Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-06-15
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 15 juin 1929 15 juin 1929
Description : 1929/06/15 (A30,N93). 1929/06/15 (A30,N93).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62805686
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
TftSNTIEME ANNEE. NO 93. CE NUMM V >Ai CENTIMES SAMEDI SOIR, ir» .ll l\ 19?9.
malit QueTiolEu
IMwMm & Administratif* t
84. m 98 ML-"
PARIS an
a LOUVM le-U
- ricmclibu ar
Les Annales Coloniales
Lt» annonce* «I rêcUmet sont rlÇUQ m
"'N" étt tcummL
Dut ectbur. Fondateur : Marool RUEDEL
r. PUWWS ému Ptffl fiumsl n* mmM
11r. reproduits fm'm oMcnl la Amum OumujM.
AMHEIENTS
aba M ltftfll mtnsutttti
01 m ineh snob
Fmm et
OalMlM INi ttt » be 0
ÉtriMsr.. t.. W » 9
•a l'ibonM MBS Dlll 10
iMl lM bVWH éê pcaltk
iretour de Guadeloupe
«MM
Rentré depuis quelques jours de mon voya-
ge en Guadeloupe cyclonée mais renaissante,
je reprends ma collaboration régulière dans
ce journal et mon article de rentrée sera
naturellement pour donner à nos lecteurs
une physionomie d'ensemble de la recons-
truction guadeloupéenne.
La chose est d autant plus nécessaire que
certains mauvais coloniaux, essayant de faire
de la démagogie sur des ruines ou même
de battre monnaie sur un désastre, n'ont pas
craint de publier dans certains journaux de
la Métropole des articles mensongers et des
informations tendancieuses relativement à la
situation actuelle de la Guadeloupe.
D'après ces défaitistes de la surencnere,
la Guadeloupe serait toujours dans le même
état qu'au lendemain du cyclone du 12 sep-
tembre dernier, et l'Administration locale
n'aurait rien fait depuis huit mois pour rele-
ver une Colonie à laquelle la France avait
accordé cent millions de subvention extra-
ordinaire et des possibilités de crédit pour
plusieurs centaines de millions de francs.
Ces allégations sont totalement inexactes.
Elles sont formulées par des individus qui
n'étaient pas sur place au moment du cy-
clone, qui étaient restés alors tranquillement
à Paris au lieu de venir en Guadeloupe,
et qui n'ont pu voir alors de leurs yeux ce
qu'était l'effroyable destruction générale
causée par la nature dans toutes les com-
munes de l'archipel. Si ces personnages
s'étaient alors dérangés de leurs aises pari-
siennes pour prendre une part effective aux
malheurs de leurs compatriotes, ils auraient
pu mesurer la différence entre l'état actuel
de la Colonie et sa situation au lendemain
de la catastrophe du 12 septembre. S'ils sont
émus par ce qu'ils ont vu en avril-mai 1929,
que n'auraient-ils pas dit ou écrit en sep-
tembre-octobre 1928? Nous, qui étions là
aux deux époques, nous sommes de meilleurs
et de plus équitables témoins pour affirmer
que la Guadeloupe ressuscite peu à peu de
ses décombres, qu'il y faudra sans doute du
temps, beaucoup de temps, comme il en a
fallu à nos départements dévastés par la
guerre, maus que comme eux la Guadeloupe
est absolument digne de la solidarité que lui
a si noblement témoignée la Métropole.
Il faut, d'abord et avant tout, en iairc
honneur aux Guadeloupéens eux-mêmes. Ce
sont eux qui ont les premiers redressé leurs
ruines dès le lendemain du cyclone et du
raft-de-marée. J'étais alors parmi eux et je
rendis tout de suite hommage au génie de
mue vaillante race, que n'abattit pas l'énor-
mité d'une catastrophe imméritée, et qui se
remit au travail aussitôt avec une spontanéité
W'' * but admirable. Les petites maisons en
bois et en tôle furent refaites vaille que
vaille ; les rues des villes furent déblayées
et rouvertes à la circulation ; les ponts cou-
pés furent réparés par des moyens de for-
tune qui rétablirent la communication entre
toutes les parties de l'lie ; les champs de
cume-à-sucre, les caféières, les cacaoyères
furent nettoya. sarclés, remis autant que
possible en état ; partout l'on planta de la
banane pour utiliser au mieux la culture la
plus rapide et la plus facile. L'effort uni-
versel du peuple fut vraiment admirable :
il sut tout de suite utiliser les secours qui
lui venaient de France, si bien qu'aujour-
d'hui ses calomniateurs ont pu habiter en
Guadeloupe de confortables maisons, circu-
ler de bout en bout sur les routes en de con-
fortables automobiles, gémir sur le malheur
des temps en de confortables déjeuners et
diners, expédier leurs lettres et dépêches à
travers la Colonie et même en France avec
des P. T. T. rétablis, etc., etc. Que ces
Messieurs laissent tranquille le bon peuple
de la Guadeloupe 1 Sans doute, le séjour
yt est encore un peu moins douillet que les
abords du parc Monceau ou de la forêt de
Rambouillet, mais on y vit tout de même.
Et c'est vraiment faire œuvre impie que
d'essayer de discréditer dans la Métropole
l'admirable mouvement de reconstruction qui
s'accomplit depuis neuf mois en Guadeloupe.
En même temps qu'au peuple guadelou-
péen, je tiens ici, comme témoin, à rendre
pleine justice à ses Municipalités et à son
Conseil Général. Le peuple leur a d'ailleurs
témoigné sa reconnaissance en les réélisant
aux scrutins des 5 et 12 mai derniers. Et
c'est bien là où le bât blesse quelques ânes
politiciens qui avaient espéré profiter de la
pagaie d'après-cyclone pour enlever des man-
dats 1 Ils en ont été pour leurs frais (par-
fois très importants) et la Guadeloupe a
manifesté sa gratitude à ses élus locaux en
les maintenant aux postes de combat où ils
avaient lutté pendant et depuis le danger.
Non seulement le provisoire a été assuré,
mais encore des programmes de reconstruc-
- tion des édifices communaux et départemen-
taux (écoles, hôpitaux, mairies, églises, bu-
reaux de poste, etc.) ont été élaborés d'ac-
oord avec le Gouvernement local et le Mi-
nistère des Colonies lui-même. Ces program-
mes sont en voie d'exécution : encore faut-
il leur laisser le tetnps d'être exécutés et voter
dans la Métropole la convention de 100 mil-
lions avec le Crédit Foncier de France, qui
feule en permettra la réalisation !
L'électrification de la Colonie a été non
seulement décidée par le Conseil Général
et ratifiée par la rue Oudinot. Elle se réalise
aujourd'hui : les premiers travaux sont com-
mences.
La Convention pour l'adduction des eaux
dans toute la Grande-Terre et l'approvi-
sionnement des faubourgs de Pointe-à-Pitre
ont donné lieu à certaines difficultés qui
s'aplanissent, mais les travaux préparatoires
n'ont pas été interrompus un seul jour par
les ingénieurs délégués sur place à cet effet.
Les officiers et 90us-officiers du génie mi-
litaire, qu'à notre demande avait envoyés
M. le Ministre de la Guerre, en Guadeloupe,
y ont fait d'excellent travail, en collabora-
tion avec les municipalités et la main-d'œu-
vre locale.
M. le Gouverneur Tellier, M. le Secrétaire-
général Lefebvre et la plupart de leurs col-
laborateurs ont mérité la reconnaissance de
la population pour l'incessant labeur, de
jour et de nuit, par lequel ils ont fait face
à l'une des plus redoutables tâches qui puis-
sent incomber à des chefs d'administration
pendant de longs mois. Qu'ils aient pu, en
outre, assurer sans aucun trouble, des élec-
tions municipales dans 34 communes en
pleine suite du Cyclone, c'est un fait qui les
honore autant que la démocratie guadelou-
péenne elle-même.
- Est-ce à dire que l'aie trouvé tout parfait
en Guadeloupe? Si j avais à me plaindre de
quelque chose, ce serait de l'excès d'un con-
trôle métropolitain, qui a eu pour effet de
retarder la distribution des secours et les
prêts aux sinistrés. Une « Commission de
Répartition des fonds du Cyclone » a été
nommée à Paris, qui ne s'est jamais rendue
sur place en Guadeloupe, mais qui y a délé-
gué ses pouvoirs à une « Mission d'Inspec-
tion », laquelle s'est superposée au Gouver-
nement Local pour beaucoup d'actes admi-
nistratifs. Cela n'a pas accéléré les affaires
de la Colonie, en un moment où l'on avait
plus besoin de moteur que de freins. Mais
ceux qui se plaignent des lenteurs adminis-
tratives ne sont-ils pas ceux-là mêmes qui
ont, en critiquant les * techniciens indigè-
nes », provoqué naguère la création de cette
« Commission de Répartition. métropoli-
taine ?
Quoi qu'il en soit, je conclus ici avec l'au-
torité d'un témoin qui a fait deux séjours
successifs de six semaines chacun en Gua-
deloupe, le premier au lendemain même du
cyclone et le second huit mois après : la
Guadeloupe se reconstruit et travaille. Il
faut avoir confiance en elle comme elle a
confiance dans la Métropole. Il faut achever
d'urgence l'œuvre commencée. La Conven-
tion avec le Crédit Foncier et le Projet de
Loi sur le contingent supplémentaire de
rhum doivent être votés avant la fin de la
session parlementaire actuelle. Le Crédit
National a déjà consenti pour plus de cin-
quante millions de francs d'avances à long
terme aux agriculteurs et aux industriels.
Le Crédit Foncier doit maintenant accom-
plir la même œuvre pour les communes et les
propriétaires d'immeubles. Quant au Gou-
vernement local, il a déjà distribué pour
plusieurs millions de francs de secours et
de prêts aux petits et moyens sinistrés. Il
faut que Paris lui permette d'aocélérer son
œuvre en abrégeant les formalités. Travail-
lons et ayons confiance : il a fallu dix ans
pour relever nos départements dévastés par
la guerre ; il faudra bien cinq ans pour re-
lever la Guadeloupe cyclonée par la nature !
Msnry Sérrafcr,
Sénateur de la Guadeloupe, Ambas-
nadeur de France, Rapporteur des
Commissions des Finances, des
Affaires étrangères et des Colonies.
8.. –-
H. Hagint part pwr Bardeau
M. A. Maginot, ministre des Colonies, se
rendant à la Foire de Bordeaux, quitte Pa-
ris aujourd'hui samedi, à 21 h. 30, par la
gare d'Orsay, accompagné du capitaine Her-
viot, son officier d'ordonnance.
Le ministre sera de retour à Paris lundi
matin.
8..
A la Société de Géographie
000
La mission du Prince Sixte de Bourbon
La Société de géographie a entendu hier
le prince Sixte de Bourbon raconter sa mis-
sion en Afrique centrale.
Nous nous rappelons que, parti d'Alger
avec trois automobiles de série, le prince se
proposait de tracer jusqu'au lac Tchad une
route directe passant par Agadès raccourcis-
sant de 1.500 kilomètres environ les par-
cours jusqu'alors effectués.
Par - une conférence claire, presque une
causerie, agrémentée de projections. le
prince fit connaître comment il avait pu rem-
plir son programme. La mission fit, du Hog-
gar au Tchad, de nombreuses observations
qui permettront de rectifier les cartes et de
hxer les points d'atterrissage de la ligne
aérienne qui reliera la France à ses colonies
de l'Afrique équatoriale et c'est là le résul-
tat le plus important de cette mission qui
fut autre chose qu'une simple traversée du
Sahara.
Une injustice
Parmi les différentes indemnités et primes
accordées aux fonctionnaires coloniaux de U
Côte française des Somalie, l'une est dite « in-
demnité de perte au change » et se monte à
120 thalers par mois pour un fonctionnaire
marié et père de famille. Le thaler, unité mo-
nétaire d'Abyssinie, est évalué à 9 fr. 50 pour
le calcul de cette indemnité qui se monte donc
à 1.150 francs par mois environ, chiffre appré-
ciable. Or, seuls de toute la colonie, les sept
agents de la station de T.S.F. ne touchent pas
cette indemnité.
Pourquoi ?
« Pour des raisons encore inconnues, suggère
notre correspondant, mais dont la plus impor-
tante, ajoute-t-il, est peut-être l'ignorance où
se trouve r Administration française du taux
exact des indemnités accordées ici. »
Le ministre intéressé tiemfca certainement à
réparer cet oubli qui est une injustice.
Le rail ou l'obus ?
Hier en fin de séance après deux
substantielles interventions de nos
amis Nouelle et Varenne sur la po-
litique coloniale, la fixation de la date des
interpellations sur le Maroc a été discutée :
les interpellateurs et le gouvernement se sont
mis d'accord sur la date de vendredi pro-
chain mais déjà des déclarations forcées ont
été faites.
Je disais bien qu'il était impossibli, après
la tuerie de A'it-Y acoub que Vincertitude sub-
sistât et que le Gouvernement devait atoir une
politique marocaine : rien ne serait plus
dangereux pour le Maroc lui-même et de
plus humiliant pour le Gouvernement qu'une
politique de guerre sournoise que le Ministre
de la Guerre ne contrôlerait pas.
Quant à une guerre ouverte, ce qu'on ap-
pelle par euphémisme une « action de police
de grande envergure 9, une guerre dans ce
Sud-Marocain dont le terrain montagneux
est si difficile et dont les populations sont
si mobiles à tous les points de vue, il sem-
ble que les hommes qui connaissent et aiment
le mieux le Maroc s'en montrent les adver
saires. Ni la Montagne, ni le Désert ne fa-
vorisent les lourdes expéditions (pour ne se
placer que du point de vue stratégique).
Il y a d'ailleurs une autre raison qui se
suffit à elle-même. C'est que la France ne
peut et ne doit avoir qu'un seul moyen de
conquête c'est la pénétration pacifique.
Et nous avons éprouvé un grand apaise-
ment en entendant hier après une éller-
gique et pénétrante intervention de notre col-
lègue Daladier le Ministre de la Guerre
assurer que le Gouvernement n'avait jamais
eu que le désir d'organiser le Maroc et qu'il
rejetait toute politique de cOllquête et d'aven-
ture.
Nous ne ferons pas l'injure au Ministre
de la Guerre de croire que, dans une circons-
tance aussi dramatique, il n'a pas dit toute
sa pensée et rien que sa pensée.
Aussi bien, n'est-ce pas une vérité de I.a
Palisse que de dire que la meilleure façon
de pacifier un pays c'est d'y apporter l'es-
prit de Paix 1
Mais il y a le Tafilalet qu'il faut « con-
quérir m, parait-il 1 Repaire de bandits J
Sans doute. Son sol est d'une extrême ri-
chesse C'est certain.
Mais n'avons nous pas entendu avant-hier
à la Chambre au milieu d'un groupe « colo-
nial » notre collègue Roux-Frcyssineng, dont
l'avis est précieux, déclarer que la meilleure
façon de a pacifier » le Tafilalet et d'as-
surer la « sécurité » du Sud-Marocain,
c'était encore de le relier au Nord-Marocain
Par une voie ferrée 1
- Pour faire la conquête il n'est pas, en
effet, de meilleur acier. que le rail.
MtcHeet Oc iaieiœrfmr
Député des Côtes-du-Nord.
Membre de la Commission
de la Marine Marchand.
Au Conseil des Ministres
«»«
Les ministres réunis ce matin à l'Elysée
sous la présidence de M. Doumergue se sont
entretenus des événements du Maroc.
mooo-
L'afaire d'Ait. Y akoub
.»•
La répression n'a pas lardé. Grdce à une
hcurèuse initiative, un détachement des
troupes de Béni M allai a occupé Tounfit,
faisant unç habile diversion qui impres-
sionna les assaillunts d' ..Ut- Yalcoub.
Quant à ces derniers, ils ont admirable-
ment résisté aux attaqués des Il et 12 juin.
A aucun moment le moral de la garnison
n'a baissé, d'autant que ses pertes ont été
minimes et qu'elle n'a manqué ni de muni-
tions ni de vivres.
Par contre, les dissidents ont laissé dix
morts devant les lils de fer du fortin.
Non seulement iennemi n'est plus re-
venu à l'attaque, mais il s'est écarté d'Ait-
Yacoub. où un avion a pu atterrir, et dont
les défenseurs ont pu mener le bétail à
l'abreuvoir.
Le poste voisin d'El-Hord; n'est tvufours
pas inquiété, mais cependant des rassem-
blements hostiles subsistent en divers
points de la montagne.
Rien n[g, été changé aux envois prévus
de ren/orts, dont les premiers commencent
d arriver dans la région de Rich.
Les habitants d'Aït-Yakoub et d'Aït-
Haddidou, ralliés à la cause française, sont
restés lidèles. C'est grâce à leur loyalismÕ
que le poste d' AU- y acoub, attenant au ksar,
a résisté victorieusement.
On observe toujours des rassèmblements
à l'ouest d'Ait-Yacoub et du côté de Toun-
fit, ainsi que dans le haut Ghris, mais les
renforts commencent à arriver.
Au sud de l'oued El Abib, en avant de
Tadla, les troupes françaises, sous les or-
dres du colonel de Loustat, continuent
leur avance. Elles se trouvent déjà à por-
tée de canon des positions de Si Mohamed
ben Taibi, le chef dissident le plus redoublé
de la région.
L'avance s'effectue de nuit, et, dès l'aube,
des ouvragés de protection sont édifiés
pour servir d'abri contre toute réaction.
Les indigènes se retirent purement et
simplement devant nous.
(Par dépêche.)
Le saltan di Maroc en France
Si Mohamed, le sultan du Maroc, qui arri-
vera le 18 juin en France, voyage d'une façon
tout à fait privée, et dans le plus strict inco-
gnito. Le souverain se rendra sans doute,
comme il avait été annoncé, dans la région des
Pyrénées.
LIHLO EN SECONDE PAGE :
Les débats coloniaux à la Chambre.
mm Uni tunnel sois le détroit
de Gibraltar
UN PRECURSEUR
En lisant dans un des derniers bulletins de
l'Afrique française un article consacré au projet
d'un tunnel sous le détroit de Gibraltar et à
la prolongation du rail de Marrakech jusqu'à
Dakar, mes souvenirs se sont trouvés tout natu-
rellement reportés à quelques années en arrière,
et j'ai revu la silhouette jadis familière d'un
brave homme, qui doit être mort aujourd'hui,
car il y a bien des mois que je n'ai recu sa
visite : on ne fait jamais allusion à lui, et ce-
pendant, il pourrait, s'il vivait encore, reven-
diquer l'idée de ce tunnel : c'est M. Henri
Bressler, dont le nom ne dira pas grand' chose
à ceux de la nouvelle génération, et dont toute
I ardeur combative s'est usée à soutenir pen-
dant de longues années son idée : joindre di-
rectement et rapidement, par le rail, Paris à
Dakar.
C'est, en somme, ce que veulent réaliser
aujourd'hui les promoteurs espagnols du tunnel
sous le détroit de Gibraltar, avec cette diffé-
rence que, pour eux, la tête de ligne ne parti-
rait pas de Paris, mais de Madrid. Eux aussi
indiquent comme but principal de Ventreprise
future la nécessité d accélérer les rapports
entre l'Europe et l'Amérique du Sud.
Quelle que soit l'opinion que l'on puisse
avoir sur l'utilité pratique de ce tunnel et de
ce chemin de fer, sur les difficultés qu'il com-
porte pour son exécution et sur son rendement
économique possible, il nous paraît équitable,
au moment où les Espagnols semblent prendre
la chose à coeur et la déclarent issue de leur
génie, de rappeler que l'idée est née dans un
cerveau français, et que les premières démar-
ches pour son exécution ont été tentées par un
brave homme qui n'avait ni grande ambition
personnelle, ni grosse fortune pour intéresser
les tiers à ce qu'on appelait alors son rêve uto-
pique, et qui combattit jusqu'à la fin de ses
jours, pour convaincre ceux à qui il s' en ou-
vrait.
Dès 1918, il avait saisi de la question la
Société des Ingénieurs civils et obtenu des
votes de principe favorables. Il adressa requête
sur requête aux Chambres françaises, au pré-
sident de la République, aux ministres, au roi
d'Espagne, à tous ceux qu'il estimait devoir
ou pouvoir s'intéresser à son œuvre. Il est
mort a la tâche, et sans laisser beaucoup de
millions, sans avoir eu même l'amère consola-
tion de voir ses idées reprises par des gens qui,
plus heureux que lui, ont réussi à attirer sur
l' entreprise, plus ou moins réalisable, l' atten-
tion des Pouvoirs publics espagnols, et ont pu
arracher cette subvention officielle et officieuse,
qui aide les promoteurs de toute grande idée à
prendre patience et à vivre.
Mais en parcourant une des brochures
qu'avec des privations, je crois, le père Bressler
faisait éditer en 1921, il nous a paru intéressant
de rapprocher ses conceptions de celles aux-
quelles arrivent les membres du Comité actuel,
subventionné par le Gouvernement du roi d' Es-
pagne pour étudier la question. Elles sont abso-
lument identiques et peuvent se résumer comme
suit :
La nouvelle route, plus courte et plus ra-
pide, pour toucher le continent sud-marocain,
permettrait de faire le voyage de Paris à Rio
de Janeiro en 7 jours, de Paris à Montevideo
et Buenos-Ayres en 8 jours, de Paris à San-
tiago en 10 jours par le Transandin qui relie le
Chili à la République Argentine.
On réduirait ainsi de moitié la durée du
trajet actuel, et M. Bressler concluait à trois
zones de grands travaux qui étaient :
1° Le percement d'un tunnel sous le détroit
de Gibraltar ;
2° L'établissement d'une ligne directe de
chemin de fer entre Paris et Dakar ;
3° La construction d'un grand port de com-
merce à Dakar.
Or, voici, d'après le bulletin de l'Afrique
Française, qu'un Comité espagnol est constitué
pour étudier le tunnel et son tracé, que ce Co-
mité est subventionné par r Espagne, que le
lieutenant-colonel Jenevois, inventeur du pro-
jet du tunnel sous-marin du détroit de Gibral-
tar. en compagnie de l'ingénieur Dupuy de
Lomé qui s'occupe des études préalables, de
l'emplacement et du tracé, ont été reçus à Té-
touan par le comte Jordana, haut-commissaire
d'Espasne au Maroc, et que l'on a même fait
choix du point où le tunnel aboutira, vraisem-
blablement à proximité d'El-Ksar es Seguir,
entre les pointes Bussea et Cava.
D'autre part, le rail va déjà de Tanger à
Marrakech.
Et le port de Dakar s'agrandit d'année en
année.
C'est très bien et nous n'y voyons pas d'in-
convénient quant à nous. Mais que devient dans
tout cela le précurseur, le pauvre père Bressler
qui avait saisi de son projet le roi d'Espagne,
les ministres français, les Chambres, et dont il
n'est jamais question.
Ce serait si peu de chose, pourtant, que de
lui accorder quelques mots, quelques lignes en
souvenir de ce qu'il fit, et en rappelant ses
efforts, jadis taxés d'utopie par les plus polis
de ses interlocuteurs. Il a pu laisser des des-
cendants, des amis auxquels ce banal hommage
posthume ferait plaisir, et cela coûterait si peu
à ceux qui ont enfourché son ancien cheval de
bataille.
Louis Le Barbier.
LE TAUX DE LA PIASTRE
Le Gouvornour pAn/ral de l'Indochine vient
de faire connaître au ministre des colonies llu'il
la dttte du 14 juin 1020 le taux officiel de lu
piastre était de 11 fr. 35.
Le Gouverneur général de l'Indochine vient,
de faire connaître au Ministre ocs Colonies qu'à
la date du 12 juin 1929 le taux officiel de la
piastre était de 11 tr. 25. 1
Ouezzan-la-Sainte
»♦«
La pacification des montagnes de Ujebala.
au cours des années qui suivirent l'agression
rifaine, avait permis d'envisager en 1928
l'extension de la zone de sécurité dans le ter-
ritoire d'Ouezzan, et notamment de réaliser le
passage du centre urbain d' Ouezzan dans cette
zone. La limite alors fixée suivait approximati-
vement la ligne Tafrant-M' Jara, se dirigeait
ensuite vers le Nord-Ouest en direction - du
Centre d'Ouezzan, dont elle englobait le péri-
mètre urbain, puis, suivant le cours de l'Oued-
Mellah, s 'infléchissait vers le Sud-Ouest pour
remonter bientôt vers Arbaoua et longer la
route de Tanger jusqu'à la frontière espagnole.
Une extension de cette zone est prévue pour
l'année 1929. La limite, reportée à 5 kilomè-
tres environ vers le Nord, sur une largeur va.
riant de 6 à 8 km., comprendra le périmètre
des lots vivriers d'Azjen dont l' attribution sera
vraisemblablement effectuée l' automne pro-
chain.
Cette ouverture, d'une large zone dans une
des régions les plus pittoresques et les plus
riches du Maroc, est intéressante au double
point de vue économique et touristique. Les
montagnes qui entourent Ouezzan, et en parti-
culier le Djebel Bar Hallal, sur les pentes du-
quel s'étagent la ville indigène et la ville juive,
sont couvertes d'oliviers et d'arbres fruitiers, et
des sources abondantes alimentent la vallée.
L'intérêt touristique n'a pas échappé au Ré-
sident général qui, dans le dernier voyage qu'il
vient de faire à Ouezzan, s' est entretenu avec
les autorités locales sur les moyens propres à
mettre en valeur cette richesse du pays. Parmi
les çoutumes les plus susceptibles d'attirer les
touristes, figure sans conteste le pèlerinage
israélite annuel d'Azjen, au mois de mai, qui
fait venir dans la cité sainte du judaïsme des
pèlerins de tous les points de l'Afrique du
Nord.
Ouezzan est également une ville sainte de
l'Islam, on l'a appelée la Mecque du Maroc.
l' I s l am,
La Zaouïa de Taybin dont le chérif d'Ouez-
zan est le directeur est l'une des plus puissantes
d'Afrique et a des filiales dans tout r Islam.
« Tout musulman enterré dans l'enceinte
d'Ouezzan est garant i de l'Enfer », dit-on à
Ouezzan.
Dépêches de rlndochine
$
à
Le grand progrès des communications
L'usayc des automobiles se développe
dans la province voisine du Kouany-Si
avec une rapidité prodigieuse en raison de
l'adivité déployée par le Gouvernement
provincial pour la construction des. roules.
Uutre d'importants crédits affectés pur les
auturitds, des particuliers s'associent entre
cuJ' pour ouvrir les routes sur lesquelles
ils ont le droit exclusif d'exploiter des ser-
vices d-ti. transports.
Line nouvelle roule avec bues aménagés
pour frunchir les cours (t'euu permet d'aller
de liouang-Tchéou-Wan à Nunning, capi-
tule (le la provmcc du Kouang-Si sans rup-
ture (le charge en un jour et demi. En sep-
tembre prochain, quaiut la route de LAmy-
Tchéou sera termillét-" il sera possible d'al-
ler en trois jours de Hanoï à fort Hagard.
Les entreprises de transports en com-
mun sont trôs prospères bien que l'Etat
prélève UftE) taxe de -14) sur les recettes.
l.'u,lIldltltyemcnt routier va permettre le dé-
veloppement des échanges au Kouang-Si et
rendre ce marché particulièrement intéres-
sant pour le commerce français.
La liaison entre Vientiane, Luang-Pra-
bang et Banhoueisai aux confins du Laos,
de la Birmanie et du Siam, vient d'être*
effectuée sur le Mékong par le Résident de
France au Luang-Prabang et te prince
Chao-Pethsarath au moyen d'une pirogue à
moteur de 20 chevaux. Lq parcours entre
Vientiane et Luang-Prabang a été eflec-
tue en 36 heures de marche effective mal-
gré les basses eaux, au lieu des 30 jours
nécessaires à cette époque avec (les piro-
gues ordinaires. Partis de Luang-Prabang,
t>; 5 juin, tes voyageurs sont arrivés à
Banhoueisai le 7 juin en 27 heures de mar-
ché effective au lieu de 14 jours habituels.
Au retour la descente du fleuve de Ban-
houeisai à l.uang-Prabang lui effectuée le
8 juin en 13 heures de marche dans la mè-
me journée. Tous les rapides furent fran-
chis avec une grande facilité.
Plusieurs pirogues à moteur seront mises
en service --titre Vientiane et Banhoueisai.
Son seulement on fera ainsi une économie
de temps considérable pour le transport du
courrier et des voyageurs, mais on mettra
fin aux réquisitions des piroguiers qui pè-
sent assez lourdement sur les populations
riveraines du l'ttélwng.
Décès
M. Victor Lamorte, un Français qui
construisit et décora de nombreux édifices
à Saigon, est mort le 11 juin.
Indopnrit1,
-060.
L'accord commercial franco-allemand
et l'Indochine
M. Briand, ministre des Affaires étrangères,
et M. von Hoesch, ambassadeur d'Allemagne,
ont échangé des lettres étendant à l'Indochine
les dispositions de l'accord commercial franco
allemand du 17 août 1927.
Chez les Terre-Neuvas
»♦«
L'aviso Aldebaran envoyé par le ministre
de la Marine sur les bancs de Terrecuve
télégraphie qu'il a visité, dans les quinze
derniers jours, de nombreux bâtiments et
que tout va bien à bord. Il a distribué le
courrier qu'il avait pour ces bâtiments.
l.'aviso Villl'-d'F,ç, venant d'Islande, est
arrivé à Saint-Jean-de-Terre-Neuve le 13
juin. Les deux bâtiments assureront concur-
remment le service de surveillance.
L'exposition coloniale
de Paris en 1931
Le Musée des Colonies
Voici quelques renseignements sur l'état
des travaux du musée colonial qui sera élevé
à gauche de l'avenue Daumesnil, dans le
voisinage immédiat de la Porte de l'iepus
(dite Porte Dorée) ;
Ce premier palais sera le plus beau, le
plus soigné de ceux qui constitueront, SUI
une superficie de plus de 100 hectares, l'Ex-
position colouialc internationale. Ce bloc
survivra seul à tous les autres, pour justifier
son titie officiel : Musée permanent des co-
lonies. Ce sera un monument à colonnades
et galerie grandes ligues et grandes sur-
taces comprenant un rez-dc-chaussée infé-
rieur, un lez-de-chaussée supérieur, avec hall
et salles de réception, et un étage. Vingt
mètres en surélévation du sol. Derrière, un
terrain est réservé pour les agrandissement?
futurs qui pourraient doubler la surface cou-
verte ; 85 mètres de largeur sur une profon-
deur de 65.
Le véritable terrain de l'Exposition est de
l'autre côté de l'avenue et rayoune autour
du lac_lJaume::;nil, qui en sera le plus natu-
rel ornement.
La porte monumentale, qui feia l'objet
d'un concours d'architectes, sera combinée
avec la passerelle de style devant servir de
trait d'union entre l'exposition proprement
dite et ce musée de documentation.
Sur le domaine affecté aux sections fian-
çaiscs le palais de l'Indochine est Lommcn.
cé, en raison de sou importance même. On
sait qu'il sera la reconstitution de la paitie
centrale du temple d'Angkor. Cette majes-
tueuse reproduction fut le clou de l'Exposi-
tion coloniale de Marseille. Elle scia ici
plus ligoureusement lidèle en quelques-un*
de ses détails.
En principe, et pour ne pas priver du bui"
de Vincennes, pendant cette belle sa^oti, les
Parisiens et les touristes, les travaux ne
commenceront guèie qu'en octobre. A partii
de cette époque, les chanlicis se multiplie-
ront, pour atteindre leur plein d'activité
l'été prochain.
L aménagement des attractions viendia en
dernier lieu, mais n'est pas la pallic la
moins intéressante d'un programme extiême-
ment divers. Leur choix contiibuera au suc-
cès pour une belle part.
Une passerelle permettra d'accéder facile-
ment a l'île de Bercy. L'on trouvera là, ou
dans 1 ile de Reuilly, toutes les cakgorit'"
de restaurants. Et 1 on |>ourt sur le lac avec des vedettes, des pirogues ou
des sampans.
Les services d'architecture veulent que
la moindre construction porte le cachet co-
lonial. Les sections étrangères étudient leur-,
projets avec le même désir.
CINÉMA COLONIAL
Retour du Congo
Le directeur des prises de vues, notre
confrère J.-K. Raymond-Millet, et le i anie-
raman M. Ch. Lemaire, du film documen-
taire de propagande coloniale et maritime
Franec-Cungo sur un cargo sont de; retoui à
Paris.
Films coloniaux
Le succès (Y()mbrcs Vtanehcs a mis Ir,
films coloniaux à la mode. Nice a cesaé de
représenter le monde entier aux yeUx des
metteuis en scène. Trains, paquebot*, con-
vois. les uns partent déjà, d'autres se pré-
parent.
Caïn
M. Léon Poirier qui revint d'Afrique avec
lu Croisière Noire, part, connue nous l'avons
dit, pour Madagascar tourner Cani, scénaiin
dont il est l'auteur.
11 y i'.iiouvpia M. i;arrt)i-, qui y réalise
de courtes bandes documentaires.
M. Fescourt à Saujon
M. Henri l-'escourt, qui, lui, pall poui
Saigon, réalisera au de son voyage
l artir, de Roland Dorgelès et également
plusieurs documentaires.
Dans les Dominions
D'Angleterre la « Itritinh and Dominion
film Corp. Il va réaliser une série de film-,
parlants sur chacun des Dominions britan-
niques.
Les films parlants
Ceci mis à part, la production eM actuel-
lement arrêtée en l* tance par le: film par-
lant.
XOUM ne possédons aucune installation et
il faut hon gré mal gré attendre un studio
suffisamment bien équipé avant d'entrepren-
dre quoi que ce soit de sérieux.
- - --
Un bananier tinctorial
1
La sève de tous les bananiers, Ii..on'-I\ous
dans VAgronomie ( olouialc, produit, sur les
vêtements blancs, notamment, des taches in
délébiles.
Les Allemands, au Togoland, avant Iql-t,
avaient effectue: des essais de culture avec:
un bananier tinctorial dont on ignore l'es-
pèce.
A Tahiti, il existe un Musa Fei dont la
sève, violette, est douée d'une grande puis-
sance tinctoriale.
Un savant, M. Cuzcnt, a fait dans le
temps des recherches sur cette sève et en a
obtenu du rouge, du bleu, du lilas, du vert
etc., etc.
Il serait donc fort intéressant de rechen lu r
quel est le bananier en question afin d'en dé-
velopper la culture soit au Togo, soit ail.
leurs.
'Obo*.-
Sagesse orientale
11 est rare que ce qui a reculé avance.
ww
La mouche reconnaît la barbe du confi-
seur
twi
Celui qui aime le miel doit supporter la
piqûre de l'abeille.
(Dictons populaires).
malit QueTiolEu
IMwMm & Administratif* t
84. m 98 ML-"
PARIS an
a LOUVM le-U
- ricmclibu ar
Les Annales Coloniales
Lt» annonce* «I rêcUmet sont rlÇUQ m
"'N" étt tcummL
Dut ectbur. Fondateur : Marool RUEDEL
r. PUWWS ému Ptffl fiumsl n* mmM
11r. reproduits fm'm oMcnl la Amum OumujM.
AMHEIENTS
aba M ltftfll mtnsutttti
01 m ineh snob
Fmm et
OalMlM INi ttt » be 0
ÉtriMsr.. t.. W » 9
•a l'ibonM MBS Dlll 10
iMl lM bVWH éê pcaltk
iretour de Guadeloupe
«MM
Rentré depuis quelques jours de mon voya-
ge en Guadeloupe cyclonée mais renaissante,
je reprends ma collaboration régulière dans
ce journal et mon article de rentrée sera
naturellement pour donner à nos lecteurs
une physionomie d'ensemble de la recons-
truction guadeloupéenne.
La chose est d autant plus nécessaire que
certains mauvais coloniaux, essayant de faire
de la démagogie sur des ruines ou même
de battre monnaie sur un désastre, n'ont pas
craint de publier dans certains journaux de
la Métropole des articles mensongers et des
informations tendancieuses relativement à la
situation actuelle de la Guadeloupe.
D'après ces défaitistes de la surencnere,
la Guadeloupe serait toujours dans le même
état qu'au lendemain du cyclone du 12 sep-
tembre dernier, et l'Administration locale
n'aurait rien fait depuis huit mois pour rele-
ver une Colonie à laquelle la France avait
accordé cent millions de subvention extra-
ordinaire et des possibilités de crédit pour
plusieurs centaines de millions de francs.
Ces allégations sont totalement inexactes.
Elles sont formulées par des individus qui
n'étaient pas sur place au moment du cy-
clone, qui étaient restés alors tranquillement
à Paris au lieu de venir en Guadeloupe,
et qui n'ont pu voir alors de leurs yeux ce
qu'était l'effroyable destruction générale
causée par la nature dans toutes les com-
munes de l'archipel. Si ces personnages
s'étaient alors dérangés de leurs aises pari-
siennes pour prendre une part effective aux
malheurs de leurs compatriotes, ils auraient
pu mesurer la différence entre l'état actuel
de la Colonie et sa situation au lendemain
de la catastrophe du 12 septembre. S'ils sont
émus par ce qu'ils ont vu en avril-mai 1929,
que n'auraient-ils pas dit ou écrit en sep-
tembre-octobre 1928? Nous, qui étions là
aux deux époques, nous sommes de meilleurs
et de plus équitables témoins pour affirmer
que la Guadeloupe ressuscite peu à peu de
ses décombres, qu'il y faudra sans doute du
temps, beaucoup de temps, comme il en a
fallu à nos départements dévastés par la
guerre, maus que comme eux la Guadeloupe
est absolument digne de la solidarité que lui
a si noblement témoignée la Métropole.
Il faut, d'abord et avant tout, en iairc
honneur aux Guadeloupéens eux-mêmes. Ce
sont eux qui ont les premiers redressé leurs
ruines dès le lendemain du cyclone et du
raft-de-marée. J'étais alors parmi eux et je
rendis tout de suite hommage au génie de
mue vaillante race, que n'abattit pas l'énor-
mité d'une catastrophe imméritée, et qui se
remit au travail aussitôt avec une spontanéité
W'' * but admirable. Les petites maisons en
bois et en tôle furent refaites vaille que
vaille ; les rues des villes furent déblayées
et rouvertes à la circulation ; les ponts cou-
pés furent réparés par des moyens de for-
tune qui rétablirent la communication entre
toutes les parties de l'lie ; les champs de
cume-à-sucre, les caféières, les cacaoyères
furent nettoya. sarclés, remis autant que
possible en état ; partout l'on planta de la
banane pour utiliser au mieux la culture la
plus rapide et la plus facile. L'effort uni-
versel du peuple fut vraiment admirable :
il sut tout de suite utiliser les secours qui
lui venaient de France, si bien qu'aujour-
d'hui ses calomniateurs ont pu habiter en
Guadeloupe de confortables maisons, circu-
ler de bout en bout sur les routes en de con-
fortables automobiles, gémir sur le malheur
des temps en de confortables déjeuners et
diners, expédier leurs lettres et dépêches à
travers la Colonie et même en France avec
des P. T. T. rétablis, etc., etc. Que ces
Messieurs laissent tranquille le bon peuple
de la Guadeloupe 1 Sans doute, le séjour
yt est encore un peu moins douillet que les
abords du parc Monceau ou de la forêt de
Rambouillet, mais on y vit tout de même.
Et c'est vraiment faire œuvre impie que
d'essayer de discréditer dans la Métropole
l'admirable mouvement de reconstruction qui
s'accomplit depuis neuf mois en Guadeloupe.
En même temps qu'au peuple guadelou-
péen, je tiens ici, comme témoin, à rendre
pleine justice à ses Municipalités et à son
Conseil Général. Le peuple leur a d'ailleurs
témoigné sa reconnaissance en les réélisant
aux scrutins des 5 et 12 mai derniers. Et
c'est bien là où le bât blesse quelques ânes
politiciens qui avaient espéré profiter de la
pagaie d'après-cyclone pour enlever des man-
dats 1 Ils en ont été pour leurs frais (par-
fois très importants) et la Guadeloupe a
manifesté sa gratitude à ses élus locaux en
les maintenant aux postes de combat où ils
avaient lutté pendant et depuis le danger.
Non seulement le provisoire a été assuré,
mais encore des programmes de reconstruc-
- tion des édifices communaux et départemen-
taux (écoles, hôpitaux, mairies, églises, bu-
reaux de poste, etc.) ont été élaborés d'ac-
oord avec le Gouvernement local et le Mi-
nistère des Colonies lui-même. Ces program-
mes sont en voie d'exécution : encore faut-
il leur laisser le tetnps d'être exécutés et voter
dans la Métropole la convention de 100 mil-
lions avec le Crédit Foncier de France, qui
feule en permettra la réalisation !
L'électrification de la Colonie a été non
seulement décidée par le Conseil Général
et ratifiée par la rue Oudinot. Elle se réalise
aujourd'hui : les premiers travaux sont com-
mences.
La Convention pour l'adduction des eaux
dans toute la Grande-Terre et l'approvi-
sionnement des faubourgs de Pointe-à-Pitre
ont donné lieu à certaines difficultés qui
s'aplanissent, mais les travaux préparatoires
n'ont pas été interrompus un seul jour par
les ingénieurs délégués sur place à cet effet.
Les officiers et 90us-officiers du génie mi-
litaire, qu'à notre demande avait envoyés
M. le Ministre de la Guerre, en Guadeloupe,
y ont fait d'excellent travail, en collabora-
tion avec les municipalités et la main-d'œu-
vre locale.
M. le Gouverneur Tellier, M. le Secrétaire-
général Lefebvre et la plupart de leurs col-
laborateurs ont mérité la reconnaissance de
la population pour l'incessant labeur, de
jour et de nuit, par lequel ils ont fait face
à l'une des plus redoutables tâches qui puis-
sent incomber à des chefs d'administration
pendant de longs mois. Qu'ils aient pu, en
outre, assurer sans aucun trouble, des élec-
tions municipales dans 34 communes en
pleine suite du Cyclone, c'est un fait qui les
honore autant que la démocratie guadelou-
péenne elle-même.
- Est-ce à dire que l'aie trouvé tout parfait
en Guadeloupe? Si j avais à me plaindre de
quelque chose, ce serait de l'excès d'un con-
trôle métropolitain, qui a eu pour effet de
retarder la distribution des secours et les
prêts aux sinistrés. Une « Commission de
Répartition des fonds du Cyclone » a été
nommée à Paris, qui ne s'est jamais rendue
sur place en Guadeloupe, mais qui y a délé-
gué ses pouvoirs à une « Mission d'Inspec-
tion », laquelle s'est superposée au Gouver-
nement Local pour beaucoup d'actes admi-
nistratifs. Cela n'a pas accéléré les affaires
de la Colonie, en un moment où l'on avait
plus besoin de moteur que de freins. Mais
ceux qui se plaignent des lenteurs adminis-
tratives ne sont-ils pas ceux-là mêmes qui
ont, en critiquant les * techniciens indigè-
nes », provoqué naguère la création de cette
« Commission de Répartition. métropoli-
taine ?
Quoi qu'il en soit, je conclus ici avec l'au-
torité d'un témoin qui a fait deux séjours
successifs de six semaines chacun en Gua-
deloupe, le premier au lendemain même du
cyclone et le second huit mois après : la
Guadeloupe se reconstruit et travaille. Il
faut avoir confiance en elle comme elle a
confiance dans la Métropole. Il faut achever
d'urgence l'œuvre commencée. La Conven-
tion avec le Crédit Foncier et le Projet de
Loi sur le contingent supplémentaire de
rhum doivent être votés avant la fin de la
session parlementaire actuelle. Le Crédit
National a déjà consenti pour plus de cin-
quante millions de francs d'avances à long
terme aux agriculteurs et aux industriels.
Le Crédit Foncier doit maintenant accom-
plir la même œuvre pour les communes et les
propriétaires d'immeubles. Quant au Gou-
vernement local, il a déjà distribué pour
plusieurs millions de francs de secours et
de prêts aux petits et moyens sinistrés. Il
faut que Paris lui permette d'aocélérer son
œuvre en abrégeant les formalités. Travail-
lons et ayons confiance : il a fallu dix ans
pour relever nos départements dévastés par
la guerre ; il faudra bien cinq ans pour re-
lever la Guadeloupe cyclonée par la nature !
Msnry Sérrafcr,
Sénateur de la Guadeloupe, Ambas-
nadeur de France, Rapporteur des
Commissions des Finances, des
Affaires étrangères et des Colonies.
8.. –-
H. Hagint part pwr Bardeau
M. A. Maginot, ministre des Colonies, se
rendant à la Foire de Bordeaux, quitte Pa-
ris aujourd'hui samedi, à 21 h. 30, par la
gare d'Orsay, accompagné du capitaine Her-
viot, son officier d'ordonnance.
Le ministre sera de retour à Paris lundi
matin.
8..
A la Société de Géographie
000
La mission du Prince Sixte de Bourbon
La Société de géographie a entendu hier
le prince Sixte de Bourbon raconter sa mis-
sion en Afrique centrale.
Nous nous rappelons que, parti d'Alger
avec trois automobiles de série, le prince se
proposait de tracer jusqu'au lac Tchad une
route directe passant par Agadès raccourcis-
sant de 1.500 kilomètres environ les par-
cours jusqu'alors effectués.
Par - une conférence claire, presque une
causerie, agrémentée de projections. le
prince fit connaître comment il avait pu rem-
plir son programme. La mission fit, du Hog-
gar au Tchad, de nombreuses observations
qui permettront de rectifier les cartes et de
hxer les points d'atterrissage de la ligne
aérienne qui reliera la France à ses colonies
de l'Afrique équatoriale et c'est là le résul-
tat le plus important de cette mission qui
fut autre chose qu'une simple traversée du
Sahara.
Une injustice
Parmi les différentes indemnités et primes
accordées aux fonctionnaires coloniaux de U
Côte française des Somalie, l'une est dite « in-
demnité de perte au change » et se monte à
120 thalers par mois pour un fonctionnaire
marié et père de famille. Le thaler, unité mo-
nétaire d'Abyssinie, est évalué à 9 fr. 50 pour
le calcul de cette indemnité qui se monte donc
à 1.150 francs par mois environ, chiffre appré-
ciable. Or, seuls de toute la colonie, les sept
agents de la station de T.S.F. ne touchent pas
cette indemnité.
Pourquoi ?
« Pour des raisons encore inconnues, suggère
notre correspondant, mais dont la plus impor-
tante, ajoute-t-il, est peut-être l'ignorance où
se trouve r Administration française du taux
exact des indemnités accordées ici. »
Le ministre intéressé tiemfca certainement à
réparer cet oubli qui est une injustice.
Le rail ou l'obus ?
Hier en fin de séance après deux
substantielles interventions de nos
amis Nouelle et Varenne sur la po-
litique coloniale, la fixation de la date des
interpellations sur le Maroc a été discutée :
les interpellateurs et le gouvernement se sont
mis d'accord sur la date de vendredi pro-
chain mais déjà des déclarations forcées ont
été faites.
Je disais bien qu'il était impossibli, après
la tuerie de A'it-Y acoub que Vincertitude sub-
sistât et que le Gouvernement devait atoir une
politique marocaine : rien ne serait plus
dangereux pour le Maroc lui-même et de
plus humiliant pour le Gouvernement qu'une
politique de guerre sournoise que le Ministre
de la Guerre ne contrôlerait pas.
Quant à une guerre ouverte, ce qu'on ap-
pelle par euphémisme une « action de police
de grande envergure 9, une guerre dans ce
Sud-Marocain dont le terrain montagneux
est si difficile et dont les populations sont
si mobiles à tous les points de vue, il sem-
ble que les hommes qui connaissent et aiment
le mieux le Maroc s'en montrent les adver
saires. Ni la Montagne, ni le Désert ne fa-
vorisent les lourdes expéditions (pour ne se
placer que du point de vue stratégique).
Il y a d'ailleurs une autre raison qui se
suffit à elle-même. C'est que la France ne
peut et ne doit avoir qu'un seul moyen de
conquête c'est la pénétration pacifique.
Et nous avons éprouvé un grand apaise-
ment en entendant hier après une éller-
gique et pénétrante intervention de notre col-
lègue Daladier le Ministre de la Guerre
assurer que le Gouvernement n'avait jamais
eu que le désir d'organiser le Maroc et qu'il
rejetait toute politique de cOllquête et d'aven-
ture.
Nous ne ferons pas l'injure au Ministre
de la Guerre de croire que, dans une circons-
tance aussi dramatique, il n'a pas dit toute
sa pensée et rien que sa pensée.
Aussi bien, n'est-ce pas une vérité de I.a
Palisse que de dire que la meilleure façon
de pacifier un pays c'est d'y apporter l'es-
prit de Paix 1
Mais il y a le Tafilalet qu'il faut « con-
quérir m, parait-il 1 Repaire de bandits J
Sans doute. Son sol est d'une extrême ri-
chesse C'est certain.
Mais n'avons nous pas entendu avant-hier
à la Chambre au milieu d'un groupe « colo-
nial » notre collègue Roux-Frcyssineng, dont
l'avis est précieux, déclarer que la meilleure
façon de a pacifier » le Tafilalet et d'as-
surer la « sécurité » du Sud-Marocain,
c'était encore de le relier au Nord-Marocain
Par une voie ferrée 1
- Pour faire la conquête il n'est pas, en
effet, de meilleur acier. que le rail.
MtcHeet Oc iaieiœrfmr
Député des Côtes-du-Nord.
Membre de la Commission
de la Marine Marchand.
Au Conseil des Ministres
«»«
Les ministres réunis ce matin à l'Elysée
sous la présidence de M. Doumergue se sont
entretenus des événements du Maroc.
mooo-
L'afaire d'Ait. Y akoub
.»•
La répression n'a pas lardé. Grdce à une
hcurèuse initiative, un détachement des
troupes de Béni M allai a occupé Tounfit,
faisant unç habile diversion qui impres-
sionna les assaillunts d' ..Ut- Yalcoub.
Quant à ces derniers, ils ont admirable-
ment résisté aux attaqués des Il et 12 juin.
A aucun moment le moral de la garnison
n'a baissé, d'autant que ses pertes ont été
minimes et qu'elle n'a manqué ni de muni-
tions ni de vivres.
Par contre, les dissidents ont laissé dix
morts devant les lils de fer du fortin.
Non seulement iennemi n'est plus re-
venu à l'attaque, mais il s'est écarté d'Ait-
Yacoub. où un avion a pu atterrir, et dont
les défenseurs ont pu mener le bétail à
l'abreuvoir.
Le poste voisin d'El-Hord; n'est tvufours
pas inquiété, mais cependant des rassem-
blements hostiles subsistent en divers
points de la montagne.
Rien n[g, été changé aux envois prévus
de ren/orts, dont les premiers commencent
d arriver dans la région de Rich.
Les habitants d'Aït-Yakoub et d'Aït-
Haddidou, ralliés à la cause française, sont
restés lidèles. C'est grâce à leur loyalismÕ
que le poste d' AU- y acoub, attenant au ksar,
a résisté victorieusement.
On observe toujours des rassèmblements
à l'ouest d'Ait-Yacoub et du côté de Toun-
fit, ainsi que dans le haut Ghris, mais les
renforts commencent à arriver.
Au sud de l'oued El Abib, en avant de
Tadla, les troupes françaises, sous les or-
dres du colonel de Loustat, continuent
leur avance. Elles se trouvent déjà à por-
tée de canon des positions de Si Mohamed
ben Taibi, le chef dissident le plus redoublé
de la région.
L'avance s'effectue de nuit, et, dès l'aube,
des ouvragés de protection sont édifiés
pour servir d'abri contre toute réaction.
Les indigènes se retirent purement et
simplement devant nous.
(Par dépêche.)
Le saltan di Maroc en France
Si Mohamed, le sultan du Maroc, qui arri-
vera le 18 juin en France, voyage d'une façon
tout à fait privée, et dans le plus strict inco-
gnito. Le souverain se rendra sans doute,
comme il avait été annoncé, dans la région des
Pyrénées.
LIHLO EN SECONDE PAGE :
Les débats coloniaux à la Chambre.
mm Uni tunnel sois le détroit
de Gibraltar
UN PRECURSEUR
En lisant dans un des derniers bulletins de
l'Afrique française un article consacré au projet
d'un tunnel sous le détroit de Gibraltar et à
la prolongation du rail de Marrakech jusqu'à
Dakar, mes souvenirs se sont trouvés tout natu-
rellement reportés à quelques années en arrière,
et j'ai revu la silhouette jadis familière d'un
brave homme, qui doit être mort aujourd'hui,
car il y a bien des mois que je n'ai recu sa
visite : on ne fait jamais allusion à lui, et ce-
pendant, il pourrait, s'il vivait encore, reven-
diquer l'idée de ce tunnel : c'est M. Henri
Bressler, dont le nom ne dira pas grand' chose
à ceux de la nouvelle génération, et dont toute
I ardeur combative s'est usée à soutenir pen-
dant de longues années son idée : joindre di-
rectement et rapidement, par le rail, Paris à
Dakar.
C'est, en somme, ce que veulent réaliser
aujourd'hui les promoteurs espagnols du tunnel
sous le détroit de Gibraltar, avec cette diffé-
rence que, pour eux, la tête de ligne ne parti-
rait pas de Paris, mais de Madrid. Eux aussi
indiquent comme but principal de Ventreprise
future la nécessité d accélérer les rapports
entre l'Europe et l'Amérique du Sud.
Quelle que soit l'opinion que l'on puisse
avoir sur l'utilité pratique de ce tunnel et de
ce chemin de fer, sur les difficultés qu'il com-
porte pour son exécution et sur son rendement
économique possible, il nous paraît équitable,
au moment où les Espagnols semblent prendre
la chose à coeur et la déclarent issue de leur
génie, de rappeler que l'idée est née dans un
cerveau français, et que les premières démar-
ches pour son exécution ont été tentées par un
brave homme qui n'avait ni grande ambition
personnelle, ni grosse fortune pour intéresser
les tiers à ce qu'on appelait alors son rêve uto-
pique, et qui combattit jusqu'à la fin de ses
jours, pour convaincre ceux à qui il s' en ou-
vrait.
Dès 1918, il avait saisi de la question la
Société des Ingénieurs civils et obtenu des
votes de principe favorables. Il adressa requête
sur requête aux Chambres françaises, au pré-
sident de la République, aux ministres, au roi
d'Espagne, à tous ceux qu'il estimait devoir
ou pouvoir s'intéresser à son œuvre. Il est
mort a la tâche, et sans laisser beaucoup de
millions, sans avoir eu même l'amère consola-
tion de voir ses idées reprises par des gens qui,
plus heureux que lui, ont réussi à attirer sur
l' entreprise, plus ou moins réalisable, l' atten-
tion des Pouvoirs publics espagnols, et ont pu
arracher cette subvention officielle et officieuse,
qui aide les promoteurs de toute grande idée à
prendre patience et à vivre.
Mais en parcourant une des brochures
qu'avec des privations, je crois, le père Bressler
faisait éditer en 1921, il nous a paru intéressant
de rapprocher ses conceptions de celles aux-
quelles arrivent les membres du Comité actuel,
subventionné par le Gouvernement du roi d' Es-
pagne pour étudier la question. Elles sont abso-
lument identiques et peuvent se résumer comme
suit :
La nouvelle route, plus courte et plus ra-
pide, pour toucher le continent sud-marocain,
permettrait de faire le voyage de Paris à Rio
de Janeiro en 7 jours, de Paris à Montevideo
et Buenos-Ayres en 8 jours, de Paris à San-
tiago en 10 jours par le Transandin qui relie le
Chili à la République Argentine.
On réduirait ainsi de moitié la durée du
trajet actuel, et M. Bressler concluait à trois
zones de grands travaux qui étaient :
1° Le percement d'un tunnel sous le détroit
de Gibraltar ;
2° L'établissement d'une ligne directe de
chemin de fer entre Paris et Dakar ;
3° La construction d'un grand port de com-
merce à Dakar.
Or, voici, d'après le bulletin de l'Afrique
Française, qu'un Comité espagnol est constitué
pour étudier le tunnel et son tracé, que ce Co-
mité est subventionné par r Espagne, que le
lieutenant-colonel Jenevois, inventeur du pro-
jet du tunnel sous-marin du détroit de Gibral-
tar. en compagnie de l'ingénieur Dupuy de
Lomé qui s'occupe des études préalables, de
l'emplacement et du tracé, ont été reçus à Té-
touan par le comte Jordana, haut-commissaire
d'Espasne au Maroc, et que l'on a même fait
choix du point où le tunnel aboutira, vraisem-
blablement à proximité d'El-Ksar es Seguir,
entre les pointes Bussea et Cava.
D'autre part, le rail va déjà de Tanger à
Marrakech.
Et le port de Dakar s'agrandit d'année en
année.
C'est très bien et nous n'y voyons pas d'in-
convénient quant à nous. Mais que devient dans
tout cela le précurseur, le pauvre père Bressler
qui avait saisi de son projet le roi d'Espagne,
les ministres français, les Chambres, et dont il
n'est jamais question.
Ce serait si peu de chose, pourtant, que de
lui accorder quelques mots, quelques lignes en
souvenir de ce qu'il fit, et en rappelant ses
efforts, jadis taxés d'utopie par les plus polis
de ses interlocuteurs. Il a pu laisser des des-
cendants, des amis auxquels ce banal hommage
posthume ferait plaisir, et cela coûterait si peu
à ceux qui ont enfourché son ancien cheval de
bataille.
Louis Le Barbier.
LE TAUX DE LA PIASTRE
Le Gouvornour pAn/ral de l'Indochine vient
de faire connaître au ministre des colonies llu'il
la dttte du 14 juin 1020 le taux officiel de lu
piastre était de 11 fr. 35.
Le Gouverneur général de l'Indochine vient,
de faire connaître au Ministre ocs Colonies qu'à
la date du 12 juin 1929 le taux officiel de la
piastre était de 11 tr. 25. 1
Ouezzan-la-Sainte
»♦«
La pacification des montagnes de Ujebala.
au cours des années qui suivirent l'agression
rifaine, avait permis d'envisager en 1928
l'extension de la zone de sécurité dans le ter-
ritoire d'Ouezzan, et notamment de réaliser le
passage du centre urbain d' Ouezzan dans cette
zone. La limite alors fixée suivait approximati-
vement la ligne Tafrant-M' Jara, se dirigeait
ensuite vers le Nord-Ouest en direction - du
Centre d'Ouezzan, dont elle englobait le péri-
mètre urbain, puis, suivant le cours de l'Oued-
Mellah, s 'infléchissait vers le Sud-Ouest pour
remonter bientôt vers Arbaoua et longer la
route de Tanger jusqu'à la frontière espagnole.
Une extension de cette zone est prévue pour
l'année 1929. La limite, reportée à 5 kilomè-
tres environ vers le Nord, sur une largeur va.
riant de 6 à 8 km., comprendra le périmètre
des lots vivriers d'Azjen dont l' attribution sera
vraisemblablement effectuée l' automne pro-
chain.
Cette ouverture, d'une large zone dans une
des régions les plus pittoresques et les plus
riches du Maroc, est intéressante au double
point de vue économique et touristique. Les
montagnes qui entourent Ouezzan, et en parti-
culier le Djebel Bar Hallal, sur les pentes du-
quel s'étagent la ville indigène et la ville juive,
sont couvertes d'oliviers et d'arbres fruitiers, et
des sources abondantes alimentent la vallée.
L'intérêt touristique n'a pas échappé au Ré-
sident général qui, dans le dernier voyage qu'il
vient de faire à Ouezzan, s' est entretenu avec
les autorités locales sur les moyens propres à
mettre en valeur cette richesse du pays. Parmi
les çoutumes les plus susceptibles d'attirer les
touristes, figure sans conteste le pèlerinage
israélite annuel d'Azjen, au mois de mai, qui
fait venir dans la cité sainte du judaïsme des
pèlerins de tous les points de l'Afrique du
Nord.
Ouezzan est également une ville sainte de
l'Islam, on l'a appelée la Mecque du Maroc.
l' I s l am,
La Zaouïa de Taybin dont le chérif d'Ouez-
zan est le directeur est l'une des plus puissantes
d'Afrique et a des filiales dans tout r Islam.
« Tout musulman enterré dans l'enceinte
d'Ouezzan est garant i de l'Enfer », dit-on à
Ouezzan.
Dépêches de rlndochine
$
à
Le grand progrès des communications
L'usayc des automobiles se développe
dans la province voisine du Kouany-Si
avec une rapidité prodigieuse en raison de
l'adivité déployée par le Gouvernement
provincial pour la construction des. roules.
Uutre d'importants crédits affectés pur les
auturitds, des particuliers s'associent entre
cuJ' pour ouvrir les routes sur lesquelles
ils ont le droit exclusif d'exploiter des ser-
vices d-ti. transports.
Line nouvelle roule avec bues aménagés
pour frunchir les cours (t'euu permet d'aller
de liouang-Tchéou-Wan à Nunning, capi-
tule (le la provmcc du Kouang-Si sans rup-
ture (le charge en un jour et demi. En sep-
tembre prochain, quaiut la route de LAmy-
Tchéou sera termillét-" il sera possible d'al-
ler en trois jours de Hanoï à fort Hagard.
Les entreprises de transports en com-
mun sont trôs prospères bien que l'Etat
prélève UftE) taxe de -14) sur les recettes.
l.'u,lIldltltyemcnt routier va permettre le dé-
veloppement des échanges au Kouang-Si et
rendre ce marché particulièrement intéres-
sant pour le commerce français.
La liaison entre Vientiane, Luang-Pra-
bang et Banhoueisai aux confins du Laos,
de la Birmanie et du Siam, vient d'être*
effectuée sur le Mékong par le Résident de
France au Luang-Prabang et te prince
Chao-Pethsarath au moyen d'une pirogue à
moteur de 20 chevaux. Lq parcours entre
Vientiane et Luang-Prabang a été eflec-
tue en 36 heures de marche effective mal-
gré les basses eaux, au lieu des 30 jours
nécessaires à cette époque avec (les piro-
gues ordinaires. Partis de Luang-Prabang,
t>; 5 juin, tes voyageurs sont arrivés à
Banhoueisai le 7 juin en 27 heures de mar-
ché effective au lieu de 14 jours habituels.
Au retour la descente du fleuve de Ban-
houeisai à l.uang-Prabang lui effectuée le
8 juin en 13 heures de marche dans la mè-
me journée. Tous les rapides furent fran-
chis avec une grande facilité.
Plusieurs pirogues à moteur seront mises
en service --titre Vientiane et Banhoueisai.
Son seulement on fera ainsi une économie
de temps considérable pour le transport du
courrier et des voyageurs, mais on mettra
fin aux réquisitions des piroguiers qui pè-
sent assez lourdement sur les populations
riveraines du l'ttélwng.
Décès
M. Victor Lamorte, un Français qui
construisit et décora de nombreux édifices
à Saigon, est mort le 11 juin.
Indopnrit1,
-060.
L'accord commercial franco-allemand
et l'Indochine
M. Briand, ministre des Affaires étrangères,
et M. von Hoesch, ambassadeur d'Allemagne,
ont échangé des lettres étendant à l'Indochine
les dispositions de l'accord commercial franco
allemand du 17 août 1927.
Chez les Terre-Neuvas
»♦«
L'aviso Aldebaran envoyé par le ministre
de la Marine sur les bancs de Terrecuve
télégraphie qu'il a visité, dans les quinze
derniers jours, de nombreux bâtiments et
que tout va bien à bord. Il a distribué le
courrier qu'il avait pour ces bâtiments.
l.'aviso Villl'-d'F,ç, venant d'Islande, est
arrivé à Saint-Jean-de-Terre-Neuve le 13
juin. Les deux bâtiments assureront concur-
remment le service de surveillance.
L'exposition coloniale
de Paris en 1931
Le Musée des Colonies
Voici quelques renseignements sur l'état
des travaux du musée colonial qui sera élevé
à gauche de l'avenue Daumesnil, dans le
voisinage immédiat de la Porte de l'iepus
(dite Porte Dorée) ;
Ce premier palais sera le plus beau, le
plus soigné de ceux qui constitueront, SUI
une superficie de plus de 100 hectares, l'Ex-
position colouialc internationale. Ce bloc
survivra seul à tous les autres, pour justifier
son titie officiel : Musée permanent des co-
lonies. Ce sera un monument à colonnades
et galerie grandes ligues et grandes sur-
taces comprenant un rez-dc-chaussée infé-
rieur, un lez-de-chaussée supérieur, avec hall
et salles de réception, et un étage. Vingt
mètres en surélévation du sol. Derrière, un
terrain est réservé pour les agrandissement?
futurs qui pourraient doubler la surface cou-
verte ; 85 mètres de largeur sur une profon-
deur de 65.
Le véritable terrain de l'Exposition est de
l'autre côté de l'avenue et rayoune autour
du lac_lJaume::;nil, qui en sera le plus natu-
rel ornement.
La porte monumentale, qui feia l'objet
d'un concours d'architectes, sera combinée
avec la passerelle de style devant servir de
trait d'union entre l'exposition proprement
dite et ce musée de documentation.
Sur le domaine affecté aux sections fian-
çaiscs le palais de l'Indochine est Lommcn.
cé, en raison de sou importance même. On
sait qu'il sera la reconstitution de la paitie
centrale du temple d'Angkor. Cette majes-
tueuse reproduction fut le clou de l'Exposi-
tion coloniale de Marseille. Elle scia ici
plus ligoureusement lidèle en quelques-un*
de ses détails.
En principe, et pour ne pas priver du bui"
de Vincennes, pendant cette belle sa^oti, les
Parisiens et les touristes, les travaux ne
commenceront guèie qu'en octobre. A partii
de cette époque, les chanlicis se multiplie-
ront, pour atteindre leur plein d'activité
l'été prochain.
L aménagement des attractions viendia en
dernier lieu, mais n'est pas la pallic la
moins intéressante d'un programme extiême-
ment divers. Leur choix contiibuera au suc-
cès pour une belle part.
Une passerelle permettra d'accéder facile-
ment a l'île de Bercy. L'on trouvera là, ou
dans 1 ile de Reuilly, toutes les cakgorit'"
de restaurants. Et 1 on |>ourt sur le lac avec des vedettes, des pirogues ou
des sampans.
Les services d'architecture veulent que
la moindre construction porte le cachet co-
lonial. Les sections étrangères étudient leur-,
projets avec le même désir.
CINÉMA COLONIAL
Retour du Congo
Le directeur des prises de vues, notre
confrère J.-K. Raymond-Millet, et le i anie-
raman M. Ch. Lemaire, du film documen-
taire de propagande coloniale et maritime
Franec-Cungo sur un cargo sont de; retoui à
Paris.
Films coloniaux
Le succès (Y()mbrcs Vtanehcs a mis Ir,
films coloniaux à la mode. Nice a cesaé de
représenter le monde entier aux yeUx des
metteuis en scène. Trains, paquebot*, con-
vois. les uns partent déjà, d'autres se pré-
parent.
Caïn
M. Léon Poirier qui revint d'Afrique avec
lu Croisière Noire, part, connue nous l'avons
dit, pour Madagascar tourner Cani, scénaiin
dont il est l'auteur.
11 y i'.iiouvpia M. i;arrt)i-, qui y réalise
de courtes bandes documentaires.
M. Fescourt à Saujon
M. Henri l-'escourt, qui, lui, pall poui
Saigon, réalisera au
l artir, de Roland Dorgelès et également
plusieurs documentaires.
Dans les Dominions
D'Angleterre la « Itritinh and Dominion
film Corp. Il va réaliser une série de film-,
parlants sur chacun des Dominions britan-
niques.
Les films parlants
Ceci mis à part, la production eM actuel-
lement arrêtée en l* tance par le: film par-
lant.
XOUM ne possédons aucune installation et
il faut hon gré mal gré attendre un studio
suffisamment bien équipé avant d'entrepren-
dre quoi que ce soit de sérieux.
- - --
Un bananier tinctorial
1
La sève de tous les bananiers, Ii..on'-I\ous
dans VAgronomie ( olouialc, produit, sur les
vêtements blancs, notamment, des taches in
délébiles.
Les Allemands, au Togoland, avant Iql-t,
avaient effectue: des essais de culture avec:
un bananier tinctorial dont on ignore l'es-
pèce.
A Tahiti, il existe un Musa Fei dont la
sève, violette, est douée d'une grande puis-
sance tinctoriale.
Un savant, M. Cuzcnt, a fait dans le
temps des recherches sur cette sève et en a
obtenu du rouge, du bleu, du lilas, du vert
etc., etc.
Il serait donc fort intéressant de rechen lu r
quel est le bananier en question afin d'en dé-
velopper la culture soit au Togo, soit ail.
leurs.
'Obo*.-
Sagesse orientale
11 est rare que ce qui a reculé avance.
ww
La mouche reconnaît la barbe du confi-
seur
twi
Celui qui aime le miel doit supporter la
piqûre de l'abeille.
(Dictons populaires).
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85.53%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85.53%.
- Auteurs similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62805686/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62805686/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62805686/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62805686
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62805686
Facebook
Twitter