Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-11-25
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 25 novembre 1929 25 novembre 1929
Description : 1929/11/25 (A30,N170). 1929/11/25 (A30,N170).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6280640g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
TRENTIEME ANNEE. Nq 170. g NUMBKO : 110 CENTLàffl LPND1 SOIM, > Nu\KMBFVE IMt -
- JOURMLJOUOTIOIER
Réduction & Administration :
M.
PARIS O")
ttLÉPN. t LOUV". IMT
- RICHELIEU t7-M
Les Annales Coloniales
Lit êsuionou et rdegames Som reçws - Dibmtbub Panbatiub MmpmI RUEDEL T0U» U» wttelê» publié» dan» notre iournël ne peuvent
hirMtt du tournai. LMK*CTKUH-f-ONDAT»U* » |f|«ro«l KUCUCL r",," fil' U« Am&lm Gouwulm.
AIORNERENT^
avec la Reiu* mensuelle:
Vin IMdi S M*U
r ranCI et
Colonies taO. 100 tH.
Étranger.. ïMt Wt 709
On t'ftboiuM mai firato 4aa»
tous - bunMa de PMW.
Une expérience sociale
et un arbitrage à la Réunion
1.. -
« Sécurité, arbitrage, paix sociale », tels
sont les trois termes solidaires d'une poli-
tique réaliste dont notre colonie de la Réu-
nion poursuit actuellement l'expérience. Je
voudrais indiquer les éléments essentiels
qui la conditionnent.
•%
On sait quel trouble profond le régime du
contingentement des rhums, improvisé dans
la nuit du 30 au 31 décembre 1922, avait
jeté dans l'économie de nos vieilles colo-
nies. Les industries locales s'y sont, cepen-
dant, progressivement adaptées et il s'est
trouvé qu'en définitive ce resserrement de la
production les a conduites, par la valorisa-
tion du produit accédant au marché de la
Métropole,à un degré de prospérité remarqua-
ble à partir tout au moins du jour où
le législateur a compris la juste nécessité
de corriger ce qu'il y avait de trop rigou-
reux dans la première formule de limitation
inscrite dans la loi.
Mais un risque grave subsistait : c'est
que le Parlement ne s'avisât, avec la même
soudaineté, de revenir au statut antérieur.
C'eût été payer d'un nouveau bouleversement
économique le retour à la « liberté du com-
merce ». Nos petites Frances d'outre-nier
réclamaient avant tout cette condition essen-
tielle de la sécurité de là production : la
stabilité.
Aussi tout l'effort de la représentation
coloniale a-t-il tendu, au cours de la précé-
dente législature, d'une part, à aménager le
contingentement de manière à lui rendre
quelque élasticité, quelque souplesse, et,
d'autre part, une fois cette aisance recon-
quise, à consolider le régime en en faisant
fixer la durée d'abord à cinq ans, puis à dix
ans; avant même l'expiration de la première
pénode ce qu'a réalisé l'article 20 de la
loi de Finances du 27 décembre 19^7.
•%
Mais alors surgissait un autre écucil.
N'allions-nous pas fortifier le monopole de
fait détenu par une intime minorité d'indus-
triels, usiniers et distillateurs, qui seraient
ainsi les seuls à s'attribuer les bénéfices subs-
tantiels de cette prorogation ?
Loi d'exception, la loi dite du contingen-
tement serait-elle de surcroît une loi de pri-
vilège ou, comme on le disait déjà, une « loi
féodale x ? La loi du 31 décembre 1927
a institué à cet égard les plus précievwca
garanties en faveur de la collectivité tout
entière.
Proposée dans son texte primitif par notre
ancien collègue Jean-François, député de la
Guadeloupe, rapportée et amendée par le
signataire de ces lignes pour répondre à la
fois à la situation des Antilles et à celle de
la Réunion, votée à l'unanimité par la Cham-
bre, défendue éloquemment au Sénat par
l'éminent sénateur de la Guadeloupe Henry
Bérenger, elle fait corps, peut-on dire, avec
la loi de stabilisation que je rappelais pré-
cédemment. Elle prévoit la fixation du prix de
la tonne de cannes par des commissions com-
posées en nombre égal de délégués des usi-
niers et des planteurs et de représentants
qualifiés de l'Administration, en vue d'assu-
rer « l'équitable rémunération des plan-
teurs » (article 2), compte tenu du cours
des sucres et des bénéfices nets des usines
(art. 2, 4 et 5), et admet les autorités admi-
nistratives et les commissions elles-mêmcs à
procéder à toutes vérifications et à toutes
investigations qu'elles jugeraient utiles (art.
4 in fine). Pour la détermination des sa-
laires dans le même esprit de justice, et pour
le règlement des conflits de travail, des dé-
légués des syndicats ouvriers sont adjoints à
la commission, en nombre égal à celui des
'deux autres éléments de la production déjà
représentés.
Il appartient aux commissions de plan-
teurs et d'usiniers de rechercher les bases
d'une entente pour fixer à l'amiable le prix
de la tonne de cannes à payer au planteur.
Si l'accord s'établit, le Gouverneur en
prend acte dans un arrêté. Si l'entente n'a
pu se réaliser, le chef de la colonie est
habilité par la loi pour rendre une décision
d'arbitrage en Conseil privé.
•••
Cette loi de haute portée sociale, qui a
pu éveiller les susceptibilités de ceux qui sont
encore attachés aux formules du laisser-
faire économique et qui n'admettent pas l'in-
tervention de l'autorité administrative, non
plus que de la loi, dans les divers modes
de l'activité privée, est entrée en jeu à la
Réunion depuis l'année dernière.
Dans notre vieille colonie de la mer des
Indes, le règlement de la tonne de cannes
se fait en nature, et la loi n'y a point dé-
rogé. Le planteur recevait jusqu'à la fin de
1927 62 kilogs 500 de sucre par tonne de
cannes livrée à l'usine. Dès le vote de la
loi de prorogation du contingentement, et
avant même d'attendre la mise en application
de la loi du 31 décembre ,1927 instituant
les commissions paritaires, les usiniers dé-
cidaient de porter cette rémunération à 65
kilogs de sucre dans l'arrondissement du
Vent, à 70 kilos dans l'arrondissement Sous-
le-Vent.
Cependant de vives polémiques s'insti.
tuaient au cours de ces derniers mois au
tour de la réunion en perspective des com
missions locales. Un « cahier de revendica
tions des planteurs » était dressé et ap
prouvé par les « Syndicats de planteurs
de la colonie, les intéressés définissant ave
force leur position à l'égard des usines, ré
clamant. la part du planteur » dans le con
tingentement, soulignant à cet égard les « in
suffisances et les lacunes de la loi J.
M. Léonus Bénard, sénateur de la Réu-
nion et usinier lui-même, présent en ce mo-
ment dans la colonie, qui avait déjà pris
l'initiative du premier relèvement à 65 et à
70 kilogs, fut, d'un commun accord, choisi
comme arbitre. Le 10 octobre, après une
double entrevue avec les représentants des
deux parties, il rendait sa sentence, accor-
dant aux planteurs cinq kilogs de sucre sup-
plémentaires, par tonne de cannes, Il en sus
des quantités actuellement allouées », à ré-
gler en argent, sur le cours des sucres à ce
moment connu, soit 170 francs les 100 ki-
logs.
Cette solution a été accueillie avec satis-
faction non seulement par les planteurs,
mais par l'opinion publique tout entière qui
y a vu un gage de paix sociale dans un juste
équilibre d'intérêts et de droits.
•••
Ainsi sur la triple colonne égale dont on
parlait un jour est en train de s'édifier
à la Réunion la simple et harmonieuse mai-
son de la famille coloniale.
Auguste JBrunvt,
Député de Vile de la Réunion.
Hayporteur général de la Commission de
l'Algérie, des Colonies et des Protectorats.
Pépin le Bref
et l'enseignement colonial
Donc, M. Pierre Godin veut doter de ma-
nuels coloniaux les petits écoliers parisiens.
C'est fort bien, mais. et Pépin le Bref?
Vous dites?. Vous avez mal entendu?
Non, vos oreilles sont saines : il y a une
« question de Pépin le Bref » et elle est étroi-
tement liée à celle de -- l' enseignementl colo-
nial.
Il était une fois une petite fille de douze
ans qui suivait un cours où j' avais des rai-
sons de me rendre quotidiennement. Ariette
elle avait ce nom provençal, quoique fille d'un
Portugais établi au Congo était étonnam-
ment sage, pondérée, travailleuse et, au de-
meurant, fort intelligente : une vraie « petite
fille modèle ».
Mais, dis-je un soir à Ariette, pour-
quoi emportez-vous si souvent des livres et des
cahiers chez vous? On m'a dit que de tout
le jour vous ne leviez pas le nez de sur votre
tâche. On a même ajouté que vous appre-
niez très facilement.
Oh 1 vous savez, me répondit cette jeu-
ne personne, père est furieux que je travaille
le soir, mais sans çà, je ne n'y arriverais
pas. J'ai commencé cette année le latin et
l'anglais. Alors.
Un an plus tard, c'est-à-dire avant-hier, une
autre petite fille, qui répond quand elle
n'est pas plongée, dans « Zig et Puce » au
prénom de Jacqueline, m'annonçait non sans
fierté qu'elle avait été « seconde en narration,
sur quatorze ».
Bravo, Jacqueline, et le sujet était?.
« Quel est votre personnage historique
préféré?. » Tiens, voilà ma composition.
Et je lus : (( Mon personage préféré est
Pépin le Bref, pasqu'il était vaillant et cou-
rageux. »
Un peu sidéré d'abord de ce choix singu-
lier, je distinguai vite que la double et simul-
tanée décollation d'un lion et d'un taureau,
par le glaive « un peu là » du futur roi des
Francs, avait vivement frappé l'imagination
de l' écolière. (Toutes les autres consta-
tation qui ne fut pas pour me déplaire
avaient banalement élu Charlemagne et sa ma-
jesté barbue.)
Lors, fouillant à la fois dans un cartable et
dans mes souvenirs d'enfance, je trouvai dans
ceux-ci bien moins de livres scolaires que dans
celui-là.
Je me demande si l'incroyable plaisante-
rie mille fois dénoncée, tant par d éminents
membres du corps enseignant que par des grou-
pes de parents justement effarés, va se perpé-
tuer encore longtemps. Chaque jour apporte la
nécessité d'un enseignement nouveau : guerre
de 1914-1918, T.S.F., aviation, transforma-
tions politiques, économiques, sociales, etc.
Où va-t-on fourrer tout celai Ce serait pour-
tant bien simple. Il faudrait que toute addi-
tion aux programmes entraînât obligatoire-
ment une suppression : les médecins et les pé-
dagogues ayant une bonne fois fixé, d un
commun accord, le poids de nourriture intel-
lectuelle que peut absorber sans danger un
cerveau puéril ou adolescent.
Il s'agit aujourd'hui de l'indispensable en-
seignement colonial. Qu'est-ce qu'on va sup-
primer pour lui faire sa place) Je veux bien,
quant à moi, que l'on maintienne Osiris, Ar-
gus aux cent yeux, Minerve, tous les rois
ae France : dans ma pensée « supprimer »
signifie « élaguer et résumer ». Mais, de
grâce, que l'on procède à cette opération! Je
n'ai aucune animosité -particulière contre Pépin
le Bref, mais il est urgent de raccourcir en-
core ce petit prince costaud, comme ses pairs,
la mythologie et le reste, si l'on veut que nos
enfants sachent Bugeaud, Galliéni, Lyautey,
et où se trouve Casablanca.
Re.,* rfe Laromlfiilére.
Le vol de sauterelles au Maroc
18.
Le vol de sauterelles qui s'était abattu
hier sur Marrakech et dont nous avons
parlé dans notre dernier numéro s'est di-
rigé vers le nord-est et s'est posé dans
l'Oudan, à 15 kilomètres de la ville.
D'autres vols moins importants sont signa-
lés dans toute la région.
(Par dépêche.)
Mouvements de Gouverneurs
Il
6.&-- - e
ROIS promotions de
Gouverneurs, orne
affectations, tel est
le bilan colonial
de la journée
æhier.
Depuis plusieurs
mois -- ce - mouvement
était prévu, M. André Maginot allait le si-
gner lorsque la crise ministérielle inopinée
du mois dernier en a ajourné la publication.
Examinons-en le détail.
M. Bernard-Marcel Peyrouton, chef-ad-
joint du cabinet de M. F. Piétri, reçoit les
feuilles de chêne, c'était un avancement de-
puis longtemps prévu et son passage au cabi-
net du ministre d'hier et d'aujourd'hui tia
guère hâté une nomination espérée dans les
milieux coloniaux où son titulaire compte
tant de sympathie pour la cordialité de ses
rapports et tant d'estime pour la valeur de
ses services.
M. de Coppet, administrateur en chef des
Colonies, en service en A. E. F., prend du
galon dans sa propre colonie et est nommé
Lieutenant-Gouverneur du Tel/ad. Esprit
très distingué, cultivé, il connaît bien notre
Congo, il sait ses besoins. On dit qu'il /t'a
pas honni les livres d'André Gide sur notre
œuvre en A. E. F. Il y avait du vrai dans
l'ouvrage de ce sympathique écrivain mais
il avait aussi beaucoup d'exagération.
comme dans tout ce que fait RI. André Gide.
M. de Coppet est mieux placé que personne
pour distinguer là-bas le bon grain de
l'ivraie.
M. Chazal, administrateur en chef des
Colonies, est nommé Gouverneur et affecté
à la Mauritanie. Il connaît bien la colonie
dont il est chargé maintenant à titre défini-
tif. Sa tâche sera souvent ingrate. Il salira
dans ce poste de début faire ressortir les
solides qualités qui lui ont mérité l'attention
de ses supérieurs.
Parmi les affectations signalons tout
d'abord M. Deitte qui, titulaire du Gouver-
nement du Tchad, actuellement chargé de
l'intérim du Gabon, est nommé à Brazzaville
où il remplace comme Gouverneur du Moyen-
Congo M. Alfassa, qui demeure secrétaire
général du Gouverneur général de l'A.E.F.
M. Choteau passe de la Mauritanie au
Niger, dont l'importance est infiniment plus
considérable, c'est une colonie de grand ave-
nir. M. Brévié qui la quitte y a beaucoup
travaillé. M. André iI/aginot, lors de son
voyage en A. O. F. avait distingué ce haut
fonctionnaire auquel un avenir brillant sem-
ble réservé. Il part pour Bingerville, à moins
que ce ne soit pour Abidjan oÙ il remplace
M. Lapalud. Il fallait à la Côte d'Ivoire, la
plus prospère de toutes nos possessions de
l'A. O. Tt., un Gouverneur de premier plan.
M. Brévié po-urra dans cc poste de choix
donner toute sa mesllre.
M. Maillet a eu le malheur de débuter ]
comme Gouverneur à la Guyane dans des
circonstances particulièrement difficiles.
Vieil africain, il n'a pas voulu changer les
méthodes paternelles en usage en Afrique
française. Avec la mission qui lui était con-
fiée son passage à Cayenne pouvait être beau
coup plus tragique. Il revient à Dakar, ou
il a laissé les meilleurs souvenirs, comme
directeur des Finances et de la Comptabi-
lité, succédant h M. lieurnier qui abandon-
ne cette direction pour le Gouvernement du
Sénégal.
Si j'ajoute que AI. Jore, Gouverneur du
Sénégal, remplace à Papeete M. Siadous
et que M. Siadous. qui ne s'est jamais rendu
à Tahiti, est titulaire à Cayemte, olt il ci
fait preuve d'énergie et de sang froid <1
des heures moins tourmentées que celles pas-
sées par M. Maillet et que M. Silvestre,
administrateur de iro classe des services
civils de l'Indochine, est nommé Gouver-
neur de 38 classe des Colonies et chargé de
l'administration du territoire de Kouang-
Tchéoti-Wan j'en aurai fini avec les nomi-
nations d'hier.
Somme toute, une bonne moisson de chefs
et je serais bien surpris si, parmi ceux qui
figurent au palmarès d'hier il n'y en avait
point un ou deux qui ne soient, dans un
avenir plus ou moins lointain, sur le chemin
d'un Gouvernement gbtéral.
Marcel Kuedef
A LA CHAMBRE
•+«
DEBATS
La marine marchande
M. Guernier, intervenant dans la discus-
sion générale du projet relatif à la compo-
sition du gouvernement, a demandé que
les services de la Marine marchande, jus-
qu'à présent dispersés dans, plusieurs mi-
nistères, soient désormais réellement grou-
pés dans le département ministériel nou-
vellement créé.
M. Chéron, ministre des Finances, ré-
pond que les attributions du ministre, qui
ne sauraient être moins importantes que
celles du sous-secrétaire d'Etat, seront ré-
glées par décret. - - -
- Après diverses observations ou dépôts
d'amendements de MM. André Hesse, Mo-
rinaud, Bedouce, Alexandre Varenne, les
articles 4 et 5 sont adoptés, avec un amen-
dement de M. André Hesse à l'article 4, vi-
sant la construction et l'entretien des
ports, attribution qui « reste, jusqu'à nou-
vel ordre, au ministre des Travaux pu-
blics ». C'est la loi de Finances qui tixcra
définitivement les attributions du ministre
de la Marine marchande.
Le chant du désert
t"
Mlle Marcelle Denya sera la principale
interprète féminine de Desert Song (Le
Chant du désert) au Théâtre Mogador.
M. Qémenceau colonial !
M. G. Clémenceau, ancien président du
Conseil, est mort hier. Il avait 88 ans pas-
sés. Dans ce journal exclusivement colonial,
nous ne rappellerons ni son rôle pendant la
Commune en 1871, ni sa collaboration au
boulangisme, ni le Panama, ni l'affaire Drey-
fus, ni le traité de Versailles.
Il ne nous appartient qu'au point de vue
colonial : le 5 mars 1881, il critique à la
Chambre Jules Ferry parce qu'il voulait
donner la Tunisie à notre pays et réussit le
9 novembre de la même année à culbuter
ce grand lorrain, en faisant voter un ordre
du jour qui demandait une enquête à pro-
pos des affaires de Tunisie.
On sait comment, rappelait le Temps
d'hier, après avoir fait au second ministère
Ferry une guerre sans répit ni merci, il
réussit le 30 mars 1885, conjointement avec
M. Ribot, à soulever contre lui la Chambre
à la suite de la malheureuse affaire de
Lang-Son, qui, considérablement grossie,
avait causé dans le pays, mal informé, une
émotion indicible. En butte à des attaques
continuelles et furieuses, devenu un objet de
haine pour la foule, affublé du sobriquet de
« Tonkinois n, alors terme de mépris, au-
jourd'hui surnom glorieux que 1 Histoire
pourrait lui conserver, comme elle dit Scipion
« l'Africain », accueilli par des huées, Jules
Ferry succomba le 30 mars 1885 sous les
coups de ses ennemis coalisés.
Aous ne pouvons plus vous entendre} lui
cria M. Clémenceau. Nous ne pouvons plus
discuter avec vous. Ce ne sont plus des mi-
nistres que j'ai devant moi, ce sont des ac-
cusés de haute trahison, sur lesquels) s'il
subsiste un principe de responsabilité et de
justice, la main de la loi ne tardera pas à
s'abattre.
Le 29 juillet 1882, M. Georges Clémenceau
renverse le ministère de Freycinet qui
voulait sauvegarder les droits séculaires de
la France en Egypte et avait posé la ques-
tion de confiance sur les crédits destinés à
assurer notre prestige dans la vallée du Nil
Par ce vote, l'Angleterre devint seule mai.
tresse de la terre des Pharaons pendant près
de 50 ans.
Le Temps, par ailleurs, précise dans quel-
les conditions M. Clemenceau réussit à
abattre le cabinet Henri Brisson, qui avait
succédé au cabinet Jules Ferry, parce qu'il
ne voulait pas évacuer l'Indochine.
Par contic, devenu président du Conseil,
il suivit au Maroc la politique de M. DeI.
cassé, qu'il avait violemment combattu alors
que ce dernier était ministre des Affaires
étrangères, il résista aux prétentions ger-
maniques au sujet de l'évasion des déserteurs
allemands de la légion étrangère à Casa-
blanca. préparée et organisée par le consul
d'Allemagne à Casablanca même. fi signa le
9 février 1909 un accord avec l'Allemagne
'pour régler une fois pour toutes les diffi-
cultés entre les deux pays dans l'Empire
chériften. Mais ce traité aussi mal conçu que
celui de Versailles dix ans plus tard, ne ré-
gla rien, ce fut peu après la visite de Guil-
laume II à Tanger et l'incident d'Agadir.
D'accord avec AI. K. Poincaré. mais dans
des buts différents, il renversa à la suite des
délibérations de la commission des Affaires
étrangères du Sénat le ministère Caillaux
au début de 1912 sur le projet de loi portant
approbation de la convention conclue entre
la France et l'Allemagne pour la délimita-
tion de leurs possessions équatoriales.
M. Poincaré, devenu président du Conseil,
fit ratifier les accords signés par M. Cail-
laux malgré les véhémentes protestations de
M. (i. Clénwnccau.
Au traité de Versailles, malgré l'admira-
ble effort de nos troupes coloniales qui
conquirent à peu près seules le Togo et le
Cameroun, M. Clémenceau ne lit donner le
mandat à la France que sur la moitié de ces
deux ex-colonies allemandes, l'Angleterre et
ses Dominions recevant outre les deux autres
moitiés, l'admirable Est-Africain allemand
si prodigieusement organisé et outillé, le
vaste Ouest-Africain allemand et toutes les
colonies germaniques d'Océanie.
Depuis sa retraite survenue en 1920, après
son échec a la présidence de la République,
où il fut battu devant le congrès prélimi-
naire par M. Paul Dcschanel, M. G. Clé-
menceau s'était moins occupé que jamais de
notre empire colonial. Au lendemain de son
échec à l'Elysée, il fit un grand voyage aux
Indes anglaises mais se refusa à pousser
jusqu'en Indochine pour y admirer l'œuvre
française à laquelle il n'avait pas voulu
souscrire.
La mort de Clemenceau
Les condoléances de l'Algérie
Des qu'il a été avisé do la mort de M. (;col -
gcs Clemenceau, M. Hordes, gouverneur gé-
néral de il'Algérie, a envoyé à M. Michel Cle-
moncomi, le UMôgiuunmc suivant :
« En vous adressant pour vous et tous les
vôtres, l'expression émue de mes condol<'a.nce.s
attristées, l'Algérie s'incline, endeuillée, devant
la mémoiro du grand citoyen qui a fuit la Fran-
ce victorieuse.
« Toutes les populations françaises et indi-
gènes sont ici, près de vous, par le cœur et piw
fil pensée. Files s'unissent à votre douleur qUI
est celle de la France entière. Signé : Hor-
des. »
Sitôt connue, la mort de George* Cletnen-
ceau, tous les bâtiments ofliciels, de nombreux
établissements privés et, des maisons particu-
lières il Alger comme dans toutes les grandes
villes d'Algérie, ont arboré itrs drapeaux en
berne.
Un raz de marée ravage l'île Miqnelon
Un message reçu à New-York, émanant du
gouverneur p. i. de Saint-Pierre-et-Miquelon,
signale que des vagues hautes de plus de neuf
mètres ont couvert le littoral de cette dernière
île, causant de grands dommages et terrifiant
les habitants.
Par suite de la brame an morutier s'échoue
-
Le trois-mâts Miquelon, de la. Compagnie
de la marine française, parti de Saint-Pierre-
et-Miquelon le 5 octobre, avec un chargement
de morues à destination de Port-de-Bouc, s'est
échoué par suite de la brume. Le capitaine
Hamon et les huit hommes oui composent
l'équipage ont pu gagner la plage. Le bâti-
ment repose sur fond ça à: er .a - P)I age. Le bâti-
ment repose sur fond de sable au sud-ouest du
phare de la Gachole. Il a plusieurs voies d'eau
et peut être être considéré comme perdu.
NOIR SUR BLANC
Pauvres actionnaires
'8
Il est intéressant de signaler l'attitude
adoptée par M. Octave Homberg à l'assem-
blée générale de l'Indochinoise des « Cultu-
res tropicales ». Devant l'imminence d'une
augmentation de capital de 50 à 100 millions
et en raison même des pertes colossales que
les anciens actionnaires éprouvent depuis le
lancement boursier de l'affaire, sans négliger
de ruiner les pauvres poires qui ont acheté
hors cote, des parts à 16.000 francs et des ac-
tons à près de 1.000 francs, un citoyen cou-
rageux a fait observer au président qu'il serait
équitable de réserver des parts nouvelles il
y en a déjà 16.000 aux souscripteurs qui
sauvegarderont les destinées de l' infortunée
Indochinoise. Commentaires ajoutent : M. O.
Homberg, rouge d'indignation, a répliqué ver-
tement que les statuts ne prévoyaient aucune
modification du nombre des parts et que tous
les pactes devaient être observés.
Evidemment, et puis l'Indochinoise de Cul-
tures Tropicales n'a pas fait le plongeon de
beaucoup d'autres valeurs du groupe Hom-
berg. telles les Verreries d'Extrêmes-Orient,
les Chalandages de l'Indochine, les Comptoirs
Sénégalais, la Chimie d'Extrême-Orient, les
Sucreries de l'Indochine, les Minerais de la
Grande Ile etc.
Mais si M. Octave, successeur de M. Va-
lentin, roi du caoutchouc a encore quelques
parts des Cultures tropicales à bazarder, voyez-
vous qu on en augmente la quantité pour en
diminuer (humi hum!) la qualité.
Enaurme!
ts'Angeiy
Une plainte en forfaiture à propos
des élections en Inde française
Deux conseillers généraux de l'Inde fran-
çaise, MM. Kattina Sellane, président de la
commission permanente du Conseil général,
et Joseph David, adjoint au maire de Pon.
dichéry, viennent, par l'urganc de M0 Henry
Torrès, de saisir le Parquet de la Seine
d'une plainte en forfaiture contre le (;ou-
verneur de cette colonie, M. Robert de
Guise, à propos des incidents qui ont mar-
que la période électorale de l'an dernier,
tant pour les élections cantonales que pour
les élections sénatoriales, en 1 emplacement
de M. Paul Bluysen.
Les plaignants affirment que des oidres
ont été donnés aux fonctionnaires de Pondi-
chéry de voter pour le candidat officiel : que
les principaux électeurs ont été convoqués à
Mahé, à la Résidence, et ont été menacés
d'arrestation immédiate s'ils ne votaient pas
ou ne faisaient pas voter pour le candidat
du Gouverneur; qu'une demande officielle
d'intervention parvint au consul britannique
de Pondichrry pour faire détenir arbitraire-
ment à Madras, en quarantaine, par les au-
torités anglaises, jusqu'à la lin du scrutin,
des électeurs sénatoriaux venant de Chander-
nagor et traversant le territoire anglais, ces
électeurs étant soupçonnés d'être favorables
à la candidature du docteur Eugène Le
Moignic qui fut du reste élu.
Nous ne comprenons, ni les origines, ni le
but de cette plainte.
Le sympathique M. Eugène Le Moignic,
(hef de cabinet de M. Paul-Prudent Pain-
levé, alors ministre de la Guerre, et son alter
ego, avait déjà été candidat officiel contre
M. Bluysen, sénateur sortant (|uclques mois
auparavant, de plus l'an dernier il fut seul
candidat au Sénat, M. Louis Dreyfus, an-
cien député, ayant décliné l'offre de ses
amis.
Concentration
L'industrie du riz elle-même cède à la
nécessité de concentrer ses éléments actifs.
-est ainsi qu'à une assemblée récente de la
« l'ranco-Coloniale des Riz », les action-
naires ont décidé d'apporter leur affaire à la
« Compagnie Indochinoise ». Cette dernière
va, de plus, absorber la Société des « R ize-
ries Saïgonnaises » et la Société des « Rize-
ries Lévesque ». C'est donc un petit trust
du riz qui se crée .du moins en ce qui
concerne nos colonies d'Extrême-Orient.
-9060 - -
De Tokio à Hanoi
•+•
M. Maspéro, professeur au collège de
France et Mme Maspéro, ont quitté Tokio
hier. Le sinologue français a été l'objet d'un
chaleureux accueil pendant son séjour à la mai-
son franco-japonaise. Il a fait des conférences
dans les universités et sociétés savantes de
Tokio et de Kyoto, M. Maspéro profitera de
son voyage de retour pour faire un court sé-
jour en Indochine.
Faut-il rappeler à nos lecteurs que M.
Maspero est le fitls du regretté G. Maspéro,
membre de t Institut et professeur au collège
de France qui dirigea pendant de longues an-
nées les services archélogiques français en
Egypte, où cet illustre savant a laissé comme
Mariette un impérissable souvenir.
-400
L'activité du mont Pelé
.1'
L'activité du Mont Pelé est plu- giande.
Les poussées de cendres continuent durant
de longues périodes et atteignent parfois
l'altitude de 5.000 et même 4.000 mètres. On
est à peu près certain d'avoir MI couler de
la lave par deux ou trois fentes verticales
localisées sur le sommet. en face de Saint-
Pierre. Grâce à la tluidité du magma, la
production de nuées ardentes a été évitée
jusqu'ici.
Près de l'embouchure de la rivière, dans
la pattie compiise entre la rivière sèche et
la rivière blanche, des chutes importantes
de cendres s'accumulent à une température
de So à 100 degrés et barrent la route aux
passants. En outre, il se dégage des gaz sul-
fureux en abondance.
Au Conseil d'État
Annulation d'un arrêté
du Gouverneur Général de l'Algérie
Le 8 février 1927, le Gouverneur géneial
de l'Algérie prenait un arrêté admettant
M. Jarrot, préposé des douanes, à faire va-
loir ses droits à la retraite pour invalidité
non contractée en service.
Ce fonctionnaire déférait au Conseil
d'Etat cette décision en vue de son annu-
lation.
Cette haute juridiction lui a donné gain
de cause, en annulant l'arrêté précité du
Gouverneur, attendu :
Qu'il résulte de l'instruction et des rap-
ports médicaux que la maladie de M. Jar-
rot qui l'a mis hors d'état de rester en ac-
tivité, se rattache au service;
.LJès lors, M. Jarrot est renvoyé devant
le Gouverneur général de l'Algérie pour que
soient prises les mesures que comporte
l'exécution de la présente décision.
Acquisition de propriété en Algérie
Conditions requises
Du droit de déchéance par arrêté
du Gouverneur Général
Le Conseil,
Considérant qu'il résulte de l'instiuc-
tion que. Mme Aloi, demeurant à Sétif (dé-
partement de Constantiue), qui a acquis la
propriété n° 1 du centre de Bazer, suivant
acte administratil en date du 3 octobre 1922,
n'a pas, malgré la mise en demeure qui lui a
été régulièrement adressée, le 5 novembre
Il)2.h rempli les conditions ci-après prévues
à l'art. 10 du décret du 13 septembre 1904 :
« L'acquéreur est tenu de transporter son
« domicile sur la terre acquise dans le dé-
« lai de six mois, à compter du jour de
« l'achat., d'y résider avec sa famille.,
<< de l'exploiter personnellement pendant
« les dix années qui suivent sa mise en pos-
« session. »
Or, l'article 15 du même décret dispose ;
« à défaut d'accomplissement des conditions
u précitées, la déchéance sera prononcée
n après une mise en demeure régulière, pai
'< arrêté du Gouverneur général. »
Considérant que, la dame n'ayant paL
-- ainsi que dit rempli les conditions pré.
citées, il en résulte qu elle n'est pas fondée
tt demander l'annulatiun de l'arrêté du
Gouverneur général prononçant sa dé-
chéance.
Décide : l.i icquète de la dame Aloi am
fins d'annulation dudit arrêté est rejetée.
La Compagnie des Mines
de Séguiri (Guinée française)
gagne son procès
Fondée en 1917, la Compagnie des Mme
de Séguiri s'était régulièrement assurée 1
bénéfice de deux permis d'cxpluitation dél:
vrés respectivement à MM. Buffet et Wa
tar en englobant le gisement de la collin
de Fatoya (Guinée française).
Depuis de longues annéfs, les indigène
avaient d'ail leurs abandonné ces travau
d'exploitation.
Jamais l'administration de la coloni
n'avait fait d'objection à ce que la Compa
ji' .& %-ii i i f~iit t ce (iti(- lit L'onil)ii
gnie rxploit.it les gisements superficiels d
la colline en y pratiquant uni: tranchée.
Soudain, fin 1 c) 13, l'attitude du Gouverne
ment général de l'A. O. F. se modifia et 1
22 janvier 1014, le Gouverneur général
;,,'i,,¿, prévint l'administration, que des indi
gènes se seraient plaints à un Inspecteu
des colonies en mission de l'atteinte porté-
à l'exercice de leur droit coutumicr, oidon
nant la tenue d'une « palabre; » <\ l'effet d
préciser l'état de la question.
.M.lis sans même attendre le piocès-vei
bal de cette » palabre », le Gouverneur gé
néia 1 intimait au Lieutenant-Gouverneur d
, la Guinée, l'ordre d'interdire à la Compa
gnie (k- continuer ses travaux.
La Compagnie cessa immédiatement v.m
exploitation.
En raiMon du préjudice causé, elle lécla
ma une indemnité de 5 millions.
Le Conseil du Contentieux administrati
de la Guinée ayant, par arrêté en date ck
1 «> février 10.24, rejeté sa demande, la Coin
pagnie introduisit un recours au Coimei:
d'Etat aux fins d'annulation de cet arrêté.
Cette haute, juridiction lui a donné gaii
de cause.
L'arrêté a été annulé et la colonie de la
Guinée française a été condamnée à versci
à la Compagnie requérante, une indemnité
de 50.000 francs et aux dépens,
Attendu, a déclaré Te Conseil d'Etat en
son arrêt rendu:
« Que les travaux de la Société entreprit;
« depuis plusieurs années, étaient connus
Il et encouragés 1) i-t i- eit
k ordonnant il la Société de cesser et d'aban-
« donner immédiatement et complètement
« ses travaux, alors qu'aucune plainte des
k indigènes ne lui imposait une décision
« aussi brusque, l'administration de la colu-
« nic a fait de ses pouvoirs un usage abusif
11 de nature à engager sa responsabilité pé-
(i cuniaire à l'égard de la Société. »
Pour justifier sa décision, le Gouverneui
général soutenait que le régime des tra-
vaux entrepris par la Compagnie c'est-à-
dire eu tranehers ouvertes était de na-
ture à attirer les chercheurs d'01 souvent
indésirables et, partant, compromettre l'or-
dre public et la sécuiité de» indigènes.
Argumentation que n'a pas voulu retenu
le Conseil d'Etat et ce, comme suite à l'en-
i quête ordonnée.
Mise à la retraite d'un fonctionnaire
des Services publics de l'Indochine
Le i; juillet 1927, le Gouverneur génétal
de l'Indochine prenait un arrêté admettant
M. de Montbrial, chef de bureau hors classé
des services civils de l'Indochine, à faire
valoir ses droits à la retraite.
Estimant cpie cette <( décision » était en
tachée d'excès de pouvoir, ce fonctionnaire,
la déférait au Conseil d'Etat aux tins d'an-
nulation.
Attendu, soutenait ce dernier, qu'aux tCI-
mes de l'art. 11 1 de la loi du 30 juin 1923,
t» .Ne peuvent être mis à la retraite
avant 60 ou 65 ans, selon qu'ils appai-
Il tiennent au service actif ou au service sfi
« dentaire, les fonctionnaires « ivils qui dé-
<< sirent conserver leurs fonctions à condi-
« tion qu'au moment où ils atteindront leur
oit 6o* année, ils soient pères d'au
Il moins trois enfants vivants et soient en
k état d'apurer leurs fonctions. »
Statuant sur cette importante question,
le Conseil d'Etat a rejeté la requête de
- JOURMLJOUOTIOIER
Réduction & Administration :
M.
PARIS O")
ttLÉPN. t LOUV". IMT
- RICHELIEU t7-M
Les Annales Coloniales
Lit êsuionou et rdegames Som reçws - Dibmtbub Panbatiub MmpmI RUEDEL T0U» U» wttelê» publié» dan» notre iournël ne peuvent
hirMtt du tournai. LMK*CTKUH-f-ONDAT»U* » |f|«ro«l KUCUCL r",," fil' U« Am&lm Gouwulm.
AIORNERENT^
avec la Reiu* mensuelle:
Vin IMdi S M*U
r ranCI et
Colonies taO. 100 tH.
Étranger.. ïMt Wt 709
On t'ftboiuM mai firato 4aa»
tous - bunMa de PMW.
Une expérience sociale
et un arbitrage à la Réunion
1.. -
« Sécurité, arbitrage, paix sociale », tels
sont les trois termes solidaires d'une poli-
tique réaliste dont notre colonie de la Réu-
nion poursuit actuellement l'expérience. Je
voudrais indiquer les éléments essentiels
qui la conditionnent.
•%
On sait quel trouble profond le régime du
contingentement des rhums, improvisé dans
la nuit du 30 au 31 décembre 1922, avait
jeté dans l'économie de nos vieilles colo-
nies. Les industries locales s'y sont, cepen-
dant, progressivement adaptées et il s'est
trouvé qu'en définitive ce resserrement de la
production les a conduites, par la valorisa-
tion du produit accédant au marché de la
Métropole,à un degré de prospérité remarqua-
ble à partir tout au moins du jour où
le législateur a compris la juste nécessité
de corriger ce qu'il y avait de trop rigou-
reux dans la première formule de limitation
inscrite dans la loi.
Mais un risque grave subsistait : c'est
que le Parlement ne s'avisât, avec la même
soudaineté, de revenir au statut antérieur.
C'eût été payer d'un nouveau bouleversement
économique le retour à la « liberté du com-
merce ». Nos petites Frances d'outre-nier
réclamaient avant tout cette condition essen-
tielle de la sécurité de là production : la
stabilité.
Aussi tout l'effort de la représentation
coloniale a-t-il tendu, au cours de la précé-
dente législature, d'une part, à aménager le
contingentement de manière à lui rendre
quelque élasticité, quelque souplesse, et,
d'autre part, une fois cette aisance recon-
quise, à consolider le régime en en faisant
fixer la durée d'abord à cinq ans, puis à dix
ans; avant même l'expiration de la première
pénode ce qu'a réalisé l'article 20 de la
loi de Finances du 27 décembre 19^7.
•%
Mais alors surgissait un autre écucil.
N'allions-nous pas fortifier le monopole de
fait détenu par une intime minorité d'indus-
triels, usiniers et distillateurs, qui seraient
ainsi les seuls à s'attribuer les bénéfices subs-
tantiels de cette prorogation ?
Loi d'exception, la loi dite du contingen-
tement serait-elle de surcroît une loi de pri-
vilège ou, comme on le disait déjà, une « loi
féodale x ? La loi du 31 décembre 1927
a institué à cet égard les plus précievwca
garanties en faveur de la collectivité tout
entière.
Proposée dans son texte primitif par notre
ancien collègue Jean-François, député de la
Guadeloupe, rapportée et amendée par le
signataire de ces lignes pour répondre à la
fois à la situation des Antilles et à celle de
la Réunion, votée à l'unanimité par la Cham-
bre, défendue éloquemment au Sénat par
l'éminent sénateur de la Guadeloupe Henry
Bérenger, elle fait corps, peut-on dire, avec
la loi de stabilisation que je rappelais pré-
cédemment. Elle prévoit la fixation du prix de
la tonne de cannes par des commissions com-
posées en nombre égal de délégués des usi-
niers et des planteurs et de représentants
qualifiés de l'Administration, en vue d'assu-
rer « l'équitable rémunération des plan-
teurs » (article 2), compte tenu du cours
des sucres et des bénéfices nets des usines
(art. 2, 4 et 5), et admet les autorités admi-
nistratives et les commissions elles-mêmcs à
procéder à toutes vérifications et à toutes
investigations qu'elles jugeraient utiles (art.
4 in fine). Pour la détermination des sa-
laires dans le même esprit de justice, et pour
le règlement des conflits de travail, des dé-
légués des syndicats ouvriers sont adjoints à
la commission, en nombre égal à celui des
'deux autres éléments de la production déjà
représentés.
Il appartient aux commissions de plan-
teurs et d'usiniers de rechercher les bases
d'une entente pour fixer à l'amiable le prix
de la tonne de cannes à payer au planteur.
Si l'accord s'établit, le Gouverneur en
prend acte dans un arrêté. Si l'entente n'a
pu se réaliser, le chef de la colonie est
habilité par la loi pour rendre une décision
d'arbitrage en Conseil privé.
•••
Cette loi de haute portée sociale, qui a
pu éveiller les susceptibilités de ceux qui sont
encore attachés aux formules du laisser-
faire économique et qui n'admettent pas l'in-
tervention de l'autorité administrative, non
plus que de la loi, dans les divers modes
de l'activité privée, est entrée en jeu à la
Réunion depuis l'année dernière.
Dans notre vieille colonie de la mer des
Indes, le règlement de la tonne de cannes
se fait en nature, et la loi n'y a point dé-
rogé. Le planteur recevait jusqu'à la fin de
1927 62 kilogs 500 de sucre par tonne de
cannes livrée à l'usine. Dès le vote de la
loi de prorogation du contingentement, et
avant même d'attendre la mise en application
de la loi du 31 décembre ,1927 instituant
les commissions paritaires, les usiniers dé-
cidaient de porter cette rémunération à 65
kilogs de sucre dans l'arrondissement du
Vent, à 70 kilos dans l'arrondissement Sous-
le-Vent.
Cependant de vives polémiques s'insti.
tuaient au cours de ces derniers mois au
tour de la réunion en perspective des com
missions locales. Un « cahier de revendica
tions des planteurs » était dressé et ap
prouvé par les « Syndicats de planteurs
de la colonie, les intéressés définissant ave
force leur position à l'égard des usines, ré
clamant. la part du planteur » dans le con
tingentement, soulignant à cet égard les « in
suffisances et les lacunes de la loi J.
M. Léonus Bénard, sénateur de la Réu-
nion et usinier lui-même, présent en ce mo-
ment dans la colonie, qui avait déjà pris
l'initiative du premier relèvement à 65 et à
70 kilogs, fut, d'un commun accord, choisi
comme arbitre. Le 10 octobre, après une
double entrevue avec les représentants des
deux parties, il rendait sa sentence, accor-
dant aux planteurs cinq kilogs de sucre sup-
plémentaires, par tonne de cannes, Il en sus
des quantités actuellement allouées », à ré-
gler en argent, sur le cours des sucres à ce
moment connu, soit 170 francs les 100 ki-
logs.
Cette solution a été accueillie avec satis-
faction non seulement par les planteurs,
mais par l'opinion publique tout entière qui
y a vu un gage de paix sociale dans un juste
équilibre d'intérêts et de droits.
•••
Ainsi sur la triple colonne égale dont on
parlait un jour est en train de s'édifier
à la Réunion la simple et harmonieuse mai-
son de la famille coloniale.
Auguste JBrunvt,
Député de Vile de la Réunion.
Hayporteur général de la Commission de
l'Algérie, des Colonies et des Protectorats.
Pépin le Bref
et l'enseignement colonial
Donc, M. Pierre Godin veut doter de ma-
nuels coloniaux les petits écoliers parisiens.
C'est fort bien, mais. et Pépin le Bref?
Vous dites?. Vous avez mal entendu?
Non, vos oreilles sont saines : il y a une
« question de Pépin le Bref » et elle est étroi-
tement liée à celle de -- l' enseignementl colo-
nial.
Il était une fois une petite fille de douze
ans qui suivait un cours où j' avais des rai-
sons de me rendre quotidiennement. Ariette
elle avait ce nom provençal, quoique fille d'un
Portugais établi au Congo était étonnam-
ment sage, pondérée, travailleuse et, au de-
meurant, fort intelligente : une vraie « petite
fille modèle ».
Mais, dis-je un soir à Ariette, pour-
quoi emportez-vous si souvent des livres et des
cahiers chez vous? On m'a dit que de tout
le jour vous ne leviez pas le nez de sur votre
tâche. On a même ajouté que vous appre-
niez très facilement.
Oh 1 vous savez, me répondit cette jeu-
ne personne, père est furieux que je travaille
le soir, mais sans çà, je ne n'y arriverais
pas. J'ai commencé cette année le latin et
l'anglais. Alors.
Un an plus tard, c'est-à-dire avant-hier, une
autre petite fille, qui répond quand elle
n'est pas plongée, dans « Zig et Puce » au
prénom de Jacqueline, m'annonçait non sans
fierté qu'elle avait été « seconde en narration,
sur quatorze ».
Bravo, Jacqueline, et le sujet était?.
« Quel est votre personnage historique
préféré?. » Tiens, voilà ma composition.
Et je lus : (( Mon personage préféré est
Pépin le Bref, pasqu'il était vaillant et cou-
rageux. »
Un peu sidéré d'abord de ce choix singu-
lier, je distinguai vite que la double et simul-
tanée décollation d'un lion et d'un taureau,
par le glaive « un peu là » du futur roi des
Francs, avait vivement frappé l'imagination
de l' écolière. (Toutes les autres consta-
tation qui ne fut pas pour me déplaire
avaient banalement élu Charlemagne et sa ma-
jesté barbue.)
Lors, fouillant à la fois dans un cartable et
dans mes souvenirs d'enfance, je trouvai dans
ceux-ci bien moins de livres scolaires que dans
celui-là.
Je me demande si l'incroyable plaisante-
rie mille fois dénoncée, tant par d éminents
membres du corps enseignant que par des grou-
pes de parents justement effarés, va se perpé-
tuer encore longtemps. Chaque jour apporte la
nécessité d'un enseignement nouveau : guerre
de 1914-1918, T.S.F., aviation, transforma-
tions politiques, économiques, sociales, etc.
Où va-t-on fourrer tout celai Ce serait pour-
tant bien simple. Il faudrait que toute addi-
tion aux programmes entraînât obligatoire-
ment une suppression : les médecins et les pé-
dagogues ayant une bonne fois fixé, d un
commun accord, le poids de nourriture intel-
lectuelle que peut absorber sans danger un
cerveau puéril ou adolescent.
Il s'agit aujourd'hui de l'indispensable en-
seignement colonial. Qu'est-ce qu'on va sup-
primer pour lui faire sa place) Je veux bien,
quant à moi, que l'on maintienne Osiris, Ar-
gus aux cent yeux, Minerve, tous les rois
ae France : dans ma pensée « supprimer »
signifie « élaguer et résumer ». Mais, de
grâce, que l'on procède à cette opération! Je
n'ai aucune animosité -particulière contre Pépin
le Bref, mais il est urgent de raccourcir en-
core ce petit prince costaud, comme ses pairs,
la mythologie et le reste, si l'on veut que nos
enfants sachent Bugeaud, Galliéni, Lyautey,
et où se trouve Casablanca.
Re.,* rfe Laromlfiilére.
Le vol de sauterelles au Maroc
18.
Le vol de sauterelles qui s'était abattu
hier sur Marrakech et dont nous avons
parlé dans notre dernier numéro s'est di-
rigé vers le nord-est et s'est posé dans
l'Oudan, à 15 kilomètres de la ville.
D'autres vols moins importants sont signa-
lés dans toute la région.
(Par dépêche.)
Mouvements de Gouverneurs
Il
6.&-- - e
ROIS promotions de
Gouverneurs, orne
affectations, tel est
le bilan colonial
de la journée
æhier.
Depuis plusieurs
mois -- ce - mouvement
était prévu, M. André Maginot allait le si-
gner lorsque la crise ministérielle inopinée
du mois dernier en a ajourné la publication.
Examinons-en le détail.
M. Bernard-Marcel Peyrouton, chef-ad-
joint du cabinet de M. F. Piétri, reçoit les
feuilles de chêne, c'était un avancement de-
puis longtemps prévu et son passage au cabi-
net du ministre d'hier et d'aujourd'hui tia
guère hâté une nomination espérée dans les
milieux coloniaux où son titulaire compte
tant de sympathie pour la cordialité de ses
rapports et tant d'estime pour la valeur de
ses services.
M. de Coppet, administrateur en chef des
Colonies, en service en A. E. F., prend du
galon dans sa propre colonie et est nommé
Lieutenant-Gouverneur du Tel/ad. Esprit
très distingué, cultivé, il connaît bien notre
Congo, il sait ses besoins. On dit qu'il /t'a
pas honni les livres d'André Gide sur notre
œuvre en A. E. F. Il y avait du vrai dans
l'ouvrage de ce sympathique écrivain mais
il avait aussi beaucoup d'exagération.
comme dans tout ce que fait RI. André Gide.
M. de Coppet est mieux placé que personne
pour distinguer là-bas le bon grain de
l'ivraie.
M. Chazal, administrateur en chef des
Colonies, est nommé Gouverneur et affecté
à la Mauritanie. Il connaît bien la colonie
dont il est chargé maintenant à titre défini-
tif. Sa tâche sera souvent ingrate. Il salira
dans ce poste de début faire ressortir les
solides qualités qui lui ont mérité l'attention
de ses supérieurs.
Parmi les affectations signalons tout
d'abord M. Deitte qui, titulaire du Gouver-
nement du Tchad, actuellement chargé de
l'intérim du Gabon, est nommé à Brazzaville
où il remplace comme Gouverneur du Moyen-
Congo M. Alfassa, qui demeure secrétaire
général du Gouverneur général de l'A.E.F.
M. Choteau passe de la Mauritanie au
Niger, dont l'importance est infiniment plus
considérable, c'est une colonie de grand ave-
nir. M. Brévié qui la quitte y a beaucoup
travaillé. M. André iI/aginot, lors de son
voyage en A. O. F. avait distingué ce haut
fonctionnaire auquel un avenir brillant sem-
ble réservé. Il part pour Bingerville, à moins
que ce ne soit pour Abidjan oÙ il remplace
M. Lapalud. Il fallait à la Côte d'Ivoire, la
plus prospère de toutes nos possessions de
l'A. O. Tt., un Gouverneur de premier plan.
M. Brévié po-urra dans cc poste de choix
donner toute sa mesllre.
M. Maillet a eu le malheur de débuter ]
comme Gouverneur à la Guyane dans des
circonstances particulièrement difficiles.
Vieil africain, il n'a pas voulu changer les
méthodes paternelles en usage en Afrique
française. Avec la mission qui lui était con-
fiée son passage à Cayenne pouvait être beau
coup plus tragique. Il revient à Dakar, ou
il a laissé les meilleurs souvenirs, comme
directeur des Finances et de la Comptabi-
lité, succédant h M. lieurnier qui abandon-
ne cette direction pour le Gouvernement du
Sénégal.
Si j'ajoute que AI. Jore, Gouverneur du
Sénégal, remplace à Papeete M. Siadous
et que M. Siadous. qui ne s'est jamais rendu
à Tahiti, est titulaire à Cayemte, olt il ci
fait preuve d'énergie et de sang froid <1
des heures moins tourmentées que celles pas-
sées par M. Maillet et que M. Silvestre,
administrateur de iro classe des services
civils de l'Indochine, est nommé Gouver-
neur de 38 classe des Colonies et chargé de
l'administration du territoire de Kouang-
Tchéoti-Wan j'en aurai fini avec les nomi-
nations d'hier.
Somme toute, une bonne moisson de chefs
et je serais bien surpris si, parmi ceux qui
figurent au palmarès d'hier il n'y en avait
point un ou deux qui ne soient, dans un
avenir plus ou moins lointain, sur le chemin
d'un Gouvernement gbtéral.
Marcel Kuedef
A LA CHAMBRE
•+«
DEBATS
La marine marchande
M. Guernier, intervenant dans la discus-
sion générale du projet relatif à la compo-
sition du gouvernement, a demandé que
les services de la Marine marchande, jus-
qu'à présent dispersés dans, plusieurs mi-
nistères, soient désormais réellement grou-
pés dans le département ministériel nou-
vellement créé.
M. Chéron, ministre des Finances, ré-
pond que les attributions du ministre, qui
ne sauraient être moins importantes que
celles du sous-secrétaire d'Etat, seront ré-
glées par décret. - - -
- Après diverses observations ou dépôts
d'amendements de MM. André Hesse, Mo-
rinaud, Bedouce, Alexandre Varenne, les
articles 4 et 5 sont adoptés, avec un amen-
dement de M. André Hesse à l'article 4, vi-
sant la construction et l'entretien des
ports, attribution qui « reste, jusqu'à nou-
vel ordre, au ministre des Travaux pu-
blics ». C'est la loi de Finances qui tixcra
définitivement les attributions du ministre
de la Marine marchande.
Le chant du désert
t"
Mlle Marcelle Denya sera la principale
interprète féminine de Desert Song (Le
Chant du désert) au Théâtre Mogador.
M. Qémenceau colonial !
M. G. Clémenceau, ancien président du
Conseil, est mort hier. Il avait 88 ans pas-
sés. Dans ce journal exclusivement colonial,
nous ne rappellerons ni son rôle pendant la
Commune en 1871, ni sa collaboration au
boulangisme, ni le Panama, ni l'affaire Drey-
fus, ni le traité de Versailles.
Il ne nous appartient qu'au point de vue
colonial : le 5 mars 1881, il critique à la
Chambre Jules Ferry parce qu'il voulait
donner la Tunisie à notre pays et réussit le
9 novembre de la même année à culbuter
ce grand lorrain, en faisant voter un ordre
du jour qui demandait une enquête à pro-
pos des affaires de Tunisie.
On sait comment, rappelait le Temps
d'hier, après avoir fait au second ministère
Ferry une guerre sans répit ni merci, il
réussit le 30 mars 1885, conjointement avec
M. Ribot, à soulever contre lui la Chambre
à la suite de la malheureuse affaire de
Lang-Son, qui, considérablement grossie,
avait causé dans le pays, mal informé, une
émotion indicible. En butte à des attaques
continuelles et furieuses, devenu un objet de
haine pour la foule, affublé du sobriquet de
« Tonkinois n, alors terme de mépris, au-
jourd'hui surnom glorieux que 1 Histoire
pourrait lui conserver, comme elle dit Scipion
« l'Africain », accueilli par des huées, Jules
Ferry succomba le 30 mars 1885 sous les
coups de ses ennemis coalisés.
Aous ne pouvons plus vous entendre} lui
cria M. Clémenceau. Nous ne pouvons plus
discuter avec vous. Ce ne sont plus des mi-
nistres que j'ai devant moi, ce sont des ac-
cusés de haute trahison, sur lesquels) s'il
subsiste un principe de responsabilité et de
justice, la main de la loi ne tardera pas à
s'abattre.
Le 29 juillet 1882, M. Georges Clémenceau
renverse le ministère de Freycinet qui
voulait sauvegarder les droits séculaires de
la France en Egypte et avait posé la ques-
tion de confiance sur les crédits destinés à
assurer notre prestige dans la vallée du Nil
Par ce vote, l'Angleterre devint seule mai.
tresse de la terre des Pharaons pendant près
de 50 ans.
Le Temps, par ailleurs, précise dans quel-
les conditions M. Clemenceau réussit à
abattre le cabinet Henri Brisson, qui avait
succédé au cabinet Jules Ferry, parce qu'il
ne voulait pas évacuer l'Indochine.
Par contic, devenu président du Conseil,
il suivit au Maroc la politique de M. DeI.
cassé, qu'il avait violemment combattu alors
que ce dernier était ministre des Affaires
étrangères, il résista aux prétentions ger-
maniques au sujet de l'évasion des déserteurs
allemands de la légion étrangère à Casa-
blanca. préparée et organisée par le consul
d'Allemagne à Casablanca même. fi signa le
9 février 1909 un accord avec l'Allemagne
'pour régler une fois pour toutes les diffi-
cultés entre les deux pays dans l'Empire
chériften. Mais ce traité aussi mal conçu que
celui de Versailles dix ans plus tard, ne ré-
gla rien, ce fut peu après la visite de Guil-
laume II à Tanger et l'incident d'Agadir.
D'accord avec AI. K. Poincaré. mais dans
des buts différents, il renversa à la suite des
délibérations de la commission des Affaires
étrangères du Sénat le ministère Caillaux
au début de 1912 sur le projet de loi portant
approbation de la convention conclue entre
la France et l'Allemagne pour la délimita-
tion de leurs possessions équatoriales.
M. Poincaré, devenu président du Conseil,
fit ratifier les accords signés par M. Cail-
laux malgré les véhémentes protestations de
M. (i. Clénwnccau.
Au traité de Versailles, malgré l'admira-
ble effort de nos troupes coloniales qui
conquirent à peu près seules le Togo et le
Cameroun, M. Clémenceau ne lit donner le
mandat à la France que sur la moitié de ces
deux ex-colonies allemandes, l'Angleterre et
ses Dominions recevant outre les deux autres
moitiés, l'admirable Est-Africain allemand
si prodigieusement organisé et outillé, le
vaste Ouest-Africain allemand et toutes les
colonies germaniques d'Océanie.
Depuis sa retraite survenue en 1920, après
son échec a la présidence de la République,
où il fut battu devant le congrès prélimi-
naire par M. Paul Dcschanel, M. G. Clé-
menceau s'était moins occupé que jamais de
notre empire colonial. Au lendemain de son
échec à l'Elysée, il fit un grand voyage aux
Indes anglaises mais se refusa à pousser
jusqu'en Indochine pour y admirer l'œuvre
française à laquelle il n'avait pas voulu
souscrire.
La mort de Clemenceau
Les condoléances de l'Algérie
Des qu'il a été avisé do la mort de M. (;col -
gcs Clemenceau, M. Hordes, gouverneur gé-
néral de il'Algérie, a envoyé à M. Michel Cle-
moncomi, le UMôgiuunmc suivant :
« En vous adressant pour vous et tous les
vôtres, l'expression émue de mes condol<'a.nce.s
attristées, l'Algérie s'incline, endeuillée, devant
la mémoiro du grand citoyen qui a fuit la Fran-
ce victorieuse.
« Toutes les populations françaises et indi-
gènes sont ici, près de vous, par le cœur et piw
fil pensée. Files s'unissent à votre douleur qUI
est celle de la France entière. Signé : Hor-
des. »
Sitôt connue, la mort de George* Cletnen-
ceau, tous les bâtiments ofliciels, de nombreux
établissements privés et, des maisons particu-
lières il Alger comme dans toutes les grandes
villes d'Algérie, ont arboré itrs drapeaux en
berne.
Un raz de marée ravage l'île Miqnelon
Un message reçu à New-York, émanant du
gouverneur p. i. de Saint-Pierre-et-Miquelon,
signale que des vagues hautes de plus de neuf
mètres ont couvert le littoral de cette dernière
île, causant de grands dommages et terrifiant
les habitants.
Par suite de la brame an morutier s'échoue
-
Le trois-mâts Miquelon, de la. Compagnie
de la marine française, parti de Saint-Pierre-
et-Miquelon le 5 octobre, avec un chargement
de morues à destination de Port-de-Bouc, s'est
échoué par suite de la brume. Le capitaine
Hamon et les huit hommes oui composent
l'équipage ont pu gagner la plage. Le bâti-
ment repose sur fond ça à: er .a - P)I age. Le bâti-
ment repose sur fond de sable au sud-ouest du
phare de la Gachole. Il a plusieurs voies d'eau
et peut être être considéré comme perdu.
NOIR SUR BLANC
Pauvres actionnaires
'8
Il est intéressant de signaler l'attitude
adoptée par M. Octave Homberg à l'assem-
blée générale de l'Indochinoise des « Cultu-
res tropicales ». Devant l'imminence d'une
augmentation de capital de 50 à 100 millions
et en raison même des pertes colossales que
les anciens actionnaires éprouvent depuis le
lancement boursier de l'affaire, sans négliger
de ruiner les pauvres poires qui ont acheté
hors cote, des parts à 16.000 francs et des ac-
tons à près de 1.000 francs, un citoyen cou-
rageux a fait observer au président qu'il serait
équitable de réserver des parts nouvelles il
y en a déjà 16.000 aux souscripteurs qui
sauvegarderont les destinées de l' infortunée
Indochinoise. Commentaires ajoutent : M. O.
Homberg, rouge d'indignation, a répliqué ver-
tement que les statuts ne prévoyaient aucune
modification du nombre des parts et que tous
les pactes devaient être observés.
Evidemment, et puis l'Indochinoise de Cul-
tures Tropicales n'a pas fait le plongeon de
beaucoup d'autres valeurs du groupe Hom-
berg. telles les Verreries d'Extrêmes-Orient,
les Chalandages de l'Indochine, les Comptoirs
Sénégalais, la Chimie d'Extrême-Orient, les
Sucreries de l'Indochine, les Minerais de la
Grande Ile etc.
Mais si M. Octave, successeur de M. Va-
lentin, roi du caoutchouc a encore quelques
parts des Cultures tropicales à bazarder, voyez-
vous qu on en augmente la quantité pour en
diminuer (humi hum!) la qualité.
Enaurme!
ts'Angeiy
Une plainte en forfaiture à propos
des élections en Inde française
Deux conseillers généraux de l'Inde fran-
çaise, MM. Kattina Sellane, président de la
commission permanente du Conseil général,
et Joseph David, adjoint au maire de Pon.
dichéry, viennent, par l'urganc de M0 Henry
Torrès, de saisir le Parquet de la Seine
d'une plainte en forfaiture contre le (;ou-
verneur de cette colonie, M. Robert de
Guise, à propos des incidents qui ont mar-
que la période électorale de l'an dernier,
tant pour les élections cantonales que pour
les élections sénatoriales, en 1 emplacement
de M. Paul Bluysen.
Les plaignants affirment que des oidres
ont été donnés aux fonctionnaires de Pondi-
chéry de voter pour le candidat officiel : que
les principaux électeurs ont été convoqués à
Mahé, à la Résidence, et ont été menacés
d'arrestation immédiate s'ils ne votaient pas
ou ne faisaient pas voter pour le candidat
du Gouverneur; qu'une demande officielle
d'intervention parvint au consul britannique
de Pondichrry pour faire détenir arbitraire-
ment à Madras, en quarantaine, par les au-
torités anglaises, jusqu'à la lin du scrutin,
des électeurs sénatoriaux venant de Chander-
nagor et traversant le territoire anglais, ces
électeurs étant soupçonnés d'être favorables
à la candidature du docteur Eugène Le
Moignic qui fut du reste élu.
Nous ne comprenons, ni les origines, ni le
but de cette plainte.
Le sympathique M. Eugène Le Moignic,
(hef de cabinet de M. Paul-Prudent Pain-
levé, alors ministre de la Guerre, et son alter
ego, avait déjà été candidat officiel contre
M. Bluysen, sénateur sortant (|uclques mois
auparavant, de plus l'an dernier il fut seul
candidat au Sénat, M. Louis Dreyfus, an-
cien député, ayant décliné l'offre de ses
amis.
Concentration
L'industrie du riz elle-même cède à la
nécessité de concentrer ses éléments actifs.
-est ainsi qu'à une assemblée récente de la
« l'ranco-Coloniale des Riz », les action-
naires ont décidé d'apporter leur affaire à la
« Compagnie Indochinoise ». Cette dernière
va, de plus, absorber la Société des « R ize-
ries Saïgonnaises » et la Société des « Rize-
ries Lévesque ». C'est donc un petit trust
du riz qui se crée .du moins en ce qui
concerne nos colonies d'Extrême-Orient.
-9060 - -
De Tokio à Hanoi
•+•
M. Maspéro, professeur au collège de
France et Mme Maspéro, ont quitté Tokio
hier. Le sinologue français a été l'objet d'un
chaleureux accueil pendant son séjour à la mai-
son franco-japonaise. Il a fait des conférences
dans les universités et sociétés savantes de
Tokio et de Kyoto, M. Maspéro profitera de
son voyage de retour pour faire un court sé-
jour en Indochine.
Faut-il rappeler à nos lecteurs que M.
Maspero est le fitls du regretté G. Maspéro,
membre de t Institut et professeur au collège
de France qui dirigea pendant de longues an-
nées les services archélogiques français en
Egypte, où cet illustre savant a laissé comme
Mariette un impérissable souvenir.
-400
L'activité du mont Pelé
.1'
L'activité du Mont Pelé est plu- giande.
Les poussées de cendres continuent durant
de longues périodes et atteignent parfois
l'altitude de 5.000 et même 4.000 mètres. On
est à peu près certain d'avoir MI couler de
la lave par deux ou trois fentes verticales
localisées sur le sommet. en face de Saint-
Pierre. Grâce à la tluidité du magma, la
production de nuées ardentes a été évitée
jusqu'ici.
Près de l'embouchure de la rivière, dans
la pattie compiise entre la rivière sèche et
la rivière blanche, des chutes importantes
de cendres s'accumulent à une température
de So à 100 degrés et barrent la route aux
passants. En outre, il se dégage des gaz sul-
fureux en abondance.
Au Conseil d'État
Annulation d'un arrêté
du Gouverneur Général de l'Algérie
Le 8 février 1927, le Gouverneur géneial
de l'Algérie prenait un arrêté admettant
M. Jarrot, préposé des douanes, à faire va-
loir ses droits à la retraite pour invalidité
non contractée en service.
Ce fonctionnaire déférait au Conseil
d'Etat cette décision en vue de son annu-
lation.
Cette haute juridiction lui a donné gain
de cause, en annulant l'arrêté précité du
Gouverneur, attendu :
Qu'il résulte de l'instruction et des rap-
ports médicaux que la maladie de M. Jar-
rot qui l'a mis hors d'état de rester en ac-
tivité, se rattache au service;
.LJès lors, M. Jarrot est renvoyé devant
le Gouverneur général de l'Algérie pour que
soient prises les mesures que comporte
l'exécution de la présente décision.
Acquisition de propriété en Algérie
Conditions requises
Du droit de déchéance par arrêté
du Gouverneur Général
Le Conseil,
Considérant qu'il résulte de l'instiuc-
tion que. Mme Aloi, demeurant à Sétif (dé-
partement de Constantiue), qui a acquis la
propriété n° 1 du centre de Bazer, suivant
acte administratil en date du 3 octobre 1922,
n'a pas, malgré la mise en demeure qui lui a
été régulièrement adressée, le 5 novembre
Il)2.h rempli les conditions ci-après prévues
à l'art. 10 du décret du 13 septembre 1904 :
« L'acquéreur est tenu de transporter son
« domicile sur la terre acquise dans le dé-
« lai de six mois, à compter du jour de
« l'achat., d'y résider avec sa famille.,
<< de l'exploiter personnellement pendant
« les dix années qui suivent sa mise en pos-
« session. »
Or, l'article 15 du même décret dispose ;
« à défaut d'accomplissement des conditions
u précitées, la déchéance sera prononcée
n après une mise en demeure régulière, pai
'< arrêté du Gouverneur général. »
Considérant que, la dame n'ayant paL
-- ainsi que dit rempli les conditions pré.
citées, il en résulte qu elle n'est pas fondée
tt demander l'annulatiun de l'arrêté du
Gouverneur général prononçant sa dé-
chéance.
Décide : l.i icquète de la dame Aloi am
fins d'annulation dudit arrêté est rejetée.
La Compagnie des Mines
de Séguiri (Guinée française)
gagne son procès
Fondée en 1917, la Compagnie des Mme
de Séguiri s'était régulièrement assurée 1
bénéfice de deux permis d'cxpluitation dél:
vrés respectivement à MM. Buffet et Wa
tar en englobant le gisement de la collin
de Fatoya (Guinée française).
Depuis de longues annéfs, les indigène
avaient d'ail leurs abandonné ces travau
d'exploitation.
Jamais l'administration de la coloni
n'avait fait d'objection à ce que la Compa
ji' .& %-ii i i f~iit t ce (iti(- lit L'onil)ii
gnie rxploit.it les gisements superficiels d
la colline en y pratiquant uni: tranchée.
Soudain, fin 1 c) 13, l'attitude du Gouverne
ment général de l'A. O. F. se modifia et 1
22 janvier 1014, le Gouverneur général
;,,'i,,¿, prévint l'administration, que des indi
gènes se seraient plaints à un Inspecteu
des colonies en mission de l'atteinte porté-
à l'exercice de leur droit coutumicr, oidon
nant la tenue d'une « palabre; » <\ l'effet d
préciser l'état de la question.
.M.lis sans même attendre le piocès-vei
bal de cette » palabre », le Gouverneur gé
néia 1 intimait au Lieutenant-Gouverneur d
, la Guinée, l'ordre d'interdire à la Compa
gnie (k- continuer ses travaux.
La Compagnie cessa immédiatement v.m
exploitation.
En raiMon du préjudice causé, elle lécla
ma une indemnité de 5 millions.
Le Conseil du Contentieux administrati
de la Guinée ayant, par arrêté en date ck
1 «> février 10.24, rejeté sa demande, la Coin
pagnie introduisit un recours au Coimei:
d'Etat aux fins d'annulation de cet arrêté.
Cette haute, juridiction lui a donné gaii
de cause.
L'arrêté a été annulé et la colonie de la
Guinée française a été condamnée à versci
à la Compagnie requérante, une indemnité
de 50.000 francs et aux dépens,
Attendu, a déclaré Te Conseil d'Etat en
son arrêt rendu:
« Que les travaux de la Société entreprit;
« depuis plusieurs années, étaient connus
Il et encouragés 1) i-t i- eit
k ordonnant il la Société de cesser et d'aban-
« donner immédiatement et complètement
« ses travaux, alors qu'aucune plainte des
k indigènes ne lui imposait une décision
« aussi brusque, l'administration de la colu-
« nic a fait de ses pouvoirs un usage abusif
11 de nature à engager sa responsabilité pé-
(i cuniaire à l'égard de la Société. »
Pour justifier sa décision, le Gouverneui
général soutenait que le régime des tra-
vaux entrepris par la Compagnie c'est-à-
dire eu tranehers ouvertes était de na-
ture à attirer les chercheurs d'01 souvent
indésirables et, partant, compromettre l'or-
dre public et la sécuiité de» indigènes.
Argumentation que n'a pas voulu retenu
le Conseil d'Etat et ce, comme suite à l'en-
i quête ordonnée.
Mise à la retraite d'un fonctionnaire
des Services publics de l'Indochine
Le i; juillet 1927, le Gouverneur génétal
de l'Indochine prenait un arrêté admettant
M. de Montbrial, chef de bureau hors classé
des services civils de l'Indochine, à faire
valoir ses droits à la retraite.
Estimant cpie cette <( décision » était en
tachée d'excès de pouvoir, ce fonctionnaire,
la déférait au Conseil d'Etat aux tins d'an-
nulation.
Attendu, soutenait ce dernier, qu'aux tCI-
mes de l'art. 11 1 de la loi du 30 juin 1923,
t» .Ne peuvent être mis à la retraite
avant 60 ou 65 ans, selon qu'ils appai-
Il tiennent au service actif ou au service sfi
« dentaire, les fonctionnaires « ivils qui dé-
<< sirent conserver leurs fonctions à condi-
« tion qu'au moment où ils atteindront leur
oit 6o* année, ils soient pères d'au
Il moins trois enfants vivants et soient en
k état d'apurer leurs fonctions. »
Statuant sur cette importante question,
le Conseil d'Etat a rejeté la requête de
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 80.37%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 80.37%.
- Auteurs similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6280640g/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6280640g/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6280640g/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6280640g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6280640g
Facebook
Twitter