Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-12-17
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 décembre 1929 17 décembre 1929
Description : 1929/12/17 (A30,N183). 1929/12/17 (A30,N183).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62806533
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
TRENTIEME AINNZE. - Nv 183. LE NUMERO : ^CENTIMES MARDI SOIR. 17 DECEMBRE 1929.
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Les Annales Coloniales
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Le problème de rAMque da Nord
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1 -
Le problème est là, toujours devant nous:
menaçant, écrivent ceux-cij' inquiétant, se
contentent d'écrire ceux-là; en tout cas,
grave et permanent.
J'ai relu le, livre qu'écrivait en 1868 cet
universitaire passé au journalisme et à la
politique, qui s'appelait Prévost-Paradol, et
qui, deux années avant de se rallier à l'Em-
pire, annonçait la décadence du pays et pré-
sagedit la défaite. Mais il nous restait di-
sait-il, une dernière ressource : cette Afri-
que du Nord, où, débordant sur le Maroc et
sur la Tunisie, 80 à joo millions de Fran-
çais, fortement établis sur les deux rives
de la Méditerranée, au cœur de l'ancien
continent, maintiendraient à travers les
temps, le nom, la langue, et la légitime
considération de la France.
< Terre française, ajoutait-il, qui doit être
le plus tôt possible, peuplée, possédée et
cultivée par des Français. » Par cent mil-
lions de Français! Ce normalien littéraire
calculait largement, trop largement, hélas!
Plus de soixante ans après, nous en sommes
encore loin de compte. Où en sommes-nous
exactement ? 4
Avons-nous besoin de faire remarquer
après* tant d'autres que le problème est tout
différent suivant qu il est question des dé-
partements français de l'Algérie, ou des
pays de protectorat, la Tunisie et le Maroc?
Dans ces derniers, la politique du peuple-
ment est dominée, avant tout, par des préoc-
cupations d'ordre politique, administratif,
économique; c'est, pour ainsi parler, un pro-
blème de cadres; quantité sans doute, mais
avant tout, qualité. Au contraire, dans nos
trois départements français d'Algérie, qua-
lité et quantité sont notions inséparables;
peuplement, natalité doivent être considérés
d'un autre point de vue.
Les observations les plus réconfortantes
sont celles que l'on fait au Maroc. Dès le
recensement de- 1926, on s'est écrié, non
sans raison : cela va mieux. Sur les 4 mil-
lions 229.000 habitants recensés, on compte
4.124.400 indigènes (Berbères pour la plus
grande part). Restent 104.600 Européens»,
• sur lesquels 74.558 Français dont 62.223
citoyens, et. 12.335 sujets et protégés. Je
fais grâce au lecteur du fatras des statis-
tiques détaillées. On peut dire que sur 100
Européens au Maroc; il y a 71 Français,
K Espagnols, 10 Italiens. Population euro-
péenne qui augmente parce que l'immigra-
tion se développe à mesure '« que la métro-
peïe -est- mieux -renseignée .«Ur les facilités
offertes à qui veut faire son chemin. Mais
immigration est en raison directe de la
natalité dans la France même, et qu'elle ne
saurait se développer, comme nous le souhai-
terions. si nous restions un pays de fils uni-
ques c est-à-dire de candidats fonctionnaires
ou de candidats aux successions paternelles.
̃ Il y a eu en 1925-26 un excédent de 44.500
arrivées à Casablanca sur les départs; plus
de la moitié dé ces excédents, 24.100, est
représentée par des arrivées de Français.
En attendant que le nombre des nou-
veaux débarqués s'accroisse, n'est-il pajp*
d'une excellente politique de favoriser les
naissances dans les familles des débarqués
d'hier et d'avant-hier? Il y a tout un ensem-
ble de mesures qui peuvent être prises; au-
cune d'elles n'est souveraine; leur ensem-
ble doit immanquablement avoir des résul-
tats heureux. La Revue de l'Alliance Natio-
nale pour l'accroissement de la population
français signalait que 1.200 Français, pè-
res de fàmilles nombreuses, avaient formé
au Maroc une Fédération afin d'obtenir peu
à peu que les lois françaises de protection
des familles nombreuses fussent appliquées
dans ce pays dé protectorat. La Revue suit
lès succès obtenus par la -Fédération; ainsi,
elle a Obtenu, pour l'attribution xfes lots de
colonisation, un droit de priorité en faveur
des familles nombreuses, et, pour les élec-
teurs au troisième collège du Conseil du
Gouvernement, une voix supplémentaire
pour quatre enfants mineurs. C est. une pre-
mière tentative de vote familial. Nous
n'avons pas ici à en discuter la valeur ni
l'opportunité; nous n'avons qu'à constater
cette série de, mesures et à en dégager le
sens, à en montrer le but. On objectera une
fois de plus que ce n'est pas par des pers-
pectives de ce genre qu'on décidera nos
Français au Maroc - à - mettre au - monde -- plus -
de petits Français. Eternelle dispute. Le
bon sens répond que le mieux est l'ennemi
du bien, qu'il est préférable de faire quel-
que chose que de ne rien faire, du tout, et
que, même si un encouragement n'est pas
toujours entendu, une récompense est tou-
jours bien accueillie et bien comprise.
Observations analogues pour la Tunisie.
Mais" là la, situation est moins bonne. En
iM6 on recense 2,160.000 habitants dont
1.9861400 indigènes. Restent 173.600 re-
censés; sur lesquels 71.020 Français et
89. a t6 Italiens. On calcule qu'il y a 51
d'Italiens contre 41 de Français. Non
pas que l'immigration française, que la na-
talité française ne soit pas en progrès. Son-
ges qu'en 1891, il n'y avait pas 10.000
Français en Tunisie, et qu'en 1921 il n'y
en avait que 34-477. f augmentation est
donc très importante. Elle est due, hâtons-
nous de le dire, moins -à l'immigration qu'à
la natalité; en 1921, il y avait 19.656 Fran-
çais nés en Tunisie ; en 1926, il y en a
33.272. t
Mais la concurrence italienne est très
forte. Il y avait, en 1881, 19.000 étrangers
en Tunisie, dont llmmense majorité était
des Italiens. De 1S98 à 1901, les Italiens
arrivent en foule, surtout de la Sicile, et
achètent prfes de 12.000 factures. Sans dou-
n* ce ntuuvew&n de eotaniUHon italienne a
- 4 pendKflt ta imites de la
v
i -
1
guerre, puis parce que la main-d'œuvre indi-
gène est plus utilisée, puis aussi parce que
la Tunisie connaît de non côté les périodes
de mévente pour ses vins. Mais tout cela
n'empêche pas qu'au lendemain de la guerre,
en 1921, 11.400 hectares étaient aux mains
d'étrangers, 14.900 étaient possédés par des
Maltais, 60.700 par des Italiens; je n'ignore
pas que 554.000 étaient aux mains de Fran-
çais, mais attention 1 tandis que les proprié-
tés françaises sont de vastes domaines, les
propriétés Italiennes sont petites et, à peine,
moyennes, et cela dès le début. En 1892,
116 propriétaires exploitaient 416.000 hec-
tares sur 433.000 appartenant à des Fran-
çais. Avant la guerrè, 93.850 hectares
avaient été lotis en 812 lots pour des famil-
les françaises; eh 1914, il n ep restait plus
que 509 exploités par des Français. Je sais
bien que, depuis, on a modifié profondément
la législation relative aux aliénations de
terres domaniales, aux cessions de lots, au
crédit 'agricole, etc. Soyons confiants mais
attentifs.
Et jetons les yeux sur le tableau ci-après:
Naturalisations
automa- indivi-
tiques duelles Total
Italiens.#. » 3.850 3.850
Maltais 5.000 500 5.500
Européens 50 175. 225
Israélites 100 1.230 1.330
Musulmans 10 350 360
Français de race. » » 5.235
Telles sont les « nationalités » des
« Français » recensés en 1926. Qu'est-ce à
dire sinon que le nombre des « Français.
s'accroît par les naturalisations? De 1921 à
1926 le nombre de nos nationaux augmente
bien de 16.543 habitants, mais parce que
le décret de novembre 1921 attribue la qua-
lité de Français aux enfants qui naissent
en Tunisie d'un étranger né lui-mêmfe~en
Tunisie, et parce qu'il y a pas mal de natu-
ralisations individuelles.
Là aussi il est donc nécessaire de donner
satisfaction aux familles nombreuses; n
aussi elle se sont groupées; là aussi elles ont
obtenu de la résidence, non pas des privi-
lèges, mais des avantages légitimes; octroi
de 20 millions pour des logements familiaux
voix supplémentaire pour quatre enfants mi-
neurs aux élections du Conseil Supérieur de
la Régence ; toutes ces mesures doivent être
complétées par d'autres si l'on veut appli-
quer une politique de natalité plus indis-
pensable que partout ailleurs. N'v a-t-il pas
là-bas, entre autres, des Sociétés qui har-
diment déclarent se fonder pour arracher
les enfants à l'influence étrangère? Vous
entendez bien que ces « étrangeri;, i, c'est
nous. L'une d'elles s'abrite sous le nom de
l'immortel auteur de la Divine Comédie.
C'est un magnifique patronage, mais qui
sert efenseigne à une œuvre sur laquelle
nous devons constamment avoir les yeux
fixés.
Maritr Hoêamtan.
n Sénateur de VH'èrauit^
Ancien Ministre, Vioe-président de la
Commission des Coloniet.
Tapisserie, porcelaim. et colonies
«
Il faut féliciter avant toute chose M. Jean
Ajalbert, directeur de la Manufacture de
Beauvais. d'avoir organisé avec autant de per-
sévérance que d'habileté la magnifique expo-
sition de tapisseries et de céramiques des Ma-
nufactures Nationales de Beauvaia, Gobelins
à Paris.
et Sèvres, féliciter également M. Galicier. pré-
11 faut
sident du Conseil d'administration du Bon
Marchét et MM. Puissant, Dalies et Sabre,
directeurs, d'avoir, dans le cadre merveilleux
du rez-de-chaussée de l'annexe des Grands
Magasins de la rue du Bac, fait avec beau-
coup de goût et de soin une présentation par-
ticulièrement heureuse des productions de nos
grandes manufactures nationales.
- C'est la première fois qu une initiative aussi
hardie est tentée pour vulgariser les admirables
travaux réalisés par les artistes incomparables
qui, de génération en génération, assurent le
grand retioin de nos manufactures.
Signalons. parmi les chefs-d. œUvre exposés
provenant de la manufacture de Beauvais, un
original ensemble dû au bon peintrè René Piot,
un orientaliste dont les Annales Coloniales
ont déjà parlé d'un écran, un canapé et
six fauteuils montés sur bois de A.-A. Rateau.
un écran de scènes arabes pleines de vie, monté
sur bois de Du frêne, des sacs où on retrouve
la -facture des très bons alrtistes au premier rang
desquels il faut mettre MM, J. ae Feure et
Jacques Simon. -
If faut louer sans réserve 1 effort constant
réalisé par M. Jean Ajalbert pour créer, mal-
ère les difficultés, un style Troisième Réça-
itqu. Dès maintenant, on peut dire qu un
jour prochain, il aura après les balbutiements
inhérents à une initiative aussi délicate, pleine-
ment réalisé son oeuvre et les coloris du laines
si spéciaux à la 'Manufaeture Nationale de
Beauvais, les bois, les tableaux reproduits mar-
quent sa volonté passionnée de faire quel-
que chose de neuf et de bien.
Sèvres a envoyé quelques-unes de ses ou-
vres récemment éditées, et les Cohelin. une
série de grandes tapisseries défconhves dans la
tradition de cette vieille maison.
A l'inauguration qui avait été suivie d'un
déjeuner intime, avaient pris part 1 élite du
momie artistique groupée autour de MM.
Pierre Marrtrad, An^Frw^^cet etla
direction du Sommi. Chabas, Paul-
Léoiw André HomwpW Jftwnd David, Id.
nnftd Htrrocomt. Y. RamboMM. Capiello,
Cavîllon, Pierre wwffier, etc., eic,-
,.. a.
La beautéde Tunis
i
~J)~
~?
UNIS la Blanche, voici
Ju'à leur tour deux
de ses admirateurs
passionnés Claire et
Charles Géniaux,
tout en célébrant
son charme indo-
lent, poussent un
petit cri d'alarme
en sa faveur.
Certes Tunis con-
serve - son incompa-
rable cachet : l occupation française a, de ci
de là, peut-être légèrement compromis son
caractère, mais, tout compte fait, notre
présence danlla Régence a transformé, sans
trop de dégâts, la capitale et ses abords.
Faut-il rappeler ce qu'était Tunis, il y a
cinquante ans : une ville arabe avec quel-
ques maisons françaises greffées entre les
souks et le lac. La ville européenne, c'était
l'avenue de France, la rue d'Italie, la tue
Sadiki, la rue El Djasira. Du côté du port,
jien que des marécages, de la boue, des ca-
oanes en fer blanc ou en bois, l'avellue
Iules-Perry un projet, la ville européenne
commençait à la Porte de France et finis-
sait à la Maison de France et à la Catlté-
drale. Aujourd'hui le beau quartier euro-
péen s'étend sur ces anciens terrains mal-
sains et mouvants, dans lesquels les maisons
s'engouffraient vite quand l'infrastructure,
n'était pas solidement et profondément as-'
surée. le me souviens, il y a plus de trente
ans, avoir vu quelque part sur la future
avenue Iules-Ferry, un immeuble en cons-
truction s'enfoncer d'un étage ou presque à
cause de l'insuffisance de ses soubassements.
Depuis, depuis, c'est le quartier européen
chic, banal dans son ensemble mais net et
Pas trop inharmonieux.
Autour de la Kasbah, toutes les direc-
tions ou ministères. C'est le même sys-
tème qui a été appliqué à Rabat par le Ma-
réchal Lyautey.
Claire- et Charles Géniaux déplorent la
disparition des souks, de leurs exquises
petites boutiques, pas plus grandes que des
armoires peinturlurées de rouge et de vert,
embaumées pour « arba sourdis » (quatre
sous) par les vapeurs de l'oliban d'un encen-
seur. La faute en est aux israèlites épris de
magasins rectangulaires à la manière de la
ville trallçtlÎse, aux Siciliens bruyattls et
noirs de vêtements, s'infiltrant dans les
quartiers arabes pour débiter leur « vino
nero » et aux musulmans, les plus riches,
qui ont faitf eux aussi, des magasins mo-
derms de Iturr anc.êstraies maisons, :
Myrriam Harry, joignez-vous au petit mé-
nage Géniaux, joignez-vous à tous ceux qui
aiment la langueur suave de Tunis la Blan-
che pour sauver la rue et l'impasse ~Ben Ziad « qui avec le svelte minaret de
« la mosquée, les boutiques pittoresques, la
« vieille treille et le cyprès se détachant
« sur la blancheur des murs, séduisent tous
« les yeux sensibles à la beauté du décor
« arabe. »
L'hôpital Sadiki a besoin d'être agrandi,
les services de la chirurgie et les consulta-
tions étouffent. Faut-il et peut-on les trans-
porter à l'hôpital indigène sur la colline de
la Rabta ?
Si l'hygiène est d'accord avec Vesthéti-
que pour assainir Vititmonde Hara, l'ancien
ghetto où grouille une population atteillte
de tuberculose, dans le cas de l'hôpital de
Sadiki, le progrès et la science semblent en
opposition avec les vestiges attirants dit
passé.
Il appartient à M. François Mattceron de
décider entre ses services, Beaux-Arts, Inté-
rieur, Hygiène et santé publiques. En dé-
finitive, ce dernier doit Vemporter, s'il y a
conflit. Tous les vestiges du passe doivent.
s'effacer devant la vie.
Morcef Raiecfef -
<«(•> I
L'Italie et nous
Vive l'Italie
D'après un correspondant du Mominll Post
à Rome, l'Italie renoncera à l'égalité navale
avec la France, si les principales questions
franco-italiennes ayant trait à II Afrique du
Nord et à la Méditerranée sont en principe
réglées à l'amiable et de façon définitive.
L'Italie demanderait alors la conclusion d'un
pacte franco-italien d'amitié et de coopération
qui rendrait automatiquement inutile la concur-
rence navale entre ces deux puissances.
Amitié ? Coopération ? Oui, voilà sur quoi
peut se fonder un avenir de paix et de grande
prospérité.
Mais quelest ce mysticisme ?.
Un rédacteur du Giomale J'llalla, après un
long voyage en Afrique Noire, termine la rela-
tion de son enquête par ces étranges assertions :
« L'histoire est tracée avant tout par les
énergies spirituelles qui sont ? les forces qui
comptent le plus, en tant qu'elles établissent
le système des cycles séculaires. » rédacteur
Pour cela, d accord. Mais le rédacteur
ajoute :
« Et ces énergies ne peuvent être itradiées,
maintenant que par un peuple, par une nation,
par une race marqués pour. ce destin pat (a
grâce divine. En Afrique, dans un continent
où la civilisation pénètre rapidement à travers
des formes et des manifestations purement mé*
caniques, les énergies spirituelles italiennes
peuvent marquer une profondè empreinte et
affirmer dès maintenant un droit de primauté
sans trop de difficultês de concurrence. »
Là, ça ne va plus.' Nous avons payé trop
cher pour savoir ee que pouvait coûter la pré-
tention de l'Allemagne de Guillaume 11 à
être un peuple élu.
Notre ambition, à nous ? Cultiver en paix
nette jsrdhnr
Pauvre enfant
«
Çui ! pauvre enfant dont les huit ans sont
déjà lourds d'un passé combien tragique et
profond dans sa simplicité navrante.
Admis à l'hôpital Saint-Louis avec les
deux pieds gelés, il est sur le point d'en
sortir amputé de l'un et ne gardant plu?
que la moitié de l'autre. Il s'appuie sur deux
cannes.
Trouvera-t-il en quittant cet asile de souf-
frances la tendresse d'un papa et d'une ma-
man laissés en Guyane?. Non.
Hélas ! non ! il sera saisi par des mains
fnercenaires qui achèveront leur œuvre, je dis
leur œuvre, car Noël Nelson dit « Petit
Noël », pseudonyme touchant, est la mal-
heureuse victime d'un, couple qui vit des
subsides qu'un père, colonial, au loin, envoie
à ces gens en qui il a mis toute sa confiance.
Il ignore, ce pauvre père, qu'il ne reverra
son enfant qu'infirme pour ia vie et ceci à la
suite des sévices de ces gardiens. -
Je m'imagine sans peine ce pauvre enfant
couché sur un grabat dans une pièce sombre
couché sur un grabat dans une -haillons, ex-
et glaciale, grelottant sous ses haillons, ex-
posé aux morsures cruelles du gel de l'hiver
dernier et enfin les deux pieds gelés.
L'hôpital lui apporte ô ironie la lu-
mière, la chaleur, des soins éclairés.
N'est-ce pas un hâvre pour lui? Cantonné
dans un mutisme obstiné les premiers temps,
il a peu à peu repris son visage d'enfant aux
grands yeux doux et s'est livré à quelques
confidences.
11 nous a révélé le quasi-mystère de sa
pauvre existence et son effroi à la pensée de
.rentrer chez ce couple cupide et méchant.
Autour de lui on fait bonne garde et les
instances de la femme qui veut le reprendre
éfe heurtent à un refus catégorique.
Mais, hélas! l'Administration dans sa
logique impitoyable ne consent pas à le gar-
der, elle le juge guéri et capable de mar-
cher avec ses cannes.
Dilemne angoissant! Va-t-il regagner le
logis de misère et de privations? ,
Puisse notre cri de détresse, par la voie
des Annales Coloniales être entendu par le
père qui est trompé d'une singulière façon !
J'ttisse cette simple esquisse mettre fin à
un drame qui est celui malheureusement
d'une longite t * de pauvres p eiits êtres.
d'une longue théorie de pauvres petits êtres.
Aené Pradiê.
Dépêches de rlndochine
el
La foire d'Hanoi
Le Gouverneur général Pasquier a vi-
sité dans la matinée de samedi, la foire
d'Ilanci. Il a été reçu à 9 heures par le
président de la Chambre de Commerce
Perroud, également président du Comité de
la Voire. M.. l'asquier, accompagné du Ré-
siflent supérieur. Robin et du secrétaire gé-
jjL&ral Graflueil s'est intéressé vivement à
Ireffort dlrprésuritation des produits réalisé
par les fermes indigènes.
Il s'est arrêté longuement au pa'villon des
Indes Néerlandaises présenté par Mlle
Salleger, fonctionnaire au département du
commerce à Java, et au pavillon de Co-
chinchino. Il n'a quitté la foire qu'à midi
sonne après avoir félicité le comité pour
l'importance du matériel agricole dont
les diverses marques exposées conipren-
nent notamment des installations de ri-
zerles et des stations de pompages. Le suc-
cès est vil auprès de la foule indigène.
La participation indigène
à l'Exposition de 1931
La Commission indigène instituée en vue
d'une participation à l'exposition èolonia-
le de 1931, et qui groupé les personnalités
annamites les plus qualifiées, a tenu sa
première réunion sous la présidence de
l'inspecteur des al/aires politiques, prési-
dent de la commission de participation de
Cochinchine.
Elle a examiné les manifestations les
plus propres à montrer au public fran-
çais et étranger les divers aspects de la vie
intellectuelle, artistique, économique et
sportive de la population indigène. Les arts
anciens et modernes du bois et du métal,
la musique, le théâtre seront représentés.
On envisagé la reconstitution de scènes ty-
piques de 1 vie annamite, comme le ma-
riage et l'enterrement, dont le pittoresque
permet d'escompter un vil succès, et qui
contribuera A faire mienx connattre et ap-
précier par le public français la civilisa-
tion du peuple protégé.
- - -
Une Commission d'enquête en Chine
La commission internationale d'enquête
dont fait partie le correspondant de
l'Agence Inaopacifi à Harbin, est partie
vendredi par train spécial, mis à sa dispo-
sition par la direction de l'Est Chinois,
pour MandouJw, terminus actuel de la li-
gne. Elle continuera ensuite vers Mand-
chouli, si les Soviets autorisent le voyage
sur la portion de ligne occupée par eux.
ISlle envisagera les mesures à prendre pour
le rétablissement du service du transsibé-
rien, elle enquêtera sur la situation des
entreprises françaises et de la missiom ca-
tholique. à Mandchouli, ainsi que sur le
sort de deux Français, dont on est sans
nouvelles depuis le milieu de novembre.
4»
Le grand prix littéraire
de l'Algérie
Réuni hier à la direction de l'intérieur, le
Réuni hier à la direction de l'intérieur, le
jury du grand prix littéraire de l'Algérie a
décidé à l'unanimité de soumettre à 1 appro-
bation du Gouverneur général la désignation
comme lauréat pour 1929 à la veille du
Centenaire de Robert Randau pour l'en-
semble de son oeuvre.
Robert Randau n'avait pas posé sa candida-
ture. Il est né à Alger en 876, Son œuvre
littéraire est fort importante et tout entière con-
sacrée à l'épopée algérienne et coloniale.
Rappelons qu'un de ses romans, Le Chef
des porIe-plumes, a reçu de la critique de nom-
breux éloges et fut accueilli par le plus franc
succès par le public,
Robert Randau, en réalité Robert Arnaud,
est administrateur en chef des Colonies, et a
occupé récemment avec distinction le poste de
gouverneur intérimaire de la Haute-Volta.
Son ouvre littéraire compte un nombre déjà
impoetant cfocvrffl.
L'Aviation Coloniale
Sans nouvelles
de Roux, Gaillol et Dodement
On reste sans nouvelles de l'équipage
Roux, Gaillol, Dodement, arrivé samedi der-
nier à. Reggan en route* vers Madagascar.
La grande rareté de communication dans
les pays sauvages survolés laisse cepen-
dant tous les espoirs de voir le raid lie
poursuivre sans accrocs.
Rarement nous avions assisté en France
à Un tel envol d'avions de raid. Vers les
quatre points cardinaux, nos yeux se por-
tent tour à tour pour suivre chacun de ces
audacieux équipages : certains déjôf nous
donnent bien de l'angoisse et d'autres lais-
sent espérer les plus éclatants succès.
Une ll telle eruvolée est un prestigieux
rayonnement national ; c'est encore un
lien plus étroit qui unira la métropole et
ses colonies pour qui désormais- le déca-
lage du temps s'amincira chaque jour,
grâce à l'audace toujours croissante de nos
admirables pilotes.
L'équipage Lassalle et Rebard
donne des inquiétudes
La journée d'hier n'a apporté aucuno nou-
velle concernant les aviateurs Lassalle et
Hebard et le mécanicien Faltot, qui avaient
quitté l'aérodrome de Tunis samedi soir à
21 h. 30, 4 destination de Benghazi. Las-
sale et ses compagnons de route avaient
pris le départ du Bourget pour entrepren-
dre un voyage démonstratif vers Saïgon.
On pensait dimanche soir que la ferme-
ture dominicale des services télégraphiques
en Tripolitaine était la catuse du silence de
nos compatriotes. Aujourd'hui il ne peut
plus en être ainsi et à est à présumer que
pour un motif non déterminé ils aient été
contraints de se poser, en un endroit éloi-
gné de toutes communications.
Avant leur départ de Tunis, Lassalle et
Hebard avaient fait part de leurs intentions
de longer la côte plutôt que.de traverser le
golfe de Gabès.
L'équipage Le Brix et Rossi en plein vol
Les coinditions atmosphériques ayant été
jugées favoraibies, les aviateurs Le Brix et
Rossi ont pris leur vol hier, à 11 h. 55, de
l'aérodrome du Bourget, en vue d'accom-
plir dans un temps minimum la liaison aé-
rienne Paris-Saïgon à bord de leur mono-
plan Potez-Hispano-Suiza 600 chevaux.
Le départ s'est effectué dans d'excellen-
tes conditions. Bien avant qu'il ait terminé
le survol de l'aérodrome, l'avion avait pris
de la hauteur et se dirigeait vers le sud.
Le but de la première étape de ce raid
est Benghazi, dans le golfe de Syrie.
Les aviateurs emportent 2.600 litres d'es-
sence et 250 litres, d'huile. Ils ont à bord
* un appareil émetteur de T. S. F. de 250
watts. Toutes les heures, de 1 heure à
1 h.10, sur une longueur d'onde de 27 m.OU;,
Le Bi-ix transmettra *M position aprèe la
communication automatique de son, indica-
tif F. A. J. H. U. Le Brix et Rossi empor-
tent avec eux 41 kilos de fret postal.
Les premières heures de vol s'effectuè-
rent sans incidents. On signala successive-
ment le passage de l'avion à Montargis, à
midi 40 ; au Greusot, à 13 h. 12, à Istres, à
15 h. 45 ; à Saint-Raiphaël, à 16 h. 5.
Puis ids frandhissuient la Méditerranée
par la Corse et la Sardaigne et se trou-
vaient à Bizerte à 20 h. 25 et à Sousse à
22 h. 5. Ils survolaient à 6 h. 40 ce matin
Woici
Benghazi.l'itinéraire que doivent suivre Le
Brix et Rossi : Nevens, Lyon, Avignon,
Saint-Raphaôl, la Corse, la Sardaigne, Tu-
nis, toute la côte jusqu'à Port-Saïd, la mer
Morte, du milieux de laquelle ils piquerons
sur Bagdad, sans survoler cette ville.
Ensuite, ils emprunteront l'Euphrate jus-
qu'à Bassora, et de là ils suivront la côte
du golfe Persique et do l'océan Indien jus-
qu'à Karachi. De cette dernière ville, les
aviateurs seront guidés par la voie ferrée,
en passant par Jodpur, Agra, AlLahabad,
Gaya et Calcutta. Ensuite, il suivront la
côte jusqu'à Akyaib, puis ils reviendront
jusqu'à Rangoon, reprendront la côte jus-
qu'à Moulmeir, puis atteindront Bangkok,
Pnom-Penh et Saïgon.
Pour ce voyage de 12.000 kilomètres en-
viron, l'équipage ne prévoit que les qua-
tre étapes suivante : Paris-Benghazi, Bon-
ghazi-Bassora, BassoraAllahabad et Ala-
habad-Saïgon. A Benghazi et à Bassota,
deux heures d'arrêt seulement sont pré-
vues, tandis qu''à Allahabad les deux avia-
teurs passeront l'après-midi.
Si tout va bien, le raid doit être accom-
pli en une centaine d'heure, escales com-
prises.
Après un arrêté de quelques jours à SaI-
gon, Le Brix et Rossi. reprendront le che-
min du retour par le même itinéraire.
A propos de la Société Générale
Aéronautique
A propos de la constitution de la Société
Générale Aéronautique, le ministère de
l'Air fait connaître que cette réalisation a
reçu son approbation en tant qu'elle est
conforme à la politique de concentrai ion
des industries de l'aéronautique qu'il nu
cesse de poursuivre.
En ce qui concerne les conditions et
modalités de cette constitution, il convient
de noter qu'elles ont été librement arrê-
tées par les entreprises intéressées et
qu'elles constituent une. opération d'ordre
absolument privé ; le ministère de l'Air
n'avait donc pas à en connaître.
- ̃-
L tassalsinal de Jean Galmot
141
M. Lcmarchand, juge d'instruction, a
commis en qualité d'experts, pour examiner
le volumineux dossier envoyé de Cayenne,
les docteurs Desclaux, de Nantes; le profes-
seur Balthazard et le docteur Dervicux, de
Paris.
Une contre-expertise des viscères a été de-
mandée à M. Kohn-Abrest, directeur du
laboratoire de toxicologie, mais le cœur de
Jean Galmot n'a pas été ramené en France.
Les médecins experts désignés par le juge
d'instruction vont lui demander de vouloir
bien faire le nécessaire pour que soit ra-
mené en France le cœur de l'ancien député
de la Guyane, l'expertise de ce viscère pré-
sentant un intérêt de premier ordre.
NOIR SUR BLANC
La belle affaire
M. Octave Homberg, membre du Conseil
Supérieur de l'Exposition Coloniale, a présidé *
mercredi dernier l'Assemblée générale extraor-
dinaire de la Société Indochinoise des Cuflttres
Tropicales.
Après le Paradis terrestre entrevu dans soit
rêve par les poires juteuses de la métropole
quand on leur a refilé sans vergogne et hors
cote c'est-à-dire sans le contrôle du Par-
quet ou de la Coulisse les actions à 735
francs et les parts à 16.000 francs, voici
venu le Purgatoire avec tout son cortège de
souffrances, à moins que ce ne soit tout sim-
plement le chemin de l'Enfer.
U Indochinoise des Cultures Tropicales fait
passer son capital de 50 à 100 millions. Une
première tranche de 25 millions est affectée
immédiatement aux amateurs, à raison d'une
action nouvelle de 100 francs pour 2 ancien-
nes. Quelle aubaine quand on sait que l'ac-
tion ancienne de 100 francs est au-dessous du
pair (autour de 80 francs) que parts et actions
ont, depuis deux ans, réalisé des cascades à
rendre jalouses celles du Niagara. Vous voyez
d'ici qu'il n'y aura pas affluence aux guichets.
Mais comme il faut de l'argent pour es-
sayer de sauver l'affaire, ces actions nouvelles
auront droit, à partir du 1er janvier 1932, et
pendant une durée de cinq années devant
prendre fin le 31 décembre 1936 à un premier
dividende cumulatif de 7 des sommes dont
elles seront libérées et non amorties. Il sera
prélevé sur le surplus des bénéfices nets an-
nuels les sommes nécessaires pour attribuer aux
actions anciennes ordinaires un premier divi-
dende de 7 %, le solde devant aller concur-
remment aux actions anciennes et aux actions
nouvelles.
Le communiqué officiel de la Société indi-
que que, pour l'avenir, toutes les espérances
sont permises aux actionnaires, grâce aux plan-
tations de caoutchouc, de thé, de café, de
canne à sucre.
Pour le passé, ils ont trop payé pour savoir
qu'ils n'ont eu droit qu'à toucher peau de
balle. Pour l'avenir, la note publiée par les
journaux précise que la période de plein (sic)
rendement commencera vraisemblablement (re-
sic) à partir du lor janvier 1932. Donc, si nous
comprenons bien, tout le monde se brossera
jusqu'en 1932, et à partir du lor janvier, à
moins que ce ne soit le 1er avril, le Pactole
coulera, que dis-je, débordera.
Quelle galéjade.
Mais comment M. Octave. Homberg, génie
boursicotier qui tente t péniblement de ren- i
flouer la galère de Y Indochine da Cultures
Tropicales, procèdera-t-il pour les quelque
vingt autres sociétés les plus mal en point de
son fameux groupe ? Non bis idem.
Pauvres porteurs de parts, pauvres action-
na ires !
Comme me le disait l'un d'eux, cela nous
fait une belle jambe que M. François Pietri
ait nommé M. Octave Homberg membre du
Conseil Supérieur de l'Exposition Coloniale.
Nous aurions mieux aimé avoir la certitude de
retrouver le cinquième ou le dixième de ce
qu'il nous a coûté.
JLfAnffdy.
RUE OUDINOT
Le projet de budget
La Conférence hebdomadaire des Directeurs
et Inspecteurs généraux du Ministère des Co-
lonies s' est réunie hier lundi sous la prési-
dence de M. Pietri, assisté de M. Delmont,
sous-secrétaire d'Etat.
Elle s' est occupée du projet de budget du
Ministère des Colonies pour l'exercice 1930,
dont la discussion viendra prochainement à la
Chambre.
-be-
Poste aérienne
»+*
France-Indochine
Un courrier indochinois sera confié à la
malle aérienne hollandaise qui quittera Bang-
kok le 22 décembre.
Et presque en même temps, doivent arriver
à Saigon, sauf imprévu, les aviateurs Le Brix
et Rossi.
Les concessions
de terrains ruraux
en Annam
Un arrêté récent du Résident supérieur en
Annam fixe les conditions dans lesquelles
des concessions de terrains ruraux peuvent
être attribuées, soit à titre onéreux, soit à
titre gratuit.
Les dispositions essentielles de cet arrêté
sont les suivantes :
Les terrains ruraux dépendant du domaine
annamite libre peuvent être concédés en pro-
priété en vue de la création d'entreprises
agricoles, industrielles ou commerciales.
Les dispositions de l'arrêté ne %ont pas
applicables aux sujets du roi d'Annam origi-
naires d'Annam (Trung-ky) qui continueront
à jouir sur tout le territoire des bénéfices de
la loi annamite et des ordonnances royales
en vigueur.
Les terrains ruiaux sont attribués à titre
onéreux. Toutefois, afin de favoriser la pe-
tite colonisation française et indigène, des
concessions gratuités peuvent être attribuées,
en se conformant au programme de coloni-
sation, dans la limite maximum de 300 heo*
tares pour un racnie concessionnaire.
Un programme de colonisation sera établi
pour l'Annam, après avis favorable du Co-
rnât, par le Résident supérieur, sous réserve
d'approbation par le Gouverneur général en
Conseil de Gouvernement.
Le concessionnaire sera tenu d'observer
les lois et coutumes concernant le respvct
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Les Annales Coloniales
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0 -
Le problème de rAMque da Nord
th n»
1 -
Le problème est là, toujours devant nous:
menaçant, écrivent ceux-cij' inquiétant, se
contentent d'écrire ceux-là; en tout cas,
grave et permanent.
J'ai relu le, livre qu'écrivait en 1868 cet
universitaire passé au journalisme et à la
politique, qui s'appelait Prévost-Paradol, et
qui, deux années avant de se rallier à l'Em-
pire, annonçait la décadence du pays et pré-
sagedit la défaite. Mais il nous restait di-
sait-il, une dernière ressource : cette Afri-
que du Nord, où, débordant sur le Maroc et
sur la Tunisie, 80 à joo millions de Fran-
çais, fortement établis sur les deux rives
de la Méditerranée, au cœur de l'ancien
continent, maintiendraient à travers les
temps, le nom, la langue, et la légitime
considération de la France.
< Terre française, ajoutait-il, qui doit être
le plus tôt possible, peuplée, possédée et
cultivée par des Français. » Par cent mil-
lions de Français! Ce normalien littéraire
calculait largement, trop largement, hélas!
Plus de soixante ans après, nous en sommes
encore loin de compte. Où en sommes-nous
exactement ? 4
Avons-nous besoin de faire remarquer
après* tant d'autres que le problème est tout
différent suivant qu il est question des dé-
partements français de l'Algérie, ou des
pays de protectorat, la Tunisie et le Maroc?
Dans ces derniers, la politique du peuple-
ment est dominée, avant tout, par des préoc-
cupations d'ordre politique, administratif,
économique; c'est, pour ainsi parler, un pro-
blème de cadres; quantité sans doute, mais
avant tout, qualité. Au contraire, dans nos
trois départements français d'Algérie, qua-
lité et quantité sont notions inséparables;
peuplement, natalité doivent être considérés
d'un autre point de vue.
Les observations les plus réconfortantes
sont celles que l'on fait au Maroc. Dès le
recensement de- 1926, on s'est écrié, non
sans raison : cela va mieux. Sur les 4 mil-
lions 229.000 habitants recensés, on compte
4.124.400 indigènes (Berbères pour la plus
grande part). Restent 104.600 Européens»,
• sur lesquels 74.558 Français dont 62.223
citoyens, et. 12.335 sujets et protégés. Je
fais grâce au lecteur du fatras des statis-
tiques détaillées. On peut dire que sur 100
Européens au Maroc; il y a 71 Français,
K Espagnols, 10 Italiens. Population euro-
péenne qui augmente parce que l'immigra-
tion se développe à mesure '« que la métro-
peïe -est- mieux -renseignée .«Ur les facilités
offertes à qui veut faire son chemin. Mais
immigration est en raison directe de la
natalité dans la France même, et qu'elle ne
saurait se développer, comme nous le souhai-
terions. si nous restions un pays de fils uni-
ques c est-à-dire de candidats fonctionnaires
ou de candidats aux successions paternelles.
̃ Il y a eu en 1925-26 un excédent de 44.500
arrivées à Casablanca sur les départs; plus
de la moitié dé ces excédents, 24.100, est
représentée par des arrivées de Français.
En attendant que le nombre des nou-
veaux débarqués s'accroisse, n'est-il pajp*
d'une excellente politique de favoriser les
naissances dans les familles des débarqués
d'hier et d'avant-hier? Il y a tout un ensem-
ble de mesures qui peuvent être prises; au-
cune d'elles n'est souveraine; leur ensem-
ble doit immanquablement avoir des résul-
tats heureux. La Revue de l'Alliance Natio-
nale pour l'accroissement de la population
français signalait que 1.200 Français, pè-
res de fàmilles nombreuses, avaient formé
au Maroc une Fédération afin d'obtenir peu
à peu que les lois françaises de protection
des familles nombreuses fussent appliquées
dans ce pays dé protectorat. La Revue suit
lès succès obtenus par la -Fédération; ainsi,
elle a Obtenu, pour l'attribution xfes lots de
colonisation, un droit de priorité en faveur
des familles nombreuses, et, pour les élec-
teurs au troisième collège du Conseil du
Gouvernement, une voix supplémentaire
pour quatre enfants mineurs. C est. une pre-
mière tentative de vote familial. Nous
n'avons pas ici à en discuter la valeur ni
l'opportunité; nous n'avons qu'à constater
cette série de, mesures et à en dégager le
sens, à en montrer le but. On objectera une
fois de plus que ce n'est pas par des pers-
pectives de ce genre qu'on décidera nos
Français au Maroc - à - mettre au - monde -- plus -
de petits Français. Eternelle dispute. Le
bon sens répond que le mieux est l'ennemi
du bien, qu'il est préférable de faire quel-
que chose que de ne rien faire, du tout, et
que, même si un encouragement n'est pas
toujours entendu, une récompense est tou-
jours bien accueillie et bien comprise.
Observations analogues pour la Tunisie.
Mais" là la, situation est moins bonne. En
iM6 on recense 2,160.000 habitants dont
1.9861400 indigènes. Restent 173.600 re-
censés; sur lesquels 71.020 Français et
89. a t6 Italiens. On calcule qu'il y a 51
d'Italiens contre 41 de Français. Non
pas que l'immigration française, que la na-
talité française ne soit pas en progrès. Son-
ges qu'en 1891, il n'y avait pas 10.000
Français en Tunisie, et qu'en 1921 il n'y
en avait que 34-477. f augmentation est
donc très importante. Elle est due, hâtons-
nous de le dire, moins -à l'immigration qu'à
la natalité; en 1921, il y avait 19.656 Fran-
çais nés en Tunisie ; en 1926, il y en a
33.272. t
Mais la concurrence italienne est très
forte. Il y avait, en 1881, 19.000 étrangers
en Tunisie, dont llmmense majorité était
des Italiens. De 1S98 à 1901, les Italiens
arrivent en foule, surtout de la Sicile, et
achètent prfes de 12.000 factures. Sans dou-
n* ce ntuuvew&n de eotaniUHon italienne a
- 4 pendKflt ta imites de la
v
i -
1
guerre, puis parce que la main-d'œuvre indi-
gène est plus utilisée, puis aussi parce que
la Tunisie connaît de non côté les périodes
de mévente pour ses vins. Mais tout cela
n'empêche pas qu'au lendemain de la guerre,
en 1921, 11.400 hectares étaient aux mains
d'étrangers, 14.900 étaient possédés par des
Maltais, 60.700 par des Italiens; je n'ignore
pas que 554.000 étaient aux mains de Fran-
çais, mais attention 1 tandis que les proprié-
tés françaises sont de vastes domaines, les
propriétés Italiennes sont petites et, à peine,
moyennes, et cela dès le début. En 1892,
116 propriétaires exploitaient 416.000 hec-
tares sur 433.000 appartenant à des Fran-
çais. Avant la guerrè, 93.850 hectares
avaient été lotis en 812 lots pour des famil-
les françaises; eh 1914, il n ep restait plus
que 509 exploités par des Français. Je sais
bien que, depuis, on a modifié profondément
la législation relative aux aliénations de
terres domaniales, aux cessions de lots, au
crédit 'agricole, etc. Soyons confiants mais
attentifs.
Et jetons les yeux sur le tableau ci-après:
Naturalisations
automa- indivi-
tiques duelles Total
Italiens.#. » 3.850 3.850
Maltais 5.000 500 5.500
Européens 50 175. 225
Israélites 100 1.230 1.330
Musulmans 10 350 360
Français de race. » » 5.235
Telles sont les « nationalités » des
« Français » recensés en 1926. Qu'est-ce à
dire sinon que le nombre des « Français.
s'accroît par les naturalisations? De 1921 à
1926 le nombre de nos nationaux augmente
bien de 16.543 habitants, mais parce que
le décret de novembre 1921 attribue la qua-
lité de Français aux enfants qui naissent
en Tunisie d'un étranger né lui-mêmfe~en
Tunisie, et parce qu'il y a pas mal de natu-
ralisations individuelles.
Là aussi il est donc nécessaire de donner
satisfaction aux familles nombreuses; n
aussi elle se sont groupées; là aussi elles ont
obtenu de la résidence, non pas des privi-
lèges, mais des avantages légitimes; octroi
de 20 millions pour des logements familiaux
voix supplémentaire pour quatre enfants mi-
neurs aux élections du Conseil Supérieur de
la Régence ; toutes ces mesures doivent être
complétées par d'autres si l'on veut appli-
quer une politique de natalité plus indis-
pensable que partout ailleurs. N'v a-t-il pas
là-bas, entre autres, des Sociétés qui har-
diment déclarent se fonder pour arracher
les enfants à l'influence étrangère? Vous
entendez bien que ces « étrangeri;, i, c'est
nous. L'une d'elles s'abrite sous le nom de
l'immortel auteur de la Divine Comédie.
C'est un magnifique patronage, mais qui
sert efenseigne à une œuvre sur laquelle
nous devons constamment avoir les yeux
fixés.
Maritr Hoêamtan.
n Sénateur de VH'èrauit^
Ancien Ministre, Vioe-président de la
Commission des Coloniet.
Tapisserie, porcelaim. et colonies
«
Il faut féliciter avant toute chose M. Jean
Ajalbert, directeur de la Manufacture de
Beauvais. d'avoir organisé avec autant de per-
sévérance que d'habileté la magnifique expo-
sition de tapisseries et de céramiques des Ma-
nufactures Nationales de Beauvaia, Gobelins
à Paris.
et Sèvres, féliciter également M. Galicier. pré-
11 faut
sident du Conseil d'administration du Bon
Marchét et MM. Puissant, Dalies et Sabre,
directeurs, d'avoir, dans le cadre merveilleux
du rez-de-chaussée de l'annexe des Grands
Magasins de la rue du Bac, fait avec beau-
coup de goût et de soin une présentation par-
ticulièrement heureuse des productions de nos
grandes manufactures nationales.
- C'est la première fois qu une initiative aussi
hardie est tentée pour vulgariser les admirables
travaux réalisés par les artistes incomparables
qui, de génération en génération, assurent le
grand retioin de nos manufactures.
Signalons. parmi les chefs-d. œUvre exposés
provenant de la manufacture de Beauvais, un
original ensemble dû au bon peintrè René Piot,
un orientaliste dont les Annales Coloniales
ont déjà parlé d'un écran, un canapé et
six fauteuils montés sur bois de A.-A. Rateau.
un écran de scènes arabes pleines de vie, monté
sur bois de Du frêne, des sacs où on retrouve
la -facture des très bons alrtistes au premier rang
desquels il faut mettre MM, J. ae Feure et
Jacques Simon. -
If faut louer sans réserve 1 effort constant
réalisé par M. Jean Ajalbert pour créer, mal-
ère les difficultés, un style Troisième Réça-
itqu. Dès maintenant, on peut dire qu un
jour prochain, il aura après les balbutiements
inhérents à une initiative aussi délicate, pleine-
ment réalisé son oeuvre et les coloris du laines
si spéciaux à la 'Manufaeture Nationale de
Beauvais, les bois, les tableaux reproduits mar-
quent sa volonté passionnée de faire quel-
que chose de neuf et de bien.
Sèvres a envoyé quelques-unes de ses ou-
vres récemment éditées, et les Cohelin. une
série de grandes tapisseries défconhves dans la
tradition de cette vieille maison.
A l'inauguration qui avait été suivie d'un
déjeuner intime, avaient pris part 1 élite du
momie artistique groupée autour de MM.
Pierre Marrtrad, An^Frw^^cet etla
direction du Sommi. Chabas, Paul-
Léoiw André HomwpW Jftwnd David, Id.
nnftd Htrrocomt. Y. RamboMM. Capiello,
Cavîllon, Pierre wwffier, etc., eic,-
,.. a.
La beautéde Tunis
i
~J)~
~?
UNIS la Blanche, voici
Ju'à leur tour deux
de ses admirateurs
passionnés Claire et
Charles Géniaux,
tout en célébrant
son charme indo-
lent, poussent un
petit cri d'alarme
en sa faveur.
Certes Tunis con-
serve - son incompa-
rable cachet : l occupation française a, de ci
de là, peut-être légèrement compromis son
caractère, mais, tout compte fait, notre
présence danlla Régence a transformé, sans
trop de dégâts, la capitale et ses abords.
Faut-il rappeler ce qu'était Tunis, il y a
cinquante ans : une ville arabe avec quel-
ques maisons françaises greffées entre les
souks et le lac. La ville européenne, c'était
l'avenue de France, la rue d'Italie, la tue
Sadiki, la rue El Djasira. Du côté du port,
jien que des marécages, de la boue, des ca-
oanes en fer blanc ou en bois, l'avellue
Iules-Perry un projet, la ville européenne
commençait à la Porte de France et finis-
sait à la Maison de France et à la Catlté-
drale. Aujourd'hui le beau quartier euro-
péen s'étend sur ces anciens terrains mal-
sains et mouvants, dans lesquels les maisons
s'engouffraient vite quand l'infrastructure,
n'était pas solidement et profondément as-'
surée. le me souviens, il y a plus de trente
ans, avoir vu quelque part sur la future
avenue Iules-Ferry, un immeuble en cons-
truction s'enfoncer d'un étage ou presque à
cause de l'insuffisance de ses soubassements.
Depuis, depuis, c'est le quartier européen
chic, banal dans son ensemble mais net et
Pas trop inharmonieux.
Autour de la Kasbah, toutes les direc-
tions ou ministères. C'est le même sys-
tème qui a été appliqué à Rabat par le Ma-
réchal Lyautey.
Claire- et Charles Géniaux déplorent la
disparition des souks, de leurs exquises
petites boutiques, pas plus grandes que des
armoires peinturlurées de rouge et de vert,
embaumées pour « arba sourdis » (quatre
sous) par les vapeurs de l'oliban d'un encen-
seur. La faute en est aux israèlites épris de
magasins rectangulaires à la manière de la
ville trallçtlÎse, aux Siciliens bruyattls et
noirs de vêtements, s'infiltrant dans les
quartiers arabes pour débiter leur « vino
nero » et aux musulmans, les plus riches,
qui ont faitf eux aussi, des magasins mo-
derms de Iturr anc.êstraies maisons, :
Myrriam Harry, joignez-vous au petit mé-
nage Géniaux, joignez-vous à tous ceux qui
aiment la langueur suave de Tunis la Blan-
che pour sauver la rue et l'impasse ~
« la mosquée, les boutiques pittoresques, la
« vieille treille et le cyprès se détachant
« sur la blancheur des murs, séduisent tous
« les yeux sensibles à la beauté du décor
« arabe. »
L'hôpital Sadiki a besoin d'être agrandi,
les services de la chirurgie et les consulta-
tions étouffent. Faut-il et peut-on les trans-
porter à l'hôpital indigène sur la colline de
la Rabta ?
Si l'hygiène est d'accord avec Vesthéti-
que pour assainir Vititmonde Hara, l'ancien
ghetto où grouille une population atteillte
de tuberculose, dans le cas de l'hôpital de
Sadiki, le progrès et la science semblent en
opposition avec les vestiges attirants dit
passé.
Il appartient à M. François Mattceron de
décider entre ses services, Beaux-Arts, Inté-
rieur, Hygiène et santé publiques. En dé-
finitive, ce dernier doit Vemporter, s'il y a
conflit. Tous les vestiges du passe doivent.
s'effacer devant la vie.
Morcef Raiecfef -
<«(•> I
L'Italie et nous
Vive l'Italie
D'après un correspondant du Mominll Post
à Rome, l'Italie renoncera à l'égalité navale
avec la France, si les principales questions
franco-italiennes ayant trait à II Afrique du
Nord et à la Méditerranée sont en principe
réglées à l'amiable et de façon définitive.
L'Italie demanderait alors la conclusion d'un
pacte franco-italien d'amitié et de coopération
qui rendrait automatiquement inutile la concur-
rence navale entre ces deux puissances.
Amitié ? Coopération ? Oui, voilà sur quoi
peut se fonder un avenir de paix et de grande
prospérité.
Mais quelest ce mysticisme ?.
Un rédacteur du Giomale J'llalla, après un
long voyage en Afrique Noire, termine la rela-
tion de son enquête par ces étranges assertions :
« L'histoire est tracée avant tout par les
énergies spirituelles qui sont ? les forces qui
comptent le plus, en tant qu'elles établissent
le système des cycles séculaires. » rédacteur
Pour cela, d accord. Mais le rédacteur
ajoute :
« Et ces énergies ne peuvent être itradiées,
maintenant que par un peuple, par une nation,
par une race marqués pour. ce destin pat (a
grâce divine. En Afrique, dans un continent
où la civilisation pénètre rapidement à travers
des formes et des manifestations purement mé*
caniques, les énergies spirituelles italiennes
peuvent marquer une profondè empreinte et
affirmer dès maintenant un droit de primauté
sans trop de difficultês de concurrence. »
Là, ça ne va plus.' Nous avons payé trop
cher pour savoir ee que pouvait coûter la pré-
tention de l'Allemagne de Guillaume 11 à
être un peuple élu.
Notre ambition, à nous ? Cultiver en paix
nette jsrdhnr
Pauvre enfant
«
Çui ! pauvre enfant dont les huit ans sont
déjà lourds d'un passé combien tragique et
profond dans sa simplicité navrante.
Admis à l'hôpital Saint-Louis avec les
deux pieds gelés, il est sur le point d'en
sortir amputé de l'un et ne gardant plu?
que la moitié de l'autre. Il s'appuie sur deux
cannes.
Trouvera-t-il en quittant cet asile de souf-
frances la tendresse d'un papa et d'une ma-
man laissés en Guyane?. Non.
Hélas ! non ! il sera saisi par des mains
fnercenaires qui achèveront leur œuvre, je dis
leur œuvre, car Noël Nelson dit « Petit
Noël », pseudonyme touchant, est la mal-
heureuse victime d'un, couple qui vit des
subsides qu'un père, colonial, au loin, envoie
à ces gens en qui il a mis toute sa confiance.
Il ignore, ce pauvre père, qu'il ne reverra
son enfant qu'infirme pour ia vie et ceci à la
suite des sévices de ces gardiens. -
Je m'imagine sans peine ce pauvre enfant
couché sur un grabat dans une pièce sombre
couché sur un grabat dans une -haillons, ex-
et glaciale, grelottant sous ses haillons, ex-
posé aux morsures cruelles du gel de l'hiver
dernier et enfin les deux pieds gelés.
L'hôpital lui apporte ô ironie la lu-
mière, la chaleur, des soins éclairés.
N'est-ce pas un hâvre pour lui? Cantonné
dans un mutisme obstiné les premiers temps,
il a peu à peu repris son visage d'enfant aux
grands yeux doux et s'est livré à quelques
confidences.
11 nous a révélé le quasi-mystère de sa
pauvre existence et son effroi à la pensée de
.rentrer chez ce couple cupide et méchant.
Autour de lui on fait bonne garde et les
instances de la femme qui veut le reprendre
éfe heurtent à un refus catégorique.
Mais, hélas! l'Administration dans sa
logique impitoyable ne consent pas à le gar-
der, elle le juge guéri et capable de mar-
cher avec ses cannes.
Dilemne angoissant! Va-t-il regagner le
logis de misère et de privations? ,
Puisse notre cri de détresse, par la voie
des Annales Coloniales être entendu par le
père qui est trompé d'une singulière façon !
J'ttisse cette simple esquisse mettre fin à
un drame qui est celui malheureusement
d'une longite t * de pauvres p eiits êtres.
d'une longue théorie de pauvres petits êtres.
Aené Pradiê.
Dépêches de rlndochine
el
La foire d'Hanoi
Le Gouverneur général Pasquier a vi-
sité dans la matinée de samedi, la foire
d'Ilanci. Il a été reçu à 9 heures par le
président de la Chambre de Commerce
Perroud, également président du Comité de
la Voire. M.. l'asquier, accompagné du Ré-
siflent supérieur. Robin et du secrétaire gé-
jjL&ral Graflueil s'est intéressé vivement à
Ireffort dlrprésuritation des produits réalisé
par les fermes indigènes.
Il s'est arrêté longuement au pa'villon des
Indes Néerlandaises présenté par Mlle
Salleger, fonctionnaire au département du
commerce à Java, et au pavillon de Co-
chinchino. Il n'a quitté la foire qu'à midi
sonne après avoir félicité le comité pour
l'importance du matériel agricole dont
les diverses marques exposées conipren-
nent notamment des installations de ri-
zerles et des stations de pompages. Le suc-
cès est vil auprès de la foule indigène.
La participation indigène
à l'Exposition de 1931
La Commission indigène instituée en vue
d'une participation à l'exposition èolonia-
le de 1931, et qui groupé les personnalités
annamites les plus qualifiées, a tenu sa
première réunion sous la présidence de
l'inspecteur des al/aires politiques, prési-
dent de la commission de participation de
Cochinchine.
Elle a examiné les manifestations les
plus propres à montrer au public fran-
çais et étranger les divers aspects de la vie
intellectuelle, artistique, économique et
sportive de la population indigène. Les arts
anciens et modernes du bois et du métal,
la musique, le théâtre seront représentés.
On envisagé la reconstitution de scènes ty-
piques de 1 vie annamite, comme le ma-
riage et l'enterrement, dont le pittoresque
permet d'escompter un vil succès, et qui
contribuera A faire mienx connattre et ap-
précier par le public français la civilisa-
tion du peuple protégé.
- - -
Une Commission d'enquête en Chine
La commission internationale d'enquête
dont fait partie le correspondant de
l'Agence Inaopacifi à Harbin, est partie
vendredi par train spécial, mis à sa dispo-
sition par la direction de l'Est Chinois,
pour MandouJw, terminus actuel de la li-
gne. Elle continuera ensuite vers Mand-
chouli, si les Soviets autorisent le voyage
sur la portion de ligne occupée par eux.
ISlle envisagera les mesures à prendre pour
le rétablissement du service du transsibé-
rien, elle enquêtera sur la situation des
entreprises françaises et de la missiom ca-
tholique. à Mandchouli, ainsi que sur le
sort de deux Français, dont on est sans
nouvelles depuis le milieu de novembre.
4»
Le grand prix littéraire
de l'Algérie
Réuni hier à la direction de l'intérieur, le
Réuni hier à la direction de l'intérieur, le
jury du grand prix littéraire de l'Algérie a
décidé à l'unanimité de soumettre à 1 appro-
bation du Gouverneur général la désignation
comme lauréat pour 1929 à la veille du
Centenaire de Robert Randau pour l'en-
semble de son oeuvre.
Robert Randau n'avait pas posé sa candida-
ture. Il est né à Alger en 876, Son œuvre
littéraire est fort importante et tout entière con-
sacrée à l'épopée algérienne et coloniale.
Rappelons qu'un de ses romans, Le Chef
des porIe-plumes, a reçu de la critique de nom-
breux éloges et fut accueilli par le plus franc
succès par le public,
Robert Randau, en réalité Robert Arnaud,
est administrateur en chef des Colonies, et a
occupé récemment avec distinction le poste de
gouverneur intérimaire de la Haute-Volta.
Son ouvre littéraire compte un nombre déjà
impoetant cfocvrffl.
L'Aviation Coloniale
Sans nouvelles
de Roux, Gaillol et Dodement
On reste sans nouvelles de l'équipage
Roux, Gaillol, Dodement, arrivé samedi der-
nier à. Reggan en route* vers Madagascar.
La grande rareté de communication dans
les pays sauvages survolés laisse cepen-
dant tous les espoirs de voir le raid lie
poursuivre sans accrocs.
Rarement nous avions assisté en France
à Un tel envol d'avions de raid. Vers les
quatre points cardinaux, nos yeux se por-
tent tour à tour pour suivre chacun de ces
audacieux équipages : certains déjôf nous
donnent bien de l'angoisse et d'autres lais-
sent espérer les plus éclatants succès.
Une ll telle eruvolée est un prestigieux
rayonnement national ; c'est encore un
lien plus étroit qui unira la métropole et
ses colonies pour qui désormais- le déca-
lage du temps s'amincira chaque jour,
grâce à l'audace toujours croissante de nos
admirables pilotes.
L'équipage Lassalle et Rebard
donne des inquiétudes
La journée d'hier n'a apporté aucuno nou-
velle concernant les aviateurs Lassalle et
Hebard et le mécanicien Faltot, qui avaient
quitté l'aérodrome de Tunis samedi soir à
21 h. 30, 4 destination de Benghazi. Las-
sale et ses compagnons de route avaient
pris le départ du Bourget pour entrepren-
dre un voyage démonstratif vers Saïgon.
On pensait dimanche soir que la ferme-
ture dominicale des services télégraphiques
en Tripolitaine était la catuse du silence de
nos compatriotes. Aujourd'hui il ne peut
plus en être ainsi et à est à présumer que
pour un motif non déterminé ils aient été
contraints de se poser, en un endroit éloi-
gné de toutes communications.
Avant leur départ de Tunis, Lassalle et
Hebard avaient fait part de leurs intentions
de longer la côte plutôt que.de traverser le
golfe de Gabès.
L'équipage Le Brix et Rossi en plein vol
Les coinditions atmosphériques ayant été
jugées favoraibies, les aviateurs Le Brix et
Rossi ont pris leur vol hier, à 11 h. 55, de
l'aérodrome du Bourget, en vue d'accom-
plir dans un temps minimum la liaison aé-
rienne Paris-Saïgon à bord de leur mono-
plan Potez-Hispano-Suiza 600 chevaux.
Le départ s'est effectué dans d'excellen-
tes conditions. Bien avant qu'il ait terminé
le survol de l'aérodrome, l'avion avait pris
de la hauteur et se dirigeait vers le sud.
Le but de la première étape de ce raid
est Benghazi, dans le golfe de Syrie.
Les aviateurs emportent 2.600 litres d'es-
sence et 250 litres, d'huile. Ils ont à bord
* un appareil émetteur de T. S. F. de 250
watts. Toutes les heures, de 1 heure à
1 h.10, sur une longueur d'onde de 27 m.OU;,
Le Bi-ix transmettra *M position aprèe la
communication automatique de son, indica-
tif F. A. J. H. U. Le Brix et Rossi empor-
tent avec eux 41 kilos de fret postal.
Les premières heures de vol s'effectuè-
rent sans incidents. On signala successive-
ment le passage de l'avion à Montargis, à
midi 40 ; au Greusot, à 13 h. 12, à Istres, à
15 h. 45 ; à Saint-Raiphaël, à 16 h. 5.
Puis ids frandhissuient la Méditerranée
par la Corse et la Sardaigne et se trou-
vaient à Bizerte à 20 h. 25 et à Sousse à
22 h. 5. Ils survolaient à 6 h. 40 ce matin
Woici
Benghazi.l'itinéraire que doivent suivre Le
Brix et Rossi : Nevens, Lyon, Avignon,
Saint-Raphaôl, la Corse, la Sardaigne, Tu-
nis, toute la côte jusqu'à Port-Saïd, la mer
Morte, du milieux de laquelle ils piquerons
sur Bagdad, sans survoler cette ville.
Ensuite, ils emprunteront l'Euphrate jus-
qu'à Bassora, et de là ils suivront la côte
du golfe Persique et do l'océan Indien jus-
qu'à Karachi. De cette dernière ville, les
aviateurs seront guidés par la voie ferrée,
en passant par Jodpur, Agra, AlLahabad,
Gaya et Calcutta. Ensuite, il suivront la
côte jusqu'à Akyaib, puis ils reviendront
jusqu'à Rangoon, reprendront la côte jus-
qu'à Moulmeir, puis atteindront Bangkok,
Pnom-Penh et Saïgon.
Pour ce voyage de 12.000 kilomètres en-
viron, l'équipage ne prévoit que les qua-
tre étapes suivante : Paris-Benghazi, Bon-
ghazi-Bassora, BassoraAllahabad et Ala-
habad-Saïgon. A Benghazi et à Bassota,
deux heures d'arrêt seulement sont pré-
vues, tandis qu''à Allahabad les deux avia-
teurs passeront l'après-midi.
Si tout va bien, le raid doit être accom-
pli en une centaine d'heure, escales com-
prises.
Après un arrêté de quelques jours à SaI-
gon, Le Brix et Rossi. reprendront le che-
min du retour par le même itinéraire.
A propos de la Société Générale
Aéronautique
A propos de la constitution de la Société
Générale Aéronautique, le ministère de
l'Air fait connaître que cette réalisation a
reçu son approbation en tant qu'elle est
conforme à la politique de concentrai ion
des industries de l'aéronautique qu'il nu
cesse de poursuivre.
En ce qui concerne les conditions et
modalités de cette constitution, il convient
de noter qu'elles ont été librement arrê-
tées par les entreprises intéressées et
qu'elles constituent une. opération d'ordre
absolument privé ; le ministère de l'Air
n'avait donc pas à en connaître.
- ̃-
L tassalsinal de Jean Galmot
141
M. Lcmarchand, juge d'instruction, a
commis en qualité d'experts, pour examiner
le volumineux dossier envoyé de Cayenne,
les docteurs Desclaux, de Nantes; le profes-
seur Balthazard et le docteur Dervicux, de
Paris.
Une contre-expertise des viscères a été de-
mandée à M. Kohn-Abrest, directeur du
laboratoire de toxicologie, mais le cœur de
Jean Galmot n'a pas été ramené en France.
Les médecins experts désignés par le juge
d'instruction vont lui demander de vouloir
bien faire le nécessaire pour que soit ra-
mené en France le cœur de l'ancien député
de la Guyane, l'expertise de ce viscère pré-
sentant un intérêt de premier ordre.
NOIR SUR BLANC
La belle affaire
M. Octave Homberg, membre du Conseil
Supérieur de l'Exposition Coloniale, a présidé *
mercredi dernier l'Assemblée générale extraor-
dinaire de la Société Indochinoise des Cuflttres
Tropicales.
Après le Paradis terrestre entrevu dans soit
rêve par les poires juteuses de la métropole
quand on leur a refilé sans vergogne et hors
cote c'est-à-dire sans le contrôle du Par-
quet ou de la Coulisse les actions à 735
francs et les parts à 16.000 francs, voici
venu le Purgatoire avec tout son cortège de
souffrances, à moins que ce ne soit tout sim-
plement le chemin de l'Enfer.
U Indochinoise des Cultures Tropicales fait
passer son capital de 50 à 100 millions. Une
première tranche de 25 millions est affectée
immédiatement aux amateurs, à raison d'une
action nouvelle de 100 francs pour 2 ancien-
nes. Quelle aubaine quand on sait que l'ac-
tion ancienne de 100 francs est au-dessous du
pair (autour de 80 francs) que parts et actions
ont, depuis deux ans, réalisé des cascades à
rendre jalouses celles du Niagara. Vous voyez
d'ici qu'il n'y aura pas affluence aux guichets.
Mais comme il faut de l'argent pour es-
sayer de sauver l'affaire, ces actions nouvelles
auront droit, à partir du 1er janvier 1932, et
pendant une durée de cinq années devant
prendre fin le 31 décembre 1936 à un premier
dividende cumulatif de 7 des sommes dont
elles seront libérées et non amorties. Il sera
prélevé sur le surplus des bénéfices nets an-
nuels les sommes nécessaires pour attribuer aux
actions anciennes ordinaires un premier divi-
dende de 7 %, le solde devant aller concur-
remment aux actions anciennes et aux actions
nouvelles.
Le communiqué officiel de la Société indi-
que que, pour l'avenir, toutes les espérances
sont permises aux actionnaires, grâce aux plan-
tations de caoutchouc, de thé, de café, de
canne à sucre.
Pour le passé, ils ont trop payé pour savoir
qu'ils n'ont eu droit qu'à toucher peau de
balle. Pour l'avenir, la note publiée par les
journaux précise que la période de plein (sic)
rendement commencera vraisemblablement (re-
sic) à partir du lor janvier 1932. Donc, si nous
comprenons bien, tout le monde se brossera
jusqu'en 1932, et à partir du lor janvier, à
moins que ce ne soit le 1er avril, le Pactole
coulera, que dis-je, débordera.
Quelle galéjade.
Mais comment M. Octave. Homberg, génie
boursicotier qui tente t péniblement de ren- i
flouer la galère de Y Indochine da Cultures
Tropicales, procèdera-t-il pour les quelque
vingt autres sociétés les plus mal en point de
son fameux groupe ? Non bis idem.
Pauvres porteurs de parts, pauvres action-
na ires !
Comme me le disait l'un d'eux, cela nous
fait une belle jambe que M. François Pietri
ait nommé M. Octave Homberg membre du
Conseil Supérieur de l'Exposition Coloniale.
Nous aurions mieux aimé avoir la certitude de
retrouver le cinquième ou le dixième de ce
qu'il nous a coûté.
JLfAnffdy.
RUE OUDINOT
Le projet de budget
La Conférence hebdomadaire des Directeurs
et Inspecteurs généraux du Ministère des Co-
lonies s' est réunie hier lundi sous la prési-
dence de M. Pietri, assisté de M. Delmont,
sous-secrétaire d'Etat.
Elle s' est occupée du projet de budget du
Ministère des Colonies pour l'exercice 1930,
dont la discussion viendra prochainement à la
Chambre.
-be-
Poste aérienne
»+*
France-Indochine
Un courrier indochinois sera confié à la
malle aérienne hollandaise qui quittera Bang-
kok le 22 décembre.
Et presque en même temps, doivent arriver
à Saigon, sauf imprévu, les aviateurs Le Brix
et Rossi.
Les concessions
de terrains ruraux
en Annam
Un arrêté récent du Résident supérieur en
Annam fixe les conditions dans lesquelles
des concessions de terrains ruraux peuvent
être attribuées, soit à titre onéreux, soit à
titre gratuit.
Les dispositions essentielles de cet arrêté
sont les suivantes :
Les terrains ruraux dépendant du domaine
annamite libre peuvent être concédés en pro-
priété en vue de la création d'entreprises
agricoles, industrielles ou commerciales.
Les dispositions de l'arrêté ne %ont pas
applicables aux sujets du roi d'Annam origi-
naires d'Annam (Trung-ky) qui continueront
à jouir sur tout le territoire des bénéfices de
la loi annamite et des ordonnances royales
en vigueur.
Les terrains ruiaux sont attribués à titre
onéreux. Toutefois, afin de favoriser la pe-
tite colonisation française et indigène, des
concessions gratuités peuvent être attribuées,
en se conformant au programme de coloni-
sation, dans la limite maximum de 300 heo*
tares pour un racnie concessionnaire.
Un programme de colonisation sera établi
pour l'Annam, après avis favorable du Co-
rnât, par le Résident supérieur, sous réserve
d'approbation par le Gouverneur général en
Conseil de Gouvernement.
Le concessionnaire sera tenu d'observer
les lois et coutumes concernant le respvct
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