-
vèrement les fraudes. Quant au prix d'achat
maximum, il serait toujours assuré par la
concurrence des acheteura.
la mévente ai rb
en (OClllncllloe
1 0, 1 ,
L - w 0) )
1 nous souffrons en
Europe de sur-pro-
duction, rendue
d é s 0 r d onnèe et
anarchique depuis
la guerre par
Vcxcès d'un ma-
chinisme tou jours
plus puissant, les
autres pays sont
engagés d a Il s la
mime, crise.
En Cochinchine,
la seule production qui règle le mouvement
des affaires ci domine toute la -;Ae économi-
que dit pays, c'est le commerce du ris. Or,
actuellement, les prix sont tellement tombés
qu'on ne peut pas vendre la récolte. Vexpor-
tation du tia, qui est la grande ressource à
la vie du pays le menace dans ses forces vi-
ves. V exportateur prétend que le producteur
a des exigences excessives. Le producteur
répond qu'aux prix qu'on lui fait, il ne peut
gagner sa vie.
D'autlc part, les exportateurs se refusent
à courir les risques d'autrefois destinés à
régulariser le marché. On ne saurait les y
contraindre, mais le resserrement des crédits
aggrave encore les difficultés ci le marchand
de paddy tic vend pas son riz. -
Un atittt fait vient encore entraver les
transactions à l'intérieur, l'intermédiaire chi-
nois, rouage traditionnel et indispellsable,
privé lui-même des crédits qui lui permet-
tatcnl dans le passe d'établir à ses risques
et périls la régularité du marché, est entrant
dans ses opérations. Les crédits agricoles nt
répondant plus aux besoins ont entraîné, à
leur tour, le crédit saisonnier ci faire place
au crédit hypothécaire qui ne guérit pas le
mal.
En Vochinchine vu produit trop cher et la
concurrence avec les provinces environnantes
se trouve de ce lait paralysée. La crise
actuelle doit être un enseignement pour l'ave-
nir et engager le producteur de Cochinchine
à améliora ses rendements.
La crise aCtItClIC - il faut aller au plus
pressé pourrait être sensiblement atténuée
en en revenant aux anciens errements, c'est-
à-dire mettre à la disposition des intermé-
diaires en leur réclamant les garanties
indispensables, les crédits nécessaires pour
..,.tJI..c" les positions spicttlatives,
inévitables en raison des risques du com-
merce du ris.
Les eifficiiltc's, on les voit. Pour financer
la récolte, 71 faut aller la chercher à l'inté-
rieur, et pour s'assurer de bonnes conditions
il faut souvent la payer en partie d'avance.
Sans avances, pas de transactions.
On a bien proposé un remède au mal du
genre de celui qui a éte soutenu pour le
caoutchouc en incCo-Chinc : diminuer les
droits de sortie qui, en Cochinchine, sont
sensiblement supérieurs à ceux de fbldo.
Chille, du Siam ce de la Birmanie. Mais ce
n'est là qu'un moyen de fortune momentané.
Pour remédier à la sÍfuatiolt, si les moyens
précédents ne pouvaient être acceptés, il res-
terait la création d'une caisse de compcnsa-
tion, destinée à « compenser D l'écart entre
les prix pratiqués sur le marché extérieur et
celui que Tena nécessaire la rémunération
normale du producteur. Le sacrifice à COll-
sentir a été évalué de ce chef de 8 à 10 mil-
lions de piastres. Le gouvernement local
pourrait prendre ci sa charge cette dépense
très importante sans doute en y fai-
sant participer, ce qui serait logique, la
banque d'émission. -
M. Mathieu, président du Conseil Colo-
IIlal, après avoir analysé les causes de la
mévente actuelle du riz en Cochinchine, a
fait un appel pressant aux Pouvoirs Publics
pour qu'ils tentent de mettre rapidement un
frein à la crise. On ne peut qu' encourager
ses efforts pour éviter une cafasfropltr.
C" abebierre,
Sénateur du Nord,
Membre de la commission
Sénatoriale des Affaires Etrangèrcs.
-*««> -
L'organisation du cabinet
de M. Paul Reynaud
Le cabinet du ministre des Colonies est ainsi
complété :
Directeurs : M. Reste, en remplacement de
M. Keller, nommé directeur des affaires éco-
nomiques •
Chef de cabinet : M. Henri de Moulin de
la Barthète, en remplacement de M,. Pages,
nommé résident supérieur ;
Chef-adjoint : M. Gaston Palewski ;
Chargé de mission : M. Grimaldi, en rem-
placement de M1. Henri de Moulin de la Bar-
thète ;
Attaché : M. Ristethuber, en remplace-
ment de M. Robert Bétoland, avocat à la
Cour, qui a donné sa démission.
Çour, qui a donné sîk démission.
AU SIAM
ce
Faillite d'une banque
La banque Ycc Ilaw Ktuang Ilap, Seng
a fait faillite ; le déficit de l'agence de
Bangkok est de 1.000.000 de ticaux. Le. dé-
ficit à Hong-Kong, à Swatow et des autres
agences est évalué à deux millions de dol-
lars,
- Indopacifi.
Carnet de route
« Symphonie Exotique »
lit.
Panama
De Tahiti à Panama, 22 jours d'éternelle
monotonie où les vagues se succèdent si pareil-
les que Ton se demande si c'est la même qui
continue oii d' autres qui lui ressemblent. La
notion du temps se perd, il semble qu'il y a
longtemps que l'on est parti et l'on murmure
pourtant : « Comme les jours passent ! ». 22
jours dans le Pacifique sans un oiseau, sans
l'ombre grise d'une terre aperçue. 22 j'durs,
où le cœur du bateau rythme le coup sourd des
machines, où le frottement de la mer sur les
flancs du navire accompagne éternellement ces
heures chaudes ou ces nuits si longues sans
sommeil.
Enfin, voici les côtes américaines : il y a 5
mois et demi nous franchissions * le canal de
Suez, aujourd'hui c' est celui de Panama et
cette 2e parte faisant communiquer le Pacifi-
que et 1 Atlantique s'ouvre sur le retour et
marque une étape dans notre tour du monde.
Malgré tout on ne peut s'empêcher de com-
parer ces deux ouvrages gigantesques Suez :
depuis des siècles lutte perpétuelle des hom-
mes contre la nature au pays des Pharaons,
triomphe enfin du génie français, rivière créée
contre la force hostile où sur ses rives chaque
jour l' ombre des grands paquebots efface peu
à peu les caravanes venant des horizons mys-
térieux, vision inoubliable des couchers de so-
leil sur l'infini des sables où chante sans arrêt
la voix émouvante du désert. Panama: escalier
prodigieux montant du Pacifique pour atteindre
le grand lac et pour descendre sur l'Atlanti-
que. Usine de titans où la machine est reine
avant tout, puisque dans le plus profond silence
pour hisser les navires vers cette terrasse liqui-
de, les écluses de Mira-Flores, et de Pedro-
Miguel s' ouvrent, se reforment, se remplissent
instantanément. Des locomotives électriques
grimpent les montagnes russes et drainent les
bateaux comme des joujoux à travers ces fortifi-
cations de ciment. Escaliers monumentaux con-
duisant à cette rivière coulant dans un paysage
banal de forêt inondée, d'efforts oubliés où le
bateau reprend sa course, traverse la tranchée de
Culebr. montagne ouverte à coups de dyna-
mite, retrouve r eau calme du grand lac et
vient à nouveau se livrer aux machines pour
descendre l'écluse de Gatun. Au loin, c'est
l'Atlantique: Cristobal apparaît avec ses quais
outillés pour le charbonnage rapide, et, avant
d'atteinqre cette escale, ce n'est pas sans émo-
tion que nous laissons sur notre droite, petite
rivière abandonnée à l'envahissement des her-
bes, ce qui fut te canat français, et dont l'idée
pâatianf fnt le début été ce prodige permettant
enaque année à près de 4.'Offi bateaux de join-
dre en quelques heures les deux océans. Si le
premier canal a su garder sa poésie et ses
paysages évoquant les siècles passés, le
deuxième est un immense ouvrage d usine mar-
quant le triomphe des moyens modernes : le ci-
ment et l'électricité.
Quelques heures de liberté au milieu des
lumières, an milieu des races mêlées, dans ce
carrefour amusant de Colon, escale où le pas-
sager, après cette longue traversée du Pacifi-
que, retrouve la vie grouillante des villes, les
cris familiers des vendeurs, le bruit assourdis-
sant des autos, l' atmosphère en fumé des bars,
et sur les nuages blancs la décalcomanie des
arbres exotiques. Escale d' autant plus vivante
que bousculée par le temps, on court pour tout
voir et que l' on ne voit rien, rien que la vie
qui nous étourdit. Rappelé trop brusquement,
par le départ, on reprend « sa » cabine,
« ses » habitudes, « sa » monotonie, presque
avec satisfaction. comme ces bêtes sauvages,
apprivoisées et vivant en appartement que l'on
sort un jour dans la rue et qui pourtant nostal-
giques de grand air et de liberté, rejoignent en
hâte la petite chambre où depuis de longs
jours, elles ont pris l'habitude résignée de vi-
vre désormais sans effort.
Alfred (Hautnel.
Copyright by Alfred Chaumel (Annales
Coloniales.)
--
Amitié Franco - Belge
Nos amis belges consacrent 1111 supplément
de luxe de leur grand - journal le Neptrme
d'Anvers à l'Exposition Coloniale.
Parmi tous les projets de dessin de couver-
ture, c'est celui de Mlle Rachel Baës, la fille
de notre excellent collaborateur et ami le
peintre Emile Baës, qui a été adopté.
Nous ne pouvons que féliciter le jury de
son choix.
Ce dessin représente une tête noire symboli-
sant, la majesté vigoureuse de la race.
La facture, si pure, s'allie à un souci d'or-
nementation artistique qui classe Mlle Baës par-
mi les maîtres.
A l'Académie des Sciences
morales et politiques
>4*
Au cours de la dernière assemblée M. Paul
Matler a présenté un ouvrage de M. Henri
Dehérain, conservateur de la bibliothèque de
l'Institut, qui sous le titre de Figttres colo-,
niales françaises et étrangères a réuni les
portraits de quelques grands coloniaux du
passé.
A ces portraits, M. Deheram a joint plu-
sieurs études sur des questions d'histoire co-
loniale jusqu'ici mal connues. Ces pages,
écrites d'un style bref et souple, constituent
une très intéressante contribution à l'histoire
des expéditions outre-mer.
Le tiers du prix AudHTrcll, soit 5.000 fr.,
a été décerné à Mme Féliclc Manzoni, née
à Pau, en religion Mère Marie de Grâces,
Franciscaine missionnaire de Marie, supé-
rieure de la léproserie de Rangoon (Bir-
manie).
Un grand projet
de transsaharien-automobile
1
L'une des questions les plus intéressantes
étudiées pendant la téunion de la Vllc Confé-
rence nord-africaine, est assurément celle de la
création de relations rapides et régulières par
automobiles entre la métropole et l'Afrique
centrale.
Autrement dit organiser, dans un laps de
temps très court, une ligne régulière automo-
bile joignant l'Afrique du Nord à l'A. O. F .,
et même à l' A.E.F.
Impossible de mieux ranimer la question
que ne l'a fait le communiqué qui a été fourni
à la presse, et que nous reproduisons ci-après :
La conférence considérant qu'il paraît né-
cessaire. pour faciliter le développement éco-
nomique des possessions françaises de l'Afri-
que, et y introduire des ferments nouveaux d'ac-
tivité, de créer des relations rapides et régu-
lières entre la métropole et l'Afrique centrale,
par la ovie transsaharienne, de manière à faci-
liter les mouvements du personnel (fonction-
naires, commerçants, colons), ainsi que le trans-
port de certaines marchandises sur cette voie ;
considérant que. la création d'un transsaharien
automobile répondra à cet objectif et qu'à ce
titre elle constitue une œuvre d'intérêt essentiel -
lement national, émet le Vœu que le gouverne-
ment décide la création immédiate d'un trans-
saharien automobile, offrant une réelle capacité
de transport et susceptible d'assurer au moins
un Vpijfage transsaharien par semaine. en hiver,
et deux voyages par mois, en été. avec des ta-
rifs aussi réduits que possible et des conditions
améliorées au point de VUe durée du trajet et
confort ; que le gouvernement accorde son ap-
pui matériel à cette œuvre nationale, qui inté-
resse plusieurs ministères, et notamment ceux
de l'Intérieur, des Colonies, des Affaires étran-
gères. des Travaux publics, des P.T.T., du
Tourisme en même temps que l'Algérie, la Tu-
nisie, le Maroc et les Colonies des gtoupes de
l'A.O.F. et de l'A .E.F., lesquels se décla-
rent prêts à y participer ; que des négociations
soient ouvertes à ce sujet avec les firmes qua-
lifiées ; elle demande la constitution urgente
d'une commission interministérielle ; elle dési-
gne, pour la représenter, les directeurs des tra-
vaux , publics dAlgérie, de Tunisie, du Maroc,
de l'A. O.F., le directeurs des territoires du
Sud de l'Algérie jet le général Declaux pour
l'A.E.F.
V-oilà un projet politique, raisonnable, éco-
nomique, parfait. Soyez convaincus qu'il autra
des a dversaires parce qu'il démontrera la com-
plète inutilité du Iranssaharien sur rail, car si
on le veut, l' automobile euffira largement à tous
les besoins de ces pays.
Et quelle économie ! plus de milliards immo-
bilisés pour rien - plus de difficultés insur-
montabfes pour le recrutement de la min-d' œu-
vre. C'en sera fini de la légende entretenue
avec tant d' ardeur par des braves gen, dont
quelques-uns étaient, de bonne foi des trains
multiples, chargés de produits merveilleux, ve-
nant, on ne savait au juste de quel endroit, et
coûtant, rien qu'en frais de transport des prix,
qui allaient en diminuant au fur et à mesure que
la distance augmentait. quel rêve. quelle fo-
lie 1
Le projet actuel rentre dans la réalité des
choses pratiquement exécutables. On peut dire,
sans mentir, qu'il est approuvé par tous ceux
qui, sur place, connaissent les pays que desser-
vira la ligne automobile, leurs besoins et leurs
ressources. Ce n'est plus de l'utopie actréable à
imaginer, mais dangereuse eu impossible à exé-
cuter. En un mot, c: est très bien.
Louis I..e Barbier.
Au Maroc
La conférence douanière franco-espagnole
Des son retour à Rabat, M. Lucien Saint
a reçu en audience particulière la délégation
espagnole à la Conférence économique et
douanière interzones. Cette délégation est
composée de MM. Yalvcrdc, directeur des
Finances; Merolio, chef du cabinet diploma-
tique de Tétouau, et Maraury, chef du ser-
vice des douanes. La conférence qui devait
se tenir à Tétouan en avril dernier et qui fut
ajournée en raison du changement de régime
en Espagne, a commence à Rabat ses travaux
surtout relatifs à l'unification des barrières
et des tarifs douaniers.
Les représentants français sont : MM.
Branly, Mcrillon et Serra.
̃
Des trafiquants d'armes
dans le Sud-Marocain
-08
Vue cnquctc menée dans le Sud-Marocain
par la brigade de Sûretc de Casablanca vient
d'aboutir à Varrestation d'une bande impor-
tante de contrebandiers d'armes et de muni-
tions.
La brigade élait partie} il y a trois jours,
à la suite d'une dénonciation, dans la région
de l'oued Souss. Ses membres s'étaicnt dé-
guises en Arabes et recherchaient la trace
d'une automobile suspecte circulant cuire le
Sud-Marocain et Agadir. Les policiers réus-
sircnt, la nuit dernière, à appréhender celte
auto, dans laquelle ils trouvèrent dix-sept
mousquetons et des cartouches, ainsi que des
revolvers. Un Européen et deux indigènes
qui se trouvaient à l'intérieur furent arrêtes.
.--------
Un drame en mer
44 - -
On nous informe de Casablanca que le '('ll-
peur Mont-Kcmmcl, venant de Las-Pa/mas,
est arrivé ce matin. Le capitaine a déclaré
qu'un passager, d'origine brésilienne, a tiré
trois balles de revolver sur le second capi-
tainej le blessant grièvement. Le meurtrier
s'est hgc ensuite une balle dans la fete. On
croit se trouver en présence de Patte d'un
fou, aucune altercation n'ayant eu lieu entre
les deux hommes.
Le second capitaine du Mont-Kcmmct a
été transporté à l'hô/'illll; où On espère le
sauver.
Le reboisement au Tonkin
et ses causes
par A. RgOOUL.
»♦»
La culture par les cendres dite culture par
« ray » est pratiquée au Tonkin par toutes
les populations montagnardes, Thaï, Méo,
Mail et Lolo. Elle consiste à abattre, la plu-
part du temps sur les hauteurs, une partie
de la forêt, à laisser sécher les arbres abat-
tus, puis à les incendier. Lorsque cette opé-
xatioti a pris fin, le sol grossièrement tra-
vaillé à la houe, est ensemencé en riz de
montagne, parfois mais plus rarement, en
maïs.
Un « mftu » (1) de ray au Tonkin produit
en moyenne 240 à 300 kilos de riz et. on a
calculé qu'il faut environ trois mflU pour
assurer la subsistance de quatre personnes au
cours d'une année. Mais le ray est en mon-
tagne, sur des pentes souvent rapides, et, au
cours de fortes pluies de l'été, l'humus et la
terre -même sont entraînés par les eaux, pré-
cipités au fond des vallées, donnant aux ri-
vières une teinte bourbeuse. Aussi la fertilité
des rays est-elle de courte durée : deux ans
en moyenne, rarement trois. La première et
la deuxième année les champs sont ensemen-
cés en riz ou en maïs et la troisième les cé-
réales laissent la place au manioc qui dispa-
raît à son tour. Le sol livré de nouveau à
lui-même, est alors envahi par des herbes,
des grands roseaux et des arbustes sans va-
leur.
Les statistiques officielles évaluent à
523.000 individus le chiffre total des popu-
lations se livrant à la culture dans les cen-
dres. Mais ces statistiques offrent peu de ga-
rantie car elles sont établies d'après des dé-
clarations de chefs indigènes qui redoutent
dans toute manifestation de cet ordre, un ac.
croissement des charges en matière d'impôt.
En tenant compte simplement du chiffre of-
ficiel on estime que la surface annuellement
défrichée par le feu au Tonkin s'élèverait.
ainsi à 300.000 rnâu, soit 108.000 hectares.
Le dommage causé de ce fait aux popula-
tions laborieuses du delta est incalculable.
Chaque année des millions d'arbres que la
nature avait mis un siècle et, souvent plus
à produire, sont en quelques jours volatili-
ses. Les bois d'industrie les plus précieux
tels qu- les Cho, les Tau, les Lini, Lat, Gu
Sen et Peu-Mou sont anéantis. Aussi ces bois
deviennent-ils de plus en plus rares, entraî-
nant une augmentation de prix qui se réper-
cute sur celui des constructions. De cette fa-
çon la culture dans les cendres pratiquée par
quelques centaines de milliers d'individus,
a une répercussion générale sur le coût de la
vie des 7. 500.000 Annamites groupés dans
les plaines et dans les villes.
Mais ce genre de culture est bien plus né-
faste encore pour une autre raison. Tout le
monde sait que les forêts amortissent la
chute des eaux do pluie. Sur les rays, au
.contraire, l'eau frappe le sol avec violence
et creuse aussitôt à sa surface une multitude
de petits canaux où elle s'écoule avec une
vitesse sans cesse accrue par la pente. Tous
ces canaux se réunissent, en forment de plus
gros qui se rejoignant à leur tour, font des
torrents où les eaux se précipitent avec fu-
rie, arrachant à leurs berges des rochers, des
masses de terre, des arbres entiers mêmes
qu'elles entraînent avec elles. Or, il tombe
sur la haute région du Tonkin une moyenne
de 2.500 m/m d'eau, dont la plus grande
partie au cours des quelques mois d'été seu-
lement. Le volume d'eau est donc considé-
rable.
Les lits des fleuves s'exhaussent peu à peu
et bientôt deviennent insuffisants pour conte-
nir le volume sans cesse accru des eaux qui
descendent de toutes le-j montagnes dénu-
dées. C'est ainsi que des inondations, dont
les effets désastreux sont bien connus du
paysan tonkinois, ont, dix fois en vingt ans,
ravage le delta. De belles récoltes, des ani-
maux, parfois des vies humaines sont ainsi
perdues. On estime en outro que cinq mil-
lions de piastres en moyenne par inondation,
ont été dépensées pouç refaire les digues,
réparer les routes, refaire les maisons détrui-
tes et venir en aide aux sinistres.
On se préoccupe en haut lieu depuis fort
longtemps d'ailleurs, d'essayer de mettre fin
à une situation si dommageable à l'ensem-
ble dit. pays. Malheureusement les moyens en
personnel et en argent dont dispose l'admi-
nistration forestière ne lui ont guère permis,
jusqu'à ce jour, de rendre efficaces les mesu-
res qu'elle avait envisagées de prendre.
Ces mesures sont de deux sortes
10 Interdiction de faire des ray s (art. 55
du règlement forestier) ;
20 Fixation des peuplades nomades en des
régions déterminées, en les autorisant à cul-
tiver dans les cendres sur les surfaces déli-
mitées par les agents forestiers et sous le
contrôle de ces derniers (art. 56 du règle-
ment forestier).
En ce qui concerne l'interdiction de faire
des rays, elle est absolument inopérante
parce que les 600.000 individus qui se livrent
à cette pratique sont répartis sur 6.500.000
hectares de terrains montagneux et fores-
tiers, à raison d'environ neuf habitants par
kilomètre carre, groupés en hameaux de trois
à quatre cases, souvent dissimulés en forêt
dans des régions élevées, dépourvues de
toute voie de communication. Pour réprimer
les milliers de délits de ce genre qui se pro-
duisent chaque année sur cet immense domai-
ne, l'Administration des Forêts dispose seule-
ment d'un nombre intime d'agents européens
qui sont déjà débordés par les taches multi-
ples qui résultent pour eux de la gestion du
domaine forestier qui leur est confié. D'autre
part, lorsqu'un de ces agents arrive à dres-
ser proccs-vcrbal pour ray en forêt, les sanc-
tions éditées par les tribunaux restent le plus
souvent lettre morte parce que les délin-
quants sont en fuite ou insaisissables, ou bien
pour des 1 lisons d'ordre politique ou admi-
nistratif.
T.a deuxième mesure aurait été excellente
si les moyens en personnel avaient pNmili
de l'appliquer. Diverses circulaires avaient
précisé comment pouvait se faire le canton-
nement envisagé et fixé les règles d'un amé-
nagemont où les surfaces à incendier se-
raient revenue à intervalles de temps déter-
miné- sur les mêmes emplacements qui, en.
tre deux rultuuv, auraient eu le temps de.
se reboiser. L'idée du reste n'était pas nou-
velle puisqu'elle a été mise en pratique avec
(l) 3.(JO() mètres t:alT.
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