Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-10-03
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 octobre 1929 03 octobre 1929
Description : 1929/10/03 (A30,N144). 1929/10/03 (A30,N144).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6280618n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
1 TRENTIEME ANNEE. N° 144.
EN NUMERO : 80 CENTIMES
JEUDI SOIH, 3 OCTOBRE H);ro.
JOUR III OUOTIDIE.
Rédaction & Administration :
14, RU Il mit-TMMr
PARIS 0")
itLÉFH. 1 LOUVRE 19-37
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Les Annales Coloniales
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tous les bureaux de poste.
La peine des hommes
quand le climat est meurtrier
C'est un devoir dont l'accomplissement
ne souffre aucun retard, que de soulager la
peine des hommes sous certains climats
meurtriers, où le labeur s'alourdit d'une lutte
tragique contre de terribles épidémies.
Je l'ai dit, cela, en bien des occasions,
mais la meilleure tut, assurément, celle que
me fournit le débat colonial du 26 juin der-
nier.
Il y a, en Afrique équatoriale française,
disais-je ce jour-la, du haut de la tribune
de la Chambre, des épidémies terribles qui
dévastent la population. Je serais heureux
d'entendre Ai. le ministre des Colonies nous
dire que, dans cinq ans, il n'y aura plus de
maladie du sommeil.
Le logo va peut-être subir les atteintes
de la maladie du sommeil, Il faut engager,
là-bas, une action vigoureuse, non pas dans
deux, dans un an, dans six mois, mais de-
main. Il suffit parfois d'une poussière de
crédits : dun, deux ou trois millions pour
arriver à empêcher la contamination de toute
une population.
Demandez-nous ce qui est nécessaire,
nous ne vous le re fuserons pas. Dans ces
questions d'humanité, il n'y a pas de parti,
pas de groupe, pas de sous-groupe, tout le
monde est d'accord.
lEt M. le Ministre des Colonies me repon-
dit : Je ne vous demanderai pas trois mil-
lions, mais cinquante millions.
Je reviens encore, cependant, sur ce pro-
blème de la main-d'œuvre indigène. Il
s'agit, et de la protection de la vie humaine
et de la grandeur de la France.
Dès qu'il est question d'entreprendre de
grands travaux coloniaux sous certaines lati-
tudes particulièrement inhospitalières, 1 ex-
périence de Panama doit nous servir. Les
Américains y ont repris l'oeuvre française et
l'ont menée à bonne fin. Qu'ont-ils lait ? Ont-
ils continué à creuser, cest-a-dire à poursui-
vre le travail que nous avions commencé ?
Nullement. Ils ont construit d'abord des
infirmeries, puis des habitations après avoir
assaini la région ; ils ont créé une route.
Lorsqu'ils eurent amené à pied d œuvre la
nourriture, les médicaments, tous les moyens
d'hospitalisation indispensables, alors, seu-
lement, ils ont procédé à l'établissement du
Canal de Panama et les travaux ont repns
un cours nouveau, grâce à des équipes soli-
dement défendues contre les épidémies.
Un rendement plus grand correspond tou-
jours au mieux-fetre humain ; nous devons
être certains que chaque fois qu'on dépense
, de l'argent par prévoyance pour protéger des
vies humaines, en fait, on réalise des éco-
nomies.
Ainsi, nous retrouvons à la base même du
double problème de la main-d'œuvre et de
la mise en valeur de nos Colonies, (surtout
en A. 0. F. et en A. E. F.) l'organisation
sanitaire. Trois données essentielles carac-
térisent son domaine et son programme d'ac-
tion : assistance médicale, hygiène, prophy-
_1 -, E' '1 d '.1'
laxie. Est-il donc nécessaire de toujours at-
tendre le S. 0. S. de malheureuses popula-
tions décimées par de redoutables endémies
pour réagir efficacement ? Ne vaut-il pas
mille fois mieux prévoir, que d'user le dé-
vouement admirable du corps médical colo-
nial sur des cas désespérés ?
N'est-ce pas une honte, pour notre civili-
sation, que des milliers d'hommes tombent
victimes de la maladie du sommeil et que
nous pourrions arracher à la mort, avec la
ferme volonté de faire tous les sacrifices
nécessaires ? Car nos sciences biologiques
ont accompli l'effort, elles sont à même de
guérir le pian, la maladie du sommeil, la
syphilis, etc.
sy Seule, notre politique humanitaire et so-
ciale est en défaut ; elle doit en faire béné-
ficier sans délai les populations décimées
par la misère physiologique. En A. E. F.
la maladie du sommeil fait encore de trop
nombreuses victimes, le fléau menace le To-
go, je le répète. 11 faut engager là-bas
une action vigoureuse, non pas dans six
mois, mais demain. La rapidité de l'action
peut seule empêcher la contamination de
toute une population.
Pour mener efficacement cette croisade
contre le fléau, il ne faut refuser aux régions
atteintes, ni les crédits indispensables, ni les
médicaments, ni les moyens de transports par
automobiles.
Seulement, l'organisation sanitaire est
aussi avant tout un problème de personnel.
La question est d'importance !. Sa solution
commande de faire une solide publicité aux
carrières coloniales et d'assurer aux candi-
dats, au point de vue matériel, la situation
à laquelle ils ont droit.
Les hommes ne manquent pas chez nous,
mais il faut les aider.
La vie coloniale est souvent sévère pour
le médecin contraint de vivre sans famille,
sous un climat meurtrier, au milieu de peu-
plades décimées par les épidémies. Ils sont
là, très loin des leurs, en contact perma-
nent avec le mal. A ceux là, la France doit
assurer autre chose que la Légion d'Hon-
neur sur une tombe et un salaire inhumain.
Il faut, pour accomplir le service médi-
cal aux Colonies, des hommes qui aient de
l'autorité et du galon ; il sera peut-être in-
dispensable un jour prochain de créer un
corps d'oftiders de santé capable d'encadrer,
de diriger le corps d'infirmiers coloniaux,
fort @ opportunément créé par M. Léon
PerrÍer.
Certes, la tache à poursuivre est rude
(surtout en A. E. F.) ; elle réclame pour
être menée à bonne fin, de l'argent, encore
de l'argent, beaucoup d'efforts collectifs et
individuels et l'exercice de volontés persé-
vérantes jusqu'à la résurrection des races in
digènes.
Pierre Tatttlngcr,
Député de Parts,
Président de la Commission titi
l'Algérie, des Colonies et des Protectorats.
M. Lucien Saint rentre an Maroc
- »•»
M. Lucien Saint, Résident général au
Maroc, et le général Noguès, chef du cabi-
net militaire, prenant passage avant-hier à
onze heures sur l'Ahdtl. à destination de Ca-
sablanca, ont été salués au départ par le
préfet, M. Delfini, par M. Nunzi, et par
MM. Régis, Boyer et Surjou.
La mission du Dr Péchin
-------- .e.
.- Le docteur Péchin, député, membre de la
commission de l'Armée, chargé par elle,
comme on sait, d'étudier le fonctionnement
des services de santé et d'hygiène au Maroc,
est arrivé hier à Rabat.
i
Le téléphone Fès-Oran
On essaie la ligne téléphonique Fès-
Oudjda-Oran. Les résultats sont très satis-
faisants. La ligne sera mise très prochaine-
ment à la disposition du public.
A TANGER
1 Il
Le nouvel administrateur français
M. Le Fur, le nouvel administrateur fran-
çais de Tanger, a été reçu solennellement
aujourd'hui par VAssemblée législative. Les
délégués de chaque nationalité lui ont sou-
haité la bienvenue.
(Par dépêche.)
Le ministre plénipotentiaire d'Espagne
M. Manuel de Figuerola-Feretti de Marti,
ministre plénipotentiaire d'Espagne à Mexi-
co, est nommé en cette qualité à Tanger, en
remplacement de M. Almeida.
(Par dépêche.)
8..
An Maroc Espagnol
ces
Un ouragan
Un orage d'une violence inouïe vient de
s'abattre sur la région de Melilla. La foudre est
tombée sur le marabout de Sidi-Bachir-du-Gou-
rougou, déterminant un incendie qui a partiel-
lemént détruit le sanctuaire.
Dans toute cette zone, les pluies ont occasion-
né d'énormes crues des oueds. On a des victimes
à déplorer. A l'oued Amakan, notamment, une
jeune Mauresque et son frère, qui tentaient de
traverser, furent emportés par le courant sans
qu'il fût possible de leur porter secours. Les dé-
dit toni très importants. On compte de gran-
S es pertes parmi les troupeaux
'- (Par dépêche,)
A l'Académie de Médecine
» ♦«
L'Hygiène des pèlerins de la Mecque
MM. Manceron, Résident général à Tu-
nis; le comte de Saint-Quentin, directeur
de l'Afrique du Nord au ministère des Af-
faires étrangères ; ben Ghabrit, directeur du
Protocole du Sultan du Maroc, président
des Habous, directeur de la Mosquée de Pa-
ris, assistaient avant-hicr à la séance de
1 Académie de médecine, où une communica-
tion fut faite sur les pèlerinages de La
Mecque par le docteur Dinguizli, membre
correspondant de l'Académie.
Au cours d'une mission récente à La Mec-
que, le docteur Dinguizli a eu l'occasion de
constater que les conditions d'hygiène aux-
quelles sont soumis les pèlerins sont des
plus déplorables.
Les moyens de transport et les conditions
de l'alimentation en particulier demandent
à être complètement transformés. En ce qui
concerne les transports, il importe de pren-
dre des dispositions pour éviter l'encombre-
ment à bord des navires, où les pèlerins
sont le plus souvent condamnés à loger au
nombre de six ou sept dans des cabines dis-
posées à en recevoir deux ou trois au maxi-
mum et pour leur assurer un approvisionne-
ment d'eau suffisant et de glace. En ce qui
concerne l'alimentation, il est aussi de pre-
mière importance de réformer les pratiques
en usage depuis des siècles, notamment celle
de permettre aux pèlerins d'emporter leurs
provisions de bouche pour toute la durée de
leur voyage.
Les pèlerins étant nourris par les soins du
bord, de nombreuses intoxications, détermi-
nées par l'altération, due à la chaleur, de
leurs provisions, seraient de ce fait évitées,
sans compter que l'on supprimerait en mê-
me temps les risques d'incendie résultant de
l'emploi pour la préparation de leur nourri-
ture des fourneaux à pétrole.
Ces diverses propositions, sur la demande
du docteur Dinguizli, ont été renvoyées à
l'examen de la commission d'hygiène qui
fera connaître son avis dans une prochaine
séance.
A L'ACADÉMIE DBS SCIENCES 1
̃ ̃ »♦«̃̃̃̃̃
Géologie nigérienne
Dans le compte rendu de la séance de
l'Académie des sciences publié dans les
Annales Coloniales relativement à la cam-
pagne géologique de M. Pérebaskine, il
s'agissait non des Boucles du Niger, mais
de la « Boucle du Niger n, région compre-
nant le Soudan Français, de Bamako à
Niamey, et bordée à l'Est, au Nord et à
l'Ouest, par la boucle que forme le grand
fleuve africain.
TRAVAIL FORCÉ
-
fit
Notre excellent collaborateur et
ami Auguste Brunet, député de la
Réunion, va rouvrir le grand débal
colonial suspendu à la veille des vacances,
en déposant une interpellation sur le travail
des indigènes aux Colonies.
Il elÎt été malheureux que cette discussion
se terminât en eau de boudirt.
Félicitons le représentant de l'lie Bour-
bon de son initiative.
Il a exposé, d'ailleurs, dans un article re-
marquable, publié dans les Annales Colo-
niales le 25 juillet dernier, soit point de vue
qui est aussi celui de la presque unanimité
de la Commission des Colonies.
, Cette question du droit à la paresse et de
l'obligation au travail a déjà fait couler
beaucoup d'encre et elle attendra encore
longtemps avant d'avoir trouvé une solution
définitive.
Un de mes amis qui fut député et qui.
chose rare, ne songe pas à le redevenir, me
disait à la fin de la guerre :
« le ne serai jamais bolcheviste, parce que
ces gens-là veulent nous obliger à travailler
et je n'aime pas qu'on me force à travail-
ler 9.
Certains limitent l'obligation au travail
aux besoins etatistes ; c'est-à-dire à la colla-
boration de Vautochtone aux grands tra-
vaux d'intérêt général chemins de fer,
ports, routes, etc.
D'autres vont - plus loin.
Pourquoi ferait-ott des chemins de fer,
des ports, des routes, si les naturels ne tra-
vaillaient pas soit pour leur propre compte,
soit dans des entreprises, afin d'utiliser ces
moyens de communication qui n'ont pas d'au-
tre but que d'assurer le sort économique d'un
pays 1
Mais au début, il existe quelque chose de
plus important encore, l'obligation au tra-
vail pour les indigènes. afin qu'ils fuissent
pourvoir à leur propre subsistance.
Si nous les aidons de toutes les forces de
notre civilisation pour les guérir ou les sou-
lager des fléaux qui tuent, ou qui amoindris-
sent dans une énorme proportion la vie hu-
maine, nous devons aussi leur inculquer
une hygiène plus grande, pour qu'ils vivent
plus longtemps et les habituer à une nourri-
ture plus rationnelle afin d'améliorer leur
santé.
M. Gabriel Angoulvant, qui a été un des
plus grands gouverneurs généraux de la
Troisième République, me disait. il y a quel-
ques années, que les tribus indigènes du Ga-
bon, tout proches des Pahouins, étaient tom-
bées dans un tel état de décrépitude men-
tale et physique qu'ils étaient devenus géo-
phages.
Devons-nous laisser ces gens-là mourir
avant d'avoir vécu ?
Devons-nous abandonner ces races à leur
triste sort ou bien devons-nous au contraire
leur donner ou leur redonner le goût de la
culture. de l'élevage, de la pèche, etc., etc. ?
Voiltl, il me semble, de multiples aspects
de l'obligation au travail. Ce tout forme une
chaîne ; sur le premier anneau est posé le
problème de l'individu lui-même et au bout
de tous les maillons de cette chaîne demeure
suspendue la vie économique des Colonies
réalisée plus ou moins heureusement par la
bonne volonté des noirs ou des jaunes et la
modération des races dirigeantes.
Marcel Ruedci.
18. –-
NOIR SUR BLANC
LITTERATURE COLONIALE
1..
La Librairie Fasquelle, qui est bien con-
nue dans le monde sous le nom de a Biblio-
thèque Charpentier », a eu une ingénieuse
idée que nous sommes heureux de signaler :
Au dos de certains de ses livres, elle se
plaît à établir un répertoire de ses romans
situés hors de France.
C'est une heureuse initiative dont on ne
saurait assez la louer.
Espérons qu'un jour prochain viendra où
le champ d'action coloniale aura permis à la
Bibliothèque Charpentier d'éditer suffisam-
ment de romans coloniaux pour qu'il n'en
figure pas d'autres au dos de ses livres.
Voici quelques titres que nous relevons avec
plaisir parmi les plus coloniaux :
Alfred Blanchet : De auel amour blessée
(Réunion) ; ¿
Paul Bonnetain : Le nommé Ferreux (Mar-
tinique, Guyane), qui fut un explorateur ;
Jehan Cendrieux : Al Ghàdir (Syrie), qui
revient de l'Indochine ;
Cl. Chivas-Baron : Trois femmes anna-
mites ;
Isabelle Eberhardt : Pages d'Islam ; Tri-
mardeur (Algérie) ;
Gustave Flaubert : Salammbô (Carthage)
au milieu d'une liste comme le soleil au
firmament ;
Marcel Frager : Près des tombeaux
d'amour (Tunisie) ;
Chekri Ganetn : Dâ'ad (Beyrouth) ;
Marius-Ary Leblond : Le Zezèrc (Ile
Bourbon), La Sarabande (lie Bourbon), Ani-
cette et Pierre Desrades (Ile Bourbon), Les
Sortilèges (Océan Indien), L'Oued (Algérie),
qui eurent un beau talent ;
Roland Meyer : Saramani, danseuse cam-
bodgienne ;
Jean-J acques Neuville : Sous le burnous
bleu (Maroc).
Le palmarès colonial est entr'ouvert. Les
candidats coloniaux libraires-éditeurs, n'ont
qu'à s'aligner.
L'Angély-
LIRE EN 2e PAGE :
A la Chambre des Député.
Dépêches de l'Indochine.
A la Chambre de Commerce de Saint-Louis-
du-Sénégal.
L'Aviation Coloniale.
M. J. Carde à Lyon
»♦»
La Chambre de Commerce de Lyon a offert
un déjeuner intime à M. Carde, Gouverneur
génétal de l'Afrique Occidentale française.
Au dessert, le président Louis Pradel a féli-
cité M. Carde des résultats de son administra-
tion. Il a insisté, notamment, sur la nécessité
de maintenir le développement régulier de la
balance commerciale. Il a rappelé, à ce pro-
pos, que l'Office créé à Lyon par la Chambre
de Commerce n'a d'autre objet que de déve-
lopper les échanges mutuels entre la métropole
<>1- I» C'nlnnip-
-- M. Carde, répondant à cette allocution, a
fait ressortir les difficultés qui s' opposent à
l' œuvre coloniale en général, création de ports,
de routes ; utilisation de la main-d' œuvre pour
ces ports. L'A.O.F. a réalisé tout ce qu'elle
pouvait, étant entendu qu'elle a voulu tenir
compte du trafic possible. La création des
routes a été de pair avec l'utilisation des trans-
ports en autos. Sept mille camions roulent au-
jourd'hui en A.O.F. Quant à la main-d'œu-
vre, elle manque, l'Afrique ayant été dépeu-
plée par les guerres et les maladies. Une des
tâches principales de l'administration coloniale
est de favoriser l'accroissement de la popula-
tion, mais c'est une œuvre de longue haleine
dont le succès repose entièrement sur le déve-
loppement des ressources alimentaires.
Pour réaliser cette œuvre, il faut des capi-
taux. L'A.O.F. les trouvera dans l'emprunt.
Ils permettront le développement des entre-
prises industrielles et commerciales. Une par-
tie de leurs profits reviendra aux indigènes, qui
verront ainsi s'améliorer leurs conditions d exis-
tence. L' A. O. F compte sur l'appui matériel
et moral de la Chambre de Commerce de Lyon
pour l'aider à réaliser ses projets.
L'A. E. F. à l'Exposition d'Anvers
..f
L'emplacement réservé à l'A.E.F. à l'Ex-
position d'Anvers de 1930 a été porté de 200
mètres carrés à 250 mètres carres à la suite
d'une réclamation d'un de nos confrères.
A MADAGASCAR
L'inauguration de la route
de Miarinarivo à Tsiroanomandidy
-
Le 5 juin dernier, M. Germenot, adminis-
trateur supérieur-chef de la Région, accom-
pagné de M. Marchand, administrateur en
chef, chef de la province de Miarinarivo,
de M. Martin, chef de la mission des Ta-
bacs, inaugurait la nouvelle route reliant
Miarinarivo à Tsiroanomandidy. Le trajet,
soit 156 kilomètres, fut franchi en quatre
heures. A l'Administrateur supérieur
s'étaient joints un certain nombre de colons
et de commerçants de Tananarive et de la
région. Le même jour était inauguré le
courrier postal automobile hebdomadaire en-
tre Miarinarivo et Tsiroanomandidy.
Cette route due aux efforts de M. * l'admi-
nistrateur en chef Marchand et à ceux de
son collaborateur M. l'Inspecteur principal
de la Garde indigène Istria, chef de la sub-
division, met fin à l'isolement de la région
de Tsiroanomandidy.
De nombreuses charrettes circulent déjà
sur la nouvelle voie de communication.
Aussi les prix des divers articles d'importa-
tion : tissus, sucre, etc., ont-ils déjà sensi-
blement baissé.
Il faut féliciter MM. Marchand et Istria
de l'œuvre qu'ils ont réalisée avec le con-
cours du Service des travaux publics qui a
construit un pont important sur la Sakay.
Du fait de la création de la nouvelle
route, le portage qui, jusqu'à ces derniers
temps, nécessitait l'emploi d'un grand nom-
bre d'indigènes sera pratiquement supprimé,
entre Miarinarivo et Tsiroanomandidy.
L'Administrateur supérieur a, d'autre
part, décidé de faire commencer immédiate-
ment l'étude pour que la route soit poussée
jusqu'à Ankavandra qui est sis à 120 kilo-
mètres environ de Tsiroanomandidy. Lors-
que cette section sera terminée, le portage
dans cette région sera en grande partie sup-
primé ; le transport des colons et des fonc-
tionnaires et l'acheminement du courrier sur
la province de Miarinarivo seront, en effet,
assurés par le courrier automobile ilt!:;Qu'à
Ankavandra.
La foire de Tsiroanomandidy qui coïnci-
dait avec l'ouverture de la route, a été très
réussie. 22 automobiles avaient amené de
nombreux commerçants, et plus de deux
cents charrettes assuraient le transport des
marchandises. Aussi les transactions ont-
elles été très importantes. Ajoutons que
6.000 bœufs environ avaient été amenés au
champ de foire. A noter de beaux envois
de tabac et de Vary lava.
Les fêtes qui se sont déroulées à Tsiroano-
mandidy ont été d'autant plus réussies que
la population indigène de la région mani-
festait sa joie de voir cesser son isolement.
L'assassinat de Jean Galmot
060
L'on commence à se demander si jamais
la vérité pourra sortir des longs débats que
va nécessiter l'assassinat de Jean Galmot,
D'abord, trente-trois inculpés sont bien
attendus à Nantes plus tard d'ailleurs
qu'il n'avait été dit mais douze autres,
laissés en liberté provisoire, resteront à la
Guyane. Et surtout, il est impossible
d'appeler en France les témoins : plus de
deux cents I dont il faudra pourtant recueil-
lir les dépositions par le moyen des com-
missions rogatoires. Cela pourrait durer des
années.
Bref, les difficultés apparaissent telles
qu'on envisage le départ de M..Lemarchand,
juge d'instruction, pour la Guyane où, avec
le concours de plusieurs inspecteurs de la
police mobile de Nantes, il procéderait sur
place à une enquête complète.
TAUX DE LA PIASTRE
A ila date dit 1"r octobre, le laux de la piastre
à Saïgon était de 10 80.
L'élevage ovin au Sénégal
»•»
Les tentatives d'acclimatation de moutons
mérinos au Sénégal ne semblent pas avoir
réussi aussi bien qu'on avait pu l'espérer au
début. On est du moins fondé à le croire,
puisqu' un communiqué récent annonça que
l'Administration avait abandonné les tentatives
d'acclimatation de sujets importés, et qu' elle
avait adopté un nouveau programme basé sur
une amélioration des races locales, grâce à un
rpaimp alimentaire rJnc eiiKetantipI
- - t'I_ "'--"-.-'.
Le problème ainsi posé ressQft donc unique-
ment de l'agriculture. Il s'agit, non plus d'ac-
climater des animaux, ce, qui est toujours très
délicat, mais des plantes. Ce n' est pas tou-
jours facile non plus, mais cela coûte généra-
lement moins cher, et réussit plus souvent, sur-
tout lorsque l'on s'entoure de certaines précau-
tions, connues de tous les agronomes de car-
rière.
1"11. 1 1
lui somme, on va tenter au oenegal, dans
me ferme déjà choisie, celle de N'Guitche,
'amélioration des pâturages, en éliminant les
!spèces de graminées nuisibles ou inutiles, et
în développant, ou en introduisant, de nou-
velles variétés reconnues bonnes fourragères,
rhéoriquement, la chose est fort simple. On
rerra à l'essai quels sont les ennemis à vain-
:re, et qui dépendront du sol et du climat. Il
aut souhaiter vivement la réussite de cette
tentative, car, en dépit des affirmations de trop
nombreux coloniaux métropolitains uniquement
bourrés de théorie, très incontestablement,
pour tous ceux ayant été les voir sur place, les
moutons du Sénégal et du Niger auraient grand
besoin d'être améliorés, au point de vue de la
qualité de la viande et pour ce qui a trait à
leur toison. Or si, à la rigueur, et en dévelop-
pant encore les apports de l'Afrique du Nord,
la France peut se suffire pour ce qui concerne
r alimentation, il n' en va pas de même pour la
laine. Nous en achetons beaucoup trop à
l'étranger.
En ce qui concerne I amélioration rêvée on
doit pouvoir y arriver. Il nous souvient du
temps heureux où nous habitions sur les bords
du Niger. Temps heureux surtout parce que
nous étions beaucoup plus jeune ou plutôt bien
moins âgé. A ce moment, nous avons réussi,
par le procédé auquel l' Administration revient
aujourd'hui, c'est-à-dire en améliorant la nour-
riture et le régime, au point de vue propreté
surtout, des animaux, à obtenir des moutons de
race Bambara, assez bien en chair pour être
mangés sans trop de dégoût. Ils ne valaient pas
les pré-salés de Pauillac ou de Normandie :
mais ils n'étaient pas mauvais et c'était déjà
beaucoup quand on les comparait à ceux que
débitaient sur les -- marchés les bouchers indigè-
nes, ou à ceux que l'on achetait dans la
brousse. On ne les payait pas cher ces mou-
tons de brousse, c'est vrai, de 5 à 10 francs
par tête, mais c'était bien tout ce qu'ils va-
laient. Il fallait vraiment avoir faim et bon
estomac pour s'en contenter, et gigots ou cote-
lettes auraient été repoussés avec horreur par
la moins difficile des ménagères de France.
L'essai que l'on veut tenter peut donc réus-
sir. La chose est d' autant plus probable que
l'Administration dispose de moyens que nous
n'avions pas, et que les agros de nos jours sont
infiniment plus calés et armés pour la victoire,
1 que nous ne l'étions.
Mais en admettant que 1 essai se comporte
parfaitement, ce ne sera pas tout. On aura dé-
montré qu'avec des soins et du travail on peut
avoir en A.O.F. des moutons mangeables et
porteurs d'une bonne toison marchande ; mais
il faudra généraliser Cessai, et faire adopter
les procédés de culture par les autochtones.
Car les Européens éleveurs de la région bril-
lent encore par leur absence ou à peu près.
Et cela sera plus difficile : cela le sera
même davantage peut-être que ne t' aurait été
la diffusion de l'amélioration par I élevage.
En effet, augmenter la valeur et le rendement
des pâturages demandera un travail matériel ;
tandis que le croisement des races, mon Dieu,
cela peut se faire sans grande fatigue physique
pour le propriétaire du troupeau. Or, il faut
compter avec l'apathie du noir et avec son
aversion, très compréhensible, pour tout effort
corporel, fatiguant. C'est là que se trouve le
danger venant s'ajouter à celui résultant de la
force d'inertie et de la routine atavique de
l'indigène.
Et ce dernier point n'est pas négligeable :
regardez en Algérie. A Maison Carrée et à la
ferme de Tadmit, il y a des cours fort bien
faits et des démonstrations très concluantes
dans le but d'arriver au perfectionnement de
l'élevage ovin. Ces cours, croyons-nous, ont
lieu chaque année dans le courant d avril.
Les jeunes élèves arabes, rentrés chez eux,
doivent servir de moniteurs vis-à-vis de leurs
parents et voisins afin de leur faire comprendre
et appliquer les méthodes d'amélioration dans
l'élevage du mouton, qu'on leur a enseignées.
Théoriquement, c'est parfait. Pratiquement
le résultat obtenu est-il bien probant > Un
certain doute est malheureusement permis. Et
cependant les gros propriétaires arabes pas-
teurs sont plus intelligents, plus aptes à la
compréhension de nos méthodes modernes que
les noirs d'Afrique Occidentale.
Voilà le point, également noir, de la ques-
tion. Ce qui n'empêche pas que l'essai fait à
N'Guitche ne soit fort intéressant. On doit lui
souhaiter complète et prompte réussite.
Louis Le Barbier.
CINÉMA COLONIAL 1
tt.
En A. E. F.
Le 22 octobre s'embarquera à destination
de Pointe-Xoire, M. jein destiie, romancier
et cinéaste, qui ira en Afrique équatoriale
pour tourner un grand film dont il a fait lui-
même le scénario.
Au Congrès de Séville
Les commissions ont continué hier matin
leurs travaux. De nombreux délégués y assis
taient. MM. Ferro, Chevalier, Bart, Ancel
délégués du Havre ; Bouquet, délégué def
Compagnies de navigation; Souleau, .délégu<
des torréfacteurs de cafc* ; Lucius, de Stras
bourg, et Faugèrc, secrétaire général, sont in
tervenus dans le débat.
La 2" commission, sous la présidence d(
M. Laplace, a enterdu différents rapports d,
plusieurs membres de l'Association de Pari
concernant la production et la consommation.
La commission a entendu également le rap
port de la Fédération officielle des Agent?
commerciaux espagnols et une commission a ét,-
désignée pour étudier le rapport concernant 1
vente du café mélangé sans indication de pro
venance.
MM. Pinto, délégué de la Colombie
Chardon, de Paris, et Agugti, de Barcelone
ont été désignés comme membres de cette com
mission.
Un délégué américain a insisté pour que la
mention de provenance soit toujours indiquée
Le berceau de la civilisation
par ROLAND-ELISSA RUAIS.
J'ai toujours manifesté un profond étonne
ment à voir les gens d'Europe s'acharner a
fixer ailleurs qu'en Europe l'origine de leur
aïeux.
Selon les besoins de la cause le berceau d.
la race blanche était tantôt au cœur d.
l'Asie, tantôt chez les Esquimaux, alors qUI
la vérité est que la race blanche n'avait ja
mais quitté la terre qu'elle occupe toujours
Et pourquoi serait-elle la seule exception
Dit-on les noirs, les jaunes ou les rouge
d'ailleurs que d'Afrique, d'Asie ou d'Amé
rique ? N'était la traite d'esclaves d'antan 00
l'émigration chinoise de l'heure, on ignore
rait tout de ces peuples en Amérique.
Qu'il y ait eu des mouvements locaux, de-
invasions partielles, des raids de barbares 01
des conquêtes de civilisateurs, cela se con
çoit: c'est encore l'histoire du présent. Mai
que l'on imagine un déplacement total d
toute une race à travers les contrées les plu
ardues à franchir!. voilà une légende qu'i
faudra bien se résigner à mettre au rancar
des vieilles songeries de l'humanité stu
diause avec la légende des chansons de ges
tes populaires et des Odyssées à multiple
Homere,
La race blanche ne vient pas d'ailleurs n
de nulle part; elle a toujours été là où ell
est encore : autour de la mer Méditerranée
Une preuve sensationnelle vient d'en étr
fournie par ta découverte d'une important.
nécropole préhistorique ; le plus antique ves
tige de notre humanité.
Le savant préhistorien qui en cq l'au
teur, M. Millon, a mis à jour, à Saint-Yvoin
Wuy-de-D(¡mc), six squelettes fossiles et ù.',
ustensiles primitifs.
Parmi ces squl'll'tte:-o sont deux homme-
blancs et deux nègres. Les deux autres se
raient deux hommes-singes, caractérisés pai
une inclinaison de 30 degrés sur l'horizon d
une iiiclinlison ( 1 -
plan du trou occipital, exactement comni
chez les grands singes.
Quant au* deux biancs et aux deux nègre"
il ne fait aucun doute qu'ils appartenaient
deux races de pays chauds, vraisemblable
ment africaines, vivant sous un climat ana
logue ; c'est dire que ces races lemonten
pour le moins à l'âge thelléen-acheuléen qu
a été pour l'Auvergne la période chaude cf:
quaternaire, le froid y sévissant depuis 1.
mousierien.
M. Millon tire de ces faits des déduction
qui paraissent certaines, touchant l'origin-
africaine de ces races.
Au cours de mes études latines et grecquc*
que je poursuivis sous la direction de l'ht
maniste regretté, Henri Gcel/er, qui vient d
mourir cette année, j'ai eu l'occasion de cor.
tester victorieusement la façon traditionnell-
de traduire certaines allusions des pofcte-
antiques à des événements, à des légendes (
à des peuples dont il ne restait rien sinor
semblait-il, le vestige de la citation.
Entre autres, un passage de Virgile (C,éoi
gique quatre, vers 2q^): il s'agit du célèbr
chant où Virgile chante « le miel, rosée at
rienne, présent céleste ».
Il raconte comment le sang corrompu d
jeunes taureaux immolés a souvent produ
des abeilles.
« je raconterai, dit-il, d'tissez haut, l'hi:
toile de cette tradition en la prenant à so.,
origine première. »
Et, pour ce faire, il remonte jusqu'aux
sources du Xil
iisqift' coloradis tiiiinis dt'Krviis ah hulis
fleuve qui descend depuis le pays des htdi
colorutis.
Ce pays c'est l'Ethiopie.
Mais, que sont ces huiis coloratis? Des Ir
diens basanés, (colorés par le soleil), répon
la traduction traditionnelle, en faisant un
entorse à la précision des termes qui est 1
propre de l'élégance de Virgile.
Or, le soleil n'a rien à voir clans cette colc
ration et il s'agit bel et bien d'Indiens colc
rés, peinturlurés, et en un mot, comme 1
dévoile l'étymologie du mot Ethiopie lu
même, de Peaux-Rouges.
Ethiopie est un tri-composé qui veut dire
pays des Visages-Rouges. Maints passage-
d'Homère (Iliade .1,250) de Pindare tl'yth
cjues 8.4S) confirment ce sens, où l'adjecti
aïthèeis signifie de couleur rouge, de, feu. IV
là notre mot étlier qui ne doit pas rappele
le ciel d'azur, mais le ravonnement solair
et le ciel d'airain.
Corroborant cette t*tymologie, la tradition
tinctoriale de ce peuple s'est transmise d'àg
en âge dans les appellations de la nier qui
horde leur pays: la Mer Rouge, qui n'est p.ïs
plus rouge qu'une autre, mais qui est la mer
dont les riverains sont les Visages-Rouges,
les Ethiopiens, et qui fut fidèlement traduite
par tous les peuples qui l'occupèrent, en:
liruiray<< ThtiLissd pour les Crées, Mtirr Ru-
bruni pour les Romains, cl-blhir t'I Ahmcitr
pour les Arabes.
Or, les voyageurs européens qui ont péné-
tré en ces dernières années dans l'Afrique
orientale ou ont nombre
de vestiges d'un empire éthiopien qu'i, un
moment même, en l'an 2.000 avant J.-C.,
s'étendit des bords de la Méditerranée
au bassin du Congo ; la lace berbère
du Maroc, notamment les Riffains, dont il
EN NUMERO : 80 CENTIMES
JEUDI SOIH, 3 OCTOBRE H);ro.
JOUR III OUOTIDIE.
Rédaction & Administration :
14, RU Il mit-TMMr
PARIS 0")
itLÉFH. 1 LOUVRE 19-37
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Les Annales Coloniales
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tous les bureaux de poste.
La peine des hommes
quand le climat est meurtrier
C'est un devoir dont l'accomplissement
ne souffre aucun retard, que de soulager la
peine des hommes sous certains climats
meurtriers, où le labeur s'alourdit d'une lutte
tragique contre de terribles épidémies.
Je l'ai dit, cela, en bien des occasions,
mais la meilleure tut, assurément, celle que
me fournit le débat colonial du 26 juin der-
nier.
Il y a, en Afrique équatoriale française,
disais-je ce jour-la, du haut de la tribune
de la Chambre, des épidémies terribles qui
dévastent la population. Je serais heureux
d'entendre Ai. le ministre des Colonies nous
dire que, dans cinq ans, il n'y aura plus de
maladie du sommeil.
Le logo va peut-être subir les atteintes
de la maladie du sommeil, Il faut engager,
là-bas, une action vigoureuse, non pas dans
deux, dans un an, dans six mois, mais de-
main. Il suffit parfois d'une poussière de
crédits : dun, deux ou trois millions pour
arriver à empêcher la contamination de toute
une population.
Demandez-nous ce qui est nécessaire,
nous ne vous le re fuserons pas. Dans ces
questions d'humanité, il n'y a pas de parti,
pas de groupe, pas de sous-groupe, tout le
monde est d'accord.
lEt M. le Ministre des Colonies me repon-
dit : Je ne vous demanderai pas trois mil-
lions, mais cinquante millions.
Je reviens encore, cependant, sur ce pro-
blème de la main-d'œuvre indigène. Il
s'agit, et de la protection de la vie humaine
et de la grandeur de la France.
Dès qu'il est question d'entreprendre de
grands travaux coloniaux sous certaines lati-
tudes particulièrement inhospitalières, 1 ex-
périence de Panama doit nous servir. Les
Américains y ont repris l'oeuvre française et
l'ont menée à bonne fin. Qu'ont-ils lait ? Ont-
ils continué à creuser, cest-a-dire à poursui-
vre le travail que nous avions commencé ?
Nullement. Ils ont construit d'abord des
infirmeries, puis des habitations après avoir
assaini la région ; ils ont créé une route.
Lorsqu'ils eurent amené à pied d œuvre la
nourriture, les médicaments, tous les moyens
d'hospitalisation indispensables, alors, seu-
lement, ils ont procédé à l'établissement du
Canal de Panama et les travaux ont repns
un cours nouveau, grâce à des équipes soli-
dement défendues contre les épidémies.
Un rendement plus grand correspond tou-
jours au mieux-fetre humain ; nous devons
être certains que chaque fois qu'on dépense
, de l'argent par prévoyance pour protéger des
vies humaines, en fait, on réalise des éco-
nomies.
Ainsi, nous retrouvons à la base même du
double problème de la main-d'œuvre et de
la mise en valeur de nos Colonies, (surtout
en A. 0. F. et en A. E. F.) l'organisation
sanitaire. Trois données essentielles carac-
térisent son domaine et son programme d'ac-
tion : assistance médicale, hygiène, prophy-
_1 -, E' '1 d '.1'
laxie. Est-il donc nécessaire de toujours at-
tendre le S. 0. S. de malheureuses popula-
tions décimées par de redoutables endémies
pour réagir efficacement ? Ne vaut-il pas
mille fois mieux prévoir, que d'user le dé-
vouement admirable du corps médical colo-
nial sur des cas désespérés ?
N'est-ce pas une honte, pour notre civili-
sation, que des milliers d'hommes tombent
victimes de la maladie du sommeil et que
nous pourrions arracher à la mort, avec la
ferme volonté de faire tous les sacrifices
nécessaires ? Car nos sciences biologiques
ont accompli l'effort, elles sont à même de
guérir le pian, la maladie du sommeil, la
syphilis, etc.
sy Seule, notre politique humanitaire et so-
ciale est en défaut ; elle doit en faire béné-
ficier sans délai les populations décimées
par la misère physiologique. En A. E. F.
la maladie du sommeil fait encore de trop
nombreuses victimes, le fléau menace le To-
go, je le répète. 11 faut engager là-bas
une action vigoureuse, non pas dans six
mois, mais demain. La rapidité de l'action
peut seule empêcher la contamination de
toute une population.
Pour mener efficacement cette croisade
contre le fléau, il ne faut refuser aux régions
atteintes, ni les crédits indispensables, ni les
médicaments, ni les moyens de transports par
automobiles.
Seulement, l'organisation sanitaire est
aussi avant tout un problème de personnel.
La question est d'importance !. Sa solution
commande de faire une solide publicité aux
carrières coloniales et d'assurer aux candi-
dats, au point de vue matériel, la situation
à laquelle ils ont droit.
Les hommes ne manquent pas chez nous,
mais il faut les aider.
La vie coloniale est souvent sévère pour
le médecin contraint de vivre sans famille,
sous un climat meurtrier, au milieu de peu-
plades décimées par les épidémies. Ils sont
là, très loin des leurs, en contact perma-
nent avec le mal. A ceux là, la France doit
assurer autre chose que la Légion d'Hon-
neur sur une tombe et un salaire inhumain.
Il faut, pour accomplir le service médi-
cal aux Colonies, des hommes qui aient de
l'autorité et du galon ; il sera peut-être in-
dispensable un jour prochain de créer un
corps d'oftiders de santé capable d'encadrer,
de diriger le corps d'infirmiers coloniaux,
fort @ opportunément créé par M. Léon
PerrÍer.
Certes, la tache à poursuivre est rude
(surtout en A. E. F.) ; elle réclame pour
être menée à bonne fin, de l'argent, encore
de l'argent, beaucoup d'efforts collectifs et
individuels et l'exercice de volontés persé-
vérantes jusqu'à la résurrection des races in
digènes.
Pierre Tatttlngcr,
Député de Parts,
Président de la Commission titi
l'Algérie, des Colonies et des Protectorats.
M. Lucien Saint rentre an Maroc
- »•»
M. Lucien Saint, Résident général au
Maroc, et le général Noguès, chef du cabi-
net militaire, prenant passage avant-hier à
onze heures sur l'Ahdtl. à destination de Ca-
sablanca, ont été salués au départ par le
préfet, M. Delfini, par M. Nunzi, et par
MM. Régis, Boyer et Surjou.
La mission du Dr Péchin
-------- .e.
.- Le docteur Péchin, député, membre de la
commission de l'Armée, chargé par elle,
comme on sait, d'étudier le fonctionnement
des services de santé et d'hygiène au Maroc,
est arrivé hier à Rabat.
i
Le téléphone Fès-Oran
On essaie la ligne téléphonique Fès-
Oudjda-Oran. Les résultats sont très satis-
faisants. La ligne sera mise très prochaine-
ment à la disposition du public.
A TANGER
1 Il
Le nouvel administrateur français
M. Le Fur, le nouvel administrateur fran-
çais de Tanger, a été reçu solennellement
aujourd'hui par VAssemblée législative. Les
délégués de chaque nationalité lui ont sou-
haité la bienvenue.
(Par dépêche.)
Le ministre plénipotentiaire d'Espagne
M. Manuel de Figuerola-Feretti de Marti,
ministre plénipotentiaire d'Espagne à Mexi-
co, est nommé en cette qualité à Tanger, en
remplacement de M. Almeida.
(Par dépêche.)
8..
An Maroc Espagnol
ces
Un ouragan
Un orage d'une violence inouïe vient de
s'abattre sur la région de Melilla. La foudre est
tombée sur le marabout de Sidi-Bachir-du-Gou-
rougou, déterminant un incendie qui a partiel-
lemént détruit le sanctuaire.
Dans toute cette zone, les pluies ont occasion-
né d'énormes crues des oueds. On a des victimes
à déplorer. A l'oued Amakan, notamment, une
jeune Mauresque et son frère, qui tentaient de
traverser, furent emportés par le courant sans
qu'il fût possible de leur porter secours. Les dé-
dit toni très importants. On compte de gran-
S es pertes parmi les troupeaux
'- (Par dépêche,)
A l'Académie de Médecine
» ♦«
L'Hygiène des pèlerins de la Mecque
MM. Manceron, Résident général à Tu-
nis; le comte de Saint-Quentin, directeur
de l'Afrique du Nord au ministère des Af-
faires étrangères ; ben Ghabrit, directeur du
Protocole du Sultan du Maroc, président
des Habous, directeur de la Mosquée de Pa-
ris, assistaient avant-hicr à la séance de
1 Académie de médecine, où une communica-
tion fut faite sur les pèlerinages de La
Mecque par le docteur Dinguizli, membre
correspondant de l'Académie.
Au cours d'une mission récente à La Mec-
que, le docteur Dinguizli a eu l'occasion de
constater que les conditions d'hygiène aux-
quelles sont soumis les pèlerins sont des
plus déplorables.
Les moyens de transport et les conditions
de l'alimentation en particulier demandent
à être complètement transformés. En ce qui
concerne les transports, il importe de pren-
dre des dispositions pour éviter l'encombre-
ment à bord des navires, où les pèlerins
sont le plus souvent condamnés à loger au
nombre de six ou sept dans des cabines dis-
posées à en recevoir deux ou trois au maxi-
mum et pour leur assurer un approvisionne-
ment d'eau suffisant et de glace. En ce qui
concerne l'alimentation, il est aussi de pre-
mière importance de réformer les pratiques
en usage depuis des siècles, notamment celle
de permettre aux pèlerins d'emporter leurs
provisions de bouche pour toute la durée de
leur voyage.
Les pèlerins étant nourris par les soins du
bord, de nombreuses intoxications, détermi-
nées par l'altération, due à la chaleur, de
leurs provisions, seraient de ce fait évitées,
sans compter que l'on supprimerait en mê-
me temps les risques d'incendie résultant de
l'emploi pour la préparation de leur nourri-
ture des fourneaux à pétrole.
Ces diverses propositions, sur la demande
du docteur Dinguizli, ont été renvoyées à
l'examen de la commission d'hygiène qui
fera connaître son avis dans une prochaine
séance.
A L'ACADÉMIE DBS SCIENCES 1
̃ ̃ »♦«̃̃̃̃̃
Géologie nigérienne
Dans le compte rendu de la séance de
l'Académie des sciences publié dans les
Annales Coloniales relativement à la cam-
pagne géologique de M. Pérebaskine, il
s'agissait non des Boucles du Niger, mais
de la « Boucle du Niger n, région compre-
nant le Soudan Français, de Bamako à
Niamey, et bordée à l'Est, au Nord et à
l'Ouest, par la boucle que forme le grand
fleuve africain.
TRAVAIL FORCÉ
-
fit
Notre excellent collaborateur et
ami Auguste Brunet, député de la
Réunion, va rouvrir le grand débal
colonial suspendu à la veille des vacances,
en déposant une interpellation sur le travail
des indigènes aux Colonies.
Il elÎt été malheureux que cette discussion
se terminât en eau de boudirt.
Félicitons le représentant de l'lie Bour-
bon de son initiative.
Il a exposé, d'ailleurs, dans un article re-
marquable, publié dans les Annales Colo-
niales le 25 juillet dernier, soit point de vue
qui est aussi celui de la presque unanimité
de la Commission des Colonies.
, Cette question du droit à la paresse et de
l'obligation au travail a déjà fait couler
beaucoup d'encre et elle attendra encore
longtemps avant d'avoir trouvé une solution
définitive.
Un de mes amis qui fut député et qui.
chose rare, ne songe pas à le redevenir, me
disait à la fin de la guerre :
« le ne serai jamais bolcheviste, parce que
ces gens-là veulent nous obliger à travailler
et je n'aime pas qu'on me force à travail-
ler 9.
Certains limitent l'obligation au travail
aux besoins etatistes ; c'est-à-dire à la colla-
boration de Vautochtone aux grands tra-
vaux d'intérêt général chemins de fer,
ports, routes, etc.
D'autres vont - plus loin.
Pourquoi ferait-ott des chemins de fer,
des ports, des routes, si les naturels ne tra-
vaillaient pas soit pour leur propre compte,
soit dans des entreprises, afin d'utiliser ces
moyens de communication qui n'ont pas d'au-
tre but que d'assurer le sort économique d'un
pays 1
Mais au début, il existe quelque chose de
plus important encore, l'obligation au tra-
vail pour les indigènes. afin qu'ils fuissent
pourvoir à leur propre subsistance.
Si nous les aidons de toutes les forces de
notre civilisation pour les guérir ou les sou-
lager des fléaux qui tuent, ou qui amoindris-
sent dans une énorme proportion la vie hu-
maine, nous devons aussi leur inculquer
une hygiène plus grande, pour qu'ils vivent
plus longtemps et les habituer à une nourri-
ture plus rationnelle afin d'améliorer leur
santé.
M. Gabriel Angoulvant, qui a été un des
plus grands gouverneurs généraux de la
Troisième République, me disait. il y a quel-
ques années, que les tribus indigènes du Ga-
bon, tout proches des Pahouins, étaient tom-
bées dans un tel état de décrépitude men-
tale et physique qu'ils étaient devenus géo-
phages.
Devons-nous laisser ces gens-là mourir
avant d'avoir vécu ?
Devons-nous abandonner ces races à leur
triste sort ou bien devons-nous au contraire
leur donner ou leur redonner le goût de la
culture. de l'élevage, de la pèche, etc., etc. ?
Voiltl, il me semble, de multiples aspects
de l'obligation au travail. Ce tout forme une
chaîne ; sur le premier anneau est posé le
problème de l'individu lui-même et au bout
de tous les maillons de cette chaîne demeure
suspendue la vie économique des Colonies
réalisée plus ou moins heureusement par la
bonne volonté des noirs ou des jaunes et la
modération des races dirigeantes.
Marcel Ruedci.
18. –-
NOIR SUR BLANC
LITTERATURE COLONIALE
1..
La Librairie Fasquelle, qui est bien con-
nue dans le monde sous le nom de a Biblio-
thèque Charpentier », a eu une ingénieuse
idée que nous sommes heureux de signaler :
Au dos de certains de ses livres, elle se
plaît à établir un répertoire de ses romans
situés hors de France.
C'est une heureuse initiative dont on ne
saurait assez la louer.
Espérons qu'un jour prochain viendra où
le champ d'action coloniale aura permis à la
Bibliothèque Charpentier d'éditer suffisam-
ment de romans coloniaux pour qu'il n'en
figure pas d'autres au dos de ses livres.
Voici quelques titres que nous relevons avec
plaisir parmi les plus coloniaux :
Alfred Blanchet : De auel amour blessée
(Réunion) ; ¿
Paul Bonnetain : Le nommé Ferreux (Mar-
tinique, Guyane), qui fut un explorateur ;
Jehan Cendrieux : Al Ghàdir (Syrie), qui
revient de l'Indochine ;
Cl. Chivas-Baron : Trois femmes anna-
mites ;
Isabelle Eberhardt : Pages d'Islam ; Tri-
mardeur (Algérie) ;
Gustave Flaubert : Salammbô (Carthage)
au milieu d'une liste comme le soleil au
firmament ;
Marcel Frager : Près des tombeaux
d'amour (Tunisie) ;
Chekri Ganetn : Dâ'ad (Beyrouth) ;
Marius-Ary Leblond : Le Zezèrc (Ile
Bourbon), La Sarabande (lie Bourbon), Ani-
cette et Pierre Desrades (Ile Bourbon), Les
Sortilèges (Océan Indien), L'Oued (Algérie),
qui eurent un beau talent ;
Roland Meyer : Saramani, danseuse cam-
bodgienne ;
Jean-J acques Neuville : Sous le burnous
bleu (Maroc).
Le palmarès colonial est entr'ouvert. Les
candidats coloniaux libraires-éditeurs, n'ont
qu'à s'aligner.
L'Angély-
LIRE EN 2e PAGE :
A la Chambre des Député.
Dépêches de l'Indochine.
A la Chambre de Commerce de Saint-Louis-
du-Sénégal.
L'Aviation Coloniale.
M. J. Carde à Lyon
»♦»
La Chambre de Commerce de Lyon a offert
un déjeuner intime à M. Carde, Gouverneur
génétal de l'Afrique Occidentale française.
Au dessert, le président Louis Pradel a féli-
cité M. Carde des résultats de son administra-
tion. Il a insisté, notamment, sur la nécessité
de maintenir le développement régulier de la
balance commerciale. Il a rappelé, à ce pro-
pos, que l'Office créé à Lyon par la Chambre
de Commerce n'a d'autre objet que de déve-
lopper les échanges mutuels entre la métropole
<>1- I» C'nlnnip-
-- M. Carde, répondant à cette allocution, a
fait ressortir les difficultés qui s' opposent à
l' œuvre coloniale en général, création de ports,
de routes ; utilisation de la main-d' œuvre pour
ces ports. L'A.O.F. a réalisé tout ce qu'elle
pouvait, étant entendu qu'elle a voulu tenir
compte du trafic possible. La création des
routes a été de pair avec l'utilisation des trans-
ports en autos. Sept mille camions roulent au-
jourd'hui en A.O.F. Quant à la main-d'œu-
vre, elle manque, l'Afrique ayant été dépeu-
plée par les guerres et les maladies. Une des
tâches principales de l'administration coloniale
est de favoriser l'accroissement de la popula-
tion, mais c'est une œuvre de longue haleine
dont le succès repose entièrement sur le déve-
loppement des ressources alimentaires.
Pour réaliser cette œuvre, il faut des capi-
taux. L'A.O.F. les trouvera dans l'emprunt.
Ils permettront le développement des entre-
prises industrielles et commerciales. Une par-
tie de leurs profits reviendra aux indigènes, qui
verront ainsi s'améliorer leurs conditions d exis-
tence. L' A. O. F compte sur l'appui matériel
et moral de la Chambre de Commerce de Lyon
pour l'aider à réaliser ses projets.
L'A. E. F. à l'Exposition d'Anvers
..f
L'emplacement réservé à l'A.E.F. à l'Ex-
position d'Anvers de 1930 a été porté de 200
mètres carrés à 250 mètres carres à la suite
d'une réclamation d'un de nos confrères.
A MADAGASCAR
L'inauguration de la route
de Miarinarivo à Tsiroanomandidy
-
Le 5 juin dernier, M. Germenot, adminis-
trateur supérieur-chef de la Région, accom-
pagné de M. Marchand, administrateur en
chef, chef de la province de Miarinarivo,
de M. Martin, chef de la mission des Ta-
bacs, inaugurait la nouvelle route reliant
Miarinarivo à Tsiroanomandidy. Le trajet,
soit 156 kilomètres, fut franchi en quatre
heures. A l'Administrateur supérieur
s'étaient joints un certain nombre de colons
et de commerçants de Tananarive et de la
région. Le même jour était inauguré le
courrier postal automobile hebdomadaire en-
tre Miarinarivo et Tsiroanomandidy.
Cette route due aux efforts de M. * l'admi-
nistrateur en chef Marchand et à ceux de
son collaborateur M. l'Inspecteur principal
de la Garde indigène Istria, chef de la sub-
division, met fin à l'isolement de la région
de Tsiroanomandidy.
De nombreuses charrettes circulent déjà
sur la nouvelle voie de communication.
Aussi les prix des divers articles d'importa-
tion : tissus, sucre, etc., ont-ils déjà sensi-
blement baissé.
Il faut féliciter MM. Marchand et Istria
de l'œuvre qu'ils ont réalisée avec le con-
cours du Service des travaux publics qui a
construit un pont important sur la Sakay.
Du fait de la création de la nouvelle
route, le portage qui, jusqu'à ces derniers
temps, nécessitait l'emploi d'un grand nom-
bre d'indigènes sera pratiquement supprimé,
entre Miarinarivo et Tsiroanomandidy.
L'Administrateur supérieur a, d'autre
part, décidé de faire commencer immédiate-
ment l'étude pour que la route soit poussée
jusqu'à Ankavandra qui est sis à 120 kilo-
mètres environ de Tsiroanomandidy. Lors-
que cette section sera terminée, le portage
dans cette région sera en grande partie sup-
primé ; le transport des colons et des fonc-
tionnaires et l'acheminement du courrier sur
la province de Miarinarivo seront, en effet,
assurés par le courrier automobile ilt!:;Qu'à
Ankavandra.
La foire de Tsiroanomandidy qui coïnci-
dait avec l'ouverture de la route, a été très
réussie. 22 automobiles avaient amené de
nombreux commerçants, et plus de deux
cents charrettes assuraient le transport des
marchandises. Aussi les transactions ont-
elles été très importantes. Ajoutons que
6.000 bœufs environ avaient été amenés au
champ de foire. A noter de beaux envois
de tabac et de Vary lava.
Les fêtes qui se sont déroulées à Tsiroano-
mandidy ont été d'autant plus réussies que
la population indigène de la région mani-
festait sa joie de voir cesser son isolement.
L'assassinat de Jean Galmot
060
L'on commence à se demander si jamais
la vérité pourra sortir des longs débats que
va nécessiter l'assassinat de Jean Galmot,
D'abord, trente-trois inculpés sont bien
attendus à Nantes plus tard d'ailleurs
qu'il n'avait été dit mais douze autres,
laissés en liberté provisoire, resteront à la
Guyane. Et surtout, il est impossible
d'appeler en France les témoins : plus de
deux cents I dont il faudra pourtant recueil-
lir les dépositions par le moyen des com-
missions rogatoires. Cela pourrait durer des
années.
Bref, les difficultés apparaissent telles
qu'on envisage le départ de M..Lemarchand,
juge d'instruction, pour la Guyane où, avec
le concours de plusieurs inspecteurs de la
police mobile de Nantes, il procéderait sur
place à une enquête complète.
TAUX DE LA PIASTRE
A ila date dit 1"r octobre, le laux de la piastre
à Saïgon était de 10 80.
L'élevage ovin au Sénégal
»•»
Les tentatives d'acclimatation de moutons
mérinos au Sénégal ne semblent pas avoir
réussi aussi bien qu'on avait pu l'espérer au
début. On est du moins fondé à le croire,
puisqu' un communiqué récent annonça que
l'Administration avait abandonné les tentatives
d'acclimatation de sujets importés, et qu' elle
avait adopté un nouveau programme basé sur
une amélioration des races locales, grâce à un
rpaimp alimentaire rJnc eiiKetantipI
- - t'I_ "'--"-.-'.
Le problème ainsi posé ressQft donc unique-
ment de l'agriculture. Il s'agit, non plus d'ac-
climater des animaux, ce, qui est toujours très
délicat, mais des plantes. Ce n' est pas tou-
jours facile non plus, mais cela coûte généra-
lement moins cher, et réussit plus souvent, sur-
tout lorsque l'on s'entoure de certaines précau-
tions, connues de tous les agronomes de car-
rière.
1"11. 1 1
lui somme, on va tenter au oenegal, dans
me ferme déjà choisie, celle de N'Guitche,
'amélioration des pâturages, en éliminant les
!spèces de graminées nuisibles ou inutiles, et
în développant, ou en introduisant, de nou-
velles variétés reconnues bonnes fourragères,
rhéoriquement, la chose est fort simple. On
rerra à l'essai quels sont les ennemis à vain-
:re, et qui dépendront du sol et du climat. Il
aut souhaiter vivement la réussite de cette
tentative, car, en dépit des affirmations de trop
nombreux coloniaux métropolitains uniquement
bourrés de théorie, très incontestablement,
pour tous ceux ayant été les voir sur place, les
moutons du Sénégal et du Niger auraient grand
besoin d'être améliorés, au point de vue de la
qualité de la viande et pour ce qui a trait à
leur toison. Or si, à la rigueur, et en dévelop-
pant encore les apports de l'Afrique du Nord,
la France peut se suffire pour ce qui concerne
r alimentation, il n' en va pas de même pour la
laine. Nous en achetons beaucoup trop à
l'étranger.
En ce qui concerne I amélioration rêvée on
doit pouvoir y arriver. Il nous souvient du
temps heureux où nous habitions sur les bords
du Niger. Temps heureux surtout parce que
nous étions beaucoup plus jeune ou plutôt bien
moins âgé. A ce moment, nous avons réussi,
par le procédé auquel l' Administration revient
aujourd'hui, c'est-à-dire en améliorant la nour-
riture et le régime, au point de vue propreté
surtout, des animaux, à obtenir des moutons de
race Bambara, assez bien en chair pour être
mangés sans trop de dégoût. Ils ne valaient pas
les pré-salés de Pauillac ou de Normandie :
mais ils n'étaient pas mauvais et c'était déjà
beaucoup quand on les comparait à ceux que
débitaient sur les -- marchés les bouchers indigè-
nes, ou à ceux que l'on achetait dans la
brousse. On ne les payait pas cher ces mou-
tons de brousse, c'est vrai, de 5 à 10 francs
par tête, mais c'était bien tout ce qu'ils va-
laient. Il fallait vraiment avoir faim et bon
estomac pour s'en contenter, et gigots ou cote-
lettes auraient été repoussés avec horreur par
la moins difficile des ménagères de France.
L'essai que l'on veut tenter peut donc réus-
sir. La chose est d' autant plus probable que
l'Administration dispose de moyens que nous
n'avions pas, et que les agros de nos jours sont
infiniment plus calés et armés pour la victoire,
1 que nous ne l'étions.
Mais en admettant que 1 essai se comporte
parfaitement, ce ne sera pas tout. On aura dé-
montré qu'avec des soins et du travail on peut
avoir en A.O.F. des moutons mangeables et
porteurs d'une bonne toison marchande ; mais
il faudra généraliser Cessai, et faire adopter
les procédés de culture par les autochtones.
Car les Européens éleveurs de la région bril-
lent encore par leur absence ou à peu près.
Et cela sera plus difficile : cela le sera
même davantage peut-être que ne t' aurait été
la diffusion de l'amélioration par I élevage.
En effet, augmenter la valeur et le rendement
des pâturages demandera un travail matériel ;
tandis que le croisement des races, mon Dieu,
cela peut se faire sans grande fatigue physique
pour le propriétaire du troupeau. Or, il faut
compter avec l'apathie du noir et avec son
aversion, très compréhensible, pour tout effort
corporel, fatiguant. C'est là que se trouve le
danger venant s'ajouter à celui résultant de la
force d'inertie et de la routine atavique de
l'indigène.
Et ce dernier point n'est pas négligeable :
regardez en Algérie. A Maison Carrée et à la
ferme de Tadmit, il y a des cours fort bien
faits et des démonstrations très concluantes
dans le but d'arriver au perfectionnement de
l'élevage ovin. Ces cours, croyons-nous, ont
lieu chaque année dans le courant d avril.
Les jeunes élèves arabes, rentrés chez eux,
doivent servir de moniteurs vis-à-vis de leurs
parents et voisins afin de leur faire comprendre
et appliquer les méthodes d'amélioration dans
l'élevage du mouton, qu'on leur a enseignées.
Théoriquement, c'est parfait. Pratiquement
le résultat obtenu est-il bien probant > Un
certain doute est malheureusement permis. Et
cependant les gros propriétaires arabes pas-
teurs sont plus intelligents, plus aptes à la
compréhension de nos méthodes modernes que
les noirs d'Afrique Occidentale.
Voilà le point, également noir, de la ques-
tion. Ce qui n'empêche pas que l'essai fait à
N'Guitche ne soit fort intéressant. On doit lui
souhaiter complète et prompte réussite.
Louis Le Barbier.
CINÉMA COLONIAL 1
tt.
En A. E. F.
Le 22 octobre s'embarquera à destination
de Pointe-Xoire, M. jein destiie, romancier
et cinéaste, qui ira en Afrique équatoriale
pour tourner un grand film dont il a fait lui-
même le scénario.
Au Congrès de Séville
Les commissions ont continué hier matin
leurs travaux. De nombreux délégués y assis
taient. MM. Ferro, Chevalier, Bart, Ancel
délégués du Havre ; Bouquet, délégué def
Compagnies de navigation; Souleau, .délégu<
des torréfacteurs de cafc* ; Lucius, de Stras
bourg, et Faugèrc, secrétaire général, sont in
tervenus dans le débat.
La 2" commission, sous la présidence d(
M. Laplace, a enterdu différents rapports d,
plusieurs membres de l'Association de Pari
concernant la production et la consommation.
La commission a entendu également le rap
port de la Fédération officielle des Agent?
commerciaux espagnols et une commission a ét,-
désignée pour étudier le rapport concernant 1
vente du café mélangé sans indication de pro
venance.
MM. Pinto, délégué de la Colombie
Chardon, de Paris, et Agugti, de Barcelone
ont été désignés comme membres de cette com
mission.
Un délégué américain a insisté pour que la
mention de provenance soit toujours indiquée
Le berceau de la civilisation
par ROLAND-ELISSA RUAIS.
J'ai toujours manifesté un profond étonne
ment à voir les gens d'Europe s'acharner a
fixer ailleurs qu'en Europe l'origine de leur
aïeux.
Selon les besoins de la cause le berceau d.
la race blanche était tantôt au cœur d.
l'Asie, tantôt chez les Esquimaux, alors qUI
la vérité est que la race blanche n'avait ja
mais quitté la terre qu'elle occupe toujours
Et pourquoi serait-elle la seule exception
Dit-on les noirs, les jaunes ou les rouge
d'ailleurs que d'Afrique, d'Asie ou d'Amé
rique ? N'était la traite d'esclaves d'antan 00
l'émigration chinoise de l'heure, on ignore
rait tout de ces peuples en Amérique.
Qu'il y ait eu des mouvements locaux, de-
invasions partielles, des raids de barbares 01
des conquêtes de civilisateurs, cela se con
çoit: c'est encore l'histoire du présent. Mai
que l'on imagine un déplacement total d
toute une race à travers les contrées les plu
ardues à franchir!. voilà une légende qu'i
faudra bien se résigner à mettre au rancar
des vieilles songeries de l'humanité stu
diause avec la légende des chansons de ges
tes populaires et des Odyssées à multiple
Homere,
La race blanche ne vient pas d'ailleurs n
de nulle part; elle a toujours été là où ell
est encore : autour de la mer Méditerranée
Une preuve sensationnelle vient d'en étr
fournie par ta découverte d'une important.
nécropole préhistorique ; le plus antique ves
tige de notre humanité.
Le savant préhistorien qui en cq l'au
teur, M. Millon, a mis à jour, à Saint-Yvoin
Wuy-de-D(¡mc), six squelettes fossiles et ù.',
ustensiles primitifs.
Parmi ces squl'll'tte:-o sont deux homme-
blancs et deux nègres. Les deux autres se
raient deux hommes-singes, caractérisés pai
une inclinaison de 30 degrés sur l'horizon d
une iiiclinlison ( 1 -
plan du trou occipital, exactement comni
chez les grands singes.
Quant au* deux biancs et aux deux nègre"
il ne fait aucun doute qu'ils appartenaient
deux races de pays chauds, vraisemblable
ment africaines, vivant sous un climat ana
logue ; c'est dire que ces races lemonten
pour le moins à l'âge thelléen-acheuléen qu
a été pour l'Auvergne la période chaude cf:
quaternaire, le froid y sévissant depuis 1.
mousierien.
M. Millon tire de ces faits des déduction
qui paraissent certaines, touchant l'origin-
africaine de ces races.
Au cours de mes études latines et grecquc*
que je poursuivis sous la direction de l'ht
maniste regretté, Henri Gcel/er, qui vient d
mourir cette année, j'ai eu l'occasion de cor.
tester victorieusement la façon traditionnell-
de traduire certaines allusions des pofcte-
antiques à des événements, à des légendes (
à des peuples dont il ne restait rien sinor
semblait-il, le vestige de la citation.
Entre autres, un passage de Virgile (C,éoi
gique quatre, vers 2q^): il s'agit du célèbr
chant où Virgile chante « le miel, rosée at
rienne, présent céleste ».
Il raconte comment le sang corrompu d
jeunes taureaux immolés a souvent produ
des abeilles.
« je raconterai, dit-il, d'tissez haut, l'hi:
toile de cette tradition en la prenant à so.,
origine première. »
Et, pour ce faire, il remonte jusqu'aux
sources du Xil
iisqift' coloradis tiiiinis dt'Krviis ah hulis
fleuve qui descend depuis le pays des htdi
colorutis.
Ce pays c'est l'Ethiopie.
Mais, que sont ces huiis coloratis? Des Ir
diens basanés, (colorés par le soleil), répon
la traduction traditionnelle, en faisant un
entorse à la précision des termes qui est 1
propre de l'élégance de Virgile.
Or, le soleil n'a rien à voir clans cette colc
ration et il s'agit bel et bien d'Indiens colc
rés, peinturlurés, et en un mot, comme 1
dévoile l'étymologie du mot Ethiopie lu
même, de Peaux-Rouges.
Ethiopie est un tri-composé qui veut dire
pays des Visages-Rouges. Maints passage-
d'Homère (Iliade .1,250) de Pindare tl'yth
cjues 8.4S) confirment ce sens, où l'adjecti
aïthèeis signifie de couleur rouge, de, feu. IV
là notre mot étlier qui ne doit pas rappele
le ciel d'azur, mais le ravonnement solair
et le ciel d'airain.
Corroborant cette t*tymologie, la tradition
tinctoriale de ce peuple s'est transmise d'àg
en âge dans les appellations de la nier qui
horde leur pays: la Mer Rouge, qui n'est p.ïs
plus rouge qu'une autre, mais qui est la mer
dont les riverains sont les Visages-Rouges,
les Ethiopiens, et qui fut fidèlement traduite
par tous les peuples qui l'occupèrent, en:
liruiray<< ThtiLissd pour les Crées, Mtirr Ru-
bruni pour les Romains, cl-blhir t'I Ahmcitr
pour les Arabes.
Or, les voyageurs européens qui ont péné-
tré en ces dernières années dans l'Afrique
orientale ou ont nombre
de vestiges d'un empire éthiopien qu'i, un
moment même, en l'an 2.000 avant J.-C.,
s'étendit des bords de la Méditerranée
au bassin du Congo ; la lace berbère
du Maroc, notamment les Riffains, dont il
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