Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-11-02
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 novembre 1928 02 novembre 1928
Description : 1928/11/02 (A29,N162). 1928/11/02 (A29,N162).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451331f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
INGT-NEUVIIIME ANNEE. No 162
LB NUMERO : 30 CBNTIME8
YKNIMtliM SOI H, 2 NOVEMBRE 1928.
jeURMlJVOTIDIEII
Rédaction & Administration :
1 - .1IIIIr
1-.
PARIS a"
ltlÉTIl 1 LOUVHB 19-SV
lu mCHKLIIU 07-84
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Les Annales Coloniales
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France et
Colonies 120 « 65 » 35.
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La famille française aux colonies
CO" b< nt j
* l'ai maintes fois défendu les droits de la fa-
mine française aux colonies. Certes, je ne crois
pas au succès d'une politique qui tendrait à une
colonisation française de peuplement. La fa-
mille française en France n est pas, hélas ! assez
brillante pour qùe nous tonnions le rêve de
théories d'émigrants, abandonnant la métropole
afin d'aller, comme au XVIf siècle, habiter les
provinces lointaines. Nos colonies sont, en règle
générale, des colonies d exploitation, c est-à-
dire des territoires où les indigènes, tirent pro-
6t de nos capitaux, de notre outillage, de nos
biogrès scientifiques, travaillent, en collabora.
tion avec les Français, à mettre en valeur les
richesses de leur sol et de leur sous-sol.
Mais il faut, du moins, que les Français
Soient présents. Pour s'associer, on doit être
deux. Plus il y a de Français dans une colonie,
et plus la colonie est intimement rattachée à la
métropole, plus elle est soudée à la plus grande
France, plus son développement matériel, intel-
lectuel et moral, est rapide et sûr. Or, de
l'étude de M. le Colonel Jean Charbonneau,
commandant militaire de la Guinée, dont j'ai
tâché de donner une analyse critique, il ressort
clairement que, si la population indigène en
Guinée tend à diminuer, la population euro-
péenne a la même tendance.
Le climat est débilitant, sans doute ; et ce-
pendant, on compte relativement peu de décès,
et peu de rapatriements pour raisons de santé.
Mais la natalité est tout à fait insignifiante.
u La consigne semble être : pas d'enfants ».
Consigne scrupuleusement observée. M. le
Commandant militaire cite des chiffres qui font
réfléchir. Dans un territoire plus vaste que la
Belgique ou l'Autriche, dans les dix cercles du
bassin du Niger, ou de la région forestière qui
est en bordure du Libéria, sur 200 Européens,
il y a à peine 10 enfants de moins de 15 ans.
Voici d' autes précisions. Vingt officiers, de
ceux qui se trouvent sous les ordres du Colo.
nel Jean Charbonneau, sont mariés : 9 n'ont
pas d'enfants, 4 n'en ont qu'un, 6 en ont deux,
1 en a quatre, mais qui sont restés en France
avec la maman. Encore cette proportion est-elle
très forte, si on la compare à ce lle des ménages
des colons et des commerçants ; pour ceux-ci,
c'est bien simple ; la règle est la stérilité.
C'est qu'en Afrique noire. lorsque l'enfant
parait, les fronts sont loin de se dérider. C'est
un teneur que le nouveau venu. La domesticité
est fort médiocre, et la maman, déjà anémiée
par le climat, s'épuise à donner à bébé la
nourriture et - les premiers soins. M. le Comman-
dant militaire ajoute que les matures, habitées
pu les officiers et sous-officiers, ne sont nulle-
ment faites « pour abriter des berceaux enru-
bannés »; cases en terre séchée au soleil (banco)
et le plus souvent recouvertes en chaume (pail-
lotte). Rien du confort moderne : « ils ne sont
pas mieux logés qu'à l'ère de la conquête. »
Raison sérieuse. On peut chercher dans la crise
du logement en France une des explications de
la dénatalité. Ce n'est pas la plus, importante
assurément ; commerçants et colons n'habitent
pu des cases en banco, et n'ont pas davantage
de petits Français ; mais il reste vrai que, pour
que le cercle de famille applaudisse à grands
cris dès que l'enfant paraît, il faut que la
famille ait la place nécessaire pour former le
cercle.
Et, d'autre part, M. le Colonel Jean Char-
bonneau s'en prend aux pouvoirs publics. Il les
accuse de ne rien faire pour encourager l'instal.
lation des familles françaises aux colonies, et de
s'évertuer à la décourager. J'ai porté, comme
lui, en même temps que lui, les mêmes accu-
sationa. Nous continuerons, l'un et l'autre, de
concert. En A.O.F., en Guinée, aucune faveur
aux familles nombreuses, alors que déplace-
ments et installations sont pour elles des charges
singulièrement lourdes ; aucune prime de nata-
lité ; aucune réduction sur les chemins de fer
dont les tarifs segt plus élevés que ceux de la
métropole. Et M. le Commandant militaire de-
mande la Darole DOUr un fait oersonnel.
Avant de s'embarquer pour l'A.O.F., il va
prendre congé d'un haut fonctionnaire du mi-
nistère des Colonies qui lui témoigne sa bien-
veillance ; mais ce personnage est un « budgé-
« taire »; on va comprendre ce que le narrateur
cache sous ce mot, quand on entendra le pro-
pos qui lui est tenu : « J'espère surtout que
vous n'allez pas emmener là-bas toute votre
tmala. Au prix actuel des passages, vous nous
coûteriez un peu cher. » Espérance maladroite !
Ce qui coûterait infiniment plus cher que quel-
ques passages, ce serait une colonie française
uns des Français.
Et c'est ce qui se passera finalement, si les
« budgétaires » l'emportent. Car la place Que
devraient prendre les Français, ce sont les
étrangers qui l'usurpent. Le commerçant syrien
peu à peu chasse de tous les marchés le com-
merçant français, et, une fois installé, rien n'est
plus malaisé que de le faire déguerpir. Les Sy-
riens en vingt ans ont accaparé le commerce
de demi-gros et de détail. Au centre du com-
mandement militaire, à Kindia, on compte une
trentaine d'Européens, et deux centaines de Sy-
riens. Voilà la proportion.
A quelques mètres du Tata, forteresse de Sa-
mory, dont il ne reste que des vestiges, M. le
Colonel Jean Charbonneau, passant à Kérouane,
s'est recueilli quelques instants, devant le petit
cimetière où donnent les soldats qui sont venus
faire régner la paix française en Guinée.
« J'éprouve un peu d'amertume, écrit-il, en
songeant que notre oeuvre de civilisation, pour
laquelle tant de nos devanciers ont succombé,
est incomplète, et risque de - le demeurer, faute
i l e s
des populations nécessaires, et peut-être surtout
faute de cadres pour mettre en valeur tous ces
pays arrachés à la barbarie, et dont nous n'avons
même pas encore décompté toutes les richesses
naturelles. » Réflexion mélancolioue. mais non
découragée. Que notre oeuvre decivilisation soit
incomplète, peu importe si nous avons tout fait
IWR la eompiétor. Mais avons-nous tout fait ?
N'avons-nous rien négligé d'abord pour avoir la
main-d'œuvre indigène iodispeaaable. puis pour
avoir les cadres nécessaires, c'est-à-dire les
Français qui doivent collaborer avec ces popu-
lations dont nous avons la charge ? Ne négli.
geons rien si nous voulons oue les morts « qui
gardent la terre qu'ils ont si laborieusement con-
quise, soient contents de ceux qui leur ont suc-
cédé ».
M«rf« Mmmmimm,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Cotantes.
Au Conseil des Ministres
*•»
Les Missions
Le conseil des ministres s'est réuni ce ma-
tin à l'Elysée, pour examiner le nouveau
texte des articles 70 et 71 de la loi de
finances.
L'article 71 a été l'objet d'importantes
modifications.
Les neuf associations de missionnaires
qui ont demandé l'autorisation d'installer
en France des maisons de recrutement,
d'hospitalisation et de retraite sont nom-
mément désignées, ce sont : les missions
d'Afrique, les missions africaines de Lyon,
les franciscains missionnaires, les missions
du Levant, l'institut missionnaire des frères
des écoles chrétiennes, les frères maristes,
les picpuciens, les soeurs de l'Enfant Jésus
du Puy, les sœurs de Notre-Dame des
apôtres.
Ces associations ne seront pas autorisées
par décrets.
Conformément à la loi, et aussi à l'inter-
prétation qu'en donna M. Combes lui-même
K la Chambre. le 2\ mars 1004. elles ont dé-
posé une demande d'autorisation. Celle-ci
leur sera donnée, comme le veut la loi, par
une loi, en l'occurrence la prochaine loi de
finances.
Un article 71 bis dira que l'autorisation
donnée pourra être révoquée par décret dans
le cas où l'objet défini par la loi cessera
d'être rempli, par exemple si la congréga-
tion s'emploie à une autre action qu'à la
formation de missionnaires. Ce même ar-
ticle 71 bis dira nue si ultérieurement d'au-
tres congrégations demandent des autorisa-
tions, celles-ci ne pourront leur être accor-
dées que par voie législative.
Un succès de nos Méharistes
Soudanais
»♦«
Je lisais quelques réflexions de notre cor-
respondant particulier de Tombouctou sur
l'efficacité de l'emploi de nos pelotons mé-
haristes sur les confins Sahariens en liaison
avec ceux de l'extrême-sud Algérien, quand
son post-scriptum retint mon attention et le
voici in extenso :
« Un rezzou de 50 fusils venant du Draa
(Regueibats du Rio de Oro) sous le com-
mandement du fils d'Abidin, est tombé le
18 octobre sur un détachement du groupe
nomade du Timetrin à 105 km. N.-O. de
Tessalit et à 60 km. à l'O. de la piste Es-
tienne. Le rezzou a été mis en fuite laissant
5 tués et emportant ses blessés. De notre
côté deux indigènes tués, un blessé. Le lieu-
tenant commandant le détachement a une
éraflure du crâne. »
De toute évidence, ajoute notre correspon-
dant particulier de Tombouctou, on sait
dans le milieu Regueibat de Seguiet el
Hamra et du t)raa que les missions saha-
riennes vont opérer cet hiver entre Reggan
et Gao.
Cette attaque - correspond - avec le - passage
présumé de M. Maitre-Devallon. Il faut ren-
dre hommage à la vigilance de nos méha-
ristes qui ont établi leur système de sûreté
depuis le mois de septembre. Mais pour
garder la piste Estienne, de la frontière al-
gérienne à Gao (600 kilomètres) l'A. O. F.
ne dispose que de 300 fusils méharistes, tan-
dis que les méharistes algériens ont à peu
près 600 fusils pour tenir la ligne Reggan-
frontière face à l'Ouest.
Malgré une entente absolue entre tous ces
pelotons méharistes, on ne peut que diffici-
lement s'opposer au passage d'un rezzou de
50 fusils entre les mailles d'un réseau aussi
lâche.
Peut-on songer sérieusement à faire le
transsaharien tant que ne sera pas réglée la
question du Rio de Oro et du Sud marocain ?
Contrairement à ce que nous pensions, la
question du Rio de Oro avait été portée au
programme de la Conférence nord-africaine
de Tunis en 1026, à la demande de l'A.O.F.
et du Maroc (Question 29 C.) et avait fait
l'objet d'un vœu très net.
Elle figurait également au programme de
la Conférence nord-africaine d Alger et
en avait été rayée. dit-on.
Il en a été question malgré tout à la
Conférence de Rabat, mais les communiqués
officiels ne l'ont pas mentionné.
Cependant, nos méharistes battent l'es-
trade et se font tuer à leur poste.
.,-
Le désastre de la Guadeloupe
-
Les fausses nouvelles
L'un do nos confrères avait dit qu'au len-
demain de ta. catastrophe qui a dévasté la
Guadeloupe le maire de Pointe-à-Pitre
n'avait eu d'autre souci que de faire distri-
buer de l'alcool aux habitants et que durant
plusieurs jours d'une orgie sinistre ceux-ci
se livraient au pillage, aux viols et aux
meurtres.
D'après de nombreux témoins, a aucun
moment il n'y a eu à Pointe-à-Pitre et dans
toute la Guadeloupe aucune panique, aucun
trouble, aucune discorde.
Troupes n d oc hine
d'I
La Commission des Finances é
intégralement maintenu. les crédits
affectés par le projet de budget de
1929 à la défense de. I Indochine. C'est la
conséquence logique de la politique de pro-
tection de notre France d'Asie, entreprise
par M. Alexandre Varenne.
La Commission a fort bien fait, encore
que la sécurité de notre colonie ne paraisse
pas présentement menacée.
Il est permis, en effet, de ne pas partager
le pessimisme de certains de nos amis d'Ex-
trême-Orient, qui, lorsqu'ils sont de mati-
vaise humeur, prédisent que « nous ne gar-
derons pas lindochitte P. Pareille éventua.
lité nous semble, à nous, inséparable d'évé.
nements à forme de cataclysme : l on ne voit
pas bien une puissance quelconque s'installer
à notre Place au c balcon du Pacifique 9,
avec le consentement bénévole et aux applau-
dissements bienveillants de VUnivers, alors
que le protectorat français est certainement
celui qui pèse le moins aux indigènes.
En cas d' « accidalt », une autre nation
blanche ou jaune ne tarderait pas à se subs-
tituer à la France, mais une usurpation de
cette envergure ne saurait être que le résul-
fat d'une auerre mondiale. Et attelle guerre!
Nous la voulons croire encore quelque temps
improbable, sinon impossible.
Une usurpation de cette envergure ne sau-
rait donc être que le résultat d'une guerre
mondiale. Et quelle guerre f Nous la voulons
croire encore quelque temps improbable, si-
non impossible.
Et cependant, la sagesse populaire ensei-
gne qu'il ne faut pas tenter le diable. Un
devoir élémentaire nous commande de mettre
en bonne posture dé fensive un territoire qm
est un joyau et des populations qui nous ont
complètement prouvé letir loyalisme et même
leur dévouement. L' Indochine ne désire pas
plus devenir la proie d'un conquérant que
de l'anarchie démagogique. Et il peut suf-
fire par fois d'une mince troupe disciplinée
pour faire hésiter la folie guerrière, d'ob.
qu'elle vienne.
Les Animales Coloniales relataient, ces
jours derniers, que le général Aubert, com-
mandant stlpérietrr des troupes de l'Indo-
chine, formait, d'accord, avec le roi Moni-
vong, un bataillon cambodgien. Mieux en-
core : une compagnie moi, à Ban-M e-Thuot,
se distinguait par sa bonne volonté à se lais-
ser instruire.
Que pourrait-on attendre, militairement,
des peuples de VIndochine f
A leur sujet, des témoins dignes de foi
citent des exemples saisissants de courage et
d'énergie.
Un pirate, un jour pirate, oiii, mais
cela ne fait rien à l'affaire est capturé
après mille méfaits. On lui lie les bras au
corps, car il a annoncé qu'il échapperait à
la justice. En marche, patiemment, il se dé-
chire le ventre de ses ongles, jusqu'à ce que
les intestins s'échappent.
Un autre indigène, modeste et honnête
serviteur d'un Français, accablé par une fiè-
vre mortelle et apprenant qu'il n'a plus que
quelques heures à vivre, se lève de sa couche
et fait un long trajet pour dire à son maitre ;
« Je sais que je vais mourir. J'ai. voulu,
avant, vous dire adieu. »
Ce n'est point là, évidemment, de la mon-
naie quotidienne de stoïcisme ou de dévoue-
ment, mais nos. compatriotes d'Indochine
rapportent d'assez nombreux traits de ce
genre.
Avec des hommes courageux et capables
de reconnaître la bonté d'un chef, on peut
faire d'excellents soldats. Puissent-ils, cela
va sans dire, ne jamais partir en guerreI
Mais s'ils retirent de la servitude militaire,
avec quelques notions utiles, dhygibne par
exemple, le sens nouveau d'une discipline
applicable aux travaux de la paix, il fau-
dra, ma foi, bénir le métier des armes.
Clk. Debl*rre,
Sénateur du Nord, membre
de la Commission des Affaires
étrangères.
DEPARTS
M. Louis Eouis-Dreyfus, ancien député de la
Lozère, s'est embarqué aujourd'hui sur r Oron-
sap, à destination des Indes. Il est accompagné
de son fils.
On sait par ailleurs qu un groupe important
d'électeurs lui ont offert la candidature à
l'élection sénatoriale qui aura lieu le mois pro-
chain dans les établissements français dans
Plnde.
D'autre part, nous apprenons que M. Cop-
ponat, député des Etablissements français dans
l'Inde. s'est embarqué également à destination
de Pondichéry.
-–
M. Repiquet en France
D*-
M. Repiquet, Gouverneur de' La Réunion,
vient d'arriver à Marseille \"cc sa famille à
bord du Gélrértll-Voyron.
La première pierre
du Musée des Colonies
Nous rappelons que le Président de la Ré-
publique posera, le 5 novembre prochain, à
10 h. 30, à l'entrée du Bois de Vincennes,
en présence du maréchal Lyautey, la première
pierre du Musée permanent, des Colonies.
L'inauguration du Musée coïncidera avec
l'ouverture de l'Exposition Coloniale intema-
tionale de 1931.
N. Pasqiritr ai Sotvtair ImtochiMis
r
Répondant à l'invitation du Souvenir In-
dochinois, M. Pasquier, Gouverneur général
de l'Indochine, s'est rendu ce matin, accom-
pagné de S. M. l'empereur d'Annam, au
Jardin Colonial de Nogent-sur-Marne, où il
fut reçu par M. Gourdon, président du Sou-
venir Indochinois, entouré des représentants
du Ministre des Colonies, (lieutenant-colonel
Fauché), du général Pelletier et de nombreu-
ses personnalités des Indochinois de Paris.
M. Pasquier et S. M. liao Daï déposèrent
tout d'abord une gerbe de lleurs au monu-
ment des soldats coloniaux. Il se rendit en-
suite à la Pagode annamite devant laquelle
des soldats annamites en armes rendaient
les honneurs. Après avoir déposé une palme
de bronze au pied du principal tombeau,
M. Pasquier revint sur le perron pour en-
tendre M. Gourdon le remercier d'avoir ac-
cepté l'invitation du Souvenir Indochinois
qui, pour la dixième - fois, célèbre la mé-
moire des soldats coloniaux et des Annamites
morts pour la France, ayant donné la preu-
ve de leur indéfectible dévouement à la
puissance protectrice.
M. le Gouverneur Général Pasquier dit
combien il avait tenu, avant son prochain
départ pour l'Indochine, à apporter le té-
moignage de sa sympathie au Souvenir In-
dochinois et celui de sa gratitude aux bra-
ves' soldats qui, dans une même idée que
leurs camarades de la Métropole, étaient
tombés glorieusement face à l'ennemi com-
mun.
M. Pasquier a ajouté qu'il emportait de
cette pieuse et touchante cérémonie l'ultime
mot d ordre qui guidera désormais ses actes
de Gouverneur Général.
L'assistance suivit ensuite M. Pasquier et
l'empereur d'Annam aux monuments des ca-
tholiques indochinois, des soldats du Cam.
bodge et Laos et des soldats de Madagascar
au pied de chacun desquels fuient déposées
des gerbes de fleurs cravatées aux couleurs
nationales.
Par une très délicate attention, M. Pas-
quier se rendit au monument d'Eugène
Etienne, avant d'assister à l'église de No-
gent-sur-Marne au service funèbre à la mé-
moire des soldats coloniaux catholiques.
Ssiféne OevaMjr.
Cinéma Colonial
Un cineaste tunisien
A Tunis, où naquit Jacques Haïk, on
conserve le souvenir du petit écolier intelli-
gent et studieux qu'il était, il y a 25 ans,
au moment où il quitta la Tunisie avec ses
parents qui allaient s'installer à Paris.
Dès l'adolescence, Jacques Haïk est séduit
par le cinéma. Il le comprend, il l'aime : il
sent qu'un grand avenir lui est réservé.
La carrière de Jacques Haïk est dès lors
tracée. Esprit positif, plein de décision et
d'audace, le jeune cinéaste devait avoir une
fortune. f'1o::tr:\orrlinairf'mf'nt mnid^ pt bril-
lante. _no- --- -----u _----0-- - -r--- -- ----
Tout d'abord, il se tourne vers l'Améri-
que et successivement introduit en France
Charlie Chaplin, Tom Mix, Douglas Fair-
banks et Mary Pickford. C'est le triomphe.
Jacques Haïk décide alors de produire lui-
même.
Et il devient bientôt un des plus impor-
tants producers du monde cinématographi-
que.
Il monte Le Bossu, André CornéliSj puis
Le Bonheur dit Jour, Sotis le ciel d'Ortent,
tourné en partie en Tunisie.
C'est enfin La Grande Epreu'l'e dont la
réalisation dura un an et demi et dont le
général manager est un ancien Tunisien,
M. Roger-Dessort.
La Grande Epreuve sera présentée le 5 no-
vembre à Tunis, au cours d'une soirée offi-
cielle à laquelle assistera M Lucien Saint,
Résident général, entouré de toutes les per-
sonnalités tunisiennes.
Le bénéfice de cette soirée sera versé à
l'G:uvre de Protection de l'Enfance.
L'Aviation Coloniale
l'
, France-Madagascar
Les aviateurs Marie, Boulmcr et Dc-
menux, qui, à bord do leur avion Général-
Laperrine, avaient quitté Zinder le 31 octo-
bre au matin pour gagner Coquilhatville,
ont du atterrir à Bangui, ti 16 heures, le
1er novembre, par suite du mauvais temps.
Un message radio du lieutenant Mario
faisait également savoir qu'ils poursui-
vront ce suir leur étape sur poursui-
vr<'nt ce soir leur ctapc sur Coquilhatville.
Reine et Serre à Casablanca
Les aviateurs Reine et Serre, qui ont
quitté avant-hier Las-Palmas ii bord du
lIogflal" font escale aujourd'hui à Casa-
blanca. L'Aéro-Club du Maroc vient de leur
attribuer sa grande médaille d'or.
Notre confrère Wilms, de la presse ma-
rocaine, avait reçu le télégramme sui-
vant :
Las Palmas..
Quarantaine de bateau levée. Merci de
tout cœur pour l'aide apportée à notre dé-
livrancet à vous et à toute la presse maro-
caine. Quittons Las Palmas mercredi par le
illoggiir. Toucherons Casablanca et pren-
drons l'twiull.
Signé : HEIE.
Les membres de l'Aéro-Club et toute la
lMlpulalioll préparent il nos compatriotes
une grandiose el affectueuse réception.
Rome-Tripoli
Avant-hier a été inaugurée la ligne
aérienne Home-Syracuse-h'ipoh.
Le premier voyage entre Home-Tripoli et
retour a été accompli par le ministre
llalbo, le général de Pinedo et douze 1\11-
tres passagers de marque.
La chasse aux fauves en avion
L'aviateur Drew, qui était au service
de feu !.'t.'wenatein, est passé, ainsi que
nous l'avons relaté, à celui d'un armateur
anglais qui, avant acheté l'avion du finan-
cier belge décédé, a conservé son pilote.
Drew et son Il patron n, chasseur de
fauves, ont quitté le Hourget hier. Ils se
rendent a Kenya (Afrique Equatoriale) via
Marseille, l'Egypte et le Soudan.
Voyage d inspection
de N. Aotonelti
-–
Au cours d' un voyage d'inspection qui a
duré trois semaines, M. Antonetti a examiné
sur place un certain nombre de questions im-
portantes. notamment les améliorations à ap-
porter aux ports de Libreville et de Port-Gen-
til, qui sont devenus tout à fait insuffisants
pour le mouvement commercial actuel.
M. Raphaël Antonetti s'était fait accompa-
{mef par M. Blosset, ingénieur des Ponts et
Chaussées, spécialiste des travaux de ports,
que M. Léon Perrier, ministre des Colonies,
avait bien voulu mettre à sa disposition durant
quelques mois.
A Libreville ont été prévus : la construction
d'un appontement en béton pour le débarque-
ment des marchandises, l'aménagement d' un
terre-plein sur le port et l'amélioration de l'an-
cien appontement réservé aux passagers.
A Port-Gentil, on a décidé de construire
dans le prolongement du wharf actuel destiné
à servir de passerelle un appontement en bé-
ton, qui sera muni de grues, en vue du trans-
port des marchandises.
Tous ces travaux, ayant un caractère mani-
feste d'urgence, seront commencés dès que
possible. La dépense en sera supportée pour
les deux tiers par le budget général de la
colonie et pour un tiers par le budget du Ga-
bon.
Un programme de travaux moins importants
a été arrêté et sera exécuté dès le début de
1929. Il comprend : la construction de routes
en ciment à Port-Gentil ; la création de
postes de T.S.F. à Lambaréné et à Libre-
ville ; l'édification d'écoles, de logements et
d'un hôtel des Postes à Libreville; l'agran-
dissement de l'ambulance de Port-Gentil, qui
est construite depuis deux ans à peine et qui
est déjà devenue insuffisante en raison du dé-
veloppement des services de l'assistance médi-
cale.
Partout où il a passé, le Gouverneur Géné-
ral a reçu les associations de commerçants qui.
en A.E.F., tiennent lieu de Chambres de
Commerce, et c'est en plein accord avec elles
que furent arrêtés les programmes de travaux
à exécuter.
Le Gouverneur Général, M. R. Antonetti.
et l'ingénieur Blosset, se sont ensuite rendus
par le paquebot Dahomey, des Chargeurs
Réunis, à Pointe- Noire.
Le Gouverneur Général est resté une se-
maine à Pointe-Noire. Il y a visité les travaux
exécutés depuis son dernier passage. Ces tra-
vaux sont des plus importants.
La conduite d'eau qui est maintenant ache-
vée a été inaugurée en donnant pour la pre-
mière fois de 1 eau à un navire.
Le wharf maintenant terminé et équipé de
huit grues desservies par la voie de 1 m. 06,
est doté d'un matériel de batelage important,
qui comprend deux chalands-citemes ; il est, à
l'heure actuelle, le mieux équipé de la côte.
Les terrassements faits pour combler les
dépressions marécageuses de Pointe- Noire et
pour niveler la ville, afin de faciliter l'éta-
blissement de la voirie et les canalisations
d'eau sont poussés rapidement au moyen de
deux pelles à vapeur. Depuis le début de
l' année, près de 300.000 mètres cubes de
terre ont été remués. Un vaste égout de 800
mètres de long et de 2 mètres de section, qui
rejettera à la mer les eaux usées, la pose de
canalisations d'eau secondaires vont permettre,
dès I-an prochain, de doter du tout-à-l'égout le
principal quartier de la ville.
Ceux qui se rappellent ce qu'était Pointe-
Noire il y a moins de quatre ans (rien n'exis-
tait alon). sont frappés d'étonnement en
voyant tout ce qui a été fait en un aussi court
laps de temps.
Enfin, au point de vue sanitaire, de grands
progrès ont été réalisés. Grâce aux constata-
tions faites par le docteur Le Villain, chef
du Service de Santé de Pointe-Noire, sur le
rôle que joue la filariose intraveineuse massive
sur 1 état de santé des travailleurs, et grâce à
un traitement approprié, la situation sanitaire
des travailleurs s' est grandement améliorée et,
d'après les ordres du Gouverneur Général, on
va expérimenter dans le Mayumba la méthode
employée à Pointe-Noire.
Pointe-Noire est dotée d' une ambulance
moderne. comprenant un pavillon pour Euro-
péens, cinq pavillons pour indigènes, buande-
rie, salle d'épouillage, étuve, salle d'opéra-
tion, etc.
Avant de regagner Brazzaville, M. Anto-
netti a effectué une visite complète aux mines
de Mindouli, sous la conduite de M. Cou-
chet, directeur général, et de M. Haugou,
chef du bureau des Mines.
Le règlement de certaines questions pen-
santes ; quelques arrangements intervenus en-
tre le Gouvernement et la Compagnie sont le
résultat de cette visite.
Ainsi, Fera facilité l'achèvement de la por-
ion du chemin de fer entre Matoumbou et
l'avancement des travaux au delà de Min-
douli.
M Pierre Bornes à Conslanline
M. Uorde<-, (gouverneur général de l'Algé-
rit" a procédé mercredi matin, à Constan-
tine, à diverses inaugurations «après celle de
la k toute des chutes d) notamment à la pose
de la première pierre du nouvel hôtel de la
division qui permettra d'alïecter à un musée
le superbe palais d'Ahmed bey où est actuel-
l'après-midi à Philippeville, accompagné de.
lement logé un général. Il est arrivé dans
M. Morinaud, et a été salué à la gare par
M. Cuttoli, sénateur, et de nombreuses per-
sonnalités. Très acclamé par la 1 population,
M. Hordes a. visité les écoles et les hôpitaux.
Le (iouverneui tiénéial est lepart i pour
Alger dans la soirée.
PLANTES TEX IILES
LES SANSEVIERES
Par Louis LE B AUBIER.
Voici une plante dont on parle beaucoup
depuis quelques années déjà, avec laquelle 00
a fait, de ci, de là, pas mal d'essais et oui
cependant n' est pas encore entrée dans le oo-
maine de la culture industrielle : les sanse.
vières.
Ce n' est pas que nous croyons beaucoup è
son avenir au Maroc, le pays qui nous préoc.
cupe toujours spécialement. Cependant nous
allons en dire quelques mots : peut-être, si l'on
pouvait réunir en quelque endroit bien choisi
J e. 1 ** - 1 i-.•
au oud IVlarocam, les conditions mdispensabl
à cette culture, pourrait-on en tirer bon parti.
C est à voir sur place.
Il existe d'assez nombreuses variétés de san-
sevières. Les unes viennent uniquement dans
les pays de grande chaleur humide, telle 1.
variété Saruevieria Zeilanica, qui affectionna
Ceylan et les Indes, et ks autres comme la
variété Guineensis ou celle Ehrenbergii qui
préfère, la première, l'Afrique Occidentale,
et la seconde l'Abyssinie et l'Afrique Orien-
tale. On a essayé d'ailleurs l'introduction de
cette dernière à Madagascar, où la plante se
cnmnortp normalMnHtt
Toutes les variétés de sansevières ont les
mêmes caractéristiques générales. Elles sont
rhizomateuses, ont de longues feuilles étroites
et charnues d'une longueur variant de 0 m. 60
à 1 mètre de longueur. Quelques-unes mêmes
comme la variété Ehrenbergii atteignent
1 m. 80.
La filasse, assez souple, d un blanc soyeux,
est inférieure comme résistance à celle de
I Agave, mais elle résiste mieux à l'eau, qui
1 altère peu. Aussi est-elle souvent employée
pour la confection de filets de pêches, par les
Indiens notamment.
Si certaines variétés, avons-nous dit, ont be-
soin d' une température tropicale pour se déve-
lopper normalement, d'autres, comme cell,
Ehrenbergii déjà nommée, viennent en Erp-
thrée jusqu'à 2.000 mètres d'altitude. EII-
sont donc moins amoureuses de. la forte cha-
leur. Mais toutes, sans exception, et c'est ce
qui en rendra la culture plutôt difficile au
Maroc, demandent des terres continuellement
humides et de l'ombre. Ces terres n'ont pas be-
soin d'être trop fortes. Oh recommande même
pour celles qui sont très argileuses, de les
amender avec du sable. Le voisinage de la met
ne leur déplaît pas. Ces deux conditions peu.
vent rmrAntrMr «ttr r*rfain< ont a <4.1 QiiJ --
----- -- --..--.8 .,.-. wia Viu tJUU aalCl-
rocain, pays où l'on rencontre fréquemment des
terres tablormeusès. légères, néanmoins tal-
caires et à proximité de la mer, ce qui peut
contribuer à entretenir l'humidité dont la plante
a besoin.
La meilleure façon de faire une plantation
de sansevières est d'emplover les rhizomes ou
même le bouturage de feuilles ou de fragment.
de feuilles. Cellesrci prennent facilement ra.
cines. Le terrain doit être préparé par un bon
labour et irrigué ou tout au moins arrosé fré-
quemment. Dans ces conditions, les racines ap-
paraissent après un laps de temps qui varie de
1 mois à 2 mois 1/2. La récolte se fait au
bout de deux ans ou deux et demi en moyenne.
Cependant certaines variétés comme le Stuc
exigent une attente de 5 ans.
Les plantes doivent être mises en lignes et*
pacées de 1 m. à 1 m. 20 et être séparées les
unes des autres par un intervalle de 1 mètre.
Le rendement en poids et en qualité de filasse,
varie naturellement avec les espèces, car cha-
cune d'elles, à ses caractéristiques spéciales no.
tamment pour les feuilles qu elles produisent.
Les bons auteurs, comme M. Godefroy-Lebeuf
et certains colons ayant, pratiqué cette culture,
disent qu'une variété moyenne, comme la san-
sevière Stuckpi donne par pied une moyenne
annuelle de 8 feuilles, chacune d'elles pesant
de 1 kil. 250 à 2 Vil. 500 ; donc une moyenne
de 16 kil. 1.000 plantes fourniraient par consé-
quent, 16.000 kgs, d'où l'on retirerait 5 do
filasse. Ce chiffre de 5 nous paraît exagéré,
et nous le ramènerons volontiers avec M. Ju-
melle à 3 %, ou 480 kgs de fibre pour 1.000
pieds de plantes. Comme on peut placer faci.
lement 1.000 pieds par hectare, on a ainsi to
rendement sur lequel on peut normalement
compter.
Il est assez difficile d'indiquer un prix de
base pour cette fibre, car, ainsi que nous le di.
sions au début de cet article, les sansevières ne
sont pas d'une culture industrielle bien établie.
Par comparaison avec la fibre d'agave sisal,
on peut évaluer à 400 francs environ la balle
de 100 kgs et se rendre compte ainsi de ce
que peut rapporter un hectare.
Mais il est deux joints qu'il ne faut pas
oublier quand on parle de cette plante et de
- sa - culture, car - ils sont - d'une - réelle - impOrtance:
D abord la récolte n'est pas à faire à une
date déterminée, dans un laps de temps très
court, comme cela se produit pour les céréales
et d'autres plantes textiles ou oléagineuses,
telles le lin, le ricin, etc. Ce qui exigc une
main-d œuvre très nombreuse, donnant un gros
effort à un certain moment et restant ensuite
inemployée. Les feuilles de ?ansevières, quel
que soit l'espèce cultivée, se récoltent. d'un
bout à l'autre de l'année, sans qu'on ait à se
préoccuper de l'époque de la maturité.
La seconde consifiemimn net.
cju une plantation de sanseviorcs, à peu près
bien entretenue peut durer 50 ans. C' est une
bien sensible économie de prix de revient, puis-
qu'une fois la plantation établie, elle n'est pas
à refaire entièrement et assez souvent, comme
c est le cas, par exemple, du sisal qui lui, ne
dure pas plus de 15 ans en moyenne, et en-
core dans de bonnes conditions.
La décortication de la feuille peut se faire
de deux façons. Les uns préconisent une sorte
de rouissage préalable et, après avoir écrase
la feuille entre deux cylindres, la mettent ma-
cérer dans l'eau pendant 6 jours pour la racler
ensuite avec des couteaux en bois : c'est le
procédé pour ainsi dire primitif. Les autres tra-
LB NUMERO : 30 CBNTIME8
YKNIMtliM SOI H, 2 NOVEMBRE 1928.
jeURMlJVOTIDIEII
Rédaction & Administration :
1 - .1IIIIr
1-.
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France et
Colonies 120 « 65 » 35.
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tous les bureaux de poste.
La famille française aux colonies
CO" b< nt j
* l'ai maintes fois défendu les droits de la fa-
mine française aux colonies. Certes, je ne crois
pas au succès d'une politique qui tendrait à une
colonisation française de peuplement. La fa-
mille française en France n est pas, hélas ! assez
brillante pour qùe nous tonnions le rêve de
théories d'émigrants, abandonnant la métropole
afin d'aller, comme au XVIf siècle, habiter les
provinces lointaines. Nos colonies sont, en règle
générale, des colonies d exploitation, c est-à-
dire des territoires où les indigènes, tirent pro-
6t de nos capitaux, de notre outillage, de nos
biogrès scientifiques, travaillent, en collabora.
tion avec les Français, à mettre en valeur les
richesses de leur sol et de leur sous-sol.
Mais il faut, du moins, que les Français
Soient présents. Pour s'associer, on doit être
deux. Plus il y a de Français dans une colonie,
et plus la colonie est intimement rattachée à la
métropole, plus elle est soudée à la plus grande
France, plus son développement matériel, intel-
lectuel et moral, est rapide et sûr. Or, de
l'étude de M. le Colonel Jean Charbonneau,
commandant militaire de la Guinée, dont j'ai
tâché de donner une analyse critique, il ressort
clairement que, si la population indigène en
Guinée tend à diminuer, la population euro-
péenne a la même tendance.
Le climat est débilitant, sans doute ; et ce-
pendant, on compte relativement peu de décès,
et peu de rapatriements pour raisons de santé.
Mais la natalité est tout à fait insignifiante.
u La consigne semble être : pas d'enfants ».
Consigne scrupuleusement observée. M. le
Commandant militaire cite des chiffres qui font
réfléchir. Dans un territoire plus vaste que la
Belgique ou l'Autriche, dans les dix cercles du
bassin du Niger, ou de la région forestière qui
est en bordure du Libéria, sur 200 Européens,
il y a à peine 10 enfants de moins de 15 ans.
Voici d' autes précisions. Vingt officiers, de
ceux qui se trouvent sous les ordres du Colo.
nel Jean Charbonneau, sont mariés : 9 n'ont
pas d'enfants, 4 n'en ont qu'un, 6 en ont deux,
1 en a quatre, mais qui sont restés en France
avec la maman. Encore cette proportion est-elle
très forte, si on la compare à ce lle des ménages
des colons et des commerçants ; pour ceux-ci,
c'est bien simple ; la règle est la stérilité.
C'est qu'en Afrique noire. lorsque l'enfant
parait, les fronts sont loin de se dérider. C'est
un teneur que le nouveau venu. La domesticité
est fort médiocre, et la maman, déjà anémiée
par le climat, s'épuise à donner à bébé la
nourriture et - les premiers soins. M. le Comman-
dant militaire ajoute que les matures, habitées
pu les officiers et sous-officiers, ne sont nulle-
ment faites « pour abriter des berceaux enru-
bannés »; cases en terre séchée au soleil (banco)
et le plus souvent recouvertes en chaume (pail-
lotte). Rien du confort moderne : « ils ne sont
pas mieux logés qu'à l'ère de la conquête. »
Raison sérieuse. On peut chercher dans la crise
du logement en France une des explications de
la dénatalité. Ce n'est pas la plus, importante
assurément ; commerçants et colons n'habitent
pu des cases en banco, et n'ont pas davantage
de petits Français ; mais il reste vrai que, pour
que le cercle de famille applaudisse à grands
cris dès que l'enfant paraît, il faut que la
famille ait la place nécessaire pour former le
cercle.
Et, d'autre part, M. le Colonel Jean Char-
bonneau s'en prend aux pouvoirs publics. Il les
accuse de ne rien faire pour encourager l'instal.
lation des familles françaises aux colonies, et de
s'évertuer à la décourager. J'ai porté, comme
lui, en même temps que lui, les mêmes accu-
sationa. Nous continuerons, l'un et l'autre, de
concert. En A.O.F., en Guinée, aucune faveur
aux familles nombreuses, alors que déplace-
ments et installations sont pour elles des charges
singulièrement lourdes ; aucune prime de nata-
lité ; aucune réduction sur les chemins de fer
dont les tarifs segt plus élevés que ceux de la
métropole. Et M. le Commandant militaire de-
mande la Darole DOUr un fait oersonnel.
Avant de s'embarquer pour l'A.O.F., il va
prendre congé d'un haut fonctionnaire du mi-
nistère des Colonies qui lui témoigne sa bien-
veillance ; mais ce personnage est un « budgé-
« taire »; on va comprendre ce que le narrateur
cache sous ce mot, quand on entendra le pro-
pos qui lui est tenu : « J'espère surtout que
vous n'allez pas emmener là-bas toute votre
tmala. Au prix actuel des passages, vous nous
coûteriez un peu cher. » Espérance maladroite !
Ce qui coûterait infiniment plus cher que quel-
ques passages, ce serait une colonie française
uns des Français.
Et c'est ce qui se passera finalement, si les
« budgétaires » l'emportent. Car la place Que
devraient prendre les Français, ce sont les
étrangers qui l'usurpent. Le commerçant syrien
peu à peu chasse de tous les marchés le com-
merçant français, et, une fois installé, rien n'est
plus malaisé que de le faire déguerpir. Les Sy-
riens en vingt ans ont accaparé le commerce
de demi-gros et de détail. Au centre du com-
mandement militaire, à Kindia, on compte une
trentaine d'Européens, et deux centaines de Sy-
riens. Voilà la proportion.
A quelques mètres du Tata, forteresse de Sa-
mory, dont il ne reste que des vestiges, M. le
Colonel Jean Charbonneau, passant à Kérouane,
s'est recueilli quelques instants, devant le petit
cimetière où donnent les soldats qui sont venus
faire régner la paix française en Guinée.
« J'éprouve un peu d'amertume, écrit-il, en
songeant que notre oeuvre de civilisation, pour
laquelle tant de nos devanciers ont succombé,
est incomplète, et risque de - le demeurer, faute
i l e s
des populations nécessaires, et peut-être surtout
faute de cadres pour mettre en valeur tous ces
pays arrachés à la barbarie, et dont nous n'avons
même pas encore décompté toutes les richesses
naturelles. » Réflexion mélancolioue. mais non
découragée. Que notre oeuvre decivilisation soit
incomplète, peu importe si nous avons tout fait
IWR la eompiétor. Mais avons-nous tout fait ?
N'avons-nous rien négligé d'abord pour avoir la
main-d'œuvre indigène iodispeaaable. puis pour
avoir les cadres nécessaires, c'est-à-dire les
Français qui doivent collaborer avec ces popu-
lations dont nous avons la charge ? Ne négli.
geons rien si nous voulons oue les morts « qui
gardent la terre qu'ils ont si laborieusement con-
quise, soient contents de ceux qui leur ont suc-
cédé ».
M«rf« Mmmmimm,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Cotantes.
Au Conseil des Ministres
*•»
Les Missions
Le conseil des ministres s'est réuni ce ma-
tin à l'Elysée, pour examiner le nouveau
texte des articles 70 et 71 de la loi de
finances.
L'article 71 a été l'objet d'importantes
modifications.
Les neuf associations de missionnaires
qui ont demandé l'autorisation d'installer
en France des maisons de recrutement,
d'hospitalisation et de retraite sont nom-
mément désignées, ce sont : les missions
d'Afrique, les missions africaines de Lyon,
les franciscains missionnaires, les missions
du Levant, l'institut missionnaire des frères
des écoles chrétiennes, les frères maristes,
les picpuciens, les soeurs de l'Enfant Jésus
du Puy, les sœurs de Notre-Dame des
apôtres.
Ces associations ne seront pas autorisées
par décrets.
Conformément à la loi, et aussi à l'inter-
prétation qu'en donna M. Combes lui-même
K la Chambre. le 2\ mars 1004. elles ont dé-
posé une demande d'autorisation. Celle-ci
leur sera donnée, comme le veut la loi, par
une loi, en l'occurrence la prochaine loi de
finances.
Un article 71 bis dira que l'autorisation
donnée pourra être révoquée par décret dans
le cas où l'objet défini par la loi cessera
d'être rempli, par exemple si la congréga-
tion s'emploie à une autre action qu'à la
formation de missionnaires. Ce même ar-
ticle 71 bis dira nue si ultérieurement d'au-
tres congrégations demandent des autorisa-
tions, celles-ci ne pourront leur être accor-
dées que par voie législative.
Un succès de nos Méharistes
Soudanais
»♦«
Je lisais quelques réflexions de notre cor-
respondant particulier de Tombouctou sur
l'efficacité de l'emploi de nos pelotons mé-
haristes sur les confins Sahariens en liaison
avec ceux de l'extrême-sud Algérien, quand
son post-scriptum retint mon attention et le
voici in extenso :
« Un rezzou de 50 fusils venant du Draa
(Regueibats du Rio de Oro) sous le com-
mandement du fils d'Abidin, est tombé le
18 octobre sur un détachement du groupe
nomade du Timetrin à 105 km. N.-O. de
Tessalit et à 60 km. à l'O. de la piste Es-
tienne. Le rezzou a été mis en fuite laissant
5 tués et emportant ses blessés. De notre
côté deux indigènes tués, un blessé. Le lieu-
tenant commandant le détachement a une
éraflure du crâne. »
De toute évidence, ajoute notre correspon-
dant particulier de Tombouctou, on sait
dans le milieu Regueibat de Seguiet el
Hamra et du t)raa que les missions saha-
riennes vont opérer cet hiver entre Reggan
et Gao.
Cette attaque - correspond - avec le - passage
présumé de M. Maitre-Devallon. Il faut ren-
dre hommage à la vigilance de nos méha-
ristes qui ont établi leur système de sûreté
depuis le mois de septembre. Mais pour
garder la piste Estienne, de la frontière al-
gérienne à Gao (600 kilomètres) l'A. O. F.
ne dispose que de 300 fusils méharistes, tan-
dis que les méharistes algériens ont à peu
près 600 fusils pour tenir la ligne Reggan-
frontière face à l'Ouest.
Malgré une entente absolue entre tous ces
pelotons méharistes, on ne peut que diffici-
lement s'opposer au passage d'un rezzou de
50 fusils entre les mailles d'un réseau aussi
lâche.
Peut-on songer sérieusement à faire le
transsaharien tant que ne sera pas réglée la
question du Rio de Oro et du Sud marocain ?
Contrairement à ce que nous pensions, la
question du Rio de Oro avait été portée au
programme de la Conférence nord-africaine
de Tunis en 1026, à la demande de l'A.O.F.
et du Maroc (Question 29 C.) et avait fait
l'objet d'un vœu très net.
Elle figurait également au programme de
la Conférence nord-africaine d Alger et
en avait été rayée. dit-on.
Il en a été question malgré tout à la
Conférence de Rabat, mais les communiqués
officiels ne l'ont pas mentionné.
Cependant, nos méharistes battent l'es-
trade et se font tuer à leur poste.
.,-
Le désastre de la Guadeloupe
-
Les fausses nouvelles
L'un do nos confrères avait dit qu'au len-
demain de ta. catastrophe qui a dévasté la
Guadeloupe le maire de Pointe-à-Pitre
n'avait eu d'autre souci que de faire distri-
buer de l'alcool aux habitants et que durant
plusieurs jours d'une orgie sinistre ceux-ci
se livraient au pillage, aux viols et aux
meurtres.
D'après de nombreux témoins, a aucun
moment il n'y a eu à Pointe-à-Pitre et dans
toute la Guadeloupe aucune panique, aucun
trouble, aucune discorde.
Troupes n d oc hine
d'I
La Commission des Finances é
intégralement maintenu. les crédits
affectés par le projet de budget de
1929 à la défense de. I Indochine. C'est la
conséquence logique de la politique de pro-
tection de notre France d'Asie, entreprise
par M. Alexandre Varenne.
La Commission a fort bien fait, encore
que la sécurité de notre colonie ne paraisse
pas présentement menacée.
Il est permis, en effet, de ne pas partager
le pessimisme de certains de nos amis d'Ex-
trême-Orient, qui, lorsqu'ils sont de mati-
vaise humeur, prédisent que « nous ne gar-
derons pas lindochitte P. Pareille éventua.
lité nous semble, à nous, inséparable d'évé.
nements à forme de cataclysme : l on ne voit
pas bien une puissance quelconque s'installer
à notre Place au c balcon du Pacifique 9,
avec le consentement bénévole et aux applau-
dissements bienveillants de VUnivers, alors
que le protectorat français est certainement
celui qui pèse le moins aux indigènes.
En cas d' « accidalt », une autre nation
blanche ou jaune ne tarderait pas à se subs-
tituer à la France, mais une usurpation de
cette envergure ne saurait être que le résul-
fat d'une auerre mondiale. Et attelle guerre!
Nous la voulons croire encore quelque temps
improbable, sinon impossible.
Une usurpation de cette envergure ne sau-
rait donc être que le résultat d'une guerre
mondiale. Et quelle guerre f Nous la voulons
croire encore quelque temps improbable, si-
non impossible.
Et cependant, la sagesse populaire ensei-
gne qu'il ne faut pas tenter le diable. Un
devoir élémentaire nous commande de mettre
en bonne posture dé fensive un territoire qm
est un joyau et des populations qui nous ont
complètement prouvé letir loyalisme et même
leur dévouement. L' Indochine ne désire pas
plus devenir la proie d'un conquérant que
de l'anarchie démagogique. Et il peut suf-
fire par fois d'une mince troupe disciplinée
pour faire hésiter la folie guerrière, d'ob.
qu'elle vienne.
Les Animales Coloniales relataient, ces
jours derniers, que le général Aubert, com-
mandant stlpérietrr des troupes de l'Indo-
chine, formait, d'accord, avec le roi Moni-
vong, un bataillon cambodgien. Mieux en-
core : une compagnie moi, à Ban-M e-Thuot,
se distinguait par sa bonne volonté à se lais-
ser instruire.
Que pourrait-on attendre, militairement,
des peuples de VIndochine f
A leur sujet, des témoins dignes de foi
citent des exemples saisissants de courage et
d'énergie.
Un pirate, un jour pirate, oiii, mais
cela ne fait rien à l'affaire est capturé
après mille méfaits. On lui lie les bras au
corps, car il a annoncé qu'il échapperait à
la justice. En marche, patiemment, il se dé-
chire le ventre de ses ongles, jusqu'à ce que
les intestins s'échappent.
Un autre indigène, modeste et honnête
serviteur d'un Français, accablé par une fiè-
vre mortelle et apprenant qu'il n'a plus que
quelques heures à vivre, se lève de sa couche
et fait un long trajet pour dire à son maitre ;
« Je sais que je vais mourir. J'ai. voulu,
avant, vous dire adieu. »
Ce n'est point là, évidemment, de la mon-
naie quotidienne de stoïcisme ou de dévoue-
ment, mais nos. compatriotes d'Indochine
rapportent d'assez nombreux traits de ce
genre.
Avec des hommes courageux et capables
de reconnaître la bonté d'un chef, on peut
faire d'excellents soldats. Puissent-ils, cela
va sans dire, ne jamais partir en guerreI
Mais s'ils retirent de la servitude militaire,
avec quelques notions utiles, dhygibne par
exemple, le sens nouveau d'une discipline
applicable aux travaux de la paix, il fau-
dra, ma foi, bénir le métier des armes.
Clk. Debl*rre,
Sénateur du Nord, membre
de la Commission des Affaires
étrangères.
DEPARTS
M. Louis Eouis-Dreyfus, ancien député de la
Lozère, s'est embarqué aujourd'hui sur r Oron-
sap, à destination des Indes. Il est accompagné
de son fils.
On sait par ailleurs qu un groupe important
d'électeurs lui ont offert la candidature à
l'élection sénatoriale qui aura lieu le mois pro-
chain dans les établissements français dans
Plnde.
D'autre part, nous apprenons que M. Cop-
ponat, député des Etablissements français dans
l'Inde. s'est embarqué également à destination
de Pondichéry.
-–
M. Repiquet en France
D*-
M. Repiquet, Gouverneur de' La Réunion,
vient d'arriver à Marseille \"cc sa famille à
bord du Gélrértll-Voyron.
La première pierre
du Musée des Colonies
Nous rappelons que le Président de la Ré-
publique posera, le 5 novembre prochain, à
10 h. 30, à l'entrée du Bois de Vincennes,
en présence du maréchal Lyautey, la première
pierre du Musée permanent, des Colonies.
L'inauguration du Musée coïncidera avec
l'ouverture de l'Exposition Coloniale intema-
tionale de 1931.
N. Pasqiritr ai Sotvtair ImtochiMis
r
Répondant à l'invitation du Souvenir In-
dochinois, M. Pasquier, Gouverneur général
de l'Indochine, s'est rendu ce matin, accom-
pagné de S. M. l'empereur d'Annam, au
Jardin Colonial de Nogent-sur-Marne, où il
fut reçu par M. Gourdon, président du Sou-
venir Indochinois, entouré des représentants
du Ministre des Colonies, (lieutenant-colonel
Fauché), du général Pelletier et de nombreu-
ses personnalités des Indochinois de Paris.
M. Pasquier et S. M. liao Daï déposèrent
tout d'abord une gerbe de lleurs au monu-
ment des soldats coloniaux. Il se rendit en-
suite à la Pagode annamite devant laquelle
des soldats annamites en armes rendaient
les honneurs. Après avoir déposé une palme
de bronze au pied du principal tombeau,
M. Pasquier revint sur le perron pour en-
tendre M. Gourdon le remercier d'avoir ac-
cepté l'invitation du Souvenir Indochinois
qui, pour la dixième - fois, célèbre la mé-
moire des soldats coloniaux et des Annamites
morts pour la France, ayant donné la preu-
ve de leur indéfectible dévouement à la
puissance protectrice.
M. le Gouverneur Général Pasquier dit
combien il avait tenu, avant son prochain
départ pour l'Indochine, à apporter le té-
moignage de sa sympathie au Souvenir In-
dochinois et celui de sa gratitude aux bra-
ves' soldats qui, dans une même idée que
leurs camarades de la Métropole, étaient
tombés glorieusement face à l'ennemi com-
mun.
M. Pasquier a ajouté qu'il emportait de
cette pieuse et touchante cérémonie l'ultime
mot d ordre qui guidera désormais ses actes
de Gouverneur Général.
L'assistance suivit ensuite M. Pasquier et
l'empereur d'Annam aux monuments des ca-
tholiques indochinois, des soldats du Cam.
bodge et Laos et des soldats de Madagascar
au pied de chacun desquels fuient déposées
des gerbes de fleurs cravatées aux couleurs
nationales.
Par une très délicate attention, M. Pas-
quier se rendit au monument d'Eugène
Etienne, avant d'assister à l'église de No-
gent-sur-Marne au service funèbre à la mé-
moire des soldats coloniaux catholiques.
Ssiféne OevaMjr.
Cinéma Colonial
Un cineaste tunisien
A Tunis, où naquit Jacques Haïk, on
conserve le souvenir du petit écolier intelli-
gent et studieux qu'il était, il y a 25 ans,
au moment où il quitta la Tunisie avec ses
parents qui allaient s'installer à Paris.
Dès l'adolescence, Jacques Haïk est séduit
par le cinéma. Il le comprend, il l'aime : il
sent qu'un grand avenir lui est réservé.
La carrière de Jacques Haïk est dès lors
tracée. Esprit positif, plein de décision et
d'audace, le jeune cinéaste devait avoir une
fortune. f'1o::tr:\orrlinairf'mf'nt mnid^ pt bril-
lante. _no- --- -----u _----0-- - -r--- -- ----
Tout d'abord, il se tourne vers l'Améri-
que et successivement introduit en France
Charlie Chaplin, Tom Mix, Douglas Fair-
banks et Mary Pickford. C'est le triomphe.
Jacques Haïk décide alors de produire lui-
même.
Et il devient bientôt un des plus impor-
tants producers du monde cinématographi-
que.
Il monte Le Bossu, André CornéliSj puis
Le Bonheur dit Jour, Sotis le ciel d'Ortent,
tourné en partie en Tunisie.
C'est enfin La Grande Epreu'l'e dont la
réalisation dura un an et demi et dont le
général manager est un ancien Tunisien,
M. Roger-Dessort.
La Grande Epreuve sera présentée le 5 no-
vembre à Tunis, au cours d'une soirée offi-
cielle à laquelle assistera M Lucien Saint,
Résident général, entouré de toutes les per-
sonnalités tunisiennes.
Le bénéfice de cette soirée sera versé à
l'G:uvre de Protection de l'Enfance.
L'Aviation Coloniale
l'
, France-Madagascar
Les aviateurs Marie, Boulmcr et Dc-
menux, qui, à bord do leur avion Général-
Laperrine, avaient quitté Zinder le 31 octo-
bre au matin pour gagner Coquilhatville,
ont du atterrir à Bangui, ti 16 heures, le
1er novembre, par suite du mauvais temps.
Un message radio du lieutenant Mario
faisait également savoir qu'ils poursui-
vront ce suir leur étape sur poursui-
vr<'nt ce soir leur ctapc sur Coquilhatville.
Reine et Serre à Casablanca
Les aviateurs Reine et Serre, qui ont
quitté avant-hier Las-Palmas ii bord du
lIogflal" font escale aujourd'hui à Casa-
blanca. L'Aéro-Club du Maroc vient de leur
attribuer sa grande médaille d'or.
Notre confrère Wilms, de la presse ma-
rocaine, avait reçu le télégramme sui-
vant :
Las Palmas..
Quarantaine de bateau levée. Merci de
tout cœur pour l'aide apportée à notre dé-
livrancet à vous et à toute la presse maro-
caine. Quittons Las Palmas mercredi par le
illoggiir. Toucherons Casablanca et pren-
drons l'twiull.
Signé : HEIE.
Les membres de l'Aéro-Club et toute la
lMlpulalioll préparent il nos compatriotes
une grandiose el affectueuse réception.
Rome-Tripoli
Avant-hier a été inaugurée la ligne
aérienne Home-Syracuse-h'ipoh.
Le premier voyage entre Home-Tripoli et
retour a été accompli par le ministre
llalbo, le général de Pinedo et douze 1\11-
tres passagers de marque.
La chasse aux fauves en avion
L'aviateur Drew, qui était au service
de feu !.'t.'wenatein, est passé, ainsi que
nous l'avons relaté, à celui d'un armateur
anglais qui, avant acheté l'avion du finan-
cier belge décédé, a conservé son pilote.
Drew et son Il patron n, chasseur de
fauves, ont quitté le Hourget hier. Ils se
rendent a Kenya (Afrique Equatoriale) via
Marseille, l'Egypte et le Soudan.
Voyage d inspection
de N. Aotonelti
-–
Au cours d' un voyage d'inspection qui a
duré trois semaines, M. Antonetti a examiné
sur place un certain nombre de questions im-
portantes. notamment les améliorations à ap-
porter aux ports de Libreville et de Port-Gen-
til, qui sont devenus tout à fait insuffisants
pour le mouvement commercial actuel.
M. Raphaël Antonetti s'était fait accompa-
{mef par M. Blosset, ingénieur des Ponts et
Chaussées, spécialiste des travaux de ports,
que M. Léon Perrier, ministre des Colonies,
avait bien voulu mettre à sa disposition durant
quelques mois.
A Libreville ont été prévus : la construction
d'un appontement en béton pour le débarque-
ment des marchandises, l'aménagement d' un
terre-plein sur le port et l'amélioration de l'an-
cien appontement réservé aux passagers.
A Port-Gentil, on a décidé de construire
dans le prolongement du wharf actuel destiné
à servir de passerelle un appontement en bé-
ton, qui sera muni de grues, en vue du trans-
port des marchandises.
Tous ces travaux, ayant un caractère mani-
feste d'urgence, seront commencés dès que
possible. La dépense en sera supportée pour
les deux tiers par le budget général de la
colonie et pour un tiers par le budget du Ga-
bon.
Un programme de travaux moins importants
a été arrêté et sera exécuté dès le début de
1929. Il comprend : la construction de routes
en ciment à Port-Gentil ; la création de
postes de T.S.F. à Lambaréné et à Libre-
ville ; l'édification d'écoles, de logements et
d'un hôtel des Postes à Libreville; l'agran-
dissement de l'ambulance de Port-Gentil, qui
est construite depuis deux ans à peine et qui
est déjà devenue insuffisante en raison du dé-
veloppement des services de l'assistance médi-
cale.
Partout où il a passé, le Gouverneur Géné-
ral a reçu les associations de commerçants qui.
en A.E.F., tiennent lieu de Chambres de
Commerce, et c'est en plein accord avec elles
que furent arrêtés les programmes de travaux
à exécuter.
Le Gouverneur Général, M. R. Antonetti.
et l'ingénieur Blosset, se sont ensuite rendus
par le paquebot Dahomey, des Chargeurs
Réunis, à Pointe- Noire.
Le Gouverneur Général est resté une se-
maine à Pointe-Noire. Il y a visité les travaux
exécutés depuis son dernier passage. Ces tra-
vaux sont des plus importants.
La conduite d'eau qui est maintenant ache-
vée a été inaugurée en donnant pour la pre-
mière fois de 1 eau à un navire.
Le wharf maintenant terminé et équipé de
huit grues desservies par la voie de 1 m. 06,
est doté d'un matériel de batelage important,
qui comprend deux chalands-citemes ; il est, à
l'heure actuelle, le mieux équipé de la côte.
Les terrassements faits pour combler les
dépressions marécageuses de Pointe- Noire et
pour niveler la ville, afin de faciliter l'éta-
blissement de la voirie et les canalisations
d'eau sont poussés rapidement au moyen de
deux pelles à vapeur. Depuis le début de
l' année, près de 300.000 mètres cubes de
terre ont été remués. Un vaste égout de 800
mètres de long et de 2 mètres de section, qui
rejettera à la mer les eaux usées, la pose de
canalisations d'eau secondaires vont permettre,
dès I-an prochain, de doter du tout-à-l'égout le
principal quartier de la ville.
Ceux qui se rappellent ce qu'était Pointe-
Noire il y a moins de quatre ans (rien n'exis-
tait alon). sont frappés d'étonnement en
voyant tout ce qui a été fait en un aussi court
laps de temps.
Enfin, au point de vue sanitaire, de grands
progrès ont été réalisés. Grâce aux constata-
tions faites par le docteur Le Villain, chef
du Service de Santé de Pointe-Noire, sur le
rôle que joue la filariose intraveineuse massive
sur 1 état de santé des travailleurs, et grâce à
un traitement approprié, la situation sanitaire
des travailleurs s' est grandement améliorée et,
d'après les ordres du Gouverneur Général, on
va expérimenter dans le Mayumba la méthode
employée à Pointe-Noire.
Pointe-Noire est dotée d' une ambulance
moderne. comprenant un pavillon pour Euro-
péens, cinq pavillons pour indigènes, buande-
rie, salle d'épouillage, étuve, salle d'opéra-
tion, etc.
Avant de regagner Brazzaville, M. Anto-
netti a effectué une visite complète aux mines
de Mindouli, sous la conduite de M. Cou-
chet, directeur général, et de M. Haugou,
chef du bureau des Mines.
Le règlement de certaines questions pen-
santes ; quelques arrangements intervenus en-
tre le Gouvernement et la Compagnie sont le
résultat de cette visite.
Ainsi, Fera facilité l'achèvement de la por-
ion du chemin de fer entre Matoumbou et
l'avancement des travaux au delà de Min-
douli.
M Pierre Bornes à Conslanline
M. Uorde<-, (gouverneur général de l'Algé-
rit" a procédé mercredi matin, à Constan-
tine, à diverses inaugurations «après celle de
la k toute des chutes d) notamment à la pose
de la première pierre du nouvel hôtel de la
division qui permettra d'alïecter à un musée
le superbe palais d'Ahmed bey où est actuel-
l'après-midi à Philippeville, accompagné de.
lement logé un général. Il est arrivé dans
M. Morinaud, et a été salué à la gare par
M. Cuttoli, sénateur, et de nombreuses per-
sonnalités. Très acclamé par la 1 population,
M. Hordes a. visité les écoles et les hôpitaux.
Le (iouverneui tiénéial est lepart i pour
Alger dans la soirée.
PLANTES TEX IILES
LES SANSEVIERES
Par Louis LE B AUBIER.
Voici une plante dont on parle beaucoup
depuis quelques années déjà, avec laquelle 00
a fait, de ci, de là, pas mal d'essais et oui
cependant n' est pas encore entrée dans le oo-
maine de la culture industrielle : les sanse.
vières.
Ce n' est pas que nous croyons beaucoup è
son avenir au Maroc, le pays qui nous préoc.
cupe toujours spécialement. Cependant nous
allons en dire quelques mots : peut-être, si l'on
pouvait réunir en quelque endroit bien choisi
J e. 1 ** - 1 i-.•
au oud IVlarocam, les conditions mdispensabl
à cette culture, pourrait-on en tirer bon parti.
C est à voir sur place.
Il existe d'assez nombreuses variétés de san-
sevières. Les unes viennent uniquement dans
les pays de grande chaleur humide, telle 1.
variété Saruevieria Zeilanica, qui affectionna
Ceylan et les Indes, et ks autres comme la
variété Guineensis ou celle Ehrenbergii qui
préfère, la première, l'Afrique Occidentale,
et la seconde l'Abyssinie et l'Afrique Orien-
tale. On a essayé d'ailleurs l'introduction de
cette dernière à Madagascar, où la plante se
cnmnortp normalMnHtt
Toutes les variétés de sansevières ont les
mêmes caractéristiques générales. Elles sont
rhizomateuses, ont de longues feuilles étroites
et charnues d'une longueur variant de 0 m. 60
à 1 mètre de longueur. Quelques-unes mêmes
comme la variété Ehrenbergii atteignent
1 m. 80.
La filasse, assez souple, d un blanc soyeux,
est inférieure comme résistance à celle de
I Agave, mais elle résiste mieux à l'eau, qui
1 altère peu. Aussi est-elle souvent employée
pour la confection de filets de pêches, par les
Indiens notamment.
Si certaines variétés, avons-nous dit, ont be-
soin d' une température tropicale pour se déve-
lopper normalement, d'autres, comme cell,
Ehrenbergii déjà nommée, viennent en Erp-
thrée jusqu'à 2.000 mètres d'altitude. EII-
sont donc moins amoureuses de. la forte cha-
leur. Mais toutes, sans exception, et c'est ce
qui en rendra la culture plutôt difficile au
Maroc, demandent des terres continuellement
humides et de l'ombre. Ces terres n'ont pas be-
soin d'être trop fortes. Oh recommande même
pour celles qui sont très argileuses, de les
amender avec du sable. Le voisinage de la met
ne leur déplaît pas. Ces deux conditions peu.
vent rmrAntrMr «ttr r*rfain< ont a <4.1 QiiJ --
----- -- --..--.8 .,.-. wia Viu tJUU aalCl-
rocain, pays où l'on rencontre fréquemment des
terres tablormeusès. légères, néanmoins tal-
caires et à proximité de la mer, ce qui peut
contribuer à entretenir l'humidité dont la plante
a besoin.
La meilleure façon de faire une plantation
de sansevières est d'emplover les rhizomes ou
même le bouturage de feuilles ou de fragment.
de feuilles. Cellesrci prennent facilement ra.
cines. Le terrain doit être préparé par un bon
labour et irrigué ou tout au moins arrosé fré-
quemment. Dans ces conditions, les racines ap-
paraissent après un laps de temps qui varie de
1 mois à 2 mois 1/2. La récolte se fait au
bout de deux ans ou deux et demi en moyenne.
Cependant certaines variétés comme le Stuc
exigent une attente de 5 ans.
Les plantes doivent être mises en lignes et*
pacées de 1 m. à 1 m. 20 et être séparées les
unes des autres par un intervalle de 1 mètre.
Le rendement en poids et en qualité de filasse,
varie naturellement avec les espèces, car cha-
cune d'elles, à ses caractéristiques spéciales no.
tamment pour les feuilles qu elles produisent.
Les bons auteurs, comme M. Godefroy-Lebeuf
et certains colons ayant, pratiqué cette culture,
disent qu'une variété moyenne, comme la san-
sevière Stuckpi donne par pied une moyenne
annuelle de 8 feuilles, chacune d'elles pesant
de 1 kil. 250 à 2 Vil. 500 ; donc une moyenne
de 16 kil. 1.000 plantes fourniraient par consé-
quent, 16.000 kgs, d'où l'on retirerait 5 do
filasse. Ce chiffre de 5 nous paraît exagéré,
et nous le ramènerons volontiers avec M. Ju-
melle à 3 %, ou 480 kgs de fibre pour 1.000
pieds de plantes. Comme on peut placer faci.
lement 1.000 pieds par hectare, on a ainsi to
rendement sur lequel on peut normalement
compter.
Il est assez difficile d'indiquer un prix de
base pour cette fibre, car, ainsi que nous le di.
sions au début de cet article, les sansevières ne
sont pas d'une culture industrielle bien établie.
Par comparaison avec la fibre d'agave sisal,
on peut évaluer à 400 francs environ la balle
de 100 kgs et se rendre compte ainsi de ce
que peut rapporter un hectare.
Mais il est deux joints qu'il ne faut pas
oublier quand on parle de cette plante et de
- sa - culture, car - ils sont - d'une - réelle - impOrtance:
D abord la récolte n'est pas à faire à une
date déterminée, dans un laps de temps très
court, comme cela se produit pour les céréales
et d'autres plantes textiles ou oléagineuses,
telles le lin, le ricin, etc. Ce qui exigc une
main-d œuvre très nombreuse, donnant un gros
effort à un certain moment et restant ensuite
inemployée. Les feuilles de ?ansevières, quel
que soit l'espèce cultivée, se récoltent. d'un
bout à l'autre de l'année, sans qu'on ait à se
préoccuper de l'époque de la maturité.
La seconde consifiemimn net.
cju une plantation de sanseviorcs, à peu près
bien entretenue peut durer 50 ans. C' est une
bien sensible économie de prix de revient, puis-
qu'une fois la plantation établie, elle n'est pas
à refaire entièrement et assez souvent, comme
c est le cas, par exemple, du sisal qui lui, ne
dure pas plus de 15 ans en moyenne, et en-
core dans de bonnes conditions.
La décortication de la feuille peut se faire
de deux façons. Les uns préconisent une sorte
de rouissage préalable et, après avoir écrase
la feuille entre deux cylindres, la mettent ma-
cérer dans l'eau pendant 6 jours pour la racler
ensuite avec des couteaux en bois : c'est le
procédé pour ainsi dire primitif. Les autres tra-
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