Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-10-22
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 octobre 1928 22 octobre 1928
Description : 1928/10/22 (A29,N156). 1928/10/22 (A29,N156).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451325q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NfcllVIEME ANNEE. - N* 156 LE NUMERO : 30 CENTIMES LUNDI SOIH, 22 OCTOBRE im.
JOUIIIL GUOTIIIEI
Rédaction & Administration :
Htimmwmmm
PARIS- an
rtlÉPII. t LOUVM imi
RICUBLIM IM4
Les Annales Coloniales
Les annonces et réclames sont reçues au
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ABONNEMENTS
avec le supplément illustré:
Ua an 6 Moi. a Mei,
Franc* et
Colonie» 120.
Etranger.. 180 » 100 » 509
On s'abonne sans frais daU
tous les i iircaux de poste.
La grande pitié de nos populations noires
.,
Sous ce titre génétfel, la Revue de VAl-
liance Nationale four Vaccroissement de la
population française a publié une elrie d'ar-
ticles dus à M. le lieutenant-ootooel breveté
Jean Charbooneaut commandant militaire de
la Guinée Française.
Et d'abord, un dialogue vivant, pitto-
resque avec un jeune noir qui « représente
certainement l'élément intellectuel dans m»
village et dans le canton dont son père est
chef » nous montre l'impossibilité d'établir
en Guinée un service de l'état civil. A quoi
peuvent répondre ces derniers mots dans ces
régions où la très grosse masse ne sait ni
lire ni écrire, ni parler français, ne voit
que très rarement des Européens (quelques
milliers à peine d'Européens sont établis
dans les grands centres Konakry, Kindia,
Kankan, etc.), et vit dispersée en pleine fo-
rêt tropicale ou dans les bourgs perdus en
pleine brousse? J'ai insisté moi-même plus
d'une fois sur cette impossibilité.
Comment alors établir la situation démo-
graphique? Par le relevé des rôles d'impôts.
Méthode fort imparfaite. Sans doute, tous
les indigènes des deux sexes qui ont atteint
leur huitième année, sont imposables, sauf
les infirmes et les vieillards, c'est-à-dire plus
des deux tiers des habitants. Mais d'abord,
les chefs indigènes étant chargés de la per-
ception et étant intéressés à la recette, le
nombre des assujettis varie suivant les can-
tons. Et puis, il y a, en bordure de notre
colonie, des enclaves étrangères, Guinée
Portugaise. Sierra Leone, Liberia; l'indi-
gène use du procédé que le fabuliste n'a pas
inventé : Je suis oiseau, voyez mes ailes.
11 fait le va et vient entre la Guinée Fran-
çaise et les pays voisins, et se moque du col-
lecteur comme de la première chemise * jn* il
n'a jamais portée.
Méthode imparfaite, mais il faut bien s'en
contenter, puisqu'on n'en a pas d'autre. En
l'appliquant, on arrive à calculer que la pu
putation indigène atteint, pour la Guinée
Française, 2 millions environ d'habitants;
soit une densité moyenne de 8,35 par kilo-
mètre carré, dans un pays dont l'étendue
représente les 2/5. de la France; densité
que ne dépasse en Afrique Occidentale
qu'une seule région, la Haute Volta avec le
chiffre de 10,2; les autres colonies arrivent
à une densité moyenne de 2,82; réfléchissons
que, d'après les statistiques, la densité en
A. K.F. est de 1,5 par kilomètre carré, et
que le Gabon, dont la superficie est supé-
rieure à celle de la France, compte tout
Juste 370.000 habitants.
La population de la Guinée Française s'ac-
erdt-elle? Non, répond M. le commandant
Militaire : sur l'ensemble de trois de ses
postee, il compte 255 tirailleurs ou gradés
indigènes mariés; 211 sont sans enfants, 34
ont un enfant, 15 n'en ont que 2; 3 en ont
3; 2 en ont quatre. Dans Konakry, la aeuie
ville où le service de l'état civil est orga-
nisé, il y a eu en 1927, pour ^16 décès
d'indigènes 155 naissances, sur 8 à 10.000
indigères ; mortalité forte, natalité faible
M. le colonel Jean Charlionncau a été
frappé de voir, dans les villages, l'insigni-
fiance du nombre des enfants par rapport a
celui des hommes mtirs et des vieillards.
Et pourtant, les fléaux qui ravagent les
autres régions africaines épargnent la Gui-
née Française : peu de paludisme; pas de
•yphilis dans les villages (le l'intérieur; pas
d'alcoolisme chez ces musulmans qui lèvent
parfois le coude, en dépit du Prophète, mais
ne sont pas des ivrognes invétérés. D'autre
part, le respect de la maternité et des famil-
les nombreuses est en vigueur dans la plu-
part des Cercles.
Quels sont donc les motifs de cette faible
natalité? Le awmandant Militaire en voit
on dans la stérilité des femmes violées en
bas âge ou blessées dans l'opération rituelle
de l'excision pratiquée sans aucune précau-
tion aseptique; et un autre dans le fait que
les chefs prennent autant de fenunes qu'ils
peuvent, et que les autres indigènes dan-
---- sent - devant le.., buffet, pour parler en vio-
lant le principe de la précision des méta-
phores. Dans un seul centre, 22 chefs de
canton accaparent 737 femmes et n'ont que
277 enfants (ce qui paraît un argument con-
tre la polygamie dont on prétend qu'elle est
favorable à la natalité); dans un autre, cha.
que chef a entre 20 et 300 femmes, ce qui
est beaucoup, et 7 à 8 enfants, ce qui n'est
pas assez. Le commandant militaire nous
rapporte un entretien plaisant avec un jeune
chef de canton : Eh quoi! tu as 154 fem-
mes et 6 enfants, soit 1 pour 100 du rap-
port. - Pardon, réplique l'autre, il y a
parmi ces 154 femmes celles de feu mon père
et même de feu mon grand-père, et je les
nourris sans avoir d'exigences! M. le colonel
---- n'a pas - été - convaincu.
Article rare, article cher. Selon les cen-
tres, une femme vaut de 3 à 500 francs, OR-
pital énorme pour un noir, ou deux bœufs.
J'ai deux grands bœufs dans mon étable,
le noir aimerait mieux se pendre que de les
vendre pour avoir femme et enfant. Ou bien
il s'en va, pour courir la fortune, pour
s'engager dans l'armée, afin de mettre de
côté de quoi faire l'acquisition d'une épouse.
Alors. il se marie trop tard, ou ne se marie
plus du tout
Parlons surtout de la mortalité infantile.
A Kooakry, l'indigène est privilégié; il y
a une administration, un corps méchcal, eh
bien, sur 316 décès d'indigènes en 1927, on
relève 34 mort-nés, 40 nourrissons de moins
d'un an, 35 de 1 à 5 ans, iS de 5 à 15 ans,
soit 22 pour 100 de mort-nés par rapport
aux naissances, et une mortalité infantile
de 30 pour 100 des décès.
Que serait-ce si nous allions en pleine
UoiisH ? L av_rouc:i(!iïier.ts sont opérts par
des matrones qui pratiquent les rites mais
non l'aseptie; les petits, vêtus à la diable,
se traînent autour des cases au milieu des
poules et des bestiaux; Jifme ceux qui
échappent providentiellement à la mort res-
teront des êtres débilités; la sous-alimenta-
tion, la saleté feront le reste. En 1928,
29.100 conscrits indigènes passent le Con-
seil; 3.803 sont reconnu aptes, soit 13
Encore les commissions ont-elles quelque
peu bousculé. l'indice de Pignet » ; sans
cela, la proportion serait plus faible.
Les élus, une fois habillés, nourris, en-
traînés physiquement, changent complète-
ment d'allure. Ils mangeaient de la viande
deux ou trois fois par mois dans leur vil-
lage; ils en mangent matin et soir; les voilà
requinqués, défendus contre la maladie, dé-
barrassés du souci de trouver leur pitance.
Mais les autres, les malheureux ! Combien ré-
sisteront à l'assaut des maux qui les guet-
tent, et, s'ils ne se marient pas, s'ils ne font
pas d'enfants, faut-il sérieusement le re-
gretter ?
Tel est le tableau de la situation démo-
graphique en Guinée Française, tracé par
un homme qui a voulu avant tout nous don-
ner une idée exacte des choses. J'ai tenu à
le mettre sous les yeux de nos lecteurs.
Quelle conclusion en tire M. le colonel Jean
Charbonneau? Une conclusion qui est à
égale distance du pessimisme et de l'op-
timisme; il nous a montré le mal; il nous
montre les remèdes possibles, je les exami-
nerai avec lui, la prochaine fois.
ÊKmrim timosmimm,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
vice-pré aident de te Commiiilon
sénatoriale des Colonies.
Le trafic des chemins de fer
de rAMqwe Occidentale Française
en 1927
1É1
Le trafic des chemins de fer à voie d'un
mètre de l'Afrique Occidentale Française
pendant l'année 1927 a porté sur une lon-
gueur moyenne exploitée de 2.998 kilomè-
tres, soit 35 kilomètres de plus qu'en 1926,'
et 610 kilomètres de plus qu'en 1913, épo-
que à laquelle le réseau exploité des voies
ferrées de l'A. O. F. atteignait 2.388 kilo-
mètres.
Pendant l'année 19^7. le nombre des
voyageurs kilométriques s '(,_lIt élevé à 187
millions 407. 9/3 dont 30.182.367 pour le
Dakar-Saint-Louis. En 1913, on avait enre-
gistré au total 89.406.043 voyageurs kilo.
métriques. En quinze ans, le trafic-voya-
geurs s'est donc accru de 98.001.930, soit
plus de 109
En ce qui concerne les marchandises, les
résultats de l'exploitation des chemins de
fer de l'A. O. F. se sont chiffrés pendant
l'année 1927 par 132.276.325 tonnes kilo-
métriques dont 29092.364 tonnes kilomé-
triques pour le Dakar-Saint-Louis. En 1913,
il avait été enregistré 53 179 ï 55 tonnes ki-
lométriques dont 18.789.317 pour le Dakar-
Saint-Louis. De l'année d'avant-guerre à
1927, le trafic-marchandises s'est donc accru
de 79.097.170 tonnes kilométriques, soit
plu* de 140
L'Aviation Coloniale
«♦»
Au Rio de Oro
1.r., captifs des Maures
La libération des aviateurs français Reine
et Serre, prisonniers des Maures du Rio
del Oro, est encore retardée. - -
Alors que les pourparlers semblaient
avoir abouti avec la tribu qui détient les
deux captifs voici qu'une autre tribu, les
Ahel R'gueilbi, qui jusqu'à présent n'avait
rien revendiqué, exige sa part de rançon.
Il va falloir reprendre les discussions du
commencement à la fin.
Les prisonniers se trouvent au puits de
Taguerzint, à 40 kilomètres au nord de
Villa-Cisneros.
Reine et son compagnon qui sont exté-
nués réclament des vêtements.
Une indisposition de Reine a retardé la
marche de la caravane ce qui a permis
aux Ahel R'gueilbi de la rejoindre au puits
de Tagueriint.
L'ANTENNE - COLONIALE
«♦«
L'Algérie écoute et n'entend pas toujoun
Les émissions -- des postes français ne par-
viennent pas toujours en Algérie. La Tour
Eiffel ne s'entend pas et les paquebots ont
même parfois, dit-on, des difficultés à perce-
voir les signaux horaires si nécessaires pour-
tant à la navigation. Radio-Paris est assez
irrégulier et dans tous les cas l'écoute est
extrêmement faible. Quant aux P. T. T., au
Petit Parisien, à Radio LL et Vitus il ne
faut pas songer à suivre leurs émissions.
Par contre, Radio-Toulouse est extrême-
ment pur et les auditions sont très agréables
à écouter. Parmi les postes étrangers, qui
sont le mieux étendus, on peut citer Franc-
fort, Milan et Barcelone.
De Suède au Cap et retour
-
Le capitaine V. R. Luœy aooompsigTwA dip M.
Gordon Nftc. journaliste, vient d'ar-
river à l'nris après avoir effectué en auto une
immense randonnée de Stockholm au Cap avec
retour par Jérusalem, la Turqute. l'Eurotte Cen-
trale et FMrls.'
1
TAUX Dfi LA HAflTHE
Le Gouverneur Général de l'Indochine vient
de faire connaître au Ministre des Colonies
qu'à la date du 19 octobre 18 Je taux officiel
de la piastre était de 1t fr. m.
LI anthropololie des
races indigènes
Véthnographie des races que
la création de notre empire colo-
nial a placées pou à Peu sous notre.
domination s'imposa des le début de l'oc-
cupation de nos nouveaux domaines.
On ne saurait en effet administrer conve-
nablement un pays si on ne connaît les
m«urs, les coutumes, les usages de ses habi-
tants.
Nous trouvons un exposé original de la
question dans l'onwage ofun membre étran-
ger de VInstitut de France, M. James-
Georges Frazer c E' Homme, Dieu et l'Im-
mortalité (1).
L'anthropologie nous permet, d'après M.
J.-G Frazer, de suivre l'homme dans sa
longue marche, sa lente et pénible ascen-
sion, de la sauvagerie à la civilisation et,
l'étude comparative des croyances et des
institutions humaines peut être bien autre
chose qu'un moyen de satisfaire notre curio-
sité éclairée et de fournir des matériaux aux
recherches des savants. En des mains ex-
pertes, elle deviendra un puissant instru-
ment de progrès. L'étude de la société sau-
vage ne date guère que du milieu du XIX.
siècle, elle a suivi immédiatement la pro-
clamation de la théorie de Vévolution par
Darwin et Wallace en 1859. Et l'on accepte
aujourd'hui la théorie qui fait sortir l'hom-
me par une évolution graduelle d'une longue
série de formes inférieures de vie animale.
C'est cette idée d'évolution qui fournit une
base à la science moderne de Vanthropolo-
gie
Il est juste de dire cependant qu'avant
mime notre époque, les civilisés ont souvent
observé les sauvages avec intérêt et les ont
décrits avec intelligence. Certains Espa-
gnols qui explorèrent et conquirent l'Amé-
rique, nous ont transmis des relations très
exactes sur les manières et les coutumes des
bldiors, L'auteur déplore en quelque sorte
la prochaine disparition du sauvage qui
rendra la société plus terne, d'un coloris plus
gris et plus uniforme : et il considère du
devoir de chaque état civilisé de coopérer
à l'étude des races primitives : nous devons
à la postérité de les décrire tels quelles
étaient avant notre venue.
L'anthropologie sociale, telle que la
comprend J.-G. Frase" limite sa sphère
d'activité aux rudes débuts, au développe-
ment rudimentaire de la société humaine.
Cette science constitue Vembryologie de la
pensée et des institutions humaines, elle
tend en premier lieu à vérifier les croyances
et les coutumes des sauvages et en second
lieu, à rechercher les vestiges de ces croyan-
ces et de ces coutumes qui ont persisté à
l'état de fossiles parmi les peuples de cul-
ture supérieure. Ceci implique que les an-
cêtres des nations civilisées ont transmis à
leurs descendants des idées et des ins-
titutions qui, quelque discordance qu'elles
présentent avec leur environnement posté-
rieur, étaient parfaitement adaptées aux
conditions de pensée et d'action de la société
plus grossière dans laquelle elles ont pris
naissance.
Des études ethnographiques que nous pos-
sédons de Maurice Delafosse, de Labouret,
pour ne citer que les plus importantes, nous
pouvons conclure, avec l'auteur de l' t Etu-
de de l'homme i, que les tribus les plus bar-
bares ont atteint un degré de culture, si bas
soit-il, après être parties d'un niveau plus in-
férieur encore et, que leur ascension, si lente
qu'elle en est insensible, a été réelle et con-
tinue jusqu'au jour où la sauvagerie s'est
trouvée en contact avec la civilisation.
La rencontre avec une race plus forte
produit un choc trop violent pour qu'on
puisse y résister, si la distance intellectuelle,
morale et sociale qui sépare le sauvage de
ses envahisseurs civilisés dépasse certaines
limites. Mais si, au contrilire, la brèche
qui sépare les deux races antagonistes n'est
pas assez large pour être infranchissable,
il y a espoir pour que le plus faible assi-
mile une quantité suffisante de la culture
supérieure de Vautre pour survivre et, ainsi
que le prévoyait M. J.-G. Frazer, c'est ce
qui s'est produit pour la plupart des races
noires en contact avec la civilisation euro-
péenne et surtout française.
C'est par l'étude du rituel pratique par
les races arriérées plus que par les profes-
sions de foi les plus retentissantes que nous
étudierons le plus aisément leur religion.
Nous terminerons ce bref aperçu des prin-
cipes d'anthropologie par cette remarque
fort exacte file les progrès d'un peuple dans
les arts matériels vous fournissent la mesére
la plus évidente de ses progrès intellectuels
et sociaux. Les types les plus hauts d'in-
telligence et de caractère ne se trouvent ja-
mais chez le sauvage à l'état de nudité, dé-
pourvu £ habitation, ignorant tout art : on
ne les rencontre que dans les pays et aux
époques qui ont atteint un niveau supérieur
de civilisation matérielle, qui ont porté les
métiers et les arts à leur degré de perfec-
tion le plus élevé, (nous pouvons mime nous
contenter d'un certain degré de perfection)
La véritable civilisation commence avec la
fondation des cités. Là où l'énergie ne se
concentre pas dans des ganglions de ce
genre, la population reste sauvage et bar-
bare. -
MSdtmmasreÊ JVéron,
Sénateur de la Haute-Leur,
Vies-prisulent de la CammUtum
des Lmmume.
(1) Traduction de Pierre Sayne. chn Paul
Geuumer, t8, rue Jacob. Parts.
DAKAR i
«♦«
Ayant trouvé, tout de même, un « décou-
vreur » qui ne déni pas l'oeuvre de la France
dans les régions africaines qu'il a visitées, il
nous faut le noter, lui et ses citations :
Ce* M. Lety-Courbière qui, dans là Pelile
GIrMJe. publie, sans avoir peur de paraître un
simpje voyageur intelligent, une série d'articles
sur l'A.O.F., et voici ce qu'il pense de Dakar
tant décrié par les uns et par les autres :
Rien de plus riche d'aspect que Dakar.
Les bâtisses hâtivement construites à l'époque
de la fondation de la ville, quand les nataelz
étaient menaçatâ, voisinent avec des édifices
dont l'architecture, témoigne de la sécurité con-
quise et d'une prospérité sans cesse accrue. Le
palais du Gouvernement Général. qui domine
la cité et la rade, est un modèle du genre.
En bordure des faubourgs modernes, la ville
indigène presse ses cases - soubassements de
tordus coiffés de paillettes entrelace ses
ruelles où fourmillent au soleil des enfants court
vêlul. Au delà, sans Iramition, c'est le sable,
le sabte (Tune blancheur de neige, qui prolonge
jusqu'à la mer ses dunes ondojfantes, fixées de
loin en loin par la garde mélancolique des fi-
laos.
Toutes les races se coudoient à Dakar. Près
des faces pales, les complets de toile blanche
se détachent sur les épidermes d'ébène, sur les
oripeaux bigarrés. Les robes claires se faufilent
parmi les << boubous » des Sénégalaises qui, sur
leur tête aux mille tresses fines, portent majes-
tueusement des paniers Je victuailles ou de jau-
nes calebasses rebondies.
Partout ici, te commerce étend ses bras mul-
tiformes. Les banques aux façades bariolées par
les adresses de vingt succursales, surveillent
l'extension des bazars et des bureaux d'expor-
tation. C'est un va-et-vient ininterrompu de ca-
mions chargés de caisses arrivant de France ou
se dirigeant vers le port.
De son port, Dakar est fière, à juste titre.
L'outillage actuel pourtant imposant -
ne répond déjà plus aux besoins, Les marchan-
dises s'entassent débordant le tonnage des wa-
gons et des navires. Bientôt, il est vrai, des en-
gins géants activeront la manutention du char-
bon, du coton, des arachides. Des travaux con-
sidérables vont être entrepris pour augmenter la
superficie du - port et - - de ses dépendances. Les
plans sont terminés, les dépenses prévues jus-
qu'au dernier centime. Une jetée nouvelle est
amorcée. Avant une dizaine d'années, le port
de Dakar rivalisera avec les premiers ports d'Eu-
rope, et Daltar méritera pleinement son titre de
« porte de l'A .O.F. ».
Ce progrès sera J'autant plus facile à réaliser
que Dakar abonde en sites pittoresques. La
pointe de Bel Air, sur le chemin de Rufisoue,
peut être aménagée en une sorte de « RoIJin-
son » maritime. A Dakar même, au flanc de la
falaise rajàlchie par V alizé, la Corniche allonge
son ruban, en face du golfe, où sommeille l'an-
tique Garée. Contemplés de ce belvédère, com-
bien prestigieux sont les levers et les couchers
de soleil ! Et puis, au hasard des anfracluœités
Je rochers, auelles plages mperbes s'échelon-
nent, depuis les abords du fortin, où s'échouent
les pirogues, jusqu'à la pointe des A Inndies,
sentinelle avancée du Continent.
Les « Sénégalais », j' entends par là les mu.
litres, savent depuis longtemps, tant à Dakar
qu'à Saint-Louis, apprécier les sites pittoresques
de leurs banlieues respectives, et je me souviens
des bonnes journées dominicales passées à Da-
kar-Bango, sur un petit bras du Sénégal dans
la banlieue saint-louisierme.
Pour en revenir à Dakar, son évolution fut
surtout remarquable, prestigieuse, de 1904 à
1908, tout au moins ainsi que j'ai pu le cons-
tater de visu. En 1696, les steamers mouillaient
en rade loin de la côte, et pour aller à terre il
fallait trois bons quarts d'heure. Les youyous à
vapeur réduisirent peu à peu la durée de la tra-
versée de la rade, et enfin les quais permirent
l'accostage et la descente directe du bord sur
le quai et des passagers et des marchandises que
les wagons enlevèrent sur les quais mêmes.
La voirie seule laissa longtemps à désirer,
car il fallait lutter contre un envahissant et pé-
nétrant sable rouge.
C'est chose faite, désormais pantalon blanc
le matin n' est plus rouge brique le soir.
Que les touristes s'arrêtent à Dakar et sachent
le visiter, ils en emporteront comme M. Lety-
Courbim, un charmant souvenir.
Jumageme Devaifjr.
BROUSSES
& BROUYDLiLES
»♦«
Ils vont coloniser la planète Mars
C'est ffformidable ! Le docteur anglais
Mansfield Robinsoa, psychiatre et d sansfi-
liste », est parvenu à convaincre les P.T. T.
britanniques qu'une liaison radiotélégraphi-
que entre la Terre et Mars était possible,
ésirable, curieuse et que cette administra-
tion devait faire les avances.
Tenez-vous bien. Les P. T. T. britanniques
vont tenter l'expérience mercredi prochain,
sur les indications du docteur qui en a réglé
télépathiquement avec une marsienne, jou-
vencelle de ses amies, tout le processus.
Puis, les ingénieurs de la Post Office sur-
veilleront les ondes de 30.000 mètres que
Mars ne doit pas manquer d'envoyer et qui
charrieront la réponse. (Je prie le lecteur de
croire que oe n'est pas moi qui « charrie ».
Je cueille cette nouvelle dans le Daily Mail.)
Tout cela est passionnant, mais le mes-
sage anglais doit être de cinq lettres.
C'est une provocation, et il est bien évi-
dent que nous allons assister à une nouvelle
aventure coloniale.
On frémit de songer aux conséquences.
A motitbu -
TAUX DE LA ROUMC
Le Gouverneur des établissements français
dans l'Inde vient de faire connaître au l Mi-
nistre des Colonies qu'à la date du 20 octobre
1988 le taux officiel de la roupie était de
9 fr 15.
L'élection sénatoriale
de l'Inde française
Un nous communique quelques informa-
tions concernant la prochaine élection séna-
toriale des établissements français dans
l'Inde.
D'abord, M. Le Moignic, du cabinet
de M. Paul-Prudent Painlevé, a reçu !e
télégramme suivant :
Le Moignic - Guerre - Paris.
Comité local vous a désigné comme candi-
dat, mais il est indispensable que vous
obteniez avant élection rappel gouverneur.
Signé :
Ce liane, avocat
David, avocat;
Thomas A roui, maire de K arika1.
Rassendren, (l'vocat;
Rattinevelou ;
Ramatchandra.
Le docteur Le Moignic qui joue un rÙit
important dans les conseils du gouvernement
obtiendra sans doute facilement avant Jt.
2 novembre - date de son embarquement
pour Pondichéry le rappel de M. de
Guise, satisfaction que son Comité consi-
dère comme indispensable au succès de son
élection.
On signale toutefois que M. Louis Louis-
Dreyfus qui possède d'importants établis-
sements dans les Indes tant françaises
qu'anglaises, aurait déjà fait faire quelques
démarches par son représentant de Pondiché-
ry. On sait que M. Louis Louis-1 >revfus
fut pendant plusieurs législatures, député
de Florac. 11 a une situation considé-
rable, aussi bien dans les cercles politiques
que dans les milieux de la haute lin a m-e et
- du grand commerce.
M. P. Lederlin, ancien a é nateur des
Vosges, compterait également se présenter
et sa candidature serait patronnée à Pondi.
chéry par M. Paul Lefauchetir.
Enfin, notre correspondant de l'ondiché-
ry nous câble que .M. Octave Homberg,
toujours aux aguets quand il croit qu'un
siège, dans une des deux Chambres, peut
être aux enchères, a déjà dépêché dans cette
dUe un de se) représentants de Saigon.
Quoi qu'il en soit, la situation politique
est actuellement extrêmement trouble dans
les Etablissements français de l'Inde et il
ne semble pas qu'elle doive s'éclaircir ra-
pidement.
-- Pear - les - sinstrés de la -- Gufcloipe
.tT
Il n'y avait jamais eu tant de monde au
fameux Bal Nègre de la rue Blomet.
Et jamais non plus le « Bal des Colonies tt
n'avait présenté un aspect plus pittoresque,
plus coloré qu'hier après-midi. Car la re-
cette de la matinée était destinée aux sinis-
trés de la Guadeloupe et de la Martinique.
C'est Pierre Darius, directeur du Journal
du XV. et Antillais lui-même, qui avait eu
l'idée de cette manifestation de solidarité
qui a été fructueuse.
Les élections cantonales
- 4 1
Scrutin de ballottage
Le scrutin de ballottage des élections can-
tonales a eu lieu hier. Les résultats concer-
nant des personnalités coloniales sont les
suivants :
NIEVRE
Nevers
Notre collaborateur et ami M. Locquin,
député S.F.I.O., est réélu par 3.686 voix.
PUY-DE-DOME
Clermont-Ferrând-Sud-Ouest
M. Alexandre Varenne, député, socialiste
indépendant, ancien Gouverneur général de
l'Indochine, est réélu par 1.769 voix.
ALGERIE
Alger 5*
M. Beriuguey, républicain déawcra tique,
est élu.
Alger 8e
M. Ameur-Tahai est élu.
Oran 3e
M. Vidal, républicain de gauche, est élu.
Bône
M. Arnaud, républicain de gauche, est élu.
Au comité central de la laine
Le Conseil de Direction du Comité Central
de la laine s'est réuni ces jours derniers sous
la présidence de M. Eugène Mathon.
Le Conseil a été tenu au courant de la part
souscrite par les membres du Comité central
de la laine pour la constitution du capital de
la Compagnie d'Elevage du Niger, créée par
la Compagnie de Culture Cotonmère du Niger,
et qui se propose de dévelonper considérable-
ment l'élevage du mouton dans la région de
Diré.
La santé de M. Léon Perrier
ofil
M. Léon Perrier, ministre, des Colonies,
qui, il y a 15 jours, avait subi une opéra-
tion infiniment douloureuse pour laquelle
une anesthésie de deux heures avait été
nécessaire, est en voie de complet rétahlis-
sement. Il a quitté la clinique de larme des
Bains et repris ses occupations.
Il se rend tous les jours à la Préfec ture
de Grenoble oll il prépare la session du
Conseil Général de riserc qu'il doit prési-
der après-demain.
Nous espérons que M. lém Perrier poivr-
ra reprendre des le début de la sema ine
prochaine la direction de ses services de
la nie Oudinot.
Dépêches de l'Indochine
.-
Recettes ferroviaires
Les recettes brutes des roseaux dt' che-
mins de fer exploités par la colonie 4u
1" janvier au 31 août 1928. se sont éle-
vés à 3.252.219 piastres, faisant ressortir
une augmentation de 475.684$sur la
même période de 1927, et une augmenta-
lion moyenne de rendement kilométrique
de 17,13 %, allant de 2.41 pour la ligne
Hanoi-Nacham, à 102.G2 pour la iign>'
Vingh-Hue. Les recettes brutes de la ligne
Haiphong-Yunnanfou atteignent 3.2O7.00U
piastres, soit une augmentation de -il.PJ5
piastres sur la même période de 1927 et
une augmentation du rendement kilomé-
trique de 1,07 "(.
(Indopae 'i./
«t»
l'urbanisme à Saigon
t
Notre confrère cochinchinois, Jehan Cw-
drieux, est de ceux que préoccupe l' avenir de
leur ville.
r( Saïgon, écrit-il, peut devenir une cité
remarquable ; il suffit que ceux dont la tâche
est de veiller à son développement s' en sou-
cient et y travaillent sans relâche.
La besogne aurait une ampleur et le projet
une envergure considérables. Une génération
de travailleurs. de techniciens, deux généra-
tions peut-être devraient y consacrer leur
science.
Cependant, le travail et la continuité dans
l'effort peuvent réaliser ce gigantesque, ce
réalisable programme.
I * >1 1 -- L* I , , 1 4.
L élaboration d un plan général apparaît
d'abord indispensable.
Saïgon y serait représentée par une agglo-
mération formée de petits carrés bleus et de
petits carrés rouges, les premiers figurant les
bâtiments sacrifiés ou à sacrifier ; les autres,
les édifices susceptibles, soit de durer parce
qu'appartenant à la famille architecturale dont
on aurait convenu soit d'être transformés à «ne
date donnée,
Toute modification extérieure aux immeuble*
« bleus » - démolition, reconstruction par-
tielle, aménagement nouveau des façades vi-
sibles entraînerait pour l'entrepreneur ou le
propriétaire l'obligation de se plier à la règle
établie et de choisir entre les différents types
qui lui seraient soumis dans le cadre du ityle
déterminé.
L'élimination s'opère alors elle-même et
sans à-coups.
Les projets de nouvelles constructions étant
soumis au chef des services urbains, l'inter-
diction de « bâtir en fantaisie » devient active;
toute infraction est réprimée.
Au bout de quelques années, les baraques
tordides disparaissent. Les mois s cou lent et
tout événement est prétexte à l'exécution d'un
paragraphe du programme. Le centre de la
:ité acquiert très rapidement une personnalité,
le particulari se et prend possession de son as-
pect définitif.
Entre ces étapes, on a trouvé le moyen de
dévier telle rue, de prolonger telle autr? ar-
tère, de préparer les voies à une extension pré-
vue dans telle direction. «
Voilà un sage programme et d'où l'on peut
extraire une définition excellente pour Pans :
l' urbanisme, c' est l'art de prévoir.
JI. B. L.
la congrès de médecine
w:-.- ,
tropicale d'ExIrème - Orient
La participation importante des Coloniee
françaises d'Extrême-Orient au VIIe Con-
grès de l'Association de médecine tropicaie
qui se tint a Calcutta en décembre 10^7 Je
1116 Congrès s'était tenu à Saigon en 1913$
mérite d'être signalée tant par la valeur
des délégués de la France que par celle des
sujets qu'ils y ont développés.
Rappelons que la Far h aster» Association
of Tropical Medecine. sous les auspices de
laquelle s'est réuni ce Congrès, a ét.; fon-
dée à Marseille en îqoS et que son but est
de favoriser, surtout en Extrême-Orient,
l'avancement de la science en général et de
la médecine en particulier, la solidarité mé-
dicale, l'éducation du public en vue de Li
prévention des maladies, la. publication des
recherches scientifiques et surtout, l'amitié'
internationale des hommes de science. La
France ne pouvait donc qu'être dignement
représentée au Congrès de Calcutta : l'In-
dochine par le médecin principal de 1re clas-
se Jourdran, directeur local de la santé au
Tonkin et le docteur Hermant, médecin
principal de l'Assistance en Annam ; les
Etablissements français dans l'Inde, par le
médecin major de iro classe Labernadie,
chef du laboratoire de Pondichérv, que a
publié le compte rendu do ce Congrès dans
les Annales de médecine 7' et de pharmacie
coloniales (avril-mai-juin 1928)
I.e docteur Jourdran a exposé les carac-
tères de l'épidémie de choléra au Tonkin en
1927. Il précisa l'importance de la véritable
mobilisation sanitaire qui lui fut oppr.q;Cf",
l'efficacité des mesures administratives, éco-
nomiques et sociales, le succès de la vacci-
nation anti-cholérique sons-cutanée, et le
docteur Broudin, de l'Institut Pasteur de
Saïgon, fit une communication fort intéres-
sante sur le bactériophage et le choléra
aviaire.
Une communication du docteur Léger, ie
l'Institut prophylactique de Paris, donna
aux congressistes des détails précis et pra-
tiques sur la tuberculose - réaction de Ver-
nes à la résorcine. Le docteur t kil. pro-
fesseur de bactériologie à Calcutta, a ex-
posé les intéressants résultats de la vacci-
nation par le R. C. C. de son maître le pro-
fesseur Calmette.
La lèpre a été étudiée tout particulière-
ment au laboratoire et à l'hospice prophy-
lactique de Pondichérv par le docteur Lt-
bernadie.
A propos du traitement, le docteur Laber-
nadie signale les accidents observés soit *n
JOUIIIL GUOTIIIEI
Rédaction & Administration :
Htimmwmmm
PARIS- an
rtlÉPII. t LOUVM imi
RICUBLIM IM4
Les Annales Coloniales
Les annonces et réclames sont reçues au
bureau du journal.
Dimbctcurs : Marcel RUEDEL et L..G. THÉBAUL T
Tous les nrtirh s puhlirs ilans notrr journal no peuvent
i trc reproduits qu'en alnnl les ANXALES f:t'LlJ:
ABONNEMENTS
avec le supplément illustré:
Ua an 6 Moi. a Mei,
Franc* et
Colonie» 120.
Etranger.. 180 » 100 » 509
On s'abonne sans frais daU
tous les i iircaux de poste.
La grande pitié de nos populations noires
.,
Sous ce titre génétfel, la Revue de VAl-
liance Nationale four Vaccroissement de la
population française a publié une elrie d'ar-
ticles dus à M. le lieutenant-ootooel breveté
Jean Charbooneaut commandant militaire de
la Guinée Française.
Et d'abord, un dialogue vivant, pitto-
resque avec un jeune noir qui « représente
certainement l'élément intellectuel dans m»
village et dans le canton dont son père est
chef » nous montre l'impossibilité d'établir
en Guinée un service de l'état civil. A quoi
peuvent répondre ces derniers mots dans ces
régions où la très grosse masse ne sait ni
lire ni écrire, ni parler français, ne voit
que très rarement des Européens (quelques
milliers à peine d'Européens sont établis
dans les grands centres Konakry, Kindia,
Kankan, etc.), et vit dispersée en pleine fo-
rêt tropicale ou dans les bourgs perdus en
pleine brousse? J'ai insisté moi-même plus
d'une fois sur cette impossibilité.
Comment alors établir la situation démo-
graphique? Par le relevé des rôles d'impôts.
Méthode fort imparfaite. Sans doute, tous
les indigènes des deux sexes qui ont atteint
leur huitième année, sont imposables, sauf
les infirmes et les vieillards, c'est-à-dire plus
des deux tiers des habitants. Mais d'abord,
les chefs indigènes étant chargés de la per-
ception et étant intéressés à la recette, le
nombre des assujettis varie suivant les can-
tons. Et puis, il y a, en bordure de notre
colonie, des enclaves étrangères, Guinée
Portugaise. Sierra Leone, Liberia; l'indi-
gène use du procédé que le fabuliste n'a pas
inventé : Je suis oiseau, voyez mes ailes.
11 fait le va et vient entre la Guinée Fran-
çaise et les pays voisins, et se moque du col-
lecteur comme de la première chemise * jn* il
n'a jamais portée.
Méthode imparfaite, mais il faut bien s'en
contenter, puisqu'on n'en a pas d'autre. En
l'appliquant, on arrive à calculer que la pu
putation indigène atteint, pour la Guinée
Française, 2 millions environ d'habitants;
soit une densité moyenne de 8,35 par kilo-
mètre carré, dans un pays dont l'étendue
représente les 2/5. de la France; densité
que ne dépasse en Afrique Occidentale
qu'une seule région, la Haute Volta avec le
chiffre de 10,2; les autres colonies arrivent
à une densité moyenne de 2,82; réfléchissons
que, d'après les statistiques, la densité en
A. K.F. est de 1,5 par kilomètre carré, et
que le Gabon, dont la superficie est supé-
rieure à celle de la France, compte tout
Juste 370.000 habitants.
La population de la Guinée Française s'ac-
erdt-elle? Non, répond M. le commandant
Militaire : sur l'ensemble de trois de ses
postee, il compte 255 tirailleurs ou gradés
indigènes mariés; 211 sont sans enfants, 34
ont un enfant, 15 n'en ont que 2; 3 en ont
3; 2 en ont quatre. Dans Konakry, la aeuie
ville où le service de l'état civil est orga-
nisé, il y a eu en 1927, pour ^16 décès
d'indigènes 155 naissances, sur 8 à 10.000
indigères ; mortalité forte, natalité faible
M. le colonel Jean Charlionncau a été
frappé de voir, dans les villages, l'insigni-
fiance du nombre des enfants par rapport a
celui des hommes mtirs et des vieillards.
Et pourtant, les fléaux qui ravagent les
autres régions africaines épargnent la Gui-
née Française : peu de paludisme; pas de
•yphilis dans les villages (le l'intérieur; pas
d'alcoolisme chez ces musulmans qui lèvent
parfois le coude, en dépit du Prophète, mais
ne sont pas des ivrognes invétérés. D'autre
part, le respect de la maternité et des famil-
les nombreuses est en vigueur dans la plu-
part des Cercles.
Quels sont donc les motifs de cette faible
natalité? Le awmandant Militaire en voit
on dans la stérilité des femmes violées en
bas âge ou blessées dans l'opération rituelle
de l'excision pratiquée sans aucune précau-
tion aseptique; et un autre dans le fait que
les chefs prennent autant de fenunes qu'ils
peuvent, et que les autres indigènes dan-
---- sent - devant le.., buffet, pour parler en vio-
lant le principe de la précision des méta-
phores. Dans un seul centre, 22 chefs de
canton accaparent 737 femmes et n'ont que
277 enfants (ce qui paraît un argument con-
tre la polygamie dont on prétend qu'elle est
favorable à la natalité); dans un autre, cha.
que chef a entre 20 et 300 femmes, ce qui
est beaucoup, et 7 à 8 enfants, ce qui n'est
pas assez. Le commandant militaire nous
rapporte un entretien plaisant avec un jeune
chef de canton : Eh quoi! tu as 154 fem-
mes et 6 enfants, soit 1 pour 100 du rap-
port. - Pardon, réplique l'autre, il y a
parmi ces 154 femmes celles de feu mon père
et même de feu mon grand-père, et je les
nourris sans avoir d'exigences! M. le colonel
---- n'a pas - été - convaincu.
Article rare, article cher. Selon les cen-
tres, une femme vaut de 3 à 500 francs, OR-
pital énorme pour un noir, ou deux bœufs.
J'ai deux grands bœufs dans mon étable,
le noir aimerait mieux se pendre que de les
vendre pour avoir femme et enfant. Ou bien
il s'en va, pour courir la fortune, pour
s'engager dans l'armée, afin de mettre de
côté de quoi faire l'acquisition d'une épouse.
Alors. il se marie trop tard, ou ne se marie
plus du tout
Parlons surtout de la mortalité infantile.
A Kooakry, l'indigène est privilégié; il y
a une administration, un corps méchcal, eh
bien, sur 316 décès d'indigènes en 1927, on
relève 34 mort-nés, 40 nourrissons de moins
d'un an, 35 de 1 à 5 ans, iS de 5 à 15 ans,
soit 22 pour 100 de mort-nés par rapport
aux naissances, et une mortalité infantile
de 30 pour 100 des décès.
Que serait-ce si nous allions en pleine
UoiisH ? L av_rouc:i(!iïier.ts sont opérts par
des matrones qui pratiquent les rites mais
non l'aseptie; les petits, vêtus à la diable,
se traînent autour des cases au milieu des
poules et des bestiaux; Jifme ceux qui
échappent providentiellement à la mort res-
teront des êtres débilités; la sous-alimenta-
tion, la saleté feront le reste. En 1928,
29.100 conscrits indigènes passent le Con-
seil; 3.803 sont reconnu aptes, soit 13
Encore les commissions ont-elles quelque
peu bousculé. l'indice de Pignet » ; sans
cela, la proportion serait plus faible.
Les élus, une fois habillés, nourris, en-
traînés physiquement, changent complète-
ment d'allure. Ils mangeaient de la viande
deux ou trois fois par mois dans leur vil-
lage; ils en mangent matin et soir; les voilà
requinqués, défendus contre la maladie, dé-
barrassés du souci de trouver leur pitance.
Mais les autres, les malheureux ! Combien ré-
sisteront à l'assaut des maux qui les guet-
tent, et, s'ils ne se marient pas, s'ils ne font
pas d'enfants, faut-il sérieusement le re-
gretter ?
Tel est le tableau de la situation démo-
graphique en Guinée Française, tracé par
un homme qui a voulu avant tout nous don-
ner une idée exacte des choses. J'ai tenu à
le mettre sous les yeux de nos lecteurs.
Quelle conclusion en tire M. le colonel Jean
Charbonneau? Une conclusion qui est à
égale distance du pessimisme et de l'op-
timisme; il nous a montré le mal; il nous
montre les remèdes possibles, je les exami-
nerai avec lui, la prochaine fois.
ÊKmrim timosmimm,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
vice-pré aident de te Commiiilon
sénatoriale des Colonies.
Le trafic des chemins de fer
de rAMqwe Occidentale Française
en 1927
1É1
Le trafic des chemins de fer à voie d'un
mètre de l'Afrique Occidentale Française
pendant l'année 1927 a porté sur une lon-
gueur moyenne exploitée de 2.998 kilomè-
tres, soit 35 kilomètres de plus qu'en 1926,'
et 610 kilomètres de plus qu'en 1913, épo-
que à laquelle le réseau exploité des voies
ferrées de l'A. O. F. atteignait 2.388 kilo-
mètres.
Pendant l'année 19^7. le nombre des
voyageurs kilométriques s '(,_lIt élevé à 187
millions 407. 9/3 dont 30.182.367 pour le
Dakar-Saint-Louis. En 1913, on avait enre-
gistré au total 89.406.043 voyageurs kilo.
métriques. En quinze ans, le trafic-voya-
geurs s'est donc accru de 98.001.930, soit
plus de 109
En ce qui concerne les marchandises, les
résultats de l'exploitation des chemins de
fer de l'A. O. F. se sont chiffrés pendant
l'année 1927 par 132.276.325 tonnes kilo-
métriques dont 29092.364 tonnes kilomé-
triques pour le Dakar-Saint-Louis. En 1913,
il avait été enregistré 53 179 ï 55 tonnes ki-
lométriques dont 18.789.317 pour le Dakar-
Saint-Louis. De l'année d'avant-guerre à
1927, le trafic-marchandises s'est donc accru
de 79.097.170 tonnes kilométriques, soit
plu* de 140
L'Aviation Coloniale
«♦»
Au Rio de Oro
1.r., captifs des Maures
La libération des aviateurs français Reine
et Serre, prisonniers des Maures du Rio
del Oro, est encore retardée. - -
Alors que les pourparlers semblaient
avoir abouti avec la tribu qui détient les
deux captifs voici qu'une autre tribu, les
Ahel R'gueilbi, qui jusqu'à présent n'avait
rien revendiqué, exige sa part de rançon.
Il va falloir reprendre les discussions du
commencement à la fin.
Les prisonniers se trouvent au puits de
Taguerzint, à 40 kilomètres au nord de
Villa-Cisneros.
Reine et son compagnon qui sont exté-
nués réclament des vêtements.
Une indisposition de Reine a retardé la
marche de la caravane ce qui a permis
aux Ahel R'gueilbi de la rejoindre au puits
de Tagueriint.
L'ANTENNE - COLONIALE
«♦«
L'Algérie écoute et n'entend pas toujoun
Les émissions -- des postes français ne par-
viennent pas toujours en Algérie. La Tour
Eiffel ne s'entend pas et les paquebots ont
même parfois, dit-on, des difficultés à perce-
voir les signaux horaires si nécessaires pour-
tant à la navigation. Radio-Paris est assez
irrégulier et dans tous les cas l'écoute est
extrêmement faible. Quant aux P. T. T., au
Petit Parisien, à Radio LL et Vitus il ne
faut pas songer à suivre leurs émissions.
Par contre, Radio-Toulouse est extrême-
ment pur et les auditions sont très agréables
à écouter. Parmi les postes étrangers, qui
sont le mieux étendus, on peut citer Franc-
fort, Milan et Barcelone.
De Suède au Cap et retour
-
Le capitaine V. R. Luœy aooompsigTwA dip M.
Gordon Nftc. journaliste, vient d'ar-
river à l'nris après avoir effectué en auto une
immense randonnée de Stockholm au Cap avec
retour par Jérusalem, la Turqute. l'Eurotte Cen-
trale et FMrls.'
1
TAUX Dfi LA HAflTHE
Le Gouverneur Général de l'Indochine vient
de faire connaître au Ministre des Colonies
qu'à la date du 19 octobre 18 Je taux officiel
de la piastre était de 1t fr. m.
LI anthropololie des
races indigènes
Véthnographie des races que
la création de notre empire colo-
nial a placées pou à Peu sous notre.
domination s'imposa des le début de l'oc-
cupation de nos nouveaux domaines.
On ne saurait en effet administrer conve-
nablement un pays si on ne connaît les
m«urs, les coutumes, les usages de ses habi-
tants.
Nous trouvons un exposé original de la
question dans l'onwage ofun membre étran-
ger de VInstitut de France, M. James-
Georges Frazer c E' Homme, Dieu et l'Im-
mortalité (1).
L'anthropologie nous permet, d'après M.
J.-G Frazer, de suivre l'homme dans sa
longue marche, sa lente et pénible ascen-
sion, de la sauvagerie à la civilisation et,
l'étude comparative des croyances et des
institutions humaines peut être bien autre
chose qu'un moyen de satisfaire notre curio-
sité éclairée et de fournir des matériaux aux
recherches des savants. En des mains ex-
pertes, elle deviendra un puissant instru-
ment de progrès. L'étude de la société sau-
vage ne date guère que du milieu du XIX.
siècle, elle a suivi immédiatement la pro-
clamation de la théorie de Vévolution par
Darwin et Wallace en 1859. Et l'on accepte
aujourd'hui la théorie qui fait sortir l'hom-
me par une évolution graduelle d'une longue
série de formes inférieures de vie animale.
C'est cette idée d'évolution qui fournit une
base à la science moderne de Vanthropolo-
gie
Il est juste de dire cependant qu'avant
mime notre époque, les civilisés ont souvent
observé les sauvages avec intérêt et les ont
décrits avec intelligence. Certains Espa-
gnols qui explorèrent et conquirent l'Amé-
rique, nous ont transmis des relations très
exactes sur les manières et les coutumes des
bldiors, L'auteur déplore en quelque sorte
la prochaine disparition du sauvage qui
rendra la société plus terne, d'un coloris plus
gris et plus uniforme : et il considère du
devoir de chaque état civilisé de coopérer
à l'étude des races primitives : nous devons
à la postérité de les décrire tels quelles
étaient avant notre venue.
L'anthropologie sociale, telle que la
comprend J.-G. Frase" limite sa sphère
d'activité aux rudes débuts, au développe-
ment rudimentaire de la société humaine.
Cette science constitue Vembryologie de la
pensée et des institutions humaines, elle
tend en premier lieu à vérifier les croyances
et les coutumes des sauvages et en second
lieu, à rechercher les vestiges de ces croyan-
ces et de ces coutumes qui ont persisté à
l'état de fossiles parmi les peuples de cul-
ture supérieure. Ceci implique que les an-
cêtres des nations civilisées ont transmis à
leurs descendants des idées et des ins-
titutions qui, quelque discordance qu'elles
présentent avec leur environnement posté-
rieur, étaient parfaitement adaptées aux
conditions de pensée et d'action de la société
plus grossière dans laquelle elles ont pris
naissance.
Des études ethnographiques que nous pos-
sédons de Maurice Delafosse, de Labouret,
pour ne citer que les plus importantes, nous
pouvons conclure, avec l'auteur de l' t Etu-
de de l'homme i, que les tribus les plus bar-
bares ont atteint un degré de culture, si bas
soit-il, après être parties d'un niveau plus in-
férieur encore et, que leur ascension, si lente
qu'elle en est insensible, a été réelle et con-
tinue jusqu'au jour où la sauvagerie s'est
trouvée en contact avec la civilisation.
La rencontre avec une race plus forte
produit un choc trop violent pour qu'on
puisse y résister, si la distance intellectuelle,
morale et sociale qui sépare le sauvage de
ses envahisseurs civilisés dépasse certaines
limites. Mais si, au contrilire, la brèche
qui sépare les deux races antagonistes n'est
pas assez large pour être infranchissable,
il y a espoir pour que le plus faible assi-
mile une quantité suffisante de la culture
supérieure de Vautre pour survivre et, ainsi
que le prévoyait M. J.-G. Frazer, c'est ce
qui s'est produit pour la plupart des races
noires en contact avec la civilisation euro-
péenne et surtout française.
C'est par l'étude du rituel pratique par
les races arriérées plus que par les profes-
sions de foi les plus retentissantes que nous
étudierons le plus aisément leur religion.
Nous terminerons ce bref aperçu des prin-
cipes d'anthropologie par cette remarque
fort exacte file les progrès d'un peuple dans
les arts matériels vous fournissent la mesére
la plus évidente de ses progrès intellectuels
et sociaux. Les types les plus hauts d'in-
telligence et de caractère ne se trouvent ja-
mais chez le sauvage à l'état de nudité, dé-
pourvu £ habitation, ignorant tout art : on
ne les rencontre que dans les pays et aux
époques qui ont atteint un niveau supérieur
de civilisation matérielle, qui ont porté les
métiers et les arts à leur degré de perfec-
tion le plus élevé, (nous pouvons mime nous
contenter d'un certain degré de perfection)
La véritable civilisation commence avec la
fondation des cités. Là où l'énergie ne se
concentre pas dans des ganglions de ce
genre, la population reste sauvage et bar-
bare. -
MSdtmmasreÊ JVéron,
Sénateur de la Haute-Leur,
Vies-prisulent de la CammUtum
des Lmmume.
(1) Traduction de Pierre Sayne. chn Paul
Geuumer, t8, rue Jacob. Parts.
DAKAR i
«♦«
Ayant trouvé, tout de même, un « décou-
vreur » qui ne déni pas l'oeuvre de la France
dans les régions africaines qu'il a visitées, il
nous faut le noter, lui et ses citations :
Ce* M. Lety-Courbière qui, dans là Pelile
GIrMJe. publie, sans avoir peur de paraître un
simpje voyageur intelligent, une série d'articles
sur l'A.O.F., et voici ce qu'il pense de Dakar
tant décrié par les uns et par les autres :
Rien de plus riche d'aspect que Dakar.
Les bâtisses hâtivement construites à l'époque
de la fondation de la ville, quand les nataelz
étaient menaçatâ, voisinent avec des édifices
dont l'architecture, témoigne de la sécurité con-
quise et d'une prospérité sans cesse accrue. Le
palais du Gouvernement Général. qui domine
la cité et la rade, est un modèle du genre.
En bordure des faubourgs modernes, la ville
indigène presse ses cases - soubassements de
tordus coiffés de paillettes entrelace ses
ruelles où fourmillent au soleil des enfants court
vêlul. Au delà, sans Iramition, c'est le sable,
le sabte (Tune blancheur de neige, qui prolonge
jusqu'à la mer ses dunes ondojfantes, fixées de
loin en loin par la garde mélancolique des fi-
laos.
Toutes les races se coudoient à Dakar. Près
des faces pales, les complets de toile blanche
se détachent sur les épidermes d'ébène, sur les
oripeaux bigarrés. Les robes claires se faufilent
parmi les << boubous » des Sénégalaises qui, sur
leur tête aux mille tresses fines, portent majes-
tueusement des paniers Je victuailles ou de jau-
nes calebasses rebondies.
Partout ici, te commerce étend ses bras mul-
tiformes. Les banques aux façades bariolées par
les adresses de vingt succursales, surveillent
l'extension des bazars et des bureaux d'expor-
tation. C'est un va-et-vient ininterrompu de ca-
mions chargés de caisses arrivant de France ou
se dirigeant vers le port.
De son port, Dakar est fière, à juste titre.
L'outillage actuel pourtant imposant -
ne répond déjà plus aux besoins, Les marchan-
dises s'entassent débordant le tonnage des wa-
gons et des navires. Bientôt, il est vrai, des en-
gins géants activeront la manutention du char-
bon, du coton, des arachides. Des travaux con-
sidérables vont être entrepris pour augmenter la
superficie du - port et - - de ses dépendances. Les
plans sont terminés, les dépenses prévues jus-
qu'au dernier centime. Une jetée nouvelle est
amorcée. Avant une dizaine d'années, le port
de Dakar rivalisera avec les premiers ports d'Eu-
rope, et Daltar méritera pleinement son titre de
« porte de l'A .O.F. ».
Ce progrès sera J'autant plus facile à réaliser
que Dakar abonde en sites pittoresques. La
pointe de Bel Air, sur le chemin de Rufisoue,
peut être aménagée en une sorte de « RoIJin-
son » maritime. A Dakar même, au flanc de la
falaise rajàlchie par V alizé, la Corniche allonge
son ruban, en face du golfe, où sommeille l'an-
tique Garée. Contemplés de ce belvédère, com-
bien prestigieux sont les levers et les couchers
de soleil ! Et puis, au hasard des anfracluœités
Je rochers, auelles plages mperbes s'échelon-
nent, depuis les abords du fortin, où s'échouent
les pirogues, jusqu'à la pointe des A Inndies,
sentinelle avancée du Continent.
Les « Sénégalais », j' entends par là les mu.
litres, savent depuis longtemps, tant à Dakar
qu'à Saint-Louis, apprécier les sites pittoresques
de leurs banlieues respectives, et je me souviens
des bonnes journées dominicales passées à Da-
kar-Bango, sur un petit bras du Sénégal dans
la banlieue saint-louisierme.
Pour en revenir à Dakar, son évolution fut
surtout remarquable, prestigieuse, de 1904 à
1908, tout au moins ainsi que j'ai pu le cons-
tater de visu. En 1696, les steamers mouillaient
en rade loin de la côte, et pour aller à terre il
fallait trois bons quarts d'heure. Les youyous à
vapeur réduisirent peu à peu la durée de la tra-
versée de la rade, et enfin les quais permirent
l'accostage et la descente directe du bord sur
le quai et des passagers et des marchandises que
les wagons enlevèrent sur les quais mêmes.
La voirie seule laissa longtemps à désirer,
car il fallait lutter contre un envahissant et pé-
nétrant sable rouge.
C'est chose faite, désormais pantalon blanc
le matin n' est plus rouge brique le soir.
Que les touristes s'arrêtent à Dakar et sachent
le visiter, ils en emporteront comme M. Lety-
Courbim, un charmant souvenir.
Jumageme Devaifjr.
BROUSSES
& BROUYDLiLES
»♦«
Ils vont coloniser la planète Mars
C'est ffformidable ! Le docteur anglais
Mansfield Robinsoa, psychiatre et d sansfi-
liste », est parvenu à convaincre les P.T. T.
britanniques qu'une liaison radiotélégraphi-
que entre la Terre et Mars était possible,
ésirable, curieuse et que cette administra-
tion devait faire les avances.
Tenez-vous bien. Les P. T. T. britanniques
vont tenter l'expérience mercredi prochain,
sur les indications du docteur qui en a réglé
télépathiquement avec une marsienne, jou-
vencelle de ses amies, tout le processus.
Puis, les ingénieurs de la Post Office sur-
veilleront les ondes de 30.000 mètres que
Mars ne doit pas manquer d'envoyer et qui
charrieront la réponse. (Je prie le lecteur de
croire que oe n'est pas moi qui « charrie ».
Je cueille cette nouvelle dans le Daily Mail.)
Tout cela est passionnant, mais le mes-
sage anglais doit être de cinq lettres.
C'est une provocation, et il est bien évi-
dent que nous allons assister à une nouvelle
aventure coloniale.
On frémit de songer aux conséquences.
A motitbu -
TAUX DE LA ROUMC
Le Gouverneur des établissements français
dans l'Inde vient de faire connaître au l Mi-
nistre des Colonies qu'à la date du 20 octobre
1988 le taux officiel de la roupie était de
9 fr 15.
L'élection sénatoriale
de l'Inde française
Un nous communique quelques informa-
tions concernant la prochaine élection séna-
toriale des établissements français dans
l'Inde.
D'abord, M. Le Moignic, du cabinet
de M. Paul-Prudent Painlevé, a reçu !e
télégramme suivant :
Le Moignic - Guerre - Paris.
Comité local vous a désigné comme candi-
dat, mais il est indispensable que vous
obteniez avant élection rappel gouverneur.
Signé :
Ce liane, avocat
David, avocat;
Thomas A roui, maire de K arika1.
Rassendren, (l'vocat;
Rattinevelou ;
Ramatchandra.
Le docteur Le Moignic qui joue un rÙit
important dans les conseils du gouvernement
obtiendra sans doute facilement avant Jt.
2 novembre - date de son embarquement
pour Pondichéry le rappel de M. de
Guise, satisfaction que son Comité consi-
dère comme indispensable au succès de son
élection.
On signale toutefois que M. Louis Louis-
Dreyfus qui possède d'importants établis-
sements dans les Indes tant françaises
qu'anglaises, aurait déjà fait faire quelques
démarches par son représentant de Pondiché-
ry. On sait que M. Louis Louis-1 >revfus
fut pendant plusieurs législatures, député
de Florac. 11 a une situation considé-
rable, aussi bien dans les cercles politiques
que dans les milieux de la haute lin a m-e et
- du grand commerce.
M. P. Lederlin, ancien a é nateur des
Vosges, compterait également se présenter
et sa candidature serait patronnée à Pondi.
chéry par M. Paul Lefauchetir.
Enfin, notre correspondant de l'ondiché-
ry nous câble que .M. Octave Homberg,
toujours aux aguets quand il croit qu'un
siège, dans une des deux Chambres, peut
être aux enchères, a déjà dépêché dans cette
dUe un de se) représentants de Saigon.
Quoi qu'il en soit, la situation politique
est actuellement extrêmement trouble dans
les Etablissements français de l'Inde et il
ne semble pas qu'elle doive s'éclaircir ra-
pidement.
-- Pear - les - sinstrés de la -- Gufcloipe
.tT
Il n'y avait jamais eu tant de monde au
fameux Bal Nègre de la rue Blomet.
Et jamais non plus le « Bal des Colonies tt
n'avait présenté un aspect plus pittoresque,
plus coloré qu'hier après-midi. Car la re-
cette de la matinée était destinée aux sinis-
trés de la Guadeloupe et de la Martinique.
C'est Pierre Darius, directeur du Journal
du XV. et Antillais lui-même, qui avait eu
l'idée de cette manifestation de solidarité
qui a été fructueuse.
Les élections cantonales
- 4 1
Scrutin de ballottage
Le scrutin de ballottage des élections can-
tonales a eu lieu hier. Les résultats concer-
nant des personnalités coloniales sont les
suivants :
NIEVRE
Nevers
Notre collaborateur et ami M. Locquin,
député S.F.I.O., est réélu par 3.686 voix.
PUY-DE-DOME
Clermont-Ferrând-Sud-Ouest
M. Alexandre Varenne, député, socialiste
indépendant, ancien Gouverneur général de
l'Indochine, est réélu par 1.769 voix.
ALGERIE
Alger 5*
M. Beriuguey, républicain déawcra tique,
est élu.
Alger 8e
M. Ameur-Tahai est élu.
Oran 3e
M. Vidal, républicain de gauche, est élu.
Bône
M. Arnaud, républicain de gauche, est élu.
Au comité central de la laine
Le Conseil de Direction du Comité Central
de la laine s'est réuni ces jours derniers sous
la présidence de M. Eugène Mathon.
Le Conseil a été tenu au courant de la part
souscrite par les membres du Comité central
de la laine pour la constitution du capital de
la Compagnie d'Elevage du Niger, créée par
la Compagnie de Culture Cotonmère du Niger,
et qui se propose de dévelonper considérable-
ment l'élevage du mouton dans la région de
Diré.
La santé de M. Léon Perrier
ofil
M. Léon Perrier, ministre, des Colonies,
qui, il y a 15 jours, avait subi une opéra-
tion infiniment douloureuse pour laquelle
une anesthésie de deux heures avait été
nécessaire, est en voie de complet rétahlis-
sement. Il a quitté la clinique de larme des
Bains et repris ses occupations.
Il se rend tous les jours à la Préfec ture
de Grenoble oll il prépare la session du
Conseil Général de riserc qu'il doit prési-
der après-demain.
Nous espérons que M. lém Perrier poivr-
ra reprendre des le début de la sema ine
prochaine la direction de ses services de
la nie Oudinot.
Dépêches de l'Indochine
.-
Recettes ferroviaires
Les recettes brutes des roseaux dt' che-
mins de fer exploités par la colonie 4u
1" janvier au 31 août 1928. se sont éle-
vés à 3.252.219 piastres, faisant ressortir
une augmentation de 475.684$sur la
même période de 1927, et une augmenta-
lion moyenne de rendement kilométrique
de 17,13 %, allant de 2.41 pour la ligne
Hanoi-Nacham, à 102.G2 pour la iign>'
Vingh-Hue. Les recettes brutes de la ligne
Haiphong-Yunnanfou atteignent 3.2O7.00U
piastres, soit une augmentation de -il.PJ5
piastres sur la même période de 1927 et
une augmentation du rendement kilomé-
trique de 1,07 "(.
(Indopae 'i./
«t»
l'urbanisme à Saigon
t
Notre confrère cochinchinois, Jehan Cw-
drieux, est de ceux que préoccupe l' avenir de
leur ville.
r( Saïgon, écrit-il, peut devenir une cité
remarquable ; il suffit que ceux dont la tâche
est de veiller à son développement s' en sou-
cient et y travaillent sans relâche.
La besogne aurait une ampleur et le projet
une envergure considérables. Une génération
de travailleurs. de techniciens, deux généra-
tions peut-être devraient y consacrer leur
science.
Cependant, le travail et la continuité dans
l'effort peuvent réaliser ce gigantesque, ce
réalisable programme.
I * >1 1 -- L* I , , 1 4.
L élaboration d un plan général apparaît
d'abord indispensable.
Saïgon y serait représentée par une agglo-
mération formée de petits carrés bleus et de
petits carrés rouges, les premiers figurant les
bâtiments sacrifiés ou à sacrifier ; les autres,
les édifices susceptibles, soit de durer parce
qu'appartenant à la famille architecturale dont
on aurait convenu soit d'être transformés à «ne
date donnée,
Toute modification extérieure aux immeuble*
« bleus » - démolition, reconstruction par-
tielle, aménagement nouveau des façades vi-
sibles entraînerait pour l'entrepreneur ou le
propriétaire l'obligation de se plier à la règle
établie et de choisir entre les différents types
qui lui seraient soumis dans le cadre du ityle
déterminé.
L'élimination s'opère alors elle-même et
sans à-coups.
Les projets de nouvelles constructions étant
soumis au chef des services urbains, l'inter-
diction de « bâtir en fantaisie » devient active;
toute infraction est réprimée.
Au bout de quelques années, les baraques
tordides disparaissent. Les mois s cou lent et
tout événement est prétexte à l'exécution d'un
paragraphe du programme. Le centre de la
:ité acquiert très rapidement une personnalité,
le particulari se et prend possession de son as-
pect définitif.
Entre ces étapes, on a trouvé le moyen de
dévier telle rue, de prolonger telle autr? ar-
tère, de préparer les voies à une extension pré-
vue dans telle direction. «
Voilà un sage programme et d'où l'on peut
extraire une définition excellente pour Pans :
l' urbanisme, c' est l'art de prévoir.
JI. B. L.
la congrès de médecine
w:-.- ,
tropicale d'ExIrème - Orient
La participation importante des Coloniee
françaises d'Extrême-Orient au VIIe Con-
grès de l'Association de médecine tropicaie
qui se tint a Calcutta en décembre 10^7 Je
1116 Congrès s'était tenu à Saigon en 1913$
mérite d'être signalée tant par la valeur
des délégués de la France que par celle des
sujets qu'ils y ont développés.
Rappelons que la Far h aster» Association
of Tropical Medecine. sous les auspices de
laquelle s'est réuni ce Congrès, a ét.; fon-
dée à Marseille en îqoS et que son but est
de favoriser, surtout en Extrême-Orient,
l'avancement de la science en général et de
la médecine en particulier, la solidarité mé-
dicale, l'éducation du public en vue de Li
prévention des maladies, la. publication des
recherches scientifiques et surtout, l'amitié'
internationale des hommes de science. La
France ne pouvait donc qu'être dignement
représentée au Congrès de Calcutta : l'In-
dochine par le médecin principal de 1re clas-
se Jourdran, directeur local de la santé au
Tonkin et le docteur Hermant, médecin
principal de l'Assistance en Annam ; les
Etablissements français dans l'Inde, par le
médecin major de iro classe Labernadie,
chef du laboratoire de Pondichérv, que a
publié le compte rendu do ce Congrès dans
les Annales de médecine 7' et de pharmacie
coloniales (avril-mai-juin 1928)
I.e docteur Jourdran a exposé les carac-
tères de l'épidémie de choléra au Tonkin en
1927. Il précisa l'importance de la véritable
mobilisation sanitaire qui lui fut oppr.q;Cf",
l'efficacité des mesures administratives, éco-
nomiques et sociales, le succès de la vacci-
nation anti-cholérique sons-cutanée, et le
docteur Broudin, de l'Institut Pasteur de
Saïgon, fit une communication fort intéres-
sante sur le bactériophage et le choléra
aviaire.
Une communication du docteur Léger, ie
l'Institut prophylactique de Paris, donna
aux congressistes des détails précis et pra-
tiques sur la tuberculose - réaction de Ver-
nes à la résorcine. Le docteur t kil. pro-
fesseur de bactériologie à Calcutta, a ex-
posé les intéressants résultats de la vacci-
nation par le R. C. C. de son maître le pro-
fesseur Calmette.
La lèpre a été étudiée tout particulière-
ment au laboratoire et à l'hospice prophy-
lactique de Pondichérv par le docteur Lt-
bernadie.
A propos du traitement, le docteur Laber-
nadie signale les accidents observés soit *n
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