Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-11-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 novembre 1928 19 novembre 1928
Description : 1928/11/19 (A29,N172). 1928/11/19 (A29,N172).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451341t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. N° 172.
LE "UMEnO : 30 CENTIMES
LLNDI soin, W. NOVEMBRE
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M.
PARIS (1")
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Les Annales Coloniales
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LE SECRET DES BONNES INTENTIONS
J'ai montré, dans mon précédent article, que
le décret du 8 novembre 1928 sur les conces-
sions domaniales en Indochine était pavé de
bonnes intentions. Je ne veux, certes, point dire
par là qu'il ressemble à un enfer, mais seule-
ment qu'il présente quelques défauts, qu'il se-
rait, je pense, assez aisé de corriger.
J'ai montré l'un de ces principaux défauts,
eu analysant les dispositions qui visent l' octroi
des concessions ; je voudrais, aujourd'hui, in-
sister sur un autre qui ne me paraît pas moins
grave.
Lors du précédent débat qui eut lieu, en
mars 1927, devant la Chambre, tout le monde
se trouva d' accord pour condamner les pratiques
de la spéculation sur les titres coloniaux.
M. Poincaré, président du Conseil, disait :
« Il faut qu'aucune concession ne puisse désor-
mais être accordée sans qu y soit joint un cahier
des charges dans lequel seront prises des pré-
cautions à la fois contre la mise en actions trop
rapide des sociétés formées et, d autre part,
dans l'intérêt des populations indigènes et dans
l'intérêt même de la prospérité des colonies. »
Répondant à ces préoccupations, le décret
du 5 juillet 1927 établissant le régime provi-
soire des concessions domaniales, décidait : le
cahier des charges : « comportera l'interdiction
pour les demandeurs, dans le cas où ils se cons-
titueraient en société, de faire coter en Bourse,
les actions de cette société ou de les soumettre
directement ou indirectement à une transaction
financière quelconque jusqu'à exécution des
obligations de mise en valeur imposées par le
cahier des charges et obtention de la concession
à tire définitif. »
Mais le projet de décret qui fut rendu public
au mois de mai 1928, décidait dans son article
6. §2 :
- « Les actions et, s il en est crée, les
parts bénéficiaires ou de fondateur des sociétés
constituées en vue de l'obtention ou de la re-
prise des concessions régies par le présent dé-
cret, devront rester nominatives tant que la con-
cession ne devra pas devenir définitive pour au
moins moitié de sa superficie. Pendant cette
même période, la cotation en Bourse, 1 émis-
sion, r exposition, la mise en vente, r introduc-
tion sur le marché des titres susvisés devront être
autorisés par le Ministre des Finances, sur avis
du Ministre des Colonies. »
On le voit, ces dispositions comporteraient
une atténuation très sensible sur celles du décret
de 1927.
Le décret du 8 novembre va encore plus
loin. Il adopte un délai fixe de deux ans, pen-
dant lesquela les actions devront être nominati.
ves ou demeurer attachées à la souche et per-
met toutes opérations, cotations en Bourse,
émission, etc., sans autorisation ministérielle.
Ainsi les textes se font de moins en moins
sévères, à mesure qu'on les étudie.
La solution finalement adoptée, ne m'en pa-
raît pas meilleure, parce que je pense que 1 er-
reur n'est pas dans la rigueur de la solution.
mais dans la position même du problème.
Qui veut-on protéger ? M. Poincaré nous le
dit : le public contre le mensonge, les manoeu-
vres des financiers et des spéculateurs jouant,
avec des cartes biseautées, sur le marché des ti-
tres coloniaux ; et d'autre part, les indigènes et
la colonisation elle-même contre les entreprises
mal conçues.
Mais ce sont là deux problèmes qu'il ne faut
pas confondre.
Pour se protéger contre les spéculateurs,
faut-il s' en prendre aux sociétés ou aux spécu-
lateurs ?
Le décret répond sans hésitation : aux socié-
tés. Et il leur interdit, en fait, de mettre leurs
titres sur le marché pendant un certain délai,
d'abord indéterminé, puis ensuite ramené à
deux ans.
Aussi, on coupe l'herbe sous le pied à la
spéculation, si je puis dire, mais on coupe la
tête aux sociétés de colonisation.
Sans doute, quand il s'agit de petites ou
moyennes concessions, on peut admetre que les
demandeurs, initiateurs de l' entreprise de colo-
nisation, pourront faire l' avance de capitaux
nécessaire et attendre un temps indéterminé
pour placer leurs titres sur le marché. Mais
quand il s'agit de grandes entreprises de colo-
nisation, exigeant des capitaux considérables
certaines de ces entreprises représentent, dès
leur formation un capital de 20, 30 et même 50
millions il n'est pas possible de ne pas faire
appel, avant toute exploitation, aux fournisseurs
de capitaux.
Et si vous interdisez à ces sociétés de
s'adresser au grand public soit directement, soit
par l' intermédiaire de banques plaçant immé-
diatement les titres dans le pubic, vous les obli-
gerez à s' adresser à des banquiers, aventureux
sinon véreux, qui, devant immobiliser des gros
capitaux, pendant un long temps, mettront des
conditions draconniennes, qui pèseront jusqu'à
les étouffer sur la trésorerie des entreprises, à
leur concours ou proposeront des « combinai-
sons. » ---
Ainsi, pour éviter les abus de la spéculation
du grand public, on tombera dans les plus lou-
ches combinaisons de la banque.
En vérité, il est au problème, quand on le
pose bien, une autre ou plutôt deux autres so-
lutions.
Vous voulez assurer aux entreprises colonia-
les, au regard du grand public qui leur fait con-
fiance et des colonies qui ont intérêt à ne voir
s'installer chez elles que des entreprises sérieu-
ses, des garanties solides de vitalité. Soit. Eta-
blissez, alors, un cahier des charges qui fixera
rigoureusement les conditions techniques de la
mise en valeur des terrains concédés et contrôlez
sérieusement l'exécution des clauses du cahier
des charges, puis exigez, d'autre part, que les
capitaux nécessaires à la mise en valeur totale
soient rassemblés avant toute mise à exécution.
Ainsi, vous aurez toutes les garanties que
vous pourrez souhaiter. pour la bonne marche
technique des entreprises de colonisation.
Et contre la spéculation qui peut se faire et
qui se fait hélas ! nous le savons bien par
let procédés souvent les plus douteux sur les
entreprises techniquement les plus sérieuses,
prenez des précautions directes : exigez des me-
sures de publicité, poursuivez les manœuvres
frauduleuses des démarcheurs et des banauiers
véreux, punissez sévèrement les actes délic-
tueux.
Mais pour tuer la spéculation, ne tuez pas les
entreprises coloniales, suivant la méthode d' un
certain Gribouille qui se jetait à l'eau pour évi-
ter la pluie.
Bllenn* itnlOMclli,
Di'ntt/f* (le la Haute-Savoie, Rap*
porteur du budget de l'Algérie, des
Colonies et des protectorats.
La rtévaloiliol de ftacaisse
de la Banque de l'Algérie
'♦*
La loi française du 25 juin dernier fixant la
nouvelle valeur du franc, a prevu la réévalua-
tion de l' encaisse de la Banque de 1 Algérie.
Le Résident Général n'a pas manqué de faire
ressortir que cette encaisse est composée pour
une somme importante de monnaies tunisiennes
d' or et d'argent dont la réévaluation doit béné-
ficier au Gouvernement du Protectorat. Le
Ministère des Finances avait, au contraire, posé
en principe que le bénéfice de la réévaluation
des encaisses des banques d'émission devait
appartenir au Gouvernement français de qui
elles tiennent leur existence et leur privilège
d'émission.
Mais M. Lucien Saint a fait observer que
l'encaisse de la Banque de r Algérie a un
caractère particulier en ce qui concerne la Tuni-
sie. En effet, le billet de la Banque de 1 Algé-
rie portant l'estampille « Tunisie » doit être
remboursé en monnaies tunisiennes que le Gou-
vernement du Protectorat est tenu de faire frap-
per à frais communs, de manière que la Banque
en détienne toujours dans ses coffres une quan-
tité minima, déterminée par les conventions
d'installation de la Banque dans la Régence.
Tenant compte des conditions de fait et de droit
dans lesquelles la Tunisie est intervenue pour
la constitution et le maintien de l'encaisse mé-
tallique de la Banque de l'Algérie, à la suite
de plusieurs - entretiens avec M. -- Poincaré, le
Résident Général a consenti à reconnaître la
position spéciale du Protectorat dans l' attribu-
tion à faire de ces bénéfices, et à porter la part
de la Tunisie qu'il avait d'abord arbitrée à
23.000.000. à la somme définitive de 47 mil-
l ions 191.190 fr. 75 qui sera inscrite par la
Banque de l'Algérie au compte-courant que le
Trésor tunisien possède dans ses écritures.
Il demeure toutefois entendu que, conformé-
ment à la règle observée par la Métropole vis-
à-vis de la Banque de France, en pareille cir-
constance, la Tunisie remboursera à la Banque,
par voie d'imputation sur ce chiffre, les avances
que celle-ci lui a faites aux termes de ses con.
ventions d'établissement. i
La Tunisie qui, depuis longtemps, s'était
préoccupée des conséquences de la stabilisation
éventuelle du franc, doit se féliciter de la vigi-
lance et de l'autorité avec lesquelles le Rési-
dant QMtl t ID fafef nhfe m Mit» et ses
,
Dans la Régence
l' «
Une usine-modèle de chaux hydraulique
La Régence connaîtra bientôt une com-
plète indépendance en ce qui concerne son
ravitaillement en chaux hydraulique. Une
importante usine, en effet, est en voie de
construction à Hammamm-Lif.
La nouvelle usine à chaux do la Société
des Chaux et Ciments Thermes, dresse sa
construction claire à flanc de la montagne.
Elle a été conçue d'après les plus récentes
améliorations techniques appliquées dans
l'industrie métropolitaine et réunit tous les
perfectionnements du mécanisme moderne.
Wagonnets pour le transport du minerai,
fours chauffés à l'anthracite anglais, puis-
sants transformateurs trieurs, ensacheurs
automatiques dotent l'usine-modèle d'un
matériel de premier ordre.
Gain de temps, augmentation de la pro-
duction, économie de main-d'oeuvre, vont
permettre à cette Société de produire en
énormes quantités les montagnes de chaux
que le Protectorat était obligé de demander
à l'importation. C'est-à-dire que l'usine, une
fois au point, doublera immédiatement le
chiffre de sa production actuelle.
D'autre part, à moins de variations extra-
ordinaires du prix du charbon, la Société
ambitionne d'abaisser encore ses prix de
vente qui, en deux ans, ont déjà diminués
de 22 francs par tonne et pour cela, songe à
étendre et multiplier ses débouchés. La Tri-
politaine ne sera-t-clle pas une cliente toute
trouvée ?
La Régence, entièrement alimentée, il est
fort probable d'ailleurs que l'excédent des
chaux obtenu trouvera preneur hors de la
Tunisie, voire ailleurs qu'en Tripolitaine.
Ce gros effort accompli hardiment par les
usiniers de Hammamm-Lif est en tous les
cas digne d'éloges. Ils ont bien mérité de
la Régence.
Une adresse à M, Maginot
1e.
Par l'organe de leur président fédthal, M.
Georges Barthélémy, ancien député, les grou-
Remcnts de coloniaux ont fait parvenir à
I. Maginot une adresse de sympathie.
« Vous avez, écrivent-ils à leur nouveau
ministre, défendu avec tant d'Apre énergie
les victimes de l'horrible guerre, que vous
soutiendrez avec la même volonté ceux-là qui
sont les combattants de toujours et qui ent
usé leur vie dans les brousiei meurtrières de
la plus grande France. a ,
PARENTS PAUVRES
A
Oui vraiment, malgré l'enrichis-
sement d'un certain nombre de
coloniaux, on peut dire que dans
leur ensemble ce sont les parents pauvres
le la grande famille française.
Parents paumes parce que, s'il y en a
nfiniment à la peine, il y en a très peu à
'a fortune, parents pauvrt's, parce que, s il y
en a qui s'usent aux quatre coins des con-
tinents pour la plus grande gloire Je la
France, et même qui y meurent, il y en a
très peu qui sont à l' honneur.
Après quatre, cinq et quelque fois six
lustres passés sous les tropiques, fonction-
naires et colons sont heureux ci fiers de re-
cevoir un bout de ruban rouge qui honore
une vie toute de travail et de probité.
A,,;ottrd' Imi il est impossible à tin minis-
tre des colonies de récompenser ainsi m- et
c'est la seule manière qui soit à sa disfiosi
tion tous ceux qui le méritent.
Aussi voyons-nous fort souvent d'autres
départements ministériels, que ce soit les
Fillallus, le Commerce. les Travaux pu-
blics, voire la grattée Chancellerie. distribuer
parcimonieusement, d'ailleurs, à des colo-
niaux un ruban ou une rosette qu'ils de-
vraient recevoir de leur ministère.
La servitude (olottiale est pleine de IM-
blesse. D'illustres écrivains ont célébré sa
grandeur.
le suis certain que mon ami At:drc
Maginot aurait le mente souci aie son pré-
décesseur, M. Té on Perrier. d'obtenir du
Conseil des ministres une répartition plus
équitable des contingents civils de la région
d'Honneur pour le ministère de la rue
Oudiflot.
Déjà, il y a quelque dix-sept ans, une
péréquation avait donné aux colonies une
part fil rapport avec leur importance
(Talors. Aujourd'htti elles jouent dans la
vie nationale ttn rôle de premier ordre. Il
est indispensable que fonctionnaires, colons,
industriels, agriculteurs ptrissênf être ré-
compensés par leur ministre. et non par
quel ou'antre de ses collègues. moins opte
que lui à savoir la véritable valeur de ceux
qu'il honore.
Pierre Taittintjer,
Député de Paris,
Président de la Commission de
l'Algérie, des Colonies et Protectorats.
Un nouveau paquebot
Marseille-Maroc
-' .»«
Le 6 décembre prochain sera lance, à La
Seyne, un nouveau paquebot destiné au ser-
vice postal Marseille-Maroc, le Nicolas-Ptl.
quel. Ses caractéristiques sont les suivantes:
longueur, n, mètres; largeur, 17 m. 30; ti-
rant d'eau, 6 m. 67; déplacement, 9.780 ton-
nes; deux hélices, deux machines de 7.200
CV ; vitesse, 16 nœuds et demi. Le Nicolas-
Paquet pourra recevoir 177 passagers de pre-
mière classe, 152 de seconde, 120 de troisième
et un effectif militaire d'un bataillon.
Vivre sans boire
1..
La Berliner Illustrirtc Zeitung signale la dif-
ficulté que rencontrent beaucoup d'animaux à se
procurer de l' eau, ce qui permet de supposer
qu'ils peuvent vivre sans boire. Il ne faut pas
oublier que les aliments solides absorbés par les
bêtes plantes, tubercules, légumes, chair
animale contiennent une certaine quantité
d'eau qui suffit, à la rigueur, aux lapins et aux
moutons, par exemple. C'est pourquoi, afin
d' absorber moins de liquide en été, il est bon.
pour nous, d'en prendre sous forme de fruits,
dont le jus est excellent et remplace très avan-
tageusement quantités de boissons.
De nombreux animaux du désert absorbent
suffisamment de liquide en mangeant des me-
lons d'eau. A Souet-el-Mas, en Mauritanie,
les singes venaient sur la dune avoisinant le
poste pour faire une abondante récolte de me-
lons d'eau, sous la protection d'une ligne
d'éclaireurs qui se postaient sur la crête de la
dune pour exercer une surveillance active.
Le chameau, animal désertique par excel-
lence, reste facilement quatre à cinq jours sans
boire, mais à condition d'absorber 60 litres
d'eau au puits avant le départ.
Les chameaux de la mission Augerias, en
Sahara occidental; ont pu rester quinze jours
sans boire. C'est une très rare exception.
Cinéma Colonial
En Algérie
M. Carmine Gallone doit prochainement
réaliser, en Algérie, les extérieurs d'un film
que produira la Sofar, avec M. André Nox,
Mlles Gina Manès et I.iane Haid comme
principaux interprètes.
A L'ACADÉMIE DES SCIENCES
•+«
M. Maurice Roy a présente à l'Académie
des ouvrages intitulés : Sur l'aérodynamique
des ailes sustentatrices et des hélices et Cen-
trage, stabilité et maniabilité des avions dans
le vol longitudinal. --.
LA TEMPÊTE
1t1
Au large do Cherbourg, plusieurs navires
ont eu à souffrir du mauvais temps et ont
drt, fuyant devant la tempfito, se réfugier
dans l'avant-port. On signale notamment
que lo vapeur Ville-de-Dunkerque, allant
do Dunkerque i Oran, a subi des ava-
ries et perdu une partie de sa « pontée ».
Deux de ses embarcations ont été bri-
sées. Tout ayant été bouleversé à bord, les
hommes ont été contraints, pendant de lon-
gues heures, à un jeûne presque total.
L'aviation et les colonies
La question des communications aériennes de
la France avec ses colonies est d'.une extrême
importance.
S'agissant d' ailes (ou de T.S.F., ainsi que
nous le verrons plus tard), il s' agit pour la
France de liberté et de sécurité.
Un aviateur militaire, faisant un exercice
d' entraînement au-dessus des champs et des
bois, peut penser avec un légitime orgueil :
« Cette terre est sous ma garde. » Car, si quel-
que chef d'Etat en folie déclenchait une nou-
velle guerre, il ne fait de doute pour personne
qu' elle serait essentiellement aérienne.
Et les pilotes de nos avions commerciaux
peuvent, également à bon droit, se considérer
en quelque sorte comme des gardiens du sol
national.
De plus en plus, en effet, un pays vaut ce
que vaut sa puissance économique.
Or, dix années ne s'écouleront pas avant que
chaque pays ne mesure celle-ci au nombre, à
U capacité de transport et à la sûreté de ses
appareils volants.
Que l'on consulte là-dessus les Coste et les
Le Brix, les Brocard, les Pelletier-d'Oisy, les
Reine et les Serre, et tant d' autres !. Tous
diront que, depuis les premiers vois des frères
Wright et de Santos-Dumont, l' aviation a pro-
gressé par étapes géantes ; que ses progrès ne
sont encore rien à côté de ceux que l'on entre-
voit et qui se réaliseront peut-être à très bref
délai ; que la locomotion de l' avenir sera, à
coup sûr, aérienne, en raison des incomparables
avantages qu'elle offre et dont les plus évi-
dents sont l'extrême rapidité et la suppression
des obstacles naturels, océans compris.
Bref, à dire d' experts, nos enfants, nos des-
cendants immédiats prendront l'avion aussi faci-
lement, aussi naturellement qu'ils prennent au-
jourd'hui leur bicyclette, leur cinq-chevaux ou
f autobus.
il faut maintenant se demander si notre indus-
trie aéronautique sera inférieure, égale ou supé-
rieure à cette de l'étranger
Nous nous garderons d'autant mieux de
l'aveugle vanité du chauvinisme que, pour le
moment, notre matériel est « globalement » de
qualité moindre que celui de certains pays.
Mais, par quelques côtés, il est très loin de
la médiocrité, puisque l'étranger, et l'Allema-
gne elle-même, nous empruntent de nos mo-
teurs.
En réalité, nous pêchons uniquement par le
manque d'organisation, vice auquel le Minis-
tère de l'Air, de création récente, peut heu-
reusement et doit remédier. Nos ingénieurs, nos
constructeurs et nos ouvriers seraient-ils, par
hasard, incapables de faire pour l'aéroplane
ce qu'ils ont fait pour l'industrie automobile
française, qu'aucune autre, dans le monde, ne
dépasse ? La réponse va de soi.
Mais la France a un motif tout spéciale-
ment impérieux d'avancer plus vite et mieux
que quiconque dans la voie du progrès aéronau-
tique : elle a un vaste, un splendide domaine
colonial à couvrir de routes aériennes, à abriter
sous des multitudes d'ailes.
Un distingué rédacteur de ce journal, M. de
Laromiguière, écrivait ici même, après la fu-
neste disparition de Nungesser et de Coli, que
nous n' avions pas le droit de sacrifier des pilotes
et des appareils par pur orgueil national, si
légitime fût-il ; que tous les raids devraient
se faire exclusivement en direction d'une de nos
colonies et par les trajets les plus prudents, et
que nos possessions lointaines étaient des buts,
voire des champs d' entraînement tout désignés.
C'étaient là de claires vérités.
Où en est donc notre aviation coloniale,
qu a-t-ette réalisé depuis sa création, quel est
son programme ?
Autant interroger le destin de notre aviation,
tout court.
Elle doit, en effet, être en majeure partie
coloniale. Si notre industrie aéronautique ne
dirigeait pas son expansion vers nos terres d' ou-
tre-mer, c'est qu'elle manquerait du plus élé-
mentaire bon sens : ce qu'on ne saurait croire.
Pour l'instant, la nomenclature des diverses
utilisations de l'avion colonial montrera suffi-
samment quelle carrière les colonies ouvrent à
nos constructeurs.
L'avion colonial peut être militaire, sanitaire,
postal. Il peut servir, la photographie aidant, à
la confection de cadastres dont le besoin, en
bien des endroits, se fait sentir.
Il peut « reconnaître » des régions encore
quasi-inexplorées.
11 peut, tout de suite, transporter des voya.
geurs pressés et, demain, devenir un engin ba-
nal de tourisme et de transport commercial.
il peut, au point de vue de la pêche, con-
tribuer aux études maritimes pratiquées sur les
côtes exotiques.
Et il peut, de plus, être lui-même l' objet
d'un commerce de grande envergure.
Par exemple, il ne tient qu'à nous de créer
en Indochine un marché d'aéroplanes. Un jour
viendra sans tarder où tout 1 Extrême-Orient
constituera, pour ce merveilleux engin de loco-
motion, une énorme clientèle. D'autres que
nous en seront les rournisseurs, si nous n' y pre-
nons garde. Les Anglais, les Américains et sur-
tout les Allemands ont r œil fixé sur le monde
asiatique qu anime de plus en plus l'esprit mo-
derne. Et, déjà, malgré nos relations de bon
voisinage avec le Siam, nous sommes devancés
en ce pays par l'industrie allemande.
Il n'est pas cependant trop tard pour agir.
Notre premier programme d aviation coloniale
ne date que de 1919.
Si, depuis cette époque, nous n'avons pas
créé une flotte aérienne digne de nos colonises,
c'est d' abord qu'on n'improvise pas des aéro-
dromes avec leurs hangars et leur outillage, ni
le jalonnement des trajets, ni des postes météo-
rologiques, c'est aussi il faut toujours en
revenir là que l'état des finances publiques
ne l'a pas permis. Nous ne sommes pas toute-
fois restés inactifs.
Nous venons prochainement comment a dé-
buté notre aviation coloniale.
Anmrë MeeMaeS
A TANGER
.♦«
Voici quelques renseignements complémentai-
res sur l'accord douanier de Trunger, dont nous
avons annoncé la conclusion :
Les douanes tang^roises étant autorisées, con-
formément. ù la convention de Paris du 1K dé-
cembre 1^23, à ne percevoir les droits et luxes
(pie sur îles marchandises destinées ù la con-
sommation exclusive de la zone international'',
l'ancien accord douanier. ixi-s-sé le 26 iuiilet
l'.U'O et récemment dénoncé-. avait fixé forfailai-
rement à 2i> 0/0 la nivportion des recettes ui«i
devait, faire ristourne à la zone espagnole .sur
la totalité des recettes perdues par les douanes
de Tanger.
Le nouvel accord est entre en vigueur le 10
courant et prévoit que désormais les taxes se-
ont pereues; par chacune des zones correspon-
dant. aux quantités de marchandises réellement
consommées, quel que soit le port par leqin !
les marchandises seront introduites. Les postes
fie surveillance douanière communs aux deux
zones et dont le fonctionnement sera assuré
par des fonetionnaiii s des deux zones permet-
tront le contrôle des « changes. La taxe spéc iale,
de 2,5 est provisoirement réservée. Elle sera
probablement soumise à l'arbitrage.
Ce règlement paraît avoir donné satisfaelinr».
et l'on déclare à Tanger que !'Espagne s'est
montrée fort gén<'reu-e et raisonnable.
M. Huch Curncy, consul général d'Angleterre
à Tanger, a été promu ministre plénipotentiaire
à Tancer.
Les théiers en Indochine
Les jardins de porte-graine
La culture du théier se développe do plus
en plus en Indochine. Les meilleures racc
convenant au climat et au sol, sont celles
d'Assam et de Manipur, que l'on cultive aux
Indes, à Ceylan, à Java, et celles de « Shan )1
exploitées au Yun-Xau, au Laos et Haut-
Tonkin. Il y a aussi celles qui proviennent
des races locales du Moyen Tonkin et du
Noid-Annam.
Les premières ont le défaut d'être d'un
prix assez élevé. Les secondes, bien que vi-
goureuses sont encore très médiocres.
.Ont ti è ,.
Pour venir en aide aux planteurs, dont les
efforts sont très remarquahles, on envisage la
création de jardins de porte-graine, qui four-
niraient des semences dignes du travail des
colons.
L'établissement de ces jardins, les soins a
donner à la niante ont fait récemment l'ob-
jet d'une étude très serrée et très complète
(Bulletin Economique de l'Indochine) de M.
R. du Pasquier, l'éminent chef de la Station
de Phou-Ho. -- - ,
Le Moyen-Tonkin serait très propice a 1.1
floraison des théiers porté-graine en raison de
la sécheresse des automnes et des hivers de
1a région.
L'humidité et le brouillard ne valent rien
au développement du théier. La montagne
pourrait leur convenir et d'autant mieux, si
les jardins sont exposés sur des versants mé-
ridionaux et de faibles pentes.
Mais les meilleures conditions de germi-
nation et de végétation sont offertes par le
sol des forêts fraîchement defrichees, les ter-
res franches ou modérément argileuses.
A noter, que « le rendement d'un jardin a
graines dépend beaucoup plus de la qualité
que de la quantité des graines qu il pro-
duit » î la sélection s'impose donc.
Seuls les suiets capables de donner une
bonne race culturale. doivent être conserves.
L
La Cdchinchine. élargit ses débauchés
Un nouveau débouché vient de s'ouvrir aux
riz de Coihincliine.
Depuis le début de cette année, la Com-
pagnie néerlandaise de Navigation ( Ko-
ninkliie Paketwaart Maatschappij » a com-
mence l'importation des riz cochincliinois a
Medan, la capitale de Sumatra, située au
centre des grandes plantations de tabac, de
caoutchouc et de palmier i' huile de la cote
orientale de l'île.
Du icr janvier au 8 juin. 5.300 tonnes de
riz ont été embarquées à Saigon à destina-
tion de Belawan Deli, le grand port de Su-
matra, à 22 kilomètres de Medan.
D'autres marchés ont été passés et plus de
5.800 tonnes ont été embarquées ou le se-
ront à la fin de l'année pour la même des-
tination, ce qui donnera un total de plus de
11.000 tonnes pour l'année entière.
En 1927, les importations de Sumatra en
riz ont atteint le chiffre de 213.000 tonnes
dont 140.000 provenaient de - Birmanie et
73.000 du Siam. Les exportateurs saïgonnais
ont donc là un marché nouveau plein d'in-
térêt qui mérite de retenir toute leur atten-
tion.
L'Aviation Coloniale
Marseille-Alger
Le radiotélégraphiste Girard, qui avnit
été blessé au cours do l'accident survenu le
15 novembre à l'hydravion du service Mar-
seille-Alger, que nous avons relruté, a suc-
combé, hier matin. à Los Palmas, des sui-
tes de ses blessures.
Pour la maison de la Chimie
-
Parmi les dons souscrits on dernier lion
pour la Maison do la Chimie et <111 i dépas-
sent un million, celui du Comité du Maroc:
Office Chf.rHle1\ des Phosphates, est dn
100.000 francs.
Le total actuel de la souscription atteint
23 millions.
Les dons sonl reçus dans toutes les cais-
ses du r.sor et les succursales do la Han-
nue de France.
Les peintres coloniaux
----".-'-----
Du 211 novembre, au décembre dans la
Galerie d'Orléans, au Palais Royal, M. René
Farjou, de la Société Coloniale des Artistes
Français, exposera des aquarelles et des pas
tels du Sénégal et de la Guinée française.
HRKRN2'PAGR:
Discours de M. Carde au Conseil de gou-
vernement de l'A. O. F,
A la Chambre.
- Au Sénat,
Notes prises en Tunisie
Par MIRANF.-MARCFXI E DEFFINS.
LA KHROUMIRIE JOYAU
DE L'AFRIQUE DU NORD
Le train, qui m'emporte vcis Tabarka, a
mode-te allure. Il n'aura pas tiop de toute
sa matinée pour couvrir les quelque 170
kilomètres qui séparent Tunis de Tabarka.
Kt encore, aurons-nous gagne: une bonne
heure de retard quand nous toucherons au
but.
Pourquoi m'en plaindrai-je ?
Je ne suis nullement pressée aujourd'hui.
C'est dimanche.
*
m *
Toutes vitres ouvertes, je laisse mes re-
gards llàner au pas du train à travers le
paysage, comme deux chiens roux qui
accompagneraient leur maître dans une pro-
menade champêtre.
•%
Le Bardo. La Manouba.
Aux jardins clos d'épaisses haies de cac-
tïH succèdent les cultures soigneusement en-
tretenues.
Sous un ciel voilé, les plaines agréables
et fertiles de Iatcur, presque totalement
colonisées, les pentes verdoyantes, les val-
lonnements rythmés, s'égrènent comme un
chapelet, aux doigts lents d'une pieuse
femme.
Dans le lointain, de.; collines noires et
bleues ceinturent une immense plaine.
Le rail file entre les montagnes, les esca-
lade, creuse leur flanc par moment. Et, jus-
qu'à Tabarka ce sera le ravissant spectacle
d'énormes massifs de dunes jaunes ou ver-
dnyantc", une succession harmonieuse de
sommets altiers aux 'ignC'j élancées, de
liane s à la courbe gracieuse où croît adora-
blenicnt une végétation fraie lie comme un
pie d'Ecosse. Des montagnes et des mon-
tannes.
t' n remblai monstrueux et rougeàtre suit
la ligne, passé la petite gare de Scdjénane.
Au faite, veille une sentinelle en armes.
L'exploitation des mines de fer, de zinc et
(h plomb de Sidi Driss est là. Les mines
de fer de Douaria plus loin; ('O,O(¡f) tonnes
de minerais sont ici évacuées par an.
L'oued Malah franchi, Tabarka est pro-
( lie.
Nous y arrivons.
U y a sept heuies que nous sommes partis.
* *
Tabarka. Mon directeur, M. Marcel Rue-
dcl, voilà une trentaine d'années, éciivait :
., Enfin, voici le joli et gracieux village de
Tabarka qui évoque les souvenirs de l'occu-
pation romaine, de la main-mise espagnole,
de la possession du Génois Lomellini et de
la conquête bevlicale, qui se profile légère-
ment avec son rocher entre le ciel et l'eau.
La ville elle-même n'est pas de grande
importance et la campagna qui l'environne
n'est rien.
(< Les Français de Tabarka se livrent au
petit commerce. Ils vendent aux Siciliens
qui viennent pécher la sardine et l'allache
les rares produits qu'ils demandent aux ha-
bitants du pays. Il y en a de tous les mé-
tiers. »
Taharka n'a guère changé. Pour les habi-
tant-; de ce pays charmant, c'est toujours
et tous les jours - dimanche.
Mon hôtelier, taillé en athlète, gios,
grand, gras, sans-souci, qui compte sur sa
femme pour tout ce qui n'est pas de rester
as-is, me mène nonchalamment à la salle ;\
manger noire, silencieuse et glaciale ma!-
grl l'honora ble, ascension du thermomètre.
Ma table est déjà copieusement servie
de. mouches.
A part cela la physionomie de mon hôte
est cordiale, claire, française.
La cuisine aussi.
«
* *
La mer bleue, plus bleue que je ne l ai
jamais vue ailleurs) reflète l'île de Tabarka
violette et rose.
Elle a l'air, vue de la rive, d'un < châ-
teau n tel que les enfants, au temps des
vacances, s'amusent à en édifier sur les
plages et que le llux émerge.
Celui-là a dû être construit par des fils
de géants.
Les vestiges d'un antique château Génois
d'ailh'urs subsistent au sommet.
J'ai envie de voir l'île de près.
Un pécheur italien me passe dans sa bar-
que, d'un bord à l'autre, 400 mètres à
peine; sur cette eau douce. Nous glissons
entre deux azurs.
Le lointain : eau, ciel, montagnes,
épouse l'air dans une harmonie mauve et
bleue que la paix habite avec délectation.
A l'abordage, l'île apparaît comme une
terre déserte et rocheuse entièrement dé-
nudée. Et elle n'est que cela, en vérité.
Quelques ruines tombées elles-mêmes en
ruines, une ombre dévastée de château sub-
sistent tout au sommet.
Je me demande par quel mirage cet écrou-
lement de débris, peut encore avoir l'aspect
d'un château vu de la terre d'en face.
Un phare moderne, met sa lumière dans
ce vieux nid de chouettes où les chouettes
elles-mêmes ne seraient pas à l'abri de la
phil',
Nous regagnons l'autre rivage.
La nuit est proche. Mais le crépuscule ne
déplace ni les couleurs, ni les lignes a len-
tour. la nuit, elle tombera tout à l'heure,
comme une pierre.
L air est immobile. LI'" chaînes monta-
gneuses qui vêtent l'horizon ont des teintes
de pastel. On croirait que le ciel on longues
coulées, s'est fige sur la terre pour :'( mirer
de plus près dans l'eau.
ï.a-bas, un scintillement de neige ou
d'argent, couronne un pic.
T a ville, couchée sur le sable, somnole à
l'abri de l'écran que dessinent les hauteurs
environnantes.
La capitainerie du port minuscule
semble un jouet pour arbre de NToel.
Rien ne bouge, non plus, a l'entour de
l'importante Société d'Àrmstrong Cort de
LE "UMEnO : 30 CENTIMES
LLNDI soin, W. NOVEMBRE
JOURMLJUOTIDIEN
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PARIS (1")
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LE SECRET DES BONNES INTENTIONS
J'ai montré, dans mon précédent article, que
le décret du 8 novembre 1928 sur les conces-
sions domaniales en Indochine était pavé de
bonnes intentions. Je ne veux, certes, point dire
par là qu'il ressemble à un enfer, mais seule-
ment qu'il présente quelques défauts, qu'il se-
rait, je pense, assez aisé de corriger.
J'ai montré l'un de ces principaux défauts,
eu analysant les dispositions qui visent l' octroi
des concessions ; je voudrais, aujourd'hui, in-
sister sur un autre qui ne me paraît pas moins
grave.
Lors du précédent débat qui eut lieu, en
mars 1927, devant la Chambre, tout le monde
se trouva d' accord pour condamner les pratiques
de la spéculation sur les titres coloniaux.
M. Poincaré, président du Conseil, disait :
« Il faut qu'aucune concession ne puisse désor-
mais être accordée sans qu y soit joint un cahier
des charges dans lequel seront prises des pré-
cautions à la fois contre la mise en actions trop
rapide des sociétés formées et, d autre part,
dans l'intérêt des populations indigènes et dans
l'intérêt même de la prospérité des colonies. »
Répondant à ces préoccupations, le décret
du 5 juillet 1927 établissant le régime provi-
soire des concessions domaniales, décidait : le
cahier des charges : « comportera l'interdiction
pour les demandeurs, dans le cas où ils se cons-
titueraient en société, de faire coter en Bourse,
les actions de cette société ou de les soumettre
directement ou indirectement à une transaction
financière quelconque jusqu'à exécution des
obligations de mise en valeur imposées par le
cahier des charges et obtention de la concession
à tire définitif. »
Mais le projet de décret qui fut rendu public
au mois de mai 1928, décidait dans son article
6. §2 :
- « Les actions et, s il en est crée, les
parts bénéficiaires ou de fondateur des sociétés
constituées en vue de l'obtention ou de la re-
prise des concessions régies par le présent dé-
cret, devront rester nominatives tant que la con-
cession ne devra pas devenir définitive pour au
moins moitié de sa superficie. Pendant cette
même période, la cotation en Bourse, 1 émis-
sion, r exposition, la mise en vente, r introduc-
tion sur le marché des titres susvisés devront être
autorisés par le Ministre des Finances, sur avis
du Ministre des Colonies. »
On le voit, ces dispositions comporteraient
une atténuation très sensible sur celles du décret
de 1927.
Le décret du 8 novembre va encore plus
loin. Il adopte un délai fixe de deux ans, pen-
dant lesquela les actions devront être nominati.
ves ou demeurer attachées à la souche et per-
met toutes opérations, cotations en Bourse,
émission, etc., sans autorisation ministérielle.
Ainsi les textes se font de moins en moins
sévères, à mesure qu'on les étudie.
La solution finalement adoptée, ne m'en pa-
raît pas meilleure, parce que je pense que 1 er-
reur n'est pas dans la rigueur de la solution.
mais dans la position même du problème.
Qui veut-on protéger ? M. Poincaré nous le
dit : le public contre le mensonge, les manoeu-
vres des financiers et des spéculateurs jouant,
avec des cartes biseautées, sur le marché des ti-
tres coloniaux ; et d'autre part, les indigènes et
la colonisation elle-même contre les entreprises
mal conçues.
Mais ce sont là deux problèmes qu'il ne faut
pas confondre.
Pour se protéger contre les spéculateurs,
faut-il s' en prendre aux sociétés ou aux spécu-
lateurs ?
Le décret répond sans hésitation : aux socié-
tés. Et il leur interdit, en fait, de mettre leurs
titres sur le marché pendant un certain délai,
d'abord indéterminé, puis ensuite ramené à
deux ans.
Aussi, on coupe l'herbe sous le pied à la
spéculation, si je puis dire, mais on coupe la
tête aux sociétés de colonisation.
Sans doute, quand il s'agit de petites ou
moyennes concessions, on peut admetre que les
demandeurs, initiateurs de l' entreprise de colo-
nisation, pourront faire l' avance de capitaux
nécessaire et attendre un temps indéterminé
pour placer leurs titres sur le marché. Mais
quand il s'agit de grandes entreprises de colo-
nisation, exigeant des capitaux considérables
certaines de ces entreprises représentent, dès
leur formation un capital de 20, 30 et même 50
millions il n'est pas possible de ne pas faire
appel, avant toute exploitation, aux fournisseurs
de capitaux.
Et si vous interdisez à ces sociétés de
s'adresser au grand public soit directement, soit
par l' intermédiaire de banques plaçant immé-
diatement les titres dans le pubic, vous les obli-
gerez à s' adresser à des banquiers, aventureux
sinon véreux, qui, devant immobiliser des gros
capitaux, pendant un long temps, mettront des
conditions draconniennes, qui pèseront jusqu'à
les étouffer sur la trésorerie des entreprises, à
leur concours ou proposeront des « combinai-
sons. » ---
Ainsi, pour éviter les abus de la spéculation
du grand public, on tombera dans les plus lou-
ches combinaisons de la banque.
En vérité, il est au problème, quand on le
pose bien, une autre ou plutôt deux autres so-
lutions.
Vous voulez assurer aux entreprises colonia-
les, au regard du grand public qui leur fait con-
fiance et des colonies qui ont intérêt à ne voir
s'installer chez elles que des entreprises sérieu-
ses, des garanties solides de vitalité. Soit. Eta-
blissez, alors, un cahier des charges qui fixera
rigoureusement les conditions techniques de la
mise en valeur des terrains concédés et contrôlez
sérieusement l'exécution des clauses du cahier
des charges, puis exigez, d'autre part, que les
capitaux nécessaires à la mise en valeur totale
soient rassemblés avant toute mise à exécution.
Ainsi, vous aurez toutes les garanties que
vous pourrez souhaiter. pour la bonne marche
technique des entreprises de colonisation.
Et contre la spéculation qui peut se faire et
qui se fait hélas ! nous le savons bien par
let procédés souvent les plus douteux sur les
entreprises techniquement les plus sérieuses,
prenez des précautions directes : exigez des me-
sures de publicité, poursuivez les manœuvres
frauduleuses des démarcheurs et des banauiers
véreux, punissez sévèrement les actes délic-
tueux.
Mais pour tuer la spéculation, ne tuez pas les
entreprises coloniales, suivant la méthode d' un
certain Gribouille qui se jetait à l'eau pour évi-
ter la pluie.
Bllenn* itnlOMclli,
Di'ntt/f* (le la Haute-Savoie, Rap*
porteur du budget de l'Algérie, des
Colonies et des protectorats.
La rtévaloiliol de ftacaisse
de la Banque de l'Algérie
'♦*
La loi française du 25 juin dernier fixant la
nouvelle valeur du franc, a prevu la réévalua-
tion de l' encaisse de la Banque de 1 Algérie.
Le Résident Général n'a pas manqué de faire
ressortir que cette encaisse est composée pour
une somme importante de monnaies tunisiennes
d' or et d'argent dont la réévaluation doit béné-
ficier au Gouvernement du Protectorat. Le
Ministère des Finances avait, au contraire, posé
en principe que le bénéfice de la réévaluation
des encaisses des banques d'émission devait
appartenir au Gouvernement français de qui
elles tiennent leur existence et leur privilège
d'émission.
Mais M. Lucien Saint a fait observer que
l'encaisse de la Banque de r Algérie a un
caractère particulier en ce qui concerne la Tuni-
sie. En effet, le billet de la Banque de 1 Algé-
rie portant l'estampille « Tunisie » doit être
remboursé en monnaies tunisiennes que le Gou-
vernement du Protectorat est tenu de faire frap-
per à frais communs, de manière que la Banque
en détienne toujours dans ses coffres une quan-
tité minima, déterminée par les conventions
d'installation de la Banque dans la Régence.
Tenant compte des conditions de fait et de droit
dans lesquelles la Tunisie est intervenue pour
la constitution et le maintien de l'encaisse mé-
tallique de la Banque de l'Algérie, à la suite
de plusieurs - entretiens avec M. -- Poincaré, le
Résident Général a consenti à reconnaître la
position spéciale du Protectorat dans l' attribu-
tion à faire de ces bénéfices, et à porter la part
de la Tunisie qu'il avait d'abord arbitrée à
23.000.000. à la somme définitive de 47 mil-
l ions 191.190 fr. 75 qui sera inscrite par la
Banque de l'Algérie au compte-courant que le
Trésor tunisien possède dans ses écritures.
Il demeure toutefois entendu que, conformé-
ment à la règle observée par la Métropole vis-
à-vis de la Banque de France, en pareille cir-
constance, la Tunisie remboursera à la Banque,
par voie d'imputation sur ce chiffre, les avances
que celle-ci lui a faites aux termes de ses con.
ventions d'établissement. i
La Tunisie qui, depuis longtemps, s'était
préoccupée des conséquences de la stabilisation
éventuelle du franc, doit se féliciter de la vigi-
lance et de l'autorité avec lesquelles le Rési-
dant QMtl t ID fafef nhfe m Mit» et ses
,
Dans la Régence
l' «
Une usine-modèle de chaux hydraulique
La Régence connaîtra bientôt une com-
plète indépendance en ce qui concerne son
ravitaillement en chaux hydraulique. Une
importante usine, en effet, est en voie de
construction à Hammamm-Lif.
La nouvelle usine à chaux do la Société
des Chaux et Ciments Thermes, dresse sa
construction claire à flanc de la montagne.
Elle a été conçue d'après les plus récentes
améliorations techniques appliquées dans
l'industrie métropolitaine et réunit tous les
perfectionnements du mécanisme moderne.
Wagonnets pour le transport du minerai,
fours chauffés à l'anthracite anglais, puis-
sants transformateurs trieurs, ensacheurs
automatiques dotent l'usine-modèle d'un
matériel de premier ordre.
Gain de temps, augmentation de la pro-
duction, économie de main-d'oeuvre, vont
permettre à cette Société de produire en
énormes quantités les montagnes de chaux
que le Protectorat était obligé de demander
à l'importation. C'est-à-dire que l'usine, une
fois au point, doublera immédiatement le
chiffre de sa production actuelle.
D'autre part, à moins de variations extra-
ordinaires du prix du charbon, la Société
ambitionne d'abaisser encore ses prix de
vente qui, en deux ans, ont déjà diminués
de 22 francs par tonne et pour cela, songe à
étendre et multiplier ses débouchés. La Tri-
politaine ne sera-t-clle pas une cliente toute
trouvée ?
La Régence, entièrement alimentée, il est
fort probable d'ailleurs que l'excédent des
chaux obtenu trouvera preneur hors de la
Tunisie, voire ailleurs qu'en Tripolitaine.
Ce gros effort accompli hardiment par les
usiniers de Hammamm-Lif est en tous les
cas digne d'éloges. Ils ont bien mérité de
la Régence.
Une adresse à M, Maginot
1e.
Par l'organe de leur président fédthal, M.
Georges Barthélémy, ancien député, les grou-
Remcnts de coloniaux ont fait parvenir à
I. Maginot une adresse de sympathie.
« Vous avez, écrivent-ils à leur nouveau
ministre, défendu avec tant d'Apre énergie
les victimes de l'horrible guerre, que vous
soutiendrez avec la même volonté ceux-là qui
sont les combattants de toujours et qui ent
usé leur vie dans les brousiei meurtrières de
la plus grande France. a ,
PARENTS PAUVRES
A
Oui vraiment, malgré l'enrichis-
sement d'un certain nombre de
coloniaux, on peut dire que dans
leur ensemble ce sont les parents pauvres
le la grande famille française.
Parents paumes parce que, s'il y en a
nfiniment à la peine, il y en a très peu à
'a fortune, parents pauvrt's, parce que, s il y
en a qui s'usent aux quatre coins des con-
tinents pour la plus grande gloire Je la
France, et même qui y meurent, il y en a
très peu qui sont à l' honneur.
Après quatre, cinq et quelque fois six
lustres passés sous les tropiques, fonction-
naires et colons sont heureux ci fiers de re-
cevoir un bout de ruban rouge qui honore
une vie toute de travail et de probité.
A,,;ottrd' Imi il est impossible à tin minis-
tre des colonies de récompenser ainsi m- et
c'est la seule manière qui soit à sa disfiosi
tion tous ceux qui le méritent.
Aussi voyons-nous fort souvent d'autres
départements ministériels, que ce soit les
Fillallus, le Commerce. les Travaux pu-
blics, voire la grattée Chancellerie. distribuer
parcimonieusement, d'ailleurs, à des colo-
niaux un ruban ou une rosette qu'ils de-
vraient recevoir de leur ministère.
La servitude (olottiale est pleine de IM-
blesse. D'illustres écrivains ont célébré sa
grandeur.
le suis certain que mon ami At:drc
Maginot aurait le mente souci aie son pré-
décesseur, M. Té on Perrier. d'obtenir du
Conseil des ministres une répartition plus
équitable des contingents civils de la région
d'Honneur pour le ministère de la rue
Oudiflot.
Déjà, il y a quelque dix-sept ans, une
péréquation avait donné aux colonies une
part fil rapport avec leur importance
(Talors. Aujourd'htti elles jouent dans la
vie nationale ttn rôle de premier ordre. Il
est indispensable que fonctionnaires, colons,
industriels, agriculteurs ptrissênf être ré-
compensés par leur ministre. et non par
quel ou'antre de ses collègues. moins opte
que lui à savoir la véritable valeur de ceux
qu'il honore.
Pierre Taittintjer,
Député de Paris,
Président de la Commission de
l'Algérie, des Colonies et Protectorats.
Un nouveau paquebot
Marseille-Maroc
-' .»«
Le 6 décembre prochain sera lance, à La
Seyne, un nouveau paquebot destiné au ser-
vice postal Marseille-Maroc, le Nicolas-Ptl.
quel. Ses caractéristiques sont les suivantes:
longueur, n, mètres; largeur, 17 m. 30; ti-
rant d'eau, 6 m. 67; déplacement, 9.780 ton-
nes; deux hélices, deux machines de 7.200
CV ; vitesse, 16 nœuds et demi. Le Nicolas-
Paquet pourra recevoir 177 passagers de pre-
mière classe, 152 de seconde, 120 de troisième
et un effectif militaire d'un bataillon.
Vivre sans boire
1..
La Berliner Illustrirtc Zeitung signale la dif-
ficulté que rencontrent beaucoup d'animaux à se
procurer de l' eau, ce qui permet de supposer
qu'ils peuvent vivre sans boire. Il ne faut pas
oublier que les aliments solides absorbés par les
bêtes plantes, tubercules, légumes, chair
animale contiennent une certaine quantité
d'eau qui suffit, à la rigueur, aux lapins et aux
moutons, par exemple. C'est pourquoi, afin
d' absorber moins de liquide en été, il est bon.
pour nous, d'en prendre sous forme de fruits,
dont le jus est excellent et remplace très avan-
tageusement quantités de boissons.
De nombreux animaux du désert absorbent
suffisamment de liquide en mangeant des me-
lons d'eau. A Souet-el-Mas, en Mauritanie,
les singes venaient sur la dune avoisinant le
poste pour faire une abondante récolte de me-
lons d'eau, sous la protection d'une ligne
d'éclaireurs qui se postaient sur la crête de la
dune pour exercer une surveillance active.
Le chameau, animal désertique par excel-
lence, reste facilement quatre à cinq jours sans
boire, mais à condition d'absorber 60 litres
d'eau au puits avant le départ.
Les chameaux de la mission Augerias, en
Sahara occidental; ont pu rester quinze jours
sans boire. C'est une très rare exception.
Cinéma Colonial
En Algérie
M. Carmine Gallone doit prochainement
réaliser, en Algérie, les extérieurs d'un film
que produira la Sofar, avec M. André Nox,
Mlles Gina Manès et I.iane Haid comme
principaux interprètes.
A L'ACADÉMIE DES SCIENCES
•+«
M. Maurice Roy a présente à l'Académie
des ouvrages intitulés : Sur l'aérodynamique
des ailes sustentatrices et des hélices et Cen-
trage, stabilité et maniabilité des avions dans
le vol longitudinal. --.
LA TEMPÊTE
1t1
Au large do Cherbourg, plusieurs navires
ont eu à souffrir du mauvais temps et ont
drt, fuyant devant la tempfito, se réfugier
dans l'avant-port. On signale notamment
que lo vapeur Ville-de-Dunkerque, allant
do Dunkerque i Oran, a subi des ava-
ries et perdu une partie de sa « pontée ».
Deux de ses embarcations ont été bri-
sées. Tout ayant été bouleversé à bord, les
hommes ont été contraints, pendant de lon-
gues heures, à un jeûne presque total.
L'aviation et les colonies
La question des communications aériennes de
la France avec ses colonies est d'.une extrême
importance.
S'agissant d' ailes (ou de T.S.F., ainsi que
nous le verrons plus tard), il s' agit pour la
France de liberté et de sécurité.
Un aviateur militaire, faisant un exercice
d' entraînement au-dessus des champs et des
bois, peut penser avec un légitime orgueil :
« Cette terre est sous ma garde. » Car, si quel-
que chef d'Etat en folie déclenchait une nou-
velle guerre, il ne fait de doute pour personne
qu' elle serait essentiellement aérienne.
Et les pilotes de nos avions commerciaux
peuvent, également à bon droit, se considérer
en quelque sorte comme des gardiens du sol
national.
De plus en plus, en effet, un pays vaut ce
que vaut sa puissance économique.
Or, dix années ne s'écouleront pas avant que
chaque pays ne mesure celle-ci au nombre, à
U capacité de transport et à la sûreté de ses
appareils volants.
Que l'on consulte là-dessus les Coste et les
Le Brix, les Brocard, les Pelletier-d'Oisy, les
Reine et les Serre, et tant d' autres !. Tous
diront que, depuis les premiers vois des frères
Wright et de Santos-Dumont, l' aviation a pro-
gressé par étapes géantes ; que ses progrès ne
sont encore rien à côté de ceux que l'on entre-
voit et qui se réaliseront peut-être à très bref
délai ; que la locomotion de l' avenir sera, à
coup sûr, aérienne, en raison des incomparables
avantages qu'elle offre et dont les plus évi-
dents sont l'extrême rapidité et la suppression
des obstacles naturels, océans compris.
Bref, à dire d' experts, nos enfants, nos des-
cendants immédiats prendront l'avion aussi faci-
lement, aussi naturellement qu'ils prennent au-
jourd'hui leur bicyclette, leur cinq-chevaux ou
f autobus.
il faut maintenant se demander si notre indus-
trie aéronautique sera inférieure, égale ou supé-
rieure à cette de l'étranger
Nous nous garderons d'autant mieux de
l'aveugle vanité du chauvinisme que, pour le
moment, notre matériel est « globalement » de
qualité moindre que celui de certains pays.
Mais, par quelques côtés, il est très loin de
la médiocrité, puisque l'étranger, et l'Allema-
gne elle-même, nous empruntent de nos mo-
teurs.
En réalité, nous pêchons uniquement par le
manque d'organisation, vice auquel le Minis-
tère de l'Air, de création récente, peut heu-
reusement et doit remédier. Nos ingénieurs, nos
constructeurs et nos ouvriers seraient-ils, par
hasard, incapables de faire pour l'aéroplane
ce qu'ils ont fait pour l'industrie automobile
française, qu'aucune autre, dans le monde, ne
dépasse ? La réponse va de soi.
Mais la France a un motif tout spéciale-
ment impérieux d'avancer plus vite et mieux
que quiconque dans la voie du progrès aéronau-
tique : elle a un vaste, un splendide domaine
colonial à couvrir de routes aériennes, à abriter
sous des multitudes d'ailes.
Un distingué rédacteur de ce journal, M. de
Laromiguière, écrivait ici même, après la fu-
neste disparition de Nungesser et de Coli, que
nous n' avions pas le droit de sacrifier des pilotes
et des appareils par pur orgueil national, si
légitime fût-il ; que tous les raids devraient
se faire exclusivement en direction d'une de nos
colonies et par les trajets les plus prudents, et
que nos possessions lointaines étaient des buts,
voire des champs d' entraînement tout désignés.
C'étaient là de claires vérités.
Où en est donc notre aviation coloniale,
qu a-t-ette réalisé depuis sa création, quel est
son programme ?
Autant interroger le destin de notre aviation,
tout court.
Elle doit, en effet, être en majeure partie
coloniale. Si notre industrie aéronautique ne
dirigeait pas son expansion vers nos terres d' ou-
tre-mer, c'est qu'elle manquerait du plus élé-
mentaire bon sens : ce qu'on ne saurait croire.
Pour l'instant, la nomenclature des diverses
utilisations de l'avion colonial montrera suffi-
samment quelle carrière les colonies ouvrent à
nos constructeurs.
L'avion colonial peut être militaire, sanitaire,
postal. Il peut servir, la photographie aidant, à
la confection de cadastres dont le besoin, en
bien des endroits, se fait sentir.
Il peut « reconnaître » des régions encore
quasi-inexplorées.
11 peut, tout de suite, transporter des voya.
geurs pressés et, demain, devenir un engin ba-
nal de tourisme et de transport commercial.
il peut, au point de vue de la pêche, con-
tribuer aux études maritimes pratiquées sur les
côtes exotiques.
Et il peut, de plus, être lui-même l' objet
d'un commerce de grande envergure.
Par exemple, il ne tient qu'à nous de créer
en Indochine un marché d'aéroplanes. Un jour
viendra sans tarder où tout 1 Extrême-Orient
constituera, pour ce merveilleux engin de loco-
motion, une énorme clientèle. D'autres que
nous en seront les rournisseurs, si nous n' y pre-
nons garde. Les Anglais, les Américains et sur-
tout les Allemands ont r œil fixé sur le monde
asiatique qu anime de plus en plus l'esprit mo-
derne. Et, déjà, malgré nos relations de bon
voisinage avec le Siam, nous sommes devancés
en ce pays par l'industrie allemande.
Il n'est pas cependant trop tard pour agir.
Notre premier programme d aviation coloniale
ne date que de 1919.
Si, depuis cette époque, nous n'avons pas
créé une flotte aérienne digne de nos colonises,
c'est d' abord qu'on n'improvise pas des aéro-
dromes avec leurs hangars et leur outillage, ni
le jalonnement des trajets, ni des postes météo-
rologiques, c'est aussi il faut toujours en
revenir là que l'état des finances publiques
ne l'a pas permis. Nous ne sommes pas toute-
fois restés inactifs.
Nous venons prochainement comment a dé-
buté notre aviation coloniale.
Anmrë MeeMaeS
A TANGER
.♦«
Voici quelques renseignements complémentai-
res sur l'accord douanier de Trunger, dont nous
avons annoncé la conclusion :
Les douanes tang^roises étant autorisées, con-
formément. ù la convention de Paris du 1K dé-
cembre 1^23, à ne percevoir les droits et luxes
(pie sur îles marchandises destinées ù la con-
sommation exclusive de la zone international'',
l'ancien accord douanier. ixi-s-sé le 26 iuiilet
l'.U'O et récemment dénoncé-. avait fixé forfailai-
rement à 2i> 0/0 la nivportion des recettes ui«i
devait, faire ristourne à la zone espagnole .sur
la totalité des recettes perdues par les douanes
de Tanger.
Le nouvel accord est entre en vigueur le 10
courant et prévoit que désormais les taxes se-
ont pereues; par chacune des zones correspon-
dant. aux quantités de marchandises réellement
consommées, quel que soit le port par leqin !
les marchandises seront introduites. Les postes
fie surveillance douanière communs aux deux
zones et dont le fonctionnement sera assuré
par des fonetionnaiii s des deux zones permet-
tront le contrôle des « changes. La taxe spéc iale,
de 2,5 est provisoirement réservée. Elle sera
probablement soumise à l'arbitrage.
Ce règlement paraît avoir donné satisfaelinr».
et l'on déclare à Tanger que !'Espagne s'est
montrée fort gén<'reu-e et raisonnable.
M. Huch Curncy, consul général d'Angleterre
à Tanger, a été promu ministre plénipotentiaire
à Tancer.
Les théiers en Indochine
Les jardins de porte-graine
La culture du théier se développe do plus
en plus en Indochine. Les meilleures racc
convenant au climat et au sol, sont celles
d'Assam et de Manipur, que l'on cultive aux
Indes, à Ceylan, à Java, et celles de « Shan )1
exploitées au Yun-Xau, au Laos et Haut-
Tonkin. Il y a aussi celles qui proviennent
des races locales du Moyen Tonkin et du
Noid-Annam.
Les premières ont le défaut d'être d'un
prix assez élevé. Les secondes, bien que vi-
goureuses sont encore très médiocres.
.Ont ti è ,.
Pour venir en aide aux planteurs, dont les
efforts sont très remarquahles, on envisage la
création de jardins de porte-graine, qui four-
niraient des semences dignes du travail des
colons.
L'établissement de ces jardins, les soins a
donner à la niante ont fait récemment l'ob-
jet d'une étude très serrée et très complète
(Bulletin Economique de l'Indochine) de M.
R. du Pasquier, l'éminent chef de la Station
de Phou-Ho. -- - ,
Le Moyen-Tonkin serait très propice a 1.1
floraison des théiers porté-graine en raison de
la sécheresse des automnes et des hivers de
1a région.
L'humidité et le brouillard ne valent rien
au développement du théier. La montagne
pourrait leur convenir et d'autant mieux, si
les jardins sont exposés sur des versants mé-
ridionaux et de faibles pentes.
Mais les meilleures conditions de germi-
nation et de végétation sont offertes par le
sol des forêts fraîchement defrichees, les ter-
res franches ou modérément argileuses.
A noter, que « le rendement d'un jardin a
graines dépend beaucoup plus de la qualité
que de la quantité des graines qu il pro-
duit » î la sélection s'impose donc.
Seuls les suiets capables de donner une
bonne race culturale. doivent être conserves.
L
La Cdchinchine. élargit ses débauchés
Un nouveau débouché vient de s'ouvrir aux
riz de Coihincliine.
Depuis le début de cette année, la Com-
pagnie néerlandaise de Navigation ( Ko-
ninkliie Paketwaart Maatschappij » a com-
mence l'importation des riz cochincliinois a
Medan, la capitale de Sumatra, située au
centre des grandes plantations de tabac, de
caoutchouc et de palmier i' huile de la cote
orientale de l'île.
Du icr janvier au 8 juin. 5.300 tonnes de
riz ont été embarquées à Saigon à destina-
tion de Belawan Deli, le grand port de Su-
matra, à 22 kilomètres de Medan.
D'autres marchés ont été passés et plus de
5.800 tonnes ont été embarquées ou le se-
ront à la fin de l'année pour la même des-
tination, ce qui donnera un total de plus de
11.000 tonnes pour l'année entière.
En 1927, les importations de Sumatra en
riz ont atteint le chiffre de 213.000 tonnes
dont 140.000 provenaient de - Birmanie et
73.000 du Siam. Les exportateurs saïgonnais
ont donc là un marché nouveau plein d'in-
térêt qui mérite de retenir toute leur atten-
tion.
L'Aviation Coloniale
Marseille-Alger
Le radiotélégraphiste Girard, qui avnit
été blessé au cours do l'accident survenu le
15 novembre à l'hydravion du service Mar-
seille-Alger, que nous avons relruté, a suc-
combé, hier matin. à Los Palmas, des sui-
tes de ses blessures.
Pour la maison de la Chimie
-
Parmi les dons souscrits on dernier lion
pour la Maison do la Chimie et <111 i dépas-
sent un million, celui du Comité du Maroc:
Office Chf.rHle1\ des Phosphates, est dn
100.000 francs.
Le total actuel de la souscription atteint
23 millions.
Les dons sonl reçus dans toutes les cais-
ses du r.sor et les succursales do la Han-
nue de France.
Les peintres coloniaux
----".-'-----
Du 211 novembre, au décembre dans la
Galerie d'Orléans, au Palais Royal, M. René
Farjou, de la Société Coloniale des Artistes
Français, exposera des aquarelles et des pas
tels du Sénégal et de la Guinée française.
HRKRN2'PAGR:
Discours de M. Carde au Conseil de gou-
vernement de l'A. O. F,
A la Chambre.
- Au Sénat,
Notes prises en Tunisie
Par MIRANF.-MARCFXI E DEFFINS.
LA KHROUMIRIE JOYAU
DE L'AFRIQUE DU NORD
Le train, qui m'emporte vcis Tabarka, a
mode-te allure. Il n'aura pas tiop de toute
sa matinée pour couvrir les quelque 170
kilomètres qui séparent Tunis de Tabarka.
Kt encore, aurons-nous gagne: une bonne
heure de retard quand nous toucherons au
but.
Pourquoi m'en plaindrai-je ?
Je ne suis nullement pressée aujourd'hui.
C'est dimanche.
*
m *
Toutes vitres ouvertes, je laisse mes re-
gards llàner au pas du train à travers le
paysage, comme deux chiens roux qui
accompagneraient leur maître dans une pro-
menade champêtre.
•%
Le Bardo. La Manouba.
Aux jardins clos d'épaisses haies de cac-
tïH succèdent les cultures soigneusement en-
tretenues.
Sous un ciel voilé, les plaines agréables
et fertiles de Iatcur, presque totalement
colonisées, les pentes verdoyantes, les val-
lonnements rythmés, s'égrènent comme un
chapelet, aux doigts lents d'une pieuse
femme.
Dans le lointain, de.; collines noires et
bleues ceinturent une immense plaine.
Le rail file entre les montagnes, les esca-
lade, creuse leur flanc par moment. Et, jus-
qu'à Tabarka ce sera le ravissant spectacle
d'énormes massifs de dunes jaunes ou ver-
dnyantc", une succession harmonieuse de
sommets altiers aux 'ignC'j élancées, de
liane s à la courbe gracieuse où croît adora-
blenicnt une végétation fraie lie comme un
pie d'Ecosse. Des montagnes et des mon-
tannes.
t' n remblai monstrueux et rougeàtre suit
la ligne, passé la petite gare de Scdjénane.
Au faite, veille une sentinelle en armes.
L'exploitation des mines de fer, de zinc et
(h plomb de Sidi Driss est là. Les mines
de fer de Douaria plus loin; ('O,O(¡f) tonnes
de minerais sont ici évacuées par an.
L'oued Malah franchi, Tabarka est pro-
( lie.
Nous y arrivons.
U y a sept heuies que nous sommes partis.
* *
Tabarka. Mon directeur, M. Marcel Rue-
dcl, voilà une trentaine d'années, éciivait :
., Enfin, voici le joli et gracieux village de
Tabarka qui évoque les souvenirs de l'occu-
pation romaine, de la main-mise espagnole,
de la possession du Génois Lomellini et de
la conquête bevlicale, qui se profile légère-
ment avec son rocher entre le ciel et l'eau.
La ville elle-même n'est pas de grande
importance et la campagna qui l'environne
n'est rien.
(< Les Français de Tabarka se livrent au
petit commerce. Ils vendent aux Siciliens
qui viennent pécher la sardine et l'allache
les rares produits qu'ils demandent aux ha-
bitants du pays. Il y en a de tous les mé-
tiers. »
Taharka n'a guère changé. Pour les habi-
tant-; de ce pays charmant, c'est toujours
et tous les jours - dimanche.
Mon hôtelier, taillé en athlète, gios,
grand, gras, sans-souci, qui compte sur sa
femme pour tout ce qui n'est pas de rester
as-is, me mène nonchalamment à la salle ;\
manger noire, silencieuse et glaciale ma!-
grl l'honora ble, ascension du thermomètre.
Ma table est déjà copieusement servie
de. mouches.
A part cela la physionomie de mon hôte
est cordiale, claire, française.
La cuisine aussi.
«
* *
La mer bleue, plus bleue que je ne l ai
jamais vue ailleurs) reflète l'île de Tabarka
violette et rose.
Elle a l'air, vue de la rive, d'un < châ-
teau n tel que les enfants, au temps des
vacances, s'amusent à en édifier sur les
plages et que le llux émerge.
Celui-là a dû être construit par des fils
de géants.
Les vestiges d'un antique château Génois
d'ailh'urs subsistent au sommet.
J'ai envie de voir l'île de près.
Un pécheur italien me passe dans sa bar-
que, d'un bord à l'autre, 400 mètres à
peine; sur cette eau douce. Nous glissons
entre deux azurs.
Le lointain : eau, ciel, montagnes,
épouse l'air dans une harmonie mauve et
bleue que la paix habite avec délectation.
A l'abordage, l'île apparaît comme une
terre déserte et rocheuse entièrement dé-
nudée. Et elle n'est que cela, en vérité.
Quelques ruines tombées elles-mêmes en
ruines, une ombre dévastée de château sub-
sistent tout au sommet.
Je me demande par quel mirage cet écrou-
lement de débris, peut encore avoir l'aspect
d'un château vu de la terre d'en face.
Un phare moderne, met sa lumière dans
ce vieux nid de chouettes où les chouettes
elles-mêmes ne seraient pas à l'abri de la
phil',
Nous regagnons l'autre rivage.
La nuit est proche. Mais le crépuscule ne
déplace ni les couleurs, ni les lignes a len-
tour. la nuit, elle tombera tout à l'heure,
comme une pierre.
L air est immobile. LI'" chaînes monta-
gneuses qui vêtent l'horizon ont des teintes
de pastel. On croirait que le ciel on longues
coulées, s'est fige sur la terre pour :'( mirer
de plus près dans l'eau.
ï.a-bas, un scintillement de neige ou
d'argent, couronne un pic.
T a ville, couchée sur le sable, somnole à
l'abri de l'écran que dessinent les hauteurs
environnantes.
La capitainerie du port minuscule
semble un jouet pour arbre de NToel.
Rien ne bouge, non plus, a l'entour de
l'importante Société d'Àrmstrong Cort de
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