Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-10-20
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 octobre 1928 20 octobre 1928
Description : 1928/10/20 (A29,N155). 1928/10/20 (A29,N155).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64513249
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. N° 156
LE NUMERO : 80 CENTIMES
SAMEDI SOIR, 30 OCTOBRE 1928.
MIRRAIJUOTIDIEH
Rédaction & Administration :
nmmwm-wm
PARIS 0"
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, RICHIUKU 97-94
Les Annales Coloniales
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France et
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LA COLONISATION TUNISIENNE
Il
w .,
Mardi dernier, le Syndicat des Colora
français de Tunisie recevait à sa table, au
Cercle interallié, M. Lucien Saint, Rési-
dent général de France à Tunis.
Autour de cette table, un œil averti au-
rait pu déoouvrir et dénombrer, sous la dis-
crétion voulue de la « tenue de ville », un
milliard, peut-être, de capital tunisien.
Thème facile offert aux ironies démago-
giques et même au jugement des techni-
ciens réfléchis.
Il fut de bon ton, à une certaine époque,
dans nos cercles d'économistes coloniaux en
chambre, si j'ose dire, de mésestimer la colo-
nisation tunisienne au profit d'autres plus
bruyantëa.
Cependant, avec moins de publicité tapa-
geuse, mais avec la persévérance discrète
et puissante qui caractérise le grand capi-
talisme moderne, cette colonisation, suivant
des méthodes originales, a fait œuvre utile
et féconde. Tous les techniciens, du moins
ceux qui ne sont pas aveuglés par l'esprit
de système, le reconnaissent aujourd'hui.
Ce qui avait pu les tromper, et quelques
autres avec eux, c'était la méconnaissance
des conditions particulières du milieu écono-
mique et social tunisien.
Là, nous ne trouvions pas, en nous ins-
tallant, comme dans le Tell Algérien, par
exemple, un vaste territoire agrioole d'une
superficie égale ou dépassant celle de 20
départements français, présentant des con-
ditions de culture sinon identiques,* du
moins très semblables à celles des régions
méditerranéennes de la métropole et per-
mettant, par conséquent, sans difficultés
techniques exceptionnelles, l'installation de
centres européens de petits ou moyens cul-
tivateurs.
Nous ne trouvions pas, comme dans la
vaste région de la meseta marocaine, des
territoires, occupés par une population in-
digène relativement dense, particulièrement
favorables à la culture des céréales et si
fertiles qu'on a pu les comparer aux « terres
noires. de Russie, attirant tout naturelle-
ment, dès notre installation, un afflux
considérable d'intermédiaires, commerçants
ou petits exploitants attirés par l'appât de
gams rapides et faciles.
Non, nous trouvions en Tunisie une po.
pulation concentrée surtout dans les villes,
aissant aux régions proprement agricoles
une densité démographique très insuffisante:
aujourd'hui encore on compte moins de 20
habitants au kmq dans les contrôles de
Sfax, Kairouan, Thala, moins de 10 dans
ceux de Gabès et de Gafsa.
Nous trouvions de grandes richesses natu-
relles, en matières premières, sans doute,
mais qui exigent, comme les phosphates,
d'énormes capitaux pour leur mise en exploi-
tation rationnelle, des richesses agricoles
spéciales, comme celle de l'olivier, suscep-
tibles d'un rendement économique considé-
rable, mais qui exigent aussi pour leur cons-
titution et leur exploitation, non seulement
une politique systématique d'ensemble qui
s'adapte mal à une politique de morcelle-
ment agricole mais encore de grandes avan-
ces foncières, des immobilisations souvent
considérables de capitaux pour des périodes
qui atteignent et peuvent dépasser parfois
six, huit - ou dix ans.
NOUS trouvions donc en lumsie des con-
ditions de colonisation européenne très diffé-
rentes de celles que l'on pouvait rencontrer
dans les autres parties (te l'Afrique Mi-
neure. Il fallait donc y appliquer des mé-
thodes de colonisation différentes.
Pendant longtemps, la méthode adoptée
par les autorités du protectorat fut fort sim-
ple. Elle consista à faire connaître les ri-
chesses de la Tunisie et à laisser l'initiative
individuelle se donner libre carrière. Il va
de soi que cette initiative individuelle ne
pouvait être prise que par des groupements
possédant à la fois l'esprit d'entreprise et
de gros capitaux, disons le mot, par de
grands capitalistes.
- Je ne veux pas me demander'si une admi-
nistration clairvoyante n'eût pas mieux sau-
vegardé les intérêts futurs de la collectivité
en apportant à cette œuvre de mise en
exploitation capitaliste, une collaboration
moins passive et moins désintéressée. Mais
me plaçant à un point de vue purement tech-
nique, je dis que cette forme de colonisation
était parfaitement adaptée aux conditions
économiques du milieu et l'expérience en a
apporté la preuve décisive.
- Oh, certes, je n'oublie pas tout ce qu'un
tel système de colonisation peut présenter,
dans certaines conditions politiques et ethni-
ques qu'on rencontrait précisément et qu'on
rencontre encore en Tunisie, de danger.
J'accepte, avec quelques réserves, la for-
mule qui servit jadis de devise au « Comité
Bugeaud w : « Dans tout pays tempéré la
domination politique appartient tôt ou tard
à la race qui cultive le 901.
Je rends bien volontiers hommage à l'ad-
mirable effort de ceux qui, à la suite de
M. Jules Saurin, fondateur de la « Société
des Fermes Françaises de Tunisie s, veulent
intensifier la petite colonisation paysanne en
Tunisie.
Je dis seulement qu'il importe de ne pas
sacrifier à ces formes nouvelles de coloni-
sation quelque intéressantes qu'elles puissent
être, cette colonisation tunisienne classique,
si je peux dire, qui a fait la prospérité du
pays, a rendu tant de services dans le passé
et peut en rendre encore tant dans l'avenir.
Et tout d'abord, il faut songer à main-
tenir largement ouvert à ses initiatives son
champ d'action.
Les grandes opérations foncières sur les
tenes du domaine privé comme celles des
« terres sialines 9 ou celles de l'eucIiir
domanial dfe Cherahil ne sont plus possibles,
parce que le domaine privé ne dispose plus
de telles terres.
Les opérations foncières sur les habous
privés, qui occupent une portion si impor-
tante le tiers dit-on des terres culti-
vables, ont été rendues beaucoup plus diffi-
ciles depuis l'échec des tentatives de légis-
lation nouvelle de 1919, et resteront entra-
vées tant qu'on ne sera pas parvenu à faire
confier la mise en exploitation des habous
privés à l'administration des habous pu-
blics.
Restent les terres collectives des tribus
nomades. Sans doute, le problème est déli-
cat. Le décret du 23 décembre 1918, modifié
par celui du 8 août 1926, a multiplié les
mesures de sauvegarde pour la conservation
de cette propriété collective. Il a superposé
les organismes de tutelle, conseil des nota-
bles de la tribu, conseil de tutelle local,
conseil de tutelle central à Tunis. On a
voulu protéger ainsi les indigènes nomades
contre leur propre imprévoyance et on a
bien fait. Mais peut-être le moment est-il
venu d'aborder la refonte de cette législa-
tion trop stricte qui peut devenir un obstacle
à la colonisation moderne, qui vraiment, je
ne crains pas de fe dire, demeure dans un
pays comme la Tunisie celle qui doit garder
dans les préoccupations des autorités, res-
ponsables de l'avenir, la première place.
Brienia* AmtmmmtM,
Député de la Haute-Savoie, Rap-
porteur du budget de l'Algérie et
des protectorats.
Une carte du Sahara
-
Le commandant Le Maître, chef du service
topographique du XIXe corps d'armée à
Alger, vient, avec l'aide de ses collabora-
teurs, d'achever la première carte complète
du Sahara.
Entièrement connu, le grand désert est
aussi entièrement jalonné. Des voies ferrées
le pénètrent assez loin en deux points, à
Touggourt et à Colomb-Béchar, du point
terminus de ces lignes partent des pistes qui
sillonnent en tous sens l'immensité brûlante.
Ces pistes sont dotées d'une signalisation
complète, claire, pratique, et que la nature
du terrain a permis de simplifier à l'ex-
trême. 11 est désormais impossible de se
perdre en Sahara.
Cette carte est surtout précieuse depuis
que se succèdent non seulement les randon-
nées transsahariennes mais les missions
d'études sérieuses de la zone saharienne.
-
La faune et la flore
de l'Afrique centrale
1 .r
L'explorateur anglais C. Wells, envoyé en
mission scientifique dans les montagnes de la
Lune, près du lac Victoria-Nyanza, décou-
vertes en 1906 par le duc des Abruzzes, vient
de revenir à New- York émerveillé de la faune
et de la flore qu'il a trouvées dans cette ré-
gion.
M. Wells y a, parait-il, trouvé des spéci-
mens inconnus d'animaux et de plantes, et
l'existence d'une végétation d'une fertilité in-
soupçonnée jusqu'ici.
Une solennité à Marrakech
L'inauguration de la nouvelle voie ferrée
Casablanca-Marrakech
Le programme de l'inauguration de la
voie normale de Casablanca à Marrakech
comprendra, le 5 novembre, l'inauguration
par le sultan, et le 7 novemhre, l'inaugu-
ration par le résident général, M. Steeg.
A cette occasion, auront lieu, les 8 et 9
novembre, des excursions à Télouet et a
la kasbah Goundafa, au sud de Marrakech.
Le Comité des Fêtes de Marrakech s'est
réuni dernièrement, au Guéliz. M. Fillou-
cat a été élu président du Comité en rem-
placement de M. Chesné qui a quitté Mar-
rakech.
Le Comité a décidé de provoquer une
réunion de tous les présidents des groupe
ments de, la Ville, pour étudier et préparer
par le détail le programme des Fêtes.
De nombreuses personnalités seront invi-
tées à l'inauguration. Avec raison, les
Français du Maroc considèrent qu'il s'agit
là d'un événement d'importance, où l'on
peut voir comme un syml)ole de leur action
civilisatrice.
An Conseil supérieur des Colonies
D'après un premier cfiblogramme du Gou-
verneur Général de l'Afrique Equatoriale
Française, les voix se seraient réparties
comme suit au premier tour de scrutin pour
l'élection du délégué de la Colonie an Con-
seil supérieur des Colonies : MM. Dubosc,
312; Tahtadjian, 187; Lorin, III; Wickers,
43; Maigret, 37 ; divers, 34. Ces résultats
sont incomplets mais permettent de prévoir
qu'un second tour de scrutin sera nécessaire:
il aura lieu le 25 novembie IQ28.
- - -- - - - - ---
M. Claudel à New-York
M. Claudel, ambassadeur de France aux
Etats-Unis, qui est arrivé à New-York à bord
du Duquesne, a été salué par M. Mongen-
ire, consul généraf.
Interrogé, Vambassadeur a fait Véloge dit
patriotisme et du courage des habitants de
la Guadeloupe et a dit leur satisfaction de
ce que la mire patrie considère leur fie
comme un département français et non
comme une eolollie.
M. Claudel est reparti immédiatement
pour Washington.
(Par dépêche).
COMPARAISONS
̃
Marcus Garvey, le promoteur Si
VUniversal Negro Improvwtjpi
Association. actuellement à Pmfâ
a fait à notre confrère « Le Cri des Peu-
ples 9 une série de déclarations qui ne man-
quent pas d'intérêt.
Le Garvey Movment compte, à Pheure
présente y 11 millions d'adhérents, 1.400
filiales, et ses bureaux occupent à New-
York, deux immeubles, l'un de douze éta-
ges, Vautre de sept. Aux deux millions
d'éleeterus américains, qui en font partie,
Marcus Garvey a donné comme mot d'ordre
de voter et de faire voter pour Smith contre
Hoover, car il espère que le triomphe du
premier aurait pour conséquence l'évacua-
tion d' Haïti par les troupes américaines.
Supposons, pour le moment, que cette espé-
rance ne soit pas une illusion, et écoutons
le leader des noirs d'Amérique expliquer le
but de son voyage.
« Je voyage, dit-il, pour apprendre aux
peuples la tolérance (Bayle, Voltaire, et,
avec ce derniert tous nos encyclopédistes
auraient applandi).Le nègre ne diffère pas
du blanc, mais on ne peut comparer un
nègre et un blanc du XX0 siècle, il faut
les prendre dès le XIVo siècle. » J'ai
grand peur qu'on ne .puisse comparer da-
vantage un F remuais et un noir du XIV.
siècle. le pense que la question est ainsi
fort mal posée, pai assez souvent protesté
contre la fatuité des Luropeens qui, trou-
vant toutes leurs institutions excellentes,
sont prêts à tout mettre sens' dessus dessous
sans respect pour les coutumes sociales des
peuples qu'ils ont la nnssiol, de civiliser,
pour pouvoir parler ici en toute franchise.
Il Wy a pas, d'un côté, des nations euro-
péennes, de l'autre, « la grande nation
mondiale des nègres. » Il n'y a pas deux
blocs que fort puisse rapprocher, comparer,
opposer. Les peuples noirs ne forment pas
un tout, car on ne saurait additionner que
- des quantités de même nature.
Certains, écrit fort justement mon distin-
gué ami Lucien Hubert dans son livre excel-
lent sur nos « Ressources Coloniales » en
sont encore à l'animalité primitive, d'autrr
à l'âge de pierre, d'autres à l'âge de cuivre.
Infériorité congénitale de l'intelligence 1
Pas du tout, mais effet de l'isolement ; de
la servitude qui a pesé sur eux pendant de
longs siècles; de la faim, mauvaise conseil-
lère : de la maladie, toujours triomphante
parce fut tlle ne trouvait pas d'adversaires
résolus. Non pas infériorité, mais retards
de développement, retards que les noirs ne
demandent qu'à rattraper. « Et peut-être,
profitant de notre expérience, ne mettront-
ils à franchir la distance qui nous sépare
que des années, là où nous avons mis - des
siècles. » C'est notre premier devoir de faire
que ces années soient le plus courtes qu'il
est possible. Mais, en attendant, les dis-
tances qui nous séparent sont très variables,
et l'on ne saurait adopter le même langagr.
la même conduite, le même libéralisme à
l'égard de populations nègres qui se trou-
vent à des stades d'évolution si différents.
« La race noire s'améliprrra par Véduca-
tion », déclare Marcus Garvey et nul ne
saurait le contredire. « Mais, ajoute-t-il, il
faut que la race noire reste pure. C'est là
la grande loi de conservation des espèces. »
Loi contestable - dans un univers où s'affirme
de jour en jour la grande loi de l interpé-
nétration des peuples ; pureté contestable,
si on l'entend au sens de Jean Jacques. En
revanche, Marcus Garvey recueillera chez
nous Vapprobation unanime quand il répé-
tera ce qtiil a dit à notre confrère :
« Nous avons toujours considéré la
France comme une amie et nous espérons
que nos relations avec elle seront aussi cor-
diales qu'elles l'ont toujours été. »
Mmwêm ffou«l«K,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-pro*ident de la ( ommintion
sénatoriale des Colonies.
A L'INSTITUT
tl
Les travaux archéologiques en Syrie
M. Virolleaud, directeur du service des
antiquités de Syrie, a retracé hier après-midi
à l'Académie des inscriptions et belles-let-
tres, l'histoire de l'antique Katna. d'après
les fouilles récentes qu'il vient d'effectuer
avec le comte du Mesnil du Buisson.
L'origine de cette cité remonte au 38 mil-
lénaire avant J.-C. C'était alors une colonie
babylonienne. Menacée par les Hittites, le
dernier roi de Katna, Akizzi implora l'aide
du Pharaon Aniénophis IV, mais les Hittites
ne tardèrent pas à l'emporter et détruisirent
entièrement la ville qui, depuis, ne s'est ja-
mais relevée de ses ruines.
Clôture du Congrès
du syndicat de la presse
Nord-Africaine
,.,
Le Congrès du Syndicat de la presse nord-
africaine à Paris s'est terminé hier par un
banquet que présidait M. Lucien Saint, rési-
dent genétal de France à Tunis. A l'issue du
banquet a eu lieu, dans la salle des fêtes de
la mairie de Courbcvoie, une conférence avec
projections de films cinématographiques de
M. Raymond Colrat, vice-président du Syn-
dicat de la presse nord-africaine, sur « les
Vill os africaines n.
A. L'ÉLSËE
–* t,
Le Président de la République a reçu hier
M. Pierre Pnsquier, Gouverneur Général de
l'Indochine.
Pèches miraculeuses
.8.
Bien que les fleuves et rivières des régions
pepicales et équatoriales soient très poissonneu-
Mt et m la pfek* y soit Mtocllcma* facile,
les indigènes, en LI rendre leurs pêches
plus fructueuses, empoisonnent les eaux à l'aide
de certaines plantes. L'honorable professeur du
Collège de France, M. Jean Brunîtes, écrivait
dans le Petit Journal que les Somonos du Niger
emploient dans ce but des plantes du mue
Mundulea, qu'ils cultivent en terre protonde
par plants isolés espacés de 1 m. 50 à 3 mè-
tres. La cueillette des rameaux se fait de mars
à mai, au moment des basses eaux : ce sont
les feuilles qui doivent servir aux pécheurs ;
on les pilonne encore fralches, on les met dans
des sacs, et on jette ces sacs de feuilles écra-
sées dans les biefs du Niger ou dans les ma-
rigots voisins qui sont connus comme poisson*
neux ; on travaille à ce que la matière végétale
soit diluée le plus complètement possible et les
poissons qui se trouvent ou arrivent dans les
eaux où flottent les débris de Mundulea, étant
ainsi intoxiqués, viennent à la surface : les So-
monos n'ont plus qu'à les « récolter ».
De même, à Madagascar, les indigènes em-
ploient et cultivent des plantes du même genre
Mundulea ainsi que d'un genre voisin T eplrro.
sia appartenant à la même famille des Légumi-
neases-papilionacées. On peut constater encore
de nos - jours, ajoute M. Jean Brunhes, que ce
sont là des faits tout à la fois botaniques et hu-
mains qui ont eu une très grande esteasion.
De l'Oubangui et du Gabon jusqu'à la Gui-
née. en passant par le Dahomey et la Côte
d'Ivoire, les Tephrosia sont cultivés partout au-
tour des villages pour le même usage que les
Mundulea du Niger.
M. Auguste Chevalier, en signalant ces faits
à l'Académie des Sciences, a donné à de tel-
les observations une haute signification géné-
rale.
Chose extraordinairement curieuse en effet :
dans l'Amérique tropicale, les Indiens ont éga-
lement cultivé pour la pêche et comme insec-
ticide un Tephrosia (qu'on rencontre aujour-
d'hui au Brésil, aux Guyanes, au Pérou, à
Costa-Rica.)
Le narcotique végétal était bien connu des
Caraïbes et M. Auguste Chevalier estime que,
somme toute, la culture devait en être répan-
due dans toute l'Ambique chaude à l'époque
précolombienne.
D'Amérique, franchissons le Pacifique et
abordons aux irvages de l'Asie méridionale :
dans l'Inde et à Ceylan, on continue à em-
ployer une plante connue sous le nom de Coque
du Levant (Anamirta paniculata Col.) pour pro-
duire sur les poissons dans les rivières une vé-
ritable narcose qui rend ainsi la pêche facile
et féconde.
L'ensemble des plantes ainsi cultivées depuis
des siècles en vue de la pêche par des noirs,
des jaunes, des bruns ou des rouges, est au-
jourd'hui, mais auiourd'hui seulement. étudié
dans les laboratoires des blancs ; l'analyse chi-
mique et la science agronomique permettent de
déclarer qu'eues sont appelées à jouer un grand
rôle dans l'économ ie rurale des pays tropicaux ;
elles sont susceptibles de fournir des cultures
améliorantes de premier ordre, grâce à l'abon-
dance sur leurs racines de bactéries nitrogènes ;
elles pourront aussi, grâce à leurs qualités vé-
néneuses, procurer des produits insecticides re-
cherchés par l'agriculture tropicale. Tout cela
est parfait, tout cela est neuf. Mais ce ne sont
là que des confirmations démonstratives de l'ex-
cellence des procédés anonymes inaugurés de-
puis bien longtemps par de simples primitifs.
A la Côte d'Ivoire, dans l'Agnéby, entre
autres, qui se jette dans la Lagune Ebrié, les
indigènes empoisonnent l'eau avec les fruits
d'une plante dont l'effet est également très effi-
cace. Ce fruit ressemble à une grosse orange,
on en trouve des petits tas, au pied des arbres,
le long des pistes qui mènent à la rivière.
Ce que ne nous dit pas M. Jean Brunhes,
mais que j'ai constaté de visu, c'est que l'eau
ainsi contaminée occasionne de nombreux cas
de dysenterie chez les indigènes qui n'en ont
pas d'autre pour boire. Cette remarque me sem-
ble propre à ne pas encourager les indigènes à
recourir aux plantes vénéneuses pour rendre
leurs pêches miraculeuses.
8.e OeuaMjr.
I
Cinéma Colonial
Dans le décor de l'Algérie
Le Jardin d'Allah, tiré par Rex Ingram
d'un roman de Robert Hichens, se déroule
dans la lumière aveuglante d'Algérie. Par-
mi les moines d'une Trappe, un jeune
homme est tourmenté par le doute.
Il fuit la Trappe jusqu'à une oasis où il
rencontre une jeune fille qui, elle, vient y
chercher l'oubli du monde.
-- - --- -- -------..
Ils deviennent amants.
Mais le trappiste lutte avec sa conscience
jusqu'au jour où son amie ayant découvert
qui il est, le ramène elle-même à la Trappe.
Tout le drame bénéficie d'un cadre mer-
veilleux.
Jardins lumineux, fêtes arabes, scènes in-
digènes dans le désert, forment contraste
avec l'austérité monacale du début.
Ivan Petrovich a fait une création parfaite
du rôle de Boris.
Alice Terry, douloureuse et tragique, joue
en grande artiste le rôle d'Evelyn. Marcel
Vibcrt est également très bien dans un rôle
de composition.
Trop de vols dans la concession
française de Shanghai
––< Il -––
Etullt donné la fréquence des vola et des
enlévemftnls constatés dans la concession
françaisc, la fédération des négociants chi
nois insiste auprès des autorités françaises
pour avoir la permission d'organiser un
corps de volontaires chinois qui combattrait
lo banditisme.
Dépêches de Undochine
'8.
La repression des fraudes
Par arrêté en date du 11 octobre, le dé-
cret du 17 août 1088. portant règlement
d'admHUnrëMsû publique vaut i'appttca^
(Ion en Indochine de la loi du 1"' août 1905
sur la répression des Iraudes, est promul-
gué.
Départs
Sur le paquebot d'Artagnan qui a quitté
leudt Saigon pour la France, se sont em-
barqués :
M. de Sercey, chargé d'alfaires de France
au Siam et le général Ducarre, comman-
dant le groupement de Cochinchine et du
Cambodge.
Indopacitl.
8..
La répression des Iranacs
en lafochioe
Le Gouvernement de fa Cochinchine avait
institué une Commission spécialement chargée
d'étudier et de préparer les mesures réglemen-
taires à prendre pour faciliter l'application en
Indochine de la loi du Ier août 1905 sur la
répression des fraudes dans la vente des mar-
chandises, denrées alimentaires et produits agri-
coles.
« Appliquée dans ce pays vingt-trois ou vingt-
quatre ans après sa promulgation en France.
écrit M. Heari Laurel dans Vlmpearttml < de
Saigon, cette loi n'en rendra pas moins d'ex-
cellents servi ces. Nous n' irons pas jusqu'à dire
avec un numonste salgonnais, qu au lunch of-
fert par la Chambre de Commerce chinoise à
l'issue de la conférence de M. Gaston Gérard,
on offrit aux invités du champagne fabriqué à
Cholon. Mais il est trop vrai, maheureusement,
que des industriels sans scrupules font fortune en
trompant leur clientèle sur l'origine et la qua-
lité des marchandises, et que Cholon est un des
centres où la fraude sévit intensément. »
Souvent, paraît-il, des bottes métalliques
usagées seraient remplies de faux produits dits
« Olida » ou (t Saupiquet » par des usines
clandestines.
De même, des bouteilles d'occasion, par
milliers, seraient remplies aux réservoirs de Cho-
Ion et revendues sous l'étiquette « Vittel » ou
« Vichy ».
Enfin, et c'est le plus grave peut-être, le
lait serait trop souvent, à Cholon, l'objet d'un
baptême fort dangereux par la nature de l'eau
employée.
Avec notre confrère de Cochinchine, nous
souhaitons que le honteux trafic des fraudeurs,
dont souffrent principalement les « broussards »,
soit bientôt sévèrement réprimé.
L'arrêté cité plus haut dans les « Dépêches
de l'Indochine » va permettre une répress ion
efficace.
onoil
A LA CHAMBRE
DANS LES COMMISSIONS
Les crédits militaires pour l'Indochine
à la Commission des finances
La Commission des finances de la Cham.
bre, avant de s'ujourner au 31 octobre, a
examiné, entre autres, les chapitres réser-
vés au budget des Colonies.
M. Archimbaud a demandé le maintien
intégral des crédits affectés à la défense de
l'Indochine.
Les crédits ont été maintenus.
PHILATÉLIE
Maroc
Au Maroc, lisons-nous dans le « Coin phi-
latéliste », de la Vigie Marocaine} nous
avons bon nombre de ces timbres inutiles,
tant dans la série postale que dans la série
d'aviation.
On pourrait presque parier que dans cette
dernière série, certains timbres n'ont été
vendus qu'à des collectionneurs ou employés
à des fins philatéliques.
Toutes ces inutilités disparaîtraient facile-
ment grâce à une surcharge. Un exemple :
le i fr. 50 avion n'existe pas. En attendant
qu'on le crée - lui, le seul utile - qu'on
surcharge donc 1 fr. 50 le 0,05 qui n'a ja-
mais pu servir et dont la « naissance » a
stupéfié tout le monde.
Si dans la série postale telle vignette est
vn passe de manquer, qu'on surcharge d'au-
tres timbres, tel ce malheureux 1 fr. 05 qui
n'a jamais servi ni au Maroc ni en France
où le stock existant n'a pu partir qu'en
changeant de valeur.
C'est là, une simple suggestion de notre
part, ajoute notre confrère, et nous croyons
qu'elle rallierait la majorité des collection-
neurs.
Lorsque paraîtront les fameuses séiies en
taille-douce, il importe encore qu'aient dis-
paru tous les timbres existants IIll tout au
moins la presque totalité.
La série de 1017 a passé; celles de 1023 a
été modifiée. Nous avons encore à subir les
i franc et 2 francs protectorat de 1913. Ces
derniers rescapés d'une série provisoire or;t
l'air de vouloir s'imposer comme définitif.
Qu'on écoule tout cela et qu'on fasse place
nette lorsque devront parattre les nouveaux
timbres l'intérêt de la philatélie le de-
mande et une surcharge le permet aisément.
Le public philatélique a très bien compris
qu'un ministre français des P. T. T., M.
Maurice Rokanowski, soucieux de débarras-
ser ta poste française de certaines valeurs
inutiles, ait décidé de les faire surcharger.
C'est ainsi que les 0,30 bleu, les 0,3 0,80,
0,85, 1,05, 1,40, etc., rendus inutilisables par
suite du changement de la taxe d'affranchis-
sement devinrent des timbres à 0,5o, 0,00 ou
1 fr. 10.
Les collectionneurs y trouvèrent leur
compte sans jeu de mots déplacé - le
public également et l'Etat aussi.
11 est, en effet, parfaitement normal que
l'on appose une surcharge sur les timbres
que supprime, virtuellement, une modifica.
tion dans les tarifs postaux on un change-
ment obligatoire de couleur.
L'Aviation Coloniale
»♦»
Les crédits
M. Laurent Eynac a déclaré que les cré-
dits du ministère de l'air ne dépasseraient
nap ceux qui ont été précédemment répar-
tis entre les ministères de la Guerre, de la
Marine, du Commerce et des Colonies et
qu'ils seraient même légèrement inférieurs,
à ces derniers,
Une interpellation
M. Alcide Delmont, député de la Marti-
nique, a déposé une demande d'interpella-
tion au Gouvernement pour lui demander
quelles mesures il comptait prendre pour
assurer la sécurité des aviateurs franchis-
sant le Rio de Oro. -
Rio de Oro
Les captifs des Maures
D'après un radio de M. Léo Gerville-
Rooche, les aviateurs Heine et Serre n'ont
pus encore été ramenés à la Côte, près de
Villa-Cisneros par suite de quelques dilti-
cultés de détail.
Par contre, l'aviateur Antoine, pilotant le
courrier d'Amérique, après avoir fait mon-
ter à 2.500 mètres deux des Maures qui doi-
vent être échangés contre Tios compatriotes,
les a déposés, après quelques virages émo-
tionnants, sur le sable de Villa-Cisneros où
le brigadier de gendarmerie Hêtre, qyi a la
garde des prisonniers de la Cigogne, les a
immédiatement recueillis.
Un des deux avions partis à la rencontre
d'un groupe de maraudeurs signalé ii proxi-
mité d'izarguin, a fait une chute à 200 ki-
lomètres au sud de Cap-Juby et à 10 kilo-
mètres de la côte.
Le lieutenant qui pilotait l'avion et deux
indigènes qui l'accompagnaient ont réussi
à se dégager des débris de l'appareil. Ils
on' immédiatement été entourés par les
Maures. Deux autres appareils, un avion
militaire et un avion commercial, se sont
rendus sur le lieu de l'accident et ils ont
recueilli le lieutenant et les deux indigènes
qui avaient été tous trois blessés dans la
chute, et qui ont déclaré avoir reçu les
soins les plus empressés des indigènes. Les
deux avions et les blessés sont rentrés dans
l'après-midi il Cup-Jubv.
Le colonel délégué du lui ut commissaire
du Maroc il Cau-Jubv a souligné la magni-
fique conduite des indigènes et l'importance
du service rendu par la Compagnie à la-
quelle appartient l'avion commercial qui a
porté secours aux blessés.
Ce résultat, aussi rapide qu'heureux, est
sans doute une des conséquences de la frot-
tée magistrale infligée le 1er octobre par les
Espagnols à une tribu dissidente.
Le tir contre avions
Certains officiers du Commandement su-
périeur des troupes de Tunisie viennent
d'être désignés pour suivre le cours pra-
tique de tir anti-aérien des armes de petit
calibre au camp d'instruction de Cazaux
pendant la période du 15 au 20 octobre in-
clus.
Au Congo belge
L'avion piloté par l'aviateur Murdoch
s'est écrasé à KulIenga (Congo belge). Sa
machine a été détruite, mais l'aviateur est
indemne.
Le droit international privé aérien
En vue d'arriver à l'unilicalion du droit
international privé aérien, trois des Com-
missions du Comité international techni-
que d'experts juridiques aériens présidé par
-NI. Laurent Eynac, ministre de l'Air, se
réunissent en ce moment il Paris et ont à
leur programme l'étude des projets de
conventions suivants : Responsabilité du
transporteur pur aéronef vis-à-vis des tiers
et des biens ù la surface ; conflits de lois
en matière de droits réels aériens ; registre
aéronautique ; propriété ; copropriété, etc.
Conditions juridiques du commandant de
l'aéronef.
A l'issue d'un banquet offert par le mi-
nistre de l'Air, M. Giannini, chef de la dé-
légation italienne, félicita M. Laurent Eynac
ainsi que lo Comité lui-même de ee que le
président du Comité était devenu le minis-
tre de l'Air du Gouvernement français.
Cette nomination a liuiive a l'étranger le
inAnie eclio sym,put.hiquI' qu'elle a rencontré fil
France. Elle 11e peut qu'aider a l'aboutissement
de 1 o'iivre inijiorUuile qui u eto eonliee au Co-
mite d'experts : la préparation de l'uniiication
uiuver.seJlo du droit international privé aérien.
Le procrés et le d"\eloppeincnt que le muns-
vit} l'Air 11#"* Kr:inn» vîuitm ,JHn,n,n,,, u i.»
-. -..-- ,-, a .,-a.., ',11.,,£1., ovJiinM a l«.V UU-
vigali. oa aericsunc auront, comme corollaire im-
médiat le développement de lu matiere juridi-
que aérienne et ie pro-re- du droit international
prive aérien.
M. Giannini termina son allocution eu
renouvelant à M. Laurent. EYlIIlC, au nom
du Comité, l'assurance de leur sentiment
de respect, pour le ministre et de déférente
amitié pour leur eminenl collègue.
M. Laurent Eynao remercia M. Giannini
et le i.on 11 té des marques de sympathie qui
venaient de lui être données et dont il était
particulièrement touché. Il rappela briève-
ment la grandeur de la hViie qu'il avait
assumée et il assura le C.oniité que ses oc-
cupations, pour absorbantes qu'elles fus-
sent, m; sauraient l'empêcher de s'intéres-
sei- ttil Comité d'experts juridl-
ques aerieiis qu'il continuerait pour sa part
à aider a mener à bien.
Au congrès des ,. Français à l'étranger Il
Le troisième Congrès des « Français à
l'étranger d a poursuivi hier ses travaux. La
Section de l Aviation, sous la présidence dt.
Général Boucabeille, directeur du Comité
français de Propagande Aéronautique, a afA
Grmé la nécessité pour la France d'assurer les
grandes liaisons qui mettront la métropole en
rapports rapides et fréquents avec ses colonies.
Jn appel est fait au ministre de l' air en vue
de la négociation ou de l' achèvement des!
accords nécessaires avec les puissances inté-
ressées.
Les congressistes demandent, en particu-
lier, que de promptes tractations soient enga.
gées avec l'Espagne pour établir dans le Rio
de Oro un régime sévère de surveillance. il
importe que les forces aériennes françaises
puissent, dans cette région, exercer le droit
de poursuite sur les pillards.
Les conditions actuelles de la poste
LE NUMERO : 80 CENTIMES
SAMEDI SOIR, 30 OCTOBRE 1928.
MIRRAIJUOTIDIEH
Rédaction & Administration :
nmmwm-wm
PARIS 0"
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Les Annales Coloniales
Les annonces et réclames sont reçues au
bureau du tournai.
DIRECTEURS : Marcel RUEDEL et L.-G. THÉBAUL T
Tous les articles publiés dans notre journal ne peuvent
tUia reproduits '/I(ert citant les ANNALES COLONIALES.
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avec le supplément illustré t
UD.. 8 Mois a Nel.
France et
Colonies 120 » W » 15 »
Étranger.. i Bo 9 100. Mt
On s'abonne sans frais dam
tous les bureaux de poste.
LA COLONISATION TUNISIENNE
Il
w .,
Mardi dernier, le Syndicat des Colora
français de Tunisie recevait à sa table, au
Cercle interallié, M. Lucien Saint, Rési-
dent général de France à Tunis.
Autour de cette table, un œil averti au-
rait pu déoouvrir et dénombrer, sous la dis-
crétion voulue de la « tenue de ville », un
milliard, peut-être, de capital tunisien.
Thème facile offert aux ironies démago-
giques et même au jugement des techni-
ciens réfléchis.
Il fut de bon ton, à une certaine époque,
dans nos cercles d'économistes coloniaux en
chambre, si j'ose dire, de mésestimer la colo-
nisation tunisienne au profit d'autres plus
bruyantëa.
Cependant, avec moins de publicité tapa-
geuse, mais avec la persévérance discrète
et puissante qui caractérise le grand capi-
talisme moderne, cette colonisation, suivant
des méthodes originales, a fait œuvre utile
et féconde. Tous les techniciens, du moins
ceux qui ne sont pas aveuglés par l'esprit
de système, le reconnaissent aujourd'hui.
Ce qui avait pu les tromper, et quelques
autres avec eux, c'était la méconnaissance
des conditions particulières du milieu écono-
mique et social tunisien.
Là, nous ne trouvions pas, en nous ins-
tallant, comme dans le Tell Algérien, par
exemple, un vaste territoire agrioole d'une
superficie égale ou dépassant celle de 20
départements français, présentant des con-
ditions de culture sinon identiques,* du
moins très semblables à celles des régions
méditerranéennes de la métropole et per-
mettant, par conséquent, sans difficultés
techniques exceptionnelles, l'installation de
centres européens de petits ou moyens cul-
tivateurs.
Nous ne trouvions pas, comme dans la
vaste région de la meseta marocaine, des
territoires, occupés par une population in-
digène relativement dense, particulièrement
favorables à la culture des céréales et si
fertiles qu'on a pu les comparer aux « terres
noires. de Russie, attirant tout naturelle-
ment, dès notre installation, un afflux
considérable d'intermédiaires, commerçants
ou petits exploitants attirés par l'appât de
gams rapides et faciles.
Non, nous trouvions en Tunisie une po.
pulation concentrée surtout dans les villes,
aissant aux régions proprement agricoles
une densité démographique très insuffisante:
aujourd'hui encore on compte moins de 20
habitants au kmq dans les contrôles de
Sfax, Kairouan, Thala, moins de 10 dans
ceux de Gabès et de Gafsa.
Nous trouvions de grandes richesses natu-
relles, en matières premières, sans doute,
mais qui exigent, comme les phosphates,
d'énormes capitaux pour leur mise en exploi-
tation rationnelle, des richesses agricoles
spéciales, comme celle de l'olivier, suscep-
tibles d'un rendement économique considé-
rable, mais qui exigent aussi pour leur cons-
titution et leur exploitation, non seulement
une politique systématique d'ensemble qui
s'adapte mal à une politique de morcelle-
ment agricole mais encore de grandes avan-
ces foncières, des immobilisations souvent
considérables de capitaux pour des périodes
qui atteignent et peuvent dépasser parfois
six, huit - ou dix ans.
NOUS trouvions donc en lumsie des con-
ditions de colonisation européenne très diffé-
rentes de celles que l'on pouvait rencontrer
dans les autres parties (te l'Afrique Mi-
neure. Il fallait donc y appliquer des mé-
thodes de colonisation différentes.
Pendant longtemps, la méthode adoptée
par les autorités du protectorat fut fort sim-
ple. Elle consista à faire connaître les ri-
chesses de la Tunisie et à laisser l'initiative
individuelle se donner libre carrière. Il va
de soi que cette initiative individuelle ne
pouvait être prise que par des groupements
possédant à la fois l'esprit d'entreprise et
de gros capitaux, disons le mot, par de
grands capitalistes.
- Je ne veux pas me demander'si une admi-
nistration clairvoyante n'eût pas mieux sau-
vegardé les intérêts futurs de la collectivité
en apportant à cette œuvre de mise en
exploitation capitaliste, une collaboration
moins passive et moins désintéressée. Mais
me plaçant à un point de vue purement tech-
nique, je dis que cette forme de colonisation
était parfaitement adaptée aux conditions
économiques du milieu et l'expérience en a
apporté la preuve décisive.
- Oh, certes, je n'oublie pas tout ce qu'un
tel système de colonisation peut présenter,
dans certaines conditions politiques et ethni-
ques qu'on rencontrait précisément et qu'on
rencontre encore en Tunisie, de danger.
J'accepte, avec quelques réserves, la for-
mule qui servit jadis de devise au « Comité
Bugeaud w : « Dans tout pays tempéré la
domination politique appartient tôt ou tard
à la race qui cultive le 901.
Je rends bien volontiers hommage à l'ad-
mirable effort de ceux qui, à la suite de
M. Jules Saurin, fondateur de la « Société
des Fermes Françaises de Tunisie s, veulent
intensifier la petite colonisation paysanne en
Tunisie.
Je dis seulement qu'il importe de ne pas
sacrifier à ces formes nouvelles de coloni-
sation quelque intéressantes qu'elles puissent
être, cette colonisation tunisienne classique,
si je peux dire, qui a fait la prospérité du
pays, a rendu tant de services dans le passé
et peut en rendre encore tant dans l'avenir.
Et tout d'abord, il faut songer à main-
tenir largement ouvert à ses initiatives son
champ d'action.
Les grandes opérations foncières sur les
tenes du domaine privé comme celles des
« terres sialines 9 ou celles de l'eucIiir
domanial dfe Cherahil ne sont plus possibles,
parce que le domaine privé ne dispose plus
de telles terres.
Les opérations foncières sur les habous
privés, qui occupent une portion si impor-
tante le tiers dit-on des terres culti-
vables, ont été rendues beaucoup plus diffi-
ciles depuis l'échec des tentatives de légis-
lation nouvelle de 1919, et resteront entra-
vées tant qu'on ne sera pas parvenu à faire
confier la mise en exploitation des habous
privés à l'administration des habous pu-
blics.
Restent les terres collectives des tribus
nomades. Sans doute, le problème est déli-
cat. Le décret du 23 décembre 1918, modifié
par celui du 8 août 1926, a multiplié les
mesures de sauvegarde pour la conservation
de cette propriété collective. Il a superposé
les organismes de tutelle, conseil des nota-
bles de la tribu, conseil de tutelle local,
conseil de tutelle central à Tunis. On a
voulu protéger ainsi les indigènes nomades
contre leur propre imprévoyance et on a
bien fait. Mais peut-être le moment est-il
venu d'aborder la refonte de cette législa-
tion trop stricte qui peut devenir un obstacle
à la colonisation moderne, qui vraiment, je
ne crains pas de fe dire, demeure dans un
pays comme la Tunisie celle qui doit garder
dans les préoccupations des autorités, res-
ponsables de l'avenir, la première place.
Brienia* AmtmmmtM,
Député de la Haute-Savoie, Rap-
porteur du budget de l'Algérie et
des protectorats.
Une carte du Sahara
-
Le commandant Le Maître, chef du service
topographique du XIXe corps d'armée à
Alger, vient, avec l'aide de ses collabora-
teurs, d'achever la première carte complète
du Sahara.
Entièrement connu, le grand désert est
aussi entièrement jalonné. Des voies ferrées
le pénètrent assez loin en deux points, à
Touggourt et à Colomb-Béchar, du point
terminus de ces lignes partent des pistes qui
sillonnent en tous sens l'immensité brûlante.
Ces pistes sont dotées d'une signalisation
complète, claire, pratique, et que la nature
du terrain a permis de simplifier à l'ex-
trême. 11 est désormais impossible de se
perdre en Sahara.
Cette carte est surtout précieuse depuis
que se succèdent non seulement les randon-
nées transsahariennes mais les missions
d'études sérieuses de la zone saharienne.
-
La faune et la flore
de l'Afrique centrale
1 .r
L'explorateur anglais C. Wells, envoyé en
mission scientifique dans les montagnes de la
Lune, près du lac Victoria-Nyanza, décou-
vertes en 1906 par le duc des Abruzzes, vient
de revenir à New- York émerveillé de la faune
et de la flore qu'il a trouvées dans cette ré-
gion.
M. Wells y a, parait-il, trouvé des spéci-
mens inconnus d'animaux et de plantes, et
l'existence d'une végétation d'une fertilité in-
soupçonnée jusqu'ici.
Une solennité à Marrakech
L'inauguration de la nouvelle voie ferrée
Casablanca-Marrakech
Le programme de l'inauguration de la
voie normale de Casablanca à Marrakech
comprendra, le 5 novembre, l'inauguration
par le sultan, et le 7 novemhre, l'inaugu-
ration par le résident général, M. Steeg.
A cette occasion, auront lieu, les 8 et 9
novembre, des excursions à Télouet et a
la kasbah Goundafa, au sud de Marrakech.
Le Comité des Fêtes de Marrakech s'est
réuni dernièrement, au Guéliz. M. Fillou-
cat a été élu président du Comité en rem-
placement de M. Chesné qui a quitté Mar-
rakech.
Le Comité a décidé de provoquer une
réunion de tous les présidents des groupe
ments de, la Ville, pour étudier et préparer
par le détail le programme des Fêtes.
De nombreuses personnalités seront invi-
tées à l'inauguration. Avec raison, les
Français du Maroc considèrent qu'il s'agit
là d'un événement d'importance, où l'on
peut voir comme un syml)ole de leur action
civilisatrice.
An Conseil supérieur des Colonies
D'après un premier cfiblogramme du Gou-
verneur Général de l'Afrique Equatoriale
Française, les voix se seraient réparties
comme suit au premier tour de scrutin pour
l'élection du délégué de la Colonie an Con-
seil supérieur des Colonies : MM. Dubosc,
312; Tahtadjian, 187; Lorin, III; Wickers,
43; Maigret, 37 ; divers, 34. Ces résultats
sont incomplets mais permettent de prévoir
qu'un second tour de scrutin sera nécessaire:
il aura lieu le 25 novembie IQ28.
- - -- - - - - ---
M. Claudel à New-York
M. Claudel, ambassadeur de France aux
Etats-Unis, qui est arrivé à New-York à bord
du Duquesne, a été salué par M. Mongen-
ire, consul généraf.
Interrogé, Vambassadeur a fait Véloge dit
patriotisme et du courage des habitants de
la Guadeloupe et a dit leur satisfaction de
ce que la mire patrie considère leur fie
comme un département français et non
comme une eolollie.
M. Claudel est reparti immédiatement
pour Washington.
(Par dépêche).
COMPARAISONS
̃
Marcus Garvey, le promoteur Si
VUniversal Negro Improvwtjpi
Association. actuellement à Pmfâ
a fait à notre confrère « Le Cri des Peu-
ples 9 une série de déclarations qui ne man-
quent pas d'intérêt.
Le Garvey Movment compte, à Pheure
présente y 11 millions d'adhérents, 1.400
filiales, et ses bureaux occupent à New-
York, deux immeubles, l'un de douze éta-
ges, Vautre de sept. Aux deux millions
d'éleeterus américains, qui en font partie,
Marcus Garvey a donné comme mot d'ordre
de voter et de faire voter pour Smith contre
Hoover, car il espère que le triomphe du
premier aurait pour conséquence l'évacua-
tion d' Haïti par les troupes américaines.
Supposons, pour le moment, que cette espé-
rance ne soit pas une illusion, et écoutons
le leader des noirs d'Amérique expliquer le
but de son voyage.
« Je voyage, dit-il, pour apprendre aux
peuples la tolérance (Bayle, Voltaire, et,
avec ce derniert tous nos encyclopédistes
auraient applandi).Le nègre ne diffère pas
du blanc, mais on ne peut comparer un
nègre et un blanc du XX0 siècle, il faut
les prendre dès le XIVo siècle. » J'ai
grand peur qu'on ne .puisse comparer da-
vantage un F remuais et un noir du XIV.
siècle. le pense que la question est ainsi
fort mal posée, pai assez souvent protesté
contre la fatuité des Luropeens qui, trou-
vant toutes leurs institutions excellentes,
sont prêts à tout mettre sens' dessus dessous
sans respect pour les coutumes sociales des
peuples qu'ils ont la nnssiol, de civiliser,
pour pouvoir parler ici en toute franchise.
Il Wy a pas, d'un côté, des nations euro-
péennes, de l'autre, « la grande nation
mondiale des nègres. » Il n'y a pas deux
blocs que fort puisse rapprocher, comparer,
opposer. Les peuples noirs ne forment pas
un tout, car on ne saurait additionner que
- des quantités de même nature.
Certains, écrit fort justement mon distin-
gué ami Lucien Hubert dans son livre excel-
lent sur nos « Ressources Coloniales » en
sont encore à l'animalité primitive, d'autrr
à l'âge de pierre, d'autres à l'âge de cuivre.
Infériorité congénitale de l'intelligence 1
Pas du tout, mais effet de l'isolement ; de
la servitude qui a pesé sur eux pendant de
longs siècles; de la faim, mauvaise conseil-
lère : de la maladie, toujours triomphante
parce fut tlle ne trouvait pas d'adversaires
résolus. Non pas infériorité, mais retards
de développement, retards que les noirs ne
demandent qu'à rattraper. « Et peut-être,
profitant de notre expérience, ne mettront-
ils à franchir la distance qui nous sépare
que des années, là où nous avons mis - des
siècles. » C'est notre premier devoir de faire
que ces années soient le plus courtes qu'il
est possible. Mais, en attendant, les dis-
tances qui nous séparent sont très variables,
et l'on ne saurait adopter le même langagr.
la même conduite, le même libéralisme à
l'égard de populations nègres qui se trou-
vent à des stades d'évolution si différents.
« La race noire s'améliprrra par Véduca-
tion », déclare Marcus Garvey et nul ne
saurait le contredire. « Mais, ajoute-t-il, il
faut que la race noire reste pure. C'est là
la grande loi de conservation des espèces. »
Loi contestable - dans un univers où s'affirme
de jour en jour la grande loi de l interpé-
nétration des peuples ; pureté contestable,
si on l'entend au sens de Jean Jacques. En
revanche, Marcus Garvey recueillera chez
nous Vapprobation unanime quand il répé-
tera ce qtiil a dit à notre confrère :
« Nous avons toujours considéré la
France comme une amie et nous espérons
que nos relations avec elle seront aussi cor-
diales qu'elles l'ont toujours été. »
Mmwêm ffou«l«K,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-pro*ident de la ( ommintion
sénatoriale des Colonies.
A L'INSTITUT
tl
Les travaux archéologiques en Syrie
M. Virolleaud, directeur du service des
antiquités de Syrie, a retracé hier après-midi
à l'Académie des inscriptions et belles-let-
tres, l'histoire de l'antique Katna. d'après
les fouilles récentes qu'il vient d'effectuer
avec le comte du Mesnil du Buisson.
L'origine de cette cité remonte au 38 mil-
lénaire avant J.-C. C'était alors une colonie
babylonienne. Menacée par les Hittites, le
dernier roi de Katna, Akizzi implora l'aide
du Pharaon Aniénophis IV, mais les Hittites
ne tardèrent pas à l'emporter et détruisirent
entièrement la ville qui, depuis, ne s'est ja-
mais relevée de ses ruines.
Clôture du Congrès
du syndicat de la presse
Nord-Africaine
,.,
Le Congrès du Syndicat de la presse nord-
africaine à Paris s'est terminé hier par un
banquet que présidait M. Lucien Saint, rési-
dent genétal de France à Tunis. A l'issue du
banquet a eu lieu, dans la salle des fêtes de
la mairie de Courbcvoie, une conférence avec
projections de films cinématographiques de
M. Raymond Colrat, vice-président du Syn-
dicat de la presse nord-africaine, sur « les
Vill os africaines n.
A. L'ÉLSËE
–* t,
Le Président de la République a reçu hier
M. Pierre Pnsquier, Gouverneur Général de
l'Indochine.
Pèches miraculeuses
.8.
Bien que les fleuves et rivières des régions
pepicales et équatoriales soient très poissonneu-
Mt et m la pfek* y soit Mtocllcma* facile,
les indigènes, en LI rendre leurs pêches
plus fructueuses, empoisonnent les eaux à l'aide
de certaines plantes. L'honorable professeur du
Collège de France, M. Jean Brunîtes, écrivait
dans le Petit Journal que les Somonos du Niger
emploient dans ce but des plantes du mue
Mundulea, qu'ils cultivent en terre protonde
par plants isolés espacés de 1 m. 50 à 3 mè-
tres. La cueillette des rameaux se fait de mars
à mai, au moment des basses eaux : ce sont
les feuilles qui doivent servir aux pécheurs ;
on les pilonne encore fralches, on les met dans
des sacs, et on jette ces sacs de feuilles écra-
sées dans les biefs du Niger ou dans les ma-
rigots voisins qui sont connus comme poisson*
neux ; on travaille à ce que la matière végétale
soit diluée le plus complètement possible et les
poissons qui se trouvent ou arrivent dans les
eaux où flottent les débris de Mundulea, étant
ainsi intoxiqués, viennent à la surface : les So-
monos n'ont plus qu'à les « récolter ».
De même, à Madagascar, les indigènes em-
ploient et cultivent des plantes du même genre
Mundulea ainsi que d'un genre voisin T eplrro.
sia appartenant à la même famille des Légumi-
neases-papilionacées. On peut constater encore
de nos - jours, ajoute M. Jean Brunhes, que ce
sont là des faits tout à la fois botaniques et hu-
mains qui ont eu une très grande esteasion.
De l'Oubangui et du Gabon jusqu'à la Gui-
née. en passant par le Dahomey et la Côte
d'Ivoire, les Tephrosia sont cultivés partout au-
tour des villages pour le même usage que les
Mundulea du Niger.
M. Auguste Chevalier, en signalant ces faits
à l'Académie des Sciences, a donné à de tel-
les observations une haute signification géné-
rale.
Chose extraordinairement curieuse en effet :
dans l'Amérique tropicale, les Indiens ont éga-
lement cultivé pour la pêche et comme insec-
ticide un Tephrosia (qu'on rencontre aujour-
d'hui au Brésil, aux Guyanes, au Pérou, à
Costa-Rica.)
Le narcotique végétal était bien connu des
Caraïbes et M. Auguste Chevalier estime que,
somme toute, la culture devait en être répan-
due dans toute l'Ambique chaude à l'époque
précolombienne.
D'Amérique, franchissons le Pacifique et
abordons aux irvages de l'Asie méridionale :
dans l'Inde et à Ceylan, on continue à em-
ployer une plante connue sous le nom de Coque
du Levant (Anamirta paniculata Col.) pour pro-
duire sur les poissons dans les rivières une vé-
ritable narcose qui rend ainsi la pêche facile
et féconde.
L'ensemble des plantes ainsi cultivées depuis
des siècles en vue de la pêche par des noirs,
des jaunes, des bruns ou des rouges, est au-
jourd'hui, mais auiourd'hui seulement. étudié
dans les laboratoires des blancs ; l'analyse chi-
mique et la science agronomique permettent de
déclarer qu'eues sont appelées à jouer un grand
rôle dans l'économ ie rurale des pays tropicaux ;
elles sont susceptibles de fournir des cultures
améliorantes de premier ordre, grâce à l'abon-
dance sur leurs racines de bactéries nitrogènes ;
elles pourront aussi, grâce à leurs qualités vé-
néneuses, procurer des produits insecticides re-
cherchés par l'agriculture tropicale. Tout cela
est parfait, tout cela est neuf. Mais ce ne sont
là que des confirmations démonstratives de l'ex-
cellence des procédés anonymes inaugurés de-
puis bien longtemps par de simples primitifs.
A la Côte d'Ivoire, dans l'Agnéby, entre
autres, qui se jette dans la Lagune Ebrié, les
indigènes empoisonnent l'eau avec les fruits
d'une plante dont l'effet est également très effi-
cace. Ce fruit ressemble à une grosse orange,
on en trouve des petits tas, au pied des arbres,
le long des pistes qui mènent à la rivière.
Ce que ne nous dit pas M. Jean Brunhes,
mais que j'ai constaté de visu, c'est que l'eau
ainsi contaminée occasionne de nombreux cas
de dysenterie chez les indigènes qui n'en ont
pas d'autre pour boire. Cette remarque me sem-
ble propre à ne pas encourager les indigènes à
recourir aux plantes vénéneuses pour rendre
leurs pêches miraculeuses.
8.e OeuaMjr.
I
Cinéma Colonial
Dans le décor de l'Algérie
Le Jardin d'Allah, tiré par Rex Ingram
d'un roman de Robert Hichens, se déroule
dans la lumière aveuglante d'Algérie. Par-
mi les moines d'une Trappe, un jeune
homme est tourmenté par le doute.
Il fuit la Trappe jusqu'à une oasis où il
rencontre une jeune fille qui, elle, vient y
chercher l'oubli du monde.
-- - --- -- -------..
Ils deviennent amants.
Mais le trappiste lutte avec sa conscience
jusqu'au jour où son amie ayant découvert
qui il est, le ramène elle-même à la Trappe.
Tout le drame bénéficie d'un cadre mer-
veilleux.
Jardins lumineux, fêtes arabes, scènes in-
digènes dans le désert, forment contraste
avec l'austérité monacale du début.
Ivan Petrovich a fait une création parfaite
du rôle de Boris.
Alice Terry, douloureuse et tragique, joue
en grande artiste le rôle d'Evelyn. Marcel
Vibcrt est également très bien dans un rôle
de composition.
Trop de vols dans la concession
française de Shanghai
––< Il -––
Etullt donné la fréquence des vola et des
enlévemftnls constatés dans la concession
françaisc, la fédération des négociants chi
nois insiste auprès des autorités françaises
pour avoir la permission d'organiser un
corps de volontaires chinois qui combattrait
lo banditisme.
Dépêches de Undochine
'8.
La repression des fraudes
Par arrêté en date du 11 octobre, le dé-
cret du 17 août 1088. portant règlement
d'admHUnrëMsû publique vaut i'appttca^
(Ion en Indochine de la loi du 1"' août 1905
sur la répression des Iraudes, est promul-
gué.
Départs
Sur le paquebot d'Artagnan qui a quitté
leudt Saigon pour la France, se sont em-
barqués :
M. de Sercey, chargé d'alfaires de France
au Siam et le général Ducarre, comman-
dant le groupement de Cochinchine et du
Cambodge.
Indopacitl.
8..
La répression des Iranacs
en lafochioe
Le Gouvernement de fa Cochinchine avait
institué une Commission spécialement chargée
d'étudier et de préparer les mesures réglemen-
taires à prendre pour faciliter l'application en
Indochine de la loi du Ier août 1905 sur la
répression des fraudes dans la vente des mar-
chandises, denrées alimentaires et produits agri-
coles.
« Appliquée dans ce pays vingt-trois ou vingt-
quatre ans après sa promulgation en France.
écrit M. Heari Laurel dans Vlmpearttml < de
Saigon, cette loi n'en rendra pas moins d'ex-
cellents servi ces. Nous n' irons pas jusqu'à dire
avec un numonste salgonnais, qu au lunch of-
fert par la Chambre de Commerce chinoise à
l'issue de la conférence de M. Gaston Gérard,
on offrit aux invités du champagne fabriqué à
Cholon. Mais il est trop vrai, maheureusement,
que des industriels sans scrupules font fortune en
trompant leur clientèle sur l'origine et la qua-
lité des marchandises, et que Cholon est un des
centres où la fraude sévit intensément. »
Souvent, paraît-il, des bottes métalliques
usagées seraient remplies de faux produits dits
« Olida » ou (t Saupiquet » par des usines
clandestines.
De même, des bouteilles d'occasion, par
milliers, seraient remplies aux réservoirs de Cho-
Ion et revendues sous l'étiquette « Vittel » ou
« Vichy ».
Enfin, et c'est le plus grave peut-être, le
lait serait trop souvent, à Cholon, l'objet d'un
baptême fort dangereux par la nature de l'eau
employée.
Avec notre confrère de Cochinchine, nous
souhaitons que le honteux trafic des fraudeurs,
dont souffrent principalement les « broussards »,
soit bientôt sévèrement réprimé.
L'arrêté cité plus haut dans les « Dépêches
de l'Indochine » va permettre une répress ion
efficace.
onoil
A LA CHAMBRE
DANS LES COMMISSIONS
Les crédits militaires pour l'Indochine
à la Commission des finances
La Commission des finances de la Cham.
bre, avant de s'ujourner au 31 octobre, a
examiné, entre autres, les chapitres réser-
vés au budget des Colonies.
M. Archimbaud a demandé le maintien
intégral des crédits affectés à la défense de
l'Indochine.
Les crédits ont été maintenus.
PHILATÉLIE
Maroc
Au Maroc, lisons-nous dans le « Coin phi-
latéliste », de la Vigie Marocaine} nous
avons bon nombre de ces timbres inutiles,
tant dans la série postale que dans la série
d'aviation.
On pourrait presque parier que dans cette
dernière série, certains timbres n'ont été
vendus qu'à des collectionneurs ou employés
à des fins philatéliques.
Toutes ces inutilités disparaîtraient facile-
ment grâce à une surcharge. Un exemple :
le i fr. 50 avion n'existe pas. En attendant
qu'on le crée - lui, le seul utile - qu'on
surcharge donc 1 fr. 50 le 0,05 qui n'a ja-
mais pu servir et dont la « naissance » a
stupéfié tout le monde.
Si dans la série postale telle vignette est
vn passe de manquer, qu'on surcharge d'au-
tres timbres, tel ce malheureux 1 fr. 05 qui
n'a jamais servi ni au Maroc ni en France
où le stock existant n'a pu partir qu'en
changeant de valeur.
C'est là, une simple suggestion de notre
part, ajoute notre confrère, et nous croyons
qu'elle rallierait la majorité des collection-
neurs.
Lorsque paraîtront les fameuses séiies en
taille-douce, il importe encore qu'aient dis-
paru tous les timbres existants IIll tout au
moins la presque totalité.
La série de 1017 a passé; celles de 1023 a
été modifiée. Nous avons encore à subir les
i franc et 2 francs protectorat de 1913. Ces
derniers rescapés d'une série provisoire or;t
l'air de vouloir s'imposer comme définitif.
Qu'on écoule tout cela et qu'on fasse place
nette lorsque devront parattre les nouveaux
timbres l'intérêt de la philatélie le de-
mande et une surcharge le permet aisément.
Le public philatélique a très bien compris
qu'un ministre français des P. T. T., M.
Maurice Rokanowski, soucieux de débarras-
ser ta poste française de certaines valeurs
inutiles, ait décidé de les faire surcharger.
C'est ainsi que les 0,30 bleu, les 0,3 0,80,
0,85, 1,05, 1,40, etc., rendus inutilisables par
suite du changement de la taxe d'affranchis-
sement devinrent des timbres à 0,5o, 0,00 ou
1 fr. 10.
Les collectionneurs y trouvèrent leur
compte sans jeu de mots déplacé - le
public également et l'Etat aussi.
11 est, en effet, parfaitement normal que
l'on appose une surcharge sur les timbres
que supprime, virtuellement, une modifica.
tion dans les tarifs postaux on un change-
ment obligatoire de couleur.
L'Aviation Coloniale
»♦»
Les crédits
M. Laurent Eynac a déclaré que les cré-
dits du ministère de l'air ne dépasseraient
nap ceux qui ont été précédemment répar-
tis entre les ministères de la Guerre, de la
Marine, du Commerce et des Colonies et
qu'ils seraient même légèrement inférieurs,
à ces derniers,
Une interpellation
M. Alcide Delmont, député de la Marti-
nique, a déposé une demande d'interpella-
tion au Gouvernement pour lui demander
quelles mesures il comptait prendre pour
assurer la sécurité des aviateurs franchis-
sant le Rio de Oro. -
Rio de Oro
Les captifs des Maures
D'après un radio de M. Léo Gerville-
Rooche, les aviateurs Heine et Serre n'ont
pus encore été ramenés à la Côte, près de
Villa-Cisneros par suite de quelques dilti-
cultés de détail.
Par contre, l'aviateur Antoine, pilotant le
courrier d'Amérique, après avoir fait mon-
ter à 2.500 mètres deux des Maures qui doi-
vent être échangés contre Tios compatriotes,
les a déposés, après quelques virages émo-
tionnants, sur le sable de Villa-Cisneros où
le brigadier de gendarmerie Hêtre, qyi a la
garde des prisonniers de la Cigogne, les a
immédiatement recueillis.
Un des deux avions partis à la rencontre
d'un groupe de maraudeurs signalé ii proxi-
mité d'izarguin, a fait une chute à 200 ki-
lomètres au sud de Cap-Juby et à 10 kilo-
mètres de la côte.
Le lieutenant qui pilotait l'avion et deux
indigènes qui l'accompagnaient ont réussi
à se dégager des débris de l'appareil. Ils
on' immédiatement été entourés par les
Maures. Deux autres appareils, un avion
militaire et un avion commercial, se sont
rendus sur le lieu de l'accident et ils ont
recueilli le lieutenant et les deux indigènes
qui avaient été tous trois blessés dans la
chute, et qui ont déclaré avoir reçu les
soins les plus empressés des indigènes. Les
deux avions et les blessés sont rentrés dans
l'après-midi il Cup-Jubv.
Le colonel délégué du lui ut commissaire
du Maroc il Cau-Jubv a souligné la magni-
fique conduite des indigènes et l'importance
du service rendu par la Compagnie à la-
quelle appartient l'avion commercial qui a
porté secours aux blessés.
Ce résultat, aussi rapide qu'heureux, est
sans doute une des conséquences de la frot-
tée magistrale infligée le 1er octobre par les
Espagnols à une tribu dissidente.
Le tir contre avions
Certains officiers du Commandement su-
périeur des troupes de Tunisie viennent
d'être désignés pour suivre le cours pra-
tique de tir anti-aérien des armes de petit
calibre au camp d'instruction de Cazaux
pendant la période du 15 au 20 octobre in-
clus.
Au Congo belge
L'avion piloté par l'aviateur Murdoch
s'est écrasé à KulIenga (Congo belge). Sa
machine a été détruite, mais l'aviateur est
indemne.
Le droit international privé aérien
En vue d'arriver à l'unilicalion du droit
international privé aérien, trois des Com-
missions du Comité international techni-
que d'experts juridiques aériens présidé par
-NI. Laurent Eynac, ministre de l'Air, se
réunissent en ce moment il Paris et ont à
leur programme l'étude des projets de
conventions suivants : Responsabilité du
transporteur pur aéronef vis-à-vis des tiers
et des biens ù la surface ; conflits de lois
en matière de droits réels aériens ; registre
aéronautique ; propriété ; copropriété, etc.
Conditions juridiques du commandant de
l'aéronef.
A l'issue d'un banquet offert par le mi-
nistre de l'Air, M. Giannini, chef de la dé-
légation italienne, félicita M. Laurent Eynac
ainsi que lo Comité lui-même de ee que le
président du Comité était devenu le minis-
tre de l'Air du Gouvernement français.
Cette nomination a liuiive a l'étranger le
inAnie eclio sym,put.hiquI' qu'elle a rencontré fil
France. Elle 11e peut qu'aider a l'aboutissement
de 1 o'iivre inijiorUuile qui u eto eonliee au Co-
mite d'experts : la préparation de l'uniiication
uiuver.seJlo du droit international privé aérien.
Le procrés et le d"\eloppeincnt que le muns-
vit} l'Air 11#"* Kr:inn» vîuitm ,JHn,n,n,,, u i.»
-. -..-- ,-, a .,-a.., ',11.,,£1., ovJiinM a l«.V UU-
vigali. oa aericsunc auront, comme corollaire im-
médiat le développement de lu matiere juridi-
que aérienne et ie pro-re- du droit international
prive aérien.
M. Giannini termina son allocution eu
renouvelant à M. Laurent. EYlIIlC, au nom
du Comité, l'assurance de leur sentiment
de respect, pour le ministre et de déférente
amitié pour leur eminenl collègue.
M. Laurent Eynao remercia M. Giannini
et le i.on 11 té des marques de sympathie qui
venaient de lui être données et dont il était
particulièrement touché. Il rappela briève-
ment la grandeur de la hViie qu'il avait
assumée et il assura le C.oniité que ses oc-
cupations, pour absorbantes qu'elles fus-
sent, m; sauraient l'empêcher de s'intéres-
sei- ttil Comité d'experts juridl-
ques aerieiis qu'il continuerait pour sa part
à aider a mener à bien.
Au congrès des ,. Français à l'étranger Il
Le troisième Congrès des « Français à
l'étranger d a poursuivi hier ses travaux. La
Section de l Aviation, sous la présidence dt.
Général Boucabeille, directeur du Comité
français de Propagande Aéronautique, a afA
Grmé la nécessité pour la France d'assurer les
grandes liaisons qui mettront la métropole en
rapports rapides et fréquents avec ses colonies.
Jn appel est fait au ministre de l' air en vue
de la négociation ou de l' achèvement des!
accords nécessaires avec les puissances inté-
ressées.
Les congressistes demandent, en particu-
lier, que de promptes tractations soient enga.
gées avec l'Espagne pour établir dans le Rio
de Oro un régime sévère de surveillance. il
importe que les forces aériennes françaises
puissent, dans cette région, exercer le droit
de poursuite sur les pillards.
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