Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-01-31
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 janvier 1931 31 janvier 1931
Description : 1931/01/31 (A32,N18). 1931/01/31 (A32,N18).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380293g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
y
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. - No la.. Lis HUM" v 30 CENTIMES SAMEDI SOIR. 31 JANVIER 1931.
, JOURNALJgOTIDIII
Rédaction & Administration :
s#, ttifli Mit-iliMr
PARIS (n
TlLÉra. : LOUVRE 19-37
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Les Annales Coloniales
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La crise mondiali 0 t l'Afrique Française
à B ,.-"s
D'un suggestif article intitulé « La crise
économique et l'Afrique » et publié par M. le
Général P. Mangeot, dans le dernier nu-
méro de l'Afrique Française, je détache ce
passage :
« Dans ces ténèbres une seule lueur nous
- - -
guide vers 1 espérance. Alors que depuis la
cessation des hostilités, l'année 1924 excep-
tée, notre balance commerciale a été cons-
tamment. déficitaire, elle a été, au contraire,
depuis 1923, constamment à l'avantage du
commence métropolitain, dans ses relations
commerciales avec nos colonies.
Deuxième constatation, plus importante
encore, la différence a été constamment en
augmentant depuis lors.
On peut donc dire, en se basant sur ces
considérations, qu'en donnant au Français
moyen la compréhension plus nette des pos-
sibilités commerciales et industrielles de no-
tre empire d'outre-mer, il sera possible de
diriger vers ces mêmes colonies un courant
d'affaires chaque jour plus important, cou-
rant qui contribuera à nous remettre
d'aplomb à condition toutefois qu'on ne le
considère pas comme une panacée univer-
selle.
Le problème ainsi posé mérite d'être étu-
dié de très près. Une adhésion trop rapide
aux conclusions ainsi présentées pourrait
peut-être entraîner, pour le Français moyen
auquel s'adresse M. le général Mangeot,
quelques désillusions et mécomptes.
Nos colonies et notamment nos grandes
colonies africaines de L'A. O. F. et de
l'A. E. F. ne sont pas du tout à l'abri de
la crise économique générale.
Mais celle-ci y prend une physionomie
qu'il importe de bien dégager.
Dans le discours qu'il a prononcé en ou-
vrant la dernière session du Conseil de
Gouvernement de l'A.O.F. M. le Gouverneur
Général Brévié, examinant à fond le pro-
blème de la crise, constate d'abord que le
mouvement du commerce spécial n a fléchi
en 1929 que faiblement. Après avoir donné
les chiffres globaux, il ajoute :
« Il convient donc, semble-t-ill, de ne pas
exagérer les effets qu'avait produits, jusqu'à
ces derniers mois, la crise sur l'Afrique Oc-
cidentale française. »
Sftnsdoute la crise s'est accentuée en
1930. Mais les chiffres rappelés par M. Bré-
vlé, montrent bien qu'il ne s'agit pas d'une
crise de production :
Les huiles de palme sont en progression,
j,' 'f¡;.:.1.. 'JiL.ienûer semestre de 19&0 21
,,j¡j: 'a. ,v '- :tt'a',til6ft "'dt&.:i1,.il"- .;?. a/, , ,VAtfU fI J..e
: 'ï''5«4#9 pendant la période correspondante
de l'ahftéô précédente et 36.526; tonnes
d'exportations d'amandes contre 27.252.
Même constatation pour le cacao dont
li'exportation passe pour les mêmes pério-
des de 12.192 tonnes à 16.608, pour les
bananes dont l'exportation passe de 3.995
tonnes en 1928 à 6.112 tonnes en 1929. Pour
les bois d'acajou les exportations du pre-
mier semestre de 1930 accusent une aug..
mentation de plus de deux mille tonnes sur
celles. de. la même période de 1929.
Le trafic des chemins de fer a légèrement
fléchi en 1929.
Les recettes douanières de 1020 faisaient
apparaître un léger fléchissement de l'ordre
de 5 à 6 millions, et le premier semestre de
1930 laissait encore paraître une augmen-
tation de recettes de 7.261.853 fr. Mais le
troisième trimestre a amené une régression
sensible et ili est à prévoir que l'année 1930
accusera une diminution assez sensible de
recettes par rapport à 1929.
Pourtant, depuis assez longtemps déjà, on
parle du malaise économique de l'A.O.F. et
depuis de longs mois les plaintes des inté-
ressés ont été recueillies et soumises aux au-
torités publiques, officiellement, par l'Union
coloniale française 8.
M. le Gouverneur Général Brévié expli.
qué ainsi la contradiction apparente de ces
faits :
« Au fond le malaise économique se
ramène à deux causes : une crise commer-
ciale locale et la baisse du cours des pro-
duits sur tous les marchés mondiaux.
On constate d'abord un investissement !
excessif des capitaux dans les affaires pu-
rement commerciales et bancaires, tandis que
les exploitations agricoles ou industrielles
ne disposent que de moyens financiers beau-
coup plus réduits. Suivant les renseigne-
ments fournis par le commerce lui-même,
sur une somme de 710 millions de francs-or
à la date du 1er janvier 1930, 189 millions,
c'est-à-dire 26 seulement du total s'ap-
pliquent à la mise en valeur effective 'des ri-
chesses du pays par les culitures, exploita-
tions minières et forestières. >
En somme, M. Brévié comme, précédem-
ment, M. Carde, constate principalement
une crise de crédit, provenant d'un déséqui-
libre anormal dans le financement de l'éco-
nomie nationale de l'A. O. F
Si nous lisons maintenant le clair et subs-
tantiel discours prononcé par M. le Gouver-
neur Général Antonetti, à la séance d'ou-
verture de la dernière session du Conseil de
Gouvernement de J'A.E.P. le 12 novembre
19310, nous ferons des constatations ana-
logues.
Jusqu'ici l'A.E.F. a tenu contre la crise.
Les exportations de bois l'okoumé du
- Gabon principalement ont été à peixie tou-
chées par la - crise.
L'exploitation de toutes les grandes ri-
chesses naturelles, les mines, le coton, le
pétrole même est en plein développement ou
fait l'objet des études les plus sérieuses.
Là, aussi, la crise prend essentiellement
l'aspect d'une crise commerciale et de cré-
dit 1
5 Cette dure crise commerciale, dit M.An-
tOllCtll, atteint également les colons, tous
ceux qui, attirés par ce pays, tentent d'y
créer des plantations, œuvre de longue ha-
leine, hérissée de difficultés. »
On peut dire que la crise économique
mondiale n'atteint nos économies coloniales
que par répercussion, ce qui ne veut pas dire
qu'elle les atteint médiocrement. La crise
mondiale actuelle occupe dans l'histoire des
crises économiques une place particulière.
Elle n'est ni une crise de surproduction -
comme on le dit trop souvent ni de sous-
oonsommation, ni une crise de crédit. Elle
a un caractère complexe qui en explique et
la profondeur et la durée anormale.
Un écrivain disait, il y a quelques jours,
dans un journal financier :
« La crise de 1929 a .revêtu aux Etats-
Unis un caractère nouveau particulier : c'est
la conjugaison d'une prospérité boursière et
d'une prospérité industrielle, étayécs l'une
sur l'autre. »
Et, pour justifier sa formule pa ple schématique, il nous montre l'Américiun
moyen achetant simultanément une automo-
bile à tempérament et une action General
Motors à terme, et payant les échéances de
la voiture achetée à crédit avec les prolits
réalisés sur la hausse de l'action.
Il faut généraliser la formule. Depuis la
guerre, et surtout depuis la fin de la guerre,
le monde a vécu sur une « économie -
spéculation a, le dérèglement des monnaies,
les grandes opérations entraînées par le rè-
glement - des dettes publiques internationales -
ont fourni à la spéculation financière un im-
mense champ d'action. La spéculation est
devenue maîtresse de la vie économique. Le
plus petit producteur, le plus petit intermé-
diaire n'ont conçu le gain, le revenu que
dans sa forme de « gain spéculatif P. On
peut dire que c l'économie de spéculation.
,eétait substituée à « l'économie de la pro-
duction P.
Mais quand l'aliment principal' de cette
fièvre a disparu avec la stabilisation des
monnaies et la liquidation provisoire des det-
tes publiques, tout cet édifice s'est écroulé.
Et maintenant, le monde se débat dans une
crise de réadaptation sur les bases normales
d'une économie de production.
Lé crédit effondré manque à Ja produc-
tion.
Nos gouverneurs généraux s en rendent
bien compte. M. Brévié dit Dakar :
« II tt&çt., appa*u. tjn'll serait utile, oh
attendant; dtf fwéftd*»' Mt Ai®. F. des me-
sures plus rapides susceptibles d'apporter
uné détente immédiate à la situation.
Elles se réfèrent à :
il, La refonte de la réglementation sur le
crédit agricole ;
2° L'emploi intensif des lHspollJbiJités
des Sociétés de prévoyance ;
30 L'intervention des Offices de l'alimen-
tation ;
40 L'adoption de tarifa de transports ré-
duits.
M. Antonetti dit à Brazzaville, après avoir
annoncé la création d'une caisse de crédit
agricole :
« Elle nous permettra d'aider beaucoup
de petites entreprises particulièrement inté-
ressantes, tant par les buts qu'elles poursui-
vent que par lies qualités de patience, de
persévérance, de labeur tenace qu'elles exi.
gent. »
L'un et l'autre, au reste, jettent un voile
discret sur les lourds sacrifices qu'ils ont
du consentir pour éviter l'effondrement du
crédit bancaire.
Mais il va sans dire que ces mesures sont
insuffisantes, ridiculement insuffisantes, si
l'on envisage la crise actuelle comme on le
doit.
Il s'agit non d'aider les petits colons à
franchir une passe difficile, mais de conce-
voir un nouveau mode de financement de la
production coloniale qui ne soit pas fondé
sur la pure spéculation.
Voilà le problème posé.
fillenaie Antonetti t
Député de la liaute-Savole,
Aux Etablissements Français
- de l'Inde
s
Nous apprellons que M. A. luvaltou, gou-
verneur des Etablissements français de
l'Inde, confirmant l'attitude qu'il a prise
contre le chef du service de Venseignement
dam les Etablissements français dam l'Inde
a cdblé au département pour demander le
rappel de M. Doreau, chef du service de
l'enseignement dans l'Inde. Cela m fait que
confirmer la position aussi regrettable pour
lui Que mauvaise pour la colonie prise par
- notre vieil ami Adrien Juvanon dans cette
affaire. Nous ne connaissons pas personnel-
lement M. Doreau, nous ne te jugeons que
par ses notes qui sont excellentes, par la
haute estime dans laquelle le tiennent ses
chefs, par la reconnaissance unanime de la
population scolaire qui sait apprécier son
dévouement et sa haute valeur profession-
nelle.
M. Adrien fuvanon, qui est maire et con-
seiller d'arrondissement dans l'Isère, ne de-
vrait pas oublier que Venseignement n'a rien
à gagner à se mêler à la politique, et, en la
circonstance, dans la plus déplorable des
politiques.
Les Hindous n'ont pas démoli le régime
Goebelé pour en voir introniser une parodie
aussi odieuse que le régime lui-mètoe.
L'évolution
de la Femme mnralmaie
» «•» ̃̃ ̃ -
m
1
'AI suivi très long-
temps, à cette
mime place, l'evo-
lut ion rapide de la
femme musulmane
eu Turquie, et j'ai
tnotitre plus d'une
fois la lutte qui s'engage et se renouvelle
entre les traditions anciennes qui ont donné
à toute une race des plis qui ne disparaîtront
pas en un jour, et Ici poussée des idées mo-
dernes qui entraîne la jeune République vers
d'autres destins.
Le journal Akcham publiait, il y a quel-
que temps, une interview de Safié Khanoum,
élue récemment ait Conseil municipal d' Is-
tamboul. Hommes ou femmes, quel que soit
le pays, quel que soit le climat, sont, au
lendemain d'une élection, obligés de confier
aux journalistes obstinés et, indiscrets les
grandes choses qu'ils ont l'intention de faire.
Le programme de Safié Khanoum m'a
paru digtte d'attention : cette ancienne infir-
mière fait passer en première ligne l'hygiène,
la propreté, la santé de la race, la préser-
vation des jeunes filles et des jeunes gens,
leur éducation intellectuelle et morale; de
l'eau en abondance, des maternités, des mé-
decins visiteurs, des infirmières, des biblio-
thèques de quartier, des salles de lecture, rt
aussi interdiction d'employer les jeunes filles
comme serveuses dans les bars et les casinos,
suppression dcs maisons de tolérance, lutte
contre l'alcoolisme qui exerce ses ravages
dans la jeunesse des deux sexes. C'est un
très b011 programme, l'igllore quel sera le
mode - de financement, je. Ille dis que peut-
être le concurrent de l'éttie promettait les
mêmes choses, je réfléchis qu'entre l'exposé
de tout programme et sa téalisatiott, il y a
un peu plus de distance qu'entre la coupe et
les lèvres; mais, en définitive, tout cela esi
non moins vrai des pro fessions de foi mas-
culines que féminines, et, si j'étais citoyen
d'/stamboul, je déclare en toute franchise
qu'une affiche étalant ces projets de réfor-
mes aurait eu sur mon vote la pilis profonde
influence.
J'entends bien qu'il reste à montrer com-
ment Velue défendra ces projets au sein de
l'Assemblée municipale. Pourquoi les défen-
drait-elle moins bien qu'un concurrent du
sexe môle ? C'est motl opinion, et c'est la
vôtre. Ce n'est pas celle (l'une femme turque
qui me semble impitoyable pour le fémi-
nisme turc. Elle s'attelle AT, Hussein Kha-
noum, (t A publié m urtltlc dlpmjtotiïainl^
nitê dans le KliaJk Doslau: jt 'Àkcbitm, lui-
même. Va reproduit a'l'r'C tint impartialité à
laquelle il faut rendre hommage. N. Hussein
KI/mloutll n'y va Pas par t/mitre chemins :
« Des femmes qui se sent vendues aux hom-
mes. Des femntns siégeant au Conseil de la
- ville pour accomplir la - volonté de l'homme.
Des marionnettes inanimées dont les fils sont
tenus par les hommes. Une JI/mille élue dans
ces conditions conseillère municipale n'a rien
de comtnlm avec la femme. Elle ne peut rc-
présenter le féminisme. Il n'y a pas de fem-
mes au Conseil di la ville, mais (IL-si )ioitpi'rs
vendues. ̃
La Commission sénatoriale, chargée de
l'examen de la proposition de loi de M.
louis Martin sur le vote des femmes a-t-elle
eu ces documents en mains? Soir président,
soit secrétaire, son rapporteur sont hostiles
ale vote des femmes. Sont-ils allés chercher
dans l'article de N. Hussein Khanoum une
réplique à l'argumellt bien connu : La fem-
me musulmane est, en Turquie, électrice et
éligible ? 1
La vérité est. difficile à saisir en ce bas
monde. Il est impossible de fondn son opi-
ItiOlt sur les progrès réels du féminisme en
Turquie si on parcourt de simples affiches
électorales. D'attire part, les termes de ven-
dues', de marionnettes sentent trop le style
.,.,. - - , --'.- - -.
(tes combats eiectoraux pour qu on ne se
sente pas en défiance devant l'appréciation
de celui ou de celle qui les emploie. Il en
est ainsi même dit mot « poupées » qui ré-
pond à celui de « pantins Il ordinairement,
employé dans les luttes oÙ ne figurent que
des représentants du sexe fort.
Le philosophe verra là un exemple du jeu
alterné des forces dont je parlais plus haut,
du conflit dramatique entre l'avenir qui veut
naître et le passé qui ne veut pas mourir,
et il conclura qu'il est peut-être impossible
de réaliser en neuf oit dix ails des réformes
que des peuples, mieux outillés intellectuel-
lcment, ont mis neuf ou dix sied es à ne pas
accomplir.
M«Ho Mtmumtan,
Sénateur de Vilérault,
Ministre de l'Instruction Publique,
Les Cargos du Désert
sont à Touggourt
La mission automobile scientifique saha-
rienne, composée des trois « cargos du dé-
sert n Laffly, à moteurs à huile lourde C. L.
M., vient d'arriver à Touggourt, après avoir
effectué de nombreuses observations dans le
Tefedest. et traverser ainsi pour la deuxième
fois le Sahara.
Elle repart aujourd'hui pour le Sud Tuni-
sien.
La "tissiolt saharienne fut fêtee à (Juargia
Une grande fête arabe, dont les différents
épisodes ont été filmés, a été offerte à la
mission scientifique saharienne, à Ouargla,
sous la présidence du commandant Bénard
Le Pontois. Le caïd des Chambans a gagné
avec son méhari le fusil offert par la mis-
sion. Une fantasia, des courses de Bassours,
des danses diverses, les Barouds et une diffa
ont terminé la cérémonie.
La mission est repartie le lendemain pour
le Sud Tunis..
v
Ministres de couleurs
Un précèdent oublié
Notre excellent confrérie Intransigeant
publiait avant-hier une interview de M. Dia-
gne, le nouveau sous-secrétaire d'Etat aux
Colonies. En voici Jes premières lignes :
M. Diagne, notre nouveau sous-secrétaire
aux Colonies, est, on le sait, tin homme de
couleur.
Le premier homme de coiâeur qui fasse
partie d'un ministère français. D'un minis-
tère français 1 Al, 1 bien mieux 1 D'un gO/l-
vernement en Europe.
Que VIntran, et M. Alcide Dchuout, qui,
à la tribune de la Chambre, a répété la
même chose, nous permettent une anodine
rectification. M. Diagne n'est pas le pre-
nuer homme de oouleur qui fasse partie d'un
ministère. Dans un précédent cabinet sié-
geait M. Alliide Delmont, Martiniquais as-
sez notoire pour qu'on ne l'oublie pas. Et
avant M. Diagne, avant M. Delmont, se
place un certain M. de Heredia, noir d'ori-
.gine antillaise rien de commun avec José-
Maria de Hérédia, de l'Académie française,
qui fut ministre des Travaux publics dans
le premier cabinet Maurice Rouvicr, du
30 mai au 12 décembre 1887.
Conseiller municipal de Paris, élu député
du tj9 arrondissement en 1881, M. de He-
redia fut élu en 1885 sur la liste d'extrême-
gauche des 38 députés de la Seine, à côté
de gens illustres à des titres divers : Paul
Bert, Henri Brisson, Rochefort, Raspail,
Stephen Pichon, Yves Guyot, Clemenceau,
Laisant. M. Rouvier, chargé de faire un
ministère orienté vers la droite, n'arrivait
pas à compléter son équipe ; de Heredia,
peu connu au Parlement et dans le pays,
lui fournit un apport utile et ne manqua
point de succès à la Chambre et dans les
cabarets, où l'on blagua le Noir. En ce
temps-là, Rouvier cherchait vers le centre
droit et la droite un appoint que les bou-
langistes Laisant, Clemenceau, Rochefort,
al!laient lui faire perdre parmi certains élé-
ments d'extrême-gauche.
Les gens de couleur étaient déjà dans lC!i
conseils du gouvernement il. y a 43 ans.
M. Diagne, après M. de Heredia, c'est
une tradition qui reprend.
Nihil novi sub sole.
£-.
A LA CHAMBRE
Le cabinet Laval obtient M voix
,:.C_ jwtlft 61 voix da maîoxité
Le nouveau Gouvernement s'est présenté
hier après-midi devant les Chambres.
La déclaration ministérielle n'a pas manqué
de faire une place au problème colonial, au
problème de 1 A ide coloniale, selon sa propre
expression. Elle dit :
Il importe qu'aboutisse le programme d'équi-
pement de nos colonies, correspondant aux
emprunts, déjà votés par la Chambre.
Le Gouvernement vous proposera, en outre,
les mesures diverses et immédiates qui lui
semblent propres à soulager nos colonies qui
souffrent de la baissa de& matières premières
et notamment l'organisation d'un crédit colo-
nial. Il s'intéressera activement au développe-
ment des communications terrestres, maritimes
et aériennes aOcÇ. notre domamg a outre-mer.
ci aérienne.9 aoc'ç. « d .ai l leurs pas porté il Is
Lo débat a d'ailleurs pas porté sur tes
questions coloniales. Et nous n'avons à signa-
ler ici qu'une intervention de M. Delmont qui
s'est félicite de voir un représentant de la race
noire prendre place dans les Conseils du Gou-
vernement et quelques observations présentées
ar M. Paul baure. Ce dernier s'est particu-
lièrement élevé contre l'attitude que M. Dia-
gne avait eue à Genève comme représentant
de la France lors du débat sur le travail forcé.
D'autre part, le secrétaire général du parti
socialiste dénonce la durée du service militaire
qui est « de trois ans en Tunisie, de deux
ans en Algérie );. Il stigmatise la pénurie
d'écoles dont souffre notre empire d'outre-
mer, l'Algérie elle-même. Ainsi 60.000 jeu-
nes indigènes sont privés, dit-il, du droit d ap-
prendre. Et il ajoute que l'organisation de
l'hygiène ne vaut pas mieux que celle de l'en-
seignement et que la tuberculose et la syphi-
lis se développent la-bas de façon inadmis-
sible.
11 est inutile de dire que ces remarques pas.
sionnées déchaînèrent quelque tumulte. M. La-
quiète proteste vigoureusement, ainsi que M.
Candace qui, après un bref colloque avec
M. Diagne, se livre à une mimique désespé-
rée et à des vociférations dont le bruit empê-
che d'ailleurs de saisir un traitre mot.
Le résultat du scrutin a donné 312 voix au
Gouvernement et 258 contre.
Parmi les députés coloniaux, ont voté pour :
MM. Brière, Laquière, Mallarmé, Morinaud,
Ricci, Roux-Freissineng, Thomson (Algérie);
Diagne (Sénégal), Outrey (Cochinchine), Del-
mont (Martinique), Gasparin (Réunion).
Ont voté contre :
MM. Frossard (Martinique), Auguste Bru-
net. (Réunion), Coponat (Inde française).
Etaient absents par congé :
MM. Cuttoli (Algérie) et Graëve (Guade.
loupe). Enfin, M. Candace (Guadeloupe)
porté comme s'étant abstenu, a rectifié son
vote et déclare avoir voulu voter « pour »
Un second scrutin sur une addition de M.
François-Albert contre lequel M. Laval avait
posé - la question -- de - con fiance, est - repoussé
par 309 voix contre 258.
A la suite du scrutin, la Chambre, fixant
son ordre du jour, a décidé de discuter lundi
le projet portant renouvellement du privilège
de la Banque d'Indochine. On se souvient
qu'il a été rapporté, au nom de la Commission
des Colonies, par M. Odin, et que l'avis de
la Commission des Finances a été rédigé par
M. Candace,
M. Biaise Diagne
SOUS-SECRET AIRE D'ETAT
AUX COLONIES
M. Biaise Diagne qui devient sous-secré-
taire d'Etat aux colonies, est un homme in-
telligent et travailleur.
Bon orateur, il sait plaider une cause avec
chaleur et autorité, il en a défendu de mau-
vaises, comme le recrutement des troupes
noires, si néfaste au développement écono-
mique de l'A. O. F., et il a triomphé; il en
a défendu de bonnes, comme la nécessité
d'organiser la main-d'œuvre aux colonies au-
près des B. I. T. de la Société des Nations,
et il n'a pas réussi.
Il connaît son affaire, il a présidé pendant
quatre ans la Commission de l'Algérie, des
Colonies et des Protectorats avec activité et
habileté. Il saura seconder son ministre et
lui donner sur bien des affaires de précieu-
ses indications.
Le retour aux affaires d'un représentant
noir nous permet d'augurer qu'un jour vien-
dra où, dans les conseils du Gouvernement,
nous verrons un député annamite ou un sé-
nateur hindou, et cela nous permettrait pro-
bablement d'éviter bien des ennuis sur les
bords du Mékong ou au pays de Gandhi.
Vers le Maroc
M. Henry Bordeaux, de l'Académie Fran-
çaise, notre éminent collaborateur, doit par-
tir pour le Maroc en mars prochain.
Il fera un séjour de quelques semaines dans
notre beau Protectorat de l'Afrique du Nord.
M. et M.. Manceron
viennent en France
i
Le Résident général en Tunisie et Mme
Manceron se sont embarqués hier matin à
Tunis pour se rendre en France.
Ces jours* derniers, au Palais de la Rési-
dence, un diner était donné par M. et Mme
Manceron en l'honneur de M. Deckers.- mi-
nistre de la Défense nationale du royaume des
Pays-Bas.
Le lendemain, M. Deckers offrait, à bord
du Witte-de- W ith, un déjeuner auquel avaient
été conviés : M. et Mme Manceron, M. Bon-
zon. délégué de la Résidence générale ; M.
Curtelin, consul honoraire et consul des Pays-
Bas à Tunis ; M. A. Gaudiani, vice-président
du Grand Conseil de la Tunisie ; Mgr Le-
maître, primat d'Afrique, archevêque de Car-
thage, ,. - d. 1""
C est à bord de ce contre-torpilleur, luttant
pavillon du ministre hollandais, que M. De-
ckers a quitté Tunis, jeudi, pour se rendre à
Naples et ensuite aux Indes néerlandais.
Sonnette d'alarme
1'1
Si nous ne sommes pas sourds, ce timbre
inquiétant doit encore retentir à nos oreilles.
L'écho se prolonge d'Italie juu'en France.
Il s'agit de la brûlante et périlleuse question
de la délimitation de la frontière entre la
Tunisie et la Tripolitaine, que fait renaître
l'occuDation de Koufra. Cette" oasis située au
sud de la Cyrénaïque sur le confin du désert
égyptien est la dernière citadelle des Senous-
sites la secte musulmane la plus fanatique.
Combinant l'action politique et l'action mili-
taire, le général Badoglio a atteint l'objectif,
assurant ainsi la pacification définitive de la
Tripolitaine. Les chemises noires ne perdent
pas leur temps à tirer les conséquences de
l'événement.
Grâce aux positions acquises. écrit le La-
voro Fascista, nous sommes en mesure de
contrôler les territoires du Sud qui relèvent de
la Lybie. au point de vue géographique, reli-
gieux et ethnique, et que traversent les routes
les plus anciennes entre la Méditerranée et le
lac Tchad.
Vigoureusement, tous les hauts fonction-
naires de l'Algérie, de la Tunisie, de l'A.
O. F., de l'A. E. F., MM. Lucien Saint,
Bordes, Carde, Antonetti, Brevié, se sont
élevés contre une revision dont les résultats
risquent de scinder notre empire africain.
Il ne faut pas oublier que ce problème posé
depuis longtemps entre l'Italie et la France
touche tout particulièrement à l'accès du Lac
Tchad. Céder à l'Italie l'accès au Tchad se-
rait par cela même couper notre Afrique en
deux.
Ne créons pas un nouveau bec de canard
plus dangereux pour nous que le premier.
Ainsi l'alarme est donnée, à nous de ne
pas nous endormir en face du fascisme colo-
nial pour qui la raison du plus fort semble
être la meilleure. Les discours de Genève
nous enseignent à ce sujet. A la Commis-
sion du chômage, le délégué italien, M. de
Michelis, a appelé l'attention sur la mise en
valeur des territoires qui ne sont pas suffisam-
ment exploités t
Donc, l'Italie cherche des terres, mais aux
dépens de qui ? Pierres jetées dans les jar-
dins des nations « qui ont plus de territoires
que de moyens d'exploitation!.» Mais le
gouvernement fasciste oublie que s'il a incon-
testablement la plus forte natalité de l'Eu-
rope après la Pologne, pas plus que ce der-
nier Etat, il n' a de moyens financiers ou in-
dustriels pour entreprendre une lourde tâche
coloniale.
Sachons nous organiser colonialement en ti-
rant parti de toutes les ressources que nous
offre la France extérieure. C'est la seule me-
sure efficace à opposer aux crises industrielles
etc. et aussi aux ambitions im-
commerc i a l es Fasciste.
périales du Rfeime Fasciste.
Colonies « for na' *
M. Paul Reynaud n'aura pas à chômer
pour sa première semaine de pouvoir. D'abord
lundi après-midi discussion à la Chambre du
projet de renouvellement du privilège de la
Banque de l'Indo-Chine à laquelle prendront
part MM. Candace et Odin, rapporteurs; Er-
nest Outrey, Moutet, de Tinguy du Pouet.
Daladier, quoi que la plupart de ces interven-
tions doivent être courtes, quoique M. Paul
Reynaud lui-même ne compte plus qu'un quart
d heure, il ne semble pas que la discussion
puisse finir lundi mais seulement mardi.
Or, le Sénat a fixé à mardi après-midi la
discussion du projet des emprunts coloniaux.
Après un accord entre MM. Reynaud et Dia-
gne d'une part, le président du Sénat et le
président de la Commission des Colonies de
la Haute-Assemblée d'autre part, il est envi-
sagé aujourd'hui la remise de la discussion de
mardi à vendredi prochain.
Enfin M. Paul Reynaud reprenant le projet
de Crédit Colonial oe son prédécesseur M.
Steeg, déposera à la fin de la semaine de pro-
jet destiné à venir en aide aux affaires colo-
niales. Comme l'ancien président du Conseil
le nouveau ministre des Colonies prévoit pour
le Crédit Colonial un prélèvement de cent
millions sur le projet de l'outillage national.
D'autre part, M. Paul Reynaud a eu son
attention attirée sur une nouvelle crise ifnan-
cière bancaire et économique grave qui, en at-
teignant le principal établissement commercial
de la Nouvelle-Calédonie et des Nouvel les-
Hébrides risquait de susciter une perturbation
économique sans précédent et des troubles po-
litiques dans ces deux colonies notamment aux
Nouvelles Hébrides où la Colonisation fran-
çaise utilise cinq mille coolies jaunes.
Transit de la Céte Française
des Somalis avec l'Abyssinie
T' <–
Les statistiques en transit de l'Abyssinie
avec la Côte française des Somalis ont été
établies pour l'année 1928, et s'arrêtent au
total de 567 millions de francs à l'exporta-
tion. -
Sur cette somme la part de l'Abyssinie est
de 530 millions.
Voici la nomenclature en valeur, de;, prin-
cipales denrées d'origine éthiopienne expor-
tées par Djibouti au cours de l'aunée consi-
dérée :
AumjMiyr'ViVrtii 1 s 4 52.3 5 Î
Peaux brutes 17H.833.216
Lire animale 5.02C.S75
Muse de civelle .,.,." 1.104. 45>
Farineux alimentaires 1';.lln
Calé 137.12/.-oi
L'exportation des animaux vivants pré-
sente, sur l'année précédente, une diminu-
tion de 50 millions environ, celle de la cire
une de 1 million, celle des farineux alimen-
taires une de 156 millions et celle du café
une de 3 millions.
Par contre, le commerce des peaux est en
augmentation de 56.329.416 francs.
Il y a lieu toutefois de remarquer que,
dans l'ensemble le déficit considéré est plu-
tôt apparent car l'exportation de 1926 a été
en partie reportée sur l'année 1927 dont elle
a ainsi majoré le chiffre.
La destination des produits abyssins est la
suivante :
Pour les peaux brutes, LC sont les colonies
anglaises (Aden) qui tiennent le premier
rang avec 100 millions, viennent ensuite par
ordre d'importance :
La 1*' r ance F v..13.000. ouo
L'Allemagne i o. ooo ooo
L'Angleterre 16.000.000
8. ooo. ocio
L'Espagne 3.000.000
La Grèce 2.000.000
La Belgique 1.362.000
En ce qui concerne le café, les pays de
destination sont :
Les Colonies anglaises (Aden).. 58.000,000
L'Egypte .,. 20.000.000
La France .;. 17.000.000
La Scandinavie 11.000.000
Colonies italiennes. 7.500.000
Colonies françaises 7.000.000
Amérique 5.000.000
Es pagne. 3.000.000
Allemagne 2.500.000
Japon.,. 1.254.000
Italie 1.129.000
Les statistiques de 192S malgré les fluc-
tuations inévitables dans la production et
dans les cours marquent dans l'ensemble
une nouvelle étape dans le développement
économique et commercial de la Colonie et
de l'Abyssinie et font ressortir une plus-va-
lue de 106 millions de francs sur les chiffres
de l'année précédente.
Maigre une sécheresse anormale et per-
sistante qui a réduit considérablement les
récoltes et décimé les troupeaux, l'année
1928 continue la progression régulière de
l'activité commerciale constatée depuis la
mise en exploitation du chemin de fer.
Par la fertilité de son sol, par les variétés
de son altitude qui s'échelonne de t.000 k
3.500 mètres, par son régime des pluies et
son climat qui permet, avec l'élevage, des
cultures les plus variées dont certaines peu-
vent donner plusieurs récoltes par an,
l'Abyssinie dispose de possibilités de pro-
ductions considérables.
Le café notamment y trouve son habitat de
prédilection et donne un pduit supérieur
qui fait prime sur tous les marchés mon-
diaux.
L'organisation peut être comparée à celle
de notre moyen Age, et seul, le Gai la sem-
ble travailler la terre, se contentant du mi-
nimum nécessaire à sa subsistance.,
Les planteurs de café acquittent à la sor-
tie de l'Abyssinie tant en espèces qu'en na-
ture, des droits et taxes s'élevant à plus de
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. - No la.. Lis HUM" v 30 CENTIMES SAMEDI SOIR. 31 JANVIER 1931.
, JOURNALJgOTIDIII
Rédaction & Administration :
s#, ttifli Mit-iliMr
PARIS (n
TlLÉra. : LOUVRE 19-37
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Les Annales Coloniales
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La crise mondiali 0 t l'Afrique Française
à B ,.-"s
D'un suggestif article intitulé « La crise
économique et l'Afrique » et publié par M. le
Général P. Mangeot, dans le dernier nu-
méro de l'Afrique Française, je détache ce
passage :
« Dans ces ténèbres une seule lueur nous
- - -
guide vers 1 espérance. Alors que depuis la
cessation des hostilités, l'année 1924 excep-
tée, notre balance commerciale a été cons-
tamment. déficitaire, elle a été, au contraire,
depuis 1923, constamment à l'avantage du
commence métropolitain, dans ses relations
commerciales avec nos colonies.
Deuxième constatation, plus importante
encore, la différence a été constamment en
augmentant depuis lors.
On peut donc dire, en se basant sur ces
considérations, qu'en donnant au Français
moyen la compréhension plus nette des pos-
sibilités commerciales et industrielles de no-
tre empire d'outre-mer, il sera possible de
diriger vers ces mêmes colonies un courant
d'affaires chaque jour plus important, cou-
rant qui contribuera à nous remettre
d'aplomb à condition toutefois qu'on ne le
considère pas comme une panacée univer-
selle.
Le problème ainsi posé mérite d'être étu-
dié de très près. Une adhésion trop rapide
aux conclusions ainsi présentées pourrait
peut-être entraîner, pour le Français moyen
auquel s'adresse M. le général Mangeot,
quelques désillusions et mécomptes.
Nos colonies et notamment nos grandes
colonies africaines de L'A. O. F. et de
l'A. E. F. ne sont pas du tout à l'abri de
la crise économique générale.
Mais celle-ci y prend une physionomie
qu'il importe de bien dégager.
Dans le discours qu'il a prononcé en ou-
vrant la dernière session du Conseil de
Gouvernement de l'A.O.F. M. le Gouverneur
Général Brévié, examinant à fond le pro-
blème de la crise, constate d'abord que le
mouvement du commerce spécial n a fléchi
en 1929 que faiblement. Après avoir donné
les chiffres globaux, il ajoute :
« Il convient donc, semble-t-ill, de ne pas
exagérer les effets qu'avait produits, jusqu'à
ces derniers mois, la crise sur l'Afrique Oc-
cidentale française. »
Sftnsdoute la crise s'est accentuée en
1930. Mais les chiffres rappelés par M. Bré-
vlé, montrent bien qu'il ne s'agit pas d'une
crise de production :
Les huiles de palme sont en progression,
j,' 'f¡;.:.1.. 'JiL.ienûer semestre de 19&0 21
,,j¡j: 'a. ,v '- :tt'a',til6ft "'dt&.:i1,.il"-
: 'ï''5«4#9 pendant la période correspondante
de l'ahftéô précédente et 36.526; tonnes
d'exportations d'amandes contre 27.252.
Même constatation pour le cacao dont
li'exportation passe pour les mêmes pério-
des de 12.192 tonnes à 16.608, pour les
bananes dont l'exportation passe de 3.995
tonnes en 1928 à 6.112 tonnes en 1929. Pour
les bois d'acajou les exportations du pre-
mier semestre de 1930 accusent une aug..
mentation de plus de deux mille tonnes sur
celles. de. la même période de 1929.
Le trafic des chemins de fer a légèrement
fléchi en 1929.
Les recettes douanières de 1020 faisaient
apparaître un léger fléchissement de l'ordre
de 5 à 6 millions, et le premier semestre de
1930 laissait encore paraître une augmen-
tation de recettes de 7.261.853 fr. Mais le
troisième trimestre a amené une régression
sensible et ili est à prévoir que l'année 1930
accusera une diminution assez sensible de
recettes par rapport à 1929.
Pourtant, depuis assez longtemps déjà, on
parle du malaise économique de l'A.O.F. et
depuis de longs mois les plaintes des inté-
ressés ont été recueillies et soumises aux au-
torités publiques, officiellement, par l'Union
coloniale française 8.
M. le Gouverneur Général Brévié expli.
qué ainsi la contradiction apparente de ces
faits :
« Au fond le malaise économique se
ramène à deux causes : une crise commer-
ciale locale et la baisse du cours des pro-
duits sur tous les marchés mondiaux.
On constate d'abord un investissement !
excessif des capitaux dans les affaires pu-
rement commerciales et bancaires, tandis que
les exploitations agricoles ou industrielles
ne disposent que de moyens financiers beau-
coup plus réduits. Suivant les renseigne-
ments fournis par le commerce lui-même,
sur une somme de 710 millions de francs-or
à la date du 1er janvier 1930, 189 millions,
c'est-à-dire 26 seulement du total s'ap-
pliquent à la mise en valeur effective 'des ri-
chesses du pays par les culitures, exploita-
tions minières et forestières. >
En somme, M. Brévié comme, précédem-
ment, M. Carde, constate principalement
une crise de crédit, provenant d'un déséqui-
libre anormal dans le financement de l'éco-
nomie nationale de l'A. O. F
Si nous lisons maintenant le clair et subs-
tantiel discours prononcé par M. le Gouver-
neur Général Antonetti, à la séance d'ou-
verture de la dernière session du Conseil de
Gouvernement de J'A.E.P. le 12 novembre
19310, nous ferons des constatations ana-
logues.
Jusqu'ici l'A.E.F. a tenu contre la crise.
Les exportations de bois l'okoumé du
- Gabon principalement ont été à peixie tou-
chées par la - crise.
L'exploitation de toutes les grandes ri-
chesses naturelles, les mines, le coton, le
pétrole même est en plein développement ou
fait l'objet des études les plus sérieuses.
Là, aussi, la crise prend essentiellement
l'aspect d'une crise commerciale et de cré-
dit 1
5 Cette dure crise commerciale, dit M.An-
tOllCtll, atteint également les colons, tous
ceux qui, attirés par ce pays, tentent d'y
créer des plantations, œuvre de longue ha-
leine, hérissée de difficultés. »
On peut dire que la crise économique
mondiale n'atteint nos économies coloniales
que par répercussion, ce qui ne veut pas dire
qu'elle les atteint médiocrement. La crise
mondiale actuelle occupe dans l'histoire des
crises économiques une place particulière.
Elle n'est ni une crise de surproduction -
comme on le dit trop souvent ni de sous-
oonsommation, ni une crise de crédit. Elle
a un caractère complexe qui en explique et
la profondeur et la durée anormale.
Un écrivain disait, il y a quelques jours,
dans un journal financier :
« La crise de 1929 a .revêtu aux Etats-
Unis un caractère nouveau particulier : c'est
la conjugaison d'une prospérité boursière et
d'une prospérité industrielle, étayécs l'une
sur l'autre. »
Et, pour justifier sa formule pa
moyen achetant simultanément une automo-
bile à tempérament et une action General
Motors à terme, et payant les échéances de
la voiture achetée à crédit avec les prolits
réalisés sur la hausse de l'action.
Il faut généraliser la formule. Depuis la
guerre, et surtout depuis la fin de la guerre,
le monde a vécu sur une « économie -
spéculation a, le dérèglement des monnaies,
les grandes opérations entraînées par le rè-
glement - des dettes publiques internationales -
ont fourni à la spéculation financière un im-
mense champ d'action. La spéculation est
devenue maîtresse de la vie économique. Le
plus petit producteur, le plus petit intermé-
diaire n'ont conçu le gain, le revenu que
dans sa forme de « gain spéculatif P. On
peut dire que c l'économie de spéculation.
,eétait substituée à « l'économie de la pro-
duction P.
Mais quand l'aliment principal' de cette
fièvre a disparu avec la stabilisation des
monnaies et la liquidation provisoire des det-
tes publiques, tout cet édifice s'est écroulé.
Et maintenant, le monde se débat dans une
crise de réadaptation sur les bases normales
d'une économie de production.
Lé crédit effondré manque à Ja produc-
tion.
Nos gouverneurs généraux s en rendent
bien compte. M. Brévié dit Dakar :
« II tt&çt., appa*u. tjn'll serait utile, oh
attendant; dtf fwéftd*»' Mt Ai®. F. des me-
sures plus rapides susceptibles d'apporter
uné détente immédiate à la situation.
Elles se réfèrent à :
il, La refonte de la réglementation sur le
crédit agricole ;
2° L'emploi intensif des lHspollJbiJités
des Sociétés de prévoyance ;
30 L'intervention des Offices de l'alimen-
tation ;
40 L'adoption de tarifa de transports ré-
duits.
M. Antonetti dit à Brazzaville, après avoir
annoncé la création d'une caisse de crédit
agricole :
« Elle nous permettra d'aider beaucoup
de petites entreprises particulièrement inté-
ressantes, tant par les buts qu'elles poursui-
vent que par lies qualités de patience, de
persévérance, de labeur tenace qu'elles exi.
gent. »
L'un et l'autre, au reste, jettent un voile
discret sur les lourds sacrifices qu'ils ont
du consentir pour éviter l'effondrement du
crédit bancaire.
Mais il va sans dire que ces mesures sont
insuffisantes, ridiculement insuffisantes, si
l'on envisage la crise actuelle comme on le
doit.
Il s'agit non d'aider les petits colons à
franchir une passe difficile, mais de conce-
voir un nouveau mode de financement de la
production coloniale qui ne soit pas fondé
sur la pure spéculation.
Voilà le problème posé.
fillenaie Antonetti t
Député de la liaute-Savole,
Aux Etablissements Français
- de l'Inde
s
Nous apprellons que M. A. luvaltou, gou-
verneur des Etablissements français de
l'Inde, confirmant l'attitude qu'il a prise
contre le chef du service de Venseignement
dam les Etablissements français dam l'Inde
a cdblé au département pour demander le
rappel de M. Doreau, chef du service de
l'enseignement dans l'Inde. Cela m fait que
confirmer la position aussi regrettable pour
lui Que mauvaise pour la colonie prise par
- notre vieil ami Adrien Juvanon dans cette
affaire. Nous ne connaissons pas personnel-
lement M. Doreau, nous ne te jugeons que
par ses notes qui sont excellentes, par la
haute estime dans laquelle le tiennent ses
chefs, par la reconnaissance unanime de la
population scolaire qui sait apprécier son
dévouement et sa haute valeur profession-
nelle.
M. Adrien fuvanon, qui est maire et con-
seiller d'arrondissement dans l'Isère, ne de-
vrait pas oublier que Venseignement n'a rien
à gagner à se mêler à la politique, et, en la
circonstance, dans la plus déplorable des
politiques.
Les Hindous n'ont pas démoli le régime
Goebelé pour en voir introniser une parodie
aussi odieuse que le régime lui-mètoe.
L'évolution
de la Femme mnralmaie
» «•» ̃̃ ̃ -
m
1
'AI suivi très long-
temps, à cette
mime place, l'evo-
lut ion rapide de la
femme musulmane
eu Turquie, et j'ai
tnotitre plus d'une
fois la lutte qui s'engage et se renouvelle
entre les traditions anciennes qui ont donné
à toute une race des plis qui ne disparaîtront
pas en un jour, et Ici poussée des idées mo-
dernes qui entraîne la jeune République vers
d'autres destins.
Le journal Akcham publiait, il y a quel-
que temps, une interview de Safié Khanoum,
élue récemment ait Conseil municipal d' Is-
tamboul. Hommes ou femmes, quel que soit
le pays, quel que soit le climat, sont, au
lendemain d'une élection, obligés de confier
aux journalistes obstinés et, indiscrets les
grandes choses qu'ils ont l'intention de faire.
Le programme de Safié Khanoum m'a
paru digtte d'attention : cette ancienne infir-
mière fait passer en première ligne l'hygiène,
la propreté, la santé de la race, la préser-
vation des jeunes filles et des jeunes gens,
leur éducation intellectuelle et morale; de
l'eau en abondance, des maternités, des mé-
decins visiteurs, des infirmières, des biblio-
thèques de quartier, des salles de lecture, rt
aussi interdiction d'employer les jeunes filles
comme serveuses dans les bars et les casinos,
suppression dcs maisons de tolérance, lutte
contre l'alcoolisme qui exerce ses ravages
dans la jeunesse des deux sexes. C'est un
très b011 programme, l'igllore quel sera le
mode - de financement, je. Ille dis que peut-
être le concurrent de l'éttie promettait les
mêmes choses, je réfléchis qu'entre l'exposé
de tout programme et sa téalisatiott, il y a
un peu plus de distance qu'entre la coupe et
les lèvres; mais, en définitive, tout cela esi
non moins vrai des pro fessions de foi mas-
culines que féminines, et, si j'étais citoyen
d'/stamboul, je déclare en toute franchise
qu'une affiche étalant ces projets de réfor-
mes aurait eu sur mon vote la pilis profonde
influence.
J'entends bien qu'il reste à montrer com-
ment Velue défendra ces projets au sein de
l'Assemblée municipale. Pourquoi les défen-
drait-elle moins bien qu'un concurrent du
sexe môle ? C'est motl opinion, et c'est la
vôtre. Ce n'est pas celle (l'une femme turque
qui me semble impitoyable pour le fémi-
nisme turc. Elle s'attelle AT, Hussein Kha-
noum, (t A publié m urtltlc dlpmjtotiïainl^
nitê dans le KliaJk Doslau: jt 'Àkcbitm, lui-
même. Va reproduit a'l'r'C tint impartialité à
laquelle il faut rendre hommage. N. Hussein
KI/mloutll n'y va Pas par t/mitre chemins :
« Des femmes qui se sent vendues aux hom-
mes. Des femntns siégeant au Conseil de la
- ville pour accomplir la - volonté de l'homme.
Des marionnettes inanimées dont les fils sont
tenus par les hommes. Une JI/mille élue dans
ces conditions conseillère municipale n'a rien
de comtnlm avec la femme. Elle ne peut rc-
présenter le féminisme. Il n'y a pas de fem-
mes au Conseil di la ville, mais (IL-si )ioitpi'rs
vendues. ̃
La Commission sénatoriale, chargée de
l'examen de la proposition de loi de M.
louis Martin sur le vote des femmes a-t-elle
eu ces documents en mains? Soir président,
soit secrétaire, son rapporteur sont hostiles
ale vote des femmes. Sont-ils allés chercher
dans l'article de N. Hussein Khanoum une
réplique à l'argumellt bien connu : La fem-
me musulmane est, en Turquie, électrice et
éligible ? 1
La vérité est. difficile à saisir en ce bas
monde. Il est impossible de fondn son opi-
ItiOlt sur les progrès réels du féminisme en
Turquie si on parcourt de simples affiches
électorales. D'attire part, les termes de ven-
dues', de marionnettes sentent trop le style
.,.,. - - , --'.- - -.
(tes combats eiectoraux pour qu on ne se
sente pas en défiance devant l'appréciation
de celui ou de celle qui les emploie. Il en
est ainsi même dit mot « poupées » qui ré-
pond à celui de « pantins Il ordinairement,
employé dans les luttes oÙ ne figurent que
des représentants du sexe fort.
Le philosophe verra là un exemple du jeu
alterné des forces dont je parlais plus haut,
du conflit dramatique entre l'avenir qui veut
naître et le passé qui ne veut pas mourir,
et il conclura qu'il est peut-être impossible
de réaliser en neuf oit dix ails des réformes
que des peuples, mieux outillés intellectuel-
lcment, ont mis neuf ou dix sied es à ne pas
accomplir.
M«Ho Mtmumtan,
Sénateur de Vilérault,
Ministre de l'Instruction Publique,
Les Cargos du Désert
sont à Touggourt
La mission automobile scientifique saha-
rienne, composée des trois « cargos du dé-
sert n Laffly, à moteurs à huile lourde C. L.
M., vient d'arriver à Touggourt, après avoir
effectué de nombreuses observations dans le
Tefedest. et traverser ainsi pour la deuxième
fois le Sahara.
Elle repart aujourd'hui pour le Sud Tuni-
sien.
La "tissiolt saharienne fut fêtee à (Juargia
Une grande fête arabe, dont les différents
épisodes ont été filmés, a été offerte à la
mission scientifique saharienne, à Ouargla,
sous la présidence du commandant Bénard
Le Pontois. Le caïd des Chambans a gagné
avec son méhari le fusil offert par la mis-
sion. Une fantasia, des courses de Bassours,
des danses diverses, les Barouds et une diffa
ont terminé la cérémonie.
La mission est repartie le lendemain pour
le Sud Tunis..
v
Ministres de couleurs
Un précèdent oublié
Notre excellent confrérie Intransigeant
publiait avant-hier une interview de M. Dia-
gne, le nouveau sous-secrétaire d'Etat aux
Colonies. En voici Jes premières lignes :
M. Diagne, notre nouveau sous-secrétaire
aux Colonies, est, on le sait, tin homme de
couleur.
Le premier homme de coiâeur qui fasse
partie d'un ministère français. D'un minis-
tère français 1 Al, 1 bien mieux 1 D'un gO/l-
vernement en Europe.
Que VIntran, et M. Alcide Dchuout, qui,
à la tribune de la Chambre, a répété la
même chose, nous permettent une anodine
rectification. M. Diagne n'est pas le pre-
nuer homme de oouleur qui fasse partie d'un
ministère. Dans un précédent cabinet sié-
geait M. Alliide Delmont, Martiniquais as-
sez notoire pour qu'on ne l'oublie pas. Et
avant M. Diagne, avant M. Delmont, se
place un certain M. de Heredia, noir d'ori-
.gine antillaise rien de commun avec José-
Maria de Hérédia, de l'Académie française,
qui fut ministre des Travaux publics dans
le premier cabinet Maurice Rouvicr, du
30 mai au 12 décembre 1887.
Conseiller municipal de Paris, élu député
du tj9 arrondissement en 1881, M. de He-
redia fut élu en 1885 sur la liste d'extrême-
gauche des 38 députés de la Seine, à côté
de gens illustres à des titres divers : Paul
Bert, Henri Brisson, Rochefort, Raspail,
Stephen Pichon, Yves Guyot, Clemenceau,
Laisant. M. Rouvier, chargé de faire un
ministère orienté vers la droite, n'arrivait
pas à compléter son équipe ; de Heredia,
peu connu au Parlement et dans le pays,
lui fournit un apport utile et ne manqua
point de succès à la Chambre et dans les
cabarets, où l'on blagua le Noir. En ce
temps-là, Rouvier cherchait vers le centre
droit et la droite un appoint que les bou-
langistes Laisant, Clemenceau, Rochefort,
al!laient lui faire perdre parmi certains élé-
ments d'extrême-gauche.
Les gens de couleur étaient déjà dans lC!i
conseils du gouvernement il. y a 43 ans.
M. Diagne, après M. de Heredia, c'est
une tradition qui reprend.
Nihil novi sub sole.
£-.
A LA CHAMBRE
Le cabinet Laval obtient M voix
,:.C_ jwtlft 61 voix da maîoxité
Le nouveau Gouvernement s'est présenté
hier après-midi devant les Chambres.
La déclaration ministérielle n'a pas manqué
de faire une place au problème colonial, au
problème de 1 A ide coloniale, selon sa propre
expression. Elle dit :
Il importe qu'aboutisse le programme d'équi-
pement de nos colonies, correspondant aux
emprunts, déjà votés par la Chambre.
Le Gouvernement vous proposera, en outre,
les mesures diverses et immédiates qui lui
semblent propres à soulager nos colonies qui
souffrent de la baissa de& matières premières
et notamment l'organisation d'un crédit colo-
nial. Il s'intéressera activement au développe-
ment des communications terrestres, maritimes
et aériennes aOcÇ. notre domamg a outre-mer.
ci aérienne.9 aoc'ç. « d .ai l leurs pas porté il Is
Lo débat a d'ailleurs pas porté sur tes
questions coloniales. Et nous n'avons à signa-
ler ici qu'une intervention de M. Delmont qui
s'est félicite de voir un représentant de la race
noire prendre place dans les Conseils du Gou-
vernement et quelques observations présentées
ar M. Paul baure. Ce dernier s'est particu-
lièrement élevé contre l'attitude que M. Dia-
gne avait eue à Genève comme représentant
de la France lors du débat sur le travail forcé.
D'autre part, le secrétaire général du parti
socialiste dénonce la durée du service militaire
qui est « de trois ans en Tunisie, de deux
ans en Algérie );. Il stigmatise la pénurie
d'écoles dont souffre notre empire d'outre-
mer, l'Algérie elle-même. Ainsi 60.000 jeu-
nes indigènes sont privés, dit-il, du droit d ap-
prendre. Et il ajoute que l'organisation de
l'hygiène ne vaut pas mieux que celle de l'en-
seignement et que la tuberculose et la syphi-
lis se développent la-bas de façon inadmis-
sible.
11 est inutile de dire que ces remarques pas.
sionnées déchaînèrent quelque tumulte. M. La-
quiète proteste vigoureusement, ainsi que M.
Candace qui, après un bref colloque avec
M. Diagne, se livre à une mimique désespé-
rée et à des vociférations dont le bruit empê-
che d'ailleurs de saisir un traitre mot.
Le résultat du scrutin a donné 312 voix au
Gouvernement et 258 contre.
Parmi les députés coloniaux, ont voté pour :
MM. Brière, Laquière, Mallarmé, Morinaud,
Ricci, Roux-Freissineng, Thomson (Algérie);
Diagne (Sénégal), Outrey (Cochinchine), Del-
mont (Martinique), Gasparin (Réunion).
Ont voté contre :
MM. Frossard (Martinique), Auguste Bru-
net. (Réunion), Coponat (Inde française).
Etaient absents par congé :
MM. Cuttoli (Algérie) et Graëve (Guade.
loupe). Enfin, M. Candace (Guadeloupe)
porté comme s'étant abstenu, a rectifié son
vote et déclare avoir voulu voter « pour »
Un second scrutin sur une addition de M.
François-Albert contre lequel M. Laval avait
posé - la question -- de - con fiance, est - repoussé
par 309 voix contre 258.
A la suite du scrutin, la Chambre, fixant
son ordre du jour, a décidé de discuter lundi
le projet portant renouvellement du privilège
de la Banque d'Indochine. On se souvient
qu'il a été rapporté, au nom de la Commission
des Colonies, par M. Odin, et que l'avis de
la Commission des Finances a été rédigé par
M. Candace,
M. Biaise Diagne
SOUS-SECRET AIRE D'ETAT
AUX COLONIES
M. Biaise Diagne qui devient sous-secré-
taire d'Etat aux colonies, est un homme in-
telligent et travailleur.
Bon orateur, il sait plaider une cause avec
chaleur et autorité, il en a défendu de mau-
vaises, comme le recrutement des troupes
noires, si néfaste au développement écono-
mique de l'A. O. F., et il a triomphé; il en
a défendu de bonnes, comme la nécessité
d'organiser la main-d'œuvre aux colonies au-
près des B. I. T. de la Société des Nations,
et il n'a pas réussi.
Il connaît son affaire, il a présidé pendant
quatre ans la Commission de l'Algérie, des
Colonies et des Protectorats avec activité et
habileté. Il saura seconder son ministre et
lui donner sur bien des affaires de précieu-
ses indications.
Le retour aux affaires d'un représentant
noir nous permet d'augurer qu'un jour vien-
dra où, dans les conseils du Gouvernement,
nous verrons un député annamite ou un sé-
nateur hindou, et cela nous permettrait pro-
bablement d'éviter bien des ennuis sur les
bords du Mékong ou au pays de Gandhi.
Vers le Maroc
M. Henry Bordeaux, de l'Académie Fran-
çaise, notre éminent collaborateur, doit par-
tir pour le Maroc en mars prochain.
Il fera un séjour de quelques semaines dans
notre beau Protectorat de l'Afrique du Nord.
M. et M.. Manceron
viennent en France
i
Le Résident général en Tunisie et Mme
Manceron se sont embarqués hier matin à
Tunis pour se rendre en France.
Ces jours* derniers, au Palais de la Rési-
dence, un diner était donné par M. et Mme
Manceron en l'honneur de M. Deckers.- mi-
nistre de la Défense nationale du royaume des
Pays-Bas.
Le lendemain, M. Deckers offrait, à bord
du Witte-de- W ith, un déjeuner auquel avaient
été conviés : M. et Mme Manceron, M. Bon-
zon. délégué de la Résidence générale ; M.
Curtelin, consul honoraire et consul des Pays-
Bas à Tunis ; M. A. Gaudiani, vice-président
du Grand Conseil de la Tunisie ; Mgr Le-
maître, primat d'Afrique, archevêque de Car-
thage, ,. - d. 1""
C est à bord de ce contre-torpilleur, luttant
pavillon du ministre hollandais, que M. De-
ckers a quitté Tunis, jeudi, pour se rendre à
Naples et ensuite aux Indes néerlandais.
Sonnette d'alarme
1'1
Si nous ne sommes pas sourds, ce timbre
inquiétant doit encore retentir à nos oreilles.
L'écho se prolonge d'Italie juu'en France.
Il s'agit de la brûlante et périlleuse question
de la délimitation de la frontière entre la
Tunisie et la Tripolitaine, que fait renaître
l'occuDation de Koufra. Cette" oasis située au
sud de la Cyrénaïque sur le confin du désert
égyptien est la dernière citadelle des Senous-
sites la secte musulmane la plus fanatique.
Combinant l'action politique et l'action mili-
taire, le général Badoglio a atteint l'objectif,
assurant ainsi la pacification définitive de la
Tripolitaine. Les chemises noires ne perdent
pas leur temps à tirer les conséquences de
l'événement.
Grâce aux positions acquises. écrit le La-
voro Fascista, nous sommes en mesure de
contrôler les territoires du Sud qui relèvent de
la Lybie. au point de vue géographique, reli-
gieux et ethnique, et que traversent les routes
les plus anciennes entre la Méditerranée et le
lac Tchad.
Vigoureusement, tous les hauts fonction-
naires de l'Algérie, de la Tunisie, de l'A.
O. F., de l'A. E. F., MM. Lucien Saint,
Bordes, Carde, Antonetti, Brevié, se sont
élevés contre une revision dont les résultats
risquent de scinder notre empire africain.
Il ne faut pas oublier que ce problème posé
depuis longtemps entre l'Italie et la France
touche tout particulièrement à l'accès du Lac
Tchad. Céder à l'Italie l'accès au Tchad se-
rait par cela même couper notre Afrique en
deux.
Ne créons pas un nouveau bec de canard
plus dangereux pour nous que le premier.
Ainsi l'alarme est donnée, à nous de ne
pas nous endormir en face du fascisme colo-
nial pour qui la raison du plus fort semble
être la meilleure. Les discours de Genève
nous enseignent à ce sujet. A la Commis-
sion du chômage, le délégué italien, M. de
Michelis, a appelé l'attention sur la mise en
valeur des territoires qui ne sont pas suffisam-
ment exploités t
Donc, l'Italie cherche des terres, mais aux
dépens de qui ? Pierres jetées dans les jar-
dins des nations « qui ont plus de territoires
que de moyens d'exploitation!.» Mais le
gouvernement fasciste oublie que s'il a incon-
testablement la plus forte natalité de l'Eu-
rope après la Pologne, pas plus que ce der-
nier Etat, il n' a de moyens financiers ou in-
dustriels pour entreprendre une lourde tâche
coloniale.
Sachons nous organiser colonialement en ti-
rant parti de toutes les ressources que nous
offre la France extérieure. C'est la seule me-
sure efficace à opposer aux crises industrielles
etc. et aussi aux ambitions im-
commerc i a l es Fasciste.
périales du Rfeime Fasciste.
Colonies « for na' *
M. Paul Reynaud n'aura pas à chômer
pour sa première semaine de pouvoir. D'abord
lundi après-midi discussion à la Chambre du
projet de renouvellement du privilège de la
Banque de l'Indo-Chine à laquelle prendront
part MM. Candace et Odin, rapporteurs; Er-
nest Outrey, Moutet, de Tinguy du Pouet.
Daladier, quoi que la plupart de ces interven-
tions doivent être courtes, quoique M. Paul
Reynaud lui-même ne compte plus qu'un quart
d heure, il ne semble pas que la discussion
puisse finir lundi mais seulement mardi.
Or, le Sénat a fixé à mardi après-midi la
discussion du projet des emprunts coloniaux.
Après un accord entre MM. Reynaud et Dia-
gne d'une part, le président du Sénat et le
président de la Commission des Colonies de
la Haute-Assemblée d'autre part, il est envi-
sagé aujourd'hui la remise de la discussion de
mardi à vendredi prochain.
Enfin M. Paul Reynaud reprenant le projet
de Crédit Colonial oe son prédécesseur M.
Steeg, déposera à la fin de la semaine de pro-
jet destiné à venir en aide aux affaires colo-
niales. Comme l'ancien président du Conseil
le nouveau ministre des Colonies prévoit pour
le Crédit Colonial un prélèvement de cent
millions sur le projet de l'outillage national.
D'autre part, M. Paul Reynaud a eu son
attention attirée sur une nouvelle crise ifnan-
cière bancaire et économique grave qui, en at-
teignant le principal établissement commercial
de la Nouvelle-Calédonie et des Nouvel les-
Hébrides risquait de susciter une perturbation
économique sans précédent et des troubles po-
litiques dans ces deux colonies notamment aux
Nouvelles Hébrides où la Colonisation fran-
çaise utilise cinq mille coolies jaunes.
Transit de la Céte Française
des Somalis avec l'Abyssinie
T' <–
Les statistiques en transit de l'Abyssinie
avec la Côte française des Somalis ont été
établies pour l'année 1928, et s'arrêtent au
total de 567 millions de francs à l'exporta-
tion. -
Sur cette somme la part de l'Abyssinie est
de 530 millions.
Voici la nomenclature en valeur, de;, prin-
cipales denrées d'origine éthiopienne expor-
tées par Djibouti au cours de l'aunée consi-
dérée :
AumjMiyr'ViVrtii 1 s 4 52.3 5 Î
Peaux brutes 17H.833.216
Lire animale 5.02C.S75
Muse de civelle .,.,." 1.104. 45>
Farineux alimentaires 1';.lln
Calé 137.12/.-oi
L'exportation des animaux vivants pré-
sente, sur l'année précédente, une diminu-
tion de 50 millions environ, celle de la cire
une de 1 million, celle des farineux alimen-
taires une de 156 millions et celle du café
une de 3 millions.
Par contre, le commerce des peaux est en
augmentation de 56.329.416 francs.
Il y a lieu toutefois de remarquer que,
dans l'ensemble le déficit considéré est plu-
tôt apparent car l'exportation de 1926 a été
en partie reportée sur l'année 1927 dont elle
a ainsi majoré le chiffre.
La destination des produits abyssins est la
suivante :
Pour les peaux brutes, LC sont les colonies
anglaises (Aden) qui tiennent le premier
rang avec 100 millions, viennent ensuite par
ordre d'importance :
La 1*' r ance F v..13.000. ouo
L'Allemagne i o. ooo ooo
L'Angleterre 16.000.000
8. ooo. ocio
L'Espagne 3.000.000
La Grèce 2.000.000
La Belgique 1.362.000
En ce qui concerne le café, les pays de
destination sont :
Les Colonies anglaises (Aden).. 58.000,000
L'Egypte .,. 20.000.000
La France .;. 17.000.000
La Scandinavie 11.000.000
Colonies italiennes. 7.500.000
Colonies françaises 7.000.000
Amérique 5.000.000
Es pagne. 3.000.000
Allemagne 2.500.000
Japon.,. 1.254.000
Italie 1.129.000
Les statistiques de 192S malgré les fluc-
tuations inévitables dans la production et
dans les cours marquent dans l'ensemble
une nouvelle étape dans le développement
économique et commercial de la Colonie et
de l'Abyssinie et font ressortir une plus-va-
lue de 106 millions de francs sur les chiffres
de l'année précédente.
Maigre une sécheresse anormale et per-
sistante qui a réduit considérablement les
récoltes et décimé les troupeaux, l'année
1928 continue la progression régulière de
l'activité commerciale constatée depuis la
mise en exploitation du chemin de fer.
Par la fertilité de son sol, par les variétés
de son altitude qui s'échelonne de t.000 k
3.500 mètres, par son régime des pluies et
son climat qui permet, avec l'élevage, des
cultures les plus variées dont certaines peu-
vent donner plusieurs récoltes par an,
l'Abyssinie dispose de possibilités de pro-
ductions considérables.
Le café notamment y trouve son habitat de
prédilection et donne un pduit supérieur
qui fait prime sur tous les marchés mon-
diaux.
L'organisation peut être comparée à celle
de notre moyen Age, et seul, le Gai la sem-
ble travailler la terre, se contentant du mi-
nimum nécessaire à sa subsistance.,
Les planteurs de café acquittent à la sor-
tie de l'Abyssinie tant en espèces qu'en na-
ture, des droits et taxes s'élevant à plus de
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