Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-12-20
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 décembre 1928 20 décembre 1928
Description : 1928/12/20 (A29,N191). 1928/12/20 (A29,N191).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64513568
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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L'industrie des, péchés en Indochine
.1
Une des industria indochinoises susceptibles
du plus large développement est, sans conteste,
l'industrie des pêches.
La consommation du poisson est, en effet,
considérable dans toutes les populations d'Extre..
me-Orient. En Indochine, cette consommation
est vraisemblablement voisine de 250.000 ton-
nes pour une population dont le chiffre est voi-
sin de 20 millions d'habitants. Le poisson est,
d' ailleurs, pour cette population, un aliment
indispensable, car 1 indigène, se nourrissant
presque exclusivement de riz, a le plus grand
besoin d'un aliment complémentaire riche, lui,
en phosphore et surtout en azote. Aussi recher-
che-t-il avec empressement, sur tous les mar-
chés, le poisson sous toutes ses formes : frais,
salé, séché, fumé, ainsi, d'ailleurs, - toutes
les iauces et préparations à base de poisson
dont la principale est le « nuoc-mam ».
D'autre part, les espèces de poissons les plus
diverses abondent sur les côtes et dans les
rivières de notre grande colonie d EAtreme-
Orient. M. Gruvel, le distingué professeur au
Muséum d'Histoire Naturelle, en a donné un
inventaire très complet en 1925.
Parmi les espèces importantes qu'il signale,
citons :
Les SqllCJ/es extrêmement bien représentés
dans le golfe du Tonkin et le golfe du Siam.
Leur chair est utilisée comme nourriture et les
ailerons sont très recherchés des Chinois ; leur
peau fait l'objet d'un commerce très rémuné-
rateur et peut être transformée en un cuir de
maroquinerie remarquable; leur foie donne une
huile pouvant concurrencer l'huile de foie de
morue; enfin, tous les déchets donnent un guano
riche en azote.
Les Raies, qui abondent non seulement dans
Ics eaux salées, mais aussi dans les eaux sau-
mAtrft. Ces poissons sont consommés frais.
Les Clupéidés, qui comprennent une série
d'espèces très intéressantes, se rapprochant
beaucoup du genre sardine et du genre anchois.
La plupart de ces espèces présentent un intérêt
de premier ordre pour le pêcheur indigène, car
on les utilise pour la préparation du « nuoc-
mam H.
Les Aloses, qui abondent sur la côte ; elles
remontent dans les fleuves et donnent lieu alors,
particulièrement dans le Mékong, à des pêches
Importantes, Ces poissons sont très appréciés des
indiFnea.
Les Anguilles et les Mutines, également très
techerchées, donnent lieu à des pcches fruc-
tIeuIet.
Les Mulds, à la chair huileuse mais très
fine, sont consommés largement par les indi-
gènes annamites, soit à i état frais, soit salés
ou téchét : leurs oeufs sont très appréciés.
Les Dorades, très nombreuses, ont une chair
réputée.
Certaines espèces, comme celle des Chœto-
don, sont parmi les plus belles au point de vue
du coloris. Leurs couleurs admirables les font
rechercher pour l'ornementation des aquariums.
Au point de vue alimentaire, ils ne présentent
aucun intérêt.
Les Scombres abondent ; plusieurs formes
voisines du maquereau de nos côtes sont émi-
nemment comestibles. Une espèce, dénommée
<( ça thu » par les Annamites, peut mesurer
1 m. 50 ; on la consomme de préférence grillée
et comprimée entre des lamelles de bambou
qui servent à la maintenir sur le gril.
D'autres espèces marines que l'on pourrait
citer par centaines, présentent au point de vue
alimentaire le plus vif intérêt.
La faune des eaux douces est également
remarquable par sa richesse et sa variété. Citons
parmi les espèces les plus intéressantes au point
de vue économique :
Les Siluru, dont la chair est très appréciée
des indigènes, et dont les vessies natatoires sé-
chées donnent lieu à un actif commerce.
Les Cyprins, poissons rouges, carpes, etc.
Les A nabafiJœ, qui peuvent vivre assez
longtemps hors de l'eau, et même fnonter aux
arb res.
Cette rapide énumération montre quelles ri-
chesses énormes renferment les eaux indochi-
noises. Aussi n'est-il pas étonnant de voir le
commerce du poisson jouer un rôle de premier
plan dans le développement économique de la
colonie. Au point de vue ealioa. il occupe
le troisième rang immédiatement après le riz et
le caoutchouc.
En 1926, l' Indochine a exporté pour 140
millions de francs de poissons secs, salés ou
fumés, alors que l'exportation du caoutchouc
a atteint 280 millions de francs, et celle du
riz 2 milliards 600 millions.
En 1927, il est sorti de l'Union Indochi-
noise : 31.342 tonnes de poissons, dont 48
étaient en provenance de l'Annam, 1.753 du
Cambodge, 28.632 de la Cochinchine et H008
du Tonkin et du Haut Annam. Ces poissons
ont été livrés à Hongkong (4.620 tonnes), à
Singapour (23.658 t.), en Chine (1.040 ton-
nes), en France (7 tonnes), à divers pays (2.01b
tonnes)
L'industrie de la pêche se développera très
rapidement dans l'avenir dans notre colonie
d' Extrême-Orient, à condition qu'elle trouve
les capitaux suffisants pour armer des flottilles
nombreuses de chalutiers à vapeur ; que sur la
côte d'Annam, en particulier, de petits ports
soient aménagés pour abriter ces flottilles ; enfin
que du point de vue scientifique, les études
commencées pour l'étude de la faune marine
et des fonds sous-marins, se poursuivent sans
arrêt.
La pêche outillée et organisée scientifique-
ment contribuera dans une large part à la for-
tune de l'Indochine.
fieergee JVoaielfc,
Député de Saône-et-Loire,
Vice-président de la Commission
des Colonies,
Membre de la Commission des Mines.
COMMUNlQinfe,
1
On nous prie d'insbe, :
SoUdarité
M. Cognacq, Gouverneur de la Co-
chinchine, qui vient de recevoir goo.ooo
francs d'indemnité du Conseil d'Etat,
informe qu'il verse cette somme à une
oeuvre de prévoyance indochinoise :
l'Association de Secours Mutuels des
Anciens Croupiers de Cholon.
A la commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats
La Commission de l'Algérie, des Colonies
et des Protectorats se réunira demain ven-
dredi 21 décembre à 17 heures.
A l'ordre du jour figurent : 1° une com-
munication, présentée par M. Ricolfi de la
Sous-Commission chargée d'étudier le rap-
port Richard sur les concessions en Indo-
chine; 20 la nomination de divers rappor-
teurs.
1 e.8
A l'institut de médecine coloniale
M. Maginot, ministre des Colonies, pré-
sidera demain 21 décembre, à 10 h. 30,
à la Faculté de médecine (salle du Con
seil) la cérémonie de remise des diplômes
de l'Institut de médecine coloniale.
A l'Académie de Médecine
808
Pour les lépreux
L'Académie de Médecine dans sa der-
nière séance a voté les conclusions du rap-
port présenté par M. Jeanseime au nom
de la Commission de la lèpre. Ces conclu-
sions sont les suivantes :
Considérant que, d'après la loi du 17 avril
183H tout militaire ne peut faire valoir ses droits
ii l'obtention d'une pension pour invalidité que
dans un délai dont la durée ne peut excéder
cinq ans, l'Académie émet le vœu qu'à l'article 6
de la loi susvisée, après ces mots : « passé ce
délai, les demandes ne seront pas admises », il
soit ajouté : « Ce délai de cinq ans no. pourra
être opposé aux personnes chez lesquelles la
lèpre se manifesterait plus de cinq ans aprvs lu
cession de l'activité de service II que la mémo
dérogation, en ce qui concerne la ti-pre, soit in-
troduite dans les décrets du 10 noût IM; (art.
premier) et du 15 mai 1880 (art. 3),.en sorte que
les demandes en majoration de pension pour in-
validité puissent être recevables lorsque l'agrft-
vation ne la maladie a lieu plus de cinq ans
après la cessation de l'activité; que les mômes
dispositions s'appliquent aux fonctionnaires d-
vils en Algérie, dans les pays de protectorat ou
dans les pays étrangers où sévit la lèpre.
A la mémoire de Monteil
l' 1
Nous ne saurions trop honorer les pion-
niers de notre empire colonial, ceux qui,
comme le colonel Monteil, ne reniant ni leur
nationalité ni leur drapeau, n'abdiquant ja-
mais de leur fierté, ont accepté tous les ris-
ques de leur état et ont imposé la su-
prématie de la France à travers le continent
noir.
Le 24 décembre, à Niamey, sur les bords
du Niger, on inaugurera en présence de sa
veuve, un monument élevé à la gloire du
colonel d'infanterie de marine Monteil.
La carrière coloniale de Monteil, écrit le
lieutenant-colonel Ferrandi, dans la France
Militaire, parcourut de septembre 1890 à dé-
cembre 1891 l'itinéraire le plus long qu'ait
jamais suivi un explorateur africain.
Par Saint-Louis-du-Sénégal Ségou, San,
Ouagadougou, Say, Sokoto, Barroua, sur le
Tchad, le Kahouar, Mourzouk, la mission
Monteil atteignit Tripoli.
Quand il entreprit cette formidable ran-
donnée, il comptait rencontrer au Tchad
Mizon et Crampel. Les trois explorateurs,
s'ils avaient réussi, auraient réalisé dix ans
plus tôt la grande liaison centre-africaine
que Foureau, Lamy, Gentil, Joalland et
Meynier devaient, en 1900, mener à bien.
Mais Mizon, qui était monté vers le lac
par le Niger et la Bénoué, ne put l'attein-
dre et redescendit par le Congo, tandis que
Crampel était assassiné par les séïdcs du
sultan Senoussi de N'délé, une sombre
brute dont le lieutenant Grtinfelder fit bonne
justice, il y a dix-huit ans.
Monteil, ajoute le lieutenant-colonel Fer-
randi, fut donc le seul à réaliser pleinement
son programme, mais ce ne fut pas sans de
dures péripéties. Comme Gallieni l'avait été
à Ségoù, lui-même fut retenu pendant plus
de quatre mois à Kouka, mi-hôte, mi-pri-
sonnier et crut même un moment qu'il n ar-
riverait jamais au Tchad.
Entre le Kahouar et Mourzouk il dut aussi
subir les pires misères. Les Toubous étaient
soi-disant les sujets des Turcs de Mourzouk,
mais ils se moquaient totalement de leurs
suzerains théoriques. Les Italiens, qui re-
vendiquent Djado, devraient bien lire le ré-
cit de Monteil pour mesurer exactement
quelle était l'influence turque dans le Cen-
tre-Africain avant que le drapeau français
soit planté à Aïn-Galaka et à Bardai.
Enfin le 10 décembre 1891, le capitaine
Monteil, put aussi s'écrier comme les soldats
de Xénophon : « Thalassa ! Thalassa! ». De-
vant ses yeux, s'étendaient, au delà de l'oa-
sis de Tripoli, les flots' bleus de la Médi-
terranée.
Saluons donc cette belle victoire de l'éner-
gie française et le grand colonial qui sut la
remporter, tt faut que, le 24 décembre, tous
les Marsouins et Bigors aient une pensée
reconnaissante pour te colonel Monteil, dont
la mémoire sera honorée sur les rives du
grand fleuve africain d'ota il s'enfonça au
cœur des régions les plus mystérieuses du
continent noir t
Une industrie nouvelle
m oq,-
Chaque année, le nombre des
voiliers pour, la pèche morutière
diminue : celui des chalutiers aug-
mente. En 1927, il a été de quarasUe-deux^L
le port de Fécamp à lui seul en a armé dix-
huit. Cette année, Saint-Malo en a armé
cinq pour Terre-Neuve.
Dans un avenir prochain le chàLutage à
vapeur se sera sans doute substitué à la
pèche par voiliers. Doit-on le regretter 1
Au point de vue social et économique, cer-
tainement non. La pèche au chalut, à Terre-
Neuve ou en Irlande, se fait en effet dans
des conditions beaucoup moins pénibles
pour les marins. Dautre part le chalutier,
avec un personnel seulement double, assure
un rendement cinq fois plus considérable
qu'un voilier.
- Le chalutier cependant pêche actuellement
à Terre-Neuve dans des conditions fâ-
cheuses en ce sens qtiil amène, en même
temps que les morues, une quantité d'autres
poissons qui @ ne peuvent être salés et con-
servés et qu'on doit rejeter à la mer.
Nos chalutiers en effet, jusqu'à présent,
n'avaient pu utiliser ces « sous-produits.
et Von pourra se. rendre compte de la perte
et de la destruction inutile de poisson quand
on saura qu'un chalut. traine 9 pendant
deux cents jours par an et que le poisson re-
jeté à la mer représente 80 de sa pêche.
Il était donc utile de prévoir à bord des
Chalutier mne installation permettant l'utili-
sation de ces poissons.
C'est chose faite depuis cette année. Deux
chalutiers, armés à Saint-Malo, le « Sergent
Gonarue 9 et l' a Aspirant Brun » ont uti.
lisé sur les bancs de Terre-Neuve des ap-
pareils pour fabriquer de la farine de pois-
son frais.
Les résultats ont été des plus satisfaisants
On peut considérer qu'un chalutier, ou
cours d'un cargaison normale, peut produire
300 tonnes de farine : la tonne de farine se
vendant 2.850. francs, on voit que cette in-
dustrie annexée à la pèche à la morue peut
être lucrative.
Cette fabrication a à bord » est d'alitant
plus intéressante que la farine ainsi pro-
duite, faite avec du poisson « frais » a des
qualités que ne peut avoir la fariné actuel-
lement en vente qui est faite avec les pois-
sons qui ne peuvent être vendus ou avec de
vieux déchets de poisson ; elle con-
tient 65 de matières azotées et 22 de
phosphates alors que la farine actuelle ne
contient que 55 et 18 de ces substan-
ces.
De plus, la farine actuellement fabriquée
dans les conditions que nous venons d'indi-
quer ne peut servir qu'à la nourriture des
animaux et non à celle de l'homme. Au con-
traire, avec les poissons frais judicieusement
choisis on peut fabriquer une farine très
fine, qui sera précieuse et constituera un
aliment des plus nourrissants pour l'homme.
On pourrait craindre que les chalutiers
n'aient pas la place suffisante pour conser-
ver la farine produite, mais les chalutiers
devant aller à terre pour char bonne r plu-
sieurs fois au cours de leur campagne, il
leur sera possible de se délester, à chaque
charbonnage, de la provision de farine fa-
briquée.
Félicitons-nous donc de voir r armement
entrer dans cette voie car nous pourrons
voir ainsi la grande pêche de Terre-Neuve
et d'Irlande se rénover et prendre un nouvel
essor pour le plus grand bien de la Produc-
tion Nationale.
MicHeei Gelsldoer/er
Député des Côtei-du-Nord,
Membre d, la Commission
de la Marine Marchande.
L'EXPOSITION COLONIALE DE 1931
»♦»
Cet après-midi, a eu lieu au Grand Palais.
dans les salons du Commissariat général de
r Exposition coloniale, une réception en l'hon-
neur des journalistes belges en mission à Paris.
Le maréchal Lyautey, Commissaire général de
l'Exposition, a prononcé quelques mots de bien-
venue particulièrement heureux, et M. le Gou-
verneur Cayla a fait un bref exposé du pro-
gramme de l'Exposition.
- Le maréchal Lyautey qui offre ce soir au
Café de Paris un dîner à cette mission, réunion
au cours de laquelle il sera parlé de l'Exposi..
tion Coloniale de 1931 et de la participation
belge, partira à la fin de la semaine pour la'
Lorraine, où il restera jusqu'à la fin de janvier.
Le Commissaire général de l'Exposition, ren-
tré à Paris, y restera définitivement, sauf une
courte absence qu'il fera en février en Angle-
terre, où il poursuivra les pourparlers relatifs à
la participation anglaise, heureusement engagés
récemment à Londres au cours des réceptions
qui lui ont été offertes.
EN MISSION
M. Siadous Bernard- Jacques- Victorin,
Gouverneur des Etablissements français de
rOcéanie. a été chargé de mission en Guyane
française, à l'effet d'occuper les fonctions de
Gouverneur de cette colonie, pendant la durée
de l'absence de M. Maillet.
-
LE Rl ««OU
*+«
On nous télégraphie que le maréchal
Franchet d'Espèrey, venant de Port-Vendres,
est arrivé à Oran. Il se rend à Colomb-Ré-
char où il doit faire une enquête sur la tra-
gédie de Menouar Har dans laquelle succom-
bèrent le général Clavery et ses quatre com-
pagnons. Reçu au port à 17 heures par les
autorités, le maréchal a pris à 18 heures le
train du sud-oranais.
Les chemins de fer du Togo
i»
Dans l'avant-projet du Chemin de fer du
Sud-Dahoméen (Annales Coloniales Illus-
trées du 31 décembre 1921), nous retrouvons
une carte sur laquelle est tracée la voie fer-
44» de Segbohoué à Petit-Popo (L'Anécho du
du rogo), avec embranchement à Povidji
vers Lokossa. A Petit-Popo (Anécho) aboutis-
sait déjà le rail venant de Lomé. L'exécution
du projet du Sud-Dahoméen aurait donc
pour résultat la liaison ininterrompue de
Lomé à Cotonou.
C'eût été parfait si le Togo eût été colonie
française, mais n'étant que territoire placé
sous le mandat de la France la liaison des
deux voies ferrées aurait engagé l'avenir.
Il était donc plus prudent, et l'administra-
tion du Dahomey l'a compris, de borner pour
l'instant, les efforts sur la ligne Segbonoué
Povidji-Grand-Popo et sur l'embranchement
Povidji-Lokossa qui drainera vers Grand-
Popo les produits de la riche vallée du
Mono.
Le Togo possède actuellement trois voies
ferrées : x
io Lomé-Anécbo (43 kilomètres) ;
20 Lomé-Palimé (IIO kilomètres), toutes
deux exploitées depuis 1907 et 30 la ligne
Lomé-Atakpamé (1167 kilomètres), exploitée
depuis 1909.
Le prolongement de la ligne Lomé-Atak-
pamé sur Sokodé et Bangeli (centre minier
éventuel) est à l'état de projet.
Pour l'instant le Togo doit donc et peut
se suffire à lui-même tant par ses voies fer-
rées que par ses routes dont les automobiles
se permettent de longs parcours à travers le
"Territoire. (Carte du Togo jointe au numéro
illustré des Annales Coloniales du 21 août
1924.)
Le matériel des trois lignes de chemin de
fer construites par les Allemands a beaucoup
souffert pendant la guerre. Il a été remis en
état et augmenté de façon à répondre à l'aug-
mentation de trafic.
Pour exploiter les importantes palmeraies
couvrant les parties septentrionales des cer-
cles d'Anécho et de Lomé, les Allemands
avaient projeté le « Chemin de fer de
l'huile » (Ohlbohn) ; la plateforme est en-
core visible. Cette voie ferrée aboutirait à
Tokpli par un tracé relativement aisé.
Si nous nous reportons au projet de loi
portant fixation d'un programme général de
mise en valeur des colonies françaises (le
projet dit Albert Sarraut), nous y lisons que
la prolongation, jusqu'à Bassari de la
ligne de Lomé à Atakpamé donnera à la colo-
nie (Territoire eût été plus exact) l'artère cen-
trale qui lui est nécessaire. Au delà d'Atak-
pamé, une route automobile et aménagée sur
certains tronçons pour servir d'infrastruc-
ture à une voie ferrée, conduit jusqu'à la
Haute-Volta. Les Allemands avaient effectué
les études au prolongement de cette artère
centrale jusqu'à Tschopome (environ 500 ki-
lomètres) pour attirer sur Lomé les produits
des districts du Nord qui, gràce aux af.
fluents de la rive gauche de la Volta, s'écou-
lent par la Gold Coast. Nous avons certes
les mêmes raisons d'empêcher cette évasion
en territoire étranger des produits du Togo.
A ce réseau de voies ferrées exploitées ou
projetées il conviendra d'ajouter un certain
nombre de routes secondaires qui leur oervi-
ront d'affluents et draineront les produits
sur les terminus maritimes.
La France a donc bien utilisé et amélioré
le réseau ferré togolais que lui avait laissé
l'accord du 10 juillet 1919 et qui facilitera
grandement la mise en valeur des 52*000 ki-
lomètres carrés de territoire dont elle a reçu
mandat sous le contrôle de la Société des
Nations.
ivemell.
> m*m (
L'Aviation Coloniale
«♦«
France-Madagascar
Au cours d'un gala organisé le 17 décem-
bre par l'Aéro-Club de Bourgogne, sous le
patronage des « Vieilles Tiges », Haegelen
et le commandant Dagnaux ont fait une
causerie. Haegelen a parlé de notre réseau
postal intérieur et montré la nécessité de
l'organiser ; il a cité en exemple l'Alle-
magne où le réseau est très prospère.
Dagnaux s'est attaché à la future ligne
« France-Madagascar », actuellement en
voie de réalisation ; il a souligné l'intérêt
qu'elle présente dans ces pays riches, mal
esservis, et annoncé qu'elle sera réalisée
en 1930.
-008
Dépêches de l'Indochine
.1.
La démission du maire de Saigon
M. Rouelle, qui avait donné sa démis-
sion de maire de Saigon, a maintenu sa dé-
cision,
Ime parait être motivée par divers inci-
dents de détail et le désir de repos du
maire.
(Par dépfiche.)
--
PHILATÉLIE
«♦ 1
Le timbre antituberculeux
Le succès du timbre antituberculeux s'af-
firme chaque jour davantage.
Le rayonnement du timbre antituberculeux
dépasse nos frontières. Dans douze colonies,
dans une colonie anglaise, l'île Maurice,
dans toutes les régions rhénanes, dans l'ar-
mée du Rhin, le timbre antituberculeux
porte, avec le signe du salut, le prestige de
la France.
L'Afrique du Nord elle-même n'a pas
voulu demeurel hors du mouvement et, sous
l'ardente impulsion du Gouverneur général
Bordes, le timbre antituberculeux viènt
d'être lance dans les trois départements al-
gériens et jusque dans les territoires du Sud.
Une très belle affiche bilingue, en français
et en arabe, est actuellement vulgansée
dans toute l'Afrique du Nord.
Le timbre antituberculeux rayonne par-
tout ; il vulgarise les principes d'hygiène et
de préservation et demain il assurera la dé-
faite du fléau qui nous ravit, chaque année,
plus de 100.000 personnes.
En Afrique du Nord
.»«
Les plantations aromatiques
Depuis quelques années, les plantations
aromatiques se développent de plus en
plus en Afrique du Nord. En même temps,
se montent des distilleries un peu partout.
La Faculté des Sciences d'Alger, le Jar-
din d'Essai, les Ecoles d'agriculture appor-
tent aux producteurs et transformateurs
un - concours éclairé.
Des essais de toutes sortes de plantes
odorantes ont été faits avec succès : le-
mongrass, rose à parfum, jasmin, lavan-
de, ont montré qu'il était possible d'obte-
nir, scus le climat d'Algérie, des rende-
ments et des qualités de choix.
Certes, cette période d'essais est des plus
encourageante. Elle permet d'envisager
pour l'avenir la possibilité de concurrencer
les industries de la Côte d'Azur, de
l'Egypte, voire de la Syrie.
Elle prouve, en tous les cas, que les ter-
res algériennes, tunisiennes et marocai-
nes sont susceptibles de donner les meil-
leures essences de fleurs et dans ded quan-
tités et des conditions commerciales
C'est par centaines d'hectares que les
vergers d'orangers ont été plantée et pro-
duisent les fleurs, les feuilles et les fruits
propres à la fabrication des huiles essen
tic-Iles. Le Néroli d'Afrique est presque
aussi parfait que le Néroli de France. Les
bigaradiers sont cependant encore trop peu
nombreux pour permettre une production
industrielle.
Mais, déjà & Nabeul, en Tunisie, on fait
un gros commerce avec des revendeurs du
Midi de la Métropole.
En revanche, la production d'oranges
douces et de mandarines a permis cette an-
née de produire des huiles essentielles de
qualité parfaite, dans des conditions de
prix normales.
Il est fort probable, de ce fait heureux,
que ces huiles essentielles viendront sur l"
marché lors de la campagne prochaine
concurrencer l'Italie et l'Espagne dont
nous étions tributaires jusqu'alors !
Mais il faut encore citer l'essence pré-
cieuse tirée du petit grain mandarinier, si
riche en méthylnnthranvlate et méthyle, les
essences de citron d'Afrique, les huiles
provenant i-* d'Algérie, si utile-
ment employés contre la coqueluche, et
bien d'autres essences, huiles, parfums,
qui résident dans les fleurs et les fruits de
la Région, de l'Algérie et du Maroc et qui
donneront lieu dans un prochain avenir à
une nouvelle et abondante source de ri-
chesses.
A MADAGASCAR
0
Laboln à la charme
dans la province d'Ambohidratimo
1"
Dans la matinée du 4 octobre 1928, M. le
Gouverneur général Olivier. accompagné de
MM. Krafft^ président de la Chambre de
Commerce, d Industrie et d'Agriculture, et
Delpon, chef du service de l'Agriculture p. i.,
s'est rendu en automobile à Mahabo, province
d'Ambohidratrimo, pour assister à des travaux
de labour à la charrue, exécutés par les culti-
vateurs indigènes de cette région.
Après avoir quitté Mahitsy, M. Olivier a été
particulièrement frappé de voir tous les terrains
de rizières et les plateaux cultivés à l'aide de
la charrue. Plusieurs laboureurs indigènes étaient
précisément occupés à retourner les terres desti-
nées à la transplantation du riz et opéraient,
la plupart, au moyen d'une charrue légère traî-
née seulement par deux boeufs, les autres à l'aide
d'un brabant double traîné par deux couples.
lis conduisaient leurs attelages avec une maî-
trise remarquable que n'auraient certainement
pas désavouée nos meilleurs cultivateurs de
France. Il n'est pas jusqu'aux plus petites par-
celles de terrains où, cependant, les évolutions
des attelages sont assez difficiles, qui ne soient
labourées à la charrue.
A cette occasion, le Gouverneur général a
été très heureux de marquer toute sa satisfac-
tion aux habitants des régions de Mahabo,
d'Ambohijanaka et de Mahitsy qui, depuis
cinq ans, sont résolument entrés dans la voie
du progrès en matière de travaux agricoles.
Dans le seul canton de Mahabo, il y a actuel-
lement 815 charrues et 1.253 herses en service.
Il a délivré un brevet de 12 honneurs à Ra-
mandiaony, Rakoto et Rainizafy, présidents
respectifs des Sociétés d'agriculture des centres
agricoles sus-visés.
En outre, Ranaivo, forgeron de Mahitsy,
chargé de la réparation des instrumeats ara-
toires, et Razafindrakoto, contremaître d'agri-
culture de Mahabo, moniteur dévoué, ont ob-
tenu un brevet de 9 honneurs pour leur active
collaboration à l'emploi des chanues et des
herses dans ces cantons.
L'exemple donné par les cultivateurs indi-
gènes de la province d'Ambohidratrimo mérite
d'être signalé, car il fournit la démonstration
définitive des excellentes dispositions des Mal-
gaches à s'adapter rapidement aux procédés per-
fectionnés de culture.
Il convient de s'en réjouir, car la main-d'mu-
vre est numériquement insuffisante dans la co-
lonie, étant donné les vastes espaces disponi-
bles et les besoins de la colonisation. La vul-
garisation des instruments aratoires à traction
animale parmi les indigènes sera, à cet érd,
d'une très grande utilité et permettra de mettre
en valeur de plus sn-andes superfici es cultivables.
Les facilités accord ées aux intéressés, par l'ad-
ministration, pour l'achat d'instruments agri-
coles, contribuent à leur diffusion et l'on peut
prévoir que, d'ici quelques années, leur emploi
en sera répandu dans un grand nombre de pro-
vinces. Il en résultera aussitôt un acatoissement
très sensible dans la production, le rendement
et l'exportation.
Noire aVIation toloalftle
Une Œuvre urgente
« Pourquoi ne songerait-on pas à faire sil-
lonner le continent africain par des avions
qui uniraient la France, non seulement à
nos possessions du Nord mais encore au
Niger, au Lac Tchad, au Dahomoy et à Ma-
dagascar ?
Ayant à plusieurs reprises parcouru ces
régions, j'ai pu constater que l'établissement
d'une telle ligne serait relativement facile,
rapide et peu coûteux. »
C'est le commandant Dagnaux qui parle
ainsi, et l'on sait la valeur de ses avis.
Il semble donc que le magnifique projet
qui vise à relier la Méditerranée à l'océan
Indien mérite, avant tout autre, le zèle privé
(.t les encouragements officiels.
M. Laurent-Eynac, porté par l'opinion
peut forger un organisme neuf et fort. Il
doit au pays de favoriser la mise en œuvre de
la grande idée jugée réalisable par des hom-
mes tels que les Hirschauer, les Prémorel et
les Dagnaux et bien d'autres encore. Car
faire sillonner le continent africain par des
avions » c'est vivement transformer, au pro-
fit de l'économie métropolitaine, l'économie
d'immenses étendues encore quasi vierges;
c'est rapprocher nos domaines d'outre-mer
du co ur et de l'esprit des Français de Fran-
ce, qui ont grand besoin de s'habituer à voir
plu-, loin que leur clocher, c'est former une
nombreuse et valeureuse pépinière de pi-
lotes.
Aussi bien personne ne doute de la com-
pétence, du bon-vouloir et du vouloir de no-
tre Ministre de l'Air. Plus que jamais, ces
jours derniers, il a donné l'impression qu'il
était un vrai chef. Son discours-programme
au banquet de l'Aéro-Club avait soulevé une
approbation enthousiaste et unanime. De
mt-me, à la Chambre, son autorité a fait naî-
tre de grands espoirs.
Il a montré la nécessité d'organiser une
grande force nouvelle au service de la Na-
tion Il. Cette force devant, selon ses propres
termes, < fondre en un ensemble homogène
1rs navigations militaires, maritimes et co-
loniales Il Le Ministre n'oubliait donc pas
que la Nation se compose de cent millions
d'hommes.
Au Surplus, il avait annoncé à la Presse,
voilà quelques semaines, et il vient de confir-
mnr que les lignes existantes seraient pro-
longées sur le Congo Belge et Madagascar
comme sur la Syrie et l'Indochine.
Les moyens financiers
Les crédits demandés dans le budget géné-
ral de 1929, pour ce Département de l'Air,
né, peut-on dire, de la mort tragique d'un
ministre, s'élevaient à 1.838.328.279 francs.
Le budget de l'Air est venu devant la
Chambre. Son total, compte tenu des réduc-
tions proposées par la Commission des Fi-
nances, était de 1.821.578.270 francs. Il a étl
voté sans guère de difficultés, après des dé-
bats néanmoins sérieux où bien des choses
utiles ont été dites, notamment sur les co-
lonies.
Sur cette somme. l'Aéronautique militaire
d'Algérie-Tunisie figure pour 45.880.090 fr.,
1? 0 f r.,
celle du Maroc pour 58.223.140 fr.. 1 eDtre-
tien de l'armée du Levant pour 53.080.380 fr.:
et l'Aéronautique aux Colonies pour 36 mil-
lions 765.895 francs.
Quant à l'Aviation civile, les crédits ac-
cordés pour « primes aux entreprises do
navigation aérienne » se présentent comme ii
suit :
Augmentation de la fréquence sur la lign4
Marseille-Tunis et Bône : 10.300.000 francs.
Augmentation de la fréquence sur la lig"
Marseille-Alger : 7.100.000 francs.
Fonctionnement régulier de la ligne MaiS
seil le-Athènes-Syrie : 13.400.000 francs.
Prolongement de la ligne Marseille-Too-
louse-Buenol-Ayres jusqu'à Santiago : 4 mil-
lions de francs.
Voyages d'études pour la liaison de la AI"
tropole avec l'Indochine et Madagascar 9
750.000 francs.
Il convient de noter que ce budget est
considéré comme un « budget de transition M,
mais on ne peut s'empêcher de remarquer
la modicité de la dernière somme citée.
Sur 750.000 francs, que reste-t-il pour pré-
parer la grande voie d'Oran à Madagascar?
Le personnel et le matériel
Jusqu'à présent l'unique escadrille de
l'A. O. F. a fait des miracles. Munie de
moyens dérisoires, volant sans cesse et dan-
gereusement, elle a, répétons-le, aménagé
15 terrains de base, relevé 250 terrains d'at-
terrissage et tracé théoriquement 17 routes
intérieures. Et, toutes nos formations aéro-
nautiques, civiles ou militaires, montrent en
tout heu une égale endurance et une égale
abnégation. On ne d peut laisser plus long-
temps une poignée d hommes, soit en Afn-
que, soit en Asie, suppléer par l'héroïsme à
la carence de matériel et d'argent.
Il y avait aussi naguère, carence d'ordre
et de méthode. L'ordre commence à régner
et la méthode s'affirme par la voix du Mi-
nistre. Pour l'argent la parole est au Par-
lement et aussi aux gouvernements coloniaux.
Pour le matériel, le crédit de 120 millions
de francs accordé pour « recherches, étu-
des et expériences, et construction de proto-
types », permet d'espérer que de sérieux pro-
grès vont être réalisés. Mais qu'il nous soit
permis de renouveler un vœu qui a déjà été
exprimé dans ces colonnes. C'est qu'un or-
ganisme nettement spécialisé ait pour tache
exclusive la recherche et le perfectionnement
du dispositif de sécurité, de l'engin sauveur
qui ne laissera plus des vies humaines à la
merci d'un moteur défaillant et pouvan* dé-
faillir pour la cause la plus minime. Certes,
il n'est pas un navigateur aérien, pas un
technicien qui ne cherche cette solution vi-
tale du problème de l'aviation. Mais l'union
et la spécialisation peuvent hâter grande-
ment la découverte tant désirée.
Les Annales Coloniales étaient allées jus-
qu'il préconiser, dans cet ordre d'idées, l'en-
tente internationale. L'on pourrait toujours
commencer par une entente franco-nelg-e,
puisque décidément la France et la Relgiruo
vont agir de concert en Afrique. P(,l!t-t'trc
d'autres pays voisins se joindraient-ils à
elles. Cette vaste collaboration ne contri-
buerait pas peu à vaincre définitivement la
pesanteur et non seulement la pesanteur ma-
térielle, mais celle, morale, qui empêche
l'homme de s'évader pour toujours de l'ère
des conflits armés.
1 Andtré ëfomiim
JOURNALJVOTIDIEN
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PARIS (lU)
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Un se t Moii 8 btele
France et
Colonies 120 » M * 36 a
Étranger.. 180 t 100 9 609
On s'abonne sans frais dafli
tous les bureaux de poste.
L'industrie des, péchés en Indochine
.1
Une des industria indochinoises susceptibles
du plus large développement est, sans conteste,
l'industrie des pêches.
La consommation du poisson est, en effet,
considérable dans toutes les populations d'Extre..
me-Orient. En Indochine, cette consommation
est vraisemblablement voisine de 250.000 ton-
nes pour une population dont le chiffre est voi-
sin de 20 millions d'habitants. Le poisson est,
d' ailleurs, pour cette population, un aliment
indispensable, car 1 indigène, se nourrissant
presque exclusivement de riz, a le plus grand
besoin d'un aliment complémentaire riche, lui,
en phosphore et surtout en azote. Aussi recher-
che-t-il avec empressement, sur tous les mar-
chés, le poisson sous toutes ses formes : frais,
salé, séché, fumé, ainsi, d'ailleurs, - toutes
les iauces et préparations à base de poisson
dont la principale est le « nuoc-mam ».
D'autre part, les espèces de poissons les plus
diverses abondent sur les côtes et dans les
rivières de notre grande colonie d EAtreme-
Orient. M. Gruvel, le distingué professeur au
Muséum d'Histoire Naturelle, en a donné un
inventaire très complet en 1925.
Parmi les espèces importantes qu'il signale,
citons :
Les SqllCJ/es extrêmement bien représentés
dans le golfe du Tonkin et le golfe du Siam.
Leur chair est utilisée comme nourriture et les
ailerons sont très recherchés des Chinois ; leur
peau fait l'objet d'un commerce très rémuné-
rateur et peut être transformée en un cuir de
maroquinerie remarquable; leur foie donne une
huile pouvant concurrencer l'huile de foie de
morue; enfin, tous les déchets donnent un guano
riche en azote.
Les Raies, qui abondent non seulement dans
Ics eaux salées, mais aussi dans les eaux sau-
mAtrft. Ces poissons sont consommés frais.
Les Clupéidés, qui comprennent une série
d'espèces très intéressantes, se rapprochant
beaucoup du genre sardine et du genre anchois.
La plupart de ces espèces présentent un intérêt
de premier ordre pour le pêcheur indigène, car
on les utilise pour la préparation du « nuoc-
mam H.
Les Aloses, qui abondent sur la côte ; elles
remontent dans les fleuves et donnent lieu alors,
particulièrement dans le Mékong, à des pêches
Importantes, Ces poissons sont très appréciés des
indiFnea.
Les Anguilles et les Mutines, également très
techerchées, donnent lieu à des pcches fruc-
tIeuIet.
Les Mulds, à la chair huileuse mais très
fine, sont consommés largement par les indi-
gènes annamites, soit à i état frais, soit salés
ou téchét : leurs oeufs sont très appréciés.
Les Dorades, très nombreuses, ont une chair
réputée.
Certaines espèces, comme celle des Chœto-
don, sont parmi les plus belles au point de vue
du coloris. Leurs couleurs admirables les font
rechercher pour l'ornementation des aquariums.
Au point de vue alimentaire, ils ne présentent
aucun intérêt.
Les Scombres abondent ; plusieurs formes
voisines du maquereau de nos côtes sont émi-
nemment comestibles. Une espèce, dénommée
<( ça thu » par les Annamites, peut mesurer
1 m. 50 ; on la consomme de préférence grillée
et comprimée entre des lamelles de bambou
qui servent à la maintenir sur le gril.
D'autres espèces marines que l'on pourrait
citer par centaines, présentent au point de vue
alimentaire le plus vif intérêt.
La faune des eaux douces est également
remarquable par sa richesse et sa variété. Citons
parmi les espèces les plus intéressantes au point
de vue économique :
Les Siluru, dont la chair est très appréciée
des indigènes, et dont les vessies natatoires sé-
chées donnent lieu à un actif commerce.
Les Cyprins, poissons rouges, carpes, etc.
Les A nabafiJœ, qui peuvent vivre assez
longtemps hors de l'eau, et même fnonter aux
arb res.
Cette rapide énumération montre quelles ri-
chesses énormes renferment les eaux indochi-
noises. Aussi n'est-il pas étonnant de voir le
commerce du poisson jouer un rôle de premier
plan dans le développement économique de la
colonie. Au point de vue ealioa. il occupe
le troisième rang immédiatement après le riz et
le caoutchouc.
En 1926, l' Indochine a exporté pour 140
millions de francs de poissons secs, salés ou
fumés, alors que l'exportation du caoutchouc
a atteint 280 millions de francs, et celle du
riz 2 milliards 600 millions.
En 1927, il est sorti de l'Union Indochi-
noise : 31.342 tonnes de poissons, dont 48
étaient en provenance de l'Annam, 1.753 du
Cambodge, 28.632 de la Cochinchine et H008
du Tonkin et du Haut Annam. Ces poissons
ont été livrés à Hongkong (4.620 tonnes), à
Singapour (23.658 t.), en Chine (1.040 ton-
nes), en France (7 tonnes), à divers pays (2.01b
tonnes)
L'industrie de la pêche se développera très
rapidement dans l'avenir dans notre colonie
d' Extrême-Orient, à condition qu'elle trouve
les capitaux suffisants pour armer des flottilles
nombreuses de chalutiers à vapeur ; que sur la
côte d'Annam, en particulier, de petits ports
soient aménagés pour abriter ces flottilles ; enfin
que du point de vue scientifique, les études
commencées pour l'étude de la faune marine
et des fonds sous-marins, se poursuivent sans
arrêt.
La pêche outillée et organisée scientifique-
ment contribuera dans une large part à la for-
tune de l'Indochine.
fieergee JVoaielfc,
Député de Saône-et-Loire,
Vice-président de la Commission
des Colonies,
Membre de la Commission des Mines.
COMMUNlQinfe,
1
On nous prie d'insbe, :
SoUdarité
M. Cognacq, Gouverneur de la Co-
chinchine, qui vient de recevoir goo.ooo
francs d'indemnité du Conseil d'Etat,
informe qu'il verse cette somme à une
oeuvre de prévoyance indochinoise :
l'Association de Secours Mutuels des
Anciens Croupiers de Cholon.
A la commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats
La Commission de l'Algérie, des Colonies
et des Protectorats se réunira demain ven-
dredi 21 décembre à 17 heures.
A l'ordre du jour figurent : 1° une com-
munication, présentée par M. Ricolfi de la
Sous-Commission chargée d'étudier le rap-
port Richard sur les concessions en Indo-
chine; 20 la nomination de divers rappor-
teurs.
1 e.8
A l'institut de médecine coloniale
M. Maginot, ministre des Colonies, pré-
sidera demain 21 décembre, à 10 h. 30,
à la Faculté de médecine (salle du Con
seil) la cérémonie de remise des diplômes
de l'Institut de médecine coloniale.
A l'Académie de Médecine
808
Pour les lépreux
L'Académie de Médecine dans sa der-
nière séance a voté les conclusions du rap-
port présenté par M. Jeanseime au nom
de la Commission de la lèpre. Ces conclu-
sions sont les suivantes :
Considérant que, d'après la loi du 17 avril
183H tout militaire ne peut faire valoir ses droits
ii l'obtention d'une pension pour invalidité que
dans un délai dont la durée ne peut excéder
cinq ans, l'Académie émet le vœu qu'à l'article 6
de la loi susvisée, après ces mots : « passé ce
délai, les demandes ne seront pas admises », il
soit ajouté : « Ce délai de cinq ans no. pourra
être opposé aux personnes chez lesquelles la
lèpre se manifesterait plus de cinq ans aprvs lu
cession de l'activité de service II que la mémo
dérogation, en ce qui concerne la ti-pre, soit in-
troduite dans les décrets du 10 noût IM; (art.
premier) et du 15 mai 1880 (art. 3),.en sorte que
les demandes en majoration de pension pour in-
validité puissent être recevables lorsque l'agrft-
vation ne la maladie a lieu plus de cinq ans
après la cessation de l'activité; que les mômes
dispositions s'appliquent aux fonctionnaires d-
vils en Algérie, dans les pays de protectorat ou
dans les pays étrangers où sévit la lèpre.
A la mémoire de Monteil
l' 1
Nous ne saurions trop honorer les pion-
niers de notre empire colonial, ceux qui,
comme le colonel Monteil, ne reniant ni leur
nationalité ni leur drapeau, n'abdiquant ja-
mais de leur fierté, ont accepté tous les ris-
ques de leur état et ont imposé la su-
prématie de la France à travers le continent
noir.
Le 24 décembre, à Niamey, sur les bords
du Niger, on inaugurera en présence de sa
veuve, un monument élevé à la gloire du
colonel d'infanterie de marine Monteil.
La carrière coloniale de Monteil, écrit le
lieutenant-colonel Ferrandi, dans la France
Militaire, parcourut de septembre 1890 à dé-
cembre 1891 l'itinéraire le plus long qu'ait
jamais suivi un explorateur africain.
Par Saint-Louis-du-Sénégal Ségou, San,
Ouagadougou, Say, Sokoto, Barroua, sur le
Tchad, le Kahouar, Mourzouk, la mission
Monteil atteignit Tripoli.
Quand il entreprit cette formidable ran-
donnée, il comptait rencontrer au Tchad
Mizon et Crampel. Les trois explorateurs,
s'ils avaient réussi, auraient réalisé dix ans
plus tôt la grande liaison centre-africaine
que Foureau, Lamy, Gentil, Joalland et
Meynier devaient, en 1900, mener à bien.
Mais Mizon, qui était monté vers le lac
par le Niger et la Bénoué, ne put l'attein-
dre et redescendit par le Congo, tandis que
Crampel était assassiné par les séïdcs du
sultan Senoussi de N'délé, une sombre
brute dont le lieutenant Grtinfelder fit bonne
justice, il y a dix-huit ans.
Monteil, ajoute le lieutenant-colonel Fer-
randi, fut donc le seul à réaliser pleinement
son programme, mais ce ne fut pas sans de
dures péripéties. Comme Gallieni l'avait été
à Ségoù, lui-même fut retenu pendant plus
de quatre mois à Kouka, mi-hôte, mi-pri-
sonnier et crut même un moment qu'il n ar-
riverait jamais au Tchad.
Entre le Kahouar et Mourzouk il dut aussi
subir les pires misères. Les Toubous étaient
soi-disant les sujets des Turcs de Mourzouk,
mais ils se moquaient totalement de leurs
suzerains théoriques. Les Italiens, qui re-
vendiquent Djado, devraient bien lire le ré-
cit de Monteil pour mesurer exactement
quelle était l'influence turque dans le Cen-
tre-Africain avant que le drapeau français
soit planté à Aïn-Galaka et à Bardai.
Enfin le 10 décembre 1891, le capitaine
Monteil, put aussi s'écrier comme les soldats
de Xénophon : « Thalassa ! Thalassa! ». De-
vant ses yeux, s'étendaient, au delà de l'oa-
sis de Tripoli, les flots' bleus de la Médi-
terranée.
Saluons donc cette belle victoire de l'éner-
gie française et le grand colonial qui sut la
remporter, tt faut que, le 24 décembre, tous
les Marsouins et Bigors aient une pensée
reconnaissante pour te colonel Monteil, dont
la mémoire sera honorée sur les rives du
grand fleuve africain d'ota il s'enfonça au
cœur des régions les plus mystérieuses du
continent noir t
Une industrie nouvelle
m oq,-
Chaque année, le nombre des
voiliers pour, la pèche morutière
diminue : celui des chalutiers aug-
mente. En 1927, il a été de quarasUe-deux^L
le port de Fécamp à lui seul en a armé dix-
huit. Cette année, Saint-Malo en a armé
cinq pour Terre-Neuve.
Dans un avenir prochain le chàLutage à
vapeur se sera sans doute substitué à la
pèche par voiliers. Doit-on le regretter 1
Au point de vue social et économique, cer-
tainement non. La pèche au chalut, à Terre-
Neuve ou en Irlande, se fait en effet dans
des conditions beaucoup moins pénibles
pour les marins. Dautre part le chalutier,
avec un personnel seulement double, assure
un rendement cinq fois plus considérable
qu'un voilier.
- Le chalutier cependant pêche actuellement
à Terre-Neuve dans des conditions fâ-
cheuses en ce sens qtiil amène, en même
temps que les morues, une quantité d'autres
poissons qui @ ne peuvent être salés et con-
servés et qu'on doit rejeter à la mer.
Nos chalutiers en effet, jusqu'à présent,
n'avaient pu utiliser ces « sous-produits.
et Von pourra se. rendre compte de la perte
et de la destruction inutile de poisson quand
on saura qu'un chalut. traine 9 pendant
deux cents jours par an et que le poisson re-
jeté à la mer représente 80 de sa pêche.
Il était donc utile de prévoir à bord des
Chalutier mne installation permettant l'utili-
sation de ces poissons.
C'est chose faite depuis cette année. Deux
chalutiers, armés à Saint-Malo, le « Sergent
Gonarue 9 et l' a Aspirant Brun » ont uti.
lisé sur les bancs de Terre-Neuve des ap-
pareils pour fabriquer de la farine de pois-
son frais.
Les résultats ont été des plus satisfaisants
On peut considérer qu'un chalutier, ou
cours d'un cargaison normale, peut produire
300 tonnes de farine : la tonne de farine se
vendant 2.850. francs, on voit que cette in-
dustrie annexée à la pèche à la morue peut
être lucrative.
Cette fabrication a à bord » est d'alitant
plus intéressante que la farine ainsi pro-
duite, faite avec du poisson « frais » a des
qualités que ne peut avoir la fariné actuel-
lement en vente qui est faite avec les pois-
sons qui ne peuvent être vendus ou avec de
vieux déchets de poisson ; elle con-
tient 65 de matières azotées et 22 de
phosphates alors que la farine actuelle ne
contient que 55 et 18 de ces substan-
ces.
De plus, la farine actuellement fabriquée
dans les conditions que nous venons d'indi-
quer ne peut servir qu'à la nourriture des
animaux et non à celle de l'homme. Au con-
traire, avec les poissons frais judicieusement
choisis on peut fabriquer une farine très
fine, qui sera précieuse et constituera un
aliment des plus nourrissants pour l'homme.
On pourrait craindre que les chalutiers
n'aient pas la place suffisante pour conser-
ver la farine produite, mais les chalutiers
devant aller à terre pour char bonne r plu-
sieurs fois au cours de leur campagne, il
leur sera possible de se délester, à chaque
charbonnage, de la provision de farine fa-
briquée.
Félicitons-nous donc de voir r armement
entrer dans cette voie car nous pourrons
voir ainsi la grande pêche de Terre-Neuve
et d'Irlande se rénover et prendre un nouvel
essor pour le plus grand bien de la Produc-
tion Nationale.
MicHeei Gelsldoer/er
Député des Côtei-du-Nord,
Membre d, la Commission
de la Marine Marchande.
L'EXPOSITION COLONIALE DE 1931
»♦»
Cet après-midi, a eu lieu au Grand Palais.
dans les salons du Commissariat général de
r Exposition coloniale, une réception en l'hon-
neur des journalistes belges en mission à Paris.
Le maréchal Lyautey, Commissaire général de
l'Exposition, a prononcé quelques mots de bien-
venue particulièrement heureux, et M. le Gou-
verneur Cayla a fait un bref exposé du pro-
gramme de l'Exposition.
- Le maréchal Lyautey qui offre ce soir au
Café de Paris un dîner à cette mission, réunion
au cours de laquelle il sera parlé de l'Exposi..
tion Coloniale de 1931 et de la participation
belge, partira à la fin de la semaine pour la'
Lorraine, où il restera jusqu'à la fin de janvier.
Le Commissaire général de l'Exposition, ren-
tré à Paris, y restera définitivement, sauf une
courte absence qu'il fera en février en Angle-
terre, où il poursuivra les pourparlers relatifs à
la participation anglaise, heureusement engagés
récemment à Londres au cours des réceptions
qui lui ont été offertes.
EN MISSION
M. Siadous Bernard- Jacques- Victorin,
Gouverneur des Etablissements français de
rOcéanie. a été chargé de mission en Guyane
française, à l'effet d'occuper les fonctions de
Gouverneur de cette colonie, pendant la durée
de l'absence de M. Maillet.
-
LE Rl ««OU
*+«
On nous télégraphie que le maréchal
Franchet d'Espèrey, venant de Port-Vendres,
est arrivé à Oran. Il se rend à Colomb-Ré-
char où il doit faire une enquête sur la tra-
gédie de Menouar Har dans laquelle succom-
bèrent le général Clavery et ses quatre com-
pagnons. Reçu au port à 17 heures par les
autorités, le maréchal a pris à 18 heures le
train du sud-oranais.
Les chemins de fer du Togo
i»
Dans l'avant-projet du Chemin de fer du
Sud-Dahoméen (Annales Coloniales Illus-
trées du 31 décembre 1921), nous retrouvons
une carte sur laquelle est tracée la voie fer-
44» de Segbohoué à Petit-Popo (L'Anécho du
du rogo), avec embranchement à Povidji
vers Lokossa. A Petit-Popo (Anécho) aboutis-
sait déjà le rail venant de Lomé. L'exécution
du projet du Sud-Dahoméen aurait donc
pour résultat la liaison ininterrompue de
Lomé à Cotonou.
C'eût été parfait si le Togo eût été colonie
française, mais n'étant que territoire placé
sous le mandat de la France la liaison des
deux voies ferrées aurait engagé l'avenir.
Il était donc plus prudent, et l'administra-
tion du Dahomey l'a compris, de borner pour
l'instant, les efforts sur la ligne Segbonoué
Povidji-Grand-Popo et sur l'embranchement
Povidji-Lokossa qui drainera vers Grand-
Popo les produits de la riche vallée du
Mono.
Le Togo possède actuellement trois voies
ferrées : x
io Lomé-Anécbo (43 kilomètres) ;
20 Lomé-Palimé (IIO kilomètres), toutes
deux exploitées depuis 1907 et 30 la ligne
Lomé-Atakpamé (1167 kilomètres), exploitée
depuis 1909.
Le prolongement de la ligne Lomé-Atak-
pamé sur Sokodé et Bangeli (centre minier
éventuel) est à l'état de projet.
Pour l'instant le Togo doit donc et peut
se suffire à lui-même tant par ses voies fer-
rées que par ses routes dont les automobiles
se permettent de longs parcours à travers le
"Territoire. (Carte du Togo jointe au numéro
illustré des Annales Coloniales du 21 août
1924.)
Le matériel des trois lignes de chemin de
fer construites par les Allemands a beaucoup
souffert pendant la guerre. Il a été remis en
état et augmenté de façon à répondre à l'aug-
mentation de trafic.
Pour exploiter les importantes palmeraies
couvrant les parties septentrionales des cer-
cles d'Anécho et de Lomé, les Allemands
avaient projeté le « Chemin de fer de
l'huile » (Ohlbohn) ; la plateforme est en-
core visible. Cette voie ferrée aboutirait à
Tokpli par un tracé relativement aisé.
Si nous nous reportons au projet de loi
portant fixation d'un programme général de
mise en valeur des colonies françaises (le
projet dit Albert Sarraut), nous y lisons que
la prolongation, jusqu'à Bassari de la
ligne de Lomé à Atakpamé donnera à la colo-
nie (Territoire eût été plus exact) l'artère cen-
trale qui lui est nécessaire. Au delà d'Atak-
pamé, une route automobile et aménagée sur
certains tronçons pour servir d'infrastruc-
ture à une voie ferrée, conduit jusqu'à la
Haute-Volta. Les Allemands avaient effectué
les études au prolongement de cette artère
centrale jusqu'à Tschopome (environ 500 ki-
lomètres) pour attirer sur Lomé les produits
des districts du Nord qui, gràce aux af.
fluents de la rive gauche de la Volta, s'écou-
lent par la Gold Coast. Nous avons certes
les mêmes raisons d'empêcher cette évasion
en territoire étranger des produits du Togo.
A ce réseau de voies ferrées exploitées ou
projetées il conviendra d'ajouter un certain
nombre de routes secondaires qui leur oervi-
ront d'affluents et draineront les produits
sur les terminus maritimes.
La France a donc bien utilisé et amélioré
le réseau ferré togolais que lui avait laissé
l'accord du 10 juillet 1919 et qui facilitera
grandement la mise en valeur des 52*000 ki-
lomètres carrés de territoire dont elle a reçu
mandat sous le contrôle de la Société des
Nations.
ivemell.
> m*m (
L'Aviation Coloniale
«♦«
France-Madagascar
Au cours d'un gala organisé le 17 décem-
bre par l'Aéro-Club de Bourgogne, sous le
patronage des « Vieilles Tiges », Haegelen
et le commandant Dagnaux ont fait une
causerie. Haegelen a parlé de notre réseau
postal intérieur et montré la nécessité de
l'organiser ; il a cité en exemple l'Alle-
magne où le réseau est très prospère.
Dagnaux s'est attaché à la future ligne
« France-Madagascar », actuellement en
voie de réalisation ; il a souligné l'intérêt
qu'elle présente dans ces pays riches, mal
esservis, et annoncé qu'elle sera réalisée
en 1930.
-008
Dépêches de l'Indochine
.1.
La démission du maire de Saigon
M. Rouelle, qui avait donné sa démis-
sion de maire de Saigon, a maintenu sa dé-
cision,
Ime parait être motivée par divers inci-
dents de détail et le désir de repos du
maire.
(Par dépfiche.)
--
PHILATÉLIE
«♦ 1
Le timbre antituberculeux
Le succès du timbre antituberculeux s'af-
firme chaque jour davantage.
Le rayonnement du timbre antituberculeux
dépasse nos frontières. Dans douze colonies,
dans une colonie anglaise, l'île Maurice,
dans toutes les régions rhénanes, dans l'ar-
mée du Rhin, le timbre antituberculeux
porte, avec le signe du salut, le prestige de
la France.
L'Afrique du Nord elle-même n'a pas
voulu demeurel hors du mouvement et, sous
l'ardente impulsion du Gouverneur général
Bordes, le timbre antituberculeux viènt
d'être lance dans les trois départements al-
gériens et jusque dans les territoires du Sud.
Une très belle affiche bilingue, en français
et en arabe, est actuellement vulgansée
dans toute l'Afrique du Nord.
Le timbre antituberculeux rayonne par-
tout ; il vulgarise les principes d'hygiène et
de préservation et demain il assurera la dé-
faite du fléau qui nous ravit, chaque année,
plus de 100.000 personnes.
En Afrique du Nord
.»«
Les plantations aromatiques
Depuis quelques années, les plantations
aromatiques se développent de plus en
plus en Afrique du Nord. En même temps,
se montent des distilleries un peu partout.
La Faculté des Sciences d'Alger, le Jar-
din d'Essai, les Ecoles d'agriculture appor-
tent aux producteurs et transformateurs
un - concours éclairé.
Des essais de toutes sortes de plantes
odorantes ont été faits avec succès : le-
mongrass, rose à parfum, jasmin, lavan-
de, ont montré qu'il était possible d'obte-
nir, scus le climat d'Algérie, des rende-
ments et des qualités de choix.
Certes, cette période d'essais est des plus
encourageante. Elle permet d'envisager
pour l'avenir la possibilité de concurrencer
les industries de la Côte d'Azur, de
l'Egypte, voire de la Syrie.
Elle prouve, en tous les cas, que les ter-
res algériennes, tunisiennes et marocai-
nes sont susceptibles de donner les meil-
leures essences de fleurs et dans ded quan-
tités et des conditions commerciales
C'est par centaines d'hectares que les
vergers d'orangers ont été plantée et pro-
duisent les fleurs, les feuilles et les fruits
propres à la fabrication des huiles essen
tic-Iles. Le Néroli d'Afrique est presque
aussi parfait que le Néroli de France. Les
bigaradiers sont cependant encore trop peu
nombreux pour permettre une production
industrielle.
Mais, déjà & Nabeul, en Tunisie, on fait
un gros commerce avec des revendeurs du
Midi de la Métropole.
En revanche, la production d'oranges
douces et de mandarines a permis cette an-
née de produire des huiles essentielles de
qualité parfaite, dans des conditions de
prix normales.
Il est fort probable, de ce fait heureux,
que ces huiles essentielles viendront sur l"
marché lors de la campagne prochaine
concurrencer l'Italie et l'Espagne dont
nous étions tributaires jusqu'alors !
Mais il faut encore citer l'essence pré-
cieuse tirée du petit grain mandarinier, si
riche en méthylnnthranvlate et méthyle, les
essences de citron d'Afrique, les huiles
provenant i-* d'Algérie, si utile-
ment employés contre la coqueluche, et
bien d'autres essences, huiles, parfums,
qui résident dans les fleurs et les fruits de
la Région, de l'Algérie et du Maroc et qui
donneront lieu dans un prochain avenir à
une nouvelle et abondante source de ri-
chesses.
A MADAGASCAR
0
Laboln à la charme
dans la province d'Ambohidratimo
1"
Dans la matinée du 4 octobre 1928, M. le
Gouverneur général Olivier. accompagné de
MM. Krafft^ président de la Chambre de
Commerce, d Industrie et d'Agriculture, et
Delpon, chef du service de l'Agriculture p. i.,
s'est rendu en automobile à Mahabo, province
d'Ambohidratrimo, pour assister à des travaux
de labour à la charrue, exécutés par les culti-
vateurs indigènes de cette région.
Après avoir quitté Mahitsy, M. Olivier a été
particulièrement frappé de voir tous les terrains
de rizières et les plateaux cultivés à l'aide de
la charrue. Plusieurs laboureurs indigènes étaient
précisément occupés à retourner les terres desti-
nées à la transplantation du riz et opéraient,
la plupart, au moyen d'une charrue légère traî-
née seulement par deux boeufs, les autres à l'aide
d'un brabant double traîné par deux couples.
lis conduisaient leurs attelages avec une maî-
trise remarquable que n'auraient certainement
pas désavouée nos meilleurs cultivateurs de
France. Il n'est pas jusqu'aux plus petites par-
celles de terrains où, cependant, les évolutions
des attelages sont assez difficiles, qui ne soient
labourées à la charrue.
A cette occasion, le Gouverneur général a
été très heureux de marquer toute sa satisfac-
tion aux habitants des régions de Mahabo,
d'Ambohijanaka et de Mahitsy qui, depuis
cinq ans, sont résolument entrés dans la voie
du progrès en matière de travaux agricoles.
Dans le seul canton de Mahabo, il y a actuel-
lement 815 charrues et 1.253 herses en service.
Il a délivré un brevet de 12 honneurs à Ra-
mandiaony, Rakoto et Rainizafy, présidents
respectifs des Sociétés d'agriculture des centres
agricoles sus-visés.
En outre, Ranaivo, forgeron de Mahitsy,
chargé de la réparation des instrumeats ara-
toires, et Razafindrakoto, contremaître d'agri-
culture de Mahabo, moniteur dévoué, ont ob-
tenu un brevet de 9 honneurs pour leur active
collaboration à l'emploi des chanues et des
herses dans ces cantons.
L'exemple donné par les cultivateurs indi-
gènes de la province d'Ambohidratrimo mérite
d'être signalé, car il fournit la démonstration
définitive des excellentes dispositions des Mal-
gaches à s'adapter rapidement aux procédés per-
fectionnés de culture.
Il convient de s'en réjouir, car la main-d'mu-
vre est numériquement insuffisante dans la co-
lonie, étant donné les vastes espaces disponi-
bles et les besoins de la colonisation. La vul-
garisation des instruments aratoires à traction
animale parmi les indigènes sera, à cet érd,
d'une très grande utilité et permettra de mettre
en valeur de plus sn-andes superfici es cultivables.
Les facilités accord ées aux intéressés, par l'ad-
ministration, pour l'achat d'instruments agri-
coles, contribuent à leur diffusion et l'on peut
prévoir que, d'ici quelques années, leur emploi
en sera répandu dans un grand nombre de pro-
vinces. Il en résultera aussitôt un acatoissement
très sensible dans la production, le rendement
et l'exportation.
Noire aVIation toloalftle
Une Œuvre urgente
« Pourquoi ne songerait-on pas à faire sil-
lonner le continent africain par des avions
qui uniraient la France, non seulement à
nos possessions du Nord mais encore au
Niger, au Lac Tchad, au Dahomoy et à Ma-
dagascar ?
Ayant à plusieurs reprises parcouru ces
régions, j'ai pu constater que l'établissement
d'une telle ligne serait relativement facile,
rapide et peu coûteux. »
C'est le commandant Dagnaux qui parle
ainsi, et l'on sait la valeur de ses avis.
Il semble donc que le magnifique projet
qui vise à relier la Méditerranée à l'océan
Indien mérite, avant tout autre, le zèle privé
(.t les encouragements officiels.
M. Laurent-Eynac, porté par l'opinion
peut forger un organisme neuf et fort. Il
doit au pays de favoriser la mise en œuvre de
la grande idée jugée réalisable par des hom-
mes tels que les Hirschauer, les Prémorel et
les Dagnaux et bien d'autres encore. Car
faire sillonner le continent africain par des
avions » c'est vivement transformer, au pro-
fit de l'économie métropolitaine, l'économie
d'immenses étendues encore quasi vierges;
c'est rapprocher nos domaines d'outre-mer
du co ur et de l'esprit des Français de Fran-
ce, qui ont grand besoin de s'habituer à voir
plu-, loin que leur clocher, c'est former une
nombreuse et valeureuse pépinière de pi-
lotes.
Aussi bien personne ne doute de la com-
pétence, du bon-vouloir et du vouloir de no-
tre Ministre de l'Air. Plus que jamais, ces
jours derniers, il a donné l'impression qu'il
était un vrai chef. Son discours-programme
au banquet de l'Aéro-Club avait soulevé une
approbation enthousiaste et unanime. De
mt-me, à la Chambre, son autorité a fait naî-
tre de grands espoirs.
Il a montré la nécessité d'organiser une
grande force nouvelle au service de la Na-
tion Il. Cette force devant, selon ses propres
termes, < fondre en un ensemble homogène
1rs navigations militaires, maritimes et co-
loniales Il Le Ministre n'oubliait donc pas
que la Nation se compose de cent millions
d'hommes.
Au Surplus, il avait annoncé à la Presse,
voilà quelques semaines, et il vient de confir-
mnr que les lignes existantes seraient pro-
longées sur le Congo Belge et Madagascar
comme sur la Syrie et l'Indochine.
Les moyens financiers
Les crédits demandés dans le budget géné-
ral de 1929, pour ce Département de l'Air,
né, peut-on dire, de la mort tragique d'un
ministre, s'élevaient à 1.838.328.279 francs.
Le budget de l'Air est venu devant la
Chambre. Son total, compte tenu des réduc-
tions proposées par la Commission des Fi-
nances, était de 1.821.578.270 francs. Il a étl
voté sans guère de difficultés, après des dé-
bats néanmoins sérieux où bien des choses
utiles ont été dites, notamment sur les co-
lonies.
Sur cette somme. l'Aéronautique militaire
d'Algérie-Tunisie figure pour 45.880.090 fr.,
1? 0 f r.,
celle du Maroc pour 58.223.140 fr.. 1 eDtre-
tien de l'armée du Levant pour 53.080.380 fr.:
et l'Aéronautique aux Colonies pour 36 mil-
lions 765.895 francs.
Quant à l'Aviation civile, les crédits ac-
cordés pour « primes aux entreprises do
navigation aérienne » se présentent comme ii
suit :
Augmentation de la fréquence sur la lign4
Marseille-Tunis et Bône : 10.300.000 francs.
Augmentation de la fréquence sur la lig"
Marseille-Alger : 7.100.000 francs.
Fonctionnement régulier de la ligne MaiS
seil le-Athènes-Syrie : 13.400.000 francs.
Prolongement de la ligne Marseille-Too-
louse-Buenol-Ayres jusqu'à Santiago : 4 mil-
lions de francs.
Voyages d'études pour la liaison de la AI"
tropole avec l'Indochine et Madagascar 9
750.000 francs.
Il convient de noter que ce budget est
considéré comme un « budget de transition M,
mais on ne peut s'empêcher de remarquer
la modicité de la dernière somme citée.
Sur 750.000 francs, que reste-t-il pour pré-
parer la grande voie d'Oran à Madagascar?
Le personnel et le matériel
Jusqu'à présent l'unique escadrille de
l'A. O. F. a fait des miracles. Munie de
moyens dérisoires, volant sans cesse et dan-
gereusement, elle a, répétons-le, aménagé
15 terrains de base, relevé 250 terrains d'at-
terrissage et tracé théoriquement 17 routes
intérieures. Et, toutes nos formations aéro-
nautiques, civiles ou militaires, montrent en
tout heu une égale endurance et une égale
abnégation. On ne d peut laisser plus long-
temps une poignée d hommes, soit en Afn-
que, soit en Asie, suppléer par l'héroïsme à
la carence de matériel et d'argent.
Il y avait aussi naguère, carence d'ordre
et de méthode. L'ordre commence à régner
et la méthode s'affirme par la voix du Mi-
nistre. Pour l'argent la parole est au Par-
lement et aussi aux gouvernements coloniaux.
Pour le matériel, le crédit de 120 millions
de francs accordé pour « recherches, étu-
des et expériences, et construction de proto-
types », permet d'espérer que de sérieux pro-
grès vont être réalisés. Mais qu'il nous soit
permis de renouveler un vœu qui a déjà été
exprimé dans ces colonnes. C'est qu'un or-
ganisme nettement spécialisé ait pour tache
exclusive la recherche et le perfectionnement
du dispositif de sécurité, de l'engin sauveur
qui ne laissera plus des vies humaines à la
merci d'un moteur défaillant et pouvan* dé-
faillir pour la cause la plus minime. Certes,
il n'est pas un navigateur aérien, pas un
technicien qui ne cherche cette solution vi-
tale du problème de l'aviation. Mais l'union
et la spécialisation peuvent hâter grande-
ment la découverte tant désirée.
Les Annales Coloniales étaient allées jus-
qu'il préconiser, dans cet ordre d'idées, l'en-
tente internationale. L'on pourrait toujours
commencer par une entente franco-nelg-e,
puisque décidément la France et la Relgiruo
vont agir de concert en Afrique. P(,l!t-t'trc
d'autres pays voisins se joindraient-ils à
elles. Cette vaste collaboration ne contri-
buerait pas peu à vaincre définitivement la
pesanteur et non seulement la pesanteur ma-
térielle, mais celle, morale, qui empêche
l'homme de s'évader pour toujours de l'ère
des conflits armés.
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