Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-12-20
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 décembre 1929 20 décembre 1929
Description : 1929/12/20 (A30,N185). 1929/12/20 (A30,N185).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6280655x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
TRENTIEME ANNEE. No 18fr. LE NUMERO i 80 CENTIMES VENDREDI SOIn- 20 DECFMDRE 1929.
JOURNALJUOTIDIEN
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Il «'«bonne sans frais Mp
bureaU
En mission au Maroc
..1.
Notre domination au Maroc constitue.
t-elle une violation du droit des gens, une
atteinte à la liberté des peuples? Certains
esprits, les uns, mal renseignes, les autres,
de mauvaise foi, attachent un peu trop vo-
lontiers crédit 11 cette ofable. Détrompons-
les! Abd-el-Krim et ses complices ne sont
pas les victimes d'une odieuse agression et
il ne leur îlppartientpas de faire figure
d'opprimés luttant pour la sauvegarde de
leur indépendance. L'ordre n'a certes pas
toujours été rétabli, comme nous 1 aurions
souhaité, par une persuasive douceur; mais,
s'il a fallu parfois intervenir c manu mili-
tari i, l'exception a été savamment exploi-
tée. 11 est si commode d'émouvoir l'opinion
avec un cliquetis d'armes forcément bruyant !
Les opérations militaires, justement redou-
tées, trouvent facilement dans les masses
populaires un terrain propice à la germina-
tion des bruits les plus, invraisemblables.
Avec un peu de psychologie et beaucoup de
duplicité, rien n'est 'plus aisé que de mettre
à profit l'ambiance ainsi créée pour provo-
quer de l'effervescence eh agitant le spec-
tre d'une guerre de conquêtes. Légendes que
tous cès racontars !
J £ n vérité, notre Protectorat au Maroc a
ouvert' une ère de prospérité matérielle et
morale. D'un pays misérable, décimé par
les plus terribles épidémies et endémies,
anéanti par la famine, nous avons fait une
colonie florissante qui, grâce à nos énergi-
ques mesures de défense sanitaire et à l'es-
sor économique que nous .Ji avons donné, ne
connaît plus les favages causés par le typhus
ou la peste ni les tourments de la faim. Bien
plus, la France, a mis fin à la guerre, civile
et au brigandage en apportant )a sécurité et
1 la paix à - des tribus terrorisées qui, - jusqu'ici,
ne vivaient que sous ia menace constante au
massacre et ou pillage (la plaine étant régu-
lièrement razziée par la montagne). M. le Ré-
sident Général Lucien Saint poursuit avec
tine inlassable activité le développement de
cette politique de pénétration pacifique, pro-
fondément respectueuse des traditions locales
et des religions. D'ailleurs les populations ci-
viles comme les autorités militaires font les
plus grands éloges de sa compétence et se
plaisent à rendre hommage à son habileté
consommée. -
J'ai visité le front dissident et j'ai pu ad-
mirer avec quelle abnégation sublime nos
Officiers et sous-officiers accomplissaient
leur devoir. Les cadres du Service des. Af-
faires Indigènes 'notamment travaillent dans
des conditions particulièrement pénibles et
s'acquittent de leur délicate mission avec tin
tact remarquable.
louant a la troupe, .(¡ton que le recrute-
ment des engagés «et des rengagés devienne
de plus enpius difficile, elle est. d'un allant
superbe et est animée d'un esprit de sacri-
fice qui compense dans une certaine mesure
le mordant combatif de nos vieux régiments-
de tirailleurs maloqains djavant-guerre.
La Légion Etrangère mérite une mention
particulière. Elle est telle que nous l'avons»
toujours connue et reste la dlgpc héritière
de son prestigieux passé. L'immonde campa-
gne qui a vainement tenté de jeter sur elle
le discrédit et là honte en nolis la représen-
tant comme le refuge des rebuts de la
société n'a pu désagréger cette phalange de
héros. Créée pour la bataille, toujours sur la
brèche aux points les plus névralgiques de la
zone de dissidence, la Légion marche vers
sa destinée avec l'unique souci de fleurir son
blason de victoires nouvelles. D'ailleurs sa
valeur militaire ne constitue pas la seule
aualité de cette unité d'élite qui, en aucun
cas, ne sait être inférieure à sa tâche. Je
n'en véux pour exemple que -la, construction
du tunriêl de Kérando. Il s'agissait de per-
çer une montagne, véritable fnlaise qui bar-
rait la vallée du hiz; Le Génie s'était récusé
sous prétexte qu'il ne- disposait pas d'un
matériel suffisamment perfectionné pour
mener ce travail à bonne, fin. La Légion
s'offrit à suppléer le génie défaillant. Ré-
sultats? 40 hommes en six mois, avec leurs
simples outil s j percèrent un tunnel de 73 mè-
tres de long et assez large pour permettre
- le passage des convois automobiles. Deux
plaques, apposées1 à l'entrée du tunnel
rappellent ce que peut faire la volonté hu-
maine quand elle est soutenue par la foi
dans le succès : l'une porte les noms des
40 légionnaires dont les coups résolus ébran-
lèrent la montagne, l'autre commémore le
fait de ces mots simples et héroïques : « La
montagne nous barrait la route. Ordre fut
donné de passer. La Légion l'a exécuté. »
N'allez pas croire surtout que, pour s'être
raftgé sous notre drapeau" le légionnaire a
répudié sa propre patrie. Nullement. S'il est
venu à nous dans un moment de lassitude
mgrale, désabusé, anéanti, vaincu, mais pas
- assez lâche cependant pour mourir; s'il a fui
son sol natal pour se soustraite à une exis-
tence qu'une déception cruelle - lui rendait
insupportable, le fait pour lui de se consa-
crer sur une terre lointaine à un idéal nou-
veau, n'implique pas cet autre d'abdiquer
sa première personnalité au point d'en ou-
blier son pays, Mais, pour si vivace qu'elle
soit, la réminiscence du passé n'enlève rien
à ses vertus guerrières et le légionnaire qui
se met au service 'dé la ,Franee est toujours
une brave et fidèle recrue, profondément
attachée à ses chefs et fière de servir.
- - - -.
Examinons maintenant d une taçon pius
détaillée et plus objective notre situation
au Maroc. Que pensent les autorités civiles
ret militaires d'une offensive? Comptons-
nous beaucoup de jeunes soldats du contin-
gent en première ligne? Comment fonctionne
le &MM, M de santé? Comment réduire la
dissidence? Avons-nous assee de soldats de
carrière dans notre Protectorat? Quelle est
l'Importance de la dissidence? Quel plan
tfWÎkffl peut-on envisager pour la ftduire?
Le Résident Généràl et les Officiers au
Maroc ont-ils une tendance à nous lancer
dans une aventure susceptible de nous ame-
ner à entreprendre une offensive de grande
envergure? JMon, et ceci pour les raisons
essentielles et décisives que voici :
'En premier lieu, une telle entreprise né-
cessiterait un matériel et des effectifs diffi-
ciles à trouver et dont le ravitaillement en
munitions et en vivres constituerait une
tâche insurmontable.
En second lieu, la nature du pays, exclu-
sivement montagneux; dans lequel se dé-
rouleraient les opérations, rend cette éven-
tualité impossible.
Enfin, nous ne pourrions maintenir, en
pays occupé les forces nécessaires au main-
tien de l'ordre et l'obligation pour nous de
limiter l'étendue de notre occupation aurait
pour conséquence le réveil des foyers d'in-
surrection momentanément éteints.
Nos jeunes soldats du contingent sont-
ils envoyés dans les unités qui assurent la
sécurité en bordure de la dissidence? Non.
Tous sont stationnés dans les grandes villes.
Si quelques-uns d'entre eux (4 %) sont en
première ligne, ils remplissent dans les pos-
tes, où les risques sont très faibles, des
fonctions qui ne peuvent être confiées aux
indigènes.: télégraphistes, secrétaires, in-
lirmiers, etc.
Quant au service de santé, il donne
un maximum de rendement avec un mini-
mum de moyens : il manque à la fois de
personnel et de matériel.
Dans le voisinage de la dissidence, les
pistes sont souvent impraticables aux auto-
mobiles : les blessés doivent être évacués par
avions ; dans les endroits où les postes sont
accessibles, on a recours aux autos sani-
taires.
Tous ces moyens d'évacuation sont insuf-
fisants et en mauvais état.
Les avions sont usés et d'un modèle qui
ne leur permet pas de survoler l'Atlas, d'où
impossibilité de les utiliser la où leurs ser-
vices seraient précisément les plus précieux.
D'autre part, le type des autos sanitaires ne
répond pas aux besoins de la région s trop
hautes sur roues. elles canotent facilement.
Les infirmeries régimentaires de l'avant
n'ont pour* toute literie que -des paillasses i
l'hôpital de Casablanca n'est pas terminé
et les. malades sont encore dans des bara-
ques en planches. Seules, les installations
des ambulances sont convenables.
Le personnel médical traverse une crise
qui ne cesse de s'aggraver. Les médecins
passent dans l'administration Civile où des
situations brillantes leur sont offertes. Le
nombre des infirmières est inférieur à celui
qu'il devrait être. Les infirmiers vont deve-
nir par leur rareté, surtout avec le service
d'un an, une, source d'inquiétudes. graves
pour le médecin plutôt qu'une aide: Il y
aurait lieu de créer un corps d'infirmiers de
carrière si nous ne voulons pas courir à -un
désastre.
Doit-on chercher à réduire la zône de
dissidence? Par quels moyens? A côté de
nos postes fixes, la mobilité de l'ennemi nous
oblige à confier à une police volante s'àp-
puyant sur les postes autour desquels elle
rayonne, le soin de protéger les tribus
fideles et de maintenir notre autorité dans
les régions soumises. Cette mission est rem-
plie par des harkas formées d'indigènes
d'une indiscutable loyauté. Ceci dit, voici
comment se conçoit le problème de la réduc-
tion de la dissiaence.
La sécurité, assurée à nos sujets, crée ra-
pidement chez eux une prospérité bientôt
connue de nos adversaires. Le commande-
ment favorise, sous son contrôle, certaines
relations d'ordre économique entre tribus
soumises et insoumises, permettant à-ces der-
mière de venir se ravitailler et de commer-
cer avec les précédentes. Nos officiers du
Service des renseignements s'efforcent --alors
de gagner la conhance des rebeller et leur
font nies propositions de soumission. Dès que
leur sentiment de fidélité est suffisamment
éprouvé, leur soumission est acceptée et nous
avançons nos postes en pleine entente avec
les tribus nouvellement acquises à notre
cause. Nous trouvons dans cette méthode
l'avantage appréciable de maintenir avec les
dissidents un contact permanent, générat r
de soumissions et c'est, pour nous, le meil-
leur moyen d'être avertis d'une façon rapide
et sûre de la formation des Djichs et de leur
destination.
- Avons-nous au Maroc un cadre de mi-
litaires de carrière parfait? Le système ac-
tuel des relèves doit-il être continué? Non.
La guerre au Maroc nécessite une connais-
sance spéciale du pays et de ses habitants et
une tactique particulière. La guerre de. mon-
tagne comporte un long - apprentissage et
nous n'avons pas, au Maroc, assez de mili-
taires de carrière. Nous y avons par contre
de nombreux officiers venus passer leurs
deux années obligatoires sur les T. 0. E.
qui ignorent tout du Maroc et pour qui
l'heure du retour îst l'unique préoccupation.
Il faut rompre avec les errements actuels et
.supprimer le tôur de départ pour les T.O.E,
On peut et oh doit reconstituer" notre belle
armée d'Afrique d'avant-guerre.
Quelle est encore 1 importance Ge ia
dissidence? Il ne faut pas sous-estimer le
nombre ni la valeur des tribus encore insou-
mises et leur réduction doit être envisagée'
avec une extrême circonspection. Parmi les
Tégions où cherche à s'étendre notre in-
fluence, je citerai particulièrement le Tafi-
lalet, pays très riche, habité par une popu-
lâtWn très dense qui réclame depuis fort
longtemps notre uluveuiltni. Chaque ainreR,
à la rfcolte des att", cêr tribus paisibles
Mt.' rattiées par des band. de pillards wA
tiensMt da• «Mftor «plvriiiis. Notir fmrn
n'est pas facile, car, pour occuper les dasis
du Tafilalet, il nous faudwit des effectifs
imposants que nous n'avons pas. Nous de-
vons donc nous contenter d'établir des postes
à l'entrée nord de cette contrée.
Mais nous pouvons faire confiance à nos
officiers du Service. des Affaires indigènes
à qui incombe la délicate mission de préparer
les soumissions. Grâce à eux, nous progres-
sons lentement mais sûrement et nous ne
pouvons qu'approuver leurs méthodes habiles
et prudentes. Notre œuvre de pénétration
pacifique est tout à l'honneur de ceux qui en
assument la direction : M. le Résident Gé-
néral Lucien Saint et nos cheÇs militaires ;
et de ceux qui sont chargés de l'exécution :
notre service des renseignements et nos vail-
lantes troupes.
L'œuvre accomplie par la France au Ma-
roc est considérable, les résultats obtenus
sont des plus réconfortants. D'immenses do-
maines agricoles ont été mis en valeur, des
mines de phosphates sont en cours d'exploi-
tation, des prospections nous ont révélé
d'autres ressources minières (charbon
manganèse plomb argentifère). Si ces
richesses, juste rançon de notre occupation,
constituent pour nous la compensation des
sacrifices consentis, elles apportent égale-
ment aux populations indigènes une pros-
périté inconnue jusqu'alors.
La France peut être fière : elle a sorti le
Maghzen du néant.
Àoct*ur M* £ cMn.
Député de Parla
En Sorbonne
Les Berbères
»♦>
feudt 19 novembre.
A 1 h. 30, à la salle Liard, se soutenait
aujourd'hui une thèse de lettres bien propre
à nous intéresser.
M. André Basset, agrégé de grammaire,
directeur d'études des Hautes Etudes maro-
caines, chargé de cours à la Faculté d'Alger,
nous exposait devant ses pairs et collègues
deux textes extrêmement nouveaux et pro-
ductifs d'intérêt :
Etudes de GÉOGRAPHIE LINGUISTIQUE EN
KABYLIE (sur quelques termes berbères con-
cernant le corps humain). Thèse secondaire,
comme il est de tradition en Sorbonne à
présenter en premier lieu.
La thèse principale : LE VERBE BERBÈRE
(thème d'impératif aoriste et de prétérit)
tut défendue ensuite.
Le jury était des plus éminemment
choisi pour l'occurrence. M. Godeffroy De-
mortbynes, président (en remplacement de
M. Hendryes empêché par un deuil), MM,
Meillet. Destaing, Marcas, tous apparte-
nant, grande Faculté des Langues Orientales.
Géographie linguistique en KabyHe
Ici les divisions administratives de Ka-
bylie ont servi de base à l'auteur. 11 eut
recours pour son travail, à des informa-
teurs. Un par douar, ce qui a permis à M.
Basset, de « rassembler n tous les éléments,
de .sa thèse d'un extraordinaire intérêt. 240
informateurs, pris dans tous les milieux, et
c'est-à-dire, un par 3.000 habitants environ
ont révélé « la linguistique » en usage dans
tout le territoire betbère. _Pour parler de
leur tête, les Kabyles ont au moins trente
mots. Cent, plutôt. La tête contient tant de
choses ! Et puis il y a l'accent et les « vé-
laites » sonores ou sourdes comme il con-
vient aux parlers berbères. Dans cette tête,
il y a un visage ô nuance Setolalj
Ahaggar, Ntifa ZeggûUj Nefousaj etc.
Il y a I'oeil, les yeux, la bouche, tout le
reste. dont le terme d'expression, la sono-
rité, se multiplient avec diversité à travers
toutes les Berbèries parlantes qui vont de
l'océan Atlantique à l'oasis de Siwa en
Egypte, de la Méditerranée au Sénégal, au
Niger et à l'Aïr ».
On voit le travail formidable de l'œuvre
qui les étudie.
On peut aussi se représenter la salle Liàrd
absolument vide à ce moment de la soute-
nance. 1
Le Verbe. Berbère
Certes, avec toute son autorité, toute sa
jeunesse et son studieux savoir, M. Basset,
agrégé de grammaire, fils d'un grand pro-
fesseur d'Alger, historiographe Berbère émi-
nent, à la reprise des débats aurait dû être
mort ou plus que jamais vivant.
Il était vivant.
En cinq points, très nets, il éxposa son
étude (on sait qu'une soutenance de Lettres
ne se passe pas comme une de Sciences).
Pour celle-ci, un tablëau noir. Un perroqueï
par mémoire. Trois jurés qui rêvent de leurs
tableaux noirs. Et' tout est pour le mieux
pour le meilleur des mondes scientifiques
s'entend.
L'objet de travail de M. André Basset est
plus profondément vivant et fertile. La lan-
gue Berbère, bien que très lointainement
pratiquée sur notre domaine colonialt. est
en honneur dans l'Atlas, au Maroc particu-
lièrement.
Le Berbère. n'a jamais fourni de langue de
civilisation. Pas d unité artificiellement cons-
tituée. Pas de langue uniformément répan-
due sur le territoire. Pas u icolë, d'histoire
de littérature écrite (si ce n'est l'ouvrage de
M. Henri Basset, père du candidat ; Essai
sur la littérature des Berbèresnous dit
M. André Basset. C'est une langue mdreelée
en une multitude de parlers.
Classer les formes par degré d'ancienneté,
commencer l'histoire de cette langue en re-
cherchant le sens des évolutions actuelles et
passées. Localiser géographiquement les faits
dialectaux et les tendances évolutives. Voilà
l'œuvre du candidat.
Certes, cette thèse fut copieusement criti-
quée par le jury. De part et d'autre, une
joute oratoire - brillante s'engagea. Le redou-
blement radical, la dérivation par suffixa-
tion, l'alternance vocalique ou Valternance
quantitative radicale, le vocalisme, etc., fu-
rent sujets à discours et nous gardèrent plus
de cinq hénres durant, épuisés et las, sur les
bancs durs de la satle Liard. -
Enfin, “M. André Bosser fut reçu docteur
t..1emlt avec memïair tttt honorable.
Et ce - fut que justice. -
aura§mais, m wu!IW JWJPPR
- La question
dès vins a a
> AI avancé aue dans
- le cas où la viticul-
ture de la Métro-
pole et celle de
ïAlgérie se met-
traient d'accord
four un contingen-
tement, ce tfest pas
sur le dos de ce bon garçon de payant que
le traité d? amitié serait conclu.
le comprends du reste que le consomma'
teur éprouve quelque crainte. Oit oublie le
plus souvent de l'appeler pour lui demander
son avis, et, quand les décisions sont prises,
c'est sur lui que le fardeau tombe, il-se
dit qu'il a connu tout Jécemment des épo-
ques où le vin était beaucoup trop cher pour
figurer sur les tables modestes, qu'à l'an-
t/éê actuelle de bas prix peut succéder une
année où l'ascension sera verticale et rapide,
qu'il suffirait d'une récolte déficitaire pour
qu'il se trouve dans cette alternative : ou
se saigner aux quatre veines pour continuer
à boire du pinard, ou se vouer à l'Aqua
FoJttis, Château-la-Pompe^ comme on plai-
sante en certains pays.
Cette crainte est vàine cependant. En effet,
dans la pensee de ceux qui ont dressé le
projet, ti doit être conçu et appliqué de telle
façon que l'Algérie puisse par ses ressour-
ces suppléer à un déficit de la récolte Cil
France, dans les années où il s'en produi-
rait tm, et que, dans les années où la récolte
en Algérie serait déficitaire, la France
puisse satisfaire à tous les besoins de la
cOllsommatioll. En d'atttres termes l'Algérie
est assurée que les 7/50 de la consommation
en France sont réservés à ses vins, lesquels
trouveront des prix normaux, et cela parce
que les vins français ne viendront sur les
marchés de la Métropole que dans la pro-
portion de 40 (je prends l'hypothèse où ce
seraient les chiffres de la C. G. V. qui
seraient adoptés).
D'un côté, un contingentement serait im-
posé aux vins de France ; une fois défal-
qués de l'ensemble des ressources viticoles
françaises les hectolitres absorbés par la con-
sommation non taxéet la distillation et les
exportatiolls, les viticulteurs français n'au-
raient le droit de porter sur le marché que
les quantités de vins répondant aux 40/50
de la consommation taxée, et ils seraient obli-
gés de présenter à la fin de la campagne « les
stocks contingentés, à défaut d'un certifi-
cat de distillation ou d'exportation P.
De l'autre côté, l'Algérie réglerait à sa
guise son contingentement intérieur, mais le
tfàimfttni sCfqit le' même ici et là. Prenons
l'exemple de 4924-1925 :
Les ressources viticoles de la France
étaient de 70 millions d'hectolitres, soit 67
de la récolte et 3*des stocks ; la consom-.
motion non taxée de 20 millions, la distil-
lation de 1 million, les exportations de
1.500.000 hectolitres ; pour ne pas dépas-
ser les 40/50 il aurait donc fallu contin-
genter 7.500.000 hectolitres, soit ir,i
La récolté d'Algérie était de ï0 millions ;
prélevons les importations autorisées suivant
la proportion de 7/50, nous arrivons au
chiffre de 7 millions, la consommation
taxée a été de 800.000 hectolitres, la con-
sommation non taxée de 1 million, les expor-
tations de 200.000 hectolitreSi le contingen-
tement aurait porté sur 1 million, soit 10 %,
proportion inférieure à celle de la France.
Mais, en cas de récolte anormale soit en
France soit en Algérie, les chiffres chan-
gent, les proportions varient, toujours en
vertu de ce fait qu'il est nécessaire de met-
tre à la disposition des consommateurs 50
millions d'heceolittes.
Oui, reprend cet autre, toutefois vous
devez prévoir le jour où cette consommation
taxée dépassera ce chiffre. D abord, cela
n'est fwf"probable ; quoiqu'on en pense, la
Métropole n'a qu'une facilité d'absorption
limitée ; supposons, si vous le voulez, qu'elle
augmente de 2, 3 millions d'hectolitres, sup-
posons qlte; par une propagande intelligente
et une distribution perfectionnée, le vin
fasse de ùouveaux adeptes; allons jusqu'à
supposer que la consommation taxée s'élève
en France à 8o millions d'liectolitres ; alors,
les proportions changent, et il est vraisem-
blable qu'elles changeront az; profit de l'Al-
gérie plutôt-que de la Métropole, car la
productipn en France est, elle aussi, limi-
tée par des raisons de climat, de pénurie de
tnain-d'oeuvre, et il n'est pas sûr qu'elle
fournisse régulièrement ses 40/50 pas plus
qu'elle ne tirera le bénéfice des conquêtes
faites sur les vins étrangers.
, N'oubliez pas, d'ailleurs, que toutes les
mesures auxquelles on songe, notamment
l'interdiction des vins anormaux, c'est-à-dire
des précédés qui, en multipliant la quantité
au aétribient de la qualité, ont fait plus de
mal au vin que le reste, vont diminuer les
torrents de mauvais pinard qui encombrent
le marché et dégoûtent les clients. Ce qui
est sûr, c'est que le client n'a pas à redou-
ter que le contingentement soit établi à ses
frais ; aujourd'hui comme hier, il aura tou-
jours à sa disposition les 50 millions d'hecto-
litres, une des idées essentielles de l'accord
étant que la viticulture française et la viti-
culture algérienne doivent se compléter ré-
ciproquement,
Mario Jtousfun.
Sénateur de l Hérault,
Ancien Ministre, Vice-président de la
Commisnion des Colonies.
.,.
LIRE EN SECONDE PAGE ;
Nos petites llesq par J. Perret.
Rue Ondinot.
Les vacances scolaires en Indochine,
Lee -Colonies à l1 Académie Française.
L?Aviation coloniale.
A rSxpoBitiçn Coloniale de Vinoennee,
t
De Compiègne à.
T ananarive ?
J 81
Entre deux coups de vent et des rafales de
pluie la conversation s'engàge : II s'agit de
savoir si, en ce morose dimanche de novembre,
je peux voir M. Sarradin, l'actif conservateur
du Château de Compiègne.
« Bien sûr qu'il est là me répond le gardien
du fond de son capuchon : seulement je vais
l'aviser de votre visite, des fois. »
Evidemment, un jour férié surtout, je puis
être indésirable, et j'attends patiemment, dans
cette cour qu'anima la magnificence des Napo-
léons « le Grand et le Petit » et qu'habite
maintenant une grandeur solitaire et mystique
comme dans une ville morte de la Perse ou de
l'Inde.
L'attente est courte, tout de suite les An-
nales Coloniales reçoivent un chaud accueil et
dans cette pièce glaciale, en dépit d'un im-
mense poële, les noms pleins de soleil de la
France d'Outre-Mer combattent victorieuse-
ment l'hiver.
Enlèvement.
Enlèvement I. comme dans les Romanes-
ques, de première classe et officiel ?
M. Sarradin sourit.
« t'artaitement mademoiselle, enlèvement
autorisé, et je recherche du reste sur les inven-
taires les tapisseries, les tapis de la Savonne-
rie, les fauteuils, les chaises, qui .ont été distri-
bués au petit bonheur dans les colonies fran-
çaises. Madagascar de préférence. Je ne
sais pas encore exactement pour où furent em-
barquées nos pièces Louis XV, Louis XVI,
et du Premier empire, etc.
Ce fut comme un jeu, vers la fin du siècle
dernier de démeubler les palais nationaux et
Compiègne se vit enlever nombre de meubles
qui constituaient une réserve, dont on se rend
compte, aujourd'hui, ..qu'elle nous fait singuliè-
rement défaut !
Erreur excusable au lendemain de nos con-
quêtes coloniales. Actuellement, il est permis
de penser que les demeures et bureaux officiels
de Tananarive et d'ailleurs pourraient être
meublés autrement. »
Tandis que M. Sarradin expose son point
de vue en conservateur soucieux de parfaire les
.Collections, ie me souviens d'un certain mobi-
lier empire découvert dans une habitation antil-
laise. rléjas ! le lit et les fauteuils se déman-
telaient sous l'action des termites qui abondent
sous le ciel tropical. Au fond d'un. « galetas »
et malgré tous les soins, certaines pièces
peu faites pour les pays chauds, avec leurs
laines et leurs soies, achèvent peut-être de
s effriter. Que reste-t-il, un aigle de bronze ?
mais pas un noeud Louis XV aux petits points.
points.
Je fais part de mes craintes à M. Sarradin,
son optimisme ne désarme pas
« Evidemment, d'avance il faut faire la
part du feu, mais au moins, nous rentrerons
en possession de ce qui reste. »
La rentrée au bercail
Ah ! comme « ce qui reste » tient au
cœur du zélé conservateur !
Il poursuit : a Sans vouloir dicter le moin-
dre programme aux gouverneurs de nos pos-
sessions françaises, l'on se plait à apercevoir le
jour peut-être prochain où, se pourvoyant de
mobilier dans leur propre domaine, et contri-
buant ainsi à mettre en valeur des essences
admirables, ces bois coloniaux dont l'emploi
en Europe est si couteux à cause du fret, ils
sauront participer efficacement à l'expansion de
nos arts appliqués et mettront en valeur le
génie indigène.
L'exposition coloniale est une occasion uni-
que pour préparer et exposer des plans d' en.
semble d'ameublements spécialement réalisés
pour le confort et la splendeur des habitation»
coloniales officielles. De grandes maisons de
meubles métropolitaines pourraient aussi con-
courir à la décoration des foyers de la France
d'Outre-Mer. Voici il me semble un inté-
ressant et bien' utile programme que l'on a, en
s'y prenant immédiatement, le temps de mettre
au point pour 1931. Et alors. »
« Et alors, je comprends fort bien, Monsieur
le Conservateur : ce qui a été indûment em-
prunté aux musées (Compiègne et Fontaine-
bleau) pourrait bien être rendu. »
Tandis que nous nous entretenons, dans
cette salle basse qui rappelle la Révolution et
son prytanée militaire, j imagifte les aventures
que fauteuils et bergères retour de lointains
pays. auront à raconter à tous les guéridons
bavards qui n'ont guère changé de place de-
puis le mariage de l'impératrice Marie-Louise
d'Autriche.
« Objets inanimés avez-vous donc une
âme ? »
Marie-Louise Sicaret
alb -1
CINÉMA COLONIAL
En Afrique
Dans la- salle du cinéma du Grand-Palais
vient d'être donné un film sous les auspices
de la Société Franco-Malgache. Les hydro-
glisseurs de M. René Cousinet assurent un
service rapide sur la Betsiboka de Majunga
à Tananarive et tendent à se multiplier, ils
sont appelés à assurer la liaison des côtes
avec la capitale de la Grande Ile.
Ces vues malgaches sont encadrées de
paysages pittoresques sur la Guinée. Un
voyage sur le Niger donne lieu à des péri-
péties amusantes et variées.
Le Niger, fleuve majestueux, est sillonné
de lourds chalands qui avancent parfois
malaisément à travers .les herbes, lorsqu'ils
s'engagent dans les marigots, ils sont sou-
vettt aux prises avec le manque d'eau et la
main-d'œuvre est nécessaire pour leur faire
franchir les chenaux presque asséchés. Puis
.la navigation reprend umq heurte.
La case aux livres
-0-
Écrivains coloniaux. et d'ailleurs
Par MARIE-LOUISB SICARD.
LA PRISE D'ALGER
par Gabriel Esquer
Il pleut des livres sur l'Algérie depuis
l'anecdote légère sur le coup d'éventail
jusqu'à l'œuvre substantielle, neuve telle la
Prise dfAlgert de M. Gabriel Esquer, le dis-
tingué et savant administrateur de la Bi-
bliothèque nationale d'Alger.
De la discussion-ne naît pas toujours la
lumière. Il est difficile de savoir exacte-
ment comment les choses se sont passées, au
cours de la fameuse réception du 30 avril
1827. Notre représentant à Alger, Pierre
Deval, a-t-il été frappé par le dey Hussein
sans aucune provocation de sa part? N'a-t-
il été, selon une tradition répandue à Alger,
que menacé et non touché ?
En vérité, l'épisode de l'éventail, dans le -
cours des événements et des années appa-
rait comme les trois coups annonçant le
lever du rideau. Le drame héroïque et glo-
rieux s'ébaucha dès la conclusion des pre-
miers marchés entre la Convention puis le
Directoire et les profiteurs de guerre :
Bacri et Busnach, juifs livournais, chefs de
la communauté israélite d'Alger.
Au temps de la « Patrie en danger », les
achats de denrées s'imposaient à n'importe
quel prix. La plupart des marches nous étant
fermés, on peut imaginer avec quel brio les
profiteurs Bacri et Busnach faisaient mon-
ter notre dette. A force d'acheter 100 et 120
francs la charge de blé qui pouvait être li-
vrée au prix de 42 fr., la République devait
déjà aux juifs algériens 2 millions en 1795 et,
d'intérêts en intérêts, 8.151.000 francs au
temps du Consulat. Les lameuses créances
Bacri, comptes de ménage et politique exté-
rieure, fermentaient tant et si bien entre la
France, la Régence d'Alger et l'Angleterre
que l'on ne s'étonne nullement de l'explosion
du 30 avril 1827.
La mentalité « toute levantine » de notre
représentant à Alger, Pierre Deval, fut
l'étincelle qui mit le feu aux poudres. Ainsi,
les événements gravitaient en dépit des vo-
lontés humaines. A Paris les hommes d'Etat
aveugles n'attachaient d importance ni aux
colères répétées du dey Hussein, ni à la li-
quidation des créances d'un juif algérois,
encore moins aux habiletés peu scrupuleuses
de Pierre Deval.
Dans l'ombre, en marge de la politique
ignorante si souvent des hautes destinées
d'un pays, les événements prenaient « leur
poids, leur nombre, leur mouvement et vi-
tesse. leurs conséquences. »
Ainsi, ayant échappé, vivante encore, aux
discussions parlementaires, la conquête de
l'Algérie s'imposait à la France malgré l'hos-
tilité véhémente de certains membres du
gouvernement et les campagnes de presse
aussi violentes qu'incompréhensibles, en
dépit du mécontentement de l'Angleterre.
Le merveilletpe de la conquête de l'Algérie
réside bien moins dans la gloire militaire
(qui pourtant fut grande) que dans l'extraor-
dinaire gravitation des événements au cours
des années. Comparables aux asvres dont la
marche échappe aux terriens, les destinées de
la France en Afrique du Nord grandirent
dans une sorte d'éther inpondérable proté-
gées contre les couardises et les appétits des
partis. Les créances Bacri, l'irascibilité Ou
dey Hussein, la félinité de Pierre Deval,
sont autant de causes très modestes qui au-
raient pu ne pas quitter l'ambiance des tri-
bunaux.
Ces petites causes devinrent, ô miracle! la.
Prise d'Alger, l'éclatant début de notre ins-
tallation en Afrique.
Dans le livre suggestif de M. Esquer nous
revivons tout le pittoresque de l'expédition
et les curieuses origines d'une. affaire qui
était, en vérité, le commencement d'un em-
pire.
(Larose, éditeur.)
LA PRISE D'ALGER
par Henriette Célarié
Un récit d'autrefois et cela commence tout
comme une idylle par « un après-midi de
printemps africain ». En ce jour du 30 avril
1827, dernier du Ramadan, le ciel seul était
tendre au-dessus d'Alger; sur la terre em-.
baumée du parfum des fleurs, l'orage gron-
dait au cœur du dey Hussein
Mme Henriette Célarié conte prestement
cette Prise d'Alger, aventure que d'aucuns
imaginèrent sans lendemain. On se prend à
bénir le destin qui s'est servi de ce frêle
symbole, un éventail en plumes de paon,
pour forcer la France hésitante,à saisir la
tortune au passage.
(Librairie Hachette.)
LES GRANDES FIGURES
DU CENTENAIRE
Alger 1830-1930
par Paul Rimbaud
Après les événements, les hommes. M.
Paul Rimbaud, dans des pages empreintes
d'un émouvant patriotisme, nous retrace la
vie de quelques-uns, choisis parmi ceux qui,
sur la terre d'Afrique, ont gagné leur sa-
laire de gloire. cc Les jours éphémères de
l'homme valent moins qu'un beau geste que
l'éternité .retient. » Les Bugeaud, les Lamo-
ricière, Mgr Lavigerie, le Père de Foucauld,
etc., servirent non seulement la France,
mais l'humanité entière, en l'exaltant par
l'héroïsme de leur vie. Ainsi, grâce à un pe-
tit nombre d'hommes supérieurs, le monde
apparaît, malgré toutes les misères, toutes
les laideurs, comme un don magnifique dis-
pensé par une élite à la multitude.
Les grandes figures du Centenaire de
l'Algérie appartiennent à cette élite qui ci-
vilise vraiment les hommes par une supério-
rité avant tout d'ordre moral.
Larosc, éditeur.
LA MONTAGE BERBERE
par
LE CAPITAINE SAID GUENNOUN
« Tout Berbère avec son fusil est roi ! ».
Ce proverbe qui court depuis longtemps
dans l'Atlas est plus vrai que jamais, au.
jourd'hui où nous nous trouvons devant le
problème de la soumission du dernier bas-
tion dissident. Le Protectorat marocain la*,
toujours compris l'importance de la questiaa
berbère. Or, le fameux dahir du 11 septcm.
bre iqt4 ayant décidé que « les tribus de
coutume? berbères, sont et demeurent rêgici
JOURNALJUOTIDIEN
Rédaction & Administrant* 9
14.
PARIS 01
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Les Annales Coloniales
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"ni. m. m. M.
Br. 148, 1H» » 1
Il «'«bonne sans frais Mp
bureaU
En mission au Maroc
..1.
Notre domination au Maroc constitue.
t-elle une violation du droit des gens, une
atteinte à la liberté des peuples? Certains
esprits, les uns, mal renseignes, les autres,
de mauvaise foi, attachent un peu trop vo-
lontiers crédit 11 cette ofable. Détrompons-
les! Abd-el-Krim et ses complices ne sont
pas les victimes d'une odieuse agression et
il ne leur îlppartientpas de faire figure
d'opprimés luttant pour la sauvegarde de
leur indépendance. L'ordre n'a certes pas
toujours été rétabli, comme nous 1 aurions
souhaité, par une persuasive douceur; mais,
s'il a fallu parfois intervenir c manu mili-
tari i, l'exception a été savamment exploi-
tée. 11 est si commode d'émouvoir l'opinion
avec un cliquetis d'armes forcément bruyant !
Les opérations militaires, justement redou-
tées, trouvent facilement dans les masses
populaires un terrain propice à la germina-
tion des bruits les plus, invraisemblables.
Avec un peu de psychologie et beaucoup de
duplicité, rien n'est 'plus aisé que de mettre
à profit l'ambiance ainsi créée pour provo-
quer de l'effervescence eh agitant le spec-
tre d'une guerre de conquêtes. Légendes que
tous cès racontars !
J £ n vérité, notre Protectorat au Maroc a
ouvert' une ère de prospérité matérielle et
morale. D'un pays misérable, décimé par
les plus terribles épidémies et endémies,
anéanti par la famine, nous avons fait une
colonie florissante qui, grâce à nos énergi-
ques mesures de défense sanitaire et à l'es-
sor économique que nous .Ji avons donné, ne
connaît plus les favages causés par le typhus
ou la peste ni les tourments de la faim. Bien
plus, la France, a mis fin à la guerre, civile
et au brigandage en apportant )a sécurité et
1 la paix à - des tribus terrorisées qui, - jusqu'ici,
ne vivaient que sous ia menace constante au
massacre et ou pillage (la plaine étant régu-
lièrement razziée par la montagne). M. le Ré-
sident Général Lucien Saint poursuit avec
tine inlassable activité le développement de
cette politique de pénétration pacifique, pro-
fondément respectueuse des traditions locales
et des religions. D'ailleurs les populations ci-
viles comme les autorités militaires font les
plus grands éloges de sa compétence et se
plaisent à rendre hommage à son habileté
consommée. -
J'ai visité le front dissident et j'ai pu ad-
mirer avec quelle abnégation sublime nos
Officiers et sous-officiers accomplissaient
leur devoir. Les cadres du Service des. Af-
faires Indigènes 'notamment travaillent dans
des conditions particulièrement pénibles et
s'acquittent de leur délicate mission avec tin
tact remarquable.
louant a la troupe, .(¡ton que le recrute-
ment des engagés «et des rengagés devienne
de plus enpius difficile, elle est. d'un allant
superbe et est animée d'un esprit de sacri-
fice qui compense dans une certaine mesure
le mordant combatif de nos vieux régiments-
de tirailleurs maloqains djavant-guerre.
La Légion Etrangère mérite une mention
particulière. Elle est telle que nous l'avons»
toujours connue et reste la dlgpc héritière
de son prestigieux passé. L'immonde campa-
gne qui a vainement tenté de jeter sur elle
le discrédit et là honte en nolis la représen-
tant comme le refuge des rebuts de la
société n'a pu désagréger cette phalange de
héros. Créée pour la bataille, toujours sur la
brèche aux points les plus névralgiques de la
zone de dissidence, la Légion marche vers
sa destinée avec l'unique souci de fleurir son
blason de victoires nouvelles. D'ailleurs sa
valeur militaire ne constitue pas la seule
aualité de cette unité d'élite qui, en aucun
cas, ne sait être inférieure à sa tâche. Je
n'en véux pour exemple que -la, construction
du tunriêl de Kérando. Il s'agissait de per-
çer une montagne, véritable fnlaise qui bar-
rait la vallée du hiz; Le Génie s'était récusé
sous prétexte qu'il ne- disposait pas d'un
matériel suffisamment perfectionné pour
mener ce travail à bonne, fin. La Légion
s'offrit à suppléer le génie défaillant. Ré-
sultats? 40 hommes en six mois, avec leurs
simples outil s j percèrent un tunnel de 73 mè-
tres de long et assez large pour permettre
- le passage des convois automobiles. Deux
plaques, apposées1 à l'entrée du tunnel
rappellent ce que peut faire la volonté hu-
maine quand elle est soutenue par la foi
dans le succès : l'une porte les noms des
40 légionnaires dont les coups résolus ébran-
lèrent la montagne, l'autre commémore le
fait de ces mots simples et héroïques : « La
montagne nous barrait la route. Ordre fut
donné de passer. La Légion l'a exécuté. »
N'allez pas croire surtout que, pour s'être
raftgé sous notre drapeau" le légionnaire a
répudié sa propre patrie. Nullement. S'il est
venu à nous dans un moment de lassitude
mgrale, désabusé, anéanti, vaincu, mais pas
- assez lâche cependant pour mourir; s'il a fui
son sol natal pour se soustraite à une exis-
tence qu'une déception cruelle - lui rendait
insupportable, le fait pour lui de se consa-
crer sur une terre lointaine à un idéal nou-
veau, n'implique pas cet autre d'abdiquer
sa première personnalité au point d'en ou-
blier son pays, Mais, pour si vivace qu'elle
soit, la réminiscence du passé n'enlève rien
à ses vertus guerrières et le légionnaire qui
se met au service 'dé la ,Franee est toujours
une brave et fidèle recrue, profondément
attachée à ses chefs et fière de servir.
- - - -.
Examinons maintenant d une taçon pius
détaillée et plus objective notre situation
au Maroc. Que pensent les autorités civiles
ret militaires d'une offensive? Comptons-
nous beaucoup de jeunes soldats du contin-
gent en première ligne? Comment fonctionne
le &MM, M de santé? Comment réduire la
dissidence? Avons-nous assee de soldats de
carrière dans notre Protectorat? Quelle est
l'Importance de la dissidence? Quel plan
tfWÎkffl peut-on envisager pour la ftduire?
Le Résident Généràl et les Officiers au
Maroc ont-ils une tendance à nous lancer
dans une aventure susceptible de nous ame-
ner à entreprendre une offensive de grande
envergure? JMon, et ceci pour les raisons
essentielles et décisives que voici :
'En premier lieu, une telle entreprise né-
cessiterait un matériel et des effectifs diffi-
ciles à trouver et dont le ravitaillement en
munitions et en vivres constituerait une
tâche insurmontable.
En second lieu, la nature du pays, exclu-
sivement montagneux; dans lequel se dé-
rouleraient les opérations, rend cette éven-
tualité impossible.
Enfin, nous ne pourrions maintenir, en
pays occupé les forces nécessaires au main-
tien de l'ordre et l'obligation pour nous de
limiter l'étendue de notre occupation aurait
pour conséquence le réveil des foyers d'in-
surrection momentanément éteints.
Nos jeunes soldats du contingent sont-
ils envoyés dans les unités qui assurent la
sécurité en bordure de la dissidence? Non.
Tous sont stationnés dans les grandes villes.
Si quelques-uns d'entre eux (4 %) sont en
première ligne, ils remplissent dans les pos-
tes, où les risques sont très faibles, des
fonctions qui ne peuvent être confiées aux
indigènes.: télégraphistes, secrétaires, in-
lirmiers, etc.
Quant au service de santé, il donne
un maximum de rendement avec un mini-
mum de moyens : il manque à la fois de
personnel et de matériel.
Dans le voisinage de la dissidence, les
pistes sont souvent impraticables aux auto-
mobiles : les blessés doivent être évacués par
avions ; dans les endroits où les postes sont
accessibles, on a recours aux autos sani-
taires.
Tous ces moyens d'évacuation sont insuf-
fisants et en mauvais état.
Les avions sont usés et d'un modèle qui
ne leur permet pas de survoler l'Atlas, d'où
impossibilité de les utiliser la où leurs ser-
vices seraient précisément les plus précieux.
D'autre part, le type des autos sanitaires ne
répond pas aux besoins de la région s trop
hautes sur roues. elles canotent facilement.
Les infirmeries régimentaires de l'avant
n'ont pour* toute literie que -des paillasses i
l'hôpital de Casablanca n'est pas terminé
et les. malades sont encore dans des bara-
ques en planches. Seules, les installations
des ambulances sont convenables.
Le personnel médical traverse une crise
qui ne cesse de s'aggraver. Les médecins
passent dans l'administration Civile où des
situations brillantes leur sont offertes. Le
nombre des infirmières est inférieur à celui
qu'il devrait être. Les infirmiers vont deve-
nir par leur rareté, surtout avec le service
d'un an, une, source d'inquiétudes. graves
pour le médecin plutôt qu'une aide: Il y
aurait lieu de créer un corps d'infirmiers de
carrière si nous ne voulons pas courir à -un
désastre.
Doit-on chercher à réduire la zône de
dissidence? Par quels moyens? A côté de
nos postes fixes, la mobilité de l'ennemi nous
oblige à confier à une police volante s'àp-
puyant sur les postes autour desquels elle
rayonne, le soin de protéger les tribus
fideles et de maintenir notre autorité dans
les régions soumises. Cette mission est rem-
plie par des harkas formées d'indigènes
d'une indiscutable loyauté. Ceci dit, voici
comment se conçoit le problème de la réduc-
tion de la dissiaence.
La sécurité, assurée à nos sujets, crée ra-
pidement chez eux une prospérité bientôt
connue de nos adversaires. Le commande-
ment favorise, sous son contrôle, certaines
relations d'ordre économique entre tribus
soumises et insoumises, permettant à-ces der-
mière de venir se ravitailler et de commer-
cer avec les précédentes. Nos officiers du
Service des renseignements s'efforcent --alors
de gagner la conhance des rebeller et leur
font nies propositions de soumission. Dès que
leur sentiment de fidélité est suffisamment
éprouvé, leur soumission est acceptée et nous
avançons nos postes en pleine entente avec
les tribus nouvellement acquises à notre
cause. Nous trouvons dans cette méthode
l'avantage appréciable de maintenir avec les
dissidents un contact permanent, générat r
de soumissions et c'est, pour nous, le meil-
leur moyen d'être avertis d'une façon rapide
et sûre de la formation des Djichs et de leur
destination.
- Avons-nous au Maroc un cadre de mi-
litaires de carrière parfait? Le système ac-
tuel des relèves doit-il être continué? Non.
La guerre au Maroc nécessite une connais-
sance spéciale du pays et de ses habitants et
une tactique particulière. La guerre de. mon-
tagne comporte un long - apprentissage et
nous n'avons pas, au Maroc, assez de mili-
taires de carrière. Nous y avons par contre
de nombreux officiers venus passer leurs
deux années obligatoires sur les T. 0. E.
qui ignorent tout du Maroc et pour qui
l'heure du retour îst l'unique préoccupation.
Il faut rompre avec les errements actuels et
.supprimer le tôur de départ pour les T.O.E,
On peut et oh doit reconstituer" notre belle
armée d'Afrique d'avant-guerre.
Quelle est encore 1 importance Ge ia
dissidence? Il ne faut pas sous-estimer le
nombre ni la valeur des tribus encore insou-
mises et leur réduction doit être envisagée'
avec une extrême circonspection. Parmi les
Tégions où cherche à s'étendre notre in-
fluence, je citerai particulièrement le Tafi-
lalet, pays très riche, habité par une popu-
lâtWn très dense qui réclame depuis fort
longtemps notre uluveuiltni. Chaque ainreR,
à la rfcolte des att", cêr tribus paisibles
Mt.' rattiées par des band. de pillards wA
tiensMt da• «Mftor «plvriiiis. Notir fmrn
n'est pas facile, car, pour occuper les dasis
du Tafilalet, il nous faudwit des effectifs
imposants que nous n'avons pas. Nous de-
vons donc nous contenter d'établir des postes
à l'entrée nord de cette contrée.
Mais nous pouvons faire confiance à nos
officiers du Service. des Affaires indigènes
à qui incombe la délicate mission de préparer
les soumissions. Grâce à eux, nous progres-
sons lentement mais sûrement et nous ne
pouvons qu'approuver leurs méthodes habiles
et prudentes. Notre œuvre de pénétration
pacifique est tout à l'honneur de ceux qui en
assument la direction : M. le Résident Gé-
néral Lucien Saint et nos cheÇs militaires ;
et de ceux qui sont chargés de l'exécution :
notre service des renseignements et nos vail-
lantes troupes.
L'œuvre accomplie par la France au Ma-
roc est considérable, les résultats obtenus
sont des plus réconfortants. D'immenses do-
maines agricoles ont été mis en valeur, des
mines de phosphates sont en cours d'exploi-
tation, des prospections nous ont révélé
d'autres ressources minières (charbon
manganèse plomb argentifère). Si ces
richesses, juste rançon de notre occupation,
constituent pour nous la compensation des
sacrifices consentis, elles apportent égale-
ment aux populations indigènes une pros-
périté inconnue jusqu'alors.
La France peut être fière : elle a sorti le
Maghzen du néant.
Àoct*ur M* £ cMn.
Député de Parla
En Sorbonne
Les Berbères
»♦>
feudt 19 novembre.
A 1 h. 30, à la salle Liard, se soutenait
aujourd'hui une thèse de lettres bien propre
à nous intéresser.
M. André Basset, agrégé de grammaire,
directeur d'études des Hautes Etudes maro-
caines, chargé de cours à la Faculté d'Alger,
nous exposait devant ses pairs et collègues
deux textes extrêmement nouveaux et pro-
ductifs d'intérêt :
Etudes de GÉOGRAPHIE LINGUISTIQUE EN
KABYLIE (sur quelques termes berbères con-
cernant le corps humain). Thèse secondaire,
comme il est de tradition en Sorbonne à
présenter en premier lieu.
La thèse principale : LE VERBE BERBÈRE
(thème d'impératif aoriste et de prétérit)
tut défendue ensuite.
Le jury était des plus éminemment
choisi pour l'occurrence. M. Godeffroy De-
mortbynes, président (en remplacement de
M. Hendryes empêché par un deuil), MM,
Meillet. Destaing, Marcas, tous apparte-
nant,
Géographie linguistique en KabyHe
Ici les divisions administratives de Ka-
bylie ont servi de base à l'auteur. 11 eut
recours pour son travail, à des informa-
teurs. Un par douar, ce qui a permis à M.
Basset, de « rassembler n tous les éléments,
de .sa thèse d'un extraordinaire intérêt. 240
informateurs, pris dans tous les milieux, et
c'est-à-dire, un par 3.000 habitants environ
ont révélé « la linguistique » en usage dans
tout le territoire betbère. _Pour parler de
leur tête, les Kabyles ont au moins trente
mots. Cent, plutôt. La tête contient tant de
choses ! Et puis il y a l'accent et les « vé-
laites » sonores ou sourdes comme il con-
vient aux parlers berbères. Dans cette tête,
il y a un visage ô nuance Setolalj
Ahaggar, Ntifa ZeggûUj Nefousaj etc.
Il y a I'oeil, les yeux, la bouche, tout le
reste. dont le terme d'expression, la sono-
rité, se multiplient avec diversité à travers
toutes les Berbèries parlantes qui vont de
l'océan Atlantique à l'oasis de Siwa en
Egypte, de la Méditerranée au Sénégal, au
Niger et à l'Aïr ».
On voit le travail formidable de l'œuvre
qui les étudie.
On peut aussi se représenter la salle Liàrd
absolument vide à ce moment de la soute-
nance. 1
Le Verbe. Berbère
Certes, avec toute son autorité, toute sa
jeunesse et son studieux savoir, M. Basset,
agrégé de grammaire, fils d'un grand pro-
fesseur d'Alger, historiographe Berbère émi-
nent, à la reprise des débats aurait dû être
mort ou plus que jamais vivant.
Il était vivant.
En cinq points, très nets, il éxposa son
étude (on sait qu'une soutenance de Lettres
ne se passe pas comme une de Sciences).
Pour celle-ci, un tablëau noir. Un perroqueï
par mémoire. Trois jurés qui rêvent de leurs
tableaux noirs. Et' tout est pour le mieux
pour le meilleur des mondes scientifiques
s'entend.
L'objet de travail de M. André Basset est
plus profondément vivant et fertile. La lan-
gue Berbère, bien que très lointainement
pratiquée sur notre domaine colonialt. est
en honneur dans l'Atlas, au Maroc particu-
lièrement.
Le Berbère. n'a jamais fourni de langue de
civilisation. Pas d unité artificiellement cons-
tituée. Pas de langue uniformément répan-
due sur le territoire. Pas u icolë, d'histoire
de littérature écrite (si ce n'est l'ouvrage de
M. Henri Basset, père du candidat ; Essai
sur la littérature des Berbèresnous dit
M. André Basset. C'est une langue mdreelée
en une multitude de parlers.
Classer les formes par degré d'ancienneté,
commencer l'histoire de cette langue en re-
cherchant le sens des évolutions actuelles et
passées. Localiser géographiquement les faits
dialectaux et les tendances évolutives. Voilà
l'œuvre du candidat.
Certes, cette thèse fut copieusement criti-
quée par le jury. De part et d'autre, une
joute oratoire - brillante s'engagea. Le redou-
blement radical, la dérivation par suffixa-
tion, l'alternance vocalique ou Valternance
quantitative radicale, le vocalisme, etc., fu-
rent sujets à discours et nous gardèrent plus
de cinq hénres durant, épuisés et las, sur les
bancs durs de la satle Liard. -
Enfin, “M. André Bosser fut reçu docteur
t..1emlt avec memïair tttt honorable.
Et ce - fut que justice. -
aura§mais, m wu!IW JWJPPR
- La question
dès vins a a
> AI avancé aue dans
- le cas où la viticul-
ture de la Métro-
pole et celle de
ïAlgérie se met-
traient d'accord
four un contingen-
tement, ce tfest pas
sur le dos de ce bon garçon de payant que
le traité d? amitié serait conclu.
le comprends du reste que le consomma'
teur éprouve quelque crainte. Oit oublie le
plus souvent de l'appeler pour lui demander
son avis, et, quand les décisions sont prises,
c'est sur lui que le fardeau tombe, il-se
dit qu'il a connu tout Jécemment des épo-
ques où le vin était beaucoup trop cher pour
figurer sur les tables modestes, qu'à l'an-
t/éê actuelle de bas prix peut succéder une
année où l'ascension sera verticale et rapide,
qu'il suffirait d'une récolte déficitaire pour
qu'il se trouve dans cette alternative : ou
se saigner aux quatre veines pour continuer
à boire du pinard, ou se vouer à l'Aqua
FoJttis, Château-la-Pompe^ comme on plai-
sante en certains pays.
Cette crainte est vàine cependant. En effet,
dans la pensee de ceux qui ont dressé le
projet, ti doit être conçu et appliqué de telle
façon que l'Algérie puisse par ses ressour-
ces suppléer à un déficit de la récolte Cil
France, dans les années où il s'en produi-
rait tm, et que, dans les années où la récolte
en Algérie serait déficitaire, la France
puisse satisfaire à tous les besoins de la
cOllsommatioll. En d'atttres termes l'Algérie
est assurée que les 7/50 de la consommation
en France sont réservés à ses vins, lesquels
trouveront des prix normaux, et cela parce
que les vins français ne viendront sur les
marchés de la Métropole que dans la pro-
portion de 40 (je prends l'hypothèse où ce
seraient les chiffres de la C. G. V. qui
seraient adoptés).
D'un côté, un contingentement serait im-
posé aux vins de France ; une fois défal-
qués de l'ensemble des ressources viticoles
françaises les hectolitres absorbés par la con-
sommation non taxéet la distillation et les
exportatiolls, les viticulteurs français n'au-
raient le droit de porter sur le marché que
les quantités de vins répondant aux 40/50
de la consommation taxée, et ils seraient obli-
gés de présenter à la fin de la campagne « les
stocks contingentés, à défaut d'un certifi-
cat de distillation ou d'exportation P.
De l'autre côté, l'Algérie réglerait à sa
guise son contingentement intérieur, mais le
tfàimfttni sCfqit le' même ici et là. Prenons
l'exemple de 4924-1925 :
Les ressources viticoles de la France
étaient de 70 millions d'hectolitres, soit 67
de la récolte et 3*des stocks ; la consom-.
motion non taxée de 20 millions, la distil-
lation de 1 million, les exportations de
1.500.000 hectolitres ; pour ne pas dépas-
ser les 40/50 il aurait donc fallu contin-
genter 7.500.000 hectolitres, soit ir,i
La récolté d'Algérie était de ï0 millions ;
prélevons les importations autorisées suivant
la proportion de 7/50, nous arrivons au
chiffre de 7 millions, la consommation
taxée a été de 800.000 hectolitres, la con-
sommation non taxée de 1 million, les expor-
tations de 200.000 hectolitreSi le contingen-
tement aurait porté sur 1 million, soit 10 %,
proportion inférieure à celle de la France.
Mais, en cas de récolte anormale soit en
France soit en Algérie, les chiffres chan-
gent, les proportions varient, toujours en
vertu de ce fait qu'il est nécessaire de met-
tre à la disposition des consommateurs 50
millions d'heceolittes.
Oui, reprend cet autre, toutefois vous
devez prévoir le jour où cette consommation
taxée dépassera ce chiffre. D abord, cela
n'est fwf"probable ; quoiqu'on en pense, la
Métropole n'a qu'une facilité d'absorption
limitée ; supposons, si vous le voulez, qu'elle
augmente de 2, 3 millions d'hectolitres, sup-
posons qlte; par une propagande intelligente
et une distribution perfectionnée, le vin
fasse de ùouveaux adeptes; allons jusqu'à
supposer que la consommation taxée s'élève
en France à 8o millions d'liectolitres ; alors,
les proportions changent, et il est vraisem-
blable qu'elles changeront az; profit de l'Al-
gérie plutôt-que de la Métropole, car la
productipn en France est, elle aussi, limi-
tée par des raisons de climat, de pénurie de
tnain-d'oeuvre, et il n'est pas sûr qu'elle
fournisse régulièrement ses 40/50 pas plus
qu'elle ne tirera le bénéfice des conquêtes
faites sur les vins étrangers.
, N'oubliez pas, d'ailleurs, que toutes les
mesures auxquelles on songe, notamment
l'interdiction des vins anormaux, c'est-à-dire
des précédés qui, en multipliant la quantité
au aétribient de la qualité, ont fait plus de
mal au vin que le reste, vont diminuer les
torrents de mauvais pinard qui encombrent
le marché et dégoûtent les clients. Ce qui
est sûr, c'est que le client n'a pas à redou-
ter que le contingentement soit établi à ses
frais ; aujourd'hui comme hier, il aura tou-
jours à sa disposition les 50 millions d'hecto-
litres, une des idées essentielles de l'accord
étant que la viticulture française et la viti-
culture algérienne doivent se compléter ré-
ciproquement,
Mario Jtousfun.
Sénateur de l Hérault,
Ancien Ministre, Vice-président de la
Commisnion des Colonies.
.,.
LIRE EN SECONDE PAGE ;
Nos petites llesq par J. Perret.
Rue Ondinot.
Les vacances scolaires en Indochine,
Lee -Colonies à l1 Académie Française.
L?Aviation coloniale.
A rSxpoBitiçn Coloniale de Vinoennee,
t
De Compiègne à.
T ananarive ?
J 81
Entre deux coups de vent et des rafales de
pluie la conversation s'engàge : II s'agit de
savoir si, en ce morose dimanche de novembre,
je peux voir M. Sarradin, l'actif conservateur
du Château de Compiègne.
« Bien sûr qu'il est là me répond le gardien
du fond de son capuchon : seulement je vais
l'aviser de votre visite, des fois. »
Evidemment, un jour férié surtout, je puis
être indésirable, et j'attends patiemment, dans
cette cour qu'anima la magnificence des Napo-
léons « le Grand et le Petit » et qu'habite
maintenant une grandeur solitaire et mystique
comme dans une ville morte de la Perse ou de
l'Inde.
L'attente est courte, tout de suite les An-
nales Coloniales reçoivent un chaud accueil et
dans cette pièce glaciale, en dépit d'un im-
mense poële, les noms pleins de soleil de la
France d'Outre-Mer combattent victorieuse-
ment l'hiver.
Enlèvement.
Enlèvement I. comme dans les Romanes-
ques, de première classe et officiel ?
M. Sarradin sourit.
« t'artaitement mademoiselle, enlèvement
autorisé, et je recherche du reste sur les inven-
taires les tapisseries, les tapis de la Savonne-
rie, les fauteuils, les chaises, qui .ont été distri-
bués au petit bonheur dans les colonies fran-
çaises. Madagascar de préférence. Je ne
sais pas encore exactement pour où furent em-
barquées nos pièces Louis XV, Louis XVI,
et du Premier empire, etc.
Ce fut comme un jeu, vers la fin du siècle
dernier de démeubler les palais nationaux et
Compiègne se vit enlever nombre de meubles
qui constituaient une réserve, dont on se rend
compte, aujourd'hui, ..qu'elle nous fait singuliè-
rement défaut !
Erreur excusable au lendemain de nos con-
quêtes coloniales. Actuellement, il est permis
de penser que les demeures et bureaux officiels
de Tananarive et d'ailleurs pourraient être
meublés autrement. »
Tandis que M. Sarradin expose son point
de vue en conservateur soucieux de parfaire les
.Collections, ie me souviens d'un certain mobi-
lier empire découvert dans une habitation antil-
laise. rléjas ! le lit et les fauteuils se déman-
telaient sous l'action des termites qui abondent
sous le ciel tropical. Au fond d'un. « galetas »
et malgré tous les soins, certaines pièces
peu faites pour les pays chauds, avec leurs
laines et leurs soies, achèvent peut-être de
s effriter. Que reste-t-il, un aigle de bronze ?
mais pas un noeud Louis XV aux petits points.
points.
Je fais part de mes craintes à M. Sarradin,
son optimisme ne désarme pas
« Evidemment, d'avance il faut faire la
part du feu, mais au moins, nous rentrerons
en possession de ce qui reste. »
La rentrée au bercail
Ah ! comme « ce qui reste » tient au
cœur du zélé conservateur !
Il poursuit : a Sans vouloir dicter le moin-
dre programme aux gouverneurs de nos pos-
sessions françaises, l'on se plait à apercevoir le
jour peut-être prochain où, se pourvoyant de
mobilier dans leur propre domaine, et contri-
buant ainsi à mettre en valeur des essences
admirables, ces bois coloniaux dont l'emploi
en Europe est si couteux à cause du fret, ils
sauront participer efficacement à l'expansion de
nos arts appliqués et mettront en valeur le
génie indigène.
L'exposition coloniale est une occasion uni-
que pour préparer et exposer des plans d' en.
semble d'ameublements spécialement réalisés
pour le confort et la splendeur des habitation»
coloniales officielles. De grandes maisons de
meubles métropolitaines pourraient aussi con-
courir à la décoration des foyers de la France
d'Outre-Mer. Voici il me semble un inté-
ressant et bien' utile programme que l'on a, en
s'y prenant immédiatement, le temps de mettre
au point pour 1931. Et alors. »
« Et alors, je comprends fort bien, Monsieur
le Conservateur : ce qui a été indûment em-
prunté aux musées (Compiègne et Fontaine-
bleau) pourrait bien être rendu. »
Tandis que nous nous entretenons, dans
cette salle basse qui rappelle la Révolution et
son prytanée militaire, j imagifte les aventures
que fauteuils et bergères retour de lointains
pays. auront à raconter à tous les guéridons
bavards qui n'ont guère changé de place de-
puis le mariage de l'impératrice Marie-Louise
d'Autriche.
« Objets inanimés avez-vous donc une
âme ? »
Marie-Louise Sicaret
alb -1
CINÉMA COLONIAL
En Afrique
Dans la- salle du cinéma du Grand-Palais
vient d'être donné un film sous les auspices
de la Société Franco-Malgache. Les hydro-
glisseurs de M. René Cousinet assurent un
service rapide sur la Betsiboka de Majunga
à Tananarive et tendent à se multiplier, ils
sont appelés à assurer la liaison des côtes
avec la capitale de la Grande Ile.
Ces vues malgaches sont encadrées de
paysages pittoresques sur la Guinée. Un
voyage sur le Niger donne lieu à des péri-
péties amusantes et variées.
Le Niger, fleuve majestueux, est sillonné
de lourds chalands qui avancent parfois
malaisément à travers .les herbes, lorsqu'ils
s'engagent dans les marigots, ils sont sou-
vettt aux prises avec le manque d'eau et la
main-d'œuvre est nécessaire pour leur faire
franchir les chenaux presque asséchés. Puis
.la navigation reprend umq heurte.
La case aux livres
-0-
Écrivains coloniaux. et d'ailleurs
Par MARIE-LOUISB SICARD.
LA PRISE D'ALGER
par Gabriel Esquer
Il pleut des livres sur l'Algérie depuis
l'anecdote légère sur le coup d'éventail
jusqu'à l'œuvre substantielle, neuve telle la
Prise dfAlgert de M. Gabriel Esquer, le dis-
tingué et savant administrateur de la Bi-
bliothèque nationale d'Alger.
De la discussion-ne naît pas toujours la
lumière. Il est difficile de savoir exacte-
ment comment les choses se sont passées, au
cours de la fameuse réception du 30 avril
1827. Notre représentant à Alger, Pierre
Deval, a-t-il été frappé par le dey Hussein
sans aucune provocation de sa part? N'a-t-
il été, selon une tradition répandue à Alger,
que menacé et non touché ?
En vérité, l'épisode de l'éventail, dans le -
cours des événements et des années appa-
rait comme les trois coups annonçant le
lever du rideau. Le drame héroïque et glo-
rieux s'ébaucha dès la conclusion des pre-
miers marchés entre la Convention puis le
Directoire et les profiteurs de guerre :
Bacri et Busnach, juifs livournais, chefs de
la communauté israélite d'Alger.
Au temps de la « Patrie en danger », les
achats de denrées s'imposaient à n'importe
quel prix. La plupart des marches nous étant
fermés, on peut imaginer avec quel brio les
profiteurs Bacri et Busnach faisaient mon-
ter notre dette. A force d'acheter 100 et 120
francs la charge de blé qui pouvait être li-
vrée au prix de 42 fr., la République devait
déjà aux juifs algériens 2 millions en 1795 et,
d'intérêts en intérêts, 8.151.000 francs au
temps du Consulat. Les lameuses créances
Bacri, comptes de ménage et politique exté-
rieure, fermentaient tant et si bien entre la
France, la Régence d'Alger et l'Angleterre
que l'on ne s'étonne nullement de l'explosion
du 30 avril 1827.
La mentalité « toute levantine » de notre
représentant à Alger, Pierre Deval, fut
l'étincelle qui mit le feu aux poudres. Ainsi,
les événements gravitaient en dépit des vo-
lontés humaines. A Paris les hommes d'Etat
aveugles n'attachaient d importance ni aux
colères répétées du dey Hussein, ni à la li-
quidation des créances d'un juif algérois,
encore moins aux habiletés peu scrupuleuses
de Pierre Deval.
Dans l'ombre, en marge de la politique
ignorante si souvent des hautes destinées
d'un pays, les événements prenaient « leur
poids, leur nombre, leur mouvement et vi-
tesse. leurs conséquences. »
Ainsi, ayant échappé, vivante encore, aux
discussions parlementaires, la conquête de
l'Algérie s'imposait à la France malgré l'hos-
tilité véhémente de certains membres du
gouvernement et les campagnes de presse
aussi violentes qu'incompréhensibles, en
dépit du mécontentement de l'Angleterre.
Le merveilletpe de la conquête de l'Algérie
réside bien moins dans la gloire militaire
(qui pourtant fut grande) que dans l'extraor-
dinaire gravitation des événements au cours
des années. Comparables aux asvres dont la
marche échappe aux terriens, les destinées de
la France en Afrique du Nord grandirent
dans une sorte d'éther inpondérable proté-
gées contre les couardises et les appétits des
partis. Les créances Bacri, l'irascibilité Ou
dey Hussein, la félinité de Pierre Deval,
sont autant de causes très modestes qui au-
raient pu ne pas quitter l'ambiance des tri-
bunaux.
Ces petites causes devinrent, ô miracle! la.
Prise d'Alger, l'éclatant début de notre ins-
tallation en Afrique.
Dans le livre suggestif de M. Esquer nous
revivons tout le pittoresque de l'expédition
et les curieuses origines d'une. affaire qui
était, en vérité, le commencement d'un em-
pire.
(Larose, éditeur.)
LA PRISE D'ALGER
par Henriette Célarié
Un récit d'autrefois et cela commence tout
comme une idylle par « un après-midi de
printemps africain ». En ce jour du 30 avril
1827, dernier du Ramadan, le ciel seul était
tendre au-dessus d'Alger; sur la terre em-.
baumée du parfum des fleurs, l'orage gron-
dait au cœur du dey Hussein
Mme Henriette Célarié conte prestement
cette Prise d'Alger, aventure que d'aucuns
imaginèrent sans lendemain. On se prend à
bénir le destin qui s'est servi de ce frêle
symbole, un éventail en plumes de paon,
pour forcer la France hésitante,à saisir la
tortune au passage.
(Librairie Hachette.)
LES GRANDES FIGURES
DU CENTENAIRE
Alger 1830-1930
par Paul Rimbaud
Après les événements, les hommes. M.
Paul Rimbaud, dans des pages empreintes
d'un émouvant patriotisme, nous retrace la
vie de quelques-uns, choisis parmi ceux qui,
sur la terre d'Afrique, ont gagné leur sa-
laire de gloire. cc Les jours éphémères de
l'homme valent moins qu'un beau geste que
l'éternité .retient. » Les Bugeaud, les Lamo-
ricière, Mgr Lavigerie, le Père de Foucauld,
etc., servirent non seulement la France,
mais l'humanité entière, en l'exaltant par
l'héroïsme de leur vie. Ainsi, grâce à un pe-
tit nombre d'hommes supérieurs, le monde
apparaît, malgré toutes les misères, toutes
les laideurs, comme un don magnifique dis-
pensé par une élite à la multitude.
Les grandes figures du Centenaire de
l'Algérie appartiennent à cette élite qui ci-
vilise vraiment les hommes par une supério-
rité avant tout d'ordre moral.
Larosc, éditeur.
LA MONTAGE BERBERE
par
LE CAPITAINE SAID GUENNOUN
« Tout Berbère avec son fusil est roi ! ».
Ce proverbe qui court depuis longtemps
dans l'Atlas est plus vrai que jamais, au.
jourd'hui où nous nous trouvons devant le
problème de la soumission du dernier bas-
tion dissident. Le Protectorat marocain la*,
toujours compris l'importance de la questiaa
berbère. Or, le fameux dahir du 11 septcm.
bre iqt4 ayant décidé que « les tribus de
coutume? berbères, sont et demeurent rêgici
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