Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-03-04
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 mars 1929 04 mars 1929
Description : 1929/03/04 (A30,N36). 1929/03/04 (A30,N36).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6280512t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
TRENTIEME ANNEE. - N° 36.
CE NUMBRO : 80 CENTIMES
LUNDI SOIH, 4 MAR3 19K9.
AURIAL QUOTIDIEN
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Les Annales Coloniales
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Hrt npriMb eitenl tee Amulm Coumalis.
La littérature de l' Atrique noire
i
J'aborde l'examen de cet Essai intitulé :
« De TAfhque noire dans le Domaine des
Lettres », que j'ai rapidement signalé à nos
lecteurs.
Jean Gui commence par mettre face à face
les opinions opposées que l'on rencontre sur
les races de 1 Afrique noire : races inférieu-
res, crétinisées, « dont l'intelligence est cris-
tallisée, usée, finie P; races calomniées, mé-
connues, non moins intelligentes que celles
d'Europe.
Cette deuxième opinion, d'après notre écri-
vain, ne peut s'appuyer que sur des exem-
ples qui, au fond, sont des exceptions confir-
mant une règle. Mais le mieux est de ne pas
parler de « règle P, et d'observer la réalité.
A la différence des autres groupements
humains, le monde noir isolé, livré à lui-
même, n'a pu pendant de longs siècles que
progresser par ses propres forces. A-t-il fait
des progrès ? A-t-il cristallisé? - Non, ré-
pond hardiment Jean Gui, le monde noir n'a
pas cristallisé ; oui, il a fait des progrès.
Son histoire nous montre le développement
d'une civilisation qui nous parait étrange,
mais qui n'en est pas moins réelle, « non pas
inférieure, non pas attardée, non pas arrié-
rée M, mais « parfaitement adaptée au mi-
lieu, aux ressources, au climat, seulement
particulière et différente de la nôtre, sans
aucune commune mesure avec elle 9.
C'est le sage conseil que le vieux Nicolas
(celui qui est mort) donne à tous les lecteurs
de l'Art poétique 1
Des siècles, des pays, étudiez les mœurs,
Les climats font souvent le s diverses humeurs.
Montesquieu, là-dessus, a dit de fort belles
choses.. Plusieurs choses gouvernent les
hommes, écrit-il : le climat, la religion, les
Jois, les maximes du gouvernement, les
exemples des choses passées, les mœurs, les
manières, d'oit il se forme un esprit général
qui en résulte. A mesure que dans chaque
nation une de ces causes agit avec plus de
force, les autres lui cèdent d'autant. La na-
ture et le climat dominent presque seuls
sur les sauvages. » Est-ce bien sûr? Est-il
bien vrai que la religion, les lois, les exem-
ples des choses passées, etc. ne contribuent
pas à former cet a esprit général » dans
toutes les races et dans celles de l'Afrique
noire en particulier? Et cela n'est-il pas
aussi contestable que d'écrire que les Chinois
- sont gouvernés par les manières, le Japon
tyrannisé par les lois, que dans Lacédémone
c'étaient les aMMM qui dranaimit loJon» que
dans Rome c'étaient les maximes du gou-
vernement et les mœurs anciennes? Montes-
quieu a donné ailleurs plus de souplesse à
la fois et plus de précision à sa pensée. Rien
ne se sépare, tout se tient dans la chaîne
des causes qui déterminent une civilisation.
Jean Gui a observé pendant plus de dix
ans les civilisations de l'Afrique Noire, et
avant de parler de sa production spirituelle,
avant d'exposer ce que lui a appris l'étude
d'une littérature « qui est ici l'émanation di-
recte et spontanée de l'âme de son peuple P,
il se hâte de rappeler que ce peuple, quelle
que soit son unité apparente, est constitué
de groupes ethniques parlant six cents lan-
gues et dialectes, d'après certains auteurs,
cinq cents, d'après d'autres. Il s'en tient au
tableau de Cust qui les classe en six grou-
pes ; 10 sémite ; 2" chamite ; 30 nubiane-
foulah ; 4" nègre; S" banton ; 6° hottentot
et bushmen.
Et c'est dans ces idiomes divers que
s'exprime cette foule innombrable de contes,
de chants de guerre et d'amour, d'invoca-
tions, de légendes, de proverbes, etc., qui
nous permettent de suivre à travers les âges
l'activité intellectuelle des races noires. Ce
folklore, comment nous est-il transmis? Pas
de livres, bien entendu, ni d'imprimeries.
Seuls les marabouts et les notables musul-
mans ont en main quelques ouvrages reli-
gieux importés de l'extérieur assez récem-
ment. Donc, littérature orale, conservée, lé-
guée de génération en génération par la
caste des poètes musiciens, chanteurs profes-
sionnels. C'est la caste des Griots. Elle ré-
pond à celle des Aèdes qui allaient, par les
villes grecques, chantant les poèmes homéri-
ques. Du golfe de Guinée à la Cafrerie, ces
aèdes nègres chantent, puis, avant de mou-
rir, remettent à leurs successeurs leurs droits
et leurs prérogatives. Troubadours brunis, dit
dune façon pittoresque notre écrivain, aux-
quels on ne demande après tout qu'une, mé-
moire tldèle, et le respect du dépôt qui leur
est confié : 0 Voici ce que m'a. appris mon
père qui le tenait de son père, et cela depuis
longtemps, longtemps, depuis le commence-
ment. Mon père tient cette histoire de son
grand-père, et ce n'est pas celui-ci qui l'a
imaginée, elle vient de bien avant. » Toutes
les poésies primitives se resscmhlent. L'in-
vention consiste à ne rien inventer, et le plus
grand mérite du poète, c'est la sûreté de ses
souvenirs.
Est-il besoin de faire remarquer que, mal-
gré tout, il en est qui ne se contentent pas
de ce rôle de récitateurs. Jean Gui rappelle
l'opinion du gouverneur Maurice Delafosse
qui aimait à répéter que cette littérature
populaire a été enrichie de génération en
génération. Sans doute il s'est perdu beau-
coup de ces monuments de la poésie popu-
làire, d'autres ne nous parviennent que mu-
tilés. Mais il est facile de le comprendre :
4e trésor s'est enrichi toutes les fois que le
poète, le chanteur, le musicien a eu lui-même
du talent, et, qui sait? peut-être du génie.
Jean Gui regrette que des Griots Diolats ne
lui aient rapporté que des fragments de plu-
sieurs chants et légendes sur la conquête,
pourtant assez récente, du Sénégal et du
Soudan, et que des débris d'un poème sur
le massacre des Mandingues commandés par
le fière de Fodé et d'un autre sur la légende
de bfema Moto, ttr-d'Alpha, toi de Fir-
dou, dans la haute Casamance. Tout cela,
évidemment, empêche de porter un jugement
intègre complet sur l'évolution de la littéra-
ture africaine, cela n'empêche pas d'affirmer
qu'entre les premiers auteurs et ceux qui
apparaissent comme leurs héritiers, des dif-
férences certaines doivent être constatées.
Ce n'est probablement pas le premier en,
date des aèdes qui a donné une forme aussi
admirable aux adieux d'Hector et d'Andro-
maque, ou aux supplications de Priam pros-
terné aux pieds d Achille, assassin de son
fils Hector.
J'ai beaucoup goûté à mon tour le juge-
ment que Jean Gui porte sur cette littérature
et que je veux reproduire ici ;
a Mais venons à cette littérature. Nous
la verrons, certes, pleine de simplicité, de
naïveté, avec des longueurs, des redites.
Qu'importe. Ici, le temps ne compte point.
Ignorant la recherche de la vérité scientifi-
que elle fourmille de manifestations du
merveilleux, de symboles obscurs d'un au-
delà qui rappelle à la fois les conceptions
païenne, chrétienne et musulmane. Elle pré-
sente cependant avec de la variété, de la
finesse, souvent de la gaieté, des nuances
légères, des grâces fuyantes qui ne vont pas
quelquefois sans grandeur et sans force. »
Et je lui dirai en toute sincérité que les
fragments qu'il nous donne sont trop peu
nombreux pour me faire conclure que les
races de l'Afrique Noire ne sont « ni attar-
dées, ni arriérées so, mais que je lui donne
absolument raison lorsqu'il affirme que des
peuples qui savent ainsi conter, chanter,
sont loin d'être CI stupides P. Ce qui serait
stupide, ce serait précisément d'avoir cette
opinion contre laquelle Jean Gui a raison
de s'élever, si toutefois elle est restée encore
dans un coin de cerveau de quelques-uns de
nos contemporains.
..r',.
Sénateur de l'Hérault,
Ancien Ministre,
Vice-président de la Commission des Colonhs.
..1. ,
(Retour du Niger
- -- w --
.,.
M. Maginot rentre en France
M. Magmot, ministre des Colonies, qui
s était «ubaHjné hier m–m à 10 h. 30 sur le
aaiseur DIIfIItI)- Troain, est arrivé ce matin à
Marseille.
Le ministre des Colonies, avant son embar-
quement. a été salué par toutes les autorités
civiles et militaires, le corps consulaire, les
délégations des anciens combattants et par les
chefs indigènes. Il a été accompagné à bord
par M. Bordes, Gouverneur général, par le
président des délégations financières, le maire
d'Alger, auxquels il a renouvelé ses remercie-
ments pour le chaleureux accueil qu'il avait
reçu à Alger.
La mission parlementaire
Le paquebot Médie-II. dont l'arrivée avait
été retardée de vingt-quatre heures par la tem-
pête. a fait son entrée au port avant-hier ma-
tin. LN six heures. A bord. se trouvait la mission
parlementaire, qui s'était rendue en même
temps que M. Maginot à Dakar pour l'inau-
guration du Monument aux Morts de r A.
O. F.
Les membres de la mission sont enchantés
de leur voyage d'études dans nos colonies de
l'Ouest-Africain, et rapportent de l' activité
économique de ces régions une heureuse im-
pression. Sous l'énergique impulsion de M.
Carde, Gouverneur général. notre grande pos-
session du golfe de Guinée est en voie de
réaliser les légitimes espérances que nous avons
fondées sur elle. Les importants travaux entre-
pris en vue de l'irrigation de la vallée du Ni-
ger permettent d'envisager, dans un avenir pro-
chain, la transformation radicale de vastes con-
trées hier encore presque incultes.
En Guinée, M. Poiret, Gouverneur, pour-
suit inlassablement son œuvre qui, comme au
Sénégal, porte déjà des fruits des plus promet-
teurs.
Telles sont les impressions générales de la
mission parlementaire sur son rapide voyage en
A.O.F.
AUTOUR DU VOYAGE
DE M. MAGINOT
i
Pendant son séjour à Alger, M. Maginot
a assisté au Palais d'Eté à un dîner auquel
les chefs et notables avaient été spécialement
conviés. Le Bachagha Djelloul a salué le
ministre, déclarant notamment :
« C'est pour nous, indigènes, un devoir de
rendre, hommage à la bienveillance inépuisa-
ble dont nous sommes l'ohjet de la part du
Gouverneur général Bordes et de dire l'atta-
chement inébranlable que nous avons pour
lui.
« Nous vous prions de transmettre au Pré-
sident de la République et au Gouvernement
l'assurance que les Musulmans d'Algérie,
groupés unanimement autour du Gouverneur
générât, manifestent chaque jour le même
loyalisme, la même fidélité à l'égard de la
France, notre patrie adoptive. »
M. Maginot a répondu en affirmant à nou-
veau sa conviction que la France, qui, avec
ses fidèles sujets coloniaux, est en réalité un
pays de cent millions d'habitants, continuera,
de tenir dignement son rôle civilisateur et
que, après sa longue randonnée à travers
1 Afrique française, il rentre en France en-
core un peu plus fier d'être Français.
AVIATION MÉTROPOLITAINE
ET COLONIALE
tk
Quatre millions d'Allemands sont
montés en avion en 1928 pour ef-
fectuer un voyage tant dans t't,
Deustckland qu'au delà des frontières, c'est-
à-dire : 4.000.000 de citoyens du Reich, au
lieu de prendre le chemin de fer, l'automo-
bile, ou le bateau pour aller de Berlin à
Francfort, de Dresde à Hambourg, de iJltt-
nich à Londres, ont utilisé ce nottveau moyen
de locomotion.
Joignez à cela que les accidents d'aviation
sont très' rares au delà de nos frontières,
puisque notre flotte aérienne monopolise la
majorité des accidents survenus dans les
cinq parties du monde.
Soulignez par ailleurs que nos voisins
d'Outre-Rhin et d'Outre-Manche d'un côté,
que les Américains d'un autre, outre un
réseau aérien commercial déjà fort important,
préparent soit en c plus lourd D, soit in
« plus léger » que l air, de véritables na-
vires sltsceptibles de transporter quelque cent
Passagers.
Devant cet ensemble d'efforts, fruit de
plusieurs années de préparation et de travail
ininterrompu, faisons le point français.
Des initiatives individuelles, des raids
sportifs heureux ou malheureux, des tircuits
qui ne donnent de résultats ni pratiques, ni
stables. C'est admirable à certains égards et
l'on ne saurait trop honorer les noms des
Dr oui n, des Guilbaud, des Le Brix, des
Costes, des Paillard, ect., ni trop se réjouir
de voyages aériens comme France-Madagas-
car et Paris-Saigon ou inversement, mais ce
n'est pas suffisant.
En dehors du réseau qui unit la France
avec l'Afrique du Nord et l'Afrique Occiden-
tale il n'existe rien.
La tâche de M. Laufftlt-Eynac est vaste.
Il doit organiser l'aviation commerciale en
France mais il ne doit pas négliger les tom-
munications de la France avec ses colonies
et de celles-ci entre elles.
En Afrique du Nord, il ne serait pas sans
intérêt d'établir à bref délai la ligne Rabat-
Alger-Tunis.
L'Afrique equatoriale, la déshéritée A.E.F.
gagnerait certainement beaucoup à posséder
des lignes aériennes intérieures fonctionnant
comme celles du Congo belge, et des liaisons
avec l'A.O.F. De même gagneraient les
pays sous mandat, français et Madagascar
où les premiers essais, s'il semble qu'ils aient
été un peu décevants, devraient être repris.
Enfin, l'Indochine, qui doit plus exacte-
ment Rappeler l'Union indochinoise, réclame
elle aussi, d'urgence, un réseau reliant entre
eux ÙI fays divers qui la composent et qui
ne formeront un tout harmonieux que lorsque
les obstacles naturels dressés par les monta-
gnes et la forêt auront été vaincus.
Bref, le ministre de l'Air a, comme on dit
familièrement, du travail devant lui. Ce
n'est pas faire preuve de parti pris « colo-
nial d que d'avancer que l'aviation coloniale
presse au moins autant que l'aviation métro-
politaine.
Pierre rolfdnffer,
Député de Paris,
Président de la Commission de
l'Algérie, des Colonies et des Protectorats.
Les visites de M. Lucien Saint
A Meknès
M. Lucien Saint vient de rentrer à Rabat.
Il était arrivé dans la matinée du 2 mars à
Meknès. Malgré un froid très vif, une foule
immense s'était portée à l'entrée de la ville
devant l'arc de triomphe dressé sur la route de
Fez.
Le général Freydenberg, commandant la
région, a reçu le Résident qui s'est rendu au
monument aux morts. Le cortège, encadré de
spahis marocains, a traversé ensuite les nou-
velles artères de Meknès jusqu'à la place cen-
trale où se dresse la statue du général Poey-
mirau, fondateur de la ville.
M. Lucien Saint s' est rendu ensuite 1 la
Résidence où le pacha de la ville et les re-
présentants des populations lui ont souhaité la
bienvenue. Un déjeuner a été ensuite offert par
le Résident général à toutes les notabilités lo-
cales.
Après la revue militaire de Fez
A l'issue de la revue des troupes qu'il passa
à Fez, M. Lucien Saint a fait parvenir au
général Vidalon, la lettre suivante :
Dès mon retour de la reçue à laquelle j ai
eu la grande joie d'assister, je tiens à vous
dire l'inoubliable impression que j'emporte de
ce premier contact avec les troupes de la ré-
gion de Fez. Tirailleurs, algériens, marocains
ou sénégalais, soldats de l'héroïque légion
étrangère, spahis, artilleurs, aviateurs, soldats
du train, dont j'ai été heureux de saluer les
glorieux drapeaux et étendards, ont montré par
leur tenue impeccable et leur belle allure qu'ils
avaient à cœur de maintenir bien haut le nom
de cette prestigieuse armée d'Afrique qui a
inscrit sur le sol marocain une splendide page
de gloire.
le vous prie de transmettre au général
commandant la région de Fez, aux officiers
et aux troupes placées sous ses ordres, ainsi
qu'aux splendides cavaliers des tribus qui
avaient pris dans cette manifestation la place
qui leur revient auprès de nos troupes, et dont
je carmais la vaillance et la fidélité, l'expres-
sion de ma vive satisfaction et de mes félicita-
tions les plus chaleureuses.
-----'--'-- - - - ._n.
La liaison
algéro-mauritanienne
Le peloton nomade (te l'Adrav maurita-
nien dont le rentre (Vaction est à Atar,
vient de partir pour faire de nouvéau ta
liaison nrer les méharistes du Sud- Gra-
nais.
(Par aépécho.)
L'Aviation Coloniale
Vers Satgon
Les aviateurs Paillard et Le Brix ont
quitté Rangoon. Ils se rendent à Pénang
paumer d'où ils gagneront par voie de
lerre Bangkok puis Saïgon par Ream. Ils
apportent le courrier postal.
..a
CDftMA COLONIAL
»♦«
Une propagande antifrançaise
Le film américain Ombres blanches, qu'un
cinéma parisien des Grands Boulevards re-
présente, se déroule aux lies Marquises. La
mise en scène en est remarquable. Mais
pourquoi, se demande un de nos confrères,
le scénariste a-t-il voulu que la plonge - des
perles soit représentée comme une pratique
barbare qui décime la race maori, et que les
exploitants soient des colons français ivro-
gnes et brutaux, tandis que le protecteur des
indigènes est dénomme Lloyd et de nationa-
lité américaine?
Le public français sait à quoi s'en tenir
du moins, espérons-le. Mais ce film fait à
l'étranger une bien fàclicuse propagande aux
méthodes françaises de colonisation.
..a 1
ALGER-COTE D'IVOIRE ET RETOUR
EH AUTOMOBILE
Parti le 28 février, à une heure du matin,
de G-t emmenant Labourdet et Poofilly,
M. Loiseau a réussi sa deuxième traversée du
Sahara. Il était le icr mars à Reggan, à 1.300
kilomètres au nord, et dînait le même soir à
Adrar der Touat, à 1.450 kilomètres au nord.
La mission La Rochcfoucauld-Loiseau a
battu de vingt-quatre heures la performance
aller, bien qu'elle ait dû s'arrêter huit heures
de la nuit, toutes les traces étant effacées par
le vent de sable. La mission continue l'éta-
blissement d'un record vers Alger, depuis la
Côte d'Ivoire et par Bamako.
Cinquante veuves !
On mande de Nairobi que le chef Kinan-
zoui, de la tribu des Kakouyou, le premier
des chefs indigènes de la colonie de Kenya
qui fut présenté au prince de Galles, a été
enterré hier, en présence de ses 50 femmes
et de ses 300 enfants.
Depuis 35 ans qu'il était à la tète de sa
tribu, Kinanzoui avait su mériter l'estime,
non seulement des indigènes, mais aussi des
Européens; des missionnaireit anglais, écos-
sais et catholiques, sont venus prier sur sa
tombe.
Un patriarche, en somme, sympathique.
i Uia* crise de t'épargne
t .8.
D'un rapport adressé par M. Loucheur, mi-
nistre du Travail, à M. Gaston *
sur les caisses d'épargne, il ressort que la
petite épargne subit un sensible fléchissement.
Algert Constantine, Oran, dans l'exposé de
M. Loucheur, figurent parmi les départements
les moins économes, ceux qui accusent moins
de cent déposants par mille habitants.
Les rhums et spiritueux
de la Réunion ft
Le droit de sortie
Le Conseil général de l'ile de la Réunion
a adopté les dispositions dont la teneur suit :
Article unique. - Le. tarif des décimes
additionnels au droit de sortie sur les rhums
et spiritueux de toutes sortes valant 300 fr.
et plus les 100 litres à 54'' est tixé ainsi qu'il
suit :
Nombre
de
Valeur des cent litres à 54' décimes
De 300 fr. inclus à 350 (r. exclu-. 45
De 350 fr. inclus a 400 fr. exclus. 50
De 400 fr. inclus a 450 fr. exclus. 55
De 450 fr. inclus à 500 fr. exclus. 60
De 500 fr. inclus à 550 fr. exclus. 65
De 550 ir. inclus à 600 fr. exclus. 70
De 600 fr. inclus a 650 fr. exclus. 75
De 650 fr. inclus à 700 fr. exclus. No
De 700 fr. inclus à 750 fr. exclus. 85
De 750 fr. inclus à Sou fr. exclus. 90
De 850 fr. inclus a 900 fr. exclus. 100
De 900 fr. inclus à 950 fr. exclus. 105
De 950 fr. inclus à 1.000 fr. exclus. 110
1.000 fr. et plus 115
La conservation du poisson 1
8.
Jusqu'à présent, le poisson congelé était
plus ou moins comestible, les tissus se désa-
grégeant au moment où on dégelait la chair.
Un armateur de La Rochelle est en tram
d'essayer un procédé de congélation qui a
paru concluant.
Ce procédé, dit de congélation rapide, a
l'avantage incontestable de fixer les tissus.
L'eau se change en innombrables particules
incorporées, pour la plupart, dans les fibres.
Au dégel, le poisson est en excellent état.
Les services de l'hygiène publique l'ont cons-
taté.
D'ailleurs, il est à noter que, dans les la-
boratoires où l'on étudie l'anatomie micros- I
copique des tissus, on fait usage de la. réfri-
gération rapide.
Le tout était de pouvoir placer l'appareil
de. congélation à bord du chalutier.
C'est chose faite.
11 est à présumer que les armateurs de
IVoulogne, de Lorient, de La Rochelle « gi-
vreront n leur poisson.
Ainsi mangerons-nous, d'ici peu, à Paris,
des merlus péchés sur la côte de Mauritanie,
à Pernambouc, voire à Ninh-Thuan.
Mort de M. Doubrère
Nous avons le rogret d'apprendre la mort
de M. Maurice Doubrère, directeur honoraire
au ministère des Colonies, ancien directeur
de l'Ecole coloniale. 11 était né en 1854. Ses
obsèques seront célébrées demain mardi, à
1) h. 1/2, à l'église de 'Passy.
Des skis en bois coloniaux
Bien que la fabrication des skis ne doive
pas constituer un débouché considérable pour
nos bois coloniaux, M. T. Meniaud, dans, le
Bulletin de l'Agence Générale des Colonies,
signale qu'en raison des qualités spéciales de
bois qu'exige cette industrie il y avait lieu
de rechercher quelles sont dans nos forêts
équatoriales les essences convenant le mieux
à la fabrication des skis d'après les indica-
tions. fournies à l'Agence générale des colo-
nies par le colonel Lardant, du 1590 régiment
d'infanterie alpine, directeur à Briançon du
Centre général d'instruction du ski.
Le bois considéré comme convenant le
mieux à la fabrication des skis, est l'hickory,
noyer d'Amérique du genre Carya (Inglan-
dacées). Mais les essences similaires de nos
possessions du Pacifique reviennent trop chef
en France, il fallait chercher dans nos colo-
nies forestières de l'A. E. F.
Le Movingui, l'Izombé et le Moabi sem-
blent répondre aux conditions. Voici leurs
caractéristiques :
Movingui : Bois assez compact et assez
homogène; n'est pas @ spongieux; assez sou-
ple, glisse bien et s'use normalement. Ac*
vaut pas Vliickory mais est supérieur au frêne
même le meilleuT. Peut convenir pour les
skis de tourisme, du modèle ordinaire et mê-
me de course.
Izombé : Bois se rapprochant beaucoup de
l'hickory. Très supérieur au frêne. Bois com-
pact, homogène et souple. Se travaille et se
courbe facilement, glisse bien, s'use lente-
ment et uniformément. Convient pour la fa-
brication de tous modèles de skis.
Moabi : Bois compact et plus spongieux
que les précédents, manque d'homogénéité.
Ne se gauchit pas, est assez souple, glisse
assez bien, s'use uniformément, mais assez
rapidement. Ne vaut pas l'hickory, mais se-
rait sensiblement meilleur que le frêne ordi-
naire et tout au moins équivaut au frêne très
dur et très compact. Convient pour les skis
de tourisme - et du modèle ordinaire.
Les fortes dimensions des billes impor-
tées, leur grand rendement au débitage, l'ab-
sence complète de nœuds dans le bois, sont
autant de facteurs qui peuvent faire préférer
ces essences aux frênes indigènes ou d'im-
portation, et même aux hickorys qui coûtent
deux fois plus et avec lesquels elles peuvent
soutenir la comparaison au point de vue de
la souplesse et des résistances de totites sor-
tes.
Nombreuses sont les essences coloniales
qui pourront encore être étudiées par la
suite, et le Service des bois d.e l'Agence gé-
nérale des Colonies que dirige M. J. Me-
niaud ne manquera pas de faire» en sorte de
faciliter de nouvelles expériences.
Le vainqueur d'Abéché
Commandant actuellement un régiment de
tirailleurs sénégalais à Toulon, et directeur des
cours du 3° degré du centre de Toulon, le
colonel Bourreau fut mon camarade de case
à Bangui. alors qu'il revenait d'Abéché, où il
avait eu l'insigne honneur de conduire les
troupes françaises, ainsi que le rappelle la
France Militaire.
Après le combat de Ouadi-Chank, ou son
capitaine tomba grièvement blessé, le lieute-
nant Bourreau prit, en effet, le commandement
de la colonne qui, à 300 kilomètres de sa
base, livra aux troupes ouadaïennes un ultime
et victorieux combat qui devait avoir, dans le
centre africain, le plus profond retentissement
et y affermir définitivement notre autorité.
A la suite de ce fait d'armes, le ministre
des Colonies écrivit au commandant supérieur :
Je vous prie, en conséquence, de trans-
methe les vives félicitations du Gouvernement
de la République, avec l'expression de ma
satisfaction persormelle, au capitaine Fingens-
chuh, au lieutenant Bourreau, aux autres offi-
ciers et hommes de troupe européens et indi-
gènes qui ont pris part aux opérations contre
Abéché.
Il ne fut décoré que le 21 janvier 1915,
après avoir été grièvement blessé au combat
du bois de la Gruerie ! Quand les Marsouins
sont décorés, c'est qu'ils le méritent depuis
longtemps et ils reçoivent souvent la croix de
bois qui ne coûte rien à leurs chefs.
Des brillants états de services du colonel
Bourreau, nous retiendrons son œuvre au Cam-
bodge, en ce qui concerne en particulier le re-
crutement, l' encadrement et la qualité du ba-
taillon cambodgien, et qui laissera sans nul
doute des traces profondes. Elle constituera
une base aux progrès qu'il ne faut pas cesser
de continuer pour faire, des tirailleurs cambod-
giens, des soldats modèles.
Enfin, le 31 décembre 1924, le ministre de
la Guerre lui adresse une lettre de félicitations:
« Pour le zèle et le dévouement dont il a
fait preuve en contribuant à l' œuvre d'éduca-
tion physique et de préparation militaire au
Cambodge. n
Ce sont de tels hommes qui honorent l'ar-
mée coloniale, et on ne doit pas les oublier.
1 suffeme F~
Deux peintres dont un bey
Feu le. bey de Tunis, qui aimait beaucoup
la peinture et pratiquait cet art, fit voir, un
jour, une de ses toiles au célèbre impression-
niste Sisley.
Comment trouvez-vous cela ? demanda
le bey.
- Heu! fait Sisley. Puis, il s'anime et,
s'armant d'un pinceau, retouche et refait
presque entièrement le paysage.
Si Mohammed ol Habib, de retour à Tunis,
mit la toile ainsi retouchée dans le plus beau
salon du palais beylical.
Le Résident lui dit à son tour :
Votre Altesse fait de l'impressionnisme.
- Non fit le bey en- souriant, c'est un
nommé Sisley qui s'est amusé à signer mon
nom sur cette toile.
Et il s'efnpressa- d'ajouter :
Aussi, de tous mes tableaux, c'est celui-
là que je préfère. N
Dépêches de l'Indochine
M. Pasquier aux aviateurs malheureux
Le Gouverneur général a adressé à
l'agent consulaire de France à Asugeeit te
télégramme suivant : « Je vous remercie
« de votre télégramme concernant les ama-
it teurs Le lirix et Paillurd, auxquels je
« vous demande de vouloir bien transmet-
« ire le message suivant : Heureux de vous
le savoir sains et saufs, je vous lélicite bien
u vivement pour les brillantes qualités que
u vous avez montrées dans le raid parti-
« culièrement difficile que tous les lndo-
te chinois ont suivi avec une grande émo-
« tian. »
L'affaire Alexis
Le procès d'Alexis a continué jeudi ma-
tin et L'après-midi par L'audition de diffé-
rents témoins européens et indigènes. Tou-
tes les dépositions qui ont été faites sont
semblables à celles laites au cours du pro-
cès l'année dernière.
Chez les "Français d'Indecbine"
Le déjeuner mensuel des Frattçais d*Indo-
chine a eu lieu le samedi 2 mars courant à
l'Hôtel des Sociétés Savantes.- M. Lemalre,
administrateur des Services civils de I I. C.,
chef du Service de protection des Indochinois
en France à l'Agindo, président de l'Asso-
ciation, présidait cette réunion de famille.
MM. Doumer, ancien Gouverneur général
de la Colonie, président du Sénat; GOurbeil,
ancien Gouverneur de la Cochinchine; Lé-
vêcque, ancien Résident supérieur en Annam ;
Gourdon, ancien Directeur général de l'Ins-
truction publique; Bonnault, ancien prési-
dent de la Chambre de commerce de Hanoï,
et une quarantaine de leurs collègues, assis-
taient au déjeuner comme à l'assemblée gé-
nérale qui suivit et au cours de laquelle il
fut procédé au renouvellement statutaire
d une partie du comité directeur.
Le nombre des adhésions nouvelles qui, il
y a tout lieu de l'espérer, ne peut manquer
de continuer à s'accroître dans l'avenir, per-
met d'envisager une prochaine extension du
plus important, peut-être, des services
de l'Association celui dont la tâche
essentielle mais difficile est d'apporter tous
les adoucissements en son pouvoir aux situa-
tions profondément dignes d'intérêt qui lui
sont signalées de toutes parts, dans les famil-
les des Français d'Indochine morts à la tâ-
che, après une carrière de courageux labeur
et de fructueuse propagande nationale dans
cet Orient lointain.
IF.
.a ,-
A la Société des Nations
,,' .8..
Une enquête tur l'opiro
Le secrétaire général de la Société des Na-
tions a communiqué au Conseil et aux Etats
signataires de la convention de l'opium de
Genève de 1925 une lettre du Gouvernement
français en date du 15 février.
Dans cette communication, le Gouverne-
ment français se déclare disposé à participer
en ce qui le concerne, pour la somme de
25.000 francs suisses, aux dépenses occasion-
nées par l'enquête :"lUI' l'opium en Extrême-
Orient, proposée par le gouvernement bri-
tannique.
Le Gouvernement général de F Indochine
assurera le logement et le transport dans la
colonie des membres de la Commission. Les
directeurs des services intéressés se tiendront
à la disposition des enquêteurs auxquels ils
fourniront toutes facilités susceptibles de les
mettre en mesure d'accomplir leur tâche dans
les conditions les plus favorables.
La culture du pavot n'existant pratique-
ment pas en Indochine, le choix de l'époque
de l' enquête est indifférent.
1060-
A la commission algérienne
des valeurs de douane
-
Un discours de M. Pierre Bordes
A ia réunion de la Commission des Va-
leur? de douane qui s'est réunie à Aigu- le
2>S février dernier M. Pierre Hordes a rro-
noncé un important dixours dont voici les
principaux passages :
..¡¡[l,:':'rt.; les terribles inondations /Iui ont
dévasté une des plus /Jd/c:.) régions 'de
l'Algérie, la progression continue de son
commerce et de son ,icti:itc il',l pas été at-
teinte par le cataclysme le pins violent
qu'el le ait jamais subi.
fin augmentation de pins d'un milliard sur
les chiffres de 1027 la râleur des transac-
tions s'elè: e cette année à près de 0 mil-
liards : l'Algérie est donc bien près d'attein-
dre son équilibre économique de pays dé~'c-
1 loppé, en pleine production : le chiffre des
exportations se rapproche de plus en plus
de celui dt's im portations.
Il est encourageant de noter que 111 pro-
portion du chiffre des exportations Il celui
des achats à Vextérieur qui en 1835 était
de l S, passait eu 1S50 à 1/7, < n iS6<> à 1
en if>K> aux 2/3, en ino<> la dernière année com plète a'avant-guerre.
ait Y 5/6, et qu'elle Il, cette année, dépassé ee
rapport.
bientôt l'Algérie aura une balance commer-
ciale constamment positive. Elle sera très
loin d'avoir epitisé sa capacité de production
agricole et sa puissance industrielle aura
.l,','(wl elle un splendile .¡j'rn;r, Elle ne
considérera t/ue comme une étape ce s'*fe
de l'équilibre économique qui, pour tant de
sociétés, est l'aboutissement- d'une évolution
et Te terme d'un développement.
NONS de:'ons noter la diminution des im-
portations de céréales et L'augmentation
des e vportatians de produits agricoles qui,
en 102S, dépassent d'environ 525 millions cel-
les de i>)-7. Assurément l'année 1028 a été
satisfaisante au point de vue agricole bien
que les riches régions de Perrégaux et de
Mascara hissent inondées, toutes les cultures
de la plaine du ("nétiff et du TÀttoral cnm-
promises. Des conditions météorologiques
satisfaisantes ont suivi ce désastre, mais
n'est-ce pas surtout Il l'indomptable énergie
de nos colons, de nos services publics, de la
population algérienne tout enti're qu'il faut
CE NUMBRO : 80 CENTIMES
LUNDI SOIH, 4 MAR3 19K9.
AURIAL QUOTIDIEN
Jtédsdion & Administration :
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PARIS O")
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Les Annales Coloniales
ABONNEMENTS
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Hrt npriMb eitenl tee Amulm Coumalis.
La littérature de l' Atrique noire
i
J'aborde l'examen de cet Essai intitulé :
« De TAfhque noire dans le Domaine des
Lettres », que j'ai rapidement signalé à nos
lecteurs.
Jean Gui commence par mettre face à face
les opinions opposées que l'on rencontre sur
les races de 1 Afrique noire : races inférieu-
res, crétinisées, « dont l'intelligence est cris-
tallisée, usée, finie P; races calomniées, mé-
connues, non moins intelligentes que celles
d'Europe.
Cette deuxième opinion, d'après notre écri-
vain, ne peut s'appuyer que sur des exem-
ples qui, au fond, sont des exceptions confir-
mant une règle. Mais le mieux est de ne pas
parler de « règle P, et d'observer la réalité.
A la différence des autres groupements
humains, le monde noir isolé, livré à lui-
même, n'a pu pendant de longs siècles que
progresser par ses propres forces. A-t-il fait
des progrès ? A-t-il cristallisé? - Non, ré-
pond hardiment Jean Gui, le monde noir n'a
pas cristallisé ; oui, il a fait des progrès.
Son histoire nous montre le développement
d'une civilisation qui nous parait étrange,
mais qui n'en est pas moins réelle, « non pas
inférieure, non pas attardée, non pas arrié-
rée M, mais « parfaitement adaptée au mi-
lieu, aux ressources, au climat, seulement
particulière et différente de la nôtre, sans
aucune commune mesure avec elle 9.
C'est le sage conseil que le vieux Nicolas
(celui qui est mort) donne à tous les lecteurs
de l'Art poétique 1
Des siècles, des pays, étudiez les mœurs,
Les climats font souvent le s diverses humeurs.
Montesquieu, là-dessus, a dit de fort belles
choses.. Plusieurs choses gouvernent les
hommes, écrit-il : le climat, la religion, les
Jois, les maximes du gouvernement, les
exemples des choses passées, les mœurs, les
manières, d'oit il se forme un esprit général
qui en résulte. A mesure que dans chaque
nation une de ces causes agit avec plus de
force, les autres lui cèdent d'autant. La na-
ture et le climat dominent presque seuls
sur les sauvages. » Est-ce bien sûr? Est-il
bien vrai que la religion, les lois, les exem-
ples des choses passées, etc. ne contribuent
pas à former cet a esprit général » dans
toutes les races et dans celles de l'Afrique
noire en particulier? Et cela n'est-il pas
aussi contestable que d'écrire que les Chinois
- sont gouvernés par les manières, le Japon
tyrannisé par les lois, que dans Lacédémone
c'étaient les aMMM qui dranaimit loJon» que
dans Rome c'étaient les maximes du gou-
vernement et les mœurs anciennes? Montes-
quieu a donné ailleurs plus de souplesse à
la fois et plus de précision à sa pensée. Rien
ne se sépare, tout se tient dans la chaîne
des causes qui déterminent une civilisation.
Jean Gui a observé pendant plus de dix
ans les civilisations de l'Afrique Noire, et
avant de parler de sa production spirituelle,
avant d'exposer ce que lui a appris l'étude
d'une littérature « qui est ici l'émanation di-
recte et spontanée de l'âme de son peuple P,
il se hâte de rappeler que ce peuple, quelle
que soit son unité apparente, est constitué
de groupes ethniques parlant six cents lan-
gues et dialectes, d'après certains auteurs,
cinq cents, d'après d'autres. Il s'en tient au
tableau de Cust qui les classe en six grou-
pes ; 10 sémite ; 2" chamite ; 30 nubiane-
foulah ; 4" nègre; S" banton ; 6° hottentot
et bushmen.
Et c'est dans ces idiomes divers que
s'exprime cette foule innombrable de contes,
de chants de guerre et d'amour, d'invoca-
tions, de légendes, de proverbes, etc., qui
nous permettent de suivre à travers les âges
l'activité intellectuelle des races noires. Ce
folklore, comment nous est-il transmis? Pas
de livres, bien entendu, ni d'imprimeries.
Seuls les marabouts et les notables musul-
mans ont en main quelques ouvrages reli-
gieux importés de l'extérieur assez récem-
ment. Donc, littérature orale, conservée, lé-
guée de génération en génération par la
caste des poètes musiciens, chanteurs profes-
sionnels. C'est la caste des Griots. Elle ré-
pond à celle des Aèdes qui allaient, par les
villes grecques, chantant les poèmes homéri-
ques. Du golfe de Guinée à la Cafrerie, ces
aèdes nègres chantent, puis, avant de mou-
rir, remettent à leurs successeurs leurs droits
et leurs prérogatives. Troubadours brunis, dit
dune façon pittoresque notre écrivain, aux-
quels on ne demande après tout qu'une, mé-
moire tldèle, et le respect du dépôt qui leur
est confié : 0 Voici ce que m'a. appris mon
père qui le tenait de son père, et cela depuis
longtemps, longtemps, depuis le commence-
ment. Mon père tient cette histoire de son
grand-père, et ce n'est pas celui-ci qui l'a
imaginée, elle vient de bien avant. » Toutes
les poésies primitives se resscmhlent. L'in-
vention consiste à ne rien inventer, et le plus
grand mérite du poète, c'est la sûreté de ses
souvenirs.
Est-il besoin de faire remarquer que, mal-
gré tout, il en est qui ne se contentent pas
de ce rôle de récitateurs. Jean Gui rappelle
l'opinion du gouverneur Maurice Delafosse
qui aimait à répéter que cette littérature
populaire a été enrichie de génération en
génération. Sans doute il s'est perdu beau-
coup de ces monuments de la poésie popu-
làire, d'autres ne nous parviennent que mu-
tilés. Mais il est facile de le comprendre :
4e trésor s'est enrichi toutes les fois que le
poète, le chanteur, le musicien a eu lui-même
du talent, et, qui sait? peut-être du génie.
Jean Gui regrette que des Griots Diolats ne
lui aient rapporté que des fragments de plu-
sieurs chants et légendes sur la conquête,
pourtant assez récente, du Sénégal et du
Soudan, et que des débris d'un poème sur
le massacre des Mandingues commandés par
le fière de Fodé et d'un autre sur la légende
de bfema Moto, ttr-d'Alpha, toi de Fir-
dou, dans la haute Casamance. Tout cela,
évidemment, empêche de porter un jugement
intègre complet sur l'évolution de la littéra-
ture africaine, cela n'empêche pas d'affirmer
qu'entre les premiers auteurs et ceux qui
apparaissent comme leurs héritiers, des dif-
férences certaines doivent être constatées.
Ce n'est probablement pas le premier en,
date des aèdes qui a donné une forme aussi
admirable aux adieux d'Hector et d'Andro-
maque, ou aux supplications de Priam pros-
terné aux pieds d Achille, assassin de son
fils Hector.
J'ai beaucoup goûté à mon tour le juge-
ment que Jean Gui porte sur cette littérature
et que je veux reproduire ici ;
a Mais venons à cette littérature. Nous
la verrons, certes, pleine de simplicité, de
naïveté, avec des longueurs, des redites.
Qu'importe. Ici, le temps ne compte point.
Ignorant la recherche de la vérité scientifi-
que elle fourmille de manifestations du
merveilleux, de symboles obscurs d'un au-
delà qui rappelle à la fois les conceptions
païenne, chrétienne et musulmane. Elle pré-
sente cependant avec de la variété, de la
finesse, souvent de la gaieté, des nuances
légères, des grâces fuyantes qui ne vont pas
quelquefois sans grandeur et sans force. »
Et je lui dirai en toute sincérité que les
fragments qu'il nous donne sont trop peu
nombreux pour me faire conclure que les
races de l'Afrique Noire ne sont « ni attar-
dées, ni arriérées so, mais que je lui donne
absolument raison lorsqu'il affirme que des
peuples qui savent ainsi conter, chanter,
sont loin d'être CI stupides P. Ce qui serait
stupide, ce serait précisément d'avoir cette
opinion contre laquelle Jean Gui a raison
de s'élever, si toutefois elle est restée encore
dans un coin de cerveau de quelques-uns de
nos contemporains.
..r',.
Sénateur de l'Hérault,
Ancien Ministre,
Vice-président de la Commission des Colonhs.
..1. ,
(Retour du Niger
- -- w --
.,.
M. Maginot rentre en France
M. Magmot, ministre des Colonies, qui
s était «ubaHjné hier m–m à 10 h. 30 sur le
aaiseur DIIfIItI)- Troain, est arrivé ce matin à
Marseille.
Le ministre des Colonies, avant son embar-
quement. a été salué par toutes les autorités
civiles et militaires, le corps consulaire, les
délégations des anciens combattants et par les
chefs indigènes. Il a été accompagné à bord
par M. Bordes, Gouverneur général, par le
président des délégations financières, le maire
d'Alger, auxquels il a renouvelé ses remercie-
ments pour le chaleureux accueil qu'il avait
reçu à Alger.
La mission parlementaire
Le paquebot Médie-II. dont l'arrivée avait
été retardée de vingt-quatre heures par la tem-
pête. a fait son entrée au port avant-hier ma-
tin. LN six heures. A bord. se trouvait la mission
parlementaire, qui s'était rendue en même
temps que M. Maginot à Dakar pour l'inau-
guration du Monument aux Morts de r A.
O. F.
Les membres de la mission sont enchantés
de leur voyage d'études dans nos colonies de
l'Ouest-Africain, et rapportent de l' activité
économique de ces régions une heureuse im-
pression. Sous l'énergique impulsion de M.
Carde, Gouverneur général. notre grande pos-
session du golfe de Guinée est en voie de
réaliser les légitimes espérances que nous avons
fondées sur elle. Les importants travaux entre-
pris en vue de l'irrigation de la vallée du Ni-
ger permettent d'envisager, dans un avenir pro-
chain, la transformation radicale de vastes con-
trées hier encore presque incultes.
En Guinée, M. Poiret, Gouverneur, pour-
suit inlassablement son œuvre qui, comme au
Sénégal, porte déjà des fruits des plus promet-
teurs.
Telles sont les impressions générales de la
mission parlementaire sur son rapide voyage en
A.O.F.
AUTOUR DU VOYAGE
DE M. MAGINOT
i
Pendant son séjour à Alger, M. Maginot
a assisté au Palais d'Eté à un dîner auquel
les chefs et notables avaient été spécialement
conviés. Le Bachagha Djelloul a salué le
ministre, déclarant notamment :
« C'est pour nous, indigènes, un devoir de
rendre, hommage à la bienveillance inépuisa-
ble dont nous sommes l'ohjet de la part du
Gouverneur général Bordes et de dire l'atta-
chement inébranlable que nous avons pour
lui.
« Nous vous prions de transmettre au Pré-
sident de la République et au Gouvernement
l'assurance que les Musulmans d'Algérie,
groupés unanimement autour du Gouverneur
générât, manifestent chaque jour le même
loyalisme, la même fidélité à l'égard de la
France, notre patrie adoptive. »
M. Maginot a répondu en affirmant à nou-
veau sa conviction que la France, qui, avec
ses fidèles sujets coloniaux, est en réalité un
pays de cent millions d'habitants, continuera,
de tenir dignement son rôle civilisateur et
que, après sa longue randonnée à travers
1 Afrique française, il rentre en France en-
core un peu plus fier d'être Français.
AVIATION MÉTROPOLITAINE
ET COLONIALE
tk
Quatre millions d'Allemands sont
montés en avion en 1928 pour ef-
fectuer un voyage tant dans t't,
Deustckland qu'au delà des frontières, c'est-
à-dire : 4.000.000 de citoyens du Reich, au
lieu de prendre le chemin de fer, l'automo-
bile, ou le bateau pour aller de Berlin à
Francfort, de Dresde à Hambourg, de iJltt-
nich à Londres, ont utilisé ce nottveau moyen
de locomotion.
Joignez à cela que les accidents d'aviation
sont très' rares au delà de nos frontières,
puisque notre flotte aérienne monopolise la
majorité des accidents survenus dans les
cinq parties du monde.
Soulignez par ailleurs que nos voisins
d'Outre-Rhin et d'Outre-Manche d'un côté,
que les Américains d'un autre, outre un
réseau aérien commercial déjà fort important,
préparent soit en c plus lourd D, soit in
« plus léger » que l air, de véritables na-
vires sltsceptibles de transporter quelque cent
Passagers.
Devant cet ensemble d'efforts, fruit de
plusieurs années de préparation et de travail
ininterrompu, faisons le point français.
Des initiatives individuelles, des raids
sportifs heureux ou malheureux, des tircuits
qui ne donnent de résultats ni pratiques, ni
stables. C'est admirable à certains égards et
l'on ne saurait trop honorer les noms des
Dr oui n, des Guilbaud, des Le Brix, des
Costes, des Paillard, ect., ni trop se réjouir
de voyages aériens comme France-Madagas-
car et Paris-Saigon ou inversement, mais ce
n'est pas suffisant.
En dehors du réseau qui unit la France
avec l'Afrique du Nord et l'Afrique Occiden-
tale il n'existe rien.
La tâche de M. Laufftlt-Eynac est vaste.
Il doit organiser l'aviation commerciale en
France mais il ne doit pas négliger les tom-
munications de la France avec ses colonies
et de celles-ci entre elles.
En Afrique du Nord, il ne serait pas sans
intérêt d'établir à bref délai la ligne Rabat-
Alger-Tunis.
L'Afrique equatoriale, la déshéritée A.E.F.
gagnerait certainement beaucoup à posséder
des lignes aériennes intérieures fonctionnant
comme celles du Congo belge, et des liaisons
avec l'A.O.F. De même gagneraient les
pays sous mandat, français et Madagascar
où les premiers essais, s'il semble qu'ils aient
été un peu décevants, devraient être repris.
Enfin, l'Indochine, qui doit plus exacte-
ment Rappeler l'Union indochinoise, réclame
elle aussi, d'urgence, un réseau reliant entre
eux ÙI fays divers qui la composent et qui
ne formeront un tout harmonieux que lorsque
les obstacles naturels dressés par les monta-
gnes et la forêt auront été vaincus.
Bref, le ministre de l'Air a, comme on dit
familièrement, du travail devant lui. Ce
n'est pas faire preuve de parti pris « colo-
nial d que d'avancer que l'aviation coloniale
presse au moins autant que l'aviation métro-
politaine.
Pierre rolfdnffer,
Député de Paris,
Président de la Commission de
l'Algérie, des Colonies et des Protectorats.
Les visites de M. Lucien Saint
A Meknès
M. Lucien Saint vient de rentrer à Rabat.
Il était arrivé dans la matinée du 2 mars à
Meknès. Malgré un froid très vif, une foule
immense s'était portée à l'entrée de la ville
devant l'arc de triomphe dressé sur la route de
Fez.
Le général Freydenberg, commandant la
région, a reçu le Résident qui s'est rendu au
monument aux morts. Le cortège, encadré de
spahis marocains, a traversé ensuite les nou-
velles artères de Meknès jusqu'à la place cen-
trale où se dresse la statue du général Poey-
mirau, fondateur de la ville.
M. Lucien Saint s' est rendu ensuite 1 la
Résidence où le pacha de la ville et les re-
présentants des populations lui ont souhaité la
bienvenue. Un déjeuner a été ensuite offert par
le Résident général à toutes les notabilités lo-
cales.
Après la revue militaire de Fez
A l'issue de la revue des troupes qu'il passa
à Fez, M. Lucien Saint a fait parvenir au
général Vidalon, la lettre suivante :
Dès mon retour de la reçue à laquelle j ai
eu la grande joie d'assister, je tiens à vous
dire l'inoubliable impression que j'emporte de
ce premier contact avec les troupes de la ré-
gion de Fez. Tirailleurs, algériens, marocains
ou sénégalais, soldats de l'héroïque légion
étrangère, spahis, artilleurs, aviateurs, soldats
du train, dont j'ai été heureux de saluer les
glorieux drapeaux et étendards, ont montré par
leur tenue impeccable et leur belle allure qu'ils
avaient à cœur de maintenir bien haut le nom
de cette prestigieuse armée d'Afrique qui a
inscrit sur le sol marocain une splendide page
de gloire.
le vous prie de transmettre au général
commandant la région de Fez, aux officiers
et aux troupes placées sous ses ordres, ainsi
qu'aux splendides cavaliers des tribus qui
avaient pris dans cette manifestation la place
qui leur revient auprès de nos troupes, et dont
je carmais la vaillance et la fidélité, l'expres-
sion de ma vive satisfaction et de mes félicita-
tions les plus chaleureuses.
-----'--'-- - - - ._n.
La liaison
algéro-mauritanienne
Le peloton nomade (te l'Adrav maurita-
nien dont le rentre (Vaction est à Atar,
vient de partir pour faire de nouvéau ta
liaison nrer les méharistes du Sud- Gra-
nais.
(Par aépécho.)
L'Aviation Coloniale
Vers Satgon
Les aviateurs Paillard et Le Brix ont
quitté Rangoon. Ils se rendent à Pénang
paumer d'où ils gagneront par voie de
lerre Bangkok puis Saïgon par Ream. Ils
apportent le courrier postal.
..a
CDftMA COLONIAL
»♦«
Une propagande antifrançaise
Le film américain Ombres blanches, qu'un
cinéma parisien des Grands Boulevards re-
présente, se déroule aux lies Marquises. La
mise en scène en est remarquable. Mais
pourquoi, se demande un de nos confrères,
le scénariste a-t-il voulu que la plonge - des
perles soit représentée comme une pratique
barbare qui décime la race maori, et que les
exploitants soient des colons français ivro-
gnes et brutaux, tandis que le protecteur des
indigènes est dénomme Lloyd et de nationa-
lité américaine?
Le public français sait à quoi s'en tenir
du moins, espérons-le. Mais ce film fait à
l'étranger une bien fàclicuse propagande aux
méthodes françaises de colonisation.
..a 1
ALGER-COTE D'IVOIRE ET RETOUR
EH AUTOMOBILE
Parti le 28 février, à une heure du matin,
de G-t emmenant Labourdet et Poofilly,
M. Loiseau a réussi sa deuxième traversée du
Sahara. Il était le icr mars à Reggan, à 1.300
kilomètres au nord, et dînait le même soir à
Adrar der Touat, à 1.450 kilomètres au nord.
La mission La Rochcfoucauld-Loiseau a
battu de vingt-quatre heures la performance
aller, bien qu'elle ait dû s'arrêter huit heures
de la nuit, toutes les traces étant effacées par
le vent de sable. La mission continue l'éta-
blissement d'un record vers Alger, depuis la
Côte d'Ivoire et par Bamako.
Cinquante veuves !
On mande de Nairobi que le chef Kinan-
zoui, de la tribu des Kakouyou, le premier
des chefs indigènes de la colonie de Kenya
qui fut présenté au prince de Galles, a été
enterré hier, en présence de ses 50 femmes
et de ses 300 enfants.
Depuis 35 ans qu'il était à la tète de sa
tribu, Kinanzoui avait su mériter l'estime,
non seulement des indigènes, mais aussi des
Européens; des missionnaireit anglais, écos-
sais et catholiques, sont venus prier sur sa
tombe.
Un patriarche, en somme, sympathique.
i Uia* crise de t'épargne
t .8.
D'un rapport adressé par M. Loucheur, mi-
nistre du Travail, à M. Gaston *
sur les caisses d'épargne, il ressort que la
petite épargne subit un sensible fléchissement.
Algert Constantine, Oran, dans l'exposé de
M. Loucheur, figurent parmi les départements
les moins économes, ceux qui accusent moins
de cent déposants par mille habitants.
Les rhums et spiritueux
de la Réunion ft
Le droit de sortie
Le Conseil général de l'ile de la Réunion
a adopté les dispositions dont la teneur suit :
Article unique. - Le. tarif des décimes
additionnels au droit de sortie sur les rhums
et spiritueux de toutes sortes valant 300 fr.
et plus les 100 litres à 54'' est tixé ainsi qu'il
suit :
Nombre
de
Valeur des cent litres à 54' décimes
De 300 fr. inclus à 350 (r. exclu-. 45
De 350 fr. inclus a 400 fr. exclus. 50
De 400 fr. inclus a 450 fr. exclus. 55
De 450 fr. inclus à 500 fr. exclus. 60
De 500 fr. inclus à 550 fr. exclus. 65
De 550 ir. inclus à 600 fr. exclus. 70
De 600 fr. inclus a 650 fr. exclus. 75
De 650 fr. inclus à 700 fr. exclus. No
De 700 fr. inclus à 750 fr. exclus. 85
De 750 fr. inclus à Sou fr. exclus. 90
De 850 fr. inclus a 900 fr. exclus. 100
De 900 fr. inclus à 950 fr. exclus. 105
De 950 fr. inclus à 1.000 fr. exclus. 110
1.000 fr. et plus 115
La conservation du poisson 1
8.
Jusqu'à présent, le poisson congelé était
plus ou moins comestible, les tissus se désa-
grégeant au moment où on dégelait la chair.
Un armateur de La Rochelle est en tram
d'essayer un procédé de congélation qui a
paru concluant.
Ce procédé, dit de congélation rapide, a
l'avantage incontestable de fixer les tissus.
L'eau se change en innombrables particules
incorporées, pour la plupart, dans les fibres.
Au dégel, le poisson est en excellent état.
Les services de l'hygiène publique l'ont cons-
taté.
D'ailleurs, il est à noter que, dans les la-
boratoires où l'on étudie l'anatomie micros- I
copique des tissus, on fait usage de la. réfri-
gération rapide.
Le tout était de pouvoir placer l'appareil
de. congélation à bord du chalutier.
C'est chose faite.
11 est à présumer que les armateurs de
IVoulogne, de Lorient, de La Rochelle « gi-
vreront n leur poisson.
Ainsi mangerons-nous, d'ici peu, à Paris,
des merlus péchés sur la côte de Mauritanie,
à Pernambouc, voire à Ninh-Thuan.
Mort de M. Doubrère
Nous avons le rogret d'apprendre la mort
de M. Maurice Doubrère, directeur honoraire
au ministère des Colonies, ancien directeur
de l'Ecole coloniale. 11 était né en 1854. Ses
obsèques seront célébrées demain mardi, à
1) h. 1/2, à l'église de 'Passy.
Des skis en bois coloniaux
Bien que la fabrication des skis ne doive
pas constituer un débouché considérable pour
nos bois coloniaux, M. T. Meniaud, dans, le
Bulletin de l'Agence Générale des Colonies,
signale qu'en raison des qualités spéciales de
bois qu'exige cette industrie il y avait lieu
de rechercher quelles sont dans nos forêts
équatoriales les essences convenant le mieux
à la fabrication des skis d'après les indica-
tions. fournies à l'Agence générale des colo-
nies par le colonel Lardant, du 1590 régiment
d'infanterie alpine, directeur à Briançon du
Centre général d'instruction du ski.
Le bois considéré comme convenant le
mieux à la fabrication des skis, est l'hickory,
noyer d'Amérique du genre Carya (Inglan-
dacées). Mais les essences similaires de nos
possessions du Pacifique reviennent trop chef
en France, il fallait chercher dans nos colo-
nies forestières de l'A. E. F.
Le Movingui, l'Izombé et le Moabi sem-
blent répondre aux conditions. Voici leurs
caractéristiques :
Movingui : Bois assez compact et assez
homogène; n'est pas @ spongieux; assez sou-
ple, glisse bien et s'use normalement. Ac*
vaut pas Vliickory mais est supérieur au frêne
même le meilleuT. Peut convenir pour les
skis de tourisme, du modèle ordinaire et mê-
me de course.
Izombé : Bois se rapprochant beaucoup de
l'hickory. Très supérieur au frêne. Bois com-
pact, homogène et souple. Se travaille et se
courbe facilement, glisse bien, s'use lente-
ment et uniformément. Convient pour la fa-
brication de tous modèles de skis.
Moabi : Bois compact et plus spongieux
que les précédents, manque d'homogénéité.
Ne se gauchit pas, est assez souple, glisse
assez bien, s'use uniformément, mais assez
rapidement. Ne vaut pas l'hickory, mais se-
rait sensiblement meilleur que le frêne ordi-
naire et tout au moins équivaut au frêne très
dur et très compact. Convient pour les skis
de tourisme - et du modèle ordinaire.
Les fortes dimensions des billes impor-
tées, leur grand rendement au débitage, l'ab-
sence complète de nœuds dans le bois, sont
autant de facteurs qui peuvent faire préférer
ces essences aux frênes indigènes ou d'im-
portation, et même aux hickorys qui coûtent
deux fois plus et avec lesquels elles peuvent
soutenir la comparaison au point de vue de
la souplesse et des résistances de totites sor-
tes.
Nombreuses sont les essences coloniales
qui pourront encore être étudiées par la
suite, et le Service des bois d.e l'Agence gé-
nérale des Colonies que dirige M. J. Me-
niaud ne manquera pas de faire» en sorte de
faciliter de nouvelles expériences.
Le vainqueur d'Abéché
Commandant actuellement un régiment de
tirailleurs sénégalais à Toulon, et directeur des
cours du 3° degré du centre de Toulon, le
colonel Bourreau fut mon camarade de case
à Bangui. alors qu'il revenait d'Abéché, où il
avait eu l'insigne honneur de conduire les
troupes françaises, ainsi que le rappelle la
France Militaire.
Après le combat de Ouadi-Chank, ou son
capitaine tomba grièvement blessé, le lieute-
nant Bourreau prit, en effet, le commandement
de la colonne qui, à 300 kilomètres de sa
base, livra aux troupes ouadaïennes un ultime
et victorieux combat qui devait avoir, dans le
centre africain, le plus profond retentissement
et y affermir définitivement notre autorité.
A la suite de ce fait d'armes, le ministre
des Colonies écrivit au commandant supérieur :
Je vous prie, en conséquence, de trans-
methe les vives félicitations du Gouvernement
de la République, avec l'expression de ma
satisfaction persormelle, au capitaine Fingens-
chuh, au lieutenant Bourreau, aux autres offi-
ciers et hommes de troupe européens et indi-
gènes qui ont pris part aux opérations contre
Abéché.
Il ne fut décoré que le 21 janvier 1915,
après avoir été grièvement blessé au combat
du bois de la Gruerie ! Quand les Marsouins
sont décorés, c'est qu'ils le méritent depuis
longtemps et ils reçoivent souvent la croix de
bois qui ne coûte rien à leurs chefs.
Des brillants états de services du colonel
Bourreau, nous retiendrons son œuvre au Cam-
bodge, en ce qui concerne en particulier le re-
crutement, l' encadrement et la qualité du ba-
taillon cambodgien, et qui laissera sans nul
doute des traces profondes. Elle constituera
une base aux progrès qu'il ne faut pas cesser
de continuer pour faire, des tirailleurs cambod-
giens, des soldats modèles.
Enfin, le 31 décembre 1924, le ministre de
la Guerre lui adresse une lettre de félicitations:
« Pour le zèle et le dévouement dont il a
fait preuve en contribuant à l' œuvre d'éduca-
tion physique et de préparation militaire au
Cambodge. n
Ce sont de tels hommes qui honorent l'ar-
mée coloniale, et on ne doit pas les oublier.
1 suffeme F~
Deux peintres dont un bey
Feu le. bey de Tunis, qui aimait beaucoup
la peinture et pratiquait cet art, fit voir, un
jour, une de ses toiles au célèbre impression-
niste Sisley.
Comment trouvez-vous cela ? demanda
le bey.
- Heu! fait Sisley. Puis, il s'anime et,
s'armant d'un pinceau, retouche et refait
presque entièrement le paysage.
Si Mohammed ol Habib, de retour à Tunis,
mit la toile ainsi retouchée dans le plus beau
salon du palais beylical.
Le Résident lui dit à son tour :
Votre Altesse fait de l'impressionnisme.
- Non fit le bey en- souriant, c'est un
nommé Sisley qui s'est amusé à signer mon
nom sur cette toile.
Et il s'efnpressa- d'ajouter :
Aussi, de tous mes tableaux, c'est celui-
là que je préfère. N
Dépêches de l'Indochine
M. Pasquier aux aviateurs malheureux
Le Gouverneur général a adressé à
l'agent consulaire de France à Asugeeit te
télégramme suivant : « Je vous remercie
« de votre télégramme concernant les ama-
it teurs Le lirix et Paillurd, auxquels je
« vous demande de vouloir bien transmet-
« ire le message suivant : Heureux de vous
le savoir sains et saufs, je vous lélicite bien
u vivement pour les brillantes qualités que
u vous avez montrées dans le raid parti-
« culièrement difficile que tous les lndo-
te chinois ont suivi avec une grande émo-
« tian. »
L'affaire Alexis
Le procès d'Alexis a continué jeudi ma-
tin et L'après-midi par L'audition de diffé-
rents témoins européens et indigènes. Tou-
tes les dépositions qui ont été faites sont
semblables à celles laites au cours du pro-
cès l'année dernière.
Chez les "Français d'Indecbine"
Le déjeuner mensuel des Frattçais d*Indo-
chine a eu lieu le samedi 2 mars courant à
l'Hôtel des Sociétés Savantes.- M. Lemalre,
administrateur des Services civils de I I. C.,
chef du Service de protection des Indochinois
en France à l'Agindo, président de l'Asso-
ciation, présidait cette réunion de famille.
MM. Doumer, ancien Gouverneur général
de la Colonie, président du Sénat; GOurbeil,
ancien Gouverneur de la Cochinchine; Lé-
vêcque, ancien Résident supérieur en Annam ;
Gourdon, ancien Directeur général de l'Ins-
truction publique; Bonnault, ancien prési-
dent de la Chambre de commerce de Hanoï,
et une quarantaine de leurs collègues, assis-
taient au déjeuner comme à l'assemblée gé-
nérale qui suivit et au cours de laquelle il
fut procédé au renouvellement statutaire
d une partie du comité directeur.
Le nombre des adhésions nouvelles qui, il
y a tout lieu de l'espérer, ne peut manquer
de continuer à s'accroître dans l'avenir, per-
met d'envisager une prochaine extension du
plus important, peut-être, des services
de l'Association celui dont la tâche
essentielle mais difficile est d'apporter tous
les adoucissements en son pouvoir aux situa-
tions profondément dignes d'intérêt qui lui
sont signalées de toutes parts, dans les famil-
les des Français d'Indochine morts à la tâ-
che, après une carrière de courageux labeur
et de fructueuse propagande nationale dans
cet Orient lointain.
IF.
.a ,-
A la Société des Nations
,,' .8..
Une enquête tur l'opiro
Le secrétaire général de la Société des Na-
tions a communiqué au Conseil et aux Etats
signataires de la convention de l'opium de
Genève de 1925 une lettre du Gouvernement
français en date du 15 février.
Dans cette communication, le Gouverne-
ment français se déclare disposé à participer
en ce qui le concerne, pour la somme de
25.000 francs suisses, aux dépenses occasion-
nées par l'enquête :"lUI' l'opium en Extrême-
Orient, proposée par le gouvernement bri-
tannique.
Le Gouvernement général de F Indochine
assurera le logement et le transport dans la
colonie des membres de la Commission. Les
directeurs des services intéressés se tiendront
à la disposition des enquêteurs auxquels ils
fourniront toutes facilités susceptibles de les
mettre en mesure d'accomplir leur tâche dans
les conditions les plus favorables.
La culture du pavot n'existant pratique-
ment pas en Indochine, le choix de l'époque
de l' enquête est indifférent.
1060-
A la commission algérienne
des valeurs de douane
-
Un discours de M. Pierre Bordes
A ia réunion de la Commission des Va-
leur? de douane qui s'est réunie à Aigu- le
2>S février dernier M. Pierre Hordes a rro-
noncé un important dixours dont voici les
principaux passages :
..¡¡[l,:':'rt.; les terribles inondations /Iui ont
dévasté une des plus /Jd/c:.) régions 'de
l'Algérie, la progression continue de son
commerce et de son ,icti:itc il',l pas été at-
teinte par le cataclysme le pins violent
qu'el le ait jamais subi.
fin augmentation de pins d'un milliard sur
les chiffres de 1027 la râleur des transac-
tions s'elè: e cette année à près de 0 mil-
liards : l'Algérie est donc bien près d'attein-
dre son équilibre économique de pays dé~'c-
1 loppé, en pleine production : le chiffre des
exportations se rapproche de plus en plus
de celui dt's im portations.
Il est encourageant de noter que 111 pro-
portion du chiffre des exportations Il celui
des achats à Vextérieur qui en 1835 était
de l S, passait eu 1S50 à 1/7, < n iS6<> à 1
en if>K> aux 2/3, en ino<>
ait Y 5/6, et qu'elle Il, cette année, dépassé ee
rapport.
bientôt l'Algérie aura une balance commer-
ciale constamment positive. Elle sera très
loin d'avoir epitisé sa capacité de production
agricole et sa puissance industrielle aura
.l,','(wl elle un splendile .¡j'rn;r, Elle ne
considérera t/ue comme une étape ce s'*fe
de l'équilibre économique qui, pour tant de
sociétés, est l'aboutissement- d'une évolution
et Te terme d'un développement.
NONS de:'ons noter la diminution des im-
portations de céréales et L'augmentation
des e vportatians de produits agricoles qui,
en 102S, dépassent d'environ 525 millions cel-
les de i>)-7. Assurément l'année 1028 a été
satisfaisante au point de vue agricole bien
que les riches régions de Perrégaux et de
Mascara hissent inondées, toutes les cultures
de la plaine du ("nétiff et du TÀttoral cnm-
promises. Des conditions météorologiques
satisfaisantes ont suivi ce désastre, mais
n'est-ce pas surtout Il l'indomptable énergie
de nos colons, de nos services publics, de la
population algérienne tout enti're qu'il faut
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