Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-05-23
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 23 mai 1929 23 mai 1929
Description : 1929/05/23 (A30,N80). 1929/05/23 (A30,N80).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6280555k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
TRENTIEME ANNEE. N* 80.. - LE NUMERO : 80 CENTIMES 1 JKIDI soin, 23 MAI tî»2!».
JOURIAL QUOTIDIEN r
Rédaction & Administration s
M,
PARIS 0")
TtLtPH. t LOUV". tW-BT
- RICHELIEU «7-M'
~l i7 1 1 0.
Les Annales Coloniales
Us annonces et réclames sont reçues au
bureau du journal.
DlltICTIIUR.FoNDATIlUR : Marcel RUEDEL
Tous les articles publiés dans notre journal ne peuvent
être reproduits qu'en citant t« Annalm CoLOllIALIIt.
ABONNEMENTS
avec ta Revue mensuelle :
Un 6 N.i, à mois
Franc* et
colonin 110t 100 » se 0
Etranger.. 240 » 126 » JI.
On s'abonna sans frais dam
tous les bureaux de posta.
La question du travail forcé
devant la Conférence Internationale du Travail
La question du travail forcé dans les ter-
ritoires coloniaux préoccupe, depuis assez
longtemps déjà, les organismes internatio-
naux de Genève.
Dès 1921, le Bureau International du
Travail entreprenait ses études en ce do-
maine par suite de sa participation aux tra-
vaux de la Commission permanente des
mandats, puis à ceux de la Commission tem-
poraire de l'esclavage.
En 1926, l'assemblée de la Société des
Nations, par une résolution, priait le Conseil
t d'informer le Conseil d'administration du
Bureau International du Travail du vote de
la Convention relative à l'esclavage et d'at-
tirer son attention sur l'importance que pré-
sentent les travaux entrepris par le Bureau
en vue d'étudier les modalités les plus ap-
propriées afin d'éviter que le travail forcé
ou obligatoire n'amène une situation analo-
gue à l'esclavage.
- Le Conseil, à son tour, le 6 décembre
1926, chargeait le secrétaire général de sai-
sir le Conseil d'administration du Bureau
t International du Travail de la question.
En mai 1926, le Conseil d'administration
instituait une commission d'experts en ma-
tière de travail indigène qui comprenait le
Général Freire d'Ardrade, ancien -- gouver-
neur général du Mozambique, M. Goltf, di-
recteur général au ministère des Colonies
de Belgique, Sir Charles Ernest Law,
ancien secrétaire du gouvernement de
l'Inde pour le commerce et l'industrie,
Sir Frederick Lugard, ancien gouverneur
général de la Nigeria. M. Merlin, gou-
verneur général honoraire des colonies,
Commandant Asiini, chef du bureau des
Ecoles coloniales au Commissariat général
de l'Emigration de Rome, M. Vall Kees, an-
cien vice-président du Conseil des Indes
orientales néerlandaises, M. Sugimura, re-
présentant le Japon, M. Il. M. l'oburr, re-
présentant le Transvaal.
Cette Commission a élaboré, avec l'aide
des services du B.I. T., un rapport dont les
conclusions doivent être soumises à la confé-
rence internationale du Travail à sa ses
sion de 1929, qui doit se tenir a Genève,
prochainement.
Je constate que ce rapport, parfaitement
préparé et présenté, comme tous les travaux
du B.I.T., aboutit à des conclusions qui ne
donneront qu'une médiocre satisfaction, j'en
ai peur, aux esprits doctrinaires.
Le chapitre qui est consacré à l'étude des
principes tondainentaux d une réglementa-
tion du travail forcé ne contient aucune in-
terdiction absolue, aucune proposition de
législation répressive brutale.
Même en ce qui concerne la « contrainte
légale directe pour imposer a des indigènes
un travail foroé en faveur de particuLiers.
la condamnation n'est formulée qu'avec une
certaine réserve.
Le principe adopté par la Commission est
le suivant :
a Aucune administration ou autre autorité
ne devrait, par voie de législation ou autre-
ment, autoriser le travail forcé au prolit de
particuliers ou de compagnies ou personnes
morales autres que la collectivité dans son
ensemble. Là où ce travail forcé existe, tous
les efforts devraient être faits pour y met-
tre fin aussitôt que possible. »
Lord Frederick Lugard avait proposé de
substituer à la dernière phrase le texte sui-
vant :
« Là où ce travail forcé existe, il devrait
être immédiatement aboli. »
La Commission n'a pas cru pouvoir le
suivre jusque-là.
Sur tous les autres points, les principes,
arlmis nnr la Commission. sont moins rigou-
reux encore. Les formules les plus générales
que je puisse relever sont de la forme sui-
vante:
« En exigeant le travail forcé, on devrait
.prendre soin de ne pas compromettre la
main-d'œuvre nécessaire à la production de
la nourriture des communautés intéressées. »
« On ne devrait assu jettir au portage
forcé ni les femmes, ni les enfants, ni les
vieillards, ni les indigènes inapies. »
« Les autorités compétentes devraient
fixer, par voie de législation ou autrement, le
maximum de jours par mois (ou autre pé-
riode) pendant lesquels un travailleur pourra
être contraint de servir comme porteur ou
pagayeur, le maximum ne devra pas dépas-
ser 15 jours par mois et 25 jours par an. »
« La seule forme de travail forcé qui
pourrait être autorisée par l'administration
- en matière de culture est celle qui a pour
but de prévenir la famine ou une disette de
produits alimentaires. »
Très généralement même, les principes
admis ne prennent point ce caractère de
recommandation générale et se bornent à
proposer une réglementation du travail
forcé, comme le rappelle, au reste, le Hitrc
même --- du - chapitre qui groupe les conclu-
sions de la Commission.
'Et cette réglementation du travail forcé
paraît devoir être dominée, dans l'esprit des
membres de la Commission, par ce principe
placé en tête même du chapitre qui contient
leurs conclusions :
« La politique générale d'une administra-
tion devrait avant tout tenir compte, pour
régler le développement économique d'un
territoire dont elle a la charge, des disponi-
bilités en main-d'œuvre et des aptitudes au
travail des populations de ce territoire, com-
me aussi des effets néfastes qu'une modi-
fication trop brusque dans leurs habitudes
de travail peut avoir sur leur état social. »
Ce n'est certes pas moi qui me plaindrai
de ces réserves et de cette prudence qui ne
sont pour moi que sagesse.
Trop souvent nous abordons l'étude des
questions sociales qui se posent aux colo-
nies, comme celle du travail forcé, avec un
parti-pris qui ne veut pas tenir compte des
différences de milieu.
Le travail forcé n'a pas du tout le même
caractère social, dans la brousse africaine
et dans une cité industrielle du grand capi-
talisme européen. A l'oublier on risque de
commettre les plus lourdes erreurs.
Et je crois que la meilleure conclusion
que nous puissions tirer de l'excellente
étude du B.I.T. sur le problème du travail
forcé, c'est que celui-ci ne relève pas encore
de la législation internationale mais seule-
ment du contrôle international des mœurs
et des pratiques administratives.
Toutes nos règles et toutes nos prescrip-
tions. même internationales, n empêcheront
pas l'adjudant du traitant de factorerie de
considérer les indigènes comme du l>étail ou
même comme des bêtes sauvages j'ai pu
m en rendre compte, sur place - ni un bon
administrateur je l'ai vu aussi de les
considérer comme de grands enfants dont la
tutelle paternelle lui est confiée. Bien en-
tendu, suivant que le travail forcé sera envi
sagé sous l'un ou l'autre de ces aspects avec
l'une ou l'autre de ces mentalités, il aura
un caractère social bien différent.
Ce sont là complexités de la réalité que
nous oublions trop souvent, quand nous fai-
sons du colonialisme en chambre.
iSWenne Antonefii,
Député de la Haute-Savoie.
Rapporteur du budget 1e
l'Algérie et des Protecto-
rats.
M. Lucien Saint an Maroc f spapol
M. Lucien Saint, Résident général au Ma-
roc, est arrivé à Et-Ksar hier matin. Une trou-
pe imposante, composée de 7.000 cavaliers,
rendait les honneurs. Un déjeuner a réuni M.
Saint et le général Jordana, haut-commissaire
espagnol. A l'issue de ce déjeuner a eu lieu
une conférence entre les représentants de la
France et de l'Espagne. M. Saint est rentré
lo soir même à Ouezzan dont il a visité aujour-
d'hui 'la région.
Les fêtes de l'Aîd el Kébir
1
Les fêtes de l'Aïd-el-Kébir se sont pour-
suivies à Rabat comme à l'ordinaire. Au
cours des présentations d'usage au palais du
Sultan, le maréchal Franchet d'Espérey et
les généraux Vidalon et Noguès furent déco-
rés du mérite chérifien par le Sultan lui-
même. Le Sultan reçut les présents qui,
cette année, furent particulièrement nom-
breux, puis commencèrent les fantasias.
De brillants cavaliers groupés autour de
leurs étendards sacrés, sur leurs somptueuses
selles brodées d'or et d'argent qui brillaient
sous le ciel bleu se livrèrent à d'enragées
fantasias qui se déroulèrent dans le cadre
admirable des vieilles inurailles de l'Ague-
dal que les rayons du soleil couchant sem-
blaient embraser.
Camille Guy est mort
.10.
M. Camille Guy, Gouverneur honoraire
des Colonies, qui vient de mourir à Paris,
était Commissaire général adjoint pour la
Section de l'A.O.F. à l'Exposition coloniale
de Paris en 1931, fonctions- pour lesquelles
sa grande influence peftir le développement
de l'idée coloniale en France l'avait fait
choisir par le maréchal Lyautey.
Né le 18 mai 1860 à Saint-Wit (Doubs),
M. Camille Guy avait choisi l'enseignement
ac I histoire et de la géographie comme pro-
fesseur agrégé au Lycée Carnot, à Paris.
Il témoigna de son intérêt tout particulier
pour les questions coloniales, en créant le
Service géographique du Ministère des Co-
lonies le Ier avril 1895, en collaboration avec
le capitaine Olivier (Ned Noll) et le carto-
graphe Barralier.
Nommé chef du bureau à l'Administration
centrale du Ministère des Colonies, M. Ca-
milte Guy faisait dès ce jour définitivement
partie de l'Administration coloniale où sa
carrière fut des plus brillantes. Gouverneur
de V classe des Colonies, -- il rtnssait en Inn.,
-.. - - ~-J -- J:"-"-- ---
au secrétariat géjiéral du Gouvernement gé-
néral de l'A. O. F., aux fonctions de Lieu-
tenant-Gouverneur du Sénégal, donnant a
l'enseignement un développement très sen-
sible.
En 1908, M. Camille Guy prenait la direc-
tion des Affaires de la Réunion d'où il pas-
sait en 1910 au commandement de la Guinée
française.
Au moment de la guerre de 1914-1918, M.
Camille Guy avait été rappelé à l'activité
pour administrer la Martinique, jusqu'en
août 1919, date à laquelle il fut placé hors
cadres et nommé Commissaire général de
l'Exposition de Marseille, Section de l'A.
O. F.
Docteur ès-sciences politiques, M.'Camille
Guy était professeur à l'Ecole des sciences
politiques, membre de l'Académie des scien-
ces coloniales, vice-président de l'Alliance
française et de la Société de géographie
commerciale et commandeur de la Légion
d'honneur.
Les Annales Coloniales prient Mme Ca-
mille Guy et M. le Recteur Guy, de l'Uni-
versité de Grenoble, d'agréer leurs très sin-
cères condoléances.
Les obsèques de M. Camille Guy auront
lieu vendredi à dix heures, en l'église Saint-
François de Sales (rue Ampère), où l'on se
réunira.
Eugène mmeummw.
La croisière du cc Tourville"
1'1
Le Président de la République du Chili
est arrivé à Valparaiso pour assister à un
déjeuner offert en son honneur à bord du
Tourville qui fait escale en ce port.
A propos de la laine
A
l'emprunte au très substantiel
et très intéressant rapport de M.,
Alberto Pirelli, président de la
L hambre de Commerce internationale (12
avril 1929), ces renseignements sur la pro-
duction de la laine dans le monde en 1928.
Deux grandes causes expliquent le fléchis-
sement de la production dans les années qui
ont suivi l'armistice : l'Europe était consi-
déràblement appauvrie, et le prix de re-
vient de la laine laissait l'avantage aux
autres fibres textiles. Cependant la moyen-
ne d'avallt-guerre était déjà dépassée en
1927. En 1928, la production augmente
encore, et dépasse de 6 à 8 celle d'avatlt-
guerre.
On se rappelle que les pays grands
producteurs sont l'Australie. la Nouvelle-
Zélande, l'Uruguay, l'Union Sud-Ajricai-
ne. Ces nations fournissent, à elles seules,
55 du total de la laine utilisée dans le
monde flliier. Tandis que la moyenne de
leur production, pendant les quatre années
qui ont précédé la guerre, atteignait 718.000
tonnes, la production atteint 797.000 tonnes
en 1927-1928, el 835.000 tonnes en 1928-
1929.
A mesure que l'Europe se relève de ses
désastres, que la consommation augmente
aux Etats-l' ttis, que les modes occidentales
envahissent davantage l'Orient, l'industrie
fw < ~<ï~ <.
lainière prend une extension plus considéra-
vie. iMeme en 1928, et contrairement à ce
qui se passe dans l'industrie du coton, elle
marque un progrès ; Vactivité à peu près
stationnaire aux Etats-Unis dans le pre-
mier semestre de 1928, augmente vers la
fin; en Allemagne et en Angleterre, elle est
déprimée, mais se montre satisfaisante en
France, en Italie, en Belgique, en Tcl/éco-
Slovaquie.
M. Alberto Pirclli note le parallélisme
entre la production et la consommation. Il
semblerait donc que les prix dussent se
maintenir. Il n'en a rien été en 1928, où
les prix, s'étant relevés au printemps, ont
diminué ensuite. Le Président de la Cham-
bre de Commerce Internationale l'explique
par la spéculation, aui met Jt Profit lec Pré-
, ;¿ "-- r'-,¡.-., r.
visions inexactes et contradictoires, et il
indique dans une note que la Conférence
Internationale de la Laine à Paris, en
créant la Fédération Internationale de la
Laine, portera quelque remède à cet état de
choses.
Quoiqu'il en soit, le développement de
l'outillage industriel est évident; pour les
années 1913, 1924, 1927, 1928, on l'aper-
çoit dans ces chiffres qui concernent l'Eu-
rope : 99,5 (millions de broches) ; 100,2 ;
103,6 > 104,9 > et pour la France : 7,4 ;
9,3 ; 9,5 i 9»7-
Ces derniers chiffres démontrent bien
que la France a une activité qui s'accroit,
comme nous le disions plus haut. D'où
tire-t-elle sa matière première t Elle la fait
venir de l'extérieur, et il lui en faut 320.000
tonnes environ, qui représentent 5 milliards
530 millions de francs. Elle en demande. <1
l'Algérie pour 95 millions, au Maroc pour
80, à la Tunisie pour 7, à l'A.O.F. pour
4, à ses autres colonies pour 1, soit en tout
pour 187 millions de francs qui correspon-
dent à 20.000 tonnes. La différence, soit
300.000 tonnes est importée de l'étranger,
auquel nous payons un tribut de 5 milliards
539 millions 813.000 francs.
Ces nombres se passent de commentaires.
Ils doivent nous inspirer quelque humilité
quand nous parlons de la contribution de
notre domaine colonial à notre ravitaille-
ment en matières premières. Puissent-ils
nous inspirer tous les jours davantage la
résolution d'arriver à puiser plus largement
dans nos provinces lointaines ce qui est in
dispensable à nos industries 1 Mais pour
cela, il faut que nos provinces lointaines
soient outillées pour npus offrir cc dont
nous avons besoin. M. de la Palice tic tien-
drait pas un raisonnement d'un autre gen-
re ; raisonnons comme lui, et agissons com-
me des gens qui, sans penser que tout va
mal, sont persuadés que tout pour tait aller
bien mieux et sont décidés à tout faire pour
qu'il en soit ainsi.
Mario Koualaii,
.Sénateur, Ancien Ministre,
Vice-président de la Commission des
Colonies
–-–
Dépêches de l'Indochine
181
Au Conseil municipal d'Hanoï
Le nouveau conseil municipal de Hanoï
a rlu. le Uésidcnt Supérieur honoraire, M.
Tissai, premier mljoll/t, et M. I^egriquet,
architecte, deuxième ndjoint.
A la mémoire d'Henri Rivière
Dimanche (ternier, la cérémonie anniver-
saire de la morl du commandant Henri Ri-
vière a été célébrée, sous les auspices du
Comité du Souvenir Français, sur les lieux
mêmes où le héros tomba près le pont du
village (te Papier, aux environs de Hanoï
en 1883. La cérémonie se déroula avec un
éclat particulier au milieu d'une grande
affluence de la population européenne, m
présence du Gouverneur général Pasquier,
du général Auherl, commandant supérieur,
et des détachements des troupes de la gar-
nison.
------
MUSTOU*
M. L.-O. Frossard, député S.F.I.O. de la
Martinique, vient d'arriver à Paris, retour des
Antilles, où il Jetait rendu à l'occasion des
élections municipales.
LIRE. EN SECONDE PAGE.
Lois et décrets. -
Pour les pays à mandats ; pour l'A. O. F,
L'aviation coloniale.
Au Congrès de Java, ..,'
Au cœur du Hoggar
Avant-hier, au Foyer International des
Etudiantes, M. P. E. tUubois, le peintre de
la mission saharienne, a fait devant un
jeune public une causerie sur les oasis et les
tribus des Touareg du Hoggar.
Cette race qui s'appelle proprement les
Imohar ou « pillards » vivait naguère de
razzi et à présent désorientée ne vit otus Que
pour les cours nocturnes faites aux belles.
Dans un langage poétique, M. Dubois nous
décrit ces nappes volcaniques récentes tail-
ladées de valiees sèches, où la température
est agréable sauf quinze jours de froid en
hiver (–70).
Les deux grandes figures du Sahara du
Hoggar, le général Laperrine et le Père de
Foucauld, le « Marabout blanc », l'un mort
d'un accident d'avion, l'autre assassiné peu
avant par des Senoussistes tripolitains, dor-
maient naguère epcore côte à côte à Taman-
rasset, les restes du P. de Foucauld ayant
été transportés à El-Goléa.
Des légendes sur les femmes vertueuses et
sur les amoureux en peine défilent avec des
vues et des projections en couleurs des ta-
bleaux de M. Dubois.
La. mission fut favorisée par une année
fortement pluvieuse en cette région où il
pleut rarement, et le Hoggar avait sa pa.
ruro de tleurs mauves que l'explorateur Du-
veyrier avait eu aussi la chance de trouver.
Le peintre a pu faire poser le roi Targui,
l'Aménokhal dont le titre héréditaire passe
au frère ainé, ou, à défaut, au ijls aîné de
la sœur ainée, et la reine sa femme.
Les hommes Touareg se voilent toujouis
la bouche du iitham ou voile noir, qu'ils en-
veloppent quelquefois d'une étofte blanche.
11 y a là un reste d'animisme: afin que l'âme
ne s'échappe point par le:* narines ni la bou-
che. C'est devenu actuellement un rite de la
pudeur : afin de ne pas montrer l'orifice par
où pénètre la nourriture.
Les femmes, contrairement aux maures-
ques, vont le visage découvert. Elles sont
prépondérantes dans le conseil de l'amé-
nokhal, et toujours plus instruites, sachant
la vieille écriture tifinar.
La constitution de la société targui con-
serve des vestiges du Matriarcat : l'enfant
porte le nom de la mère, la noblesse vient
de .la femme.
Et sur la vision d'une de ces cours
d'amour ou « Aâl », qui se passeqt en tour-
nois littéraires musicaux et spirituels parmi
une liberté grande, à l'image des cours
d'amour de nos troubadours médiévaux, M.
P. E. Dubois termine sa causerie vive d'im-
pressions directes spontanément exprimées
et chaleureusement aonlaudies.
Les belles œuvres dont nous avons eu une
première idée par les projections en couleurs
seront exposées dans la première semaine de
juin au musée des Arts décoratifs, Pavillon
de Marsan.
Jtotend Bit.,.
Le Sahara sanatorium
- <
Le puissant et regretté réalisateur J. Dal
Piaz, qùl avait vu le côté-important de l'hô-
tellerie et du tourisme sahariens, avait prêté
grande attention aux propos d'éminents pra-
ticiens concernant l'utilisation médicale du
soleil. Il se tenait au courant des dernières
recherches sur les radiations, les ultra-vio-
lets aux merveilleuses actions hygiéniques et
curatives.
Aussi quel le merveilleux sanatorium Il
voyait-il dans le Sahara, dont il citait cou-
ramment les cas de non-putréfaction des ca-
davres de chameaux morts le long des pis-
tes et conservés à la fois par la siccité de
l'air et les. radiations ultra-violettes du so-
leil des tropiques.
Mfef
La béatification du Père de Foucauld
•»«
La caravane des Pères Blancs, qui était
allée à Tamanrasset chercher le corps du
P. de Foucauld pour le transporter à El-Go-
léa, vient de rentrer à Maison-Carrée, sa
mission heureusement remplie. En vinqt-
deux jours, elle a parcouru d'Alger à la-
manrasset et retour, 4.200 Idlomètres, dont
3.000 en plein Sahara.
Le corps a été exhumé le 18 avril der-
nier. Il a été trouvé momifié, la place do
la blessure mortelle faite par la balle le
1er décembre 1916 visible encore à rentrée
et à la sortie.
Au moment de Vexhumation, le général
Meunier, représentant le Gouverneur géné-
ral, qui avait bien voulu favoriser te trans-
port des membres de la mission, prit ta
paroje ol, en termes émus, donna le sens
de cette cérémonie. Il glorifia le saint er-
mite du Sahara, louant ses vertus chrétien-
nes et françaises, son profond amour pour
l'humilité et l'effacement.
Le corps lui placé dans un triple cer-
cueil. lin parchemin placé dans un tube
de verre garde le procès-verbal de cette
exhumation.
Les Touareg qui avaient été les témoins
de la charité de l'ermite étaient venus très
nombreux. Ils reçurent noblement les mem-
bres (,,! la mission venus pour honorer ce-
lui qui s'était tant dévoué à leur service.
Is, départ de Tamanrasset eut lieu le 21
avril. Une auto emportait les précieux res
tes à travers te désert. Le voyage dura
dnq jours. Enfin, le 25 avril, on arrivait
à El-Goléa, situé à 520 kilomètres au sud
de fjoghouat qui est à l'entrée du désert.
Im tombe du Pèfe reste donc en plein Sa-
hara, mais moins éloignée, de manière que
l'on puisse s'ti rendre plus facilement pour
la visiter et U faire. quand., besoin sera, les
constatations canoniques exigées par le pro-
cès de béatification. Déposé à la Mission
de$Pères Blancs, le. corps du saint ermite
fut transporté le lendemain 26 avril à l'égli-
se paroissiale. Une absoute fut donc donnée
par te préfet atwstolique, entouré des Pères
Planes et en présence des autorités locales i
des Sœurs Blanches, des Orphelinats de la
Mission et de toute la population euro-
péenne. lAt dernière étape de ce long voua-
ge lut le transport du corps dans le caveau
qui lui avait préparé par les soins des Pè.
res Blancs dans le village chrétien de Saint-
Joseph à deux kilomètres du centre d'Et,.
Goléa.
t (Par dépêcoo.)
Mysticisme et Légende au Maroc
Tout, au Maroc, révèle un caractère de
mysticisme. La danse, par exemple, y est ri-
tuelle, ayant toujours une tendance religieuse
très marquée. Elle s'accompagne de chants
sacrés, psalmodiés d'une voix monotone, mais
dont les paroles, infiniment mélancoliques,
frappent l'âme.
« Comme il y a loin des vagissements du
jazz avec cette musique au rythme musical et
prenant ! » dit M. de Goye. Et combien sont-
ils plus remarquables, ces danseurs chleuhs,
hommes et femmes, qui se divertissent dans
l'âpre décor de la montagne. Certaines de leurs
danses nous font souvenir des danses caracté-
ristiaues d Auvergne (un lonc balancement,
sans presque déplacer le corps). Combien nous
comprenons qu'ici la danse est une sorte de
rite, extériorisant des pensées.
Les assistants restent silencieux, émus, très
profondément, puis ce sont, après les danses,
les conteurs qu; viennent d'une voix monocorde
débiter les vieilles légendes.
Ne montre-t-elle pas toute l'âme, toute la
sensibilité d'un peuple profondément croyant,
cette jolie légende si naïve des cinq doigts de
la main :
Le petit doigt dit : « Mon père, je meurs
de faim ! »
L'annulaire propose : « Allons voler ! »
Le médius ajouté : « Et Dieu ! »
L'index demande : « Qui lui dira ? »
Le doigt qui prend (le pouce) déclare :
Il Moi. »
Ils le frappèrent et il se sépara d eux !.
C'est pourquoi, depuis ce temps-là, le pouce
est séparé de ses frères !.
BROUSSES
* BROUTILLES
Qu'on se le dise
Ouvrez le ban :
- Ran, plan, plan, plan, plan.
Fermez le ban.
Bien ! Maintenant, oyez, bonnes gens :
Si vous habitez Alger;
Si vous êtes Français;
Si vous avez beaucoup d'enfants ;
Si vous êtes ouvrier ou employé ;
Si toutefois vous ne dépendez pas d'uti ser-
vice d'Etat;
Ou départemental ;
Ou communal ;
Si vous n'avez jamais subi de condamnation ;
Ni connu la faillite;
Ni forfait à l'honneur d'une façon quelcon-
que;
Si vous avez observé la sainte loi du travail
avec un zèle dont il ne serait pas nuisible
que vos patrons se portassent garants:
Alors, faites savoir au Maire d'Alger,
avant le 30 mai, dernier délai, que vous
êtes candidat au legs Hanet
Dites-vous bien que ce legs est de 100 fr.
Et n'oubliez pas qu'il partit d'une bonne
intention.
Ouvrez le banc :
Ran. plan, plan, plan, plan.
Fermez le banc.
Et qu'on se le dise.
Carthage (Grèce) !
Un grand éditeur parisien, écrivant à Car.
thage, accola, sur son enveloppe, à ce nom
fameux, celui de « Grèce ».
Espérons que ce fut un lapsus cahwii. Si.
non, nous n oserions recommander les Atlas
de cet éditeur.
jÊudton.
Les colonies à la manufacture des Gobelins
CE QU'ON A FAIT ET CE QU'ON FERA
Par Mirane-Marceue Defhns.
Je suis annoncée chez M. Planes, directeur
de la Manuiacture des Gubelins. Depuis
déjà quelques minutes, l'antichambre est
mon domaine. Deux coups de timbre me font
sursauter. L'huissier s'éclipse. Il revient, me
conduit. Trois marches de marbre blanc. Le
cabinet de M. Planes est au-dessus, creusé
à même le jour. De plain pied, j'aperçois
des tapisseries des Gobelms, naturelle-
ment couvrant les murs. Sur l'invite de
l'aimable directeur de la Manufacture, je
foule un riche tapis pour gagner le fauteuil
qui m'est offert.
inionsieur le Directeur, les tru i ,.q
- J'ai vu, Monsieur le Directeur, les trois
tapisseries coloniales qui ont l'honneur d'être
sur vos métiers.
Eh bien, qu en pensez-vous f
C'est magnifique.
- Oui. Les compositions de Jacques Si.
mon sont bien. Quant à ce qu'en feront nos
tapissiers. Est-il utile d'en parler? On le
verra.
Un verra des merveilles ; l'Algérie, la
Tunisie, le Maroc. Riches, coloris justes,
vrais.
C'est notre but.
L'initiative est heureuse et des plus
méritoires. Les colonies, à ce que je sache,
n'ont guère eu, jusqu'ici, l'avantage d'être
choisies comme sujet par les Cobelinsl
(iuère, en effet.
La Société de l'Ouest Africain possède,
je crois, dans le bureau de son président. M.
François Marsal, un ancien (îobelin qui re-
late l'histoire du roi Jean, premier roi qui
entra en Abyssinie. r.lie date, n est-ce pas,
de 1710. N'y a-t-il rien de plus moderne?
- Si. Une très belle tapisserie symbolisant
La Conquête de l'Afrique ou Vexpansion
coloniale a été exécutée, d'après Rochegrosse,
pour l'Exposition internationale de 1900 où
elle figura en fort bonne place.
- Et qu'est-elle devenue?
- Confiée au Sénat, à titre de prêt, elle
dort, bien calmement, dans un bureau bien
clos où seuls, de rares privilégiés peuvent,
de temps à autres, lui jeter un furtif regard
ou ne pas la regarder du tout. Et cela
depuis trente ans.
- Depuis trente ans !
- Oui.
- Et depuis. Qu*avez-vous fait en ma-
tière coloniale ?
Rien. Cela s'explique de soi-même.
Vous comprenez.
Je comprends. Votre première tentative
ne fut pas extrêmement encourageante.
Mais cependant !.
J'ai tenté un nouvel effort. Vous l'avez
vu. Aurons-nous plus de chance avec l'Al-
gérie, la Tunisie, le .1/arot" t
Non seulement, je l'espère, niais je le
crois. D'ailleurs, n'avez-vous pas l'intention
de faire figurer ces tapisseries à l'Exposition
coloniale internationale de Vincennes?
- Pour l'Algérie, la chose est à peu près
certaine.
-. Et pour les deux autres, non ?
- Je ne puis rien affirmer, encore.
- Quel grand dommage ce serait !
- Je le, pense aussi.
- Craindriez-vous de n'être pas prêt à
temps ?
C'est cela.
Pourquoi?
Manque de temps.
-- Quelle est donc la production annuelle
d'un artisan moyen ?
1 m. 40 carré à 1 m. 50.
- Et combien d'ouvriers peuvent-ils tra-
vailler ensemble sur la même tapisserie?
Quatre, à la rigueur.
J'effectue rapidement un bref calnal men-
tal. Quatre ouvriers accomplissent en un an
0 m. carrés sur le métier. La Tunisie et le
Maroc ne mesurent que 3 m. 62 sur 2 m. 38.
Joyeuse, ie m'écrie: -
; Alors, monsieur le Directeur, il n y a
pas impossibilité absolue à ce que le superbe
tryptique de l'Afrique du Notd ne figure
pas dans son intégrité i\ l'Exposition colo-
niale de 1931 ?
A son tour, M. Planes se tait. Et je sens
qu'il hésite à me dire les choses graves et
pratiqoes qu'il est possible que je ne com.
prenne pas et que j'entends tout d'un
coup.
Impossibilité absolue? Non. Il peut y
avoir cependant impossibilité pour la Mîinir-
facture d'immobiliser douze ouvriers pendant
un an et demi sur des tapisseries que nous
avons entreprises de notre propre chef, sans
savoir si elles trouveront acquéreurs. Ni
dans combien de temps !
Je crois cependant (iiie fi ile,
T Afrique ou P expansion coloniale reste sur
le cœur du dévoué directeur de la Manufac-
ture des Gobelins. Je ne puis cependant me
permettre de lui donner tort. Et il n'est pas
de mon rôle de lui donner raison.
l'n silence nous unit.
M. Planes répond :
Personnellement, je serais infiniment
heureux d'apporter une contribution parfaite
au grand effort qui sera accompli à Vincen-
nes en l'honneur de nos colonies. Et c'est
dans ce but que j'ai accepté les maquettes
de J. Simon et pris sur moi de les réaliser
sur nos métiers. Cependant, si de par mes
fonctions, il ne m'est pas interdit d'être un
PANNEAU DÉCORATIF DE M. JACQUES SIMON
Symbole de la production algérienne exécuté par la manufacture des Gobelins
JOURIAL QUOTIDIEN r
Rédaction & Administration s
M,
PARIS 0")
TtLtPH. t LOUV". tW-BT
- RICHELIEU «7-M'
~l i7 1 1 0.
Les Annales Coloniales
Us annonces et réclames sont reçues au
bureau du journal.
DlltICTIIUR.FoNDATIlUR : Marcel RUEDEL
Tous les articles publiés dans notre journal ne peuvent
être reproduits qu'en citant t« Annalm CoLOllIALIIt.
ABONNEMENTS
avec ta Revue mensuelle :
Un 6 N.i, à mois
Franc* et
colonin 110t 100 » se 0
Etranger.. 240 » 126 » JI.
On s'abonna sans frais dam
tous les bureaux de posta.
La question du travail forcé
devant la Conférence Internationale du Travail
La question du travail forcé dans les ter-
ritoires coloniaux préoccupe, depuis assez
longtemps déjà, les organismes internatio-
naux de Genève.
Dès 1921, le Bureau International du
Travail entreprenait ses études en ce do-
maine par suite de sa participation aux tra-
vaux de la Commission permanente des
mandats, puis à ceux de la Commission tem-
poraire de l'esclavage.
En 1926, l'assemblée de la Société des
Nations, par une résolution, priait le Conseil
t d'informer le Conseil d'administration du
Bureau International du Travail du vote de
la Convention relative à l'esclavage et d'at-
tirer son attention sur l'importance que pré-
sentent les travaux entrepris par le Bureau
en vue d'étudier les modalités les plus ap-
propriées afin d'éviter que le travail forcé
ou obligatoire n'amène une situation analo-
gue à l'esclavage.
- Le Conseil, à son tour, le 6 décembre
1926, chargeait le secrétaire général de sai-
sir le Conseil d'administration du Bureau
t International du Travail de la question.
En mai 1926, le Conseil d'administration
instituait une commission d'experts en ma-
tière de travail indigène qui comprenait le
Général Freire d'Ardrade, ancien -- gouver-
neur général du Mozambique, M. Goltf, di-
recteur général au ministère des Colonies
de Belgique, Sir Charles Ernest Law,
ancien secrétaire du gouvernement de
l'Inde pour le commerce et l'industrie,
Sir Frederick Lugard, ancien gouverneur
général de la Nigeria. M. Merlin, gou-
verneur général honoraire des colonies,
Commandant Asiini, chef du bureau des
Ecoles coloniales au Commissariat général
de l'Emigration de Rome, M. Vall Kees, an-
cien vice-président du Conseil des Indes
orientales néerlandaises, M. Sugimura, re-
présentant le Japon, M. Il. M. l'oburr, re-
présentant le Transvaal.
Cette Commission a élaboré, avec l'aide
des services du B.I. T., un rapport dont les
conclusions doivent être soumises à la confé-
rence internationale du Travail à sa ses
sion de 1929, qui doit se tenir a Genève,
prochainement.
Je constate que ce rapport, parfaitement
préparé et présenté, comme tous les travaux
du B.I.T., aboutit à des conclusions qui ne
donneront qu'une médiocre satisfaction, j'en
ai peur, aux esprits doctrinaires.
Le chapitre qui est consacré à l'étude des
principes tondainentaux d une réglementa-
tion du travail forcé ne contient aucune in-
terdiction absolue, aucune proposition de
législation répressive brutale.
Même en ce qui concerne la « contrainte
légale directe pour imposer a des indigènes
un travail foroé en faveur de particuLiers.
la condamnation n'est formulée qu'avec une
certaine réserve.
Le principe adopté par la Commission est
le suivant :
a Aucune administration ou autre autorité
ne devrait, par voie de législation ou autre-
ment, autoriser le travail forcé au prolit de
particuliers ou de compagnies ou personnes
morales autres que la collectivité dans son
ensemble. Là où ce travail forcé existe, tous
les efforts devraient être faits pour y met-
tre fin aussitôt que possible. »
Lord Frederick Lugard avait proposé de
substituer à la dernière phrase le texte sui-
vant :
« Là où ce travail forcé existe, il devrait
être immédiatement aboli. »
La Commission n'a pas cru pouvoir le
suivre jusque-là.
Sur tous les autres points, les principes,
arlmis nnr la Commission. sont moins rigou-
reux encore. Les formules les plus générales
que je puisse relever sont de la forme sui-
vante:
« En exigeant le travail forcé, on devrait
.prendre soin de ne pas compromettre la
main-d'œuvre nécessaire à la production de
la nourriture des communautés intéressées. »
« On ne devrait assu jettir au portage
forcé ni les femmes, ni les enfants, ni les
vieillards, ni les indigènes inapies. »
« Les autorités compétentes devraient
fixer, par voie de législation ou autrement, le
maximum de jours par mois (ou autre pé-
riode) pendant lesquels un travailleur pourra
être contraint de servir comme porteur ou
pagayeur, le maximum ne devra pas dépas-
ser 15 jours par mois et 25 jours par an. »
« La seule forme de travail forcé qui
pourrait être autorisée par l'administration
- en matière de culture est celle qui a pour
but de prévenir la famine ou une disette de
produits alimentaires. »
Très généralement même, les principes
admis ne prennent point ce caractère de
recommandation générale et se bornent à
proposer une réglementation du travail
forcé, comme le rappelle, au reste, le Hitrc
même --- du - chapitre qui groupe les conclu-
sions de la Commission.
'Et cette réglementation du travail forcé
paraît devoir être dominée, dans l'esprit des
membres de la Commission, par ce principe
placé en tête même du chapitre qui contient
leurs conclusions :
« La politique générale d'une administra-
tion devrait avant tout tenir compte, pour
régler le développement économique d'un
territoire dont elle a la charge, des disponi-
bilités en main-d'œuvre et des aptitudes au
travail des populations de ce territoire, com-
me aussi des effets néfastes qu'une modi-
fication trop brusque dans leurs habitudes
de travail peut avoir sur leur état social. »
Ce n'est certes pas moi qui me plaindrai
de ces réserves et de cette prudence qui ne
sont pour moi que sagesse.
Trop souvent nous abordons l'étude des
questions sociales qui se posent aux colo-
nies, comme celle du travail forcé, avec un
parti-pris qui ne veut pas tenir compte des
différences de milieu.
Le travail forcé n'a pas du tout le même
caractère social, dans la brousse africaine
et dans une cité industrielle du grand capi-
talisme européen. A l'oublier on risque de
commettre les plus lourdes erreurs.
Et je crois que la meilleure conclusion
que nous puissions tirer de l'excellente
étude du B.I.T. sur le problème du travail
forcé, c'est que celui-ci ne relève pas encore
de la législation internationale mais seule-
ment du contrôle international des mœurs
et des pratiques administratives.
Toutes nos règles et toutes nos prescrip-
tions. même internationales, n empêcheront
pas l'adjudant du traitant de factorerie de
considérer les indigènes comme du l>étail ou
même comme des bêtes sauvages j'ai pu
m en rendre compte, sur place - ni un bon
administrateur je l'ai vu aussi de les
considérer comme de grands enfants dont la
tutelle paternelle lui est confiée. Bien en-
tendu, suivant que le travail forcé sera envi
sagé sous l'un ou l'autre de ces aspects avec
l'une ou l'autre de ces mentalités, il aura
un caractère social bien différent.
Ce sont là complexités de la réalité que
nous oublions trop souvent, quand nous fai-
sons du colonialisme en chambre.
iSWenne Antonefii,
Député de la Haute-Savoie.
Rapporteur du budget 1e
l'Algérie et des Protecto-
rats.
M. Lucien Saint an Maroc f spapol
M. Lucien Saint, Résident général au Ma-
roc, est arrivé à Et-Ksar hier matin. Une trou-
pe imposante, composée de 7.000 cavaliers,
rendait les honneurs. Un déjeuner a réuni M.
Saint et le général Jordana, haut-commissaire
espagnol. A l'issue de ce déjeuner a eu lieu
une conférence entre les représentants de la
France et de l'Espagne. M. Saint est rentré
lo soir même à Ouezzan dont il a visité aujour-
d'hui 'la région.
Les fêtes de l'Aîd el Kébir
1
Les fêtes de l'Aïd-el-Kébir se sont pour-
suivies à Rabat comme à l'ordinaire. Au
cours des présentations d'usage au palais du
Sultan, le maréchal Franchet d'Espérey et
les généraux Vidalon et Noguès furent déco-
rés du mérite chérifien par le Sultan lui-
même. Le Sultan reçut les présents qui,
cette année, furent particulièrement nom-
breux, puis commencèrent les fantasias.
De brillants cavaliers groupés autour de
leurs étendards sacrés, sur leurs somptueuses
selles brodées d'or et d'argent qui brillaient
sous le ciel bleu se livrèrent à d'enragées
fantasias qui se déroulèrent dans le cadre
admirable des vieilles inurailles de l'Ague-
dal que les rayons du soleil couchant sem-
blaient embraser.
Camille Guy est mort
.10.
M. Camille Guy, Gouverneur honoraire
des Colonies, qui vient de mourir à Paris,
était Commissaire général adjoint pour la
Section de l'A.O.F. à l'Exposition coloniale
de Paris en 1931, fonctions- pour lesquelles
sa grande influence peftir le développement
de l'idée coloniale en France l'avait fait
choisir par le maréchal Lyautey.
Né le 18 mai 1860 à Saint-Wit (Doubs),
M. Camille Guy avait choisi l'enseignement
ac I histoire et de la géographie comme pro-
fesseur agrégé au Lycée Carnot, à Paris.
Il témoigna de son intérêt tout particulier
pour les questions coloniales, en créant le
Service géographique du Ministère des Co-
lonies le Ier avril 1895, en collaboration avec
le capitaine Olivier (Ned Noll) et le carto-
graphe Barralier.
Nommé chef du bureau à l'Administration
centrale du Ministère des Colonies, M. Ca-
milte Guy faisait dès ce jour définitivement
partie de l'Administration coloniale où sa
carrière fut des plus brillantes. Gouverneur
de V classe des Colonies, -- il rtnssait en Inn.,
-.. - - ~-J -- J:"-"-- ---
au secrétariat géjiéral du Gouvernement gé-
néral de l'A. O. F., aux fonctions de Lieu-
tenant-Gouverneur du Sénégal, donnant a
l'enseignement un développement très sen-
sible.
En 1908, M. Camille Guy prenait la direc-
tion des Affaires de la Réunion d'où il pas-
sait en 1910 au commandement de la Guinée
française.
Au moment de la guerre de 1914-1918, M.
Camille Guy avait été rappelé à l'activité
pour administrer la Martinique, jusqu'en
août 1919, date à laquelle il fut placé hors
cadres et nommé Commissaire général de
l'Exposition de Marseille, Section de l'A.
O. F.
Docteur ès-sciences politiques, M.'Camille
Guy était professeur à l'Ecole des sciences
politiques, membre de l'Académie des scien-
ces coloniales, vice-président de l'Alliance
française et de la Société de géographie
commerciale et commandeur de la Légion
d'honneur.
Les Annales Coloniales prient Mme Ca-
mille Guy et M. le Recteur Guy, de l'Uni-
versité de Grenoble, d'agréer leurs très sin-
cères condoléances.
Les obsèques de M. Camille Guy auront
lieu vendredi à dix heures, en l'église Saint-
François de Sales (rue Ampère), où l'on se
réunira.
Eugène mmeummw.
La croisière du cc Tourville"
1'1
Le Président de la République du Chili
est arrivé à Valparaiso pour assister à un
déjeuner offert en son honneur à bord du
Tourville qui fait escale en ce port.
A propos de la laine
A
l'emprunte au très substantiel
et très intéressant rapport de M.,
Alberto Pirelli, président de la
L hambre de Commerce internationale (12
avril 1929), ces renseignements sur la pro-
duction de la laine dans le monde en 1928.
Deux grandes causes expliquent le fléchis-
sement de la production dans les années qui
ont suivi l'armistice : l'Europe était consi-
déràblement appauvrie, et le prix de re-
vient de la laine laissait l'avantage aux
autres fibres textiles. Cependant la moyen-
ne d'avallt-guerre était déjà dépassée en
1927. En 1928, la production augmente
encore, et dépasse de 6 à 8 celle d'avatlt-
guerre.
On se rappelle que les pays grands
producteurs sont l'Australie. la Nouvelle-
Zélande, l'Uruguay, l'Union Sud-Ajricai-
ne. Ces nations fournissent, à elles seules,
55 du total de la laine utilisée dans le
monde flliier. Tandis que la moyenne de
leur production, pendant les quatre années
qui ont précédé la guerre, atteignait 718.000
tonnes, la production atteint 797.000 tonnes
en 1927-1928, el 835.000 tonnes en 1928-
1929.
A mesure que l'Europe se relève de ses
désastres, que la consommation augmente
aux Etats-l' ttis, que les modes occidentales
envahissent davantage l'Orient, l'industrie
fw < ~<ï~ <.
lainière prend une extension plus considéra-
vie. iMeme en 1928, et contrairement à ce
qui se passe dans l'industrie du coton, elle
marque un progrès ; Vactivité à peu près
stationnaire aux Etats-Unis dans le pre-
mier semestre de 1928, augmente vers la
fin; en Allemagne et en Angleterre, elle est
déprimée, mais se montre satisfaisante en
France, en Italie, en Belgique, en Tcl/éco-
Slovaquie.
M. Alberto Pirclli note le parallélisme
entre la production et la consommation. Il
semblerait donc que les prix dussent se
maintenir. Il n'en a rien été en 1928, où
les prix, s'étant relevés au printemps, ont
diminué ensuite. Le Président de la Cham-
bre de Commerce Internationale l'explique
par la spéculation, aui met Jt Profit lec Pré-
, ;¿ "-- r'-,¡.-., r.
visions inexactes et contradictoires, et il
indique dans une note que la Conférence
Internationale de la Laine à Paris, en
créant la Fédération Internationale de la
Laine, portera quelque remède à cet état de
choses.
Quoiqu'il en soit, le développement de
l'outillage industriel est évident; pour les
années 1913, 1924, 1927, 1928, on l'aper-
çoit dans ces chiffres qui concernent l'Eu-
rope : 99,5 (millions de broches) ; 100,2 ;
103,6 > 104,9 > et pour la France : 7,4 ;
9,3 ; 9,5 i 9»7-
Ces derniers chiffres démontrent bien
que la France a une activité qui s'accroit,
comme nous le disions plus haut. D'où
tire-t-elle sa matière première t Elle la fait
venir de l'extérieur, et il lui en faut 320.000
tonnes environ, qui représentent 5 milliards
530 millions de francs. Elle en demande. <1
l'Algérie pour 95 millions, au Maroc pour
80, à la Tunisie pour 7, à l'A.O.F. pour
4, à ses autres colonies pour 1, soit en tout
pour 187 millions de francs qui correspon-
dent à 20.000 tonnes. La différence, soit
300.000 tonnes est importée de l'étranger,
auquel nous payons un tribut de 5 milliards
539 millions 813.000 francs.
Ces nombres se passent de commentaires.
Ils doivent nous inspirer quelque humilité
quand nous parlons de la contribution de
notre domaine colonial à notre ravitaille-
ment en matières premières. Puissent-ils
nous inspirer tous les jours davantage la
résolution d'arriver à puiser plus largement
dans nos provinces lointaines ce qui est in
dispensable à nos industries 1 Mais pour
cela, il faut que nos provinces lointaines
soient outillées pour npus offrir cc dont
nous avons besoin. M. de la Palice tic tien-
drait pas un raisonnement d'un autre gen-
re ; raisonnons comme lui, et agissons com-
me des gens qui, sans penser que tout va
mal, sont persuadés que tout pour tait aller
bien mieux et sont décidés à tout faire pour
qu'il en soit ainsi.
Mario Koualaii,
.Sénateur, Ancien Ministre,
Vice-président de la Commission des
Colonies
–-–
Dépêches de l'Indochine
181
Au Conseil municipal d'Hanoï
Le nouveau conseil municipal de Hanoï
a rlu. le Uésidcnt Supérieur honoraire, M.
Tissai, premier mljoll/t, et M. I^egriquet,
architecte, deuxième ndjoint.
A la mémoire d'Henri Rivière
Dimanche (ternier, la cérémonie anniver-
saire de la morl du commandant Henri Ri-
vière a été célébrée, sous les auspices du
Comité du Souvenir Français, sur les lieux
mêmes où le héros tomba près le pont du
village (te Papier, aux environs de Hanoï
en 1883. La cérémonie se déroula avec un
éclat particulier au milieu d'une grande
affluence de la population européenne, m
présence du Gouverneur général Pasquier,
du général Auherl, commandant supérieur,
et des détachements des troupes de la gar-
nison.
------
MUSTOU*
M. L.-O. Frossard, député S.F.I.O. de la
Martinique, vient d'arriver à Paris, retour des
Antilles, où il Jetait rendu à l'occasion des
élections municipales.
LIRE. EN SECONDE PAGE.
Lois et décrets. -
Pour les pays à mandats ; pour l'A. O. F,
L'aviation coloniale.
Au Congrès de Java, ..,'
Au cœur du Hoggar
Avant-hier, au Foyer International des
Etudiantes, M. P. E. tUubois, le peintre de
la mission saharienne, a fait devant un
jeune public une causerie sur les oasis et les
tribus des Touareg du Hoggar.
Cette race qui s'appelle proprement les
Imohar ou « pillards » vivait naguère de
razzi et à présent désorientée ne vit otus Que
pour les cours nocturnes faites aux belles.
Dans un langage poétique, M. Dubois nous
décrit ces nappes volcaniques récentes tail-
ladées de valiees sèches, où la température
est agréable sauf quinze jours de froid en
hiver (–70).
Les deux grandes figures du Sahara du
Hoggar, le général Laperrine et le Père de
Foucauld, le « Marabout blanc », l'un mort
d'un accident d'avion, l'autre assassiné peu
avant par des Senoussistes tripolitains, dor-
maient naguère epcore côte à côte à Taman-
rasset, les restes du P. de Foucauld ayant
été transportés à El-Goléa.
Des légendes sur les femmes vertueuses et
sur les amoureux en peine défilent avec des
vues et des projections en couleurs des ta-
bleaux de M. Dubois.
La. mission fut favorisée par une année
fortement pluvieuse en cette région où il
pleut rarement, et le Hoggar avait sa pa.
ruro de tleurs mauves que l'explorateur Du-
veyrier avait eu aussi la chance de trouver.
Le peintre a pu faire poser le roi Targui,
l'Aménokhal dont le titre héréditaire passe
au frère ainé, ou, à défaut, au ijls aîné de
la sœur ainée, et la reine sa femme.
Les hommes Touareg se voilent toujouis
la bouche du iitham ou voile noir, qu'ils en-
veloppent quelquefois d'une étofte blanche.
11 y a là un reste d'animisme: afin que l'âme
ne s'échappe point par le:* narines ni la bou-
che. C'est devenu actuellement un rite de la
pudeur : afin de ne pas montrer l'orifice par
où pénètre la nourriture.
Les femmes, contrairement aux maures-
ques, vont le visage découvert. Elles sont
prépondérantes dans le conseil de l'amé-
nokhal, et toujours plus instruites, sachant
la vieille écriture tifinar.
La constitution de la société targui con-
serve des vestiges du Matriarcat : l'enfant
porte le nom de la mère, la noblesse vient
de .la femme.
Et sur la vision d'une de ces cours
d'amour ou « Aâl », qui se passeqt en tour-
nois littéraires musicaux et spirituels parmi
une liberté grande, à l'image des cours
d'amour de nos troubadours médiévaux, M.
P. E. Dubois termine sa causerie vive d'im-
pressions directes spontanément exprimées
et chaleureusement aonlaudies.
Les belles œuvres dont nous avons eu une
première idée par les projections en couleurs
seront exposées dans la première semaine de
juin au musée des Arts décoratifs, Pavillon
de Marsan.
Jtotend Bit.,.
Le Sahara sanatorium
- <
Le puissant et regretté réalisateur J. Dal
Piaz, qùl avait vu le côté-important de l'hô-
tellerie et du tourisme sahariens, avait prêté
grande attention aux propos d'éminents pra-
ticiens concernant l'utilisation médicale du
soleil. Il se tenait au courant des dernières
recherches sur les radiations, les ultra-vio-
lets aux merveilleuses actions hygiéniques et
curatives.
Aussi quel le merveilleux sanatorium Il
voyait-il dans le Sahara, dont il citait cou-
ramment les cas de non-putréfaction des ca-
davres de chameaux morts le long des pis-
tes et conservés à la fois par la siccité de
l'air et les. radiations ultra-violettes du so-
leil des tropiques.
Mfef
La béatification du Père de Foucauld
•»«
La caravane des Pères Blancs, qui était
allée à Tamanrasset chercher le corps du
P. de Foucauld pour le transporter à El-Go-
léa, vient de rentrer à Maison-Carrée, sa
mission heureusement remplie. En vinqt-
deux jours, elle a parcouru d'Alger à la-
manrasset et retour, 4.200 Idlomètres, dont
3.000 en plein Sahara.
Le corps a été exhumé le 18 avril der-
nier. Il a été trouvé momifié, la place do
la blessure mortelle faite par la balle le
1er décembre 1916 visible encore à rentrée
et à la sortie.
Au moment de Vexhumation, le général
Meunier, représentant le Gouverneur géné-
ral, qui avait bien voulu favoriser te trans-
port des membres de la mission, prit ta
paroje ol, en termes émus, donna le sens
de cette cérémonie. Il glorifia le saint er-
mite du Sahara, louant ses vertus chrétien-
nes et françaises, son profond amour pour
l'humilité et l'effacement.
Le corps lui placé dans un triple cer-
cueil. lin parchemin placé dans un tube
de verre garde le procès-verbal de cette
exhumation.
Les Touareg qui avaient été les témoins
de la charité de l'ermite étaient venus très
nombreux. Ils reçurent noblement les mem-
bres (,,! la mission venus pour honorer ce-
lui qui s'était tant dévoué à leur service.
Is, départ de Tamanrasset eut lieu le 21
avril. Une auto emportait les précieux res
tes à travers te désert. Le voyage dura
dnq jours. Enfin, le 25 avril, on arrivait
à El-Goléa, situé à 520 kilomètres au sud
de fjoghouat qui est à l'entrée du désert.
Im tombe du Pèfe reste donc en plein Sa-
hara, mais moins éloignée, de manière que
l'on puisse s'ti rendre plus facilement pour
la visiter et U faire. quand., besoin sera, les
constatations canoniques exigées par le pro-
cès de béatification. Déposé à la Mission
de$Pères Blancs, le. corps du saint ermite
fut transporté le lendemain 26 avril à l'égli-
se paroissiale. Une absoute fut donc donnée
par te préfet atwstolique, entouré des Pères
Planes et en présence des autorités locales i
des Sœurs Blanches, des Orphelinats de la
Mission et de toute la population euro-
péenne. lAt dernière étape de ce long voua-
ge lut le transport du corps dans le caveau
qui lui avait préparé par les soins des Pè.
res Blancs dans le village chrétien de Saint-
Joseph à deux kilomètres du centre d'Et,.
Goléa.
t (Par dépêcoo.)
Mysticisme et Légende au Maroc
Tout, au Maroc, révèle un caractère de
mysticisme. La danse, par exemple, y est ri-
tuelle, ayant toujours une tendance religieuse
très marquée. Elle s'accompagne de chants
sacrés, psalmodiés d'une voix monotone, mais
dont les paroles, infiniment mélancoliques,
frappent l'âme.
« Comme il y a loin des vagissements du
jazz avec cette musique au rythme musical et
prenant ! » dit M. de Goye. Et combien sont-
ils plus remarquables, ces danseurs chleuhs,
hommes et femmes, qui se divertissent dans
l'âpre décor de la montagne. Certaines de leurs
danses nous font souvenir des danses caracté-
ristiaues d Auvergne (un lonc balancement,
sans presque déplacer le corps). Combien nous
comprenons qu'ici la danse est une sorte de
rite, extériorisant des pensées.
Les assistants restent silencieux, émus, très
profondément, puis ce sont, après les danses,
les conteurs qu; viennent d'une voix monocorde
débiter les vieilles légendes.
Ne montre-t-elle pas toute l'âme, toute la
sensibilité d'un peuple profondément croyant,
cette jolie légende si naïve des cinq doigts de
la main :
Le petit doigt dit : « Mon père, je meurs
de faim ! »
L'annulaire propose : « Allons voler ! »
Le médius ajouté : « Et Dieu ! »
L'index demande : « Qui lui dira ? »
Le doigt qui prend (le pouce) déclare :
Il Moi. »
Ils le frappèrent et il se sépara d eux !.
C'est pourquoi, depuis ce temps-là, le pouce
est séparé de ses frères !.
BROUSSES
* BROUTILLES
Qu'on se le dise
Ouvrez le ban :
- Ran, plan, plan, plan, plan.
Fermez le ban.
Bien ! Maintenant, oyez, bonnes gens :
Si vous habitez Alger;
Si vous êtes Français;
Si vous avez beaucoup d'enfants ;
Si vous êtes ouvrier ou employé ;
Si toutefois vous ne dépendez pas d'uti ser-
vice d'Etat;
Ou départemental ;
Ou communal ;
Si vous n'avez jamais subi de condamnation ;
Ni connu la faillite;
Ni forfait à l'honneur d'une façon quelcon-
que;
Si vous avez observé la sainte loi du travail
avec un zèle dont il ne serait pas nuisible
que vos patrons se portassent garants:
Alors, faites savoir au Maire d'Alger,
avant le 30 mai, dernier délai, que vous
êtes candidat au legs Hanet
Dites-vous bien que ce legs est de 100 fr.
Et n'oubliez pas qu'il partit d'une bonne
intention.
Ouvrez le banc :
Ran. plan, plan, plan, plan.
Fermez le banc.
Et qu'on se le dise.
Carthage (Grèce) !
Un grand éditeur parisien, écrivant à Car.
thage, accola, sur son enveloppe, à ce nom
fameux, celui de « Grèce ».
Espérons que ce fut un lapsus cahwii. Si.
non, nous n oserions recommander les Atlas
de cet éditeur.
jÊudton.
Les colonies à la manufacture des Gobelins
CE QU'ON A FAIT ET CE QU'ON FERA
Par Mirane-Marceue Defhns.
Je suis annoncée chez M. Planes, directeur
de la Manuiacture des Gubelins. Depuis
déjà quelques minutes, l'antichambre est
mon domaine. Deux coups de timbre me font
sursauter. L'huissier s'éclipse. Il revient, me
conduit. Trois marches de marbre blanc. Le
cabinet de M. Planes est au-dessus, creusé
à même le jour. De plain pied, j'aperçois
des tapisseries des Gobelms, naturelle-
ment couvrant les murs. Sur l'invite de
l'aimable directeur de la Manufacture, je
foule un riche tapis pour gagner le fauteuil
qui m'est offert.
inionsieur le Directeur, les tru i ,.q
- J'ai vu, Monsieur le Directeur, les trois
tapisseries coloniales qui ont l'honneur d'être
sur vos métiers.
Eh bien, qu en pensez-vous f
C'est magnifique.
- Oui. Les compositions de Jacques Si.
mon sont bien. Quant à ce qu'en feront nos
tapissiers. Est-il utile d'en parler? On le
verra.
Un verra des merveilles ; l'Algérie, la
Tunisie, le Maroc. Riches, coloris justes,
vrais.
C'est notre but.
L'initiative est heureuse et des plus
méritoires. Les colonies, à ce que je sache,
n'ont guère eu, jusqu'ici, l'avantage d'être
choisies comme sujet par les Cobelinsl
(iuère, en effet.
La Société de l'Ouest Africain possède,
je crois, dans le bureau de son président. M.
François Marsal, un ancien (îobelin qui re-
late l'histoire du roi Jean, premier roi qui
entra en Abyssinie. r.lie date, n est-ce pas,
de 1710. N'y a-t-il rien de plus moderne?
- Si. Une très belle tapisserie symbolisant
La Conquête de l'Afrique ou Vexpansion
coloniale a été exécutée, d'après Rochegrosse,
pour l'Exposition internationale de 1900 où
elle figura en fort bonne place.
- Et qu'est-elle devenue?
- Confiée au Sénat, à titre de prêt, elle
dort, bien calmement, dans un bureau bien
clos où seuls, de rares privilégiés peuvent,
de temps à autres, lui jeter un furtif regard
ou ne pas la regarder du tout. Et cela
depuis trente ans.
- Depuis trente ans !
- Oui.
- Et depuis. Qu*avez-vous fait en ma-
tière coloniale ?
Rien. Cela s'explique de soi-même.
Vous comprenez.
Je comprends. Votre première tentative
ne fut pas extrêmement encourageante.
Mais cependant !.
J'ai tenté un nouvel effort. Vous l'avez
vu. Aurons-nous plus de chance avec l'Al-
gérie, la Tunisie, le .1/arot" t
Non seulement, je l'espère, niais je le
crois. D'ailleurs, n'avez-vous pas l'intention
de faire figurer ces tapisseries à l'Exposition
coloniale internationale de Vincennes?
- Pour l'Algérie, la chose est à peu près
certaine.
-. Et pour les deux autres, non ?
- Je ne puis rien affirmer, encore.
- Quel grand dommage ce serait !
- Je le, pense aussi.
- Craindriez-vous de n'être pas prêt à
temps ?
C'est cela.
Pourquoi?
Manque de temps.
-- Quelle est donc la production annuelle
d'un artisan moyen ?
1 m. 40 carré à 1 m. 50.
- Et combien d'ouvriers peuvent-ils tra-
vailler ensemble sur la même tapisserie?
Quatre, à la rigueur.
J'effectue rapidement un bref calnal men-
tal. Quatre ouvriers accomplissent en un an
0 m. carrés sur le métier. La Tunisie et le
Maroc ne mesurent que 3 m. 62 sur 2 m. 38.
Joyeuse, ie m'écrie: -
; Alors, monsieur le Directeur, il n y a
pas impossibilité absolue à ce que le superbe
tryptique de l'Afrique du Notd ne figure
pas dans son intégrité i\ l'Exposition colo-
niale de 1931 ?
A son tour, M. Planes se tait. Et je sens
qu'il hésite à me dire les choses graves et
pratiqoes qu'il est possible que je ne com.
prenne pas et que j'entends tout d'un
coup.
Impossibilité absolue? Non. Il peut y
avoir cependant impossibilité pour la Mîinir-
facture d'immobiliser douze ouvriers pendant
un an et demi sur des tapisseries que nous
avons entreprises de notre propre chef, sans
savoir si elles trouveront acquéreurs. Ni
dans combien de temps !
Je crois cependant (iiie fi ile,
T Afrique ou P expansion coloniale reste sur
le cœur du dévoué directeur de la Manufac-
ture des Gobelins. Je ne puis cependant me
permettre de lui donner tort. Et il n'est pas
de mon rôle de lui donner raison.
l'n silence nous unit.
M. Planes répond :
Personnellement, je serais infiniment
heureux d'apporter une contribution parfaite
au grand effort qui sera accompli à Vincen-
nes en l'honneur de nos colonies. Et c'est
dans ce but que j'ai accepté les maquettes
de J. Simon et pris sur moi de les réaliser
sur nos métiers. Cependant, si de par mes
fonctions, il ne m'est pas interdit d'être un
PANNEAU DÉCORATIF DE M. JACQUES SIMON
Symbole de la production algérienne exécuté par la manufacture des Gobelins
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 81.61%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 81.61%.
- Auteurs similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6280555k/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6280555k/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6280555k/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6280555k
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6280555k