Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-09-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 septembre 1929 19 septembre 1929
Description : 1929/09/19 (A30,N138). 1929/09/19 (A30,N138).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62806125
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
TïtBNTIfcME ANNBR. - No les. -i ,., LR NUMBRO l SO CENTIME* JEUDI SOIR, 19 SEPTEMBRE 1929.
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être reproduite qu'en citant les AÀomm COLMULK.
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tous les bureaux
Problèmes de méthodes financières
C' -
Au moment où le grand emprunt colonial
est en préparation, il n'est pas inutile de
comparer ce qu'ont fait et ce que font les
autres pays colonisateurs dans ce domaine.
Pour aujourd'hui je voudrais mettre en
parallèle deux groupes coloniaux parfaite-
ment comparables : l'Afrique occidentale
française et l'Afrique occidentale anglaise.
Sans doute, les superficies territoriales
sont sensiblement différentes 4.722.000
kilomètres carrés pour la première, contre
1.400.000 pour la seconde --, mais si l'on
tient compte des régions désertiques et pa-
radésertiques, on peut admettre que, même
de ce point de vue, les deux groupes de co-
lonies sont comparables.
Négligeons les richesses minières : celles
des colonies anglaises sont en pleine ex-
ploitation, celles des colonies françaises
ne sont pas encore prospectées.
Les produits agricoles de large trafic et
exportation sont les mêmes : arachides,
amandes de palme, huile de palme, cacao,
coton, bois.
Pour l'arachide, le groupe français, avec
423.000 tonnes de production, marque une
avance considérable sur le groupe anglais
180.000 tonnes -. Pour les bois,
l'avance moins nette, s'affirme encore :
118.000 tonnes contre 50.000.
Mais pour tous les autres grands pro-
duits agricoles, les colonies anglaises lais-
sent loin, très loin derrière elles les colonies
françaises : 325.000 tonnes d'amandes de
palme contre 83.000, 117.000 tonnes
d'huile de palme contre 27.000, 268.000
tonnes de cacao contre 21.000. Seul le co-
ton accuse une égalité, 4 470 tonnes contre
3.750, mais qui indique seulement que le
problème de sa culture n'est pas encore sé-
rieusement abordé.
C'est surtout dans les chiffres globaux
du commerce extérieur que s'affirme l'écra-
sante supériorité du groupe anglais : 7 mil-
liards 724 millions de francs de trafic con-
tre 2 milliards 927 millions.
Comment s'explique la différence saisis-
sante des résultats économiques obtenus,
dans une période de temps à peu près
égale, dans des milieux économiques et so-
ciaux très sensiblement analogues?
Notons que, dans les deux groupes colo-
niaux ici comparés, le but économique
poursuivi développement de la produc-
tion du richesses agricoles naturelles est
le même et commande, par suite, logique-
ment, une même politique économique. En
fait, dans les deux groupes, on s'est orienté
vers la mise en valeur des richesses plus
spécialement adaptées au milieu : arachides
et coton dans la région sénégalienne et sou-
danaise, Sénégal et Gambie, Soudan et
Nigeria du nord; cacao en Gold Coast et
Côte d'Ivoire j produits palmistes en Sierra
Léone, Nigeria du Sud, Guinée française
et Dahomey.
Ainsi, dans les deux groupes, mêmes ri-
chesses naturelles, mêmes méthodes écono-
miques, mais, partout, une poussée, un
élan d'activité, de progrès, beaucoup plus
marqués dans un groupe que dans l'autre.
Les chiffres ci-dessous, à mon sens, suf-
fisent à expliquer tout le mystère :
Budgets annuels de l'A.O. F. : 700 mil-
lions de francs.
Budgets annuels de la B. W. A. : 1.700
millions de francs.
Dettes publiques de l'A.O.F. : 250 mil-
lions de francs.
Dettes publiques de la B.W.A. : 4.610
millions de francs.
Ne nous attardons pas à la comparaison
des budgets. Leur différence correspond as-
sez sensiblement à la différence des volu.
mes d'activité économique, compte tenu du
chiffre des populations. Mais partons
d'elle, cependant, pour juger des méthodes
financières.
Dans le groupe français, toute la mise en
valeur du pays, tout l'effort de développe-
ment économique et social porte directement
sur le budget. Les 700 millions du budget
annuel "doivent subvenir, non seulement aux
besoins d'entretien et de croissance nor-
male des besoins collectifs, mais encore à
la création de tout le capital économique
et social. A peine 250 millions de ce ca-
pital ont été, jusqu'ici, demandés à l'em-
prunt et le triple aux budgets annuels.
Au contraire, dans le groupe anglais, un
budget annuel de 1,700 millions, mais ré-
pondant à peu près uniquement aux be-
soins normaux, courants de la vie économi-
que et sociale et une immobilisation de ca.
pital, en outillage économique, de 4 mil-
liards 610 millions demandés à l'emprunt.
Et si nous prenons une colonie particu-
lière de chaque groupe, la Gold Coast et
la Côte d'Ivoire, ce rapprochement des faits
et des chiffres sera plus éloquent encore.
Voilà deux colonies tout à fait compa-
rables, voisines, cherchant leur prospérité
aux mêmes sources, principalement dans la
culture du cacao.
Quelle différence dans les moyens finaft"
ciers mis à la disposition de cette même
politique économique 1
- Jusqu'ici, en Côte d'Ivoire, tout l'amé-
nagement économique, ou à peu près, a été
demandé au budget. Ainsi on na pas en-
core abouti à construire le port d'évacua-
tion à outillage moderne qui s'impose.
En Gold Coast, un vaste programme
ifnancier a été mis à exécution sur la pé-
riodes 1920-j939 comportant une dépense
globale de 2 milliards 64 millions de
francs. Au 31 mars 1928, il avait été dé-
pensé 1.512 millions de francs sur ce pro-
gramme et, retenons bien ces deux chiffres,
millions environ avaient été deman-
dés
1.375 à l'emprunt et 125 millions aux recet-
tes budgmine ,.
Eneore faudrait-il, pour apprécier exac-
tement la valeur de cet effort, analyser les
dépenses faites et les travaux entrepris.
Notons simplement ces chiffres suggestifs :
le port. de Takoradi a coûté 420 millions
et son outillage permet de charger et de
décharger 4.500 tonnes de marchandises
par jour. On compte 8.600 kilomètres de
routes automobilisables et.– chiffres plus
utiles à connaître, car la définition de la
route automobilisable est très élastique
sur ces routes sont en servite 1.100 voitures
et 4 2150 camions automobiles.
Mais ces 2 milliards de capital avancés
à la Gold Coast ne sont pas perdus : en
1926, il a été exporté 230.000 tonnes de
cacao valant 1 milliard 125 millions de
francs environ, en 1927, 210.000 tonnes
valant 1 milliard 405 millions, en 1928,
219.000 tonnée valant 1 milliard 375 mil-
lions.
Mais, me dira-t-on, le grand emprunt en
cours a précisément pour objet de donner
à nos colonies ce capital qui leur manque.
Oui, sans doute, mais dans notre politi-
que coloniale il représente un geste, con-
sidéré encore comme trop audacieux par
certains. Derrière ce geste je voudrais pou-
voir trouver une méthode.
Bttemwoes Amtoeoelii,
Député de la Haute-Savoie.
Rapporteur du budget de
l'Algérie el des Protecto-
rats.
.1.
A la Société des Nations
<––
L'opium
Devant la 58 Commision qui traite des
questions sociales et humanitaires, le délé-
gué français, M. Georges- Pernot, avait an-
noncé la décision prise par le Gouvern.'îaient
français d'introduire une réglementa-.» il
destinée à limiter la fabrication des drogues
stupéfiantes. La délégation britannique a dé-
posé une résolution demandant au Conseil
de réunir les gouvernements producteurs de
morphine, de cocaïne et d'héroïne afin que
ces gouvernements se concertent en vue d'ar-
river à un accord quant à la cluantité de stu-
péfiants qui serait fabriquée chaque année.
Cette idée d'une conférence intergouveme-
mentale est vivement appuyée par la déléga-
tion italienne.
-880
Le plan Young
et les pre'stations en nature
'II
Le Comité qui a mission de « rédiger un
nouveau règlement pour les prestations en
nature et de suggérer toutes mesures indis-
pensables pour assurer, en ce qui concerne
ces prestations, le passage du régime actuel-
lement en vigueur (plan Dawes) au nouveau
régime (plan Young) » a décidé de siéger
chaque jour jusqu'à l'achèvement de sa tâ-
che.
Les pays représentés sont : Allemagne
(docteur Litter) ; Belgique (M. Perier) ;
France (M. de Peyster); Grande-Bretagne
(M. Kiuchi) ; Yougoslavie (M. Danitch).
Syrie et Palestine
i
A Jérusalem
Une certaine tension règne de nouveau
à Jérusalem à cause des fumeurs d'après
lesquelles les Arabes se préparaient à at-
taquer los juif s. De plus on parle de mou-
vements isolés d'Arabes sur les frontières
de Transjordanie et d'ailleurs. Dans les
milieux officiels on n'attache pas d'impor-
tance à ceÆ bruits que t'on considère com-
me une manifestation de la campagne de
terrorisme menée contre les juifs.
Le premier contingent de cent policiers
enrôlés en Angleterre pour servir en Pa-
lestine devait arriver avant-hier.
(Par dépêche.)
Meeting à Paris
La Ligue Internationale contre l'antisé-
mitisme avait organisé avant-hier soir, :t
la salle Wagrom, un meeting en faveur
d'un rapprochement judéo.o.rabe en Pa-
lestine..
Après avoir entendu MM. Bernard Leca-
che, Pierre Bonardi, Jean Longuet, Marc
Sangnier, Georges Pioch, Jacques Ancelle,
Paul-Louis, Joseph Fisoher et Jacques Re-
boul, qui prirent tour 'à tour la parole
pour expliquer comment ils comprenaient
l'établissement d'un régime de paix en
Palestine, l'assemblée vota un ordre du
jour réclamant de la puissance mandataire
le châtiment des responsables des émeu-
tes, réprouvant la politique d'excitation
des effendis et affirmant le droit des Juifs
et des Arabes à vivre côte à côte en Pa-
lestine pour la défense d'intérêts et de
droits communs.
.1.
Dans les Missions
ges
Coqgrèf mispionnalrf
Un congrès et une exposition missionnai.
res se tiennent en ce moment à Lisieux. Des
communications y seront faites sur l'expan-
sion catholique à travers le monde, le clergé
indigène, les religieuses indigènes, la mé-
decine dans les missions; les religions d'Ex-
trême-Orient. M. Georges Goyau, de l'Aca-
démie française, y prendra la parole.
Missionnaires assassinés
A la suite de la protestation de la France
pour l'assassinat, près d'Itchang, d'un évê-
que et de deux missionnaires belges, la Lé-
gation de France à Pékin a reçu de Nankin
l'assurance qu'une enquête et des recherches
sérieuses seront faites pour retrouver les
assassins et qu'un châtiment exemplaire
sera appllq."
L'Exposition Coloniale
de 1931
et les Peintres
>
Vous aviez parfaitement rai-
son, me disait hter dans mon bu-
reau, un des peintres coloniaux les
plus réputés de l heure présente. il est ttidts-
pensable que les peintres qui sont conviés à
la manne plus ou moins abondante de r Ex-
position coloniale fassent des dioramus de
pays qu'ils ont vus; moi-même j'ai été sol-
licite d'en faire lm, sans concours, miis je
me suis récusé, n'ayant jamais été dans les
régions que Von me proposait de peindre,
mais à quelque deux ou trois mille kilomé-
tres de là.
« Vous avez encore bien plus raison
quand vous dites que le vainqueur du tour-
noi est connu d'avance et que M. de la Né-
zière, parti favori, gagnera toutes les courses
dans lesquelles il se présente à un petit
galop. Pourquoi perdre son temps et son ar-
gent dans un simili-concours. »
Il semble d ailleurs que la section fJeaux-
Arts ait été légèrement négligée, du moins
jusqu'à ce jour, car je ne doute pas que le
Maréchal Lyautey, si épris de bonne pein-
ture et de belle sculpture ne répare, en plein
accord avec M. Henry Bérenger, sénateur
de la Guadeloupe et président de la Société
Coloniale des Beaux-Arts, une omission
tout ù fait fâcheuse. Où sera le Palais des
Beaux-Arts de l'Exposition Coloniale ?
A-t-on prévu une rétrospective ?
Quelle place dans ce Palais des Beaux-
Arts sera réservée à la peinture, à la scul p-
ture, aux maquettes d'architecture et aux re-
productions des grands monuments élevés
par la France en Afrique ou ett Asie ?
le pose ces questions. Les commissaires
généraux de VEposition se les sont-ils po-
séesi Comment les ont-ils rc:solufs?
Parmi les nombreuses lettres que j'ai re-
çues sur la question des dioramas, je ni en
voudrais de ne pas en publier au moins une :
14 septembre.
Monsieur,
Permettez-moi de venir vous féliciter pour
la campagne si pleine d'espérances que vous
voulez bien mener en faveur des vrais pein-
tres coloniaux. Comme vous le dites si bien,
ceux-ci ont bourlingué à travers le monde
et il est juste qu'ils reçoivent à l'occasion
de l'Exposition coloniale de 1931 la juste
récompense de leurs efforts.
Mais, pour arriver à ce résultat, il fau-
drait que le Commissariat général, une fois
pour toutes, décidât qu'aucune commande de
timbre, d'affiche ou de diorama ne puisse
être donnée à des artistes ignorant les co-
lonies.
Certains, dont vous citez si justement les
noms, ne sont que des voyageurs en cham-
bre, ayant tout au plus visité le Maroc en
auto-cars ou étudié les types nègres au Jar-
din d'Acclimatation ou a l'Exposition colo-
niale de Marseille. Sans vouloir faire de
personnalités, je sais ce que j'avance ; eh
bien, ceux-là ou cellli-là" si cette façon de
faire était adoptée en haut lieu, et pour-
quoi ne le serait-elle pas, ne pourraient
plus désormais briguei la commande d'un
timbre ou d'une affiche.
Une pareille mesure qui serait la justice
même aurait l'approbation de tous les artis-
tes, de tous ceux qui, au péril de leur santé,
ont planté leurs cnevalets aux quatre coins
du monde..
La Tunisie, vous le savez peut-être, a
déjà pris une mesure en ce sens. Il faudrait
que tous les Commissariats fassent de même ;
il est inadmissible, en effet, qu'un artiste,
même de talent, n'ayant jamais mis les pieds
en Asie, soit chargé de traiter au diorama
une scène représentant Dupieix recevant les
grands nababs. Pour celle-là, l'excellent
peintre Gasté, qui a habité les Indes, a des
titres devant lesquels les autres candidats
devraient s'incliner comme devant Henry
Cayon et Mary Morin pour l'A.O.F. ; Fou-
queray ou Geo Michel, pour l'Indochine;
Jean Maxence ou Suzanne Frémont pour
Madagascar; Jeanne Thil pour la Tunisie;
Germaine Casse pour la Guadeloupe; Jac-
ques Simon pour l'Algérie ; Paul-Elie Dubois
pour le Hoggar ; Edouard Doigneau pour le
Maroc. J'en oublie et des meilleurs.
Qu'on demande donc aux concurrents de
fournir des références, alors les faux colo-
niaux riront jaune et cela sera bien fait.
Place aux vrais bourlingueurs.
UN LECTEUR SYMPATHISANT.
Que dirais-je de plus ?
Les campagnes de bon sens font toujours
Vunanimité autour d'elles.
Morcel Itiiedel.
-0801
Une éruption au mont Pelé
m»
De notre correspondant particulier
Une légère éruption gazeuse s'est produite
lundi soir, à 21 h. 35, au mont Pelé.
Informé de l'activité du volcan, M. Gerbi-
nist Gouverneur de la Martinique, s'est rendu
dans la nuit de lundi à mardi à Saint-Pierre..
Dans l'après-midi de mardi, la pluie de cen-
dres sur Saint-Pierre et Morne-Rouge a aug-
menté.
L'exode de la population de Saint-Pifrre,
de Mome-Roqge et de Prêcheur vers Fort-de-
France a été organisé dans le plus grand calme.
Hier, cependant, une certaine augmentation
de l'activité volcanique a causé quelque inquié-
tude. Le volcan soufrière, au nord de Saint-
Vincent, est calme, mais les conditions atmos-
phériques sont les mêmes que celles enregistrées
en mai 1902 lorsque l'éruption de ce volcan
fit plus de 2.000 victima.
On a encore constaté hier une forte odeur
accompagnant des vagues de chaleur. Au soir,
"âcti"ifé volcanique était stationnaire. Le
calme reste complet dans la population.
(Par dépêche.)
LIRE EN SECONDE PAGE :
Lois et décret gale.
L'Aviation coMnialw.
La pêche en Cflte-dlvoire
Il peut sembler paradoxal, au premier
abord, de voir notre colonie de Ja Côte
d' Ivoire, une des contrées du monde où le
poisson est le plus abondant, aussi bien dans
les lagunes que sur les côtes de l'Océan, im-
porter, en 1928, plus de 320.000 kgs de pois-
son séché, fumé ou autrement conservé. La
chose s exotioue cependant très aisément.
Dans les lagunes, de par un usage immémo-
lial, devenu un droit imprescriptible, les indi-
Jènes riverain établissent des barrages stables,
laits de longues perches de bambous plantées
dans la vase du fond, solidement reliées entre
elles et dépassant la surface de l'eau. Ces bar-
rages aboutissent à une enceinte où le poisson
qui les a suivis est facilement capturé. Ils ne
connaissent dans leur développement qu'un
seul obstacle : un arrêté local de 1908, qui
oblige à ménager dans les barrières susdites
quelques ouvertures, par lesquelles se fait la
navigation en lagune. S'il n'y avait pas cette
légère restriction à leur industrie, les pêcheurs
riverains arriveraient à complètement barrer les
lagunes.
Il s en est suivi que, lorsque à différentes
reprises, quelques Européens ont voulu essayer
de pratiquer la pêche dans ces parages, tout
en améliorant les moyens de travail, ils se sont
heurtés à l'opposition des villages et ont dû
renoncer à leur tentative.
La chose fut fâcheuse en ce sens que, bien
conduites, organisées avec de meilleurs procé-
dés de travail, ces industries européennes au-
taient certainement procuré aux populations lo-
cales, plus de poisson que ne le font les pê-
cheurs indigènes, et auraient rapporté des bé-
néfices à leurs promoteurs. Mais le résultat était
couru d'avance, et ceux qui avaient eu l'idée
de ces entreprises auraient dû s' attendre à leur
échec.
Ils n'auraient pas dû ignorer que l'Adminis-
tration française malgré les critiques inté-
ressées dirigées parfois contre elle, à Ge-
nève par exemple, et dans certaine presse an-
glo-Iaxonne, respecte et fait toujours res-
pecter les droits des natifs, même quand les
intérêts privés et collectifs des Européens en
pâtissent.
On l'a vu, par exemple, pour les exploita-
tions aurifères, alluvionnaires en A. O. F.
Rappelons les faits en deux mots :
Les pétitionnaires des concessions aurifères
avaient commencé par demander des permis de
recherches, pour lesquels ils avaient payé des
droits perçus par l'Administration. Après
prospection, qui avait rapporté de l'argent à la
colonie, ils avaient converti cet permis de re-
cherches en permis d'exploitation et repayé de
nouveaux droits. Ils avaient fait venir du maté-
riel, versé pour cela des droits de douane à la
colonie, et, parfois, engagé de grosses dé-
penses. Donc leurs agissements s'étaient faits
au grand jour. et nul ne pouvait les ignorer.
Cependant, quand ifs voulurent travailler, il
s'éleva souvent des protestations de la part des
indigènes qui, eux aussi, avaient creusé des
puits sur ces mêmes alluvions, et invoquaient
le droit résultant des coutumes ancestrales.
Toujours l'Administration donna raison aux
natifs, et défendit aux Sociétés d'exploiter.
A notre avis personnel, elle pouvait avoir
raison en principe, mais elle avait eu tort de
vendre les permis et de toucher les droits.
Mais la question n'est pas là. Cet exemple
entre bien d'autres prouve que l'Administra-
tion protège les droits et même les usages des
indigènes, partout où s'exerce son influence ;
ce en quoi elle agit avec sagesse.
Par conséquent, et pour en revenir à la
Côte d'Ivoire, il était, et il est toujours inu-
tile de penser à installer des pêcheries euro-
péennes dans les lagunes.
Reste la pleine mer. Mais ici. se présente
une autre difficulté. Le poisson, que les indi-
gènes aiment salé, et surtout séché ou fumé,
il faut le préparer. Où cela ? A terre ? Et
comment le mettre à terre à un endroit déter-
miné, toujours le même, celui en un mot où une
usine serait établie, avec les rouleaux de la
barre qui règne d'un bout à l'autre de la
colonie et rend périlleuse toute la côte, même
à r entrée des lagunes ; par exemple, à l'em-
bouchure du Comoé.
Et les bateaux -de pêche, comment les ré-
parer ? Il faut aller, en cas d'avaries, jusqu'à
Dakar, pour les mettre en cale sèche, et
Dakar est à plusieurs jours de mer. De même
pour le matériel de pêche. On ne peut pas, ou
du moins on ne peut qu'avec de très grosses
difficultés, le mettre à terre pour le réparer.
Tout cel a explique l'échec des tentatives
faites par différents particuliers ou par des so-
ciétés européennes, pour organiser des opéra-
tions de pêche à la Côte d'Ivoire. Et comme
l'indigène est grand amateur de poisson, sur-
tout fumé et salé, que par ses propres moyens
il en capture fort peu, il s'ensuit que la
colonie accuse le chiffre d'importation relati-
vement élevé qu'on connaît. Les colis de pois-
son séché ou fumé débarquent facilement par
le Warf de Bassam, tandis que la capture et
la préparation sur place du poisson local sont
très difficiles.
La chose est d'autant plus regrettable qu'il
y a trois ans à peine, en 1926, on pouvait con-
sidérer que la Côte d'Ivoire se suffisait, puis-
qu'elle importait seulement 146.000 kgs de
poisson et en exportait en Gold Goast,
600.000 kRs. Ce n'est donc pas le poisson qui
manque, ni l'indigène qui le dédaigne, ce sont
les moyens pratiques de le capturer qui font
défaut.
Pour que la situation change, il faudrait de
grands travaux. Ceux projetés pour créer le
port dont on parle, s'ils réussissent, amèneront
probablement les changements nécessaires pour
modifier cet état de choses, et rendre possible
l'industrie raisonnée de la pêche au large des
rivages de la Côte d'ïvoite. C'est ce que
l'avenir nous dira.
UHIS lA IsrUer.
BROUSSES
& BROUTILLES
-. T
Le bon Dieu à la page
La mission du Maduré (Inde anglaise)
dispose désormais d'une chapelle automo-
bile. L'autel se dresse derrière la pla^e du
chauffeur. Il a des parois latérales qui sont
rabattues au moment de la messe, de façon
à le rendre, avec le missionnaire célé-
brant, visible de toutes parts. Ainsi la mis-
sion peut-elle avoir son Eglise partout où il
lui plaît.
Et pourquoi pas, puisque le successeur de
Saint-Pierre, lui-même, use désormais de
l'automobile 1
Le scepticisme, l'incrédulité et, aussi,
l'esprit satanique de révolte font du chemin.
Surtout lorsqu'il s'agit de races encore pri-
mitives à évangéliser, il est prudent de cher-
cher à gagner de vitesse l'ennemi du genré
humain. Lucifer n'étend plus ses vastes ailes
sombres pour prendre son vol vers quelque
exécrable forfait; il préfère une six-cylin-
dres, voire l'avion. Et la '.olombe eucharis-
tique, la pauvre, la fragile empennée de
blanc, n'était plus de force.
D'ailleurs, les missionnaires du Maduré
savent bien ce qu'ils font. L'important est
de recruter des adeptes. A mesure que la
chapelle aux H.P. aura atteint en quelque
endroit son but de propagande, ils sauront
enraciner dans le sol une Eglise solide, où
le Christ, reprenant son immobilité tragi-
que et douloureuse, appellera d'autant mieux
à lui les grands enfants des régions attar-
dées.
i4vtf(on.
A LA CHAMBRE
»♦«
QUESTION ECRITE
Sur un effet rétroactif
M. Maurice Petsche demande à M. le minis-
tre des Colonies si les décrets pris pour fixer
la réglementation applicabe aux colonies au-
tres que la Martinique , la Guadeloupe et la
lléuiiion, en vertu de l'article 18 du sénatus-
consulte du 3 mai 185-i, peuvent avoir un effet
rétroactif. (Question du 25 juillet 1929.)
Réponse. Les décrets pris pour fixer la
réglementation applicable aux colonies autres
que la Martinique, la Guadeloupe et la Réu-
nion. en vertu de l'article 18 du sénalus-consul.
te du 3 mai 1854, ne peuvent avoir d'effet ré-
troactif que si une disposition dans ce sens est
expressément prévue dans le texte même des-
dits décrets.
Dépêches de l'Indochine
Les inondations
La crue du Mékong a produit de graves
dégâts dans les provinces cambodgiennes
de Kompong-Cham, Soai-Rieng et preil-
Veng. La région entière est submergée.
Des mesures ont ét(! prises pour tenter
de limiter les dégâts et maintenir en ser-
vice toutes les grandes voies de commu-
nication.
Indopacift.
'ee'e
Un lac artificiel à Cholon ?
l' 1
Un lac de vingt-cinq hectares ! Pour rient
Et même l'administration gagnerait 50.000
piastres à le faire creuser. Telle est l'idée
émise par notre confrère La l'resse Indochi-
noise.
Prenez, dit l'auteur de l'article, un terrain
de vingt-cinq hectares dans la région de
Cholon qui manque d'eau comme Saïgon. Le
Domaine possède encore dans la province des
terrains étendus où l'on pourrait facilement
tailler.
Puis, on creuserait ce terrain à quatre mè-
tres de profondeur. Une drague ferait ce
travail fort rapidement. Le prix ? Oh 1 c'est
bien simple. Un mètie cube de terre enlevée
par la drague coûterait vingt cents. Mais un
mètre cube de terre, ça peut se vendre vingt-
cinq cents pour le remblayage ! Songez à
tout ce qu'on doit remblayer à Saïgon-Cho-
Ion 1
Sur le million de mètres cubes de terre re.
muée, l'Administration gagnerait cinquante
mille piastres t
Donc un lac de vingt-cinq hectares serait
creusé. Pour le remplir, la pluie et un sys-
tème de drainage feraient le nécessaire. Le
fond étant composé d'argile imperméable, le
lac fournirait un million de mètres cubes
d'eau pour les quatre mois de saison sèche,
soit deux cent cinquante mille mètres cubes
par mois, soit près de dix mille mètres cubes
par jour. Apport des plus sérieux.
Et, dans l'avenir, qui empêcherait de
transformer en parc une île qu'on aurait eu
le soin de laisser subsister au centre de la
pièce d'eau ? Quelques travaux d'aménage-
ment, quelques vallonnements donneraient
un parc splendide.
Mais, paraît-il, l'Administration connait
cette idée depuis longtemps. Elle lui aurait
été communiquée il y a quelques années
dans un très beau rapport d'administrateur.
Si elle contient vraiment des possibilités
de réalisation, dans des conditions aussi peu
coûteuses, souhaitons qu'elle soit portée à la
connaissance de « qui de droit ».
«i»
C'est quand même un peu fort
Condam l n-t é à cin9 ans de prison potir meur-
Condamné à cinq ans de prison pour meur-
tre, interdit de séjour, Gorry, Algérien Age
de 36 ans se promenait si librement à Pans
qu'il se trouva mêlé à une bagarre place
Blanche et qu'il y blessa, mortellement sans
doute, un compatriote.
Il nous semble qu'un Algérien interdit de
séjour, à la suite d'une condamnation à cinq
ans de prison, devrait être renvoyé sous
bonne escorte en Algérie. La brigade de po-
lice nord-africaine est certainement numéri-
quement insuffisante. Renforçons ses effec-
tifs, car ce ne peut être que pour ça qu'elle
ne peut accomplir efficacement sa tâche, le
dévouement et le zèle de ses agents étant
connus.
Meieof.
RETOUR DE SAIGON
L'organisation sanitaire
de la Cochinchine
par R. DE LAROMIGUIÈRE.
Le Dr Coulogner, chef du service de santé
de la Cochinchine et du Cambodge, vient de
rentrer en France pour y prendre son congé.
A l'occasion de son départ, la presse de
Cochinchine a rendu hommage aux éminentes
qualités du chef d'un service important entre
tous, qui a su, par son talent prof esuvnnzL
comme par sa courtoisie et son affabilité, s'aiti-
rer la sympathie et le respect unanimes.
Ses amis d'Indochine regrettent son départ.
Ceux d'ici se sont réjouis de le voir arriver.
J'ai eu, pour ma part, l' heureuse occasion de
le rencontrer et de lui poser quelques questions
sur l'organisation et la situation sanitaires de
la Cochinchine. A oec sa bienveillance habi-
tuelle, il m'a fait les réponses que l'on va lire.
Tout d'abord, je le complimentai de son air
de santé, après trois ans et demi de Cochin-
chine.
La Cochinchine autrefois et aujourd'hui
- Ah 1 fit-il, c'est que la Cochinchine a
bien changé depuis mon premier séjour.
Vous la connaissiez donc, monsieur le
médecin-chef ?
C'est là que j'ai fait mes débuts de jeune
docteur, de 1896 à 1899. A cette époque,.
nous étions quatre médecins militaires pour toute
la Cochinchine. La variole faisait rage. Nous
circulions à travers les provinces en chaloupe,
par les arroyos pas d'autos, alors 1 et
nous vaccinions à jet continu. Aujourd'hui, la
variole est jugulée. Puis, il y a trente ans, on
opérait, en moyenne, trois abcès du foie par se-
maine.
- Et maintenant ?
- Cinq ou six par an. Cette grave affec-
tion, d'origine amibienne, disparaît dans la me-
sure où progresse la lutte contre la dysenterie.
Et vos moyens d'action ?
L'émetine en injections, très efficace si
le mal est pris à son début.
Sinon ?
- Contre la dysenterie chronique, le stovar.
sol, un certain nombre d'arsenicaux sont des
armes excellentes. Le mal, en somme, est à
peu près vaincu.
Et le paludisme ?
Il n'y en a guère en Cochinchine. Quel-
aues foyers à l'Ouest, en deux ou trois points
du delta, et surtout dans les régions du Nord-
Est, sur l' empl acement des forêts défrichées,
devenues les fameuses terres à caoutchouc, et
où sévissait la « fièvre des bois » qui n' est que
du paludisme. Mais celui-ci, à l'Ouest, n'est à
craindre qu' en une certaine saison, vers novem-
bre, et 1 assainissement gagne chaque jour du
terrain ; l'on travaille sans relâche à cette
œuvre sal utaire et l'on peut être certain que la
fièvre disparaîtra complètement. Déjà, le cap
Saint-Jacques, agréable station balnéaire, aérée
d'ailleurs par la brise marine, est un lieu de
réfection des forces. D'importantes casernes y
sont en bonne situation sanitaire.
Et sur les terres à caoutchouc ?
L'on assainit aussi, et la prophylaxie va
de pair avec la thérapeutique. Les travailleurs
sont régulièrement visités par l'inspecteur du
travail et par le directeur local de la Santé.
Au cours de mes propres tournées, j'ai pu voir
de mes yeux que les employeurs faisaient vrai-
ment leur possible pour bien loger, nourrir et
soigner la main-d'œuvre.
- C' est, du reste, leur intérêt.
- tuvidemment, mais ce n est pas toujours
facile. L'indigène accepte volontiers la quinine
préventive, les injections ; il n'a généralement
pas à se plaindre des locaux où il est logé, il
comprend l'utilité des puits cimentés. Mais,
par exemple, on lui fait admettre avec peine
l'emploi de la moustiquaire, et même la néces-
sité de consacrer son salaire à se nourrir
d'abord, au lieu de le perdre au jeu, aussitôt
touché. Aussi bien, le progrès fait là aussi len-
tement son œuvre, et beaucoup de travailleurs
acceptent de bon gré le paiement en nourriture
d'une partie de ce salaire. A ce propos, il
semble que l'on doive venir à bout du béri-
béri, qui se manifeste encore çà et là, par la
distribution de riz point trop décortiqué et sur-
tout point trop vieilli depuis le décorticage, et,
dans toute la mesure possible, de légumes frais.
Le choléra
- Et le choléra ) Faut-il croire qu'il est
aussi en voie de régression ?
Mon éminent interlocuteur me donna sans
hésiter d'optimistes assurances :
« Nous sommes également armés contre le
choléra. Tous les ans, à la saison sèche, il tend
à la forme épidémique. L'indigène, lorsqu'il
manque d'eau, boit ce qu'il trouve. jusqu'à
l'eau des mares, au besoin. Frappé par le cho-
léra, il devient porteur de germes et. dame,
il faut veiller, dès qu'un foyer se déclare dans
une agglomération. Il faut aussi surveiller le
Chinois qui arrose volontiers ses légumes avec
des déjections. Cependant, je n'ai vu, en trois
ans et demi, que très peu de cas de ce redou-
table fléau. Les injections prophylactiques de
vaccin anticholérique sauvent, à coup sûr, des
milliers d'existences. Tous les militaires sont
obligatoirement vaccinés. La vaccination est
aussi pratiquée dans les écoles, les camps de
travailleurs, tous les lieux où une foule se
trouve ordinairement rassemhlée. Nombre d'in-
digènes, au demeurant, demandent d'eux-
mêmes la piqûre préservatrice, et l' admirable
Institut Pasteur, de Saigon, distribue des am-
poules par millions. L'immunité certaine, mal-
heureusement, ne dure que six mois.
C'est déjà beaucoup.
C'est bien mon avis, mais j'ajoute que,
parallèlement à ces mesures, celles qui visent à
fournir de l'eau pure en abondance aux popu-
lations ne sont pas moins recommandables. Sat.
JOMMLJHIOTIDIEN
Réduction & Administration I
NMMWM-MM
PARIS CI-)
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Les Annales ÇMoniates
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être reproduite qu'en citant les AÀomm COLMULK.
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tous les bureaux
Problèmes de méthodes financières
C' -
Au moment où le grand emprunt colonial
est en préparation, il n'est pas inutile de
comparer ce qu'ont fait et ce que font les
autres pays colonisateurs dans ce domaine.
Pour aujourd'hui je voudrais mettre en
parallèle deux groupes coloniaux parfaite-
ment comparables : l'Afrique occidentale
française et l'Afrique occidentale anglaise.
Sans doute, les superficies territoriales
sont sensiblement différentes 4.722.000
kilomètres carrés pour la première, contre
1.400.000 pour la seconde --, mais si l'on
tient compte des régions désertiques et pa-
radésertiques, on peut admettre que, même
de ce point de vue, les deux groupes de co-
lonies sont comparables.
Négligeons les richesses minières : celles
des colonies anglaises sont en pleine ex-
ploitation, celles des colonies françaises
ne sont pas encore prospectées.
Les produits agricoles de large trafic et
exportation sont les mêmes : arachides,
amandes de palme, huile de palme, cacao,
coton, bois.
Pour l'arachide, le groupe français, avec
423.000 tonnes de production, marque une
avance considérable sur le groupe anglais
180.000 tonnes -. Pour les bois,
l'avance moins nette, s'affirme encore :
118.000 tonnes contre 50.000.
Mais pour tous les autres grands pro-
duits agricoles, les colonies anglaises lais-
sent loin, très loin derrière elles les colonies
françaises : 325.000 tonnes d'amandes de
palme contre 83.000, 117.000 tonnes
d'huile de palme contre 27.000, 268.000
tonnes de cacao contre 21.000. Seul le co-
ton accuse une égalité, 4 470 tonnes contre
3.750, mais qui indique seulement que le
problème de sa culture n'est pas encore sé-
rieusement abordé.
C'est surtout dans les chiffres globaux
du commerce extérieur que s'affirme l'écra-
sante supériorité du groupe anglais : 7 mil-
liards 724 millions de francs de trafic con-
tre 2 milliards 927 millions.
Comment s'explique la différence saisis-
sante des résultats économiques obtenus,
dans une période de temps à peu près
égale, dans des milieux économiques et so-
ciaux très sensiblement analogues?
Notons que, dans les deux groupes colo-
niaux ici comparés, le but économique
poursuivi développement de la produc-
tion du richesses agricoles naturelles est
le même et commande, par suite, logique-
ment, une même politique économique. En
fait, dans les deux groupes, on s'est orienté
vers la mise en valeur des richesses plus
spécialement adaptées au milieu : arachides
et coton dans la région sénégalienne et sou-
danaise, Sénégal et Gambie, Soudan et
Nigeria du nord; cacao en Gold Coast et
Côte d'Ivoire j produits palmistes en Sierra
Léone, Nigeria du Sud, Guinée française
et Dahomey.
Ainsi, dans les deux groupes, mêmes ri-
chesses naturelles, mêmes méthodes écono-
miques, mais, partout, une poussée, un
élan d'activité, de progrès, beaucoup plus
marqués dans un groupe que dans l'autre.
Les chiffres ci-dessous, à mon sens, suf-
fisent à expliquer tout le mystère :
Budgets annuels de l'A.O. F. : 700 mil-
lions de francs.
Budgets annuels de la B. W. A. : 1.700
millions de francs.
Dettes publiques de l'A.O.F. : 250 mil-
lions de francs.
Dettes publiques de la B.W.A. : 4.610
millions de francs.
Ne nous attardons pas à la comparaison
des budgets. Leur différence correspond as-
sez sensiblement à la différence des volu.
mes d'activité économique, compte tenu du
chiffre des populations. Mais partons
d'elle, cependant, pour juger des méthodes
financières.
Dans le groupe français, toute la mise en
valeur du pays, tout l'effort de développe-
ment économique et social porte directement
sur le budget. Les 700 millions du budget
annuel "doivent subvenir, non seulement aux
besoins d'entretien et de croissance nor-
male des besoins collectifs, mais encore à
la création de tout le capital économique
et social. A peine 250 millions de ce ca-
pital ont été, jusqu'ici, demandés à l'em-
prunt et le triple aux budgets annuels.
Au contraire, dans le groupe anglais, un
budget annuel de 1,700 millions, mais ré-
pondant à peu près uniquement aux be-
soins normaux, courants de la vie économi-
que et sociale et une immobilisation de ca.
pital, en outillage économique, de 4 mil-
liards 610 millions demandés à l'emprunt.
Et si nous prenons une colonie particu-
lière de chaque groupe, la Gold Coast et
la Côte d'Ivoire, ce rapprochement des faits
et des chiffres sera plus éloquent encore.
Voilà deux colonies tout à fait compa-
rables, voisines, cherchant leur prospérité
aux mêmes sources, principalement dans la
culture du cacao.
Quelle différence dans les moyens finaft"
ciers mis à la disposition de cette même
politique économique 1
- Jusqu'ici, en Côte d'Ivoire, tout l'amé-
nagement économique, ou à peu près, a été
demandé au budget. Ainsi on na pas en-
core abouti à construire le port d'évacua-
tion à outillage moderne qui s'impose.
En Gold Coast, un vaste programme
ifnancier a été mis à exécution sur la pé-
riodes 1920-j939 comportant une dépense
globale de 2 milliards 64 millions de
francs. Au 31 mars 1928, il avait été dé-
pensé 1.512 millions de francs sur ce pro-
gramme et, retenons bien ces deux chiffres,
millions environ avaient été deman-
dés
1.375 à l'emprunt et 125 millions aux recet-
tes budgmine ,.
Eneore faudrait-il, pour apprécier exac-
tement la valeur de cet effort, analyser les
dépenses faites et les travaux entrepris.
Notons simplement ces chiffres suggestifs :
le port. de Takoradi a coûté 420 millions
et son outillage permet de charger et de
décharger 4.500 tonnes de marchandises
par jour. On compte 8.600 kilomètres de
routes automobilisables et.– chiffres plus
utiles à connaître, car la définition de la
route automobilisable est très élastique
sur ces routes sont en servite 1.100 voitures
et 4 2150 camions automobiles.
Mais ces 2 milliards de capital avancés
à la Gold Coast ne sont pas perdus : en
1926, il a été exporté 230.000 tonnes de
cacao valant 1 milliard 125 millions de
francs environ, en 1927, 210.000 tonnes
valant 1 milliard 405 millions, en 1928,
219.000 tonnée valant 1 milliard 375 mil-
lions.
Mais, me dira-t-on, le grand emprunt en
cours a précisément pour objet de donner
à nos colonies ce capital qui leur manque.
Oui, sans doute, mais dans notre politi-
que coloniale il représente un geste, con-
sidéré encore comme trop audacieux par
certains. Derrière ce geste je voudrais pou-
voir trouver une méthode.
Bttemwoes Amtoeoelii,
Député de la Haute-Savoie.
Rapporteur du budget de
l'Algérie el des Protecto-
rats.
.1.
A la Société des Nations
<––
L'opium
Devant la 58 Commision qui traite des
questions sociales et humanitaires, le délé-
gué français, M. Georges- Pernot, avait an-
noncé la décision prise par le Gouvern.'îaient
français d'introduire une réglementa-.» il
destinée à limiter la fabrication des drogues
stupéfiantes. La délégation britannique a dé-
posé une résolution demandant au Conseil
de réunir les gouvernements producteurs de
morphine, de cocaïne et d'héroïne afin que
ces gouvernements se concertent en vue d'ar-
river à un accord quant à la cluantité de stu-
péfiants qui serait fabriquée chaque année.
Cette idée d'une conférence intergouveme-
mentale est vivement appuyée par la déléga-
tion italienne.
-880
Le plan Young
et les pre'stations en nature
'II
Le Comité qui a mission de « rédiger un
nouveau règlement pour les prestations en
nature et de suggérer toutes mesures indis-
pensables pour assurer, en ce qui concerne
ces prestations, le passage du régime actuel-
lement en vigueur (plan Dawes) au nouveau
régime (plan Young) » a décidé de siéger
chaque jour jusqu'à l'achèvement de sa tâ-
che.
Les pays représentés sont : Allemagne
(docteur Litter) ; Belgique (M. Perier) ;
France (M. de Peyster); Grande-Bretagne
(M. Kiuchi) ; Yougoslavie (M. Danitch).
Syrie et Palestine
i
A Jérusalem
Une certaine tension règne de nouveau
à Jérusalem à cause des fumeurs d'après
lesquelles les Arabes se préparaient à at-
taquer los juif s. De plus on parle de mou-
vements isolés d'Arabes sur les frontières
de Transjordanie et d'ailleurs. Dans les
milieux officiels on n'attache pas d'impor-
tance à ceÆ bruits que t'on considère com-
me une manifestation de la campagne de
terrorisme menée contre les juifs.
Le premier contingent de cent policiers
enrôlés en Angleterre pour servir en Pa-
lestine devait arriver avant-hier.
(Par dépêche.)
Meeting à Paris
La Ligue Internationale contre l'antisé-
mitisme avait organisé avant-hier soir, :t
la salle Wagrom, un meeting en faveur
d'un rapprochement judéo.o.rabe en Pa-
lestine..
Après avoir entendu MM. Bernard Leca-
che, Pierre Bonardi, Jean Longuet, Marc
Sangnier, Georges Pioch, Jacques Ancelle,
Paul-Louis, Joseph Fisoher et Jacques Re-
boul, qui prirent tour 'à tour la parole
pour expliquer comment ils comprenaient
l'établissement d'un régime de paix en
Palestine, l'assemblée vota un ordre du
jour réclamant de la puissance mandataire
le châtiment des responsables des émeu-
tes, réprouvant la politique d'excitation
des effendis et affirmant le droit des Juifs
et des Arabes à vivre côte à côte en Pa-
lestine pour la défense d'intérêts et de
droits communs.
.1.
Dans les Missions
ges
Coqgrèf mispionnalrf
Un congrès et une exposition missionnai.
res se tiennent en ce moment à Lisieux. Des
communications y seront faites sur l'expan-
sion catholique à travers le monde, le clergé
indigène, les religieuses indigènes, la mé-
decine dans les missions; les religions d'Ex-
trême-Orient. M. Georges Goyau, de l'Aca-
démie française, y prendra la parole.
Missionnaires assassinés
A la suite de la protestation de la France
pour l'assassinat, près d'Itchang, d'un évê-
que et de deux missionnaires belges, la Lé-
gation de France à Pékin a reçu de Nankin
l'assurance qu'une enquête et des recherches
sérieuses seront faites pour retrouver les
assassins et qu'un châtiment exemplaire
sera appllq."
L'Exposition Coloniale
de 1931
et les Peintres
>
Vous aviez parfaitement rai-
son, me disait hter dans mon bu-
reau, un des peintres coloniaux les
plus réputés de l heure présente. il est ttidts-
pensable que les peintres qui sont conviés à
la manne plus ou moins abondante de r Ex-
position coloniale fassent des dioramus de
pays qu'ils ont vus; moi-même j'ai été sol-
licite d'en faire lm, sans concours, miis je
me suis récusé, n'ayant jamais été dans les
régions que Von me proposait de peindre,
mais à quelque deux ou trois mille kilomé-
tres de là.
« Vous avez encore bien plus raison
quand vous dites que le vainqueur du tour-
noi est connu d'avance et que M. de la Né-
zière, parti favori, gagnera toutes les courses
dans lesquelles il se présente à un petit
galop. Pourquoi perdre son temps et son ar-
gent dans un simili-concours. »
Il semble d ailleurs que la section fJeaux-
Arts ait été légèrement négligée, du moins
jusqu'à ce jour, car je ne doute pas que le
Maréchal Lyautey, si épris de bonne pein-
ture et de belle sculpture ne répare, en plein
accord avec M. Henry Bérenger, sénateur
de la Guadeloupe et président de la Société
Coloniale des Beaux-Arts, une omission
tout ù fait fâcheuse. Où sera le Palais des
Beaux-Arts de l'Exposition Coloniale ?
A-t-on prévu une rétrospective ?
Quelle place dans ce Palais des Beaux-
Arts sera réservée à la peinture, à la scul p-
ture, aux maquettes d'architecture et aux re-
productions des grands monuments élevés
par la France en Afrique ou ett Asie ?
le pose ces questions. Les commissaires
généraux de VEposition se les sont-ils po-
séesi Comment les ont-ils rc:solufs?
Parmi les nombreuses lettres que j'ai re-
çues sur la question des dioramas, je ni en
voudrais de ne pas en publier au moins une :
14 septembre.
Monsieur,
Permettez-moi de venir vous féliciter pour
la campagne si pleine d'espérances que vous
voulez bien mener en faveur des vrais pein-
tres coloniaux. Comme vous le dites si bien,
ceux-ci ont bourlingué à travers le monde
et il est juste qu'ils reçoivent à l'occasion
de l'Exposition coloniale de 1931 la juste
récompense de leurs efforts.
Mais, pour arriver à ce résultat, il fau-
drait que le Commissariat général, une fois
pour toutes, décidât qu'aucune commande de
timbre, d'affiche ou de diorama ne puisse
être donnée à des artistes ignorant les co-
lonies.
Certains, dont vous citez si justement les
noms, ne sont que des voyageurs en cham-
bre, ayant tout au plus visité le Maroc en
auto-cars ou étudié les types nègres au Jar-
din d'Acclimatation ou a l'Exposition colo-
niale de Marseille. Sans vouloir faire de
personnalités, je sais ce que j'avance ; eh
bien, ceux-là ou cellli-là" si cette façon de
faire était adoptée en haut lieu, et pour-
quoi ne le serait-elle pas, ne pourraient
plus désormais briguei la commande d'un
timbre ou d'une affiche.
Une pareille mesure qui serait la justice
même aurait l'approbation de tous les artis-
tes, de tous ceux qui, au péril de leur santé,
ont planté leurs cnevalets aux quatre coins
du monde..
La Tunisie, vous le savez peut-être, a
déjà pris une mesure en ce sens. Il faudrait
que tous les Commissariats fassent de même ;
il est inadmissible, en effet, qu'un artiste,
même de talent, n'ayant jamais mis les pieds
en Asie, soit chargé de traiter au diorama
une scène représentant Dupieix recevant les
grands nababs. Pour celle-là, l'excellent
peintre Gasté, qui a habité les Indes, a des
titres devant lesquels les autres candidats
devraient s'incliner comme devant Henry
Cayon et Mary Morin pour l'A.O.F. ; Fou-
queray ou Geo Michel, pour l'Indochine;
Jean Maxence ou Suzanne Frémont pour
Madagascar; Jeanne Thil pour la Tunisie;
Germaine Casse pour la Guadeloupe; Jac-
ques Simon pour l'Algérie ; Paul-Elie Dubois
pour le Hoggar ; Edouard Doigneau pour le
Maroc. J'en oublie et des meilleurs.
Qu'on demande donc aux concurrents de
fournir des références, alors les faux colo-
niaux riront jaune et cela sera bien fait.
Place aux vrais bourlingueurs.
UN LECTEUR SYMPATHISANT.
Que dirais-je de plus ?
Les campagnes de bon sens font toujours
Vunanimité autour d'elles.
Morcel Itiiedel.
-0801
Une éruption au mont Pelé
m»
De notre correspondant particulier
Une légère éruption gazeuse s'est produite
lundi soir, à 21 h. 35, au mont Pelé.
Informé de l'activité du volcan, M. Gerbi-
nist Gouverneur de la Martinique, s'est rendu
dans la nuit de lundi à mardi à Saint-Pierre..
Dans l'après-midi de mardi, la pluie de cen-
dres sur Saint-Pierre et Morne-Rouge a aug-
menté.
L'exode de la population de Saint-Pifrre,
de Mome-Roqge et de Prêcheur vers Fort-de-
France a été organisé dans le plus grand calme.
Hier, cependant, une certaine augmentation
de l'activité volcanique a causé quelque inquié-
tude. Le volcan soufrière, au nord de Saint-
Vincent, est calme, mais les conditions atmos-
phériques sont les mêmes que celles enregistrées
en mai 1902 lorsque l'éruption de ce volcan
fit plus de 2.000 victima.
On a encore constaté hier une forte odeur
accompagnant des vagues de chaleur. Au soir,
"âcti"ifé volcanique était stationnaire. Le
calme reste complet dans la population.
(Par dépêche.)
LIRE EN SECONDE PAGE :
Lois et décret gale.
L'Aviation coMnialw.
La pêche en Cflte-dlvoire
Il peut sembler paradoxal, au premier
abord, de voir notre colonie de Ja Côte
d' Ivoire, une des contrées du monde où le
poisson est le plus abondant, aussi bien dans
les lagunes que sur les côtes de l'Océan, im-
porter, en 1928, plus de 320.000 kgs de pois-
son séché, fumé ou autrement conservé. La
chose s exotioue cependant très aisément.
Dans les lagunes, de par un usage immémo-
lial, devenu un droit imprescriptible, les indi-
Jènes riverain établissent des barrages stables,
laits de longues perches de bambous plantées
dans la vase du fond, solidement reliées entre
elles et dépassant la surface de l'eau. Ces bar-
rages aboutissent à une enceinte où le poisson
qui les a suivis est facilement capturé. Ils ne
connaissent dans leur développement qu'un
seul obstacle : un arrêté local de 1908, qui
oblige à ménager dans les barrières susdites
quelques ouvertures, par lesquelles se fait la
navigation en lagune. S'il n'y avait pas cette
légère restriction à leur industrie, les pêcheurs
riverains arriveraient à complètement barrer les
lagunes.
Il s en est suivi que, lorsque à différentes
reprises, quelques Européens ont voulu essayer
de pratiquer la pêche dans ces parages, tout
en améliorant les moyens de travail, ils se sont
heurtés à l'opposition des villages et ont dû
renoncer à leur tentative.
La chose fut fâcheuse en ce sens que, bien
conduites, organisées avec de meilleurs procé-
dés de travail, ces industries européennes au-
taient certainement procuré aux populations lo-
cales, plus de poisson que ne le font les pê-
cheurs indigènes, et auraient rapporté des bé-
néfices à leurs promoteurs. Mais le résultat était
couru d'avance, et ceux qui avaient eu l'idée
de ces entreprises auraient dû s' attendre à leur
échec.
Ils n'auraient pas dû ignorer que l'Adminis-
tration française malgré les critiques inté-
ressées dirigées parfois contre elle, à Ge-
nève par exemple, et dans certaine presse an-
glo-Iaxonne, respecte et fait toujours res-
pecter les droits des natifs, même quand les
intérêts privés et collectifs des Européens en
pâtissent.
On l'a vu, par exemple, pour les exploita-
tions aurifères, alluvionnaires en A. O. F.
Rappelons les faits en deux mots :
Les pétitionnaires des concessions aurifères
avaient commencé par demander des permis de
recherches, pour lesquels ils avaient payé des
droits perçus par l'Administration. Après
prospection, qui avait rapporté de l'argent à la
colonie, ils avaient converti cet permis de re-
cherches en permis d'exploitation et repayé de
nouveaux droits. Ils avaient fait venir du maté-
riel, versé pour cela des droits de douane à la
colonie, et, parfois, engagé de grosses dé-
penses. Donc leurs agissements s'étaient faits
au grand jour. et nul ne pouvait les ignorer.
Cependant, quand ifs voulurent travailler, il
s'éleva souvent des protestations de la part des
indigènes qui, eux aussi, avaient creusé des
puits sur ces mêmes alluvions, et invoquaient
le droit résultant des coutumes ancestrales.
Toujours l'Administration donna raison aux
natifs, et défendit aux Sociétés d'exploiter.
A notre avis personnel, elle pouvait avoir
raison en principe, mais elle avait eu tort de
vendre les permis et de toucher les droits.
Mais la question n'est pas là. Cet exemple
entre bien d'autres prouve que l'Administra-
tion protège les droits et même les usages des
indigènes, partout où s'exerce son influence ;
ce en quoi elle agit avec sagesse.
Par conséquent, et pour en revenir à la
Côte d'Ivoire, il était, et il est toujours inu-
tile de penser à installer des pêcheries euro-
péennes dans les lagunes.
Reste la pleine mer. Mais ici. se présente
une autre difficulté. Le poisson, que les indi-
gènes aiment salé, et surtout séché ou fumé,
il faut le préparer. Où cela ? A terre ? Et
comment le mettre à terre à un endroit déter-
miné, toujours le même, celui en un mot où une
usine serait établie, avec les rouleaux de la
barre qui règne d'un bout à l'autre de la
colonie et rend périlleuse toute la côte, même
à r entrée des lagunes ; par exemple, à l'em-
bouchure du Comoé.
Et les bateaux -de pêche, comment les ré-
parer ? Il faut aller, en cas d'avaries, jusqu'à
Dakar, pour les mettre en cale sèche, et
Dakar est à plusieurs jours de mer. De même
pour le matériel de pêche. On ne peut pas, ou
du moins on ne peut qu'avec de très grosses
difficultés, le mettre à terre pour le réparer.
Tout cel a explique l'échec des tentatives
faites par différents particuliers ou par des so-
ciétés européennes, pour organiser des opéra-
tions de pêche à la Côte d'Ivoire. Et comme
l'indigène est grand amateur de poisson, sur-
tout fumé et salé, que par ses propres moyens
il en capture fort peu, il s'ensuit que la
colonie accuse le chiffre d'importation relati-
vement élevé qu'on connaît. Les colis de pois-
son séché ou fumé débarquent facilement par
le Warf de Bassam, tandis que la capture et
la préparation sur place du poisson local sont
très difficiles.
La chose est d'autant plus regrettable qu'il
y a trois ans à peine, en 1926, on pouvait con-
sidérer que la Côte d'Ivoire se suffisait, puis-
qu'elle importait seulement 146.000 kgs de
poisson et en exportait en Gold Goast,
600.000 kRs. Ce n'est donc pas le poisson qui
manque, ni l'indigène qui le dédaigne, ce sont
les moyens pratiques de le capturer qui font
défaut.
Pour que la situation change, il faudrait de
grands travaux. Ceux projetés pour créer le
port dont on parle, s'ils réussissent, amèneront
probablement les changements nécessaires pour
modifier cet état de choses, et rendre possible
l'industrie raisonnée de la pêche au large des
rivages de la Côte d'ïvoite. C'est ce que
l'avenir nous dira.
UHIS lA IsrUer.
BROUSSES
& BROUTILLES
-. T
Le bon Dieu à la page
La mission du Maduré (Inde anglaise)
dispose désormais d'une chapelle automo-
bile. L'autel se dresse derrière la pla^e du
chauffeur. Il a des parois latérales qui sont
rabattues au moment de la messe, de façon
à le rendre, avec le missionnaire célé-
brant, visible de toutes parts. Ainsi la mis-
sion peut-elle avoir son Eglise partout où il
lui plaît.
Et pourquoi pas, puisque le successeur de
Saint-Pierre, lui-même, use désormais de
l'automobile 1
Le scepticisme, l'incrédulité et, aussi,
l'esprit satanique de révolte font du chemin.
Surtout lorsqu'il s'agit de races encore pri-
mitives à évangéliser, il est prudent de cher-
cher à gagner de vitesse l'ennemi du genré
humain. Lucifer n'étend plus ses vastes ailes
sombres pour prendre son vol vers quelque
exécrable forfait; il préfère une six-cylin-
dres, voire l'avion. Et la '.olombe eucharis-
tique, la pauvre, la fragile empennée de
blanc, n'était plus de force.
D'ailleurs, les missionnaires du Maduré
savent bien ce qu'ils font. L'important est
de recruter des adeptes. A mesure que la
chapelle aux H.P. aura atteint en quelque
endroit son but de propagande, ils sauront
enraciner dans le sol une Eglise solide, où
le Christ, reprenant son immobilité tragi-
que et douloureuse, appellera d'autant mieux
à lui les grands enfants des régions attar-
dées.
i4vtf(on.
A LA CHAMBRE
»♦«
QUESTION ECRITE
Sur un effet rétroactif
M. Maurice Petsche demande à M. le minis-
tre des Colonies si les décrets pris pour fixer
la réglementation applicabe aux colonies au-
tres que la Martinique , la Guadeloupe et la
lléuiiion, en vertu de l'article 18 du sénatus-
consulte du 3 mai 185-i, peuvent avoir un effet
rétroactif. (Question du 25 juillet 1929.)
Réponse. Les décrets pris pour fixer la
réglementation applicable aux colonies autres
que la Martinique, la Guadeloupe et la Réu-
nion. en vertu de l'article 18 du sénalus-consul.
te du 3 mai 1854, ne peuvent avoir d'effet ré-
troactif que si une disposition dans ce sens est
expressément prévue dans le texte même des-
dits décrets.
Dépêches de l'Indochine
Les inondations
La crue du Mékong a produit de graves
dégâts dans les provinces cambodgiennes
de Kompong-Cham, Soai-Rieng et preil-
Veng. La région entière est submergée.
Des mesures ont ét(! prises pour tenter
de limiter les dégâts et maintenir en ser-
vice toutes les grandes voies de commu-
nication.
Indopacift.
'ee'e
Un lac artificiel à Cholon ?
l' 1
Un lac de vingt-cinq hectares ! Pour rient
Et même l'administration gagnerait 50.000
piastres à le faire creuser. Telle est l'idée
émise par notre confrère La l'resse Indochi-
noise.
Prenez, dit l'auteur de l'article, un terrain
de vingt-cinq hectares dans la région de
Cholon qui manque d'eau comme Saïgon. Le
Domaine possède encore dans la province des
terrains étendus où l'on pourrait facilement
tailler.
Puis, on creuserait ce terrain à quatre mè-
tres de profondeur. Une drague ferait ce
travail fort rapidement. Le prix ? Oh 1 c'est
bien simple. Un mètie cube de terre enlevée
par la drague coûterait vingt cents. Mais un
mètre cube de terre, ça peut se vendre vingt-
cinq cents pour le remblayage ! Songez à
tout ce qu'on doit remblayer à Saïgon-Cho-
Ion 1
Sur le million de mètres cubes de terre re.
muée, l'Administration gagnerait cinquante
mille piastres t
Donc un lac de vingt-cinq hectares serait
creusé. Pour le remplir, la pluie et un sys-
tème de drainage feraient le nécessaire. Le
fond étant composé d'argile imperméable, le
lac fournirait un million de mètres cubes
d'eau pour les quatre mois de saison sèche,
soit deux cent cinquante mille mètres cubes
par mois, soit près de dix mille mètres cubes
par jour. Apport des plus sérieux.
Et, dans l'avenir, qui empêcherait de
transformer en parc une île qu'on aurait eu
le soin de laisser subsister au centre de la
pièce d'eau ? Quelques travaux d'aménage-
ment, quelques vallonnements donneraient
un parc splendide.
Mais, paraît-il, l'Administration connait
cette idée depuis longtemps. Elle lui aurait
été communiquée il y a quelques années
dans un très beau rapport d'administrateur.
Si elle contient vraiment des possibilités
de réalisation, dans des conditions aussi peu
coûteuses, souhaitons qu'elle soit portée à la
connaissance de « qui de droit ».
«i»
C'est quand même un peu fort
Condam l n-t é à cin9 ans de prison potir meur-
Condamné à cinq ans de prison pour meur-
tre, interdit de séjour, Gorry, Algérien Age
de 36 ans se promenait si librement à Pans
qu'il se trouva mêlé à une bagarre place
Blanche et qu'il y blessa, mortellement sans
doute, un compatriote.
Il nous semble qu'un Algérien interdit de
séjour, à la suite d'une condamnation à cinq
ans de prison, devrait être renvoyé sous
bonne escorte en Algérie. La brigade de po-
lice nord-africaine est certainement numéri-
quement insuffisante. Renforçons ses effec-
tifs, car ce ne peut être que pour ça qu'elle
ne peut accomplir efficacement sa tâche, le
dévouement et le zèle de ses agents étant
connus.
Meieof.
RETOUR DE SAIGON
L'organisation sanitaire
de la Cochinchine
par R. DE LAROMIGUIÈRE.
Le Dr Coulogner, chef du service de santé
de la Cochinchine et du Cambodge, vient de
rentrer en France pour y prendre son congé.
A l'occasion de son départ, la presse de
Cochinchine a rendu hommage aux éminentes
qualités du chef d'un service important entre
tous, qui a su, par son talent prof esuvnnzL
comme par sa courtoisie et son affabilité, s'aiti-
rer la sympathie et le respect unanimes.
Ses amis d'Indochine regrettent son départ.
Ceux d'ici se sont réjouis de le voir arriver.
J'ai eu, pour ma part, l' heureuse occasion de
le rencontrer et de lui poser quelques questions
sur l'organisation et la situation sanitaires de
la Cochinchine. A oec sa bienveillance habi-
tuelle, il m'a fait les réponses que l'on va lire.
Tout d'abord, je le complimentai de son air
de santé, après trois ans et demi de Cochin-
chine.
La Cochinchine autrefois et aujourd'hui
- Ah 1 fit-il, c'est que la Cochinchine a
bien changé depuis mon premier séjour.
Vous la connaissiez donc, monsieur le
médecin-chef ?
C'est là que j'ai fait mes débuts de jeune
docteur, de 1896 à 1899. A cette époque,.
nous étions quatre médecins militaires pour toute
la Cochinchine. La variole faisait rage. Nous
circulions à travers les provinces en chaloupe,
par les arroyos pas d'autos, alors 1 et
nous vaccinions à jet continu. Aujourd'hui, la
variole est jugulée. Puis, il y a trente ans, on
opérait, en moyenne, trois abcès du foie par se-
maine.
- Et maintenant ?
- Cinq ou six par an. Cette grave affec-
tion, d'origine amibienne, disparaît dans la me-
sure où progresse la lutte contre la dysenterie.
Et vos moyens d'action ?
L'émetine en injections, très efficace si
le mal est pris à son début.
Sinon ?
- Contre la dysenterie chronique, le stovar.
sol, un certain nombre d'arsenicaux sont des
armes excellentes. Le mal, en somme, est à
peu près vaincu.
Et le paludisme ?
Il n'y en a guère en Cochinchine. Quel-
aues foyers à l'Ouest, en deux ou trois points
du delta, et surtout dans les régions du Nord-
Est, sur l' empl acement des forêts défrichées,
devenues les fameuses terres à caoutchouc, et
où sévissait la « fièvre des bois » qui n' est que
du paludisme. Mais celui-ci, à l'Ouest, n'est à
craindre qu' en une certaine saison, vers novem-
bre, et 1 assainissement gagne chaque jour du
terrain ; l'on travaille sans relâche à cette
œuvre sal utaire et l'on peut être certain que la
fièvre disparaîtra complètement. Déjà, le cap
Saint-Jacques, agréable station balnéaire, aérée
d'ailleurs par la brise marine, est un lieu de
réfection des forces. D'importantes casernes y
sont en bonne situation sanitaire.
Et sur les terres à caoutchouc ?
L'on assainit aussi, et la prophylaxie va
de pair avec la thérapeutique. Les travailleurs
sont régulièrement visités par l'inspecteur du
travail et par le directeur local de la Santé.
Au cours de mes propres tournées, j'ai pu voir
de mes yeux que les employeurs faisaient vrai-
ment leur possible pour bien loger, nourrir et
soigner la main-d'œuvre.
- C' est, du reste, leur intérêt.
- tuvidemment, mais ce n est pas toujours
facile. L'indigène accepte volontiers la quinine
préventive, les injections ; il n'a généralement
pas à se plaindre des locaux où il est logé, il
comprend l'utilité des puits cimentés. Mais,
par exemple, on lui fait admettre avec peine
l'emploi de la moustiquaire, et même la néces-
sité de consacrer son salaire à se nourrir
d'abord, au lieu de le perdre au jeu, aussitôt
touché. Aussi bien, le progrès fait là aussi len-
tement son œuvre, et beaucoup de travailleurs
acceptent de bon gré le paiement en nourriture
d'une partie de ce salaire. A ce propos, il
semble que l'on doive venir à bout du béri-
béri, qui se manifeste encore çà et là, par la
distribution de riz point trop décortiqué et sur-
tout point trop vieilli depuis le décorticage, et,
dans toute la mesure possible, de légumes frais.
Le choléra
- Et le choléra ) Faut-il croire qu'il est
aussi en voie de régression ?
Mon éminent interlocuteur me donna sans
hésiter d'optimistes assurances :
« Nous sommes également armés contre le
choléra. Tous les ans, à la saison sèche, il tend
à la forme épidémique. L'indigène, lorsqu'il
manque d'eau, boit ce qu'il trouve. jusqu'à
l'eau des mares, au besoin. Frappé par le cho-
léra, il devient porteur de germes et. dame,
il faut veiller, dès qu'un foyer se déclare dans
une agglomération. Il faut aussi surveiller le
Chinois qui arrose volontiers ses légumes avec
des déjections. Cependant, je n'ai vu, en trois
ans et demi, que très peu de cas de ce redou-
table fléau. Les injections prophylactiques de
vaccin anticholérique sauvent, à coup sûr, des
milliers d'existences. Tous les militaires sont
obligatoirement vaccinés. La vaccination est
aussi pratiquée dans les écoles, les camps de
travailleurs, tous les lieux où une foule se
trouve ordinairement rassemhlée. Nombre d'in-
digènes, au demeurant, demandent d'eux-
mêmes la piqûre préservatrice, et l' admirable
Institut Pasteur, de Saigon, distribue des am-
poules par millions. L'immunité certaine, mal-
heureusement, ne dure que six mois.
C'est déjà beaucoup.
C'est bien mon avis, mais j'ajoute que,
parallèlement à ces mesures, celles qui visent à
fournir de l'eau pure en abondance aux popu-
lations ne sont pas moins recommandables. Sat.
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