Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-05-06
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 mai 1929 06 mai 1929
Description : 1929/05/06 (A30,N71). 1929/05/06 (A30,N71).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Identifiant : ark:/12148/bpt6k62805471
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
TRENTIEME ANNEE. No 71.
ES NUMERO : 90 CENTIMES
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Dutecrtuits i Maro«l RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
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,
Météorologie coloniale
c Dans bien des cas, on aurait eu à dé-
florer la perte de moins d'existences hu-
maines si des avertissements opportuns
avaient été lancés ct si des mesures appro-
priées avaient été édictées. »
Ainsi s'exprimait le Ministre (les Colo-
nies dans le rapport qu'il a adressé au Pré-
sident de la République en présentant à sa
signature le décret qui crée un service mé-
téorologique colonial (29 avril 1929).
Ce qui ne voulait certes pas dire que rien
n'a été fait au point de vue de la météoro-
logie dans diverses régions de notre empire
colonial. On pourrait même citer des ini-
tiatives privées qui ont installé à leurs ris-
ques et périls des stations météorologiques
en des points quasi désertiques de Mauri-
tanie. Seul, le regretté M. Angot, directeur
du Bureau Central Météorologique de Fran-
ce, secondait ces tentatives de tout son appui
extrêmement bienveillant, car. seul, il avait
compris le rôle futur de la météorologie dans
les diverses branches de l'activité humaine
aux Colonies.
C'est ainsi que nous citerons les stationa
météorologiques de Souet el Ma (remplacé
par Méderdra), Ikmsilemit, Kaédi en Mau-
ritanie, Mobaye en Haut-Oubangui, Zinder
au Niger, etc.
L'étude des courants aériens, si elle avait
été poursuivie méthodiquement depuis la
création des stations sahariennes, aurait cer-
tainement évité la plupart des accidents sur-
venus à nos aviateurs transsahariens. Mais
le défaut de coordination des observations
météorologiques a fait comprendre la néces-
sité d'une organisation nouvelle commune à
l'ensemble de nos Colonies, basée sur les
acquisitions de la science et dans laquelle le
domaine des applications pratiques reste
étroitement lié au domaine spéculatif.
Il a paru nécessaire également d envisager
l'utilisation des procédés les plus rapides,
pour assurer la diffusion de la documenta-
tion météorologique ou l'échange des obser-
vations ; cela, non seulement dans chaque
colonie, mais encore entre les services météo-
rologiques de nos colonies ou avec ceux
d'autres pays. Les dispositions de principe
envisagées répondent d'ailleurs aux progrès
scientifiques et techniques actuellement réa-
lisés. Elles sont également en harmonie avec
un sentiment de solidarité qui est à la baie
du fonctionnement des services météorolo-
giques bien compris, puisque les prévisions
établies sont d'autant meilleures qu'elles sont
fondées sur les observations d'un plus grand
nombre de stations.
Il est clair d'autre part que l'on doit tout
tenter pour atténuer, dans la mesure du pos-
sible, les dangers que courent nos aviateurs,
nos marins, nos pêcheurs et les malheureuses
populations parmi lesquelles le passage des
cyclones ou des typhons fait tant de vic-
times.
Le décret du 29 avril 1929 confirme donc
tout d'ahord une situation de fait et groupe
sous la haute autorité du Ministre des Colo-
nies l'ensemhle de services locaux institués
dans les divers territoires de nos Colonies.
Il élahorera et centralisera toute la docu.
mentation relative à la météorologie consi-
dérée principalement au point de vue colo-
nial et divlIlgtwra dans les meilleures comp-
tions possibles, sur un modèle uniforme, les
observations et les études des stations météo-
rologiques jusqu'à présent, recueillies avec
soin par le Bureau Central Météorologique
de France.
L'organisation actuelle des stations météo-
rologiques et leur classification est mainte-
nue ; un persoilnel spécialisé placé sous l'au-
torité des Gouverneurs sera chargé des ob-
servations, sauf pénurie du personnel à la-
quelle il serait remédié, comme ce fut le
cas jusqu'à nos jours, par des fonctionnai-
res ou agents civils ou militaires en service
dans les centres olt se trouve une station
météorologique. La création d'un personnel
spécialisé constitue un réel pr«»grès, car en
bien des stations les météorologistes impro-
visés commettaient souvent de graves erreurs.
A Zinder, en 1913, un caporal infirmier
ajoutait ou retranchait de ses lectures !a
longueur de ! index du thermomètre, ce qui
donnait des températures extraordinairement
exagérées.
Ajoutons que le service météorologique
colonial aura egatetncnt dans ses attributions
l'éttnle de toutes les questions scientifiques,
techniques et pratiques relevant du domaine
cie la physique du Globe en liaison avec la
météorologie (séismologie, magnétisme terres-
tre et océanographie physiquc en particu-
lier).
En relations constantes avec les services
météorologiques de la Métro|x>le, le servi«*e
météorologique colonial - pourra fournir aux
aviateurs, marins, voyageurs, des indications
précieuses assurant dans les meilleures
conditions la sécurité etc leurs voyages contre
les risques et les dangers soit d'origine at-
mosphérique, soit connexes.
Nous ne pouvons (lotic qu'applaudir à
l'heureuse initiative du Ministre (les Colo-
nies tout en souhaitant qu'il trouve aux
Colonies mêmes tous les concours nécessaires
au bon fonctionnement des services météo-
rologiques qui exigent une attention soutenue
et un dévouement de tous les instants.
Brne.' Il.0..
, Sinateur de la Marne,
Vice-Président de la Commission
des Douanes.
Les importations de l' A.O.F. en 1928
D'après les statistiques provisoires qui vien-
nent d'être publiées par la Direction générale
des Douanes 1 le commerce spécial de la
des Douanes, l'Afrique Occ i denta l e frança i se
France avec l'Afrique Occidentale française
s'est élevé à 1.456.972.000 francs, dont 779
millions 235.000 francs de produits exportés
de l'A.O.F. en France, et 677.737.000 fr.
d'articles de provenance française importés
dans les colonies du groupe.
La valeur des échanges commerciaux effec-
tués entre la Métropole et l'Ouest-Africain
français comprend 53,8 de produits colo-
niaux et 46,2 d'articles métropolitains.
L'Afrique Occidentale française fournit donc
à la France plus de matières qu'elle n'en re-
çoit.
Le tableau ci-dessous fait ressortir, pour les
huit principaux produits originaires de l' A.O.
F., la contribution, en tonnage, de ce groupe
de colonies, par rapport à la consommatiod to-
tale de la France pendant l' année 1928 :
Exportation Part de
de l'A.O.F. l'A.O.F.
sur la France en 1928
Tonnes.
Arachides en coques. 256.634 88,73
Amandes de palme.. 4.100 32,37%
Huile de palme 12.666 79,42
Acajou 25.039 63,79%
Gomme arabique 3.400 32 »
Cacao 9.236 27,13%
Peaux et pelleteries
brutes 2.815 3,31
Coton 3.220 0.01
Exception faite pour les amandes de palme,
le cacao et la gomme, la part de l'Afrique
Occidentale française dans l'approvisionne-,
ment de la; métropole a été, en 1928, supé-
rieure à l'année 1927. En ce qui concerne les
amandes de palme, l'Afrique Occidentale
française, qui était le premier fournisseur de la
Métropole au cours des années précédentes,
a dû, en 1928, en raison de la mauvaise ré-
colte du Dahomey, céder sa place aux posses-
sions anglaises de la Côte Occidentale d'Afri-
que.
Pour le cacao, la différence de pourcentage
qui apparaît dans le tableau ci-dessus est due
à l'augmentation de la consommation de la
France qui. est passée de 28.000 tonnes, en
1927, à 34.000 tonnes en 1928* Il est bon
de rappeler que les exportations de cacao de
la Côte d'Ivoire, sur l'extérieur, en 1928, ont
atteint 14.515 tonnes contre 9.808 tonnes en
1927.
Pour la gomme, la régression est due égale-
ment à l'augmentation de la consommation
de la Métropole.
L'agriculture et l'élevage en A.O.F.
En dehors des stations expérimentales de
M Bambey pour l'arachide, de La Mé et de
Pobé pour le palmier à huile, de la station
agronomique de Ségou pour le coton, où sont
activement poursuivies les études pratiques en
vue de l' amélioration de ces cultures, les ser-
vices locaux d'agriculture de l'Afrique Occi-
dentale française disposent d'un certain nom-
bre d'établissements où sont enseignées les
méthodes de culture mécanique associées à
l'élevage.
Cet enseignement est donné dans vingt-deux
fermes-écoles réparties comme suit sur l'en-
semble du territoire :
Sénégal : Louga, M'Baba (près de Ti-
vaouane) ; Fénétel (près de Diourbol) ; So-
ringo (près de Matam).
Guinée française : Kankan, Bomboli (cercle
de Pita).
Côte d'Ivoire : Ferkessédougou, Bouaké(l).
Dahomey : Djougou.
Soudan français : El Oualadji (1), Nio-
ro (1), Sotuba (1), Barouéli, M'Pésoba (cercle
de Koutiala), Zamblara (cercle de Sikasso),
Kakoulou (cercle de Kayes), Niénébalé.
Haute-Volta : Saria, Poundou (cercle de
Dédougou), Banankélédaga.
Mauritanie : Korkoro.
Niger : Dosso.
La plupart des fermes-écoles sont en même
temps des fermes cotonnières et participent à
ce titre aux études poursuivies par la station
agronomique du coton à Ségou. Celles-ci sont
actuellement au nombre de douze :
Sénégal : Matam.
Guinée française : Kankan.
Côte d'Ivoire : Ferkessédougou.
Soudan français : Barouéli, M'Pésoba,
Zamblara, Kakoulou, Niénébalé, Sotuba.
Haute- Vol ta : Saria, Poundou.
Dahomey : Savalou.
La station agronomique de Ségou disoose.
en outre, de quatre champs d'expériences à
Soninkoura, Banankoro, Diafarabé et Siguiné.
A ces différents établissements, il convient
d'ajouter des stations fessais et écoles de vul-
garisation dont voici 1 énumération :
Sénégal : Station d'essai de Hann ; jardin
fruitier et de petit élevage de Sor ; jard;n fo-
restier et d'élevage de Makhana.
Guinée : Station d'essai de Camayenne.
Côte d'Ivoire: Station d'essai de Binger-
ville ; école de vulgarisation agricole de Sou.
bré (cacao) ; jardin potager de Dimbokro.
Dahomey : Jardin botanique de Porto-Novo,
station d'essai de Niaouli (café).
Haute-Volta : Station d'essai de Banfora.
(1) Ces noms se rapportent à des fermes-
écoles et d'élevage.
Contre l'alcoolisme
aux Colonies
/.es régions vitticoles connaissent
des pochards, et encore sOllt-çe da
fochards d'occasion, mais c'est
un fait avéré elles ignorent V alcoo-
lisme invétéré, capable de détruire une race.
Je ne crois pas qu'il soit inutile de le rap-
peler et d'insister, après mes excellents col-
lègues Mario Roustan et Michel Geistdœfer,
en faveur de l'usage du vin du vin
de France aux colonies.
En Indochine, « c'est l'alcool de riz qui
triomphe s, écrivait ici même, en novembre
dernier, le sénateur de l'Hérault. Et, plus
récemment, le député des Côtes-du-N ord
signalait que, dans nos colonies, « ce sont
trop souvent des vins italiens ou espagnols
qu'on importe P.
Voici maintenant que je reçois d'un obli-
geant correspondant de Madagascar un IIOU-
veau « Gare à l'alcool ».
L on n'ignore pas, hélas, que /'alcoolisme
est, avec le paludisme et la syphilis, l'un des
fléaux provoquant dans la population madé-
casse les plus grands ravages. Mais on ne
dénoncera jamais trop souvent ses méfaits.
Point de vue humanitaire : « l'alcoolique
est une proie toute préparée pour le palu-
disme ». Point de vue financier : la colollit'
« dépense des millions pour combattre les
effets d'un fléau qu'elle pourrait arrêter net
par la seule mesure opérante, en la circOllfj-
tance : l'illtaclicliolt pour les indigènes de
consommer de l'alcool ».
C est là, évidemment, une mesure radi-
cale, mais l'on se demande s'il n'y faud ra
pas recourir, lorsqu'on constate que, par
suite des prix élevés atteints par fous les
produits d'élevage, de culture ou de cueil-
lette, les indigènes de Ici Grande lie peuvent
se livrer à leur passion, malgré l'élévation
des droits de licence et de consommation, la
limitation du IIombrf des débits. etc., etc.
En tout cas, l'interdiction est préconisée
par le président de la Commission locale
chargée de rechercher les meilleures mesures
propres à enrayer le mat. et, par contre, le
développement de ICI consommation dit vin
trpjive en lui un propagandiste convaincu
si mon informateur, comme j'ai lieu de le
croire, est lui-même exactement renseigné.
Il ajoute :
« La défense de vendre de l'alcool aux
indigènes impliquerai/la nécessité compensa-
tion des quelque, dix millions perdus de ce
fait par le t résor. Il y a aussi à ménager
les intérêts des distillateurs ci des débitants.
Cependant, nous persistons à penser qu'au
prijc même d'une diminution des recettes fis-
cales, la prohibition dc ICI vente de l'alcool
est une mesure tellement riche bar elle-même
en résultats de première importance pour Ici
vitalité de la race malgache, qu'aucune 1111.
tre considération ne devrait v faire obstacle,
« Le viII serait très facilement accepté par
les indigènes, à condition qu'il soit naturel et
légèrement alcoolisé. L'atigipientatioit de la
vente de ce produit, pourrait donc atténuer la
diminution des recettes du Trésor, Les
débitants d'alcool y trouveraient aussi une
compensation. Quant aux distillateurs, ils
travailleraient ̃ bour V exhortation. »
G est peut-être là toutes les solution.
trop absolues ont le même défaut - tu-
point tenir suffisamment compte des diffi-
cultés du problèmc,. qui sonl grandes. Mais,
si l'on conf ronte ces diverses considérations :
1 0 l'alcoolisme menace gravement plusieurs
de nos colonies; 2" le vin est l'cnllemi de l'al-
cool; 30 nos régions productrices de vin
vivent, sous la terreur de la mévente, il esl
difficile de ne point incliner à des conclu-
sions aussi énergiques que celles du Fraufais
d'outre-mer qui nous a écrit: Gare à l'alcocll
« EctoiMard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-président de la Commission
des Douanes.
Les élections municipales
France
Les élections municipales, dont on sait l'im-
portance pour la future orientation politique du
Sénat, ont eu lieu hier dans un calme complet.
Nous avons le grand plaisir d'enregistrer,
dans l'Hérault, l'élection de M. Mario Rous-
tan à Durcelas ; en Haute-Savoie, l'élection
de M. Etienne Antonelli qui triomphe avec
sa liste à Annemasse ; dans les Côtes-du-Nord,
l'élection de M. Michel Geistdoerfer à Dinan.
Ajoutons que M. Victor Augagneur, Gou-
verneur général honoraire des Colonies, est en
ballottage à Lyoa où M. Edouard Herriot est
brillamment réélu.
M. Pierre Taittinger est élu en Charente-In-
férieure, ainsi que M. Bouilloux-Lafont dans le
Finistère.
Constantine
La liste déconcentration républicaine de M.
Morinaud, député-maire sortant, est élue en en-
tier à Constantine.
Alger
A Blida, la liste de M. Ricci, député, a 16
élus. Il y a ballottage pour 5 sièges.
A Saint-Eugène, la liste Laquière, député,
maire sortant, est réélue.
A Oran, ia liste Molle, député, maire sor-
tant, est réélue.
Le soltan da Maroc en France
Le Sultan se propose de s' embarquer le 18
juin, pour venir en France, à bord du Nicolas-
Paquet.
Le sultan a choisi Bagnères-de-Bigone pour
un séjour de quelques semaines. Il excursion-
nera dans les Pyrénées,
.et dona ferentes
Nos maîtres français du corps enseignant
d'Indochine sont sur la sellette. Ne leur re-
proche-t-on pas d'avoir, iadis ou naguère,
donné des preuves irrécusables d'un nationa-
lisme étroit, d'une xénophobie à peine dégui-
sée. Pensez donc, ils n'ont manifesté qu'un
enthousiasme des plus modérés à l'invite sé-
duisante qui leur était adressée de la part du
Ministère de l'Instruction publique, de prendre
du service périodiquement et chacun à son
tour, dans les' cadres de la Métropole « pour
leur éviter une cristallisation prématurée (merci
pour eux !) et afin de les astreindre à l'initia-
tion pratique des disciplines récentes ».
Voilà, du moins, ce que nous apprend, dans
les colonnes de VAvenir du Tortkin, M. Gas-
ton Peyrot, et M. Gaston Peyrot doit être très
bit.n informé, en sa qualité d'ancien chef du
service de l'Enseignement à Hanoï.
Quels autonomistes avons-nous là ? L'abbé
Haegy, n'est-il pas vrai, est bien pâle à côté
d'eux.
Pourtant, n' en déplaise à notre distingué
confrère, le manque d'empressement de ses
anciens collaborateurs ne nous étonne en au
cune façon. Ce projet de les éloigner « en
douce » de leurs postes coloniaux, pour les y
remplacer aussitôt par des collègues métropo-
litains bien en cour (d'ailleurs, volontaires et
désireux d'aller étudier sur place, le plus
longtemps possible, les intéressantes répercus-
sions du taux de la piastre sur la faculté
d'achat d'un universitaire moyen), c'est à bon
droit qu'il leur a paru suspect. Hélas ! les
ministres dont l' existence politique est par-
fois aussi éphémère que celle des roses du
vieux Malherbe se suivent et ne se res-
semblent pas ! Leurs remplaçants ont souvent
le mauvais goût d ignorer leurs intentions les
mieux affirmées, et même leurs engagements.
Ne blâmons donc point les maîtres de là-bas
s'ils ont, dans l'offre à eux faite, pensé discer-
ner les caractères d' un piège bien tendu. Tendu
à la bonne foi du ministre, en même temps
qu'aux intérêts les plus respectables d'éduca-
teurs dévoués, dent les situations acquises labo-
rieusement ne sont pas sans éveiller mainte
convoitise, maintenant qu'ils ont essupé les
plâtres de la colonisation, à l'époque récente
encore où les colonisateurs ne jouissaient pas
de toutes les aises instaurées depuis par t ettort
français, et ne connaissaient pas les rémunéra-
tions honorables tardivement arrachées, aux
défenseurs des deniers publics î C'est pourquoi
nous admettons fort bien qu'ils ne soient guère
curieux de se retrouver quelque jour, par un
tour de passe-passe car si les ministres s' en
vont, leurs conseillers restent professeurs
à perpétuité au collàge de quelque Corneville
ou instituteurs à Trifouilly-les-Oies, tandis
que leurs fortunés intérimaires se verraient, en
leurs lieu et place, titularisés sous les pan-
kahs !
Tel a dû être le point de vue très légitime
de la plupart des intéressés. Qu' on nous per-
mette d'en envisager un autre.
Admettons (ce qui n' est pas du tout prouvé.
malgré le ton décisif du pathos administratif
reproduit plus haut) qu'un repiquage transi-
toire dans les parterres de l'Alma Mater puisse
rendre quelques services, intellectuels ou pro-
fessionnels. aux maîtres transplantés. Plus de
« cristallisation » : c'est entendu. En atten-
dant, que deviendront les élèves 7 S'imagine-
t-on de bonne foi que les a remplaçants » ve-
nus de France quelque » colloïdal » que
soit resté leur cerveau, assumeront d'emblée
convenablement une besogne éducative si nou-
velle pour eux ? Qu'ils adapteront tout d'abord
leur enseignement à la mentalité indigène ?
Pour le soutenir une seule minute, il faudrait
délibérément faire fi de l'expérience de ces
dix dernières années. Les maîtres dont nous
prenons la défense ne nous démentiront pas,
quand nous affirmerons qu'eux-mêmes étaient
loin, quand ils arrivèrent de France, d'être ce
qu'ils sont aujourd'hui. Il leur a fallu se mettre
à la page.
En résumé, dans cette histoire, nos bons
ronds-de-cuir n' avaient guère oublié que les
principaux, les vrais intéressés: les élèves! Car,
"Après tout, les maîtres sont faits pour les élèves
et non les élèves pour justifier l'existence de
maîtres appointés : du moins nous aimons à le
croire.
C'est pourquoi, non seulement chaque pro-
fesseur indochinois, mais encore et surtout cha-
que père de famille, en présence de projets
aussi candidement tendancieux que celui dont
nous venons de parler, a le droit de s'écrier.
comme nous : « Timeo Donaos. »
jlcrftinel.
AU MUSÉUM
l
Notre jardin zoologique vient de recevoir
deux couples de bovidés malgaches qui ap-
partiennent au type zébu. Ces animaux por-
tent sur le garrot une bosse, constituant une
réserve de graisse pour la période de séche-
resse. Pendant la saison des pluies ils trou-
vent sur les plateaux une herbe abondante,
tandis que, durant la saison sèche, ils cher-
chent leur nourriture le long des cours d'eau
et dans les marais.
Le zébu, dont la chair est, en général, de
bonne qualité, est apte à de nombreux usa-
ges et rend de grands services pour les tra-
vaux agricoles et les transports ; il peut
même être employé comme monture. En de-
hors de la viande, te cuir et les cornes don-
nent lieu à un commerce d'exportation inté-
ressant. Madagascar exporte à la Réunion et
à l'île Maurice des bœufs vivants, qui. sou-
vent, ne sont livrés à la boucherie qu'après
avoir été utilisés dans les exploitations agri-
coles.
LIRE EN SECONDE PAGE :
lA conférence alqéro-marocaino.
Iaïs Salons de peinture, par Tamaris
(2 clichés).
L'aviation coloniale.
Les grandes
chasses en Afrique
0 * 0
Nos Nemrods actuels et futurs liront avec
intérêt et profit les quelques indications sui-
vantes que nous extrayons du Courrier
d'Ethiopie où le roi des animaux, bien qu'as-
sez rare, se rencontre parfois. Mais son ap-
proche est considérée comme la chose la
plus délicate et si de nombreux chasseurs
ont pu contempler les empreints de ses pat-
tes sur le sable des torrents ou rivières, bien
peu ont eu l'occasion de l'apercevoir et de
le tirer.
Il est moins rare d'en entendre le rugis-
sement et les voyageurs qui ont approché le
désert et les grandes forêts ont'subi l'émo-
tion que donne la voix du lion s'étendant
parfois à plus de cinquante kilomètres de
distance, mettant dans l'inquiétude les au-
tres animaux et faisant taire les oiseaux.
Ajoutons que le rugissement du lion dans
les ménageries est anodin à côté de cette
voix terrible en pleine brousse comme je l'ai
entendue sur les bords du Tankisso (A.O.F.),
en 1896.
Si on ne l'attaque pas, le lion s'enfuit,
non sans avoir assez longuement considéré
les passants.
Par contre, lorsijue le lion est attallué, il a
pour habitude de s'élancer sur celui qui l'a
touché le premier, soit avec le fusil, soit avec
la lance. Aussi considère-t-oll comme l'ayant
tué le chasseur qui l'a tiré le premier, quoi-
que plusieurs autres l'aient ensuite abattu,
parce que le premier a eu le courage de s'ex-
poser à sa fureur. Après avoir déchiré le pre-
mier assaillant, il passe au second et ainsi
de suite, avec une espèce d'instinct de mé-
moire très remarquable. Si un des chasseurs,
par ses gestes, sa contenance, son visage,
laisse apercevoir la moindre frayeur, sa
mort est sûre car le lion le reconnaît et
s'élance aussitôt sur lui.
Il est surtout terrible quand, étant tombé,
il semble presque mot t. Généralement son
agonie coûte la vie à un homme car quoi-
que sans mouvement apparent depuis assez
longtemps, si l'on ne prend pas de grandes
précautions pour l'approcher, il recueille
tout ce qui lui reste de force pour achever
ceux qui sont tombés près de lui, ou celui
qui vient de lui porter un dernier coup.
La chasse, à 1 éléphant exige, de la part
du chasseur, une très grande habileté : il
faut avoir grand soin de ne pas le manquer.
Cette du buffle est très dangereuse, ainsi
que le malheureux Latham l'a constate à
ses dépens dans le llaut-Oubangui,
Cet animal se considère comme le maitrc
des jungles où il tj'aime pas à être dérangé;
d'une force peu commune, il tient tête à
l'éléphant. On le trouve généralement en
nombreux troupeaux, mais les vieux tau-
reaux qui deviennent presque gris et perdent
généralement leur poil, vivent en solitaires.
Ils sont alors extrêmement farouches et at-
taquent les hommes aussi bien que les ani-
maux qui viennent les troubler. Après avoir
renversé son adversaire, le buffle le piétine,
se met à genoux sur le corps, l'écrase de sa
masse énorme, le frappe de ses cornes massi-
ves et ne l'abandonne qu'après s'être assuré
qu'il a brisé tous les os.
Il a l'odorat très développé et si le vent
vient à son aide, il flaire le chasseur à lon-
gue distance et la plupart du temps charge
avant d'être lui-même attaqué,
Il faut se méfier lorsque l'animal blessé
•'est enfui. Il revient subrepticement par
derrière et charge son assaillant. Le plus
prudent est de ne pas aller isolément à la
chasse du huftie. Pour en tuer deux dans
l'Oubangui en kjio je m'étais fait accompa-
gner de tirailleurs qui, en cas de raté, au-
raient abattu l'animal avant qu'il me charge
de nouveau.
Eugène Bevauor.
Les tabacs manufacturés tunisiens
Si la consommai ion des paquets de labues
reste constante, par contre la vente des au-
tres produits : cigares, nctTas et surtout
cigarettes, est en forte augmentation.
La vente des cigarettes en 1028 a doublé
celle de 1924. Le fumeur rcnonco de plus
en plus a. faire lui-même ses cigarettes et
préfère les acheter toutes faites.
La Manufacture des Tabacs a pu faire
faoe à toutes ces augmentations de vente
sans augmenter son personnel grAee à l'ac-
croissement et à la modernisation de son
outillage. Depuis deux ans elle possède le
torréfacteur le plus puissant de tous ceux
qui sont utilisés dans les établissements
similaires de l'Afrique du Nord. Cet nppa-
l'dl marche à la vapeur et sèche 1.100 kilos
de tabac à l'heure. De plus, sept machines
automatiques à paqueter, dont le rende-
ment respectif varie entre 13.000 et 17.UIH)
paquets par jour, sont actuellement en
service. Leur nombre sera porté à dix
dans quelques mois alin de pouvoir répon-
dre aux besoins de la consommation.
Actuellement, de nouvelles installations
sont en cours ou en projet, car il est, à pré-
voir que la vente des cigarettes continuera
de croître. La COli sommation par tète d'ha-
bitant est, en effet., en Tunisie, notablement
inférieure encore à celle de France.
La vente des neffas d'année en année
plus grande donne un indice intéressant
de la «capacité croissante d'achat de la im-
putation indigène, La neffa tunisienne est
appréciée en France raI' les travailleurs
nord-africains qui s'y trouvent. En HL'-S
plus de 100.000 boites ont été expédiées
sur la Métropole.
Rotantt filissa-mial«.
Un hommage au R. P. de Foucauld
,+«
A propos de l'inhumation, à El-Goléa, du
corps du Père de Foucauld, une preuve nou-
velle de l'intérêt porté par le monde entier à la
cause de béatification du saint Ermite du Sahara
vient d'être donnée par le fait que, ces jours der-
niers, a paru une traduction japonaise de la vie
du P. de Foucauld écrite par M. René Bazin.
La lèpre à - Gibraltar
-6
La lèpre à Gibraltar
Deux cas de lèpre ont été enregistrés ;'¡
l'htlpitnl civil de Gibraltar et ont été isolés.
La lèpre est très rare à Gibraltar.
Pastiches et Plagiats
ivoils sommes heureux d'offrir il nos lec-
teurs toute une série d'articles qui pour-
raient être dus à la plume de nos écrivains
contemporains les meilleurs ou réputés tels,
si Von juge la profondeur ou le creux de leur
pensée à Vélévation de leur tirage en li-
brairie.
\'e reculant devant aucun sacrificet nous
avons demandé à des auteurs en renom de
reproduire la manière de ces modèles. Nous
esperons que nos lecteurs a pprécieront comme
nous la qualité du pastiche.
LA DiRKcnoN.
M JOSEPH DKi.TEMl,
1. écrivain JNicat et subtil qui signe
Dilteil s est. égaré dans la brousse équato-
riale. Voici les im pressions du poète qui est
l auteur de Sur le ileuve Amour, de Jeanne
d'Arc, de Lafayette, dans leur naïve ingé-
nuité.
DANS LA FORET VIERGE
EQUATORIALL
Je suis en Afrique érjuatoriale, à la ra-
bane bambou bambou. Mais non, je sais plus
loin que la cabane, je m'en tous plein les
mirettes.
JI fait chaud, trop chaud, je sue et rogne,
cogne, vergogne, trogne. IJ<.'sugnc, Cigoplcs,
Cigognes éternel été (il n'y a pas plus de
cigognes au Congo qu'il n'y avait de gril-
lons au temps de Mai ion (.1/aric-Antoinett':)
au Trianon. mais cela fait riche).
Mulicr nigra. Cœur indolent, corps sans
résistance, fesses en caoutchouc détendu, té-
tons en pneu cou tort dégontlé, tout mou.
Forêt équaU-riale, aibres géants, titans
humiliants le mâle, grandissant la terre, ra-
petissant l'humanité.
Noble et naïve impudeur ! l'as d«. fausse
huntc sous le soleil allumant les sexes au
berceau, soleil de plomb, chaleur des mâles,
nuits niouates sous la lune qui rit, sexes en
folie.
Puis voici la faune. Le mâle en tête, la
famille au milieu, la mère en serre-lile, ou
en serre-fille, ou en serre-queue, les élé-
phants eu trombe et en trompe qui «levaient
dans la forêt tropicale et la dévastent, s'en
vont par bandes. BJndc, débande, rebande,
plate-bande, sarabande, contrebande. Voi-
re. vas-y voir.
Ah ! 111.1 seule joie d'écrire des salope-
ries, de traiter les hommes illustres de 111..-
d..x, les vieilles femmes de 111.4..r. 11. s, les
jeunes de p.ss..ses, les vierges de p.t..us.
Mais pas besoin de venir en Afrique jx>ur
que la chaleur nie tape sur la cokxpiinte et
pour que je m'étende en «les trivialités cjui
n'épatent que les rombières collet-monté du
Prix Fémina
Delteil, tu es un roi et ton trône est une
chaise percée.
Delteil, Joseph, José Ph. Joseph, mon
tout, mon moi, un puurra dire que tu es
Joseph, mais jamais un ne t'accusera d'être
châtré dans ta forme.
Je suis le [X'ète lyrique, superlyrique, hi-
pcrsuperlyrique de la crotte et dé la pisse,
je jouis d'écrire le mot propre, surtout lors-
qu'il est sale, j'appelle un chat un chat et
un derrière un c.l.
La bourgeoisie ratatinée et l'aristocratie
déjetée en restent connue «'eux ronds de
Han.
/oxepli tÈciteit.
Pour co pie conforme Pot. Mai rran.
oeow
Nos colonies
à la Manufacture des Gobelins
Par MiRANE-MAiir.Ei.LE DEI-TINS,
-0 -
L' :llghh" la TWÚsit:, le Maroc
sur les métiers
Un soleil encore timide baigne de lumières
adoucies la vieille Manufacture des Gobe-
lins. Fenêtres et portes hautes. Silence et
clarté. Atmosphère mélancolique. Un peu
hôpital. L'huissier me conduit lentement à
travers les salles trop grandes et les galeries
désertes de la célèbre maison qui, jadis, mit
aux seuls services desjJieux et des rois le gé-
nie de ses procédés. Aujourd'hui, heureuse-
ment, notre Afrique du Nord est appelée à
l'honneur des ressources d'un art somptuaire
que nul n'égale au monde. Et ce n'est pas
sans émotion que je me dirige vers ces tapis-
series qui doivent gloritier le magnifique
efrort et la richesse de notre France d'outre-
mer.
Cependant, malgré ma hâte de connaître
les trois chefs-d'œuvre allégoriques naissants
sur les métiers d'après les tableaux du pein-
tre Jacques Simon, mon guide me conduit
dans le ( magasin )),
Une femme, à pas ieutrés, vient m'ouvrit-
quelques placards parmi cent autres enca.
drant la vaste pièce. Les ateliers de la manu-
facture n'utilisent en effet, pas moins de qua-
torze mille tons de laine et de soie pour leurs
travaux. Une avalanche de couleurs : soleil,
fleurs, eaux, ciel, m'éblouit.
Une autre galerie, celle-ci bordée de mé-
tiers.
L'huissier se retire, M. Beaubeuf, l'habile
<'t courtois chef d'atelier, vient à moi.
Je souhaiterais voir les tapisseries qui
symboliseront l'Algérie, la Tunisie et le Ma-
roc ?
- rites sont là.
J'ai devant moi trois hautes grilles de
laine* blanche. Chacune est flanquée de sa
maquette, à peine plus grande qu'un écriteau
« à louer » aux portes des villas.
Une tloraison, d'une extraordinaire ri-
chesse de tons, comment e seulement à croître
au bas (qui sera le coté de la tapisserie car
ndlc-li s'exécute cou< liée) de l'allégorie du
la Tunisie et de celle du Maroc, Lauriers-
toses, dattes doiées à point, raisins et tigues
bleuis sous les ciels violemment bleus nais-
sent lentement sous les doigts des tapissiers
invisibles installés de l'autre côté de la grille
de laine, f.e travail n'est guère évidemment
avancé. Déjà, cependant, on peut se convain-
cre de l'éclatante beauté de ces tapisseries,
ES NUMERO : 90 CENTIMES
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Réduction & Administration :
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Les Annales Coloniales
Lu mmmes et réemaws MW nfiMi m
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Dutecrtuits i Maro«l RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
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ÉtrMfW. ..1 t4C» 12B » lop
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loua |a« bureaux 4e poêla.
,
Météorologie coloniale
c Dans bien des cas, on aurait eu à dé-
florer la perte de moins d'existences hu-
maines si des avertissements opportuns
avaient été lancés ct si des mesures appro-
priées avaient été édictées. »
Ainsi s'exprimait le Ministre (les Colo-
nies dans le rapport qu'il a adressé au Pré-
sident de la République en présentant à sa
signature le décret qui crée un service mé-
téorologique colonial (29 avril 1929).
Ce qui ne voulait certes pas dire que rien
n'a été fait au point de vue de la météoro-
logie dans diverses régions de notre empire
colonial. On pourrait même citer des ini-
tiatives privées qui ont installé à leurs ris-
ques et périls des stations météorologiques
en des points quasi désertiques de Mauri-
tanie. Seul, le regretté M. Angot, directeur
du Bureau Central Météorologique de Fran-
ce, secondait ces tentatives de tout son appui
extrêmement bienveillant, car. seul, il avait
compris le rôle futur de la météorologie dans
les diverses branches de l'activité humaine
aux Colonies.
C'est ainsi que nous citerons les stationa
météorologiques de Souet el Ma (remplacé
par Méderdra), Ikmsilemit, Kaédi en Mau-
ritanie, Mobaye en Haut-Oubangui, Zinder
au Niger, etc.
L'étude des courants aériens, si elle avait
été poursuivie méthodiquement depuis la
création des stations sahariennes, aurait cer-
tainement évité la plupart des accidents sur-
venus à nos aviateurs transsahariens. Mais
le défaut de coordination des observations
météorologiques a fait comprendre la néces-
sité d'une organisation nouvelle commune à
l'ensemble de nos Colonies, basée sur les
acquisitions de la science et dans laquelle le
domaine des applications pratiques reste
étroitement lié au domaine spéculatif.
Il a paru nécessaire également d envisager
l'utilisation des procédés les plus rapides,
pour assurer la diffusion de la documenta-
tion météorologique ou l'échange des obser-
vations ; cela, non seulement dans chaque
colonie, mais encore entre les services météo-
rologiques de nos colonies ou avec ceux
d'autres pays. Les dispositions de principe
envisagées répondent d'ailleurs aux progrès
scientifiques et techniques actuellement réa-
lisés. Elles sont également en harmonie avec
un sentiment de solidarité qui est à la baie
du fonctionnement des services météorolo-
giques bien compris, puisque les prévisions
établies sont d'autant meilleures qu'elles sont
fondées sur les observations d'un plus grand
nombre de stations.
Il est clair d'autre part que l'on doit tout
tenter pour atténuer, dans la mesure du pos-
sible, les dangers que courent nos aviateurs,
nos marins, nos pêcheurs et les malheureuses
populations parmi lesquelles le passage des
cyclones ou des typhons fait tant de vic-
times.
Le décret du 29 avril 1929 confirme donc
tout d'ahord une situation de fait et groupe
sous la haute autorité du Ministre des Colo-
nies l'ensemhle de services locaux institués
dans les divers territoires de nos Colonies.
Il élahorera et centralisera toute la docu.
mentation relative à la météorologie consi-
dérée principalement au point de vue colo-
nial et divlIlgtwra dans les meilleures comp-
tions possibles, sur un modèle uniforme, les
observations et les études des stations météo-
rologiques jusqu'à présent, recueillies avec
soin par le Bureau Central Météorologique
de France.
L'organisation actuelle des stations météo-
rologiques et leur classification est mainte-
nue ; un persoilnel spécialisé placé sous l'au-
torité des Gouverneurs sera chargé des ob-
servations, sauf pénurie du personnel à la-
quelle il serait remédié, comme ce fut le
cas jusqu'à nos jours, par des fonctionnai-
res ou agents civils ou militaires en service
dans les centres olt se trouve une station
météorologique. La création d'un personnel
spécialisé constitue un réel pr«»grès, car en
bien des stations les météorologistes impro-
visés commettaient souvent de graves erreurs.
A Zinder, en 1913, un caporal infirmier
ajoutait ou retranchait de ses lectures !a
longueur de ! index du thermomètre, ce qui
donnait des températures extraordinairement
exagérées.
Ajoutons que le service météorologique
colonial aura egatetncnt dans ses attributions
l'éttnle de toutes les questions scientifiques,
techniques et pratiques relevant du domaine
cie la physique du Globe en liaison avec la
météorologie (séismologie, magnétisme terres-
tre et océanographie physiquc en particu-
lier).
En relations constantes avec les services
météorologiques de la Métro|x>le, le servi«*e
météorologique colonial - pourra fournir aux
aviateurs, marins, voyageurs, des indications
précieuses assurant dans les meilleures
conditions la sécurité etc leurs voyages contre
les risques et les dangers soit d'origine at-
mosphérique, soit connexes.
Nous ne pouvons (lotic qu'applaudir à
l'heureuse initiative du Ministre (les Colo-
nies tout en souhaitant qu'il trouve aux
Colonies mêmes tous les concours nécessaires
au bon fonctionnement des services météo-
rologiques qui exigent une attention soutenue
et un dévouement de tous les instants.
Brne.' Il.0..
, Sinateur de la Marne,
Vice-Président de la Commission
des Douanes.
Les importations de l' A.O.F. en 1928
D'après les statistiques provisoires qui vien-
nent d'être publiées par la Direction générale
des Douanes 1 le commerce spécial de la
des Douanes, l'Afrique Occ i denta l e frança i se
France avec l'Afrique Occidentale française
s'est élevé à 1.456.972.000 francs, dont 779
millions 235.000 francs de produits exportés
de l'A.O.F. en France, et 677.737.000 fr.
d'articles de provenance française importés
dans les colonies du groupe.
La valeur des échanges commerciaux effec-
tués entre la Métropole et l'Ouest-Africain
français comprend 53,8 de produits colo-
niaux et 46,2 d'articles métropolitains.
L'Afrique Occidentale française fournit donc
à la France plus de matières qu'elle n'en re-
çoit.
Le tableau ci-dessous fait ressortir, pour les
huit principaux produits originaires de l' A.O.
F., la contribution, en tonnage, de ce groupe
de colonies, par rapport à la consommatiod to-
tale de la France pendant l' année 1928 :
Exportation Part de
de l'A.O.F. l'A.O.F.
sur la France en 1928
Tonnes.
Arachides en coques. 256.634 88,73
Amandes de palme.. 4.100 32,37%
Huile de palme 12.666 79,42
Acajou 25.039 63,79%
Gomme arabique 3.400 32 »
Cacao 9.236 27,13%
Peaux et pelleteries
brutes 2.815 3,31
Coton 3.220 0.01
Exception faite pour les amandes de palme,
le cacao et la gomme, la part de l'Afrique
Occidentale française dans l'approvisionne-,
ment de la; métropole a été, en 1928, supé-
rieure à l'année 1927. En ce qui concerne les
amandes de palme, l'Afrique Occidentale
française, qui était le premier fournisseur de la
Métropole au cours des années précédentes,
a dû, en 1928, en raison de la mauvaise ré-
colte du Dahomey, céder sa place aux posses-
sions anglaises de la Côte Occidentale d'Afri-
que.
Pour le cacao, la différence de pourcentage
qui apparaît dans le tableau ci-dessus est due
à l'augmentation de la consommation de la
France qui. est passée de 28.000 tonnes, en
1927, à 34.000 tonnes en 1928* Il est bon
de rappeler que les exportations de cacao de
la Côte d'Ivoire, sur l'extérieur, en 1928, ont
atteint 14.515 tonnes contre 9.808 tonnes en
1927.
Pour la gomme, la régression est due égale-
ment à l'augmentation de la consommation
de la Métropole.
L'agriculture et l'élevage en A.O.F.
En dehors des stations expérimentales de
M Bambey pour l'arachide, de La Mé et de
Pobé pour le palmier à huile, de la station
agronomique de Ségou pour le coton, où sont
activement poursuivies les études pratiques en
vue de l' amélioration de ces cultures, les ser-
vices locaux d'agriculture de l'Afrique Occi-
dentale française disposent d'un certain nom-
bre d'établissements où sont enseignées les
méthodes de culture mécanique associées à
l'élevage.
Cet enseignement est donné dans vingt-deux
fermes-écoles réparties comme suit sur l'en-
semble du territoire :
Sénégal : Louga, M'Baba (près de Ti-
vaouane) ; Fénétel (près de Diourbol) ; So-
ringo (près de Matam).
Guinée française : Kankan, Bomboli (cercle
de Pita).
Côte d'Ivoire : Ferkessédougou, Bouaké(l).
Dahomey : Djougou.
Soudan français : El Oualadji (1), Nio-
ro (1), Sotuba (1), Barouéli, M'Pésoba (cercle
de Koutiala), Zamblara (cercle de Sikasso),
Kakoulou (cercle de Kayes), Niénébalé.
Haute-Volta : Saria, Poundou (cercle de
Dédougou), Banankélédaga.
Mauritanie : Korkoro.
Niger : Dosso.
La plupart des fermes-écoles sont en même
temps des fermes cotonnières et participent à
ce titre aux études poursuivies par la station
agronomique du coton à Ségou. Celles-ci sont
actuellement au nombre de douze :
Sénégal : Matam.
Guinée française : Kankan.
Côte d'Ivoire : Ferkessédougou.
Soudan français : Barouéli, M'Pésoba,
Zamblara, Kakoulou, Niénébalé, Sotuba.
Haute- Vol ta : Saria, Poundou.
Dahomey : Savalou.
La station agronomique de Ségou disoose.
en outre, de quatre champs d'expériences à
Soninkoura, Banankoro, Diafarabé et Siguiné.
A ces différents établissements, il convient
d'ajouter des stations fessais et écoles de vul-
garisation dont voici 1 énumération :
Sénégal : Station d'essai de Hann ; jardin
fruitier et de petit élevage de Sor ; jard;n fo-
restier et d'élevage de Makhana.
Guinée : Station d'essai de Camayenne.
Côte d'Ivoire: Station d'essai de Binger-
ville ; école de vulgarisation agricole de Sou.
bré (cacao) ; jardin potager de Dimbokro.
Dahomey : Jardin botanique de Porto-Novo,
station d'essai de Niaouli (café).
Haute-Volta : Station d'essai de Banfora.
(1) Ces noms se rapportent à des fermes-
écoles et d'élevage.
Contre l'alcoolisme
aux Colonies
/.es régions vitticoles connaissent
des pochards, et encore sOllt-çe da
fochards d'occasion, mais c'est
un fait avéré elles ignorent V alcoo-
lisme invétéré, capable de détruire une race.
Je ne crois pas qu'il soit inutile de le rap-
peler et d'insister, après mes excellents col-
lègues Mario Roustan et Michel Geistdœfer,
en faveur de l'usage du vin du vin
de France aux colonies.
En Indochine, « c'est l'alcool de riz qui
triomphe s, écrivait ici même, en novembre
dernier, le sénateur de l'Hérault. Et, plus
récemment, le député des Côtes-du-N ord
signalait que, dans nos colonies, « ce sont
trop souvent des vins italiens ou espagnols
qu'on importe P.
Voici maintenant que je reçois d'un obli-
geant correspondant de Madagascar un IIOU-
veau « Gare à l'alcool ».
L on n'ignore pas, hélas, que /'alcoolisme
est, avec le paludisme et la syphilis, l'un des
fléaux provoquant dans la population madé-
casse les plus grands ravages. Mais on ne
dénoncera jamais trop souvent ses méfaits.
Point de vue humanitaire : « l'alcoolique
est une proie toute préparée pour le palu-
disme ». Point de vue financier : la colollit'
« dépense des millions pour combattre les
effets d'un fléau qu'elle pourrait arrêter net
par la seule mesure opérante, en la circOllfj-
tance : l'illtaclicliolt pour les indigènes de
consommer de l'alcool ».
C est là, évidemment, une mesure radi-
cale, mais l'on se demande s'il n'y faud ra
pas recourir, lorsqu'on constate que, par
suite des prix élevés atteints par fous les
produits d'élevage, de culture ou de cueil-
lette, les indigènes de Ici Grande lie peuvent
se livrer à leur passion, malgré l'élévation
des droits de licence et de consommation, la
limitation du IIombrf des débits. etc., etc.
En tout cas, l'interdiction est préconisée
par le président de la Commission locale
chargée de rechercher les meilleures mesures
propres à enrayer le mat. et, par contre, le
développement de ICI consommation dit vin
trpjive en lui un propagandiste convaincu
si mon informateur, comme j'ai lieu de le
croire, est lui-même exactement renseigné.
Il ajoute :
« La défense de vendre de l'alcool aux
indigènes impliquerai/la nécessité compensa-
tion des quelque, dix millions perdus de ce
fait par le t résor. Il y a aussi à ménager
les intérêts des distillateurs ci des débitants.
Cependant, nous persistons à penser qu'au
prijc même d'une diminution des recettes fis-
cales, la prohibition dc ICI vente de l'alcool
est une mesure tellement riche bar elle-même
en résultats de première importance pour Ici
vitalité de la race malgache, qu'aucune 1111.
tre considération ne devrait v faire obstacle,
« Le viII serait très facilement accepté par
les indigènes, à condition qu'il soit naturel et
légèrement alcoolisé. L'atigipientatioit de la
vente de ce produit, pourrait donc atténuer la
diminution des recettes du Trésor, Les
débitants d'alcool y trouveraient aussi une
compensation. Quant aux distillateurs, ils
travailleraient ̃ bour V exhortation. »
G est peut-être là toutes les solution.
trop absolues ont le même défaut - tu-
point tenir suffisamment compte des diffi-
cultés du problèmc,. qui sonl grandes. Mais,
si l'on conf ronte ces diverses considérations :
1 0 l'alcoolisme menace gravement plusieurs
de nos colonies; 2" le vin est l'cnllemi de l'al-
cool; 30 nos régions productrices de vin
vivent, sous la terreur de la mévente, il esl
difficile de ne point incliner à des conclu-
sions aussi énergiques que celles du Fraufais
d'outre-mer qui nous a écrit: Gare à l'alcocll
« EctoiMard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-président de la Commission
des Douanes.
Les élections municipales
France
Les élections municipales, dont on sait l'im-
portance pour la future orientation politique du
Sénat, ont eu lieu hier dans un calme complet.
Nous avons le grand plaisir d'enregistrer,
dans l'Hérault, l'élection de M. Mario Rous-
tan à Durcelas ; en Haute-Savoie, l'élection
de M. Etienne Antonelli qui triomphe avec
sa liste à Annemasse ; dans les Côtes-du-Nord,
l'élection de M. Michel Geistdoerfer à Dinan.
Ajoutons que M. Victor Augagneur, Gou-
verneur général honoraire des Colonies, est en
ballottage à Lyoa où M. Edouard Herriot est
brillamment réélu.
M. Pierre Taittinger est élu en Charente-In-
férieure, ainsi que M. Bouilloux-Lafont dans le
Finistère.
Constantine
La liste déconcentration républicaine de M.
Morinaud, député-maire sortant, est élue en en-
tier à Constantine.
Alger
A Blida, la liste de M. Ricci, député, a 16
élus. Il y a ballottage pour 5 sièges.
A Saint-Eugène, la liste Laquière, député,
maire sortant, est réélue.
A Oran, ia liste Molle, député, maire sor-
tant, est réélue.
Le soltan da Maroc en France
Le Sultan se propose de s' embarquer le 18
juin, pour venir en France, à bord du Nicolas-
Paquet.
Le sultan a choisi Bagnères-de-Bigone pour
un séjour de quelques semaines. Il excursion-
nera dans les Pyrénées,
.et dona ferentes
Nos maîtres français du corps enseignant
d'Indochine sont sur la sellette. Ne leur re-
proche-t-on pas d'avoir, iadis ou naguère,
donné des preuves irrécusables d'un nationa-
lisme étroit, d'une xénophobie à peine dégui-
sée. Pensez donc, ils n'ont manifesté qu'un
enthousiasme des plus modérés à l'invite sé-
duisante qui leur était adressée de la part du
Ministère de l'Instruction publique, de prendre
du service périodiquement et chacun à son
tour, dans les' cadres de la Métropole « pour
leur éviter une cristallisation prématurée (merci
pour eux !) et afin de les astreindre à l'initia-
tion pratique des disciplines récentes ».
Voilà, du moins, ce que nous apprend, dans
les colonnes de VAvenir du Tortkin, M. Gas-
ton Peyrot, et M. Gaston Peyrot doit être très
bit.n informé, en sa qualité d'ancien chef du
service de l'Enseignement à Hanoï.
Quels autonomistes avons-nous là ? L'abbé
Haegy, n'est-il pas vrai, est bien pâle à côté
d'eux.
Pourtant, n' en déplaise à notre distingué
confrère, le manque d'empressement de ses
anciens collaborateurs ne nous étonne en au
cune façon. Ce projet de les éloigner « en
douce » de leurs postes coloniaux, pour les y
remplacer aussitôt par des collègues métropo-
litains bien en cour (d'ailleurs, volontaires et
désireux d'aller étudier sur place, le plus
longtemps possible, les intéressantes répercus-
sions du taux de la piastre sur la faculté
d'achat d'un universitaire moyen), c'est à bon
droit qu'il leur a paru suspect. Hélas ! les
ministres dont l' existence politique est par-
fois aussi éphémère que celle des roses du
vieux Malherbe se suivent et ne se res-
semblent pas ! Leurs remplaçants ont souvent
le mauvais goût d ignorer leurs intentions les
mieux affirmées, et même leurs engagements.
Ne blâmons donc point les maîtres de là-bas
s'ils ont, dans l'offre à eux faite, pensé discer-
ner les caractères d' un piège bien tendu. Tendu
à la bonne foi du ministre, en même temps
qu'aux intérêts les plus respectables d'éduca-
teurs dévoués, dent les situations acquises labo-
rieusement ne sont pas sans éveiller mainte
convoitise, maintenant qu'ils ont essupé les
plâtres de la colonisation, à l'époque récente
encore où les colonisateurs ne jouissaient pas
de toutes les aises instaurées depuis par t ettort
français, et ne connaissaient pas les rémunéra-
tions honorables tardivement arrachées, aux
défenseurs des deniers publics î C'est pourquoi
nous admettons fort bien qu'ils ne soient guère
curieux de se retrouver quelque jour, par un
tour de passe-passe car si les ministres s' en
vont, leurs conseillers restent professeurs
à perpétuité au collàge de quelque Corneville
ou instituteurs à Trifouilly-les-Oies, tandis
que leurs fortunés intérimaires se verraient, en
leurs lieu et place, titularisés sous les pan-
kahs !
Tel a dû être le point de vue très légitime
de la plupart des intéressés. Qu' on nous per-
mette d'en envisager un autre.
Admettons (ce qui n' est pas du tout prouvé.
malgré le ton décisif du pathos administratif
reproduit plus haut) qu'un repiquage transi-
toire dans les parterres de l'Alma Mater puisse
rendre quelques services, intellectuels ou pro-
fessionnels. aux maîtres transplantés. Plus de
« cristallisation » : c'est entendu. En atten-
dant, que deviendront les élèves 7 S'imagine-
t-on de bonne foi que les a remplaçants » ve-
nus de France quelque » colloïdal » que
soit resté leur cerveau, assumeront d'emblée
convenablement une besogne éducative si nou-
velle pour eux ? Qu'ils adapteront tout d'abord
leur enseignement à la mentalité indigène ?
Pour le soutenir une seule minute, il faudrait
délibérément faire fi de l'expérience de ces
dix dernières années. Les maîtres dont nous
prenons la défense ne nous démentiront pas,
quand nous affirmerons qu'eux-mêmes étaient
loin, quand ils arrivèrent de France, d'être ce
qu'ils sont aujourd'hui. Il leur a fallu se mettre
à la page.
En résumé, dans cette histoire, nos bons
ronds-de-cuir n' avaient guère oublié que les
principaux, les vrais intéressés: les élèves! Car,
"Après tout, les maîtres sont faits pour les élèves
et non les élèves pour justifier l'existence de
maîtres appointés : du moins nous aimons à le
croire.
C'est pourquoi, non seulement chaque pro-
fesseur indochinois, mais encore et surtout cha-
que père de famille, en présence de projets
aussi candidement tendancieux que celui dont
nous venons de parler, a le droit de s'écrier.
comme nous : « Timeo Donaos. »
jlcrftinel.
AU MUSÉUM
l
Notre jardin zoologique vient de recevoir
deux couples de bovidés malgaches qui ap-
partiennent au type zébu. Ces animaux por-
tent sur le garrot une bosse, constituant une
réserve de graisse pour la période de séche-
resse. Pendant la saison des pluies ils trou-
vent sur les plateaux une herbe abondante,
tandis que, durant la saison sèche, ils cher-
chent leur nourriture le long des cours d'eau
et dans les marais.
Le zébu, dont la chair est, en général, de
bonne qualité, est apte à de nombreux usa-
ges et rend de grands services pour les tra-
vaux agricoles et les transports ; il peut
même être employé comme monture. En de-
hors de la viande, te cuir et les cornes don-
nent lieu à un commerce d'exportation inté-
ressant. Madagascar exporte à la Réunion et
à l'île Maurice des bœufs vivants, qui. sou-
vent, ne sont livrés à la boucherie qu'après
avoir été utilisés dans les exploitations agri-
coles.
LIRE EN SECONDE PAGE :
lA conférence alqéro-marocaino.
Iaïs Salons de peinture, par Tamaris
(2 clichés).
L'aviation coloniale.
Les grandes
chasses en Afrique
0 * 0
Nos Nemrods actuels et futurs liront avec
intérêt et profit les quelques indications sui-
vantes que nous extrayons du Courrier
d'Ethiopie où le roi des animaux, bien qu'as-
sez rare, se rencontre parfois. Mais son ap-
proche est considérée comme la chose la
plus délicate et si de nombreux chasseurs
ont pu contempler les empreints de ses pat-
tes sur le sable des torrents ou rivières, bien
peu ont eu l'occasion de l'apercevoir et de
le tirer.
Il est moins rare d'en entendre le rugis-
sement et les voyageurs qui ont approché le
désert et les grandes forêts ont'subi l'émo-
tion que donne la voix du lion s'étendant
parfois à plus de cinquante kilomètres de
distance, mettant dans l'inquiétude les au-
tres animaux et faisant taire les oiseaux.
Ajoutons que le rugissement du lion dans
les ménageries est anodin à côté de cette
voix terrible en pleine brousse comme je l'ai
entendue sur les bords du Tankisso (A.O.F.),
en 1896.
Si on ne l'attaque pas, le lion s'enfuit,
non sans avoir assez longuement considéré
les passants.
Par contre, lorsijue le lion est attallué, il a
pour habitude de s'élancer sur celui qui l'a
touché le premier, soit avec le fusil, soit avec
la lance. Aussi considère-t-oll comme l'ayant
tué le chasseur qui l'a tiré le premier, quoi-
que plusieurs autres l'aient ensuite abattu,
parce que le premier a eu le courage de s'ex-
poser à sa fureur. Après avoir déchiré le pre-
mier assaillant, il passe au second et ainsi
de suite, avec une espèce d'instinct de mé-
moire très remarquable. Si un des chasseurs,
par ses gestes, sa contenance, son visage,
laisse apercevoir la moindre frayeur, sa
mort est sûre car le lion le reconnaît et
s'élance aussitôt sur lui.
Il est surtout terrible quand, étant tombé,
il semble presque mot t. Généralement son
agonie coûte la vie à un homme car quoi-
que sans mouvement apparent depuis assez
longtemps, si l'on ne prend pas de grandes
précautions pour l'approcher, il recueille
tout ce qui lui reste de force pour achever
ceux qui sont tombés près de lui, ou celui
qui vient de lui porter un dernier coup.
La chasse, à 1 éléphant exige, de la part
du chasseur, une très grande habileté : il
faut avoir grand soin de ne pas le manquer.
Cette du buffle est très dangereuse, ainsi
que le malheureux Latham l'a constate à
ses dépens dans le llaut-Oubangui,
Cet animal se considère comme le maitrc
des jungles où il tj'aime pas à être dérangé;
d'une force peu commune, il tient tête à
l'éléphant. On le trouve généralement en
nombreux troupeaux, mais les vieux tau-
reaux qui deviennent presque gris et perdent
généralement leur poil, vivent en solitaires.
Ils sont alors extrêmement farouches et at-
taquent les hommes aussi bien que les ani-
maux qui viennent les troubler. Après avoir
renversé son adversaire, le buffle le piétine,
se met à genoux sur le corps, l'écrase de sa
masse énorme, le frappe de ses cornes massi-
ves et ne l'abandonne qu'après s'être assuré
qu'il a brisé tous les os.
Il a l'odorat très développé et si le vent
vient à son aide, il flaire le chasseur à lon-
gue distance et la plupart du temps charge
avant d'être lui-même attaqué,
Il faut se méfier lorsque l'animal blessé
•'est enfui. Il revient subrepticement par
derrière et charge son assaillant. Le plus
prudent est de ne pas aller isolément à la
chasse du huftie. Pour en tuer deux dans
l'Oubangui en kjio je m'étais fait accompa-
gner de tirailleurs qui, en cas de raté, au-
raient abattu l'animal avant qu'il me charge
de nouveau.
Eugène Bevauor.
Les tabacs manufacturés tunisiens
Si la consommai ion des paquets de labues
reste constante, par contre la vente des au-
tres produits : cigares, nctTas et surtout
cigarettes, est en forte augmentation.
La vente des cigarettes en 1028 a doublé
celle de 1924. Le fumeur rcnonco de plus
en plus a. faire lui-même ses cigarettes et
préfère les acheter toutes faites.
La Manufacture des Tabacs a pu faire
faoe à toutes ces augmentations de vente
sans augmenter son personnel grAee à l'ac-
croissement et à la modernisation de son
outillage. Depuis deux ans elle possède le
torréfacteur le plus puissant de tous ceux
qui sont utilisés dans les établissements
similaires de l'Afrique du Nord. Cet nppa-
l'dl marche à la vapeur et sèche 1.100 kilos
de tabac à l'heure. De plus, sept machines
automatiques à paqueter, dont le rende-
ment respectif varie entre 13.000 et 17.UIH)
paquets par jour, sont actuellement en
service. Leur nombre sera porté à dix
dans quelques mois alin de pouvoir répon-
dre aux besoins de la consommation.
Actuellement, de nouvelles installations
sont en cours ou en projet, car il est, à pré-
voir que la vente des cigarettes continuera
de croître. La COli sommation par tète d'ha-
bitant est, en effet., en Tunisie, notablement
inférieure encore à celle de France.
La vente des neffas d'année en année
plus grande donne un indice intéressant
de la «capacité croissante d'achat de la im-
putation indigène, La neffa tunisienne est
appréciée en France raI' les travailleurs
nord-africains qui s'y trouvent. En HL'-S
plus de 100.000 boites ont été expédiées
sur la Métropole.
Rotantt filissa-mial«.
Un hommage au R. P. de Foucauld
,+«
A propos de l'inhumation, à El-Goléa, du
corps du Père de Foucauld, une preuve nou-
velle de l'intérêt porté par le monde entier à la
cause de béatification du saint Ermite du Sahara
vient d'être donnée par le fait que, ces jours der-
niers, a paru une traduction japonaise de la vie
du P. de Foucauld écrite par M. René Bazin.
La lèpre à - Gibraltar
-6
La lèpre à Gibraltar
Deux cas de lèpre ont été enregistrés ;'¡
l'htlpitnl civil de Gibraltar et ont été isolés.
La lèpre est très rare à Gibraltar.
Pastiches et Plagiats
ivoils sommes heureux d'offrir il nos lec-
teurs toute une série d'articles qui pour-
raient être dus à la plume de nos écrivains
contemporains les meilleurs ou réputés tels,
si Von juge la profondeur ou le creux de leur
pensée à Vélévation de leur tirage en li-
brairie.
\'e reculant devant aucun sacrificet nous
avons demandé à des auteurs en renom de
reproduire la manière de ces modèles. Nous
esperons que nos lecteurs a pprécieront comme
nous la qualité du pastiche.
LA DiRKcnoN.
M JOSEPH DKi.TEMl,
1. écrivain JNicat et subtil qui signe
Dilteil s est. égaré dans la brousse équato-
riale. Voici les im pressions du poète qui est
l auteur de Sur le ileuve Amour, de Jeanne
d'Arc, de Lafayette, dans leur naïve ingé-
nuité.
DANS LA FORET VIERGE
EQUATORIALL
Je suis en Afrique érjuatoriale, à la ra-
bane bambou bambou. Mais non, je sais plus
loin que la cabane, je m'en tous plein les
mirettes.
JI fait chaud, trop chaud, je sue et rogne,
cogne, vergogne, trogne. IJ<.'sugnc, Cigoplcs,
Cigognes éternel été (il n'y a pas plus de
cigognes au Congo qu'il n'y avait de gril-
lons au temps de Mai ion (.1/aric-Antoinett':)
au Trianon. mais cela fait riche).
Mulicr nigra. Cœur indolent, corps sans
résistance, fesses en caoutchouc détendu, té-
tons en pneu cou tort dégontlé, tout mou.
Forêt équaU-riale, aibres géants, titans
humiliants le mâle, grandissant la terre, ra-
petissant l'humanité.
Noble et naïve impudeur ! l'as d«. fausse
huntc sous le soleil allumant les sexes au
berceau, soleil de plomb, chaleur des mâles,
nuits niouates sous la lune qui rit, sexes en
folie.
Puis voici la faune. Le mâle en tête, la
famille au milieu, la mère en serre-lile, ou
en serre-fille, ou en serre-queue, les élé-
phants eu trombe et en trompe qui «levaient
dans la forêt tropicale et la dévastent, s'en
vont par bandes. BJndc, débande, rebande,
plate-bande, sarabande, contrebande. Voi-
re. vas-y voir.
Ah ! 111.1 seule joie d'écrire des salope-
ries, de traiter les hommes illustres de 111..-
d..x, les vieilles femmes de 111.4..r. 11. s, les
jeunes de p.ss..ses, les vierges de p.t..us.
Mais pas besoin de venir en Afrique jx>ur
que la chaleur nie tape sur la cokxpiinte et
pour que je m'étende en «les trivialités cjui
n'épatent que les rombières collet-monté du
Prix Fémina
Delteil, tu es un roi et ton trône est une
chaise percée.
Delteil, Joseph, José Ph. Joseph, mon
tout, mon moi, un puurra dire que tu es
Joseph, mais jamais un ne t'accusera d'être
châtré dans ta forme.
Je suis le [X'ète lyrique, superlyrique, hi-
pcrsuperlyrique de la crotte et dé la pisse,
je jouis d'écrire le mot propre, surtout lors-
qu'il est sale, j'appelle un chat un chat et
un derrière un c.l.
La bourgeoisie ratatinée et l'aristocratie
déjetée en restent connue «'eux ronds de
Han.
/oxepli tÈciteit.
Pour co pie conforme Pot. Mai rran.
oeow
Nos colonies
à la Manufacture des Gobelins
Par MiRANE-MAiir.Ei.LE DEI-TINS,
-0 -
L' :llghh" la TWÚsit:, le Maroc
sur les métiers
Un soleil encore timide baigne de lumières
adoucies la vieille Manufacture des Gobe-
lins. Fenêtres et portes hautes. Silence et
clarté. Atmosphère mélancolique. Un peu
hôpital. L'huissier me conduit lentement à
travers les salles trop grandes et les galeries
désertes de la célèbre maison qui, jadis, mit
aux seuls services desjJieux et des rois le gé-
nie de ses procédés. Aujourd'hui, heureuse-
ment, notre Afrique du Nord est appelée à
l'honneur des ressources d'un art somptuaire
que nul n'égale au monde. Et ce n'est pas
sans émotion que je me dirige vers ces tapis-
series qui doivent gloritier le magnifique
efrort et la richesse de notre France d'outre-
mer.
Cependant, malgré ma hâte de connaître
les trois chefs-d'œuvre allégoriques naissants
sur les métiers d'après les tableaux du pein-
tre Jacques Simon, mon guide me conduit
dans le ( magasin )),
Une femme, à pas ieutrés, vient m'ouvrit-
quelques placards parmi cent autres enca.
drant la vaste pièce. Les ateliers de la manu-
facture n'utilisent en effet, pas moins de qua-
torze mille tons de laine et de soie pour leurs
travaux. Une avalanche de couleurs : soleil,
fleurs, eaux, ciel, m'éblouit.
Une autre galerie, celle-ci bordée de mé-
tiers.
L'huissier se retire, M. Beaubeuf, l'habile
<'t courtois chef d'atelier, vient à moi.
Je souhaiterais voir les tapisseries qui
symboliseront l'Algérie, la Tunisie et le Ma-
roc ?
- rites sont là.
J'ai devant moi trois hautes grilles de
laine* blanche. Chacune est flanquée de sa
maquette, à peine plus grande qu'un écriteau
« à louer » aux portes des villas.
Une tloraison, d'une extraordinaire ri-
chesse de tons, comment e seulement à croître
au bas (qui sera le coté de la tapisserie car
ndlc-li s'exécute cou< liée) de l'allégorie du
la Tunisie et de celle du Maroc, Lauriers-
toses, dattes doiées à point, raisins et tigues
bleuis sous les ciels violemment bleus nais-
sent lentement sous les doigts des tapissiers
invisibles installés de l'autre côté de la grille
de laine, f.e travail n'est guère évidemment
avancé. Déjà, cependant, on peut se convain-
cre de l'éclatante beauté de ces tapisseries,
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