Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-11-10
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 novembre 1928 10 novembre 1928
Description : 1928/11/10 (A29,N167). 1928/11/10 (A29,N167).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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LE NUftflBRO : 90 CMNTIMK8
SAMEDI SOIR, 10 NOVEMBRE IUM
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Btiêftion & Administration ?
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Les Annales Coloniales
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LES BONNES INTENTIONS
c-- - 1
Noua avons un nouveau décrit sur les caDCeI-
jiomjcfe Jmiiiii JMwa en Indochine.
Les deux dispositions essentielles de cette
nouvelle réglementation sont celles qui visent
le principe de l'adjudication aux enchères obli-
gatoires pour l'octroi des concessions et celui
de la non-négociabilité des titres des Sociétés
concessionnaires pendant les deux premières an-
nées de leur constitution.
Ces dispositions répondent à de très louables
intentions. Trop souvent, dans le passé, ( les
concessions, en Indochine comme dans d'au-
tres colonies moins lointaines, ont été accor-
dées, au hasard des circonstances et des affai-
tel, sans contrôle et sans garanties. Trop sou-
vent, dans le passé, des sociétés, constituées
officiellement pour I exploitation de ces conces-
sions, n' ont servi de champ qu'aux aventuriers
de la Bourse des valeurs exploitant les « go-
gos » de la métropole. Un tel régime risquait
de compromettre la confiance du public dans
les entreprises coloniales et de porter un coup
tuneste au développement économique de nos
colonies les plus riches. Très justement,
M. Poincaré, président du Conseil, disait, au
mois de mars 1927, aux applaudissements de la
Chambre des Députés tout entière :
« il faut qu'aucune concession ne puisse
être désormais accordée sans qu' y soit joint
un cahier des charges dans lequel seront prises
des précautions à la fois contre la mise en ac-
tions trop rapide des sociétés formées et, dau-
tre part, dans l'intérêt des populations indigè.
nes et dans l'intérêt même de la prospérité des
colonies. »
C'est pour répondre à ces légitimes préoccu-
pations que le décret nouveau décide que, dans
tous les cas, la concession est donnée par voie
d'adjudication publique aux enchères. U#ne ré-
serve est bien faite, pour un cas très particulier,
et l'exception n'est là que pour confirmer la
règle, qui devient ainsi l' aboutissement de la
plus profonde évolution législative. Jusqu en
1927, la concession par la voie du marché de
gré à gré, en Indochine, était la règle. Le
décret du 5 juillet 1927, lui-même, qui régle-
mentait provisoirement la matière « jusqu'à
promulgation de la réglementation définitive Il.
ae faisait aucune allusion à l'obligation de l'ad-
judication publique aux enchères : les conces-
sions rurales portant sur une étendue supérieure
à 2.000 hectares étaient accordées, en vertu de
décrets rendus sur le rapport du ministre des
Colonies suivant des conditions stipulées dans
m cahier des charges.
Le projet de décret qui fut rendu public au
mois de mai 1928 et soumis, pour étude, aux
CIIIp8 élus de F Indochine établissait le in-
cipe de l'adjudication. Son article 11 décidait:
m La concession a lieu, en principe, par voie
d'adjudication publique ». Mais ce décret pre-
nait la précaution de stipuler : « Par déro-
gation aux dispositions qui précèdent, des
concessions pourront être accordées de gré à
gré par les chefs d'administration locale en
Conseil, après avis de - la - Commission de co l o-
nisation ou du Conseil Colonial de Cochin-
chine, jusqu'à concurrence de 1.000 hectares,
dans le cas où il s'agit a eqirepri, présen-
tant un intérêt spécial, créées notamment à l'ins-
tigation des chefs d'administration locale pour
servir d'expérience et, en cas de succès, d'exem-
ple. Dans des conditions analogues, les conces-
sions de gré à qré d'étendue supérieure pour-
ront être accordées. Le cahier des charges,
soumis à l' examen obligatoire de la Commission
de colonisation ou. en Cochinchine, du Conseil
Colonial, devra constater le caractère excep-
tionnel de 1. entreprise, fixer le prix de vente,
comporter en principe les clauses et obligations
résultant du présent décret, auquel il se réfé-
rera, ainsi que les clauses spéciales à régir
le cas d'insuccès total ou partiel des essais. »
Ainsi, on prenait de sérieuses précautions
contre l'arbitraire et les abus mais on maintenait
le principe du marché de gré à gré pour cer-
tains cas où il paraissait indispensable.
Les corps élus d'Indochine, à qui ces textes
étaient soumis, revenaient, purement et simple-
ment, au système ancien, en supprimant de son
projet toutes les dispositions relatives aux mo-
dalités de l'octroi de concession.
Mais le texte définitif revient en l'aggravant
sur le principe du projet de mai dernier. L'ad-
judication publique aux enchères devient la règke
sans aucune exception possible autre que celle
que j'ai indiquée.
Je ne crains point d athrmer ici que je re-
grette cette rigueur et que j' eusse préféré le
système tîu premier projet ministériel et, au
besoin, celui des corps élus qui laissait au
cahier des charges, dans chaque cas, le soin
d'indiquer la modalité de l'octroi de conces-
sion. Je sais bien que cette attitude surprendra
certains qui se demanderont, avec un sourire
d'ironie, comment le socialiste que je suis peut
f adopter ssans se mettre en contradiction
avec ses principes doctrinaux. Je réponds que
ce n'est pas malgré mais à cause de mon socia-
Usme que j'ose affirmer une telle opinion.
La doctrine de l'adjudication publique aux
enchères, c'est la doctrine petit-bourgeoise de la
libre concurrence. Elle se justifie pleinement
partout et chaque fois où cette libre concur-
tence peut jouer normalement. Avec raison,
elle a été appliquée successivement en France
aux marchés passés par l'Etat, par les départe-
ments et par les communes. Mais lorsque la
libre concurrence ne peut pas jouer librement -
et l'on sait que le développement du capita-
line, par son développement même, en multi-
plie les cas le régime de l'adjudication de-
vient - ou une duperie ou une entrave.
Et, en matière de concession coloniale, le
dilemme se pose plus nettement encore qu'en
toute autre.
C'est une duperie si l'administratim, direc-
tement ou indirectement, couvre du voile de
Il. Il. a"
\AI; ,¡. t - le
, ffc. C'est une entrave dans le car cuuMmil. Et
je crains fort que ce denier d» mit, hélas I II
cas ordàaire.
Dès qu'un projet de concession est assez
important pour exiger de gros capitaux - et
dans une colonie comme l'ladodüne, le cas
se présentera fréquemment si l'on veut assurer
la mise en valeur du pays par les méthodes les
plus modernes le régime de l'adjudication
risque de créer les plus graves difficultés.
Le demandeur d'une grande concession pour
l'exploitation, suivant les méthodes modemes.
qui ont fait leurs preuves en Amérique, en
Indo-Malaisie et ailleurs, de la culture du
caoutchouc, du café, du tabac, du quinquina,
ne disposera pas penonnellemeut: dans la géné-
ralité des cas, des capitaux nécessaires, s'élevant
souvent à 20, 30 ou 50 millions. Avant donc
de faire sa demande, s'il est sérieux, il devra se
préoccuper de s'assurer le concours de capitalis-
tes qui s'engageront à lui apporter les capitaux
nécessaires. Mais ceux-ci ne s'engageront que
sur des données fermes d'après un prix
d'achat, des conditions de rendement connues
ou mesurables à l'avance. C'est le rapport, cal-
culé à l'avance, des capitaux demandés et des
financiers escomptés qui les décidera.
Mais si leurs calculs doivent être entièrement
remis en question par une adjudication publique
qui modifiera toutes les conditions financières et
économiques de l' entreprise, ils se réserveront
et. le demandeur de concession renoncera à
ses projets.
Le système du mêtché de gré à gré où l'Ad-
ministration défend librement avec le deman-
deur en concession les droits et les intérêts de
la colonie et de la collectivité me paraît très
supérieur lorsqu'il est appliqué par des gens qui
osent prendre leurs responsabilités sans se faire
de leur rôle une conception étriquée ou. mal-
saine.
C'est pourquoi je souhaiterais que le régime,
excellent dans tous les cas où il s'agit de lotis-
sements, de petites concessions, de l'adjudica-
tion publique cédât la place à celui du marché
de gré à gré lorsque les circonstances économi-
ques ou financières le commandent.
Il ne suffit pas d'avoir de bonnes intentions,
il faut parfois regarder les réalités qu'elles doi-
vent recouvrir.
Bllenne AnloMCfflj
v Député de la liante-Savoie. Map-
porteur du budget de l'Alaéue, des
Colonies et des protectofah.
Lt Aviation Coloniale
France-Madagascar
Voici des lousuiguuinoiila complémcn.
taires sur l'ulld'tl"issugc 1111'00 du Général-
Laperrine au Congo liclgo :
Le terrain avait été détrempé par une
tornade et, quand l'avion prit contact avec
le sol, à Luiuabourg, la roue gauche s'étant
enlisée, détermina une détérioration assez
sérieuse au fuselage.
L'équipage est indemne, mais l'avion, ne
paraissant pas réparable sur place, le
voyage se trouve ainsi interrompu.
Les résultats partiels obtenus sont néan-
moins fort beaux.
En sept jours, l'équipage Marie-Boulniei-
Desmeaux a réalisé, par le Sahara et le
l'chad, la liaison Europe-Congo belge, effec-
tuant régulièrement une étupe quotidienne.
Reine et Serre
Les aviateurs Heine et Serre qui vien-
nent d'être fèlés à l'institut Colonial, sous
la présidence de M. Laurcnt-Eynuc, assis-
teront demain, à 10 h. 45“ au Xe anniver-
saire de l'Armistice qui sera célébré à
l'église Saint-Bach pour rendre hommage
aux Coloniaux morts pour ta France.
Cette cérémonie a été organisée par
divers groupements coloniaux avec le
concours du Comité National de la Semaine
Coloniale et du Comité des Fêtes du 1er ar-
rondissement avec la présidence de M. le
Ministre de la Guerre, do M. le Maréchal
Lyautey, de M. le Général Gouraud.
Lyautey, splendide programme artistique où
Un
se feront entendre Mme Laute-Brun, de
l'Opéra, M. Payen de l'Opéra-Comique,
M. Darieux, violon-solo de l'Opéra-Comi-
que, M. Cœur, harpe-solo de l'Opéra, don-
nera à cette cérémonie tout le cachet dont
elle se réclame.
Aviation et Automobilisme
Le coureur automobiliste anglais Mal-
colm Campbell, poursuivant son voyage en
avionnette vers le Sahara, a couvert, le
8 novembre, une nouvelle étape en Espa-
gne. Parti à 6 h. 30 de l'aérodrome d'Ali-
cante avec le capitaine Jones, l'appareil
atterrissait à 11 h. 45 à Malaga. Ils sont
partis de ce port le soir môme pour atter-
rir à Oran hier à 16 h. 30.
-–
LA CRISE
M. Raymond Poincaré, Président du Con-
seil démissionnaire, est chargé de former le
nouveau ministère.
A l'heure où nous mettons sous presse,
ses démarches se poursuivent. Au cas où
elles n'aboutiraient pas, M. Aristide Briand
assumerait la mission de constituer le gou-
vernement.
Cinéim^Colonial
Au GoDgo belge
Au Studio Gaumont, M. Thiébaut procède
à la mise en scène des ntérieurs d'un fil.
de propagande qu'interprètent Mlle Mallod,
Mlle Régine Saint-Pol et M. Bertoux. tes
extérieurs de ce film ont été tournés au Con-
go belge; ils nous montrent la culture du
cotait et la mtee - valeur de iiritipelw ri-
cinses du Goago.
LA QUEStiON DES SONS
'II.
Il y a une question des SftlIs.
Elle est loin a être simplet lUI a
de nombtm* ësékétr, NstMcorifrè-
re, Paul Al/ard, nous montre quelques uns
des dangers qu'il y a à les laisser accourir
en France au petit bonheur, si j'ose rtiex-
frimer de cette façon métaphorique et
inexacte, et demande pourquoi on les ac-
cueille sans autres renseignements que ceux
qu'ils veulent bien nous fournir : c Aucune
enquête. Aucune précaution. Aussi le ma-
riage d'une Française avec un Sidi est lé
plus souvent un véritable concubinage léga-
lisé, aggravé (l'une bigamie dont vous soup-
çonnes les conséquences. » Prenez cela au
sérieux, et ne murmures pas que les consé-
quences sont nécessairement comme dit le
poète : Oh 1 rien qu'un enfant, Madame 1
Oh 1 rien qu'un enfant ou deux 1 Il faudrait
être un de ces fanatiques aveugles du lapi-
nisme pour s'en réjouir ; il se pourrait bien
qu'il n y eût pas de quoi, à tous les points
de vue.
Mais enfin les voilà en France. Ils sont
venus chercher du travail, ils en ont trouve ;
ils sont les camarades de nos ouvriers des
campagnes et des villes. Comment voulez-
vous que les Sidis choisissent leurs relations1
D'autres les choisissent pour eux. Nos amis
de « Paris Phare » avaient annoncé l'idée
excellente de leur ouvrir toutes grandes
leurs permanences. Pourquoi? Afin que les
Sidis cessent de n'être nulle part chez eux
ailleurs que chez les communistes, et afin
qu'on en finisse avec ce préjugé imbécile que
les Sidis n'appartiennent pas à la grande fll-
mille française. Du moment qu'ils sont ve-
nus y réclamer leur place et qu'on. la leur a
faite, il est absurde, il est « criminel 9 de
les obliger à se réfugier chez ceux-là même
qp; délibérément se situent hors de la fa-
mille.
a Qui ne sait, déclaraient nos amis, que
les Sidis que nous envoie notre Afrique du
Nord constituent le plus bel espoir des mos-
coutaires' Des fonds énormes sont dépensés
pour les attirer dans les camps de chambar-
dement. On publie des journaux en arabe ;
on les acclame dans les meetings ; on les
- flatte, - on les encense j - - on - les -- dupe. »
Les arracher aux camps de chambarde-
ment, les armer intellectuellement et morale-
ment pour qu'ils ne se laissent plus piper
aux flatteries ni griser par des théories aux-
quelles ils n'entendent goutte ni abuser par
des promesses qu'ils prennent pour argent
comptant ni détériorer par des appels à tous
les mauvais instincts, c'est le devoir d* le
mère patrie. Il y a au Ministère de flnté.
rieur un directeur des affaires Algériennes;
je le connais, je le connais bien ; il est
homme à comprendre admirablement ce de-
voir et à ne rien épargner de ses efforts
pour l'accomplir. Mais la besogne est vaste.
Les initiatives privées doivent s'y employer
activement.
Nos amis de « Paris Phare a se propo-
saient de leur offrir salles de travail et li-
vres. Oh 1 pas Zarathoustra, qui a bien
parlé mais pas la langue qu'il faut parler
aux Sidis. Il ne s'agit pas de « leur débiter
la philosophie nietzehéenne ou l'évangile se-
lon Saint Karl Marx J, il s'agit de leur
apprendre ce qui peut améliorer leur sort et
orner leur esprit, et cela ils le trouveront
dans les ouvrages pratiques, à la fois at-
trayants et sérieux, qui leur permettent de
s'instruire, d'être égat4x à leur profession,
puis supérieurs à leur métier.
« Crovez-vous, demandaient nos amis,
que la même méthode appliquée non seule-
ment oux ouvriers français, mais aux ou-
vriers arabes, malgaches, annamites ne don-
nerait pas les meilleurs résultats ? On arra-
cherait ainsi l'élite ouvrière à l'influence
communiste, en assurant du même coup la
prospérité de notre empire colonial. »
C'est que, pour une nation qui ne peut pas
exporter dans les colonies ses ouvriers spé-
cialistes, il n'y a pas d'autre procédé que
de former dans la métropole des ouvriers
spécialistes venus d'outre-mer et qui re-
viennent dans leur pays, ayant beaucoup
vu, beaucoup appris, beaucoup retenu.
Quand je vous disais que la question des
Sidis avait de nombreux aspects 1 En voici
un, pour finir, dont nul ne s'avisera de con.
tester Vimportance.
Merle ll«w**nn.
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Wc-rffisiftflnt rte la rnmmfu10ft
ténaloriaJe des Colonies.
,
Au commissariat
de l'Exposition de 1931
Le maréchal Lyautey, Commissaire général
de l'Exposition Coloniale Internationale, vient
de désigner comme chef de son Cabinet M. Ro-
ger Homo, qui exerçait jusqu'à présent les
fonctions de chef du Secrétariat particulier.
M. Homo est en outre chargé du Service de la
Presse.,
M. Gérard de Launay, ancien attaché au
Cabinet civil du maréchal au Maroc, est
nommé chef-adjoint.
La propagande et la publicité ressortissent
aux attributions du secrétaire général, M. le
Gouverneur Cayla, Commissaire général adjoint.
41»
M. Alexandre Varenne
va défendre le Garde républicain
.,.
Le garde républicain Cazet, inculpé à la
autte de la bagarre qui s'est produite à
Pons lors de lnauguration du monument
Combes, a chargé de sa défense M. Alexan-
dre Varenne, avocat à la Cour de Paris,
ancien gouverneur général de l'lnlft.
et député du Puy-de-DOme.
L'ioaognralioD de la ligne
Casablanca-Marrakech
, J JI.. -
Jeudi dernier a eu lieu une excursion en
montagne, organisée par la Compagnie des
chemins de fer du Maroc. M. Steeg et toutes
les personnalités ayant assisté à rinaugura-
tion de la voie normale y ont participé.
Le but de la promenade était Tichka,
dans le Grand-Atlu, sur la route de Te-
louet, à 2.000 mètres d'altitude.
Par un temps splendide, les assistants ont
pu faire, au cours du voyage aller, une su-
perbe promenade en pleine montagne, dans
un décor de neige féerique.
Dès 6 h. 30, une caravane de plus de 40
voitures emportait au cœur de l'Atlas plu-
sieurs invités. Après 30 kilomètres, El-Tleta-
Aït-Ourir fut atteint par une route en pleine
montagne. Sur tout le parcours, plus de dix
mille guerriers et femmes se sont massés,
les uns tirant des coups de fusil, les autres
saluant de la main, les femmes poussant le
you-you habituel.
Ces guerriers venaient de tous les points
de l'Atlas. Quelques-uns ont fait plus de
50 kilomètres pour assister à la fête. A par-
tir de Aït-Ourir, la route est splendide. Des
ravins profonds d'un côté ou de l'autre, puis
des à-pic formidables. Par Zerektet-Tadert,
on arriva au col de Tichka, à 2.000 mètres
d'altitude en plein milieu des tribus d'El
Hadj Thami Glaoui. Plus de 20.000 guerriers
étaient rassemblés dans ce cirque admirable.
Tout autour, de la neige. Deux ceqts dan-
seuses vont danser pendant toute cette fête,
dirigées par un maître de ballet qui a vrai-
ment l'air terrible. Les musiciens, assis par
terre, les accompagnent.
Enfin, voici venir de tous côtés, les por-
teurs de plats : le fameux méchoui, les ta-
gines, le couscous. C'est la difa offerte à
M. Steeg et à ses invités par le Seigneur de
l'Atlas, qui, lui-même, surveille chaque plat.
Puis, le thé pris, après quelques mots d'El
Glaoui et de M. Steeg, ce fut le retour sous
la pluie, vers Marrakech.
Les fêtes données pour l'inauguration de
la ligne Casablanca-Marrakech se sont con-
tinuées hier.
Les personnalités invitées par la Compa-
gnie de chemin de fer du Maroc ont visité
les souks et les monuments de la ville et ont
également fait une promenade dans l'Agué-
daï, qui a été favorisée par un temps splen-
dide.
Un grand déjeuner a été donné en leur
honneur par M. Steeg, dans les salons du
palais résidentiel. Les invités ont ensuite as-
sisté à un thé offert par le Pacha Hadj Tha-
mi Glaoui.
Dans la soirée le Résident Général a reçu
les membres de la colonie française en l'hon-
neur desquels une grande fête de nuit a été
organisée dans le palais Babia.
Le Sultan a quitté Marrakech pour Casa-
blanca et a rejoint Rabat aujourd'hui.
Le Résident Général et Mme Steeg sont
rentrés directement à Rabat.
(Par dépche).
4^ -
LE CABLE BREST-CASABLANCA
Le navire poseur de câbles Emile-Baudot
est arrivé à Casablanca en vue d'effectuer les
réparations nécessaires au câble Casablanca-
Bre3t, dont nous avons signalé la rupture. Ce
navire a, durant le cours de sa traversée, effec-
tué de nombreux sondages sur le câble et par-
ticulièrement porté ses efforts en face d'Ain-
Diab, point de contact avec la terre. La remi se
en état du câble sera terminée prochainement.
.060. ---
Et puis, voie i des fleurs,..
4.
L'exposition Uorale de Tunis
L'ouverture officielle de la Grande Exposi-
tion florale, placée sous le haut patronage
de S. A. le Bey, de M. le Ministre Résident
Général et la présidence d'honneur de M. le
Directeur Général de l'Agriculture, du Com-
merce et de la Colonisation, a eu lieu, à
Tunis, le 2 novembre. Elle remporta le plus
charmant des succès auprès des Tunisois et
surtout des Tunisoises.
Un ensemble artistique et harmonieux
s'offrait à la vue des nombreux visiteurs.
Les fleurs savamment encorbeillées ma-
riaient tour à tour la grâce de leurs - corolles
aux reutliages verts, argent, roux et dorés ou
opposaient en contraste délicat, la splendeur
de leur grâce et la richesse de leurs cou-
leurs.
Ce fut le triomphe du goût. Celui aussi de
l'habileté des horticulteurs tunisiens.
Roses, chrysanthèmes, dahlias, célosies
« crête de coq » et autres rivalisaient de
beauté à en faire pâlir d'envie les plus heu-
reux exposants parisiens du cours la Reine.
-–
Accident de mer
1" »
Le cargo Pyrénées, de la Compagnie des
Transports Maritimes en Afrique Occiden-
tale française, voulant quitter le quai Saint-
Louis du port de Nantes où il avait déposé
une cargaison de bananes sans le concours
d'un remorqueur, est allé se jeter sur trois
bateaux à vapeur de la Compagnie des Mes-
sageries de l'Ouest amarrés en couple aux
chantiers de construction de cette Compa-
gnie.
La pression fut si forte qu'un, des bateaux
fut littéralement écrasé entre les deux au-
tres et coula aussitôt par sept mètres de
fond. Un second vapeur, faisant eau par une
large déchirure, fut remorqué à Trentcl-
moult où on l'échoua. Le troisième put être
mis tout de suite en cale sèche.
Les ouvriers qui travaillaient à bord du
vapeur coulé avaient pu regagner à temps
les chantiers.
- --------
La grève des docken de Bordeaux
.,.
La grève des dockers oontinuo fi sV-tornlre.
Vingt-trois navires sont immohili. Los loneà
courriers Flandre, Cap Padarran et ttudson sont
partis avec du retard et leur fret réduit.. Quatre
navires des lignes régulières ont quitté !e nort
également avec du retnrd sans aucun fret,. Le
Volubilis, coumew: du Maroc, n'a pu décharger
sa cargaison.
Le nombre da* deaktrn travaillant «ncore est
en dtlDllNUOn.
CONTRE LA FIÈVRE JAUNE
.e.
Au cours de sa dernière séance, la Section
de l'Afrique Occidentale de l'Union Coloniale
a entendu un exposé très complet, que lui a
fait le médecin inspecteur général Lasnet, di-
recteur du Service de Santé des Colonies. de
la récente épidémie de fièvre jaune qui a sévi
si gravement au Sénégal.
Après avoir rappelé les (épidémies inv-né-
dentcs et signalé leur caractère périodique. M.
Lasnet a indiqué les mésures d'ordre médical
et sanitaire qui ont été prises et^qui, grfice ù
la rigueur avec laquelle èlles ont été appliquées
ont pu. en peu de temps, débarrasser la Co-
lonie de la maJadie. Il a insisté sur le fait, fort
encourageant pour l'avenir, que depuis le
25 décembre dernier, aucun cas de fièvre jaune
ne s'est déclaré au Sénégal.
Il a également mis la Section au courant des
travaux de laboratoire qui sont actuellement
poursuivis à Paris, Livtrpool, Rio-de-Janeiro.
New-York et Lagos, et qui donnent l'espoir
qu'un vaccin et un serum de la fièvre jaune
seront prochainement trouvés.
Il a à ce propos, montré l'importance cou
sidérable de la Conférence Internationale do
lu fièvre jauno réunie à Dakar sur l'initiative
du Gouverneur Général Carde, et rendu un
hommage mérité à deux médecins morts en
Afrique, victimes de la science, les docteul'
Noguchi et -Stokes, ainsi qu'à ceux de ses col-
laborateurs qui l'ont plus particulièrement aidé
dons sa. tâche, notamment les docteurs Sorel
chef du Service de Santo de Dakar, et Cuza-
iiow. médiviiM'hef de l'hùpitul de Dakar.
Au Conseil Colonial du Sénégal
Au cours de sa dernière session, le Conseil
Colonial du Sénégal a étudié, entr' autres ques-
tions, la création d'un système de prêts d'hon-
neur pour faciliter aux jeunes gens dignes d'in-
térêt l' accès des études d'enseignement supé-
rieur dans la Métropole.
Le conseiller colonial Diouf Mahékor a de-
mandé la création d'écoles rurales à Diakhao
et Tataguine, dans le cercle du Sine-Saloum.
Un secours a été accordé à un pauvre aveu-
gle, père de quatre enfants en bas-âge.
Le Conseil a adopté le vœu de M. Matar-
Diop, tendant à ce que la présentation du livret
militaire saffise comme pièce d'identité lors de
la déclaration de naissance d'un enfant.
E.. A. E. F.
Une mission hydroaéronautique
Chargé officiellement de mission par le
Ministère des Colonies, le lieutenant avia-
teur VVaddington se propose de remonter en
canot automobile les voies navigables de
l'Afrique Equatoriale en direction ouest-est.
A la demande du Ministère du Commerce
et de l'Aéronautique, il se propose d'exami-
ner les possibilités d'aménagement des points
d'atterrissage ou d'amérissage à proximité
ou sur les rives françaises du Congo et de
l'Oubangui, étudiant également pour chacun
de ces points les conditions de ravitaille-
ment les plus - favorables, ainsi que les condi-
tlons météorologiques (vents dominants, fré-
quence des pluies, brumes, etc.), qu'on y
rencontre.
La vedette employée a été construite à
Caudebec-en-Caux et, comme caractéristi-
ques, ressemble aux coques d'hydravions.
Elle est très légère et très résistante; elle
mesuie 7 m. 30 sur 2 m. 20. Elle pèse une
tonne vide et ne cale que 35 centimètres
d'eau. Elle est actionnée par deux moteurs
Citroën B 2, type Croisière noire, avec deux
hélices sous voûte, lui permettant d'attein-
dre neuf nœuds à l'heure.
Transportée jusqu'à Brazzaville, l'Onda-
tra fut mise à l'eau sur le Stanly Pool.
Un service régulier Huvial existe jusqu'à
Bangui. L'accomplissement de ce trajet n'a
donc rien de remarquable sauf qu'en par-
courant 1.S00 kilomètres au milieu d'iles, et
de passages difficiles, les qualités de l'équi-
page, du canot, des moteurs ont été prou-
vées.
Au delà de Bangui, où seules les pirogues
indigènes utilisent le ileuve, coupé par de
nombreux rapides, la tâche des voyageurs
sera beaucoup plus ardue. S'ils réussissent à
atteindre l'Ouellé, ils auront prouvé la pos-
sibilité de prolonger une voie commerciale
d'un grand intérêt.
Le lieutenant Waddington a obtenu des
Belges et des Anglais l'assurance de l'appui
le plus complet pour la traversée de leurs
territoires. Il est donc possible qu'il tente,
si les conditions climatériqucs se montrent
favorables, de remonter l'Ouellé aussi loin
que possible.
En raison des qualités d'allant et de téna-
cité du commandant de cette reconnaissance,
comme il est secondé par un mécanicien spé-
cialiste, Alexandre Gast, on peut envisager
la possibilité de voir le. lieutenant Wad-
dington mener son bateau encore plus loin
en direction de Madagascar, par Mombassa.
AU CONSEIL D'ÉTAT
l' 1
Requête d'un surveillant des Colonies
pénitentiaires
Le Conse 11 considérant
Que PartieU ï de la loi du 3o déci-m.
bre 11)13 autoriïîi-, jusqu'à concurrence de
.',ou francs, le cumul des pensions militai-
res avec le traitement attaché aux emplois
civils rétribués soit par l'Etat, soit par les
départements, colonies ou pays de protecto-
rat, commune ou établissements publics;
M. Petit est fondé à soutenir que c'est
à tort que le bénéfice du cumul lui a été
refusé.
Dès lors, la décision relative à la sus-
pension des arrérages de la pension de M.
Petit est annulée.
Il est renvoyé devant le Ministre des
Finances pour y être procédé à la liquida-
tion des arrérages de pension auxquels il a
droit.
Tel est l'arrêt que vient de rendre le
Conseil d'Etat à la requête de M. Petit, sur-
veillant militaire des Colonies pénitentiaires
aux fins d'obtenir le cumul d'une pension
militaire et de son traitement de surveillant
des Colonies pénitentiaires, qui lui était
dénié.
Notes prises en Tunisie
Par MlKANE-MARC £ LUi Drnua.
TUM18
CAPITALE MEDITERRANEENNE
21 heures. Nous franchissons l'étroit per-
thuis de la Goulette. La Marsa pénètre dou-
cement dans le chenal. Bateau fantôme.
nous n'avançons plus. Nous nous trainoDa
sur l'eau noire entre les nappes immobitap
du lac El Bahira.
Nuit sans lu je. Le silence s'est fait au-
tour de moi.
Marseille. Le départ. C'était la France.
La France est loin. Nostalgie. Regrets.
Hâte d'être rentrés puisqu'il faut rentrer.
Les moins de douze ans dorment debout.
Heure lente.
Odeurs. Tour à tour elles vous prennent'
à la gorge ou vous emplissent les poumons
d'air salin.
Penchée par-dessus bord, je guette Tunis.
Le port. Taches de lumières dans un trow
d'ombre. Monde sur le quai.
Des cris aigus déchirent lamentablement
Pair et viennent réveiller le bateau somno-
lent. Près de moi quelqu'un dit :
- C'est un nègre qui vient sans doute
d'être volé.
C'est bien cela. Rien. Un nègre en a volé
un autre. On entraine les deux noirs quand
nous accostons.
Monté sur un monticule, de je ne sais
quelle nature, un colon vêtu et casqué de
blanc domine la foule. Statue lunaire qui
rappelle le poilu de plâtre des places villa-
geoises. Symbole de mort. Héroïsme là-bas.
Symbole de vie. Courage ici. Je le regarde
non sans émotion.
Nous débarquons.
- Attention, Madame, il n a pas de pla-
que.
C'est un gendarme qui me prévient de
mon imprudence. Je viens, en effet, de lais-
ser saisir ma valise par l'une des trente
mains dangeteuses qui se tendaient ws
elle.
Je la reprends précipitamment des patte*
du porteur indésirable.
--- Porte de France.
Un cocher maltais aux yeux charbonnée.
fouette ss chevaux en mon honneur. Cet
honneur me coûte 10 francs. Pourboire en
plus.
Ai-je l'air d'une Américaine, d'une mine
d'or ou d'une poire?
Je ne pense pa- à le* demander au cocher
maltais.
* *
Porte de France. Le soleil rutile sur l'uc
mauresque.
D'un côté, la ville européenne. De l'au-
tre, la ville indigène. Je passe sous la
porte.
Minarets, coupoles des mosquées, tours
carrées des maisons. Lait caillé en boule,
en cube, en baguette, frais aux regards. Les
souks. Empilées les unes sur les autres, des
centaines de petites boutiques, d'échoppes,
de magasins, ont l'air de nains titubants.
Au fond de leur antre, les marchands sont
accroupis. Barbes longues ou renaissantes,
yeux de braises. Crasse. Habileté merveil-
leuse. Cupidité. Tout l'Orient.
Le souk El Attarine me jette à la tête
sa vallée de roses, ses montagnes de jas-
mins, dix jardins de géraniums, une forêt
d'ambre. D'innombrables petites fioles me
sont débouchées et passées de force sous les
narines. Il me faut les respirer toutes. A
quoi bon ? L'âme de Firdouzi et l'âme de
Saadi ne flottent-elles pas au delà même du
souk du cuir? Elles rôdent fraternellement, à
tleur des babouches que teint de jaune ardert
l'ecorcc des grenades, à l'entour des harnais
roux, des selles ouvrées d'or à l'élan pré-
maturé mais sûr. J'en suis imprégnée. Elles
me poursuivent aux souks des Etoffes, des
Femmes, des Chéchias.
Pour me garer d'une arabat antique, aussi
large que la ruelle, j'écrase dix pieds -
ou vingt - et je tombe sur un tapis. 11 est
heureusement déployé sur la poitrine d'un
marchand insatisfait de ma visite, mais non
découragé.
- Toi, acheter ?
- Non.
11 me suit, avec force démonstrations dÓ.
la voix et du geste.
-– Iuirra, barra!.,.
Poissons, légumes, fruits.
Changements d'odeurs.
*
* *
Tunis l'ancienne.
Une large artère, admirablement tracée
porte tour à tour le nom d'avenue de France.
t't d'avenue de la Marine (ou Jules-Ferry).
Aux rangées de palmiers succèdent la qua-
druple bordure des liscus. la plaie de la
Résidence départage les deux tronçons do
cette spacieuse voie, ans rien briser de sa.
belle continuité.
L'Eglie. Je passe devant. Pour y entrer,
c'est autre chose. La Maison de Dieu ('-"t
interdite aux chrétiennes :c portant des man-
ches au-dessus du coude Il.
Sur les marches de l'église je m'aperçoii,
à temps, que mes manches s'arrêtent à
l'épaule.
Je mets ma ferveur en bas des marches.
Rome m'envoie au diable.
Je vais au Diable.
D'ailleurs il court la lue.
Aux vitrines des grands magasins de
nouveautés » \oil sur cinquante paires de
bas blancs j'en trouve cinquante pour pieds
d'Anglaises) la foule des femmes : Maures-
ques voilées de noir, matrones italiennes,,
juives mafflues, françaises.
Théâtres, banques, grands journaux, hou-
tiques luxueuses, marché grassement appro-*
visionné, drainent dans tous les sens une
population aussi dense que paisible. Fellahs,
venus des pays sans arbre, bédouin.; do la
montagne, arabes de grande tente, gros
marchands, animent la voie centrale d'un
remous de gandourahs brodées et de hail
Ions bruns.
Les Italiens brillent par leur complet
gris clair, leur canotier de paille - et teur
nombre. Néo-Français et Français casqués
de blanc, se saluent parfois.
Sur la chaussée, tintamarre mouvementé.
Taxis rapides, voitures à deux chevaux abri-
tées de parasols blancs, aux capotes doublées
t « *
LE NUftflBRO : 90 CMNTIMK8
SAMEDI SOIR, 10 NOVEMBRE IUM
JMRRALJglOTIDIER
Btiêftion & Administration ?
II.
l PARIS 0*0 - -
vuàm. a UOUVMt IMI
- RICMKUKU r44
Les Annales Coloniales
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LES BONNES INTENTIONS
c-- - 1
Noua avons un nouveau décrit sur les caDCeI-
jiomjcfe Jmiiiii JMwa en Indochine.
Les deux dispositions essentielles de cette
nouvelle réglementation sont celles qui visent
le principe de l'adjudication aux enchères obli-
gatoires pour l'octroi des concessions et celui
de la non-négociabilité des titres des Sociétés
concessionnaires pendant les deux premières an-
nées de leur constitution.
Ces dispositions répondent à de très louables
intentions. Trop souvent, dans le passé, ( les
concessions, en Indochine comme dans d'au-
tres colonies moins lointaines, ont été accor-
dées, au hasard des circonstances et des affai-
tel, sans contrôle et sans garanties. Trop sou-
vent, dans le passé, des sociétés, constituées
officiellement pour I exploitation de ces conces-
sions, n' ont servi de champ qu'aux aventuriers
de la Bourse des valeurs exploitant les « go-
gos » de la métropole. Un tel régime risquait
de compromettre la confiance du public dans
les entreprises coloniales et de porter un coup
tuneste au développement économique de nos
colonies les plus riches. Très justement,
M. Poincaré, président du Conseil, disait, au
mois de mars 1927, aux applaudissements de la
Chambre des Députés tout entière :
« il faut qu'aucune concession ne puisse
être désormais accordée sans qu' y soit joint
un cahier des charges dans lequel seront prises
des précautions à la fois contre la mise en ac-
tions trop rapide des sociétés formées et, dau-
tre part, dans l'intérêt des populations indigè.
nes et dans l'intérêt même de la prospérité des
colonies. »
C'est pour répondre à ces légitimes préoccu-
pations que le décret nouveau décide que, dans
tous les cas, la concession est donnée par voie
d'adjudication publique aux enchères. U#ne ré-
serve est bien faite, pour un cas très particulier,
et l'exception n'est là que pour confirmer la
règle, qui devient ainsi l' aboutissement de la
plus profonde évolution législative. Jusqu en
1927, la concession par la voie du marché de
gré à gré, en Indochine, était la règle. Le
décret du 5 juillet 1927, lui-même, qui régle-
mentait provisoirement la matière « jusqu'à
promulgation de la réglementation définitive Il.
ae faisait aucune allusion à l'obligation de l'ad-
judication publique aux enchères : les conces-
sions rurales portant sur une étendue supérieure
à 2.000 hectares étaient accordées, en vertu de
décrets rendus sur le rapport du ministre des
Colonies suivant des conditions stipulées dans
m cahier des charges.
Le projet de décret qui fut rendu public au
mois de mai 1928 et soumis, pour étude, aux
CIIIp8 élus de F Indochine établissait le in-
cipe de l'adjudication. Son article 11 décidait:
m La concession a lieu, en principe, par voie
d'adjudication publique ». Mais ce décret pre-
nait la précaution de stipuler : « Par déro-
gation aux dispositions qui précèdent, des
concessions pourront être accordées de gré à
gré par les chefs d'administration locale en
Conseil, après avis de - la - Commission de co l o-
nisation ou du Conseil Colonial de Cochin-
chine, jusqu'à concurrence de 1.000 hectares,
dans le cas où il s'agit a eqirepri, présen-
tant un intérêt spécial, créées notamment à l'ins-
tigation des chefs d'administration locale pour
servir d'expérience et, en cas de succès, d'exem-
ple. Dans des conditions analogues, les conces-
sions de gré à qré d'étendue supérieure pour-
ront être accordées. Le cahier des charges,
soumis à l' examen obligatoire de la Commission
de colonisation ou. en Cochinchine, du Conseil
Colonial, devra constater le caractère excep-
tionnel de 1. entreprise, fixer le prix de vente,
comporter en principe les clauses et obligations
résultant du présent décret, auquel il se réfé-
rera, ainsi que les clauses spéciales à régir
le cas d'insuccès total ou partiel des essais. »
Ainsi, on prenait de sérieuses précautions
contre l'arbitraire et les abus mais on maintenait
le principe du marché de gré à gré pour cer-
tains cas où il paraissait indispensable.
Les corps élus d'Indochine, à qui ces textes
étaient soumis, revenaient, purement et simple-
ment, au système ancien, en supprimant de son
projet toutes les dispositions relatives aux mo-
dalités de l'octroi de concession.
Mais le texte définitif revient en l'aggravant
sur le principe du projet de mai dernier. L'ad-
judication publique aux enchères devient la règke
sans aucune exception possible autre que celle
que j'ai indiquée.
Je ne crains point d athrmer ici que je re-
grette cette rigueur et que j' eusse préféré le
système tîu premier projet ministériel et, au
besoin, celui des corps élus qui laissait au
cahier des charges, dans chaque cas, le soin
d'indiquer la modalité de l'octroi de conces-
sion. Je sais bien que cette attitude surprendra
certains qui se demanderont, avec un sourire
d'ironie, comment le socialiste que je suis peut
f adopter ssans se mettre en contradiction
avec ses principes doctrinaux. Je réponds que
ce n'est pas malgré mais à cause de mon socia-
Usme que j'ose affirmer une telle opinion.
La doctrine de l'adjudication publique aux
enchères, c'est la doctrine petit-bourgeoise de la
libre concurrence. Elle se justifie pleinement
partout et chaque fois où cette libre concur-
tence peut jouer normalement. Avec raison,
elle a été appliquée successivement en France
aux marchés passés par l'Etat, par les départe-
ments et par les communes. Mais lorsque la
libre concurrence ne peut pas jouer librement -
et l'on sait que le développement du capita-
line, par son développement même, en multi-
plie les cas le régime de l'adjudication de-
vient - ou une duperie ou une entrave.
Et, en matière de concession coloniale, le
dilemme se pose plus nettement encore qu'en
toute autre.
C'est une duperie si l'administratim, direc-
tement ou indirectement, couvre du voile de
Il. Il. a"
\AI; ,¡. t - le
, ffc. C'est une entrave dans le car cuuMmil. Et
je crains fort que ce denier d» mit, hélas I II
cas ordàaire.
Dès qu'un projet de concession est assez
important pour exiger de gros capitaux - et
dans une colonie comme l'ladodüne, le cas
se présentera fréquemment si l'on veut assurer
la mise en valeur du pays par les méthodes les
plus modernes le régime de l'adjudication
risque de créer les plus graves difficultés.
Le demandeur d'une grande concession pour
l'exploitation, suivant les méthodes modemes.
qui ont fait leurs preuves en Amérique, en
Indo-Malaisie et ailleurs, de la culture du
caoutchouc, du café, du tabac, du quinquina,
ne disposera pas penonnellemeut: dans la géné-
ralité des cas, des capitaux nécessaires, s'élevant
souvent à 20, 30 ou 50 millions. Avant donc
de faire sa demande, s'il est sérieux, il devra se
préoccuper de s'assurer le concours de capitalis-
tes qui s'engageront à lui apporter les capitaux
nécessaires. Mais ceux-ci ne s'engageront que
sur des données fermes d'après un prix
d'achat, des conditions de rendement connues
ou mesurables à l'avance. C'est le rapport, cal-
culé à l'avance, des capitaux demandés et des
financiers escomptés qui les décidera.
Mais si leurs calculs doivent être entièrement
remis en question par une adjudication publique
qui modifiera toutes les conditions financières et
économiques de l' entreprise, ils se réserveront
et. le demandeur de concession renoncera à
ses projets.
Le système du mêtché de gré à gré où l'Ad-
ministration défend librement avec le deman-
deur en concession les droits et les intérêts de
la colonie et de la collectivité me paraît très
supérieur lorsqu'il est appliqué par des gens qui
osent prendre leurs responsabilités sans se faire
de leur rôle une conception étriquée ou. mal-
saine.
C'est pourquoi je souhaiterais que le régime,
excellent dans tous les cas où il s'agit de lotis-
sements, de petites concessions, de l'adjudica-
tion publique cédât la place à celui du marché
de gré à gré lorsque les circonstances économi-
ques ou financières le commandent.
Il ne suffit pas d'avoir de bonnes intentions,
il faut parfois regarder les réalités qu'elles doi-
vent recouvrir.
Bllenne AnloMCfflj
v Député de la liante-Savoie. Map-
porteur du budget de l'Alaéue, des
Colonies et des protectofah.
Lt Aviation Coloniale
France-Madagascar
Voici des lousuiguuinoiila complémcn.
taires sur l'ulld'tl"issugc 1111'00 du Général-
Laperrine au Congo liclgo :
Le terrain avait été détrempé par une
tornade et, quand l'avion prit contact avec
le sol, à Luiuabourg, la roue gauche s'étant
enlisée, détermina une détérioration assez
sérieuse au fuselage.
L'équipage est indemne, mais l'avion, ne
paraissant pas réparable sur place, le
voyage se trouve ainsi interrompu.
Les résultats partiels obtenus sont néan-
moins fort beaux.
En sept jours, l'équipage Marie-Boulniei-
Desmeaux a réalisé, par le Sahara et le
l'chad, la liaison Europe-Congo belge, effec-
tuant régulièrement une étupe quotidienne.
Reine et Serre
Les aviateurs Heine et Serre qui vien-
nent d'être fèlés à l'institut Colonial, sous
la présidence de M. Laurcnt-Eynuc, assis-
teront demain, à 10 h. 45“ au Xe anniver-
saire de l'Armistice qui sera célébré à
l'église Saint-Bach pour rendre hommage
aux Coloniaux morts pour ta France.
Cette cérémonie a été organisée par
divers groupements coloniaux avec le
concours du Comité National de la Semaine
Coloniale et du Comité des Fêtes du 1er ar-
rondissement avec la présidence de M. le
Ministre de la Guerre, do M. le Maréchal
Lyautey, de M. le Général Gouraud.
Lyautey, splendide programme artistique où
Un
se feront entendre Mme Laute-Brun, de
l'Opéra, M. Payen de l'Opéra-Comique,
M. Darieux, violon-solo de l'Opéra-Comi-
que, M. Cœur, harpe-solo de l'Opéra, don-
nera à cette cérémonie tout le cachet dont
elle se réclame.
Aviation et Automobilisme
Le coureur automobiliste anglais Mal-
colm Campbell, poursuivant son voyage en
avionnette vers le Sahara, a couvert, le
8 novembre, une nouvelle étape en Espa-
gne. Parti à 6 h. 30 de l'aérodrome d'Ali-
cante avec le capitaine Jones, l'appareil
atterrissait à 11 h. 45 à Malaga. Ils sont
partis de ce port le soir môme pour atter-
rir à Oran hier à 16 h. 30.
-–
LA CRISE
M. Raymond Poincaré, Président du Con-
seil démissionnaire, est chargé de former le
nouveau ministère.
A l'heure où nous mettons sous presse,
ses démarches se poursuivent. Au cas où
elles n'aboutiraient pas, M. Aristide Briand
assumerait la mission de constituer le gou-
vernement.
Cinéim^Colonial
Au GoDgo belge
Au Studio Gaumont, M. Thiébaut procède
à la mise en scène des ntérieurs d'un fil.
de propagande qu'interprètent Mlle Mallod,
Mlle Régine Saint-Pol et M. Bertoux. tes
extérieurs de ce film ont été tournés au Con-
go belge; ils nous montrent la culture du
cotait et la mtee - valeur de iiritipelw ri-
cinses du Goago.
LA QUEStiON DES SONS
'II.
Il y a une question des SftlIs.
Elle est loin a être simplet lUI a
de nombtm* ësékétr, NstMcorifrè-
re, Paul Al/ard, nous montre quelques uns
des dangers qu'il y a à les laisser accourir
en France au petit bonheur, si j'ose rtiex-
frimer de cette façon métaphorique et
inexacte, et demande pourquoi on les ac-
cueille sans autres renseignements que ceux
qu'ils veulent bien nous fournir : c Aucune
enquête. Aucune précaution. Aussi le ma-
riage d'une Française avec un Sidi est lé
plus souvent un véritable concubinage léga-
lisé, aggravé (l'une bigamie dont vous soup-
çonnes les conséquences. » Prenez cela au
sérieux, et ne murmures pas que les consé-
quences sont nécessairement comme dit le
poète : Oh 1 rien qu'un enfant, Madame 1
Oh 1 rien qu'un enfant ou deux 1 Il faudrait
être un de ces fanatiques aveugles du lapi-
nisme pour s'en réjouir ; il se pourrait bien
qu'il n y eût pas de quoi, à tous les points
de vue.
Mais enfin les voilà en France. Ils sont
venus chercher du travail, ils en ont trouve ;
ils sont les camarades de nos ouvriers des
campagnes et des villes. Comment voulez-
vous que les Sidis choisissent leurs relations1
D'autres les choisissent pour eux. Nos amis
de « Paris Phare » avaient annoncé l'idée
excellente de leur ouvrir toutes grandes
leurs permanences. Pourquoi? Afin que les
Sidis cessent de n'être nulle part chez eux
ailleurs que chez les communistes, et afin
qu'on en finisse avec ce préjugé imbécile que
les Sidis n'appartiennent pas à la grande fll-
mille française. Du moment qu'ils sont ve-
nus y réclamer leur place et qu'on. la leur a
faite, il est absurde, il est « criminel 9 de
les obliger à se réfugier chez ceux-là même
qp; délibérément se situent hors de la fa-
mille.
a Qui ne sait, déclaraient nos amis, que
les Sidis que nous envoie notre Afrique du
Nord constituent le plus bel espoir des mos-
coutaires' Des fonds énormes sont dépensés
pour les attirer dans les camps de chambar-
dement. On publie des journaux en arabe ;
on les acclame dans les meetings ; on les
- flatte, - on les encense j - - on - les -- dupe. »
Les arracher aux camps de chambarde-
ment, les armer intellectuellement et morale-
ment pour qu'ils ne se laissent plus piper
aux flatteries ni griser par des théories aux-
quelles ils n'entendent goutte ni abuser par
des promesses qu'ils prennent pour argent
comptant ni détériorer par des appels à tous
les mauvais instincts, c'est le devoir d* le
mère patrie. Il y a au Ministère de flnté.
rieur un directeur des affaires Algériennes;
je le connais, je le connais bien ; il est
homme à comprendre admirablement ce de-
voir et à ne rien épargner de ses efforts
pour l'accomplir. Mais la besogne est vaste.
Les initiatives privées doivent s'y employer
activement.
Nos amis de « Paris Phare a se propo-
saient de leur offrir salles de travail et li-
vres. Oh 1 pas Zarathoustra, qui a bien
parlé mais pas la langue qu'il faut parler
aux Sidis. Il ne s'agit pas de « leur débiter
la philosophie nietzehéenne ou l'évangile se-
lon Saint Karl Marx J, il s'agit de leur
apprendre ce qui peut améliorer leur sort et
orner leur esprit, et cela ils le trouveront
dans les ouvrages pratiques, à la fois at-
trayants et sérieux, qui leur permettent de
s'instruire, d'être égat4x à leur profession,
puis supérieurs à leur métier.
« Crovez-vous, demandaient nos amis,
que la même méthode appliquée non seule-
ment oux ouvriers français, mais aux ou-
vriers arabes, malgaches, annamites ne don-
nerait pas les meilleurs résultats ? On arra-
cherait ainsi l'élite ouvrière à l'influence
communiste, en assurant du même coup la
prospérité de notre empire colonial. »
C'est que, pour une nation qui ne peut pas
exporter dans les colonies ses ouvriers spé-
cialistes, il n'y a pas d'autre procédé que
de former dans la métropole des ouvriers
spécialistes venus d'outre-mer et qui re-
viennent dans leur pays, ayant beaucoup
vu, beaucoup appris, beaucoup retenu.
Quand je vous disais que la question des
Sidis avait de nombreux aspects 1 En voici
un, pour finir, dont nul ne s'avisera de con.
tester Vimportance.
Merle ll«w**nn.
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Wc-rffisiftflnt rte la rnmmfu10ft
ténaloriaJe des Colonies.
,
Au commissariat
de l'Exposition de 1931
Le maréchal Lyautey, Commissaire général
de l'Exposition Coloniale Internationale, vient
de désigner comme chef de son Cabinet M. Ro-
ger Homo, qui exerçait jusqu'à présent les
fonctions de chef du Secrétariat particulier.
M. Homo est en outre chargé du Service de la
Presse.,
M. Gérard de Launay, ancien attaché au
Cabinet civil du maréchal au Maroc, est
nommé chef-adjoint.
La propagande et la publicité ressortissent
aux attributions du secrétaire général, M. le
Gouverneur Cayla, Commissaire général adjoint.
41»
M. Alexandre Varenne
va défendre le Garde républicain
.,.
Le garde républicain Cazet, inculpé à la
autte de la bagarre qui s'est produite à
Pons lors de lnauguration du monument
Combes, a chargé de sa défense M. Alexan-
dre Varenne, avocat à la Cour de Paris,
ancien gouverneur général de l'lnlft.
et député du Puy-de-DOme.
L'ioaognralioD de la ligne
Casablanca-Marrakech
, J JI.. -
Jeudi dernier a eu lieu une excursion en
montagne, organisée par la Compagnie des
chemins de fer du Maroc. M. Steeg et toutes
les personnalités ayant assisté à rinaugura-
tion de la voie normale y ont participé.
Le but de la promenade était Tichka,
dans le Grand-Atlu, sur la route de Te-
louet, à 2.000 mètres d'altitude.
Par un temps splendide, les assistants ont
pu faire, au cours du voyage aller, une su-
perbe promenade en pleine montagne, dans
un décor de neige féerique.
Dès 6 h. 30, une caravane de plus de 40
voitures emportait au cœur de l'Atlas plu-
sieurs invités. Après 30 kilomètres, El-Tleta-
Aït-Ourir fut atteint par une route en pleine
montagne. Sur tout le parcours, plus de dix
mille guerriers et femmes se sont massés,
les uns tirant des coups de fusil, les autres
saluant de la main, les femmes poussant le
you-you habituel.
Ces guerriers venaient de tous les points
de l'Atlas. Quelques-uns ont fait plus de
50 kilomètres pour assister à la fête. A par-
tir de Aït-Ourir, la route est splendide. Des
ravins profonds d'un côté ou de l'autre, puis
des à-pic formidables. Par Zerektet-Tadert,
on arriva au col de Tichka, à 2.000 mètres
d'altitude en plein milieu des tribus d'El
Hadj Thami Glaoui. Plus de 20.000 guerriers
étaient rassemblés dans ce cirque admirable.
Tout autour, de la neige. Deux ceqts dan-
seuses vont danser pendant toute cette fête,
dirigées par un maître de ballet qui a vrai-
ment l'air terrible. Les musiciens, assis par
terre, les accompagnent.
Enfin, voici venir de tous côtés, les por-
teurs de plats : le fameux méchoui, les ta-
gines, le couscous. C'est la difa offerte à
M. Steeg et à ses invités par le Seigneur de
l'Atlas, qui, lui-même, surveille chaque plat.
Puis, le thé pris, après quelques mots d'El
Glaoui et de M. Steeg, ce fut le retour sous
la pluie, vers Marrakech.
Les fêtes données pour l'inauguration de
la ligne Casablanca-Marrakech se sont con-
tinuées hier.
Les personnalités invitées par la Compa-
gnie de chemin de fer du Maroc ont visité
les souks et les monuments de la ville et ont
également fait une promenade dans l'Agué-
daï, qui a été favorisée par un temps splen-
dide.
Un grand déjeuner a été donné en leur
honneur par M. Steeg, dans les salons du
palais résidentiel. Les invités ont ensuite as-
sisté à un thé offert par le Pacha Hadj Tha-
mi Glaoui.
Dans la soirée le Résident Général a reçu
les membres de la colonie française en l'hon-
neur desquels une grande fête de nuit a été
organisée dans le palais Babia.
Le Sultan a quitté Marrakech pour Casa-
blanca et a rejoint Rabat aujourd'hui.
Le Résident Général et Mme Steeg sont
rentrés directement à Rabat.
(Par dépche).
4^ -
LE CABLE BREST-CASABLANCA
Le navire poseur de câbles Emile-Baudot
est arrivé à Casablanca en vue d'effectuer les
réparations nécessaires au câble Casablanca-
Bre3t, dont nous avons signalé la rupture. Ce
navire a, durant le cours de sa traversée, effec-
tué de nombreux sondages sur le câble et par-
ticulièrement porté ses efforts en face d'Ain-
Diab, point de contact avec la terre. La remi se
en état du câble sera terminée prochainement.
.060. ---
Et puis, voie i des fleurs,..
4.
L'exposition Uorale de Tunis
L'ouverture officielle de la Grande Exposi-
tion florale, placée sous le haut patronage
de S. A. le Bey, de M. le Ministre Résident
Général et la présidence d'honneur de M. le
Directeur Général de l'Agriculture, du Com-
merce et de la Colonisation, a eu lieu, à
Tunis, le 2 novembre. Elle remporta le plus
charmant des succès auprès des Tunisois et
surtout des Tunisoises.
Un ensemble artistique et harmonieux
s'offrait à la vue des nombreux visiteurs.
Les fleurs savamment encorbeillées ma-
riaient tour à tour la grâce de leurs - corolles
aux reutliages verts, argent, roux et dorés ou
opposaient en contraste délicat, la splendeur
de leur grâce et la richesse de leurs cou-
leurs.
Ce fut le triomphe du goût. Celui aussi de
l'habileté des horticulteurs tunisiens.
Roses, chrysanthèmes, dahlias, célosies
« crête de coq » et autres rivalisaient de
beauté à en faire pâlir d'envie les plus heu-
reux exposants parisiens du cours la Reine.
-–
Accident de mer
1" »
Le cargo Pyrénées, de la Compagnie des
Transports Maritimes en Afrique Occiden-
tale française, voulant quitter le quai Saint-
Louis du port de Nantes où il avait déposé
une cargaison de bananes sans le concours
d'un remorqueur, est allé se jeter sur trois
bateaux à vapeur de la Compagnie des Mes-
sageries de l'Ouest amarrés en couple aux
chantiers de construction de cette Compa-
gnie.
La pression fut si forte qu'un, des bateaux
fut littéralement écrasé entre les deux au-
tres et coula aussitôt par sept mètres de
fond. Un second vapeur, faisant eau par une
large déchirure, fut remorqué à Trentcl-
moult où on l'échoua. Le troisième put être
mis tout de suite en cale sèche.
Les ouvriers qui travaillaient à bord du
vapeur coulé avaient pu regagner à temps
les chantiers.
- --------
La grève des docken de Bordeaux
.,.
La grève des dockers oontinuo fi sV-tornlre.
Vingt-trois navires sont immohili. Los loneà
courriers Flandre, Cap Padarran et ttudson sont
partis avec du retard et leur fret réduit.. Quatre
navires des lignes régulières ont quitté !e nort
également avec du retnrd sans aucun fret,. Le
Volubilis, coumew: du Maroc, n'a pu décharger
sa cargaison.
Le nombre da* deaktrn travaillant «ncore est
en dtlDllNUOn.
CONTRE LA FIÈVRE JAUNE
.e.
Au cours de sa dernière séance, la Section
de l'Afrique Occidentale de l'Union Coloniale
a entendu un exposé très complet, que lui a
fait le médecin inspecteur général Lasnet, di-
recteur du Service de Santé des Colonies. de
la récente épidémie de fièvre jaune qui a sévi
si gravement au Sénégal.
Après avoir rappelé les (épidémies inv-né-
dentcs et signalé leur caractère périodique. M.
Lasnet a indiqué les mésures d'ordre médical
et sanitaire qui ont été prises et^qui, grfice ù
la rigueur avec laquelle èlles ont été appliquées
ont pu. en peu de temps, débarrasser la Co-
lonie de la maJadie. Il a insisté sur le fait, fort
encourageant pour l'avenir, que depuis le
25 décembre dernier, aucun cas de fièvre jaune
ne s'est déclaré au Sénégal.
Il a également mis la Section au courant des
travaux de laboratoire qui sont actuellement
poursuivis à Paris, Livtrpool, Rio-de-Janeiro.
New-York et Lagos, et qui donnent l'espoir
qu'un vaccin et un serum de la fièvre jaune
seront prochainement trouvés.
Il a à ce propos, montré l'importance cou
sidérable de la Conférence Internationale do
lu fièvre jauno réunie à Dakar sur l'initiative
du Gouverneur Général Carde, et rendu un
hommage mérité à deux médecins morts en
Afrique, victimes de la science, les docteul'
Noguchi et -Stokes, ainsi qu'à ceux de ses col-
laborateurs qui l'ont plus particulièrement aidé
dons sa. tâche, notamment les docteurs Sorel
chef du Service de Santo de Dakar, et Cuza-
iiow. médiviiM'hef de l'hùpitul de Dakar.
Au Conseil Colonial du Sénégal
Au cours de sa dernière session, le Conseil
Colonial du Sénégal a étudié, entr' autres ques-
tions, la création d'un système de prêts d'hon-
neur pour faciliter aux jeunes gens dignes d'in-
térêt l' accès des études d'enseignement supé-
rieur dans la Métropole.
Le conseiller colonial Diouf Mahékor a de-
mandé la création d'écoles rurales à Diakhao
et Tataguine, dans le cercle du Sine-Saloum.
Un secours a été accordé à un pauvre aveu-
gle, père de quatre enfants en bas-âge.
Le Conseil a adopté le vœu de M. Matar-
Diop, tendant à ce que la présentation du livret
militaire saffise comme pièce d'identité lors de
la déclaration de naissance d'un enfant.
E.. A. E. F.
Une mission hydroaéronautique
Chargé officiellement de mission par le
Ministère des Colonies, le lieutenant avia-
teur VVaddington se propose de remonter en
canot automobile les voies navigables de
l'Afrique Equatoriale en direction ouest-est.
A la demande du Ministère du Commerce
et de l'Aéronautique, il se propose d'exami-
ner les possibilités d'aménagement des points
d'atterrissage ou d'amérissage à proximité
ou sur les rives françaises du Congo et de
l'Oubangui, étudiant également pour chacun
de ces points les conditions de ravitaille-
ment les plus - favorables, ainsi que les condi-
tlons météorologiques (vents dominants, fré-
quence des pluies, brumes, etc.), qu'on y
rencontre.
La vedette employée a été construite à
Caudebec-en-Caux et, comme caractéristi-
ques, ressemble aux coques d'hydravions.
Elle est très légère et très résistante; elle
mesuie 7 m. 30 sur 2 m. 20. Elle pèse une
tonne vide et ne cale que 35 centimètres
d'eau. Elle est actionnée par deux moteurs
Citroën B 2, type Croisière noire, avec deux
hélices sous voûte, lui permettant d'attein-
dre neuf nœuds à l'heure.
Transportée jusqu'à Brazzaville, l'Onda-
tra fut mise à l'eau sur le Stanly Pool.
Un service régulier Huvial existe jusqu'à
Bangui. L'accomplissement de ce trajet n'a
donc rien de remarquable sauf qu'en par-
courant 1.S00 kilomètres au milieu d'iles, et
de passages difficiles, les qualités de l'équi-
page, du canot, des moteurs ont été prou-
vées.
Au delà de Bangui, où seules les pirogues
indigènes utilisent le ileuve, coupé par de
nombreux rapides, la tâche des voyageurs
sera beaucoup plus ardue. S'ils réussissent à
atteindre l'Ouellé, ils auront prouvé la pos-
sibilité de prolonger une voie commerciale
d'un grand intérêt.
Le lieutenant Waddington a obtenu des
Belges et des Anglais l'assurance de l'appui
le plus complet pour la traversée de leurs
territoires. Il est donc possible qu'il tente,
si les conditions climatériqucs se montrent
favorables, de remonter l'Ouellé aussi loin
que possible.
En raison des qualités d'allant et de téna-
cité du commandant de cette reconnaissance,
comme il est secondé par un mécanicien spé-
cialiste, Alexandre Gast, on peut envisager
la possibilité de voir le. lieutenant Wad-
dington mener son bateau encore plus loin
en direction de Madagascar, par Mombassa.
AU CONSEIL D'ÉTAT
l' 1
Requête d'un surveillant des Colonies
pénitentiaires
Le Conse 11 considérant
Que PartieU ï de la loi du 3o déci-m.
bre 11)13 autoriïîi-, jusqu'à concurrence de
.',ou francs, le cumul des pensions militai-
res avec le traitement attaché aux emplois
civils rétribués soit par l'Etat, soit par les
départements, colonies ou pays de protecto-
rat, commune ou établissements publics;
M. Petit est fondé à soutenir que c'est
à tort que le bénéfice du cumul lui a été
refusé.
Dès lors, la décision relative à la sus-
pension des arrérages de la pension de M.
Petit est annulée.
Il est renvoyé devant le Ministre des
Finances pour y être procédé à la liquida-
tion des arrérages de pension auxquels il a
droit.
Tel est l'arrêt que vient de rendre le
Conseil d'Etat à la requête de M. Petit, sur-
veillant militaire des Colonies pénitentiaires
aux fins d'obtenir le cumul d'une pension
militaire et de son traitement de surveillant
des Colonies pénitentiaires, qui lui était
dénié.
Notes prises en Tunisie
Par MlKANE-MARC £ LUi Drnua.
TUM18
CAPITALE MEDITERRANEENNE
21 heures. Nous franchissons l'étroit per-
thuis de la Goulette. La Marsa pénètre dou-
cement dans le chenal. Bateau fantôme.
nous n'avançons plus. Nous nous trainoDa
sur l'eau noire entre les nappes immobitap
du lac El Bahira.
Nuit sans lu je. Le silence s'est fait au-
tour de moi.
Marseille. Le départ. C'était la France.
La France est loin. Nostalgie. Regrets.
Hâte d'être rentrés puisqu'il faut rentrer.
Les moins de douze ans dorment debout.
Heure lente.
Odeurs. Tour à tour elles vous prennent'
à la gorge ou vous emplissent les poumons
d'air salin.
Penchée par-dessus bord, je guette Tunis.
Le port. Taches de lumières dans un trow
d'ombre. Monde sur le quai.
Des cris aigus déchirent lamentablement
Pair et viennent réveiller le bateau somno-
lent. Près de moi quelqu'un dit :
- C'est un nègre qui vient sans doute
d'être volé.
C'est bien cela. Rien. Un nègre en a volé
un autre. On entraine les deux noirs quand
nous accostons.
Monté sur un monticule, de je ne sais
quelle nature, un colon vêtu et casqué de
blanc domine la foule. Statue lunaire qui
rappelle le poilu de plâtre des places villa-
geoises. Symbole de mort. Héroïsme là-bas.
Symbole de vie. Courage ici. Je le regarde
non sans émotion.
Nous débarquons.
- Attention, Madame, il n a pas de pla-
que.
C'est un gendarme qui me prévient de
mon imprudence. Je viens, en effet, de lais-
ser saisir ma valise par l'une des trente
mains dangeteuses qui se tendaient ws
elle.
Je la reprends précipitamment des patte*
du porteur indésirable.
--- Porte de France.
Un cocher maltais aux yeux charbonnée.
fouette ss chevaux en mon honneur. Cet
honneur me coûte 10 francs. Pourboire en
plus.
Ai-je l'air d'une Américaine, d'une mine
d'or ou d'une poire?
Je ne pense pa- à le* demander au cocher
maltais.
* *
Porte de France. Le soleil rutile sur l'uc
mauresque.
D'un côté, la ville européenne. De l'au-
tre, la ville indigène. Je passe sous la
porte.
Minarets, coupoles des mosquées, tours
carrées des maisons. Lait caillé en boule,
en cube, en baguette, frais aux regards. Les
souks. Empilées les unes sur les autres, des
centaines de petites boutiques, d'échoppes,
de magasins, ont l'air de nains titubants.
Au fond de leur antre, les marchands sont
accroupis. Barbes longues ou renaissantes,
yeux de braises. Crasse. Habileté merveil-
leuse. Cupidité. Tout l'Orient.
Le souk El Attarine me jette à la tête
sa vallée de roses, ses montagnes de jas-
mins, dix jardins de géraniums, une forêt
d'ambre. D'innombrables petites fioles me
sont débouchées et passées de force sous les
narines. Il me faut les respirer toutes. A
quoi bon ? L'âme de Firdouzi et l'âme de
Saadi ne flottent-elles pas au delà même du
souk du cuir? Elles rôdent fraternellement, à
tleur des babouches que teint de jaune ardert
l'ecorcc des grenades, à l'entour des harnais
roux, des selles ouvrées d'or à l'élan pré-
maturé mais sûr. J'en suis imprégnée. Elles
me poursuivent aux souks des Etoffes, des
Femmes, des Chéchias.
Pour me garer d'une arabat antique, aussi
large que la ruelle, j'écrase dix pieds -
ou vingt - et je tombe sur un tapis. 11 est
heureusement déployé sur la poitrine d'un
marchand insatisfait de ma visite, mais non
découragé.
- Toi, acheter ?
- Non.
11 me suit, avec force démonstrations dÓ.
la voix et du geste.
-– Iuirra, barra!.,.
Poissons, légumes, fruits.
Changements d'odeurs.
*
* *
Tunis l'ancienne.
Une large artère, admirablement tracée
porte tour à tour le nom d'avenue de France.
t't d'avenue de la Marine (ou Jules-Ferry).
Aux rangées de palmiers succèdent la qua-
druple bordure des liscus. la plaie de la
Résidence départage les deux tronçons do
cette spacieuse voie, ans rien briser de sa.
belle continuité.
L'Eglie. Je passe devant. Pour y entrer,
c'est autre chose. La Maison de Dieu ('-"t
interdite aux chrétiennes :c portant des man-
ches au-dessus du coude Il.
Sur les marches de l'église je m'aperçoii,
à temps, que mes manches s'arrêtent à
l'épaule.
Je mets ma ferveur en bas des marches.
Rome m'envoie au diable.
Je vais au Diable.
D'ailleurs il court la lue.
Aux vitrines des grands magasins de
nouveautés » \oil sur cinquante paires de
bas blancs j'en trouve cinquante pour pieds
d'Anglaises) la foule des femmes : Maures-
ques voilées de noir, matrones italiennes,,
juives mafflues, françaises.
Théâtres, banques, grands journaux, hou-
tiques luxueuses, marché grassement appro-*
visionné, drainent dans tous les sens une
population aussi dense que paisible. Fellahs,
venus des pays sans arbre, bédouin.; do la
montagne, arabes de grande tente, gros
marchands, animent la voie centrale d'un
remous de gandourahs brodées et de hail
Ions bruns.
Les Italiens brillent par leur complet
gris clair, leur canotier de paille - et teur
nombre. Néo-Français et Français casqués
de blanc, se saluent parfois.
Sur la chaussée, tintamarre mouvementé.
Taxis rapides, voitures à deux chevaux abri-
tées de parasols blancs, aux capotes doublées
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