Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-06-04
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 juin 1931 04 juin 1931
Description : 1931/06/04 (A32,N83). 1931/06/04 (A32,N83).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63803539
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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Les Annales Coloniales
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Êtrumr.. 240 » 126 » 71.
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tow in bmmox de poste.
Le statut de la magistrature coloniale
>
Le statut de la magistrature coloniale qui
était régi jusqu'alors par un grand nombre
de textes .réglementaires, pris souvent au
hasard des circonstances, a été coordonné
et codifié par le décret du 22 août 1928.
Ce décret, qui avait été préparé par une
commission spéciale, composée de personna-
lités les plus éminentes et les plus auto-
irisées, a révélé, cependant, à l'expérience,
quelques défauts. qu'il importe, me semble-
t-il, de corriger sans retard.
Aux colonies plus que partout ailleurs,
la magistrature doit être mise à l'abri de
l'arbitraire administratif et du favoritisme.
L'indépendance et la dignité de la justice
sont à ce prix.
Or, certaines dispositions du statut actuel
peuvent permettre - il faut le dire - de
porter atteinte à cette indépendance et à
cette dignité.
Je nen citerai que deux exemples. Afin
de faciliter le recrutement de la magistrat
ture coloniale, le décret du 22 août 1928,
dans son article 16, décide que « peuvent
être nommés directement aux fonctions ju-
diciaires dans les colonies. et sur avis'
conforme de la commission de classement.
les fonctionnaires des colonies, licenciés en
.droit, les avocats et avocats-défenseurs, les
notaires, les anciens magistrats, les greffiers
en chef de cour d'appel, les juges de paix
'de la métropole, les magistrats et anciens
magistrats de la métropole, dans certaines
conditions stipulées au décret et, sans condi-
tions de stage, les membres du Conseil
d'Etat, les professeurs de droit de l'Etat
'et les professeurs délégués pour l'enseigne-
ment du droit français dans les universités
étrangères, etc.
iLe - décret prévoit, d'autre part, qu'aucun
magistrat colonial ne peut être promu à
un posté comportant une augmentation de
traitement, s'il n'a été, au préalable, inscrit
au tableau d'avancement dressé par une com-
mission de classement siégeant au ministère
des Colonies et à laquelle sont soumis tous
les dossiers des candidats présentés.
Il semble que toutes les garanties soient
prises par ces textes pour éviter le favo-
ritisme.
Cependant, un poste de vice-président de
Cour d'appel dans une de nos principales
jooloâies devient vacant. Il existe sur place
un magistrat âgé de 62 ans, inscrit le pre-
mier au tableau d'avancement. On nomme
un homme beaucoup plus jeune, qui. n'a
jamais exefcé itueunt- fonction ilami la ma-
gistrature ni métropolitaine ni coloniale,
mais qui a été, si mes renseignements sont
exacts, professeur de droit dans une école
de droit d'un lointain pays asiatique. Il est
nommé « directement aux fonctions judi-
ciaires. 9 de vic'e-président de cout d'appel
par application de l'article 16 du décret du
22 août.
N'est-il pas évident qu'il y a là interpré-
tation abusive d'un texte « qui, dans l'esprit
de ses rédacteurs, n'a jamais dû autoriser
)a nomination directe à un poste .aussi élevé
(3e la magistrature coloniale d'un homme qui
n'a aucune expérience professionnelle, au
mépris des droits de vieux magistrats ins-
crits régulièrement au tableau d'avancement?
Le décret du 22 août 1928 doit être corrigé
11 -urgence sur ce point.
Autre exemple. L'article 2 du décret sti-
pule que « les magistrats sont affectés à un
poste déterminé par le décret qui les' nom-
me P, règle sage et destinée à assurer l'indé-
pendance du magistrat au regard des au-
torités locales. Mais l'article 2 ajoute :
« Toutefois, si les nécessités du service
l'exigent, tout magistrat peut, par décision
motivée du chef de service judiciaire, être
déplacé temporairement à l'intérieur de la
colonie, du groupe de colonies ou du terri-
toire auquel il a été affecté par son décret
rde nomination. »
il n'est pas besoin d'insister sur les dan-
gers cTun tel texte qui - permet à un chef
de service judiciaire, qui n'est pas et ne
peut pas être à l'abri de toutes les pressions
de l'autorité gouvernementale et adminis-
trative, de composer un tribunal selon son
gré pour des besoins qui ne seront pas
nécessairement ceux de la plus sereine
justice.
Cette prérogative si dangereuse laissée au
cHef du service judiciaire se justifie d'au-
tint? moins que l'article 51 au décret du
22 août décide, conformément à toutes les
règles traditionnelles d'une saine justice,
que, « en cas de vacance d'un emploi dans
la magistrature coloniale, ou bien lorsque
le titulaire estJ absent par congé ou atteint
rp. un empêchement l'obligeant à suspendre,
pendant un certain temps, l'exercice de
Ses fonctions, le service est 'assuré par un
Unagisbat intérimaire. a
Les articles suivants, 52 à 56, fixent les
"gles précises de désignation de ces ma-
gistrats intérimaires pour tous les cas.
On n'imagine donc pas facilement les.
taisons de service qui pourraient justifier
Ue là part d'un chef de service judiciaire,
Je déplacement temporaire d'un magistrat
titulaire alors que tous les textes montrent
clairement le souci du législateur de ne point
octroyer à un fonctionnaire quel qu'il soit
Je droit de constituer un tribunal, à son gré,
Cil dehors des règles précises stipulées dans
ta loi.
Nous pourrions trouver 'dans le texte 'au
décret du 22 août 1928 bien d'autres sujets
9e critique objective.
Je me contenterai d'ajouter que )a ré-
tîsfcjn du décret organique fixant le statut
'de la nnrgislTature coloniale devrait se com-
pfêter, s non 9ms, d'une réorganisation 'du
service central de la justice au ministère
des Colonies.
Je sais bien que, par une sorte de fiction,
reconnue dans le décret organique, « les
magistrats coloniaux sont considérés comme
détachés du ministère de la Justice pour
un service public et placés sous l'autorité
du ministre des Colonies. » Mais, en Qé-
pit de. cette fiction, le statut des magistrats
coloniaux reste pleinement indépendant de
celui des magistrats métropolitams, sous la
direction de la commission de classement
fonctionnant au ministère des Colonies.
Or, tandis que tous les services du mi-
nistère sont dotés d'une direction à la tête
de laquelle est placé un technicien (méde-
cine, travaux publics, enseignement), celui
de la justice se compose aujourd'hui d'un
jpune rédacteur, sans autorité réelle dans
les matières judiciaires, quelle que soit sa
valeur personnelle, et d'un expéditionnaire.
La commission de réforme judiciaire qui
a étudié la question avait suggéré de pla-
cer à la tête du service judiciaire du minis-
tère un magistrat métropolitain ou colonial.
Je me garderai de proposer une solution.
Je pense seulement que la question doit être
mise d'urgence à l'étude. Il est des ma-
laises qu'il faut se hâter de dissiper quand
on le peut.
Etienne Antonetti,
Député de la Ilaute-Savoic,
Rapporteur du budget do
l'Algérie,
.a,-
La première journée de la vente
Octave Homberg
se clôture sur un total de 3.400.000 fr.
i
La vente d'objets d' art Octave Homberg
réalise des chiffres intéressants : Le Parc, de
Boilly, fait aisément 80.000 fr., un Moulin à
eau et un Cours (Feau, de Boucher montent
à 200.000 fr. l'un ; un exquis Fragonard,
L'Approche de l'orage, d'ailleurs classé et ca-
talosqé. atteint sans douleur f80.000 fr. Si-
gnalons encore la faveur moquée au Stras-
bourgeois Schall, dont les pendants t Le Bai-
ser donné et Le Baiser rendu, s'enlèvent à
291.000 francs.
Une terre cuite attribuée à Coysevox est de-
mandée à 8O.00Q.:,J,Jf\ TUfIgt, tene. cuite de
Hou. trouve anùteUr à 95.000 fr. Mais le
gros succès va aqx meubles ; bornons-nous 5
citer un salon écoré de geauvais, deux fau-
teuil s-ber gère et huit fauteuils, 190.000 fr.,
une table-bureau laque noir et or Louis XV,
commo d e en
186.000 fr., et une perle, une commode en
laque de couleur Louis XV, 212.000 francs.
Au total, sur la première séance, 3.400.000
francs.
Certes, nous sommes loin des prix d'achat
qu'a réglés le multimillionnaire financier trop
cité. Cela établit malgré le marasme des affai-
res, le résultat d une publicité bien faite, mais
ne permet pas d'espérer le relèvement des
cours de tous les crocodiles coloniaux lancés
par Octave Homberg,
repêches de l'Indochine
Recettes ibudgétaires
Les receltes effectuées au 28 léVTim\- ail
litre des trois premiers titres du budget
général, ont' atteint au iotal 13.574.009 pias-
tres, scbvoir :
Douanes et régies. 11.359.015 p., soit
une moins-value de 3.157.651 p.' sur le mon-
tant des douzièmes échus des évaluations
budgétaires ;
Enregistrement, domaine et timbre. -
2.124.039 N.. soit une moins-value de
530.295 p. ,
Exploitations industrielles. - 792.936 p.
soit une plus-value de 4.602 p.
Les recettes effectuées par les douanes et
régies depuis le 1er janvier, accusent une
diminution de 811.496 p. sur les recettes de
la même période de Van dernier.
Les recettes brutes des réseaux de che-
min de fer exploités par la colonie pendant
le prêmier trimestre, se sont élevées à
1.400.757 p., soit une diminution de 15.500 p.
environ sur la môme période de l'an der-
nier.
Enregistrent une, augmentation de rende-
ment hilomiétrique, par rapport au premier
trimestre 1930, les lignes : Hanoï-Nactiam,
avec 7,36 %, Vinh-Hué, 49 28 ; Tourane-
Hué, 1,56
Enregistrent une diminution : les lignes
RanolVinlt, 8,11 %, Safgon-Mytho, 18,69
Satigon-Nhalrang, 13,52
Les recettes brutes de la ligne Ilaiphong-
Vunnanfou, durant le premier trimestre,
dernier, s'élèvent à 1.170.530 p., chiffra sen-
siblement égal à celui de L'an dernier.
Le calme rétabli en Annam
Le Haut-Annam a étd, au cours du der-
nier mois, le siège d'une campagne de vio-
lent terrorisme organisé par les commu-
nistes d'Indochine. On ne signale cepen-
dant, dans cette région, aucune recrudes-
cence de mutinerie.
Les rebelles, après avoir perpétré quel-
ques attentats, ont été aisément. repous-
sés.
Parmi les crimes particulièrement
odieux qui ont été commis à ce moment,
il convient de souligner V enlèvement, suivi
d'exécution, d'un chef de poste dont le ca-
davre a été retrouvé muWé:.-
Depuis cet événement, déià ancien au.
cun attentat nouveau nii été. accompli.
Le calme semble entièrement rétabli.
H. Pierre Pasquier" pari
- E
1 111 0
MAIN s'embarque
à Marseille, à
bord de l'André
Lebon, des Mes-
sageries - - Mariti-
mes, le gouver-
neur général de
l'Indochine et
Mme Pierre Pas-
quier, ainsi que
les collaborateurs de son cabinet.
A son embarquement doivent lui adres-
ser leurs voeux de bon voyage et de bon
Séjour un grand nombre de personnalités
coloniales, notamment M. Lucien Gasparin,
député de la Réunion, en son nom person-
nel et au nom des Annales Coloniales ; M.
Ernest Outrey, député de la Cochin-
chine, etc., ctc.
M. Pierre Pasquier repart avec un pro-
gramme de réformes sur lequel nous nous
sommes longuement entretenu avec lui pen.
dant les quelques mois qu'il a passés à
Paris.
Réformes économiques, réformes sociales,
réformes politiques, réformes militaires, il a
demandé au gouvernement pleins pouvoirs
pour réaliser des mesures susceptibles d'ame-
ner une détente dans les relations, je ne dis
pas des indigènes et de l'Administration,
mais un accord général entre tous les au-
tochtones et nous.
Certes, il y aura toujours des mécontents
en Annam ; il y en aura toujours. faltt que
la France y assumera l'ordre, et si la France
n'y était plus pour garantir la sécurité des
habitants et la propriété, il y attrait encore
des mécontents, car le désordre et les exac-
tions renaîtraient, comme avant notre arrivée.
Les Annales Coloniales ont dit et répété
à maintes reprises que tout n'était pas pour
le mieux dans le meilleur des mondes en
Indochine, qu'il fallait s'adapter à l'évolu-
tion considérable accomplie depuis cinquante
ans dans les populations. Nous ne devons
nulle part nous présenter en cOltquérants, en
maîtres. Nous sommes les éducateurs et les
conseillers, sur bien des points, des hommes
qui ont subi une première fois notre em-
preinte un peu rude, qui nous sont infé-
rieurs par certains côtés de leur civilisation
comme dans l'ensemble des problèmes scien-
tifiques, mais qui sont nos égaux ou nos
supérieurs au point de vue philosophique
Par ejtemple.
M. Pierre Pasquier, qui connaît admit a-x
blement l'Indochine, a forgé à Paris, diac-
cord avec le gouvernement et secondé par
Vappui des AssltnlJlIe politiques, des gran^
des associations coloniales mftrppolliil/ncs,
un outil colonial qui semble devoir donner
les meilleurs résultats, sur les bords du
Mékong et du Fleuve Rouge.
Il n'y a point à poursuivre une politique
de prestige en Indochine en supprimant par
la force des soulèvements qui sont plus pré-
judiciables aux Annamites qu'à la métropole.
Il y a, en arrêtant les soulèvements, à
faire rentrer dans l'ordre un pays qui sem-
blait trop facilement, sous la menée des
chefs nationalistes et soviétiques, glisser
dans le sang vers le désordre.
Aucune réforme ne pourra être utile et
féconde tant que. les populations du Nord-
Annam, excitées par des meneurs, n'auront
pas conscience de l'intérêt qu'elles ont à
vivre sous la paix française ott, si vous
voulez, la paix annamite, car c'est tout un.
Mawcet .edel.
I
M. Pasquier est parti
pour l'Indochine
86 -
Avant-hier soir à 21 h. 20, M. Pierre Pas-
quier, Gouverneur général de l'Indochine,
qu'accompagnaient Mme et Mlle Pasquier,
s'est embarqué à la gare de Lyon pour re-
joindre son poste.
Le Gouverneur général a été salué à son
départ, au nom de M. Paul Reynaud, par le
Résident supérieur Pagès, chef adjoint du
cabinet du ministre. Sur le quai de là gare,
on remarquait un grand nombre d'Annami-
tes dont plusieurs avaient revêtu le costume
national. L'empereur d'Annam avait tenu à
présenter ses devoirs à celui qui fut le grand
ami de son père. Parmi les personnalités qui
avaient apporté à M. Pierre Pasquier leurs
vœux, citons notamment : MM. Ernest Ou-
trey et Louis Proust, députés; le gouverneur
de la Brosse, etc.
-00.
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
ECHOS
.-
« Macht Paris 1 »
L'invasion pacifique allemande de 1931
remplace - et tous les bons Français s'en
félicitent4 le maréchal Lyautey le premier -
l'invasion belliqueuse des Allemands en
1914.
Cette fois-ci, ce sont de grands cars,
contenant 50 ou 60 voyageurs, hommes, fem-
mes et enfants, qui nous amènent directe-
ment d'Outre-Rhi" des visiteurs pour l'Ex-
position Coloniale. Sur le devant, nous re-
marquons presque toujours le topot de la
t Daimler t, à Varrière la ville d'où arri-
vewt en vitesse ces touristes ; après la visite
V, VÈxposition dans les mêmes cars, nos
voisins font un petit tour dans la capitale,
puis à Versailles, à Fontainebleau et fitms
la grande banlieue classique.
.-.
Un plan colossal
d'aménagement économique
du Sénégal
1»»
Toutes les compétences que possède
l'Afrique Occidentale française, s'appliquent
depuis quelque temps à discerner les mesu-
res d'ensemble dont l'application pourrait
remédier à la crise que traverse la Colonie.
Après l'administration et les différentes
Chambres de commerce, voici qu'un colon
qui représente en A.O.F. d'importants inté-
rêts, M. Compain présente un projet trai-
tant de l'outillage économique du Sénégal
au point de vue spécial de l'arachide.
De ce volumineux et consciencieux travail
nous négligerons la partie ayant trait à des
questions déjà connues pour ne retenir que
les vues originales émises sur le transport
intérieur, sur l'emmagasinage et l'évacua-
tion des graines.
A la base de son système, il place, dans
les points de traite, des constructions éche-
lonnées pour recevoir l'arachide immédiate-
ment livrée par le producteur. Un deuxième
échelon est constitué par des magasins gé-
néraux à édifier près des gares. Enfin, dans
lea ports d'embarquement de vastes silos dé-
verseront le produit dans les navires, fai-
sant, au fur et à mesure, place nette pour
de nouveaux apports.
Si l'on s'en tenait à ces paliers successifs,
les avantages obtenus ne seraient sans doute
pas considérables. Mais - et c'est la partie
inédite du projet - M. Compain s'imagine,
aussi bien pour les magasins que pour les
silos un dispositif ingénieux permettant de
les remplir et de les vider, dispositif qu'il
étend d'ailleurs aux wagons eux-mêmes. La
manipulation des 500.000 tonnes d'arachides
que produit annuellement le Sénégal devient
de la sorte, sur toute l'étendue du territoire,
pour ainsi dire automatique.
- Si l'on envisage d'autres facteurs trop
nombreux il énumérer et qui intéressent la
marchandise aussi bien pour la production,
pour le logement, la conservation, la vente
que pour l'évacuation par voie de mer, on
s'aperçoit qu'il s'agit d'un plan constructif
méritant bien le qualificatif colossal.
D'après les prévisions forcément approxi-
matives de l'auteur, voici comment, au
point de vue financier, peut se chiffrer
l'entreprise :
Frais d'outillage, 169 millions; frais d'ex-
ploitation, 9 millions ; économies et plus-
values diverses, 179 millions; recettes d'ex-
ploitation, 42 millions; et, finalement, bé-
néfices nets, 31 millions pour l'amortisse-
ment et le service des intérêts du capital
engagé.
Avant la guerre, pareil projet eût effrayé
les plus audacieux. Mais aujourd'hui que le
.million a tendance à devenir l'unité moné-
taire les impossibilités d'autrefois devien-
nent, souvent et vite, des réalités. Nous
avons délibérément rompu avec la mé-
thode des petites affaires; et même aux co-
lonies, ainsi que nous le fait voir M. Com-
lonies, l'esprit d'initiative s'est singulière-
pain,
ment élargi.
En principe donc, le plan de M. Compain
reste dans le domaine des possibilités, bien
qu'un nouvel emprunt de 169 millions, après
le vote du grand emprunt colonial, ne doive
pas être une mince affaire pour le Sénégal.
Mais cette évaluation est-elle suffisamment
exacte? En matière de prévisions, quand il
s'agit de travaux publics, je ne connais au-
cun cas où les fixations initiales n'ont pas
été en définitive, largement dépassées. -
En outre, - et cette critique sur prend ra-t-
elle? - une entreprise dont ta- réussite est
subordonnée à une régularité chronométri-
que, me paraît, par cela même, bien hasar-
deuse en pays noir, si l'on considère surtout,
comme c'est le cas, que l'arrivée au port
d'embarquement, de la marchandise à éva-
cuer est subordonnée à la ponctualité que
l'indigène mettra à l'apporter à l'heure H
à chacun dès points de traite.
Enfin, quels avantages bien tangibles ce
même indigène retirera-t-il d'une innova-
tion susceptible de 'bouleverser complète-
ment ses habitudes? M. Compain lui offre,
à la place de ventes au cours toujours aléa-
toire du jour, la remise d'un bon de dépôt
négociable aux conditions qu'il jugera les
meilleures. Je crains plutôt que ce papier
dont la représentation ne signifiera jamais
grand'chose aux yeux de son possesseur in-
digène n'ouvre la porte à des spéculations
dont il sera la dupe.
Alors, rien à faire, dira-t-on?
Pas le moins du monde. Tout progrès est
dans le changement, et sans doute, à cette
époque de crise, bien des choses sont à chan-
ger au Sénégal. Les suggestions de M. Com-
pain sont actuellement examinées par les
Chambres de commerce. Elles sauront sans
doute en retenir quelque chose, ne serait-ce
que la nécessité de modifier dans un sens
très large, les méthodes actuelles reconnues
insuffisantes.
Georges François,
Gouverneur honoraire des Colonies.
040-
Le Pavillon
des "Annales Coloniales"
̃ i<«
Les Annales Coloniales ont édifié à
l'Exposition un pavillon sur l'avenue
des Colonies, à 100 mètres du Commis-
sariat de l'Indochine, fi 100 mètres du
pavillon de Saint-Pierre-et-Miquelon, à
200 mètres des Palais de l'Algérie, de
la Tunisie, Maroc et de Madagascar, à
côté du restaurant de la Pagode de Pon-
dichéry.
Toutes les personnes visitant l'Expo-
sition tiendront à s'arrêter au pavillon
des Annales Coloniales.
Des primes intéressantes provenant
des colonies françaises seront remises
à tous les abonnés de 6 mois et d'un an
à notre journal et à notre revue.
Le pavillon des Annales Coloniales,
est ouvert tous les jours à partir de 10
heures.
La Conférence Nord-Africaine
Le dlscour, de M. Manceron
Voici que nous parvient, retardé daps sa
transmission, le discours que prononça M.
François Manceron, Résident général de
France en Tunisie, au moment de l'ouver-
ture de la Conférence nord-africaine dont il
est le président. Voici les principaux passa-
ges de l'exposé :
C'est la deuxième foisj depuis son institu-
tion, que la Conférence nord-r¡fricaine se
tient à Tunis, et j'éprouve} à vous y rece-
voir et à vous y souhaiter la bienvenue au
nom de. S. A. Ahmed pacha beyj et en matt
nom personnel, autant de joie que de fierté.
Mais., avant d'aborder, Messieurs les repré-
sentants de la France en Afrique, l'objet
de ce congrès, permettes, que j'élève ma pen-
sée vers le gouvernement de la Réfttblique
qui a rendu possible notre réunion et par-
dessus lui vers notre président, M. Doumer-
gue, quij au cours de son admirable septen-
nat, n'a cessé de. nous porter iiitérêt, de
ItOtiS. guider de ses cottseils. Il a tenu à vi-
siter, tour à tour,} VAlgérie, le lhroc et la
Tunisie, apportant l'appui de son autorité
et nous éclairant d'un jugement où la sûreté
s'alliait toujours à la bienveillance. Pla-
çons aussi nos travaux sous le haut patro-
nage de son successeur.) M. Doumer, certains
que nous sommes de trouver chez lui les mê-
mes encouragements. N'a-t-il pas été, ait
cours de sa longue carrière publique, cons-
tamment dévoue à tout ce qui a accru le
patrimoine moral et matériel de la Frayice?
N'a-t-il pas- été, en Extrême-Orient, un Ott-
vrier éminent de la plus grande Patrie?
Le Résident général a terminé en disant :
C'est un devoir pour ta France de main-
tenirj autant que possible les cadres tra-
ditionnels dans lesquels les peuples dont
nous avons la charge ont pu satisfaire une
partie de leurs aspirations, de leurs
croyances et de leurs coutumes, comme c'est
un devoir pour elle de lis initier aux progrès
et d'améliorer leurs conditions sociale et
économique
Que la chose soit 'possible et qu'elle ait
donné de féconds résultats, l'exemple de
Rothe est là qui nous le prouve. Elle avait
réalisé son immense empire en conservant}
autant que possible, à chacun des peuples
qu'elle avait rangés sous ses lois et soumis
à ses règles, ses coutumes et traditions.
L'unité ne s'est réalisée que par étapes et
lentement. Elle. a été le fruit de plusieurs
siècles d'une politique sage et persévérante.
L'Afrique franfaise n'a pas cent ans d'exis-
tence et elle a déjà subi la plus dure des
épreuves au jour où la mère-patrie, envahie}
a dû faire appel à tous ses enfauts. Il Cuncti
gens una sumus 1 » s'écriaient les soldats de
I,empire romain. « Nous ne sommes tous
qu'un peuple », pourront dire bientôt les
hommes qui vivent à l'abri du drapeau fran-
çais dans l'immensité de ta terre africaine.
Cette unité dans la diversité des peuples
et des pays, c'est à notre Conférence, Mes-
sieurs j de la réaliser. C'est par une collabo-
ration de plus en plus intimef aussi étroite
que permettent nos divers statuts, que nous
y atteindrons
MM. Carde, Saint? Antonetti, Brévié, Si
Kaddour ben Ghabnt, ont, ainsi que nous
l'avons dit, pris ensuite la parole puis se
sont rendus au cimetière où ils ont déposé
des gerbes de fleurs devant les monuments
élevés à la mémoire des soldats tombés
pendant la grande guerre.
Après le déjeuner chez le Bey, au cours
duquel celui-ci remit à ses hôtes le grand
cordon du Nicham, la journée fut consacrée
à l'examen particulier des affaires en cours.
Avant-hier matin, à 9 heures, les diverses
commissions de la Conférence nord-africaine
se sont réunies au palais des Sociétés fran-
çaises. Elles ont élaboré des vœux qui ont
été soumis à l'examen de la Conférence.
L'assemblée a adopté plusieurs vœux, no-
tamment sur le règlement de la situation
des fonctionnaires algériens et tunisiens dé-
tachés au Maroc ; sur le cumul de plusieurs
pensions ou d'une pension et d'un traite-
ment ; sur la prise en compte dans la liqui-
dation des pensions de la part des contribu-
tions, des services actifs rendus à un autre
pays que la collectivité liquidatrice; sur la
-validation des services des titulaires accom-
plis dans leur emploi et ayant ultérieure-
ment comporté l'affiliation au service géné-
ral des pensions par des fonctionnaires pas-
sés dans l'administration d'un autre pays
sur la circulation automobile.
D'autres vœux adoptes concernent la liai-
son sanitaire, la lutte contre les épidémies,
la création d'une fabrique de quinine pour
les colonies et les pays de protectorat de
l'Afrique du nord, l'Afrique occidentale
française et l'Afrique équatoriale française,
le pèlerinage à ,La Mecque, le projet d'une
exposition annuelle de peinture, architecture
et sculpture.
Dans la soirée, , dans le somptueux palais
du général tunisien El Okbi Ojeikh el Mé-
dina a eu lieu un grand dîner servi à la
mode musulmane en l'honneur des Gouver-
neurs et Résidents généraux, auquel assis-
taient toutes les personnalités militaires et
civiles de Tunis. Des divertissements orien-
taux oni été présentés aux convives.
Hier enfin, après une matinée chargée, la
Conférence nord-africaine a terminé ses
travaux. Un dîner officiel a eu lieu à la ré-
sidence générale. M. Lucien Saint, Ré-
sident général au Maroc; M. Carde, Gou-
verneur général de l'Algérie et Si Kaddour
ben Ghabrit quitteront Tunis au cours de
l'après-midi d'aujourd'hui. Le départ de
MM. Brévié et Antonetti serait également
très prochain.
A la - manière de.
.8.
Le vapeur Katos annonce qu'à 200 milles
au large de la côte des Nouvelles-Galles du
Sud, il a rencontré deux Suédois montés dans
un simple canot qui lui ont déclaré qu'ils
étaient partis de Suède il y a^ deux ans pour
faire le to du mond e et lis avaient tra-
versé ie canal de Panama et
l'Océan Pacifique via les Nouvelles-Hébrides.
AU SIN AT
Les douanes à la Guadeloupe
La Haute-Assemblée s'est réunie, aujour-
d'hui à 15 heures pour délibérer sur l'or dre
du jour suivant :
Première délibération sur le projet de loi,
adopté par la Chambre des députés, tendant à
ratifier : 1° le décret du 10 décembre 1928
rejetant une délibération - du Conseil général
tendant à modifier le tarif spécial des douanes
de la Guadeloupe ; 20 le décret du 15 dé-
cembre 1928 modifiant le tarif spécial des
douanes de la Guadeloupe en ce qui concerne
les sucres bruts en poudre et les bois rabo-
tés, rainés ou bouvetés et rejetant en partie
une délibération du Conseil général de la Gua-
deloupe; 3 0 le décret du 15 décembre 1928
autorisant, à titre exceptionnel et jusqu'au 31!
mars 1929, l'importation à la Guadeloupe de
300 tonnes de sucre d'origine étrangère ; 4° le
décret du 20 décembre 1928 modifiant l' ar-
ticle 2 du décret du 5 août 1925 créant un
droit de sortie de 10 ad valorem sur les
perles fines importées des établissements fran-
çais de l'Océanie ; 5° le décret du 20 décem-
bre 1928 modifiant les articles 3, 10 et 19
décret du 9 ma i 1892 portant établissement
d'un régime douanier dans les établissements
français de l'Océanie.
Les produits Indochinois
Première délibération sur le projet de loi,
adopté par la Chambre des déplés; tendant à
ratifier le décret du 5 septembre 1930 approu-
vant une délibération de la Commission per-
manente du Conseil de Gouvernement de
l' Indochine, maintenant en vigueur les droits
inscrits au tarif spécial de la colonie en ce qui
concerne les avoines et les pommes de terre ;
Première délibération sur le projet de loi,
adopté par la Chambre des députés, ratifiant
la délibération de la Commission permanente
du Conseil de Gouvernement de l'Indochine
en date du 23 janvier 1930, tendant au main-
tien des droits du tarif spécial indochinois en
- ce qui concerne les, produits sucrés.
Les douanes à la Côte des Somalis
Première délibération sur le projet de loi,
adopté par la Chambre des députés, tendant à
ratifier le décret du 5 juin 1930 complétant
le décret organique du 23 juin 1921 sur le
fonctionnement du service des douanes à la
Côte française des Somalis.
Première délibération sur le projet de loi,
adopté par la Chambre des députés, tendant à
ratifier le décret du 18 juin 1930 rejetant la
délibération de la Commission permanente des
Délégations financières de Madagascar, rela-
tive au maintien du taux de 34 fr. 80 les 100
kilogr. du droit de douane applicable au lait
concentré additionné de sucre importé de
l'étranger, dans la colonie de Madagascar.
'e@"
A LA CHAMBRE
COMMISSION DES COLONIES
Audition de M. Paul Reynaud
sur la situation en Indochine
Mardi après-midi, comme il en avait cx-
primé le désir, M. Paul llcllnlLllÛ, ministre
des Colonies, a été entendu au sujet îles
événements d'Indochine par la commis-
sion de l'Algérie, des Colonies et des Pro-
tectorats de la Chamhre. A cette réunion,
que présidait M. Tailtiiufcr, le (ministre
était accompagné par le sous-secrétaire
d'Etat, M. D ta g ne, par M. le Gouverneur
général Pasquier, qui partait le soir IllèlIlle
pour rarseillc, et par M. Gaston Joseph,,
directeur des affaires politiques all minis-
tère des Colonies.
M. Paul neynaud a :fait deux grandes
parties dans son exposé, la prrllliÓrc étant
consacrée à la situation en Indochine et à
l'action du ccnirmunisme, la seconde consti-
tuant une esquisse des réformes en voie de
réalisation, dans notre graiide colonie d'Ex-
trème-Orient. ZD
La situation en Indochine
M. Paul neynaud a d'abord rappelé
l'état d'agitation, de fermentation qui est
celui de l'Extrême-Orient tout entier, no-
tamment celui de la Chine du Sud. Partout
on peut. constater ce qui est à ses yeux
l'origine mèmo du mal : l'action commu-
niste.
Celte action s'est exercée avec une vio-
lence particulière en Indochine. Que, dans
ces conditions, il y ait eu, là aussi, quel-
ques troubles, peut-on s'en étonner ?
Partout pourtant le mouvement a échoué,
sauf dans une région qui a toujours été. par-
ticulièrement agitée, le :Nord-Annam. Gom-
ment se sont passées les choses 1 Le mi-
nistre l'a expliqué en donnant lecture de
cAbl-es relatant les actes de lerrorismes aux-
quels se livrent les bandes de robolles dans
ces régions, et il a stigmatisé les crimes de
ces bandes, soulevées et armées par lea
agents communistes, qui ont recoure à l'in-
cendie, au pillage, à l'assassinat et à la
torture, appliquée même - aux enfants.
Documents à 1 appui, M. faut neynaua
a montré que l'assaut dos postete- indigènes,
auquel les communistes se sont livrée à
l'occasion du 1er mai a été perpétré par des
bandes anmiées portant des drapeaux et des
insignes soviétiques et que celle-ci onit pu
être heureusement reipoussées et mises en
fuite par les troups se trouvant en état de
légitime défense, alors que certains com-
mentaires tendancieux ont volontairement
dénaturé le fait, jusqu'au point d'accuser
nos soldats d'avoir ouvert le feu sur de pai-
sibles manifestante.
Il résuite, en effet, des télégrammes reçus
au ministère des Colonies, et dont M, Paul
Reynaud a donné lecture, que la version
transmise do Saïgon par certaines agences
à une certaine presse, et suivant laquelle
das cortèges pacifiques présentant des re-
vendications auraient été accueillis à coupa
de mitrailleuses et de fusils, déforme com-
plètement les faits, et qu'il importe de ré-
tablir la vérité, tant ces nouvelles menson-
gères sont sujettes à trouver créance due
divers miJUeux, aussi bien en France q'l]'àI
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. –H-« 83. 1 La "UO 180 GHNTIMES JEUDI SOIR, 4 JUIN IOW,,
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Les Annales Coloniales
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ABONNEMENTS
mw la Revue mensuelle:
Uni 6 Moi. 8 Mel,
Fmnce et
colonies 110 » 100. Il.
Êtrumr.. 240 » 126 » 71.
On l'Abonni nu trais d«0l
tow in bmmox de poste.
Le statut de la magistrature coloniale
>
Le statut de la magistrature coloniale qui
était régi jusqu'alors par un grand nombre
de textes .réglementaires, pris souvent au
hasard des circonstances, a été coordonné
et codifié par le décret du 22 août 1928.
Ce décret, qui avait été préparé par une
commission spéciale, composée de personna-
lités les plus éminentes et les plus auto-
irisées, a révélé, cependant, à l'expérience,
quelques défauts. qu'il importe, me semble-
t-il, de corriger sans retard.
Aux colonies plus que partout ailleurs,
la magistrature doit être mise à l'abri de
l'arbitraire administratif et du favoritisme.
L'indépendance et la dignité de la justice
sont à ce prix.
Or, certaines dispositions du statut actuel
peuvent permettre - il faut le dire - de
porter atteinte à cette indépendance et à
cette dignité.
Je nen citerai que deux exemples. Afin
de faciliter le recrutement de la magistrat
ture coloniale, le décret du 22 août 1928,
dans son article 16, décide que « peuvent
être nommés directement aux fonctions ju-
diciaires dans les colonies. et sur avis'
conforme de la commission de classement.
les fonctionnaires des colonies, licenciés en
.droit, les avocats et avocats-défenseurs, les
notaires, les anciens magistrats, les greffiers
en chef de cour d'appel, les juges de paix
'de la métropole, les magistrats et anciens
magistrats de la métropole, dans certaines
conditions stipulées au décret et, sans condi-
tions de stage, les membres du Conseil
d'Etat, les professeurs de droit de l'Etat
'et les professeurs délégués pour l'enseigne-
ment du droit français dans les universités
étrangères, etc.
iLe - décret prévoit, d'autre part, qu'aucun
magistrat colonial ne peut être promu à
un posté comportant une augmentation de
traitement, s'il n'a été, au préalable, inscrit
au tableau d'avancement dressé par une com-
mission de classement siégeant au ministère
des Colonies et à laquelle sont soumis tous
les dossiers des candidats présentés.
Il semble que toutes les garanties soient
prises par ces textes pour éviter le favo-
ritisme.
Cependant, un poste de vice-président de
Cour d'appel dans une de nos principales
jooloâies devient vacant. Il existe sur place
un magistrat âgé de 62 ans, inscrit le pre-
mier au tableau d'avancement. On nomme
un homme beaucoup plus jeune, qui. n'a
jamais exefcé itueunt- fonction ilami la ma-
gistrature ni métropolitaine ni coloniale,
mais qui a été, si mes renseignements sont
exacts, professeur de droit dans une école
de droit d'un lointain pays asiatique. Il est
nommé « directement aux fonctions judi-
ciaires. 9 de vic'e-président de cout d'appel
par application de l'article 16 du décret du
22 août.
N'est-il pas évident qu'il y a là interpré-
tation abusive d'un texte « qui, dans l'esprit
de ses rédacteurs, n'a jamais dû autoriser
)a nomination directe à un poste .aussi élevé
(3e la magistrature coloniale d'un homme qui
n'a aucune expérience professionnelle, au
mépris des droits de vieux magistrats ins-
crits régulièrement au tableau d'avancement?
Le décret du 22 août 1928 doit être corrigé
11 -urgence sur ce point.
Autre exemple. L'article 2 du décret sti-
pule que « les magistrats sont affectés à un
poste déterminé par le décret qui les' nom-
me P, règle sage et destinée à assurer l'indé-
pendance du magistrat au regard des au-
torités locales. Mais l'article 2 ajoute :
« Toutefois, si les nécessités du service
l'exigent, tout magistrat peut, par décision
motivée du chef de service judiciaire, être
déplacé temporairement à l'intérieur de la
colonie, du groupe de colonies ou du terri-
toire auquel il a été affecté par son décret
rde nomination. »
il n'est pas besoin d'insister sur les dan-
gers cTun tel texte qui - permet à un chef
de service judiciaire, qui n'est pas et ne
peut pas être à l'abri de toutes les pressions
de l'autorité gouvernementale et adminis-
trative, de composer un tribunal selon son
gré pour des besoins qui ne seront pas
nécessairement ceux de la plus sereine
justice.
Cette prérogative si dangereuse laissée au
cHef du service judiciaire se justifie d'au-
tint? moins que l'article 51 au décret du
22 août décide, conformément à toutes les
règles traditionnelles d'une saine justice,
que, « en cas de vacance d'un emploi dans
la magistrature coloniale, ou bien lorsque
le titulaire estJ absent par congé ou atteint
rp. un empêchement l'obligeant à suspendre,
pendant un certain temps, l'exercice de
Ses fonctions, le service est 'assuré par un
Unagisbat intérimaire. a
Les articles suivants, 52 à 56, fixent les
"gles précises de désignation de ces ma-
gistrats intérimaires pour tous les cas.
On n'imagine donc pas facilement les.
taisons de service qui pourraient justifier
Ue là part d'un chef de service judiciaire,
Je déplacement temporaire d'un magistrat
titulaire alors que tous les textes montrent
clairement le souci du législateur de ne point
octroyer à un fonctionnaire quel qu'il soit
Je droit de constituer un tribunal, à son gré,
Cil dehors des règles précises stipulées dans
ta loi.
Nous pourrions trouver 'dans le texte 'au
décret du 22 août 1928 bien d'autres sujets
9e critique objective.
Je me contenterai d'ajouter que )a ré-
tîsfcjn du décret organique fixant le statut
'de la nnrgislTature coloniale devrait se com-
pfêter, s non 9ms, d'une réorganisation 'du
service central de la justice au ministère
des Colonies.
Je sais bien que, par une sorte de fiction,
reconnue dans le décret organique, « les
magistrats coloniaux sont considérés comme
détachés du ministère de la Justice pour
un service public et placés sous l'autorité
du ministre des Colonies. » Mais, en Qé-
pit de. cette fiction, le statut des magistrats
coloniaux reste pleinement indépendant de
celui des magistrats métropolitams, sous la
direction de la commission de classement
fonctionnant au ministère des Colonies.
Or, tandis que tous les services du mi-
nistère sont dotés d'une direction à la tête
de laquelle est placé un technicien (méde-
cine, travaux publics, enseignement), celui
de la justice se compose aujourd'hui d'un
jpune rédacteur, sans autorité réelle dans
les matières judiciaires, quelle que soit sa
valeur personnelle, et d'un expéditionnaire.
La commission de réforme judiciaire qui
a étudié la question avait suggéré de pla-
cer à la tête du service judiciaire du minis-
tère un magistrat métropolitain ou colonial.
Je me garderai de proposer une solution.
Je pense seulement que la question doit être
mise d'urgence à l'étude. Il est des ma-
laises qu'il faut se hâter de dissiper quand
on le peut.
Etienne Antonetti,
Député de la Ilaute-Savoic,
Rapporteur du budget do
l'Algérie,
.a,-
La première journée de la vente
Octave Homberg
se clôture sur un total de 3.400.000 fr.
i
La vente d'objets d' art Octave Homberg
réalise des chiffres intéressants : Le Parc, de
Boilly, fait aisément 80.000 fr., un Moulin à
eau et un Cours (Feau, de Boucher montent
à 200.000 fr. l'un ; un exquis Fragonard,
L'Approche de l'orage, d'ailleurs classé et ca-
talosqé. atteint sans douleur f80.000 fr. Si-
gnalons encore la faveur moquée au Stras-
bourgeois Schall, dont les pendants t Le Bai-
ser donné et Le Baiser rendu, s'enlèvent à
291.000 francs.
Une terre cuite attribuée à Coysevox est de-
mandée à 8O.00Q.:,J,Jf\ TUfIgt, tene. cuite de
Hou. trouve anùteUr à 95.000 fr. Mais le
gros succès va aqx meubles ; bornons-nous 5
citer un salon écoré de geauvais, deux fau-
teuil s-ber gère et huit fauteuils, 190.000 fr.,
une table-bureau laque noir et or Louis XV,
commo d e en
186.000 fr., et une perle, une commode en
laque de couleur Louis XV, 212.000 francs.
Au total, sur la première séance, 3.400.000
francs.
Certes, nous sommes loin des prix d'achat
qu'a réglés le multimillionnaire financier trop
cité. Cela établit malgré le marasme des affai-
res, le résultat d une publicité bien faite, mais
ne permet pas d'espérer le relèvement des
cours de tous les crocodiles coloniaux lancés
par Octave Homberg,
repêches de l'Indochine
Recettes ibudgétaires
Les receltes effectuées au 28 léVTim\- ail
litre des trois premiers titres du budget
général, ont' atteint au iotal 13.574.009 pias-
tres, scbvoir :
Douanes et régies. 11.359.015 p., soit
une moins-value de 3.157.651 p.' sur le mon-
tant des douzièmes échus des évaluations
budgétaires ;
Enregistrement, domaine et timbre. -
2.124.039 N.. soit une moins-value de
530.295 p. ,
Exploitations industrielles. - 792.936 p.
soit une plus-value de 4.602 p.
Les recettes effectuées par les douanes et
régies depuis le 1er janvier, accusent une
diminution de 811.496 p. sur les recettes de
la même période de Van dernier.
Les recettes brutes des réseaux de che-
min de fer exploités par la colonie pendant
le prêmier trimestre, se sont élevées à
1.400.757 p., soit une diminution de 15.500 p.
environ sur la môme période de l'an der-
nier.
Enregistrent une, augmentation de rende-
ment hilomiétrique, par rapport au premier
trimestre 1930, les lignes : Hanoï-Nactiam,
avec 7,36 %, Vinh-Hué, 49 28 ; Tourane-
Hué, 1,56
Enregistrent une diminution : les lignes
RanolVinlt, 8,11 %, Safgon-Mytho, 18,69
Satigon-Nhalrang, 13,52
Les recettes brutes de la ligne Ilaiphong-
Vunnanfou, durant le premier trimestre,
dernier, s'élèvent à 1.170.530 p., chiffra sen-
siblement égal à celui de L'an dernier.
Le calme rétabli en Annam
Le Haut-Annam a étd, au cours du der-
nier mois, le siège d'une campagne de vio-
lent terrorisme organisé par les commu-
nistes d'Indochine. On ne signale cepen-
dant, dans cette région, aucune recrudes-
cence de mutinerie.
Les rebelles, après avoir perpétré quel-
ques attentats, ont été aisément. repous-
sés.
Parmi les crimes particulièrement
odieux qui ont été commis à ce moment,
il convient de souligner V enlèvement, suivi
d'exécution, d'un chef de poste dont le ca-
davre a été retrouvé muWé:.-
Depuis cet événement, déià ancien au.
cun attentat nouveau nii été. accompli.
Le calme semble entièrement rétabli.
H. Pierre Pasquier" pari
- E
1 111 0
MAIN s'embarque
à Marseille, à
bord de l'André
Lebon, des Mes-
sageries - - Mariti-
mes, le gouver-
neur général de
l'Indochine et
Mme Pierre Pas-
quier, ainsi que
les collaborateurs de son cabinet.
A son embarquement doivent lui adres-
ser leurs voeux de bon voyage et de bon
Séjour un grand nombre de personnalités
coloniales, notamment M. Lucien Gasparin,
député de la Réunion, en son nom person-
nel et au nom des Annales Coloniales ; M.
Ernest Outrey, député de la Cochin-
chine, etc., ctc.
M. Pierre Pasquier repart avec un pro-
gramme de réformes sur lequel nous nous
sommes longuement entretenu avec lui pen.
dant les quelques mois qu'il a passés à
Paris.
Réformes économiques, réformes sociales,
réformes politiques, réformes militaires, il a
demandé au gouvernement pleins pouvoirs
pour réaliser des mesures susceptibles d'ame-
ner une détente dans les relations, je ne dis
pas des indigènes et de l'Administration,
mais un accord général entre tous les au-
tochtones et nous.
Certes, il y aura toujours des mécontents
en Annam ; il y en aura toujours. faltt que
la France y assumera l'ordre, et si la France
n'y était plus pour garantir la sécurité des
habitants et la propriété, il y attrait encore
des mécontents, car le désordre et les exac-
tions renaîtraient, comme avant notre arrivée.
Les Annales Coloniales ont dit et répété
à maintes reprises que tout n'était pas pour
le mieux dans le meilleur des mondes en
Indochine, qu'il fallait s'adapter à l'évolu-
tion considérable accomplie depuis cinquante
ans dans les populations. Nous ne devons
nulle part nous présenter en cOltquérants, en
maîtres. Nous sommes les éducateurs et les
conseillers, sur bien des points, des hommes
qui ont subi une première fois notre em-
preinte un peu rude, qui nous sont infé-
rieurs par certains côtés de leur civilisation
comme dans l'ensemble des problèmes scien-
tifiques, mais qui sont nos égaux ou nos
supérieurs au point de vue philosophique
Par ejtemple.
M. Pierre Pasquier, qui connaît admit a-x
blement l'Indochine, a forgé à Paris, diac-
cord avec le gouvernement et secondé par
Vappui des AssltnlJlIe politiques, des gran^
des associations coloniales mftrppolliil/ncs,
un outil colonial qui semble devoir donner
les meilleurs résultats, sur les bords du
Mékong et du Fleuve Rouge.
Il n'y a point à poursuivre une politique
de prestige en Indochine en supprimant par
la force des soulèvements qui sont plus pré-
judiciables aux Annamites qu'à la métropole.
Il y a, en arrêtant les soulèvements, à
faire rentrer dans l'ordre un pays qui sem-
blait trop facilement, sous la menée des
chefs nationalistes et soviétiques, glisser
dans le sang vers le désordre.
Aucune réforme ne pourra être utile et
féconde tant que. les populations du Nord-
Annam, excitées par des meneurs, n'auront
pas conscience de l'intérêt qu'elles ont à
vivre sous la paix française ott, si vous
voulez, la paix annamite, car c'est tout un.
Mawcet .edel.
I
M. Pasquier est parti
pour l'Indochine
86 -
Avant-hier soir à 21 h. 20, M. Pierre Pas-
quier, Gouverneur général de l'Indochine,
qu'accompagnaient Mme et Mlle Pasquier,
s'est embarqué à la gare de Lyon pour re-
joindre son poste.
Le Gouverneur général a été salué à son
départ, au nom de M. Paul Reynaud, par le
Résident supérieur Pagès, chef adjoint du
cabinet du ministre. Sur le quai de là gare,
on remarquait un grand nombre d'Annami-
tes dont plusieurs avaient revêtu le costume
national. L'empereur d'Annam avait tenu à
présenter ses devoirs à celui qui fut le grand
ami de son père. Parmi les personnalités qui
avaient apporté à M. Pierre Pasquier leurs
vœux, citons notamment : MM. Ernest Ou-
trey et Louis Proust, députés; le gouverneur
de la Brosse, etc.
-00.
L'EXPOSITION COLONIALE
Internationale de Paris
ECHOS
.-
« Macht Paris 1 »
L'invasion pacifique allemande de 1931
remplace - et tous les bons Français s'en
félicitent4 le maréchal Lyautey le premier -
l'invasion belliqueuse des Allemands en
1914.
Cette fois-ci, ce sont de grands cars,
contenant 50 ou 60 voyageurs, hommes, fem-
mes et enfants, qui nous amènent directe-
ment d'Outre-Rhi" des visiteurs pour l'Ex-
position Coloniale. Sur le devant, nous re-
marquons presque toujours le topot de la
t Daimler t, à Varrière la ville d'où arri-
vewt en vitesse ces touristes ; après la visite
V, VÈxposition dans les mêmes cars, nos
voisins font un petit tour dans la capitale,
puis à Versailles, à Fontainebleau et fitms
la grande banlieue classique.
.-.
Un plan colossal
d'aménagement économique
du Sénégal
1»»
Toutes les compétences que possède
l'Afrique Occidentale française, s'appliquent
depuis quelque temps à discerner les mesu-
res d'ensemble dont l'application pourrait
remédier à la crise que traverse la Colonie.
Après l'administration et les différentes
Chambres de commerce, voici qu'un colon
qui représente en A.O.F. d'importants inté-
rêts, M. Compain présente un projet trai-
tant de l'outillage économique du Sénégal
au point de vue spécial de l'arachide.
De ce volumineux et consciencieux travail
nous négligerons la partie ayant trait à des
questions déjà connues pour ne retenir que
les vues originales émises sur le transport
intérieur, sur l'emmagasinage et l'évacua-
tion des graines.
A la base de son système, il place, dans
les points de traite, des constructions éche-
lonnées pour recevoir l'arachide immédiate-
ment livrée par le producteur. Un deuxième
échelon est constitué par des magasins gé-
néraux à édifier près des gares. Enfin, dans
lea ports d'embarquement de vastes silos dé-
verseront le produit dans les navires, fai-
sant, au fur et à mesure, place nette pour
de nouveaux apports.
Si l'on s'en tenait à ces paliers successifs,
les avantages obtenus ne seraient sans doute
pas considérables. Mais - et c'est la partie
inédite du projet - M. Compain s'imagine,
aussi bien pour les magasins que pour les
silos un dispositif ingénieux permettant de
les remplir et de les vider, dispositif qu'il
étend d'ailleurs aux wagons eux-mêmes. La
manipulation des 500.000 tonnes d'arachides
que produit annuellement le Sénégal devient
de la sorte, sur toute l'étendue du territoire,
pour ainsi dire automatique.
- Si l'on envisage d'autres facteurs trop
nombreux il énumérer et qui intéressent la
marchandise aussi bien pour la production,
pour le logement, la conservation, la vente
que pour l'évacuation par voie de mer, on
s'aperçoit qu'il s'agit d'un plan constructif
méritant bien le qualificatif colossal.
D'après les prévisions forcément approxi-
matives de l'auteur, voici comment, au
point de vue financier, peut se chiffrer
l'entreprise :
Frais d'outillage, 169 millions; frais d'ex-
ploitation, 9 millions ; économies et plus-
values diverses, 179 millions; recettes d'ex-
ploitation, 42 millions; et, finalement, bé-
néfices nets, 31 millions pour l'amortisse-
ment et le service des intérêts du capital
engagé.
Avant la guerre, pareil projet eût effrayé
les plus audacieux. Mais aujourd'hui que le
.million a tendance à devenir l'unité moné-
taire les impossibilités d'autrefois devien-
nent, souvent et vite, des réalités. Nous
avons délibérément rompu avec la mé-
thode des petites affaires; et même aux co-
lonies, ainsi que nous le fait voir M. Com-
lonies, l'esprit d'initiative s'est singulière-
pain,
ment élargi.
En principe donc, le plan de M. Compain
reste dans le domaine des possibilités, bien
qu'un nouvel emprunt de 169 millions, après
le vote du grand emprunt colonial, ne doive
pas être une mince affaire pour le Sénégal.
Mais cette évaluation est-elle suffisamment
exacte? En matière de prévisions, quand il
s'agit de travaux publics, je ne connais au-
cun cas où les fixations initiales n'ont pas
été en définitive, largement dépassées. -
En outre, - et cette critique sur prend ra-t-
elle? - une entreprise dont ta- réussite est
subordonnée à une régularité chronométri-
que, me paraît, par cela même, bien hasar-
deuse en pays noir, si l'on considère surtout,
comme c'est le cas, que l'arrivée au port
d'embarquement, de la marchandise à éva-
cuer est subordonnée à la ponctualité que
l'indigène mettra à l'apporter à l'heure H
à chacun dès points de traite.
Enfin, quels avantages bien tangibles ce
même indigène retirera-t-il d'une innova-
tion susceptible de 'bouleverser complète-
ment ses habitudes? M. Compain lui offre,
à la place de ventes au cours toujours aléa-
toire du jour, la remise d'un bon de dépôt
négociable aux conditions qu'il jugera les
meilleures. Je crains plutôt que ce papier
dont la représentation ne signifiera jamais
grand'chose aux yeux de son possesseur in-
digène n'ouvre la porte à des spéculations
dont il sera la dupe.
Alors, rien à faire, dira-t-on?
Pas le moins du monde. Tout progrès est
dans le changement, et sans doute, à cette
époque de crise, bien des choses sont à chan-
ger au Sénégal. Les suggestions de M. Com-
pain sont actuellement examinées par les
Chambres de commerce. Elles sauront sans
doute en retenir quelque chose, ne serait-ce
que la nécessité de modifier dans un sens
très large, les méthodes actuelles reconnues
insuffisantes.
Georges François,
Gouverneur honoraire des Colonies.
040-
Le Pavillon
des "Annales Coloniales"
̃ i<«
Les Annales Coloniales ont édifié à
l'Exposition un pavillon sur l'avenue
des Colonies, à 100 mètres du Commis-
sariat de l'Indochine, fi 100 mètres du
pavillon de Saint-Pierre-et-Miquelon, à
200 mètres des Palais de l'Algérie, de
la Tunisie, Maroc et de Madagascar, à
côté du restaurant de la Pagode de Pon-
dichéry.
Toutes les personnes visitant l'Expo-
sition tiendront à s'arrêter au pavillon
des Annales Coloniales.
Des primes intéressantes provenant
des colonies françaises seront remises
à tous les abonnés de 6 mois et d'un an
à notre journal et à notre revue.
Le pavillon des Annales Coloniales,
est ouvert tous les jours à partir de 10
heures.
La Conférence Nord-Africaine
Le dlscour, de M. Manceron
Voici que nous parvient, retardé daps sa
transmission, le discours que prononça M.
François Manceron, Résident général de
France en Tunisie, au moment de l'ouver-
ture de la Conférence nord-africaine dont il
est le président. Voici les principaux passa-
ges de l'exposé :
C'est la deuxième foisj depuis son institu-
tion, que la Conférence nord-r¡fricaine se
tient à Tunis, et j'éprouve} à vous y rece-
voir et à vous y souhaiter la bienvenue au
nom de. S. A. Ahmed pacha beyj et en matt
nom personnel, autant de joie que de fierté.
Mais., avant d'aborder, Messieurs les repré-
sentants de la France en Afrique, l'objet
de ce congrès, permettes, que j'élève ma pen-
sée vers le gouvernement de la Réfttblique
qui a rendu possible notre réunion et par-
dessus lui vers notre président, M. Doumer-
gue, quij au cours de son admirable septen-
nat, n'a cessé de. nous porter iiitérêt, de
ItOtiS. guider de ses cottseils. Il a tenu à vi-
siter, tour à tour,} VAlgérie, le lhroc et la
Tunisie, apportant l'appui de son autorité
et nous éclairant d'un jugement où la sûreté
s'alliait toujours à la bienveillance. Pla-
çons aussi nos travaux sous le haut patro-
nage de son successeur.) M. Doumer, certains
que nous sommes de trouver chez lui les mê-
mes encouragements. N'a-t-il pas été, ait
cours de sa longue carrière publique, cons-
tamment dévoue à tout ce qui a accru le
patrimoine moral et matériel de la Frayice?
N'a-t-il pas- été, en Extrême-Orient, un Ott-
vrier éminent de la plus grande Patrie?
Le Résident général a terminé en disant :
C'est un devoir pour ta France de main-
tenirj autant que possible les cadres tra-
ditionnels dans lesquels les peuples dont
nous avons la charge ont pu satisfaire une
partie de leurs aspirations, de leurs
croyances et de leurs coutumes, comme c'est
un devoir pour elle de lis initier aux progrès
et d'améliorer leurs conditions sociale et
économique
Que la chose soit 'possible et qu'elle ait
donné de féconds résultats, l'exemple de
Rothe est là qui nous le prouve. Elle avait
réalisé son immense empire en conservant}
autant que possible, à chacun des peuples
qu'elle avait rangés sous ses lois et soumis
à ses règles, ses coutumes et traditions.
L'unité ne s'est réalisée que par étapes et
lentement. Elle. a été le fruit de plusieurs
siècles d'une politique sage et persévérante.
L'Afrique franfaise n'a pas cent ans d'exis-
tence et elle a déjà subi la plus dure des
épreuves au jour où la mère-patrie, envahie}
a dû faire appel à tous ses enfauts. Il Cuncti
gens una sumus 1 » s'écriaient les soldats de
I,empire romain. « Nous ne sommes tous
qu'un peuple », pourront dire bientôt les
hommes qui vivent à l'abri du drapeau fran-
çais dans l'immensité de ta terre africaine.
Cette unité dans la diversité des peuples
et des pays, c'est à notre Conférence, Mes-
sieurs j de la réaliser. C'est par une collabo-
ration de plus en plus intimef aussi étroite
que permettent nos divers statuts, que nous
y atteindrons
MM. Carde, Saint? Antonetti, Brévié, Si
Kaddour ben Ghabnt, ont, ainsi que nous
l'avons dit, pris ensuite la parole puis se
sont rendus au cimetière où ils ont déposé
des gerbes de fleurs devant les monuments
élevés à la mémoire des soldats tombés
pendant la grande guerre.
Après le déjeuner chez le Bey, au cours
duquel celui-ci remit à ses hôtes le grand
cordon du Nicham, la journée fut consacrée
à l'examen particulier des affaires en cours.
Avant-hier matin, à 9 heures, les diverses
commissions de la Conférence nord-africaine
se sont réunies au palais des Sociétés fran-
çaises. Elles ont élaboré des vœux qui ont
été soumis à l'examen de la Conférence.
L'assemblée a adopté plusieurs vœux, no-
tamment sur le règlement de la situation
des fonctionnaires algériens et tunisiens dé-
tachés au Maroc ; sur le cumul de plusieurs
pensions ou d'une pension et d'un traite-
ment ; sur la prise en compte dans la liqui-
dation des pensions de la part des contribu-
tions, des services actifs rendus à un autre
pays que la collectivité liquidatrice; sur la
-validation des services des titulaires accom-
plis dans leur emploi et ayant ultérieure-
ment comporté l'affiliation au service géné-
ral des pensions par des fonctionnaires pas-
sés dans l'administration d'un autre pays
sur la circulation automobile.
D'autres vœux adoptes concernent la liai-
son sanitaire, la lutte contre les épidémies,
la création d'une fabrique de quinine pour
les colonies et les pays de protectorat de
l'Afrique du nord, l'Afrique occidentale
française et l'Afrique équatoriale française,
le pèlerinage à ,La Mecque, le projet d'une
exposition annuelle de peinture, architecture
et sculpture.
Dans la soirée, , dans le somptueux palais
du général tunisien El Okbi Ojeikh el Mé-
dina a eu lieu un grand dîner servi à la
mode musulmane en l'honneur des Gouver-
neurs et Résidents généraux, auquel assis-
taient toutes les personnalités militaires et
civiles de Tunis. Des divertissements orien-
taux oni été présentés aux convives.
Hier enfin, après une matinée chargée, la
Conférence nord-africaine a terminé ses
travaux. Un dîner officiel a eu lieu à la ré-
sidence générale. M. Lucien Saint, Ré-
sident général au Maroc; M. Carde, Gou-
verneur général de l'Algérie et Si Kaddour
ben Ghabrit quitteront Tunis au cours de
l'après-midi d'aujourd'hui. Le départ de
MM. Brévié et Antonetti serait également
très prochain.
A la - manière de.
.8.
Le vapeur Katos annonce qu'à 200 milles
au large de la côte des Nouvelles-Galles du
Sud, il a rencontré deux Suédois montés dans
un simple canot qui lui ont déclaré qu'ils
étaient partis de Suède il y a^ deux ans pour
faire le to du mond e et lis avaient tra-
versé ie canal de Panama et
l'Océan Pacifique via les Nouvelles-Hébrides.
AU SIN AT
Les douanes à la Guadeloupe
La Haute-Assemblée s'est réunie, aujour-
d'hui à 15 heures pour délibérer sur l'or dre
du jour suivant :
Première délibération sur le projet de loi,
adopté par la Chambre des députés, tendant à
ratifier : 1° le décret du 10 décembre 1928
rejetant une délibération - du Conseil général
tendant à modifier le tarif spécial des douanes
de la Guadeloupe ; 20 le décret du 15 dé-
cembre 1928 modifiant le tarif spécial des
douanes de la Guadeloupe en ce qui concerne
les sucres bruts en poudre et les bois rabo-
tés, rainés ou bouvetés et rejetant en partie
une délibération du Conseil général de la Gua-
deloupe; 3 0 le décret du 15 décembre 1928
autorisant, à titre exceptionnel et jusqu'au 31!
mars 1929, l'importation à la Guadeloupe de
300 tonnes de sucre d'origine étrangère ; 4° le
décret du 20 décembre 1928 modifiant l' ar-
ticle 2 du décret du 5 août 1925 créant un
droit de sortie de 10 ad valorem sur les
perles fines importées des établissements fran-
çais de l'Océanie ; 5° le décret du 20 décem-
bre 1928 modifiant les articles 3, 10 et 19
décret du 9 ma i 1892 portant établissement
d'un régime douanier dans les établissements
français de l'Océanie.
Les produits Indochinois
Première délibération sur le projet de loi,
adopté par la Chambre des déplés; tendant à
ratifier le décret du 5 septembre 1930 approu-
vant une délibération de la Commission per-
manente du Conseil de Gouvernement de
l' Indochine, maintenant en vigueur les droits
inscrits au tarif spécial de la colonie en ce qui
concerne les avoines et les pommes de terre ;
Première délibération sur le projet de loi,
adopté par la Chambre des députés, ratifiant
la délibération de la Commission permanente
du Conseil de Gouvernement de l'Indochine
en date du 23 janvier 1930, tendant au main-
tien des droits du tarif spécial indochinois en
- ce qui concerne les, produits sucrés.
Les douanes à la Côte des Somalis
Première délibération sur le projet de loi,
adopté par la Chambre des députés, tendant à
ratifier le décret du 5 juin 1930 complétant
le décret organique du 23 juin 1921 sur le
fonctionnement du service des douanes à la
Côte française des Somalis.
Première délibération sur le projet de loi,
adopté par la Chambre des députés, tendant à
ratifier le décret du 18 juin 1930 rejetant la
délibération de la Commission permanente des
Délégations financières de Madagascar, rela-
tive au maintien du taux de 34 fr. 80 les 100
kilogr. du droit de douane applicable au lait
concentré additionné de sucre importé de
l'étranger, dans la colonie de Madagascar.
'e@"
A LA CHAMBRE
COMMISSION DES COLONIES
Audition de M. Paul Reynaud
sur la situation en Indochine
Mardi après-midi, comme il en avait cx-
primé le désir, M. Paul llcllnlLllÛ, ministre
des Colonies, a été entendu au sujet îles
événements d'Indochine par la commis-
sion de l'Algérie, des Colonies et des Pro-
tectorats de la Chamhre. A cette réunion,
que présidait M. Tailtiiufcr, le (ministre
était accompagné par le sous-secrétaire
d'Etat, M. D ta g ne, par M. le Gouverneur
général Pasquier, qui partait le soir IllèlIlle
pour rarseillc, et par M. Gaston Joseph,,
directeur des affaires politiques all minis-
tère des Colonies.
M. Paul neynaud a :fait deux grandes
parties dans son exposé, la prrllliÓrc étant
consacrée à la situation en Indochine et à
l'action du ccnirmunisme, la seconde consti-
tuant une esquisse des réformes en voie de
réalisation, dans notre graiide colonie d'Ex-
trème-Orient. ZD
La situation en Indochine
M. Paul neynaud a d'abord rappelé
l'état d'agitation, de fermentation qui est
celui de l'Extrême-Orient tout entier, no-
tamment celui de la Chine du Sud. Partout
on peut. constater ce qui est à ses yeux
l'origine mèmo du mal : l'action commu-
niste.
Celte action s'est exercée avec une vio-
lence particulière en Indochine. Que, dans
ces conditions, il y ait eu, là aussi, quel-
ques troubles, peut-on s'en étonner ?
Partout pourtant le mouvement a échoué,
sauf dans une région qui a toujours été. par-
ticulièrement agitée, le :Nord-Annam. Gom-
ment se sont passées les choses 1 Le mi-
nistre l'a expliqué en donnant lecture de
cAbl-es relatant les actes de lerrorismes aux-
quels se livrent les bandes de robolles dans
ces régions, et il a stigmatisé les crimes de
ces bandes, soulevées et armées par lea
agents communistes, qui ont recoure à l'in-
cendie, au pillage, à l'assassinat et à la
torture, appliquée même - aux enfants.
Documents à 1 appui, M. faut neynaua
a montré que l'assaut dos postete- indigènes,
auquel les communistes se sont livrée à
l'occasion du 1er mai a été perpétré par des
bandes anmiées portant des drapeaux et des
insignes soviétiques et que celle-ci onit pu
être heureusement reipoussées et mises en
fuite par les troups se trouvant en état de
légitime défense, alors que certains com-
mentaires tendancieux ont volontairement
dénaturé le fait, jusqu'au point d'accuser
nos soldats d'avoir ouvert le feu sur de pai-
sibles manifestante.
Il résuite, en effet, des télégrammes reçus
au ministère des Colonies, et dont M, Paul
Reynaud a donné lecture, que la version
transmise do Saïgon par certaines agences
à une certaine presse, et suivant laquelle
das cortèges pacifiques présentant des re-
vendications auraient été accueillis à coupa
de mitrailleuses et de fusils, déforme com-
plètement les faits, et qu'il importe de ré-
tablir la vérité, tant ces nouvelles menson-
gères sont sujettes à trouver créance due
divers miJUeux, aussi bien en France q'l]'àI
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