Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-03-16
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 mars 1931 16 mars 1931
Description : 1931/03/16 (A32,N43). 1931/03/16 (A32,N43).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380318v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
^RENTE-DEUXIEME ANNCZ, , N 4q, , LE NUMfcJHO i UU GBNTIMKS LU NUI suih, lu MAHci WL
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Les Annales Coloniales
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tu MUioneei et réclame* gont teçuet m
bttrteu du fournal.
s Maroel RUBDEL
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L'habitat indigène en Algérie
) gonët m- « -
La question de l'habitat indigène en Al-
gérie est une question sociale de la plus
haute importance.
ElIlè a été posée, il y a quelques années,
grâce à l'initiative heureuse d'un homme,
M. Charles Lévy, délégué financier de la
-- région de Sétif. --- -- - ---
A 200 mètres de Sétif existait un village
appelé le « village nègre » ; c'était une mi-
sérable agglomération de tSo, masures ou
cahutes où s'entassait un millier d'individus
avec leur famille, véritable tribu de men-
diants, qualifiée, par les habitants de Sétif,
du nom suggestif de tribu des « Boni Ra-
massis ».
Sur les projets et plans de M. Charles
Lévy, on construisit dans un endroit plus
sain et dans des conditions plus favorables
Une véritable petite cité indigène où l'on
transplanta, le « village nègr".
- Les résultats furent saisissants : au bout
de trois ans, on constatait que la mortalité
était topibée de 11. à 1 *
Le succès incontestable1 de cette expérience
a fait Maitre .uu très vaste projet, dont les
délégations financières ont eu à !,doccuper
déjà, l'an dernier. 11 ne s'agit rien moins
que d'édifier 4.000 villages indigènes, quatre
cent mille maisons ou petites fermes à
l'usage des indigènes, la dépense étant éva-
luée à environ 5 milliards.
Un crédit de 5 millions avait été inscrit
au budget de*l'an dernier pour permettre
d'étendre l'expérience de Sétif à d'autres
régions.
On a ainsi construit ou mis en construc-
tion dans' le département d'Alger 40 maisons
à Bordj-M.enaïet', 3 groupes de maisons re-
présentant 40 logements à Stnoueli, 16 mai-
sons représentant 40 logements à El-Affroun,
6 maisons représentant 24 logements à Ri-
vet, 3 maisons Ireprsentant 12 logements
à Âmetir-El-Aïn.
Dans le département de Constantine, le
programme en cours comporte 12 lots de
I2 maisons chacun il Sétif, 14 maisons aux
llhiras.
Enfin, dans le département de Constan-
tine, on a entrepris l'a construction de huit
^îrutisorll jumelées à Maghnia.
D'autres projets vont faire l'objet de pro-
chaines - adjudications dans les communes
d'Affrevillç, Ténès, Maillot, Fhilippevillc,
S-edrdtn, Sebdou, Hammam, Bou-Hadjar et
Saint-lucieni
'* La conception technique- qui a.-présidcù
cette œuvre est forj simple 1
L"habi\ation indigène, se compose d'une
très grande chnmbrct de 5 mètres sur-4 mè-
tres, avec un courette sur le devant. Quand
la famille grandit, on supprime la sépara-
tion transversale des courettes et l'on ob-
tient ainsi des habitations de deux ou trois
Chambres contiguës.
̃' Le prix de la cellule isolée est de 12 h
14,000 francs, jumelée de 20 à 22.000 fr.
Bien entendu, on ne peut rien demander
à l'indigène lui-même pour la cpnstruction.
1. CeUe-ci est payées pAr la commune,
et 75 par les pouvoirs publics, Algérie ou
métropole.
La commune emprunte et couvre les char-
ges d'intérêt et d'amortissement par un
loyer très modeste de 200 francs par an,
qu'elle fait payer a l'indigène occupant qui
devient prgpriétairc au bout de 25 ou 30 ans.
Il ne faudrait point s'imaginer que ces
projets ne se sont heurtés à aucune opposi-
tion; en Algérie même;
L'an dernier encore, à la dénégation des
non-colons, un délégué faisait remarquer:
« D'après les chiffres qui ont été indi-
qués, c'est un sacrifice d'une très grosse im-
portance que l'on demande à l'Algérie, aux
Contribuables algériens. Je me demande si
ceux-ci ne trouveront pas surprenant que l'on
s'occupe tant des populations indigènes; alors
qu'ils ne participent pas aux avantages de
cette décision ? »
Un autre délégué faisait remarquer :
« Ce sont surtout les charges d'édilité
qui m'effraient. Ces maisons seront sou-
vent construites aux environs du village, sur
des terrains communaux ; il faudra y parve-
nir aisément, et que dire des travaux d'ad-
duction d'eau, des égouts. Or, ces dépenses,
dans bien des cas, seront supérieures aux dé-
penses de construction. »
Pour vaincre ces difficultés, on a édifié
un projet de financement fort ingénieux.
L'Algérie demande à la métropole de con-
sentir à ce que sa contribution annuelle aux
charges militaires que la loi de finances de
1924 a fixée à 6 de ses recettes ordinai-
res, avec lift minimum de 25 millions, ne
puisse dépasset" en aucun cas, 70 millions,
chiffre aujourd'hui atteint. Le surplus serait
-abandonné à l'Algérie pour être affecté à
la réalisation progressive du programme de
l'habitat indigène.
Le rythme d'accroissement de la contribu-
tion annuelle ayant été jusqu'ici de 6 à 7
millions, et pouvant, par conséquent, être
fixé, sans crainte d'erreur, à 3 milllions au
moins pour l'avenir, on espère pouvoir finan-
cer ainsi, chaque année, un emprunt de 50
millions dont le montant serait entièrement
consacré à la réalisation du programme de
construction,
Le système est ingénieux, Il donne l'illu-
sion au contribuable algérien que ce n e.>t.
pas lui, mais la métropole qui paie, ce qui,
au reste, est faux, ca,r c'est bien lui qui paie
la redevance annuelle.
Par ailleurs, l'hypothèse sur laquellte il
est fondé, qui est le développement régulier
pendant cinquante ans du budget de l'AI-
gérie, peut se trouver déjouée beaucoup plus
tôt qu'on ne l'imagine.
Mais il n'en demeure pas moins quei Le
problème social subsiste et qu'il appelle une
prompte solution.
Dans une notice que j'ai sous les yeux en
écrivant cet article, je lis :
« Réformer l'habitation indigène, c'est
assurément entreprendre une tâche hardie,
car c'est opérer Une véritable révolution dans
les mœurs familiales et faire disparaître des
servitudes anciennes et encore imprégnées
de la barbarie des siècles passés. »
Il faut aider ceux qui préparent cette ré-
volution.
JEffenne ifnldiiefli,
Député de la Haute-Savoie,
Rapporteur du budget de
l'Algérie.
Le mouvement de la navigation
au Dahomey en 1930
̃ 4»
En décembre 1930, 011 a compté dans les
principaux ports du Dahomey (Cotonou,
Ouidan et Grand Popo) 60 navires entrés et
sortis qui ont débarqué 7.680 tonnes de mar-
chandises et embarqué 4.428 tonnes de pro-
duits.
Par I)avillon, le trafic se répartit ainsi :
Navires entrés Marchandises
et sortis débarquées embarquées
(Tonnes)
22 français 5.821 406
24 anglais 1.726 2.183
5 allethands 15 981
6 hollandais 76 253
3 italiens 42 606
60 7.680 4.429
Comparé aux chiffres des trons années
prétédelltes, le mouvement de la navigation
pendant l'année 1930 se présente comme
suit :
1930 1929
(Tonnes)
Navires entrés et sortis. 665 622
Marchandises débarquées. 67.926 47.215
Marchandises embarquées,. 71.931 53.970
1928 1927
(Tonnes)
Navires entrés et sortis. 558 535
Marchandises débarquées. 43.110 50.285
MarchantUséi embarquées •«- 42*611 66.013*
Le trafic maritime du Dahomey a dépassé
en 1930, "grâce à l'impulsion donnée a la
production, les meilleurs chiffres des années
précédentes, ceux de 1927.
Goulette et Salei
attendus à Gao
«♦« ̃
Partis le 14 mars au matin du Bourget,
Goulettc, Salel, leur équipage et M. Al-
fassa ont atteint Oran-La Sénia à 12 h. 55
soit après 10 h. 25 de vol.
Le mauvais temps qui régnait sur les cô-
tes d'Espagne a été la cause de leur arrêt à
Oran.
Le lendemain matin -- hier à 5 h. 30
les aviateurs quittaient Oran et atterrissaient
à Reggan à 13 h. 30. Ils en repartaient à
15 h. 30 en direction de Gao et signalait à
17 h. 40 par T.S.F, que tout allait bien à
bord.
- - II!,'.!- A -
La crise de 1 Aéropostale
et nos colonies africaines
»♦•
Nos possessions de la Côte occidentale
d'Afrique se préoccupent très vivement de
la crise qui atteint actuellement la Compa-
gnie Générale Aéropostale ; les services
qu'elle rend au commerce colonial sont, en
effet, extrêmement appréciés. Son organisa-
tion du transport du courrier s'effectue avec
la plus grande régularité. Par ailleurs, cer-
taines améliorations y ont été apportées ré-
cemment : c'est ainsi que, par des combinai-
sons d'horaires, appliquées notamment au
chemin de fer sénégalais du Thiès-Kayes-
Niger, il est possible de correspondre avec
le Soudan français dans des conditions tout
à fait - remarquables de rapidité. D'autre
part, les Compagnies françaises de naviga-
tion qui desservent nos colonies de l'Afrique
Occidentale au sud de Dakar, cherchent à
combiner le départ de France de leurs pa-
quehots, de façon qu'une lettre expédiée de
Bordeaux, par exemple, après le départ du
paquebot, puisse le rattraper à Dakar et
être acheminée ensuite par la voie maritime
jusqu'au Dahomey et en A.E.F.
Enfin, l'annonce de la créatiop prochaine
d'un service d'hydravions postaux anglais
qui, au départ du Sénégal doit desservir les
différentes colonies anglaises et françaises de
la Côte Occidentale d; Afrique, jusqu'à la
Nigéfia anglaise, permettait aletivisager par
Péthploi concordant de l'avion français et t\e
l'hydravion anglais, l'envoi par la voie
aérienne seule des correspondances françni-
ses sur la Guinée, la Côte d'Ivoire çt le Da-
homey.
Toute l'uvre réalisée, qui est considéra-
ble, a été admirablement mise au point et
rend tant de services au commerce africain,
risque-t-elle d'être annihilée par la çrise
grave qui franpp, à l'heure actuelle, la
Compagnie Générale Aéropostale? La Sec-
tion de l'Afrique Occidentale de l'Union
Coloniale Française s'est vivement préoccu-
pée de cette question au cours de sa der-
nière séance : elle a émis le vœu que tous
les efforts nécessaires soient faits par le
Parlement et par les Pouvoirs publics en
vue de sauver une œuvre d'un intérêt natio-
nal incontestable, qui fait honneur à la
France et aide puissamment, à son expansion
en Amérique dn 8ud, comme nu Maroc et
au Sénégal.
CARBURANT NATIONAL
Il CARBURANT COLONIAL
––*«––
t réciterche d'une for*
mule de carburant
national a été itfi-
poséej en frémit
lieu, far le désir
de libérer le payi,
dans tôute la "'Ot
sure possible, de
l'obliga ti 0 n de
s7approvisionner ch
hydrocarbures à.
Péttanirei. Auiouh
d'hiti cette question d'intérêt national se
double d'une question douter cl. écôtlomiquH
Il s'agit, en effet, non seulement de réduite
notre consommation d'essence, mais encore
de développer notre consolltlllalioll d'alcool
industrielf au bénéfice de ViildUslrie beil .e.
ravière gravement menacée par une cflsè dé
surproduction. Aussi n-est-il pas surprenant
qititin certain nombre de représentants
parlementaires des régions du. Nord,,
du Midi et de l'Ouest de ta France, réunis
à la Chambre, il y a quelques jours, se
soient prononcés, malgré la diversité et peu.
être même V opposition dcs intérêts en pré-
sence, en faveur d'une formule .obligatoire
de carburant national, par analogie avec leS
mesures déjà prises dans divers autres paysr
Il a été établi, notamment, d'après l'expIa.'
ricnce faite en Allemagne quun mélange
d'essence et d'alcool peut être employi
comme carburaut sans modification des mo^
lellrs et sans inconvénients pour leur bonne,
marcle, pourvu que la proportion d'alcool'
ne soit pas supérieure à 20 Si l'on sotfgei
que la France emploie chaque année 43 mil- -
lions d'hectolitres d'cssc/icc, on voit qui
l'adoption de la formule proposée ftrmet",
trait de remplacer 5 millions d-hectolitres
d'essence par une même quantité d'alcool- à
demander à notre agriculture métropolitaine.
Il serait évidemment très désirable de
faire bénéficier notre agriculture coloniale
d'une solution analogue qui, en nous dotant
d'un carburant spécial, approprié aux lralts.
ports coloniaux, permettrait en mime temps
de développer certaines culttltcs, que la crise
économique mondiale a fortement compro-
mises.
A ce .point de vue, la mission qui vient
de rentrer à Paris, du commandant Ce Pon-
fois a obtenu des résultats dont V importance
pour l'avenir pourrait et te capitale.
On sait les Annales Coloniales ont
rendu - compte lircemmettt (k cette ,ln;fJ¡
que randonnée à travers le désert africain -
que la Mission Le Pontois, avec trois véhi-
cteles automobiles que l'on a baptisés « Les
cargos du Désertv pesant chacun 7.000 kilos,
a parcouru, une distance totale de 10.000
kilomètres, avec un seul ravitaillement en
combustible à Gao.
Les « Cargos du Désert » sont équipes
avec des moteurs à huile lourde qui ont ainsi
fait preuve d'une endurance exceptionnelle
sur un parcours hérissé d'obstacles et de
difficultés de toute sorte oh il leur fallut
parfois tourner à une vitesse excessivement
réduite. La consommation de carburant fut
extrêmement faible et la dépense ne repré-
sente pas plus de 15 francs aux ioo kilo-
mètres alors qu'elle eM été de 200 francs
avec l'essence. La consommation d'eau a
Hé pratiquement négligeable, puisqu'elle ne
fût que de 2 litres par voiture pour 3.500
kilomètres,
Le commandant Le Pontois a rapporté de
sa mission tjui avait un but essentiellement
cientifique, des documents ethnographique*
d'une valeur inestimable. Mais il a du même
coup démontré que l'industrie française a
su réaliser un type de véhicule colonial
spécialement adopté à l'utilisation des
huiles lourdes, et notamment des huiles
d'arachides.
L'huile d'arachide sera-t-dle le carbu-
rant de demaiu dans nos colonies ? Cela ne
semble plus du tout impossible. Dans ce cas
quel débouché merveilleux serait ainsi ou-
vert à nos colonies productrices d-arac hides
- durement touche es par la crise actuelle - -
qui deviendraient, les fournisseurs à l'indus-
trie du carburant colonial !
Et quelle avance formidable serait réa-
lisée dans V organisation des transports*
coloniaux, sur toutes ou sur rails, par l'em-
ploi de véhicules automobiles et d'auto-
motrices utilisant ce carburant facile à se
procurer sur place !
Carburant national, carburant colonial; |
les deux problèmes se rejoignent. DatH les
deux cas, notre indépendance économique
est étroitement liée au développement de
l'agriculture qui reste, l'une des grandes
forces du pays, dans les territoires d'outre-
mer comme dans la Métropole.
Henry Bêren®cf'»
Sénateur de la oua PIOUPet Vteo-Prd.
sidént de la Gommieelon dis
Aftaires Etrangères.
AU YUNNAN
, "1
COUP d'Et«t
Le Gouvernement Yunnanais a renversé le
président Long-Yun qui était au pouvoir depuis
automne 1929. - - --
Les quatre généraux Louhan, lchang-i< onu-
Tchonen, Tchou-Siao-Tong et Tellang-Tsang sont
maUres de la situation. Ils délibèrent pour la
formation d'un nouveau directoire.
Long-Yun a quitté la capitale, pour le nord-
est de la province
Aucune effusion de sang à signaler, La popu-
lation est calme, la colonie étrangère est en sé-
curité. l'ordre règne jusqu'à présent.
Ce coup d'Etat résulte d'une scission au sein
du Gouvernement, par suite, vraisemblablement,
d'une contestation à propoa d'une affaire de
vente d'opium au Viifman,
Notre action au Maroc
te.
Dans le Tadla
Ainsi que nous l'annoncions, le colonel de
.Loustal vient de conquérir sans pertes dans
le Tadla un territoire considérable, nous as-
surant la soumission de près de deux mille
familles Aïd Saïd ou Ali.
Au sud de Marrakech
Notre avance pacifique se poursuit métho-
diquement au sud de Marrakech, dans les
régions de Taourirt d'Ouarzazat. Les popu-
lations d'Alougoum et de Foum Zguilda ont
fait dernièrement un accueil enthousiaste au
colonel Chardon qui vint les visiter à la
tête d'une reconnaissance.
Dans les confins Algéro-Marocains
Dans les confins algéro-marocains, la sl-
tuation est également calme. La multiplica-
tion des pistes ainsi que la motorisation de
certaines troupes rendent beaucoup plus dé-
licates les incursions des djouch sur nos ter-
ritoires.
Le Djebel Sarro est encore inviolé, mais
l'excellente méthode qui consiste à entourer
cette région de petits postes permet d'envi-
sager l'avenir avec confiance. L'élite de nos
officiers des affaires indigènes s'emploie
surtout à composer avec les Aïd Saïd.
Nol}!? occuperons alors le territoire allant
jusqu'au pied du Grand Atlas, sur le ver-
sant Nord et la route actuellement ouverte
d'Agadir-Tadirourt, par Taroudant et Ouar-
zazat, préparera notre liaison avec Erfoud,
Geffifat et le Tafilalet.
Le voyage de M. Edge a tTunisie
M. Walter Edge, am b assa d eur des Etats-
Unis, 4 Paris, est arrivé hiçf en Tunisie. Il a
débarqué à aizerte, où le consul des Etats-
Unis a Tunis s'était rendu pour le recevoir.
L'ambassadeur est parti avec lui en automo-
bile pour ee rendre dans la capitale. Il a
consacré l'après-midi du dimanche à la visite
de Carthage et de la banlieue.
««« -
Le voyage présidentiel
en Tunisie
»♦»
Le général Audibert est rentré de Tunisie
Belle et noble figure de la Grande-Guerre,
le général Pascal Audibert vient, on le t-ait,
de régler en quelques heures les mille dé-
tails du prochain voyage présidentiel dans
la Régence. On se doute quelles peuvent être
les ingrates difficultés de chaque étape, les
lourdes responsabilités de randonnée. L'es-
prit de méthode n'y suffit point, même s'il
est accompagné de la connaissance parfaite
Jàcs loifr cm cérémonial et dès règles du pro-
tocole. Un sens aigu de la diplomatie y est
indispensable. La Tunisie n'est pas seule-
ment amalgame de peuples, elle est aussi
un creuset d'aspiration. Il fallait prévoir
et tempérer, obtenir et convaincre, sans ou-
blier un instant que le signe de la joie pla-
nait au-dessus du voyage présidentiel, le
dernier que doit accomplir M. Gaston Dou-
mergue durant ce septennat.
Mais nous n,VOlh dit ici les grandes lignes
de cette randonnée. Aussi bien le général
Audibert devait-il se retrancher derrière un
secret professionnel éminemment compré-
hensible et respectable. Par contre, il vou-
lut bien nous confier ses impressions de
voyage dans la Tunisie :
« Je ne connaissais la Régence qu'au tra-
vers de mes études, de mes lectures et de
mes conversations. Je n'ai donc point été
surpris par la réelle beauté de ce pays que
nous allons revoir bientôt avec un soleil
plus chaud, une végétation plus fleurie, un
temps plus stable. Mais je ne vais point
énumérer à un journaliste des Annales Co-
loniales les sites d'un pays où notre protec-
torat a fait en cinquante ans un travail
bienfaisant, méthodique et heureux. Evidem-
ment la crise mondiale a également touché
la Tunisie. Beaucoup s'en plaigneht et les
dernières sécheresses n'ont fait qu'aggraver
la situation. Mais c'est là je crois un état
de choses dont a à souffrir l'Afrique du Nord
tout entière. A l'heure actuelle les pluies
ça et là torrentielles ont fait renaître un
peu d'espoir sauf dans le Sud où l'on at-
tend encore les ondées propices. Le Résident
général a apporté à cette région tous les
secours dont il disposait. On ne pouvait
mieux faire. 11 faut malgré tout avoir con-
fiance dans les récoltes de blé, d'olives et
de vigne qui sont, vous le savez, les princi-
pales richesses agricoles de la Tunisie.
L'exploitation des phosphates, et des mines
en général est touchée par la vague géné-
rale. 1.1 n'est en cette matière que d'atten-
dre un renouveau du marché et des transac-
tions. J'espère en tout cas qu'au moment où
le Président accomplira son voyage bien des
blessures seront fermées et que la confiance
régnera à nouveau sur le sol tunisien. »
Nous devions quitter quelques instants
après le salon bouton d'or où le général Au-
dibert avait bien voulu nous recevoir. 11
faisait sur Paris une belle matinée de prin-
temps,
A
A la division de la marine présidentielle
Le contre-amiral Darlan, chef de cabinet
du ministre de la Marine, est nommé au
commandement de la division présidentielle
pour le voyage du Président de la Républi-
que en Tunisie. ,
Cette division sera formée du croiseur
Colbert" sur lequel s'embarqueront M. Dou-
mergue et les ministres qui doivent l'accom-
pagner ; du tTUguay-Trouin, qui portera les
autres personnes de la suite présidentielle.
Elle se rassemblera à Villefranche, où le
Président montera à bord du Colbert, et se
disloquera à Toulon, au retour cte Tunisie.
AU .SIAM
te voyage de S. M. le roi de Siam
en Amérique
ta mi ci la reine de Siçm soni allendus
à Shanghaï le 3 avril par le paqueboi amé-
ricain qui Ion conduira, en Amérique.
Indopacifï.
Dépêches de l'Indochine
-
- -̃
M. Robin visite et inspecte la région
d'Angkor et le Laos
JjC (U)itvernevr général p. i. Ilobin, ac-
compagné du Résidant supérieur au Cam-
bodge est parti de Pnom-Pcnh, Le 11 cou-
tant pour Sicm-Reap, où, il u. visité l'hôtel
récemment construit et qui complète Vor-
ifamsuiitm hôtelière dWnqUor, en facilitant
les excursions collectives que les GomrJa-
finies de Navigation nt les agences de tou-
risme commencent à organiser via Indo-
chine.
Le 12, le Gouverneur général quitta
SicUL-Reap à 7 heures, empru/Mant la piste
qui suit le varcours de l'ancienne chaussée
Khmôre, pur Ban-Malleah et le temple
Pran-Ko, offrant lps vestiges d'une vote
grandiose bordée cle snleiulidcs balustrades
de pierre el passant sous de hautes voûtes
parfaitement conservées. Il atteignit à 16
heures la bourgade de Rouienq d'où, il qa-
ana Kunq sur le Mékona ci 23 heures, où il
fut reçu par le Résident supérieur du Laos,
Rose.
Le 18, la Gouverneur général JI. 1. se
rendit- à Pultsé, puis le lendemain dans la
province Saraoane par le plateau, Bolovcns
qui, jusqu'ici, en raison de la longueur et
de la difficulté des communications
11 avaient pu être visitées pur les (JouveT-
neurs généraux. Il regagna Paksr ù la fin
de Vaprès-midi.
M. Robin a été particulièremcnl frappé
par le réseau routier réalisé par les com-
missaires tltt Gouvernement ù Paksé et à
SarauanCy savoir :
1° JAt liaison routière Paksé-Konq, aui
permet d'accomplir en (rois heures 1111. tra-
jet qut exigoajl U heures en chaloupe et
qui forme un tronçon de la urande artère
appelée à atteindre. Saigon pur la imitée dn
Mékong ;
o },{I. lhtison Pal.:sé--Su/'(tv(lI/<,. 'lui "er-
met d'efjjicluer en toute saison en auto en
x h. jO. un Irafel qui demandait précédem-
ment cinq, juurnées, an piroque, ( cheval
et en chaise Il voNeur. Cette dernière voie
se rattacha (l/l. réseau secondaire important
qui fuedile l'évacuation des produits de la
riche région agricole et d'élevage dit pla-
teau de Bolovxcnsi ouvrant un qccès cou,
moilc. au.>: excursions touristiques el mn-
negéliaues.
Le Gouverne ni' général i>. i. témoigna sa
satisfaction au Résident supérieur Rose
uux administrateurs llaudebcrt el Vitrif
commissaires du gouvernement à Palesé el
à Saravune, respectivement, depuis sept ci
du ans, pour les magnifiques résultats o
{l'/llIS avec des mu g en s précaires cl mini-
mes.
l'tnjin, il entretint le délégué de la région
du Grand Conseil de /Indochine des ques-
tions concernant le développement écono-
mique du Laos.
- -lie raid dè Moensch et Burtïn
Moensch el Rurlin, en raison du mauvais
lem.ps, ont été contraints d'atterrir, ven-
dredi uprès-midl à Mucao, ils sont repartis
dans la matinée pour llonq-Konq 'par Yun-
WIU/UU,
Les champions de tennis indochinois
en France
'.1
Chim et Giao, les deux as du tennis anna-
mite, désignés officiellement pour représen-
ter le sport cochinchinnois-à l'Exposition co-
loniale cle Vincennes, quitteront la Cochin-
cliine le 24 mars accompagnés de M. Yen,
président du C.S.A.
Chim et Giao a leurs escales de Singapore-
Colombo joueront ayant été sollicités par
les clubs de tennis de ces deux villes.
CINÉMA COLONIAL
"I
« La Femme et le Rossignol »
Jusqu'à ce jour un pouvait penser que les
Américains avaient le monopole des films
où la naïveté le dispute à l'idiotie et l'outre-
cuidance au pathos. 1] n'en est rien. La
Femmc et le Rossignol réalise d'après un scé-
nario de M. Jean l'oulant par M. André
Hugon pour la maison Pathé-Natan bat tous
les records, en vérité on ne se moque pas
plus ingénument du public.
Je ne me mêlerai point de vous raconter
par le menu un scénario dont la pauvreté
éclate à la première scène. Il s'agit d'un
jeune milliardaire trop aimé pour son argent
qui décide de revenir à la vie naturelle. Il
débarque en Afrique avec un browning, un
fusil, un sac de boy-scout, un collier de pcr-
les, un réveil-matin, gagne la forêt après
avoir arraché une femme des mains des can-
nibales, tombe sur une reine noire se prélas-
sant au soleil, en devient amoureux sous
les chants du rossignol, met en fuite les in-
digènes d'un coup de revolver, etc. Un an
après l'équipage etc son yacht le retrouve
grâce au collier de perles et au réveil-ma-
tin. Tout le monde rentre à Paris. La reine
devient une chanteuse célèbre, tombe sans
voix après le baisser; du rideau, agonise du
mal du pays. On. la ramène vite au milieu
de ses sujets. Le chant du rossignol la fait
enfin revivre. Et la dernière pellicule so-
nore nous fait entendre les trilles éclatants
de celle qui ne put vivre en France. Je
passe sur les notes que le jeune milliardaire
prit au cours de son voyage en un français
quelque peu approximatif. Je ne vous décris
point les mœurs des peuplades noires et ne
répète point les phrases héroï-comiques.
c'est à ne pas croire.
Inutile de dire que le film a été conspué
et sifflé comme il convenait.
Dieu sait pourtant si ce cadre d'Afrique
pouvait inspirer un cinéaste! Horizons
clairs, sous-bois magiques, actcuis-nés, cou-
tumes ignorées, lumière pure, tout pouvait
conconrir à une très belle réalisation. 11 n'y
avait qu'à puiser. Au lieu de cela on nous
présente des images de pacotille sur des
idées de décrochez-moi ça. Si c'est ainsi qu'on
prétend faire œuvre de propagande coloniale
mieux vaut tout de suite briser les caméras.
Mais où va le cinéma français au milieu
de combinaisons que l'on devine trop ?
f«VqWe» "'pllo.
SYMPHONIE ExOTI QUE
Carnet de route
par ALFRED CHAUMEL.
On a beau voyager depuis de longues an-
nées, on ne peut s' empêcher de demander au
commandant du bateau qui vous emporte: « A
.quelle heure arrivons-nous à l' escale ? » sa-
chant bien pourtant que la réponse sera tou-
jours imprécise. Le commandant, poli, vous
indique une heure approximative, mais il faut
attendre la Santé, le pilote et parfois même
la marée. Bref, lorsqu'on veut assister à l'ar-
rivée d'une escale inconnue et Singapour
dont le nom évoque tant d'exotisme, est une
des plus désirées il faut se lever avant
l' aurore. A défaut de l' arrivée prévue à
6 heures du matin, on assiste à un magnifique
lever de soleil sur la mer et sur les îles cô-
tières, et c'est un souvenir de plus collec-
tionné dans les voyages, car les levers de
soleil sont différents suivant les pays qu'ils
réveillent.
Singapour
Réalisation d'un rêve de plus, nous accos-
tons au quai de Singapour. Premier contact
avec la race jaune, mais déjà le quai vous
indique ce que sera la ville : c' est un grouil-
lement de toutes les races asiatiques, Indiens,
Malais, Chinois, Japonais, Annamites, toutes
les couleurs, tous les costumes et tous les
chapeaux, et aussi ce bruit de castagnettes que -'
jouent sur les pavés les claquettes de bois
servant de souliers, mêlé au baragouinage amu-
sant de toutes les langues. Nous sommes à un
grand carrefour du monde. Antichambre où
vous attendent comme en France à la sor-
tie des gares les représentants des hôtels
les représentants cette fois de toutes ces cloi -
sons de l'Orient où désirent se rendre les
voyageurs.
Premier abordage, désillusion modifiée
sans doute plus tard mais désillusion cepen-
dant parce que l'île de Singapour s'idéalise
dans la pensée comme un paradis-terrestre où
vivrait un monde nouveau et que la première
entrée dans la ville vous apparaît comme une
banlieue. Mélange de races, mélange aussi de
civilisation et cette ville immense qui a grandi
trop vite a laissé au hasard lutte pour le
business s'allonger comme des chenilles de
couleur les boutiques chinoises, annamites ou
indoues et grandir au milieu de ces bazars où
le linge sèche 11 1 h KJMC fenêtre, les building."
des banques et des imiiF.oiis de commerce. Le
ciment et les planches montent côlu à Iôte.
Les autos, les Uiim-voys rc mêlent aux pousse-
jîOUsfiç;, eLpour diriger tous ces véhicule» des :
larges avenues vers les rue- encombrées de
vendeurs en pL'in tent. un policeman nyanl
dans le dos une largc barre en osier, ouvre
ou ferme les rues suivant le côte où il >.e
tourne. On pense malgré soi aux dessins repré-
sentant une ville future en l'an 2000 où le
sergent de ville, avec deux ailes dans le dos,
arrête les avions en planant au-dessus des
buildings. Mais le policeman reste à terre et
ses grandes ailes laissent seulement les pous-
seurs s' envoler dans leurs brancards.
La banlieue. traversée, on arrive sur la
grande avenue bord de mer que possèdent tous
les ports anglais : » La Marina », d'où le
rapporte une des plus belles impressions d'un
port : des milliers de gros bateaux, de ve-
dettes, de jonques el de barques, forêt de
cheminées et de mâts qui font de cette rade
un point de départ vers toutes les rouLes du
monde. Singapour semble un centre de liaison
comme un grand poste télégraphique d'où
partiraient dans toutes les directions des mil-
liers de fils vers les continents - -, fils invisi -
bles qui sont les chemins des navires.
Et puis, à l'extrémité du port dans quel
siècle sommes-nous brusquement transportés ?
un étrange village sur pilotis évoque si près
d'une grande ville l'histoire lointaine de peu-
ples attardés.
Un pont : première rivière où fourmillent les
sampans et les jonques porteurs de sacs de riz,
si nombreux que l'eau disparaît et qu'un
fleuve de tcits coule sans cesse à nos pieds,
et nous voici déjà dans les immenses quartiers
chinois, boutiques bariolées, prodigieuses lan-
ternes de papier ou de vessies de poissons,
inscriptions chinoises sur des banderoles de
couleur se mêlant au linge qui flotte aux vé-
randas. Et partout ce mêli-mêlo de mar-
chands ambulants, vendeurs de thé, de riz,
de plats chinois servis dans de petits bols bleus
et, accrochés à l'étal, sur la rue, les quartiers
de viande et les poulets cuits qui semblent
laqués sous leurs vernis rouges. Roues de
pousse-pousse tournant à l'infini, cris des mar-
chands, taudis délabrés, saleté parfois repous-
sante bordant des boulevards bien entretenus,
mais surtout du coloris, du mouvement et de la
vie accélérée. Au milieu de ces bazars ren-
fermant de la pacotille et des objets pré-
cieux, de très beaux hôtels, de larges avenues
et derrière les rues indigènes la campagne où
la belle végétation abrite de délicieux benga-
lows. Singapour ville est une immense maison
de commerce. Le luxe et la vie anglaise avec
son confort, ses clubs, ses golfs et ses habi-
tations ravissantes sont déjà loin de cette
ville, et une question se pose : « Comme u
faut êlre riche pour venir aux colonies », et
tous les pousse-pousse et les aulos semblent
courir après le dollar.
Mais l'escale est trop courte, la sirène ùu
départ a déjà lancé son deuxième appel. Nous
reviendrons dans un mois pour plusieurs jours
à Singapour, puisque c'est là que nous devons
au retour de 1 Indochine nous embarquer pour
l'Océanie.
Saigon
Les roche." île Poulocondore. Le Cap Saint-
Jacques et le bateau suit les méandres harmo-
nieux de la rivière si calme de « Saïgon »
qui serpenta au milieu des rizières. Symphonie
JOUAHIl UU0TI01EN
Rédaction & Administration t
-Mt,,,,,,.,,,,,,
P-Aïla aqu
^VLJRH. « LOUVFHMT-FT
HICHELIIU W«M
Les Annales Coloniales
a
tu MUioneei et réclame* gont teçuet m
bttrteu du fournal.
s Maroel RUBDEL
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être reproduits qu'en citant les ANNALES CoLOMALM.
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France et
colonies 180 0 100 * 51.
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L'habitat indigène en Algérie
) gonët m- « -
La question de l'habitat indigène en Al-
gérie est une question sociale de la plus
haute importance.
ElIlè a été posée, il y a quelques années,
grâce à l'initiative heureuse d'un homme,
M. Charles Lévy, délégué financier de la
-- région de Sétif. --- -- - ---
A 200 mètres de Sétif existait un village
appelé le « village nègre » ; c'était une mi-
sérable agglomération de tSo, masures ou
cahutes où s'entassait un millier d'individus
avec leur famille, véritable tribu de men-
diants, qualifiée, par les habitants de Sétif,
du nom suggestif de tribu des « Boni Ra-
massis ».
Sur les projets et plans de M. Charles
Lévy, on construisit dans un endroit plus
sain et dans des conditions plus favorables
Une véritable petite cité indigène où l'on
transplanta, le « village nègr".
- Les résultats furent saisissants : au bout
de trois ans, on constatait que la mortalité
était topibée de 11. à 1 *
Le succès incontestable1 de cette expérience
a fait Maitre .uu très vaste projet, dont les
délégations financières ont eu à !,doccuper
déjà, l'an dernier. 11 ne s'agit rien moins
que d'édifier 4.000 villages indigènes, quatre
cent mille maisons ou petites fermes à
l'usage des indigènes, la dépense étant éva-
luée à environ 5 milliards.
Un crédit de 5 millions avait été inscrit
au budget de*l'an dernier pour permettre
d'étendre l'expérience de Sétif à d'autres
régions.
On a ainsi construit ou mis en construc-
tion dans' le département d'Alger 40 maisons
à Bordj-M.enaïet', 3 groupes de maisons re-
présentant 40 logements à Stnoueli, 16 mai-
sons représentant 40 logements à El-Affroun,
6 maisons représentant 24 logements à Ri-
vet, 3 maisons Ireprsentant 12 logements
à Âmetir-El-Aïn.
Dans le département de Constantine, le
programme en cours comporte 12 lots de
I2 maisons chacun il Sétif, 14 maisons aux
llhiras.
Enfin, dans le département de Constan-
tine, on a entrepris l'a construction de huit
^îrutisorll jumelées à Maghnia.
D'autres projets vont faire l'objet de pro-
chaines - adjudications dans les communes
d'Affrevillç, Ténès, Maillot, Fhilippevillc,
S-edrdtn, Sebdou, Hammam, Bou-Hadjar et
Saint-lucieni
'* La conception technique- qui a.-présidcù
cette œuvre est forj simple 1
L"habi\ation indigène, se compose d'une
très grande chnmbrct de 5 mètres sur-4 mè-
tres, avec un courette sur le devant. Quand
la famille grandit, on supprime la sépara-
tion transversale des courettes et l'on ob-
tient ainsi des habitations de deux ou trois
Chambres contiguës.
̃' Le prix de la cellule isolée est de 12 h
14,000 francs, jumelée de 20 à 22.000 fr.
Bien entendu, on ne peut rien demander
à l'indigène lui-même pour la cpnstruction.
1. CeUe-ci est payées pAr la commune,
et 75 par les pouvoirs publics, Algérie ou
métropole.
La commune emprunte et couvre les char-
ges d'intérêt et d'amortissement par un
loyer très modeste de 200 francs par an,
qu'elle fait payer a l'indigène occupant qui
devient prgpriétairc au bout de 25 ou 30 ans.
Il ne faudrait point s'imaginer que ces
projets ne se sont heurtés à aucune opposi-
tion; en Algérie même;
L'an dernier encore, à la dénégation des
non-colons, un délégué faisait remarquer:
« D'après les chiffres qui ont été indi-
qués, c'est un sacrifice d'une très grosse im-
portance que l'on demande à l'Algérie, aux
Contribuables algériens. Je me demande si
ceux-ci ne trouveront pas surprenant que l'on
s'occupe tant des populations indigènes; alors
qu'ils ne participent pas aux avantages de
cette décision ? »
Un autre délégué faisait remarquer :
« Ce sont surtout les charges d'édilité
qui m'effraient. Ces maisons seront sou-
vent construites aux environs du village, sur
des terrains communaux ; il faudra y parve-
nir aisément, et que dire des travaux d'ad-
duction d'eau, des égouts. Or, ces dépenses,
dans bien des cas, seront supérieures aux dé-
penses de construction. »
Pour vaincre ces difficultés, on a édifié
un projet de financement fort ingénieux.
L'Algérie demande à la métropole de con-
sentir à ce que sa contribution annuelle aux
charges militaires que la loi de finances de
1924 a fixée à 6 de ses recettes ordinai-
res, avec lift minimum de 25 millions, ne
puisse dépasset" en aucun cas, 70 millions,
chiffre aujourd'hui atteint. Le surplus serait
-abandonné à l'Algérie pour être affecté à
la réalisation progressive du programme de
l'habitat indigène.
Le rythme d'accroissement de la contribu-
tion annuelle ayant été jusqu'ici de 6 à 7
millions, et pouvant, par conséquent, être
fixé, sans crainte d'erreur, à 3 milllions au
moins pour l'avenir, on espère pouvoir finan-
cer ainsi, chaque année, un emprunt de 50
millions dont le montant serait entièrement
consacré à la réalisation du programme de
construction,
Le système est ingénieux, Il donne l'illu-
sion au contribuable algérien que ce n e.>t.
pas lui, mais la métropole qui paie, ce qui,
au reste, est faux, ca,r c'est bien lui qui paie
la redevance annuelle.
Par ailleurs, l'hypothèse sur laquellte il
est fondé, qui est le développement régulier
pendant cinquante ans du budget de l'AI-
gérie, peut se trouver déjouée beaucoup plus
tôt qu'on ne l'imagine.
Mais il n'en demeure pas moins quei Le
problème social subsiste et qu'il appelle une
prompte solution.
Dans une notice que j'ai sous les yeux en
écrivant cet article, je lis :
« Réformer l'habitation indigène, c'est
assurément entreprendre une tâche hardie,
car c'est opérer Une véritable révolution dans
les mœurs familiales et faire disparaître des
servitudes anciennes et encore imprégnées
de la barbarie des siècles passés. »
Il faut aider ceux qui préparent cette ré-
volution.
JEffenne ifnldiiefli,
Député de la Haute-Savoie,
Rapporteur du budget de
l'Algérie.
Le mouvement de la navigation
au Dahomey en 1930
̃ 4»
En décembre 1930, 011 a compté dans les
principaux ports du Dahomey (Cotonou,
Ouidan et Grand Popo) 60 navires entrés et
sortis qui ont débarqué 7.680 tonnes de mar-
chandises et embarqué 4.428 tonnes de pro-
duits.
Par I)avillon, le trafic se répartit ainsi :
Navires entrés Marchandises
et sortis débarquées embarquées
(Tonnes)
22 français 5.821 406
24 anglais 1.726 2.183
5 allethands 15 981
6 hollandais 76 253
3 italiens 42 606
60 7.680 4.429
Comparé aux chiffres des trons années
prétédelltes, le mouvement de la navigation
pendant l'année 1930 se présente comme
suit :
1930 1929
(Tonnes)
Navires entrés et sortis. 665 622
Marchandises débarquées. 67.926 47.215
Marchandises embarquées,. 71.931 53.970
1928 1927
(Tonnes)
Navires entrés et sortis. 558 535
Marchandises débarquées. 43.110 50.285
MarchantUséi embarquées •«- 42*611 66.013*
Le trafic maritime du Dahomey a dépassé
en 1930, "grâce à l'impulsion donnée a la
production, les meilleurs chiffres des années
précédentes, ceux de 1927.
Goulette et Salei
attendus à Gao
«♦« ̃
Partis le 14 mars au matin du Bourget,
Goulettc, Salel, leur équipage et M. Al-
fassa ont atteint Oran-La Sénia à 12 h. 55
soit après 10 h. 25 de vol.
Le mauvais temps qui régnait sur les cô-
tes d'Espagne a été la cause de leur arrêt à
Oran.
Le lendemain matin -- hier à 5 h. 30
les aviateurs quittaient Oran et atterrissaient
à Reggan à 13 h. 30. Ils en repartaient à
15 h. 30 en direction de Gao et signalait à
17 h. 40 par T.S.F, que tout allait bien à
bord.
- - II!,'.!- A -
La crise de 1 Aéropostale
et nos colonies africaines
»♦•
Nos possessions de la Côte occidentale
d'Afrique se préoccupent très vivement de
la crise qui atteint actuellement la Compa-
gnie Générale Aéropostale ; les services
qu'elle rend au commerce colonial sont, en
effet, extrêmement appréciés. Son organisa-
tion du transport du courrier s'effectue avec
la plus grande régularité. Par ailleurs, cer-
taines améliorations y ont été apportées ré-
cemment : c'est ainsi que, par des combinai-
sons d'horaires, appliquées notamment au
chemin de fer sénégalais du Thiès-Kayes-
Niger, il est possible de correspondre avec
le Soudan français dans des conditions tout
à fait - remarquables de rapidité. D'autre
part, les Compagnies françaises de naviga-
tion qui desservent nos colonies de l'Afrique
Occidentale au sud de Dakar, cherchent à
combiner le départ de France de leurs pa-
quehots, de façon qu'une lettre expédiée de
Bordeaux, par exemple, après le départ du
paquebot, puisse le rattraper à Dakar et
être acheminée ensuite par la voie maritime
jusqu'au Dahomey et en A.E.F.
Enfin, l'annonce de la créatiop prochaine
d'un service d'hydravions postaux anglais
qui, au départ du Sénégal doit desservir les
différentes colonies anglaises et françaises de
la Côte Occidentale d; Afrique, jusqu'à la
Nigéfia anglaise, permettait aletivisager par
Péthploi concordant de l'avion français et t\e
l'hydravion anglais, l'envoi par la voie
aérienne seule des correspondances françni-
ses sur la Guinée, la Côte d'Ivoire çt le Da-
homey.
Toute l'uvre réalisée, qui est considéra-
ble, a été admirablement mise au point et
rend tant de services au commerce africain,
risque-t-elle d'être annihilée par la çrise
grave qui franpp, à l'heure actuelle, la
Compagnie Générale Aéropostale? La Sec-
tion de l'Afrique Occidentale de l'Union
Coloniale Française s'est vivement préoccu-
pée de cette question au cours de sa der-
nière séance : elle a émis le vœu que tous
les efforts nécessaires soient faits par le
Parlement et par les Pouvoirs publics en
vue de sauver une œuvre d'un intérêt natio-
nal incontestable, qui fait honneur à la
France et aide puissamment, à son expansion
en Amérique dn 8ud, comme nu Maroc et
au Sénégal.
CARBURANT NATIONAL
Il CARBURANT COLONIAL
––*«––
t réciterche d'une for*
mule de carburant
national a été itfi-
poséej en frémit
lieu, far le désir
de libérer le payi,
dans tôute la "'Ot
sure possible, de
l'obliga ti 0 n de
s7approvisionner ch
hydrocarbures à.
Péttanirei. Auiouh
d'hiti cette question d'intérêt national se
double d'une question douter cl. écôtlomiquH
Il s'agit, en effet, non seulement de réduite
notre consommation d'essence, mais encore
de développer notre consolltlllalioll d'alcool
industrielf au bénéfice de ViildUslrie beil .e.
ravière gravement menacée par une cflsè dé
surproduction. Aussi n-est-il pas surprenant
qititin certain nombre de représentants
parlementaires des régions du. Nord,,
du Midi et de l'Ouest de ta France, réunis
à la Chambre, il y a quelques jours, se
soient prononcés, malgré la diversité et peu.
être même V opposition dcs intérêts en pré-
sence, en faveur d'une formule .obligatoire
de carburant national, par analogie avec leS
mesures déjà prises dans divers autres paysr
Il a été établi, notamment, d'après l'expIa.'
ricnce faite en Allemagne quun mélange
d'essence et d'alcool peut être employi
comme carburaut sans modification des mo^
lellrs et sans inconvénients pour leur bonne,
marcle, pourvu que la proportion d'alcool'
ne soit pas supérieure à 20 Si l'on sotfgei
que la France emploie chaque année 43 mil- -
lions d'hectolitres d'cssc/icc, on voit qui
l'adoption de la formule proposée ftrmet",
trait de remplacer 5 millions d-hectolitres
d'essence par une même quantité d'alcool- à
demander à notre agriculture métropolitaine.
Il serait évidemment très désirable de
faire bénéficier notre agriculture coloniale
d'une solution analogue qui, en nous dotant
d'un carburant spécial, approprié aux lralts.
ports coloniaux, permettrait en mime temps
de développer certaines culttltcs, que la crise
économique mondiale a fortement compro-
mises.
A ce .point de vue, la mission qui vient
de rentrer à Paris, du commandant Ce Pon-
fois a obtenu des résultats dont V importance
pour l'avenir pourrait et te capitale.
On sait les Annales Coloniales ont
rendu - compte lircemmettt (k cette ,ln;fJ¡
que randonnée à travers le désert africain -
que la Mission Le Pontois, avec trois véhi-
cteles automobiles que l'on a baptisés « Les
cargos du Désertv pesant chacun 7.000 kilos,
a parcouru, une distance totale de 10.000
kilomètres, avec un seul ravitaillement en
combustible à Gao.
Les « Cargos du Désert » sont équipes
avec des moteurs à huile lourde qui ont ainsi
fait preuve d'une endurance exceptionnelle
sur un parcours hérissé d'obstacles et de
difficultés de toute sorte oh il leur fallut
parfois tourner à une vitesse excessivement
réduite. La consommation de carburant fut
extrêmement faible et la dépense ne repré-
sente pas plus de 15 francs aux ioo kilo-
mètres alors qu'elle eM été de 200 francs
avec l'essence. La consommation d'eau a
Hé pratiquement négligeable, puisqu'elle ne
fût que de 2 litres par voiture pour 3.500
kilomètres,
Le commandant Le Pontois a rapporté de
sa mission tjui avait un but essentiellement
cientifique, des documents ethnographique*
d'une valeur inestimable. Mais il a du même
coup démontré que l'industrie française a
su réaliser un type de véhicule colonial
spécialement adopté à l'utilisation des
huiles lourdes, et notamment des huiles
d'arachides.
L'huile d'arachide sera-t-dle le carbu-
rant de demaiu dans nos colonies ? Cela ne
semble plus du tout impossible. Dans ce cas
quel débouché merveilleux serait ainsi ou-
vert à nos colonies productrices d-arac hides
- durement touche es par la crise actuelle - -
qui deviendraient, les fournisseurs à l'indus-
trie du carburant colonial !
Et quelle avance formidable serait réa-
lisée dans V organisation des transports*
coloniaux, sur toutes ou sur rails, par l'em-
ploi de véhicules automobiles et d'auto-
motrices utilisant ce carburant facile à se
procurer sur place !
Carburant national, carburant colonial; |
les deux problèmes se rejoignent. DatH les
deux cas, notre indépendance économique
est étroitement liée au développement de
l'agriculture qui reste, l'une des grandes
forces du pays, dans les territoires d'outre-
mer comme dans la Métropole.
Henry Bêren®cf'»
Sénateur de la oua PIOUPet Vteo-Prd.
sidént de la Gommieelon dis
Aftaires Etrangères.
AU YUNNAN
, "1
COUP d'Et«t
Le Gouvernement Yunnanais a renversé le
président Long-Yun qui était au pouvoir depuis
automne 1929. - - --
Les quatre généraux Louhan, lchang-i< onu-
Tchonen, Tchou-Siao-Tong et Tellang-Tsang sont
maUres de la situation. Ils délibèrent pour la
formation d'un nouveau directoire.
Long-Yun a quitté la capitale, pour le nord-
est de la province
Aucune effusion de sang à signaler, La popu-
lation est calme, la colonie étrangère est en sé-
curité. l'ordre règne jusqu'à présent.
Ce coup d'Etat résulte d'une scission au sein
du Gouvernement, par suite, vraisemblablement,
d'une contestation à propoa d'une affaire de
vente d'opium au Viifman,
Notre action au Maroc
te.
Dans le Tadla
Ainsi que nous l'annoncions, le colonel de
.Loustal vient de conquérir sans pertes dans
le Tadla un territoire considérable, nous as-
surant la soumission de près de deux mille
familles Aïd Saïd ou Ali.
Au sud de Marrakech
Notre avance pacifique se poursuit métho-
diquement au sud de Marrakech, dans les
régions de Taourirt d'Ouarzazat. Les popu-
lations d'Alougoum et de Foum Zguilda ont
fait dernièrement un accueil enthousiaste au
colonel Chardon qui vint les visiter à la
tête d'une reconnaissance.
Dans les confins Algéro-Marocains
Dans les confins algéro-marocains, la sl-
tuation est également calme. La multiplica-
tion des pistes ainsi que la motorisation de
certaines troupes rendent beaucoup plus dé-
licates les incursions des djouch sur nos ter-
ritoires.
Le Djebel Sarro est encore inviolé, mais
l'excellente méthode qui consiste à entourer
cette région de petits postes permet d'envi-
sager l'avenir avec confiance. L'élite de nos
officiers des affaires indigènes s'emploie
surtout à composer avec les Aïd Saïd.
Nol}!? occuperons alors le territoire allant
jusqu'au pied du Grand Atlas, sur le ver-
sant Nord et la route actuellement ouverte
d'Agadir-Tadirourt, par Taroudant et Ouar-
zazat, préparera notre liaison avec Erfoud,
Geffifat et le Tafilalet.
Le voyage de M. Edge a tTunisie
M. Walter Edge, am b assa d eur des Etats-
Unis, 4 Paris, est arrivé hiçf en Tunisie. Il a
débarqué à aizerte, où le consul des Etats-
Unis a Tunis s'était rendu pour le recevoir.
L'ambassadeur est parti avec lui en automo-
bile pour ee rendre dans la capitale. Il a
consacré l'après-midi du dimanche à la visite
de Carthage et de la banlieue.
««« -
Le voyage présidentiel
en Tunisie
»♦»
Le général Audibert est rentré de Tunisie
Belle et noble figure de la Grande-Guerre,
le général Pascal Audibert vient, on le t-ait,
de régler en quelques heures les mille dé-
tails du prochain voyage présidentiel dans
la Régence. On se doute quelles peuvent être
les ingrates difficultés de chaque étape, les
lourdes responsabilités de randonnée. L'es-
prit de méthode n'y suffit point, même s'il
est accompagné de la connaissance parfaite
Jàcs loifr cm cérémonial et dès règles du pro-
tocole. Un sens aigu de la diplomatie y est
indispensable. La Tunisie n'est pas seule-
ment amalgame de peuples, elle est aussi
un creuset d'aspiration. Il fallait prévoir
et tempérer, obtenir et convaincre, sans ou-
blier un instant que le signe de la joie pla-
nait au-dessus du voyage présidentiel, le
dernier que doit accomplir M. Gaston Dou-
mergue durant ce septennat.
Mais nous n,VOlh dit ici les grandes lignes
de cette randonnée. Aussi bien le général
Audibert devait-il se retrancher derrière un
secret professionnel éminemment compré-
hensible et respectable. Par contre, il vou-
lut bien nous confier ses impressions de
voyage dans la Tunisie :
« Je ne connaissais la Régence qu'au tra-
vers de mes études, de mes lectures et de
mes conversations. Je n'ai donc point été
surpris par la réelle beauté de ce pays que
nous allons revoir bientôt avec un soleil
plus chaud, une végétation plus fleurie, un
temps plus stable. Mais je ne vais point
énumérer à un journaliste des Annales Co-
loniales les sites d'un pays où notre protec-
torat a fait en cinquante ans un travail
bienfaisant, méthodique et heureux. Evidem-
ment la crise mondiale a également touché
la Tunisie. Beaucoup s'en plaigneht et les
dernières sécheresses n'ont fait qu'aggraver
la situation. Mais c'est là je crois un état
de choses dont a à souffrir l'Afrique du Nord
tout entière. A l'heure actuelle les pluies
ça et là torrentielles ont fait renaître un
peu d'espoir sauf dans le Sud où l'on at-
tend encore les ondées propices. Le Résident
général a apporté à cette région tous les
secours dont il disposait. On ne pouvait
mieux faire. 11 faut malgré tout avoir con-
fiance dans les récoltes de blé, d'olives et
de vigne qui sont, vous le savez, les princi-
pales richesses agricoles de la Tunisie.
L'exploitation des phosphates, et des mines
en général est touchée par la vague géné-
rale. 1.1 n'est en cette matière que d'atten-
dre un renouveau du marché et des transac-
tions. J'espère en tout cas qu'au moment où
le Président accomplira son voyage bien des
blessures seront fermées et que la confiance
régnera à nouveau sur le sol tunisien. »
Nous devions quitter quelques instants
après le salon bouton d'or où le général Au-
dibert avait bien voulu nous recevoir. 11
faisait sur Paris une belle matinée de prin-
temps,
A
A la division de la marine présidentielle
Le contre-amiral Darlan, chef de cabinet
du ministre de la Marine, est nommé au
commandement de la division présidentielle
pour le voyage du Président de la Républi-
que en Tunisie. ,
Cette division sera formée du croiseur
Colbert" sur lequel s'embarqueront M. Dou-
mergue et les ministres qui doivent l'accom-
pagner ; du tTUguay-Trouin, qui portera les
autres personnes de la suite présidentielle.
Elle se rassemblera à Villefranche, où le
Président montera à bord du Colbert, et se
disloquera à Toulon, au retour cte Tunisie.
AU .SIAM
te voyage de S. M. le roi de Siam
en Amérique
ta mi ci la reine de Siçm soni allendus
à Shanghaï le 3 avril par le paqueboi amé-
ricain qui Ion conduira, en Amérique.
Indopacifï.
Dépêches de l'Indochine
-
- -̃
M. Robin visite et inspecte la région
d'Angkor et le Laos
JjC (U)itvernevr général p. i. Ilobin, ac-
compagné du Résidant supérieur au Cam-
bodge est parti de Pnom-Pcnh, Le 11 cou-
tant pour Sicm-Reap, où, il u. visité l'hôtel
récemment construit et qui complète Vor-
ifamsuiitm hôtelière dWnqUor, en facilitant
les excursions collectives que les GomrJa-
finies de Navigation nt les agences de tou-
risme commencent à organiser via Indo-
chine.
Le 12, le Gouverneur général quitta
SicUL-Reap à 7 heures, empru/Mant la piste
qui suit le varcours de l'ancienne chaussée
Khmôre, pur Ban-Malleah et le temple
Pran-Ko, offrant lps vestiges d'une vote
grandiose bordée cle snleiulidcs balustrades
de pierre el passant sous de hautes voûtes
parfaitement conservées. Il atteignit à 16
heures la bourgade de Rouienq d'où, il qa-
ana Kunq sur le Mékona ci 23 heures, où il
fut reçu par le Résident supérieur du Laos,
Rose.
Le 18, la Gouverneur général JI. 1. se
rendit- à Pultsé, puis le lendemain dans la
province Saraoane par le plateau, Bolovcns
qui, jusqu'ici, en raison de la longueur et
de la difficulté des communications
11 avaient pu être visitées pur les (JouveT-
neurs généraux. Il regagna Paksr ù la fin
de Vaprès-midi.
M. Robin a été particulièremcnl frappé
par le réseau routier réalisé par les com-
missaires tltt Gouvernement ù Paksé et à
SarauanCy savoir :
1° JAt liaison routière Paksé-Konq, aui
permet d'accomplir en (rois heures 1111. tra-
jet qut exigoajl U heures en chaloupe et
qui forme un tronçon de la urande artère
appelée à atteindre. Saigon pur la imitée dn
Mékong ;
o },{I. lhtison Pal.:sé--Su/'(tv(lI/<,. 'lui "er-
met d'efjjicluer en toute saison en auto en
x h. jO. un Irafel qui demandait précédem-
ment cinq, juurnées, an piroque, ( cheval
et en chaise Il voNeur. Cette dernière voie
se rattacha (l/l. réseau secondaire important
qui fuedile l'évacuation des produits de la
riche région agricole et d'élevage dit pla-
teau de Bolovxcnsi ouvrant un qccès cou,
moilc. au.>: excursions touristiques el mn-
negéliaues.
Le Gouverne ni' général i>. i. témoigna sa
satisfaction au Résident supérieur Rose
uux administrateurs llaudebcrt el Vitrif
commissaires du gouvernement à Palesé el
à Saravune, respectivement, depuis sept ci
du ans, pour les magnifiques résultats o
{l'/llIS avec des mu g en s précaires cl mini-
mes.
l'tnjin, il entretint le délégué de la région
du Grand Conseil de /Indochine des ques-
tions concernant le développement écono-
mique du Laos.
- -lie raid dè Moensch et Burtïn
Moensch el Rurlin, en raison du mauvais
lem.ps, ont été contraints d'atterrir, ven-
dredi uprès-midl à Mucao, ils sont repartis
dans la matinée pour llonq-Konq 'par Yun-
WIU/UU,
Les champions de tennis indochinois
en France
'.1
Chim et Giao, les deux as du tennis anna-
mite, désignés officiellement pour représen-
ter le sport cochinchinnois-à l'Exposition co-
loniale cle Vincennes, quitteront la Cochin-
cliine le 24 mars accompagnés de M. Yen,
président du C.S.A.
Chim et Giao a leurs escales de Singapore-
Colombo joueront ayant été sollicités par
les clubs de tennis de ces deux villes.
CINÉMA COLONIAL
"I
« La Femme et le Rossignol »
Jusqu'à ce jour un pouvait penser que les
Américains avaient le monopole des films
où la naïveté le dispute à l'idiotie et l'outre-
cuidance au pathos. 1] n'en est rien. La
Femmc et le Rossignol réalise d'après un scé-
nario de M. Jean l'oulant par M. André
Hugon pour la maison Pathé-Natan bat tous
les records, en vérité on ne se moque pas
plus ingénument du public.
Je ne me mêlerai point de vous raconter
par le menu un scénario dont la pauvreté
éclate à la première scène. Il s'agit d'un
jeune milliardaire trop aimé pour son argent
qui décide de revenir à la vie naturelle. Il
débarque en Afrique avec un browning, un
fusil, un sac de boy-scout, un collier de pcr-
les, un réveil-matin, gagne la forêt après
avoir arraché une femme des mains des can-
nibales, tombe sur une reine noire se prélas-
sant au soleil, en devient amoureux sous
les chants du rossignol, met en fuite les in-
digènes d'un coup de revolver, etc. Un an
après l'équipage etc son yacht le retrouve
grâce au collier de perles et au réveil-ma-
tin. Tout le monde rentre à Paris. La reine
devient une chanteuse célèbre, tombe sans
voix après le baisser; du rideau, agonise du
mal du pays. On. la ramène vite au milieu
de ses sujets. Le chant du rossignol la fait
enfin revivre. Et la dernière pellicule so-
nore nous fait entendre les trilles éclatants
de celle qui ne put vivre en France. Je
passe sur les notes que le jeune milliardaire
prit au cours de son voyage en un français
quelque peu approximatif. Je ne vous décris
point les mœurs des peuplades noires et ne
répète point les phrases héroï-comiques.
c'est à ne pas croire.
Inutile de dire que le film a été conspué
et sifflé comme il convenait.
Dieu sait pourtant si ce cadre d'Afrique
pouvait inspirer un cinéaste! Horizons
clairs, sous-bois magiques, actcuis-nés, cou-
tumes ignorées, lumière pure, tout pouvait
conconrir à une très belle réalisation. 11 n'y
avait qu'à puiser. Au lieu de cela on nous
présente des images de pacotille sur des
idées de décrochez-moi ça. Si c'est ainsi qu'on
prétend faire œuvre de propagande coloniale
mieux vaut tout de suite briser les caméras.
Mais où va le cinéma français au milieu
de combinaisons que l'on devine trop ?
f«VqWe» "'pllo.
SYMPHONIE ExOTI QUE
Carnet de route
par ALFRED CHAUMEL.
On a beau voyager depuis de longues an-
nées, on ne peut s' empêcher de demander au
commandant du bateau qui vous emporte: « A
.quelle heure arrivons-nous à l' escale ? » sa-
chant bien pourtant que la réponse sera tou-
jours imprécise. Le commandant, poli, vous
indique une heure approximative, mais il faut
attendre la Santé, le pilote et parfois même
la marée. Bref, lorsqu'on veut assister à l'ar-
rivée d'une escale inconnue et Singapour
dont le nom évoque tant d'exotisme, est une
des plus désirées il faut se lever avant
l' aurore. A défaut de l' arrivée prévue à
6 heures du matin, on assiste à un magnifique
lever de soleil sur la mer et sur les îles cô-
tières, et c'est un souvenir de plus collec-
tionné dans les voyages, car les levers de
soleil sont différents suivant les pays qu'ils
réveillent.
Singapour
Réalisation d'un rêve de plus, nous accos-
tons au quai de Singapour. Premier contact
avec la race jaune, mais déjà le quai vous
indique ce que sera la ville : c' est un grouil-
lement de toutes les races asiatiques, Indiens,
Malais, Chinois, Japonais, Annamites, toutes
les couleurs, tous les costumes et tous les
chapeaux, et aussi ce bruit de castagnettes que -'
jouent sur les pavés les claquettes de bois
servant de souliers, mêlé au baragouinage amu-
sant de toutes les langues. Nous sommes à un
grand carrefour du monde. Antichambre où
vous attendent comme en France à la sor-
tie des gares les représentants des hôtels
les représentants cette fois de toutes ces cloi -
sons de l'Orient où désirent se rendre les
voyageurs.
Premier abordage, désillusion modifiée
sans doute plus tard mais désillusion cepen-
dant parce que l'île de Singapour s'idéalise
dans la pensée comme un paradis-terrestre où
vivrait un monde nouveau et que la première
entrée dans la ville vous apparaît comme une
banlieue. Mélange de races, mélange aussi de
civilisation et cette ville immense qui a grandi
trop vite a laissé au hasard lutte pour le
business s'allonger comme des chenilles de
couleur les boutiques chinoises, annamites ou
indoues et grandir au milieu de ces bazars où
le linge sèche 11 1 h KJMC fenêtre, les building."
des banques et des imiiF.oiis de commerce. Le
ciment et les planches montent côlu à Iôte.
Les autos, les Uiim-voys rc mêlent aux pousse-
jîOUsfiç;, eLpour diriger tous ces véhicule» des :
larges avenues vers les rue- encombrées de
vendeurs en pL'in tent. un policeman nyanl
dans le dos une largc barre en osier, ouvre
ou ferme les rues suivant le côte où il >.e
tourne. On pense malgré soi aux dessins repré-
sentant une ville future en l'an 2000 où le
sergent de ville, avec deux ailes dans le dos,
arrête les avions en planant au-dessus des
buildings. Mais le policeman reste à terre et
ses grandes ailes laissent seulement les pous-
seurs s' envoler dans leurs brancards.
La banlieue. traversée, on arrive sur la
grande avenue bord de mer que possèdent tous
les ports anglais : » La Marina », d'où le
rapporte une des plus belles impressions d'un
port : des milliers de gros bateaux, de ve-
dettes, de jonques el de barques, forêt de
cheminées et de mâts qui font de cette rade
un point de départ vers toutes les rouLes du
monde. Singapour semble un centre de liaison
comme un grand poste télégraphique d'où
partiraient dans toutes les directions des mil-
liers de fils vers les continents - -, fils invisi -
bles qui sont les chemins des navires.
Et puis, à l'extrémité du port dans quel
siècle sommes-nous brusquement transportés ?
un étrange village sur pilotis évoque si près
d'une grande ville l'histoire lointaine de peu-
ples attardés.
Un pont : première rivière où fourmillent les
sampans et les jonques porteurs de sacs de riz,
si nombreux que l'eau disparaît et qu'un
fleuve de tcits coule sans cesse à nos pieds,
et nous voici déjà dans les immenses quartiers
chinois, boutiques bariolées, prodigieuses lan-
ternes de papier ou de vessies de poissons,
inscriptions chinoises sur des banderoles de
couleur se mêlant au linge qui flotte aux vé-
randas. Et partout ce mêli-mêlo de mar-
chands ambulants, vendeurs de thé, de riz,
de plats chinois servis dans de petits bols bleus
et, accrochés à l'étal, sur la rue, les quartiers
de viande et les poulets cuits qui semblent
laqués sous leurs vernis rouges. Roues de
pousse-pousse tournant à l'infini, cris des mar-
chands, taudis délabrés, saleté parfois repous-
sante bordant des boulevards bien entretenus,
mais surtout du coloris, du mouvement et de la
vie accélérée. Au milieu de ces bazars ren-
fermant de la pacotille et des objets pré-
cieux, de très beaux hôtels, de larges avenues
et derrière les rues indigènes la campagne où
la belle végétation abrite de délicieux benga-
lows. Singapour ville est une immense maison
de commerce. Le luxe et la vie anglaise avec
son confort, ses clubs, ses golfs et ses habi-
tations ravissantes sont déjà loin de cette
ville, et une question se pose : « Comme u
faut êlre riche pour venir aux colonies », et
tous les pousse-pousse et les aulos semblent
courir après le dollar.
Mais l'escale est trop courte, la sirène ùu
départ a déjà lancé son deuxième appel. Nous
reviendrons dans un mois pour plusieurs jours
à Singapour, puisque c'est là que nous devons
au retour de 1 Indochine nous embarquer pour
l'Océanie.
Saigon
Les roche." île Poulocondore. Le Cap Saint-
Jacques et le bateau suit les méandres harmo-
nieux de la rivière si calme de « Saïgon »
qui serpenta au milieu des rizières. Symphonie
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