Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-06-15
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juin 1931 15 juin 1931
Description : 1931/06/15 (A32,N89). 1931/06/15 (A32,N89).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380359s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE; - Ne 89. LE NUMERO : 80 CENTIMES « LUNDI SOIR, 15 JUIN !?!. :
JOURNAL OUOTIDIEI
- «
Rédaction & Administration ;
14, im d« Mlit-ÏMMr
PARIS au)
TtLtPH. 8 LOUV". 19-37
RICHELIEU 87.
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Autour de l'Article 10 de la Loi de 1900
- t ..e i
La Commission des boissons a inséré dans
le projet de loi sur la viticulture et le com-
merce des vins une disposition ainsi conçue:
« La présente loi sera applicable à l'Al-
gérie;, nonobstant l'article 10 de la loi du 19
décembre 1900. »
Pour justifier ce texte, M. le rapporteur
Labroue, déclare dans son rapport que l'ar-
ticle 10 de la loi de 1900 est inconstitution-
nel 11 s'appuie sur une opinion de MI. le
professeur Laicher qui déclare « L'article 10
nous paraît entaché d inconstitutionalité. »
M. Jules Cuttoli a contesté cette thèse, de-
vant la Chambre et soutenu, en s'appuyant
sur l'opinion d'un autre professeur de droit
M. Bienvenu que « l'aiticle premier de la loi
du 25 février 1875 qui attribue le pouvoir
législatif au Parlement--n'est pas plus que
le reste de la Constitution applicable aux co-
lonies et à l'Algérie. » Et M. Jules Cuttoli
de conclure, après cette citation : « La ques-
tion est nettement tranchée. »
Mais M. Cuttoli permettra à une troi-
sième professeur de droit de faire quelques
réserves sur cette conclusion : la *question
n'est point « nettement » tranchée. 1e vais
essayer de le montrer.
Le premier texte législatif qui traite de
la matière est déjà fort ambigu.
Le décret du 8-ib mars 1790 déclare que
les colonies ne sont pas régies par les lois
ile la Métropole, mais en même temps, il af-
firme le principe que les cjlbnies sont par-
tic intégrante du territoire français.
Par contre, la constitution du 5 fructidor,
an 111, dans son article 6, déclare : « Les
colonies françaises sont les parties intégran-
tes de la République et sont soumises à la
même hi constitutionnelle. »
Mais que M. Labroue ne triomphe pas
trop vite : la constitution de l'an 111 est la
M'ulc qui contienne une telle disposition, tou-
tes exiles qui ont été promulguées au cours
du iç" siècle, jusqu'à la constitution de 1875
cxdtte, disent exactement le contraire.
Celle du 5-14 septembre 1791, dans son
article 8, dit « Les colonies et possessions
francises, quoiqu'elles lassent partie de
l'empire français ne sont pas comprises dans
la présente constitution. »
La même réserve est faite dans la cons-
titution du 32 frimaire an VI11 (art. 91),
dans la Chatte du 4 juin 1814 (art. 73),
dans celle du 14 août 1830 (art. 63) com-
plétée par la loi du 24 avril 1833.
'Enfin la Constitution du 14 janvier J 8Si f
dans son article 27, dit a
* 1 Le Sénat règle par un senatus-consulte;
t* la constitution de l'Algérie et des Colo-
nies. »
Mais, à votre tour, Monsieur Cuttoli, ne
omphez pas trop vite car. la loi cons-
titutionnelle de 1875, celle qui nous régit ac-
tuellement, elle ne dit rien.
Que faut-il en conclure ?
Logiquement, il semble qu'il faudrait en
conclure que l'es colonies, parties intégrantes
du territoire, sont soumises, depuis 1875, au
régime législatif commun et que MM. Lar-
cher et Labroue ont raison.
Mais la question n'est pas encore. nette-
ment » tranewe.
Les juristes sont gens subtils et pour ré-
pondre au désir des ministres des Colonies
qui trouvaient commode le régime de la
législation coloniale par voie de décret ils
ont élaboré une nouvelle doctrine.
Par application de l'article 17 de la cons-
titution de 1852, un sénatus-consulte du
R mai 1854 avait fixé le régime législatif
fies colonies de la façon suivante :
Pour les Antililes et la Réunion, le régi-
- était celui du décret simple et exception-
nellement celui du senatus-consulte, pour
tontes les autres colonies l'article 18 déci-
dait : € Elles seront régies par décret de
l'empereur jusqu'à ce qu'il ait été statué à
leur égard par senatus-consulte »
Et suivant la règle, ce provisoire ne fut
jamais transformé.
Il semblerait, pourtant, que ce régime
établi dans les cadres de la constitution de
'kàS2 est devenu caduc avec le régime cons-
titutionnel de 1852 lui-même.
Mais ne disais-je pas que les juristes sont
gens subtils : ils ont admis que le senatus-
consulte de 1854 avait perdu son caractère
constitutionnel tout en conservant son carac-
tère législatif. La constitution de 1875 a
seulement déconstitutionnalisé le senatus-
consulte de 1854 qui continue à s'appliquer
mais seulement en tant que loi.
Et en vertu de ce raisonnement subtill le
Tégil-die législatif colonial actuel est le sui-
vant : Une loi nouvelle peut décider qu'elle
sera applicable aux colonies.
Elle peut ne rien dire : dans ce cas l'exé-
cutif ne peut pas la promulguer aux colo-
nies, mais il peut prendre un décret sur la
même matière.
Elle peut dire qu'elle ne sera pas appli-
cable aux colonies : dans ce cas l'exécutif
ne peut légiférer sur la matière aux colo-
nies, qu'en apportant des modifications au
texte de la loi.
Ainsi, 11 n'est point douteux que le régime
fiscn. de l'Algérie établi par la loi du 19 dé-
cembre 1900 peut être modifié par une au-
tre loi.
Mais si, en droit, cette solution s'impose,
en est-il de même en fait ?
Peut-un, logiquement, admettre que le lé-
jçifilateuT après avoir proclamé solennellement
le principe rie l'autonomie financière de l'Al'.
gérie. après avoir déclaré formellement que
« réserve faite pour les droits de douane qui
demeurent régl^par les lois en vigueur, les
créations et les suppressions d'impôts, etc.,
sont délibérées par les délégations financiè-
res T.pourra d&ideT qu'il susphndra momen-
é 1.
tanément, ou sur un point particulier, ce
statut fiscal fondamental ?
C'est là, oserai-je dire, une question de
morale législative. Le législateur est souve-
rain. Il peut tout faire sauf, comme disent
les Anglais, transformer un homme en fem-
me, mais il doit se conduire en « honnête
homme J.
Qu'il modifie le régime fiscal de l'Algérie
s'il le juge utile, mais tant qu'il le laisse
subsister, qu'il le respecte !
Sltennc iflMlonefll,
Député de la Haute-Savoie,
Rapporteur du budget de
V Algérie.
La République
el ses Rois el exil
1 .,.
On sait que la première fonction des Répu-
bliques est d'envoyer les rois en exil. Mais,
jamais la République n'aura, autant que la
nôtre, fait consommation de têtes couronnées.
Nous y apportons, il est vrai, une grande dis-
tinction de manières. Car, si dans la Guyane
insalubre nous avons trouvé la résidence de
choix pour nos déportés politiques, nous
avons su réserver aux empereurs, reines et
sultans par nous dégommés, le plus paradi-
siaque des lieux d'exil : la Réunion.
Le premier que nous y envoyâmes fut Saïd-
Ali, sultan de la Grande Comore. Maître des
terres, Saïd Ali eut un jour le tort de s'affir-
mer tel contre un riche et influent colon. La
Métropole envoya sur les Côtes de l'Ile un
aviso dont le commandant avait l'ordre d'en-
lever le sultan. Il l'invita à dîner. Au cllam-
pagnc, sous prétexte d'une promenade en
mer. l'aviso leva l'ancre à destination de la
Réunion. Saïd Ali y resta plus de dix ans. Il
habitait, ghice à la modicité des loyers de
l'époque, une maison gentille qu'entourait un
parterre fleuri. Musulman, il avait l'âme poé-
tique et s'occupait même de peinture.
Regardez ce rayon de soleil sur les ro-
ses ; n'est-ce pas merveilleux? disait-il par-
fois à ses visiteurs.
Mais ce qui l'était moins, c'était sa « listç
civile » dont chaque mois, le trésorier-payeur
de l'Ile lui versait un douzième.
- La République n'est pas généreuse, mon
cher, constatait Saïd-Ali, en jouant avec la
croix de la Légion d'honneur qui ne quittait
jamais sa poitrine.
Ranavalo, reine de Madagascar arriva un
peu plus tard, abandonnant son pays plus
grand que la France et un palais qui a des
tours alors que l'Elysée n'en a pas. C'est un
petit chalt qule Jabtint sur les bords escar-
pés de la rivière qui échancre d'une vallée
profonde le chef-lieu de l'île. Elle bouda, se
claustra, ne s'aventurant même pas jusqu'à
la terrasse d'où l'on découvre le merveilleux
panorama des maisons en contre-bas, de la
montagne et de la mer. Cette attitude et la
vie gênée que lui faisait sa pension de 20.000
francs, apitoyèrent l'âme de nos gouvernants.
Elle put troquer la Réunloii contre l'Algérie,
et obtenir ce qu'en langage dé salariés, on
appelle une augmentation.
Puis, vint la guerre. Le grand cyclone mon.
dial, dans une de "Ses rafales, emporta d'An-
dial, à l'île prédestinée, toute une famille cou-
nam
ronnée, deux empereurs, père et fils et un
prince. Le père Than Taï est une sorte de
spécialiste du déménagement avec cette par-
ticularité que la dernière maison choisie ac-
cuse toujours sur la précédente la gêne crois-
sante du locataire. Dans des pièces de plus
en plus petites se presse une nichée qui, cha-
que année s'accroît. Les bambins, pieds nus,
gentils comme des bibelots indochinois,
jouent à. se poursuivre dans un intérieur ab-
solument nu ô meubles laqués du Palais
de Hué ! - à moins qu'ils ne fassent entrer
le client, car le père, par nécessité s'est fait
photographe.
Le fils, Duy-Tan, qui, lui aussi régna et
s'appelle aujourd'hui prince Win-San, est en-
core un jeune homme. Extrêmement intelli-
gent, très sympathique et répandu dans la
société locale, il est musicien comme Saïd-
Ali était peintre. Après le hautbois qu'il ap-
prit en un an, il étudia le violon qu'il manie
en virtuose, faisant sa partie dans la société
philharmonique de Saint-Denis. Il a une au-
tre passion. la T.S.F., dont il s'est, le pre-
mier, employé à répandre le goût.
Le prince Win-San n'est pas un inconnu
pour les lecteurs de ce journal. Les Annales
Coloniales ont tout récemment publié la sup-
plique qu'il adressa à notre collaborateur, M.
le député Gasparin, et dans laquelle, confes-
sant ses erreurs et protestant de son loyalis-
me, il constate que « sa pension est maigre
et que sa vie est triste. - » -
C'est sans doute par une conclusion du mê-
me genre que se terminera le long mémoire
justificatif à la rédaction duquel Abd-el-Krim
emploie depuis plusieurs années la science
juridique de l'intelligent secrétaire dont il
s'est fait accompagner à la Réunion. Son tré-
sor de guerre a été, bien entendu, onfisqué,
Il a de lourdes charges de famille. Rien ne
se donne dans l'ile qu'il habite, et pour lui
aussi la vie est triste.
« Ah! n'exilons personne. »
Sans doute. Mais c'est parfois un peu vite
dit et l'on n'aperçoit pas comment il eût été
possible de laisser, après leurs frasques, Ra-
navalo à Madagascar, Win-Sanoen Indochine
et Abd-el-Krim au Maroc.
Leur éloignement était nécessaire. Mais, en
admettant même la légitimité d'une expiation
encore faudrait-il ne pas l'aggraver d'une dé-
chéance personnelle.
Et, ce mot replace devant mes yeux cè spec-
tacle : l'hippodrome de Saint-Denis, un jour
de courses, les tribunes ; les abords de la
piste j la foule : Chinois, malgaches, noirs
d'Afrique mêlés aux créoles et se ruant pour
voir arriver au poteau, sous la toque et la
casaque du jockey, l'ex-empereur d'Annam,
Win-Sato, < montant pour 500 francs le cheval
d'un riche commerçant indien,
–O faces prostelrnées dans la poussière,
parasol doré des cérémonies officielles de
Hué !
P.-C. Bwrfei
Gouverneur honoraire des Colonies.
I vo ire
En
m
L'action économique
A CRISE que traverse 1
le monde entier et
qui a si durement
affecté le' marché
des matières pre-
mières a ouvert bien
des yeux.
La maniéré ^dont
M. le gouverneur
Reste éclaire le
problème économi-
que en Côte-d'Ivoire mérite d'être considérée
avec la plus grande allelliioll, car c'est cer-
tainement dans cet ordre d'action que nos
colonies petevenl espérer retrouver un meil-
leur équilibre économique.
Donc, la mise en valeur méthodique et rai-
sonnée doit être poursuivie. et disciplinée,
sans crainte ni défaillance, « avec la téna-
cité et l'opiniâtreté qui doivent s'attacher à
la réalisation des œuvres belles et té-
condes. ib
V. oie; le programme que M. le gouverneur
Reste entend suivre en Côte-d'Ivoire, et
cla sans restriction, et dans un esprit de
pleine confiance en l'avenir.
Notons d'abord que les sociétés indigènes
êvoluent, que Vautochtone n'est pas hostile
au Machinisme ni insensible au progrès, que
les hommes de races différentes entrent plus
volontiers en contact, « il se fait un brassage
entre les divers groupes ethniques. Cette
transformation, provoquée en grande partie
par l'effort considérable réalisé dans l'amé-
nagement des voies de communication, a pour
résultat de faire disparaître l'isolement, de
mélanger les tribus, de substituer à des grou-
pements de races des groupements de terri-
toire ayant des intérêts économiques iden-
tiques. >
Echange de coûtants commerciaux,
contacts plus fréquents, relations plus sui-
vies, échanges d'idées, ne sont-ce pas là les
signes précurseurs annonçant l'existence d'un
marche économique, c'est-à-dire de débouchés
neufs s'otlvrallt non. seulement à l'exportation
des matières premières du pays, mais aussi
à l'importation des objets manufactures mé-
tropolitains.
Donc, le meilleur vaccin à. opposer à la
crise actuelle, c'est de traiter vigoureusement
le mal par le malt et en dépit de toutes les
sonnettes d'alarmes, « produisons ». Mais,
M, le gouverneur Reste a raison en imposant,
a la Côte à*Ivoire de nouvelles modalités .•
1 e Culture intensive et non plus extensive.
20 Nous devons donner des formes moder-
nes à la production.
30 Amélioration des rendements.
4° Machinisme ; réaction contre l'âge de
la houe ; il faut des tracteurs, des charrues,
des semoirs. La machine économise la main-
d'œuvre, diminue la peine des hommes et
augmente le rendement.
50 La toute dans les pays neufs est créa-
trice d'un type social nouveau ; intensifica-
tion des voies de communication.
6° L'ouverture d'écoles contribue à l'heu-
reuse transformation de la mentalité indi-
gène.
'J'elle est, en résumé, la direction que M.
le gouverneur Reste entend donner à son ef-
fort en Côte-d'Ivoire. On ne peut que l'en
féliciter.
A l'heure actuelle, la transformation éco-
nomique domine de haut le problème poli-
tique. Le progrès matériel est la meilleure
assise de l'action sociale.
Je«utbudurda Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-Président de ta Commission
des Douanes.
An Conseil dÉtat 1
-60
Annulation d'une décision du Gouverneur
Général par intérim de Madagascar
M. Ranaïvo, ancien gouverneur indigène
d'Antsivalo, avait été rétrogradé de ce grade
à celui de sous-gouverneur au district de Ta-
nanarive.
C'est en vain que ce fonctionnaire avait de-
mandé au gouverneur général le bénéfice de
la loi d'amnistie du 3 janvier 1925.
Pour justifier son refus, le gouverneur gé-
néral déclarait dans sa réponse que ladite
loi n'était pas accordée pour les faits ayant
entraîné des sanctions disciplinaires pour
manquements aux règlements imposés pour
la gestion des caisses publiques ou le manie-
ment des deniers d'autrui.
M. Ranaïvo avait déposé cette décision de-
vant le Conseil d'Etat aux fins de son
annulation. ,
Cette haute juridiction a ainsi que dit
- annulé la décision du gouverneur général
.par intérim de Madagascar, attendu :
.qu'il n'est pas établi que M. Ranaïvo ait
reçu notification d'une décision du gouver-
neur général de Madagascar, en date du 8
mai 1925 qui, antérieurement à la décision
attaquée, aurait déjà rejeté sa demande
de réintégration en vertu de la loi d'amnis-
tie du 3 Janvier 1925., par suite, la fin de
non recevoir opposée au pourvoi, ne saurait
être retenue.
Projets de décrets
Cette haute juridiction a adopté un projet
de décret relatif à l'amélioration du person-
nel de l'enseignement des colonies de la Mar-
tinique et de la Guadeloupe.
Cette même juridiction a également adopté
un projet dé décret autorisant la commande
Fonds (l'or (Martinique) à reprendre le nom
de MaTigat.
L'exposition des "Amis des Arts"
de Dakar
La Société des « Amis des Arts » de Da-
kar avait convié le public à une exposition
organisée par elle le mqis dernier.
Elle a obtenu "avec raison un grand succès.
Les occupations de M. le gouverneur Ditlat,
gouverneur général par intérim, protecteur
éclàiré des arts, l'empêchèrent d'assister au
vernissage, mais M. le gouverneur Vadier,
gouverneur de Dakar et dépendances, ainsi
que M. le gouverneur Maillet, vinrent dès
1 ouverture, s arrêtant longuement devant les
oeuvres exposées et félicitant chaleureusement
leurs auteurs très touchés de cette haute et pré-
çieuse marque de sympathie. -
On admira surjgut les délicieux tableaux et
les fines aquarelles dfe M. Pierre Castagnez,
le président de Ja Société; les villages indi-
gènes de M. Naas, perdus dans la brousse, à
l'ombre des baobabs, sous l'éclatante lumière
des tropiques; les beaux pastels et lavis de
M. Miller-Ranson ; les dessins comiques de
M. Pepino et du lieutenant HOrst; les études
de M. Leblond, de M. « Fain et du docteur
Jouenne.
Mlle Gabet avait envoyé un très beau para-
vent peint et divers petits coffrets très finement
travaillés. Les peintures et dessins de Mmes
Assemat et Lefebvre-Aujas, ainsi que de MM.
Baudet et Guillot, attirèrent longtemps les vi-
siteurs.
Mention doit aussi être faite de la superbe
maquette de la Maternité qui doit bientôt
s'élever à Dakar, œuvre de M. Pierre Cas-
tagnez, et dont le plan est dû à M. Henry
Adenot, l'habile architecte du Gouvernement.
Des beaux plans de villas coloniales de M.
Ernest Brun, également architecte du Gouver-
nement ; des travaux d'arts appliqués et de
nombreux dessins exposés par les enfants des
diverses écoles dé la ville.
Dans le joli cadre du grand salon de l'hôtel
de ville, parmi les fleurs et les plantes vertes,
l'aflfuence considérable fut légitimement émer-
veillée des résultats obtenus, Us font grand
honneur au président de la Société et à ses
collaborateurs.
Des paysages de la région côtière et de l'in-
térieur, des études d'indigènes et des villages
du Sénégal et du Soudan, de gracieux pal-
miers et de gigantesques baobabs, des forêts
m i er s et dq
de la Côte-d lvoire, des bateaux et des piro-
gues, de vieilles et pittoresques rues de l'île
de Gorée défilèrent, pour ainsi dire, sous les
yeux des visiteurs ravis.
Nous tenons à féliciter cette jeune Société
et à la remscier de son initiative. Grâce à
elle, grâce jum exposants, nous avons eu quel -
ques heures d'une distraction et d'un plaisir
rares à ta Colonie.
Qui aurait pu supposer qu'il y avait à Dak ar
et dans les villes environnantes tant de délicats
artistes d'un goût si sûr, d'un talent si réel,
observateurs si pénétrants de notre belle colo-
nie, de ses sites et de ses habitants.
Nous souhaitons vivement que cette brillante
manifestation, dont la réussite a dépassé toutes
les espérances, ait lieu chaque année.
6. Vattier,
Docteur ôs lettres.
-giew ,
M. Paul Reynaud
à la foire de Bordeaux
«♦»
M. Paul Reynaud, ministre des Colonies,
accompagné de M. Diagne, sous-secrétaire
d'Etat aux Colonies, et de M. Dignac, sous-
secrétaire d'Etat à la Marine, est arrivé sa-
medi soir à Bordeaux. -
Hier matin à dix heures, ils ont visité la
Foire coloniale de Bordeaux.
Un banquet dans les foyers du Grand-
Théfttre a été présidé par M. Paul Reynaud.
-
A l'Académie des Sciences
morales et politiques
–̃ «♦»
Dans sa dernière séance, M. Lyon-Caen.
secrétaire perpétuel, a présenté un ouvrage de
M. Paul-Ernest Picard, directeur général de
la Banque d'Algérie, la Monnaie et le Crédit
en Algérie depuis 1830, où il est expliqué
confinent fut supprimée l'usure qui rongeait
alors la régence.
Une fête du génie italien
1 à rtXtesMM Coloniale
Les mânes de l'empereur Septime Sévère,
eussent pu, hier, à l'Exposition coloniale,
tressaillir d'un émoi divin. Dans. le cadre
fastueux du palais où il régna en Tripoli-
taine, et que, au bord de l'allée des Tribu-
nes, le génie italien a reconstitué, il y eut
quelques belles heures, vouées à Euterpe et à
Terpsychore.
Cette grande manifestation de l'art et du
goût italiens au profit d'oeuvres, fut présidée
par l'ambassadeur d'Italie et la comtesse
ManzonI,
Elle avait été préparée avec beaucoup
de soin et de goût par le, prince di Scalea,
président de la section italienne à l'Exposi-
tion Coloniale et doyen des délégués étran-
gers.
L'assistance choisie et nombreuse ne man-
qua pas de goûter pleinement le talent d'ex-
cellents artistes transalpins, magnifiquement
consacré déjà par la capitale française. Ce
furent Mlle Cuggiani, de l'Opéra-Comique,
et M. Suciliani qui obtinrent un vif succès
dans leurs numéros de danses ; Mme Rez
d'Csparos, de l'Opéra; Mlle Zambelli et M.
Aveline, de l'Opéra; M. Di Mazzei, de
1 'Opéra-Comique ; M. Rodrigo, de l'Opéra.
M. Yeno Swislomslez, qu'accompagnait dans
leurs chants ou dans-leurs compositions cho-
régraphiques un brillant orchestre dirigé par
M. Balbis,
La conférence douanière
franco-espagnole s'est ouverte
à Rabat
Dès son retour à Rabat, M. Lucien Saint
a reçu en audience particulière la délégation
espagnole à la conférence économique et doua-
nière interzones. Cette délégation est compo-
sée de MM. Valverde, directeur des Finan-
ces ; Merolio, chef du cabinet diplomatique
de Tetouan, et Maraury, chef du service des
douanes. La conférence qui devait se tenir à
Tetouan en avril dernier et qui fut ajournée en
raison du changement de régime en Espagne,
a commencé à Rabat ses travaux surtout rela-
tifs à l'unification des barrières et des tarifs
douaniers.
Les représentants français sont MM. Branly,
Merillon et Serra.
- *4*»
Le recrutement au Togo
Tt.
Dans un récent article, M. Edouard Né-
ron, sénateur de la Haute-Loire a signalé
les procédés mis en œuvre au Togo pour le
recrutement des travailleurs des chantiers
du Chemin de fer du Nord. Il semble utile
d'apporter ici quelques précisions qui mon-
treront l'effort qui a été fait pour attirer et
retenir l'indigène.
Les ouvriers sont au nombre de 1.800 en-
viron et proviennent pour la plupart d'une
région située au Nord des çhanticrs, le
« pays cabrais », où se trouve une population
nombreuse, robuste et active.
Au début, le recrutement par contrat de
6 mois, fut seul envisagé. Il comportait les
conditions suivantes : J
io Transport du travailleur par camion
(250 kilomètres) des villages aux chantiers
et réciproquement ;
20 Allocation de 2 fr. 50 par jour en plus
de la nourriture et du logement ;
30 Constitution au profit de chaque tra-
vailleur d'un pécule de 150 francs, payé en
fi'èj de contrat.
Parallèlement à ce recrutement opéré
dans les villages par l'intermédiaire des
rhefs, on fit appela par la suite aux volontai-
res. Ceux-ci sont des manœuvres, qui vien-
nent d'eux-mêmes st faire embaucher sur
les chantiers, Ils reçoivent 6 francs par
jour et sont libres de subvenir a leur dépla-
cement et à leurs besoins comme ils l'enten-
dent.
Un service de la main-d'œuvre pourvoit
au logement et à la nourriture des contrac-
tuels. Les volontaires peuvent acheter à
l'administration leur ration journalière pour
2 fr. 50. Celle-ci comprend chaque jour de
la viande fraîche ou du poisson fumé, du
garri ou de l'igname, du maïs ou du nil, du
sucre et de. l'huile de palme.
La cuisine est préparée par des femmes
(une pour 10 hommes), engagées et payées
aux mêmes conditions que les manœuvres.
Un service de santé spécial fonctionne sur
les chantiers et comprend un hôpital à Ag-
bonou (origine de la voie ferrée) et dix pos-
tes de secours (un par campement), desser-
vis par un personnel composé d'un médecin
et d'un infirmier-chef européens et ù'un ai-
de-médecin et de 21 infirmiers indigènes.
Grâce aux précautions prises tant au mo-
ment du recrutement qu. au cours du tra-
vail, la. morbidité ne dépasse pas 4
Quant à la mortalité, elle est infime : 0,75
pour cent.
Dès le début, le succès de ce recrutement
a été complet et aucune pression n'a été
exercée sur l'indigène ou sur ses chefs pour
provoquer des engagements.
Bien au contraire, plus de la moitié des
travailleurs ont rengagé en fin de contrat
soit immédiatement, soit après quelques mois
de séjour dans leurs villages.
Un fait typique montre d'ailleurs l'intérêt
que ces indigènes portent à ces travaux qui
leur procurent du travail et de l'argent. Au
cours de l'année 1930, l'embauchage des vo-
lontaires s'est considérablement accru et il
fallut envisager d'abord la réduction des en-
gagements par contrat, puis, ces derniers
mois, l'arrêt pur et simple des opérations de
recrutement. Le chef de la région, président
du Conseil des Notables de Lama-Kara, se
plaignit au commandant du Cercle de la
suspension du recrutement. Il fit remarquer
que la vente du kapok et les salaires payés
aux manœuvres du chemin de fer formaient
la plus grande partie de ressources du pays
cabrais et le meilleur moyen de lutter con-
tre l'émigration vers les pays voisins. Le
prix du kapok ayant atteint un cours très
bas par suite de la crise économique, il de-
mandait instamment la reprise des opéra-
tions de recrutement indispensables à assu-
rer le niveau de vie de ses administrés.
-
Sans doute, nous nous trouvons ici en pré-
sence d'une masse compacte d'indigènes par-
culièrement actifs et travailleurs, qu'il est
assez rare de rencontrer en Afrique Noire,
mais on voit combien il est inexact de pen-
ser que le travail fourni sur des chantiers
publics ne peut être, en Afrique, qu'un tra-
vail forcé pour cette seule raison que les
exécutants ne sont pas des affiliés « con-
scients » de la C.G.T.U.
Dépêches de l'Indochine
w 't,
La vie chère en Indochine
Les indices du coût de la vie fournis par
les statistiques générales de VIndochine,
concernant le premier trimestre 19S1, font
ressortir par rapport, à 1925 une augmcnta-
tion de 30 %• A Tlanoi, Vaugmentation est
pour les Européens de 19 pour les indi-
gènes de la classe moyennr, 13 %, pour la
classe ouvrière, 22 A Saigon, l'augmen-
tation est. pour les Européens 21 n', pour
les indigènes de la classe moyenne 11
On signale une légère diminution générale
par rapport aux indices du quatrième tri-
mestre 1980.
L'enseignement professionnel
dans les écoles indigènes
au Maroc en 1929
L'enseignement professionnel est donné aux
indigènes musulmans dans les quinze écoles
d'apprentissage de : Rabat (2 écoles), Salé,
Tanger, Meknès, Fcs, Sefrou, Oudjda, Casa-
blanca, Mazagan, Mogador, Marrakech (2
écoles), Taroudant, Kourigha.
Toutes les villes marocaines, sauf Safi et
Taza, ont donc une école d'apprentissage
pour indigènes. L'école qui vient d'être cons-
tiuite à Casablanca, dans la nouvelle Mé-
dina, sera dotée d'ateliers à bref délai.
Aucune de ces écoles n'a atteint encore un
développement complet. Chaque année voit
une amélioration dans le nombre et la qua-
lité des apprentis, dans l'aménagement des
locaux, dans la dotation en outillage.
En examinant la statistique donnée ci-
après qui concerne l'ensemble de l'enseigne-
ment musulman, on se rend compte de l'im-
portance que l'Adminitration a attachée à
l'apprentissage des indigènes.
Le nombre des apprentis, on le remarquera,
représente environ le 1/17 du nombre des
garçons qui fréquentent les autres écoles.
Ce rapide coup d'œil donné sur la situation
de l'enseignement professionnel indigène suf-
fit à expliquer dès l'abord que l'Administra-
tion doit se préoccuper plus du développe-
ment des écoles qui existent que de la créa-
tion de nouveaux établissements.
Nombre
de maîtres
Nature des d'auxi-
de l'école d'écoles cadres liaires d'élèves
- - - - -
Collèges 3 46 » 571
Notables. 6 29 15 1.017
1.588
Apprentissage 14 35 19 491
Filles. 15 40 4(J 2.054
2.545
Primaires. 70 155 77 6.646
Totaux. 108 305 157 10.779
462
Necuitement des apprentis, - Tâche essen-
tielle, mais bien difficile que le recrutement
des apprentis. Les indigènes, au Maroc
comme dans la plupart des colonies, manifes-
tent une certaine répugnance pour les travaux
manuels. Cette répugnance s'avise du fait'
que notre industrie et notre organisation du
travail heurtent leurs conceptions ataviques
concernant ce sujet.
En outre, les indigènes marocains, comme
il y a peu de temps encore nos compatriotes
métropolitains, voient dans l'école une insti-
tution qui a pour but d'éviter à l'enfant
l'exercice d'un métier manuel.
Cette situation s'aggrave en temps de crise
de main-d'œuvre. 'Les industriels - ils sont
bien excusables - recrutent alors leurs ma-
nœuvres parmi des gens qui iraient naturelle-
ment vers les écoles d'apprentissage. Il leur
arrive de débaucher les apprentis de l'école
avant que leur formation professionnelle soit
suffisante.
Néanmoins, grâce à des primes et à une or-
ganisation des études qui font passer insensi-
blement les élèves de l'école primaire au
cours d'apprentissage, le nombre des élèves
de l'enseignement professionnel est normal.
Les efforts tendent moins à augmenter ce,
nombre dans de grandes proportions qu'à exi-
ger des élèves, à l'entrée à l'atelier, une ins-
truction primaire de plus en plus étendue.
Programme d'études. - Les programmes
font une part convenable aux enseignements
théoriques et aux industriels étant entendu
que si un apprenti n'acquérait pas à l'école
autre chose que ce qu'il acquerrait dans un
atelier, l'école serait sans utilité.
La base de l'éducation technique c:-t la
traduction constante de l'objet concret ou
imaginé en représentation graphique et, réci-
proquement, l'exécution d'un objet d'après
cette représentation. Le jeune indigène en-
tiaîné h ces exercices, sachant calculer exac-
tement et comprenant la langue française,
-devient rapidement un bon ouvrier.
'Dans la plupart des écoles, on n'enseigne
encore que les métiers du bois et .du fer qui
sont à la base des spécialités techniques les
plus nombreuses.
A Mogador, à Salé et à Tanger, la mar-
queterie est enseignée.
A Marrakech et à Rabat, on forme des re-
lieurs maroquiniers.
A Oudjda, on forme des brodeurs sur cuir.
A Rabat, on prépare des imprimeurs.
A Fès, on prépare des dinandiers.
D'une façon générale, on n'oriente vers les
techniques d'art indigène que des apprentis
ayant acquis au préalable une technique in-
dustrielle. Cette méthode permet non seule-
ment de choisir plus judicieusement les fu-
turs artisans" mais de leur offrir plus tard la
possibilité de gagner leur vie quel que soit
l'état du marché en ce qui concerne la fabri-
cation d'objets artistiques.
Pour l'avenir, on prévoit les développe-
ments suivants :
Enseignement de la technique relative aux
moteurs d'automobiles, couronnant le cyclq
des travaux du fer.
Enseignement de la technique relative aux
machines agricoles dans certains centres tels
que Mazagan, Kénitra, Khemisset, Berkane.
Enseignement des travaux du bâtiment :
maçonnerie, enduits, carrelages, zinguerie,
plomberie.
Enseignement des travaux de chaudron-
nerie.
Enseignement nautique : pcchc et navi-
gation.
Persollllcl, - Les écoles d'apprentissage
sont sous le contrôle d'un inspecteur primaire
spécialisé dans l'enseignement professionnel.
Ce fonctionnaire n'administre que ces écoles
à l'exclusion de toute autre.
1-ii ingénieur lui est adjoint. Il a dans ses
attributions le choix et l'acquisition de l'ou-
tillage, des machines, la direction des tra-
vaux pratiques.
l Les instituteurs qui se destinent à l'ensei-
gnement professionnel sont astreints à un
stage d'initiation effectué à l'Ecole Indus-
JOURNAL OUOTIDIEI
- «
Rédaction & Administration ;
14, im d« Mlit-ÏMMr
PARIS au)
TtLtPH. 8 LOUV". 19-37
RICHELIEU 87.
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Autour de l'Article 10 de la Loi de 1900
- t ..e i
La Commission des boissons a inséré dans
le projet de loi sur la viticulture et le com-
merce des vins une disposition ainsi conçue:
« La présente loi sera applicable à l'Al-
gérie;, nonobstant l'article 10 de la loi du 19
décembre 1900. »
Pour justifier ce texte, M. le rapporteur
Labroue, déclare dans son rapport que l'ar-
ticle 10 de la loi de 1900 est inconstitution-
nel 11 s'appuie sur une opinion de MI. le
professeur Laicher qui déclare « L'article 10
nous paraît entaché d inconstitutionalité. »
M. Jules Cuttoli a contesté cette thèse, de-
vant la Chambre et soutenu, en s'appuyant
sur l'opinion d'un autre professeur de droit
M. Bienvenu que « l'aiticle premier de la loi
du 25 février 1875 qui attribue le pouvoir
législatif au Parlement--n'est pas plus que
le reste de la Constitution applicable aux co-
lonies et à l'Algérie. » Et M. Jules Cuttoli
de conclure, après cette citation : « La ques-
tion est nettement tranchée. »
Mais M. Cuttoli permettra à une troi-
sième professeur de droit de faire quelques
réserves sur cette conclusion : la *question
n'est point « nettement » tranchée. 1e vais
essayer de le montrer.
Le premier texte législatif qui traite de
la matière est déjà fort ambigu.
Le décret du 8-ib mars 1790 déclare que
les colonies ne sont pas régies par les lois
ile la Métropole, mais en même temps, il af-
firme le principe que les cjlbnies sont par-
tic intégrante du territoire français.
Par contre, la constitution du 5 fructidor,
an 111, dans son article 6, déclare : « Les
colonies françaises sont les parties intégran-
tes de la République et sont soumises à la
même hi constitutionnelle. »
Mais que M. Labroue ne triomphe pas
trop vite : la constitution de l'an 111 est la
M'ulc qui contienne une telle disposition, tou-
tes exiles qui ont été promulguées au cours
du iç" siècle, jusqu'à la constitution de 1875
cxdtte, disent exactement le contraire.
Celle du 5-14 septembre 1791, dans son
article 8, dit « Les colonies et possessions
francises, quoiqu'elles lassent partie de
l'empire français ne sont pas comprises dans
la présente constitution. »
La même réserve est faite dans la cons-
titution du 32 frimaire an VI11 (art. 91),
dans la Chatte du 4 juin 1814 (art. 73),
dans celle du 14 août 1830 (art. 63) com-
plétée par la loi du 24 avril 1833.
'Enfin la Constitution du 14 janvier J 8Si f
dans son article 27, dit a
* 1 Le Sénat règle par un senatus-consulte;
t* la constitution de l'Algérie et des Colo-
nies. »
Mais, à votre tour, Monsieur Cuttoli, ne
omphez pas trop vite car. la loi cons-
titutionnelle de 1875, celle qui nous régit ac-
tuellement, elle ne dit rien.
Que faut-il en conclure ?
Logiquement, il semble qu'il faudrait en
conclure que l'es colonies, parties intégrantes
du territoire, sont soumises, depuis 1875, au
régime législatif commun et que MM. Lar-
cher et Labroue ont raison.
Mais la question n'est pas encore. nette-
ment » tranewe.
Les juristes sont gens subtils et pour ré-
pondre au désir des ministres des Colonies
qui trouvaient commode le régime de la
législation coloniale par voie de décret ils
ont élaboré une nouvelle doctrine.
Par application de l'article 17 de la cons-
titution de 1852, un sénatus-consulte du
R mai 1854 avait fixé le régime législatif
fies colonies de la façon suivante :
Pour les Antililes et la Réunion, le régi-
- était celui du décret simple et exception-
nellement celui du senatus-consulte, pour
tontes les autres colonies l'article 18 déci-
dait : € Elles seront régies par décret de
l'empereur jusqu'à ce qu'il ait été statué à
leur égard par senatus-consulte »
Et suivant la règle, ce provisoire ne fut
jamais transformé.
Il semblerait, pourtant, que ce régime
établi dans les cadres de la constitution de
'kàS2 est devenu caduc avec le régime cons-
titutionnel de 1852 lui-même.
Mais ne disais-je pas que les juristes sont
gens subtils : ils ont admis que le senatus-
consulte de 1854 avait perdu son caractère
constitutionnel tout en conservant son carac-
tère législatif. La constitution de 1875 a
seulement déconstitutionnalisé le senatus-
consulte de 1854 qui continue à s'appliquer
mais seulement en tant que loi.
Et en vertu de ce raisonnement subtill le
Tégil-die législatif colonial actuel est le sui-
vant : Une loi nouvelle peut décider qu'elle
sera applicable aux colonies.
Elle peut ne rien dire : dans ce cas l'exé-
cutif ne peut pas la promulguer aux colo-
nies, mais il peut prendre un décret sur la
même matière.
Elle peut dire qu'elle ne sera pas appli-
cable aux colonies : dans ce cas l'exécutif
ne peut légiférer sur la matière aux colo-
nies, qu'en apportant des modifications au
texte de la loi.
Ainsi, 11 n'est point douteux que le régime
fiscn. de l'Algérie établi par la loi du 19 dé-
cembre 1900 peut être modifié par une au-
tre loi.
Mais si, en droit, cette solution s'impose,
en est-il de même en fait ?
Peut-un, logiquement, admettre que le lé-
jçifilateuT après avoir proclamé solennellement
le principe rie l'autonomie financière de l'Al'.
gérie. après avoir déclaré formellement que
« réserve faite pour les droits de douane qui
demeurent régl^par les lois en vigueur, les
créations et les suppressions d'impôts, etc.,
sont délibérées par les délégations financiè-
res T.pourra d&ideT qu'il susphndra momen-
é 1.
tanément, ou sur un point particulier, ce
statut fiscal fondamental ?
C'est là, oserai-je dire, une question de
morale législative. Le législateur est souve-
rain. Il peut tout faire sauf, comme disent
les Anglais, transformer un homme en fem-
me, mais il doit se conduire en « honnête
homme J.
Qu'il modifie le régime fiscal de l'Algérie
s'il le juge utile, mais tant qu'il le laisse
subsister, qu'il le respecte !
Sltennc iflMlonefll,
Député de la Haute-Savoie,
Rapporteur du budget de
V Algérie.
La République
el ses Rois el exil
1 .,.
On sait que la première fonction des Répu-
bliques est d'envoyer les rois en exil. Mais,
jamais la République n'aura, autant que la
nôtre, fait consommation de têtes couronnées.
Nous y apportons, il est vrai, une grande dis-
tinction de manières. Car, si dans la Guyane
insalubre nous avons trouvé la résidence de
choix pour nos déportés politiques, nous
avons su réserver aux empereurs, reines et
sultans par nous dégommés, le plus paradi-
siaque des lieux d'exil : la Réunion.
Le premier que nous y envoyâmes fut Saïd-
Ali, sultan de la Grande Comore. Maître des
terres, Saïd Ali eut un jour le tort de s'affir-
mer tel contre un riche et influent colon. La
Métropole envoya sur les Côtes de l'Ile un
aviso dont le commandant avait l'ordre d'en-
lever le sultan. Il l'invita à dîner. Au cllam-
pagnc, sous prétexte d'une promenade en
mer. l'aviso leva l'ancre à destination de la
Réunion. Saïd Ali y resta plus de dix ans. Il
habitait, ghice à la modicité des loyers de
l'époque, une maison gentille qu'entourait un
parterre fleuri. Musulman, il avait l'âme poé-
tique et s'occupait même de peinture.
Regardez ce rayon de soleil sur les ro-
ses ; n'est-ce pas merveilleux? disait-il par-
fois à ses visiteurs.
Mais ce qui l'était moins, c'était sa « listç
civile » dont chaque mois, le trésorier-payeur
de l'Ile lui versait un douzième.
- La République n'est pas généreuse, mon
cher, constatait Saïd-Ali, en jouant avec la
croix de la Légion d'honneur qui ne quittait
jamais sa poitrine.
Ranavalo, reine de Madagascar arriva un
peu plus tard, abandonnant son pays plus
grand que la France et un palais qui a des
tours alors que l'Elysée n'en a pas. C'est un
petit chalt qule Jabtint sur les bords escar-
pés de la rivière qui échancre d'une vallée
profonde le chef-lieu de l'île. Elle bouda, se
claustra, ne s'aventurant même pas jusqu'à
la terrasse d'où l'on découvre le merveilleux
panorama des maisons en contre-bas, de la
montagne et de la mer. Cette attitude et la
vie gênée que lui faisait sa pension de 20.000
francs, apitoyèrent l'âme de nos gouvernants.
Elle put troquer la Réunloii contre l'Algérie,
et obtenir ce qu'en langage dé salariés, on
appelle une augmentation.
Puis, vint la guerre. Le grand cyclone mon.
dial, dans une de "Ses rafales, emporta d'An-
dial, à l'île prédestinée, toute une famille cou-
nam
ronnée, deux empereurs, père et fils et un
prince. Le père Than Taï est une sorte de
spécialiste du déménagement avec cette par-
ticularité que la dernière maison choisie ac-
cuse toujours sur la précédente la gêne crois-
sante du locataire. Dans des pièces de plus
en plus petites se presse une nichée qui, cha-
que année s'accroît. Les bambins, pieds nus,
gentils comme des bibelots indochinois,
jouent à. se poursuivre dans un intérieur ab-
solument nu ô meubles laqués du Palais
de Hué ! - à moins qu'ils ne fassent entrer
le client, car le père, par nécessité s'est fait
photographe.
Le fils, Duy-Tan, qui, lui aussi régna et
s'appelle aujourd'hui prince Win-San, est en-
core un jeune homme. Extrêmement intelli-
gent, très sympathique et répandu dans la
société locale, il est musicien comme Saïd-
Ali était peintre. Après le hautbois qu'il ap-
prit en un an, il étudia le violon qu'il manie
en virtuose, faisant sa partie dans la société
philharmonique de Saint-Denis. Il a une au-
tre passion. la T.S.F., dont il s'est, le pre-
mier, employé à répandre le goût.
Le prince Win-San n'est pas un inconnu
pour les lecteurs de ce journal. Les Annales
Coloniales ont tout récemment publié la sup-
plique qu'il adressa à notre collaborateur, M.
le député Gasparin, et dans laquelle, confes-
sant ses erreurs et protestant de son loyalis-
me, il constate que « sa pension est maigre
et que sa vie est triste. - » -
C'est sans doute par une conclusion du mê-
me genre que se terminera le long mémoire
justificatif à la rédaction duquel Abd-el-Krim
emploie depuis plusieurs années la science
juridique de l'intelligent secrétaire dont il
s'est fait accompagner à la Réunion. Son tré-
sor de guerre a été, bien entendu, onfisqué,
Il a de lourdes charges de famille. Rien ne
se donne dans l'ile qu'il habite, et pour lui
aussi la vie est triste.
« Ah! n'exilons personne. »
Sans doute. Mais c'est parfois un peu vite
dit et l'on n'aperçoit pas comment il eût été
possible de laisser, après leurs frasques, Ra-
navalo à Madagascar, Win-Sanoen Indochine
et Abd-el-Krim au Maroc.
Leur éloignement était nécessaire. Mais, en
admettant même la légitimité d'une expiation
encore faudrait-il ne pas l'aggraver d'une dé-
chéance personnelle.
Et, ce mot replace devant mes yeux cè spec-
tacle : l'hippodrome de Saint-Denis, un jour
de courses, les tribunes ; les abords de la
piste j la foule : Chinois, malgaches, noirs
d'Afrique mêlés aux créoles et se ruant pour
voir arriver au poteau, sous la toque et la
casaque du jockey, l'ex-empereur d'Annam,
Win-Sato, < montant pour 500 francs le cheval
d'un riche commerçant indien,
–O faces prostelrnées dans la poussière,
parasol doré des cérémonies officielles de
Hué !
P.-C. Bwrfei
Gouverneur honoraire des Colonies.
I vo ire
En
m
L'action économique
A CRISE que traverse 1
le monde entier et
qui a si durement
affecté le' marché
des matières pre-
mières a ouvert bien
des yeux.
La maniéré ^dont
M. le gouverneur
Reste éclaire le
problème économi-
que en Côte-d'Ivoire mérite d'être considérée
avec la plus grande allelliioll, car c'est cer-
tainement dans cet ordre d'action que nos
colonies petevenl espérer retrouver un meil-
leur équilibre économique.
Donc, la mise en valeur méthodique et rai-
sonnée doit être poursuivie. et disciplinée,
sans crainte ni défaillance, « avec la téna-
cité et l'opiniâtreté qui doivent s'attacher à
la réalisation des œuvres belles et té-
condes. ib
V. oie; le programme que M. le gouverneur
Reste entend suivre en Côte-d'Ivoire, et
cla sans restriction, et dans un esprit de
pleine confiance en l'avenir.
Notons d'abord que les sociétés indigènes
êvoluent, que Vautochtone n'est pas hostile
au Machinisme ni insensible au progrès, que
les hommes de races différentes entrent plus
volontiers en contact, « il se fait un brassage
entre les divers groupes ethniques. Cette
transformation, provoquée en grande partie
par l'effort considérable réalisé dans l'amé-
nagement des voies de communication, a pour
résultat de faire disparaître l'isolement, de
mélanger les tribus, de substituer à des grou-
pements de races des groupements de terri-
toire ayant des intérêts économiques iden-
tiques. >
Echange de coûtants commerciaux,
contacts plus fréquents, relations plus sui-
vies, échanges d'idées, ne sont-ce pas là les
signes précurseurs annonçant l'existence d'un
marche économique, c'est-à-dire de débouchés
neufs s'otlvrallt non. seulement à l'exportation
des matières premières du pays, mais aussi
à l'importation des objets manufactures mé-
tropolitains.
Donc, le meilleur vaccin à. opposer à la
crise actuelle, c'est de traiter vigoureusement
le mal par le malt et en dépit de toutes les
sonnettes d'alarmes, « produisons ». Mais,
M, le gouverneur Reste a raison en imposant,
a la Côte à*Ivoire de nouvelles modalités .•
1 e Culture intensive et non plus extensive.
20 Nous devons donner des formes moder-
nes à la production.
30 Amélioration des rendements.
4° Machinisme ; réaction contre l'âge de
la houe ; il faut des tracteurs, des charrues,
des semoirs. La machine économise la main-
d'œuvre, diminue la peine des hommes et
augmente le rendement.
50 La toute dans les pays neufs est créa-
trice d'un type social nouveau ; intensifica-
tion des voies de communication.
6° L'ouverture d'écoles contribue à l'heu-
reuse transformation de la mentalité indi-
gène.
'J'elle est, en résumé, la direction que M.
le gouverneur Reste entend donner à son ef-
fort en Côte-d'Ivoire. On ne peut que l'en
féliciter.
A l'heure actuelle, la transformation éco-
nomique domine de haut le problème poli-
tique. Le progrès matériel est la meilleure
assise de l'action sociale.
Je«utbudurda Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-Président de ta Commission
des Douanes.
An Conseil dÉtat 1
-60
Annulation d'une décision du Gouverneur
Général par intérim de Madagascar
M. Ranaïvo, ancien gouverneur indigène
d'Antsivalo, avait été rétrogradé de ce grade
à celui de sous-gouverneur au district de Ta-
nanarive.
C'est en vain que ce fonctionnaire avait de-
mandé au gouverneur général le bénéfice de
la loi d'amnistie du 3 janvier 1925.
Pour justifier son refus, le gouverneur gé-
néral déclarait dans sa réponse que ladite
loi n'était pas accordée pour les faits ayant
entraîné des sanctions disciplinaires pour
manquements aux règlements imposés pour
la gestion des caisses publiques ou le manie-
ment des deniers d'autrui.
M. Ranaïvo avait déposé cette décision de-
vant le Conseil d'Etat aux fins de son
annulation. ,
Cette haute juridiction a ainsi que dit
- annulé la décision du gouverneur général
.par intérim de Madagascar, attendu :
.qu'il n'est pas établi que M. Ranaïvo ait
reçu notification d'une décision du gouver-
neur général de Madagascar, en date du 8
mai 1925 qui, antérieurement à la décision
attaquée, aurait déjà rejeté sa demande
de réintégration en vertu de la loi d'amnis-
tie du 3 Janvier 1925., par suite, la fin de
non recevoir opposée au pourvoi, ne saurait
être retenue.
Projets de décrets
Cette haute juridiction a adopté un projet
de décret relatif à l'amélioration du person-
nel de l'enseignement des colonies de la Mar-
tinique et de la Guadeloupe.
Cette même juridiction a également adopté
un projet dé décret autorisant la commande
Fonds (l'or (Martinique) à reprendre le nom
de MaTigat.
L'exposition des "Amis des Arts"
de Dakar
La Société des « Amis des Arts » de Da-
kar avait convié le public à une exposition
organisée par elle le mqis dernier.
Elle a obtenu "avec raison un grand succès.
Les occupations de M. le gouverneur Ditlat,
gouverneur général par intérim, protecteur
éclàiré des arts, l'empêchèrent d'assister au
vernissage, mais M. le gouverneur Vadier,
gouverneur de Dakar et dépendances, ainsi
que M. le gouverneur Maillet, vinrent dès
1 ouverture, s arrêtant longuement devant les
oeuvres exposées et félicitant chaleureusement
leurs auteurs très touchés de cette haute et pré-
çieuse marque de sympathie. -
On admira surjgut les délicieux tableaux et
les fines aquarelles dfe M. Pierre Castagnez,
le président de Ja Société; les villages indi-
gènes de M. Naas, perdus dans la brousse, à
l'ombre des baobabs, sous l'éclatante lumière
des tropiques; les beaux pastels et lavis de
M. Miller-Ranson ; les dessins comiques de
M. Pepino et du lieutenant HOrst; les études
de M. Leblond, de M. « Fain et du docteur
Jouenne.
Mlle Gabet avait envoyé un très beau para-
vent peint et divers petits coffrets très finement
travaillés. Les peintures et dessins de Mmes
Assemat et Lefebvre-Aujas, ainsi que de MM.
Baudet et Guillot, attirèrent longtemps les vi-
siteurs.
Mention doit aussi être faite de la superbe
maquette de la Maternité qui doit bientôt
s'élever à Dakar, œuvre de M. Pierre Cas-
tagnez, et dont le plan est dû à M. Henry
Adenot, l'habile architecte du Gouvernement.
Des beaux plans de villas coloniales de M.
Ernest Brun, également architecte du Gouver-
nement ; des travaux d'arts appliqués et de
nombreux dessins exposés par les enfants des
diverses écoles dé la ville.
Dans le joli cadre du grand salon de l'hôtel
de ville, parmi les fleurs et les plantes vertes,
l'aflfuence considérable fut légitimement émer-
veillée des résultats obtenus, Us font grand
honneur au président de la Société et à ses
collaborateurs.
Des paysages de la région côtière et de l'in-
térieur, des études d'indigènes et des villages
du Sénégal et du Soudan, de gracieux pal-
miers et de gigantesques baobabs, des forêts
m i er s et dq
de la Côte-d lvoire, des bateaux et des piro-
gues, de vieilles et pittoresques rues de l'île
de Gorée défilèrent, pour ainsi dire, sous les
yeux des visiteurs ravis.
Nous tenons à féliciter cette jeune Société
et à la remscier de son initiative. Grâce à
elle, grâce jum exposants, nous avons eu quel -
ques heures d'une distraction et d'un plaisir
rares à ta Colonie.
Qui aurait pu supposer qu'il y avait à Dak ar
et dans les villes environnantes tant de délicats
artistes d'un goût si sûr, d'un talent si réel,
observateurs si pénétrants de notre belle colo-
nie, de ses sites et de ses habitants.
Nous souhaitons vivement que cette brillante
manifestation, dont la réussite a dépassé toutes
les espérances, ait lieu chaque année.
6. Vattier,
Docteur ôs lettres.
-giew ,
M. Paul Reynaud
à la foire de Bordeaux
«♦»
M. Paul Reynaud, ministre des Colonies,
accompagné de M. Diagne, sous-secrétaire
d'Etat aux Colonies, et de M. Dignac, sous-
secrétaire d'Etat à la Marine, est arrivé sa-
medi soir à Bordeaux. -
Hier matin à dix heures, ils ont visité la
Foire coloniale de Bordeaux.
Un banquet dans les foyers du Grand-
Théfttre a été présidé par M. Paul Reynaud.
-
A l'Académie des Sciences
morales et politiques
–̃ «♦»
Dans sa dernière séance, M. Lyon-Caen.
secrétaire perpétuel, a présenté un ouvrage de
M. Paul-Ernest Picard, directeur général de
la Banque d'Algérie, la Monnaie et le Crédit
en Algérie depuis 1830, où il est expliqué
confinent fut supprimée l'usure qui rongeait
alors la régence.
Une fête du génie italien
1 à rtXtesMM Coloniale
Les mânes de l'empereur Septime Sévère,
eussent pu, hier, à l'Exposition coloniale,
tressaillir d'un émoi divin. Dans. le cadre
fastueux du palais où il régna en Tripoli-
taine, et que, au bord de l'allée des Tribu-
nes, le génie italien a reconstitué, il y eut
quelques belles heures, vouées à Euterpe et à
Terpsychore.
Cette grande manifestation de l'art et du
goût italiens au profit d'oeuvres, fut présidée
par l'ambassadeur d'Italie et la comtesse
ManzonI,
Elle avait été préparée avec beaucoup
de soin et de goût par le, prince di Scalea,
président de la section italienne à l'Exposi-
tion Coloniale et doyen des délégués étran-
gers.
L'assistance choisie et nombreuse ne man-
qua pas de goûter pleinement le talent d'ex-
cellents artistes transalpins, magnifiquement
consacré déjà par la capitale française. Ce
furent Mlle Cuggiani, de l'Opéra-Comique,
et M. Suciliani qui obtinrent un vif succès
dans leurs numéros de danses ; Mme Rez
d'Csparos, de l'Opéra; Mlle Zambelli et M.
Aveline, de l'Opéra; M. Di Mazzei, de
1 'Opéra-Comique ; M. Rodrigo, de l'Opéra.
M. Yeno Swislomslez, qu'accompagnait dans
leurs chants ou dans-leurs compositions cho-
régraphiques un brillant orchestre dirigé par
M. Balbis,
La conférence douanière
franco-espagnole s'est ouverte
à Rabat
Dès son retour à Rabat, M. Lucien Saint
a reçu en audience particulière la délégation
espagnole à la conférence économique et doua-
nière interzones. Cette délégation est compo-
sée de MM. Valverde, directeur des Finan-
ces ; Merolio, chef du cabinet diplomatique
de Tetouan, et Maraury, chef du service des
douanes. La conférence qui devait se tenir à
Tetouan en avril dernier et qui fut ajournée en
raison du changement de régime en Espagne,
a commencé à Rabat ses travaux surtout rela-
tifs à l'unification des barrières et des tarifs
douaniers.
Les représentants français sont MM. Branly,
Merillon et Serra.
- *4*»
Le recrutement au Togo
Tt.
Dans un récent article, M. Edouard Né-
ron, sénateur de la Haute-Loire a signalé
les procédés mis en œuvre au Togo pour le
recrutement des travailleurs des chantiers
du Chemin de fer du Nord. Il semble utile
d'apporter ici quelques précisions qui mon-
treront l'effort qui a été fait pour attirer et
retenir l'indigène.
Les ouvriers sont au nombre de 1.800 en-
viron et proviennent pour la plupart d'une
région située au Nord des çhanticrs, le
« pays cabrais », où se trouve une population
nombreuse, robuste et active.
Au début, le recrutement par contrat de
6 mois, fut seul envisagé. Il comportait les
conditions suivantes : J
io Transport du travailleur par camion
(250 kilomètres) des villages aux chantiers
et réciproquement ;
20 Allocation de 2 fr. 50 par jour en plus
de la nourriture et du logement ;
30 Constitution au profit de chaque tra-
vailleur d'un pécule de 150 francs, payé en
fi'èj de contrat.
Parallèlement à ce recrutement opéré
dans les villages par l'intermédiaire des
rhefs, on fit appela par la suite aux volontai-
res. Ceux-ci sont des manœuvres, qui vien-
nent d'eux-mêmes st faire embaucher sur
les chantiers, Ils reçoivent 6 francs par
jour et sont libres de subvenir a leur dépla-
cement et à leurs besoins comme ils l'enten-
dent.
Un service de la main-d'œuvre pourvoit
au logement et à la nourriture des contrac-
tuels. Les volontaires peuvent acheter à
l'administration leur ration journalière pour
2 fr. 50. Celle-ci comprend chaque jour de
la viande fraîche ou du poisson fumé, du
garri ou de l'igname, du maïs ou du nil, du
sucre et de. l'huile de palme.
La cuisine est préparée par des femmes
(une pour 10 hommes), engagées et payées
aux mêmes conditions que les manœuvres.
Un service de santé spécial fonctionne sur
les chantiers et comprend un hôpital à Ag-
bonou (origine de la voie ferrée) et dix pos-
tes de secours (un par campement), desser-
vis par un personnel composé d'un médecin
et d'un infirmier-chef européens et ù'un ai-
de-médecin et de 21 infirmiers indigènes.
Grâce aux précautions prises tant au mo-
ment du recrutement qu. au cours du tra-
vail, la. morbidité ne dépasse pas 4
Quant à la mortalité, elle est infime : 0,75
pour cent.
Dès le début, le succès de ce recrutement
a été complet et aucune pression n'a été
exercée sur l'indigène ou sur ses chefs pour
provoquer des engagements.
Bien au contraire, plus de la moitié des
travailleurs ont rengagé en fin de contrat
soit immédiatement, soit après quelques mois
de séjour dans leurs villages.
Un fait typique montre d'ailleurs l'intérêt
que ces indigènes portent à ces travaux qui
leur procurent du travail et de l'argent. Au
cours de l'année 1930, l'embauchage des vo-
lontaires s'est considérablement accru et il
fallut envisager d'abord la réduction des en-
gagements par contrat, puis, ces derniers
mois, l'arrêt pur et simple des opérations de
recrutement. Le chef de la région, président
du Conseil des Notables de Lama-Kara, se
plaignit au commandant du Cercle de la
suspension du recrutement. Il fit remarquer
que la vente du kapok et les salaires payés
aux manœuvres du chemin de fer formaient
la plus grande partie de ressources du pays
cabrais et le meilleur moyen de lutter con-
tre l'émigration vers les pays voisins. Le
prix du kapok ayant atteint un cours très
bas par suite de la crise économique, il de-
mandait instamment la reprise des opéra-
tions de recrutement indispensables à assu-
rer le niveau de vie de ses administrés.
-
Sans doute, nous nous trouvons ici en pré-
sence d'une masse compacte d'indigènes par-
culièrement actifs et travailleurs, qu'il est
assez rare de rencontrer en Afrique Noire,
mais on voit combien il est inexact de pen-
ser que le travail fourni sur des chantiers
publics ne peut être, en Afrique, qu'un tra-
vail forcé pour cette seule raison que les
exécutants ne sont pas des affiliés « con-
scients » de la C.G.T.U.
Dépêches de l'Indochine
w 't,
La vie chère en Indochine
Les indices du coût de la vie fournis par
les statistiques générales de VIndochine,
concernant le premier trimestre 19S1, font
ressortir par rapport, à 1925 une augmcnta-
tion de 30 %• A Tlanoi, Vaugmentation est
pour les Européens de 19 pour les indi-
gènes de la classe moyennr, 13 %, pour la
classe ouvrière, 22 A Saigon, l'augmen-
tation est. pour les Européens 21 n', pour
les indigènes de la classe moyenne 11
On signale une légère diminution générale
par rapport aux indices du quatrième tri-
mestre 1980.
L'enseignement professionnel
dans les écoles indigènes
au Maroc en 1929
L'enseignement professionnel est donné aux
indigènes musulmans dans les quinze écoles
d'apprentissage de : Rabat (2 écoles), Salé,
Tanger, Meknès, Fcs, Sefrou, Oudjda, Casa-
blanca, Mazagan, Mogador, Marrakech (2
écoles), Taroudant, Kourigha.
Toutes les villes marocaines, sauf Safi et
Taza, ont donc une école d'apprentissage
pour indigènes. L'école qui vient d'être cons-
tiuite à Casablanca, dans la nouvelle Mé-
dina, sera dotée d'ateliers à bref délai.
Aucune de ces écoles n'a atteint encore un
développement complet. Chaque année voit
une amélioration dans le nombre et la qua-
lité des apprentis, dans l'aménagement des
locaux, dans la dotation en outillage.
En examinant la statistique donnée ci-
après qui concerne l'ensemble de l'enseigne-
ment musulman, on se rend compte de l'im-
portance que l'Adminitration a attachée à
l'apprentissage des indigènes.
Le nombre des apprentis, on le remarquera,
représente environ le 1/17 du nombre des
garçons qui fréquentent les autres écoles.
Ce rapide coup d'œil donné sur la situation
de l'enseignement professionnel indigène suf-
fit à expliquer dès l'abord que l'Administra-
tion doit se préoccuper plus du développe-
ment des écoles qui existent que de la créa-
tion de nouveaux établissements.
Nombre
de maîtres
Nature des d'auxi-
de l'école d'écoles cadres liaires d'élèves
- - - - -
Collèges 3 46 » 571
Notables. 6 29 15 1.017
1.588
Apprentissage 14 35 19 491
Filles. 15 40 4(J 2.054
2.545
Primaires. 70 155 77 6.646
Totaux. 108 305 157 10.779
462
Necuitement des apprentis, - Tâche essen-
tielle, mais bien difficile que le recrutement
des apprentis. Les indigènes, au Maroc
comme dans la plupart des colonies, manifes-
tent une certaine répugnance pour les travaux
manuels. Cette répugnance s'avise du fait'
que notre industrie et notre organisation du
travail heurtent leurs conceptions ataviques
concernant ce sujet.
En outre, les indigènes marocains, comme
il y a peu de temps encore nos compatriotes
métropolitains, voient dans l'école une insti-
tution qui a pour but d'éviter à l'enfant
l'exercice d'un métier manuel.
Cette situation s'aggrave en temps de crise
de main-d'œuvre. 'Les industriels - ils sont
bien excusables - recrutent alors leurs ma-
nœuvres parmi des gens qui iraient naturelle-
ment vers les écoles d'apprentissage. Il leur
arrive de débaucher les apprentis de l'école
avant que leur formation professionnelle soit
suffisante.
Néanmoins, grâce à des primes et à une or-
ganisation des études qui font passer insensi-
blement les élèves de l'école primaire au
cours d'apprentissage, le nombre des élèves
de l'enseignement professionnel est normal.
Les efforts tendent moins à augmenter ce,
nombre dans de grandes proportions qu'à exi-
ger des élèves, à l'entrée à l'atelier, une ins-
truction primaire de plus en plus étendue.
Programme d'études. - Les programmes
font une part convenable aux enseignements
théoriques et aux industriels étant entendu
que si un apprenti n'acquérait pas à l'école
autre chose que ce qu'il acquerrait dans un
atelier, l'école serait sans utilité.
La base de l'éducation technique c:-t la
traduction constante de l'objet concret ou
imaginé en représentation graphique et, réci-
proquement, l'exécution d'un objet d'après
cette représentation. Le jeune indigène en-
tiaîné h ces exercices, sachant calculer exac-
tement et comprenant la langue française,
-devient rapidement un bon ouvrier.
'Dans la plupart des écoles, on n'enseigne
encore que les métiers du bois et .du fer qui
sont à la base des spécialités techniques les
plus nombreuses.
A Mogador, à Salé et à Tanger, la mar-
queterie est enseignée.
A Marrakech et à Rabat, on forme des re-
lieurs maroquiniers.
A Oudjda, on forme des brodeurs sur cuir.
A Rabat, on prépare des imprimeurs.
A Fès, on prépare des dinandiers.
D'une façon générale, on n'oriente vers les
techniques d'art indigène que des apprentis
ayant acquis au préalable une technique in-
dustrielle. Cette méthode permet non seule-
ment de choisir plus judicieusement les fu-
turs artisans" mais de leur offrir plus tard la
possibilité de gagner leur vie quel que soit
l'état du marché en ce qui concerne la fabri-
cation d'objets artistiques.
Pour l'avenir, on prévoit les développe-
ments suivants :
Enseignement de la technique relative aux
moteurs d'automobiles, couronnant le cyclq
des travaux du fer.
Enseignement de la technique relative aux
machines agricoles dans certains centres tels
que Mazagan, Kénitra, Khemisset, Berkane.
Enseignement des travaux du bâtiment :
maçonnerie, enduits, carrelages, zinguerie,
plomberie.
Enseignement des travaux de chaudron-
nerie.
Enseignement nautique : pcchc et navi-
gation.
Persollllcl, - Les écoles d'apprentissage
sont sous le contrôle d'un inspecteur primaire
spécialisé dans l'enseignement professionnel.
Ce fonctionnaire n'administre que ces écoles
à l'exclusion de toute autre.
1-ii ingénieur lui est adjoint. Il a dans ses
attributions le choix et l'acquisition de l'ou-
tillage, des machines, la direction des tra-
vaux pratiques.
l Les instituteurs qui se destinent à l'ensei-
gnement professionnel sont astreints à un
stage d'initiation effectué à l'Ecole Indus-
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