Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-01-06
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 janvier 1931 06 janvier 1931
Description : 1931/01/06 (A32,N4). 1931/01/06 (A32,N4).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63802796
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
XRENTK-DBUXIEME ANNNL N* t. L' e- ts NUMERO 180 CENTIMES - 1 - MARDI SOIR, 1 TANVIER 1991.
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tous les bureaux de poste.
Par l'élite ou par la masse?
1
Un fonctionnaire qui, depuis plusieurs an-
nées, est attaché au « Service des Affaires
Indigènes Nord-Africaines 11 de Paris, 'M.
René Rivière, me communique un très inté-
ressant travail sur notre politique nord-afri-
caine, dont je ne veux retenir, pour aujour-
d'hui, que le passage qui intéresse, précisé-
ment, le service auquel il appartient.
M. René Rivière rappelle comment ce ser-
vice est né. Dans les premières années de
l'après-guerre, les besoins de main d'œuvre
pour h reconstitution des régions dévastées
notamment, étant considérables, on songea
tout naturellement à faire appel aux travail-
leurs nord-africains dont plus de 400.000
étaient déjà venus en France, pendant la
guerre même, soit comme soldats, au front,
soit comme ouvriers, dans les usines; Depuis
lors, ce mouvement de migration ouvrière est
devenu régulier. On évalue à environ 170.000
le nombre' des indigènes nord-africains qui
travaillent actuellement en France et à 10
ou 75.000 le nombre de ceux qui travaillent
à Paris et dans le département de la Seine.
"Et le chiffre ne varié guère. Ceux qui ren-
trent chez eux, sont remplacés par de nou-
veaux venus. Bien souvent ce sont ceux là
même qui sont partis qui reviennent.
"S t T* f 1»!. L_.a- -
M. Kene Kivierc écrit :
« Tout indigène déjà venu dans la Métro-
pole, soit comme soldat, soit comme travail-
leur, y revient volontiers, attiré par la pers-
pective d'une vie plus libre, et moins étroi-
te, autant que par l'appât de salaires élevés.
C'est actuellement une habitude et cette ha-
bitude engendre le besoin. »
Rt rlrt mnrlurp. ;
« Nous pouvons affirmer que c'est un be-
soin pour l'indigène hord-afncain que de
revenir en France, dans un milieu où il a
appris à vivre. Est-ce un bien, est-ce un
itifl ? Nous ne saurions le dire pour le mo-
ment. L'observation semble devoir confirmer
que cet exbde devient un puissant facteur
de l'évolution sociale de nos indigènes algé.
riens, tunisiens et marocains. » Et voilà,
en quelques mots un très grave problème
social que nous n avons plus lie droit d'igno-
rer ou d'esquisser, qui dépasse même, à mon
sdftS., celui de la politique indigène coloniale.
<6e problème social a deux faces, en
effet, qtte M. René Rivière met, très claire-
ment, en Ittnilete.
, - .J.!J-,,àit;:jl-.Jtst un problème de pollti-
.-,", di"o
\Pt1idtl-
millénaire des peuples nord-africains. « Les
nombreuses individualités aristocratiques ou
maraboutiques de l'Afrique du Nord, écrit
M, René Rivière, voient disparaître et sur-
tout évoluer, d'un œil' inquiet, cette popula-
tion qu'ils avaient asservie durant plusieurs
siècles. Ce ne sera bientôt plus qu un étr¡t-
major sans troupes, tant la masse indigène
cherche à se soustraire à son influence. Des
indigènes qui ont vécu au contact des fran-
çais, ne peuvent plus supporter les habitu-
des traditionnelles de l'administration et de
la justice indigènes. Ils n'acceptent plus
d'être opprimés par leurs coreligionnaires.
Et ce qui est vrai en Algérie et en Tunisie
l'est encore davantage au Maroc où les réac-
tions sont beaucoup .plus violentes de par la
mentalité même des habitants. »
Ainsi, voilà Ja mentalité de nos indi-
gènes nord-africains qui se transforme
dans leurs rapports entre eux.
Mais le problème, ai-je dit, a un second
aspect non moins important. Voici comment
M. René Rivière le présente :
« En Afrique du Nord oit le français,
noyé dans la masse, a surtout un travail
de direction, l'ouvrier indigène estime être le
seul « prolétaire », l'unique victime de ce
prolétariat. Mais en France, dans les usines,
dans l'agriculture, cet ouvrier indigène se
trouve dans un milieu nouveau, en présence
d'aspirations nouvelles. Il travaille côte à
côte avec-cet ouvrier, ce « prolétaire » fran-
çais, il devient quelquefois chef d'équipe ou
contrehiaîtrc et, tout naturellement, il se ma-
nifeste par llà une tendance à un rapproche-
ment entre musulman et européen, rappro-
chement qui dérive, d'une part de cette pa-
rité de situation et qui, d'autre part, est pro-
voqué par une communauté d'intérêts écono-
miques et moraux.
Et l'auteur; qui peut invoquer plusieurs
années d'une expérience directe, ne l'ou-
blions pas, montre encore l'influence des
unions régulières ou irrégulières entre indi-
gènes et européennes qui sont, dans cette
classe laborieuse, beaucoup plus fréquentes
qu'on ne le suppose généralement. Il veut
y voir un facteur puissant de l'émancipation
de la femme musulmane qu'il considère à
juste titre, à notre sens, comme la base de
toute assimilation de la société indigène
nord-africaine.
C'est en fonctions de tous ces éléments
qu'il nous faut concevoir notre politique
nord-africaine.
Mais ayons le courage de constater, comme
le fait l'auteur des notes que j'analyse, que
cette position du problème comporte un ren-
versement complet de tous les principes sur
lesquels nous avons fait reposer jusqu'ici
toute notre politique indigène, dans le nord-
africain, comme dans toutes nos colonies.
On s'est toujours imaginé que la véritable
assimilation ne devait se faire et ne se ferait
que par le haut que par l'élite et voilà qu'il
apparaît que « si une collaboration loyale,
si un rapprochement durable et définitif doit
se faire entre la population française et l'a
population musulmane c'est, qu'on le veuille
ou non, par la masse démocratique qu'il est
appelé à se uSallser. i
J'avoue que j'ai été particulièrement heu-
reux de trouver sous une plume aussi auto-
risée que celle de M. René Rivière, des
affirmations aussi nettes. Voilà dix ans déjà
que dans mon livre sur 41 L'Afrique et la
paix de Versailles » je protestais contre la
déviation que faisait subir à notre politique
coloniale traditionnelle de l'assimiliation la
doctrine de la « politique du protectorat - ».
A M. Louis Vignon qui écrivait : « .Ces
hommes ont des intérêts communs mais ne le
voient pas, aveuglés qu'ils sont par l'hosti-
lité sourde des races et par toute leur psy-
chologie », je répondais : « .II1 s'agirait de
savoir ceux qui voient le moins ces intérêts
communs. Les humbles, les misérables, les
« gouvernés » de toutes les raoss voient très
bien certains de leurs intérêts communs. Ils
- - - - .-
connaissent bien les races, mais il's sentent
plus leur solidarité que leur hostilité. Par
contre, dans tous les pays du monde, les
posants, les « gouvernants » et leurs théori-
ciens ne voient que Il'hostilité des races et
dressent cette hostilité contre la solidarité
des intérêts que la vie économique moderne
multiplie chaque jour. »
L'expérience de M. René Rivière iie con-
firme-t-elle pas ces vues théoriques ?
Etienne Anton etii,
Député de la Haute-Savoie,
Rapporteur du budget de
l'Algérie.
:
M. Lucien salit en Iralce
M. Lucien Saint, Résident général de
France au Maroc, est attendu demain soir
mercredi à Paris, venant de Rabat, via Ma-
drid.
- -
Le commerce extérieur de la France
avec ses Colonies et Pays
de Protectorats
-– 8. ,
Le tableau suivant donne la valeur compa-
tée des marchandises (en milliers de francs) en
provenance des colonies et pays de protectorat,
importées en France pendant les onze premiers
mois de 1930 et de 1929 :
- IIQpprtl" dee Montes et pays
-. dlt.'Io4M - -..r-Il - -
dé ifrotéctorat .-
'- 1930 1929
Afrique occidentale
française 704.022 771.875
Algérie 2.966.926 2.750.989
Indochine 485.336 637.902
Madagascar et dé-
pendances 230.306 333.195
Maroc 284.794 462.968
Tunisie 601.866 643.280
Autres colonies et
pays de protecto-
rat 687.247 840.426
Nous relevons dans ce tableau l'Algérie
comme la première de nos colonies parmi
celles d'où nous importons. 1930 a vu un ac..
croissement par rapport à 1929 de 215.937.
L'Afrique Occidentale vient au 2° rang avec
des totaux à peu près semblables pour les deux
dernières années.
La Tunisie se maintient au 3u rang sans dif-
férences notables.
L'Indochine accuse un fléchissement sensi-
ble. De 637.902, chiffre de 1929, elle tombe
en 1930 à 485.336.
Le Maroc subit un sort. à peu près identi-
que et Madagascar est un peu moins défa-
vorisé.
Les totaux reflètent en somme une dimi nu-
tion assez sensible des importations.
Totaux des colonies
françaises et pays 1930 1929
de protectorat 5.900.497 6.440.635
Importations de l'étranger
Totaux des pays
étrangers.. o. 42.053.437 46.769.730
Totaux généraux 47.953.934 53.210.365
Exportations avec les colonies
et pays de protectorat
1930 1929
Afrique Occiden- 1930 1929
tale française 505.676 526.687
Algérie 4.116.953 3.869.980
Indochine 835.316 929.464
Madagascar et dé-
pendances 221.250 368.793
Maroc 1.009.108 1.168.305
Tunisie 827.579 907.598
Autres colonies et
pays de protecto-
rat 522.644 594.102
Comme pour les importations, l'Algérie
tient le premier rang et accuse une augmenta-
tion des exportations de 300.000 environ.
Le Maroc vient au 2° rang avec des chiffres
à peu près semblables pour les deux demières
années.
L' Indochine occupe le 3° rang ainsi que la
Tunisie le 4° rang sans grand changement.
Puis vient l'A. O. F.
Les totaux n'apportent pas de grandes mo-
difications.
Totaux des colonies
françaises et pays
de protectorat 8.038.526 8.364.929
Exportations avec l'étranger
Totaux des pays
étrangers 31.564.192 37.295 ; 280
Totaux généraux. 39.602.718 45.660,209
Due mort héroïque
^Bti il àwr
,- - 1- - im- -
UELQUES telegram-
mes venus de Ca-
sablanca ; quel-
ques lignes dans
un certain nombre
de journaux, qui
auraient bien vou-
lte, à mon avis,
avoir plus de dé-
tails ; en somme,
lorl feu de cho-
se : V explorateur Michel Vieuchange est
mort à l âge de 25 ans, épuise par les fati-
gues, affaibli par les privations, emporté fi-
nalement par la-dysenterie. Qu'ott dise ; il
osa trop, mais l'audace était belle. Il avait
formé Vambition de parcourir les régions
dangereuses et inconnues du Rio de Oro, de
péllétrer le premier de tous les Européens
dans Smara la mystérieuse, et de rapporter
de ces pays inviolés, de cette capitale de lé-
gende des notes, des croquis, des plans, des
photos, des documents pris aux sources mê-
mes.
Il a réussi, au prix de quels efforts, et
de quels sacrifices, nous n'en avons qu'une
vague, idée par les quelques déclarations de
son frère, le docteur Jean Vieuchange, qui
doit transmettre à la Société de Géographie,
les découvertes et les relations que l'explora-
teur ne pourra pas offrir lui-même à la
science contemporaine. Il a réussi, mais il
a fallu payer ce succès. Michel Vieuchange
a succombé dès son retour. Il a vaÎIlCll, mats
il est tombée victime de son ltéroïs/ltc.
Le roman merveilleux s'esquisse dans les
renseignements morcelés que nous décou-
vrons çà et là : c'est le départ de Tiz/lit, le
10 septembre ; traversée de la régiolt nord
du Draa, sous un déguisement de femme, au
milieu d'une famille d'indigènes ; l'arrivée
à une oasis du Draa où son guide principal
a des intelligences, le séjour assez long pojfr
qu'on finisse par séduire deux conducteurs
qui connaissent. Smara. Ce sont deux cheiks
qui accompagneront. Vieuchange dans cette
aventure. Car il ne faut pas que notre héros
songe à se joindre à une caravane. Il attrait
vite été reconnu ; il parle le chleuh juste
assez pour se faire comprendre, pas assez
pour ne pas être dévoilé. - *
Il y a là un mélange» assez curieux et qui
répond bien au caractère de notre race : l'ex-
pédition a été préparée, soigneusement mé.
tllodigtlemeltt rien n'est laissé au hasard,
que ce qu'on ne peut jamais lui enlever ;
mais quand le hasard iniervioni, alors c'est
le système D Francs me} en pfûti-
que il on ne saurait tout frïvoir l mats^ oh
s'attend à l'imprévu, on le corrige, on l'uti.
lise.
Voici notre voyageur déguisé en marabout
L'escouade a comme moyens de transports,
deux chameaux, cltargés « de deux outres ; on
part le 3 octobre ; au bout de quelques jours
de marclle, on est attaqué par un djich et
obligé de rebrousser chemin jusqu'à l'oasis
du Draa, qu'on n'atteint qu'après bien des
épreuves, à travers les déserts de sable.
Pas de découragement : on s'adjoint un
autre guide indigène, et on recommence. En-
fin, le i'r novembre, on arrive à Smara. Il
semble bien que notre jeune explorateur a
quelques désillusions sur la cité qu'il avait
rêvée plus belle ou plus étrange. Mais il
s'agit bien de rêver à présent 1 Michel Vieu-
change fait une ample moisson de documents
et s'éloigne @ chargé de ces richesses. Les
deux cheiks l'abandonnent et ne le rejoignent
qu'à quelques kilomètres de Draa. Quelques
jours de repos, retour à Tisnit, la maladie,
la Inort.
Epopée silencieuse mais aussi grandiose
que beaucoup d'autres. Elle dépasse sans
comparaison, celles que l'imagination des
hommes se plaît à imaginer : quelle Atlan-
tide voudrait cette marche résolue et obstinée
vers Vinconnu, vers le mystère, vers le des-
tin 1
C'est une contrée de 300 kilomètres de
long sur 100 de large, que ce jeune Ilomnze,
sans peur, a étudiée, et sur laquelle il offre
à la science des précisions qu'elle avait jus-
qu'ici vainement attendues.
Demailz, viendront sans doute des détails
complémentaires. Si nos quotidiens laissent
une large place au voyage de ce jeune fran
cais, audacieux et réfléchi, ce sera pour nous
comme une compensation à tous les propos
insipides tenus sur de pauvres bougres que
la popularité a beau désigner à l'admiration
des peuples et qui n'en sont pas moins de
1Jitoyables fantoches dont les portraits, les
biographies, les faits et gestes, encombrent
les colonnes de nos journaux. Qu'on publie
donc les incidents douloureux et héroïques
de cette randonnée courageuse, et. qu'on res-
treigne, pour cela, la place incongrûment
usurpée Par un tas d'événements sans aucun
intérêt. Le récit de l'expédition de Smara
nous rendra plus indulgents pour l'exposé
journalier des potins de CabotinviUe.
Maria Roumtan,
Sénateur de l'Hérault.
Un important combat au Maroc
Dans l'après-midi du 3 janvier, un grou-
pe franc de tirailleurs qui effectuait une
tournée de police dans la région d'Otrouzou,
sur le front de l'Oued el Abid, a eu un vif
engagement avec un djich de dissidents qui
avait franchi l'Oued el Abid. Le détache-
ment a regagné son poste dans la soirée
ayant subi les pertes ci-après : un officier
mortellement blesié, un sous-officier fran-
cais et onze tirailleurs français, un sous-of-
ficier et cinq tirailleurs indigènes blessés;
un sous-officier disparu.
Les rebelles faisaient partie du djich Ait
Cbokmum.
Nos Colonies
s'associent au deuil national
̃ »♦«
L'Afrique Occidentale Française
M. Brevié, Gouverneur général de l'Afri-
que Occidentale française, a adressé à Mme
Joffre le télégramme suivant :
Apprends avec douloureuse émotion décès
maréchal. L'Afrique Occidentale française re-
connaissante n'oublie pas que l'immortel vain-
queur de la Marne s'était déjà illustré sur son
territoire. Au nom colonie tout entière el en
mon nom personnel, vous prie agréer, avec
'hommages très respectueux, expression plus
vives condoléances.
La Réunion
M. Repiquet, Gouverneur de La Réunion,
a témoigné de l'attachement de l'île Bourbon
au maréchal Joffre par le câble suivant adressé
au Président du Conseil :
.1 La colonie de La Réunion, profondément
affligée par la mort du Maréchal Joffre, prend
part au deuil de la France et salue la dépouille
du grand soldat qui arrêta les envahisseurs et
sauva la Patrie.
Indochine
M. Robin, Gouverneur général p. 1. de
l' Indochine, a envoyé le câble suivant :
L' Indochine s'associe étroitement au deuil
qui frappe la France en la personne du Maré-
chai Joffre. Elle n'oublie pas que le grand'
soldat qui prit le commandement suprême des
forces françaises en 1914 lui avait consacré les
premières années de sa carrière militaire mar-
quées déjà du sceau de la Gloire. Elle garde
aussi le souvenir de l'honneut que lui fit le
maréchal en venant la visiter au lendemain de
la Victoire.
Je vous prie de vouloir bien faire agréer par
le Gouvernement mes profondes condoléances
et en transmettre la douloureuse expression à la
famille du maréchal Joffre.
Le Tonkin
La colonie a appris avec la plus vive émo-
tion, samedi soir, le décès du maréchal Joffre.
La population avait gardé le souvenir de la
visite du maréchal en Indochine, au lendemain
de la victoire. Elle a suivi anxieusement les
dépêches mentionnant la lente agonie du ma-
réchal.
r é Les drapeaux des édifices publics et des
demeures privées ont été aussitôt mis en berne
dt toutes les réjouissances ont été supprimées.
Salnt-Plen-e et Miquelon
f-M ^Bàutot, Geuvemeuy -do -SShittPierre et
Miquelon, a télégraphié lé 4 janvier 1931 :
j Le deuil causé par la mort du maréchal
offre a été ùioement ressenti Jans la colonie.
Le personnel administratif, les assemblées to-
tales et la flopulalion tout entière s'unissent à
Moi pour adresser au Gouvernement de la Ré-
publique et à la famille du grand soldai
l'expression de leur douloureuse émotion.
La Martinique
-
M. Gerbinis, Gouverneur de la Martinique,
a envoyé le télégramme suivant :
Je vous prie d'agréer les sentiments attristés
de la colonie à 1 occasion du deuil national
qui ravit au pays la figure glorieuse du grand
soldat et je vous prie de transmettre à la fa-
mille du Maréchal Joffre mes respectueuses
condoléances et la prof onde'émotion de l'una-
nimité de la population. notamment de tous les
groupements d'anciens combattants.
-
Une plainte en escroquerie
contre la banque Bénard et Cie
Ainsi que nous l'avons annoncéj la balt.
que liènard et Cie a été mise en liquidation
judiciaire au mois d'octobre dernier.
Une plainte en abus de constance a été
déposée contre MM .Georges nénard et Le-
graud, cogerants de la banquet par la Com-
pagnie fermière de publicité des grands ré-
seaux de chemins de ter pançatss dont le
présideltt est le général Penelont et le vice-
président M. Latlemand, ancien préfet et
conseiller d'Etat.
La Compagnie fermière de publicité fait
valoir qu'une somme de 700.000 francst
qu'elle avait confiée à. la banque Bénard, à
titre de nantissement, pour la garantie d'une
caution par elle donnee aux réseaux) a été
détournée, ce qui constitue le. délit Prévu
par l'article 408 du code pénal.
L'instruction de cette allaire est confiée à
M. Brack) juge d'instruction, déjà chargé
de l'affaire Oustric.
Nous avons dit que les principales affai-
res de la banque Bénard brothers étaient :
La Compagnie. Africaine Industrielle et
Forestière,
La Compagnie Coloniale de. Distribution
d'Energie Electrigue,
Le Crédit Foncier dit Congo,
La Société Financière du Congo Fraufais J
La Compagnie. Générale des Transports
- en Afrique.
Indiquons aussi que le. jockey parlemen-
taire de la maison était le sénateur véreux
Yves le Trocquer, ancien ministre des Tra-
vaux Publics de 1919 à 1924, président de
plusieurs sociétés en déconfiture, notam-
ment le Kétoly sans oublier quelques affai-
res coloniales.
Rappelons qu'il fut flagellé il y a deux
ans par M, Poincaré, alors président du
Conseil, pour son rôle dans les affaires.
en des termes dont on n'a pas oublié la vi-
gueur, autour du banc des ministres et ail-
leurs.
URE EN SECONDE PAGE :
Rue Oudinot.
Les tribunaux indigènes en A. O. F.
Pettte requête à M. Steeg en favieur des
bons éléphants- par P.-O.-G. François,
La culture du tabac
et de la canne à sucre
en Nouvelle-Calédonie
0.60
La crise économique qui sévit eu Nou-
velle Calédonie comme ailleurs, met la co-
lonisation agricole de la Colonie dans l'obli-
gation de rechercher des cultures plus lu-
cratives que le café et le coton dont le prix
de revient ne permet plus aux colons d'en
continuer l'exploitation dans les conditions
où il l'a font en ce moment.
Au cours de sa dernière session, le Con-
seil général s'est occupé de la culture du
tabac et a recherché les moyens de l'encou-
rager Cette assemblée nous a paru en avoir
oublié l'existence. Mais M. Unger, le doyen
actuel des conseillers généraux, qui était
conseiller général à l'époque où le tabac
était cultivé en Nouvelle Calédonie, a dit à
l'assemblée que la Colonie avait une fabri-
que de tabac, celle de M. Liétard, qui écou-
lait son produit à la traiisportation par con-
tiat. Ce tabac était intumable bien que mé-
langé a d'autre tabac étranger et seul
son bas prix le taisait accepter. Tous les es-
sais nécessaires ont été taits à cette époque
et n'ont donné aucun résultat favorable ; la
Régie n'a pas voulu l'accepter. Si la réus..
site de la culture de ce produit n'a pas cou-
ronné les essais tentés, c'emt qu'une raison
existe : il faut un terroir approprié comme
pour le vin, une spécialité de terrain qui
n'existe pas en Nouvelle Calédonie. 11 a
déclaré néanmoins qu'il souhaitait la réus-
site des essais préconisés.
Comme il s'agissait d'une culture lucra-
tive, un autre conseiller général a déclaré
qu'il estimait que les variétés de cette épo-
que étaient mauvaises et qu'il ne convient
pas d'imposer à la Régie de mauvais pro-
duits. Le tabac pousse à l'état sauvage, la
culture est à encourager en période de crise,
ce produit étant stable, sans fléchissement
des cours, comme les autres denrées.
La conclusion de cette discussion a été
que lé Conseil générai a demandé à l'ad-
ministration de tenter des démarches pres
de la Régie @ française sur les qualités et
quantités qu'elle serait susceptible d'ache-
ter.
Nous sommes surpris que l'assemblée lo-
cale ait persisté à préconiser une culture
qui n'a pas donné de résultat favorable,
après avoir été pratiquée sans succès par des
colons aussi compétents que ceux d'aujour-
d'hui et qu'elle se soit abstenue de taire
mention de la canne à sucre qui a donné en
Nouvelle Calédonie plusieurs marques de
rhum dont la bonne réputation était jus-
titiée. C'était le rhum de Saint-Louis fabri-
qué par la jnission catholique mariste de ce
nom à quelques kilomèties de Nouméa; le
rhum de Koë qui était un produit des do-
.Jt.'iin,es d'Higginson où la fabrication a ces-
ZÎFÔcpUi 3~dcrnoifrbreusc s-annec 3 ; et- le rhum
de Bacovya produit "par une usine située à
proximité de Bourail.
Le rhum assure aujourd'hui la prospérité
de nos vieilles Colonies, la Martinique, la
Guadeloupe et la Réunion. 11 sutiit de
lire les discours prononcés par les Gouver-
neurs de ces Colonies à l'ouverture de la
session budgétaire de leurs Conseils Géné-
raux au mois de novembre dernier pour
voir qu'elles ne sont pas atteintes par la
ciisc économique qui sévit dans toutes les
autres. Voici ce qu'a dit M. Gerbinis,. Gou-
verneur de la Martinique :
l undis que la rumeur loinlclillc déllOlICC
l'ouverture d'une crise mondiale économi-
que, la Martinique, imperturbable, malgré
l'accident volcanique de l'ait, dentier, enre-
gistre une activité des échanges toujours
soutenue. La balance commerciale aussi
n'est pas déficitaire puisque nos deux prin-
cipaux produits d'exportation ; le sucre, et
le rhum, accusent à la fin du premier se-
mestre des quantités supérieures à celles
constatées au 30 juin 1929.
On peut donc, avec confiance, envisager
les résultats généraux de l'année 1930 et
même de l'iiiiitée prochaine qui ne fera que
prolonger, sans doute, la periode de pros-
périté.
- Le Gouverneur de la Guadeloupe n'a pas
été moins attirmatif en disant d'abord ;
Ainsi que le faisait prevoir t'expose des
motils dit proj !l de budget rectificatif sou-
mis à vos délibérations, lors de votre pre-
mière session ordinaire, la situation finan-
cière du service local, pour l'exercice 1930
se traduit par des résultats satisfaisants.
Et ensuite :
Grâce aux prix élevés des produits du cru
et principalement du rhum, tant à l'inté-
rieur que sur le marché métropolitain) le
mouvement général des affaires continue à
se développer normalement et à exercer une
influence lIuurcus/J sur le rendement des im-
pôts. Pour ce motif les produits prévisés au
projet de budget sont en grande partie en
accroissement sur ceux de 1930.
Malgré le désastre qu'un - cyclone a fait
subir a la Guadeloupe en 1928 et l'activité
volcanique du Mont Pelé qui a occasionné
d'importants préjudices à la Martinique en
1929, comme l'a fait remarquer M. le Gou-
verneur Gerbinis, la culture de la canne et
la production du rhum donnent à ces deux
Colonies une prospérité que les statistiques
ne permettent pas de constater.
Aussi à sa dernière session de novembre
1930, le Conseil Général de la Martinique
a décidé de renoncer à l'emprunt onéreux
de 200 millions qu'il avait voté à une ses-
sion précédente pour l'exécution d'un pro-
gramme de grands travaux à exécuter dans
une période de vingt années et il a décidé
l'exécution de ce môme programme avec
ses propres ressources. Sans imposer aux
contribuables la lourde charge de payer les
intérêts et le remboursement de l'emprunt
pendant de nombreuses années. Il a voté un
crédit de vingt millions pour faire commen-
cer les travaux en 1931.
Nous pensons que la culture de la canne
à sucre peut donner en Nouvelle Calédonie
où elle a fait ses preuves d'aussi bons ré-
sultats qu'aux Antilles. On trouve de la
canne à sucre dans toutes les tribus Cana-
ques, ce qui nous permet de croire qu'on
pourrait intéresser les indigènes à cette cul-
ture comme l'ont fait les missionnaires de
Saint-Louis qui n'ont que cette main-d'osu-
vre.
Covnmantf«fi( taperte*
(Chef d'Escadron breveté en retraite),
Protection coloniale
et protection impériale
par ALFRED SILBERT.
»+«
Une doctrine, s. v. p.
Il est assez de coutume dans les milieux
coloniaux de se réjouir, en ce moment, des
progrès que l'idée coloniale accomplit tant à
travers le Parlement que le pays. La facilité
avec laquelle ont été votée les emprunts colo-
niaux en est une preuve, pour tout observa-
teur impartial du parlementarisme ; la faci-
lité également avec laquelle sont envisagées
les mesures de protection coloniale en est
une autre.
A ce dernier sujet je crois cependant avoir
fait remarquer, en un précédent article, com-
bien les solutions entrevues m'apparaissaient
fragmentaires et incomplètes. Pour regretta-
bles qu'elles soient, il faudra d'ailleurs bien
les adopter, puisqu'on ne peut faire autre-
ment (et dans l'espoir- un jour de pouvoir les
abolir), mais force nous est de constater que
leurs protagonistes n'ont été animés d'aucun
esprit nouveau : avec un empirisme parfait,
on a mis sur pied tout un système de droits
protégeant les uns, tout en ménageant les au-
tres. Puis on s'est arrêté là 1
Est-ce bien suffisant, et l'actuelle crise
mondiale ne devrait-elle pas provoquer ma-
tière à plus amples réflexions et initiatives ?
Et en particulier n'aurait-on pu profiter de
la mise sur pied d'un plan de protection co-
loniale pour intégrer ce plan dans tout un
ensemble de mesures à prendre pour nous as-
surer une saine et rationnelle protection im-
périale. Mais ici, pour moi, le mot protection
change de sens et sa portée s'élargit : il ne
s'adresse plus seulement à ce public restreint
habitué à le considérer sous l'angle des inci-
dences économiques et des droits de douane.
La protection impériale représente quelque
chose d:infiniment plus considérable : ce se-
rait, si on le veut bien, la mise en application
véritable de toute une politique économique,
administrative et sociale destinée à proteger.
nos colonies, dans le sens, indiqué par le dic-
tionnaire, d'action en vue de prendre la dé-
fense contre quelqu'un ou contre quelque
chose. D'ailleurs le singulier pourrait être
avantageusement remplacé par un pluriel 1
Car en réalité, plus d'un danger, du fait
des hommes, ou du fait des événements, ne
menace-t-il pas notre empire colonial ? Lo
pire peut-être, et qui les résume tous, et
c'est sur celui-ci que je veux insister, serait
que son utilité, dans un avenir prochain, ne
nous apparût plus aussi bien démontrée que
par le passé. M. Piétri lui-même, dans le
très courageux discours qu'il prononçait le
25 octobre dernier à la Sorbonne, lors de la
réouverture des Conférences Populaires, ne
d|sait-il pas « j'estime que si notre coloniaa-
devait. pas répondre a un concept
d'harmonie et d unité, si elle ne devait point
aboutir à la réalisation d'un tout cohérent,
méthodique, si notre activité extérieure devait
se poursuivre en dehors d'une économie im-
périale, groupant dans un ensemble solidaire
la Métropole, et ses annexes d'outre-mer, notre
oeuvre coloniale n'aurait été qu'une stérile
entreprise de militarisme et de bureau-
cratie. »
Voilà certes des paroles que tout le monde
n'aurait pas osé dire et qui font donc bien
honneur à celui qui les a exprimées. Mais
voyons un peu plus loin.
Ainsi voilà posee l'hypothèse de la coloni-
sation, de notre colonisation, entreprise sté-
rile. Bien entendu, jusqu'ici, il n'en a rien
été j mais la chose serait possible si, dans
l'avenir, certaines conditions qu'indique ra-
pidement l'ancien ministre des Colonies
n'étaient pas remplies. C'est au fond cette
pensée que je traduisais, de mon côté, un peu
plus haut. Auquel cas les lois de protection
coloniale préparées par M. Piétn feraient
partie intégrante du plan d'aménagement de
notre économie impériale préconisé par ce
dernier.
Mais ce plan d aménagement de notre éco-
nomie impériale est-il lui-même opérant ? Si
je comprends bien les paroles de M. Piétri
c'est à un système français d'Empire Tariff
Prétérence qu'il nous a convies. Ue qui re-
vient à supposer que les premières lois de
protection coloniale envisagees devraient êtfl:
encore dans \a suite revues, corrigées et aug-
mentées ; c'est la politique de la porte ler-
mée non seulement par la France mais éga-
lement par ses colonies j entre la Métropole
et ses territoires d'outre-mer c'est un nouveau
pacte colonial qui s'instaure, à la mode du
xxu siècle 1
De là à ce que j'appelais plus haut la pro-
tection impériale, il y a donc loin. Est-ce en
ettet se protéger contre des dangers éven-
tuels tant sociaux qu'économiques que de
s'entourer d'une muraille de Ulune au point
de vue douamei ? Personnellement je ne le
crois pas, et pour retarder les solutions, ce
erait plutôt aggraver le péril ultérieur.
Contribuer à l'établissement d'une écono
mie impériale ; entièrement d'accord. Mais
s'imaginer ensuite que cette économie impé-
riale, il. sera possible de l'isoler, de la dis-
traire en quelque sorte de l'économie mon-
diale, avec toutes ses dithcultés, ses soubre-
sauts, ses menaces. illusion, me semblc-t-il.
Un seul pays a pu ces dernières années réali-
ser ce miracle ; c'est la Russie, et encore au
prix de quels sacrifices : et aussi parce que
la Russie est un immense bloc, disparate
peut-être, mais géographiquement et aémo.,
graphiquement à peu près cohérent et dont
les ressources sont telles qu'elle peut se suf-
fire à elle-même 1 Or, il n'en est pas de
même en ce qui nous concerne ; notre politi-
que de protection impériale ne pourrait donc
se conlondre avec une simple et unique poli-
tique d'économie impériale.
Le problème est en réalité plus vaste.
11 ne faut pas se dissimuler en effet que la
colonisation est avant tout un problème d'or-
ganisations économique et sociale qui restent
étroitement liées et sous la dépendance l'une
de l'autre. Mais l'organisation sociale est la
résultante d'un travail à proprement parler
interne et qui s'applique à l'intérieur des
frontières de chaque colonie ou groupe de co-
lonies. Au contraire l'organisation économi-
que doit sV tfectuer en tenant compte non
seulement ces possibilités de production mais
aussi des possibilités de vente ; et nous tou-
chons alors au noeud de la question. Parce
que, à moins de tomber dans l'artificiel, on
MIRMLJflTIDIU -
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1- 1- - 0 1 1 ( 01 9
Les Annales Ccloniates
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DIReCTI!UR.FoNDATIUR 1 Mapool RUEDEL
Tout les articles publiés dans notre tournai ne peuvent
dire reproduits qu'en citant les AMMADÎS CoLOJOALII.
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Un ID 6 Mois 8 Mot,
Franco et .-
Colonies 180 o 100 » 50 4
Étranger.. 240 > 125 1 70 »
On s'abonne sans (rata dant
tous les bureaux de poste.
Par l'élite ou par la masse?
1
Un fonctionnaire qui, depuis plusieurs an-
nées, est attaché au « Service des Affaires
Indigènes Nord-Africaines 11 de Paris, 'M.
René Rivière, me communique un très inté-
ressant travail sur notre politique nord-afri-
caine, dont je ne veux retenir, pour aujour-
d'hui, que le passage qui intéresse, précisé-
ment, le service auquel il appartient.
M. René Rivière rappelle comment ce ser-
vice est né. Dans les premières années de
l'après-guerre, les besoins de main d'œuvre
pour h reconstitution des régions dévastées
notamment, étant considérables, on songea
tout naturellement à faire appel aux travail-
leurs nord-africains dont plus de 400.000
étaient déjà venus en France, pendant la
guerre même, soit comme soldats, au front,
soit comme ouvriers, dans les usines; Depuis
lors, ce mouvement de migration ouvrière est
devenu régulier. On évalue à environ 170.000
le nombre' des indigènes nord-africains qui
travaillent actuellement en France et à 10
ou 75.000 le nombre de ceux qui travaillent
à Paris et dans le département de la Seine.
"Et le chiffre ne varié guère. Ceux qui ren-
trent chez eux, sont remplacés par de nou-
veaux venus. Bien souvent ce sont ceux là
même qui sont partis qui reviennent.
"S t T* f 1»!. L_.a- -
M. Kene Kivierc écrit :
« Tout indigène déjà venu dans la Métro-
pole, soit comme soldat, soit comme travail-
leur, y revient volontiers, attiré par la pers-
pective d'une vie plus libre, et moins étroi-
te, autant que par l'appât de salaires élevés.
C'est actuellement une habitude et cette ha-
bitude engendre le besoin. »
Rt rlrt mnrlurp. ;
« Nous pouvons affirmer que c'est un be-
soin pour l'indigène hord-afncain que de
revenir en France, dans un milieu où il a
appris à vivre. Est-ce un bien, est-ce un
itifl ? Nous ne saurions le dire pour le mo-
ment. L'observation semble devoir confirmer
que cet exbde devient un puissant facteur
de l'évolution sociale de nos indigènes algé.
riens, tunisiens et marocains. » Et voilà,
en quelques mots un très grave problème
social que nous n avons plus lie droit d'igno-
rer ou d'esquisser, qui dépasse même, à mon
sdftS., celui de la politique indigène coloniale.
<6e problème social a deux faces, en
effet, qtte M. René Rivière met, très claire-
ment, en Ittnilete.
, - .J.!J-,,àit;:jl-.Jtst un problème de pollti-
.-,", di"o
\Pt1idtl-
millénaire des peuples nord-africains. « Les
nombreuses individualités aristocratiques ou
maraboutiques de l'Afrique du Nord, écrit
M, René Rivière, voient disparaître et sur-
tout évoluer, d'un œil' inquiet, cette popula-
tion qu'ils avaient asservie durant plusieurs
siècles. Ce ne sera bientôt plus qu un étr¡t-
major sans troupes, tant la masse indigène
cherche à se soustraire à son influence. Des
indigènes qui ont vécu au contact des fran-
çais, ne peuvent plus supporter les habitu-
des traditionnelles de l'administration et de
la justice indigènes. Ils n'acceptent plus
d'être opprimés par leurs coreligionnaires.
Et ce qui est vrai en Algérie et en Tunisie
l'est encore davantage au Maroc où les réac-
tions sont beaucoup .plus violentes de par la
mentalité même des habitants. »
Ainsi, voilà Ja mentalité de nos indi-
gènes nord-africains qui se transforme
dans leurs rapports entre eux.
Mais le problème, ai-je dit, a un second
aspect non moins important. Voici comment
M. René Rivière le présente :
« En Afrique du Nord oit le français,
noyé dans la masse, a surtout un travail
de direction, l'ouvrier indigène estime être le
seul « prolétaire », l'unique victime de ce
prolétariat. Mais en France, dans les usines,
dans l'agriculture, cet ouvrier indigène se
trouve dans un milieu nouveau, en présence
d'aspirations nouvelles. Il travaille côte à
côte avec-cet ouvrier, ce « prolétaire » fran-
çais, il devient quelquefois chef d'équipe ou
contrehiaîtrc et, tout naturellement, il se ma-
nifeste par llà une tendance à un rapproche-
ment entre musulman et européen, rappro-
chement qui dérive, d'une part de cette pa-
rité de situation et qui, d'autre part, est pro-
voqué par une communauté d'intérêts écono-
miques et moraux.
Et l'auteur; qui peut invoquer plusieurs
années d'une expérience directe, ne l'ou-
blions pas, montre encore l'influence des
unions régulières ou irrégulières entre indi-
gènes et européennes qui sont, dans cette
classe laborieuse, beaucoup plus fréquentes
qu'on ne le suppose généralement. Il veut
y voir un facteur puissant de l'émancipation
de la femme musulmane qu'il considère à
juste titre, à notre sens, comme la base de
toute assimilation de la société indigène
nord-africaine.
C'est en fonctions de tous ces éléments
qu'il nous faut concevoir notre politique
nord-africaine.
Mais ayons le courage de constater, comme
le fait l'auteur des notes que j'analyse, que
cette position du problème comporte un ren-
versement complet de tous les principes sur
lesquels nous avons fait reposer jusqu'ici
toute notre politique indigène, dans le nord-
africain, comme dans toutes nos colonies.
On s'est toujours imaginé que la véritable
assimilation ne devait se faire et ne se ferait
que par le haut que par l'élite et voilà qu'il
apparaît que « si une collaboration loyale,
si un rapprochement durable et définitif doit
se faire entre la population française et l'a
population musulmane c'est, qu'on le veuille
ou non, par la masse démocratique qu'il est
appelé à se uSallser. i
J'avoue que j'ai été particulièrement heu-
reux de trouver sous une plume aussi auto-
risée que celle de M. René Rivière, des
affirmations aussi nettes. Voilà dix ans déjà
que dans mon livre sur 41 L'Afrique et la
paix de Versailles » je protestais contre la
déviation que faisait subir à notre politique
coloniale traditionnelle de l'assimiliation la
doctrine de la « politique du protectorat - ».
A M. Louis Vignon qui écrivait : « .Ces
hommes ont des intérêts communs mais ne le
voient pas, aveuglés qu'ils sont par l'hosti-
lité sourde des races et par toute leur psy-
chologie », je répondais : « .II1 s'agirait de
savoir ceux qui voient le moins ces intérêts
communs. Les humbles, les misérables, les
« gouvernés » de toutes les raoss voient très
bien certains de leurs intérêts communs. Ils
- - - - .-
connaissent bien les races, mais il's sentent
plus leur solidarité que leur hostilité. Par
contre, dans tous les pays du monde, les
posants, les « gouvernants » et leurs théori-
ciens ne voient que Il'hostilité des races et
dressent cette hostilité contre la solidarité
des intérêts que la vie économique moderne
multiplie chaque jour. »
L'expérience de M. René Rivière iie con-
firme-t-elle pas ces vues théoriques ?
Etienne Anton etii,
Député de la Haute-Savoie,
Rapporteur du budget de
l'Algérie.
:
M. Lucien salit en Iralce
M. Lucien Saint, Résident général de
France au Maroc, est attendu demain soir
mercredi à Paris, venant de Rabat, via Ma-
drid.
- -
Le commerce extérieur de la France
avec ses Colonies et Pays
de Protectorats
-– 8. ,
Le tableau suivant donne la valeur compa-
tée des marchandises (en milliers de francs) en
provenance des colonies et pays de protectorat,
importées en France pendant les onze premiers
mois de 1930 et de 1929 :
- IIQpprtl" dee Montes et pays
-. dlt.'Io4M - -..r-Il - -
dé ifrotéctorat .-
'- 1930 1929
Afrique occidentale
française 704.022 771.875
Algérie 2.966.926 2.750.989
Indochine 485.336 637.902
Madagascar et dé-
pendances 230.306 333.195
Maroc 284.794 462.968
Tunisie 601.866 643.280
Autres colonies et
pays de protecto-
rat 687.247 840.426
Nous relevons dans ce tableau l'Algérie
comme la première de nos colonies parmi
celles d'où nous importons. 1930 a vu un ac..
croissement par rapport à 1929 de 215.937.
L'Afrique Occidentale vient au 2° rang avec
des totaux à peu près semblables pour les deux
dernières années.
La Tunisie se maintient au 3u rang sans dif-
férences notables.
L'Indochine accuse un fléchissement sensi-
ble. De 637.902, chiffre de 1929, elle tombe
en 1930 à 485.336.
Le Maroc subit un sort. à peu près identi-
que et Madagascar est un peu moins défa-
vorisé.
Les totaux reflètent en somme une dimi nu-
tion assez sensible des importations.
Totaux des colonies
françaises et pays 1930 1929
de protectorat 5.900.497 6.440.635
Importations de l'étranger
Totaux des pays
étrangers.. o. 42.053.437 46.769.730
Totaux généraux 47.953.934 53.210.365
Exportations avec les colonies
et pays de protectorat
1930 1929
Afrique Occiden- 1930 1929
tale française 505.676 526.687
Algérie 4.116.953 3.869.980
Indochine 835.316 929.464
Madagascar et dé-
pendances 221.250 368.793
Maroc 1.009.108 1.168.305
Tunisie 827.579 907.598
Autres colonies et
pays de protecto-
rat 522.644 594.102
Comme pour les importations, l'Algérie
tient le premier rang et accuse une augmenta-
tion des exportations de 300.000 environ.
Le Maroc vient au 2° rang avec des chiffres
à peu près semblables pour les deux demières
années.
L' Indochine occupe le 3° rang ainsi que la
Tunisie le 4° rang sans grand changement.
Puis vient l'A. O. F.
Les totaux n'apportent pas de grandes mo-
difications.
Totaux des colonies
françaises et pays
de protectorat 8.038.526 8.364.929
Exportations avec l'étranger
Totaux des pays
étrangers 31.564.192 37.295 ; 280
Totaux généraux. 39.602.718 45.660,209
Due mort héroïque
^Bti il àwr
,- - 1- - im- -
UELQUES telegram-
mes venus de Ca-
sablanca ; quel-
ques lignes dans
un certain nombre
de journaux, qui
auraient bien vou-
lte, à mon avis,
avoir plus de dé-
tails ; en somme,
lorl feu de cho-
se : V explorateur Michel Vieuchange est
mort à l âge de 25 ans, épuise par les fati-
gues, affaibli par les privations, emporté fi-
nalement par la-dysenterie. Qu'ott dise ; il
osa trop, mais l'audace était belle. Il avait
formé Vambition de parcourir les régions
dangereuses et inconnues du Rio de Oro, de
péllétrer le premier de tous les Européens
dans Smara la mystérieuse, et de rapporter
de ces pays inviolés, de cette capitale de lé-
gende des notes, des croquis, des plans, des
photos, des documents pris aux sources mê-
mes.
Il a réussi, au prix de quels efforts, et
de quels sacrifices, nous n'en avons qu'une
vague, idée par les quelques déclarations de
son frère, le docteur Jean Vieuchange, qui
doit transmettre à la Société de Géographie,
les découvertes et les relations que l'explora-
teur ne pourra pas offrir lui-même à la
science contemporaine. Il a réussi, mais il
a fallu payer ce succès. Michel Vieuchange
a succombé dès son retour. Il a vaÎIlCll, mats
il est tombée victime de son ltéroïs/ltc.
Le roman merveilleux s'esquisse dans les
renseignements morcelés que nous décou-
vrons çà et là : c'est le départ de Tiz/lit, le
10 septembre ; traversée de la régiolt nord
du Draa, sous un déguisement de femme, au
milieu d'une famille d'indigènes ; l'arrivée
à une oasis du Draa où son guide principal
a des intelligences, le séjour assez long pojfr
qu'on finisse par séduire deux conducteurs
qui connaissent. Smara. Ce sont deux cheiks
qui accompagneront. Vieuchange dans cette
aventure. Car il ne faut pas que notre héros
songe à se joindre à une caravane. Il attrait
vite été reconnu ; il parle le chleuh juste
assez pour se faire comprendre, pas assez
pour ne pas être dévoilé. - *
Il y a là un mélange» assez curieux et qui
répond bien au caractère de notre race : l'ex-
pédition a été préparée, soigneusement mé.
tllodigtlemeltt rien n'est laissé au hasard,
que ce qu'on ne peut jamais lui enlever ;
mais quand le hasard iniervioni, alors c'est
le système D Francs me} en pfûti-
que il on ne saurait tout frïvoir l mats^ oh
s'attend à l'imprévu, on le corrige, on l'uti.
lise.
Voici notre voyageur déguisé en marabout
L'escouade a comme moyens de transports,
deux chameaux, cltargés « de deux outres ; on
part le 3 octobre ; au bout de quelques jours
de marclle, on est attaqué par un djich et
obligé de rebrousser chemin jusqu'à l'oasis
du Draa, qu'on n'atteint qu'après bien des
épreuves, à travers les déserts de sable.
Pas de découragement : on s'adjoint un
autre guide indigène, et on recommence. En-
fin, le i'r novembre, on arrive à Smara. Il
semble bien que notre jeune explorateur a
quelques désillusions sur la cité qu'il avait
rêvée plus belle ou plus étrange. Mais il
s'agit bien de rêver à présent 1 Michel Vieu-
change fait une ample moisson de documents
et s'éloigne @ chargé de ces richesses. Les
deux cheiks l'abandonnent et ne le rejoignent
qu'à quelques kilomètres de Draa. Quelques
jours de repos, retour à Tisnit, la maladie,
la Inort.
Epopée silencieuse mais aussi grandiose
que beaucoup d'autres. Elle dépasse sans
comparaison, celles que l'imagination des
hommes se plaît à imaginer : quelle Atlan-
tide voudrait cette marche résolue et obstinée
vers Vinconnu, vers le mystère, vers le des-
tin 1
C'est une contrée de 300 kilomètres de
long sur 100 de large, que ce jeune Ilomnze,
sans peur, a étudiée, et sur laquelle il offre
à la science des précisions qu'elle avait jus-
qu'ici vainement attendues.
Demailz, viendront sans doute des détails
complémentaires. Si nos quotidiens laissent
une large place au voyage de ce jeune fran
cais, audacieux et réfléchi, ce sera pour nous
comme une compensation à tous les propos
insipides tenus sur de pauvres bougres que
la popularité a beau désigner à l'admiration
des peuples et qui n'en sont pas moins de
1Jitoyables fantoches dont les portraits, les
biographies, les faits et gestes, encombrent
les colonnes de nos journaux. Qu'on publie
donc les incidents douloureux et héroïques
de cette randonnée courageuse, et. qu'on res-
treigne, pour cela, la place incongrûment
usurpée Par un tas d'événements sans aucun
intérêt. Le récit de l'expédition de Smara
nous rendra plus indulgents pour l'exposé
journalier des potins de CabotinviUe.
Maria Roumtan,
Sénateur de l'Hérault.
Un important combat au Maroc
Dans l'après-midi du 3 janvier, un grou-
pe franc de tirailleurs qui effectuait une
tournée de police dans la région d'Otrouzou,
sur le front de l'Oued el Abid, a eu un vif
engagement avec un djich de dissidents qui
avait franchi l'Oued el Abid. Le détache-
ment a regagné son poste dans la soirée
ayant subi les pertes ci-après : un officier
mortellement blesié, un sous-officier fran-
cais et onze tirailleurs français, un sous-of-
ficier et cinq tirailleurs indigènes blessés;
un sous-officier disparu.
Les rebelles faisaient partie du djich Ait
Cbokmum.
Nos Colonies
s'associent au deuil national
̃ »♦«
L'Afrique Occidentale Française
M. Brevié, Gouverneur général de l'Afri-
que Occidentale française, a adressé à Mme
Joffre le télégramme suivant :
Apprends avec douloureuse émotion décès
maréchal. L'Afrique Occidentale française re-
connaissante n'oublie pas que l'immortel vain-
queur de la Marne s'était déjà illustré sur son
territoire. Au nom colonie tout entière el en
mon nom personnel, vous prie agréer, avec
'hommages très respectueux, expression plus
vives condoléances.
La Réunion
M. Repiquet, Gouverneur de La Réunion,
a témoigné de l'attachement de l'île Bourbon
au maréchal Joffre par le câble suivant adressé
au Président du Conseil :
.1 La colonie de La Réunion, profondément
affligée par la mort du Maréchal Joffre, prend
part au deuil de la France et salue la dépouille
du grand soldat qui arrêta les envahisseurs et
sauva la Patrie.
Indochine
M. Robin, Gouverneur général p. 1. de
l' Indochine, a envoyé le câble suivant :
L' Indochine s'associe étroitement au deuil
qui frappe la France en la personne du Maré-
chai Joffre. Elle n'oublie pas que le grand'
soldat qui prit le commandement suprême des
forces françaises en 1914 lui avait consacré les
premières années de sa carrière militaire mar-
quées déjà du sceau de la Gloire. Elle garde
aussi le souvenir de l'honneut que lui fit le
maréchal en venant la visiter au lendemain de
la Victoire.
Je vous prie de vouloir bien faire agréer par
le Gouvernement mes profondes condoléances
et en transmettre la douloureuse expression à la
famille du maréchal Joffre.
Le Tonkin
La colonie a appris avec la plus vive émo-
tion, samedi soir, le décès du maréchal Joffre.
La population avait gardé le souvenir de la
visite du maréchal en Indochine, au lendemain
de la victoire. Elle a suivi anxieusement les
dépêches mentionnant la lente agonie du ma-
réchal.
r é Les drapeaux des édifices publics et des
demeures privées ont été aussitôt mis en berne
dt toutes les réjouissances ont été supprimées.
Salnt-Plen-e et Miquelon
f-M ^Bàutot, Geuvemeuy -do -SShittPierre et
Miquelon, a télégraphié lé 4 janvier 1931 :
j Le deuil causé par la mort du maréchal
offre a été ùioement ressenti Jans la colonie.
Le personnel administratif, les assemblées to-
tales et la flopulalion tout entière s'unissent à
Moi pour adresser au Gouvernement de la Ré-
publique et à la famille du grand soldai
l'expression de leur douloureuse émotion.
La Martinique
-
M. Gerbinis, Gouverneur de la Martinique,
a envoyé le télégramme suivant :
Je vous prie d'agréer les sentiments attristés
de la colonie à 1 occasion du deuil national
qui ravit au pays la figure glorieuse du grand
soldat et je vous prie de transmettre à la fa-
mille du Maréchal Joffre mes respectueuses
condoléances et la prof onde'émotion de l'una-
nimité de la population. notamment de tous les
groupements d'anciens combattants.
-
Une plainte en escroquerie
contre la banque Bénard et Cie
Ainsi que nous l'avons annoncéj la balt.
que liènard et Cie a été mise en liquidation
judiciaire au mois d'octobre dernier.
Une plainte en abus de constance a été
déposée contre MM .Georges nénard et Le-
graud, cogerants de la banquet par la Com-
pagnie fermière de publicité des grands ré-
seaux de chemins de ter pançatss dont le
présideltt est le général Penelont et le vice-
président M. Latlemand, ancien préfet et
conseiller d'Etat.
La Compagnie fermière de publicité fait
valoir qu'une somme de 700.000 francst
qu'elle avait confiée à. la banque Bénard, à
titre de nantissement, pour la garantie d'une
caution par elle donnee aux réseaux) a été
détournée, ce qui constitue le. délit Prévu
par l'article 408 du code pénal.
L'instruction de cette allaire est confiée à
M. Brack) juge d'instruction, déjà chargé
de l'affaire Oustric.
Nous avons dit que les principales affai-
res de la banque Bénard brothers étaient :
La Compagnie. Africaine Industrielle et
Forestière,
La Compagnie Coloniale de. Distribution
d'Energie Electrigue,
Le Crédit Foncier dit Congo,
La Société Financière du Congo Fraufais J
La Compagnie. Générale des Transports
- en Afrique.
Indiquons aussi que le. jockey parlemen-
taire de la maison était le sénateur véreux
Yves le Trocquer, ancien ministre des Tra-
vaux Publics de 1919 à 1924, président de
plusieurs sociétés en déconfiture, notam-
ment le Kétoly sans oublier quelques affai-
res coloniales.
Rappelons qu'il fut flagellé il y a deux
ans par M, Poincaré, alors président du
Conseil, pour son rôle dans les affaires.
en des termes dont on n'a pas oublié la vi-
gueur, autour du banc des ministres et ail-
leurs.
URE EN SECONDE PAGE :
Rue Oudinot.
Les tribunaux indigènes en A. O. F.
Pettte requête à M. Steeg en favieur des
bons éléphants- par P.-O.-G. François,
La culture du tabac
et de la canne à sucre
en Nouvelle-Calédonie
0.60
La crise économique qui sévit eu Nou-
velle Calédonie comme ailleurs, met la co-
lonisation agricole de la Colonie dans l'obli-
gation de rechercher des cultures plus lu-
cratives que le café et le coton dont le prix
de revient ne permet plus aux colons d'en
continuer l'exploitation dans les conditions
où il l'a font en ce moment.
Au cours de sa dernière session, le Con-
seil général s'est occupé de la culture du
tabac et a recherché les moyens de l'encou-
rager Cette assemblée nous a paru en avoir
oublié l'existence. Mais M. Unger, le doyen
actuel des conseillers généraux, qui était
conseiller général à l'époque où le tabac
était cultivé en Nouvelle Calédonie, a dit à
l'assemblée que la Colonie avait une fabri-
que de tabac, celle de M. Liétard, qui écou-
lait son produit à la traiisportation par con-
tiat. Ce tabac était intumable bien que mé-
langé a d'autre tabac étranger et seul
son bas prix le taisait accepter. Tous les es-
sais nécessaires ont été taits à cette époque
et n'ont donné aucun résultat favorable ; la
Régie n'a pas voulu l'accepter. Si la réus..
site de la culture de ce produit n'a pas cou-
ronné les essais tentés, c'emt qu'une raison
existe : il faut un terroir approprié comme
pour le vin, une spécialité de terrain qui
n'existe pas en Nouvelle Calédonie. 11 a
déclaré néanmoins qu'il souhaitait la réus-
site des essais préconisés.
Comme il s'agissait d'une culture lucra-
tive, un autre conseiller général a déclaré
qu'il estimait que les variétés de cette épo-
que étaient mauvaises et qu'il ne convient
pas d'imposer à la Régie de mauvais pro-
duits. Le tabac pousse à l'état sauvage, la
culture est à encourager en période de crise,
ce produit étant stable, sans fléchissement
des cours, comme les autres denrées.
La conclusion de cette discussion a été
que lé Conseil générai a demandé à l'ad-
ministration de tenter des démarches pres
de la Régie @ française sur les qualités et
quantités qu'elle serait susceptible d'ache-
ter.
Nous sommes surpris que l'assemblée lo-
cale ait persisté à préconiser une culture
qui n'a pas donné de résultat favorable,
après avoir été pratiquée sans succès par des
colons aussi compétents que ceux d'aujour-
d'hui et qu'elle se soit abstenue de taire
mention de la canne à sucre qui a donné en
Nouvelle Calédonie plusieurs marques de
rhum dont la bonne réputation était jus-
titiée. C'était le rhum de Saint-Louis fabri-
qué par la jnission catholique mariste de ce
nom à quelques kilomèties de Nouméa; le
rhum de Koë qui était un produit des do-
.Jt.'iin,es d'Higginson où la fabrication a ces-
ZÎFÔcpUi 3~dcrnoifrbreusc s-annec 3 ; et- le rhum
de Bacovya produit "par une usine située à
proximité de Bourail.
Le rhum assure aujourd'hui la prospérité
de nos vieilles Colonies, la Martinique, la
Guadeloupe et la Réunion. 11 sutiit de
lire les discours prononcés par les Gouver-
neurs de ces Colonies à l'ouverture de la
session budgétaire de leurs Conseils Géné-
raux au mois de novembre dernier pour
voir qu'elles ne sont pas atteintes par la
ciisc économique qui sévit dans toutes les
autres. Voici ce qu'a dit M. Gerbinis,. Gou-
verneur de la Martinique :
l undis que la rumeur loinlclillc déllOlICC
l'ouverture d'une crise mondiale économi-
que, la Martinique, imperturbable, malgré
l'accident volcanique de l'ait, dentier, enre-
gistre une activité des échanges toujours
soutenue. La balance commerciale aussi
n'est pas déficitaire puisque nos deux prin-
cipaux produits d'exportation ; le sucre, et
le rhum, accusent à la fin du premier se-
mestre des quantités supérieures à celles
constatées au 30 juin 1929.
On peut donc, avec confiance, envisager
les résultats généraux de l'année 1930 et
même de l'iiiiitée prochaine qui ne fera que
prolonger, sans doute, la periode de pros-
périté.
- Le Gouverneur de la Guadeloupe n'a pas
été moins attirmatif en disant d'abord ;
Ainsi que le faisait prevoir t'expose des
motils dit proj !l de budget rectificatif sou-
mis à vos délibérations, lors de votre pre-
mière session ordinaire, la situation finan-
cière du service local, pour l'exercice 1930
se traduit par des résultats satisfaisants.
Et ensuite :
Grâce aux prix élevés des produits du cru
et principalement du rhum, tant à l'inté-
rieur que sur le marché métropolitain) le
mouvement général des affaires continue à
se développer normalement et à exercer une
influence lIuurcus/J sur le rendement des im-
pôts. Pour ce motif les produits prévisés au
projet de budget sont en grande partie en
accroissement sur ceux de 1930.
Malgré le désastre qu'un - cyclone a fait
subir a la Guadeloupe en 1928 et l'activité
volcanique du Mont Pelé qui a occasionné
d'importants préjudices à la Martinique en
1929, comme l'a fait remarquer M. le Gou-
verneur Gerbinis, la culture de la canne et
la production du rhum donnent à ces deux
Colonies une prospérité que les statistiques
ne permettent pas de constater.
Aussi à sa dernière session de novembre
1930, le Conseil Général de la Martinique
a décidé de renoncer à l'emprunt onéreux
de 200 millions qu'il avait voté à une ses-
sion précédente pour l'exécution d'un pro-
gramme de grands travaux à exécuter dans
une période de vingt années et il a décidé
l'exécution de ce môme programme avec
ses propres ressources. Sans imposer aux
contribuables la lourde charge de payer les
intérêts et le remboursement de l'emprunt
pendant de nombreuses années. Il a voté un
crédit de vingt millions pour faire commen-
cer les travaux en 1931.
Nous pensons que la culture de la canne
à sucre peut donner en Nouvelle Calédonie
où elle a fait ses preuves d'aussi bons ré-
sultats qu'aux Antilles. On trouve de la
canne à sucre dans toutes les tribus Cana-
ques, ce qui nous permet de croire qu'on
pourrait intéresser les indigènes à cette cul-
ture comme l'ont fait les missionnaires de
Saint-Louis qui n'ont que cette main-d'osu-
vre.
Covnmantf«fi( taperte*
(Chef d'Escadron breveté en retraite),
Protection coloniale
et protection impériale
par ALFRED SILBERT.
»+«
Une doctrine, s. v. p.
Il est assez de coutume dans les milieux
coloniaux de se réjouir, en ce moment, des
progrès que l'idée coloniale accomplit tant à
travers le Parlement que le pays. La facilité
avec laquelle ont été votée les emprunts colo-
niaux en est une preuve, pour tout observa-
teur impartial du parlementarisme ; la faci-
lité également avec laquelle sont envisagées
les mesures de protection coloniale en est
une autre.
A ce dernier sujet je crois cependant avoir
fait remarquer, en un précédent article, com-
bien les solutions entrevues m'apparaissaient
fragmentaires et incomplètes. Pour regretta-
bles qu'elles soient, il faudra d'ailleurs bien
les adopter, puisqu'on ne peut faire autre-
ment (et dans l'espoir- un jour de pouvoir les
abolir), mais force nous est de constater que
leurs protagonistes n'ont été animés d'aucun
esprit nouveau : avec un empirisme parfait,
on a mis sur pied tout un système de droits
protégeant les uns, tout en ménageant les au-
tres. Puis on s'est arrêté là 1
Est-ce bien suffisant, et l'actuelle crise
mondiale ne devrait-elle pas provoquer ma-
tière à plus amples réflexions et initiatives ?
Et en particulier n'aurait-on pu profiter de
la mise sur pied d'un plan de protection co-
loniale pour intégrer ce plan dans tout un
ensemble de mesures à prendre pour nous as-
surer une saine et rationnelle protection im-
périale. Mais ici, pour moi, le mot protection
change de sens et sa portée s'élargit : il ne
s'adresse plus seulement à ce public restreint
habitué à le considérer sous l'angle des inci-
dences économiques et des droits de douane.
La protection impériale représente quelque
chose d:infiniment plus considérable : ce se-
rait, si on le veut bien, la mise en application
véritable de toute une politique économique,
administrative et sociale destinée à proteger.
nos colonies, dans le sens, indiqué par le dic-
tionnaire, d'action en vue de prendre la dé-
fense contre quelqu'un ou contre quelque
chose. D'ailleurs le singulier pourrait être
avantageusement remplacé par un pluriel 1
Car en réalité, plus d'un danger, du fait
des hommes, ou du fait des événements, ne
menace-t-il pas notre empire colonial ? Lo
pire peut-être, et qui les résume tous, et
c'est sur celui-ci que je veux insister, serait
que son utilité, dans un avenir prochain, ne
nous apparût plus aussi bien démontrée que
par le passé. M. Piétri lui-même, dans le
très courageux discours qu'il prononçait le
25 octobre dernier à la Sorbonne, lors de la
réouverture des Conférences Populaires, ne
d|sait-il pas « j'estime que si notre coloniaa-
devait. pas répondre a un concept
d'harmonie et d unité, si elle ne devait point
aboutir à la réalisation d'un tout cohérent,
méthodique, si notre activité extérieure devait
se poursuivre en dehors d'une économie im-
périale, groupant dans un ensemble solidaire
la Métropole, et ses annexes d'outre-mer, notre
oeuvre coloniale n'aurait été qu'une stérile
entreprise de militarisme et de bureau-
cratie. »
Voilà certes des paroles que tout le monde
n'aurait pas osé dire et qui font donc bien
honneur à celui qui les a exprimées. Mais
voyons un peu plus loin.
Ainsi voilà posee l'hypothèse de la coloni-
sation, de notre colonisation, entreprise sté-
rile. Bien entendu, jusqu'ici, il n'en a rien
été j mais la chose serait possible si, dans
l'avenir, certaines conditions qu'indique ra-
pidement l'ancien ministre des Colonies
n'étaient pas remplies. C'est au fond cette
pensée que je traduisais, de mon côté, un peu
plus haut. Auquel cas les lois de protection
coloniale préparées par M. Piétn feraient
partie intégrante du plan d'aménagement de
notre économie impériale préconisé par ce
dernier.
Mais ce plan d aménagement de notre éco-
nomie impériale est-il lui-même opérant ? Si
je comprends bien les paroles de M. Piétri
c'est à un système français d'Empire Tariff
Prétérence qu'il nous a convies. Ue qui re-
vient à supposer que les premières lois de
protection coloniale envisagees devraient êtfl:
encore dans \a suite revues, corrigées et aug-
mentées ; c'est la politique de la porte ler-
mée non seulement par la France mais éga-
lement par ses colonies j entre la Métropole
et ses territoires d'outre-mer c'est un nouveau
pacte colonial qui s'instaure, à la mode du
xxu siècle 1
De là à ce que j'appelais plus haut la pro-
tection impériale, il y a donc loin. Est-ce en
ettet se protéger contre des dangers éven-
tuels tant sociaux qu'économiques que de
s'entourer d'une muraille de Ulune au point
de vue douamei ? Personnellement je ne le
crois pas, et pour retarder les solutions, ce
erait plutôt aggraver le péril ultérieur.
Contribuer à l'établissement d'une écono
mie impériale ; entièrement d'accord. Mais
s'imaginer ensuite que cette économie impé-
riale, il. sera possible de l'isoler, de la dis-
traire en quelque sorte de l'économie mon-
diale, avec toutes ses dithcultés, ses soubre-
sauts, ses menaces. illusion, me semblc-t-il.
Un seul pays a pu ces dernières années réali-
ser ce miracle ; c'est la Russie, et encore au
prix de quels sacrifices : et aussi parce que
la Russie est un immense bloc, disparate
peut-être, mais géographiquement et aémo.,
graphiquement à peu près cohérent et dont
les ressources sont telles qu'elle peut se suf-
fire à elle-même 1 Or, il n'en est pas de
même en ce qui nous concerne ; notre politi-
que de protection impériale ne pourrait donc
se conlondre avec une simple et unique poli-
tique d'économie impériale.
Le problème est en réalité plus vaste.
11 ne faut pas se dissimuler en effet que la
colonisation est avant tout un problème d'or-
ganisations économique et sociale qui restent
étroitement liées et sous la dépendance l'une
de l'autre. Mais l'organisation sociale est la
résultante d'un travail à proprement parler
interne et qui s'applique à l'intérieur des
frontières de chaque colonie ou groupe de co-
lonies. Au contraire l'organisation économi-
que doit sV tfectuer en tenant compte non
seulement ces possibilités de production mais
aussi des possibilités de vente ; et nous tou-
chons alors au noeud de la question. Parce
que, à moins de tomber dans l'artificiel, on
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