Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-04-02
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 avril 1931 02 avril 1931
Description : 1931/04/02 (A32,N53). 1931/04/02 (A32,N53).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380327t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
« *
1 *
6 TRENTE-DEUXIEME ANNEE. N° >53. LE NUMERO ; 80 CENTIMES JEUDI SOIR, 2 AVRIL 1981.
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Les Annales Coloniales
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Dirbcteur-'Fondateur , M.'08' RU&DEL
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Tout les arhclet publié* dans vïotre Journal ne iimih
être reprodues qu'en citant If. Aioiales Qmwiiii»
ABONNEMENTS
mes go Revue mensuelle:
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on s'abonne nos finis de*
tons bi bureaux de poste.
Le Budget de l'Algérie
..a t
Cette, année encore le budget de l'Algé-
rie ne pourra faire l'objet, devant le Par-
lement, du l'arge débat que nous réclamons
depuis plusieurs années. J
Le projet de loi tendant à autoriser la
perception des droits, produits et revenus
applicables au budget spécial de l'Algérie
pour l'exercice 1931-32 a été déposé, offi-
ciellement le 24 MAI. En réalité, il a été
distribué le 28 mai. Et il faut qu'il soit voté
avant le 31 mars. ,
Ordinairement, ce projet de loi contenait,
en même temps, les dispositions autorisant
les conseils municipaux et généraux à perce-
voir un maximum de centimes ordinaires ou
extraordinaires. Cette année, un projet de
loi spécial, ayant cet objet, a été déposé à
la fin de février.
- -
L'exposé des motits de ce projet de loi
contient ces phrases suggestives :
« L'article 19 de la loi du 30 décembre
1929 ayant reporté au IER avril, à partir
de 1931, le point de départ de l'année
financière, ill devient indispensable qu'un
texte législatif spécial autorise désormais en
'Algérie, comme en France, la mise en recou-
ivrement des rôles de prestations au début
de l'année civile.
D'autre part, il importe que les maxima
de centimes auxquels peuvent faire appel les
conseils généraux et les conseils municipaux
soient fixés avant le IOR janvier, daté d'ou-
vertûre - de l'exercice financier' des départe-
ments et des communes.
Le présent projet de loi répond à cette
double préoccupation. »
Et pour répondre À cette double préoc-
cupation si nettement spécifiée, l'administra-
tion fait déposer le projet de loi sur le bu-
reau de la Chamére, le 14 février.
Et ce retard est d'autant plus singulier
que le projet de loi était établi, dans sa
'forme actuelle, depuis longtemps puisqu'on
en prouve le texte dans le projet de budget,
soumis aux délégations financières, en no-
vembre dernier.
Il semble, vraiment, que l'Administration
affecte de marquer ostensiblement sbn dé-
dain pour le contrôle parlementaire.
La préparation du budget spécial de l'Al-
gérie n'a pas donné lieu seulement à ces inci-
dents dont peuvent être rendues responsables
IFA'simplê paresse ou l'ifiàifféfetufe des inté-
SreMés.
Elle a: soulevé des questions plus graves
qui intéressent le fonctionnement des Insti-
tutions algériennes et notre politique géné-
rale, en Algérie..
Je n'en citerai qu'une, à titre d'exemple.
Une délégation composée de neuf membres
'des délégations financières, cinq indigènes et
quatre collons et non colons, est venue à Pa-
ris, ces jours derniers. Elle avait pour, uni-
que mission de faire une démarche d'infor-
mation, auprès des pouvois publics, gouver-
nement et parlement, en. faveur d'un vaste
projet, comportant un grand programme db
travaux pour le développement de l'habitat
indigène, projet dont j'ai eu l'occasion d'en-
treienir déjà mes lecteurs des Annales Colo-
niales.
La" délégation reçue par M. le Président
'du Conseil, fut amenée à soulever, devant
lui, un certain nombre de questions, comme
celle du déficit des chemins de fer, des « dé-
penses à régulariser », de la constitution
d'une a Trésorerie » algérienne, qui intéres-
sent directement le budget spécial de l'Al-
gérie.
Sans doute, le gouvernement ayant l'occa-
sion de recevoir les membres principaux des
délégations financières, il était difficile de ne
faire aucune allusion aux questions qui ont
si viôlemment opposé, au cours de la prépa-
ration du budget, les délégations financières
et l'administration interprète, principale-
ment, du ministère des Finances. 1
Mais on voit, sans qu'il soit "besoin d'in-
sister, combien une telle procédure, mettant
en relations directes les assemblées algé-
riennes avec le gouvernement, par-dessus la
tête du gouverneur général et par-dessus le
Parlement lui-même et les représentants de
l'Algérie au Parlement, pourrait avoir de
graves conséquences, si la rencontre fortuite
.d'hier d'une délégation, qui n'avait ireçu
aucune mission officielle autre que celle de
poser la questiôn de 11'habitat indigène, pou-
vait prendre figure de précédent.
On a bien vu les inconvénients et les dan-
gers cPune telle procédure, qui n'est certes
pas prévue dans le statut fiscal de la loi de
1900 qui a consacré le principe de l'auto-
nomie fiscale contrôlée de l'Algérie, quand,
quelques jours après la visite des délégués
algériens, le gouvernement demandait au Par-
lement d'insérer d'office dans le budget
extraordinaire, par dérogation a la 101 ae
1900 et par mesure exceptionnelle, un crédit
de 150 millions pour combler le déficit des
chemins de fer, en 1931. *
Cette proposition, nettement contraire à
l'esprit et. à la lettre de la loi de 1900,
amnne à la lettre de la loi du 14 décembre
1922 qui a fixé le régime des Chemins de
fer, en Algérie, a été écartée par lia Commis-
sion des finances et le gouvernement n'a pas
insisté pour le maintien de sa proposition
primitive.
Mais de tels incidents montrent l'urgente
nécessité d'une réforme des institutions finan-
cières et politiques de l'Algérie.
Nous sommes en plein gâchis fiscal et po-
litique. Des pouvoirs concurrents se heur-
tent, des intérêts privés s'opposent, et c'est
la politique économique et sociale de L'ALL-
gérie, c'est l'avenir même de la politique
française en Afrique qui peuvent en souffrir
et qui en souffrent déjà.
A une telle situation, qui est à tout le
moins sérieuse, il faut apporter des remèdes
prompts et énergiques que le Parlement a
le devoir. d'envisager.
Ce n'est pas seulement le rapporteur du
budget qui le dit cette année, comme il l'a
déjà dit l'an dernier, mais tous ceux qui
ayant quelque autorité ont le souci de leur
-responsabilité.
Il faudra bien qu'un jour, le Parlement
qui, depuis trop longtemps, se désintéresse
de ces questions, nous entende.
Clleniie Antoneiti,
Député de la Haute-Sàvoie,
Rapporteur du budget de
V Algérie.
–: ..-..-..
--- 1
M. Carde à Alger
181
'Le gouverneur général Carde et Mme
Carde accompagnés de M. Annet, .chef de
cabinet du Gouverneur général, est arrivé
à Alger hier à 14 heures.
Ils ont été salués au débarcadère par
MM. Ricci, Lapierre, députés; Peyrouton,
secrétaire général du gouvernement géné-
ral; le Préfet, le général Georges, com-
mandant le 19° corps; l'amiral de Mont-
cabrien ; M. Bruneau, maire d'Alger et de
nombreux délégués. financiers français et
indigènes.
*
M. Walter Edge au Maroc
M. Walter Edge, ambassadeur des Etais-
Unis, remis de son indisposition, est arrivé à
Rabat.
L'ambassadeur demeurera quelques, jours à
Rabat avant de poursuivre son Voyage vers
Casablanca et Marrakech.
Vers le Maroc
t -
Le Général Gouraud, accompagné de sa
famille, s'est embarqué hier à Marseille,
sur l'Abda, à destination de Casablanca"
Le voyage du Général Gouraud ne pré-
sehte aucun caractère officiel.
I" : MP : ,
Co«ps te Ira ai Maroc
»♦»
Un groupe dé chars d* assaut effectuait une
patrouille de sécurité sur les lisières des pal-
meraies ont récemment installé un poste, quand il a
reçu quelques coups de fe,(. Un offiçJlf a été
tué.
(Par dépêche.)
̃ 1 -----
A l'Académie de Médecine
»♦«–:
La fièvre jaune
Au cours de la dernière séance, M. Petit
a fait connaître la réponse de la commission
de la fièvre .jaune à la consultation du minis-
tre des Colonies. Selon cette., réponse la com-
mission aurait- jugé que la vaccination n'offre
pas encore assez de garanties.
Le vaccin avait donné des résultats excel-
lents sur le singe, mais on n'a même pas
pu en continuer la préparation, faute de ces
animaux. Quant à la sérothérapie, il faudrait
essayer le sérum de convalescents. Certes il
existe un sérum antiamaril à la fois préventif
et curatif pour le singe. Malheureusement, si
son emploi est sans danger pour l'homme,
le stock de ce sérum est maintenant épuisé
et il faudra attendre un certain temps avant
que l'on puisse renouveler les provisions
nécessaires.
, - --
Pour une aide aux planteurs
de caoutchouc et café iodeehinois.
.t,
Voici le texte du décret pris à la date du
30 mars 1931 et autorisant le Gouverneur
général de l'Indochine à consentir des avan-
ces remboursables aux planteurs de caout-
chouc et de', café pour les plantations non
encore en rapport.
Article premier. Par dérogation aux dis-
positions du décret du 30 décembre 1912 et
des textes modificatifs subséquents, le Gou-
verneur général de l'Indochine est autorisé
à consentir ,sur les fonds de la Caisse de
réservé du gouvernement : io jusqu'à concur-
rence de 2.500.000 piastres des avances rem-
boursables aux planteurs d'arbres à caout-
chouc qui justifieront de l'entretien de plan-
tations non encore parvenues à la période
de saignée.
20 Jusqu'à concurrence de 300.000 piastres
des avances remboursables aux entreprises
qui justifieront, de l'entretien de plantations
de café non encore en rapport,
Art. 2. Les conditions dans lesquelles
ces avances seront consenties et remboursées
sont fixées par arrêtés du gouverneur géné-
ral de l'Indochine.
Au Japon
!' ..-
A l'occasion du départ du roi de Siam
pour les Etats-Unis
L'assemblée municipale de Tokio a éla-
boré un plan de réceptions pour les souve-
rains siamois ; il comprend une procession
OAtëc des lanternes, un divertissement au
yblvêâlre japonais et une réception à Paudi-
lorium. lies Bouddhistes célébreront une
fâte des fleurs.
IïDdopaciifl.
Réponse
ail t, Journal des Débats t.
-–
Il
PREUVE 1
Notre excellent
cOltfTère, le Jour-
nall des Débats,
publiait avant-hier,
dans sa première
page, un article
très judicieux, tout.
à fait dans le ton de cette publication, dont
la haute tenue ne sc dément jamais.
M. Roger Delagrange, au goût si sûr, au
sens si aigu des belles choses, s'élevait sans
pitié contre le mauvais goût du dernier tim-
bre sorti à l'occasion de VExposition Colo-
niale :
L'administration des Postes a mis en cir-
culation, à l'occasion de l'Exposition Colo-
niale, une série de timbres d'un type uni-
forme qui mç semble une erreur de goût
et une faute de psychologie. Outre que
cette tête de femme, encore peu dégagée
de la barbarie originelle, ne donne qu'une
pauvre idée de nos populations d'outre-mer,
la vignette elle-même, d'un aspect sombre
et, semble-t-il, archaïque, évoque plutôt
une brousse profonde -et primitive, non en-
core éclaircie, que la lumière et la végéta.
tion des tropiques. Nulle originalité dans la
disposition. On sait combien la lettre, le
chiffre et le monogramme peuvent prendre,
en pareil cas, une valeur décorative. Il
semble que cette pauvre effigie, toujours la
même en diverses teintes, ait été concédée
presque à regret, avec un minimum d'in-
vention et de coloris.
Comment se fait-il que la France, où se
gravent de si jolies vignettes pour l'étran-
ger, ne soit pas capable de retenir pour
elle-même quelques modèles réussis?
M. Roger Delagrange a tort de critiquer
Vàdministration des postes.
Elle n'est pas en catlse. Seul le commissa-
riat général de VExposition Coloniale est
responsable. C'est à lui qu'il devra adres-
ser ses critiques.
En effet, VExposition Coloniale a ouvert
un concours.
A la suite de ce concours, au jury duquel
ont pris part des artistes réputés, comme
MM. Adolphe Gaussen et Paui-Elie Dubois,
à côté de hauts fonctionnaires d'une bellè
impartialitét comme M. Joucla, un classe-
ment a été opéré. Notre distinguée collabo-
ratrice, Mme Càyon-Rouân, tdt classée "Ir..
mière. M. Geôre es-Charles Demoulin se-
cond, et M. Jean Trubert troisième. Sur l'in-
tervention du maréchal Lyautey et de ses
représentants, on a repêché sur la liste deux
maquettes dues à l'inévitable J. de La
Nezières, chou-chou du commissaire général
de VExposition Coloniale, déjà gavé de
commandes, affiches, dtoramas, etc., à ne
pouvoir les exécuter lui-même, dût sa vie se
prolonger encore civquante ans, déjà nommé
conseiller artistique du commissariat géné-
ral de V Exposition Coloniale, aux appointe-
ments de 2.0100 francs par mois. Les petits
produits de M. de La N tzières furent classés
quatrième et sixième.
Les timbres que, si justement, noir, dis-
tingué confrère trouve ignobles, J est sut
les conseils de M. de La Nezières qu'ils ont
été choisiset nous sommes sûrs que ce ne
sont pas ceux qui ont été primes. Que M.
Roger Delagrange demande de qui ils sont :«
nous voulons Itti laisser la bonne surprise de
la réponse.
Elle corroborera sans doute avec le côom
muni que que le commissariat général nous a
envoyé, ainsi qu'à quelques-uns de nos
confrères, et que nous avons publié la se-
maine dernière.
Au lieu. de s'adresser aux peintres primés
pu concours de VExposition Coloniale, le
ministre des P. T. T. a éprouvé le besoin
de commander un timbre à l'inévitable 1. de
La Nezières qui, par ses maîtres au concours,
fut classé loin derrière les véritables artistes.
Pauvre France !
La zaouia qui sévit au commissariat gélté-
ral de l'Exposition Coloniale étend ses ten-
tacules sur toutes les branches d'activité de
la grandc. manifestation de Vincennes.
Nous y reviendrons.
Metwcmi Riictfe!.
Au Conseil d'État
.1.
Travaux de construction du Palais de Jus-
tice de Batna.
A la requête du département de Constan-
tine le Conseil diktat a rendu-un arrêt an-
nulant un arrêté du Conseil de Préfecture
de ce département en date du 30 mai
1927 - en tant qu'il a déclaré abusive et ir-
régulière, la mise en régie de l'entreprise des
travaux de construction du Palais de Justice
de Batna. et accordé à MM. Miollau et Pe-
titjean, entrepreneurs desdits travaux une
indemnité de 30.000 francs.
Attendu que suivant les stipulations du
marché, lesdits entrepreneurs devaient en
avoir terminé à la date du 2 octobre 1929
avec les travaux de construction du Palais
de Justice de Batna or, à cette date ils
n'avaient exécuté que 57.128 francs de tra-
vaux sur un total de 109.280 fr. prévus au
projet.
.qu'il résulte de l'avis même des experts
devant le Conseil de Préfecture qu'aucune
des circonstances invoquées par les entrepre-
neurs n'était de nature à justifier l'impor-
tance du retard constaté,..
.dès lors, le département de Constantine
est fondé à soutenir que c'est à tort que par
son arrêté rendu, le Conseil de Préfecture a
déclaré irrégulière et abusive la mise en ré-
gie des tTavaux dont s'agit, et alloué aux
entrepreneurs une indemnité de 30.000 fr.
M. ReyaaNi ae partira
pas en avion
«»» -–-
Les voyages en avion sont en honneur parmi
les personnalités coloniales et parlementaires.
Les Guemeurs généraux battent des records :
on ne parlera plus de lenteur administrative. Le
ministre de l'Air entreprend de grandes tour-
nées aériennes. Un ministre de l'Air qui vole 1
c'est un comble. Les moteurs à essence don-
nent toute confiance à nos huiles lourdes.
Il paraissait anormal, dans ces conditions,
aue le ministre des Colonies n'aille pas à tire-
d'aile électriser de sa présence les pionniers
de la pus grande France qui se trouvent à
l'avant'garde de la civilisation sur les terres
ingrates conquises par l'héroïsme et le sang de
nos soldats. Un confrère annonça donc que M.
Reynaud partait visiter en avion nos possessions
africaines. 11. indiquait 1 itinéraire choisi et don-
nait des précisions troublantes. Le pilote du
ministre devait être Goulette, mais celui-ci,
n'ayant pas le temps de revenir de Madagas-
car avant le départ du ministre, à Laloiiette
revenait l'honneur insigne de conduire M.
Reynaud - de la rue Oudinot aux rives du Ni-
ger.
En réalité, M. Reynaud aurait envisage,
dans une conversation banale, si tant est que
des paroles banales puissent sortir de ses lèvres
éloquentes, la possibilité d'effectuer ce voyage;
trant quel possibilité d'effectuer ce voyage;
son entourage l'en aurait dissuadé en lui mon-
trant quel coup il porterait au prestige de la
France s'il restait en panne en plein désert.
II. se peut que le ministre des Colonies
consente à courir ce risque, mais nous pouvons
affirmer qu'aucune décision n'a été prise.
Notre confrère ne se doute pas - de l'émotion
qu'il a dû provoquer parmi quelques-uns de
ses fidèles lecteurs : les vieux broussards.
Ceux-ci aiment à évoquer l'époque bénie où
ils étaient à quinze jours de marche de leur
chef direct, à un ou deux mois de la capitale
de la colonie. Mais où sont les neiges d'an tan?
Le télégraphe et les routes automobiles ont
changé tout ça. La S.D. N. accable les ex-
broussards de circulaires sur la superficie des
champs de manioc cultivés dans leur circons-
cription ou sur le nombre de livrets de travail
qu ils ont délivrés pendant la semaine écoutée.
Si maintenant ils sont exposés à recevoir des
ministres tous les quinze jours, c'est la fin de
tout. A quoi vont bien. servir les colonies
maintenant ?
m. C.
f
Déjeuner colonial
Aujourd'hui jeudi à 1 heure, M. Paul Rey-
naud, ministre des Colonies, a offert un grand
déjeuner tue Oudinot en l'honneur de S. M.
Bao Dai, empereur d'Annam,
A ce déjeuner, se trouvaient réunis notam-
ment : MM. Pierre Laval, président du
Conseil ; Georges Mande!, député ; maréchal
Lyautey ; Pierre Pasquier, gouverneur général
de l'iadochine i Stanislas de Castellanè, pré-
sident du Conseil municipal de Paris ; Paul
Baudouin, directeur-adjoint de la Banque de
l'Indochine; Gaston Joseph ; l'inspecteur des
Finances Baumgarten, ancien chef de cabipet
de M. Reynaud au Ministère des Finances ;
Tirard, etc., etc. or
le Ministre ae l'Air va
visiter rutriqne en avktn
»♦»
Et Culot nom son pilote
Alors qu'il eut été facile à M. Jacques-
Louis Dumesnil d'être informé des travaux
accomplis et des œuvres que réclame l'Afri-
que occidentale française, en envoyant un
inspecteur en mission, le ministre a préféré
se rendre compte par lui-même. On ne peut
que le féliciter d-une initiative aussi hardie.
C'est là de bonne et belle tradition fran-
çaise.
Depuis que nous avions annoncé ce projet
nous n'étions point revenu sur les prépara-
tifs activement poussés à Villacoublay. Déjà,
deux des avions d'escorte les Bréguet 19-
lfispa-no 500 CV pilotés par le comman-
dant Bouscat et le capitaine Tavera, se sont
envolés pour Perpignan et Casablanca. Dans
la nuit du 4 au 5 le ministre enjambera à
son tour la carlingue du Bréguet grand raid
Hispano 600 CV, qui servit au commandant
Girier et au lieutenant-colonel Pierre Weiss
pour battre le record du monde de vitesse
sur 5.000 kilomètres, réaliser le voyage Paris-
Pondichéry et retour et remporter la coupe
Bibesco.
Son pilote ne sera autre que Dieudonné
Costes; qui, pour la circonstance, revêtira
l'uniforme, de capitaine orné des rubans de
commandeur de la Légion d'henrreuf, de la
médaille militaire, de la croix de guerre avec
9 palmes et 3 étoiles'et de 25 ordres étran-
gers.
L'appareil avec ses 2.000 litres d'essence
les réservoirs peuvent en contenir 4.000
les transportera d'un coup d'aile à Co-
lomb-Béchar. C'est là, aux confins du Sa-
hara, que le ministre de l'Air sera attendu
par le commandant Bouscat et le capitaine
Tavera, venus avec le mécanicien Veron et
un sous-officier mécanicien. Le général Poli-
Marchctti, qui aura été, sur un Bréguet ig-
Lorraine 450 CV, le coéquipier du colonel
Vuillemin depuis Oran, sera également au
rendez-vous, s'étant embarqué d'abord à
Saint-Raphaël à bord du nouvel hydravion
Short cour tratrner Oran.
De èolomb-Béchar l'escadrille ministérielle
prendra son vol pour Reggan, Gao, Tom-
bouctou, Kayes et Dakar. Au retour l'itiné-
raire passera par Port-Etienne, Cap-Juby,
Marrakech, Casablanca et Fez, les trois villes
marocaines que M. Dumesnil ne put visiter
comme il l'eût voulu lors du dernier voyage
présidentiel.
Est-il besoin d'ajouter que toutes les pré-
cautions sont prises pour la traversée du
Sahara et de la Mauritanie?
jr. A*
L'Exposition Coloniale
aati-impérialiste
Les coloniaux, et même les Français tout
court, se figuraient que l'Exposition colo-
niale de Vincennes allait être pour tous les
pays en général, et pour nous en particulier,
une occasion de faire connaître les produits
des possessions d'outre-mer, et surtout les
progrès accomplis par les autochtones dans
la voie de la civilisation, de l'hygiène, du
bien-être physique et social, grâce à l'appui
et aux efforts des peuples protecteurs.
Quelle erreur J Il s'agit pour la France, et
les autres pays impérialistes, comme elle
tortionnaires de peuples opprimés, de faire
étalage de la sujétion dans laquelle nous
faisons croupir nos esclaves courbés sous le
joug et maltraités, et de tirer orgueil d'une
puissance économique basée sur le contrôle
monopolisateur d'immenses domaines possé-
dés en Asie et en Afrique.
Aussi un groupe de camarades philanthro-
pes éclairés, désintéressés, sincères, ennemis
de tout mensonge, de tout bluff et de toute
violence, se propose-t-il de créer simultané-
ment une autre exposition, dans laquelle on
fera la* preuve aux yeux du public mondial
de cette exploitation éhontée des peuples
opprimés par les puissances impérialistes.
Grâce à des documents qu'il s'agit de re-
cueillir, et qu'on demande par circulaire à
tous lesJ penseurs, éditeurs, rédacteurs, pho-
tographes et groupements anti-impérialistes,
on étalera sous les yeux du monde scanda-
lisé les photographies des « palais des prin-
« ces, des chefs de tribu, des magnats in-
« dustriels, des requins commercials (sic)
« aussi bien que des gouverneurs et des
« hauts fonctionnaires impérialistes. »
En regard on étalera avec complaisance
les « preuves » plus ou moins contrôlées et
authentiques de - cc la misère - des masses co-
Ionisées, de la terreur impérialiste contre la
population, des mauvais traitements appli-
qués à l'indigène par les étrangers dans la
vie privée, publique et sociale, de la misère
des masses coloniales. » des photographies
en groupe prises pendant des périodes de fa-
mine résultant de « l'exploitation impéria-
liste » feront foi de tout cela.
Cet 'ensemble probant sera concentré à
Berlin par les soins d'une « Li u ingainst
Imperialism and for National Indépen-
dance » ayant son siège et ses bureaux 24,
Friedriclistrass, Beflin S. W. 48. Cette ligue
est subventionnée, il n'est pas besoin de le
dire, 'par les fonds de propagande sovié-
tiques.
Contre .de telles monstruosités, et contre
ces mensonges voulus et préparés, la vérité
à elle seule est une arme suffisante pour
tout esprit impartial et de bonne foi. Mais
il faut toujours craindre les effets possibles
de la calomnie, et- la. faiblesse de certains
esprits incapables de raisonner et prédispo-
sés à croire le mal. De sorte que ces docu-
ments truqués et habilement exploités peu-
vent et doivent faire du mal aussi bien aux
peuples ayant des colonies, qu'aux peuples
colonisés eux-mêmes. Mais ce n'est pas tout.
Les circulaires qui demandent les rensei-
gnements d'ordre général et soi-disant éco-
nomique1 dont la diffusion indiqtfe que l'eh-
treprise dispose de fonds abondants, solli-
citent encore d'autres indications qui en di-
sent long sur le but poursuivi par les fau-
teurs de troubles professionnels, animateurs
de cette sinistre plaisanterie. On demande
aux correspondants dont le concours est sol-
licité, d'indiquer, non seulement les entre-
prises privées prospères, leurs dividendes
distribués, le nombre de leur personnel, etc.,
mais aussi de fournir des indications aussi
précises que possible sur des points pure-
ment politiques ou de sécurité nationale.
Par exemple des cartes indiquant avec
documents joints les voies ferrées, les
lieux de concentration, de stations aérien-
nes, les routes, les arsenaux, les bases na-
vales, la préparation de guerre, etc.
On est ainsi fixé sur le but de chambarde-
ment mondial que l'on voudrait atteindre.
On comprend que les promoteurs n'aient
pas songé un instant à organiser cette ex-
position anti-impérialiste en République so-
viétique. Les visiteurs. s'il y en a, et si on
les avait laissé pénétrer dans cet Eden nou-
velle manière, auraient eu sous les yeux les
brillants résultats obtenus dans tous les do-
maines : hygiène, bien-être des masses, édu-
cation, liberté du travail, liberté tout. court
pour les hommes et les femmes, instruction
des enfants, par les dirigeants de la Répu-
blique modèle, et cela aurait sans doute peu
servi à la diffusion des leçons prêchées par
les animateurs du mouvement insurrection-
nel mondial. Car on peut se battre pour
conquérir une liberté ou un ensemble
d'avantages moraux et matériels : on ne se
fait pas casser la figure dans le but de ren-
dre pire si on échappe au massacre la
situation que l'on possède.
Mais on ne voit pas comment le gouver-
nement du Reich, qui prétend ne pas avoir
partie liée avec les Soviets, permet chez lui,
à Berlin cette provocation à la haine entre
lès peuples ; comment il autorise cette in-
sulte gratuitement faite à des nations dont
les représentants siègent à Genève à côté
des siens. A ns. que l'entente entre
Berlin et Moscou ne soit beaucoup plus in-
time que ne veulent le faire croire les dis-
cours officiels des dirigeants allemands.
En tout cas, des turpitudes de ce genre,
sinon encouragées, tout au moins tolérées
par nos voisins de l'Est, ne sont pas faites
pour calmer les inquiétudes et pour aug-
menter les chances de rapprochement entre
peuples civilisés.
Louis te Barbier.
Le retour de Bortin et Mœnsch
1.'
Burtin et Moensclt ont dû quitter Shangaf
à L'aube pour llong-Kong. Ils étaient hier
les hôtes du Consulat Général qui donne
une réception en leur honneur, Vensemble
de la comrrwnawlé française éÀ4it présente.
EN CHINE
A propos de l'exterritorialité
M. Wilden a rencontré C, T. Wang et lui a
remis la réponse française à la note chinoise
sur Vexterritorialité, M. Witden pendant son
séjour à Nankin est assisté de M. Omreau,
chef du service étranger en Indochine.
L'EXPOSITION COLONIALE
htefiatknale de Paris
«4»
Fêtes
Nous venons de recevoir le calendrier'
(provisoire) des- Fêtes de l'Exposition de
1931.
Le facteur, en nous le. remettant, sourire
aux lèvres, ne nous a rien demandé en
écltange.
Mais ne sommes-nous pas au iw avril?
Et le digne homme avait un air polisson
en nous disant :
- Voilà 1
Calendrier
Polisson? Il n'y a jpas de quoi.
Le samedi 24 et le dimanche 25 mai (l'Ex-
position sera prête sûrement à cette époque)
les chefs indigènes africains arriveront à
Vincennes par avion. Musique. Fanfare.
Dégringolade en vitesse des carlingues.
C'est ce que le calendrier appelle : La Fête
des Ailes. Ce sera plutôt, à mon sens, une
fête pédestre, car les braves chefs indigènes,
n'en doutons pas, seront fort heureux de
mettre pied à terre. Quant au public. Eh
bien, après avoir inutilement piétiné il ira
s'asseoir. à une terrasse de café, et dira :
C'est épatant 1 Mais quel dommage*
qu'on ne les ai pas vus descendre de leur
machin.
Jeudi 28. Journée Hongroise (?). Ça.
Je ne sais pas ce que cela a de colonial. Ce
sera peut-être drôle.
Vendredi 29. Gala. iL'après-midi inaugu- •
ration des Conférences par la Société des
Gens de Lettres. L'Afrique du Nord" fera
couler des flots d'éloquence. (Et c'est bien
fait pour les vieux messieurs et les collé-
giens qui se font des idées sur les charmes
verts et pervers d'une Exposition Coloniale.)
Tous ceux qui auront patienté jusqu'au
soir seront récompensés. C'est avec la cé-
lébration du Centenaire de la Légion étran-
gère et la Fête nautique qui suivra que
commence véritablement l'ère des réjouis-
sances dans les Jardins fleuris (je pense
qu'ils le seront) les fontaines lumineuses,
les portes d'Eau.
Samedi 30 mai. Des athlètes Nord-Afri-
cains du plus beau noir nous en ferons voir
de toutes les couleurs. La « célèbre troupe
Apdalousia » aussi. Mais quoi? Nous le
verrons bien ! Et puisqu'on vous dit qu'elle
est célèbre.
Dimanclte 31. Fête de la Fédération Fran-
çaise des anciens coloniaux. (Il n'y aura - ni
bamboula, ni tam-tam.) C'est sérieux. -
En juin. Mais je ne vais pas recopier le
calendrier d'un bout à l'autre (d autant
qu'il est « provisoire »).
Entre la Saint-Pamphile qui tombe, com-
me on le sait, le ier juin et la Saint-Basile
(14 juin), la musique de la Légion étrangère
se - fera entendre. - Un gala de l'Enfance -- re-
présentera Bécassine aux colonies. Déli-
cieuse idée que les tout-petits - et les plus
grands n'oublieront pas. Pour ma part,
je ferai plutôt la queue pendant trois heures
que de manquer ce charmant spectacle.
Concerts symphoniques coloniaux. Au Théâ-
tre d'Eau, fête de la Lumière avec les ballets
de Loïe Fuller, fête des Nuits africaines.
Danses sénégalaises et malgaches, cortège
du roi Béhanzin. Fête chez Ranavalo.
A la Saint-Modeste : Fête de l'Union des
Sociétés d'Education Physique et de Prépa-
ration. militaire.
A la Saint-Gervais : Grand concert sym-
phonique sous la direction du maître Ga-
briel- Pierné. Fôte nautique : la Nuit Tahi-
tienne. (Que les dieux de l'exotisme nous
donnent des ailes pour nous percher sur les
arbres afin de voir cela.)
A la Saint-Prospère : Musique des Equi-
pages de la Flotte de Toulon.
A la Saint-Maxencc : Conférence par la
Société des Gens de Lettres. (oh ! ces gens
de lettres!)
Le soir : Reconstitution d'une fête de nuit
sur le lac du Cambodge (c'est terrible d'être
obligée de manger de la soupe pour avoir
du dessert).
Enfin, pour terminer ce beau mois de
juin : la Fête du tourisme Colonial, partant
du pousse-pousse pour arriver à l'auto-che-
nille (sans publicité, naturellement).
Automobiles fleuries. Bataille de fleurs
« avec les vedettes de tous les théâtres de
Paris ». Hélas!
Et puis en juillet, et puis en août, et
puis en septembre. ? Concert' belge. Retrai-
tes aux flambeaux. Que fera-t-on au 14 juil-
- -. ,_. ":'.
let? Mais un dénie Historique et grandiose
dans Paris. L'embrasement général du lac.
Bécassine charmante retournera aux Colo-
nies. Conférences de la Société des Gens de
Lettres. (Il y en a bien plus que je n'en
dis encore.)
Et le 24 juillet un gala qui comptera :
La Nuit Inâochinoise avec concert danné
par la Garde Royale Indigène de Hué.
Le 26 du même mois, la Promenade du
Dragon, le Jeu d'échecs vivant, le Cortège
du vice-roi King Luce.
En août, Conférence par la Société des
Gens de Lettres le jour. La Féérie Coloniale
heureusement emplira la nuit parisienne.
En septembre, Conférence par la Société
des Gens de Lettres (j'en faLs partie, mais
tout de même.) Galas de la Danse et de la
Musique ; Fête des Armes Indigènes. Ré-
ception de la Musique militaire de la Garde
Royale Néerlandaise avec le concours de la
Garde Républicaine,..
C'est un programme. Un beau programme.
Mais je tremble à l'idée qu'il n'est que
provisoire.
Et si l'on doit changer quclqxic chose à
ce calendrier, je supplie M. Rouget de faire
en sorte qu'il ne nous reste pas que les con.
férences de la Socirtc des Gens de Lettres.
Pfirune-lfffrcelle Betllna.
Le couronnement du pavillon des missions
catholiques
Pour un voyageur, il y a un spectacle qui
est toujours saisissant, souvent attristant,
c'est la comparaison qui s'impose entre la
situation de la femme dans nos pays de vieille
civilisation chrétienne et celle de la femme
dans les pays que cette civilisation n'a pas
encore atteints.
Si l'on recherche l'origine de ce phéno-
mène, on doit constater que, historiquement,
cette, réhabilitation et cette élévation de la
1 *
6 TRENTE-DEUXIEME ANNEE. N° >53. LE NUMERO ; 80 CENTIMES JEUDI SOIR, 2 AVRIL 1981.
iomémil obotiella
1 Rédaction & Administra#** s
M.
«PÀ%RIS ce)
ftbtra. t LOUVRE t**V
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Les Annales Coloniales
tM tWMMMMM et réclamai sont reçues m
p bureau éu (ovmsl.
Dirbcteur-'Fondateur , M.'08' RU&DEL
-
Tout les arhclet publié* dans vïotre Journal ne iimih
être reprodues qu'en citant If. Aioiales Qmwiiii»
ABONNEMENTS
mes go Revue mensuelle:
UB M 9 mois 8 MtJr
- - -
FPMMt et
etiMiit.. Iloil IOO t M »
UFMUIP. - 240 9 12S > 78 J
on s'abonne nos finis de*
tons bi bureaux de poste.
Le Budget de l'Algérie
..a t
Cette, année encore le budget de l'Algé-
rie ne pourra faire l'objet, devant le Par-
lement, du l'arge débat que nous réclamons
depuis plusieurs années. J
Le projet de loi tendant à autoriser la
perception des droits, produits et revenus
applicables au budget spécial de l'Algérie
pour l'exercice 1931-32 a été déposé, offi-
ciellement le 24 MAI. En réalité, il a été
distribué le 28 mai. Et il faut qu'il soit voté
avant le 31 mars. ,
Ordinairement, ce projet de loi contenait,
en même temps, les dispositions autorisant
les conseils municipaux et généraux à perce-
voir un maximum de centimes ordinaires ou
extraordinaires. Cette année, un projet de
loi spécial, ayant cet objet, a été déposé à
la fin de février.
- -
L'exposé des motits de ce projet de loi
contient ces phrases suggestives :
« L'article 19 de la loi du 30 décembre
1929 ayant reporté au IER avril, à partir
de 1931, le point de départ de l'année
financière, ill devient indispensable qu'un
texte législatif spécial autorise désormais en
'Algérie, comme en France, la mise en recou-
ivrement des rôles de prestations au début
de l'année civile.
D'autre part, il importe que les maxima
de centimes auxquels peuvent faire appel les
conseils généraux et les conseils municipaux
soient fixés avant le IOR janvier, daté d'ou-
vertûre - de l'exercice financier' des départe-
ments et des communes.
Le présent projet de loi répond à cette
double préoccupation. »
Et pour répondre À cette double préoc-
cupation si nettement spécifiée, l'administra-
tion fait déposer le projet de loi sur le bu-
reau de la Chamére, le 14 février.
Et ce retard est d'autant plus singulier
que le projet de loi était établi, dans sa
'forme actuelle, depuis longtemps puisqu'on
en prouve le texte dans le projet de budget,
soumis aux délégations financières, en no-
vembre dernier.
Il semble, vraiment, que l'Administration
affecte de marquer ostensiblement sbn dé-
dain pour le contrôle parlementaire.
La préparation du budget spécial de l'Al-
gérie n'a pas donné lieu seulement à ces inci-
dents dont peuvent être rendues responsables
IFA'simplê paresse ou l'ifiàifféfetufe des inté-
SreMés.
Elle a: soulevé des questions plus graves
qui intéressent le fonctionnement des Insti-
tutions algériennes et notre politique géné-
rale, en Algérie..
Je n'en citerai qu'une, à titre d'exemple.
Une délégation composée de neuf membres
'des délégations financières, cinq indigènes et
quatre collons et non colons, est venue à Pa-
ris, ces jours derniers. Elle avait pour, uni-
que mission de faire une démarche d'infor-
mation, auprès des pouvois publics, gouver-
nement et parlement, en. faveur d'un vaste
projet, comportant un grand programme db
travaux pour le développement de l'habitat
indigène, projet dont j'ai eu l'occasion d'en-
treienir déjà mes lecteurs des Annales Colo-
niales.
La" délégation reçue par M. le Président
'du Conseil, fut amenée à soulever, devant
lui, un certain nombre de questions, comme
celle du déficit des chemins de fer, des « dé-
penses à régulariser », de la constitution
d'une a Trésorerie » algérienne, qui intéres-
sent directement le budget spécial de l'Al-
gérie.
Sans doute, le gouvernement ayant l'occa-
sion de recevoir les membres principaux des
délégations financières, il était difficile de ne
faire aucune allusion aux questions qui ont
si viôlemment opposé, au cours de la prépa-
ration du budget, les délégations financières
et l'administration interprète, principale-
ment, du ministère des Finances. 1
Mais on voit, sans qu'il soit "besoin d'in-
sister, combien une telle procédure, mettant
en relations directes les assemblées algé-
riennes avec le gouvernement, par-dessus la
tête du gouverneur général et par-dessus le
Parlement lui-même et les représentants de
l'Algérie au Parlement, pourrait avoir de
graves conséquences, si la rencontre fortuite
.d'hier d'une délégation, qui n'avait ireçu
aucune mission officielle autre que celle de
poser la questiôn de 11'habitat indigène, pou-
vait prendre figure de précédent.
On a bien vu les inconvénients et les dan-
gers cPune telle procédure, qui n'est certes
pas prévue dans le statut fiscal de la loi de
1900 qui a consacré le principe de l'auto-
nomie fiscale contrôlée de l'Algérie, quand,
quelques jours après la visite des délégués
algériens, le gouvernement demandait au Par-
lement d'insérer d'office dans le budget
extraordinaire, par dérogation a la 101 ae
1900 et par mesure exceptionnelle, un crédit
de 150 millions pour combler le déficit des
chemins de fer, en 1931. *
Cette proposition, nettement contraire à
l'esprit et. à la lettre de la loi de 1900,
amnne à la lettre de la loi du 14 décembre
1922 qui a fixé le régime des Chemins de
fer, en Algérie, a été écartée par lia Commis-
sion des finances et le gouvernement n'a pas
insisté pour le maintien de sa proposition
primitive.
Mais de tels incidents montrent l'urgente
nécessité d'une réforme des institutions finan-
cières et politiques de l'Algérie.
Nous sommes en plein gâchis fiscal et po-
litique. Des pouvoirs concurrents se heur-
tent, des intérêts privés s'opposent, et c'est
la politique économique et sociale de L'ALL-
gérie, c'est l'avenir même de la politique
française en Afrique qui peuvent en souffrir
et qui en souffrent déjà.
A une telle situation, qui est à tout le
moins sérieuse, il faut apporter des remèdes
prompts et énergiques que le Parlement a
le devoir. d'envisager.
Ce n'est pas seulement le rapporteur du
budget qui le dit cette année, comme il l'a
déjà dit l'an dernier, mais tous ceux qui
ayant quelque autorité ont le souci de leur
-responsabilité.
Il faudra bien qu'un jour, le Parlement
qui, depuis trop longtemps, se désintéresse
de ces questions, nous entende.
Clleniie Antoneiti,
Député de la Haute-Sàvoie,
Rapporteur du budget de
V Algérie.
–: ..-..-..
--- 1
M. Carde à Alger
181
'Le gouverneur général Carde et Mme
Carde accompagnés de M. Annet, .chef de
cabinet du Gouverneur général, est arrivé
à Alger hier à 14 heures.
Ils ont été salués au débarcadère par
MM. Ricci, Lapierre, députés; Peyrouton,
secrétaire général du gouvernement géné-
ral; le Préfet, le général Georges, com-
mandant le 19° corps; l'amiral de Mont-
cabrien ; M. Bruneau, maire d'Alger et de
nombreux délégués. financiers français et
indigènes.
*
M. Walter Edge au Maroc
M. Walter Edge, ambassadeur des Etais-
Unis, remis de son indisposition, est arrivé à
Rabat.
L'ambassadeur demeurera quelques, jours à
Rabat avant de poursuivre son Voyage vers
Casablanca et Marrakech.
Vers le Maroc
t -
Le Général Gouraud, accompagné de sa
famille, s'est embarqué hier à Marseille,
sur l'Abda, à destination de Casablanca"
Le voyage du Général Gouraud ne pré-
sehte aucun caractère officiel.
I" : MP : ,
Co«ps te Ira ai Maroc
»♦»
Un groupe dé chars d* assaut effectuait une
patrouille de sécurité sur les lisières des pal-
meraies
reçu quelques coups de fe,(. Un offiçJlf a été
tué.
(Par dépêche.)
̃ 1 -----
A l'Académie de Médecine
»♦«–:
La fièvre jaune
Au cours de la dernière séance, M. Petit
a fait connaître la réponse de la commission
de la fièvre .jaune à la consultation du minis-
tre des Colonies. Selon cette., réponse la com-
mission aurait- jugé que la vaccination n'offre
pas encore assez de garanties.
Le vaccin avait donné des résultats excel-
lents sur le singe, mais on n'a même pas
pu en continuer la préparation, faute de ces
animaux. Quant à la sérothérapie, il faudrait
essayer le sérum de convalescents. Certes il
existe un sérum antiamaril à la fois préventif
et curatif pour le singe. Malheureusement, si
son emploi est sans danger pour l'homme,
le stock de ce sérum est maintenant épuisé
et il faudra attendre un certain temps avant
que l'on puisse renouveler les provisions
nécessaires.
, - --
Pour une aide aux planteurs
de caoutchouc et café iodeehinois.
.t,
Voici le texte du décret pris à la date du
30 mars 1931 et autorisant le Gouverneur
général de l'Indochine à consentir des avan-
ces remboursables aux planteurs de caout-
chouc et de', café pour les plantations non
encore en rapport.
Article premier. Par dérogation aux dis-
positions du décret du 30 décembre 1912 et
des textes modificatifs subséquents, le Gou-
verneur général de l'Indochine est autorisé
à consentir ,sur les fonds de la Caisse de
réservé du gouvernement : io jusqu'à concur-
rence de 2.500.000 piastres des avances rem-
boursables aux planteurs d'arbres à caout-
chouc qui justifieront de l'entretien de plan-
tations non encore parvenues à la période
de saignée.
20 Jusqu'à concurrence de 300.000 piastres
des avances remboursables aux entreprises
qui justifieront, de l'entretien de plantations
de café non encore en rapport,
Art. 2. Les conditions dans lesquelles
ces avances seront consenties et remboursées
sont fixées par arrêtés du gouverneur géné-
ral de l'Indochine.
Au Japon
!' ..-
A l'occasion du départ du roi de Siam
pour les Etats-Unis
L'assemblée municipale de Tokio a éla-
boré un plan de réceptions pour les souve-
rains siamois ; il comprend une procession
OAtëc des lanternes, un divertissement au
yblvêâlre japonais et une réception à Paudi-
lorium. lies Bouddhistes célébreront une
fâte des fleurs.
IïDdopaciifl.
Réponse
ail t, Journal des Débats t.
-–
Il
PREUVE 1
Notre excellent
cOltfTère, le Jour-
nall des Débats,
publiait avant-hier,
dans sa première
page, un article
très judicieux, tout.
à fait dans le ton de cette publication, dont
la haute tenue ne sc dément jamais.
M. Roger Delagrange, au goût si sûr, au
sens si aigu des belles choses, s'élevait sans
pitié contre le mauvais goût du dernier tim-
bre sorti à l'occasion de VExposition Colo-
niale :
L'administration des Postes a mis en cir-
culation, à l'occasion de l'Exposition Colo-
niale, une série de timbres d'un type uni-
forme qui mç semble une erreur de goût
et une faute de psychologie. Outre que
cette tête de femme, encore peu dégagée
de la barbarie originelle, ne donne qu'une
pauvre idée de nos populations d'outre-mer,
la vignette elle-même, d'un aspect sombre
et, semble-t-il, archaïque, évoque plutôt
une brousse profonde -et primitive, non en-
core éclaircie, que la lumière et la végéta.
tion des tropiques. Nulle originalité dans la
disposition. On sait combien la lettre, le
chiffre et le monogramme peuvent prendre,
en pareil cas, une valeur décorative. Il
semble que cette pauvre effigie, toujours la
même en diverses teintes, ait été concédée
presque à regret, avec un minimum d'in-
vention et de coloris.
Comment se fait-il que la France, où se
gravent de si jolies vignettes pour l'étran-
ger, ne soit pas capable de retenir pour
elle-même quelques modèles réussis?
M. Roger Delagrange a tort de critiquer
Vàdministration des postes.
Elle n'est pas en catlse. Seul le commissa-
riat général de VExposition Coloniale est
responsable. C'est à lui qu'il devra adres-
ser ses critiques.
En effet, VExposition Coloniale a ouvert
un concours.
A la suite de ce concours, au jury duquel
ont pris part des artistes réputés, comme
MM. Adolphe Gaussen et Paui-Elie Dubois,
à côté de hauts fonctionnaires d'une bellè
impartialitét comme M. Joucla, un classe-
ment a été opéré. Notre distinguée collabo-
ratrice, Mme Càyon-Rouân, tdt classée "Ir..
mière. M. Geôre es-Charles Demoulin se-
cond, et M. Jean Trubert troisième. Sur l'in-
tervention du maréchal Lyautey et de ses
représentants, on a repêché sur la liste deux
maquettes dues à l'inévitable J. de La
Nezières, chou-chou du commissaire général
de VExposition Coloniale, déjà gavé de
commandes, affiches, dtoramas, etc., à ne
pouvoir les exécuter lui-même, dût sa vie se
prolonger encore civquante ans, déjà nommé
conseiller artistique du commissariat géné-
ral de V Exposition Coloniale, aux appointe-
ments de 2.0100 francs par mois. Les petits
produits de M. de La N tzières furent classés
quatrième et sixième.
Les timbres que, si justement, noir, dis-
tingué confrère trouve ignobles, J est sut
les conseils de M. de La Nezières qu'ils ont
été choisiset nous sommes sûrs que ce ne
sont pas ceux qui ont été primes. Que M.
Roger Delagrange demande de qui ils sont :«
nous voulons Itti laisser la bonne surprise de
la réponse.
Elle corroborera sans doute avec le côom
muni que que le commissariat général nous a
envoyé, ainsi qu'à quelques-uns de nos
confrères, et que nous avons publié la se-
maine dernière.
Au lieu. de s'adresser aux peintres primés
pu concours de VExposition Coloniale, le
ministre des P. T. T. a éprouvé le besoin
de commander un timbre à l'inévitable 1. de
La Nezières qui, par ses maîtres au concours,
fut classé loin derrière les véritables artistes.
Pauvre France !
La zaouia qui sévit au commissariat gélté-
ral de l'Exposition Coloniale étend ses ten-
tacules sur toutes les branches d'activité de
la grandc. manifestation de Vincennes.
Nous y reviendrons.
Metwcmi Riictfe!.
Au Conseil d'État
.1.
Travaux de construction du Palais de Jus-
tice de Batna.
A la requête du département de Constan-
tine le Conseil diktat a rendu-un arrêt an-
nulant un arrêté du Conseil de Préfecture
de ce département en date du 30 mai
1927 - en tant qu'il a déclaré abusive et ir-
régulière, la mise en régie de l'entreprise des
travaux de construction du Palais de Justice
de Batna. et accordé à MM. Miollau et Pe-
titjean, entrepreneurs desdits travaux une
indemnité de 30.000 francs.
Attendu que suivant les stipulations du
marché, lesdits entrepreneurs devaient en
avoir terminé à la date du 2 octobre 1929
avec les travaux de construction du Palais
de Justice de Batna or, à cette date ils
n'avaient exécuté que 57.128 francs de tra-
vaux sur un total de 109.280 fr. prévus au
projet.
.qu'il résulte de l'avis même des experts
devant le Conseil de Préfecture qu'aucune
des circonstances invoquées par les entrepre-
neurs n'était de nature à justifier l'impor-
tance du retard constaté,..
.dès lors, le département de Constantine
est fondé à soutenir que c'est à tort que par
son arrêté rendu, le Conseil de Préfecture a
déclaré irrégulière et abusive la mise en ré-
gie des tTavaux dont s'agit, et alloué aux
entrepreneurs une indemnité de 30.000 fr.
M. ReyaaNi ae partira
pas en avion
«»» -–-
Les voyages en avion sont en honneur parmi
les personnalités coloniales et parlementaires.
Les Guemeurs généraux battent des records :
on ne parlera plus de lenteur administrative. Le
ministre de l'Air entreprend de grandes tour-
nées aériennes. Un ministre de l'Air qui vole 1
c'est un comble. Les moteurs à essence don-
nent toute confiance à nos huiles lourdes.
Il paraissait anormal, dans ces conditions,
aue le ministre des Colonies n'aille pas à tire-
d'aile électriser de sa présence les pionniers
de la pus grande France qui se trouvent à
l'avant'garde de la civilisation sur les terres
ingrates conquises par l'héroïsme et le sang de
nos soldats. Un confrère annonça donc que M.
Reynaud partait visiter en avion nos possessions
africaines. 11. indiquait 1 itinéraire choisi et don-
nait des précisions troublantes. Le pilote du
ministre devait être Goulette, mais celui-ci,
n'ayant pas le temps de revenir de Madagas-
car avant le départ du ministre, à Laloiiette
revenait l'honneur insigne de conduire M.
Reynaud - de la rue Oudinot aux rives du Ni-
ger.
En réalité, M. Reynaud aurait envisage,
dans une conversation banale, si tant est que
des paroles banales puissent sortir de ses lèvres
éloquentes, la possibilité d'effectuer ce voyage;
trant quel possibilité d'effectuer ce voyage;
son entourage l'en aurait dissuadé en lui mon-
trant quel coup il porterait au prestige de la
France s'il restait en panne en plein désert.
II. se peut que le ministre des Colonies
consente à courir ce risque, mais nous pouvons
affirmer qu'aucune décision n'a été prise.
Notre confrère ne se doute pas - de l'émotion
qu'il a dû provoquer parmi quelques-uns de
ses fidèles lecteurs : les vieux broussards.
Ceux-ci aiment à évoquer l'époque bénie où
ils étaient à quinze jours de marche de leur
chef direct, à un ou deux mois de la capitale
de la colonie. Mais où sont les neiges d'an tan?
Le télégraphe et les routes automobiles ont
changé tout ça. La S.D. N. accable les ex-
broussards de circulaires sur la superficie des
champs de manioc cultivés dans leur circons-
cription ou sur le nombre de livrets de travail
qu ils ont délivrés pendant la semaine écoutée.
Si maintenant ils sont exposés à recevoir des
ministres tous les quinze jours, c'est la fin de
tout. A quoi vont bien. servir les colonies
maintenant ?
m. C.
f
Déjeuner colonial
Aujourd'hui jeudi à 1 heure, M. Paul Rey-
naud, ministre des Colonies, a offert un grand
déjeuner tue Oudinot en l'honneur de S. M.
Bao Dai, empereur d'Annam,
A ce déjeuner, se trouvaient réunis notam-
ment : MM. Pierre Laval, président du
Conseil ; Georges Mande!, député ; maréchal
Lyautey ; Pierre Pasquier, gouverneur général
de l'iadochine i Stanislas de Castellanè, pré-
sident du Conseil municipal de Paris ; Paul
Baudouin, directeur-adjoint de la Banque de
l'Indochine; Gaston Joseph ; l'inspecteur des
Finances Baumgarten, ancien chef de cabipet
de M. Reynaud au Ministère des Finances ;
Tirard, etc., etc. or
le Ministre ae l'Air va
visiter rutriqne en avktn
»♦»
Et Culot nom son pilote
Alors qu'il eut été facile à M. Jacques-
Louis Dumesnil d'être informé des travaux
accomplis et des œuvres que réclame l'Afri-
que occidentale française, en envoyant un
inspecteur en mission, le ministre a préféré
se rendre compte par lui-même. On ne peut
que le féliciter d-une initiative aussi hardie.
C'est là de bonne et belle tradition fran-
çaise.
Depuis que nous avions annoncé ce projet
nous n'étions point revenu sur les prépara-
tifs activement poussés à Villacoublay. Déjà,
deux des avions d'escorte les Bréguet 19-
lfispa-no 500 CV pilotés par le comman-
dant Bouscat et le capitaine Tavera, se sont
envolés pour Perpignan et Casablanca. Dans
la nuit du 4 au 5 le ministre enjambera à
son tour la carlingue du Bréguet grand raid
Hispano 600 CV, qui servit au commandant
Girier et au lieutenant-colonel Pierre Weiss
pour battre le record du monde de vitesse
sur 5.000 kilomètres, réaliser le voyage Paris-
Pondichéry et retour et remporter la coupe
Bibesco.
Son pilote ne sera autre que Dieudonné
Costes; qui, pour la circonstance, revêtira
l'uniforme, de capitaine orné des rubans de
commandeur de la Légion d'henrreuf, de la
médaille militaire, de la croix de guerre avec
9 palmes et 3 étoiles'et de 25 ordres étran-
gers.
L'appareil avec ses 2.000 litres d'essence
les réservoirs peuvent en contenir 4.000
les transportera d'un coup d'aile à Co-
lomb-Béchar. C'est là, aux confins du Sa-
hara, que le ministre de l'Air sera attendu
par le commandant Bouscat et le capitaine
Tavera, venus avec le mécanicien Veron et
un sous-officier mécanicien. Le général Poli-
Marchctti, qui aura été, sur un Bréguet ig-
Lorraine 450 CV, le coéquipier du colonel
Vuillemin depuis Oran, sera également au
rendez-vous, s'étant embarqué d'abord à
Saint-Raphaël à bord du nouvel hydravion
Short cour tratrner Oran.
De èolomb-Béchar l'escadrille ministérielle
prendra son vol pour Reggan, Gao, Tom-
bouctou, Kayes et Dakar. Au retour l'itiné-
raire passera par Port-Etienne, Cap-Juby,
Marrakech, Casablanca et Fez, les trois villes
marocaines que M. Dumesnil ne put visiter
comme il l'eût voulu lors du dernier voyage
présidentiel.
Est-il besoin d'ajouter que toutes les pré-
cautions sont prises pour la traversée du
Sahara et de la Mauritanie?
jr. A*
L'Exposition Coloniale
aati-impérialiste
Les coloniaux, et même les Français tout
court, se figuraient que l'Exposition colo-
niale de Vincennes allait être pour tous les
pays en général, et pour nous en particulier,
une occasion de faire connaître les produits
des possessions d'outre-mer, et surtout les
progrès accomplis par les autochtones dans
la voie de la civilisation, de l'hygiène, du
bien-être physique et social, grâce à l'appui
et aux efforts des peuples protecteurs.
Quelle erreur J Il s'agit pour la France, et
les autres pays impérialistes, comme elle
tortionnaires de peuples opprimés, de faire
étalage de la sujétion dans laquelle nous
faisons croupir nos esclaves courbés sous le
joug et maltraités, et de tirer orgueil d'une
puissance économique basée sur le contrôle
monopolisateur d'immenses domaines possé-
dés en Asie et en Afrique.
Aussi un groupe de camarades philanthro-
pes éclairés, désintéressés, sincères, ennemis
de tout mensonge, de tout bluff et de toute
violence, se propose-t-il de créer simultané-
ment une autre exposition, dans laquelle on
fera la* preuve aux yeux du public mondial
de cette exploitation éhontée des peuples
opprimés par les puissances impérialistes.
Grâce à des documents qu'il s'agit de re-
cueillir, et qu'on demande par circulaire à
tous lesJ penseurs, éditeurs, rédacteurs, pho-
tographes et groupements anti-impérialistes,
on étalera sous les yeux du monde scanda-
lisé les photographies des « palais des prin-
« ces, des chefs de tribu, des magnats in-
« dustriels, des requins commercials (sic)
« aussi bien que des gouverneurs et des
« hauts fonctionnaires impérialistes. »
En regard on étalera avec complaisance
les « preuves » plus ou moins contrôlées et
authentiques de - cc la misère - des masses co-
Ionisées, de la terreur impérialiste contre la
population, des mauvais traitements appli-
qués à l'indigène par les étrangers dans la
vie privée, publique et sociale, de la misère
des masses coloniales. » des photographies
en groupe prises pendant des périodes de fa-
mine résultant de « l'exploitation impéria-
liste » feront foi de tout cela.
Cet 'ensemble probant sera concentré à
Berlin par les soins d'une « Li u ingainst
Imperialism and for National Indépen-
dance » ayant son siège et ses bureaux 24,
Friedriclistrass, Beflin S. W. 48. Cette ligue
est subventionnée, il n'est pas besoin de le
dire, 'par les fonds de propagande sovié-
tiques.
Contre .de telles monstruosités, et contre
ces mensonges voulus et préparés, la vérité
à elle seule est une arme suffisante pour
tout esprit impartial et de bonne foi. Mais
il faut toujours craindre les effets possibles
de la calomnie, et- la. faiblesse de certains
esprits incapables de raisonner et prédispo-
sés à croire le mal. De sorte que ces docu-
ments truqués et habilement exploités peu-
vent et doivent faire du mal aussi bien aux
peuples ayant des colonies, qu'aux peuples
colonisés eux-mêmes. Mais ce n'est pas tout.
Les circulaires qui demandent les rensei-
gnements d'ordre général et soi-disant éco-
nomique1 dont la diffusion indiqtfe que l'eh-
treprise dispose de fonds abondants, solli-
citent encore d'autres indications qui en di-
sent long sur le but poursuivi par les fau-
teurs de troubles professionnels, animateurs
de cette sinistre plaisanterie. On demande
aux correspondants dont le concours est sol-
licité, d'indiquer, non seulement les entre-
prises privées prospères, leurs dividendes
distribués, le nombre de leur personnel, etc.,
mais aussi de fournir des indications aussi
précises que possible sur des points pure-
ment politiques ou de sécurité nationale.
Par exemple des cartes indiquant avec
documents joints les voies ferrées, les
lieux de concentration, de stations aérien-
nes, les routes, les arsenaux, les bases na-
vales, la préparation de guerre, etc.
On est ainsi fixé sur le but de chambarde-
ment mondial que l'on voudrait atteindre.
On comprend que les promoteurs n'aient
pas songé un instant à organiser cette ex-
position anti-impérialiste en République so-
viétique. Les visiteurs. s'il y en a, et si on
les avait laissé pénétrer dans cet Eden nou-
velle manière, auraient eu sous les yeux les
brillants résultats obtenus dans tous les do-
maines : hygiène, bien-être des masses, édu-
cation, liberté du travail, liberté tout. court
pour les hommes et les femmes, instruction
des enfants, par les dirigeants de la Répu-
blique modèle, et cela aurait sans doute peu
servi à la diffusion des leçons prêchées par
les animateurs du mouvement insurrection-
nel mondial. Car on peut se battre pour
conquérir une liberté ou un ensemble
d'avantages moraux et matériels : on ne se
fait pas casser la figure dans le but de ren-
dre pire si on échappe au massacre la
situation que l'on possède.
Mais on ne voit pas comment le gouver-
nement du Reich, qui prétend ne pas avoir
partie liée avec les Soviets, permet chez lui,
à Berlin cette provocation à la haine entre
lès peuples ; comment il autorise cette in-
sulte gratuitement faite à des nations dont
les représentants siègent à Genève à côté
des siens. A ns. que l'entente entre
Berlin et Moscou ne soit beaucoup plus in-
time que ne veulent le faire croire les dis-
cours officiels des dirigeants allemands.
En tout cas, des turpitudes de ce genre,
sinon encouragées, tout au moins tolérées
par nos voisins de l'Est, ne sont pas faites
pour calmer les inquiétudes et pour aug-
menter les chances de rapprochement entre
peuples civilisés.
Louis te Barbier.
Le retour de Bortin et Mœnsch
1.'
Burtin et Moensclt ont dû quitter Shangaf
à L'aube pour llong-Kong. Ils étaient hier
les hôtes du Consulat Général qui donne
une réception en leur honneur, Vensemble
de la comrrwnawlé française éÀ4it présente.
EN CHINE
A propos de l'exterritorialité
M. Wilden a rencontré C, T. Wang et lui a
remis la réponse française à la note chinoise
sur Vexterritorialité, M. Witden pendant son
séjour à Nankin est assisté de M. Omreau,
chef du service étranger en Indochine.
L'EXPOSITION COLONIALE
htefiatknale de Paris
«4»
Fêtes
Nous venons de recevoir le calendrier'
(provisoire) des- Fêtes de l'Exposition de
1931.
Le facteur, en nous le. remettant, sourire
aux lèvres, ne nous a rien demandé en
écltange.
Mais ne sommes-nous pas au iw avril?
Et le digne homme avait un air polisson
en nous disant :
- Voilà 1
Calendrier
Polisson? Il n'y a jpas de quoi.
Le samedi 24 et le dimanche 25 mai (l'Ex-
position sera prête sûrement à cette époque)
les chefs indigènes africains arriveront à
Vincennes par avion. Musique. Fanfare.
Dégringolade en vitesse des carlingues.
C'est ce que le calendrier appelle : La Fête
des Ailes. Ce sera plutôt, à mon sens, une
fête pédestre, car les braves chefs indigènes,
n'en doutons pas, seront fort heureux de
mettre pied à terre. Quant au public. Eh
bien, après avoir inutilement piétiné il ira
s'asseoir. à une terrasse de café, et dira :
C'est épatant 1 Mais quel dommage*
qu'on ne les ai pas vus descendre de leur
machin.
Jeudi 28. Journée Hongroise (?). Ça.
Je ne sais pas ce que cela a de colonial. Ce
sera peut-être drôle.
Vendredi 29. Gala. iL'après-midi inaugu- •
ration des Conférences par la Société des
Gens de Lettres. L'Afrique du Nord" fera
couler des flots d'éloquence. (Et c'est bien
fait pour les vieux messieurs et les collé-
giens qui se font des idées sur les charmes
verts et pervers d'une Exposition Coloniale.)
Tous ceux qui auront patienté jusqu'au
soir seront récompensés. C'est avec la cé-
lébration du Centenaire de la Légion étran-
gère et la Fête nautique qui suivra que
commence véritablement l'ère des réjouis-
sances dans les Jardins fleuris (je pense
qu'ils le seront) les fontaines lumineuses,
les portes d'Eau.
Samedi 30 mai. Des athlètes Nord-Afri-
cains du plus beau noir nous en ferons voir
de toutes les couleurs. La « célèbre troupe
Apdalousia » aussi. Mais quoi? Nous le
verrons bien ! Et puisqu'on vous dit qu'elle
est célèbre.
Dimanclte 31. Fête de la Fédération Fran-
çaise des anciens coloniaux. (Il n'y aura - ni
bamboula, ni tam-tam.) C'est sérieux. -
En juin. Mais je ne vais pas recopier le
calendrier d'un bout à l'autre (d autant
qu'il est « provisoire »).
Entre la Saint-Pamphile qui tombe, com-
me on le sait, le ier juin et la Saint-Basile
(14 juin), la musique de la Légion étrangère
se - fera entendre. - Un gala de l'Enfance -- re-
présentera Bécassine aux colonies. Déli-
cieuse idée que les tout-petits - et les plus
grands n'oublieront pas. Pour ma part,
je ferai plutôt la queue pendant trois heures
que de manquer ce charmant spectacle.
Concerts symphoniques coloniaux. Au Théâ-
tre d'Eau, fête de la Lumière avec les ballets
de Loïe Fuller, fête des Nuits africaines.
Danses sénégalaises et malgaches, cortège
du roi Béhanzin. Fête chez Ranavalo.
A la Saint-Modeste : Fête de l'Union des
Sociétés d'Education Physique et de Prépa-
ration. militaire.
A la Saint-Gervais : Grand concert sym-
phonique sous la direction du maître Ga-
briel- Pierné. Fôte nautique : la Nuit Tahi-
tienne. (Que les dieux de l'exotisme nous
donnent des ailes pour nous percher sur les
arbres afin de voir cela.)
A la Saint-Prospère : Musique des Equi-
pages de la Flotte de Toulon.
A la Saint-Maxencc : Conférence par la
Société des Gens de Lettres. (oh ! ces gens
de lettres!)
Le soir : Reconstitution d'une fête de nuit
sur le lac du Cambodge (c'est terrible d'être
obligée de manger de la soupe pour avoir
du dessert).
Enfin, pour terminer ce beau mois de
juin : la Fête du tourisme Colonial, partant
du pousse-pousse pour arriver à l'auto-che-
nille (sans publicité, naturellement).
Automobiles fleuries. Bataille de fleurs
« avec les vedettes de tous les théâtres de
Paris ». Hélas!
Et puis en juillet, et puis en août, et
puis en septembre. ? Concert' belge. Retrai-
tes aux flambeaux. Que fera-t-on au 14 juil-
- -. ,_. ":'.
let? Mais un dénie Historique et grandiose
dans Paris. L'embrasement général du lac.
Bécassine charmante retournera aux Colo-
nies. Conférences de la Société des Gens de
Lettres. (Il y en a bien plus que je n'en
dis encore.)
Et le 24 juillet un gala qui comptera :
La Nuit Inâochinoise avec concert danné
par la Garde Royale Indigène de Hué.
Le 26 du même mois, la Promenade du
Dragon, le Jeu d'échecs vivant, le Cortège
du vice-roi King Luce.
En août, Conférence par la Société des
Gens de Lettres le jour. La Féérie Coloniale
heureusement emplira la nuit parisienne.
En septembre, Conférence par la Société
des Gens de Lettres (j'en faLs partie, mais
tout de même.) Galas de la Danse et de la
Musique ; Fête des Armes Indigènes. Ré-
ception de la Musique militaire de la Garde
Royale Néerlandaise avec le concours de la
Garde Républicaine,..
C'est un programme. Un beau programme.
Mais je tremble à l'idée qu'il n'est que
provisoire.
Et si l'on doit changer quclqxic chose à
ce calendrier, je supplie M. Rouget de faire
en sorte qu'il ne nous reste pas que les con.
férences de la Socirtc des Gens de Lettres.
Pfirune-lfffrcelle Betllna.
Le couronnement du pavillon des missions
catholiques
Pour un voyageur, il y a un spectacle qui
est toujours saisissant, souvent attristant,
c'est la comparaison qui s'impose entre la
situation de la femme dans nos pays de vieille
civilisation chrétienne et celle de la femme
dans les pays que cette civilisation n'a pas
encore atteints.
Si l'on recherche l'origine de ce phéno-
mène, on doit constater que, historiquement,
cette, réhabilitation et cette élévation de la
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