Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-01-20
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 janvier 1931 20 janvier 1931
Description : 1931/01/20 (A32,N12). 1931/01/20 (A32,N12).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380287r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. No 12. LE NUMERO ; I0 GBNTlAfBS MARDI SOIR, 20 JANVIER 1031.
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PARIS 0*0
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Les Annales Coloniales
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Le problème des fûts à rhum
- f "11 .:a
1
Avant même que mon article sur les fûts
,à rhum eût paru, j'avais reçu une lettre à
ce sujet de M. le Ministre des Colonies
{celui d'hier qui n'était pas en même temps
président du Conseil).
Que répondait-il en substance ?
C'est bien la, métropole qui fournit la
plus grande quantité des fûts à rhum utili-
sés à la Martinique, à la Guadeloupe, à la
Guyane, à La Réunion : à la Martinique,
4.624.000 francs sur 7.196.000; à la Gua-
deloupe, 4.151.000 sur 5.681.000 ; à la
l.tJ,uyane, 147.904 sur 205.013 ; à La Réu-
nion, 3.250.000. En 1929, la part de l'a
métropole dans les envois de futailles.'
s'élève à 22.496.000 francs, soit environ les
deux tiers de la valeur des importations to-
tales.
Et nttnc, Platldite, cives 1 Et maintenant,
citoyens, applaudissez! Pas du tout, répli-
quent des citoyens moins faciles à convain-
cre que les autres, nous n'applaudissons
pas;, nous récriminons à nouveau. De ce
nombre est mon confrère Aimé Payol dont
j'ai cité déjà Je nom, et qui connaît la ques-
tion trop bien pour qu'il ne soit pas inutil'e
;de vouloir lui en conter. Il divise sa réfu-
tation suivant les règles de la bonne rhéto-
rique en deux parties principales : ce qui
a trait à la date, ce qui a trait à la propor-
tion.
D'abord, la date. En 1929, cela est vrai,
les résultats ont été appréciables. C'est que
la tonnellerie française venait à peine
d'avoir gain de cause, et comme dans toutes
les affaires humaines, ce qui était le meil-
leur, c'était le commencement. Mais atten-
dons la fin. Ou plutôt n'attendons pas si
longtemps. En 1930, les résultats seront
certainement beaucoup moins satisfaisants.
La proportion : pourquoi les deux tiers?
Sans doute, il ne faudrait pas se montrer
exigeant et réclamer davantage, si les
concurrents livraient mieux ou meilleur
marché, ou encore si la tonnellerie métropo-
litaine ne pouvait pas suffire aux demandes
venues de nos colonies. On a craint un
moment, en haut lieu; que les producteurs
de rhums français en arrivent à manquer
• de récipients s'ils n'employaient que des
tonneaux français. Mais cette crainte n'était
, pas justifiée. Il est démontré aujourd'hui et
amplement que les tonnelleries de la métro-
polet aidées par nos tonnelleries coloniales,
n'auraient besoin, de personne pour faire
4 face à tous les besoins.
Or,, malgré tout cela, la tonnellierie métro-
politaine ét coloniale française perd duter-
raih à nouveau. Ecoutons Aimé Payol qui
- parcourt tous lès centres de production de
fQtlr S rhum. Il raconte que, l'autre lundi,
au marché de Bordeaux, un tonnelier fran-
çais faisait en sa présence une offre de
3.000 fûts à rhum. L'offre a été repoussée.
Et pourtant, les prix de vente étaient infé-
rieurs à ceux de 1929. Nos fabricants métro-
politains qui ont pu faire dans de bonnes
conditions des achats de matières premières,
ont pu abaisser leur prix de revient et, par
voie de conséquence, leurs tarifs de vente.
Quelle est donc la concurrente heureuse
<1e notre tortnellerie? Une tonnellerie amé-
ricaine; dont les fûts sont d'ailleurs bien
faits, mais non mieux faits que les nôtres,
« et qui parait se tailler la part du lion dans
le marché colonial, ».
Et alors on ne comprend plus. On ne
comprend plus, au point de vue logique, et
j'ai déjà montré pourquoi : comment cette
nation de secs peut-elle avoir la prétention
de fournir les récipients aux boissons qu'elle
prohibe, aux spiritueux qu'elle dénonce
prohibe, l'abomination de la désolation? On
comme
ne comprend plus au point de vue des prix,
car il est clair que les prix de vente de cette
firme, augmentés des droits que les fûts ont
à payer, doivent dépasser les prix de vente
des tonneliers français - et - coloniaux.
Huml s'interroge Aimé Payol. Est-ce que
ces droits sont réellement payés? Est-ce
qu'il n'y aurait pas, au point de vue doua-
nier, a des dérogations que la métropole ne
connaîtrait pas » ? Est-ce qu'il n'y aurait
pas des accommodements qui expliqueraient
tout, étant eux-mêmes inexplicables? Est-ce
que « les ordres du Gouvernement sont stric-
tement exécutés en ce qui concerne les droits
protecteurs »? - - - - -
Ce sont des questions précises qu'Aimé
Payol adresse au ministre des Colonies,
du Conseil. Il les aurait adressées à celui
d'hier avec la même insistance. Car enfin,
Aimé Payol me parait expérimenté, il sait
bien que la méfiance est mère de l'a sûreté.
Or, sa méfiance est éveillée par les mille et
un tours et détours que l'Américain emploie
pour violer la loi holstead avec une telle
habileté qu'il semble être passé maître en
fait de tromperie. « N'est-il. pas prudent de
se demander si ces gens reconnus si débrouil-
lards pour tourner l'a loi chez eux, ne le sôht
pas également pour la modifier ainsi chez
les autres? 3.
Modifier : le terme est d'une discrétion
admirable. Comment refuser l'enquête que
demandent nos tonnelleries métropolitaines
et coloniales? De deux choses l'une : ou
il y a des moyens d'éviter le paiement de la
laxe douanière, et alors il faut, après les
avoir découverts, empêcher qu'on en use dé-
sormais ; ou personne ne la évité jusqu'à
-ce jour, et alors c'est que tft dloit est trop
faible pour protéger nos fûts à rhum. Em-
porté par la logique de son raisonnement,
Aimé Payol va jusqu'à conseiller, si cela
était nécessaire, d'utilisel contre le fût amé-
ricain l'arme dont l'Amérique s'est servie
contre le vin français, la prohibition. Damel
le fabuliste latin nous, enseigne qu'il est
normal que l'on supporte les traitements
dont nous avons les premiers donné l'exem-
ple. N'allons pas jusque-là. Mais du moins,
que cette considération garde quelque valeur
pour nous à l'heure où nous sommes bien
forcés de nous défendre contre qui nous
attaque, et en même temps, de parer aux
menaces de chômage qui se précisent et
s'étendent de jour en jour. Je ne suis certes
pas un admirateur enthousiaste des barrières
de douanes, mais si des usines doivent se
fermer, je préfère que ce soit aux Etats-
Unis qu'en France, ou dans nos provinces
lointaines. Qui donc oserait m'en blâmer?
Mario Rousian,
Sénateur de VHérault.
Anoien ministre
Vice-Président de la Commission des Colonteh
Pour une aide équitable
à la. production indigène en Afrique
éqnatoriale française
«♦»
On signale que le gouvernement général
de l'Afrique Equatoriale Française aurait
déjà disposé en partie de la somme de 20
millions à prélever sur l'emprunt destiné à
la construction du Congo-Océan et du port
de Pointe-Noire, en vue d'une aide à donner
à la production indigène. -
Les bénéficiaires de cette libéralité ne pa-
raissant pas représenter la majorité des in-
térêts en présence, le Président du conseil,
ministre des Colonies, a décidé de ne pas
ratifier les initiatives du gouverneur général
de l'Afrique Equatoriale.
-M»–:: -
La situation des fonctionnaires
coloniaux
détachés dans la métropole
Lors de la dernière session des délégations
financières à Tananarive, l'attention de l'as-
semblée a été retenue par la question des
agences économiques dans la Métropole.
Un délégué. M. Vally, a fait remarquer
que" les fonctionnaires affectés aux agences
ne comptent parfois que fort peu de services
anfWleurs aux coUmles et que^ d'autre part,
ils se trouvent retenus à Paris plus qu'il ne
conviendrait.
Ils sont ainsi dans la situation d'agents
de renseignements qui, du fait d'une prépa-
ration première insuffisante ou d'une ab-
sence trop prolongée de la colonie, risquent
de renseigner mal ceux qui s'adressent a eux.
11 est certain qu'aux colonies les choses
vont vite.
Des régions entières y changent d'aspect
en quelques années ; des besoins s'y affir
ment soudain, qui la veille étaient inconnus.
La science administrative coloniale ne tient
jamais dans un recueil ; elle est faite de no-
tes pour ainsi dire journalières mises à jour
quotidiennement.
Considéré sous cet angle, le meilleur fonc-
tionnaire colonial d'information résidant à
Paris, sera donc celui qui aura quitté le plus
récemment le pays d'outre-mer qu'il aura à
représenter.
L'observation est à retenir. Peut-être mê-
me est-ce en la retenant et en prenant les
dispositions qu'elle comporte qu'il sera pos-
sible de régler plus équitablement et plus
judicieusement la question du détachement
dans les services métropolitains définis, des
fonctionnaires coloniaux.
Contrairement à ce qui se passe pour les
cadres locaux où la qualité des services que
l'on peut rendre est en. raison directe de leur
durée, la valeur pratique du fonctionnaire
détaché décroit à mesure qu'augmente sa
présence dans la Métropole.
Pourquoi dès lors ne pas adopter la règle
stricte qui consisterait à limiter à deux an-
nées, le temps qu'un fonctionnaire des colo-
nies pourra passer dans une administration
métropolitaine. Chacun y trouverait son
compte: le fonctionnaire lui-même qui désire
parfois perfectionner son instruction par
l'acquisition de diplômes nouveaux et l'ad-
ministration intéressée de son côté à avanta-
ger le plus grand nombre - possible de ses
agents tout en leur demandant dés services
qu'ils peuvent exactement rendre.
Ainsi pourrait s'établir une sorte de tour
de roulement.
Grâce à quoi les mesures de faveur que
chacun critique mais dont tous voudraient
bénéficier, n'auraient que peu d'occasions
d'intervenir.
Si pareille mesure était décidée tous les
fonctionnaires, san* exception y applaudi-
raient.
P C. C F.
41»
L'AviatioD Colonialt
Le raid de LaloaeUe et Permangle
On est actuellement sans nouvelles de La-
louettè et de Permangle, arrivés à Gao le
15 : -les services du ministère de l'Air en-
voient un radio aujourd'hui ; on suppose
que Lefèvre.et Desmazières sont toujours
aux bords du lac Tchad, où ils ont atterri
le 6 janvier.
or Enfin un délégué colonial
Pour la première fois, un représentant du
département des colonies est admis aux
réunions des conférences interministérielles.
Il paraissait singulier, en effet, que les pro-
blèmes touchant les relations entre la mé-
tropole et ses plus lointaines possessions
fussent étudiés en dehors du ministre le
plus directement intéressé.
COHÉSION
1» -
1
1 lu
à
N fait est. certain,
c'est que 'empire
extérieur. de la
France est un ad-
juvant nécessaire
et puissant de la
force nationale. fil
est donc, à l'heu-
re. actuelle, urgent
de lutter contre une dispersion des pouvoirs
gui éparpille à tous les. vents des intérêts
considérables, qu'un peu de cohésion proté-
gerait pour le plus grand bien de la France
totale.
Evidement, il ne s'agit pas de l'uniformité
des systèmes, mais d une même inspiration
« éclairée de communes lumières ». C'est à
cet ordre d'idée que se rattache la récente
proposition de loi, portant, création. d'un
grand conseil national de la France d'ou-
tre-mer.
Contre cette politique de cohésion colo-
niale, la métropole, comme les colonies,
comptent de. nombreux dissidents. Ceux-et
trouvent : « qu'il n'est pas nécessaire de
maintenir à Paris un pouvoir capable d'avoir
sous le contrôle du Parlement, et en pleine
lumière, un rôle de directiott ». Pourtant,
les droits et les devoirs de la République vis-
à-vis de ses cent millions d'habitants lui im-
posent dans le gouvernement, de la France
d'outre-mer :
1° Une politique sociale et morale j
20 Une politique économique ;
30 Une politique de paix assurant la SéCtI-
rité intérieure et la défense de chacune des
parties comme de Vensemble des territoires
de la République. »
Quoi qu'en pensent les. esprits enivres d'in-
dépendance féodale : « ces buts ne peuvent
être atteints qu'en respectant les libertés par-
ticulières à chaque grand gouvernement gé-
nérat, pays de protectorat, ou de mandat, li-
bertés indispensables à des pays de races dif-
férentes, vivant sous toutes les latitudes,
mais en leur donnant cependant les direc-
Ilives générales qui, suivies avec persévé-
rance, assureront, seules leur complet déve-
loppement, grâce à la collaboration de tous
et de chacun dans le cadre de la France to-
tale. Sur Vopportunité d'une politique de
cohésion coloniale, des faits précis et nom-
breux -- pourraient servir d'exemples ct illus-
trer les erreurs graves commises par mangue
d'unité d'études, de conception et d'action.
Qu'il s'agisse de la santé publique, de la
mise en valeur, de la sécurité, du commu-
nisme, la lutte contre la dispersion des di-
rectives s'tfRf ose, Il fàfft bien lotlstflte-r que
Vorganisation des pouvoirs métropolitains
responsables de la plus grande France se
prête mal à la nécessité d'étudier et d'avoir
des directives générales; de les appliquer ju-
dicieusement et avec suite.
De trop nombreux ministères greffés sur
la compétence dit ministère des Colonies
ccartèlent certains problèmes coloniaux qui
restent pantelants entre tant de bureaux et
ne reçoivent pas de solutions.
C'est pour remédier à un état de chose
regrettable que des personnalités parlemen-
taires coloniales suggèrent la création d'un
grand conseil national de la France d'outre-
mer. Nous ne pouvons qu'applaudir à une
si heureuse illitiative, et en souhaiter le suc-
cès rapide.
Brnelll IToudos,
Sénateur de la Marna,
Vice-Président de ta Commission
des Douanes.
4M*-
M. Lucien Saint est attendu
au Maroc
1..
M. Lucien Saint, Résident général de
France au Maroc, qui a quitté Paris hier soir
pour l'Espagne et le Maroc, est attendu au-
jourd'hui à Tanger. Il sera demain à Rabat.
M. Saint est accompagné de M. Voizard,
chef de son cabinet.
#
Un -- rezzou - au Rio - de - Oro -
t.
On nous informe de Dakar qu'un rezzou de
70 fusils commandé par Ahmed. el Amadi a
eu un engagement dans la région de Kédia
Idjil le 4 et le 7 janvier avec les éléments
d'un groupe nomade de Chinguetti.
Le rezzou a abandonné la majeure partie
de ses prises et laisse entre nos mains six
morts, quatre fusils et se réfugie dans le Rio
de Oro.
Les pertes de notre côté sont : deux gardes
tués, deux auxiliaires blessés.
,
Alain Gerbailt reparu à bord
du yacht de Mme Hériot
-
On nous informe de Marseille que VAilée,
la belle goélette de Mme Virginie Hériot, a
quitté le vieux port, le cap tourné vers la côte
moghrebine. Elle avait à bord, outre la
grande yachtwoman française, Alain Gerbault,
le navigateur solitaire.
Mme Hériot poursuit une vaste tournée de
propagande nautique. Chargée de mission par
les ministères des Affaires étrangères et de la
Guerre, elle visitera successivement jÇasa-
blanca, Rabat, Meknès, Fez, Marrakech et
Mogador. Quant à Alain Gerbault, que la
terre'ennuie, il se propose d'écrire sur VAilés
un nouveau livre, en attendant que son yacht
soit achevé.
Quelques chiffres
«•»
Les statistiques sont précieuses à qui sait les
lire et les méditer un peu.
On vient de publier le chiffre des cons-
tructions faites à Casablanca en décembre
1930, ce qui permet tout d'abord de consta-
ter que, sous le Protectorat les comptes offi-
ciels sont moins longs à établir que dans la
mère Patrie. Mais ces chiffres permettent d' au-
tres réflexions encore.
Au mois de juillet 1929, il y avait eu,
pour ce seul mois, 34 millions de constructions
neuves. C'est le chiffre le plus élevé qu'on
ait jamais enregistré, Il dépassait, et de beau-
coup, à lui seul les sommes globales de 1918
(20.525.000) et 1919 (22.818.000) - sur le
papier du moins car P étalon-franc n'était plus
e même -. Mais à partir de cette date on
avait, paraît-il, stabilisé les constructions neu-
ves et on annonçait une terrible régression cer-
taine. Or, décembre 1930 se chiffre par
23.124.500 francs, un peu inférieur à novem-
bre qui avait accusé 26.070.300 francs; la
moyenne de l'année est de 18.111.660 francs
par mois, soit un total de 217.342.400 francs.
C'est assez coquet pour un pays, et pour une
ville qui traversent incontestablement le contre-
coup du malaise économique mondial et d'une
mauvaise campagne agricole locale, et cela
prouve que les prophètes de mauvais augure
qui avaient annoncé J'arrêt complet des bâti-
ments au Maroc se sont singulièrement trom-
pés.
Cela prouve aussi que les capitalistes ont
confiance dans l'avenir. Car ces maisons nou-
vellement élevées sont souvent des immeubles
de rapport: il y a eu 2.977 appartements neufs
terminés en 1930; il y en avait eu sensible-
ment autant, un peu plus même, en 1929. En
mettant l'appartement à trois occupants en
moyenne, cela fait 9.000 personnes sur la
venue desquelles on qpmpte pour augmenter
la , population sédentaire de Casablanca.
N'est-ce pas la preuve de la confiance des
Casablancais dans l'avenir du Maroc en gé-
néral, de leur ville en particulier. Confiance
justifiée puisque, jusqu'à ce jour, les locaux
ne demeurent pas inoccupés.
Ce sont indices agréables à enregistrer, car
le succès est presque toujours fait de la con-
fiance que l'on a en soi-même. La chose est
vraie pour les collectivités comme pour les
particuliers.
Les constructions indigènes sont toujours
peu importantes. En décembre 1930, il n' y
a eu que 28 constructions à cet usage. Or,
l'hygiène du domicile contribue énormément,
on le sait, à la force d'une race. L'arabe est
déoimé par la tuberculose, celle-ci ayant. de
multiples causes d'ailleurs. Mais le logement
salubre serait un puissant instrument de lutte
contre cette terrible maladie. Voilà pourquoi
il faudrait en 1931 beaucoup plus encore d'ha-
bitations à bon marché, mais saines et salu-
bres, pour les indigènes. On le sait très bien
à Rabat.
On fait l'impossible à la Résidence géné-
rale pour que pénètre cette vérité dans l'âme
des gens qui remuent le moellon et la chaux,
voire le ciment plus ou moins armé. Espérons
que ces sages conseils seront écoutés.
LoulAXe Barbier.
-
AU Conseil d'ttat
i
En Algérie
Lacs salés, cours d'eaux, sources
Droits de jouissance des tribus
Les 17 avril et 10 mai 1926, le Conseil de
Préfecture du département de Constantine
prenait dix arrêtés - condamnant un certain
nombre de propriétaires, demeurant à Beida
Bordj, à des amendes, pour détournement
des eaux des sources Toutet et Zeraïa.
Les propriétaires dont s'agit, avaient pré.
senté un recours au Conseil d'Etat aux fins
d'annulation des arrêtés dont s'agit, attendu
soutenaient-ils dans leur requête que
le Conseil de Préfecture n'avait pas tenu
compte des conclusions prises par le service
des Ponts et Chaussées, tendant à l'abandon
des poursuites ou, tout au moins, à ce qu'il
soit sursis jusqu'à ce que la nouvelle régle-
mentation des eaux de la région, actuelle-
ment en préparation soit devenue effective.
Au fond - ajoutaient les requérants -1
les arrêtés précités ont été rendus au mépris
des droits anciens, dont la tribu à laquelle
ils appartiennent a toujours joui depuis un
temps immémorial et en tout cas, bien. an-
térieur à la loi de 1851 sur le régime des
eaux en Algérie.
Et les requérants de demander au Conseil
d'Etat de les décharger des condamnations
prononcées contre eux.
Cette haute juridiction a jugé cette affaire
qui, certes, ne manquera pas de retenir
l'attention des tribus algériennes.
Elle a - dans un arrêt rendu annulé
tous les arrêtés du Conseil de Préfecture
dont s'agit et renvoyé les requérants devant
cette juridiction administrative pour qu'il
leur soit imparti un délai à l'effet de sai-
sir l'autorité judiciaire de la question des
droits privés par eux invoqués et pour être
ultérieurement statué à qui il appartiendra
sur les poursuites dont ils ont été l'objet.
Attendu que l'art. 2 de la loi du 16 juin
1851 attribue aux tribunaux judiciaires com-
pétence pour connaître les contestations. qui
peuvent s'élever sur l'existence et l'étendue
des droits privés des propriétés, d'usufruit
ou d'usage qui auraient été légalement ac-
quis antérieurement & la promulgation de
ladite loi sur les lacs salés, les cours d'eau
de toutes sortes et les sources.
Ainsi, le Conseil de Préfecture aurait dÛ
surseoir à statuer, jusqu'à ce que la question
préjudicielle soulevée ait été tranchée par la
judiriction compétente.
Tels sont les motifs pour lesquels le Con-
seil d'Etat a ainsi que dit annulé les
arrêtés attaqués.
La lutte contre la peste
et la fièvre jaune au Sénégal
ffllémo <
Deux fléaux menacent éternellement le
Sénégal : la fièvre jaune et la peste.
On a déjà beaucoup écrit sur la fièvre
jaune au Sénégal. Les épidémies qui ont sévi
à plus d'une leprise dans la colonie sont-
elles venues d'ailleurs, ou y ont-elles leur
origine? La question semble-t-il bien est en-
core à résoudre.
En ce qui concerne la peste, son origine
étrangère est connue. Mais aujourd'hui le
mal est installé à* demeure. Il se passe au
Sénégal ce qui se passe dans l'Inde, à Ma-
dagascar et à Maurice. On le constate, on
le déplore et l'on essaie d'y remédier.
C'est précisément dans ce but que le Gou-
verneur général de l'Afrique occidentale a
institué sur la proposition du médecin ins-
pecteur des Services sanitaires, une Commis-
sion chargée de formuler des avis sur les
mesures à prendre contre les maladies épi-
démiques.
On s'étonnerait d'une initiative aussi tar-
dive si l'arrêté en question ne spécifiait que
les mesures préconisées devront avoir un
caractère pratique.
En d'autres termes, l'administration lo-
cale attend l'impulsion nécessaire à la re-
prise d'une action qui jusqu'à ce jour n'a
pas donné grand'chose pour des raisons
qu'il est facile de deviner.
La police sanitaire, quand elle a à s'exer-
cer dans les petites villes et principalement
dans les communes des colonies, se heurte
à toutes sortes de résistances. Aux règle-
ments établis chacun entend ne se soumet-
tre que si aucun de ses intérêts ou plutôt
même aucune de ses commodités ne doit être
troublée. Et ce trouble prend vite figure de
vexation personnelle.
Plus particulièrement au Sénégal le voi-
sinage, ou mieux, l'interpénétration des élé-
ments indigène et européen dans les mêmes
agglomérations crée des situations particu^
lièrement dangereuses.
Essayer de faire toucher du doigt à un
Sénégalais, pourtant en contact depuis long-
temps avec les colons, le péril qui peut naî-
tre pour l'individu comme pour la collecti-
vité d'une méconnaissance de l'hygiène do-
mestique est à peu près assez malaisée. L'au.
tochtone a chez soi un ensemble d'habitudes
qui constituent sa vie quotidienne et qu'il
n'a aucunement le désir de modifier, Et
comme précisément la prophylaxie dérange
violemment parfois son train d'existence, il
n'hésite pas, pour se soustraire à ce qui lui
paraît une inutile tracasserie, à commettre
des négligences dont les conséquences sont
extrêmement graves. C'est ainsi qu'au cours
des épidémies de choléra et de peste, les,
décès ne sont pas déclarés, et que les cada-
vres sont souvent enfouis à l'intérieur des
- cases.
il y a là une situation à réformer et
contre laquelle il n'y a que deux façons
d'agir : la persuasion et la coercition. L'em-
ploi de la première qui est aussi la plus
souhaitable mettra du temps à produire ses
effets. On s'y est d'ailleurs employé.
La seconde permet d'aboutir avec l'effica-
cité et l'urgence que les épidémies toujours
redoutables requièrent. Et quoi qu'il en
soit aussi bien dans nos tendances propres
que dans nos habitudes administratives d'hé-
siter devant la contrainte, nous estimons
que la fermeté en certains cas s'impose, et
d'une façon égale, contre tous.
Il est donc grandement désirable que les
suggestions que ne manquera pas de for-
muler la Commission instituée tout derniè-
rement à Dakar, soit retenues par l'admi-
nistration de la Colonie et forme le fond
d'une réglementation à laquelle tous, sans
exception, devront se conformer.
On connaît des pays d'où une action vigi-
lante et soutenue des autorités responsables
ont fait disparaître des cndémies que l'on
croyait indéracinableG.
Pour notre bon renom comme pour le
profit de notre vieux Sénégal et de son
grand port de commerce, indispensable es-
cale aux paquebots fréquentant les lignes de
l'Afrique et de l'Amérique du Sud, il im-
porte que tout ce qui touche à l'hygiène pu-
blique soit mis au premier plan des pro-
blèmes à résoudre.
P.-c. Georges François
Gouverneur honoraire des Colonies
La lutte contre les Acridiens à Madagascar
10 ) c
Au cours du premier semestre 1930, une
grosse invasion de sauterelles i&'çst abat-
tue sur la région de Maroway, causant aux
(rizières des dégâts, qu'on avait tout
d'oibord évalués h plus d'un million de
ironos'; C'était exagéré. Mais après en-
quête, on ne (reconnut pas moins que le
totail des pertes subies atteignait 916 ton-
nes de riz, représentant une valeur do
458.250 Ifrancs.
L'enquête elle-même a donné d'autres
résultats, en permettant de préciser des
poinls et des circonstances très intéres-
santes, notamment en ce qui concerne le
développement des criquets migrateurs- à
Madagascar et les moyens de destruction
et de dépense à leur opposer.
Ces moyens consistent d'abord en de à
barrages métalliques à établir dans les
relions mtc'slecs et en remploi d appa-
reils pulvérisateurs de sols arsenicaux.
Les éludes faites par le service de l'agri-
culture ont démon tiré que les appareils
dont l'usage nécessite un personnel nom-
breux et expérimenté, no peuvent être d'un
secours' réel à Madagascar, où il n'existe
pas d'agents spécialisas. En revanche, les
barrajges en tôle permettent la destruction
rapide des jeunes sauterelles, et c'est
pour cette raison que toutes les provinces
infestées par les acridiens en ont été pour-
vues.
La destruction des insocles adultes est
pratiquement impossible. Les essais ten-
tés, notamment les feux de brousse, se
sont montrés insuffisants. Les sauterelles
'sont, par contre, très vulnérables lors-
qu'elles sont à l'état de larves, mais pour
.les combattre efficacement, il est indispen-
sable d'opérer en même temps sur tout
l'ensemble du territoire, ce qui n'est pas
possible avec les moyens réduits dont on
dispose. Les efforts sont, en eITet, disper-
sés sur une étendue trop vaste et ne peu-
vent, dans les grandes contrées désertiques
où se forment des vols d'invasion, empê-
cher les larves d'atteindre le stade ailé.
Pour rendre réellement efficace la régle-
mentation existante, il faudrait que les
contrôleurs anliaoridiens en service ou à
nommer pussent faire de nombreux dépla-
cements dans la zone qui leur est confiée
pour stimuler l'activité toujours défaillante
des agents indigènes.
L'expérience a démontré que seules les
organisations pourvues d'agents spécia-
listes pouvaient donner de bons résultats.
A l'heure actuelle, c'est, seulement dans les
provinces où 'existent des agents du Ser-
vice de l'Agriculture qu'une lutte sérieuse
est menée contre les criquets. Les contrô-
leurs antiacridiens, désignés parmi les
fonctionnaires dos services administratifs,
font de leur mieux, mais, absorbés par des
occupations multiples, ils, ne peuvent con-
sacrer un temps suffisant A une tâche qui
nécessite de constants déplacements pour
la surveillance des agents spéciaux indi-
gèn,
Le service antiacridieri va être prochai-
nement renforcé par le personnel agricole
prévu par l'arrêté du 11 juillet 1928 insti-
tuant des agents provinciaux d'agriculture
européens ; le recrutement, de ce personnel
(2-i nouveaux agents) sera complètement
achevé en 193S. On pourra alors organiser
une vaste action d'ensemble qui permettra
de comlbattre avec succès les invasions et
ia multiplication des sauterelles.
Une étude entreprise par le service de
l'agriculture sur « Le Criquet Migrateur à
Madagascar n met en lumière aes particu-
larités du développement de cet insecte,
décrit les mœurs ae ses larves, les habi-
tudes des adultes et indique les lieux
d'élection où s'effectue la ponte dans les
diverses régions do la Grande Ile.
Il résulte de ce travail que, contraire-
ment à l'opinion générale, les criquets ne
sont pas vtîivua d'Afrique eu iranc.nissarit
le Canal de Mozambique, mais constituent
une espèce spéciale à Madagascar-,
Les alternances de période d'invasion et
do période d'accalmie s'expliquent par
celte circonstance que c'est dans les plai-
nes désertiques du Sud que su trouvent
les foyers permanents d'hululais, où l'es-
pèce vit et se multiplie, et d'où partent,
pour entreprendre leurs migrations, les
vols importants dans les années favorables
à leur développement.
On peut toutefois opposer a octte opinion
celle de colons établis dans FDo depuis do
longues années et dont quelques-uns- pré-
tendent avoir vu à Mnjurign. pendant plu-
sieurs jour, tout un vol dt' sauterelles
venant du côté occidental dn Canal de
Mozambique et déjà rencontré en plein
canal par un vapeur anglais qui on avait
été, lui-même, littéralement couvrrt.
Quoi qu'il en soit, un fait existe : la per-
sistance du fléau, des rava-ges répétés et les
charges qu'il occasionne au budget.
En .19.10, la région di-< Tanannrive a reçu
̃i.500 mètres de barr-agn ; ("'(:1J, de Fiana-
rnnlson, -15.700 ; r-r-Hc dc Majunga, 7.000 ;
do Tuléar, 0.500 et de Diego-Suarez, 30/(00.
n'n outre, de 19?7 à H)30 inclus, les eré-
dits accordés pour la 1ntlc antiaoridienne,
y compris les subventions dos Cl 1 ambres
de Commerce, se snnl montés à 2.062.280
francs.
Le premier salon annuel
des Artistes malgaches
*4*
Tananarive a va s'ouvrir le premier salon an
nuel des Artistes Malgaches. Cette manifesta
tion, inaugurée le 25 novembre dernit-r par M
le Gouverneur Gcnernt Cayln entouré des plu.
hautes personnalités civiles et militaires de 1¡
Colonie et de nombreux notables de la Capitale
a obtenu le plus vif succès. ,
Jusqu'ici, les peintres, les sculpteurs et, le
artisans des différentes régions de l'ile ne peu
vaient se. faire connaître du public qu'au cour
d'expositions fragmentaires peu suivies ou e
,1 colportant » leurs œuvres oiiez les partiel
liers. En créant par arrêté du 2 août 1930 1
Salon des Artistes Malgaches, le Gouverner
Général a voulu mettre annuellement à leur di
position pendant dell" semaines un cadre com'
noble el les faire profiter de l'appui et, des cr
tiques, le plus souvent bienveillants, d'un non
breux public, On a trop souvent, constaté, c
le sait, chez eux une tendance marquée à r
produire des procédés techniques d'art occide
tal qui faussent la réaction personnelle du pei
tre ou du sculpteur indigène devant le décor »
la vie locale. On ne saurait dire, après le pr
mier snlon, que cette tendance ait dispar
puisque, dans la section peinture particulièi
ment, le jury a cru nécessaire d'exprimer 0
vertement son désir de trouv-er. a l'avenir, pl
d'oeuvres sincères et moins d'imitations. Mr
cette réserve faite. la visite du Salon laisse l'(
peir de voir se développer quelques personr
lités encore timides qui s'affirmeront sans r
dnlllc dès qu'elles :-0 sentiront encouragées.
Plusieurs oeuvres ont en effet, retenu l'nlh
tion du publie, parce qu'elles dénotaient un se
artistique réel. A citer notamment des p.
neaux décoratifs dont les auteurs ont loi;
libre eo-urs a leur imagination : des paysan
imeriniens alertement croqués sur le vif ; c
toiles a l'ancienne manière malgache, dont c
laines sont I)f-iiiles au couteau : de- silhouet
populaires coupées en quelques trait, et de
rieuses seénes de danses. I.a valeur docum
taire de ces productions est certaine. En mai
de la Section cIl> peinture trois tableaux exé
jeUMALJUOTIDIfiR
Rédaction & Administrant% ;
M, iMftMUt-TKalir
PARIS 0*0
TtLÉTH. I LBUVHB ft-OV
- RICHBLIKU INI
l 0 le
Les Annales Coloniales
Cil annonces et réclame» sont reçue» on
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DIRECTEUR.FoNDATeUR, Marpol RUEDEL
Tout les article* putllU, dans notre iournal ft,,,,,,,,,
être reproduits qu'en citant les AMMALKS CoMMALM.
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C<)onie<..KOa 100 > 60 »
Étranger.. 240 p 125 > 70 i
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Le problème des fûts à rhum
- f "11 .:a
1
Avant même que mon article sur les fûts
,à rhum eût paru, j'avais reçu une lettre à
ce sujet de M. le Ministre des Colonies
{celui d'hier qui n'était pas en même temps
président du Conseil).
Que répondait-il en substance ?
C'est bien la, métropole qui fournit la
plus grande quantité des fûts à rhum utili-
sés à la Martinique, à la Guadeloupe, à la
Guyane, à La Réunion : à la Martinique,
4.624.000 francs sur 7.196.000; à la Gua-
deloupe, 4.151.000 sur 5.681.000 ; à la
l.tJ,uyane, 147.904 sur 205.013 ; à La Réu-
nion, 3.250.000. En 1929, la part de l'a
métropole dans les envois de futailles.'
s'élève à 22.496.000 francs, soit environ les
deux tiers de la valeur des importations to-
tales.
Et nttnc, Platldite, cives 1 Et maintenant,
citoyens, applaudissez! Pas du tout, répli-
quent des citoyens moins faciles à convain-
cre que les autres, nous n'applaudissons
pas;, nous récriminons à nouveau. De ce
nombre est mon confrère Aimé Payol dont
j'ai cité déjà Je nom, et qui connaît la ques-
tion trop bien pour qu'il ne soit pas inutil'e
;de vouloir lui en conter. Il divise sa réfu-
tation suivant les règles de la bonne rhéto-
rique en deux parties principales : ce qui
a trait à la date, ce qui a trait à la propor-
tion.
D'abord, la date. En 1929, cela est vrai,
les résultats ont été appréciables. C'est que
la tonnellerie française venait à peine
d'avoir gain de cause, et comme dans toutes
les affaires humaines, ce qui était le meil-
leur, c'était le commencement. Mais atten-
dons la fin. Ou plutôt n'attendons pas si
longtemps. En 1930, les résultats seront
certainement beaucoup moins satisfaisants.
La proportion : pourquoi les deux tiers?
Sans doute, il ne faudrait pas se montrer
exigeant et réclamer davantage, si les
concurrents livraient mieux ou meilleur
marché, ou encore si la tonnellerie métropo-
litaine ne pouvait pas suffire aux demandes
venues de nos colonies. On a craint un
moment, en haut lieu; que les producteurs
de rhums français en arrivent à manquer
• de récipients s'ils n'employaient que des
tonneaux français. Mais cette crainte n'était
, pas justifiée. Il est démontré aujourd'hui et
amplement que les tonnelleries de la métro-
polet aidées par nos tonnelleries coloniales,
n'auraient besoin, de personne pour faire
4 face à tous les besoins.
Or,, malgré tout cela, la tonnellierie métro-
politaine ét coloniale française perd duter-
raih à nouveau. Ecoutons Aimé Payol qui
- parcourt tous lès centres de production de
fQtlr S rhum. Il raconte que, l'autre lundi,
au marché de Bordeaux, un tonnelier fran-
çais faisait en sa présence une offre de
3.000 fûts à rhum. L'offre a été repoussée.
Et pourtant, les prix de vente étaient infé-
rieurs à ceux de 1929. Nos fabricants métro-
politains qui ont pu faire dans de bonnes
conditions des achats de matières premières,
ont pu abaisser leur prix de revient et, par
voie de conséquence, leurs tarifs de vente.
Quelle est donc la concurrente heureuse
<1e notre tortnellerie? Une tonnellerie amé-
ricaine; dont les fûts sont d'ailleurs bien
faits, mais non mieux faits que les nôtres,
« et qui parait se tailler la part du lion dans
le marché colonial, ».
Et alors on ne comprend plus. On ne
comprend plus, au point de vue logique, et
j'ai déjà montré pourquoi : comment cette
nation de secs peut-elle avoir la prétention
de fournir les récipients aux boissons qu'elle
prohibe, aux spiritueux qu'elle dénonce
prohibe, l'abomination de la désolation? On
comme
ne comprend plus au point de vue des prix,
car il est clair que les prix de vente de cette
firme, augmentés des droits que les fûts ont
à payer, doivent dépasser les prix de vente
des tonneliers français - et - coloniaux.
Huml s'interroge Aimé Payol. Est-ce que
ces droits sont réellement payés? Est-ce
qu'il n'y aurait pas, au point de vue doua-
nier, a des dérogations que la métropole ne
connaîtrait pas » ? Est-ce qu'il n'y aurait
pas des accommodements qui expliqueraient
tout, étant eux-mêmes inexplicables? Est-ce
que « les ordres du Gouvernement sont stric-
tement exécutés en ce qui concerne les droits
protecteurs »? - - - - -
Ce sont des questions précises qu'Aimé
Payol adresse au ministre des Colonies,
d'hier avec la même insistance. Car enfin,
Aimé Payol me parait expérimenté, il sait
bien que la méfiance est mère de l'a sûreté.
Or, sa méfiance est éveillée par les mille et
un tours et détours que l'Américain emploie
pour violer la loi holstead avec une telle
habileté qu'il semble être passé maître en
fait de tromperie. « N'est-il. pas prudent de
se demander si ces gens reconnus si débrouil-
lards pour tourner l'a loi chez eux, ne le sôht
pas également pour la modifier ainsi chez
les autres? 3.
Modifier : le terme est d'une discrétion
admirable. Comment refuser l'enquête que
demandent nos tonnelleries métropolitaines
et coloniales? De deux choses l'une : ou
il y a des moyens d'éviter le paiement de la
laxe douanière, et alors il faut, après les
avoir découverts, empêcher qu'on en use dé-
sormais ; ou personne ne la évité jusqu'à
-ce jour, et alors c'est que tft dloit est trop
faible pour protéger nos fûts à rhum. Em-
porté par la logique de son raisonnement,
Aimé Payol va jusqu'à conseiller, si cela
était nécessaire, d'utilisel contre le fût amé-
ricain l'arme dont l'Amérique s'est servie
contre le vin français, la prohibition. Damel
le fabuliste latin nous, enseigne qu'il est
normal que l'on supporte les traitements
dont nous avons les premiers donné l'exem-
ple. N'allons pas jusque-là. Mais du moins,
que cette considération garde quelque valeur
pour nous à l'heure où nous sommes bien
forcés de nous défendre contre qui nous
attaque, et en même temps, de parer aux
menaces de chômage qui se précisent et
s'étendent de jour en jour. Je ne suis certes
pas un admirateur enthousiaste des barrières
de douanes, mais si des usines doivent se
fermer, je préfère que ce soit aux Etats-
Unis qu'en France, ou dans nos provinces
lointaines. Qui donc oserait m'en blâmer?
Mario Rousian,
Sénateur de VHérault.
Anoien ministre
Vice-Président de la Commission des Colonteh
Pour une aide équitable
à la. production indigène en Afrique
éqnatoriale française
«♦»
On signale que le gouvernement général
de l'Afrique Equatoriale Française aurait
déjà disposé en partie de la somme de 20
millions à prélever sur l'emprunt destiné à
la construction du Congo-Océan et du port
de Pointe-Noire, en vue d'une aide à donner
à la production indigène. -
Les bénéficiaires de cette libéralité ne pa-
raissant pas représenter la majorité des in-
térêts en présence, le Président du conseil,
ministre des Colonies, a décidé de ne pas
ratifier les initiatives du gouverneur général
de l'Afrique Equatoriale.
-M»–:: -
La situation des fonctionnaires
coloniaux
détachés dans la métropole
Lors de la dernière session des délégations
financières à Tananarive, l'attention de l'as-
semblée a été retenue par la question des
agences économiques dans la Métropole.
Un délégué. M. Vally, a fait remarquer
que" les fonctionnaires affectés aux agences
ne comptent parfois que fort peu de services
anfWleurs aux coUmles et que^ d'autre part,
ils se trouvent retenus à Paris plus qu'il ne
conviendrait.
Ils sont ainsi dans la situation d'agents
de renseignements qui, du fait d'une prépa-
ration première insuffisante ou d'une ab-
sence trop prolongée de la colonie, risquent
de renseigner mal ceux qui s'adressent a eux.
11 est certain qu'aux colonies les choses
vont vite.
Des régions entières y changent d'aspect
en quelques années ; des besoins s'y affir
ment soudain, qui la veille étaient inconnus.
La science administrative coloniale ne tient
jamais dans un recueil ; elle est faite de no-
tes pour ainsi dire journalières mises à jour
quotidiennement.
Considéré sous cet angle, le meilleur fonc-
tionnaire colonial d'information résidant à
Paris, sera donc celui qui aura quitté le plus
récemment le pays d'outre-mer qu'il aura à
représenter.
L'observation est à retenir. Peut-être mê-
me est-ce en la retenant et en prenant les
dispositions qu'elle comporte qu'il sera pos-
sible de régler plus équitablement et plus
judicieusement la question du détachement
dans les services métropolitains définis, des
fonctionnaires coloniaux.
Contrairement à ce qui se passe pour les
cadres locaux où la qualité des services que
l'on peut rendre est en. raison directe de leur
durée, la valeur pratique du fonctionnaire
détaché décroit à mesure qu'augmente sa
présence dans la Métropole.
Pourquoi dès lors ne pas adopter la règle
stricte qui consisterait à limiter à deux an-
nées, le temps qu'un fonctionnaire des colo-
nies pourra passer dans une administration
métropolitaine. Chacun y trouverait son
compte: le fonctionnaire lui-même qui désire
parfois perfectionner son instruction par
l'acquisition de diplômes nouveaux et l'ad-
ministration intéressée de son côté à avanta-
ger le plus grand nombre - possible de ses
agents tout en leur demandant dés services
qu'ils peuvent exactement rendre.
Ainsi pourrait s'établir une sorte de tour
de roulement.
Grâce à quoi les mesures de faveur que
chacun critique mais dont tous voudraient
bénéficier, n'auraient que peu d'occasions
d'intervenir.
Si pareille mesure était décidée tous les
fonctionnaires, san* exception y applaudi-
raient.
P C. C F.
41»
L'AviatioD Colonialt
Le raid de LaloaeUe et Permangle
On est actuellement sans nouvelles de La-
louettè et de Permangle, arrivés à Gao le
15 : -les services du ministère de l'Air en-
voient un radio aujourd'hui ; on suppose
que Lefèvre.et Desmazières sont toujours
aux bords du lac Tchad, où ils ont atterri
le 6 janvier.
or Enfin un délégué colonial
Pour la première fois, un représentant du
département des colonies est admis aux
réunions des conférences interministérielles.
Il paraissait singulier, en effet, que les pro-
blèmes touchant les relations entre la mé-
tropole et ses plus lointaines possessions
fussent étudiés en dehors du ministre le
plus directement intéressé.
COHÉSION
1» -
1
1 lu
à
N fait est. certain,
c'est que 'empire
extérieur. de la
France est un ad-
juvant nécessaire
et puissant de la
force nationale. fil
est donc, à l'heu-
re. actuelle, urgent
de lutter contre une dispersion des pouvoirs
gui éparpille à tous les. vents des intérêts
considérables, qu'un peu de cohésion proté-
gerait pour le plus grand bien de la France
totale.
Evidement, il ne s'agit pas de l'uniformité
des systèmes, mais d une même inspiration
« éclairée de communes lumières ». C'est à
cet ordre d'idée que se rattache la récente
proposition de loi, portant, création. d'un
grand conseil national de la France d'ou-
tre-mer.
Contre cette politique de cohésion colo-
niale, la métropole, comme les colonies,
comptent de. nombreux dissidents. Ceux-et
trouvent : « qu'il n'est pas nécessaire de
maintenir à Paris un pouvoir capable d'avoir
sous le contrôle du Parlement, et en pleine
lumière, un rôle de directiott ». Pourtant,
les droits et les devoirs de la République vis-
à-vis de ses cent millions d'habitants lui im-
posent dans le gouvernement, de la France
d'outre-mer :
1° Une politique sociale et morale j
20 Une politique économique ;
30 Une politique de paix assurant la SéCtI-
rité intérieure et la défense de chacune des
parties comme de Vensemble des territoires
de la République. »
Quoi qu'en pensent les. esprits enivres d'in-
dépendance féodale : « ces buts ne peuvent
être atteints qu'en respectant les libertés par-
ticulières à chaque grand gouvernement gé-
nérat, pays de protectorat, ou de mandat, li-
bertés indispensables à des pays de races dif-
férentes, vivant sous toutes les latitudes,
mais en leur donnant cependant les direc-
Ilives générales qui, suivies avec persévé-
rance, assureront, seules leur complet déve-
loppement, grâce à la collaboration de tous
et de chacun dans le cadre de la France to-
tale. Sur Vopportunité d'une politique de
cohésion coloniale, des faits précis et nom-
breux -- pourraient servir d'exemples ct illus-
trer les erreurs graves commises par mangue
d'unité d'études, de conception et d'action.
Qu'il s'agisse de la santé publique, de la
mise en valeur, de la sécurité, du commu-
nisme, la lutte contre la dispersion des di-
rectives s'tfRf ose, Il fàfft bien lotlstflte-r que
Vorganisation des pouvoirs métropolitains
responsables de la plus grande France se
prête mal à la nécessité d'étudier et d'avoir
des directives générales; de les appliquer ju-
dicieusement et avec suite.
De trop nombreux ministères greffés sur
la compétence dit ministère des Colonies
ccartèlent certains problèmes coloniaux qui
restent pantelants entre tant de bureaux et
ne reçoivent pas de solutions.
C'est pour remédier à un état de chose
regrettable que des personnalités parlemen-
taires coloniales suggèrent la création d'un
grand conseil national de la France d'outre-
mer. Nous ne pouvons qu'applaudir à une
si heureuse illitiative, et en souhaiter le suc-
cès rapide.
Brnelll IToudos,
Sénateur de la Marna,
Vice-Président de ta Commission
des Douanes.
4M*-
M. Lucien Saint est attendu
au Maroc
1..
M. Lucien Saint, Résident général de
France au Maroc, qui a quitté Paris hier soir
pour l'Espagne et le Maroc, est attendu au-
jourd'hui à Tanger. Il sera demain à Rabat.
M. Saint est accompagné de M. Voizard,
chef de son cabinet.
#
Un -- rezzou - au Rio - de - Oro -
t.
On nous informe de Dakar qu'un rezzou de
70 fusils commandé par Ahmed. el Amadi a
eu un engagement dans la région de Kédia
Idjil le 4 et le 7 janvier avec les éléments
d'un groupe nomade de Chinguetti.
Le rezzou a abandonné la majeure partie
de ses prises et laisse entre nos mains six
morts, quatre fusils et se réfugie dans le Rio
de Oro.
Les pertes de notre côté sont : deux gardes
tués, deux auxiliaires blessés.
,
Alain Gerbailt reparu à bord
du yacht de Mme Hériot
-
On nous informe de Marseille que VAilée,
la belle goélette de Mme Virginie Hériot, a
quitté le vieux port, le cap tourné vers la côte
moghrebine. Elle avait à bord, outre la
grande yachtwoman française, Alain Gerbault,
le navigateur solitaire.
Mme Hériot poursuit une vaste tournée de
propagande nautique. Chargée de mission par
les ministères des Affaires étrangères et de la
Guerre, elle visitera successivement jÇasa-
blanca, Rabat, Meknès, Fez, Marrakech et
Mogador. Quant à Alain Gerbault, que la
terre'ennuie, il se propose d'écrire sur VAilés
un nouveau livre, en attendant que son yacht
soit achevé.
Quelques chiffres
«•»
Les statistiques sont précieuses à qui sait les
lire et les méditer un peu.
On vient de publier le chiffre des cons-
tructions faites à Casablanca en décembre
1930, ce qui permet tout d'abord de consta-
ter que, sous le Protectorat les comptes offi-
ciels sont moins longs à établir que dans la
mère Patrie. Mais ces chiffres permettent d' au-
tres réflexions encore.
Au mois de juillet 1929, il y avait eu,
pour ce seul mois, 34 millions de constructions
neuves. C'est le chiffre le plus élevé qu'on
ait jamais enregistré, Il dépassait, et de beau-
coup, à lui seul les sommes globales de 1918
(20.525.000) et 1919 (22.818.000) - sur le
papier du moins car P étalon-franc n'était plus
e même -. Mais à partir de cette date on
avait, paraît-il, stabilisé les constructions neu-
ves et on annonçait une terrible régression cer-
taine. Or, décembre 1930 se chiffre par
23.124.500 francs, un peu inférieur à novem-
bre qui avait accusé 26.070.300 francs; la
moyenne de l'année est de 18.111.660 francs
par mois, soit un total de 217.342.400 francs.
C'est assez coquet pour un pays, et pour une
ville qui traversent incontestablement le contre-
coup du malaise économique mondial et d'une
mauvaise campagne agricole locale, et cela
prouve que les prophètes de mauvais augure
qui avaient annoncé J'arrêt complet des bâti-
ments au Maroc se sont singulièrement trom-
pés.
Cela prouve aussi que les capitalistes ont
confiance dans l'avenir. Car ces maisons nou-
vellement élevées sont souvent des immeubles
de rapport: il y a eu 2.977 appartements neufs
terminés en 1930; il y en avait eu sensible-
ment autant, un peu plus même, en 1929. En
mettant l'appartement à trois occupants en
moyenne, cela fait 9.000 personnes sur la
venue desquelles on qpmpte pour augmenter
la , population sédentaire de Casablanca.
N'est-ce pas la preuve de la confiance des
Casablancais dans l'avenir du Maroc en gé-
néral, de leur ville en particulier. Confiance
justifiée puisque, jusqu'à ce jour, les locaux
ne demeurent pas inoccupés.
Ce sont indices agréables à enregistrer, car
le succès est presque toujours fait de la con-
fiance que l'on a en soi-même. La chose est
vraie pour les collectivités comme pour les
particuliers.
Les constructions indigènes sont toujours
peu importantes. En décembre 1930, il n' y
a eu que 28 constructions à cet usage. Or,
l'hygiène du domicile contribue énormément,
on le sait, à la force d'une race. L'arabe est
déoimé par la tuberculose, celle-ci ayant. de
multiples causes d'ailleurs. Mais le logement
salubre serait un puissant instrument de lutte
contre cette terrible maladie. Voilà pourquoi
il faudrait en 1931 beaucoup plus encore d'ha-
bitations à bon marché, mais saines et salu-
bres, pour les indigènes. On le sait très bien
à Rabat.
On fait l'impossible à la Résidence géné-
rale pour que pénètre cette vérité dans l'âme
des gens qui remuent le moellon et la chaux,
voire le ciment plus ou moins armé. Espérons
que ces sages conseils seront écoutés.
LoulAXe Barbier.
-
AU Conseil d'ttat
i
En Algérie
Lacs salés, cours d'eaux, sources
Droits de jouissance des tribus
Les 17 avril et 10 mai 1926, le Conseil de
Préfecture du département de Constantine
prenait dix arrêtés - condamnant un certain
nombre de propriétaires, demeurant à Beida
Bordj, à des amendes, pour détournement
des eaux des sources Toutet et Zeraïa.
Les propriétaires dont s'agit, avaient pré.
senté un recours au Conseil d'Etat aux fins
d'annulation des arrêtés dont s'agit, attendu
soutenaient-ils dans leur requête que
le Conseil de Préfecture n'avait pas tenu
compte des conclusions prises par le service
des Ponts et Chaussées, tendant à l'abandon
des poursuites ou, tout au moins, à ce qu'il
soit sursis jusqu'à ce que la nouvelle régle-
mentation des eaux de la région, actuelle-
ment en préparation soit devenue effective.
Au fond - ajoutaient les requérants -1
les arrêtés précités ont été rendus au mépris
des droits anciens, dont la tribu à laquelle
ils appartiennent a toujours joui depuis un
temps immémorial et en tout cas, bien. an-
térieur à la loi de 1851 sur le régime des
eaux en Algérie.
Et les requérants de demander au Conseil
d'Etat de les décharger des condamnations
prononcées contre eux.
Cette haute juridiction a jugé cette affaire
qui, certes, ne manquera pas de retenir
l'attention des tribus algériennes.
Elle a - dans un arrêt rendu annulé
tous les arrêtés du Conseil de Préfecture
dont s'agit et renvoyé les requérants devant
cette juridiction administrative pour qu'il
leur soit imparti un délai à l'effet de sai-
sir l'autorité judiciaire de la question des
droits privés par eux invoqués et pour être
ultérieurement statué à qui il appartiendra
sur les poursuites dont ils ont été l'objet.
Attendu que l'art. 2 de la loi du 16 juin
1851 attribue aux tribunaux judiciaires com-
pétence pour connaître les contestations. qui
peuvent s'élever sur l'existence et l'étendue
des droits privés des propriétés, d'usufruit
ou d'usage qui auraient été légalement ac-
quis antérieurement & la promulgation de
ladite loi sur les lacs salés, les cours d'eau
de toutes sortes et les sources.
Ainsi, le Conseil de Préfecture aurait dÛ
surseoir à statuer, jusqu'à ce que la question
préjudicielle soulevée ait été tranchée par la
judiriction compétente.
Tels sont les motifs pour lesquels le Con-
seil d'Etat a ainsi que dit annulé les
arrêtés attaqués.
La lutte contre la peste
et la fièvre jaune au Sénégal
ffllémo <
Deux fléaux menacent éternellement le
Sénégal : la fièvre jaune et la peste.
On a déjà beaucoup écrit sur la fièvre
jaune au Sénégal. Les épidémies qui ont sévi
à plus d'une leprise dans la colonie sont-
elles venues d'ailleurs, ou y ont-elles leur
origine? La question semble-t-il bien est en-
core à résoudre.
En ce qui concerne la peste, son origine
étrangère est connue. Mais aujourd'hui le
mal est installé à* demeure. Il se passe au
Sénégal ce qui se passe dans l'Inde, à Ma-
dagascar et à Maurice. On le constate, on
le déplore et l'on essaie d'y remédier.
C'est précisément dans ce but que le Gou-
verneur général de l'Afrique occidentale a
institué sur la proposition du médecin ins-
pecteur des Services sanitaires, une Commis-
sion chargée de formuler des avis sur les
mesures à prendre contre les maladies épi-
démiques.
On s'étonnerait d'une initiative aussi tar-
dive si l'arrêté en question ne spécifiait que
les mesures préconisées devront avoir un
caractère pratique.
En d'autres termes, l'administration lo-
cale attend l'impulsion nécessaire à la re-
prise d'une action qui jusqu'à ce jour n'a
pas donné grand'chose pour des raisons
qu'il est facile de deviner.
La police sanitaire, quand elle a à s'exer-
cer dans les petites villes et principalement
dans les communes des colonies, se heurte
à toutes sortes de résistances. Aux règle-
ments établis chacun entend ne se soumet-
tre que si aucun de ses intérêts ou plutôt
même aucune de ses commodités ne doit être
troublée. Et ce trouble prend vite figure de
vexation personnelle.
Plus particulièrement au Sénégal le voi-
sinage, ou mieux, l'interpénétration des élé-
ments indigène et européen dans les mêmes
agglomérations crée des situations particu^
lièrement dangereuses.
Essayer de faire toucher du doigt à un
Sénégalais, pourtant en contact depuis long-
temps avec les colons, le péril qui peut naî-
tre pour l'individu comme pour la collecti-
vité d'une méconnaissance de l'hygiène do-
mestique est à peu près assez malaisée. L'au.
tochtone a chez soi un ensemble d'habitudes
qui constituent sa vie quotidienne et qu'il
n'a aucunement le désir de modifier, Et
comme précisément la prophylaxie dérange
violemment parfois son train d'existence, il
n'hésite pas, pour se soustraire à ce qui lui
paraît une inutile tracasserie, à commettre
des négligences dont les conséquences sont
extrêmement graves. C'est ainsi qu'au cours
des épidémies de choléra et de peste, les,
décès ne sont pas déclarés, et que les cada-
vres sont souvent enfouis à l'intérieur des
- cases.
il y a là une situation à réformer et
contre laquelle il n'y a que deux façons
d'agir : la persuasion et la coercition. L'em-
ploi de la première qui est aussi la plus
souhaitable mettra du temps à produire ses
effets. On s'y est d'ailleurs employé.
La seconde permet d'aboutir avec l'effica-
cité et l'urgence que les épidémies toujours
redoutables requièrent. Et quoi qu'il en
soit aussi bien dans nos tendances propres
que dans nos habitudes administratives d'hé-
siter devant la contrainte, nous estimons
que la fermeté en certains cas s'impose, et
d'une façon égale, contre tous.
Il est donc grandement désirable que les
suggestions que ne manquera pas de for-
muler la Commission instituée tout derniè-
rement à Dakar, soit retenues par l'admi-
nistration de la Colonie et forme le fond
d'une réglementation à laquelle tous, sans
exception, devront se conformer.
On connaît des pays d'où une action vigi-
lante et soutenue des autorités responsables
ont fait disparaître des cndémies que l'on
croyait indéracinableG.
Pour notre bon renom comme pour le
profit de notre vieux Sénégal et de son
grand port de commerce, indispensable es-
cale aux paquebots fréquentant les lignes de
l'Afrique et de l'Amérique du Sud, il im-
porte que tout ce qui touche à l'hygiène pu-
blique soit mis au premier plan des pro-
blèmes à résoudre.
P.-c. Georges François
Gouverneur honoraire des Colonies
La lutte contre les Acridiens à Madagascar
10 ) c
Au cours du premier semestre 1930, une
grosse invasion de sauterelles i&'çst abat-
tue sur la région de Maroway, causant aux
(rizières des dégâts, qu'on avait tout
d'oibord évalués h plus d'un million de
ironos'; C'était exagéré. Mais après en-
quête, on ne (reconnut pas moins que le
totail des pertes subies atteignait 916 ton-
nes de riz, représentant une valeur do
458.250 Ifrancs.
L'enquête elle-même a donné d'autres
résultats, en permettant de préciser des
poinls et des circonstances très intéres-
santes, notamment en ce qui concerne le
développement des criquets migrateurs- à
Madagascar et les moyens de destruction
et de dépense à leur opposer.
Ces moyens consistent d'abord en de à
barrages métalliques à établir dans les
relions mtc'slecs et en remploi d appa-
reils pulvérisateurs de sols arsenicaux.
Les éludes faites par le service de l'agri-
culture ont démon tiré que les appareils
dont l'usage nécessite un personnel nom-
breux et expérimenté, no peuvent être d'un
secours' réel à Madagascar, où il n'existe
pas d'agents spécialisas. En revanche, les
barrajges en tôle permettent la destruction
rapide des jeunes sauterelles, et c'est
pour cette raison que toutes les provinces
infestées par les acridiens en ont été pour-
vues.
La destruction des insocles adultes est
pratiquement impossible. Les essais ten-
tés, notamment les feux de brousse, se
sont montrés insuffisants. Les sauterelles
'sont, par contre, très vulnérables lors-
qu'elles sont à l'état de larves, mais pour
.les combattre efficacement, il est indispen-
sable d'opérer en même temps sur tout
l'ensemble du territoire, ce qui n'est pas
possible avec les moyens réduits dont on
dispose. Les efforts sont, en eITet, disper-
sés sur une étendue trop vaste et ne peu-
vent, dans les grandes contrées désertiques
où se forment des vols d'invasion, empê-
cher les larves d'atteindre le stade ailé.
Pour rendre réellement efficace la régle-
mentation existante, il faudrait que les
contrôleurs anliaoridiens en service ou à
nommer pussent faire de nombreux dépla-
cements dans la zone qui leur est confiée
pour stimuler l'activité toujours défaillante
des agents indigènes.
L'expérience a démontré que seules les
organisations pourvues d'agents spécia-
listes pouvaient donner de bons résultats.
A l'heure actuelle, c'est, seulement dans les
provinces où 'existent des agents du Ser-
vice de l'Agriculture qu'une lutte sérieuse
est menée contre les criquets. Les contrô-
leurs antiacridiens, désignés parmi les
fonctionnaires dos services administratifs,
font de leur mieux, mais, absorbés par des
occupations multiples, ils, ne peuvent con-
sacrer un temps suffisant A une tâche qui
nécessite de constants déplacements pour
la surveillance des agents spéciaux indi-
gèn,
Le service antiacridieri va être prochai-
nement renforcé par le personnel agricole
prévu par l'arrêté du 11 juillet 1928 insti-
tuant des agents provinciaux d'agriculture
européens ; le recrutement, de ce personnel
(2-i nouveaux agents) sera complètement
achevé en 193S. On pourra alors organiser
une vaste action d'ensemble qui permettra
de comlbattre avec succès les invasions et
ia multiplication des sauterelles.
Une étude entreprise par le service de
l'agriculture sur « Le Criquet Migrateur à
Madagascar n met en lumière aes particu-
larités du développement de cet insecte,
décrit les mœurs ae ses larves, les habi-
tudes des adultes et indique les lieux
d'élection où s'effectue la ponte dans les
diverses régions do la Grande Ile.
Il résulte de ce travail que, contraire-
ment à l'opinion générale, les criquets ne
sont pas vtîivua d'Afrique eu iranc.nissarit
le Canal de Mozambique, mais constituent
une espèce spéciale à Madagascar-,
Les alternances de période d'invasion et
do période d'accalmie s'expliquent par
celte circonstance que c'est dans les plai-
nes désertiques du Sud que su trouvent
les foyers permanents d'hululais, où l'es-
pèce vit et se multiplie, et d'où partent,
pour entreprendre leurs migrations, les
vols importants dans les années favorables
à leur développement.
On peut toutefois opposer a octte opinion
celle de colons établis dans FDo depuis do
longues années et dont quelques-uns- pré-
tendent avoir vu à Mnjurign. pendant plu-
sieurs jour, tout un vol dt' sauterelles
venant du côté occidental dn Canal de
Mozambique et déjà rencontré en plein
canal par un vapeur anglais qui on avait
été, lui-même, littéralement couvrrt.
Quoi qu'il en soit, un fait existe : la per-
sistance du fléau, des rava-ges répétés et les
charges qu'il occasionne au budget.
En .19.10, la région di-< Tanannrive a reçu
̃i.500 mètres de barr-agn ; ("'(:1J, de Fiana-
rnnlson, -15.700 ; r-r-Hc dc Majunga, 7.000 ;
do Tuléar, 0.500 et de Diego-Suarez, 30/(00.
n'n outre, de 19?7 à H)30 inclus, les eré-
dits accordés pour la 1ntlc antiaoridienne,
y compris les subventions dos Cl 1 ambres
de Commerce, se snnl montés à 2.062.280
francs.
Le premier salon annuel
des Artistes malgaches
*4*
Tananarive a va s'ouvrir le premier salon an
nuel des Artistes Malgaches. Cette manifesta
tion, inaugurée le 25 novembre dernit-r par M
le Gouverneur Gcnernt Cayln entouré des plu.
hautes personnalités civiles et militaires de 1¡
Colonie et de nombreux notables de la Capitale
a obtenu le plus vif succès. ,
Jusqu'ici, les peintres, les sculpteurs et, le
artisans des différentes régions de l'ile ne peu
vaient se. faire connaître du public qu'au cour
d'expositions fragmentaires peu suivies ou e
,1 colportant » leurs œuvres oiiez les partiel
liers. En créant par arrêté du 2 août 1930 1
Salon des Artistes Malgaches, le Gouverner
Général a voulu mettre annuellement à leur di
position pendant dell" semaines un cadre com'
noble el les faire profiter de l'appui et, des cr
tiques, le plus souvent bienveillants, d'un non
breux public, On a trop souvent, constaté, c
le sait, chez eux une tendance marquée à r
produire des procédés techniques d'art occide
tal qui faussent la réaction personnelle du pei
tre ou du sculpteur indigène devant le décor »
la vie locale. On ne saurait dire, après le pr
mier snlon, que cette tendance ait dispar
puisque, dans la section peinture particulièi
ment, le jury a cru nécessaire d'exprimer 0
vertement son désir de trouv-er. a l'avenir, pl
d'oeuvres sincères et moins d'imitations. Mr
cette réserve faite. la visite du Salon laisse l'(
peir de voir se développer quelques personr
lités encore timides qui s'affirmeront sans r
dnlllc dès qu'elles :-0 sentiront encouragées.
Plusieurs oeuvres ont en effet, retenu l'nlh
tion du publie, parce qu'elles dénotaient un se
artistique réel. A citer notamment des p.
neaux décoratifs dont les auteurs ont loi;
libre eo-urs a leur imagination : des paysan
imeriniens alertement croqués sur le vif ; c
toiles a l'ancienne manière malgache, dont c
laines sont I)f-iiiles au couteau : de- silhouet
populaires coupées en quelques trait, et de
rieuses seénes de danses. I.a valeur docum
taire de ces productions est certaine. En mai
de la Section cIl> peinture trois tableaux exé
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