Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-04-08
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 avril 1929 08 avril 1929
Description : 1929/04/08 (A30,N55). 1929/04/08 (A30,N55).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6280532k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
TRENTIEME ANNEE. N° 5U
LSE NUMERO : 90 CKNTIMB8
LUNDI SOIll, 8 AVRIL 1U28L
JMBML OMOHOtEM
Rédaction & Administration :
14, Ru Il .IIIW
PARIS 0*0
TtLtPN. s LOUVRK IMI
RIOHKLIBU 07-M
Les Annales Coloniales
*** •" DtMtCTMM: Maroal RUEDEL «t L.-G THÉBAUL T J'ou Il. carac&I. pu" dau lIO.r. tournai III,.,
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ABONNEMENTS
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On s'abonne mju trais dam
tous laa bureaux de paala.
EN A. O. F.
., -.:8.
Des idées pour un programme
J'ai indiqué les idées générales qui me
paraissent dominer tout programme de mise
en valeur de l'Afrique Occidentale fran-
çaise.
Si l'on admet que ce programme doit
comporter trois grandes divisions voies
ti moyens de transport, aménagement éco-
nomique, aménagement social un doit
reconnaître la nécessité de rattacher aux
idées générales un certain nombre d'idées
directrices, non point secondaires, mais par-
ticulières à chacune de ces parties du plan
général.
Je veux examiner, aujourd'hui, celles qui
intéressent l'aménagement des voies et
moyens de transport.
La première est imposée par l'orographie
et l'hydrographie.
Les trois moyens normaux de transport,
l'eau, le rail, la route peuvent être, moins
que partout ailleurs, concurrents et doivent
être, plus que partout ailleurs, complémen-
taires. Les grands fleuves, le Sénégal tt le
Niger pourraient former, après un aména-
gement relativement sommaire, dont toutes
les études préparatoires sont faites, de ma-
gnifiques voies de communication et de
transport. Le Sénégal, à partir de Kayes qui
est à 924 kilomètres de son embouchure et
à 37 mètres au-dessus du niveau de la mer,
coule en pente douce, formant une succes-
sion de biefs, dont la profondeur atteint
fréquemment 10 à 12 mètres, séparés par
des barrages de sable ou des seuils rocheux.
La crue qui débute, à Kayes. en juillet
(1 m. 50) pour atteindre son maximum lin
août (8 m. 50 à 9 m.) permet à des navires
(le mer calant 5 mètres de remonter jusqu a
Kayes pendant un mois environ, du 20 août
au 20 septembre et à des navires calant trois
mètres, du 1er août au 15 octobre environ.
La barre de l'embouchure, i irrégularité du
débit mettent seules olwtacles à l'utilisation
de cette magnifique voie de circulation natu-
relle.
Le, Niger est une route royale. Il forme un
premier bief navigable de Kouroussa à Ba-
mako, de 400 km. environ, puis un second
Vie Koulikoro à Ansongo, de 1.400 kilomè-
tres. Il suffirait de transformer l'actuel ca-
nal d'irrigation de Sotuba en canal de navi-
gation réunissant les deux biefs, pour créer
une voie de circulation économique de près
de 2.000 kilomètres, accessible, pendant plu-
sieurs mois de l'année, à des vapeurs de
100 tonneaux et, en tout temps, à des cha-
lands de 5 à 6 tonnes.
Mais ces grandes voies d'eau, placées en
bordure, peut-on dire, du Sahara, sauf le
bief supérieur du Niger, comme des chemins
de ronde extérieurs à la région économique
soudanaise, peuvent être des voies d'éva-
cuation, elles ne peuvent pas être des voies
de pénétration. Ce dernier rôle est nécessai-
rement dévolu aux chemins de fer ou aux
routes.
Le chemin de fer. par ailleurs, des qu'il
s'éloigne de plus de 1.000 kilomètres de la
côte, devient un moyen de transport trop
coûteux pour des matières premières ou 11rs
produits naturels pondéreux. il ne peut, dès
lors, avoir la prétention de constituer à lui
seul l'ossature économique d'un pays dont
la superficie est huit fois celle de la Fran-
ce métropolitaine.
Il faut donc. (te toute nécessité, dans un
plan logique d'aménagement, envisager si-
multanément et complémentairemcnt les trois
moyens de communication et (le pénétration
économique.
Cette affirmation apparaîtra, à quiconque
regardera une carte de l'A.O.F., comme un
simple truisme. Elle n'est point inutile, ce-
pendant, car l'expérience nous a, hélas, ap-
pris qu'on n'en a pas toujours mesuré exac-
tement la valeur.
Mais comment assurer cette coordination
nécessaire dans l'exécution du plan ?
En ce qui concerne les fleuves, le problè-
me paraît assez simple : il faut régulariser
leur cours, supprimer les obstacles maté-
riels à la navigation.
Pour le Sénégal tout un programme a été
étudié et mis au point en vue de créer dans
les hautes vallées du Sénégal et de ses af-
fluents des réserves d'eau qui permettraient
de régulariser le débit du fleuve en aval de
Kayes. Les études ont été particulièrement
poussées au seuil de Gouina, au lac Mongui
au nord-est de Kayes, dans la région de
Tonkoto sur le Bakov.
Pour le Niger il suffirait de prolonger
de quelques centaines de mètres le canal
d'irrigation de 'Sotuba et d'y ouvrir une
écluse, dont le plan existe déjà, pour en
faire un canal de navigation réunissant les
deux grands biefs centraux.
Il faut ensuite ouvrir des portes sur la
mer à ces voies d'eau : aménager le port de
Saint-Louis, supprimer l'obstacle de la
barre à l'embouchure du Sénégal, aména-
ger à Kouroussa, suivant des procédés vrai-
ment modernes, la liaison avec le chemin de
fer de Guinée.
Enfin sur ces voies fluviales de communi-
cation, destinées à devenir par l'aménage-
ment hydraulique, de grandes artères de
vie économique intense, il faut songer, dès
maintenant, à créer des centres de rayonne-
ment de voies routières locales : Kayes, Po-
dor, Saint-Louis sur le Sénégal, Kouroussa,
Siguiri, Bamako, Segou, Mopti, Niafounké,
sur le Niger.
Pour les chemins de fer le problème est
plus complexe. Nous sommes en présence
de plusieurs conceptions.
Le problème de l'aménagement ferroviaire
'de l'A.O.F. peut être considéré tout d'abord
comme un simple élément du problème d'en-
semble de liaison et de coordination de no-
tre empire africain.
Cette conception a donné naissance aux
projets de transafricain, de transsaharien
et, à la fin de la guerre européenne à un
grand projet de réseau africain français,
étudié et défendu par le < Comité national
du rail africain », constitué, à Paris, au
mois d'avril 1918.
Le réseau à construire, d'après ce projet,
devait être de plus de 30.000 kilomètres.
En ce qui concerne l'A.O.F., il comportait
un certain nombre de lignes rayonnantes
autour de Bourem et un réseau de lignes se-
condaires de jonction : Bourem- Tombouc-
tou-Niafounké (440 kilomètres); Bourem-
Handiagara-Segou-Koulikoro (950 kilomè-
tres) ; Bourem-Bouaké par Ouagadougou
(1.280 kilomètres) ; Bourem-Ansongo-Zin-
der-N'guigmi (1.610 kilomètres).
Cette conception est en opposition éviden-
te et totale avec l'idée générale que j'ai dé-
veoppée, en tête de cette étude, et qui ad-
met que les débouchés de l'A.O.F. sont sur
la mer et non sur le Sahara.
Une seconde conception, qui ne fut pas
seulement un rêve d'hommes d'affaires pa-
risiens comme la première, mais qui eut ses
défenseurs en A.O. F. même, orientait tout
le trafic d'est en ouest. Elle répond, égale-
ment, à un moment historique dépasse.
Notre conquête s'est faite. histnriqucment.
par le Sénégal. A mesure qu'elle progrcssait.
les voies de communuration s'étendaient vers
l'est ; le commerce venait vers les romp-
toirs où il trouvait nos produits européens.
Ainsi peu à peu se constituait tout un ré-
seau de pistes, orienté est-ouest. Notre pre-
mier effort se fit dans le même sens. Le pre-
mier chemin (le fer construit, après celui de
Saint-Louis-Dakar, fut celui de Kayes-Ni-
ger pour unir le Soudan au «lélxmché du
Sénégal vers Saint-Louis.
Pendant longtemps cette conception fut
celle des autorités de r A.O. F. Si, après
la guerre, on poussa si activement les tra-
vaux du Thiés-Kayes. si on confia à la mis-
sion du commandant Digue l'étude du trans-
soudanien de Bamako à Niamey ou An-
songo, ce fut bien pour y répondre.
Mais la connaissance que nous avons ac-
quise de l'histoire économique et sociale du
Soudan condamne cette conception d'une fa-
çon absolue. Nous savons que les peuples
de la région de la boucle du Niger ont tou-
jours vécu une vie indépendante de celle
des peuples des bords du Niger supérieur, de
l'empire de Ghana et de l'empire de Segou,
que ce pays se trouve, aujourd'hui, par les
chemins de fer de la Côte d'Ivoire et du
Dahomey, relié à la mer directement d'une
façon infiniment plus rapide et plus sûre
que par le Sénégal ou le chemin de fer Da-
kar-Bamako. Il y a de Bolo-Dioulasso à
Abidjan 850 kilomètres, il y en a 1.750
de Bobo-Dioulasso à Dakar.
Nous restons (lone en présence d'une
conception cette à peu près unanimement
admise en théorie, mais non pas toujours,
hélas, en pratique qui considère l'A.O.F.
non comme un hloc, mais comme une
juxtaposition de régions ferroviaires ayant
leur débuche sur la mer au point le plus
favorable.
Mais alors se pose une nouvelle question,
celle des ports.
A la seconde conception ferroviaire que
nous avons indiquée se rattachait cette du
port unique. Toute la vie économique, orien-
tée est-ouest, devait aboutir à ce grand port
unique qui ne pouvait être que Dakar. Tous
les efforts devaient donc porter sur l'aména-
gement de ce port.
Mais en renonçant à cette conception fer-
roviaire il fallait renoncer aussi à celle du
port uiquc et songer à créer aux réseaux des
débouchés maritimes, avec des ports moder-
nes, aménagés.
On a adopté une solution moyenne. On a
renoncé à lidœ de la transversale terro-
viaire Bamako-Niamey, on a admis l'idée
de quatre réseaux du Sénégal, de la Guinée,
de la Côte d'Ivoire, du Dahomey. Mais on
consacre à Dakar à peu près tout l'effort
d'aménagement. On a sacrifié Saint-Louis,
on a adopté pour Conakry un plan mesquin,
on a mis vingt ans à choisir l'emplacement
d'un nouveau wharff pour la Côte d'Ivoire,
on n'a à peu près rien fait pour Cotonou.
Quand ce ne sont pas des raisons économi-
ques, ce sont des raisons financières qu'on in-
voque. 1
Je pense que l'heure est venue d'aborder
largement le problème des ports en liaison
avec celui des débouchés ferroviaires.
Mais à ces ports modernes que je vou-
drais aménagés en eau profonde, aussi bien
à Abidjan qu'à Conakry pour permettre aux
navires une manipulation rapide des mar-
chandises, il faut fournir un aliment de tra-
fic. Dans ce but, il importe d'aménager sur
les voies ferrées, comme sur les voies d'eau,
des centres économiques de rayonnement
pour des voies routières, choisies d'après
des considérations de développement écono-
mique.
Enfin, je voudrais signaler une dernière
idée qui doit être placéé, à mon sens, sur
le même plan que les précéOentes. Tout cet
effort de création ou de développement de
l'ossature économique et sociale de l' A.O. F.
doit être immédiat et simultané, poursuivi,
suivant un plan d'ensemble, avec des moyens
financiers qui ne peuvent être les moyens
normaux des budgets locaux ou du budget
du Gouvernement général. Il faut intervenir
en faisant appel aux grands emprunts, cou-
verts, au moins pour une première période,
par de larges subventions de la métropole.
I/aménagement de l'A. O. F. ce n'est pas
seulement l'affaire de l'A.O.F. c'est aussi
et autant l'affaire de la France.
fiflemie itnfonelll,
Dêpuli de la Haute-Savoie,
MAHMADOO FOFANA
fit
6 Toutes ces histoires de nègres
se ressemblent P, je me dis la mê-
me - chose chaque fois aue i'otwre'
un roman c noir 8. Et chaque fois que fau-
teur a du talent, j'ai vite fait de corriger ce
jugement et je m'empresse de déclarer le con-
traire. C'est un petl le sentiment que j'éprou-
ve dans mon pays lorsque je vois défiler une
compagnie de tirailleurs. Comment diable
peut-on mettre un nom sur chacune de ces
figures 1 Mais quand je les rencontre bayant
aux corneilles sur les quais, ou déambulant
de leurs longues jambes maigres devant les
terrasses des cafés, j'ai vite fait de tti a per-
cevoir qu'ils ont chacun leur physionomie
originale, distincte.
Mahmadou Eofana, que Raymond Esc ho
lier a bien connu et qu'il nous présente en
liberté, est un « type a de noir, qui ne res-
semble à aucun autre. C'est d'abord un des
meilleurs disciples de Samory, et dame ! il
a de qui tenir. Il a fait tous les métiers, et
d'autres encore. Il peut, dire comme Figa-
ro : « Tandis que moi, morbleu ! perdu dans
la foule obscure, il m'a fallu déployer plus
de science et de calculs pour subsister seule-
ment qu'on n'en a mis depuis cent ans à gou-
verner toutes les Espagne s ! ». A attire com-
plexe, agissante, d'humeur vagabonde, qui
a vu plus de peuples qu'Ulysse, Ouolofs,
Toucouleurs, Mossis, Baoulés, lUtb. Cados,
Soussous, tletilils, quittant la marmite ei les
fourneaux pour le ballot du colporteur,
ayant rapporté de ses voyages nombreux et
de la pratique de ses multiples professions,
celle philosophie que le système I) est le
commencement et la fin de la sagesse, et
l'habitude de résumer ses impressions sur
les hommes et les choses en formules pitto-
resques et définitives : « Lui y a gagné
beaucoup de bœufs !. Lui y a même chose
poule I. Lui y a content manger son ca-
marade. »
Il est savoureux, original, plein de verve
et d'imprévu, quand il développe ces for-
mules on raconte une histoire fil rehaussant
sa babine sur ses dents éblouissantes.
Lit dessus, la guerre le surprend. Mahma-
dou a choisi une femme de sa race dans son
propre village natal, au pays mtllillké et
il a un fils et une fille ; je vous r((o",,,,a..
de, ou plutôt je ne vous recommande pas
ses procédés d'éducation, lesquels d'ailleurs
au pays malinkê sont assez nouveaux, Les
aventures de Mahmadou, son embarquement
avec mille guerriers noirs pour l'Orient, sa
façon de faire la guerre en Macédoine, son
épopée héroï-comique, non moins héroïque
que comique, tout cela est conté par Ray-
mond Escholier avec un mouvement, une ti.
vacité, une richesse d'images, une abondance
de mots amusants ou cocasses, qui vous en-
traînent. Usez surtout comment Mahmadou
Folana a gagné la guerre, car c'est bien Alah-
madou qui l'a gagnée, aidé par son jeune co-
pain Yerro Olel, et ce que n'aurait pu faire
la science stratégique des plus grands gé-
néraux, deux nègres narquois, armes de trois
musettes gonflées comme des ballons, /rai-
nant des bidons, des plats de campement, des
marmites, un moulin à café, l'ont fait en ta-
pant comme des sourds sur une batterie de
cuisine. Sans cette manœuvre de guerre,
pense l'adjlldclllt Ri gai dans le train qui le
ramène à Paris. « peut-être serions-nous en-
core en train de nous massacrer entre pères
de famille, ci de faire des veuves et des
orphelins à raison de dix ou douze mille par
jour ». La victoire en chantant !.
Chanson triste. les noirs vont revenir là-
bas retrouver leur papa, leur maman, leur
rivière, le champ natal, ci la case chère, « la
chaude atmosphère de la case, pleine de 501-
teurs de musc, d'huile de palme et de peau
de femme. » Combien cependant ne revien-
dront jamais plus, dont les tombes mêmes
disparaîtront là bas, dans les terres hostiles!
Et d'autre part, combien vont s'en aller
dont on n'aura jamais plus de nouvelles !
En pensant à ceux qui ne feront pas le che-
min, tant rêvé, du retour, l'adjudant Ri gai,
se sent pénétré de tristesse : « leurs noms
qui bientôt ne vivront plus que dans le coeur
des mères émeuvent le silence, et Rigal sent
quelque chose monter dans sa poitrine qui
lui bâillonne la sorge et lui - mouille --- les
yeux. » Et, en songeant à ceux qui s éloi-
gnent vers le village noir, une melancolie
profonde l'envahit : « Ces noirs, depuis plus
de deux ans ses compagnons de toutes les
heures, voici qu'il va en être séparé aussi
brusquement que s'ils s'en allaient dans une
autre planète. Pensée qui, jusqu'au soir, sera
pour lui une source inépuisable de lIos/al-
gie ! »
Comme Raymond Escholier a bien fait de
garder pieusement les souvenirs de Mahma-
dou Eofana et de ses compagnons ! Quelle
fierté dans la case chérie lorsque le petit
de Mahmadou, ayant appris à lire et à élever
sa progéniture d'après d'autres méthodes pé-
dagogiques que celles qui lui ont été appli-
quées, fera à ses enfants le récit des exploits
du glorieux grand-père, qui mit fin à la
guerre atroce en faisant du tant tant sur des
marmites 1
Afarfo KovataM,
Sénateur de. l'Hérault,
Ancien Afittistre.
Vice-président de la Commission des Colonhs.
IIBTOVR
C'est par le Mêdie-Il que M. le Gouver-
neur général Carde a quitté Dakar le 3 de
ce mois à destination de Marseille ainsi que
nous l'avons annoncé. Il est accompagné du
colonel Martin, chef du cabinet militaire, de
M. l'administrateur des colonies Chazal et
de M. l'ingénieur des Travaux publics
Chardy.
M. J. Carde qui débarquera à Marseille le
12 courant, compte être à Paris entre le 15
et le 20.
Retour de Tunisie
000
En arrivant aujourd'hui à Marseille après
son voyage en Tunisie, M. Antériou, ministre
des Pensions, a donné ses impressions à notre
eMwspomknl.
Il me faut, touf d'abord, a déclaré M. An-
tériou, rendre hommage aux mutilés et aux
combattants de Tunisie, dont j'ai pu, au cours
du Congrès, apprécier l'ardent patriotisme, la
parfaite solidarité et le caractère équitable des
revendications. La diligente activité du direc-
teur de l'Office des Mutilés et du directeur de
l'armée tunisienne n'est pas étrangère à la belle
entente qui règne chez les victimes de la guerre
de la Régence. Les services locaux des Pen-
sions fonctionnent d'une manière satisfaisante,
qui sera irréprochable lorsque le Centre de Ré-
ferme et d'Appareillage sera transféré à Tunis,
ce qui ne saurait tarder.
Celle brève tournée a été, pour mes collè-
gues et pour moi, en même temps qu'une
agréable et instructive promenade touristique,
la splendide révélation de la merveilleuse be-
sogne morale et matérielle accomplie en moins
d'un demi-siècle par la France dans un pays d
la population hétérogène et au sol demeuré
longtemps stérile. Je n'oublierai pas non plus
l'accueil cordial et spontané des indigènes,
leurs manifestations de sympathie sous des for-
mes souvent naïves, toujows émouvantes. Je
dois faire cependant une amère constatation :
parmi les nombreux touristes, au hasatd de nos
excursions, les Français n'étaient pas en ma-
« jc'itt. Nous nous emploierons, mes collègues et
moi, à réparer dans la mesure de nos moyens
celle impardonnable indifférence du touriste
français a l'égard de la Tunisie.
Quoi de plus impressionnant que la mer des
oliviers, l'emplacement des phosphates à Sfax,
l'alignement innombrable des pieds de vigne
ou encore le vert mouvant des immenses éten-
dues de céréales ? La Tunisie redevient le
riche grenier qu'elle a été, et cela grâce aux
bienfaits de la paix en France. L'extraordinaire
essor de ce pays. depuis cinquante ans à peine
d'administration francaise. trahit de merveil-
leuses possibilités agricoles et industrielles. On
a dit de l'Afrique du Nord qu'elle serait la
grande révélation économique du XX" siècle.
Je. suis fermement persuadé de la justesse de
cette appréciation et je ne manquerai pas de
suiv e attentivement la progression d'un pays
j'emporte d'inoubliables souvenirs, et que
j'espère un jour connaître plus intimement.
En quittant Tunis, M. Antériou, accompa-
gné des membres de son cabinet et des députés
venus en Tunisie pour prendre part aux travaux
du Congrès Nord-Africain des victimes de la
guerre, a été salué par les ovations répétées
d'une foule considérable.
-
L'Algérie au Caire
- 1.'
En présence de S. A. le prince Haidatf
Fazil et M. Georges Michaut, doyen de la
Faculté des lettres, sous la présidence de
S. E. Mahmoud bey Shalit, l'érudit et élo-
quent professeur Atazard, de la Faculté des
lettres d'Alger et directeur du musée des
Beaux-Arts de cette ville a fait une confé-
rence au cours de laquelle il a montré tout
ce que la France a fait, en Algérie, pour
développer les écoles professionnelles de jeu-
nes gens et de jeunes filles. Grâce à cet effort,
il y a actuellement un merveilleux renou.
veau des arts indigènes ; mais il ne faut pas
oublier qu'on respecte scrupuleusement les
traditions anciennes.
.1.
A TANGEK
La question des jeux
Le ('itinUt\ du contrôle, réuni arant-hirr,
v oyant pu réaliser l'unanimitr nécessaire
pflur consentir à une. fIIOflillcatio" de l'ill-
terdiction des jeux de hasard. prévue, à
l'article f>2 du statut, a décidé de réclamer,
à partir du mai prochain, la riyourcuse.
application de cet article à l'égard des ¡(',r
de hasard 'l/li avaient été tolérés ¡lUit/Il'';.
présent.
(Par dépêche.)
---«Okoe- –-
BROUSSIES
& Pi© ô>llSf!llLiLES
.+«
Des éléphants batifolent
Keutlinger, petite ville allemande, a été
fort agitée, avant-hier, par les facéties de
quatre élépnants échappés d'un cirque.
- L'un d'eux a pénétré dans plusieurs ma-
gasins de la Wilhelmstrasse et d'abord dans
un magasin de suspensions, puis, chez un
opticien, chez un marchand de partitions de
musique et enfin dans un magasin de confec-
tions pour hommes. A chaque fois, l'éléphant
enfonçait la porte ou la vitrine et saccageait
les marchandises.
L'on remarquera qu'il a commencé par
s'ébattre parmi des suspensions. C'est sûre-
ment un éléphant imbu de traditions humo-
ristiques et sachant ce que doit sa race aux
magasins de porcelaine. Au"
jtueffon.
r---
PHILATÉLIE
Guyane anglaise
En 1856, la Guyane anglaise manqua de
timbres-poste.
On en demanda à la Métropole, mais il
fallait alors près de deux mois à un voilier
pour aller de Georgetown à Londres et, na-
turellement, autant pour en revenir.
La colonie ne pouvant rester près d'un
semestre sans timbres postaux, on décida
d'en faire tirer par un imprimeur local, mais
celui-ci, mal outillé, peu préparé à ce tra-
vail, ne produisit que des vignettes affreuses
dont il fallut se contenter.
On a retrouvé par hasard dans de vieux
papiers un de ces timbres, un pauvre timbre
d'un sou, défraîchi et crasseux.
Cela va être la pièce rare d'une exposition
de philathélie qui va s'ouvrir, il est estimé
10.000 guinées, environ un million 250.000 fr.
Ses congénères bien tirés valent de cinq
à six shillings.
NOIR SUR BLANC
Une belle paire
On ne compte plus les chevaux tués sous
lui par M. Octave Homberg. Sur les hippo-
dromes urbains, suburbains ou provinciaux, le
financier dans la banlieue a une joie intense à
voir ses poulains courir et ramasser les cas-
quettes. Quand, par hasard, un de ses canas-
sons réussit à passer le premier le poteau
il y a quelquefois des miracles alors mon
Octave, bienfaiteur de la race chevaline, ga-
lope après les boucs ou se met dans les bran-
cards pour jouer. le meilleur cheval de la
course, celui d'un de ses concurrents.
Mais les victimes d'Octave sur le turf ne
sont rien à côté de celles qui, dans les villes,
villages et hameaux de France, ont cru' aux
bobards de ses prospectus, ma foi plus habiles
et mieux rédigés que les pensums signés du
même dans la Revue des Deux Mondes. La
vieille dame saumon, soit dit en passant, sem-
ble devoir se couler à emprunter trop de litté-
rature aux boursicotiers de troisième zone. Cas-
se-cou, Doumic.
Or donc, le tableau de chasse d'Octave
siallonge inlassablement. Après les catastro-
phes de V Indochinoise de Cultures Tropicales,
des Chalandages et Remorquages du lonkin,
des Raffineries et Sucreries de l' Indochine, de
l'Indochinoise de Produits Chimiques, des Mi-
nerais de la Grande Ile, voici, entre autres, les
Comptoirs Sénégalais qui s'acheminent vers la
culbute.
Sans plus attendre. Octave fait une pi-
rouette, lâche les Comptoirs Sénégalais et re-
tombe, c' est le mot propre, sur la Saïgonnaise
de Navigation d des Transports, digne fille des
Messageries Fluviales de Cochinchine et du
chevalier de la triste figure nommé lieutenant-
colonel Bernard.
Voici ce que dit à ce sujet, dans son nu-
méro d'hier, notre confrère l'Argent (5 avril
1929) :
SAIGONNAISE. DE NAVIGATION
ET DE TRANSPORTS
Il y avait bien longtemps qtîe le célèbre
Octave Homberg n'avait pas mis un nouveau
poulain en course. Le malheur est réparé, car
il vient de gratifier le marché des actions et
parts Saïgonnaise de Navigation et de Trans-
ports. Pour sa première sortie, il a commencé
par se livrer à des fantaisies burlesques. Les
parts n'ayant pas coûté 1 centime, ont été intro-
duites à 2.000 et les actions à 530 francs, soit
avec une majoration de près de 400 francs sur
le pair, leus nominal étant de 12 piastres 50.
Il existe donc 80.000 actions et 16.000
parts. A Ces cours, la capitalisation boursière
ressort à la bagatelle de 75 milliom. Pour une
affaire au capital de 1 million de piastres, il
faut reconnaître que la majoration est des plus
coauettes.
il paraît que pour se faire blalçbouler aux
dernières élections M. Octave Homberg a
dépensé pas mal d'argent. Sans doute cherche-
t-il à se refaire sur le dos des ndifs? Car on
ne peut guère traiter autrement les capitalistes
qui manifesteraient l'intention d'acheter ces Vi-
gnettes à des prix aussi prohibitifs. Surtout
qu'elles commencent à donner des signes visi-
bles d'essoufflement.
M. Octave Homberg ne connaît plus d'obs-
tacles. Pourvu qu'un jour il ne finisse pas par
se casser la g..,
O. Homberg et F. Bernard, une belle paire
d'écumeurs de l'épargne ! Qu'en penseriez-
vous, Bernard Lazare, si vous ressuscitiez ?
JLAngédrIv.
L'Aviation Coloniale
Paris-Saigon
Happelons que le petit avion à moteur
GnÓme-Hhûne de 230 chevaux était piloté
par MM. Hailly et Hegimensi. ce dernier est
udjudunt au 34e d'uviution à Iatres.
Le mécanicien œt M. Marsot.
Ajoutons qu'il est dtins les intentions dt,
M. Hailly de revenir de Saigon ù PuriH,
par la voie dos airs mais par petites étapes
et en visilanl les pay« oÙ il ferait escale.
France-Amérique du Sud
Les jours de départ des courriers aériena
à destination de l'Afrique occidentale fran-
çaise et de l'Amérique du Sud seront lixés
désormais aux jours suivants :
1° De Toulouse à Dakar et l'Amérique
du Sud, le dimanche, à partir du H avril ;
20 Do Huenos-Ayres à Dakar et Tou-
louse, le samedi, ù'partir du la avril.
A Paris, ies cor rcspnndances «levront être
postées le samedi avant midi dans les hll-
reaux de poste.
l'ne levée sera effectuée régulièrement en
dernière heure, il J:-, h. lin : a) il la boite spé.
ciale placée à l'entrée du «ie^e sociul de
l'Aéropostale, 'Ji?, avenue des Champs-Ely-
sees ; b) à la gare «l'Austerlitz.
Pour les départements, se renseigner au-
près des bureaux de poste de chaque Idéa-
lité, les heures limites de départ variant
suivant le point, «l'expédition.
Avec l'ancien horaire, le courrier partant
de Huenos-Ayres le jeudi arrivait à Tou-
louse le samedi matin de la «emaiiie sui-
vante et ne pouvait être distribue que le
lundi matin (durée du trajet : onze jotirs\
GrAce au nouvel horaire, le courrier par-
lant de Huenos-Ayres le samedi arrivera ù
Toulouse le dimanche «oir. ou le lundi ma-
tin, et sera distribué aussitôt durée du tra-
jet. : neuf jout\s\
Le prince Purachatra au Bourget
M. Luurenl-Kvnu»' a reçu. hier, au llour-
get, le prince Putnchalra. ministre îles Tra-
vaux publics de Sium, qui il a fait les
honneurs de notre port aérien.
Le prince s'est particulièrement intéressé
au balisage de nuit H aux mneliiries moder-
nes des services Londres-Marseille, qui
doivent assurer la liaison vers l'Orient et
l'Kxtrème-f >1 ient.
.,.
L'EMPEREUR D'ANNAM A ROYAN
elb~
L' empereur d'Annam Bao Dai, voyageant
incognito, sous le nom de prince Vinh Tui, est
arrivé jeudi soir à Roy an. Il est descendu à
l'hôtel du Golf, à Pontaillac, accompagné de
son jeune cousin, le prince Vui, et de son gou-
verneur M. Charles, ancien Gouverneur d'In-
dochine. L' empereur a visité la région, notam-
ment le phare de la Coubre et le phare de
Suzac. Il a assisté à une partie de tennis au
Garden. Il a déclaré être enchanté de son
court séjour et a mani festé l' intention de re-
venir. Il a regagné Paris samedi.
Le tour de France
des artisans noirs
L'Afrique Equatoriale française nous a
envoyé 41 artisans noirs soiis la conduite de
M. Lanin Houa afin de leur faire visiter
une vingtaine de villes de la région du Nord
et de l'Kst. Les C hambres de commerce leur
font accueil et ils participent à toutes les
foires locales. Ils montrent. les capacités des
artisans noirs de nos possessions françaises,
instruits et conseillés par nos techniciens.
La Guadeloupe ressuscite
Au Conseil Général, en session extraordinaire,
on s'est occupé activement de reconstruire et de
rééquiper l'lie cyclonée
Le récent courrier des Antilles nous a ap- I
porté de très vivantes nouvelles de la Cua-
deloupe, où le Conseil Général a été con-
voqué en session extraordinaire du 8 au 15
mars dernier, à la demande de plus des
2/3 de ses membres, pour examiner et dis-
cuter plusieurs projets de contrats impor-
tants, notamment rélectritïc-ation totale de
rUc, l'adduction et la répartition des eaux
dans la Cirande-Terre, l'assainissement de
la ville de la Pointe-à-Pitre, l'approfondis
sement du chenal de la Rade, la reconstruc-
tion des édifices publics de la Colonie cy-
clonée, l'organisation des transports mari-
times en vue de l'exportation des fruits tro-
picaux (bananes, etc.).
Après des débats qui n'ont pas laissé
d'être passionni's, et dont M. le député Eu-
gène (îraeve, lui-même conseiller général
et maire de Sainte-Anne, fut le principal
animateur, le Conseil Général, sous la pré-
sidence de M. J. Archimède, a fini par ap-
prouver, en les améliorant, les deux projets
de contrat sur l'Electrilication et sur t'Ad
duction des Eaux. Pour les autres projets,
ainsi que pour l'emploi rapide des Presta-
tions en nature mises à la disposition de la
Colonie par l'article 159 de la loi de finan-
ces de 1929, dont M. le sénateur Uérenger
fut l'auteur, le Conseil Général s\:-n est, re-
mis à sa Commission Coloni.de, qui aura
charge de mettre ces projets au mint. d'ac-
cord avec M. le Gouverneur Tellier, de re-
tour dans la Colonie depuis le 26 mars der-
nier.
l'ne nouvelle session extraordina ire du
Conseil Général de la Guadeloupe sera d'ail-
leurs indispensable vers la fin d'avril. car
cette Assemblée Uvale aura a examiner et
voter l'approbation d'une convention entre
l'Etat français et le Crédit Foncier de
France, pour ouverture de prêts à long ter-
me et à fail)le intérêt, jusqua concurrence
(le cent millions de francs, aux communes de
la Guadeloupe et aux propriétaires d'immeu-
bles sinistrés. Cette session extraordinaire,
coïncidant avec le voyage, de M. Henry
llérenger dans la Colonie, dont il est le
sénateur depuis 17 ans, sera une nouvelle
preuve de la renaissance guadeloupéenne
définitive après le Cyclone et le Rax-de-
Marée effroyables du 1: septembre 19J8.
On sait que le Crédit Xational est d'ores et
déjà autorisé, par la Convention approu-
vée du Parlement le 28 mars dernier, à
prêter 175 millions de francs, à faible in
térêt et à long ternie, aux propriétaiics
d'exploitations industrielles, agricoles et
commerciales de la Guadeloupe et dépen-
dances.
I,a Guadeloiqx' est donc entrée dans la
voie pratique de. la reconstruction. Et cest
la plus belle réponse à ceux <]ui critiquent
les institutions démixTatiques de nos vieil-
les Colonies sans même savoir ce dont ils
parlent ou «Vrivent. Voici, à titre documen-
taire, les principaux ordres du jour votes
par le Conseil Général de la Guadeloupe :
Hommage au Gouvernement
Le «'.onseil Cu ivrai, pêNi tiv des marque* 10-
IxMV-cs so'iduniU' el «l'assistance pvodiguees par lu
Franc*' républicaine à la (îmdeloupe sinistrée ;
Adresse à M. de Président de In Hepublupie.
an Parlement français, a M. le Président du
C.oiwil etjiuv membres du r.abm<'t, l'hommage
reoiouveil»'! (le sa profonde re>vimuiissMarque une ^ivlic'uliére et ardente gratitude <\
MM. \1aglnol, ministre des «'.«Vonies et <;héron.
ministre des F:nan ('t le dévouement, que. pendant une périouo oar-
tienlièrement chargée de 'a vie gouvernementale
et
LSE NUMERO : 90 CKNTIMB8
LUNDI SOIll, 8 AVRIL 1U28L
JMBML OMOHOtEM
Rédaction & Administration :
14, Ru Il .IIIW
PARIS 0*0
TtLtPN. s LOUVRK IMI
RIOHKLIBU 07-M
Les Annales Coloniales
*** •" DtMtCTMM: Maroal RUEDEL «t L.-G THÉBAUL T J'ou Il. carac&I. pu" dau lIO.r. tournai III,.,
pubuds dmu noire journd ow pmww
burm du iour»L ,lN r.",. fil'" ,.,., Il. AI8AI8 0-.-.--,
ABONNEMENTS
avtc la Rnv- mtnsuellt :
f Ha « ltoii S Mate
FfMMtt - -
(Montai 110 » 1011 ses
Ètr«n««r.. 1481 1ft 1 » 9
On s'abonne mju trais dam
tous laa bureaux de paala.
EN A. O. F.
., -.:8.
Des idées pour un programme
J'ai indiqué les idées générales qui me
paraissent dominer tout programme de mise
en valeur de l'Afrique Occidentale fran-
çaise.
Si l'on admet que ce programme doit
comporter trois grandes divisions voies
ti moyens de transport, aménagement éco-
nomique, aménagement social un doit
reconnaître la nécessité de rattacher aux
idées générales un certain nombre d'idées
directrices, non point secondaires, mais par-
ticulières à chacune de ces parties du plan
général.
Je veux examiner, aujourd'hui, celles qui
intéressent l'aménagement des voies et
moyens de transport.
La première est imposée par l'orographie
et l'hydrographie.
Les trois moyens normaux de transport,
l'eau, le rail, la route peuvent être, moins
que partout ailleurs, concurrents et doivent
être, plus que partout ailleurs, complémen-
taires. Les grands fleuves, le Sénégal tt le
Niger pourraient former, après un aména-
gement relativement sommaire, dont toutes
les études préparatoires sont faites, de ma-
gnifiques voies de communication et de
transport. Le Sénégal, à partir de Kayes qui
est à 924 kilomètres de son embouchure et
à 37 mètres au-dessus du niveau de la mer,
coule en pente douce, formant une succes-
sion de biefs, dont la profondeur atteint
fréquemment 10 à 12 mètres, séparés par
des barrages de sable ou des seuils rocheux.
La crue qui débute, à Kayes. en juillet
(1 m. 50) pour atteindre son maximum lin
août (8 m. 50 à 9 m.) permet à des navires
(le mer calant 5 mètres de remonter jusqu a
Kayes pendant un mois environ, du 20 août
au 20 septembre et à des navires calant trois
mètres, du 1er août au 15 octobre environ.
La barre de l'embouchure, i irrégularité du
débit mettent seules olwtacles à l'utilisation
de cette magnifique voie de circulation natu-
relle.
Le, Niger est une route royale. Il forme un
premier bief navigable de Kouroussa à Ba-
mako, de 400 km. environ, puis un second
Vie Koulikoro à Ansongo, de 1.400 kilomè-
tres. Il suffirait de transformer l'actuel ca-
nal d'irrigation de Sotuba en canal de navi-
gation réunissant les deux biefs, pour créer
une voie de circulation économique de près
de 2.000 kilomètres, accessible, pendant plu-
sieurs mois de l'année, à des vapeurs de
100 tonneaux et, en tout temps, à des cha-
lands de 5 à 6 tonnes.
Mais ces grandes voies d'eau, placées en
bordure, peut-on dire, du Sahara, sauf le
bief supérieur du Niger, comme des chemins
de ronde extérieurs à la région économique
soudanaise, peuvent être des voies d'éva-
cuation, elles ne peuvent pas être des voies
de pénétration. Ce dernier rôle est nécessai-
rement dévolu aux chemins de fer ou aux
routes.
Le chemin de fer. par ailleurs, des qu'il
s'éloigne de plus de 1.000 kilomètres de la
côte, devient un moyen de transport trop
coûteux pour des matières premières ou 11rs
produits naturels pondéreux. il ne peut, dès
lors, avoir la prétention de constituer à lui
seul l'ossature économique d'un pays dont
la superficie est huit fois celle de la Fran-
ce métropolitaine.
Il faut donc. (te toute nécessité, dans un
plan logique d'aménagement, envisager si-
multanément et complémentairemcnt les trois
moyens de communication et (le pénétration
économique.
Cette affirmation apparaîtra, à quiconque
regardera une carte de l'A.O.F., comme un
simple truisme. Elle n'est point inutile, ce-
pendant, car l'expérience nous a, hélas, ap-
pris qu'on n'en a pas toujours mesuré exac-
tement la valeur.
Mais comment assurer cette coordination
nécessaire dans l'exécution du plan ?
En ce qui concerne les fleuves, le problè-
me paraît assez simple : il faut régulariser
leur cours, supprimer les obstacles maté-
riels à la navigation.
Pour le Sénégal tout un programme a été
étudié et mis au point en vue de créer dans
les hautes vallées du Sénégal et de ses af-
fluents des réserves d'eau qui permettraient
de régulariser le débit du fleuve en aval de
Kayes. Les études ont été particulièrement
poussées au seuil de Gouina, au lac Mongui
au nord-est de Kayes, dans la région de
Tonkoto sur le Bakov.
Pour le Niger il suffirait de prolonger
de quelques centaines de mètres le canal
d'irrigation de 'Sotuba et d'y ouvrir une
écluse, dont le plan existe déjà, pour en
faire un canal de navigation réunissant les
deux grands biefs centraux.
Il faut ensuite ouvrir des portes sur la
mer à ces voies d'eau : aménager le port de
Saint-Louis, supprimer l'obstacle de la
barre à l'embouchure du Sénégal, aména-
ger à Kouroussa, suivant des procédés vrai-
ment modernes, la liaison avec le chemin de
fer de Guinée.
Enfin sur ces voies fluviales de communi-
cation, destinées à devenir par l'aménage-
ment hydraulique, de grandes artères de
vie économique intense, il faut songer, dès
maintenant, à créer des centres de rayonne-
ment de voies routières locales : Kayes, Po-
dor, Saint-Louis sur le Sénégal, Kouroussa,
Siguiri, Bamako, Segou, Mopti, Niafounké,
sur le Niger.
Pour les chemins de fer le problème est
plus complexe. Nous sommes en présence
de plusieurs conceptions.
Le problème de l'aménagement ferroviaire
'de l'A.O.F. peut être considéré tout d'abord
comme un simple élément du problème d'en-
semble de liaison et de coordination de no-
tre empire africain.
Cette conception a donné naissance aux
projets de transafricain, de transsaharien
et, à la fin de la guerre européenne à un
grand projet de réseau africain français,
étudié et défendu par le < Comité national
du rail africain », constitué, à Paris, au
mois d'avril 1918.
Le réseau à construire, d'après ce projet,
devait être de plus de 30.000 kilomètres.
En ce qui concerne l'A.O.F., il comportait
un certain nombre de lignes rayonnantes
autour de Bourem et un réseau de lignes se-
condaires de jonction : Bourem- Tombouc-
tou-Niafounké (440 kilomètres); Bourem-
Handiagara-Segou-Koulikoro (950 kilomè-
tres) ; Bourem-Bouaké par Ouagadougou
(1.280 kilomètres) ; Bourem-Ansongo-Zin-
der-N'guigmi (1.610 kilomètres).
Cette conception est en opposition éviden-
te et totale avec l'idée générale que j'ai dé-
veoppée, en tête de cette étude, et qui ad-
met que les débouchés de l'A.O.F. sont sur
la mer et non sur le Sahara.
Une seconde conception, qui ne fut pas
seulement un rêve d'hommes d'affaires pa-
risiens comme la première, mais qui eut ses
défenseurs en A.O. F. même, orientait tout
le trafic d'est en ouest. Elle répond, égale-
ment, à un moment historique dépasse.
Notre conquête s'est faite. histnriqucment.
par le Sénégal. A mesure qu'elle progrcssait.
les voies de communuration s'étendaient vers
l'est ; le commerce venait vers les romp-
toirs où il trouvait nos produits européens.
Ainsi peu à peu se constituait tout un ré-
seau de pistes, orienté est-ouest. Notre pre-
mier effort se fit dans le même sens. Le pre-
mier chemin (le fer construit, après celui de
Saint-Louis-Dakar, fut celui de Kayes-Ni-
ger pour unir le Soudan au «lélxmché du
Sénégal vers Saint-Louis.
Pendant longtemps cette conception fut
celle des autorités de r A.O. F. Si, après
la guerre, on poussa si activement les tra-
vaux du Thiés-Kayes. si on confia à la mis-
sion du commandant Digue l'étude du trans-
soudanien de Bamako à Niamey ou An-
songo, ce fut bien pour y répondre.
Mais la connaissance que nous avons ac-
quise de l'histoire économique et sociale du
Soudan condamne cette conception d'une fa-
çon absolue. Nous savons que les peuples
de la région de la boucle du Niger ont tou-
jours vécu une vie indépendante de celle
des peuples des bords du Niger supérieur, de
l'empire de Ghana et de l'empire de Segou,
que ce pays se trouve, aujourd'hui, par les
chemins de fer de la Côte d'Ivoire et du
Dahomey, relié à la mer directement d'une
façon infiniment plus rapide et plus sûre
que par le Sénégal ou le chemin de fer Da-
kar-Bamako. Il y a de Bolo-Dioulasso à
Abidjan 850 kilomètres, il y en a 1.750
de Bobo-Dioulasso à Dakar.
Nous restons (lone en présence d'une
conception cette à peu près unanimement
admise en théorie, mais non pas toujours,
hélas, en pratique qui considère l'A.O.F.
non comme un hloc, mais comme une
juxtaposition de régions ferroviaires ayant
leur débuche sur la mer au point le plus
favorable.
Mais alors se pose une nouvelle question,
celle des ports.
A la seconde conception ferroviaire que
nous avons indiquée se rattachait cette du
port unique. Toute la vie économique, orien-
tée est-ouest, devait aboutir à ce grand port
unique qui ne pouvait être que Dakar. Tous
les efforts devaient donc porter sur l'aména-
gement de ce port.
Mais en renonçant à cette conception fer-
roviaire il fallait renoncer aussi à celle du
port uiquc et songer à créer aux réseaux des
débouchés maritimes, avec des ports moder-
nes, aménagés.
On a adopté une solution moyenne. On a
renoncé à lidœ de la transversale terro-
viaire Bamako-Niamey, on a admis l'idée
de quatre réseaux du Sénégal, de la Guinée,
de la Côte d'Ivoire, du Dahomey. Mais on
consacre à Dakar à peu près tout l'effort
d'aménagement. On a sacrifié Saint-Louis,
on a adopté pour Conakry un plan mesquin,
on a mis vingt ans à choisir l'emplacement
d'un nouveau wharff pour la Côte d'Ivoire,
on n'a à peu près rien fait pour Cotonou.
Quand ce ne sont pas des raisons économi-
ques, ce sont des raisons financières qu'on in-
voque. 1
Je pense que l'heure est venue d'aborder
largement le problème des ports en liaison
avec celui des débouchés ferroviaires.
Mais à ces ports modernes que je vou-
drais aménagés en eau profonde, aussi bien
à Abidjan qu'à Conakry pour permettre aux
navires une manipulation rapide des mar-
chandises, il faut fournir un aliment de tra-
fic. Dans ce but, il importe d'aménager sur
les voies ferrées, comme sur les voies d'eau,
des centres économiques de rayonnement
pour des voies routières, choisies d'après
des considérations de développement écono-
mique.
Enfin, je voudrais signaler une dernière
idée qui doit être placéé, à mon sens, sur
le même plan que les précéOentes. Tout cet
effort de création ou de développement de
l'ossature économique et sociale de l' A.O. F.
doit être immédiat et simultané, poursuivi,
suivant un plan d'ensemble, avec des moyens
financiers qui ne peuvent être les moyens
normaux des budgets locaux ou du budget
du Gouvernement général. Il faut intervenir
en faisant appel aux grands emprunts, cou-
verts, au moins pour une première période,
par de larges subventions de la métropole.
I/aménagement de l'A. O. F. ce n'est pas
seulement l'affaire de l'A.O.F. c'est aussi
et autant l'affaire de la France.
fiflemie itnfonelll,
Dêpuli de la Haute-Savoie,
MAHMADOO FOFANA
fit
6 Toutes ces histoires de nègres
se ressemblent P, je me dis la mê-
me - chose chaque fois aue i'otwre'
un roman c noir 8. Et chaque fois que fau-
teur a du talent, j'ai vite fait de corriger ce
jugement et je m'empresse de déclarer le con-
traire. C'est un petl le sentiment que j'éprou-
ve dans mon pays lorsque je vois défiler une
compagnie de tirailleurs. Comment diable
peut-on mettre un nom sur chacune de ces
figures 1 Mais quand je les rencontre bayant
aux corneilles sur les quais, ou déambulant
de leurs longues jambes maigres devant les
terrasses des cafés, j'ai vite fait de tti a per-
cevoir qu'ils ont chacun leur physionomie
originale, distincte.
Mahmadou Eofana, que Raymond Esc ho
lier a bien connu et qu'il nous présente en
liberté, est un « type a de noir, qui ne res-
semble à aucun autre. C'est d'abord un des
meilleurs disciples de Samory, et dame ! il
a de qui tenir. Il a fait tous les métiers, et
d'autres encore. Il peut, dire comme Figa-
ro : « Tandis que moi, morbleu ! perdu dans
la foule obscure, il m'a fallu déployer plus
de science et de calculs pour subsister seule-
ment qu'on n'en a mis depuis cent ans à gou-
verner toutes les Espagne s ! ». A attire com-
plexe, agissante, d'humeur vagabonde, qui
a vu plus de peuples qu'Ulysse, Ouolofs,
Toucouleurs, Mossis, Baoulés, lUtb. Cados,
Soussous, tletilils, quittant la marmite ei les
fourneaux pour le ballot du colporteur,
ayant rapporté de ses voyages nombreux et
de la pratique de ses multiples professions,
celle philosophie que le système I) est le
commencement et la fin de la sagesse, et
l'habitude de résumer ses impressions sur
les hommes et les choses en formules pitto-
resques et définitives : « Lui y a gagné
beaucoup de bœufs !. Lui y a même chose
poule I. Lui y a content manger son ca-
marade. »
Il est savoureux, original, plein de verve
et d'imprévu, quand il développe ces for-
mules on raconte une histoire fil rehaussant
sa babine sur ses dents éblouissantes.
Lit dessus, la guerre le surprend. Mahma-
dou a choisi une femme de sa race dans son
propre village natal, au pays mtllillké et
il a un fils et une fille ; je vous r((o",,,,a..
de, ou plutôt je ne vous recommande pas
ses procédés d'éducation, lesquels d'ailleurs
au pays malinkê sont assez nouveaux, Les
aventures de Mahmadou, son embarquement
avec mille guerriers noirs pour l'Orient, sa
façon de faire la guerre en Macédoine, son
épopée héroï-comique, non moins héroïque
que comique, tout cela est conté par Ray-
mond Escholier avec un mouvement, une ti.
vacité, une richesse d'images, une abondance
de mots amusants ou cocasses, qui vous en-
traînent. Usez surtout comment Mahmadou
Folana a gagné la guerre, car c'est bien Alah-
madou qui l'a gagnée, aidé par son jeune co-
pain Yerro Olel, et ce que n'aurait pu faire
la science stratégique des plus grands gé-
néraux, deux nègres narquois, armes de trois
musettes gonflées comme des ballons, /rai-
nant des bidons, des plats de campement, des
marmites, un moulin à café, l'ont fait en ta-
pant comme des sourds sur une batterie de
cuisine. Sans cette manœuvre de guerre,
pense l'adjlldclllt Ri gai dans le train qui le
ramène à Paris. « peut-être serions-nous en-
core en train de nous massacrer entre pères
de famille, ci de faire des veuves et des
orphelins à raison de dix ou douze mille par
jour ». La victoire en chantant !.
Chanson triste. les noirs vont revenir là-
bas retrouver leur papa, leur maman, leur
rivière, le champ natal, ci la case chère, « la
chaude atmosphère de la case, pleine de 501-
teurs de musc, d'huile de palme et de peau
de femme. » Combien cependant ne revien-
dront jamais plus, dont les tombes mêmes
disparaîtront là bas, dans les terres hostiles!
Et d'autre part, combien vont s'en aller
dont on n'aura jamais plus de nouvelles !
En pensant à ceux qui ne feront pas le che-
min, tant rêvé, du retour, l'adjudant Ri gai,
se sent pénétré de tristesse : « leurs noms
qui bientôt ne vivront plus que dans le coeur
des mères émeuvent le silence, et Rigal sent
quelque chose monter dans sa poitrine qui
lui bâillonne la sorge et lui - mouille --- les
yeux. » Et, en songeant à ceux qui s éloi-
gnent vers le village noir, une melancolie
profonde l'envahit : « Ces noirs, depuis plus
de deux ans ses compagnons de toutes les
heures, voici qu'il va en être séparé aussi
brusquement que s'ils s'en allaient dans une
autre planète. Pensée qui, jusqu'au soir, sera
pour lui une source inépuisable de lIos/al-
gie ! »
Comme Raymond Escholier a bien fait de
garder pieusement les souvenirs de Mahma-
dou Eofana et de ses compagnons ! Quelle
fierté dans la case chérie lorsque le petit
de Mahmadou, ayant appris à lire et à élever
sa progéniture d'après d'autres méthodes pé-
dagogiques que celles qui lui ont été appli-
quées, fera à ses enfants le récit des exploits
du glorieux grand-père, qui mit fin à la
guerre atroce en faisant du tant tant sur des
marmites 1
Afarfo KovataM,
Sénateur de. l'Hérault,
Ancien Afittistre.
Vice-président de la Commission des Colonhs.
IIBTOVR
C'est par le Mêdie-Il que M. le Gouver-
neur général Carde a quitté Dakar le 3 de
ce mois à destination de Marseille ainsi que
nous l'avons annoncé. Il est accompagné du
colonel Martin, chef du cabinet militaire, de
M. l'administrateur des colonies Chazal et
de M. l'ingénieur des Travaux publics
Chardy.
M. J. Carde qui débarquera à Marseille le
12 courant, compte être à Paris entre le 15
et le 20.
Retour de Tunisie
000
En arrivant aujourd'hui à Marseille après
son voyage en Tunisie, M. Antériou, ministre
des Pensions, a donné ses impressions à notre
eMwspomknl.
Il me faut, touf d'abord, a déclaré M. An-
tériou, rendre hommage aux mutilés et aux
combattants de Tunisie, dont j'ai pu, au cours
du Congrès, apprécier l'ardent patriotisme, la
parfaite solidarité et le caractère équitable des
revendications. La diligente activité du direc-
teur de l'Office des Mutilés et du directeur de
l'armée tunisienne n'est pas étrangère à la belle
entente qui règne chez les victimes de la guerre
de la Régence. Les services locaux des Pen-
sions fonctionnent d'une manière satisfaisante,
qui sera irréprochable lorsque le Centre de Ré-
ferme et d'Appareillage sera transféré à Tunis,
ce qui ne saurait tarder.
Celle brève tournée a été, pour mes collè-
gues et pour moi, en même temps qu'une
agréable et instructive promenade touristique,
la splendide révélation de la merveilleuse be-
sogne morale et matérielle accomplie en moins
d'un demi-siècle par la France dans un pays d
la population hétérogène et au sol demeuré
longtemps stérile. Je n'oublierai pas non plus
l'accueil cordial et spontané des indigènes,
leurs manifestations de sympathie sous des for-
mes souvent naïves, toujows émouvantes. Je
dois faire cependant une amère constatation :
parmi les nombreux touristes, au hasatd de nos
excursions, les Français n'étaient pas en ma-
« jc'itt. Nous nous emploierons, mes collègues et
moi, à réparer dans la mesure de nos moyens
celle impardonnable indifférence du touriste
français a l'égard de la Tunisie.
Quoi de plus impressionnant que la mer des
oliviers, l'emplacement des phosphates à Sfax,
l'alignement innombrable des pieds de vigne
ou encore le vert mouvant des immenses éten-
dues de céréales ? La Tunisie redevient le
riche grenier qu'elle a été, et cela grâce aux
bienfaits de la paix en France. L'extraordinaire
essor de ce pays. depuis cinquante ans à peine
d'administration francaise. trahit de merveil-
leuses possibilités agricoles et industrielles. On
a dit de l'Afrique du Nord qu'elle serait la
grande révélation économique du XX" siècle.
Je. suis fermement persuadé de la justesse de
cette appréciation et je ne manquerai pas de
suiv e attentivement la progression d'un pays
j'emporte d'inoubliables souvenirs, et que
j'espère un jour connaître plus intimement.
En quittant Tunis, M. Antériou, accompa-
gné des membres de son cabinet et des députés
venus en Tunisie pour prendre part aux travaux
du Congrès Nord-Africain des victimes de la
guerre, a été salué par les ovations répétées
d'une foule considérable.
-
L'Algérie au Caire
- 1.'
En présence de S. A. le prince Haidatf
Fazil et M. Georges Michaut, doyen de la
Faculté des lettres, sous la présidence de
S. E. Mahmoud bey Shalit, l'érudit et élo-
quent professeur Atazard, de la Faculté des
lettres d'Alger et directeur du musée des
Beaux-Arts de cette ville a fait une confé-
rence au cours de laquelle il a montré tout
ce que la France a fait, en Algérie, pour
développer les écoles professionnelles de jeu-
nes gens et de jeunes filles. Grâce à cet effort,
il y a actuellement un merveilleux renou.
veau des arts indigènes ; mais il ne faut pas
oublier qu'on respecte scrupuleusement les
traditions anciennes.
.1.
A TANGEK
La question des jeux
Le ('itinUt\ du contrôle, réuni arant-hirr,
v oyant pu réaliser l'unanimitr nécessaire
pflur consentir à une. fIIOflillcatio" de l'ill-
terdiction des jeux de hasard. prévue, à
l'article f>2 du statut, a décidé de réclamer,
à partir du mai prochain, la riyourcuse.
application de cet article à l'égard des ¡(',r
de hasard 'l/li avaient été tolérés ¡lUit/Il'';.
présent.
(Par dépêche.)
---«Okoe- –-
BROUSSIES
& Pi© ô>llSf!llLiLES
.+«
Des éléphants batifolent
Keutlinger, petite ville allemande, a été
fort agitée, avant-hier, par les facéties de
quatre élépnants échappés d'un cirque.
- L'un d'eux a pénétré dans plusieurs ma-
gasins de la Wilhelmstrasse et d'abord dans
un magasin de suspensions, puis, chez un
opticien, chez un marchand de partitions de
musique et enfin dans un magasin de confec-
tions pour hommes. A chaque fois, l'éléphant
enfonçait la porte ou la vitrine et saccageait
les marchandises.
L'on remarquera qu'il a commencé par
s'ébattre parmi des suspensions. C'est sûre-
ment un éléphant imbu de traditions humo-
ristiques et sachant ce que doit sa race aux
magasins de porcelaine. Au"
jtueffon.
r---
PHILATÉLIE
Guyane anglaise
En 1856, la Guyane anglaise manqua de
timbres-poste.
On en demanda à la Métropole, mais il
fallait alors près de deux mois à un voilier
pour aller de Georgetown à Londres et, na-
turellement, autant pour en revenir.
La colonie ne pouvant rester près d'un
semestre sans timbres postaux, on décida
d'en faire tirer par un imprimeur local, mais
celui-ci, mal outillé, peu préparé à ce tra-
vail, ne produisit que des vignettes affreuses
dont il fallut se contenter.
On a retrouvé par hasard dans de vieux
papiers un de ces timbres, un pauvre timbre
d'un sou, défraîchi et crasseux.
Cela va être la pièce rare d'une exposition
de philathélie qui va s'ouvrir, il est estimé
10.000 guinées, environ un million 250.000 fr.
Ses congénères bien tirés valent de cinq
à six shillings.
NOIR SUR BLANC
Une belle paire
On ne compte plus les chevaux tués sous
lui par M. Octave Homberg. Sur les hippo-
dromes urbains, suburbains ou provinciaux, le
financier dans la banlieue a une joie intense à
voir ses poulains courir et ramasser les cas-
quettes. Quand, par hasard, un de ses canas-
sons réussit à passer le premier le poteau
il y a quelquefois des miracles alors mon
Octave, bienfaiteur de la race chevaline, ga-
lope après les boucs ou se met dans les bran-
cards pour jouer. le meilleur cheval de la
course, celui d'un de ses concurrents.
Mais les victimes d'Octave sur le turf ne
sont rien à côté de celles qui, dans les villes,
villages et hameaux de France, ont cru' aux
bobards de ses prospectus, ma foi plus habiles
et mieux rédigés que les pensums signés du
même dans la Revue des Deux Mondes. La
vieille dame saumon, soit dit en passant, sem-
ble devoir se couler à emprunter trop de litté-
rature aux boursicotiers de troisième zone. Cas-
se-cou, Doumic.
Or donc, le tableau de chasse d'Octave
siallonge inlassablement. Après les catastro-
phes de V Indochinoise de Cultures Tropicales,
des Chalandages et Remorquages du lonkin,
des Raffineries et Sucreries de l' Indochine, de
l'Indochinoise de Produits Chimiques, des Mi-
nerais de la Grande Ile, voici, entre autres, les
Comptoirs Sénégalais qui s'acheminent vers la
culbute.
Sans plus attendre. Octave fait une pi-
rouette, lâche les Comptoirs Sénégalais et re-
tombe, c' est le mot propre, sur la Saïgonnaise
de Navigation d des Transports, digne fille des
Messageries Fluviales de Cochinchine et du
chevalier de la triste figure nommé lieutenant-
colonel Bernard.
Voici ce que dit à ce sujet, dans son nu-
méro d'hier, notre confrère l'Argent (5 avril
1929) :
SAIGONNAISE. DE NAVIGATION
ET DE TRANSPORTS
Il y avait bien longtemps qtîe le célèbre
Octave Homberg n'avait pas mis un nouveau
poulain en course. Le malheur est réparé, car
il vient de gratifier le marché des actions et
parts Saïgonnaise de Navigation et de Trans-
ports. Pour sa première sortie, il a commencé
par se livrer à des fantaisies burlesques. Les
parts n'ayant pas coûté 1 centime, ont été intro-
duites à 2.000 et les actions à 530 francs, soit
avec une majoration de près de 400 francs sur
le pair, leus nominal étant de 12 piastres 50.
Il existe donc 80.000 actions et 16.000
parts. A Ces cours, la capitalisation boursière
ressort à la bagatelle de 75 milliom. Pour une
affaire au capital de 1 million de piastres, il
faut reconnaître que la majoration est des plus
coauettes.
il paraît que pour se faire blalçbouler aux
dernières élections M. Octave Homberg a
dépensé pas mal d'argent. Sans doute cherche-
t-il à se refaire sur le dos des ndifs? Car on
ne peut guère traiter autrement les capitalistes
qui manifesteraient l'intention d'acheter ces Vi-
gnettes à des prix aussi prohibitifs. Surtout
qu'elles commencent à donner des signes visi-
bles d'essoufflement.
M. Octave Homberg ne connaît plus d'obs-
tacles. Pourvu qu'un jour il ne finisse pas par
se casser la g..,
O. Homberg et F. Bernard, une belle paire
d'écumeurs de l'épargne ! Qu'en penseriez-
vous, Bernard Lazare, si vous ressuscitiez ?
JLAngédrIv.
L'Aviation Coloniale
Paris-Saigon
Happelons que le petit avion à moteur
GnÓme-Hhûne de 230 chevaux était piloté
par MM. Hailly et Hegimensi. ce dernier est
udjudunt au 34e d'uviution à Iatres.
Le mécanicien œt M. Marsot.
Ajoutons qu'il est dtins les intentions dt,
M. Hailly de revenir de Saigon ù PuriH,
par la voie dos airs mais par petites étapes
et en visilanl les pay« oÙ il ferait escale.
France-Amérique du Sud
Les jours de départ des courriers aériena
à destination de l'Afrique occidentale fran-
çaise et de l'Amérique du Sud seront lixés
désormais aux jours suivants :
1° De Toulouse à Dakar et l'Amérique
du Sud, le dimanche, à partir du H avril ;
20 Do Huenos-Ayres à Dakar et Tou-
louse, le samedi, ù'partir du la avril.
A Paris, ies cor rcspnndances «levront être
postées le samedi avant midi dans les hll-
reaux de poste.
l'ne levée sera effectuée régulièrement en
dernière heure, il J:-, h. lin : a) il la boite spé.
ciale placée à l'entrée du «ie^e sociul de
l'Aéropostale, 'Ji?, avenue des Champs-Ely-
sees ; b) à la gare «l'Austerlitz.
Pour les départements, se renseigner au-
près des bureaux de poste de chaque Idéa-
lité, les heures limites de départ variant
suivant le point, «l'expédition.
Avec l'ancien horaire, le courrier partant
de Huenos-Ayres le jeudi arrivait à Tou-
louse le samedi matin de la «emaiiie sui-
vante et ne pouvait être distribue que le
lundi matin (durée du trajet : onze jotirs\
GrAce au nouvel horaire, le courrier par-
lant de Huenos-Ayres le samedi arrivera ù
Toulouse le dimanche «oir. ou le lundi ma-
tin, et sera distribué aussitôt durée du tra-
jet. : neuf jout\s\
Le prince Purachatra au Bourget
M. Luurenl-Kvnu»' a reçu. hier, au llour-
get, le prince Putnchalra. ministre îles Tra-
vaux publics de Sium, qui il a fait les
honneurs de notre port aérien.
Le prince s'est particulièrement intéressé
au balisage de nuit H aux mneliiries moder-
nes des services Londres-Marseille, qui
doivent assurer la liaison vers l'Orient et
l'Kxtrème-f >1 ient.
.,.
L'EMPEREUR D'ANNAM A ROYAN
elb~
L' empereur d'Annam Bao Dai, voyageant
incognito, sous le nom de prince Vinh Tui, est
arrivé jeudi soir à Roy an. Il est descendu à
l'hôtel du Golf, à Pontaillac, accompagné de
son jeune cousin, le prince Vui, et de son gou-
verneur M. Charles, ancien Gouverneur d'In-
dochine. L' empereur a visité la région, notam-
ment le phare de la Coubre et le phare de
Suzac. Il a assisté à une partie de tennis au
Garden. Il a déclaré être enchanté de son
court séjour et a mani festé l' intention de re-
venir. Il a regagné Paris samedi.
Le tour de France
des artisans noirs
L'Afrique Equatoriale française nous a
envoyé 41 artisans noirs soiis la conduite de
M. Lanin Houa afin de leur faire visiter
une vingtaine de villes de la région du Nord
et de l'Kst. Les C hambres de commerce leur
font accueil et ils participent à toutes les
foires locales. Ils montrent. les capacités des
artisans noirs de nos possessions françaises,
instruits et conseillés par nos techniciens.
La Guadeloupe ressuscite
Au Conseil Général, en session extraordinaire,
on s'est occupé activement de reconstruire et de
rééquiper l'lie cyclonée
Le récent courrier des Antilles nous a ap- I
porté de très vivantes nouvelles de la Cua-
deloupe, où le Conseil Général a été con-
voqué en session extraordinaire du 8 au 15
mars dernier, à la demande de plus des
2/3 de ses membres, pour examiner et dis-
cuter plusieurs projets de contrats impor-
tants, notamment rélectritïc-ation totale de
rUc, l'adduction et la répartition des eaux
dans la Cirande-Terre, l'assainissement de
la ville de la Pointe-à-Pitre, l'approfondis
sement du chenal de la Rade, la reconstruc-
tion des édifices publics de la Colonie cy-
clonée, l'organisation des transports mari-
times en vue de l'exportation des fruits tro-
picaux (bananes, etc.).
Après des débats qui n'ont pas laissé
d'être passionni's, et dont M. le député Eu-
gène (îraeve, lui-même conseiller général
et maire de Sainte-Anne, fut le principal
animateur, le Conseil Général, sous la pré-
sidence de M. J. Archimède, a fini par ap-
prouver, en les améliorant, les deux projets
de contrat sur l'Electrilication et sur t'Ad
duction des Eaux. Pour les autres projets,
ainsi que pour l'emploi rapide des Presta-
tions en nature mises à la disposition de la
Colonie par l'article 159 de la loi de finan-
ces de 1929, dont M. le sénateur Uérenger
fut l'auteur, le Conseil Général s\:-n est, re-
mis à sa Commission Coloni.de, qui aura
charge de mettre ces projets au mint. d'ac-
cord avec M. le Gouverneur Tellier, de re-
tour dans la Colonie depuis le 26 mars der-
nier.
l'ne nouvelle session extraordina ire du
Conseil Général de la Guadeloupe sera d'ail-
leurs indispensable vers la fin d'avril. car
cette Assemblée Uvale aura a examiner et
voter l'approbation d'une convention entre
l'Etat français et le Crédit Foncier de
France, pour ouverture de prêts à long ter-
me et à fail)le intérêt, jusqua concurrence
(le cent millions de francs, aux communes de
la Guadeloupe et aux propriétaires d'immeu-
bles sinistrés. Cette session extraordinaire,
coïncidant avec le voyage, de M. Henry
llérenger dans la Colonie, dont il est le
sénateur depuis 17 ans, sera une nouvelle
preuve de la renaissance guadeloupéenne
définitive après le Cyclone et le Rax-de-
Marée effroyables du 1: septembre 19J8.
On sait que le Crédit Xational est d'ores et
déjà autorisé, par la Convention approu-
vée du Parlement le 28 mars dernier, à
prêter 175 millions de francs, à faible in
térêt et à long ternie, aux propriétaiics
d'exploitations industrielles, agricoles et
commerciales de la Guadeloupe et dépen-
dances.
I,a Guadeloiqx' est donc entrée dans la
voie pratique de. la reconstruction. Et cest
la plus belle réponse à ceux <]ui critiquent
les institutions démixTatiques de nos vieil-
les Colonies sans même savoir ce dont ils
parlent ou «Vrivent. Voici, à titre documen-
taire, les principaux ordres du jour votes
par le Conseil Général de la Guadeloupe :
Hommage au Gouvernement
Le «'.onseil Cu ivrai, pêNi tiv des marque* 10-
IxMV-cs
Franc*' républicaine à la (îmdeloupe sinistrée ;
Adresse à M. de Président de In Hepublupie.
an Parlement français, a M. le Président du
C.oiwil etjiuv membres du r.abm<'t, l'hommage
reoiouveil»'! (le sa profonde re>vimuiiss
MM. \1aglnol, ministre des «'.«Vonies et <;héron.
ministre des F:nan
tienlièrement chargée de 'a vie gouvernementale
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