Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-09-29
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 septembre 1928 29 septembre 1928
Description : 1928/09/29 (A29,N145). 1928/09/29 (A29,N145).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451316r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. N* 145.
LE NUMERO ; 30 GBNT1MR8
SAMEDI SOIR, 29 SEPTEMBRE 1928.
JOlMNALJIIOTIDliN
Rédaction & Administration :
Utmmmmrm*
PARIS 0*0
TtLÉPN. I LOUVMK 19-97
u mCMUJBU 0744
9: I 0
Les Annales Coloniales
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Un aa 6 Mol. 8 Net,
France et
Coloniee 120» 66 » m 9
ttranger.. 180 t 100 9 509
On s'abonne sans frais datfP
tous les bureaux de poste.
La Casamance a besoin d'un Chemin de fer
T .- .II
Il existe au Sénégal une région fertile,
dont la production se développe de plus en
plus, mais qui semble un peu délaissée à
l'instar de ce qui se passe pour le Gabon
en A.E.F., c'est la Casamance qui doit cette
situation sans doute à ce qu'elle est séparée
de sa 1 métropole. par l'enclave britannique
de la Gambie.
Et cependant son fleuve est accessible fort
en amont (au delà de Sedhiou) à des cha-
lands ayant un tirant d'eau d'un mètre.
Son port, Ziguinchor, devenu depuis
1909, le chef-lieu du territoire de la Casa-
mance, a vu son trafic progresser de 6.893
tonnes en 1910 jusqu'à 17.828 tonnes en
1920, d'une valeur de 26.794.160 francs.
Des bateaux à vapeur et des côtres re-
lient Ziguinchor à Dakar.
Cette - région n'est donc pas à dédaigner
par son rôle dans l'ensemble du développe-
ment économique de l'A.O. F. Il est curieux
de constater que, dans le projet de mise en
yaleur des colonies françaises de 1921, il
ne soit nullement question de la Casamance.
Et cependant ne lisons-nous pas dans l'ex-
posé des motifs :
« Il est inutile de cultiver des produits
d'exportation si on ne peut les transporter P.
Voici du reste la liste des travaux envisa-
gés par le fameux programme dit projet
Sarraut, en ce qui concerne les voies fer-
rées de l'A.O.F.
i. Achèvement du Thiès-Kayes (Sénégal).
2. Réfection du Thiès-Kayes et du Kayes-
Niger.
3. Ligne de Koulikoro à Baroueli (Sou-
dan français (00 kil.).
4. Remise en état du chemin de fer Abid-
jan à Bouaké (Côte d'Ivoire).
5. Prolongement de cette voie ferrée vers
le Nord.
6. Installations générales du chemin de
fer à Abidjan et à Vridi avec ferry-boat sur
la lagune (Côte d'Ivoire).
7. Amélioration et parachèvement de l'Est-
8. Ligne de Porto-Novo à Cotonou.
9. Ligne de Grand Popo à Lokossa et em-
branchement sur Segboroué (Dahomey).
xo. Electrification du Kayes-Niger y com-
pris l'aménagement des chutes de Gouina
(Soudan français).
1 x. Prolongement du chemin de fer de la
Côte d'Ivoire sur le Motsi et le Niger.
12. Ligne de Dimbokro à Daloa (Côte-
d'Ivoire).
13. Ligne de Grand Popo (Dahomey) à
Anécho (Togo) (27 kil.).
14. Ligne de Drourbel à Tiéli (120 kil.)
et ligne de Louga à Yang-Yang (Sénégal)
(120 kil.).
15.Ligne de Tabili à Youkounkoun (Gui-
née) (250 kil.).
16: Prolongement de Il 1 Est Daboméén »
vers le Nord de Pobé à Kétou (50 kil.).
17. Ligne de Dosso-Zoumé à Bassila,
Djougou, Natintingou (Dahomey) (320 kil.).
Si nous savons qu'une grande partie de
ce programme a été exécutée ou est en voie
d'exécution, nous constatons qu'il n'est nul-
lement question de relier la haute Casa-
mance et la haute Gambie à leur port nor-
mal d'évacuation, Ziguinchor.
Et cependant nous apprenons qu'il y eut
non (seulement un projet de construction
d'une voie ferrée en Casamance, mais
même un commencement d'exécution, si
nous nous reportons à un article du com-
mandant Ballif publié dans les Renseigne-
ments Coloniaux du Bulletin de VAfrique
Française de septembre 1928.
Dans le projet de budget du Sénégal pour
1926 il était question de cette voie ferrée
qui devait être la voie de 60 sauf à établir
plateforme et ouvrages d'art pour la voie
de 1 mètre à poser ultérieurement, le cas
échéant et sauf le cas de raccordement à
une voie de 1 mètre déjà en exploitation.
Le matériel de 60 qui existe en Allemagne,
pouvant être fourni par la Métropole au ti-
tre des prestations en nature.
En mars 1926, la voie de 1 mètre est choi-
sie, car il faut prévoir qu'un jour ou l'autre
une ligne transversale raccordera les lignes
de pénétration et pour que la jonction soit
effective, il est nécessaire d'adopter partout
le même écartement.
Il y existe donc, bien qu'on en ait fort
peu parlé, un projet de chemin de fer de
la Casamance, mais nous apprend le com-
mandant Ballif, un ordre formel a fait
abandonner études et travaux à la mission
militaire et à la mission d'études dont les
membres espéraient bien, en se retirant, que
d'autres viendraient bientôt les remplacer et
que ceux-ci, plus heureux que leurs devan-
ciers, n'ayant plus à sunnonter que les obs-
tacles inévitables opposés par une nature
ingrate réussiraient à mener à bonne fin leur
importante tâche.
Cette suppression des missions du che-
min de fer de Casamance pour des motifs
étrangers à leur objet (compétitions d'intérêt
et de politique locale) est sans aucun doute
fort préjudiciable à la mise en valeur de la
Casamance.
Au nord, les indigènes trouvent en Gam-
bie des facilités de transport et des prix
plus rémunérateurs.
Au Sud, la Guinée portugaise, présente
aussi pour l'indigène des avantages appré-
ciables. Les arachides entre autres s'en
vont de plus en plus vers les deux colonies
étrangères voisines et plus nous, retarderons
la construction du chemin de fer de Kolda
à Pakane, plus il sera difficile de faire re-
fluer ces produits vers la Casamance. Pro,
duits que les maisons de commerce françai-
ses établies à Bathurst et à Bo Lama recueil.
Imt alors que celles de Ziguinchor les at-
tela" en TU tilt '--.
Souhaitons donc que la haute administra-
tion sénégalaise comprenne l'importance de
cette voie ferrée, et que, mettant fin à des
discussions oiseuses, elle fixe le terminus,
l'écartement de la voie et vote les crédits
nécessaires à la construction du chemin de
fer de la Casamance qui est tout aussi in-
dispensable que les autres voies de pénétra-
tion à l'avenir économique de l'A.O.F.
Edouard JVéron,
Sénateur de la Htlute-UJlre,
Vice-pristdent de la Commission
des Douanes.
Mise ai point nécessaire
,'t
Quand j'écrivais dans les Annales Colo-
niales du 27 septembre 1298 que, s'il y
avait eu c carence 9, de la part de la Se
Conférence Nord-Africaine dans le règle-
ment des incidents du Rio del Oro, cette
carence ne venait pas de l'A.O.F., je ne me
trompais pas, et ce n'est pas, ainsi que
l'écrivait maladroitement notre confrère Le
Matin, la politique soi-disant forte suivie
actuellement en Mauritanie qui est cause
de tout le mal. Notre confrère oublie que
la politique timorée du gouverneur Gaden
habilement exploitée par les Maures, nous a
valu de juillet 1923 à juillet 1925 : Lekclur,
Treyfia, Chreirick, l'attaque de Port
Etienne, autant d'échecs graves, de pertes
douloureuses et qu'il a fallu remonte! éner-
giquement le courant dès juillet 1925 pour
connaître enfin les succès que nous avons si-
gnalés en leur temps et le rétablissement du
calme et de la paix.
Avec les errements précédents, deux de
nos aviateurs tombés au mains des Maures
étaient assassinés. Aujourd'hui, les mêmes
Maures, qui craignent des représailles, né-
gocient.
Et ceci justifie cela. -
Ce n'est tout de même pas de la taute du
Gouvernement de Dakar si deux des nôtres
ont été pris en territoire étranger par des
indigènes qui sont, nominalement au moins,
les sujets de ces étrangers, les Espagnols
sont, comme je l'ai à maintes reprises écrit,
incapables d'assurer la police de leur pos-
seuioa.
On nous annonce que lesdits Espagnols
lanceront des pelotons de cavalieis contre les
tribus dissidentes que ltflr signaleront leurs
avions. Ces pelotons n'tfont pas loin dans
un pays où le déplacerrjtnt de la moindre
troupe de cavalerie exige un convoi de cha-
meaux pour le transport du fourrage et de
l'orge nécessaires aux montures. Et nos jour-
naux métropolitains reproduisent tranquille-
ment ce communiqué 1
Si Paris tenait davantage compte des ren-
seignements qui lui parviennent de Dakar, il
y aurait belle lurette que notre Quai d'Orsay
aurait réglé la question des aviateurs captifs
des Maures d'accord avec le Gouvernement
espagnol.
"e De.
auteur d'un projet de délimitation
'de la frontière du Rio de Oro
en 1906.
L'Aviation Coloniale
l' 1
De Casablanca à Dakar
Le pilote Vidal et son interprète indigène
qui étaient tombés aux mains de tribus
maures ont été libérés hier, et conduits à
notre camp de Tiznit.
La Résidence générale du Maroc avait
envoyé à Tiznit un officier du Cabinet mili-
taire.
Le tour du Monde
Poursuivant leur voyage autour du
monde en avionnette, le vicomte et la
vicomtesse de Sibour, qui avaient quitté
Fez hier matin à 9 h. 26, ont atterri sur
l'aérodrome d'Oran à 11 h. 50.
Au Rio de Oro
On attend l'arrivée à Villa-Cianeroa dans 1
le courant du mois prochain d'une mission
militaire espagnole qui doit étudier les pos-
sibilités de création d'une base militaire
aérienne d'où rayonneront des patrouilles
d'avions chargés de renseigner le com-
mandement de Villa-Cisneros sur les mou-
vements des nomades dissidents. Dès
qu'une harka serait signalée sur un point
quelconque de la ligne suivie, soit par le
courrier aérien France-Amérique du Sud,
soit par le service de dirigeables Séville-
Buenos-Ayres, des méharistes et des pelo-
tons de méharistes (quand ils seront cons-
titués) se lanceraient à leur poursuite ap-
puyés et éclairés par les escadrilles de mi-
trailleurs de Villa-Cisneros. On espère ainsi
pouvoir écarter de la zone côtière suivie
par les longs courriers aériens les bandes
de diieheurs qui l'infestaient depuis quel-
que temps.
Quant aux aviateurs Reine et Serre, cap-
tifs des Maures, leur libération serait im-
minente. _HL. - -.-
La compagnie generaie aeroposiaie a, ue
son côté, reçu de son représentant chargé
de traiter avec les Requibat, sous les aus-
pices des fonctionnaires coloniaux envoyés
sur place par le Gouvernement français, le
télégramme suivant :
1 Emissaires revenus, Bonnes nouvelles santé
physique, moral meilleur. Sçrons Villa-Cisneros
26 septembre. »
Bien que dans des affaires analogues ré-
centes les espoirs les plus certains aient été
souvent trompée par la façon dont les
Maures conduisent et rompent de telles né-
gociations, tout porte à croire que les condi-
tions posées par les tribus et acceptées par
nous ont été remplies et qu'à cette heuro
les deux aviateurs sont près d'être rendus
sains et saufs au milieu des autorités espa-
gnoles de Villa-Cisneros,
Laquestioodes vins algériens
»•»
Il y a une question des vins
d'Algérie. On la connaît : elle 4st
singulièrement délicate, difficile,*
et il y a quelque imprudence et quelque in-
justice à la traiter avec une assurance d'au-
tant plus regrettable qu'on est moins au cou-
rant de la véritable situation.
La voici : en 1907, le vignoble français
était de 1.618.158 hectares, en 1927 de
1.359.388 hectares; en 1907, le vignoble al-
gérien était de 146-958 hectares, en 1927 de
216.547 aectares. En d'autres termes, en
vingt années le vignoble français a di-
minué de 248.770 hectares, le vignoble al-
gérien a augmenté de 68.689 hectares. Fai-
sons un effort d'impartialité ; on peut dis-
cuter tant qu'on voudra, mais non prétendre
que les appréhensions des vignerons français
sont injustifiées.
On les comprendra davantage quand on
saura les chiffres des rendements à Vhec-
tare : 9S hectolitres environ pour 1924. Le
département de Constantine offre les chif-
fres suivants : 93 en 1924, 89 en 1925, 66
en 1926; celui d'Alger ; 80 en 1925, 63 en
1?26. Il y a eu deux années déficitaires qui
n ont retardé la marche inquiétante qu en
apparence; car ce qu'on appelle « la folie
des plantations » a continué. Je voudrais
qu'on employât un autre terme, moi qui suit
persuadé que le colon algérien est peu à peu
obligé, (pour employer une formule très
connue) en présence de l'absence d'une poli-
tique générale sage et prévoyante, d'arracher
ses orangers, ses citronniers, ses mandari-
niers, pour y substituer de la vigne, encore
de la vigne et toujours de la vign]. Mais
enfin on plante, on plante inconsidérément,
et, il faut bien le reconnaître, le souci qui
domine est celui de la quantité : les hybri.
deurs ont réussi à trouver les porte-ereffes
qui conviennent le mieux au terrain; la main-
d'œuvre indigène est bien meilleur marché
que la main-doeuvre dans la métropole ;
elle est de qualité inférieure, c'est vrai ;
mais connaît-on les revendications actuelles
de nos ouvriers agricules, revendications
dont on ne saurait dire à la légère qu'elles
sont injustifiées et qui s'affirment au début
des vendanges 1 Si oui, on verra que la dit-
férence des salaires ne représente pas celle
des services rendus ici et là; enfin les char-
ges fiscales accablent beaucoup plus lourde-
ment la viticulture et le commerce des vins
dans la Métropole que dans notre Algérie.
Bref, le fait est réel : le prix de revient de
l'hectolitre est très supérieur en France à et
qu'il est en Algérie.
- Tant mieuxt s'écriera un étourneau, le
consommateur paiera le vin moins cher,
Etotirderie quelque peu naïve à tous les
points de vueI Et voici un autre aspect du
problème. Il y a, en France, 1.360-811 ré-
coltants dans les quatre départements méri-
dionaux; combien y en a-t-il en Algérie?
Dans les quatre départements dont j'ai parlé,
le vignoble a diminué en vingt ans de
42.000 hectares ; le nombre des récoltants
s'est augmenté de 28.000 ; je sais des villa-
ges où la propriété est morcelée au point
qu'on compte deux hectares et même un hec-
tare en moyenne par tête d'habitant. Rap-
pelle rai-je la série d'études parues dans
Le Progrès Agricole, ou ,l était indiqué
qu'en France 700 viticulteurs exploitent plus
de 50 hectares, soit 1 sur 2.000 ? Dans le
département de Constantine, sur 900 décla-
rations en 1926, 70 proviennent de proprié-
tés dépassant 50 hectares, soit 1 sur 8. Pe-
tite propriété, d'une part; grande propriété,
de l'autre. On devine à quel genre de consi-
dérations conduit le rapprochement de ces
chiffres.
Ce n'est pas pour les reproduire que
j'écris ces lignes, mais pour montrer d'abord
quelques aspects du problème (et il y en a
d'autres), pour convaincre ceux qui imper-
turbablement le tranchent par des arrêts ca-
tégoriques, qu'ils ont tort, pour conclure,
enfin que la question si complexe ne peut
être traitée qu'en fonction de l'intérêt géné-
ral, de Vintérêt national, sans sacrifier la
production algérienne, sans compromettre la
production française. C'est le devoir du Gou-
vernement.
l'dche difficile 1 Parblenlla belle affaire
que de gouverner s'il n'y avait que des tâ-
ches faciles! Nous sommes à quelques. mois
à peine de la célébration des fêtes du cente-
naire; la France se prépare à s'y associer
avec ferveur; la préface la plus digne de ces
manifestations serait de coordonner les ef-
forts destinés à réaliser cette solidarité de la
viticulture française et de la viticulture algé-
rienne, qu'on ne saurait méconnaître sans
les plus graves dangers.
Marie ttmmmimm,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commtlatoft
sénatoriale des Colonies.
CRÉDIT AGRICOLE AMIANTE
000 ̃̃
Une société annamite civile, particulière, à
capital variable, vient d'être constituée en An-
nam entre les agriculteurs, propriétaires fon-
ciers, sociétés agricoles indigènes et les com-
munes de la province de Nghé-An. La durée
de la société, dont le siège social est établi à
Vinh, est fixée à cinquante ans.
Elle a pour but de consentir à ses membres
des prêts d'argent pour acheter des terrains de
culture, des semences, des plants, des engrais,
du cheptel, des outils, machines et instruments
agricoles, de couvrir les dépenses se rapportant
à la culture, à la récolte, à la transformation
des produits du sol, de mettre en valeur en
un mot, le domaine apicole.
Le ta. d'intérêt des prëb spt fixé à 10
1'8. -
Le cyclone des Antilles
) t
MLPaal Clndel vers l'Ile d'éDerande
• »♦«
Aujourd'hui, M. Claudel s'embarque à St-
Nazaire pour la Guadeloupe, sur le croiseur-
cuirassé Uuguune. Pour la secon de tois en
quatre ans, il se trouvera en tace d'habitations
humaines massacrées à bout portant par la i ti-
reur des éléments.
Tokio, où il était ambassadeur au moment
de l'effroyablo tremblement de terre qui ra-
vagea le Japon, Tokio écroulée, revivra par
le souvenir au cœur de la Pointe-à-Pitre, ville
disjointe par le cyclone.
Quelle superposition de tragiques imaaea.
toutes stigmatisant l' honeur mystérieuse d'un
Nul n'était plus qualité que notre représen-
monde livré sans détense aux fantaisies mons-
trueuses des forces qui régissent l' Univers.
tant auprès des Liats-Unis. pour porter à l'île
malheureuse « l'Annonce de la France n. -
Face aux traces du supplice, parmi les
deuils et les ruines, Claudel le poète, saura
trouver les mots de la Résurrection.
Simultanément. j'évoque la rade merveil-
leuse de Pointe-A-Pitre, cirque enchanté des
Antilles que la tornade a dévasté, et aussi,
dans l'exiguité du Théâtre de rŒuvre, je
revois l'une des plus belles scènes que Claudel
ait écr ites. C'est au troisième acte de l'an-
nonce farte à Marie, le jeu de l'admirable Tri-
nité d'où la vie doit jaillir comme du tom-
beau de Lazare : Mara, Violaine et l'enfant
mort.
je revois les décors : entre autres un très
grand verger vibrant dans la lumière de juillet.
Quel est le nouveau visage de la Guade-
loupe meurtrie ?
« Halte, seigneur cavalier 1 pied à terre sur
ce limon de détresse ».
Car Claudel possède dans sa pensée, toute
la force de Piene de Craon, le constructeur.
Aussi bien que son personnage-architecte, il
sait le secret des robustes fondations. Voici
le plan pour rebâtir plus grand, plus beau
(l'homme doit progresser), aussi pour rebâtir
sans délai, car le bon maître d œuvre ne gâche
pas la minute.
Ce soir de la saison dernière, où j'écoutais
de toute mon âme le mystère qui prête à la
mort la joie d'un printemps sans cesse renais.
sant, je n'imaginais pas que le chant d'espé-
rance devrait retentir loin par delà l' océan, jus-
qu'aux clochers de France en terre d'Améri.
que, de Monsavierge à la petite Antille.
Les paroles de diplomatie officielle ne mon-
tent pas plus haut que les colonnes des jour-
naux.
Le vent est tombé, la brise, tel un froisse-
ment de soie, à nouveau passe dans les pal-
miers.
Vous tous qui avez tressailli d'épouvante,
souffert dans vos cœurs, écoutez le message de
la France que vous porte Claudel le poète,
le premier des chantres de son Verbe.
Violaine dit à Mara :
« Ne crains point, j'ai pris ta peine avec
moi. »
..r'e-LoM..e Stcard.
LES DERNIERES INFORMATIONS -
SUR LE DESASTRE
Le Comité de secours
Le comité de secours que vient d'insti-
tuer par arrêté le ministre des Colonies,
est ainsi formé :
MM. Henri Bérenger, sénateur; Lemery sé-
nateur; Candace, député; Graeve, député; Alcide
Delmont, député; Frossard, député; Messimy,
président de la Commission des Colonies du
Sénat ; Taittinger, président de la Commission
des Colonies de la Chambre des députés; A. Le-
brun, rapporteur du budget des Colonies au
Sénat ; Archimbaud, rapporteur du budget des
Colonies a la Chambre des Députés ; Merlin,
gouverneur général honoraire des Colonies, an-
cien gouverneur de la Guadeloupe ; Duprat
agent central des banques coloniale, ancien
gouverneur de la Guadeloupe ; Camille Guy,
gouverneur honoraire des Colonies ; Courbe il,
gouverneur honoraire des Colonies ; Georges
JSclnvob d'iléricourt, membre du Conseil supé-
rieur des Colonies ; Jucqueininet, délégué du
tyndicut des fabricants des sucres de la Gua-
deloupe ; Delanney, président du Crédit Fon-
cier Coloniul ; Tillier, administrateur directeur
général de la Compagnie générale tirunsutlun-
tique ; Lubouchère. inaitre des requêtes hono-
raire au Conseil d'Etat ; le commandant Mor-
tenol, capitaine de vaisseau en retraite ; La-
vau, avocat a la Cour d'Appel de l'aris ; le
président de l'Union Coloniale ou bon repré-
boulant; le président de l'Institut Colonial ou
son représentant; le président de la Ligue Mari-
time et Coloniale ou son représentant; le pré-
sident du Comité du Commerce et de l'Industrie
de l'Indochine ou son représentant ; !e prési-
dent du Syndicat de la presse parisienne ou
son représentant ; le président du Syndicat de
la presse Départementale ou son représentant;
le président du Syndicat de la l'resse Coloniale
ou son représentant ; 1 lellier, directeur de la
banque de la Guadeloupe ; Uinsluge, directeur
de la Banque de la Martinique : AlLard, prési-
dent du Conseil d'administration du Crédit
Martiniquais; le directeur de la Banque de t'!f-
dochine ou son représentant; le directeur de la
twinque de l'Afrique occidentale française ou
son représentant; le directeur de la Banque de
Madagascar ou son représentant ; le directeur
des Affaires politiques; le directeur des Affaires
économiques ; le directeur du Personnel et de
la comptabilité ; le directeur du contrôle, au
ministère des Colonies; le directeur de l'Agence
générale des Colonies ; Chot-PJassot, rédacteur
principal au Mmlstere ues Colonies, secrétaire,
avec voix consultative.
M. Merlin, gouverneur gélléral honoraire
des colonies, ancien gouverneur de la Gua-
deloupe, est nommé vice-président du co-
mité.
Imputation de dépenses
D'autre part, un décret puru aujourd'hui
au Journal Officiel que nous signalons par
ailleurs institue la procédure de régularisa-
tion pour les dépenses d'extrême urgence
faites par le 'Jouvel'nernent de la Guade-
loupe depuis la catastrophe.
MM. Henry Bérenger, Graeve et Tellier
visitent l'ile
A travers les communes de la Guade-
loupe éprouvées pur le cyclone, le sénuteui
Henry Uérenger et le député Graeve conti-
nuent leurs tougiées avec le gouverneur
Tellier, portant à la population le réconfort
de secours et l'organisation de la reprise
du travail, en attendant les crédits annon-
cés par la métropole.
La mission Claudel
Interrogé sur !a signification de la mis-
sion Claudel, M. Henry Bérenger a re-
pondu :
La désignation est excellente ; de toutes ma-
nières, la Guadeloupe est le déportement. fron-
tière français dans la Méditerranée américaine.
Aussi est-il doublement signilleatif que l'ambus-
sadeur en France à Washington soit envoyé en
mission extraordinaire aux Antilles françaises.
Le gouvernement de la République signifie ainsi
qu'il entend rester fidèle à la politique d'indé-
pendance absolue du territoire françuis et de
fraternité franco-américaine pratiquée par moi-
mOrne. sénateur de la Guadeloupe, envoyé
comme ambassadeur à Washington, dans l'es-
prit de la tradition de paix, d'honneur et de
liberté. Les populations guadeloupéennes. pro-
fondément patriotes, accueilleront chaleureuse-
ment M. Claudel, apportant l'expression de la
solidarité de la France entière et des moyens
matériels pour la reprise du travail industriel
et agricole dans le département dévasté par la
catastrophe
Les secours
Le paquebot Pérou a quitté Saint-Nazaire
à destination des Antilles, emportant des
vivres, des médicaments et des vêtements
pour les sinistrés. C'est sur ce navire
de la Compagnie Générale Transatlantique
qu'ont pris passage M. Frossard et ses
compagnons.
Le cargo Saint-Jean devait à son tour
quitter Saint-Nazaire aujourd'hui pour la
même destination avec une cargaison de
vivres et de produits pharmaceutiques.
Un nouveau séisme
Une secousse simisque locale d'une durée
d'une minute et demie a été ressentie à
Fort-de-France. Elle n'a fait aucun dégÙl.
BROUSSES
& BROUTILLES
»♦.
Pour avoir la paix
Nous ne saurions passer sous silence une
idée de génie, propre à contenter à la fois
bellicistes et pacifistes. Elle vient d'être
émise par Georges de la Fouchardière,
prince de l'ironie philosophique (si tant est
que l'ironie puisse n'être point philosophi-
que).
La voici, résumée :
Il est des gens qui n'ont pas envie de
faire la guerre et d'autres qui ont envie de
faire la guerre. A ceux-ci, un « stade » se-
rait réservé pour leurs bruyantes olympia-
des : le Sahara, où il y a de la place. Les
premiers, désormais, pourraient se livrer bien
tranquillement aux travaux de la paix.
N'est-ce pas là une idée admirable? Non
seulement nous serions débarrassés du eau-
chemard qui empoisonne l'Europe, mais
tous les chasseurs d'avion du Rio de Oro
pourraient s'en donner à coeur joie, s'il faut
absolument qu'ils tirent des coups de fusil.
Une crainte, cependant, vient à l'esprit.
Les belligérants, après quelques échanges de
nappes de balles et de gaz, ne seraient-ils
pas bientôt portés, par leur complexion na-
turelle, à faire cause commune contre l'en-
nemi commun, qui est sans conteste le civil,
l'imbécile qui se borne à vouloir boire frais
et digérer sans émotions ?
Qui sait, qui sait si le Sahara est une so-
lution ?
Autteau. -
Autour du trône de Ménélick
On nous câble d'Addis Abbeba :
le ras Taffari poursuit ses opérations en
vue de prendre le pouvoir et de ceindre la
couronne Wei Négus. Il semble en voie de
succès,
Les Colonies et le Ministère de l'air
̃
On sait que les crédits inscrits aux budgets
des ministères du Commerce et de l'Indus-
trie, de la Guerre, de la Marine et des Colo-
nies, au titre de l'aéronautique, constitueront
désormais le budget du ministère de l'Air.
Voici les crédits demandés, à ce titre, pour
nos diverses possessions et protectorats :
L'Algérie et la Tunisie (personnel civil et
matériel aéronautique) comptent pour 25 mil-
lions 462.800 francs, contre 16.881.630 ïi. en
1928 ; le service aéronautique et le matériel
du Maroc, pour 34.911.000 fr., contre 28 mil-
lions 652.700 francs.
Sur le budget de 560.965.910 francs du mi-
nistère des Colonies, l'aéronautique militaire
en Afrique occidentale française demande
7.383.715 francs, au lieu de 3.998.000 francs
l'an dernier; l'aéronautique militaire en In-
dochine, 12.238.880 fr., contre 10.121.890 en
1928; l'aéronautique militaire en Afrique
orientale, 4. 580.000 francs.
Tous ces crédits, entre autres, figureront
dorénavant au budget du ministère de l'Air.
-–
Cinéma Colonial
»♦«
Dranem au Maroc
Le populaire comique Dranem est à Casa-
blanca, avec plusieurs artistes connus. Il
s'est rendu au Maroc pour tourner un film
dont certaines scènes nécessitent des autru-
ches; ces oiseaux ne se trouvant que difficile-
ment en France, les artistes vont se rendre
à Marrakech et utiliseront les autruches de
la ferme expérimentale de l'Aguédal.
Dranem et ^e* compagnons retourneront
en Fi'ance dans une dizaine de jours.
cc L'Occident »
T.'oeuvre d'Henri Fescourt, a l'Occident »,
vient d'être « présentée » sur une scène du
boulevard, une fois aux directeurs de cinéma,
une seconde fois au public ordinaire des
répétitions générales.
M. Steeg et M. Bordes
au quai d'Orsay
M. Briand, ministre des Affaires étran-
gères a reçu MM. Steeg, résident général
de France au Maroc, et Bordes, gouver.
neur général de l'Algérie.
..-
Pour les céréales de l Afriqat
du Nord
i ,
A l'occasion de la Foire commerciale de
Marseille, vient d'avoir lieu le Congrès de
l'Institut Colonial, qui doit étudier la situa-
tion nouvelle faite au commerce des céréales
par la création de silos coopératifs en Afri.
que du Nord. Plusieurs personnalités algé-
riennes et tunisiennes, ainsi que de nom-
breux exportateurs, participent "ux tiavaux
du Congrès.
Le Congrès a examiné :
Les mesures à prendre pour assurer la
bonne utilisation des silos, notamment au
point de vue de la classification des céréales;
Les mesures envisagées dans les milieux
agricoles de l'Afrique du Noid au point de
vue de la vente en commun et des relations
avec la Métropole.
Le reste des questions inscrites au pio-
gramme sont relatives aux modes de et insti-
tution des silos, aux rapports des silos coo-
pératifs avec les agriculteurc; et à l'inter.
vention des divers organismes qui peuvent
créer ces silos : Banques, Compagnies de
transport, Chambres de Commerce, Coopé-
ratives agricoles.
Une exposition des échantillons (les piai-
nes de la récolte actuelle existants chez les
colons, ainsi que dans les silos et magasins
des organismes qui se consacrent à l'cntre-
posage des céréales eet. d'autre paît, orga-
nisée pendant la durée de la Foire.
UN INSECTE" STATUFIÉ
1..
Le gouvernement de Cuba, à dire de jour-
naliste (mais nous avons tant d'imagination 1)
aurait élevé une statue à un insecte ennemi des
plantations de cannes à aucre.
Vous êtes ébaubis ? Voici l'explication -
l'insecte, par ses ravages, aurait obligé les
colons à la polyculture dont Cuba se félicite
aujourd'hui chaudement.
Si cette histoire n'est pas vraie, elle est bien
trouvée et l'on en peut tirer une morale prati-
que pour celles de nos colonies où la monocul-
ture apparaît comme un péril.
D'ailleurs, elle est toujours un péril.
Autre chose, à propos de statues.
En France, nous avons de gros insectes, aux
mandibules redoutables. L'entomologie cou-
rante les appelle « mercantintermédiaires ». Ils
dévorent, par exemple, durant le trajet entre
la main d un producteur algérien et la bouche
d'un consommateur parisien, le plus clair
d' une récolte d'agrumes. Alors. l'Algérien se
dégoûte de cette culture et le Parisien consa-
cre son dernier maravédis et sa dernière larme
à l'achat de la dernière orange (c'est une an-
ticipation, mais voup allez voir ça, cet hiver).
Quel est le mercanti qui ira tellement fort
que la justice populaire le pendra haut et
court ?
Ça vaut la peine d' essayer : il y a promesse
d'une statue.
Du haut de son socle, le statufié verra pros-
pérer la polyprobité.
JK. JV. tfe Laromlfttilre.
Voyage princier
Au Kénya
On niiURiu de Moinbaza (Afrique Orientale,
que le ^iriiice du (îaKe.s et le duc de Gioucester,
son frère, sont attendus le 1er udùbl'c ù Nairobi.
L'agriculture au Maroc
en 1928
Par Louis LE BARBIER.
*«4
Une surabondance de pluies au printemps,
un coup de sirocco survenant à un mauvais mo-
ment, lorsque la recette s annonçait très belle.
d autres incidents fâcheux dérivant de ces deux
fléaux principaux ont fait couler la moisson
qui s' annonçait très belle, et était d'autant
mieux accueillie que les deux dernières cam-
pagnes avaient déjà été contrariées par diffé-
rents mécomptes climatériques. Donc, la ré-
colte 1928 sur laquelle, au printemps, on ta-
blait tant et de si beaux espoirs, ne les a pas
tenus. Dans l'ensemble, elle a été moyenne.
très moyenne même. Par exemple, dans la
Chaouïa, elles sont rares, les terres où les blés
tendres ont donné 11 ou 12 quintaux à l'hec-
tare au lieu de 17 ou 18. peut-être plus, ren-
dement que 1 on avait pu légitimement escomp-
ter au printemps. Et il en a été de même pour
l'ensemble des autres cultures. On s était
attendu à mieux.
La faute n'incombe pas aux hommes, ni à
r Adminitration qui n' en peut mais, ni aux
agriculteurs dont les efforts méritaient meilleur
succès, mais aux intempéries. Dans tous les
pays du monde, l' agriculture est exposée à ces
mécomptes : sans cela ce serait une trop belle
et trop agréable profession.
Ce qui est seulement un peu déroutant, c est
que, se basant sur la moyenne des années nor-
males constatées depuis un certain temps, les
colons qui raisonnent s'étaient appliqués juste-
ment. au cours des deux dernières campagnes,
à sélectionner et à employer les graines s ac-
commodant le mieux d un régime sec, celles
résistant bien à la sécheresse, et que voilà
justement deux campagnes de suite excesive.
ment pluvieuses, avec une température plutôt
fraîche relativement. Si cela devait continuer.
1 il faudrait, comme on dit, changer son fusil
d'épaule et rechercher, au contraire, les se.
LE NUMERO ; 30 GBNT1MR8
SAMEDI SOIR, 29 SEPTEMBRE 1928.
JOlMNALJIIOTIDliN
Rédaction & Administration :
Utmmmmrm*
PARIS 0*0
TtLÉPN. I LOUVMK 19-97
u mCMUJBU 0744
9: I 0
Les Annales Coloniales
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Tous les articles publiés dans notre journal ne peuvent
Cire reproduits qu'en cUl/fil tes ANNALES COLONIAI.F.S,
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La Casamance a besoin d'un Chemin de fer
T .- .II
Il existe au Sénégal une région fertile,
dont la production se développe de plus en
plus, mais qui semble un peu délaissée à
l'instar de ce qui se passe pour le Gabon
en A.E.F., c'est la Casamance qui doit cette
situation sans doute à ce qu'elle est séparée
de sa 1 métropole. par l'enclave britannique
de la Gambie.
Et cependant son fleuve est accessible fort
en amont (au delà de Sedhiou) à des cha-
lands ayant un tirant d'eau d'un mètre.
Son port, Ziguinchor, devenu depuis
1909, le chef-lieu du territoire de la Casa-
mance, a vu son trafic progresser de 6.893
tonnes en 1910 jusqu'à 17.828 tonnes en
1920, d'une valeur de 26.794.160 francs.
Des bateaux à vapeur et des côtres re-
lient Ziguinchor à Dakar.
Cette - région n'est donc pas à dédaigner
par son rôle dans l'ensemble du développe-
ment économique de l'A.O. F. Il est curieux
de constater que, dans le projet de mise en
yaleur des colonies françaises de 1921, il
ne soit nullement question de la Casamance.
Et cependant ne lisons-nous pas dans l'ex-
posé des motifs :
« Il est inutile de cultiver des produits
d'exportation si on ne peut les transporter P.
Voici du reste la liste des travaux envisa-
gés par le fameux programme dit projet
Sarraut, en ce qui concerne les voies fer-
rées de l'A.O.F.
i. Achèvement du Thiès-Kayes (Sénégal).
2. Réfection du Thiès-Kayes et du Kayes-
Niger.
3. Ligne de Koulikoro à Baroueli (Sou-
dan français (00 kil.).
4. Remise en état du chemin de fer Abid-
jan à Bouaké (Côte d'Ivoire).
5. Prolongement de cette voie ferrée vers
le Nord.
6. Installations générales du chemin de
fer à Abidjan et à Vridi avec ferry-boat sur
la lagune (Côte d'Ivoire).
7. Amélioration et parachèvement de l'Est-
8. Ligne de Porto-Novo à Cotonou.
9. Ligne de Grand Popo à Lokossa et em-
branchement sur Segboroué (Dahomey).
xo. Electrification du Kayes-Niger y com-
pris l'aménagement des chutes de Gouina
(Soudan français).
1 x. Prolongement du chemin de fer de la
Côte d'Ivoire sur le Motsi et le Niger.
12. Ligne de Dimbokro à Daloa (Côte-
d'Ivoire).
13. Ligne de Grand Popo (Dahomey) à
Anécho (Togo) (27 kil.).
14. Ligne de Drourbel à Tiéli (120 kil.)
et ligne de Louga à Yang-Yang (Sénégal)
(120 kil.).
15.Ligne de Tabili à Youkounkoun (Gui-
née) (250 kil.).
16: Prolongement de Il 1 Est Daboméén »
vers le Nord de Pobé à Kétou (50 kil.).
17. Ligne de Dosso-Zoumé à Bassila,
Djougou, Natintingou (Dahomey) (320 kil.).
Si nous savons qu'une grande partie de
ce programme a été exécutée ou est en voie
d'exécution, nous constatons qu'il n'est nul-
lement question de relier la haute Casa-
mance et la haute Gambie à leur port nor-
mal d'évacuation, Ziguinchor.
Et cependant nous apprenons qu'il y eut
non (seulement un projet de construction
d'une voie ferrée en Casamance, mais
même un commencement d'exécution, si
nous nous reportons à un article du com-
mandant Ballif publié dans les Renseigne-
ments Coloniaux du Bulletin de VAfrique
Française de septembre 1928.
Dans le projet de budget du Sénégal pour
1926 il était question de cette voie ferrée
qui devait être la voie de 60 sauf à établir
plateforme et ouvrages d'art pour la voie
de 1 mètre à poser ultérieurement, le cas
échéant et sauf le cas de raccordement à
une voie de 1 mètre déjà en exploitation.
Le matériel de 60 qui existe en Allemagne,
pouvant être fourni par la Métropole au ti-
tre des prestations en nature.
En mars 1926, la voie de 1 mètre est choi-
sie, car il faut prévoir qu'un jour ou l'autre
une ligne transversale raccordera les lignes
de pénétration et pour que la jonction soit
effective, il est nécessaire d'adopter partout
le même écartement.
Il y existe donc, bien qu'on en ait fort
peu parlé, un projet de chemin de fer de
la Casamance, mais nous apprend le com-
mandant Ballif, un ordre formel a fait
abandonner études et travaux à la mission
militaire et à la mission d'études dont les
membres espéraient bien, en se retirant, que
d'autres viendraient bientôt les remplacer et
que ceux-ci, plus heureux que leurs devan-
ciers, n'ayant plus à sunnonter que les obs-
tacles inévitables opposés par une nature
ingrate réussiraient à mener à bonne fin leur
importante tâche.
Cette suppression des missions du che-
min de fer de Casamance pour des motifs
étrangers à leur objet (compétitions d'intérêt
et de politique locale) est sans aucun doute
fort préjudiciable à la mise en valeur de la
Casamance.
Au nord, les indigènes trouvent en Gam-
bie des facilités de transport et des prix
plus rémunérateurs.
Au Sud, la Guinée portugaise, présente
aussi pour l'indigène des avantages appré-
ciables. Les arachides entre autres s'en
vont de plus en plus vers les deux colonies
étrangères voisines et plus nous, retarderons
la construction du chemin de fer de Kolda
à Pakane, plus il sera difficile de faire re-
fluer ces produits vers la Casamance. Pro,
duits que les maisons de commerce françai-
ses établies à Bathurst et à Bo Lama recueil.
Imt alors que celles de Ziguinchor les at-
tela" en TU tilt '--.
Souhaitons donc que la haute administra-
tion sénégalaise comprenne l'importance de
cette voie ferrée, et que, mettant fin à des
discussions oiseuses, elle fixe le terminus,
l'écartement de la voie et vote les crédits
nécessaires à la construction du chemin de
fer de la Casamance qui est tout aussi in-
dispensable que les autres voies de pénétra-
tion à l'avenir économique de l'A.O.F.
Edouard JVéron,
Sénateur de la Htlute-UJlre,
Vice-pristdent de la Commission
des Douanes.
Mise ai point nécessaire
,'t
Quand j'écrivais dans les Annales Colo-
niales du 27 septembre 1298 que, s'il y
avait eu c carence 9, de la part de la Se
Conférence Nord-Africaine dans le règle-
ment des incidents du Rio del Oro, cette
carence ne venait pas de l'A.O.F., je ne me
trompais pas, et ce n'est pas, ainsi que
l'écrivait maladroitement notre confrère Le
Matin, la politique soi-disant forte suivie
actuellement en Mauritanie qui est cause
de tout le mal. Notre confrère oublie que
la politique timorée du gouverneur Gaden
habilement exploitée par les Maures, nous a
valu de juillet 1923 à juillet 1925 : Lekclur,
Treyfia, Chreirick, l'attaque de Port
Etienne, autant d'échecs graves, de pertes
douloureuses et qu'il a fallu remonte! éner-
giquement le courant dès juillet 1925 pour
connaître enfin les succès que nous avons si-
gnalés en leur temps et le rétablissement du
calme et de la paix.
Avec les errements précédents, deux de
nos aviateurs tombés au mains des Maures
étaient assassinés. Aujourd'hui, les mêmes
Maures, qui craignent des représailles, né-
gocient.
Et ceci justifie cela. -
Ce n'est tout de même pas de la taute du
Gouvernement de Dakar si deux des nôtres
ont été pris en territoire étranger par des
indigènes qui sont, nominalement au moins,
les sujets de ces étrangers, les Espagnols
sont, comme je l'ai à maintes reprises écrit,
incapables d'assurer la police de leur pos-
seuioa.
On nous annonce que lesdits Espagnols
lanceront des pelotons de cavalieis contre les
tribus dissidentes que ltflr signaleront leurs
avions. Ces pelotons n'tfont pas loin dans
un pays où le déplacerrjtnt de la moindre
troupe de cavalerie exige un convoi de cha-
meaux pour le transport du fourrage et de
l'orge nécessaires aux montures. Et nos jour-
naux métropolitains reproduisent tranquille-
ment ce communiqué 1
Si Paris tenait davantage compte des ren-
seignements qui lui parviennent de Dakar, il
y aurait belle lurette que notre Quai d'Orsay
aurait réglé la question des aviateurs captifs
des Maures d'accord avec le Gouvernement
espagnol.
"e De.
auteur d'un projet de délimitation
'de la frontière du Rio de Oro
en 1906.
L'Aviation Coloniale
l' 1
De Casablanca à Dakar
Le pilote Vidal et son interprète indigène
qui étaient tombés aux mains de tribus
maures ont été libérés hier, et conduits à
notre camp de Tiznit.
La Résidence générale du Maroc avait
envoyé à Tiznit un officier du Cabinet mili-
taire.
Le tour du Monde
Poursuivant leur voyage autour du
monde en avionnette, le vicomte et la
vicomtesse de Sibour, qui avaient quitté
Fez hier matin à 9 h. 26, ont atterri sur
l'aérodrome d'Oran à 11 h. 50.
Au Rio de Oro
On attend l'arrivée à Villa-Cianeroa dans 1
le courant du mois prochain d'une mission
militaire espagnole qui doit étudier les pos-
sibilités de création d'une base militaire
aérienne d'où rayonneront des patrouilles
d'avions chargés de renseigner le com-
mandement de Villa-Cisneros sur les mou-
vements des nomades dissidents. Dès
qu'une harka serait signalée sur un point
quelconque de la ligne suivie, soit par le
courrier aérien France-Amérique du Sud,
soit par le service de dirigeables Séville-
Buenos-Ayres, des méharistes et des pelo-
tons de méharistes (quand ils seront cons-
titués) se lanceraient à leur poursuite ap-
puyés et éclairés par les escadrilles de mi-
trailleurs de Villa-Cisneros. On espère ainsi
pouvoir écarter de la zone côtière suivie
par les longs courriers aériens les bandes
de diieheurs qui l'infestaient depuis quel-
que temps.
Quant aux aviateurs Reine et Serre, cap-
tifs des Maures, leur libération serait im-
minente. _HL. - -.-
La compagnie generaie aeroposiaie a, ue
son côté, reçu de son représentant chargé
de traiter avec les Requibat, sous les aus-
pices des fonctionnaires coloniaux envoyés
sur place par le Gouvernement français, le
télégramme suivant :
1 Emissaires revenus, Bonnes nouvelles santé
physique, moral meilleur. Sçrons Villa-Cisneros
26 septembre. »
Bien que dans des affaires analogues ré-
centes les espoirs les plus certains aient été
souvent trompée par la façon dont les
Maures conduisent et rompent de telles né-
gociations, tout porte à croire que les condi-
tions posées par les tribus et acceptées par
nous ont été remplies et qu'à cette heuro
les deux aviateurs sont près d'être rendus
sains et saufs au milieu des autorités espa-
gnoles de Villa-Cisneros,
Laquestioodes vins algériens
»•»
Il y a une question des vins
d'Algérie. On la connaît : elle 4st
singulièrement délicate, difficile,*
et il y a quelque imprudence et quelque in-
justice à la traiter avec une assurance d'au-
tant plus regrettable qu'on est moins au cou-
rant de la véritable situation.
La voici : en 1907, le vignoble français
était de 1.618.158 hectares, en 1927 de
1.359.388 hectares; en 1907, le vignoble al-
gérien était de 146-958 hectares, en 1927 de
216.547 aectares. En d'autres termes, en
vingt années le vignoble français a di-
minué de 248.770 hectares, le vignoble al-
gérien a augmenté de 68.689 hectares. Fai-
sons un effort d'impartialité ; on peut dis-
cuter tant qu'on voudra, mais non prétendre
que les appréhensions des vignerons français
sont injustifiées.
On les comprendra davantage quand on
saura les chiffres des rendements à Vhec-
tare : 9S hectolitres environ pour 1924. Le
département de Constantine offre les chif-
fres suivants : 93 en 1924, 89 en 1925, 66
en 1926; celui d'Alger ; 80 en 1925, 63 en
1?26. Il y a eu deux années déficitaires qui
n ont retardé la marche inquiétante qu en
apparence; car ce qu'on appelle « la folie
des plantations » a continué. Je voudrais
qu'on employât un autre terme, moi qui suit
persuadé que le colon algérien est peu à peu
obligé, (pour employer une formule très
connue) en présence de l'absence d'une poli-
tique générale sage et prévoyante, d'arracher
ses orangers, ses citronniers, ses mandari-
niers, pour y substituer de la vigne, encore
de la vigne et toujours de la vign]. Mais
enfin on plante, on plante inconsidérément,
et, il faut bien le reconnaître, le souci qui
domine est celui de la quantité : les hybri.
deurs ont réussi à trouver les porte-ereffes
qui conviennent le mieux au terrain; la main-
d'œuvre indigène est bien meilleur marché
que la main-doeuvre dans la métropole ;
elle est de qualité inférieure, c'est vrai ;
mais connaît-on les revendications actuelles
de nos ouvriers agricules, revendications
dont on ne saurait dire à la légère qu'elles
sont injustifiées et qui s'affirment au début
des vendanges 1 Si oui, on verra que la dit-
férence des salaires ne représente pas celle
des services rendus ici et là; enfin les char-
ges fiscales accablent beaucoup plus lourde-
ment la viticulture et le commerce des vins
dans la Métropole que dans notre Algérie.
Bref, le fait est réel : le prix de revient de
l'hectolitre est très supérieur en France à et
qu'il est en Algérie.
- Tant mieuxt s'écriera un étourneau, le
consommateur paiera le vin moins cher,
Etotirderie quelque peu naïve à tous les
points de vueI Et voici un autre aspect du
problème. Il y a, en France, 1.360-811 ré-
coltants dans les quatre départements méri-
dionaux; combien y en a-t-il en Algérie?
Dans les quatre départements dont j'ai parlé,
le vignoble a diminué en vingt ans de
42.000 hectares ; le nombre des récoltants
s'est augmenté de 28.000 ; je sais des villa-
ges où la propriété est morcelée au point
qu'on compte deux hectares et même un hec-
tare en moyenne par tête d'habitant. Rap-
pelle rai-je la série d'études parues dans
Le Progrès Agricole, ou ,l était indiqué
qu'en France 700 viticulteurs exploitent plus
de 50 hectares, soit 1 sur 2.000 ? Dans le
département de Constantine, sur 900 décla-
rations en 1926, 70 proviennent de proprié-
tés dépassant 50 hectares, soit 1 sur 8. Pe-
tite propriété, d'une part; grande propriété,
de l'autre. On devine à quel genre de consi-
dérations conduit le rapprochement de ces
chiffres.
Ce n'est pas pour les reproduire que
j'écris ces lignes, mais pour montrer d'abord
quelques aspects du problème (et il y en a
d'autres), pour convaincre ceux qui imper-
turbablement le tranchent par des arrêts ca-
tégoriques, qu'ils ont tort, pour conclure,
enfin que la question si complexe ne peut
être traitée qu'en fonction de l'intérêt géné-
ral, de Vintérêt national, sans sacrifier la
production algérienne, sans compromettre la
production française. C'est le devoir du Gou-
vernement.
l'dche difficile 1 Parblenlla belle affaire
que de gouverner s'il n'y avait que des tâ-
ches faciles! Nous sommes à quelques. mois
à peine de la célébration des fêtes du cente-
naire; la France se prépare à s'y associer
avec ferveur; la préface la plus digne de ces
manifestations serait de coordonner les ef-
forts destinés à réaliser cette solidarité de la
viticulture française et de la viticulture algé-
rienne, qu'on ne saurait méconnaître sans
les plus graves dangers.
Marie ttmmmimm,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commtlatoft
sénatoriale des Colonies.
CRÉDIT AGRICOLE AMIANTE
000 ̃̃
Une société annamite civile, particulière, à
capital variable, vient d'être constituée en An-
nam entre les agriculteurs, propriétaires fon-
ciers, sociétés agricoles indigènes et les com-
munes de la province de Nghé-An. La durée
de la société, dont le siège social est établi à
Vinh, est fixée à cinquante ans.
Elle a pour but de consentir à ses membres
des prêts d'argent pour acheter des terrains de
culture, des semences, des plants, des engrais,
du cheptel, des outils, machines et instruments
agricoles, de couvrir les dépenses se rapportant
à la culture, à la récolte, à la transformation
des produits du sol, de mettre en valeur en
un mot, le domaine apicole.
Le ta. d'intérêt des prëb spt fixé à 10
1'8. -
Le cyclone des Antilles
) t
MLPaal Clndel vers l'Ile d'éDerande
• »♦«
Aujourd'hui, M. Claudel s'embarque à St-
Nazaire pour la Guadeloupe, sur le croiseur-
cuirassé Uuguune. Pour la secon de tois en
quatre ans, il se trouvera en tace d'habitations
humaines massacrées à bout portant par la i ti-
reur des éléments.
Tokio, où il était ambassadeur au moment
de l'effroyablo tremblement de terre qui ra-
vagea le Japon, Tokio écroulée, revivra par
le souvenir au cœur de la Pointe-à-Pitre, ville
disjointe par le cyclone.
Quelle superposition de tragiques imaaea.
toutes stigmatisant l' honeur mystérieuse d'un
Nul n'était plus qualité que notre représen-
monde livré sans détense aux fantaisies mons-
trueuses des forces qui régissent l' Univers.
tant auprès des Liats-Unis. pour porter à l'île
malheureuse « l'Annonce de la France n. -
Face aux traces du supplice, parmi les
deuils et les ruines, Claudel le poète, saura
trouver les mots de la Résurrection.
Simultanément. j'évoque la rade merveil-
leuse de Pointe-A-Pitre, cirque enchanté des
Antilles que la tornade a dévasté, et aussi,
dans l'exiguité du Théâtre de rŒuvre, je
revois l'une des plus belles scènes que Claudel
ait écr ites. C'est au troisième acte de l'an-
nonce farte à Marie, le jeu de l'admirable Tri-
nité d'où la vie doit jaillir comme du tom-
beau de Lazare : Mara, Violaine et l'enfant
mort.
je revois les décors : entre autres un très
grand verger vibrant dans la lumière de juillet.
Quel est le nouveau visage de la Guade-
loupe meurtrie ?
« Halte, seigneur cavalier 1 pied à terre sur
ce limon de détresse ».
Car Claudel possède dans sa pensée, toute
la force de Piene de Craon, le constructeur.
Aussi bien que son personnage-architecte, il
sait le secret des robustes fondations. Voici
le plan pour rebâtir plus grand, plus beau
(l'homme doit progresser), aussi pour rebâtir
sans délai, car le bon maître d œuvre ne gâche
pas la minute.
Ce soir de la saison dernière, où j'écoutais
de toute mon âme le mystère qui prête à la
mort la joie d'un printemps sans cesse renais.
sant, je n'imaginais pas que le chant d'espé-
rance devrait retentir loin par delà l' océan, jus-
qu'aux clochers de France en terre d'Améri.
que, de Monsavierge à la petite Antille.
Les paroles de diplomatie officielle ne mon-
tent pas plus haut que les colonnes des jour-
naux.
Le vent est tombé, la brise, tel un froisse-
ment de soie, à nouveau passe dans les pal-
miers.
Vous tous qui avez tressailli d'épouvante,
souffert dans vos cœurs, écoutez le message de
la France que vous porte Claudel le poète,
le premier des chantres de son Verbe.
Violaine dit à Mara :
« Ne crains point, j'ai pris ta peine avec
moi. »
..r'e-LoM..e Stcard.
LES DERNIERES INFORMATIONS -
SUR LE DESASTRE
Le Comité de secours
Le comité de secours que vient d'insti-
tuer par arrêté le ministre des Colonies,
est ainsi formé :
MM. Henri Bérenger, sénateur; Lemery sé-
nateur; Candace, député; Graeve, député; Alcide
Delmont, député; Frossard, député; Messimy,
président de la Commission des Colonies du
Sénat ; Taittinger, président de la Commission
des Colonies de la Chambre des députés; A. Le-
brun, rapporteur du budget des Colonies au
Sénat ; Archimbaud, rapporteur du budget des
Colonies a la Chambre des Députés ; Merlin,
gouverneur général honoraire des Colonies, an-
cien gouverneur de la Guadeloupe ; Duprat
agent central des banques coloniale, ancien
gouverneur de la Guadeloupe ; Camille Guy,
gouverneur honoraire des Colonies ; Courbe il,
gouverneur honoraire des Colonies ; Georges
JSclnvob d'iléricourt, membre du Conseil supé-
rieur des Colonies ; Jucqueininet, délégué du
tyndicut des fabricants des sucres de la Gua-
deloupe ; Delanney, président du Crédit Fon-
cier Coloniul ; Tillier, administrateur directeur
général de la Compagnie générale tirunsutlun-
tique ; Lubouchère. inaitre des requêtes hono-
raire au Conseil d'Etat ; le commandant Mor-
tenol, capitaine de vaisseau en retraite ; La-
vau, avocat a la Cour d'Appel de l'aris ; le
président de l'Union Coloniale ou bon repré-
boulant; le président de l'Institut Colonial ou
son représentant; le président de la Ligue Mari-
time et Coloniale ou son représentant; le pré-
sident du Comité du Commerce et de l'Industrie
de l'Indochine ou son représentant ; !e prési-
dent du Syndicat de la presse parisienne ou
son représentant ; le président du Syndicat de
la presse Départementale ou son représentant;
le président du Syndicat de la l'resse Coloniale
ou son représentant ; 1 lellier, directeur de la
banque de la Guadeloupe ; Uinsluge, directeur
de la Banque de la Martinique : AlLard, prési-
dent du Conseil d'administration du Crédit
Martiniquais; le directeur de la Banque de t'!f-
dochine ou son représentant; le directeur de la
twinque de l'Afrique occidentale française ou
son représentant; le directeur de la Banque de
Madagascar ou son représentant ; le directeur
des Affaires politiques; le directeur des Affaires
économiques ; le directeur du Personnel et de
la comptabilité ; le directeur du contrôle, au
ministère des Colonies; le directeur de l'Agence
générale des Colonies ; Chot-PJassot, rédacteur
principal au Mmlstere ues Colonies, secrétaire,
avec voix consultative.
M. Merlin, gouverneur gélléral honoraire
des colonies, ancien gouverneur de la Gua-
deloupe, est nommé vice-président du co-
mité.
Imputation de dépenses
D'autre part, un décret puru aujourd'hui
au Journal Officiel que nous signalons par
ailleurs institue la procédure de régularisa-
tion pour les dépenses d'extrême urgence
faites par le 'Jouvel'nernent de la Guade-
loupe depuis la catastrophe.
MM. Henry Bérenger, Graeve et Tellier
visitent l'ile
A travers les communes de la Guade-
loupe éprouvées pur le cyclone, le sénuteui
Henry Uérenger et le député Graeve conti-
nuent leurs tougiées avec le gouverneur
Tellier, portant à la population le réconfort
de secours et l'organisation de la reprise
du travail, en attendant les crédits annon-
cés par la métropole.
La mission Claudel
Interrogé sur !a signification de la mis-
sion Claudel, M. Henry Bérenger a re-
pondu :
La désignation est excellente ; de toutes ma-
nières, la Guadeloupe est le déportement. fron-
tière français dans la Méditerranée américaine.
Aussi est-il doublement signilleatif que l'ambus-
sadeur en France à Washington soit envoyé en
mission extraordinaire aux Antilles françaises.
Le gouvernement de la République signifie ainsi
qu'il entend rester fidèle à la politique d'indé-
pendance absolue du territoire françuis et de
fraternité franco-américaine pratiquée par moi-
mOrne. sénateur de la Guadeloupe, envoyé
comme ambassadeur à Washington, dans l'es-
prit de la tradition de paix, d'honneur et de
liberté. Les populations guadeloupéennes. pro-
fondément patriotes, accueilleront chaleureuse-
ment M. Claudel, apportant l'expression de la
solidarité de la France entière et des moyens
matériels pour la reprise du travail industriel
et agricole dans le département dévasté par la
catastrophe
Les secours
Le paquebot Pérou a quitté Saint-Nazaire
à destination des Antilles, emportant des
vivres, des médicaments et des vêtements
pour les sinistrés. C'est sur ce navire
de la Compagnie Générale Transatlantique
qu'ont pris passage M. Frossard et ses
compagnons.
Le cargo Saint-Jean devait à son tour
quitter Saint-Nazaire aujourd'hui pour la
même destination avec une cargaison de
vivres et de produits pharmaceutiques.
Un nouveau séisme
Une secousse simisque locale d'une durée
d'une minute et demie a été ressentie à
Fort-de-France. Elle n'a fait aucun dégÙl.
BROUSSES
& BROUTILLES
»♦.
Pour avoir la paix
Nous ne saurions passer sous silence une
idée de génie, propre à contenter à la fois
bellicistes et pacifistes. Elle vient d'être
émise par Georges de la Fouchardière,
prince de l'ironie philosophique (si tant est
que l'ironie puisse n'être point philosophi-
que).
La voici, résumée :
Il est des gens qui n'ont pas envie de
faire la guerre et d'autres qui ont envie de
faire la guerre. A ceux-ci, un « stade » se-
rait réservé pour leurs bruyantes olympia-
des : le Sahara, où il y a de la place. Les
premiers, désormais, pourraient se livrer bien
tranquillement aux travaux de la paix.
N'est-ce pas là une idée admirable? Non
seulement nous serions débarrassés du eau-
chemard qui empoisonne l'Europe, mais
tous les chasseurs d'avion du Rio de Oro
pourraient s'en donner à coeur joie, s'il faut
absolument qu'ils tirent des coups de fusil.
Une crainte, cependant, vient à l'esprit.
Les belligérants, après quelques échanges de
nappes de balles et de gaz, ne seraient-ils
pas bientôt portés, par leur complexion na-
turelle, à faire cause commune contre l'en-
nemi commun, qui est sans conteste le civil,
l'imbécile qui se borne à vouloir boire frais
et digérer sans émotions ?
Qui sait, qui sait si le Sahara est une so-
lution ?
Autteau. -
Autour du trône de Ménélick
On nous câble d'Addis Abbeba :
le ras Taffari poursuit ses opérations en
vue de prendre le pouvoir et de ceindre la
couronne Wei Négus. Il semble en voie de
succès,
Les Colonies et le Ministère de l'air
̃
On sait que les crédits inscrits aux budgets
des ministères du Commerce et de l'Indus-
trie, de la Guerre, de la Marine et des Colo-
nies, au titre de l'aéronautique, constitueront
désormais le budget du ministère de l'Air.
Voici les crédits demandés, à ce titre, pour
nos diverses possessions et protectorats :
L'Algérie et la Tunisie (personnel civil et
matériel aéronautique) comptent pour 25 mil-
lions 462.800 francs, contre 16.881.630 ïi. en
1928 ; le service aéronautique et le matériel
du Maroc, pour 34.911.000 fr., contre 28 mil-
lions 652.700 francs.
Sur le budget de 560.965.910 francs du mi-
nistère des Colonies, l'aéronautique militaire
en Afrique occidentale française demande
7.383.715 francs, au lieu de 3.998.000 francs
l'an dernier; l'aéronautique militaire en In-
dochine, 12.238.880 fr., contre 10.121.890 en
1928; l'aéronautique militaire en Afrique
orientale, 4. 580.000 francs.
Tous ces crédits, entre autres, figureront
dorénavant au budget du ministère de l'Air.
-–
Cinéma Colonial
»♦«
Dranem au Maroc
Le populaire comique Dranem est à Casa-
blanca, avec plusieurs artistes connus. Il
s'est rendu au Maroc pour tourner un film
dont certaines scènes nécessitent des autru-
ches; ces oiseaux ne se trouvant que difficile-
ment en France, les artistes vont se rendre
à Marrakech et utiliseront les autruches de
la ferme expérimentale de l'Aguédal.
Dranem et ^e* compagnons retourneront
en Fi'ance dans une dizaine de jours.
cc L'Occident »
T.'oeuvre d'Henri Fescourt, a l'Occident »,
vient d'être « présentée » sur une scène du
boulevard, une fois aux directeurs de cinéma,
une seconde fois au public ordinaire des
répétitions générales.
M. Steeg et M. Bordes
au quai d'Orsay
M. Briand, ministre des Affaires étran-
gères a reçu MM. Steeg, résident général
de France au Maroc, et Bordes, gouver.
neur général de l'Algérie.
..-
Pour les céréales de l Afriqat
du Nord
i ,
A l'occasion de la Foire commerciale de
Marseille, vient d'avoir lieu le Congrès de
l'Institut Colonial, qui doit étudier la situa-
tion nouvelle faite au commerce des céréales
par la création de silos coopératifs en Afri.
que du Nord. Plusieurs personnalités algé-
riennes et tunisiennes, ainsi que de nom-
breux exportateurs, participent "ux tiavaux
du Congrès.
Le Congrès a examiné :
Les mesures à prendre pour assurer la
bonne utilisation des silos, notamment au
point de vue de la classification des céréales;
Les mesures envisagées dans les milieux
agricoles de l'Afrique du Noid au point de
vue de la vente en commun et des relations
avec la Métropole.
Le reste des questions inscrites au pio-
gramme sont relatives aux modes de et insti-
tution des silos, aux rapports des silos coo-
pératifs avec les agriculteurc; et à l'inter.
vention des divers organismes qui peuvent
créer ces silos : Banques, Compagnies de
transport, Chambres de Commerce, Coopé-
ratives agricoles.
Une exposition des échantillons (les piai-
nes de la récolte actuelle existants chez les
colons, ainsi que dans les silos et magasins
des organismes qui se consacrent à l'cntre-
posage des céréales eet. d'autre paît, orga-
nisée pendant la durée de la Foire.
UN INSECTE" STATUFIÉ
1..
Le gouvernement de Cuba, à dire de jour-
naliste (mais nous avons tant d'imagination 1)
aurait élevé une statue à un insecte ennemi des
plantations de cannes à aucre.
Vous êtes ébaubis ? Voici l'explication -
l'insecte, par ses ravages, aurait obligé les
colons à la polyculture dont Cuba se félicite
aujourd'hui chaudement.
Si cette histoire n'est pas vraie, elle est bien
trouvée et l'on en peut tirer une morale prati-
que pour celles de nos colonies où la monocul-
ture apparaît comme un péril.
D'ailleurs, elle est toujours un péril.
Autre chose, à propos de statues.
En France, nous avons de gros insectes, aux
mandibules redoutables. L'entomologie cou-
rante les appelle « mercantintermédiaires ». Ils
dévorent, par exemple, durant le trajet entre
la main d un producteur algérien et la bouche
d'un consommateur parisien, le plus clair
d' une récolte d'agrumes. Alors. l'Algérien se
dégoûte de cette culture et le Parisien consa-
cre son dernier maravédis et sa dernière larme
à l'achat de la dernière orange (c'est une an-
ticipation, mais voup allez voir ça, cet hiver).
Quel est le mercanti qui ira tellement fort
que la justice populaire le pendra haut et
court ?
Ça vaut la peine d' essayer : il y a promesse
d'une statue.
Du haut de son socle, le statufié verra pros-
pérer la polyprobité.
JK. JV. tfe Laromlfttilre.
Voyage princier
Au Kénya
On niiURiu de Moinbaza (Afrique Orientale,
que le ^iriiice du (îaKe.s et le duc de Gioucester,
son frère, sont attendus le 1er udùbl'c ù Nairobi.
L'agriculture au Maroc
en 1928
Par Louis LE BARBIER.
*«4
Une surabondance de pluies au printemps,
un coup de sirocco survenant à un mauvais mo-
ment, lorsque la recette s annonçait très belle.
d autres incidents fâcheux dérivant de ces deux
fléaux principaux ont fait couler la moisson
qui s' annonçait très belle, et était d'autant
mieux accueillie que les deux dernières cam-
pagnes avaient déjà été contrariées par diffé-
rents mécomptes climatériques. Donc, la ré-
colte 1928 sur laquelle, au printemps, on ta-
blait tant et de si beaux espoirs, ne les a pas
tenus. Dans l'ensemble, elle a été moyenne.
très moyenne même. Par exemple, dans la
Chaouïa, elles sont rares, les terres où les blés
tendres ont donné 11 ou 12 quintaux à l'hec-
tare au lieu de 17 ou 18. peut-être plus, ren-
dement que 1 on avait pu légitimement escomp-
ter au printemps. Et il en a été de même pour
l'ensemble des autres cultures. On s était
attendu à mieux.
La faute n'incombe pas aux hommes, ni à
r Adminitration qui n' en peut mais, ni aux
agriculteurs dont les efforts méritaient meilleur
succès, mais aux intempéries. Dans tous les
pays du monde, l' agriculture est exposée à ces
mécomptes : sans cela ce serait une trop belle
et trop agréable profession.
Ce qui est seulement un peu déroutant, c est
que, se basant sur la moyenne des années nor-
males constatées depuis un certain temps, les
colons qui raisonnent s'étaient appliqués juste-
ment. au cours des deux dernières campagnes,
à sélectionner et à employer les graines s ac-
commodant le mieux d un régime sec, celles
résistant bien à la sécheresse, et que voilà
justement deux campagnes de suite excesive.
ment pluvieuses, avec une température plutôt
fraîche relativement. Si cela devait continuer.
1 il faudrait, comme on dit, changer son fusil
d'épaule et rechercher, au contraire, les se.
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