Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-04-16
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 avril 1931 16 avril 1931
Description : 1931/04/16 (A32,N60). 1931/04/16 (A32,N60).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380334z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. N° 60. 1 LE NUMERO. : 80 CENTIMES JEUDI SGIH, 10 .\MUL 1931'.,
JdURHULjîUOTIDIEK
Rédaction & Administration i -
34, lui du HQRt-tliaNr
PARI8 (tlr)-
TttLfrH. : UOUVItB J9«97
- RIOHBLICU 87.
1 i: 0
Les Annales Coloniales
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- A propos du Gouvernement
- Général - de l'Indochine.
q
La situation alarmante dans laquelle se
trouve depuis plusieurs années notre grande co-
lonie d'Extrême-Orient préoccupe toujours da-
vantage les milieux gouvernementaux et colo-
niaux. Un de nos plus sympathiques collègues
a jugé indispensable, il v # quelques semaines,
de saisir directement le Président de la Répu-
blique d'une documentation copieuse établis-
sant la profondeur du trouble qui règne dans
tous les esprits indochinois, depuis Hanoï jus-
qu'à Saïgon. Cette documentation semble éta-
bli; d'une façon * trop certaine, hélas ! ique
dans tous les milieux sociaux : paysans, com-
merçants, lettres, fonctionnaires, jusqu'à la
Cour de Hué, le mouvement de désaffection à
1 égard de la France a gagné en profondeur
depuis vingt ans. One effervescence sourde
s est manifestée un peu partout, et l'expliquer
par la seule raison de la propagande bol che-
viste est insuffisant. Les causes en sont multi-
ples et les exposer clins cet article n'est pas
notre but. Disons seulement que l'acuité de la
crise économique qui sévit sur les rives du Pa-
cifique, comme sur les autres points du monde,
n'est pas de nature à restreindre l'effet des
causes morales et politiques qui déjerfhinent
l'effervescence signaléç. Bien au contraire.
Notre but est seulement de signaler que
l' Indochine devient de plus en plus une colo-
nie difficile à gouverner. Il est plus indispen-
sable que jamais que son Gouverneur général
possède, à leôté de très fortes qualités d admi-
nistrateur, les qualités et les vertus indispensa-
bles à un homme d Etat éminent En lui-même
le gouvernement de l' Indochine est aussi ardu à
exercer que teelui 4'un Etat européen ; les pro-
blèmes à résoudre sont aussi nombreux et sou-
vent plus complexe ; tes données, pour les ré-
soudre, sont beaucoup moins précises. A ces
difficultés - s'ajoutent celles provenant de l'im-
mense distance qui sépare Hanoi de Paris, des
résistances que rencontre le Gouverneur géné-
ral pour faire adopter certaines mesures indis-
pensables par le Gouvernement français, par le
Parlement, par l'opinion publique. Ces résis-
tances sont d'autant plus grandes que le Gou-
verneur ne possède pas la grande autorité que
peut avoir celui qui a joué un rôle de pre-
mier plan au Parlement et dans les Conseils
du Gouvernement. Enfin, il faut aussi que le
Gouverneur général soit préparé par un long
séjour en Indochine, par sa connaissance des
langues du pays, à ce poste délicat et dange-
reux. pays, ce ptntç dèlicet et dangt-
.• - Nous epneluons donc qu'il peut être bon,
dan» un Avenir plus ou moins lointain, de pla-
cer à ta tête de l'Indochine un homme poU.
tique die premier plan. Qu'on entende bien que
nous ne voujons en ce moment critiquer en au*
cune façon l'administration de M. le Gouver-
neur général Pasquier. Notre conclusion serait
exactement la même si, à sa place, était ins-
tallé à Hanoi n'importe lequel de nos grands
administrateurs coloniaux. Nous estimons sim-
plement qu'après un temps dl accalmie indis-
pensable pour accomplir les traifofonnations
profondes dont 1 lndoçhine a besoin, pour me-
ner à bieq très rapidement cette transformation,
la République pourra choisir parmi les meil-
leure de ses grands hommes d'Etat., si la loi
sur les incompatibilités est abrogée,.
L'opinion que j'exprime est d'ailleurs par-
tagée par la grande majorité de ceux qui, au
Parlement, s'intéressent aux grandes questions
coloniales.
Mais la désignation d'un parlementaire
comme Gouverneur général, où que ce
so it, se heurte à la loi sur les in*
compatibilités, dont * M. Steeg a été, il
y a trois ans g la première victime. Nous
avons dit à d autres moments, notre opinion
sur cette loi ; cette opinion n'a pas changé, au
contraire. C'est une absurdité que de se priver
dans nos colonies, dans certaines périodes cri-
tiques, des services que peuvent rendre des
hommes politiques, rompus au gouvernement
des hommes et à l'administration des choses.
Il est absurde que n' importe qui puisse être,
théoriquement tout au moiDf" ministre des Co-i
lonies, mais tie puisse en aucun cas gouverner
l'Algérie, l'Indochine, le Maroc ou F'A.O.F.
Cette absurdité. est évidente, mais s'il plaisait
à M. Pierre Laval et à M. Paul Reynaud
d'envoyer à Hanoi un parlementaire, le mo-
tnent serait peut-être mal choisi pour obtenir
préalabtmet 1 i abrogation de la disposition de
la ifoi sur les incompatibilités qui actuellement
8 y QPLNM.
Le Gouvernement le fera-t-il ? Peut-être pas
immédiatement, car il hésite sans doute à ac-
complir un geste qui pourrait être interprété
comme une marque de désapprobation à l'égard
de la politique suivie par M. Pasquier. Vrai-
semblablement, M. Pasquier repartira sans tar-
der. Toutefois, nous pensons qu'un jour vien-
dra où le Gouvernement sera (amené à se ral-
lier au point de vue que nous venons d'exposer;
George. iVoueffe,
député de Saône-et-Lolre,
Vice-président de la Commission des Colonies,
Vice Vice-président de la Commission des Mines.
P. S. Les nouvelles que nous apporte
chaque courri er venatit de Pondichéry témoi-
gnent del a gravité de la crise qui sévit dans
nos Etablissements français de l'inde. 11 appa-
raît nettement que M. Juvanon apporte dans
l'exercice de ses fonctions beaucoup tfop de
fantaisie et de partialité, Il est - temps qu'il
vienne rue Oudinot s'expliquer sur les abus de
pouvoir qui lui sont reprochés et je suis heu-
reux d'être d'accord avec M. Paul Reynaud
pour que ce soit dès le début du mois prochain.
Gr N.
Vanille de Madagascar
: et Okoumé - du Gabon
i H ̃
CTest Intentionnellement que nous rappro-
chons deux produits qui ne se ressemblent
fuère et deux colonies que séparent l'une de
autre un bras de mer et toute l'épaisseur de
rÀfrique
La. vanille de Madagascar et mieux, la
vanille tout court, ne se vend plus.
t Surproduction et sous-consommation ! Que
ceux que pareil jeu intéresse, s'amusent, si
bon leur semble, à mettre d aécord des ter-
mes aussi contradictoires.
Or, à l'oreille des planteurs plus particu
lièrement malgaches, certains conseils t se font
pressants i A quoi bon travailler d'arrache-
pied, puisque le travail ne rémunère plus ? Ne
serait-il pas 1 profitable aux vieillards de
ne peiner qu un jour sur deux et de laisser
également une année iur deux se reposèr leurs
lianes et leuri terres ? Ainsi, à défaut d'une
récolte nouvelle, l'écoulerait le produit des
récoltes anciennes, et les cours faisant un bond,
chacun y trouverait son compte.-
Examinant cette suggestion dans un journal
local, l'un des plus jros préparateurs de va-
nille de Madagascar en indique l'origine et en
dénonce la fuperaherie. Il fait avec beaucoup
de juktesse ressortir que l'encombrement des
marchés est toujours le fait du commerçant en
gros, bien rarement celui du producteur. C'est
le commerce lui-même qui a fait et continue
d'entretenir le marasme dont, en définitive, tout
le mond e pâtit.
Ge que notre préparateur remarque pour la
vanille de Madagascar reste vrai pour l'Okou-
mé du Gabon. Ici Aussi des conseilleurs sont
venus. Us ont soufflé à l'oreille de l'Adminis-
tration que seul un contingentement de 1 ex-
portation des bois pouvait redresser l'état-du
mardté. Mais les coupeurs, alon, de jeter les
hauts cris et de montrer l'impossibilité pour
eux de laisser inactive, des installations coû-
teuses qui ne manqueraient pas de se détério-
fef. -Ici t!IIcore, que les acheteurs s'abstiennent,
rer. Ici encoqreu, 'intervienne l'Administration.
bien plutôt (1U'intervi"'1I1! r- Amill_¡I'lin.
Au fond de la crise actuelle, faite de ces
crises particulières, on découvre surtout, en
somme, des intérêts égoïstes de personnes ou
de groupa. La situation decaoutehouci en
Indochine n'est peut-être pas autre chose. Des
bénéfices' qui, étant déraisonnables, ne pou-
vaient se maintenir, ont déterminé une exten-
- sion également déraisonnable des plafttatiam,
* et sans doute aussi engendré l'habitude de
gains immudb.
Mah, en définitive, à qui la faute ?
- Et la collectivité devra-t-elle dans tous les
cas et hïdéfmhnèm, faiîe les frais des erreurs
de quelques-uns }
pu c. G.
Les scandales de la Martinique
'M. Brack, juge d'instruction, achève en co
moment son enquête sur les scandales de la
Martinique en faisant subir aux inculpés lea
interrogatoires définitifs.
M. Eugène Mâgallon-Oralneau, avocat et
conseiller général de la Martinique, assisté de
ses consells M- Campinclli et Gaston Monner.
ses conseils. d'être interrogé pour la dernière
ville, vient
fois.
L'inculpation définitive est celle de l'article
.177 du Code pénal pour corruption de fonction-
naire, pour avoir, dès octobre 1930, favorisé la
Société générale pour le développement de la
Martinique en vue de l'exécution de très im-
portants travaux publics projetés dans l'île.
M.Magallon-Graineau, rapporteur de la Com-
mission financière du Conseil général, avait
conclu favorablèment au choix de la S.G.D.M.
et il avait reçu à sept reprises des mensualités
de 3.000 francs. v
L'inculpé a affirmé n'avoir fait que rappor-
ter l'opinion émise par l'unanimité des votants
et que les mensualités ont été versées à l'avo-
cut-conseil juridique de la Société.'
lïniin, il a protesté énergiquement contre sa
détention, faisnnt remarquor que, même s'il
était coupable, la peine principale prévue par la
loi est celle de la dégradation civique et non
celle de l'emprisonnement seulement accessoi-
re : Sa. détention ne se justifierait donc pas.
!\.tcs Campinchi et Monnerville comptent, du
reste, déposer une nouvelle demande de mise
en liberté provisoire.
Après lui, M. 'Brack a interrogé M. Lagro-
sillière, en présence de Mie Henry Torr., as-
sisté de son 'collaborateur, Me Tony Truc.
L'ancien député de la Martinique a expliqué
qu'il n'avait toujours en vue que l'intérêt de
son île natale, et que, s'il avait reçu de l'ar-
gent - à une époque où il n'avait aucun man-
dat, - c'était dans un but de propagande po-
litique, 'M, Séjourné était, du reste, Son ami de
toujours et, tous deux se venaient en aidé mu-
tuellement.
-
Le coarrisr destiné m Ïm-Niwas
Pour faciliter l'nrlieininomenl, régulier des
correspondances a destination dos nn vires det
grande pêche sur les bancs de Terre-Neuve et
la cfttc (lu Groënland, les adresses des lettres
destinées aux mirt'ins .dorivent cire libellées
comme suit : Monsieur X., à bord du « Z. »
sur les bancs de Terre-Neuve.
Ces. lettres ne devront pas porter la men-
tion « Saint-Plerre-et-Miquelon ».
LIRE EN SECONDE PAGE:
L'aménagement et l'exploitation des fo-
rèls de Madagascar.
La mouche du mouton à Madagascar.
Le voyage de M. Dumesnil.
A l'Officiel.
A Madagascar
-
Bonne renommée
Il
, , -
tGONS de fruits im-
portés de CàUfor-
me et du Cap et
qui alimentent les
marchands de pri-
meurs de la Mi*
tropole 1 Les pro..
duits. français, bien qu'excellents, n'ont - pas
une bonne réputation de beauté, de là vient
leur mévente à l'étranger et même chez nous.
Cette simple constatation permet de mieux
apprécier encore la sagesse et la valeur des
mesures de standardisation agricole édictées
par M. Cayla, gouverneur général de la
Grande Ile.
Ces mesures ont été prises en vue d'établir
et de maintenir pour V exportation des réPù-
talions de très bonnes qualités des produits
agricoles.
Il faut placer au. premier rang le - riz.
Avant la conquête française, la culture
du rlst. qui constitue le fonds de la nour-
riture indigène, ne pouvait y satisfaire que
partiellement. Aujourd'hui, elle donne lieu,
à des exportations qui pourraient atteindre
rapidemnt 200.000 tonnes, si les prix de
vente étaient assez rémunérateurs pour l'en-
courager ; l'éloignement des autres pays
consommateurs ne permet, en effet,
gtlC la sortie des variétés de luxe. tels le
ris vary lava et le riz tsifiala, qui réussissent
généralement bien.
Le mais, comme le riz, est cultivé dans
toutes les parties de la Grande Ile; il per-
met une exportation dépassant 4.0,00 tonnes.
Les pois du Cap sont exportés à raison
de 12.000 tonnes environ, principalemènt
sous le nom de la butlerbeatts », à destina-
tion d Angleterre et des Etats-Unis pour
la biscuiterie. Le manioc et ses dérivés (fa-
rine, fécule, tapioca) assurent un commercé
d'exportaiio.., de quarante mille tonnes qui
pourrait en Atteindre 80.000 facilement.
Le caféieriSle cacaoyer prospèrent et four-
nissent des pKfduits de première qualité.
Quant à la vanille, elle mérite une men-
tion spéciale. A't vanillier de Madagascarf
est due une pronction de plus de 800 ton-
nes, presque égals; à la consommation mon-
diale. Les règiuns\chaudes et humides com-
me celle d*Antalaha lui sont particulière-
ment favorables. Sa vanille est aussi bien
préparée que cultivée. Madagascar pourrait
donc monopoliser la fourniture - à tous les;
marches fJdur peu qu'une hausse aes cours
favorisât les efforts des planteurs. Notons
que pour les encourager, VAdministration
cherche à améliorer leurs prix de vente par
des mesures réduisant les prélèvements des
intermédiaires entre. eux et les détaillants.
La canne à sucre, le tabac, les aracltldcs,
le ricin poussent, dans presque toute la co-
lonie.
Des plantes à parfums sont l'objet d'ex-
ploitation et d'exportations intéressantes.
Les arbres fruitiers des tropiques, com-
me ceux d Europe, peuvent venir dans les
vergers malgaches. Souhaitons que, selon
la très heureuse formule de M. le gouver-
neur Cayla, Madagascar puisse nous fournir
même sous forme de conserves, ces fruits
sans taches et de bonne réputation que la
concurrence étrangère vend victorieusement
sur nos propres marchés.
Ernent ffoados,
Sénateur de la Marne,
Vice-Président de La Commission
des Douanes.
M. Brévié rentre en France
•
M. Brévié, Gouverneur Général de l'Afri-
que occidentale, s'embarque à Dakar pour
Paris où il doit conférer avec le Gouverne-
ment.
..,. *
Le nouveau directeur
du service de santé
en A. E. F.
48
Le médecin général Bouffard, adjoint au di-
decteur du service de santé du commandement
supérieur des troupes coloniales dans la mé-
tropole, membre du Conseil supérieur de santé
des Colonies, est nommé directeur du service
de santé des troupes du groupe de l'Afrique
équatoriale française à Brazzaville.
;
Au Cameroun
IL
Création d'un vicariat apostoUque
Le vicariat apostolique du Cameroun est
divisé' de manière à former la Préfecture
apostolique de Douala. Le vicariat démem-
bré s'appellera désormais Vicariat apostoli-
que de yaoundé.
1..
Dépêches de l'Indochine
<•* j 1™
Abordage dans le détroit de Hainan
Le vapeur Canton, de la Compagnie in-
dochinoise de nauigativn, en provenance
de IIong-Kong, a abordé, dans la soirée
du 11, anns le détroit de llainan, le va.pcvr
français Limchow, qui venait de HaIphong,
un brouillard intense régnant. Malgré une
importante voie d'eau, le Limehow a. ?TM
gagner ta rdle oÙ il s'échoua. Le Ganiton
a ramené les rcsrapvs mercredi soir à Ilai-
phong. Il n'y a aucune victime.
SYMPHONIE EXOTI QUE
..t..
M. Alfred Chaumel et Mme Geneviève
Chaumel-Gentil nous câblent, de Papeete,
qu'ijs ont quitté aujourd'hui Tahiti, à bord
du Boussole, rejoignant Fort-de-France par
le canal de Panama.
Ils prendront aux Antilles leurs dernières
vues de Symphonie exotique, le grand do-
cumentaire qu'ils tournent sous le patronage
du Ministère des Colonies, de la Société de
Géographie de Paris et de l'Exposition Co-
loniale de Vincennes.
aqbffl
M. Mario Roustan
au Sahara
M. Mario Roustan, notre éminent collabo-
rateur, ministre de l'Instruction publique,
après avoir assisté au congrès international
de la lecture publique, est parti en auto
pour Laghouat, Ghardaïa, El Goléa, Toug-
gourt, Biskra, Bou-Saada, où il visitera les
écoles françaises et indigènes que l'adminis-
tration française a créées en bordure du Sa-
hara.
M. Walter Edge à Paris
.e.
M. Walter Edge, ambassadeur des Etats-
Uniè, est arrivé hier matin à Paris, à 10 h. 30,
revenant d'un voyage en Afrique du Nord. 11
était accompagné de Mrs Edge et a été reçu
par tout île personnel de l'ambassade.
Il a déclaré qu'il était très satisfait de son
voyage et a fait l'éloge de os possessions.
4>»
Une conférence franco-espagnole
à Tétouan
« ♦»
Hier matin s'est ouverte à Tétouan une
conférence franco-espagnole économique et
douanière. Les représentants du Maroc fran-
çais y sont MM. Mérillon, chef du cabinet
diplomatique; Branly, directeur des Finan-
ces; Lefèvre. directeur de l'Agriculture, et
Serra, directeur des Douanes. L'annonce de
la proclamation de la République a déterminé
des manifestations de joie dans la population
espagnole de Tanger, qui a hissé les cou-
leurs républicaines sur les édifices espagnols.
Les « à côtés » de la culture
du sisal
«♦ 1
Dans une série d'articles sur la culture du
sisal, parus ici-mème il y a deux et trois
ans, nous avons indiqué la possibilité de ti-
rer des déchc.ts, résultant du traitement de
la feuille pour en extraire la fibre, un alcool
carburant dont la vente viendrait ajouter
une somme rondelette aux bénéfices obte-
nus par le travail de la fibre. Il semblait à
ce moment que la question de la fabrication
de cet alcool était résolue ou sur le point
de l'être. La vérité nous oblige à constater
que, les résultats industriels attendus, ne pa-
raissent pas encore pratiquement au point,
tout au moins dans nos colonies.
Est-ce à dire que l'on n'arrivera pas à
trouver le procédé nécessaire pour ce tra-
vail ? Nullement. Nous sommes convain-
cus que, en dépit des difficultés rencontrées,
nos savants réaliseront un jour le résultat
attendu. Toutefois, la chose n'est pas encore
faite, et il en résulterait pour les exploita-
tions de sisal françaises, un certain ennui.
Car, le traitement des résidus pour en tirer
de l'alcool aurait un double résultat : as-
surer une recette complémentaire et débar-
rasser les usines des 95 - chiffre rond -
des déchets restant après l'enlèvement de la
fibre : et certaines exploitations pourraient
être gênées pour évacuer cette masse consi-
dérables de déchets. Heureusement, on peut
encore tirer parti de ces résidus en les em-
ployant à d'autres usages.
En effet, comme le constate M. Michotte
dans l'ouvrage qu'il a consacré aux agaves
et Fourcroyas, 40 tonnes de feuilles de sisal
donnent en moyenne 2 tonnes de fibre, soit
du 5 en chiffres arrondis. Il y a 36 ton-
nes de résidus ou 90 Les résidus com-
prennent 75 d'eau et 25 de matières
végétales combustibles dont la valeur calori-
que est sensiblement moitié de celle du
charbon. On peut donc obtenir de ces dé-
chets l'équivalent de 4 tonnes et demie de
charbon, et alimenter les moteurs de l'usine.
Il suffit pour cela de mener les déchets,
par une toile sans fin perforée, à une esso-
reuse et de les passer ensuite à la presse
hydraulique; A la suite de ces deux opéra-
tions, ils ne comprennent plus que 15
d'eau et sont utilisables. Quant au liquide
extrait, on peut le mélanger à différents fu-
miers.
Ou encore, comme on a constaté qu'une
usine de sisal traitant 100.000 feuilles par
jour, peut produire annuellement 10 mil-
lions de litres de vinasse contenant 22.800
kilogrammes de matières azotées, 27.400 ki-
los de chaux, 5.300 kilos de potasse et 4.100
kilos d'acide phosphorique, on peut isoler
toutes ces matières, les extraire comme cela
se fait en France dans certaines usines de
fermentation, et s'en servir comme engrais.
Pour revenir à l'alcool, ajoutons, pour
être aussi complets que possible, qu'il vient
de se monter à Mexico, une -Société au capi-
tal de 5.000.000 de francs pour exploiter la
fibre et, simultanément, fabriquer de l'al-
cool à et, l'aide des déchets traités par le pro-
cédé de Hérelle. Cette Société compte faire
journellement 20.0cfc litres d'alcool à 90°.
Si les résultats annoncés sont obtenus, la
question alcool sera résolue. Sinon, on voit
par ce qui précède qu'on peut néanmoins, en
s'en donnant la peine, tirer un parti avan-
tageux et pratique des déchets d'une usine
exploitant la fibre de sisal.
f.owf« Le Barbier.
Le voyage présidentiel
en Tunisie
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL.)
Le retour à Tunis
Le voyage d aujourd'hui qui comprenait
la grande traversée de la région du sud au
nord se déroula sans incidents. Les champs
de sable, les palmeraies furent suivies de
pâturages horizontaux et de rares récoltes
en herbe. Peu, à pctt se modifia la physio-
nomie des terres. Les mamelons - apparu-
rent et avec leurs sources une végétation
plus fertile, enfin les monts oii périrent les
asclaves carthaginois se profilèrent au loin-
tain et se précisa bientôt la riche région
tunisoise avec ses vignes, ses cultures ma-
raîchères, ses céréales, ses oliveraies. En,
Ire temps, les villes qu'aimera le voyageur
avalent tourné à l'horizon, chacune offrant
au Président le plus chaleureux des ac-
cueils et ce fut à nouveau Tunis et ses
haies profondes de gens accourus pour fê-
ter une fois de plus le Président qui re-
gagna la résidence sans aucun apparat
pour un dîner intime.
De Tunis à Bizerte
Aujourd'hui, à 8 h. 50, M. Gaston Dou-
mergue a quilié Tunis pour rejoindre Bi-
zerte, il s'arrêta à Feiryvillc, éclatant té-
moignage rendu au grand colonial qui
nous a donné la T-unisie, M. Doumergue a
traversé le lac sur un torpilleur et a été
reçu à déjeuner par la municipalité de Bi-
zerte.
Il s'embarqua à Bizerte, sur le Colbeirt,
à 14 h. 30, pour la France où il arrivera
demain à la fin de l'après-midi.
Considérations sur le voyage
M. Gaston Doumergue, qui est rentré
hier vers dix-neuf heures à Tunis, a donc
terminé son périple de la Régence. Qu'au-
ra-t-il vu au cours de ce rapide trop ra-
pide voyage ? Beaucoup et peu. Beaucoup,
si l'on considère le tour d'horizon accom-
pli ; peu, s'il l'on songe aux temps res-
treints qui lui furent laissés pour s'inté-
resser aux problèmes spéciaux à chaque
contrée. Songeons, en effet, que ni Gulsel,
ni Tozeur, ni lien-Gardane, ni Nefta, cen-
Ires imporlunts de colonisation de la vallée
de la Medjerda, pour des raisons diverses,
n'ont été visités vu l'extrême fatigue de
M. Gaston Doumergue ; que (aire en
six tours là où un mois eùt été né-
cessaire ? Le Président n'a donc p% que
préciser certaines* questions dont les doit-
nées qu'il ignorait lui ont été fournies par
nis, J\I. François Manceron, dont tous s'ac-
cordent à reconnaître les qualités de grand
administrateur ; M. Doumergue n'a pu
qu'emporter avec lui les vestiges fragmen-
tés des paysages offerts^H son regard.
Mais M. Doumergue ne sera pas le seul
à déplorer les nécessités de I.'Etal; causes
d'un court séjour, Il est ici des merveilles
naturelles que lee journalistes eussent
aimé vanter, des mœurs et des coutumes
qu'ils auraient. été heureux d'étudier plus
longuement pour le bien touristique de la
rtégpnce. plus loin que ers horizons of-
ferts. des coins insoupçonnés que les éler-
nets curieux du mundc auraient pu un
jour connaître pour les apprécier. Il n'aura
pas été possible à un journaliste d'en dire
les attraits, tes commerçants tunisiens -et
l'industrie touristique, dont nous reparle-
rons biclblùl, en eussent clé les heureux
bénéficiaires. Mous le. regrettons autant
qu'eux.
feteques iilphautf.
La lre journée algéroise
de Charlie Chaplin
l' 1
Accompagne de son frt-rc Sidncy, de MM.
Robinson. son manager. Eveninof, son direc-
teur des voyages et de Mlle Leirhtein, sa sc-
crétalTc, Charlie Chaplin est arrivé comme
nous l'avons annoncé hier à Alger, à 14 heu-
res, à bord du Lamoricièrc, cic la Compagnie
Générale Transatlantique.
Un service d'ordre dirigé par M. Trich,
commissaire central d'Alger, avait grand'-
peine à contenir la foule massée autour des
quais de débarquement et sur le boulevard
de la République qui domine le port.
A sa descente du paquebot, tandis que les
Algériens l'acclamaient follement et ten-
taient d'arriver jusqu'à lui, Charlie Chaplin
a été reçu par MM. Laquière, député d'Al-
ger ; Grégory, conseiller municipal ; M.
Aletti, directeur du Casino èt plusieurs per-
sonnalités d'Alger, M. Jules Carde, Gouver-
neur général, a reçu le soir même l'illustre
artiste.
Charlot est monté en automobile pour se
rendre à l'hôtel. Tout le long du trajet,
Chariot a été l'objet d'ovations indescripti-
bles. Les Algériens lui ont réservé un accueil
d'un enthousiasme tel, que tout à l'heure,
lorsqu'il s adressera aux représentants de la
presse nord-africaine, Chariot ne pourra pas
dissimuler son émotion et pourtant Charlic
a rhabitude des foules.
Chariot a franchi les portes de l'hôtel dé-
coré de drapeaux français, marocains et an-
glais. Dans le grand hall de l'hôtel Aletti,
Chariot a prié la presse de remercier la ville
d'Alger de l'accueil particulièrement tou-
chant qu'elle lui-avait réservé ; puis Charlie
est rentré dans se\ appartements pour se re-
poser.
Il assistera ce soir à un dîner de gala or-
ganisé en son honneur, dîner auriuel assis-
teront les plus hautes personnalités algéroi-
ses. A peine fut-il dans - son appartement que
la foule massée sous son balcon le réclama à
grands cris et Chariot dut s'exécuter et ré-
pondre par des signes amicaux à l'ovation
qui lui fut faite.
Après avoir séjourné quatre jour à Alger,
et excursionné dans les environs de la ville
blanche, Charlie Chaplin poursuivra son
voyage et partira pour Tunis en visitant
Constantinc, Biskra et Bousaada. Puis Cha-
plin se rendra au Maroc et s'arrêtera à Fez,
Jeknès et Marrakech. Enfin, ayant accompli
son circuit Nord-Africain, Charlie Chaplin
partira pour l'Espagne,
A la Bibliothèque Nationale
Par MARIB- LOUISB SICAJUL
Quatre siècles de colonisation française
s'achèvent.
Pour mon dernier périple à travers les
merveilles ordonnées dans le Galerie Maza-
rine et qui font foi de la persévérance colo-
nisatrice de la France, j'ai la très grande
chance d'être « gouvernée n par M. Charfes
Du Bus, bibliothécaire depuis vingt-deux ans
à la Section de Géographie. Ce royaume de
« bleus océans, vis.ibles, infinis,.. » contient
environ 220.000 cartes dont "Ta plus ancienne
remonte à 1284. C'est à son concours éclairé
que l'on doit la très importante collection de
cartes et de plans, qui est un des grands at-
traits de cette rétrospective.
M. Charles Du Bus est un savant souriant,
un très spirituel conférencier connaissant à
fond l'histoire de notre marine et de nos an-
ciennes colonies. Je regrette de ne pouvoir
transcrire mot à mot, pour le plus grand plai-
sir des lecteurs des Annales Coloniales, l'en-
seignement si fin, si profond de ce voyageur,
pilote expérimenté sur l' ccéan des atlas et des
âges.
Avertissement
Avant de pénétrer dans cette Galerie Ma-
zarine, cadre magnifique offert à la réunion
unique de pièces et de collections rares, je
veux pousser un cri d'alarme : « Quelle est
la cause de l' incuriosité coloniale des fran-
çais? A quoi imputer la quasi indifférence qui
a accueilli cette 'Exposition, préface de la ma-
nifestation de Vincennes.
La rétrospective de la Bibliothèque Natio-
nale, dans-le plus beau cadre historique, ani-
mée par M. Julien Cain, administrateur gé-
néral de la 'Bibliothèque Nationale organisée
par M. de la Roncière, l'éminent conserva-
teur du département des Imprimés, a mise en
scène » par M. Emile Dacier, cette rétrospec-
tive coloniale devait connaître la faveur, non
pas de quelques poignées d'initiés, mais du
grand public. Mérancoliquement. M. Du Bus
constate que le succès n' a pas été à la hauteur
de l'effort accompli.
Pourquoi ? Nous heurtons-nous encore à la
mesquinerie d une publicité étriquée qui ne tou-
che pas le grand public". L'incuriosité incri-
minée ne serait-elle que de l'ignorance ? Il
est certain que le faire-savoir bénévole de la
Presse un jour d'inauguration ne constitue pas
des affiches très lumineuses.
Pourtant, cette a préface » si admirable-
ment enluminée par un apport de reliques et
de collections d'un prix inestimable, cette
«- Préfacẽ!/*"11 HËx)icuition«<3ul(inlale Intw
nationale intéressait Vincennes. Le problème
probablement est du même ordre que celui des
affiches plates et rares et des mauvaises vignet-
tes postales.
Attention ! Paris, coeur de la métropole
présentant au monde entier son empire colo-
nial, ne doit pas marchander sa sollicitude ar-
tistique.
Marine et Colonies
Le très beau voyage guidé par M. Char les
Du Bus commence sous l'égide de deux
gands. coloniaux : Gaspard de Coligny. ami-
ral de France, el Catherine de Médicis, reine
de France.
Mon pilote sourit finement : « L'histoire
de France très célèbre n'enseigne habituelle-
ment que des lieux corrununs officiels et de
pieuses et patriotiques légendes I » En marge
de la nuit de la Saint-Barthélemy, il y a le
magistral projet qui tentait de doter La France
du Brésil. Une perle à l'oreille, voici le cou-
sin de la mère de Charles IX, Philippe
Strozzi, vice-roi secret du Brésil, qui avait
l'ordre de s' emparer de cette colonie au nom
de la France, quand il fut tué aux Açores, en
livrant bataille à une flotte espagnole.
Ils sont là, aussi, les grands animateurs
Le cardinal de Richelieu qui, dès 1626,
donna une vigoureuse Impulsion à notre colo.
nisation au Canada, aux Antilles, en Afrique
Occidentale, à Madagascar.
Jean-Baptiste Colbert, ministre de la Ma
rie et des Colonies, qui reprit l'œuvre péri-
clitée de Richelieu. Il créa les Compagnie
des fndes Orientales et des Indes Occicen
tales en 1664, développant nos établissement
ta i es en 1664d, 'Afrique, d'
d'Amérique, d'Afrique*, Asie. 11 ajouta
nos possessions : Terre-Neuve, Saint-QQmin
gue, la Guyane, l'lie Bourbon, Ceylan, Pon
dichéry.
D'une carte, à un plan, à une lettre, L
précieuse leçon historique et géographique A:
M. Charles "Du Bus prouve que ce magn,ihqu
empire ne fut qu'éphémère parce que, a.
XVIIO siècle, nous n'étions pas encore convain
eus de ce principe fondamental « que Marin
et Colonie sont fonctions l'une de l' autre »
Puissent les maîtres de nos destinées modei
nes en prendre de la graine !
Livres, estampes, peintures, cartes, meubles
tapisseries, médailles, il est impossible d'énu
mérer tous les trésors géographiques accumu
lés en si peu d'espace, avec un temarquabl
talent de présentation. Ils retracent l'épopé
merveilleuse, combien navrante, de nos colo
nies perdues, et aussi l'histoire réconfortant
de l'expansion française dans le monde.
On dit notre race casanière ! Quatre siècle
de colonisation attestent au contraire que nou
adorons l' aventure.
Lorsque se déchaînait, au seizième siècle
la grande émulation des nations ? Europe pou
la découverte du monde, la part prise par le
Français nous vaut de beaux quartiers Je no
blesse. Parmentier au Brésil et à Sumatra ; 1;
découverte du Canada par Jacques Cartier
les randonnées de Champlain ; les voyages di-
nos missionnaires dans l'Amérique du Nord c,
jusqu'à Saint-Domingue.
Au dix-septième siècle, les Français abor
cîent à Madagascar où Louis XIV, en 1665
JdURHULjîUOTIDIEK
Rédaction & Administration i -
34, lui du HQRt-tliaNr
PARI8 (tlr)-
TttLfrH. : UOUVItB J9«97
- RIOHBLICU 87.
1 i: 0
Les Annales Coloniales
Le» annonces et réclamés tont rêçUtI ou
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Dirbcteur.Fondateur 1 Mifsel RUEDEL
Tout les articles publiés dans notre tournai ne peuvent
être reproduite qu'en citant les ANNALES COLONIALU.
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Un au 6 Mois 3 Mois
France et
Colonies 180 » 100 » 50 »
Étranger.. 240 s 125 s 70 t
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
- A propos du Gouvernement
- Général - de l'Indochine.
q
La situation alarmante dans laquelle se
trouve depuis plusieurs années notre grande co-
lonie d'Extrême-Orient préoccupe toujours da-
vantage les milieux gouvernementaux et colo-
niaux. Un de nos plus sympathiques collègues
a jugé indispensable, il v # quelques semaines,
de saisir directement le Président de la Répu-
blique d'une documentation copieuse établis-
sant la profondeur du trouble qui règne dans
tous les esprits indochinois, depuis Hanoï jus-
qu'à Saïgon. Cette documentation semble éta-
bli; d'une façon * trop certaine, hélas ! ique
dans tous les milieux sociaux : paysans, com-
merçants, lettres, fonctionnaires, jusqu'à la
Cour de Hué, le mouvement de désaffection à
1 égard de la France a gagné en profondeur
depuis vingt ans. One effervescence sourde
s est manifestée un peu partout, et l'expliquer
par la seule raison de la propagande bol che-
viste est insuffisant. Les causes en sont multi-
ples et les exposer clins cet article n'est pas
notre but. Disons seulement que l'acuité de la
crise économique qui sévit sur les rives du Pa-
cifique, comme sur les autres points du monde,
n'est pas de nature à restreindre l'effet des
causes morales et politiques qui déjerfhinent
l'effervescence signaléç. Bien au contraire.
Notre but est seulement de signaler que
l' Indochine devient de plus en plus une colo-
nie difficile à gouverner. Il est plus indispen-
sable que jamais que son Gouverneur général
possède, à leôté de très fortes qualités d admi-
nistrateur, les qualités et les vertus indispensa-
bles à un homme d Etat éminent En lui-même
le gouvernement de l' Indochine est aussi ardu à
exercer que teelui 4'un Etat européen ; les pro-
blèmes à résoudre sont aussi nombreux et sou-
vent plus complexe ; tes données, pour les ré-
soudre, sont beaucoup moins précises. A ces
difficultés - s'ajoutent celles provenant de l'im-
mense distance qui sépare Hanoi de Paris, des
résistances que rencontre le Gouverneur géné-
ral pour faire adopter certaines mesures indis-
pensables par le Gouvernement français, par le
Parlement, par l'opinion publique. Ces résis-
tances sont d'autant plus grandes que le Gou-
verneur ne possède pas la grande autorité que
peut avoir celui qui a joué un rôle de pre-
mier plan au Parlement et dans les Conseils
du Gouvernement. Enfin, il faut aussi que le
Gouverneur général soit préparé par un long
séjour en Indochine, par sa connaissance des
langues du pays, à ce poste délicat et dange-
reux. pays, ce ptntç dèlicet et dangt-
.• - Nous epneluons donc qu'il peut être bon,
dan» un Avenir plus ou moins lointain, de pla-
cer à ta tête de l'Indochine un homme poU.
tique die premier plan. Qu'on entende bien que
nous ne voujons en ce moment critiquer en au*
cune façon l'administration de M. le Gouver-
neur général Pasquier. Notre conclusion serait
exactement la même si, à sa place, était ins-
tallé à Hanoi n'importe lequel de nos grands
administrateurs coloniaux. Nous estimons sim-
plement qu'après un temps dl accalmie indis-
pensable pour accomplir les traifofonnations
profondes dont 1 lndoçhine a besoin, pour me-
ner à bieq très rapidement cette transformation,
la République pourra choisir parmi les meil-
leure de ses grands hommes d'Etat., si la loi
sur les incompatibilités est abrogée,.
L'opinion que j'exprime est d'ailleurs par-
tagée par la grande majorité de ceux qui, au
Parlement, s'intéressent aux grandes questions
coloniales.
Mais la désignation d'un parlementaire
comme Gouverneur général, où que ce
so it, se heurte à la loi sur les in*
compatibilités, dont * M. Steeg a été, il
y a trois ans g la première victime. Nous
avons dit à d autres moments, notre opinion
sur cette loi ; cette opinion n'a pas changé, au
contraire. C'est une absurdité que de se priver
dans nos colonies, dans certaines périodes cri-
tiques, des services que peuvent rendre des
hommes politiques, rompus au gouvernement
des hommes et à l'administration des choses.
Il est absurde que n' importe qui puisse être,
théoriquement tout au moiDf" ministre des Co-i
lonies, mais tie puisse en aucun cas gouverner
l'Algérie, l'Indochine, le Maroc ou F'A.O.F.
Cette absurdité. est évidente, mais s'il plaisait
à M. Pierre Laval et à M. Paul Reynaud
d'envoyer à Hanoi un parlementaire, le mo-
tnent serait peut-être mal choisi pour obtenir
préalabtmet 1 i abrogation de la disposition de
la ifoi sur les incompatibilités qui actuellement
8 y QPLNM.
Le Gouvernement le fera-t-il ? Peut-être pas
immédiatement, car il hésite sans doute à ac-
complir un geste qui pourrait être interprété
comme une marque de désapprobation à l'égard
de la politique suivie par M. Pasquier. Vrai-
semblablement, M. Pasquier repartira sans tar-
der. Toutefois, nous pensons qu'un jour vien-
dra où le Gouvernement sera (amené à se ral-
lier au point de vue que nous venons d'exposer;
George. iVoueffe,
député de Saône-et-Lolre,
Vice-président de la Commission des Colonies,
Vice Vice-président de la Commission des Mines.
P. S. Les nouvelles que nous apporte
chaque courri er venatit de Pondichéry témoi-
gnent del a gravité de la crise qui sévit dans
nos Etablissements français de l'inde. 11 appa-
raît nettement que M. Juvanon apporte dans
l'exercice de ses fonctions beaucoup tfop de
fantaisie et de partialité, Il est - temps qu'il
vienne rue Oudinot s'expliquer sur les abus de
pouvoir qui lui sont reprochés et je suis heu-
reux d'être d'accord avec M. Paul Reynaud
pour que ce soit dès le début du mois prochain.
Gr N.
Vanille de Madagascar
: et Okoumé - du Gabon
i H ̃
CTest Intentionnellement que nous rappro-
chons deux produits qui ne se ressemblent
fuère et deux colonies que séparent l'une de
autre un bras de mer et toute l'épaisseur de
rÀfrique
La. vanille de Madagascar et mieux, la
vanille tout court, ne se vend plus.
t Surproduction et sous-consommation ! Que
ceux que pareil jeu intéresse, s'amusent, si
bon leur semble, à mettre d aécord des ter-
mes aussi contradictoires.
Or, à l'oreille des planteurs plus particu
lièrement malgaches, certains conseils t se font
pressants i A quoi bon travailler d'arrache-
pied, puisque le travail ne rémunère plus ? Ne
serait-il pas 1 profitable aux vieillards de
ne peiner qu un jour sur deux et de laisser
également une année iur deux se reposèr leurs
lianes et leuri terres ? Ainsi, à défaut d'une
récolte nouvelle, l'écoulerait le produit des
récoltes anciennes, et les cours faisant un bond,
chacun y trouverait son compte.-
Examinant cette suggestion dans un journal
local, l'un des plus jros préparateurs de va-
nille de Madagascar en indique l'origine et en
dénonce la fuperaherie. Il fait avec beaucoup
de juktesse ressortir que l'encombrement des
marchés est toujours le fait du commerçant en
gros, bien rarement celui du producteur. C'est
le commerce lui-même qui a fait et continue
d'entretenir le marasme dont, en définitive, tout
le mond e pâtit.
Ge que notre préparateur remarque pour la
vanille de Madagascar reste vrai pour l'Okou-
mé du Gabon. Ici Aussi des conseilleurs sont
venus. Us ont soufflé à l'oreille de l'Adminis-
tration que seul un contingentement de 1 ex-
portation des bois pouvait redresser l'état-du
mardté. Mais les coupeurs, alon, de jeter les
hauts cris et de montrer l'impossibilité pour
eux de laisser inactive, des installations coû-
teuses qui ne manqueraient pas de se détério-
fef. -Ici t!IIcore, que les acheteurs s'abstiennent,
rer. Ici encoqreu, 'intervienne l'Administration.
bien plutôt (1U'intervi"'1I1! r- Amill_¡I'lin.
Au fond de la crise actuelle, faite de ces
crises particulières, on découvre surtout, en
somme, des intérêts égoïstes de personnes ou
de groupa. La situation decaoutehouci en
Indochine n'est peut-être pas autre chose. Des
bénéfices' qui, étant déraisonnables, ne pou-
vaient se maintenir, ont déterminé une exten-
- sion également déraisonnable des plafttatiam,
* et sans doute aussi engendré l'habitude de
gains immudb.
Mah, en définitive, à qui la faute ?
- Et la collectivité devra-t-elle dans tous les
cas et hïdéfmhnèm, faiîe les frais des erreurs
de quelques-uns }
pu c. G.
Les scandales de la Martinique
'M. Brack, juge d'instruction, achève en co
moment son enquête sur les scandales de la
Martinique en faisant subir aux inculpés lea
interrogatoires définitifs.
M. Eugène Mâgallon-Oralneau, avocat et
conseiller général de la Martinique, assisté de
ses consells M- Campinclli et Gaston Monner.
ses conseils. d'être interrogé pour la dernière
ville, vient
fois.
L'inculpation définitive est celle de l'article
.177 du Code pénal pour corruption de fonction-
naire, pour avoir, dès octobre 1930, favorisé la
Société générale pour le développement de la
Martinique en vue de l'exécution de très im-
portants travaux publics projetés dans l'île.
M.Magallon-Graineau, rapporteur de la Com-
mission financière du Conseil général, avait
conclu favorablèment au choix de la S.G.D.M.
et il avait reçu à sept reprises des mensualités
de 3.000 francs. v
L'inculpé a affirmé n'avoir fait que rappor-
ter l'opinion émise par l'unanimité des votants
et que les mensualités ont été versées à l'avo-
cut-conseil juridique de la Société.'
lïniin, il a protesté énergiquement contre sa
détention, faisnnt remarquor que, même s'il
était coupable, la peine principale prévue par la
loi est celle de la dégradation civique et non
celle de l'emprisonnement seulement accessoi-
re : Sa. détention ne se justifierait donc pas.
!\.tcs Campinchi et Monnerville comptent, du
reste, déposer une nouvelle demande de mise
en liberté provisoire.
Après lui, M. 'Brack a interrogé M. Lagro-
sillière, en présence de Mie Henry Torr., as-
sisté de son 'collaborateur, Me Tony Truc.
L'ancien député de la Martinique a expliqué
qu'il n'avait toujours en vue que l'intérêt de
son île natale, et que, s'il avait reçu de l'ar-
gent - à une époque où il n'avait aucun man-
dat, - c'était dans un but de propagande po-
litique, 'M, Séjourné était, du reste, Son ami de
toujours et, tous deux se venaient en aidé mu-
tuellement.
-
Le coarrisr destiné m Ïm-Niwas
Pour faciliter l'nrlieininomenl, régulier des
correspondances a destination dos nn vires det
grande pêche sur les bancs de Terre-Neuve et
la cfttc (lu Groënland, les adresses des lettres
destinées aux mirt'ins .dorivent cire libellées
comme suit : Monsieur X., à bord du « Z. »
sur les bancs de Terre-Neuve.
Ces. lettres ne devront pas porter la men-
tion « Saint-Plerre-et-Miquelon ».
LIRE EN SECONDE PAGE:
L'aménagement et l'exploitation des fo-
rèls de Madagascar.
La mouche du mouton à Madagascar.
Le voyage de M. Dumesnil.
A l'Officiel.
A Madagascar
-
Bonne renommée
Il
, , -
tGONS de fruits im-
portés de CàUfor-
me et du Cap et
qui alimentent les
marchands de pri-
meurs de la Mi*
tropole 1 Les pro..
duits. français, bien qu'excellents, n'ont - pas
une bonne réputation de beauté, de là vient
leur mévente à l'étranger et même chez nous.
Cette simple constatation permet de mieux
apprécier encore la sagesse et la valeur des
mesures de standardisation agricole édictées
par M. Cayla, gouverneur général de la
Grande Ile.
Ces mesures ont été prises en vue d'établir
et de maintenir pour V exportation des réPù-
talions de très bonnes qualités des produits
agricoles.
Il faut placer au. premier rang le - riz.
Avant la conquête française, la culture
du rlst. qui constitue le fonds de la nour-
riture indigène, ne pouvait y satisfaire que
partiellement. Aujourd'hui, elle donne lieu,
à des exportations qui pourraient atteindre
rapidemnt 200.000 tonnes, si les prix de
vente étaient assez rémunérateurs pour l'en-
courager ; l'éloignement des autres pays
consommateurs ne permet, en effet,
gtlC la sortie des variétés de luxe. tels le
ris vary lava et le riz tsifiala, qui réussissent
généralement bien.
Le mais, comme le riz, est cultivé dans
toutes les parties de la Grande Ile; il per-
met une exportation dépassant 4.0,00 tonnes.
Les pois du Cap sont exportés à raison
de 12.000 tonnes environ, principalemènt
sous le nom de la butlerbeatts », à destina-
tion d Angleterre et des Etats-Unis pour
la biscuiterie. Le manioc et ses dérivés (fa-
rine, fécule, tapioca) assurent un commercé
d'exportaiio.., de quarante mille tonnes qui
pourrait en Atteindre 80.000 facilement.
Le caféieriSle cacaoyer prospèrent et four-
nissent des pKfduits de première qualité.
Quant à la vanille, elle mérite une men-
tion spéciale. A't vanillier de Madagascarf
est due une pronction de plus de 800 ton-
nes, presque égals; à la consommation mon-
diale. Les règiuns\chaudes et humides com-
me celle d*Antalaha lui sont particulière-
ment favorables. Sa vanille est aussi bien
préparée que cultivée. Madagascar pourrait
donc monopoliser la fourniture - à tous les;
marches fJdur peu qu'une hausse aes cours
favorisât les efforts des planteurs. Notons
que pour les encourager, VAdministration
cherche à améliorer leurs prix de vente par
des mesures réduisant les prélèvements des
intermédiaires entre. eux et les détaillants.
La canne à sucre, le tabac, les aracltldcs,
le ricin poussent, dans presque toute la co-
lonie.
Des plantes à parfums sont l'objet d'ex-
ploitation et d'exportations intéressantes.
Les arbres fruitiers des tropiques, com-
me ceux d Europe, peuvent venir dans les
vergers malgaches. Souhaitons que, selon
la très heureuse formule de M. le gouver-
neur Cayla, Madagascar puisse nous fournir
même sous forme de conserves, ces fruits
sans taches et de bonne réputation que la
concurrence étrangère vend victorieusement
sur nos propres marchés.
Ernent ffoados,
Sénateur de la Marne,
Vice-Président de La Commission
des Douanes.
M. Brévié rentre en France
•
M. Brévié, Gouverneur Général de l'Afri-
que occidentale, s'embarque à Dakar pour
Paris où il doit conférer avec le Gouverne-
ment.
..,. *
Le nouveau directeur
du service de santé
en A. E. F.
48
Le médecin général Bouffard, adjoint au di-
decteur du service de santé du commandement
supérieur des troupes coloniales dans la mé-
tropole, membre du Conseil supérieur de santé
des Colonies, est nommé directeur du service
de santé des troupes du groupe de l'Afrique
équatoriale française à Brazzaville.
;
Au Cameroun
IL
Création d'un vicariat apostoUque
Le vicariat apostolique du Cameroun est
divisé' de manière à former la Préfecture
apostolique de Douala. Le vicariat démem-
bré s'appellera désormais Vicariat apostoli-
que de yaoundé.
1..
Dépêches de l'Indochine
<•* j 1™
Abordage dans le détroit de Hainan
Le vapeur Canton, de la Compagnie in-
dochinoise de nauigativn, en provenance
de IIong-Kong, a abordé, dans la soirée
du 11, anns le détroit de llainan, le va.pcvr
français Limchow, qui venait de HaIphong,
un brouillard intense régnant. Malgré une
importante voie d'eau, le Limehow a. ?TM
gagner ta rdle oÙ il s'échoua. Le Ganiton
a ramené les rcsrapvs mercredi soir à Ilai-
phong. Il n'y a aucune victime.
SYMPHONIE EXOTI QUE
..t..
M. Alfred Chaumel et Mme Geneviève
Chaumel-Gentil nous câblent, de Papeete,
qu'ijs ont quitté aujourd'hui Tahiti, à bord
du Boussole, rejoignant Fort-de-France par
le canal de Panama.
Ils prendront aux Antilles leurs dernières
vues de Symphonie exotique, le grand do-
cumentaire qu'ils tournent sous le patronage
du Ministère des Colonies, de la Société de
Géographie de Paris et de l'Exposition Co-
loniale de Vincennes.
aqbffl
M. Mario Roustan
au Sahara
M. Mario Roustan, notre éminent collabo-
rateur, ministre de l'Instruction publique,
après avoir assisté au congrès international
de la lecture publique, est parti en auto
pour Laghouat, Ghardaïa, El Goléa, Toug-
gourt, Biskra, Bou-Saada, où il visitera les
écoles françaises et indigènes que l'adminis-
tration française a créées en bordure du Sa-
hara.
M. Walter Edge à Paris
.e.
M. Walter Edge, ambassadeur des Etats-
Uniè, est arrivé hier matin à Paris, à 10 h. 30,
revenant d'un voyage en Afrique du Nord. 11
était accompagné de Mrs Edge et a été reçu
par tout île personnel de l'ambassade.
Il a déclaré qu'il était très satisfait de son
voyage et a fait l'éloge de os possessions.
4>»
Une conférence franco-espagnole
à Tétouan
« ♦»
Hier matin s'est ouverte à Tétouan une
conférence franco-espagnole économique et
douanière. Les représentants du Maroc fran-
çais y sont MM. Mérillon, chef du cabinet
diplomatique; Branly, directeur des Finan-
ces; Lefèvre. directeur de l'Agriculture, et
Serra, directeur des Douanes. L'annonce de
la proclamation de la République a déterminé
des manifestations de joie dans la population
espagnole de Tanger, qui a hissé les cou-
leurs républicaines sur les édifices espagnols.
Les « à côtés » de la culture
du sisal
«♦ 1
Dans une série d'articles sur la culture du
sisal, parus ici-mème il y a deux et trois
ans, nous avons indiqué la possibilité de ti-
rer des déchc.ts, résultant du traitement de
la feuille pour en extraire la fibre, un alcool
carburant dont la vente viendrait ajouter
une somme rondelette aux bénéfices obte-
nus par le travail de la fibre. Il semblait à
ce moment que la question de la fabrication
de cet alcool était résolue ou sur le point
de l'être. La vérité nous oblige à constater
que, les résultats industriels attendus, ne pa-
raissent pas encore pratiquement au point,
tout au moins dans nos colonies.
Est-ce à dire que l'on n'arrivera pas à
trouver le procédé nécessaire pour ce tra-
vail ? Nullement. Nous sommes convain-
cus que, en dépit des difficultés rencontrées,
nos savants réaliseront un jour le résultat
attendu. Toutefois, la chose n'est pas encore
faite, et il en résulterait pour les exploita-
tions de sisal françaises, un certain ennui.
Car, le traitement des résidus pour en tirer
de l'alcool aurait un double résultat : as-
surer une recette complémentaire et débar-
rasser les usines des 95 - chiffre rond -
des déchets restant après l'enlèvement de la
fibre : et certaines exploitations pourraient
être gênées pour évacuer cette masse consi-
dérables de déchets. Heureusement, on peut
encore tirer parti de ces résidus en les em-
ployant à d'autres usages.
En effet, comme le constate M. Michotte
dans l'ouvrage qu'il a consacré aux agaves
et Fourcroyas, 40 tonnes de feuilles de sisal
donnent en moyenne 2 tonnes de fibre, soit
du 5 en chiffres arrondis. Il y a 36 ton-
nes de résidus ou 90 Les résidus com-
prennent 75 d'eau et 25 de matières
végétales combustibles dont la valeur calori-
que est sensiblement moitié de celle du
charbon. On peut donc obtenir de ces dé-
chets l'équivalent de 4 tonnes et demie de
charbon, et alimenter les moteurs de l'usine.
Il suffit pour cela de mener les déchets,
par une toile sans fin perforée, à une esso-
reuse et de les passer ensuite à la presse
hydraulique; A la suite de ces deux opéra-
tions, ils ne comprennent plus que 15
d'eau et sont utilisables. Quant au liquide
extrait, on peut le mélanger à différents fu-
miers.
Ou encore, comme on a constaté qu'une
usine de sisal traitant 100.000 feuilles par
jour, peut produire annuellement 10 mil-
lions de litres de vinasse contenant 22.800
kilogrammes de matières azotées, 27.400 ki-
los de chaux, 5.300 kilos de potasse et 4.100
kilos d'acide phosphorique, on peut isoler
toutes ces matières, les extraire comme cela
se fait en France dans certaines usines de
fermentation, et s'en servir comme engrais.
Pour revenir à l'alcool, ajoutons, pour
être aussi complets que possible, qu'il vient
de se monter à Mexico, une -Société au capi-
tal de 5.000.000 de francs pour exploiter la
fibre et, simultanément, fabriquer de l'al-
cool à et, l'aide des déchets traités par le pro-
cédé de Hérelle. Cette Société compte faire
journellement 20.0cfc litres d'alcool à 90°.
Si les résultats annoncés sont obtenus, la
question alcool sera résolue. Sinon, on voit
par ce qui précède qu'on peut néanmoins, en
s'en donnant la peine, tirer un parti avan-
tageux et pratique des déchets d'une usine
exploitant la fibre de sisal.
f.owf« Le Barbier.
Le voyage présidentiel
en Tunisie
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL.)
Le retour à Tunis
Le voyage d aujourd'hui qui comprenait
la grande traversée de la région du sud au
nord se déroula sans incidents. Les champs
de sable, les palmeraies furent suivies de
pâturages horizontaux et de rares récoltes
en herbe. Peu, à pctt se modifia la physio-
nomie des terres. Les mamelons - apparu-
rent et avec leurs sources une végétation
plus fertile, enfin les monts oii périrent les
asclaves carthaginois se profilèrent au loin-
tain et se précisa bientôt la riche région
tunisoise avec ses vignes, ses cultures ma-
raîchères, ses céréales, ses oliveraies. En,
Ire temps, les villes qu'aimera le voyageur
avalent tourné à l'horizon, chacune offrant
au Président le plus chaleureux des ac-
cueils et ce fut à nouveau Tunis et ses
haies profondes de gens accourus pour fê-
ter une fois de plus le Président qui re-
gagna la résidence sans aucun apparat
pour un dîner intime.
De Tunis à Bizerte
Aujourd'hui, à 8 h. 50, M. Gaston Dou-
mergue a quilié Tunis pour rejoindre Bi-
zerte, il s'arrêta à Feiryvillc, éclatant té-
moignage rendu au grand colonial qui
nous a donné la T-unisie, M. Doumergue a
traversé le lac sur un torpilleur et a été
reçu à déjeuner par la municipalité de Bi-
zerte.
Il s'embarqua à Bizerte, sur le Colbeirt,
à 14 h. 30, pour la France où il arrivera
demain à la fin de l'après-midi.
Considérations sur le voyage
M. Gaston Doumergue, qui est rentré
hier vers dix-neuf heures à Tunis, a donc
terminé son périple de la Régence. Qu'au-
ra-t-il vu au cours de ce rapide trop ra-
pide voyage ? Beaucoup et peu. Beaucoup,
si l'on considère le tour d'horizon accom-
pli ; peu, s'il l'on songe aux temps res-
treints qui lui furent laissés pour s'inté-
resser aux problèmes spéciaux à chaque
contrée. Songeons, en effet, que ni Gulsel,
ni Tozeur, ni lien-Gardane, ni Nefta, cen-
Ires imporlunts de colonisation de la vallée
de la Medjerda, pour des raisons diverses,
n'ont été visités vu l'extrême fatigue de
M. Gaston Doumergue ; que (aire en
six tours là où un mois eùt été né-
cessaire ? Le Président n'a donc p% que
préciser certaines* questions dont les doit-
nées qu'il ignorait lui ont été fournies par
nis, J\I. François Manceron, dont tous s'ac-
cordent à reconnaître les qualités de grand
administrateur ; M. Doumergue n'a pu
qu'emporter avec lui les vestiges fragmen-
tés des paysages offerts^H son regard.
Mais M. Doumergue ne sera pas le seul
à déplorer les nécessités de I.'Etal; causes
d'un court séjour, Il est ici des merveilles
naturelles que lee journalistes eussent
aimé vanter, des mœurs et des coutumes
qu'ils auraient. été heureux d'étudier plus
longuement pour le bien touristique de la
rtégpnce. plus loin que ers horizons of-
ferts. des coins insoupçonnés que les éler-
nets curieux du mundc auraient pu un
jour connaître pour les apprécier. Il n'aura
pas été possible à un journaliste d'en dire
les attraits, tes commerçants tunisiens -et
l'industrie touristique, dont nous reparle-
rons biclblùl, en eussent clé les heureux
bénéficiaires. Mous le. regrettons autant
qu'eux.
feteques iilphautf.
La lre journée algéroise
de Charlie Chaplin
l' 1
Accompagne de son frt-rc Sidncy, de MM.
Robinson. son manager. Eveninof, son direc-
teur des voyages et de Mlle Leirhtein, sa sc-
crétalTc, Charlie Chaplin est arrivé comme
nous l'avons annoncé hier à Alger, à 14 heu-
res, à bord du Lamoricièrc, cic la Compagnie
Générale Transatlantique.
Un service d'ordre dirigé par M. Trich,
commissaire central d'Alger, avait grand'-
peine à contenir la foule massée autour des
quais de débarquement et sur le boulevard
de la République qui domine le port.
A sa descente du paquebot, tandis que les
Algériens l'acclamaient follement et ten-
taient d'arriver jusqu'à lui, Charlie Chaplin
a été reçu par MM. Laquière, député d'Al-
ger ; Grégory, conseiller municipal ; M.
Aletti, directeur du Casino èt plusieurs per-
sonnalités d'Alger, M. Jules Carde, Gouver-
neur général, a reçu le soir même l'illustre
artiste.
Charlot est monté en automobile pour se
rendre à l'hôtel. Tout le long du trajet,
Chariot a été l'objet d'ovations indescripti-
bles. Les Algériens lui ont réservé un accueil
d'un enthousiasme tel, que tout à l'heure,
lorsqu'il s adressera aux représentants de la
presse nord-africaine, Chariot ne pourra pas
dissimuler son émotion et pourtant Charlic
a rhabitude des foules.
Chariot a franchi les portes de l'hôtel dé-
coré de drapeaux français, marocains et an-
glais. Dans le grand hall de l'hôtel Aletti,
Chariot a prié la presse de remercier la ville
d'Alger de l'accueil particulièrement tou-
chant qu'elle lui-avait réservé ; puis Charlie
est rentré dans se\ appartements pour se re-
poser.
Il assistera ce soir à un dîner de gala or-
ganisé en son honneur, dîner auriuel assis-
teront les plus hautes personnalités algéroi-
ses. A peine fut-il dans - son appartement que
la foule massée sous son balcon le réclama à
grands cris et Chariot dut s'exécuter et ré-
pondre par des signes amicaux à l'ovation
qui lui fut faite.
Après avoir séjourné quatre jour à Alger,
et excursionné dans les environs de la ville
blanche, Charlie Chaplin poursuivra son
voyage et partira pour Tunis en visitant
Constantinc, Biskra et Bousaada. Puis Cha-
plin se rendra au Maroc et s'arrêtera à Fez,
Jeknès et Marrakech. Enfin, ayant accompli
son circuit Nord-Africain, Charlie Chaplin
partira pour l'Espagne,
A la Bibliothèque Nationale
Par MARIB- LOUISB SICAJUL
Quatre siècles de colonisation française
s'achèvent.
Pour mon dernier périple à travers les
merveilles ordonnées dans le Galerie Maza-
rine et qui font foi de la persévérance colo-
nisatrice de la France, j'ai la très grande
chance d'être « gouvernée n par M. Charfes
Du Bus, bibliothécaire depuis vingt-deux ans
à la Section de Géographie. Ce royaume de
« bleus océans, vis.ibles, infinis,.. » contient
environ 220.000 cartes dont "Ta plus ancienne
remonte à 1284. C'est à son concours éclairé
que l'on doit la très importante collection de
cartes et de plans, qui est un des grands at-
traits de cette rétrospective.
M. Charles Du Bus est un savant souriant,
un très spirituel conférencier connaissant à
fond l'histoire de notre marine et de nos an-
ciennes colonies. Je regrette de ne pouvoir
transcrire mot à mot, pour le plus grand plai-
sir des lecteurs des Annales Coloniales, l'en-
seignement si fin, si profond de ce voyageur,
pilote expérimenté sur l' ccéan des atlas et des
âges.
Avertissement
Avant de pénétrer dans cette Galerie Ma-
zarine, cadre magnifique offert à la réunion
unique de pièces et de collections rares, je
veux pousser un cri d'alarme : « Quelle est
la cause de l' incuriosité coloniale des fran-
çais? A quoi imputer la quasi indifférence qui
a accueilli cette 'Exposition, préface de la ma-
nifestation de Vincennes.
La rétrospective de la Bibliothèque Natio-
nale, dans-le plus beau cadre historique, ani-
mée par M. Julien Cain, administrateur gé-
néral de la 'Bibliothèque Nationale organisée
par M. de la Roncière, l'éminent conserva-
teur du département des Imprimés, a mise en
scène » par M. Emile Dacier, cette rétrospec-
tive coloniale devait connaître la faveur, non
pas de quelques poignées d'initiés, mais du
grand public. Mérancoliquement. M. Du Bus
constate que le succès n' a pas été à la hauteur
de l'effort accompli.
Pourquoi ? Nous heurtons-nous encore à la
mesquinerie d une publicité étriquée qui ne tou-
che pas le grand public". L'incuriosité incri-
minée ne serait-elle que de l'ignorance ? Il
est certain que le faire-savoir bénévole de la
Presse un jour d'inauguration ne constitue pas
des affiches très lumineuses.
Pourtant, cette a préface » si admirable-
ment enluminée par un apport de reliques et
de collections d'un prix inestimable, cette
«- Préfacẽ!/*"11 HËx)icuition«<3ul(inlale Intw
nationale intéressait Vincennes. Le problème
probablement est du même ordre que celui des
affiches plates et rares et des mauvaises vignet-
tes postales.
Attention ! Paris, coeur de la métropole
présentant au monde entier son empire colo-
nial, ne doit pas marchander sa sollicitude ar-
tistique.
Marine et Colonies
Le très beau voyage guidé par M. Char les
Du Bus commence sous l'égide de deux
gands. coloniaux : Gaspard de Coligny. ami-
ral de France, el Catherine de Médicis, reine
de France.
Mon pilote sourit finement : « L'histoire
de France très célèbre n'enseigne habituelle-
ment que des lieux corrununs officiels et de
pieuses et patriotiques légendes I » En marge
de la nuit de la Saint-Barthélemy, il y a le
magistral projet qui tentait de doter La France
du Brésil. Une perle à l'oreille, voici le cou-
sin de la mère de Charles IX, Philippe
Strozzi, vice-roi secret du Brésil, qui avait
l'ordre de s' emparer de cette colonie au nom
de la France, quand il fut tué aux Açores, en
livrant bataille à une flotte espagnole.
Ils sont là, aussi, les grands animateurs
Le cardinal de Richelieu qui, dès 1626,
donna une vigoureuse Impulsion à notre colo.
nisation au Canada, aux Antilles, en Afrique
Occidentale, à Madagascar.
Jean-Baptiste Colbert, ministre de la Ma
rie et des Colonies, qui reprit l'œuvre péri-
clitée de Richelieu. Il créa les Compagnie
des fndes Orientales et des Indes Occicen
tales en 1664, développant nos établissement
ta i es en 1664d, 'Afrique, d'
d'Amérique, d'Afrique*, Asie. 11 ajouta
nos possessions : Terre-Neuve, Saint-QQmin
gue, la Guyane, l'lie Bourbon, Ceylan, Pon
dichéry.
D'une carte, à un plan, à une lettre, L
précieuse leçon historique et géographique A:
M. Charles "Du Bus prouve que ce magn,ihqu
empire ne fut qu'éphémère parce que, a.
XVIIO siècle, nous n'étions pas encore convain
eus de ce principe fondamental « que Marin
et Colonie sont fonctions l'une de l' autre »
Puissent les maîtres de nos destinées modei
nes en prendre de la graine !
Livres, estampes, peintures, cartes, meubles
tapisseries, médailles, il est impossible d'énu
mérer tous les trésors géographiques accumu
lés en si peu d'espace, avec un temarquabl
talent de présentation. Ils retracent l'épopé
merveilleuse, combien navrante, de nos colo
nies perdues, et aussi l'histoire réconfortant
de l'expansion française dans le monde.
On dit notre race casanière ! Quatre siècle
de colonisation attestent au contraire que nou
adorons l' aventure.
Lorsque se déchaînait, au seizième siècle
la grande émulation des nations ? Europe pou
la découverte du monde, la part prise par le
Français nous vaut de beaux quartiers Je no
blesse. Parmentier au Brésil et à Sumatra ; 1;
découverte du Canada par Jacques Cartier
les randonnées de Champlain ; les voyages di-
nos missionnaires dans l'Amérique du Nord c,
jusqu'à Saint-Domingue.
Au dix-septième siècle, les Français abor
cîent à Madagascar où Louis XIV, en 1665
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