Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-02-21
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 février 1931 21 février 1931
Description : 1931/02/21 (A32,N30). 1931/02/21 (A32,N30).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63803057
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
1
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. NO 30. rm ISOMERO : 80 CENTIMES SAMEDI SOIR, 21 FEVRIER 1931.
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Rédaction & Administration :
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Les Annales Coloniales
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D.TIUR.PONDAT.Uit 1 Marcel RUEDEL
Tout lei article. publiai dans notre journal ru pnvintf
être reproduits qu'en ritonf 140 MALD CowIÍIALIÍI.
ABONNiNERTS
nu la Revue mamuane:
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On s'abonne sens frtl» daoi
km» Je# bureaux de poste.
La Radioélectricité Coloniale
tr JB i
La Radiotéléphonie
L'étude de radioélectricité coloniale, pour-
suivie dans les colonnes de ce journal, ne
serait fpa8 complète si nous omettions d'exposer
le développement de la téléphonie eans- fil.
Précisons quelques points : -
., En 1908, des essais effectués au moyen
d'émetteurs à arcs donnèrent quelques résultats
appréeiables. L'essor fut déterminé en 1913-
1914 par l'apparition des lampes à trois élec-
trodes (tubes à vides) qui constituent des
moyens de réception extrêmement sensibles,
permettant d'engendrer commodément des
ondes entretenues et de les moduler. Dès 1919
on put, au cours d'expériences, transmettre la
voix humaine à travers l'Atlantique et couvrir
ainsi une portée de 6.000 kilomètres. C'était
là un résultat exceptionnel, car, en pratique,
à cette époque, des communications radiotélé-
phoniques sûres ne pouvaient s1 établir qu'à des
d istances de quelques centaines de kilomètres.
Actuellement, le service radiotéléphonique à
grande distance prend une extension notable,
et pour répondre à d la question touchant au
secret des communications, on peut dire que
le problème a reçu des solutions fort intéres-
santes dont l'application s'imposera dans bien
des circonstances.
Il est bon de souligner aulsi que les trans-
missions radiotéléphoniques présentent, notam-
ment, sur les transmissions radiotélégraphiques,
l'avantage, en commun avec la téléphonie par
fil, de pouvoir être assurées par un personnel
ne sachant ni manipuler, ni lire au son. il
suffit à ce personnel de savoir procéder aux
réglages des postes.
Par contre, la téléphonie sans fil présente,
en l'état actuel de la technique, certains incon-
vénients par rapport à la télégraphie sans fil.
Sa portée réelle est très intérieure à celle
qu'on obtiendrait, dans les mêmes conditions,
avec le même poste utilisé en radiotélégraphie.
Le nombre des communications qui peuvent,
en télégraphie sans fil à ondes entretenues,
être établies à l'intérieur d'une bande de fré-
quences (longueurs d'onde) donnée, sans ris-
ques de brouillages, est beaucdtfp plus grand
que celui qu'on obtiendrait pour des communi-
cations en radiotéléphonie.
Disons encore que la réception de la télé-
phonie sans fil est plus facilement brouillée
2ue celle de la T.S. F. à ondes entretenues.
Et étant donné les causes de brouillages, qu'il
dleffcctucf simultané-
serait trop long- de développer jci, il n'est^pra-
$«-a it- ilop 101%, g- de d'ônde
jjjtétertninée dès transmissions radiotélégraphi-
ques et radiotéléphoniques.
C'est pour ces raisons que le règlement
général annexé à la Convention radiotélégra-
phique internationale de » Washington 1927 a
réservé des bandes de fréquences (longueurs
d'onde) spéciales pour la radiodiffusion et
prescrit des arrangements régionaux pour l'uti..
lisation des bandes de fréquences commdhes à
la radiodiffusion et à d'autres services.
Nous avons indiqué quelques-uns des incon-
vénients que présente en l'état actuel de la
technique la radiotéléphonie sur la radiotélé-
graphie, pout montrer que les possibilités de
cette branche de la radioélectricité sont assez
imitées.
Néanmoins, la radiotéléphonie est suscep-
tible d'applications très intétessantes, soit pour
les communications à l'intérieur de nos colo-
nies, soit pour relier directement la métropole
à nos principales possessions lointaines.
Mais il faut retenir : -.
1" Qu'il y a intérêt aussi bien en téléphonie
qu'en télégraphie sans fil à ne pas multiplier
exagérément le nombre de stations dans des
espaces restreints et à s'en tenir pour fixation
de la puissance de ces stations à des limites
compatibles avec des conditions de fonctionne-
ment satisfaisantes.
2° Que les installations radiotéléphoniques
doivent répondre aux mêmes conditions que les
systèmes à conducteurs.
La parole doit être aussi nette, des dis-
positions doivent être prises pour triompher
des interférences et des phénomènes divers qui
purent se manifester au cours des transmissions.
Comme ces dispositions peuvent, dans cer-
taines circonstances, conduire à mettre en jeu
une grande énergie et entraîner à des dépenses
d'exploitation et d'entretien assez élevées, il
importe qu'une étude bien comprise de chaque
cas particulier, mettant en relief les avantages
et les inconvénients de l'organisation proje-
tée, intervienne pour prendre une décision.
A l'intérieur de nos colonies, l'emploi de
la radiotéléphonie «* pour les communications
entre abonnés ne parait pouvoir être envisagé
que dans des circonstances spéciales.
D'autre part, on ne conçoit pas dans la
majorité des cas l'utilité de la superposition
d'une liaison radiotéléphonique à celle d'une
bonne communication assurée soit par télégra-
phie ou téléphonie ordinaire, soit par T.S.F.
Par contre, dans les régions où la T.S. F.
s'est pas installée, dans celles où les lignai
iont peU nombreuses ou si leur fonctionnement
Mt incertain, si l'on veut avoir des communi-
cations au delà d'une ligne en service sans la
prolonger et à des conditions moins dispén-
dieuses, s'il est nécessaire de transmettre fré-
quemment des renseignements généraux à un
teftain- nombre de récepteurs simples et peu
coûteux, la radiotéléphonie interviendra utile-
jnent
S'il n'existe pas de lignes. on. pourra orga-
niser une communication radiotélégraphique ou
radiotéléphonique entre centres administratifs
OU inilitaires. Lie choix du mode de commu-
nication dépendra des circonstances ; mais la
pouristence ées deux moyens sera tout à fait
tionnelle.
L'imtallati d'une liaison Tadiotétephoni-
que ou même d'un petit réseau est tout indi.
quée dans des régions déshéritées qui peuvent
constituer des ceotrea de prospection, d'entre..
'pftses 'industrielles, etc. Ce sera là un bon
moyen de direction, propre à faciliter la tâche
des artisans de la colonisation et à augmenter
le rendement de Leurs entreprises.
Pour relier entre eux des postes radiogonio-
métriques, pour relier à la côte des radiophares
ou des p h ares installés dans des îles, l'emploi
de la radiotéléphonie est également bien indi-
qué aux colonies. Pour les besoins de la navi-
gation aérienne, des convois automobiles, pour
ceux de la météorologie, des postes de radio-
téléphonie à portée assez limitée peuvent être
utilement mis en service à l'intérieur de nos
possessions.
Quant à la radiotéléphonie à grande dis-
tance, ou transocéanique, c'est grâce à l'em-
ploi des ondes courtes projetées qu'on a pu
envisager son utilisation pour relier la métro-
pole à certaines de nos grandes colonies.
- Pour que de telles liaisons présentent un
caractère vraiment pratique et commercial, on
devait être assuré de la régularité de leur
fonctionnement dans toutes les circonstances,
de leur - sûreté et de leur efficacité absolues.
Il fallait donc pouvoir mettre en œuvre des
dispositifs qui, au lieu de gaspiller l'énergie
dans toutes les directions, puissent au contraire
concentrer cette énergie dans. la direction des
correspondants.
Ces dispositifs devaient être assez puissants
pour que les antennes de réception soient sou-
mises à un champ électrique intense et être
munies d'organes de stabilisation de la fré-
quence.
On sait que la première, une grande Com-
Kagnie anglaise, put, grâce au « Beam System
Marconi » qui n'est autre qu'un dispositif
d'émission d'ondes courtes dirigées, organiser
des liaisons radiotéléphoniques à grande dis-
tance.
Fort heureusement, notre industrie nationale
put, grâce aux efforts de la Société Française
Radioélectrique, suivre de très près la Com-
pagnie Marconi.
Cette Société mit au point un ensemble
d'émission d'ondes dirigées qui ne le cède en
rien au Beam-System
T outea les questions techniques furent par-
faitement résolues et à la faveur des résultats
remarquables obtenus au cours des essais, les
liaisons radiotéléphoniques suivantes purent
être- ouvertes ?
- Entre., la France et le 19 no-
v#l*è'l929l
- entre la France et la République Ar-
gentine (Hqenos-Ayres) le lor février 1930 ;
entre la France et l'Indochine le 10
avril 1930:
entre la France et le Maroc le 27 juin
t930
Les communications entre la France d'une
part, ftndochine, le Maroc et la République
Argentine d'autre part, sont bilatérales.
Des projets sont en cours de réalisation pour
l'installation aux environs d'Alger d'un centre
d'émission radiotélégraphique et radiotélépho-
nique à ondes courtes projetées qui permettra
d'assurer dans les deux sens la liaison entre
la France et l'Algérie, alors que la commu-
nication radiotéléphonique n'est exploitée jus-
qu'ici que dans le seul sens France-Algérie.
Les dispositions prises par le Département
des P., T. T. pour l'installation à Pontoise et
à Noiseau Se centres radioélectriques à ondes
courtes projetées permettront d'organiser dans
un avenu plus ou moins rapproché des com-
munications radiotéléphoniques avec certaines
de nos grandes colonies, notamment avec Ma-
1
dagascar.
Il importe, en effet, de remarquer que l'en- I
gagement de dépenses relativement importantes
que nécessitent les installations aux colonies
de centres radioélectriques à ondes courtes pro-
jetées puissants, ne Je justifie notamment quw
par l'importance du trafic. Si ce trafic est tel
qu'il exige que les communications doivent être
établies en toute sécurité, à toute heure au
iour et de la nuit, ou tout au moins durant
une fraction notable des vingt-quatre heures
journalières, on conçoit que la mise en œuvre
d'un centre radiotélégraphique à ondes courtes
dirigées puisse s'imposer. L'adaptation aux
organes radiotélégraphiques des dispositifs né-
cessaires pour faire de la radiotéléphonie de-
vient alors le complément indispensable de
l'installation.
Aussi, partant de ce principe, n'est-il pas
excessif d'entrevoir qu'il pourra être question
plus tard, lorsque Madagascar sera relié pav
téléphonie sans fil avec la Métropole, de
prendre des dispositions identique* en faveur
de nos deux grandes colomes d Afrique OCCN
dentale et d'Afrique Equatoriale' françaises.
L'idée d'une telle réalisation peut paraître
contradictoire de celle émise plus haut pour
les communications à l'intérieur de nos colo-
nies, à savoir qu'en principe là superposition
d'une liaison par téléphonie sans fil à une
liaison radiotélégraphique se justifiera rare-
ment.
Mais ici, nous avons affaire à des liaisons
à grande distance, pour lesquelles nous devons
tenir compte des nécessités de la Défense Na-
tionale, de l'accroissement des moyenF. M
gouvernement, de la mise en valeur de nos
possessions et du grand courant d'affaires in-
dustrielles et commerciales qui doivent en être
la conséquence.
Ces motifs peuvent suffire à justifier la mul-
tiplication des moyens pr à resserrer les
liens qui existent entre la France et ses gran-
des colonies et à faciliter les tractations de
toute nature dont l'leur sera généralement
l'indice d'une ère de prospérité.
C., AeCilerre,
Sénateur du Nord,
Membre d.Sénatoriale des Affaires FAmngàrcu.
Propagande
-.
fa
ORSQUE le 25 février
1930, les premières,
les Annales Coloniales
par la plume, de leur
directeur, alloncèrenz.
ilogicusemcm, CI w
Réveil d'une Race »,
film documentaire de
M. Alfred Cllamnel,
- V œuvre u* était pas
encore publique. Aujourd'hui, elle est en
pleine actiotl, à Paris, sur un écran des Bou-
levards; aujourd' hui seulement, après quel-
ques centaines de. représentations, on peut
mesurer son admirable pouvoir de propa-
gande.
La publicité féconde que ce film fait,
non seulement à Voccupation bienfaisante et
civilisatrice de. la France, mais aussi aux
beautés naturelles dit Cameroun, cette publi-
cité, est une juste compensation donnée à
tant d'espoirs déçus, à tant d'argent gâche,
aussi bien pour alilllellter les officines de tou-
risme coloniales, que les afficlies-concours-
exotiques! Par exemple, les colleurs d'affi-
ches-exposition, nous ont gratifié de si rares
spécimens, que c'est plutôt à titre de curio-,
sités qu'ils ornent les murs de certains tnims-
tères-musées ou de quelques bureaux de
poste privilégiés. et les affiches sont d'un
si mauvais goût que ce privilège n'est pas
enviable.
Quant aux films coloniaux, inaugurés à
grands fracas, excessivement coÛteux, tel le
dernier en date « Càin » de AI. Poirier, ils
sont d'une médiocrité si navdmle, que seul le
silence de la critique peut témoigner en fa-
veur d'un effort de bonne volonté.
M. Alfred Chaumel est un colonial de car-
rière, sa femme, Mme Geneviève Chaumel-,
Gentil, son active collaboratrice, est la fille
de l'illustre explorateur M. Gentil. expéri-
mentalement ci atavÍquement, peut-être, cc
couple d'artistes cinéastes, sait disposer du
soleil tropical. Comme sur l'ordre de. Josué,
l'astre est immobilisé de merveilleuse façon
sur un village Foulbé. Les pllotograpltics de
plein air sont de tout premier ordre. M. Al-
fred Chaumel ne craint pas l'aveuglante,
l'éblouissante lumière, il joue supérieurement
avec les rayons et les ombres.
Mme et M. Alfred Chaumel réhabilitent
le documentaire furt beaucoup plus intères-
sanitque tous les, voyages rotnanedil. Seule-
ment, pottï accomplit* le, miracle de la rlsur- -
reitiôn, surtout au cinèma, il faut - que , le -'
réalisateur soit doublé d'un psychologue ému
par la vie des hommes ce qu'il soit doue
d'une sensibilité aigtlë, capable de lui dé-
celer la trame secrète du tirame qudtidien.
Alorst la plus poignante des tragédies
africaines se déroule sous les yeux des Pari-
siens. Elle a pour sujet la lutte de la France
contre la Maladie du Sommeil, les forces
scientifiques et nationales mobilisées contre
Vinfiniment petit, contre le tripanozome qui
au milieu des globules rouges du sang accom-
plit ses ravages de mort.
Là tlteOre, la technique très sûre et le doit
artistique de M. Alfred Chaumel se révèlent.
Inoubliable défilé de sommeilleux à travers
la broussc/ Autrefois, ces misérables loques
humaines auraient été abandonnées dans la
forêt et dévorées par les fauves. Aujour-
d'hui, pldus d'espoir, ils vont vers la vie!..
vers Ayos, sur les bords dtt Nyong, où la
France, en plein centre de la maladie, dé-
clare la guerre et combat la meurtrière mou-
che TsUsi-,
Lorsque la silhouette du Dr Jamot se des- 1
sine sur l'écratt, les applaudissements écla-
tent car cet apôtre de la science et de la
civilisation a ramené la mortalité dans cette
région de 40 à 6 %, et même, dajis certaines
zones, de 63 à 6
Film unique de révélation coloniale,
M. Alfred Chaumel et Mme Geneviève Chau-
mel-Gentil, cinéastes de grand talent, savent
servir les plus hauts intérêts de la France
Extérieure.
L. Gasparin
Député de ta Bêunion,
membre de la Commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats.
Tu te rends compte.
A L'OMBRE DE SOI-MEME
Les journaux transalpini réclgmen:e llÊxtemion
de la domination italienne jusqu'au Tchad et
invoquent à l'appui de leur thèse l'excès de la
population métropolitaine.
Le Sahara, colonie de peuplement ? on
croit roor. Le Sahara, où sous une coupole
d'implacable azur la terre, s'étend sans autre
ombre que celle du voyageur qui passe, Mus-
solini a peut-être l'intention de transformer le
désert Lybique en une vaste station balnéaire,
de bains de soleil évidemment'. La chaleur
saharienne étant nécessaire pour maintenir les
cerveaux fascistes au degré d'ébullition où ils
sont parvenus. Les Italiens qui réclament le
Sahara pour y déverser l'excédent de leur po-
pulation n'y sont certainement pas allés, ou
plutôt si, et c'est la seule explication de leur
prétention. A l'ombre de soi-même les coups
de bambous pleuvent, et c'est bien la seule
pluie que connaisse le Grtmd Désert.
m. c.
LIRE EN SECONDE PAGE :
A la Cihambire : Le budget des colonies ;
Jre diffénend Al gèro-marocain.
L'Aviation Coloniale.
T.c répertoire de l'Officiel.
La discussion du budget
des colonies
1 L
Cet après-midi à trois heures doit. com-
mencer la discussion du budget des Colo-
nies. Selon les prévisions, ou les débats se-
raient terminés tard dans la soirée, ou la
Chambre siégerait exceptionnellement de-
main dimanche pour en finir avec ce budget
et continuer avec ceux qui sont inscrits à
l'ordre du jour après lui.
ileum
A la Commission de l'Algérie
des Colonies et des Protectorats
»♦«
La propagande pour l'Exposition Coloniale
de Vincennes
La Commission de l'Algérie, des Colonies
et des Protectorats a. tenu deux réunions :
l'une jeudi après-midi, l'autre vendredi
matin.
Dans cette dernière, qui a été la plus im-
portante, elle a entendu les délégués des
syndicats, des commerçants de Paris, qui lui
ont exposé « la nécessité d'intensifier la pro-
pagande de l'Exposition coloniale ».
Cette initiative soulevait une question
vieille et complexe, la question des crédits
à accorder à la propagande pour l'Exposi-
tion coloniale. On se souvient qu'une deman-
de formulée par le Gouvernement dans ce
sens, en même temps qu'il demandait des
crédits pour faire une avance à l'Exposition
sur le produit de ses bons à lots a été re-
poussée par la Commission des Finances de
la Chambre, notamment sur l'intervention
de M. Ernest Lafonl qui préjugeait insuffi-
santes les garanties données au sujet de la
- répartition de ces fonds.
Un amendement de M. Lorhi dans le mô-
me' sens n'a pas été adopté non plus.
On a donc été amené à envisager un pro-
jet spécial qui courra d'ailleurs les mêmes
risques que les précédents, à moins que des
garanties supplémentaires ne soient données
au sujet de -la répartition des fonds.
Quoi qu'il en soit, l'initiative des syndicats
parisiens a contribué à remettre la question
sur le tapis.
La séance de vendredi matin
La Commission a entendu MM. Georges
Al ans, président du syndicat des cotnmer-
çants-detaillants ; Barclay, président de la
Fédération des commerces et des industries
de luxe; Fouquet-Laparrc, de VAlliance
syndicale du commerce et de l'industrie ;
Brinon, président du syndicat de l'Alimen-
tation parisienne ; lmartJ président de la
Fédération - des boissons.
M. Taittinger a remercié et a félicité les
dctcguesde l'initiative qu'ils avaient. prise
de demander cette .audition et leur, a déclaré
qtfe deé~"colonies et celui du-com-
merce français se trouvaient entièrement
d'accord.
Les délégués ont exposé les raisons de
leur démarche et ont démontré que l'Expo-
sition coloniale devait donnçr au commerce
de la France entière le signal de la reprise
des affaires.
Or, cette Exposition est encore insuffisam-
ment connue en France et à l'étranger et il
est indispensable, poui assurer sa réussite,
d'organiser cette propagande de façon ef-
fective.
Un grand nombre de députés avait égale-
ment demandé à être reçus par la Commis-
sion, elle a entendu MM. Lorin, Proust)
Evain, Outrey) Edouard Soulier, Chassai-
pne-Goyon, MalingrCj Dclsol) Charles Lam-
î f, Dtival-Arnould ainsi que M. Fleurot,
conseiller municical représentant M. de
Castellancj président du Conseil municipal
de la Ville de Paris.
La Commission a pris la résolution de de-
mander au Gouvernement le dépôt d'un pro-
jet supplémentaire portant ouverture d'un
crédit suffisant. Le contrôle le plus sévf^îo
sera exercé sur l'emploi des fonds de façon
a en assurer la meilleure utilisation.
La séance de jeudi
Dans la séance de jeudi après-midi, M.
Roux-Freissineng a donné lecture de son
rapport sur sa proposition de loi relative
aux eaux souterraines de l'Algérie. Ce rap-
port propose une modification de la législa-
tion algérienne dans le but de favoriser la
mise en valeur des oasis et de venir en aide
aux colons qui, par le forage des puits et
par l'utilisation des eaux souterraines, fer-
tilisent les confins sahariens.
Le rapport de M. onx-Freisshtcng a été
adopté à l'unanimité.
La Commission a procédé ensuite fl. un
échange de vues sur les déclarations faites
devant la Commission par les ministres du
Commerce et des Colonies au sujet des pro-
jets de loi portant modifications des droits
de douane sur certains produits coloniaux.
M. Outrey a défendu les projets et a mon-
tré que les planteurs coloniaux avaient be-
soin d'une aide immédiate de la Métropole,
aide indispensable étant donné les prix de
la matière première, ils perdent actuelle-
ment environ 3 francs sur le kilo de caout-
chouc produit.
M. Varenne s'est déclaré d'accord sur le
but à atteindre mais non sur les moyens..
L'industrie du caoutchouc en France est
menacée par une crise de chômage. Il ne
faut pas que, pour venir en aide aux plan-
teurs coloniaux, on risque de sacrifier les
travailleurs de la Métropole.
Par ailleurs, les taxes que veulent créer
les projets seront supportées par le consom-
mateur. Il serait préférable de protéger les
colonies, soit par le système du crédit co-
lonial, soit par la création de caisses de
compensation.
M. de Tastes s'est déclaré d'accord avec
M. Varenne et a demandé qu'un contrôle
sévère soit exercé sur les bénéficiaires de
l'aide financière que l'Etat promet aux plan-
teurs, de façon à n'apporter un appui qu'aux
sociétés et plantations vraiment dignes de
confiance.
La Commission a nommé M. Alcide Del-
mont, rapporteur pour avis, des deux pro-
jets de loi. Elle a décidé, en outre, d'enten-
dre sur ces questions des délégués des plan-
teurs et des représentants de syndicats de
transformation du caoutchouc et autres pro-
duits coloniaux.
La situation agricole
au Maroc
»♦«
Il y a quelques jours, lorsque le signataire
de ces lignes quittait le Maroc pour rentrer
en France sur un de ces excellents paquebots
de la Compagnie Paquet qui relient Casa-
blanca à Marseille avec une régularité admi-
rable, l'état général du Protectorat agricole
était meilleur qu'on ne le pouvait espérer
quelques semaines plus tôt. Les pluies, d'un
bout à l' autre de l'empire chérifieq, ont été et
sont assez abondantes cette année pour que le
grain lève bien. Les nouvelles qui nous par-
viennent par le dernier courrier font espérer
une très bonne récolte.
Un peu partout, et principalement dans la
partie nord, les gelées ont fait beaucoup de
mal aux cultures maraîchères, dont l'impor-
tance s'accroît d'année en année, fort heureu-
sement ; plus bas, dans le Sud, les sauterelles
sont venues, plus nombreuses qu'on ne les
avait annoncées, et c'est d'autant plus fâcheux
que l'on pouvait espérer une très belle récolte
d'orge et de blé.
On a rétabli, croyons-nous, la prime au
ramassage, qui avait été un moment suppri-
mée, et l'on a eu raison. Certes, le ramas-
sage est un palliatif qui ne donne pas des ré-
sultats bien concluants. Néanmoins, il est
utile. Si peu que ce soit par rapport à la masse
des envahisseurs, il est toujours intéressant
d'en faire disparaître un certain nombre : et si
l'Arabe, paresseux par nature, n'est pas incité
par l'appât d'un bénéfice immédiat, il ne se
montre guère ardent au travail.
Il serait temps, grand temps même, d'avoir
une bonne récolte. L'Arabe souffre : on s'en
aperçoit facilement en comparant, par exem-
ple, les prix de la main-d' œuvre actuellement
pratiqués à ceux des années dernières. Ils ont
sensiblement baissé, et les colons trouvent
facilement tout le personnel dont ils ont be-
soin. Il n'en était pas de même l'an dernier
encore. Mais, telle qu'ette est, la situation
économique générale du Maroc est toutefois
merveilleuse si on la compare à celle de cer-
taines colonies voisines, le Sénégal notam-
ment. Pour ce dernier pays, la chute de plus
en plus marquée des prix de l'arachide risque
d'amener une crise é vraiment terrible. Déjà
l'an dernier, aux cours de 5 à 600 francs,
l'indigène ne s'y retrouvait pas, et on a eu
toutes les peines du monde à faire la soudure.
Cette année, où l'on pratique les cours de
400 à 425 francs, comment veut-on que le
I noir, puisse se procurer les ressources indispen-
sables pour assurer son existence et celle. de
I sa famille'?
Cette colonie, la plus arriérée du groupe
de l'A.O.F., quoique étant celle où nous
sommes installés depuis le plus long temps,
va connaître des mois bien difficiles.
Nous reviendrons sur ce sujet.
Louis Le Barbier.
Au Conseil d'État
̃ «»*
Au Tonkin. Passage du fleuve Rouge.
Service public du bac. Rejet de la
requête du concessionnaire
Le 23 août 1923, M. Dang-Dinh-Dicn, en-
trepreneur à Thoi-Binh, avait passé, avec le
Protectorat du Tonkin, un marché pour l'ex-
ploitation d'un bac a traction mécanique sur
le fleuve Rouge à Tan-Dé.
Aux termes de l'art. 3 du cahier des char-
ges, annexé audit marché, le fermier devait
fournir une chaloupe d'une puissance suffi-
sante pour assurer le service.
Or, cette chaloupe ne répondant pas aux
conditions exigées, l'administration adressa
audit fermier, le 23 février 1924, une mise
en demeure enjoignant à ce dernier à rem-
placer la chaloupe en service par une autre
plus puissante.
N'ayant pas tenu compte de ces avertis-
sements, le fermier était informé par
l'administration qu'à la date du 8 août
1924 le contrat intervenu était résilié.
Le fermier introduisit alors une requête au
Conseil du Contentieux administratif de
l'Indochine aux fins d'annulation de la dé-
cision administrative.
Cette juridiction administrative décidait,
par arrêté en date du 21 avril 1926, que
cette résiliation était à tort intervenue. Elle
reconnaissait, en outre, à l'intéressé, un
droit à indemnité, sous réserve de justifica"-
tions ultérieures.
M. Dang-Dinh-Dien déférait cet arrêté de-
vant le Conseil d'Etat aux fins d'annulation
et par voie de conséquence au paiement de
l'indemnité en principe reconnue par le
Conseil du Contentieux administratif.
De son côté le Protectorat du Tonkin sou-
tenait, par voie de recours incident, qu'au-
cune indemnité n'était due au fermier, la ré-
siliation du marché ayant été, à bon droit,
prononcée.
Le Conseil d'Etat a jugé cette affaire en
rejetant la requête de M. Dang-Dinh-Dien
attendu. que la concession qui lui avait été
accordée n'était pas rémunératrice et ne pou-
vait le devenir.
Dès lors, aucune indemnité ne saurait lui
être accoraée de ce chef.
Il résulte que M. Dang-Dinh-Dien n'est
pas fondé à soutenir que le Conseil du
Contentieux administratif de l'Indochine n'a
pas tenu compte de tous les éléments du pré-
judice par lui souffert du fait de la résilia-
tion injustifiée du contrat.
Pour ces motifs sa îequête est rejetée.
quiu -
A l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres
Parmi les récompenses distribuées hier
par l'Académie des Inscriptions, notons que
la médaille des architectes a été attribuée à
M. Seyrig, directeur des antiquités do Syrie.
AU SENAT
A LA COMMISSION CES FINANCES
Le renouvellement du privilège
de la Banque de l'Indochine
La Commission Sénatoriale des Finances
s'est réunie hier et a longuement délibéré
au sujet du projet voté par la Chambre
de renouvellement du privilège de la Ban-
que de l'Indochine. Après une discussion
animée, la Commission aurait finalement
approuvé le rapport de M. Albert Lebrun
concluant à l'adoption du projet.
M. Philip, sénateur du Gers, serait,
dit-on, chargé de son côté du rapport, au
nom de la Commission des Colonies, qui
doit se réunir prochainement à ce propos.
DEBATS -
Vote du projet
concernant le Crédit Colonial
Sur la demande du ministre des Colonies,
après, son audition d'hior à la Commission
vsénatoriale des Finances, le débat sur le
projet présenté par le gouvernement con-
oeirnant la oréation du Crédit Colonial est
venu hier en discussion devant lie Sénat.
Au banc des ministres. MM. Paul Rey-
naud, P.-E. Flandin, G. Géraird, Léon Hé-
rard et notre distingué collaborateur M.
Mairio Houston.
Au nom de la Commission des Finances,
M. Abel Card'cy, rapporteur général, dé-
posera tout d'abord son rapport concluant
à l'adoption, -en faisant des réserves sur
la portée et la fOlrme de la mesure propo-
sée.
L'opinion de M. Viollette
Rapporteur de la Commission des Colo-
nies, M. Viollette prend ensuite la parole
pour approuver les réserves exprimées par
M. Aboi Grurdey. pouvct'neur général do
En effet., dit l'ancien gouverneur général do
l'Algérie, ce qu'on nous demando pratiquement
c'est d'étendre, et pour commencer, aux Nou-
vclles--l-IÓbl',ides, le système déjà usité après lo
sinistre de la Guadeloupe.
Nous nous inclinons devant lo coroctùro d'ur-
gence invoqué mais Cil. réclamant que les con-
ventions qui, par la suite, seraient conclues
avec d'autres colonies ne soient pas soustraites
au contrôle du Parlement.
Il faut que le Crédit colonial double l'effort
fait par les banques d'émission en faveur d'e
l'agriculture coloniale, et qu'il no les dispense
pas de cet effort.
Et ici les réserves très applaudies :
il est entendu que lo Crédit, colonial n'inter-
viendra que pour les particuliers et non .pour
seoourin' des banques en difficulté. Vous nous
l'avez assuré, M. le ministre.
Par ailleurs, vous justifiez le Crédit colonial
par la nécessité d'amortir des déficits d'exploi-
tation : la formule n'est-elle pas trop large pour
n'être pas dangereuse ? Il faudrait que la défi-
nition en fût contrôlée par le Parlement.
Qui sera chargé de la distribution des crédits t
On ne peut instituer d'onéreuses agences 'Joca-
les dans: lés diverses colonies; Il faudra trouver
un intermédiaire entre le Crédit colonial et les
colons, en préciser la nature et les attributions.
colons, cette organisation encore au Parle-
ment.
Nous comptons sur votre prudenco, mais nous
voulons savoir nettement ti quoi on s'engage.
Le Crédit colonial no vaudra que ce qu'en vau-
dra l'aménagement.
La parole est au ministre
Après une brjv,e intervention dé M. Léo-
nus Renard, sénateur de la Réunion, de-
mandant l'aibaissenneait des taux des avan-
ces du Crédit National, en rnnusftamt aux
conditions- actuelles du mardi6 de l'argent,
M. Paul Reynaud monte rapidement à la
tribuaie.
Il y a longtemps, précise le ministre, que l'on
parle de crédit à moyen lermo pour les colo-
nies. On avait antérieurement envisagé, a cet
effet, un prélèvement important sur les crédite
du projet d'outillage national. Voulant fairo fuce
à la nécessité d'aller vite, je me suis, pour ma
part, adressé au Crédit National, dont la loi de
1920 a étendu le champ d'notion en lui donnant
la faculté d'alimenter des prêts pour réparer le
sinistre de la Guadeloupe. Notre projet ne fait
ricai d'autre, comme vous l'a expliqué lumineu-
sement M. le rapporteur, que d'étendre mainte-
nant cette faculté à de nouvelles colonies.
Je donne volontiers l'assurance quo les prêts
fi moyen terme no sont nullement destinés aux
banques, mais aux particuliers, agriculteurs eti
commerçants.
Quant au taux des prêts, il ne doit pas être,
inférieur à celui que le Crédit national consent
sur ses propres fonds : c'est-à-dire de 6 50 à
7 50 %; on le trouve trop cher 1 Mais il no s'agit
pas de prêts à court terme, pour lesquels lo
taux actuellement est do 10 à 11 %, mais de
ces prêts à moyen terme, dont on se monhre
aujourd'hui si friand. Tenons-nous on aux con-
ditions économiques des pays envisagés. Il ne
peut être question d'accorder des faveurs aux
petits commerçants ou agricullem's, ceux-ci ne
bénéficiant pas de taux spéciaux en France ati-
près du Crédit National. Le Gouvernement s'en-
gage à communiquer le terxto des conventions
aux commissions compétentes et ne désire nul-
I lomcmt éluder le contrôle parlementaire.
Pour les Nouvelles-Hébrides, le Gouverne-
ment a (Mjà obtenu la revision des contrats de
travail, afin que ceux-ci ne rendent pas le prix
de revient prohibitif sur le marché mondial.
Quant à l'agent d'immigration, qui se trouve
sur place, le Gouvernement, comme l'a demandé
M. le rapporteur, pense qu'il sera. nécessaire
qu'il connaisse par lui-même l'Indochine où so
recrute la main-d'reuvro et entend procéder iL
son changement.
Mais pour l'organisation de la nouvelle insti-
tution, il faut évidemment que le Crédit Natio-
nal s'adresse aux banques d'émission, qui seu-
les connaissent les conditions locales.
Mais déjà M. Violette a bondi :
Il faudra donc conclure avec elles des et nven-
tians ?
Nullement, expliquo le ministre, cepen-
dant qu'on voit M. Caillaux faire de grands.
gestes de d'éalégtt'tiùn, car le Crédit Natio-
nal SQWl et restera prêteur. 1.0=3 banqtïps
d'émission formeront guichiet. Kit enfin la
concluston : le projet de loi constitue le
iprolongement des projets votés sur les em-
prunts colondaux.
Intervention de M. Bérenger et vote
Tic Sémnit semble maintenant vouloir on
finir. Mais sur une nouvelle remarque de
M. Léonus Rénard, rappelant qu'à la Gua-
deloupe tous les prêts mis à disposition
¡n"mÜ pas été retenus parce que d'un taux
excessif,
Notre éminent collaborateur M. Henry
TVrenger se lève et, avec la phifl grande
clarté, reniât définitivement les choses [I,U
point :
On a signalé a nùs "'()IIll11iion.\ s'exprima
le sénateur de la Guadeloupe au milieu de l'np-
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. NO 30. rm ISOMERO : 80 CENTIMES SAMEDI SOIR, 21 FEVRIER 1931.
JOURMLJWQTIDIIR
Rédaction & Administration :
i«, IN IL Miit-Tianr
PARIS q."
TtLtPH. t LOUVRE le-"
- ItlCHKLIBU
Àl 1 C 0
Les Annales Coloniales
ON mmenee» «I rManui «oui rifMi m
taMM * HÉriil
D.TIUR.PONDAT.Uit 1 Marcel RUEDEL
Tout lei article. publiai dans notre journal ru pnvintf
être reproduits qu'en ritonf 140 MALD CowIÍIALIÍI.
ABONNiNERTS
nu la Revue mamuane:
U., 8 M»i(
Franc» «I - - i.
Ctlonlet 111 » 106 > lt »
ÊtrtRfltr.. 241 » 125 » 70 » !
On s'abonne sens frtl» daoi
km» Je# bureaux de poste.
La Radioélectricité Coloniale
tr JB i
La Radiotéléphonie
L'étude de radioélectricité coloniale, pour-
suivie dans les colonnes de ce journal, ne
serait fpa8 complète si nous omettions d'exposer
le développement de la téléphonie eans- fil.
Précisons quelques points : -
., En 1908, des essais effectués au moyen
d'émetteurs à arcs donnèrent quelques résultats
appréeiables. L'essor fut déterminé en 1913-
1914 par l'apparition des lampes à trois élec-
trodes (tubes à vides) qui constituent des
moyens de réception extrêmement sensibles,
permettant d'engendrer commodément des
ondes entretenues et de les moduler. Dès 1919
on put, au cours d'expériences, transmettre la
voix humaine à travers l'Atlantique et couvrir
ainsi une portée de 6.000 kilomètres. C'était
là un résultat exceptionnel, car, en pratique,
à cette époque, des communications radiotélé-
phoniques sûres ne pouvaient s1 établir qu'à des
d istances de quelques centaines de kilomètres.
Actuellement, le service radiotéléphonique à
grande distance prend une extension notable,
et pour répondre à d la question touchant au
secret des communications, on peut dire que
le problème a reçu des solutions fort intéres-
santes dont l'application s'imposera dans bien
des circonstances.
Il est bon de souligner aulsi que les trans-
missions radiotéléphoniques présentent, notam-
ment, sur les transmissions radiotélégraphiques,
l'avantage, en commun avec la téléphonie par
fil, de pouvoir être assurées par un personnel
ne sachant ni manipuler, ni lire au son. il
suffit à ce personnel de savoir procéder aux
réglages des postes.
Par contre, la téléphonie sans fil présente,
en l'état actuel de la technique, certains incon-
vénients par rapport à la télégraphie sans fil.
Sa portée réelle est très intérieure à celle
qu'on obtiendrait, dans les mêmes conditions,
avec le même poste utilisé en radiotélégraphie.
Le nombre des communications qui peuvent,
en télégraphie sans fil à ondes entretenues,
être établies à l'intérieur d'une bande de fré-
quences (longueurs d'onde) donnée, sans ris-
ques de brouillages, est beaucdtfp plus grand
que celui qu'on obtiendrait pour des communi-
cations en radiotéléphonie.
Disons encore que la réception de la télé-
phonie sans fil est plus facilement brouillée
2ue celle de la T.S. F. à ondes entretenues.
Et étant donné les causes de brouillages, qu'il
dleffcctucf simultané-
serait trop long- de développer jci, il n'est^pra-
$«-a it- ilop 101%, g- de d'ônde
jjjtétertninée dès transmissions radiotélégraphi-
ques et radiotéléphoniques.
C'est pour ces raisons que le règlement
général annexé à la Convention radiotélégra-
phique internationale de » Washington 1927 a
réservé des bandes de fréquences (longueurs
d'onde) spéciales pour la radiodiffusion et
prescrit des arrangements régionaux pour l'uti..
lisation des bandes de fréquences commdhes à
la radiodiffusion et à d'autres services.
Nous avons indiqué quelques-uns des incon-
vénients que présente en l'état actuel de la
technique la radiotéléphonie sur la radiotélé-
graphie, pout montrer que les possibilités de
cette branche de la radioélectricité sont assez
imitées.
Néanmoins, la radiotéléphonie est suscep-
tible d'applications très intétessantes, soit pour
les communications à l'intérieur de nos colo-
nies, soit pour relier directement la métropole
à nos principales possessions lointaines.
Mais il faut retenir : -.
1" Qu'il y a intérêt aussi bien en téléphonie
qu'en télégraphie sans fil à ne pas multiplier
exagérément le nombre de stations dans des
espaces restreints et à s'en tenir pour fixation
de la puissance de ces stations à des limites
compatibles avec des conditions de fonctionne-
ment satisfaisantes.
2° Que les installations radiotéléphoniques
doivent répondre aux mêmes conditions que les
systèmes à conducteurs.
La parole doit être aussi nette, des dis-
positions doivent être prises pour triompher
des interférences et des phénomènes divers qui
purent se manifester au cours des transmissions.
Comme ces dispositions peuvent, dans cer-
taines circonstances, conduire à mettre en jeu
une grande énergie et entraîner à des dépenses
d'exploitation et d'entretien assez élevées, il
importe qu'une étude bien comprise de chaque
cas particulier, mettant en relief les avantages
et les inconvénients de l'organisation proje-
tée, intervienne pour prendre une décision.
A l'intérieur de nos colonies, l'emploi de
la radiotéléphonie «* pour les communications
entre abonnés ne parait pouvoir être envisagé
que dans des circonstances spéciales.
D'autre part, on ne conçoit pas dans la
majorité des cas l'utilité de la superposition
d'une liaison radiotéléphonique à celle d'une
bonne communication assurée soit par télégra-
phie ou téléphonie ordinaire, soit par T.S.F.
Par contre, dans les régions où la T.S. F.
s'est pas installée, dans celles où les lignai
iont peU nombreuses ou si leur fonctionnement
Mt incertain, si l'on veut avoir des communi-
cations au delà d'une ligne en service sans la
prolonger et à des conditions moins dispén-
dieuses, s'il est nécessaire de transmettre fré-
quemment des renseignements généraux à un
teftain- nombre de récepteurs simples et peu
coûteux, la radiotéléphonie interviendra utile-
jnent
S'il n'existe pas de lignes. on. pourra orga-
niser une communication radiotélégraphique ou
radiotéléphonique entre centres administratifs
OU inilitaires. Lie choix du mode de commu-
nication dépendra des circonstances ; mais la
pouristence ées deux moyens sera tout à fait
tionnelle.
L'imtallati d'une liaison Tadiotétephoni-
que ou même d'un petit réseau est tout indi.
quée dans des régions déshéritées qui peuvent
constituer des ceotrea de prospection, d'entre..
'pftses 'industrielles, etc. Ce sera là un bon
moyen de direction, propre à faciliter la tâche
des artisans de la colonisation et à augmenter
le rendement de Leurs entreprises.
Pour relier entre eux des postes radiogonio-
métriques, pour relier à la côte des radiophares
ou des p h ares installés dans des îles, l'emploi
de la radiotéléphonie est également bien indi-
qué aux colonies. Pour les besoins de la navi-
gation aérienne, des convois automobiles, pour
ceux de la météorologie, des postes de radio-
téléphonie à portée assez limitée peuvent être
utilement mis en service à l'intérieur de nos
possessions.
Quant à la radiotéléphonie à grande dis-
tance, ou transocéanique, c'est grâce à l'em-
ploi des ondes courtes projetées qu'on a pu
envisager son utilisation pour relier la métro-
pole à certaines de nos grandes colonies.
- Pour que de telles liaisons présentent un
caractère vraiment pratique et commercial, on
devait être assuré de la régularité de leur
fonctionnement dans toutes les circonstances,
de leur - sûreté et de leur efficacité absolues.
Il fallait donc pouvoir mettre en œuvre des
dispositifs qui, au lieu de gaspiller l'énergie
dans toutes les directions, puissent au contraire
concentrer cette énergie dans. la direction des
correspondants.
Ces dispositifs devaient être assez puissants
pour que les antennes de réception soient sou-
mises à un champ électrique intense et être
munies d'organes de stabilisation de la fré-
quence.
On sait que la première, une grande Com-
Kagnie anglaise, put, grâce au « Beam System
Marconi » qui n'est autre qu'un dispositif
d'émission d'ondes courtes dirigées, organiser
des liaisons radiotéléphoniques à grande dis-
tance.
Fort heureusement, notre industrie nationale
put, grâce aux efforts de la Société Française
Radioélectrique, suivre de très près la Com-
pagnie Marconi.
Cette Société mit au point un ensemble
d'émission d'ondes dirigées qui ne le cède en
rien au Beam-System
T outea les questions techniques furent par-
faitement résolues et à la faveur des résultats
remarquables obtenus au cours des essais, les
liaisons radiotéléphoniques suivantes purent
être- ouvertes ?
- Entre., la France et le 19 no-
v#l*è'l929l
- entre la France et la République Ar-
gentine (Hqenos-Ayres) le lor février 1930 ;
entre la France et l'Indochine le 10
avril 1930:
entre la France et le Maroc le 27 juin
t930
Les communications entre la France d'une
part, ftndochine, le Maroc et la République
Argentine d'autre part, sont bilatérales.
Des projets sont en cours de réalisation pour
l'installation aux environs d'Alger d'un centre
d'émission radiotélégraphique et radiotélépho-
nique à ondes courtes projetées qui permettra
d'assurer dans les deux sens la liaison entre
la France et l'Algérie, alors que la commu-
nication radiotéléphonique n'est exploitée jus-
qu'ici que dans le seul sens France-Algérie.
Les dispositions prises par le Département
des P., T. T. pour l'installation à Pontoise et
à Noiseau Se centres radioélectriques à ondes
courtes projetées permettront d'organiser dans
un avenu plus ou moins rapproché des com-
munications radiotéléphoniques avec certaines
de nos grandes colonies, notamment avec Ma-
1
dagascar.
Il importe, en effet, de remarquer que l'en- I
gagement de dépenses relativement importantes
que nécessitent les installations aux colonies
de centres radioélectriques à ondes courtes pro-
jetées puissants, ne Je justifie notamment quw
par l'importance du trafic. Si ce trafic est tel
qu'il exige que les communications doivent être
établies en toute sécurité, à toute heure au
iour et de la nuit, ou tout au moins durant
une fraction notable des vingt-quatre heures
journalières, on conçoit que la mise en œuvre
d'un centre radiotélégraphique à ondes courtes
dirigées puisse s'imposer. L'adaptation aux
organes radiotélégraphiques des dispositifs né-
cessaires pour faire de la radiotéléphonie de-
vient alors le complément indispensable de
l'installation.
Aussi, partant de ce principe, n'est-il pas
excessif d'entrevoir qu'il pourra être question
plus tard, lorsque Madagascar sera relié pav
téléphonie sans fil avec la Métropole, de
prendre des dispositions identique* en faveur
de nos deux grandes colomes d Afrique OCCN
dentale et d'Afrique Equatoriale' françaises.
L'idée d'une telle réalisation peut paraître
contradictoire de celle émise plus haut pour
les communications à l'intérieur de nos colo-
nies, à savoir qu'en principe là superposition
d'une liaison par téléphonie sans fil à une
liaison radiotélégraphique se justifiera rare-
ment.
Mais ici, nous avons affaire à des liaisons
à grande distance, pour lesquelles nous devons
tenir compte des nécessités de la Défense Na-
tionale, de l'accroissement des moyenF. M
gouvernement, de la mise en valeur de nos
possessions et du grand courant d'affaires in-
dustrielles et commerciales qui doivent en être
la conséquence.
Ces motifs peuvent suffire à justifier la mul-
tiplication des moyens pr à resserrer les
liens qui existent entre la France et ses gran-
des colonies et à faciliter les tractations de
toute nature dont l'leur sera généralement
l'indice d'une ère de prospérité.
C., AeCilerre,
Sénateur du Nord,
Membre d.Sénatoriale des Affaires FAmngàrcu.
Propagande
-.
fa
ORSQUE le 25 février
1930, les premières,
les Annales Coloniales
par la plume, de leur
directeur, alloncèrenz.
ilogicusemcm, CI w
Réveil d'une Race »,
film documentaire de
M. Alfred Cllamnel,
- V œuvre u* était pas
encore publique. Aujourd'hui, elle est en
pleine actiotl, à Paris, sur un écran des Bou-
levards; aujourd' hui seulement, après quel-
ques centaines de. représentations, on peut
mesurer son admirable pouvoir de propa-
gande.
La publicité féconde que ce film fait,
non seulement à Voccupation bienfaisante et
civilisatrice de. la France, mais aussi aux
beautés naturelles dit Cameroun, cette publi-
cité, est une juste compensation donnée à
tant d'espoirs déçus, à tant d'argent gâche,
aussi bien pour alilllellter les officines de tou-
risme coloniales, que les afficlies-concours-
exotiques! Par exemple, les colleurs d'affi-
ches-exposition, nous ont gratifié de si rares
spécimens, que c'est plutôt à titre de curio-,
sités qu'ils ornent les murs de certains tnims-
tères-musées ou de quelques bureaux de
poste privilégiés. et les affiches sont d'un
si mauvais goût que ce privilège n'est pas
enviable.
Quant aux films coloniaux, inaugurés à
grands fracas, excessivement coÛteux, tel le
dernier en date « Càin » de AI. Poirier, ils
sont d'une médiocrité si navdmle, que seul le
silence de la critique peut témoigner en fa-
veur d'un effort de bonne volonté.
M. Alfred Chaumel est un colonial de car-
rière, sa femme, Mme Geneviève Chaumel-,
Gentil, son active collaboratrice, est la fille
de l'illustre explorateur M. Gentil. expéri-
mentalement ci atavÍquement, peut-être, cc
couple d'artistes cinéastes, sait disposer du
soleil tropical. Comme sur l'ordre de. Josué,
l'astre est immobilisé de merveilleuse façon
sur un village Foulbé. Les pllotograpltics de
plein air sont de tout premier ordre. M. Al-
fred Chaumel ne craint pas l'aveuglante,
l'éblouissante lumière, il joue supérieurement
avec les rayons et les ombres.
Mme et M. Alfred Chaumel réhabilitent
le documentaire furt beaucoup plus intères-
sanitque tous les, voyages rotnanedil. Seule-
ment, pottï accomplit* le, miracle de la rlsur- -
reitiôn, surtout au cinèma, il faut - que , le -'
réalisateur soit doublé d'un psychologue ému
par la vie des hommes ce qu'il soit doue
d'une sensibilité aigtlë, capable de lui dé-
celer la trame secrète du tirame qudtidien.
Alorst la plus poignante des tragédies
africaines se déroule sous les yeux des Pari-
siens. Elle a pour sujet la lutte de la France
contre la Maladie du Sommeil, les forces
scientifiques et nationales mobilisées contre
Vinfiniment petit, contre le tripanozome qui
au milieu des globules rouges du sang accom-
plit ses ravages de mort.
Là tlteOre, la technique très sûre et le doit
artistique de M. Alfred Chaumel se révèlent.
Inoubliable défilé de sommeilleux à travers
la broussc/ Autrefois, ces misérables loques
humaines auraient été abandonnées dans la
forêt et dévorées par les fauves. Aujour-
d'hui, pldus d'espoir, ils vont vers la vie!..
vers Ayos, sur les bords dtt Nyong, où la
France, en plein centre de la maladie, dé-
clare la guerre et combat la meurtrière mou-
che TsUsi-,
Lorsque la silhouette du Dr Jamot se des- 1
sine sur l'écratt, les applaudissements écla-
tent car cet apôtre de la science et de la
civilisation a ramené la mortalité dans cette
région de 40 à 6 %, et même, dajis certaines
zones, de 63 à 6
Film unique de révélation coloniale,
M. Alfred Chaumel et Mme Geneviève Chau-
mel-Gentil, cinéastes de grand talent, savent
servir les plus hauts intérêts de la France
Extérieure.
L. Gasparin
Député de ta Bêunion,
membre de la Commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats.
Tu te rends compte.
A L'OMBRE DE SOI-MEME
Les journaux transalpini réclgmen:e llÊxtemion
de la domination italienne jusqu'au Tchad et
invoquent à l'appui de leur thèse l'excès de la
population métropolitaine.
Le Sahara, colonie de peuplement ? on
croit roor. Le Sahara, où sous une coupole
d'implacable azur la terre, s'étend sans autre
ombre que celle du voyageur qui passe, Mus-
solini a peut-être l'intention de transformer le
désert Lybique en une vaste station balnéaire,
de bains de soleil évidemment'. La chaleur
saharienne étant nécessaire pour maintenir les
cerveaux fascistes au degré d'ébullition où ils
sont parvenus. Les Italiens qui réclament le
Sahara pour y déverser l'excédent de leur po-
pulation n'y sont certainement pas allés, ou
plutôt si, et c'est la seule explication de leur
prétention. A l'ombre de soi-même les coups
de bambous pleuvent, et c'est bien la seule
pluie que connaisse le Grtmd Désert.
m. c.
LIRE EN SECONDE PAGE :
A la Cihambire : Le budget des colonies ;
Jre diffénend Al gèro-marocain.
L'Aviation Coloniale.
T.c répertoire de l'Officiel.
La discussion du budget
des colonies
1 L
Cet après-midi à trois heures doit. com-
mencer la discussion du budget des Colo-
nies. Selon les prévisions, ou les débats se-
raient terminés tard dans la soirée, ou la
Chambre siégerait exceptionnellement de-
main dimanche pour en finir avec ce budget
et continuer avec ceux qui sont inscrits à
l'ordre du jour après lui.
ileum
A la Commission de l'Algérie
des Colonies et des Protectorats
»♦«
La propagande pour l'Exposition Coloniale
de Vincennes
La Commission de l'Algérie, des Colonies
et des Protectorats a. tenu deux réunions :
l'une jeudi après-midi, l'autre vendredi
matin.
Dans cette dernière, qui a été la plus im-
portante, elle a entendu les délégués des
syndicats, des commerçants de Paris, qui lui
ont exposé « la nécessité d'intensifier la pro-
pagande de l'Exposition coloniale ».
Cette initiative soulevait une question
vieille et complexe, la question des crédits
à accorder à la propagande pour l'Exposi-
tion coloniale. On se souvient qu'une deman-
de formulée par le Gouvernement dans ce
sens, en même temps qu'il demandait des
crédits pour faire une avance à l'Exposition
sur le produit de ses bons à lots a été re-
poussée par la Commission des Finances de
la Chambre, notamment sur l'intervention
de M. Ernest Lafonl qui préjugeait insuffi-
santes les garanties données au sujet de la
- répartition de ces fonds.
Un amendement de M. Lorhi dans le mô-
me' sens n'a pas été adopté non plus.
On a donc été amené à envisager un pro-
jet spécial qui courra d'ailleurs les mêmes
risques que les précédents, à moins que des
garanties supplémentaires ne soient données
au sujet de -la répartition des fonds.
Quoi qu'il en soit, l'initiative des syndicats
parisiens a contribué à remettre la question
sur le tapis.
La séance de vendredi matin
La Commission a entendu MM. Georges
Al ans, président du syndicat des cotnmer-
çants-detaillants ; Barclay, président de la
Fédération des commerces et des industries
de luxe; Fouquet-Laparrc, de VAlliance
syndicale du commerce et de l'industrie ;
Brinon, président du syndicat de l'Alimen-
tation parisienne ; lmartJ président de la
Fédération - des boissons.
M. Taittinger a remercié et a félicité les
dctcguesde l'initiative qu'ils avaient. prise
de demander cette .audition et leur, a déclaré
qtfe deé~"colonies et celui du-com-
merce français se trouvaient entièrement
d'accord.
Les délégués ont exposé les raisons de
leur démarche et ont démontré que l'Expo-
sition coloniale devait donnçr au commerce
de la France entière le signal de la reprise
des affaires.
Or, cette Exposition est encore insuffisam-
ment connue en France et à l'étranger et il
est indispensable, poui assurer sa réussite,
d'organiser cette propagande de façon ef-
fective.
Un grand nombre de députés avait égale-
ment demandé à être reçus par la Commis-
sion, elle a entendu MM. Lorin, Proust)
Evain, Outrey) Edouard Soulier, Chassai-
pne-Goyon, MalingrCj Dclsol) Charles Lam-
î f, Dtival-Arnould ainsi que M. Fleurot,
conseiller municical représentant M. de
Castellancj président du Conseil municipal
de la Ville de Paris.
La Commission a pris la résolution de de-
mander au Gouvernement le dépôt d'un pro-
jet supplémentaire portant ouverture d'un
crédit suffisant. Le contrôle le plus sévf^îo
sera exercé sur l'emploi des fonds de façon
a en assurer la meilleure utilisation.
La séance de jeudi
Dans la séance de jeudi après-midi, M.
Roux-Freissineng a donné lecture de son
rapport sur sa proposition de loi relative
aux eaux souterraines de l'Algérie. Ce rap-
port propose une modification de la législa-
tion algérienne dans le but de favoriser la
mise en valeur des oasis et de venir en aide
aux colons qui, par le forage des puits et
par l'utilisation des eaux souterraines, fer-
tilisent les confins sahariens.
Le rapport de M. onx-Freisshtcng a été
adopté à l'unanimité.
La Commission a procédé ensuite fl. un
échange de vues sur les déclarations faites
devant la Commission par les ministres du
Commerce et des Colonies au sujet des pro-
jets de loi portant modifications des droits
de douane sur certains produits coloniaux.
M. Outrey a défendu les projets et a mon-
tré que les planteurs coloniaux avaient be-
soin d'une aide immédiate de la Métropole,
aide indispensable étant donné les prix de
la matière première, ils perdent actuelle-
ment environ 3 francs sur le kilo de caout-
chouc produit.
M. Varenne s'est déclaré d'accord sur le
but à atteindre mais non sur les moyens..
L'industrie du caoutchouc en France est
menacée par une crise de chômage. Il ne
faut pas que, pour venir en aide aux plan-
teurs coloniaux, on risque de sacrifier les
travailleurs de la Métropole.
Par ailleurs, les taxes que veulent créer
les projets seront supportées par le consom-
mateur. Il serait préférable de protéger les
colonies, soit par le système du crédit co-
lonial, soit par la création de caisses de
compensation.
M. de Tastes s'est déclaré d'accord avec
M. Varenne et a demandé qu'un contrôle
sévère soit exercé sur les bénéficiaires de
l'aide financière que l'Etat promet aux plan-
teurs, de façon à n'apporter un appui qu'aux
sociétés et plantations vraiment dignes de
confiance.
La Commission a nommé M. Alcide Del-
mont, rapporteur pour avis, des deux pro-
jets de loi. Elle a décidé, en outre, d'enten-
dre sur ces questions des délégués des plan-
teurs et des représentants de syndicats de
transformation du caoutchouc et autres pro-
duits coloniaux.
La situation agricole
au Maroc
»♦«
Il y a quelques jours, lorsque le signataire
de ces lignes quittait le Maroc pour rentrer
en France sur un de ces excellents paquebots
de la Compagnie Paquet qui relient Casa-
blanca à Marseille avec une régularité admi-
rable, l'état général du Protectorat agricole
était meilleur qu'on ne le pouvait espérer
quelques semaines plus tôt. Les pluies, d'un
bout à l' autre de l'empire chérifieq, ont été et
sont assez abondantes cette année pour que le
grain lève bien. Les nouvelles qui nous par-
viennent par le dernier courrier font espérer
une très bonne récolte.
Un peu partout, et principalement dans la
partie nord, les gelées ont fait beaucoup de
mal aux cultures maraîchères, dont l'impor-
tance s'accroît d'année en année, fort heureu-
sement ; plus bas, dans le Sud, les sauterelles
sont venues, plus nombreuses qu'on ne les
avait annoncées, et c'est d'autant plus fâcheux
que l'on pouvait espérer une très belle récolte
d'orge et de blé.
On a rétabli, croyons-nous, la prime au
ramassage, qui avait été un moment suppri-
mée, et l'on a eu raison. Certes, le ramas-
sage est un palliatif qui ne donne pas des ré-
sultats bien concluants. Néanmoins, il est
utile. Si peu que ce soit par rapport à la masse
des envahisseurs, il est toujours intéressant
d'en faire disparaître un certain nombre : et si
l'Arabe, paresseux par nature, n'est pas incité
par l'appât d'un bénéfice immédiat, il ne se
montre guère ardent au travail.
Il serait temps, grand temps même, d'avoir
une bonne récolte. L'Arabe souffre : on s'en
aperçoit facilement en comparant, par exem-
ple, les prix de la main-d' œuvre actuellement
pratiqués à ceux des années dernières. Ils ont
sensiblement baissé, et les colons trouvent
facilement tout le personnel dont ils ont be-
soin. Il n'en était pas de même l'an dernier
encore. Mais, telle qu'ette est, la situation
économique générale du Maroc est toutefois
merveilleuse si on la compare à celle de cer-
taines colonies voisines, le Sénégal notam-
ment. Pour ce dernier pays, la chute de plus
en plus marquée des prix de l'arachide risque
d'amener une crise é vraiment terrible. Déjà
l'an dernier, aux cours de 5 à 600 francs,
l'indigène ne s'y retrouvait pas, et on a eu
toutes les peines du monde à faire la soudure.
Cette année, où l'on pratique les cours de
400 à 425 francs, comment veut-on que le
I noir, puisse se procurer les ressources indispen-
sables pour assurer son existence et celle. de
I sa famille'?
Cette colonie, la plus arriérée du groupe
de l'A.O.F., quoique étant celle où nous
sommes installés depuis le plus long temps,
va connaître des mois bien difficiles.
Nous reviendrons sur ce sujet.
Louis Le Barbier.
Au Conseil d'État
̃ «»*
Au Tonkin. Passage du fleuve Rouge.
Service public du bac. Rejet de la
requête du concessionnaire
Le 23 août 1923, M. Dang-Dinh-Dicn, en-
trepreneur à Thoi-Binh, avait passé, avec le
Protectorat du Tonkin, un marché pour l'ex-
ploitation d'un bac a traction mécanique sur
le fleuve Rouge à Tan-Dé.
Aux termes de l'art. 3 du cahier des char-
ges, annexé audit marché, le fermier devait
fournir une chaloupe d'une puissance suffi-
sante pour assurer le service.
Or, cette chaloupe ne répondant pas aux
conditions exigées, l'administration adressa
audit fermier, le 23 février 1924, une mise
en demeure enjoignant à ce dernier à rem-
placer la chaloupe en service par une autre
plus puissante.
N'ayant pas tenu compte de ces avertis-
sements, le fermier était informé par
l'administration qu'à la date du 8 août
1924 le contrat intervenu était résilié.
Le fermier introduisit alors une requête au
Conseil du Contentieux administratif de
l'Indochine aux fins d'annulation de la dé-
cision administrative.
Cette juridiction administrative décidait,
par arrêté en date du 21 avril 1926, que
cette résiliation était à tort intervenue. Elle
reconnaissait, en outre, à l'intéressé, un
droit à indemnité, sous réserve de justifica"-
tions ultérieures.
M. Dang-Dinh-Dien déférait cet arrêté de-
vant le Conseil d'Etat aux fins d'annulation
et par voie de conséquence au paiement de
l'indemnité en principe reconnue par le
Conseil du Contentieux administratif.
De son côté le Protectorat du Tonkin sou-
tenait, par voie de recours incident, qu'au-
cune indemnité n'était due au fermier, la ré-
siliation du marché ayant été, à bon droit,
prononcée.
Le Conseil d'Etat a jugé cette affaire en
rejetant la requête de M. Dang-Dinh-Dien
attendu. que la concession qui lui avait été
accordée n'était pas rémunératrice et ne pou-
vait le devenir.
Dès lors, aucune indemnité ne saurait lui
être accoraée de ce chef.
Il résulte que M. Dang-Dinh-Dien n'est
pas fondé à soutenir que le Conseil du
Contentieux administratif de l'Indochine n'a
pas tenu compte de tous les éléments du pré-
judice par lui souffert du fait de la résilia-
tion injustifiée du contrat.
Pour ces motifs sa îequête est rejetée.
quiu -
A l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres
Parmi les récompenses distribuées hier
par l'Académie des Inscriptions, notons que
la médaille des architectes a été attribuée à
M. Seyrig, directeur des antiquités do Syrie.
AU SENAT
A LA COMMISSION CES FINANCES
Le renouvellement du privilège
de la Banque de l'Indochine
La Commission Sénatoriale des Finances
s'est réunie hier et a longuement délibéré
au sujet du projet voté par la Chambre
de renouvellement du privilège de la Ban-
que de l'Indochine. Après une discussion
animée, la Commission aurait finalement
approuvé le rapport de M. Albert Lebrun
concluant à l'adoption du projet.
M. Philip, sénateur du Gers, serait,
dit-on, chargé de son côté du rapport, au
nom de la Commission des Colonies, qui
doit se réunir prochainement à ce propos.
DEBATS -
Vote du projet
concernant le Crédit Colonial
Sur la demande du ministre des Colonies,
après, son audition d'hior à la Commission
vsénatoriale des Finances, le débat sur le
projet présenté par le gouvernement con-
oeirnant la oréation du Crédit Colonial est
venu hier en discussion devant lie Sénat.
Au banc des ministres. MM. Paul Rey-
naud, P.-E. Flandin, G. Géraird, Léon Hé-
rard et notre distingué collaborateur M.
Mairio Houston.
Au nom de la Commission des Finances,
M. Abel Card'cy, rapporteur général, dé-
posera tout d'abord son rapport concluant
à l'adoption, -en faisant des réserves sur
la portée et la fOlrme de la mesure propo-
sée.
L'opinion de M. Viollette
Rapporteur de la Commission des Colo-
nies, M. Viollette prend ensuite la parole
pour approuver les réserves exprimées par
M. Aboi Grurdey. pouvct'neur général do
En effet., dit l'ancien gouverneur général do
l'Algérie, ce qu'on nous demando pratiquement
c'est d'étendre, et pour commencer, aux Nou-
vclles--l-IÓbl',ides, le système déjà usité après lo
sinistre de la Guadeloupe.
Nous nous inclinons devant lo coroctùro d'ur-
gence invoqué mais Cil. réclamant que les con-
ventions qui, par la suite, seraient conclues
avec d'autres colonies ne soient pas soustraites
au contrôle du Parlement.
Il faut que le Crédit colonial double l'effort
fait par les banques d'émission en faveur d'e
l'agriculture coloniale, et qu'il no les dispense
pas de cet effort.
Et ici les réserves très applaudies :
il est entendu que lo Crédit, colonial n'inter-
viendra que pour les particuliers et non .pour
seoourin' des banques en difficulté. Vous nous
l'avez assuré, M. le ministre.
Par ailleurs, vous justifiez le Crédit colonial
par la nécessité d'amortir des déficits d'exploi-
tation : la formule n'est-elle pas trop large pour
n'être pas dangereuse ? Il faudrait que la défi-
nition en fût contrôlée par le Parlement.
Qui sera chargé de la distribution des crédits t
On ne peut instituer d'onéreuses agences 'Joca-
les dans: lés diverses colonies; Il faudra trouver
un intermédiaire entre le Crédit colonial et les
colons, en préciser la nature et les attributions.
colons, cette organisation encore au Parle-
ment.
Nous comptons sur votre prudenco, mais nous
voulons savoir nettement ti quoi on s'engage.
Le Crédit colonial no vaudra que ce qu'en vau-
dra l'aménagement.
La parole est au ministre
Après une brjv,e intervention dé M. Léo-
nus Renard, sénateur de la Réunion, de-
mandant l'aibaissenneait des taux des avan-
ces du Crédit National, en rnnusftamt aux
conditions- actuelles du mardi6 de l'argent,
M. Paul Reynaud monte rapidement à la
tribuaie.
Il y a longtemps, précise le ministre, que l'on
parle de crédit à moyen lermo pour les colo-
nies. On avait antérieurement envisagé, a cet
effet, un prélèvement important sur les crédite
du projet d'outillage national. Voulant fairo fuce
à la nécessité d'aller vite, je me suis, pour ma
part, adressé au Crédit National, dont la loi de
1920 a étendu le champ d'notion en lui donnant
la faculté d'alimenter des prêts pour réparer le
sinistre de la Guadeloupe. Notre projet ne fait
ricai d'autre, comme vous l'a expliqué lumineu-
sement M. le rapporteur, que d'étendre mainte-
nant cette faculté à de nouvelles colonies.
Je donne volontiers l'assurance quo les prêts
fi moyen terme no sont nullement destinés aux
banques, mais aux particuliers, agriculteurs eti
commerçants.
Quant au taux des prêts, il ne doit pas être,
inférieur à celui que le Crédit national consent
sur ses propres fonds : c'est-à-dire de 6 50 à
7 50 %; on le trouve trop cher 1 Mais il no s'agit
pas de prêts à court terme, pour lesquels lo
taux actuellement est do 10 à 11 %, mais de
ces prêts à moyen terme, dont on se monhre
aujourd'hui si friand. Tenons-nous on aux con-
ditions économiques des pays envisagés. Il ne
peut être question d'accorder des faveurs aux
petits commerçants ou agricullem's, ceux-ci ne
bénéficiant pas de taux spéciaux en France ati-
près du Crédit National. Le Gouvernement s'en-
gage à communiquer le terxto des conventions
aux commissions compétentes et ne désire nul-
I lomcmt éluder le contrôle parlementaire.
Pour les Nouvelles-Hébrides, le Gouverne-
ment a (Mjà obtenu la revision des contrats de
travail, afin que ceux-ci ne rendent pas le prix
de revient prohibitif sur le marché mondial.
Quant à l'agent d'immigration, qui se trouve
sur place, le Gouvernement, comme l'a demandé
M. le rapporteur, pense qu'il sera. nécessaire
qu'il connaisse par lui-même l'Indochine où so
recrute la main-d'reuvro et entend procéder iL
son changement.
Mais pour l'organisation de la nouvelle insti-
tution, il faut évidemment que le Crédit Natio-
nal s'adresse aux banques d'émission, qui seu-
les connaissent les conditions locales.
Mais déjà M. Violette a bondi :
Il faudra donc conclure avec elles des et nven-
tians ?
Nullement, expliquo le ministre, cepen-
dant qu'on voit M. Caillaux faire de grands.
gestes de d'éalégtt'tiùn, car le Crédit Natio-
nal SQWl et restera prêteur. 1.0=3 banqtïps
d'émission formeront guichiet. Kit enfin la
concluston : le projet de loi constitue le
iprolongement des projets votés sur les em-
prunts colondaux.
Intervention de M. Bérenger et vote
Tic Sémnit semble maintenant vouloir on
finir. Mais sur une nouvelle remarque de
M. Léonus Rénard, rappelant qu'à la Gua-
deloupe tous les prêts mis à disposition
¡n"mÜ pas été retenus parce que d'un taux
excessif,
Notre éminent collaborateur M. Henry
TVrenger se lève et, avec la phifl grande
clarté, reniât définitivement les choses [I,U
point :
On a signalé a nùs "'()IIll11iion.\ s'exprima
le sénateur de la Guadeloupe au milieu de l'np-
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