Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-03-18
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 mars 1929 18 mars 1929
Description : 1929/03/18 (A30,N44). 1929/03/18 (A30,N44).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6280521s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
Tlt 1EMP ANNEE. - N- 44, En NUMERO : 30 CFNTJMBB LU\L>i au m, in mm\o u~J.
'*) l JOURNAL QUOTIDIEN «
i1 i JOUIUlll QUOrlOIEIl
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Les Annales Coloniales
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1 La liaison ferroviaire
entre l'Algérie et la Tunisie
6 Pendant longtemps, il y a eu, aussi bien
du côté de la Tunisie que du côté de l'Al-
gérie, une hostilité manifeste contre tout
uojet tendant à créer de nouvelles relations
ferroviaires entre les deux pays. La grande
ligne Tunis-Alger devait suffire à tout le
transit.
Les deux pays avaient beau se dévelop-
per dans des régions fort éloignées de cette
ligne transversale, leur prospérité, au lieu
de devenir un motif de créer de nouvelles
voies ferrées, était, au contraire, une raison
de plus pour combattre toute motion de ce
genre, chacun ayant peur que ses produits
n'aillent alimenter le trafic des réseaux du
voisin.
Cette politique d'obstruction mesquine se-
rait encore pratiquée si les autorités mili-
taires chargées d'étudier un plan de défense
générale de l'Afrique du Nord française
n'avaient vivement protesté contre les diffi-
cultés, les. complications, les obstacles
qu'elle apportait à leur mission, en retar-
dant sinon en rendant impossible le trans-
port des troupes sur tel point du littoral al-
gérien ou tunisien où leur présence serait
nécessaire.
Une première réalisation de la plus
haute importance vient d'être obtenue par
la construction d'un tronçon de voie ferrée
qui relie la ligne algérienne du Kouif à
la ligne tunisienne de Kalaâ-Djerda. La
pose du dernier rail achevant le raccord a
eu lieu le ai février dernier.
Ce sont encore les militaires qui ont ac-
compli ce travail. Le capitaine du génie
Robert en a dirigé l'exécution en y em-
ployant la compagnie de sapeurs de che-
mins de fer du 45* génie, la deuxième
compagnie du 33* bataillon du génie et des
sections d'épreuve indigènes des divisions
d'Alger et - de Constantine.
Si les rails sont posés, il reste encore pas
mal de travaux à achever, avant que la ligne
puisse être ouverte à l'exploitation commer-
ciale, mais ce n'est plus que l'affaire de
quelques mois.
Espérons que cet exemple décidera les
deux pays à construire, sur plusieurs points
de la frontière algéro-tunisienne, les quel-
ques kilomètres de voie ferrée qui pour-
raient, pour le plus grand bien des régions
extrêmement riches en minerais de tous
genres, permettre la liaison des réseaux
pÊot à lAouelle chaque exploitation minière
pourrait choisir pour son exploitation la
finie la moins longue et la moins onéreuse.
Mal heureusement, si cette solution semble
s'imposer au bon sens, elle lèse certains
intérêts qui ont été assez puissants jusqu'ici
pour la faire écarter.
N'est-il point ridicule de voir une ligne
tunisienne se terminer en cul de sac à Ne-
beur, à quelques kilomètres seulement de la
frontière, et des oppositions vigoureuses
s'élever contre le projet de prolonger cette
ligne jusqu'à la voie algérienne qui passe,
elle aussi, tout près de la frontière, parce
que ce raccord pourrait engager certaines
exploitations phosphatières d Algérie à éva-
cuer leurs minerais par le port tunisien de
Bigerte? Bizerte, d ailleurs, n'est-ce pas
avant tout un grand port français, a la vie
duquel l'Algérie devrait s'empresser de par-
ticiper, dans l'intérêt supérieur de la patrie?
Mais il est encore d'autres points sur la
longue frontière algéro-tunisienne où celle-
ci devrait être coupée par des lignes trans-
versales établissant entre les deux pays des
relations normales.
Dans le Sud-Ouest tunisien, de Redeyef
à Fériana, une ligne ferrée passe à quelques
kilomètres de la frontière, au delà de
laquelle, du côté algérien, s'étend une
vaste contrée peu fertile il est vrai, et rele-
vant déjà du désert saharien, privée de
toute COIDIIIUDicatioo. Le réseau ferré algé-
rien darrftp, II Tebessa, beaucoup plus au
nord. D'ailleurs, outre -la distance, la na-
ture du soi rendrait très difficile et très
onéreuse la construction d'une ligne reliant
cette région aux voies ferrées algériennes,
car elle devrait traverser plusieurs chaînes
de montagnes parallèles. Au contraire, les
vallées qui séparent ces hauteurs courent
de l'ouest à l'est et ont leur débouché na-
turel du territoire algérien vers la Tunisie.
Il suffirait de quelques kilomètres de voie
ferrée, d'exécution facile, pour les mettre
en relations avec le réseau tunisien du sud.
Mais, c'est dans cette région actuellement
sans issue que se trouvent les gisements
phosphatiers du Djebel-Onck, en territoire
algérien, et il a beau être démontré qu'il
ne sera jamais possible de les diriger sur
le port algérien de Bône, l'Algérie n'arrive
pas à se résoudre à faire sortir ses mine-
rais par le port tunisien de Sousse. Du reste,
il faut dire qu'en Tunisie même, certaines
puissances phosphatières ne tiennent pas à
avoriser une solution qui amènerait sur le
marché mondial un gros appoint de mine-
rais de teneur supérieure aux leurs.
Enfin, tout au Nord, Tabarka, point ter-
minus du système ferroviaire tunisien, n'est
séparée que par une courte distance de La
Calle, point terminus du système algérien.
Il serait facile de relier les deux stations
extrêmes et de permettre ainsi des voyages
extrêmement intéressants par une ligne per-
mettant de passer de Tunisie en Algérie en
suivant le littoral.
U semble que l'on y soit enfin décidé, du
moins en principe; mais l'on ne saurait
s'étonner que l'on ait tardé à adopter ce
projet pour le chemin de fer lorsque l'on
sait qu il y a quelques mois à peine, la
route elle-même s'arrêtait en cul de sac à
trois ou quatre kilomètres 4e la frontière
aussi bien do cet, tunisien que du côté algé-
rien et que l'on l'dbpuit à maintenir
ainsi entre les deux pays lia tronçon de
sept ou huit kilomètres très difficile à fran-
chir pour les automobiles, les camions, les
véhicules lourds.
Après la liaisoo établie par le génie mili-
taire entre Tebessa et Kalaâ-Djerda, il
faut espérer que les services des Travaux
Publics de Tunisie et d'Algérie se pique-
ront d'émulation et voudront, eux aussi,
créer des relations entre les deux versants
de la frontière d'ailleurs toute convention-
nelle séparant administrativement deux pays
qui, sous un régime différent, n'en font pas
moins partie 1 un et l'autre de la grande
collectivité française.
Erneemt ffauefos,
Sénateur de la Marna,
Vice-Président de la Commission
des Douanes.
Deux affiches
de propagande touristique
1
Le bureau officiel du tourisme de la Ré-
sidence Supérieure en Annam vient d'éditer
deux nouvelles affiches en couleur, dues la
première au pinceau de M. Phi Hung, la se-
conde à celui de Mme de Fautereau-Vassel.
Le décor de fond de l'une et de l'autre est
constitué par un spécimen de l'architecture
du centre-Annam, évoquant la majestueuse
ordonnance des tombeaux impériaux, et dont
l'édifice aux allures de pagode domine un
escalier monumental aux larges degrés.
Dans l'œuvre de M. Phi Hung, au premier
plan se tient un groupe indigène, en vête-
ments de soie aux riches couleurs, dont les
bustes apparaissent seuls.
Deux gracieux visages féminins entre au-
tres, y juxtaposent, comme le fait se pro-
duit assez fréquemment dans les familles des
mandarins de la Capitale, deux types du
pays qui, même aux regards non avertis, se
distinguent par leurs coiffures caractéristi-
ques le turban du Backy (provinces du
nord, région tonkinoise) qui s'enroule autour
du crâne, avoisine la chevelure massée en
coques et le chignon à la chinoise du Nam
Ky (provinces du sud, Cochinchine des an-
ciens auteurs, qui comprenait aussi le sud et
le centre-Annam).
Ces nobles et douces figures de la pure
race de Viét Nam semblent accueillir à
l'avance, avec gravité et courtoisie, le visi-
teur attendu.
L'œuvre de Mme de Fautereau est d'une
inspiration toute différente. L'artiste a réuni
plusieurs types populaires communément ré-
pandus, pris sur le vif et pittoresquement
campés : une jeune mère berce son bébé au
crâne rasé, sauf deux drôles de petites houp-
pes, tout en rêvassant sous la varanque de
sa maison de bambous ; une accorte paysanne
retient, sur sa hanche, de son bras nu, un
panier rempli de fleurs de lotus,
Ayant mis ce jour-là, Pour être plus agile,
Cotillon simple
et cache-sein plus simple en-
core, dont se contentent en guise de cami-
sole les robustes commères de là-bas (et qui,
somme toute, est à la dernière mode pari-
sienne, puisqu'il est décolleté jusqu'au bas
du dos!); derrière elle, un pauvre pêcheur
plonge avec conviction son épuisette de rotin
tressé dans une vaste mare, couverte de
feuilles de nénuphar, qui sépare cette scène
animée du mouvement du fond ; tandis que
vers nous (notation aussi exacte que spiri-
tuelle) un notable de village, dans son long
fourreau de grenadine noire, s'avance en ba-
lançant ses bras à toute volée, selon le rite
de suprême bon ton qui sied à un aussi im-
portant personnage.
Voilà deux affiches très réussies, de nature
à appeler l'attention des touristes qu'elles
adressent (en français et en anglais) au bu-
reau de Huê, pour tous renseignements en
vue d'un voyage en Annam.
F. 8.
AU CONSEIL COLONIAL DU SÉNÉGAL
̃
A la veille des élections au Conseil Colo-
nial du Sénégal qui, depuis 1920, a remplacé
le Conseil Général, un de nos confrères de
la presse du Sénégal critique le partage de la
colonie en cinq circonscriptions électorales
et préconise la représentation cantonale qui
aurait l'immense avantage de permettre à
tous les intérêts d'être directement représen-
tés et donnerait aux candidats plus d'indé-
pendance, ce dont ils ne peuvent se réclamer
parce qu'esclaves de combinaisons politiques.
La création de cantons électoraux tout en
conservant aux candidatures du scrutin no.
minal un caractère de personnalité inévita-
ble, supprimerait les inutilités que le jeu des
amitiés politiques envoie siéger dans les as-
semblées locales, tout en facilitant la révéla-
tion d'ambitions qui, mises à contribution, ne
pourraient que servir l'intérêt général.
-00,
DEPART
M. Reste, lieutenant-gouverneur du Da-
homey, s'embarquera après-demain mercre-
di à Bordeaux pour rejoindre son poste.
-
L'automobilisme au Sahara
1 0
Il se confirme que M. Pierre Bordes, Gou-
verneur général de l'Algérie, a décidé d'or-
ganiser. avec le concours aes Automobiles
Clubs des trois départements et des entrepri-
ses de transports subventionnées, des épreu-
ves et circuits automobiles, à l'occasion des
fêtes prévues pour 1930. Ces manifestations
seront au nombre de deux : une course auto-
mobile proprement dite, réservée aux cons-
tructeurs de voitures, dénommée Grand Prix
du Sahara; une deuxième épreuve, dénom-
mée Rallye Saharien Algérie-Niger, sera rtf-
sfcrvée aux amateurs.
La France
dans le Proche-Orient
- 11.
~Q* Certains journaux allemands si-
Pk gnalent que le traité du fascisme
et de la papauté menace VAngle-
terre, et plus encore la France dans le
Proche-Orient.
Ils remontent jusqu'à l'alliance que Frall.
çois 1er, roi très chrétien, fils aîné de
l'Eglise, signa avec Soliman, Vennemi de la
chrétienté. Sans doute les capitulations nous
accordaient le protectorat des Lieux Sair.ts
à Jérusalem et, par voie de conséquent e,
celui de tous les catholiques du Proche.
Orient, quelle que tût leur nationalité. Et
qu'il y elit là un moyen d'influence dans la
Méditerranée Orientale, il serait vain de le
nier.
M ais d'ahord, il y aurait quelque naïveté
à croire que la monarchie française n'ait vu
là ftiun moyen d'influence religieuse, tu,
si l'on veut, morale i il y avait sans doute
des communautés à défendre, des établisse-
ments religieux à protéger. Mais, dans la
pensée de la France de l'ancien régime, il y
avait surtout une influence politique, com-
merciale, économique, dirait-on aujourd'hui,
à exeretr.
Au contraire, l'histoire enregistre l'al.
liance avec Soliman comme un des faits les
Plus caractéristiques du seizième siècle,
parce qu'elle marque la date à laquelle les
préoccupations religieuses passent, en poli-
tique extérieure, tout à fait à l'arrière plan.
La France des Croisades traitant avec les
Musulmans, François 1er faisant alliance
avec Soliman, c'était hardi, très hardi, au
point que le roi n'en était pas très fier. Mais
les navires français recevaient, à l'exclusion
de tous les autres, la liberté de faire du
commerce sur toute la côte du Proche-Oriellt,
cf pendant plus d'un siècle aucun navire ne
put aborder dans un port ottoman sans abri-
ter sa - marchandise sous le pavillon fran-
çais. Cela valait bien une messe, aurait dé-
claré Henri IV. François 1er, qui avait
d'abord à lutter contre un ennemi redoutable
que les Turcs devaient vaincre avec lui, et
qui sentait, d'autre part, qu'une convention
commerciale était le complément d'un traité
d'alliance offensive et défensive, passa de
la première au second, en se disant qu'après
tout, cela valait bien de scandaliser la chré-
tienté.
Mais, nous dit-on, l'Italie désormais
pourra d'autant mieux lutter contre notre
prestige dans le levant que le nouvel accord
avec le Pape lui attirera les sympathies des
catholiques. En fait, le privilège de la
France a depuis longtemps été fort affaibli
et la conférence de Lausanne en 1922 lui a
porté le dernier coup. Y a-t-il place pour un
autre « privilège .f Oui, s'il y a - subordina-
tion de la politique religieuse du pape à la
politique extérieure du fascisme. Mais cette
simple supposition paraît, pour les catholi-
ques, une injure adressée au chef suprême
de l'Eglise. Z'Osservatore Romano, qui
malmenait ces jours derniers si durement un
de nos confrères des Débats pour avoir mis
en doute Vindépeniance absolue, supra-na-
tionale, de la papadté à l'égard du fascisme
comme de toutes les autres formes de gou-
vernement, faisait o bserver que la situation
de la France, pays protecteur, ne répondait
plus à la situation ( e notre époqlle. L'Eglise
ne changera pas de « protecteur ». Et voilà
pourquoi on a rai ion de noter les efforts
du pape Pie XI, qui, depuis quelques an-
nées, tendent à organiser dans chaque pays
de mission un clergé indigène. Comment sont
dirigés ces efforts, quel est et quel sera leur
succès, ie n'en sais rien; mais s'ils réussis-
sent, comment ne pas les opposer à Vopinion
de ceux qui, contrairement à une tradition
qui date de François I", envisagent les
Problèmes de politique extérieure en fonc-
tion des problèmes religieux, et. réciproque-
ment.
Warfo JtosMtaM,
Sénateur de l'Hérault,
Ancien Ministre l .,s.
Vice-président de la Commission des Colonies.
UNE IDÉE SAUGRENUE
66-b
C'est pour le moins ce que semblera aux
vrais coloniaux cette idée d attribuer des prix
littéraires à des ouvrages écrits en langues
indigènes. Il nous suffit de 'ire dans le
Bulletin officiel du Protectorat Chérifien par
exemple, les nombreuses publications en lan-
gue arabe qui sont rigoureusement censurées
comme contraires à l'ordre et au prestige de
la Nation protectrice et aussi de constater
combien les élucubrations, même en mauvais
français, des indigènes dans leurs feuilles lo-
cales, sont de qualité inférieure pour s'imagi-
ner ce que seront les concours au prix lit-
téraire envisagé par l'institut international
pour l'étude des langues et des civilisations
africaines. En Sango, par exemple, la lan-
gue des rivières en A.E.F., riche tout au plus
de 300 mots, que nous donnerait une œuvre
littéraire ? Et combien comptons-nous de
langues indigènes écrites.
Veillons plutôt à apprendre à nos indigo.
nes à parler, lire et écrire en français
pour les simples besoins de la cause de la
colonisation mais non pour en faire des litté-
rateurs. Ils ont déjà bien suffisamment de
romans coloniaux écrits par les Européens,
pour se distraire. Ne seraient-ce que ceux de
Lené Maran qui les eng.uirlande à plaisir.
fi. D.
4»
Les drtifs dedemeet Indochine
Le Conseil de Gouvernement de l'Indochine,
dans sa séance du 23 novembre 1928 a pris une
délibération tendant à modifier le tableau des
droits de douane inscrits au tarif spécial de la
colonie.
Conformément aux dispositions de la loi du
13 avril 1928, il doit être statué dans les trois
mois sur la proposition du ministre des Colo-
nies, après avis conforme du ministre du Com-
merce et de l'Industrie, du ministre de i Atrt-
culture et du ministre du finances.
NOIR SUR BLANC
AVATARS
pdi c i m
M. Yves-Napoléon Le Trocquer, poIiticieD
marron et financier véreux, saute d avatars en
avatars.
Régulièrement, depuis trois mois, il reçoit à
la Chambre et dans la presse la volée de bois
vert qu'il n'a pas volée .tout arrive, n'est-ce
pas, malheureux acheteurs de ces « val eurs »
indochinoises dont l'ancien ministre des Tra-
vaux Publics de M. Raymond Poincaré fut
le lanceur dans le marché « hors cote ».
Depuis dix ans, ce renégat de la politique,
qui a trahi successivement les républicains qui
1 ont fait élire, les libéraux qui en ont fait un
ministre. et quel ministre. les catholiques
qui l'ont soutenu aux derniers scrutins, dans
les Côtes-du-Nord, avait été jaugé par nous.
Maintenant il réussit à faire contre lui l'una-
nimité des honnêtes gens.
Tandis que ses agissements financiers atti-
raient l'attention, au mois de décembre der-
nier, de la Banque de France et de la section
financière du Parquet de la Seine il fondait
un syndicat dans lequel on offrait aux adhé-
rents des fauteuils dans les conseils d'admi-
nistration de sociétés à fonder M. Ray-
mond Poincaré l'exécutait magistralement à la
Chambre dans une phrase que toute la presse
a reproduite. Puis on rappelait qu'il fut,
comme par hasard, un des plus brillants colla-
borateurs de Mme Marthe Hanau et de la
Gazette du Franc.
La semaine dernière, M. Chastanet ayant
dit à la tribune de la Chambre qu'on se ser-
vait du nom de M. Yves-Napoléon Le Troc-
quer pour abriter des affaires suspectes, M. Le
Trocquer monta à la tribune pour déclarer
qu'il n' autorisait personne à se servir de son
nom et qu'il s'en servait lui-même. Tout le
monde a compris.
Enfin, hier, à Dijon, au banquet de clôture
de l'Alliance républicaine démocratique, le
petit Napoléon des Côtes-du-Nord a eu l'es-
tomac de vouloir parler. Ses anciens amis 1 ont
littéralement vomi en lui reprochant ses lâche-
tés et ses trahisons. Malgré son entêtement,
il ne put placer un mot.
Exécuté à gauche, renié à droite, ce lanceur
de titres coloniaux trouve enfin le châtiment
de ses reniements.
Un jour est proche où les sociétés coloniales
sérieuses se sépareront d' un homme qui n a
de « technicité » que dans la palinodie.
L'ilns ###/-
.1.
M Iwccn Saint chez le Sultan
M. Lucien Saint a assisté samedi dernier
à un déjeuner auquel S. M. Sidi Mohamed
l'avait convié dans son palais.
Le Résident général se rendra demain 1
Casablanca où il recevra les corps consti-
tués.
AU CONSEIL D'ETAT
»♦»
Elections en Cochinchine
Le Conseil d'Etat a rejeté la requête que
M. Quinterie Lamothe avait introduite aux
fins d'annulation d'une partie des élections
du Conseil colonial de la. Cochinchine.
Prêts aux Colonies
Le Conseil d'Etat étudie actuellement
un projet de décret que lui a soumis le mi-
nistre des Finances ayant pour objet : auto-
riser le Crédit Foncier de France à faire,
dans nos colonies, pays de protectorat et
pays sous mandat français, des prêts aux
communes, aux établissements publics et, sur
première hypothèque, des prêts financiers
aux propriétaires d'immeubles.
Le Conseil d'Etat fera connaitre très pro-
chainement sa décision sur ledit projet de
décret dont s'agit.
Les containers
co 1
Le Congrès Mondial de la Route, qui a eu
lieu à Rome en automne dernier, avait décidé
d'inviter les organisations internationales inté-
ressées à organiser un concours international
sur le meilleur système de récipients spéciaux
(containers) pour le transport combiné des mar-
chandises sans transbordement par automobile,
par chemin de fer et par bateau, transport qui
intéresse tout particulièrement les colonies.
Les experts nommés par les organisations
internationales pour procéder à la préparation
du concours, viennent de se réunir au Secré-
tariat Général de la Chambre de Commerce
Internationale, à Paris, sous la présidence du
Sénateur Crespi, Président du Royal Auto-
mobile-Club d'Italie.
La discussion a porté tout d abord sur les
exigences auxquelles le « container » modèle
doit répondre afin d'être acceptable pour le
plus grand nombre de pays. Les experts ont
procédé à un choix provisoire de deux types
de « container » sur lesquels, d'accord avec
la proposition faite par les Représentants de
l'Union Internationale * des Chemins de Fer,
les différentes organisations internationales in-
téressées seront invitées à donner leur avis.
Ces deux types de « container » auraient
une charge utile de 2 tonnes 1/2 et de 4 ton-
nes. En principe, ils auraient les dimensions
extérieures suivantes : 2 m. 25 de long,
2 m. 10 de large et.2 m. 10 de haut, pour
le « container » de 2 tonnes 1/2, et 4 m. 20
de long, 2 m. 10 de large et 2 m. 10 de haut,
pour le « container » de 4 tonnes.
LIRE EN SECONDE PAGE :
M. Juvanon, en France.
Les médecins d'Algérie.
Lois et décrets.
Le M' Zab et le grand Erg
Les grands horizons, les dunes mouvantes
qui entourent, encerclent les quatre grandes
oasis du M'Zab ne pouvaient qu'enchanter
une grande artiste tout autant que les cou-
tumes, les moeurs des M'Zabites, ces puri-
tains de l'Islam, dont l'exode vers le Sud,
toujours plus loin, n'a comme raison d'être
que leur amour de l'indépendance et de la
liberté de suivre scrupuleusement leur reli-
gion.
Pays de mirage, de la solitude, de l'an-
goisse, tel apparaît de nouveau le Sahara à
l'exploratrice de l'Aurès.
De Djelfa, le terminus actuel de la voie
ferrée, Mme Suzanne Frémont gagna Gar-
daïa en automobile par une piste souvent
hérissée de cailloux ou coupée par les dunes,
mais, tout de même, avec un confort relatif,
non, toutefois, sans avoir éprouvé cette ter-
rible angoisse du désert que les effets du mi-
rage compensèrent peu après.
nstallé dans l'ancien bordj, l'hôtel tran-
satlantique permet, grâce à son confortable
installation, de se reposer des fatigues d'une
bonne étape. En ville, toute une foule
grouille sur le marché, dans les rues étroites
et sombres ; dans les jardins, la richesse des
plantations de palmiers émerveille le voya-
geur.
- L'irrigation, dont les Romains furent les
créateurs, y est l'objet de grands soins car
là, plus que partout ailleurs, l'eau fertili-
sante est précieuse.
Regagnant les Hauts-Plateaux et le Tell
par Taghit, Beni-Abbès et Figuig, Mme Su-
zanne Frémont rapportait de son circuit du
Grand Erg cette nostalgie du désert, cette
attraction de la vie saharienne commune à
tous ceux qui y ont vécu de longs mois
en amoureux de la liberté et des grands es-
paces, en admirateurs de la nature, si dé-
nudé que soit le pays de la soif, de la faim,
de la peur.
ffnféne Devonjc.
Ce que coûtera le Centenaire
de l'Algérie
1. T
Le budget de la commémoration du Cen-
tenaire de l'Algérie a été arrêté en recettes
à 85 millions 550.000 francs et en dépenses
à 82 millions 78.000 francs.
Voici comment est envisagé l'emploi de ce
budget, tout au moins pour les plus grandes
dépenses : *
6.950.000 fr. pour la propagande de presse
(2 millions à, l'Agence Havas).
200.000 fr. pour 80.000 affiches apposées
dans les écoles de la Métropole
2 millions pour deux films tournés sur
l'impulsion française en Algérie.
2 millions pour la radio-diffusion.
17 millions pour le tourisme et les
congressistes.
3 millions pour la réception du Président
de la République.
2 millions 690.000 fr. pour les manifesta-
tions musicales et les fêtes sportives.
20 millions affectés aux constructions de la
salle des fêtes à Alger, à l'organisation de
musées à Alger, Oran et Constantine..
2 millions 800.000 fr. au Musée Colonial a
Alger.
100.000 fr. pour l'organisation d'exposi-
tions d'histoire et à l'établissement de mono-
graphies.
- 83.000 fr. pour un album de vues forestiè-
res et la visite de massifs forestiers.
Un million pour des brochures de propa-
gande.
100.000 fr. pour une exposition d'hygiène.
3 millions 310.000 fr. réservés aux institu-
tions indigènes.
2 millions 730.000 fr. pour les brochures, le
tourisme dans les territoires du Sud.
300.000 fr. pour la station d'élevage d L1
Arfiane et 400.000 fr. pour les stations météo-
rologiques.
4 millions 115.000 fr. pour le Commissariat
général et le Conseil du Centenaire.
Le Centenaire c'est pour l'Algérie 1 occa-
sion de se faire mieux connaître et, partant,
mieux apprécier; c'est l'Algérie au travail
que l'on veut montrer à nos hôtes, l'Algérie
agricole, industrielle, commerçante, touristi-
que et aussi intellectuelle.
Ce que l'Algérie
rapporte à la France
'.1
Au cours d'un récent article, notie colla-
orateur et ami M. Morinaud, députe-maire
c Constantine, a établi la part de l'Algérie
ans l'économie nationale de la Métropole.
Il souligne que le droit d'entréc de 2,50 ,4
ur les marchandises algériennes a rapporte
la Métropole 60 millions en 1(127.
On sait, d'autre part, que ces marchandi-
es doivent être transportées en France sous
lotie pavillon. Ce privilège fait peser sur
'Algérie une surcharge annuelle d'endron
oo millions.
De plus, la contribution militaire fixée,
lepuis 1025, à 6 du budget de l'Algérie,
-st actuellement de 54 millions.
Enfin, si l'on estime à 10 le bénéfice
noyen résultant des transactions commercia-
es, le commerce français réalise de ce chel,
;ur un chiffre d'affaires de 8 milliards envi-
ron avec l'Algérie, un profit annuel de SOO
millions, soit au total près de 1 milliard.
A la veille du Centenaire, il est bon de
rappeler que, loin de coûter à la Monopole,
l'Algérie lui rapporte et contribue puissam.
ment à sa prospérité économique.
Défense d'exploiter les touristes au Maroc
-
Des mesures énergiques pour la protection
du tourisme sont appliquées àVez. Ainsi,
au tribunal du Tacha, cinq guides ont été
condamnés à (le fortes amendes et à l exclu-
sion définitive de leur corporation pour avoir
voulu obliger des marchands de tapis et
d'objets indigènes à leur remettre 30 de
commission sur les marchandises vendues à
des touristes qu'ils pilotaient.
Le Pacha a fait ensuite connaître que tout
guide exigeant une commission sur des ob-
jets vendus aux touristes serait puni de six
mois de prir.on et en outre à amende et a
l'^iusiou définitive de la rorporation.
Pastiches et Plagiats
i»«
Nous sommes heureux d'offrir à nos lec-
teurs toute une série d'articles qui pour.
raient être dus à la plume de nos écrivains
contemporains les meilleurs ou réputés tels,
si l'on juge la profondeur ou le creux de leur
pensée à l'élévation de leur tirage en Ii.
brairie.
Ne reculant devant aucun sacrifice, nous
avons demandé à des auteurs en renom de
reproduire la manière de ces modèles.
Nous espérons que nos lecteurs apprécieront
comme nous la qualité du pastiche.
LA DIRECTION.
M. ANDRÉ MAUROiSfiSm
M. André Maurois est un des rares let-
trés du vingtième siècle et nous entendons
a lettré D dans le sens que M. Paul Valery
donne instinctivement et algébriquement à
« Esprit Européen P. Ce rapprochement
permet de saisir les heureuses circonstan-
ces et les lointaines hérédités qui ont dû con-
courir à la formation de l'auteur de « La
Vie de Diraëli > et de c Climats J. Un écri-
vain dont les œuvres marquent dans la pro-
duction littéraire de ces trois dernures an-
nées.
LYAUTEY
VIE HISTORIEE
Dès le berceau, k- visage du Destin amical
ou cruel se penche sur l'être humain. Au
creux des menottes des nouveau-nés, il des-
sine trop courte ou longue, la ligne de tête,
la ligne de cœur, la ligne de chance. Cet
éternel destin, né du Chaus avant même l'or-
donnance du monde, à Nancy, en 1854, sema
d'étoiles le poing fermé de Louis-IIubert-
Gonzalves Lyautey qui venait de voir le jour
dans la capitale de Stanislas Leczinski.
Ainsi, en forme de hochet, un agenda de
l'ambition était passé au cou de l'enfant
pleureur future illustration parmi les plus
extraordinaires figures de la Troisième Ré-
publique. ---
Dans toute vie de grand homme possible,
intervient un événement qui déclanche le
succès. Que serait devenu Bonaparte sans
Vendémiaire ? Le jeune Lyautey jouant aux
billes, les mains pleines d'étoiles, les laisse-
rait-il liler faute d'occasion ou trouverait il
lui aussi, un jour, son « Vendémiaire D?
Dès l'école, avant même celle de Saint
Cyr, il révéla un désir de personnalité et se
piqua d élégance a ne jamais cacher ses opi-
nions réactionnaires, affirmant ainsi le che-
valeresque courage qu'il déployait à les rk-
fendre, Tandis que Byron usa d'une claudi-
cation accentuée pour augmenter son pres-
tige romantique de poète malheureux, Lyau-
tey, sourd d'une oreille assez prématurément,
lit de son infirmité la collaboration de son
habileté ; il savait ne pas entendre immé-
diatement. ce qu'il voulait ajourner, ou élu-
der, se réservant 1 heure de la réponse. Ainsi
fait aussi, le ministre et illustre savant, Paul-
Prudent i'ainlevé, qui ne cesse d'exploiter
un air naturel visiblement étonnt:, pour mas-
quer sous de l'inattention une difficulté à
comprendre, les problèmes relevant du sim-
ple bon sens.
Une veine, constellation de première
grandeur, permit que Lyautey apprit son
métier auprès d'un homme qui laissa un
grand nom dans l'histoire : Galliéni !
Il est intéressant pour le psychologue de
noter (pie notre empire colonial fut un champ
d'expériences humaines magnifiques. La plu"
grande France favorisa, par les qualités
mêmes que son extension réclamait, l'appari-
tion de remarquables énergies. 11 sut lit de
rapprocher des noms comme Galliéni, Lyau-
tey, pour en être convaincu.
Ainsi, comme son maître, au Tonkin, à
Madagascar, l'élève travaille, il agit, il ob-
serve. Sans le savoi r, il se tient prêt à occu.
per le point culminant de sa ligne de chance.
En attendant que l'avenir, plus distincte-
ment. inscrive un nom sur cet agenda de
l'ambition que Lyautey porte en sautoir de-
puis sa naissance, il profite des avantages
que lui confère un joli brin de plume attaché
nu bout de son épée. La publication de ses
-
lettres, quelques articles, lui valurent quasi
spontanément son entrée à l'Académie Fran-
çaise où son correspondant le plus illustre, le
vicomte Eugène Melchior de Vogué lui avait
préparé les voies et assuré des voix.
L'heure sacrée approche, voici venir son
« Vendémiaire c. Comme pour Napoléon,
cela s'annonce mal. Avant de le donner à 1
fortune, l'adversité entend former cet hon
me. Au Maroc, les événements péniblt
cl'Oudida déterminent Lyautey à rentrei
brusquement en -France. Indécision poi-
gnante ! L homme, est toujours forcé de vou-
loir dans les ténèbres, cette constatation
rend tous les regrets superflus.
Enlin, la chance île Lynutev s'affirme; cl'
corps d'armée de Rennes, il est appelé à
tel e des troupes du Maroc et à la Résidem
générale de France à Rabat.
Certes, il eut les moments difficiles d'une
occupation méthodique, les heures tragiques
d'une guerre métropolitaine. Il fallut soixan-
te mois durant, garder le Maroc à la France,
accomplir ce miracle d'étendre iliaque an-
née une zone d'influence avec des effectifs
constamment plus réduits. Mais la difficulté
même du poste était une chance offerte au
génie de son initiative et qui (levait per-
mettre à ce rude soldat de réaliser ses ta-
lents d'organisateur, d'administrateur, de
politique, de diplomate et d'artiste. Durant
la guerre, il eut, avec un très petit nombre
d'autres, la vision nette de la déchéance du
franc, si victorieuse que puisse être la mère
patrie. Cette prémonition financière le mit
à l'abri de graves erreurs. Il jugea plus utile
d'employer largement l'argent appelé à dé-
périr, pour établir sur des bases inéhran.
lables la grandeur de la France aux yeux dce
'*) l JOURNAL QUOTIDIEN «
i1 i JOUIUlll QUOrlOIEIl
".) -
Rédaction & Administration :
14, IM 11 NUt-TMir
PARIS (l*>
TtliPH. 1 LOUV". t«T
- RICHELIEU 87-34
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Les Annales Coloniales
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France et
Colonies 110 » 100 » W »
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1 La liaison ferroviaire
entre l'Algérie et la Tunisie
6 Pendant longtemps, il y a eu, aussi bien
du côté de la Tunisie que du côté de l'Al-
gérie, une hostilité manifeste contre tout
uojet tendant à créer de nouvelles relations
ferroviaires entre les deux pays. La grande
ligne Tunis-Alger devait suffire à tout le
transit.
Les deux pays avaient beau se dévelop-
per dans des régions fort éloignées de cette
ligne transversale, leur prospérité, au lieu
de devenir un motif de créer de nouvelles
voies ferrées, était, au contraire, une raison
de plus pour combattre toute motion de ce
genre, chacun ayant peur que ses produits
n'aillent alimenter le trafic des réseaux du
voisin.
Cette politique d'obstruction mesquine se-
rait encore pratiquée si les autorités mili-
taires chargées d'étudier un plan de défense
générale de l'Afrique du Nord française
n'avaient vivement protesté contre les diffi-
cultés, les. complications, les obstacles
qu'elle apportait à leur mission, en retar-
dant sinon en rendant impossible le trans-
port des troupes sur tel point du littoral al-
gérien ou tunisien où leur présence serait
nécessaire.
Une première réalisation de la plus
haute importance vient d'être obtenue par
la construction d'un tronçon de voie ferrée
qui relie la ligne algérienne du Kouif à
la ligne tunisienne de Kalaâ-Djerda. La
pose du dernier rail achevant le raccord a
eu lieu le ai février dernier.
Ce sont encore les militaires qui ont ac-
compli ce travail. Le capitaine du génie
Robert en a dirigé l'exécution en y em-
ployant la compagnie de sapeurs de che-
mins de fer du 45* génie, la deuxième
compagnie du 33* bataillon du génie et des
sections d'épreuve indigènes des divisions
d'Alger et - de Constantine.
Si les rails sont posés, il reste encore pas
mal de travaux à achever, avant que la ligne
puisse être ouverte à l'exploitation commer-
ciale, mais ce n'est plus que l'affaire de
quelques mois.
Espérons que cet exemple décidera les
deux pays à construire, sur plusieurs points
de la frontière algéro-tunisienne, les quel-
ques kilomètres de voie ferrée qui pour-
raient, pour le plus grand bien des régions
extrêmement riches en minerais de tous
genres, permettre la liaison des réseaux
pÊot à lAouelle chaque exploitation minière
pourrait choisir pour son exploitation la
finie la moins longue et la moins onéreuse.
Mal heureusement, si cette solution semble
s'imposer au bon sens, elle lèse certains
intérêts qui ont été assez puissants jusqu'ici
pour la faire écarter.
N'est-il point ridicule de voir une ligne
tunisienne se terminer en cul de sac à Ne-
beur, à quelques kilomètres seulement de la
frontière, et des oppositions vigoureuses
s'élever contre le projet de prolonger cette
ligne jusqu'à la voie algérienne qui passe,
elle aussi, tout près de la frontière, parce
que ce raccord pourrait engager certaines
exploitations phosphatières d Algérie à éva-
cuer leurs minerais par le port tunisien de
Bigerte? Bizerte, d ailleurs, n'est-ce pas
avant tout un grand port français, a la vie
duquel l'Algérie devrait s'empresser de par-
ticiper, dans l'intérêt supérieur de la patrie?
Mais il est encore d'autres points sur la
longue frontière algéro-tunisienne où celle-
ci devrait être coupée par des lignes trans-
versales établissant entre les deux pays des
relations normales.
Dans le Sud-Ouest tunisien, de Redeyef
à Fériana, une ligne ferrée passe à quelques
kilomètres de la frontière, au delà de
laquelle, du côté algérien, s'étend une
vaste contrée peu fertile il est vrai, et rele-
vant déjà du désert saharien, privée de
toute COIDIIIUDicatioo. Le réseau ferré algé-
rien darrftp, II Tebessa, beaucoup plus au
nord. D'ailleurs, outre -la distance, la na-
ture du soi rendrait très difficile et très
onéreuse la construction d'une ligne reliant
cette région aux voies ferrées algériennes,
car elle devrait traverser plusieurs chaînes
de montagnes parallèles. Au contraire, les
vallées qui séparent ces hauteurs courent
de l'ouest à l'est et ont leur débouché na-
turel du territoire algérien vers la Tunisie.
Il suffirait de quelques kilomètres de voie
ferrée, d'exécution facile, pour les mettre
en relations avec le réseau tunisien du sud.
Mais, c'est dans cette région actuellement
sans issue que se trouvent les gisements
phosphatiers du Djebel-Onck, en territoire
algérien, et il a beau être démontré qu'il
ne sera jamais possible de les diriger sur
le port algérien de Bône, l'Algérie n'arrive
pas à se résoudre à faire sortir ses mine-
rais par le port tunisien de Sousse. Du reste,
il faut dire qu'en Tunisie même, certaines
puissances phosphatières ne tiennent pas à
avoriser une solution qui amènerait sur le
marché mondial un gros appoint de mine-
rais de teneur supérieure aux leurs.
Enfin, tout au Nord, Tabarka, point ter-
minus du système ferroviaire tunisien, n'est
séparée que par une courte distance de La
Calle, point terminus du système algérien.
Il serait facile de relier les deux stations
extrêmes et de permettre ainsi des voyages
extrêmement intéressants par une ligne per-
mettant de passer de Tunisie en Algérie en
suivant le littoral.
U semble que l'on y soit enfin décidé, du
moins en principe; mais l'on ne saurait
s'étonner que l'on ait tardé à adopter ce
projet pour le chemin de fer lorsque l'on
sait qu il y a quelques mois à peine, la
route elle-même s'arrêtait en cul de sac à
trois ou quatre kilomètres 4e la frontière
aussi bien do cet, tunisien que du côté algé-
rien et que l'on l'dbpuit à maintenir
ainsi entre les deux pays lia tronçon de
sept ou huit kilomètres très difficile à fran-
chir pour les automobiles, les camions, les
véhicules lourds.
Après la liaisoo établie par le génie mili-
taire entre Tebessa et Kalaâ-Djerda, il
faut espérer que les services des Travaux
Publics de Tunisie et d'Algérie se pique-
ront d'émulation et voudront, eux aussi,
créer des relations entre les deux versants
de la frontière d'ailleurs toute convention-
nelle séparant administrativement deux pays
qui, sous un régime différent, n'en font pas
moins partie 1 un et l'autre de la grande
collectivité française.
Erneemt ffauefos,
Sénateur de la Marna,
Vice-Président de la Commission
des Douanes.
Deux affiches
de propagande touristique
1
Le bureau officiel du tourisme de la Ré-
sidence Supérieure en Annam vient d'éditer
deux nouvelles affiches en couleur, dues la
première au pinceau de M. Phi Hung, la se-
conde à celui de Mme de Fautereau-Vassel.
Le décor de fond de l'une et de l'autre est
constitué par un spécimen de l'architecture
du centre-Annam, évoquant la majestueuse
ordonnance des tombeaux impériaux, et dont
l'édifice aux allures de pagode domine un
escalier monumental aux larges degrés.
Dans l'œuvre de M. Phi Hung, au premier
plan se tient un groupe indigène, en vête-
ments de soie aux riches couleurs, dont les
bustes apparaissent seuls.
Deux gracieux visages féminins entre au-
tres, y juxtaposent, comme le fait se pro-
duit assez fréquemment dans les familles des
mandarins de la Capitale, deux types du
pays qui, même aux regards non avertis, se
distinguent par leurs coiffures caractéristi-
ques le turban du Backy (provinces du
nord, région tonkinoise) qui s'enroule autour
du crâne, avoisine la chevelure massée en
coques et le chignon à la chinoise du Nam
Ky (provinces du sud, Cochinchine des an-
ciens auteurs, qui comprenait aussi le sud et
le centre-Annam).
Ces nobles et douces figures de la pure
race de Viét Nam semblent accueillir à
l'avance, avec gravité et courtoisie, le visi-
teur attendu.
L'œuvre de Mme de Fautereau est d'une
inspiration toute différente. L'artiste a réuni
plusieurs types populaires communément ré-
pandus, pris sur le vif et pittoresquement
campés : une jeune mère berce son bébé au
crâne rasé, sauf deux drôles de petites houp-
pes, tout en rêvassant sous la varanque de
sa maison de bambous ; une accorte paysanne
retient, sur sa hanche, de son bras nu, un
panier rempli de fleurs de lotus,
Ayant mis ce jour-là, Pour être plus agile,
Cotillon simple
et cache-sein plus simple en-
core, dont se contentent en guise de cami-
sole les robustes commères de là-bas (et qui,
somme toute, est à la dernière mode pari-
sienne, puisqu'il est décolleté jusqu'au bas
du dos!); derrière elle, un pauvre pêcheur
plonge avec conviction son épuisette de rotin
tressé dans une vaste mare, couverte de
feuilles de nénuphar, qui sépare cette scène
animée du mouvement du fond ; tandis que
vers nous (notation aussi exacte que spiri-
tuelle) un notable de village, dans son long
fourreau de grenadine noire, s'avance en ba-
lançant ses bras à toute volée, selon le rite
de suprême bon ton qui sied à un aussi im-
portant personnage.
Voilà deux affiches très réussies, de nature
à appeler l'attention des touristes qu'elles
adressent (en français et en anglais) au bu-
reau de Huê, pour tous renseignements en
vue d'un voyage en Annam.
F. 8.
AU CONSEIL COLONIAL DU SÉNÉGAL
̃
A la veille des élections au Conseil Colo-
nial du Sénégal qui, depuis 1920, a remplacé
le Conseil Général, un de nos confrères de
la presse du Sénégal critique le partage de la
colonie en cinq circonscriptions électorales
et préconise la représentation cantonale qui
aurait l'immense avantage de permettre à
tous les intérêts d'être directement représen-
tés et donnerait aux candidats plus d'indé-
pendance, ce dont ils ne peuvent se réclamer
parce qu'esclaves de combinaisons politiques.
La création de cantons électoraux tout en
conservant aux candidatures du scrutin no.
minal un caractère de personnalité inévita-
ble, supprimerait les inutilités que le jeu des
amitiés politiques envoie siéger dans les as-
semblées locales, tout en facilitant la révéla-
tion d'ambitions qui, mises à contribution, ne
pourraient que servir l'intérêt général.
-00,
DEPART
M. Reste, lieutenant-gouverneur du Da-
homey, s'embarquera après-demain mercre-
di à Bordeaux pour rejoindre son poste.
-
L'automobilisme au Sahara
1 0
Il se confirme que M. Pierre Bordes, Gou-
verneur général de l'Algérie, a décidé d'or-
ganiser. avec le concours aes Automobiles
Clubs des trois départements et des entrepri-
ses de transports subventionnées, des épreu-
ves et circuits automobiles, à l'occasion des
fêtes prévues pour 1930. Ces manifestations
seront au nombre de deux : une course auto-
mobile proprement dite, réservée aux cons-
tructeurs de voitures, dénommée Grand Prix
du Sahara; une deuxième épreuve, dénom-
mée Rallye Saharien Algérie-Niger, sera rtf-
sfcrvée aux amateurs.
La France
dans le Proche-Orient
- 11.
~Q* Certains journaux allemands si-
Pk gnalent que le traité du fascisme
et de la papauté menace VAngle-
terre, et plus encore la France dans le
Proche-Orient.
Ils remontent jusqu'à l'alliance que Frall.
çois 1er, roi très chrétien, fils aîné de
l'Eglise, signa avec Soliman, Vennemi de la
chrétienté. Sans doute les capitulations nous
accordaient le protectorat des Lieux Sair.ts
à Jérusalem et, par voie de conséquent e,
celui de tous les catholiques du Proche.
Orient, quelle que tût leur nationalité. Et
qu'il y elit là un moyen d'influence dans la
Méditerranée Orientale, il serait vain de le
nier.
M ais d'ahord, il y aurait quelque naïveté
à croire que la monarchie française n'ait vu
là ftiun moyen d'influence religieuse, tu,
si l'on veut, morale i il y avait sans doute
des communautés à défendre, des établisse-
ments religieux à protéger. Mais, dans la
pensée de la France de l'ancien régime, il y
avait surtout une influence politique, com-
merciale, économique, dirait-on aujourd'hui,
à exeretr.
Au contraire, l'histoire enregistre l'al.
liance avec Soliman comme un des faits les
Plus caractéristiques du seizième siècle,
parce qu'elle marque la date à laquelle les
préoccupations religieuses passent, en poli-
tique extérieure, tout à fait à l'arrière plan.
La France des Croisades traitant avec les
Musulmans, François 1er faisant alliance
avec Soliman, c'était hardi, très hardi, au
point que le roi n'en était pas très fier. Mais
les navires français recevaient, à l'exclusion
de tous les autres, la liberté de faire du
commerce sur toute la côte du Proche-Oriellt,
cf pendant plus d'un siècle aucun navire ne
put aborder dans un port ottoman sans abri-
ter sa - marchandise sous le pavillon fran-
çais. Cela valait bien une messe, aurait dé-
claré Henri IV. François 1er, qui avait
d'abord à lutter contre un ennemi redoutable
que les Turcs devaient vaincre avec lui, et
qui sentait, d'autre part, qu'une convention
commerciale était le complément d'un traité
d'alliance offensive et défensive, passa de
la première au second, en se disant qu'après
tout, cela valait bien de scandaliser la chré-
tienté.
Mais, nous dit-on, l'Italie désormais
pourra d'autant mieux lutter contre notre
prestige dans le levant que le nouvel accord
avec le Pape lui attirera les sympathies des
catholiques. En fait, le privilège de la
France a depuis longtemps été fort affaibli
et la conférence de Lausanne en 1922 lui a
porté le dernier coup. Y a-t-il place pour un
autre « privilège .f Oui, s'il y a - subordina-
tion de la politique religieuse du pape à la
politique extérieure du fascisme. Mais cette
simple supposition paraît, pour les catholi-
ques, une injure adressée au chef suprême
de l'Eglise. Z'Osservatore Romano, qui
malmenait ces jours derniers si durement un
de nos confrères des Débats pour avoir mis
en doute Vindépeniance absolue, supra-na-
tionale, de la papadté à l'égard du fascisme
comme de toutes les autres formes de gou-
vernement, faisait o bserver que la situation
de la France, pays protecteur, ne répondait
plus à la situation ( e notre époqlle. L'Eglise
ne changera pas de « protecteur ». Et voilà
pourquoi on a rai ion de noter les efforts
du pape Pie XI, qui, depuis quelques an-
nées, tendent à organiser dans chaque pays
de mission un clergé indigène. Comment sont
dirigés ces efforts, quel est et quel sera leur
succès, ie n'en sais rien; mais s'ils réussis-
sent, comment ne pas les opposer à Vopinion
de ceux qui, contrairement à une tradition
qui date de François I", envisagent les
Problèmes de politique extérieure en fonc-
tion des problèmes religieux, et. réciproque-
ment.
Warfo JtosMtaM,
Sénateur de l'Hérault,
Ancien Ministre l .,s.
Vice-président de la Commission des Colonies.
UNE IDÉE SAUGRENUE
66-b
C'est pour le moins ce que semblera aux
vrais coloniaux cette idée d attribuer des prix
littéraires à des ouvrages écrits en langues
indigènes. Il nous suffit de 'ire dans le
Bulletin officiel du Protectorat Chérifien par
exemple, les nombreuses publications en lan-
gue arabe qui sont rigoureusement censurées
comme contraires à l'ordre et au prestige de
la Nation protectrice et aussi de constater
combien les élucubrations, même en mauvais
français, des indigènes dans leurs feuilles lo-
cales, sont de qualité inférieure pour s'imagi-
ner ce que seront les concours au prix lit-
téraire envisagé par l'institut international
pour l'étude des langues et des civilisations
africaines. En Sango, par exemple, la lan-
gue des rivières en A.E.F., riche tout au plus
de 300 mots, que nous donnerait une œuvre
littéraire ? Et combien comptons-nous de
langues indigènes écrites.
Veillons plutôt à apprendre à nos indigo.
nes à parler, lire et écrire en français
pour les simples besoins de la cause de la
colonisation mais non pour en faire des litté-
rateurs. Ils ont déjà bien suffisamment de
romans coloniaux écrits par les Européens,
pour se distraire. Ne seraient-ce que ceux de
Lené Maran qui les eng.uirlande à plaisir.
fi. D.
4»
Les drtifs dedemeet Indochine
Le Conseil de Gouvernement de l'Indochine,
dans sa séance du 23 novembre 1928 a pris une
délibération tendant à modifier le tableau des
droits de douane inscrits au tarif spécial de la
colonie.
Conformément aux dispositions de la loi du
13 avril 1928, il doit être statué dans les trois
mois sur la proposition du ministre des Colo-
nies, après avis conforme du ministre du Com-
merce et de l'Industrie, du ministre de i Atrt-
culture et du ministre du finances.
NOIR SUR BLANC
AVATARS
pdi c i m
M. Yves-Napoléon Le Trocquer, poIiticieD
marron et financier véreux, saute d avatars en
avatars.
Régulièrement, depuis trois mois, il reçoit à
la Chambre et dans la presse la volée de bois
vert qu'il n'a pas volée .tout arrive, n'est-ce
pas, malheureux acheteurs de ces « val eurs »
indochinoises dont l'ancien ministre des Tra-
vaux Publics de M. Raymond Poincaré fut
le lanceur dans le marché « hors cote ».
Depuis dix ans, ce renégat de la politique,
qui a trahi successivement les républicains qui
1 ont fait élire, les libéraux qui en ont fait un
ministre. et quel ministre. les catholiques
qui l'ont soutenu aux derniers scrutins, dans
les Côtes-du-Nord, avait été jaugé par nous.
Maintenant il réussit à faire contre lui l'una-
nimité des honnêtes gens.
Tandis que ses agissements financiers atti-
raient l'attention, au mois de décembre der-
nier, de la Banque de France et de la section
financière du Parquet de la Seine il fondait
un syndicat dans lequel on offrait aux adhé-
rents des fauteuils dans les conseils d'admi-
nistration de sociétés à fonder M. Ray-
mond Poincaré l'exécutait magistralement à la
Chambre dans une phrase que toute la presse
a reproduite. Puis on rappelait qu'il fut,
comme par hasard, un des plus brillants colla-
borateurs de Mme Marthe Hanau et de la
Gazette du Franc.
La semaine dernière, M. Chastanet ayant
dit à la tribune de la Chambre qu'on se ser-
vait du nom de M. Yves-Napoléon Le Troc-
quer pour abriter des affaires suspectes, M. Le
Trocquer monta à la tribune pour déclarer
qu'il n' autorisait personne à se servir de son
nom et qu'il s'en servait lui-même. Tout le
monde a compris.
Enfin, hier, à Dijon, au banquet de clôture
de l'Alliance républicaine démocratique, le
petit Napoléon des Côtes-du-Nord a eu l'es-
tomac de vouloir parler. Ses anciens amis 1 ont
littéralement vomi en lui reprochant ses lâche-
tés et ses trahisons. Malgré son entêtement,
il ne put placer un mot.
Exécuté à gauche, renié à droite, ce lanceur
de titres coloniaux trouve enfin le châtiment
de ses reniements.
Un jour est proche où les sociétés coloniales
sérieuses se sépareront d' un homme qui n a
de « technicité » que dans la palinodie.
L'ilns ###/-
.1.
M Iwccn Saint chez le Sultan
M. Lucien Saint a assisté samedi dernier
à un déjeuner auquel S. M. Sidi Mohamed
l'avait convié dans son palais.
Le Résident général se rendra demain 1
Casablanca où il recevra les corps consti-
tués.
AU CONSEIL D'ETAT
»♦»
Elections en Cochinchine
Le Conseil d'Etat a rejeté la requête que
M. Quinterie Lamothe avait introduite aux
fins d'annulation d'une partie des élections
du Conseil colonial de la. Cochinchine.
Prêts aux Colonies
Le Conseil d'Etat étudie actuellement
un projet de décret que lui a soumis le mi-
nistre des Finances ayant pour objet : auto-
riser le Crédit Foncier de France à faire,
dans nos colonies, pays de protectorat et
pays sous mandat français, des prêts aux
communes, aux établissements publics et, sur
première hypothèque, des prêts financiers
aux propriétaires d'immeubles.
Le Conseil d'Etat fera connaitre très pro-
chainement sa décision sur ledit projet de
décret dont s'agit.
Les containers
co 1
Le Congrès Mondial de la Route, qui a eu
lieu à Rome en automne dernier, avait décidé
d'inviter les organisations internationales inté-
ressées à organiser un concours international
sur le meilleur système de récipients spéciaux
(containers) pour le transport combiné des mar-
chandises sans transbordement par automobile,
par chemin de fer et par bateau, transport qui
intéresse tout particulièrement les colonies.
Les experts nommés par les organisations
internationales pour procéder à la préparation
du concours, viennent de se réunir au Secré-
tariat Général de la Chambre de Commerce
Internationale, à Paris, sous la présidence du
Sénateur Crespi, Président du Royal Auto-
mobile-Club d'Italie.
La discussion a porté tout d abord sur les
exigences auxquelles le « container » modèle
doit répondre afin d'être acceptable pour le
plus grand nombre de pays. Les experts ont
procédé à un choix provisoire de deux types
de « container » sur lesquels, d'accord avec
la proposition faite par les Représentants de
l'Union Internationale * des Chemins de Fer,
les différentes organisations internationales in-
téressées seront invitées à donner leur avis.
Ces deux types de « container » auraient
une charge utile de 2 tonnes 1/2 et de 4 ton-
nes. En principe, ils auraient les dimensions
extérieures suivantes : 2 m. 25 de long,
2 m. 10 de large et.2 m. 10 de haut, pour
le « container » de 2 tonnes 1/2, et 4 m. 20
de long, 2 m. 10 de large et 2 m. 10 de haut,
pour le « container » de 4 tonnes.
LIRE EN SECONDE PAGE :
M. Juvanon, en France.
Les médecins d'Algérie.
Lois et décrets.
Le M' Zab et le grand Erg
Les grands horizons, les dunes mouvantes
qui entourent, encerclent les quatre grandes
oasis du M'Zab ne pouvaient qu'enchanter
une grande artiste tout autant que les cou-
tumes, les moeurs des M'Zabites, ces puri-
tains de l'Islam, dont l'exode vers le Sud,
toujours plus loin, n'a comme raison d'être
que leur amour de l'indépendance et de la
liberté de suivre scrupuleusement leur reli-
gion.
Pays de mirage, de la solitude, de l'an-
goisse, tel apparaît de nouveau le Sahara à
l'exploratrice de l'Aurès.
De Djelfa, le terminus actuel de la voie
ferrée, Mme Suzanne Frémont gagna Gar-
daïa en automobile par une piste souvent
hérissée de cailloux ou coupée par les dunes,
mais, tout de même, avec un confort relatif,
non, toutefois, sans avoir éprouvé cette ter-
rible angoisse du désert que les effets du mi-
rage compensèrent peu après.
nstallé dans l'ancien bordj, l'hôtel tran-
satlantique permet, grâce à son confortable
installation, de se reposer des fatigues d'une
bonne étape. En ville, toute une foule
grouille sur le marché, dans les rues étroites
et sombres ; dans les jardins, la richesse des
plantations de palmiers émerveille le voya-
geur.
- L'irrigation, dont les Romains furent les
créateurs, y est l'objet de grands soins car
là, plus que partout ailleurs, l'eau fertili-
sante est précieuse.
Regagnant les Hauts-Plateaux et le Tell
par Taghit, Beni-Abbès et Figuig, Mme Su-
zanne Frémont rapportait de son circuit du
Grand Erg cette nostalgie du désert, cette
attraction de la vie saharienne commune à
tous ceux qui y ont vécu de longs mois
en amoureux de la liberté et des grands es-
paces, en admirateurs de la nature, si dé-
nudé que soit le pays de la soif, de la faim,
de la peur.
ffnféne Devonjc.
Ce que coûtera le Centenaire
de l'Algérie
1. T
Le budget de la commémoration du Cen-
tenaire de l'Algérie a été arrêté en recettes
à 85 millions 550.000 francs et en dépenses
à 82 millions 78.000 francs.
Voici comment est envisagé l'emploi de ce
budget, tout au moins pour les plus grandes
dépenses : *
6.950.000 fr. pour la propagande de presse
(2 millions à, l'Agence Havas).
200.000 fr. pour 80.000 affiches apposées
dans les écoles de la Métropole
2 millions pour deux films tournés sur
l'impulsion française en Algérie.
2 millions pour la radio-diffusion.
17 millions pour le tourisme et les
congressistes.
3 millions pour la réception du Président
de la République.
2 millions 690.000 fr. pour les manifesta-
tions musicales et les fêtes sportives.
20 millions affectés aux constructions de la
salle des fêtes à Alger, à l'organisation de
musées à Alger, Oran et Constantine..
2 millions 800.000 fr. au Musée Colonial a
Alger.
100.000 fr. pour l'organisation d'exposi-
tions d'histoire et à l'établissement de mono-
graphies.
- 83.000 fr. pour un album de vues forestiè-
res et la visite de massifs forestiers.
Un million pour des brochures de propa-
gande.
100.000 fr. pour une exposition d'hygiène.
3 millions 310.000 fr. réservés aux institu-
tions indigènes.
2 millions 730.000 fr. pour les brochures, le
tourisme dans les territoires du Sud.
300.000 fr. pour la station d'élevage d L1
Arfiane et 400.000 fr. pour les stations météo-
rologiques.
4 millions 115.000 fr. pour le Commissariat
général et le Conseil du Centenaire.
Le Centenaire c'est pour l'Algérie 1 occa-
sion de se faire mieux connaître et, partant,
mieux apprécier; c'est l'Algérie au travail
que l'on veut montrer à nos hôtes, l'Algérie
agricole, industrielle, commerçante, touristi-
que et aussi intellectuelle.
Ce que l'Algérie
rapporte à la France
'.1
Au cours d'un récent article, notie colla-
orateur et ami M. Morinaud, députe-maire
c Constantine, a établi la part de l'Algérie
ans l'économie nationale de la Métropole.
Il souligne que le droit d'entréc de 2,50 ,4
ur les marchandises algériennes a rapporte
la Métropole 60 millions en 1(127.
On sait, d'autre part, que ces marchandi-
es doivent être transportées en France sous
lotie pavillon. Ce privilège fait peser sur
'Algérie une surcharge annuelle d'endron
oo millions.
De plus, la contribution militaire fixée,
lepuis 1025, à 6 du budget de l'Algérie,
-st actuellement de 54 millions.
Enfin, si l'on estime à 10 le bénéfice
noyen résultant des transactions commercia-
es, le commerce français réalise de ce chel,
;ur un chiffre d'affaires de 8 milliards envi-
ron avec l'Algérie, un profit annuel de SOO
millions, soit au total près de 1 milliard.
A la veille du Centenaire, il est bon de
rappeler que, loin de coûter à la Monopole,
l'Algérie lui rapporte et contribue puissam.
ment à sa prospérité économique.
Défense d'exploiter les touristes au Maroc
-
Des mesures énergiques pour la protection
du tourisme sont appliquées àVez. Ainsi,
au tribunal du Tacha, cinq guides ont été
condamnés à (le fortes amendes et à l exclu-
sion définitive de leur corporation pour avoir
voulu obliger des marchands de tapis et
d'objets indigènes à leur remettre 30 de
commission sur les marchandises vendues à
des touristes qu'ils pilotaient.
Le Pacha a fait ensuite connaître que tout
guide exigeant une commission sur des ob-
jets vendus aux touristes serait puni de six
mois de prir.on et en outre à amende et a
l'^iusiou définitive de la rorporation.
Pastiches et Plagiats
i»«
Nous sommes heureux d'offrir à nos lec-
teurs toute une série d'articles qui pour.
raient être dus à la plume de nos écrivains
contemporains les meilleurs ou réputés tels,
si l'on juge la profondeur ou le creux de leur
pensée à l'élévation de leur tirage en Ii.
brairie.
Ne reculant devant aucun sacrifice, nous
avons demandé à des auteurs en renom de
reproduire la manière de ces modèles.
Nous espérons que nos lecteurs apprécieront
comme nous la qualité du pastiche.
LA DIRECTION.
M. ANDRÉ MAUROiSfiSm
M. André Maurois est un des rares let-
trés du vingtième siècle et nous entendons
a lettré D dans le sens que M. Paul Valery
donne instinctivement et algébriquement à
« Esprit Européen P. Ce rapprochement
permet de saisir les heureuses circonstan-
ces et les lointaines hérédités qui ont dû con-
courir à la formation de l'auteur de « La
Vie de Diraëli > et de c Climats J. Un écri-
vain dont les œuvres marquent dans la pro-
duction littéraire de ces trois dernures an-
nées.
LYAUTEY
VIE HISTORIEE
Dès le berceau, k- visage du Destin amical
ou cruel se penche sur l'être humain. Au
creux des menottes des nouveau-nés, il des-
sine trop courte ou longue, la ligne de tête,
la ligne de cœur, la ligne de chance. Cet
éternel destin, né du Chaus avant même l'or-
donnance du monde, à Nancy, en 1854, sema
d'étoiles le poing fermé de Louis-IIubert-
Gonzalves Lyautey qui venait de voir le jour
dans la capitale de Stanislas Leczinski.
Ainsi, en forme de hochet, un agenda de
l'ambition était passé au cou de l'enfant
pleureur future illustration parmi les plus
extraordinaires figures de la Troisième Ré-
publique. ---
Dans toute vie de grand homme possible,
intervient un événement qui déclanche le
succès. Que serait devenu Bonaparte sans
Vendémiaire ? Le jeune Lyautey jouant aux
billes, les mains pleines d'étoiles, les laisse-
rait-il liler faute d'occasion ou trouverait il
lui aussi, un jour, son « Vendémiaire D?
Dès l'école, avant même celle de Saint
Cyr, il révéla un désir de personnalité et se
piqua d élégance a ne jamais cacher ses opi-
nions réactionnaires, affirmant ainsi le che-
valeresque courage qu'il déployait à les rk-
fendre, Tandis que Byron usa d'une claudi-
cation accentuée pour augmenter son pres-
tige romantique de poète malheureux, Lyau-
tey, sourd d'une oreille assez prématurément,
lit de son infirmité la collaboration de son
habileté ; il savait ne pas entendre immé-
diatement. ce qu'il voulait ajourner, ou élu-
der, se réservant 1 heure de la réponse. Ainsi
fait aussi, le ministre et illustre savant, Paul-
Prudent i'ainlevé, qui ne cesse d'exploiter
un air naturel visiblement étonnt:, pour mas-
quer sous de l'inattention une difficulté à
comprendre, les problèmes relevant du sim-
ple bon sens.
Une veine, constellation de première
grandeur, permit que Lyautey apprit son
métier auprès d'un homme qui laissa un
grand nom dans l'histoire : Galliéni !
Il est intéressant pour le psychologue de
noter (pie notre empire colonial fut un champ
d'expériences humaines magnifiques. La plu"
grande France favorisa, par les qualités
mêmes que son extension réclamait, l'appari-
tion de remarquables énergies. 11 sut lit de
rapprocher des noms comme Galliéni, Lyau-
tey, pour en être convaincu.
Ainsi, comme son maître, au Tonkin, à
Madagascar, l'élève travaille, il agit, il ob-
serve. Sans le savoi r, il se tient prêt à occu.
per le point culminant de sa ligne de chance.
En attendant que l'avenir, plus distincte-
ment. inscrive un nom sur cet agenda de
l'ambition que Lyautey porte en sautoir de-
puis sa naissance, il profite des avantages
que lui confère un joli brin de plume attaché
nu bout de son épée. La publication de ses
-
lettres, quelques articles, lui valurent quasi
spontanément son entrée à l'Académie Fran-
çaise où son correspondant le plus illustre, le
vicomte Eugène Melchior de Vogué lui avait
préparé les voies et assuré des voix.
L'heure sacrée approche, voici venir son
« Vendémiaire c. Comme pour Napoléon,
cela s'annonce mal. Avant de le donner à 1
fortune, l'adversité entend former cet hon
me. Au Maroc, les événements péniblt
cl'Oudida déterminent Lyautey à rentrei
brusquement en -France. Indécision poi-
gnante ! L homme, est toujours forcé de vou-
loir dans les ténèbres, cette constatation
rend tous les regrets superflus.
Enlin, la chance île Lynutev s'affirme; cl'
corps d'armée de Rennes, il est appelé à
tel e des troupes du Maroc et à la Résidem
générale de France à Rabat.
Certes, il eut les moments difficiles d'une
occupation méthodique, les heures tragiques
d'une guerre métropolitaine. Il fallut soixan-
te mois durant, garder le Maroc à la France,
accomplir ce miracle d'étendre iliaque an-
née une zone d'influence avec des effectifs
constamment plus réduits. Mais la difficulté
même du poste était une chance offerte au
génie de son initiative et qui (levait per-
mettre à ce rude soldat de réaliser ses ta-
lents d'organisateur, d'administrateur, de
politique, de diplomate et d'artiste. Durant
la guerre, il eut, avec un très petit nombre
d'autres, la vision nette de la déchéance du
franc, si victorieuse que puisse être la mère
patrie. Cette prémonition financière le mit
à l'abri de graves erreurs. Il jugea plus utile
d'employer largement l'argent appelé à dé-
périr, pour établir sur des bases inéhran.
lables la grandeur de la France aux yeux dce
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