Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-09-27
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 septembre 1928 27 septembre 1928
Description : 1928/09/27 (A29,N144). 1928/09/27 (A29,N144).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451315b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NWJVIRME ANNEE. So 144.
LE NUMERO : 30 CENTIMES
J EtjDI SOI H, M SEPTEMBRE 1928.
JOURULJVOTIOIEN
Réfaction & Administration :
M, IM ti M«-TUMr
PARIS O")
lil tTII < fcOUVRB tl>17
« RICMBLIBU1744
Les Annales Coloniales
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france et
Colonies 120» 66 » 81.
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BLANCS ET JAUNES
..-.
Je vieil "Iire l'ouvrage très intéressant ide
M. Albert Maybon sur « le Japon d'aujour-
d'hui ». Je l'ai lu après le livre de François
de Tessan sur « le Japon mort et vif » ; celui
d'Albert Maybon l'a précédé de quelques an-
nées. tous deux se complètent et s'éclairent
mutuellement. Ce n'est pas au commerce, à
l'industrie, à la politique, au Gouvernement
que l'auteur du Japon d'aujourd' hui prête son
attention. C'est aux journalistes, aux profes-
seurs, aux étudiants, aux poètes, aux prosateurs,
aux religieux qu'il s' adresse ; il les a longtemps
fréquentés ; il leur a demandé de le conduire
u sur les sommets d'où l' on découvre le pano-
rama des Idées », afin d'avoir <( un aperçu
assez clair sur le passé et l'avenir de la na-
tion ».
La crise idéologique que traverse le Japon
lui paraît plus importante que toutes les autres.
Le Japon est un pays de penseurs, d'idéolo-
gues, de roorali!\tc, Là comme ailleurs, là sur-
tout, les apôtres de la conception matérialiste
de l'histoire n'expliquent rien en croyant tout
expliquer.
J'ai noté, une fois de plus, une des causes
qui, au Japon et dans les peuples de civilisa-
tion orientale, ont affaibli le prestige de l'Eu-
ropéen. La guerre, l' effroyable guerre a causé.
entre autres désastres, 1 écroulement de cette
idée de la supériorité de l'Occidental, qui était
presque passée à l'état de dogme. Certes, les
Japonais avaient eu, bien avant 1914, le sen-
timent que, s ils ne possédaient pas des génies
comparables à ceux dont s enorgueillit la vieille
Europe, leurs facultés d assimilation leur per-
mettaient de s'enrichir de toutes les conquêtes
des civilisations étrangères. Nous les avons
toutes fait , passer en nous, proclamaient-ils ;
après l' hindoue et la chinoise, c est le tour
de la civilisation européenne ; nous ! assimile-
rons, elle deviendra nôtre. Le u culturisme ja-
ponais » qui ne tend à rien de moins qu à ré-
nover tout un peuple et toute une race, n a pas
d'autre origine. Mais il s' y est ajouté autre
chose : le sentiment que, de cette pensée euro-
péenne qui doit s' incorporer à la pensée orien-
tale, les Européens ont montré, pendant « la
période de folie rcuge H. qu'ils étaient indi.,
gnes et incapables d être les interprètes et les
défenseun.
En 1919. un bonze savant déclare à M. Al-
bert Maybon que le bouddhisme profite « de
la défaveur qui a frappé la civilisation euro-
péenne pendant cette guerre féroce, inhumaine
et barbare ». On verra dans l'ouvrage de M.
Maybon comment le bouddhisme a tenté de
jouer le premier rôle dans cette renaissance de
l'Extrême-Orient. Le bonze savant va donc
prêcher pour sa paroisse: « Notre peuple a fait
cette réflexion que les Sociétés étrangères sont
loin d'être supérieures à la Société japonaise,
que l'Europe. l'Amérique étaient peu quali-
"nées pour se conduire partout en maîtres, que
rien ne les autorisait à mépriser. et humilier
les Extrêmes-Orientaux plus. élevés qu'elles
dans l'ordre spirituel ; notre peuple a percé
les mensonges étrangers, il vous en veut d avoir ]
trompé les vieux pays de civilisation bouddhiste
et confucianiste. Aussi revient-il avec enthou-
siasme à nos vieilles croyances. » On s'atten-
'dait à cette conclusion, d'ailleurs fort contes-
table. Mais ce qui n'est pas contestable, ce
qui n'ejt pas contesté par tous ceux qui ont
pris contact avec les Extrêmes-Orientaux, c est
que la valeur des religions, des philosophies,
des morales orientales est apparue comme supé-
rieure à celle des morales, des philosophies, des
religions, de l'Europe et de l'Amérique.
Tout ce qu' on a écrit sur les atrocités corn-
mises dans les années d'épouvante a retenti sur
la conscience de ces peuples. Voici ce que
'déclarait un homme qui n'avait, lui, aucune
préoccupation d'apologétique religieuse, un ami
de la France, confeilter juridique du Ministère
de la Guerre, membre actif de la Croix-Rouie:
« Nous, Orientaux, avons peine à croire que
dans l'Europe chrétienne, il puisse se commet-
tre des atrocités comme celles que l'on nous
signale de la part des Allemands, » On ima-
gine sans peine que si, au lieu de recueillir les
paroles d'un ami de la France, M. Albert
Maybon avait noté un de ses entretiens avec un
ami de l'Allemagne, ce ne sont pas les Alle-
mands qui auraient été m en cause. A la bar-
barie des Européens on oppose l'humanité des
Orientaux. En l'an 192, la souveraine JinRO
Kogo arrêtait les massacres qu'on préparait pen-
dant la conquête de la Corée : « Il ne faut pas
tuer, j'écriait-elle sur le champ de bataille, les
adversaires qui déposent leurs armes. » En l'an
.192. avant même que le bouddhisme eût pé-
nétré au Japon ! N'est-ce pas, demande-t-OD,
une preuve qu'avant les leçons des religions de
bonté, l'Oriental était foncièrement bon ?
« Dans nos guerres modernes, le Japon n'écoute
que la voix de la conscience. Enfin, à Tsing-
tlao, récemment, les mêmes principes nousgui-
Ubmg. Les prisonniers allemands furent bien
accueillis par nos chefs militaires et par nos
tMdecins. »
M. Albert Maybon a dirigé à Tokio une
Jibraide française et une revue franco-japonaise.
Il a publié la déclaration suivante de M. Oza-
4i, un député étninent ; celui-ci montrait que
1" teme-Orient était le berceau de cette idée
d'une Société des Nations qu'il avait fallu tant
de siècles pour réaliser si impartafement :
« Depuis deux mille ans, en Orient, deux doc-
trines s* affrontent : le hado et le odo. » Le
hado, c'est la doctrine de la force primant le
droit ; le odo ensei gne qu'un peuple ne peut
vivre qu'en obeervant le droit et la justice. Si
le Japon est entré dans la gran de guerre, c'est
sans doute pour demeurer fidèle aux alliances
signées ; c'est surtout pour demeurer fidèle à
I esprit national : « I essence de notre civilisa-
tion, c'est bien le odo, c'est-à-dire l'amour de
la notice. » Et, dès le lendemain de la paix
Vie Versailles, le président du Conseil japonais
.donaait comme formule de sa politique exté-
rieure : « Accord et coopération des nations
f) vm de la paix unrrenelle et de l'affranchis-
sèment du monde des politiques et des léaia.
lation. étoieta. »
Ainsi, non seulement l'Occident s'est révélé
barbare, mais il n a rien à apprendre à un
Orient, façonné par des doctrines nobles et
généreuses. En vérité, l'Occident n'a qu'à se
bien tenir. On lit partout que le danger est
grave, parce que la population japonaise, de
1875 à 1925, a passé de 34 millions d'hom-
mes à plus de 50 millions d'habitants, soit 24
millions représentant l'excédent des naissances
sur les décès ; à ces chlttres, on doit ajouter
25 millions d'hommes qui peuplent colonies et
possessions, et le million et demi de Nippons
émigrés en Asie, en Australie, en Amérique,
soit plus de 85 millions d'hommes qui inquiè-
tent et le monde chinois et le monde américain.
Danger réel. Mais il ne se précise, ne devient
formidable que si les Extrêmes-Orientaux ont
la persuasion qu'ils sont plus élevés que les
Occidentaux dans l'ordre spirituel, qu'ils ont été
jusqu'ici victimes des mensonges étrangers, et
que les vieux pays de civilisation bouddhiste
e! confucianiste ont été tenus dans un état d'in-
- &.- a
fériorité que rien ne justifiait. Le jour où, aux
85 millions de japonais, se joindraient 440
millions de Célestes qui partageraient cette opi-
nion, l'avenir serait sombre. De cela, la con-
ception matérialiste de l'histoire ne fait aucun
cas. Elle a grandement tort. Il y a des idées
fortes qui n'ont rien à faire avec la technique
de la production et de la répartition des ri-
chesses, et qui mènent le monde, invisibles mais
toutes-puissantes. Quand l'idée de la supériorité
du blanc sera remplacée par celle de son infé-
riorité, il sera trop tard. Que faire alors en
ce moment même ? Demandez-le à M. Albert
Maybon ; il a, je le répète, géré une librairie
à Tokio, fait paraître une revue, et il vous dira
qu un moraliste ayant écrit la-bas un livre ap-
pelé VEncouragement aux Sciencesf 7 millions
d'exemplaires furent enlevés, et qu un habitant
sur 160 tint à l'acquérir. Alors, ne nous endor-
mons pa3. Si jamais la propagande a été utile
quelque part, c'est bien en Extrême-Orient.
Maria Itouafon,
Sénateur de L'ilérault, ancien ministre
Vice-pr'éaident de la Commission
sénatoriale des Colonies.
Dépêches de l'Indochine
'1
Un service rapide Baïgon-Hanol
Dans les premiers iours de novembre
fonctionnera entre Saigon et Hanoï un nou-
veau service rapide permettant d'effectuer
le voyage en deux jours et trois nuits. Les
trains comprennent des uxtgons modernes
avec restaurant et couchettes. Le trans-
bordement entre Nhatrang et Toutane, qui
nu sont pas encore reliées par voie terréc,
sera assuré par des autocars spécialement
étudiés.
La nouvelle organisation en même
temps qu'elle procurera aux voyageurs le
maximum de confort, fera réaliser une
appréciable économie de temps et de trllis,
Chambre des Représentants
La séance d'ouverture de la Chambre des
llepréscntants du Peuple d'Annam aura
lieu le 1er octobre.
Distinction honorifique
On annonce de Pnom-Penhque S. M. Mo-
nivong a conféré à André Citroën la dé-
coration de commandeur de l'Ordre Royal
du Cambodge,
(Indopaclfi.)
AU YUNNAN
1
Des inondations
Des pluies diluviennes et des inondations
ont été signalées à Yuimanfou. Entre Pouchi
et Yilean, les communications étaient impossi-
bles par suite de nombreux éboulements. Au
kilomètre 440, la voie ferrée était recouvate
par trois mètres d'eau.
La circulation, totalement suspendue entre
Amitcheou et Yileang, fut rendue possible
avec deux pénibles transbordements entre
Yileang et Yunnaufou.
Tous les quartiers bas de la ville de YUDDaD-
fou ont été complètement inondés. Aucun ac-
c;dent de penonne n' est signalé dans les com-
munautés étrangères. - .u - -. -
Les familles des touristes en villégiature à
Yunnanfou n'ont heureusement couru aucun ris-
que.
Mais une foi? de plus, on constate au Yunnan
comme en bien d'autres léaiODl, les funestes
effets du déboisement.
JOURNAL INTERDIT
Le Ministre de l'Intérieur a interdit par arrêté
la circulation et la mise en vente sur l'étendue
du territoire français, du journal ayant pour
titre « Lao Nong » (L '« Ouvrier Agricole fi),
publié à Paris en langue annamite, sans indi-
cation d'imprimerie ni de gérant.
A l'Arence économique
de l'Indochine
.t.
Par suite de la nomination de M. Pierre
Pasquier aux hautes fonctions de gouver-
neur général de l'Indochine, la direction de
l'Agence Economique de l'Indochine à Pa-
ris vient d'être confiée à M. Krautheimer,
administrateur en chef des services civils
de l'Indochine qui exerça, à plusieurs re-
prises, les fonctions de Résident supérieur.
Autour de M. Pierre Pasquier
Le commandant Bellier, de l'Infanterie Co-
loniale est nommé chef du Cabinet Militaire
du Gouverneur Général de l'Indochine.
Tras de la piastre
Le Gouverneur général de l'Indochine vient de
faire connaître au ministre des colonies qu'à la
date du 24 septembre JM le taux officiel de la
piastre était de Il tr.
TELLIER
»♦»
fe gouverneur de la Guade-
loupe est actuellement durement à
la tâche.
Ce brave Tellicr Nous l'aimons tous,
pour son bon cœur, sa bonne humeur, nous
le blaguions beaucoup, nous le chinions
par fois, et aujourd'hui, que de douloureuses
circonstances ont permis de révéler les qua-
lités susceptibles de le mettre en pleine lu-
'mii'ft!, rendons lui justice.
Sorti* du rang, venant de cc cadre J> s
affaires indigènes dans lequel il avait dé-
buté en qualité de commis en 1896, à 21
arts, il avait su se faire remarquer en A.O.i
où il fil ICI meilleure partie de sa carrière.
William Ponly avait suivi ses efforts et lui
avait fait donner un avancement qui n'était
peut être pas suffisamment à la mesure de
ses services.
Administrateur en chef en 1914, Th.
Tellicr a attendu treize ans les feuilles de
chêne, /'lusieiers fois, an Sénégal, à la
Côte des Somalis, il remplit les fonctions
de gouverneur p. i- le fit proprement,
sans incident, m accident.
Envoyé à la Guadeloupe, à nouveau (Olll.
me intérimaire, l'an dernier, il fut titula
risé quelques mois après, il allait avoir !o
une tâche dificile à remplir : assurer la li-
re,ni p lt r .* assurer la i l -
berté du vole dans une de ces colonies tu-
multueuses où les esprits sont comme /t.'s
éléments, trop souvent en tornade.
Il a fait les élections coloniales les plus
probes de 1928. Il les a faites eu ce sens
qu'il a assuré le respect de la légalité, qu'il
a réduit les fraudes au minimum car jamais
depuis la,)" République les électeurs n'a-
vaient pu exprimer leurs sentiments avec
alltant de liberté et de respect mutuel de la.
pensée du voisin.
Au lendemain du scrutin tous les partis
ont rendu hommage à la pondération, à l'es-
prit de conciliation, à la haute impartialité
du gouverneur qui a su empêcher tim-
mixtion de la justice et de l'injustice dans
les salles de vote et dans les UTI/cs. Il avait
réussi ci mettre en pratique la devise du phi-
losophe : a le plus habile c'est d'être 110/1-
nête. »
Echappé à la bourrasque électorale, Tellicr
pouvait espérer couler des jours heureux
dans /'Ile d'Emeraude. La nature le lui a dé-
fendu, Le cyclone ne l'a pas surfris. Il l'at-
tendait à la fin d'août, quinze jours avant
que le sinistre soit déclenché. Certains de nos
correspondants de la Guadeloupe nous écri-
vaient : « La température est insupportable
comme jamais. C'est la première fois de-
puis vingt-cinq ans que nous vivons dans
une atmosphère d'angoisse et d'enfer. Nous
ne savons pas ce qui va arriver, l'eau de
l'Océan ou le feu des volca"s,,, Nous serions
bien surpris, si nous n'avions pas à subir
une catastroPhe, »
la population ne pouvait que l'attendre
et la subir.
Aussitôt après la tourmente, Tellicr s'e-.t
prodigué, multipliant, son action, apportant
partout le réconfort et les secours, câblant
pour ses administrés ti la Métropole qui L',I
entendu.
Aujourd'hui, d'accord avec les deux élus
parlementaires, MM. Henry Bérenger, sé-
nateur, et Graëve, député, actuellement sur
place, il prépare la restauration guadelou-
péenne.
Après les jours néfastes retenons le nom
de Tellier pour les jours fastes.
1
L'Aviation Coloniale
Le Ministère de l'Air
Au Conseil des Ministres qui s'est tenu
Iiici- matin, il a été décidé que tous les ser-
vk-c» de l'aéronautique seiront concentrés
par ce Département confié à M. Laurent-
lynac,
Il s'en suit que le nouveau ministre aura
à sa disposition tous les crédita précédem-
ment répartis entre les ministères : Air,
nucnrc, Marine et Colonies. U aura
la décision pour toutes les commandes et
les marchés et lautarité sur le personnel
militaire et marin de l'aviation.
Du Cap à Londres
Lady Bailey, qui retourne en Angleterre
en avion, est arrivée à Elisabethville (Con-
go Belge).
Le tour du monde
Le comte et la comtesse de Sibour, ve-
nant de Maluga, arrivés à Tanger le 23. sep-
tembre, à bord de leur avionnette, ont
poursuivi leur voyage et ont atterri à Fez le
25 a 17 h. 55.
De Casablanca à Dakar
Samedi dernier 22 septembre, un avion
commercial parti de Casablanca, piloté par
M. Vidal et ayant à bord comme passager
un interprète maure, fut signalé comme
n'ayant pas atteint Taéroplage du cap Juby.
Une reconnaissance, aussitôt effectuée sur
la route normale par un avion militaire, ne
fournit aucun renseignement, et l'on se de-
mandait si, en raison de la brume intense,
l'appareil ne s'était point égaré.
Dans l'après-midi de dimanche parve-
naient cependant à nos postes militaires du
Sud des informations selon lesquelles l'ap-
pareil avait été contraint d'atterrir en zone
dissidente, aux contins du Sahara, chez les
Aït Lahcens voisins de l'oued Noun, où les
deux aviateurs étaient rctenut. captifs, mais
bien traitéa. - -
Aussitôt, sur d énergiques instructions
venues de la résidence générale, l'annexe
de Tizndt nouait avec les indigènes des
pourparlers qui se poursuivent sans inter-
ruption. !-?, maintenant, on sait que les
deux captifs sont en la possession du chef
arra Ahmed Bachir et en sécurité absolue.
La Compagnie aéropostale nous a, par ail-
leurs. avisés qu'aucun courrier ne se trou-
vait à bord de l'avion du pilote VIdai.
De quelques Iilers mécumptes
Ayant eu l'explication de la petitesse des
ceufs qu'on vous sert au Maroc, explication
- -. -
'tort simple, mais à laquelle il fallait pénscr,
vous dites au revoir ..à votre ami Dupont-
Durand-Dubois. Mais ce vieux Marocain ne
l'entend pas ainsi. Comme tout vrai Marocain
il est surchargé de besogne, c'est entendu ;
mais cela ne l'empêche pas d'être altéré. Il
vous offre donc un glass, et il le fait de si
bon cœur que vous ne pouvez ref user. Car le
Marocain est, de par sa nature, un homme
parfaitement aimable qu'il faudrait avoir un
coeur de pierre pour contrarier.
Vous voilà donc attablés devant une bière
Cigogne elle n'est pas mauvaise, ou
une citronnade. Le Marocain boit très peu de
boissons alcoolisées et a raison. Trop heureux
d'avoir un auditeur attentif il continue à
s'épancher :
Tu comprends, dit-il, pourquoi tu ne peux
avoir ici que des œufs du modèle le plus
réduit. Mais mon vieux (j'ai horreur qu'on
emploie cette façon de parler à mon égard,
non qu'elle soit trop familière, elle ne me
choquait même pas il y a 35 - ou 40 ans, mais
maintenant je la trouve inepte); mais, mon
vieux, répète Dupont-Durand-Dubois, pour
tout il en va de même. Tu crois que le Maroc
produit des primeurs ? C'est possible, mais
nous, nous n'en savons rien. Ne m interromps
pas je n'avais rien dit ainsi, les toma-
tes. tu sais les tomates. eh bien nous n'en
avons que lorsque les autres n'en veulent plus :
quand elles vont se perdre, parce que les prix
sont trop bas. Alors, nous en voyons sur le
marché, et on nous les fait aux prix de France.
Pour tous les légumes, tous les fruits, c' est la
même chose. On sert d' abord l'étranger, nous,
nous avons les restes, quand il y en a.
En vain voudriez-vous essayer de faire com-
prendre à votre ami que la chose est très
explicable, que le producteur cherc he naturel-
lement à t irer parti, le plus avantageusement
posSIDle, oe son inausirie : qu Il preiere par
conséquent expédier ses légumes et ses fruits
sur les marchés d Europe, à une époque où,
très rares, ils se vendent très chers, plutôt que
de les offrir sur place à plus bas prix, que
c'est précisément pour se l ivrer à ce commerce
lucratif qu'il se donne la peine de faire pousser
des primeurs.
Dupond- Durand- Dubois ne veut rien enten-
dre. il y a trop longtemps qu'il a quitté ta
France. S'il était resté chez nous il saurait
pourtant que, depuis le gros bétail jusqu'aux
légumes et aux fruits, le Français n'en peut
avoir qu'après ses alliés et ami s d'outre-mer
et d'outre-frontières. Dupont-Dubois-Durand
tient à exhaler sa bile.
Cependant en faisant un tour au marché
après l'avoir quitté, vous constatez que rien n. y
manque, qu'on y trouve en quantité très suffi-
sante tout ce qui est nécessaire. ou même sim-
plement agréable. De sorte que, tout compte
fait, vous ne pouvez pas trop plaindre votre
vieux camarade.
Nous avons dit d'ailleurs, en commençant,
qu'il ne s'agissait que de quelques mécomptes
insignifiants. Au contraire, ces plaintes locales
prouvent que le commerce des primeurs, com-
me celui des œufs, est d'un gros rapport pour
le Maroc en général, et pour ceux qui s' y
livrent en particulier.
Et comme, somme toute, la consommation
locale ne souffre pas trop, que c'est justement
pour qu 'on puisse en faire venir en Europe, et
spécialement en France, qu'on a conseillé
d' organiser le plus intensivement possible les
cultures maraîchères de primeurs, il faut
souhaiter que les choses continuent ainsi, qu'on
n'écoute pas trop les plaintes de ce pauvre
Durand-Dubois- Dupont.
Tout au plus, nous Français de la Métro-
pole, pourrions-nous demander à être mis tout
au moins sur le même rang, comme destina-
taires, que nos voisins et amis. mais à cela
on répond : « Regardez donc le cours de la
livre et celui du franc. »
Cet argument est*sans réplique possible,
hélas, car en affaires la valeur sentiment n'a pas
cours.
Leuis Le Barbier.
LE ION PROCÉDÉ
ces
Dans une petite ville du département d'Al-
ger, lisons-nous dans la « Gazette Artistique
Nord-Ahicaine », un voyageur français « tra-
vaillait » la région, mais sans succès. Il se pré-
sente dans une firme, mais, ici encore, c'est
l'éternel : « Nous n'avons besoin de rien 1 »
Puis-je vous montrer quelques-uns de nos
articles les plus intéressants ? insiste le voya.
sem,
- Non. monsieur, nous n avons pa* le
temps.
- Alors, voudriez-vous me permettre au
moins d'ouvrir ma valise et de ieter un coup
d'oeil moi-même sur mes échantillons ?. II y
a trois semaines que je ne les ai pas vus.
Le plus drôle de l'histoire c'est que le
commerçant sourit, regarda et acheta.
Espérons que la maison représentée par ce
« voyageur » sait reconnaître son habitet,
-
M. le Gouverneur Chanel blessé
̃a»
L'auto de M. Chanel, ancien gouverneur
de la Guyane Française, actuellement
en villégiature à Cannes, a pris feu
au quartier de la Bocca, M. le Gouverneur
des colonies Chanel en se dégageant de sa
voiture, qui a été détruite, a été brûlé su-
perficiellement aux mains et aux bras.
Le Prince Tatarl
On annonce d'Addis-Ababa, qu'à la suite
de la découverte d'un complot contre le
régent, le prince Tafari, régent d'Abyssi-
nie, il a été décidé que ce dernier pren-
drait le rang et le titre de roi.
BROUSSES
& BROUTILLES
*«»
Une « Semaine de l'ours Il ?
Il s'élève souvent, dans la presse, des pro-
testations au sujet de la misère qui sévit au
Jardin des Plantes et au Muséum.
La dcrnicic en date concerne le déran-
gement intestinal d'un ours qui aurait, pa-
rait-il, salement barbouillé toute sa fosse.
C'est convenons-en, la faute au gouverne-
ment, qui n'accorde pas de suffisants crédits
à l'institution du bout du quai, que l'Europe
11»' nous envie pas.
Mais. Ic gouvernement. li- pauvre, est en
bien fâcheuse posture. On lui «orne aux oreil-
les que les impôts sont trop lourds et, simul-
tanément, on ne cesse de lui réclamer des
subsides Cette musique discordante lui dété-
riore le tympan, et c'est peut-être pour (da
qu'il tape < omnie un sourd sur le «ontri-
buable,
Il faudrait donc tiouver autre chose.
T'ne «Semaine de l'Ours»? Oui, évidem.
ment. !e bon co ur de la fouie est inépuisable.
Mais il y a la diarrhée infantile qui ne presse
pas moins, et d'aucun* trouveront que le sau-
vetage de n't. gosses mériterait d'abord une
quête.
Alors? I.e plan Dawes? lié! hé! pourquoi
pas? Ce sarré plan Dawes, cette mine d'or
que nous paraissons avoir mille peines à C.
ploiter rongrùinent, qui sait si l'ours incon-
tinent du jardin des Plantes ne lui porte-
rait pas bonheur r
ifuiffon.
-–-
LE CYCLONE DES ANTILLES
Au Conseil des ministres
Au cours du Conseil des ministres, le
président du Conseil a soumis à la signa-
turc du président de la République un dé-
cret ouvrant, au titie des avances à régula-
riser, un crédit de 100 millions pour les si-
nistrés de la Guadeloupe,
Le Gouverneur de la Guadeloupe
visite l'ile
Le Gouverneur de la Guadeloupe a visité
le 23 au matin Sainte-Rose, Lamentir. et
liaie Ia.hault,qui ont été en partie détruites
par le cyclone du ^2 septembre. Des infor-
mations qu'il a reçues le même jour, il ré-
sulte, -en outre, que le cyclone a causé
d'importants dégâts à Saint-Martm et à
Saint-Barthélemy.
Le Gouverneur a invité les maires à lui
communiquer les noms des victimes. Il les
fera connaître par càblogramme au minis-
tre des Colonies au fur et à mesure de leut
réception. Mais les victimes étant surtout
des habitants du faubaurg de Pointe-à-Pi-
tre et des campagnes, le Chef de la colonie
espère que les renseignements seront mainte-
nant négatifs quant à celles pouvant avoir
des attaches dans la Métropole.
Remerciements
Le Gouverneur a câblé ce qui suit à M.
Léon Perrier : « Dans les doulou-
reuses circonstances qu'éprouve la Guade-
loupe, les condoléances, les sympathies du
Gouvernement lui sont un précieux récon-
fort. En son nom je vous prie d'être son
interprète auprès du Gouvernement de l'as-
surance de la profonde reconnaissance et du
dévouement de tous. Vos messages ont été
communiqués dans toutes les communes et
accueillis avec la plus grande satisfaction.
Au cours de mes visites, .i'ai fait appel à la
solidarité et au courage de la population
qui se leruet au travail pour relever les
ruines. Les municipalités m'assurent le
concours le plus dévoué et le plus confiant. H
Un séisme
Le Ministère des Colonies a reçu un eâ.
blogramme officiel l'informant que le 24 à
5 h. 30 du matin environ une secousse sis-
miquc a été ressentie à Pointc-a-Pitrc,
Les secours
On confirme de Brest que c'est le croiseur
1)tiquesne, commandé par le capitaine de
vaisseau Bramaud du Boucheron, qui appa-
reillera. pour la Guadeloupe, le Duguay-
Trouin, actuellement à Toulon, n'étant pas
en état de partir en campagne.
Le capitaine du Boucheron fait activer les
préparatifs. Tous les permissionnaires ont
été rappelés. Le bâtiment a été repeint et
l'on y prépare l'appartement de M. Clau-
del, ambassadeur de France.
Au médecin principal de la marine Goëre,
seront adjoints deux autres médecins de la
flotte. La pharmacie centrale et le service
des subsistances sont prêts à embarquer les
médicaments et vivres réclamés par le Gou-
verneur de la colonie.
Le croiseur Duquesne a été remorqué en
rade de Brest où l'on achève ses préparatifs
de départ pour les Antilles. Les travaux ont
été retardés par la pose d'appareils frigori-
fiques. L'installation est terminée, et l'on
a embarqué aujourd'hui douze tonnes de
viande.
Le Duquesne appareillera très probable-
ment demain matin pour Saint-Nazaire où
embarquera M. Claudel.
Départ
Ainsi que nous l'avions annoncé, M. L. -
0. Frossard, député de la Martinique,
qu'accompagnent M. I.agrosillière, conseil-
ler général et ancien député de cette colo-
nie ; M. Clerc, ancien sénateur et également
conseiller général de l'île, et M. Léo Hu-
ret, rédacteur au Populaire, sont partis hier
matin pour la Martinique.
M. Frossard désire se rendre compte de
l'importance des dégâts causés dans la co-
lonie par le cyclone et, aussi, selon sa pro-
pre expression, « tenter de restaurer à la
Martinique le suffrage universel ».
A Parts, gala au profit des sinistrés
Un gala doit avoir lieu dimanche soir au
théâtre Fémina pour la présentation au pu-
blic parisien de la vedette Sud-américaine,
Carlos Gardel, fameux créateur de tangos
qui a demandé à M. Paul Santo, organisa-
teur de cette manifestation artistique de
donner le concert au bénéfice des sinistrés
de la Guadeloupe.
Bien entendu, M. Paul Santo a immédia-
tement tenu à s'associer au joli geste de
l'artiste et versera la totalité des bénéfices
au comité de secours.
La 5e Conférence Nord-Africaine
et les affaires sahariennes
18. ̃–
Il paraît qy en trois tournées de travail en
commun, les délégués des quatre groupes de
nos possessions africaines à la 5" Commission
(Affaires sahariennes) ont fait plus de besogne
utile qu'en une aimée de correspondances et de
tiactations lointaines. Cela nous surprend d'au-
tant moins que cette Commission était présidée
par M. Benazet, directeur général des Affaires
indigènes au Maroc, et comprenait parmi ses
membres le colonel Martin représentant les in-
térêts de l'A. O. F.
La police commune des confins sahariens est
assurée pai les Compagnies sahariennes de l'Al-
gérie, dont les points d'appui ont été rappro-
chés des frontières. Leur rayon d'action est
amplifié par l'adjonction de deux sections auto-
mobiles, une escadrille d'aviation et d'un réseau
de T.S.F. qui, chaque jour plus serré, permet
à tous nos postes de rester en communication
constante et de coordonner leur action.
La Tunisie apporte à l' œuvre saharienne son
entier concours. Nous nous souvenons des ré-
sultats de la mission Courtot.
Venu de l'autre rive du Sahara, lisons-nous
dans les Renseignements coloniaux du Bulletin
de l'Aftique Française, le colonel Martin,
chef du cabinet militaire du Gouvernement
Général de I A. O. F., a donné à la Confé-
rence le témoignage palpable et des preuves
évidentes de l'intérêt que M. Carde attache à
l'étude des choses sahariennes, en ce qui con-
cerne l'A,O.F.
Le K Saharien » qui a signé cette étude que
nous résumons, constate que, par une politique
de collaboration organisée qui fait confiance aux
exécutants guidés seulement par des directives
générales, on peut espérer que la sécurité du
Sahara, déjà à peu près assurée, sera tout à
fait confirmée.
Tout cela est très agréable à lire, mais le
« Saharien », qui doit être un « Saharien du
Nord-Africain », passe sous silence ou à peu
près une portion très restreinte du Sahara (le
Rio de Oro n'occupe pas, en effet, une large
place dans l'immensité saharienne), où la sécu-
rité est loin de régner. Les aviateurs Reine et
Fèvre sont certainement de mon avis. Nous li-
sons seulement cette discrète allusion :
« Abstraction faite de portions très restrein-
« tes des territoires sahariens dans lesquels la
« carence étrangère a laissé subsister un état
c d'anarchie latente ; les résultats les plus en-
« courageants ont été enregistrés, Il
N'aurait-il pas été désirable que la 5" Com-
mission consacre une matinée supplémentaire à
l'étude des moyens propres à remédier à cette
« carence étrangère » et à éviter le retour de
pareils incidents fort préjudiciables à notre pres-
tige en pays maure et dangereux pour notre,
ligne de communication aérienne Casablanca-
Dakar.
Il reste donc incompréhensible qu' outillas
comme nous le sommes en troupes sahariennes,
nous ne soyons paj plus en sécurité sur les
confins du Rio de Oro que les Italiens sur les
confins sahariens de la Lybie.
Sur ce point, il y a aussi n carence o. à mon
avis, de la 5° Conférence nord-africaine, et l'on
me dit que cette carence ne vient pas de
l'A, O. F. Il ne faudrait pas. comme l'écrit
le If Saharien », que la réunion de Rabat soit
le chant du cygne de cette institution qui a
déià, par pilleurs, rendu d'excellents services
- à a cause coloniale en Afrique française.
Signalons, pour finir, que la reprise du mou-
vement commercial entre l'Afrique du Nord et
le. Soudan a été envisagée en attendant la pose
du rail transsaharien. Le Gouverneur Gaden, en
Mauritanie, avait déjà amorcé ce mouvement
en reprenant, fort judicieusement, les voies sui-
vies par les courants commerciaux des anciennes
caravanes transsaharien".
Le commerçant qui réalise les plus gros béné-
fices dans son commerce transsaharien n est-il
pas le Chérif de Kano en Nigeria ? Ses cara-
vanes de chameaux vont de Nigeria à Tripoli
porter les denrées du crû que des navires con-
duisent jusqu'à Constantinople, transports déri-
soires de bon marché pour des produits qui ne
sauraient supporter de gros frais, c'est la solu-
tion qu'il faut chercher pour que le transsaha-
rien soit un moyen de transport réellement éco-
nomique. That is the question.
JEugéne Dei'au.r.
UNE CAl ASTROPHE A MEULLA
»♦»
Explosion d'une poudrière
40 tués et 200 blessés tel est le bilan ap-
proximatif des victimes de l'explosion d'une
poudrière au fort de CIll>reriras-Rcljas.
Melilla. Des familles entières ont peri sous
les décombres, des maisons construites au-
tour de la forterese qui a été complètement
anéalltie, les murs épais de la poudrière
ayant formé bourrage.
Le général Sanjurgo, Haut Commissaire
au Maroc, a quitté immédiatement Madrid
pour se rendre sur les lieux de la CrltllStra-
phe,
La consternation est profonde à Madrid
dont la population est encore sous le coup
de Vèmotton causée par l'incendie dit théâ-
ire po pulaire.
A L'ACADËMIE DES SCIENCES
-08
Biologie des annélides polychètes
M. Charles Gravier a présenté, au nom
de M. J.-L. Dantan et au sien, un mémoire
sur les pêches nocturnes à la lumière dans
la baie d'Alger, pèches qui ont permis à ces
deux savants une étude détaillée de la bio-
logie et des mœurs des annélides polychètes..
LE NUMERO : 30 CENTIMES
J EtjDI SOI H, M SEPTEMBRE 1928.
JOURULJVOTIOIEN
Réfaction & Administration :
M, IM ti M«-TUMr
PARIS O")
lil tTII < fcOUVRB tl>17
« RICMBLIBU1744
Les Annales Coloniales
Les annonce. et réclame. sont reçue. au
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Tous les articles publiés dans notre iournal ne peuvent
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Un la 6 Noi. 8 Mois
france et
Colonies 120» 66 » 81.
tirtnaer.. 180 D W* M*
On s'abonne sans frais da.
tous les bureaux de poste.
BLANCS ET JAUNES
..-.
Je vieil "Iire l'ouvrage très intéressant ide
M. Albert Maybon sur « le Japon d'aujour-
d'hui ». Je l'ai lu après le livre de François
de Tessan sur « le Japon mort et vif » ; celui
d'Albert Maybon l'a précédé de quelques an-
nées. tous deux se complètent et s'éclairent
mutuellement. Ce n'est pas au commerce, à
l'industrie, à la politique, au Gouvernement
que l'auteur du Japon d'aujourd' hui prête son
attention. C'est aux journalistes, aux profes-
seurs, aux étudiants, aux poètes, aux prosateurs,
aux religieux qu'il s' adresse ; il les a longtemps
fréquentés ; il leur a demandé de le conduire
u sur les sommets d'où l' on découvre le pano-
rama des Idées », afin d'avoir <( un aperçu
assez clair sur le passé et l'avenir de la na-
tion ».
La crise idéologique que traverse le Japon
lui paraît plus importante que toutes les autres.
Le Japon est un pays de penseurs, d'idéolo-
gues, de roorali!\tc, Là comme ailleurs, là sur-
tout, les apôtres de la conception matérialiste
de l'histoire n'expliquent rien en croyant tout
expliquer.
J'ai noté, une fois de plus, une des causes
qui, au Japon et dans les peuples de civilisa-
tion orientale, ont affaibli le prestige de l'Eu-
ropéen. La guerre, l' effroyable guerre a causé.
entre autres désastres, 1 écroulement de cette
idée de la supériorité de l'Occidental, qui était
presque passée à l'état de dogme. Certes, les
Japonais avaient eu, bien avant 1914, le sen-
timent que, s ils ne possédaient pas des génies
comparables à ceux dont s enorgueillit la vieille
Europe, leurs facultés d assimilation leur per-
mettaient de s'enrichir de toutes les conquêtes
des civilisations étrangères. Nous les avons
toutes fait , passer en nous, proclamaient-ils ;
après l' hindoue et la chinoise, c est le tour
de la civilisation européenne ; nous ! assimile-
rons, elle deviendra nôtre. Le u culturisme ja-
ponais » qui ne tend à rien de moins qu à ré-
nover tout un peuple et toute une race, n a pas
d'autre origine. Mais il s' y est ajouté autre
chose : le sentiment que, de cette pensée euro-
péenne qui doit s' incorporer à la pensée orien-
tale, les Européens ont montré, pendant « la
période de folie rcuge H. qu'ils étaient indi.,
gnes et incapables d être les interprètes et les
défenseun.
En 1919. un bonze savant déclare à M. Al-
bert Maybon que le bouddhisme profite « de
la défaveur qui a frappé la civilisation euro-
péenne pendant cette guerre féroce, inhumaine
et barbare ». On verra dans l'ouvrage de M.
Maybon comment le bouddhisme a tenté de
jouer le premier rôle dans cette renaissance de
l'Extrême-Orient. Le bonze savant va donc
prêcher pour sa paroisse: « Notre peuple a fait
cette réflexion que les Sociétés étrangères sont
loin d'être supérieures à la Société japonaise,
que l'Europe. l'Amérique étaient peu quali-
"nées pour se conduire partout en maîtres, que
rien ne les autorisait à mépriser. et humilier
les Extrêmes-Orientaux plus. élevés qu'elles
dans l'ordre spirituel ; notre peuple a percé
les mensonges étrangers, il vous en veut d avoir ]
trompé les vieux pays de civilisation bouddhiste
et confucianiste. Aussi revient-il avec enthou-
siasme à nos vieilles croyances. » On s'atten-
'dait à cette conclusion, d'ailleurs fort contes-
table. Mais ce qui n'est pas contestable, ce
qui n'ejt pas contesté par tous ceux qui ont
pris contact avec les Extrêmes-Orientaux, c est
que la valeur des religions, des philosophies,
des morales orientales est apparue comme supé-
rieure à celle des morales, des philosophies, des
religions, de l'Europe et de l'Amérique.
Tout ce qu' on a écrit sur les atrocités corn-
mises dans les années d'épouvante a retenti sur
la conscience de ces peuples. Voici ce que
'déclarait un homme qui n'avait, lui, aucune
préoccupation d'apologétique religieuse, un ami
de la France, confeilter juridique du Ministère
de la Guerre, membre actif de la Croix-Rouie:
« Nous, Orientaux, avons peine à croire que
dans l'Europe chrétienne, il puisse se commet-
tre des atrocités comme celles que l'on nous
signale de la part des Allemands, » On ima-
gine sans peine que si, au lieu de recueillir les
paroles d'un ami de la France, M. Albert
Maybon avait noté un de ses entretiens avec un
ami de l'Allemagne, ce ne sont pas les Alle-
mands qui auraient été m en cause. A la bar-
barie des Européens on oppose l'humanité des
Orientaux. En l'an 192, la souveraine JinRO
Kogo arrêtait les massacres qu'on préparait pen-
dant la conquête de la Corée : « Il ne faut pas
tuer, j'écriait-elle sur le champ de bataille, les
adversaires qui déposent leurs armes. » En l'an
.192. avant même que le bouddhisme eût pé-
nétré au Japon ! N'est-ce pas, demande-t-OD,
une preuve qu'avant les leçons des religions de
bonté, l'Oriental était foncièrement bon ?
« Dans nos guerres modernes, le Japon n'écoute
que la voix de la conscience. Enfin, à Tsing-
tlao, récemment, les mêmes principes nousgui-
Ubmg. Les prisonniers allemands furent bien
accueillis par nos chefs militaires et par nos
tMdecins. »
M. Albert Maybon a dirigé à Tokio une
Jibraide française et une revue franco-japonaise.
Il a publié la déclaration suivante de M. Oza-
4i, un député étninent ; celui-ci montrait que
1" teme-Orient était le berceau de cette idée
d'une Société des Nations qu'il avait fallu tant
de siècles pour réaliser si impartafement :
« Depuis deux mille ans, en Orient, deux doc-
trines s* affrontent : le hado et le odo. » Le
hado, c'est la doctrine de la force primant le
droit ; le odo ensei gne qu'un peuple ne peut
vivre qu'en obeervant le droit et la justice. Si
le Japon est entré dans la gran de guerre, c'est
sans doute pour demeurer fidèle aux alliances
signées ; c'est surtout pour demeurer fidèle à
I esprit national : « I essence de notre civilisa-
tion, c'est bien le odo, c'est-à-dire l'amour de
la notice. » Et, dès le lendemain de la paix
Vie Versailles, le président du Conseil japonais
.donaait comme formule de sa politique exté-
rieure : « Accord et coopération des nations
f) vm de la paix unrrenelle et de l'affranchis-
sèment du monde des politiques et des léaia.
lation. étoieta. »
Ainsi, non seulement l'Occident s'est révélé
barbare, mais il n a rien à apprendre à un
Orient, façonné par des doctrines nobles et
généreuses. En vérité, l'Occident n'a qu'à se
bien tenir. On lit partout que le danger est
grave, parce que la population japonaise, de
1875 à 1925, a passé de 34 millions d'hom-
mes à plus de 50 millions d'habitants, soit 24
millions représentant l'excédent des naissances
sur les décès ; à ces chlttres, on doit ajouter
25 millions d'hommes qui peuplent colonies et
possessions, et le million et demi de Nippons
émigrés en Asie, en Australie, en Amérique,
soit plus de 85 millions d'hommes qui inquiè-
tent et le monde chinois et le monde américain.
Danger réel. Mais il ne se précise, ne devient
formidable que si les Extrêmes-Orientaux ont
la persuasion qu'ils sont plus élevés que les
Occidentaux dans l'ordre spirituel, qu'ils ont été
jusqu'ici victimes des mensonges étrangers, et
que les vieux pays de civilisation bouddhiste
e! confucianiste ont été tenus dans un état d'in-
- &.- a
fériorité que rien ne justifiait. Le jour où, aux
85 millions de japonais, se joindraient 440
millions de Célestes qui partageraient cette opi-
nion, l'avenir serait sombre. De cela, la con-
ception matérialiste de l'histoire ne fait aucun
cas. Elle a grandement tort. Il y a des idées
fortes qui n'ont rien à faire avec la technique
de la production et de la répartition des ri-
chesses, et qui mènent le monde, invisibles mais
toutes-puissantes. Quand l'idée de la supériorité
du blanc sera remplacée par celle de son infé-
riorité, il sera trop tard. Que faire alors en
ce moment même ? Demandez-le à M. Albert
Maybon ; il a, je le répète, géré une librairie
à Tokio, fait paraître une revue, et il vous dira
qu un moraliste ayant écrit la-bas un livre ap-
pelé VEncouragement aux Sciencesf 7 millions
d'exemplaires furent enlevés, et qu un habitant
sur 160 tint à l'acquérir. Alors, ne nous endor-
mons pa3. Si jamais la propagande a été utile
quelque part, c'est bien en Extrême-Orient.
Maria Itouafon,
Sénateur de L'ilérault, ancien ministre
Vice-pr'éaident de la Commission
sénatoriale des Colonies.
Dépêches de l'Indochine
'1
Un service rapide Baïgon-Hanol
Dans les premiers iours de novembre
fonctionnera entre Saigon et Hanoï un nou-
veau service rapide permettant d'effectuer
le voyage en deux jours et trois nuits. Les
trains comprennent des uxtgons modernes
avec restaurant et couchettes. Le trans-
bordement entre Nhatrang et Toutane, qui
nu sont pas encore reliées par voie terréc,
sera assuré par des autocars spécialement
étudiés.
La nouvelle organisation en même
temps qu'elle procurera aux voyageurs le
maximum de confort, fera réaliser une
appréciable économie de temps et de trllis,
Chambre des Représentants
La séance d'ouverture de la Chambre des
llepréscntants du Peuple d'Annam aura
lieu le 1er octobre.
Distinction honorifique
On annonce de Pnom-Penhque S. M. Mo-
nivong a conféré à André Citroën la dé-
coration de commandeur de l'Ordre Royal
du Cambodge,
(Indopaclfi.)
AU YUNNAN
1
Des inondations
Des pluies diluviennes et des inondations
ont été signalées à Yuimanfou. Entre Pouchi
et Yilean, les communications étaient impossi-
bles par suite de nombreux éboulements. Au
kilomètre 440, la voie ferrée était recouvate
par trois mètres d'eau.
La circulation, totalement suspendue entre
Amitcheou et Yileang, fut rendue possible
avec deux pénibles transbordements entre
Yileang et Yunnaufou.
Tous les quartiers bas de la ville de YUDDaD-
fou ont été complètement inondés. Aucun ac-
c;dent de penonne n' est signalé dans les com-
munautés étrangères. - .u - -. -
Les familles des touristes en villégiature à
Yunnanfou n'ont heureusement couru aucun ris-
que.
Mais une foi? de plus, on constate au Yunnan
comme en bien d'autres léaiODl, les funestes
effets du déboisement.
JOURNAL INTERDIT
Le Ministre de l'Intérieur a interdit par arrêté
la circulation et la mise en vente sur l'étendue
du territoire français, du journal ayant pour
titre « Lao Nong » (L '« Ouvrier Agricole fi),
publié à Paris en langue annamite, sans indi-
cation d'imprimerie ni de gérant.
A l'Arence économique
de l'Indochine
.t.
Par suite de la nomination de M. Pierre
Pasquier aux hautes fonctions de gouver-
neur général de l'Indochine, la direction de
l'Agence Economique de l'Indochine à Pa-
ris vient d'être confiée à M. Krautheimer,
administrateur en chef des services civils
de l'Indochine qui exerça, à plusieurs re-
prises, les fonctions de Résident supérieur.
Autour de M. Pierre Pasquier
Le commandant Bellier, de l'Infanterie Co-
loniale est nommé chef du Cabinet Militaire
du Gouverneur Général de l'Indochine.
Tras de la piastre
Le Gouverneur général de l'Indochine vient de
faire connaître au ministre des colonies qu'à la
date du 24 septembre JM le taux officiel de la
piastre était de Il tr.
TELLIER
»♦»
fe gouverneur de la Guade-
loupe est actuellement durement à
la tâche.
Ce brave Tellicr Nous l'aimons tous,
pour son bon cœur, sa bonne humeur, nous
le blaguions beaucoup, nous le chinions
par fois, et aujourd'hui, que de douloureuses
circonstances ont permis de révéler les qua-
lités susceptibles de le mettre en pleine lu-
'mii'ft!, rendons lui justice.
Sorti* du rang, venant de cc cadre J> s
affaires indigènes dans lequel il avait dé-
buté en qualité de commis en 1896, à 21
arts, il avait su se faire remarquer en A.O.i
où il fil ICI meilleure partie de sa carrière.
William Ponly avait suivi ses efforts et lui
avait fait donner un avancement qui n'était
peut être pas suffisamment à la mesure de
ses services.
Administrateur en chef en 1914, Th.
Tellicr a attendu treize ans les feuilles de
chêne, /'lusieiers fois, an Sénégal, à la
Côte des Somalis, il remplit les fonctions
de gouverneur p. i- le fit proprement,
sans incident, m accident.
Envoyé à la Guadeloupe, à nouveau (Olll.
me intérimaire, l'an dernier, il fut titula
risé quelques mois après, il allait avoir !o
une tâche dificile à remplir : assurer la li-
re,ni p lt r .* assurer la i l -
berté du vole dans une de ces colonies tu-
multueuses où les esprits sont comme /t.'s
éléments, trop souvent en tornade.
Il a fait les élections coloniales les plus
probes de 1928. Il les a faites eu ce sens
qu'il a assuré le respect de la légalité, qu'il
a réduit les fraudes au minimum car jamais
depuis la,)" République les électeurs n'a-
vaient pu exprimer leurs sentiments avec
alltant de liberté et de respect mutuel de la.
pensée du voisin.
Au lendemain du scrutin tous les partis
ont rendu hommage à la pondération, à l'es-
prit de conciliation, à la haute impartialité
du gouverneur qui a su empêcher tim-
mixtion de la justice et de l'injustice dans
les salles de vote et dans les UTI/cs. Il avait
réussi ci mettre en pratique la devise du phi-
losophe : a le plus habile c'est d'être 110/1-
nête. »
Echappé à la bourrasque électorale, Tellicr
pouvait espérer couler des jours heureux
dans /'Ile d'Emeraude. La nature le lui a dé-
fendu, Le cyclone ne l'a pas surfris. Il l'at-
tendait à la fin d'août, quinze jours avant
que le sinistre soit déclenché. Certains de nos
correspondants de la Guadeloupe nous écri-
vaient : « La température est insupportable
comme jamais. C'est la première fois de-
puis vingt-cinq ans que nous vivons dans
une atmosphère d'angoisse et d'enfer. Nous
ne savons pas ce qui va arriver, l'eau de
l'Océan ou le feu des volca"s,,, Nous serions
bien surpris, si nous n'avions pas à subir
une catastroPhe, »
la population ne pouvait que l'attendre
et la subir.
Aussitôt après la tourmente, Tellicr s'e-.t
prodigué, multipliant, son action, apportant
partout le réconfort et les secours, câblant
pour ses administrés ti la Métropole qui L',I
entendu.
Aujourd'hui, d'accord avec les deux élus
parlementaires, MM. Henry Bérenger, sé-
nateur, et Graëve, député, actuellement sur
place, il prépare la restauration guadelou-
péenne.
Après les jours néfastes retenons le nom
de Tellier pour les jours fastes.
1
L'Aviation Coloniale
Le Ministère de l'Air
Au Conseil des Ministres qui s'est tenu
Iiici- matin, il a été décidé que tous les ser-
vk-c» de l'aéronautique seiront concentrés
par ce Département confié à M. Laurent-
lynac,
Il s'en suit que le nouveau ministre aura
à sa disposition tous les crédita précédem-
ment répartis entre les ministères : Air,
nucnrc, Marine et Colonies. U aura
la décision pour toutes les commandes et
les marchés et lautarité sur le personnel
militaire et marin de l'aviation.
Du Cap à Londres
Lady Bailey, qui retourne en Angleterre
en avion, est arrivée à Elisabethville (Con-
go Belge).
Le tour du monde
Le comte et la comtesse de Sibour, ve-
nant de Maluga, arrivés à Tanger le 23. sep-
tembre, à bord de leur avionnette, ont
poursuivi leur voyage et ont atterri à Fez le
25 a 17 h. 55.
De Casablanca à Dakar
Samedi dernier 22 septembre, un avion
commercial parti de Casablanca, piloté par
M. Vidal et ayant à bord comme passager
un interprète maure, fut signalé comme
n'ayant pas atteint Taéroplage du cap Juby.
Une reconnaissance, aussitôt effectuée sur
la route normale par un avion militaire, ne
fournit aucun renseignement, et l'on se de-
mandait si, en raison de la brume intense,
l'appareil ne s'était point égaré.
Dans l'après-midi de dimanche parve-
naient cependant à nos postes militaires du
Sud des informations selon lesquelles l'ap-
pareil avait été contraint d'atterrir en zone
dissidente, aux contins du Sahara, chez les
Aït Lahcens voisins de l'oued Noun, où les
deux aviateurs étaient rctenut. captifs, mais
bien traitéa. - -
Aussitôt, sur d énergiques instructions
venues de la résidence générale, l'annexe
de Tizndt nouait avec les indigènes des
pourparlers qui se poursuivent sans inter-
ruption. !-?, maintenant, on sait que les
deux captifs sont en la possession du chef
arra Ahmed Bachir et en sécurité absolue.
La Compagnie aéropostale nous a, par ail-
leurs. avisés qu'aucun courrier ne se trou-
vait à bord de l'avion du pilote VIdai.
De quelques Iilers mécumptes
Ayant eu l'explication de la petitesse des
ceufs qu'on vous sert au Maroc, explication
- -. -
'tort simple, mais à laquelle il fallait pénscr,
vous dites au revoir ..à votre ami Dupont-
Durand-Dubois. Mais ce vieux Marocain ne
l'entend pas ainsi. Comme tout vrai Marocain
il est surchargé de besogne, c'est entendu ;
mais cela ne l'empêche pas d'être altéré. Il
vous offre donc un glass, et il le fait de si
bon cœur que vous ne pouvez ref user. Car le
Marocain est, de par sa nature, un homme
parfaitement aimable qu'il faudrait avoir un
coeur de pierre pour contrarier.
Vous voilà donc attablés devant une bière
Cigogne elle n'est pas mauvaise, ou
une citronnade. Le Marocain boit très peu de
boissons alcoolisées et a raison. Trop heureux
d'avoir un auditeur attentif il continue à
s'épancher :
Tu comprends, dit-il, pourquoi tu ne peux
avoir ici que des œufs du modèle le plus
réduit. Mais mon vieux (j'ai horreur qu'on
emploie cette façon de parler à mon égard,
non qu'elle soit trop familière, elle ne me
choquait même pas il y a 35 - ou 40 ans, mais
maintenant je la trouve inepte); mais, mon
vieux, répète Dupont-Durand-Dubois, pour
tout il en va de même. Tu crois que le Maroc
produit des primeurs ? C'est possible, mais
nous, nous n'en savons rien. Ne m interromps
pas je n'avais rien dit ainsi, les toma-
tes. tu sais les tomates. eh bien nous n'en
avons que lorsque les autres n'en veulent plus :
quand elles vont se perdre, parce que les prix
sont trop bas. Alors, nous en voyons sur le
marché, et on nous les fait aux prix de France.
Pour tous les légumes, tous les fruits, c' est la
même chose. On sert d' abord l'étranger, nous,
nous avons les restes, quand il y en a.
En vain voudriez-vous essayer de faire com-
prendre à votre ami que la chose est très
explicable, que le producteur cherc he naturel-
lement à t irer parti, le plus avantageusement
posSIDle, oe son inausirie : qu Il preiere par
conséquent expédier ses légumes et ses fruits
sur les marchés d Europe, à une époque où,
très rares, ils se vendent très chers, plutôt que
de les offrir sur place à plus bas prix, que
c'est précisément pour se l ivrer à ce commerce
lucratif qu'il se donne la peine de faire pousser
des primeurs.
Dupond- Durand- Dubois ne veut rien enten-
dre. il y a trop longtemps qu'il a quitté ta
France. S'il était resté chez nous il saurait
pourtant que, depuis le gros bétail jusqu'aux
légumes et aux fruits, le Français n'en peut
avoir qu'après ses alliés et ami s d'outre-mer
et d'outre-frontières. Dupont-Dubois-Durand
tient à exhaler sa bile.
Cependant en faisant un tour au marché
après l'avoir quitté, vous constatez que rien n. y
manque, qu'on y trouve en quantité très suffi-
sante tout ce qui est nécessaire. ou même sim-
plement agréable. De sorte que, tout compte
fait, vous ne pouvez pas trop plaindre votre
vieux camarade.
Nous avons dit d'ailleurs, en commençant,
qu'il ne s'agissait que de quelques mécomptes
insignifiants. Au contraire, ces plaintes locales
prouvent que le commerce des primeurs, com-
me celui des œufs, est d'un gros rapport pour
le Maroc en général, et pour ceux qui s' y
livrent en particulier.
Et comme, somme toute, la consommation
locale ne souffre pas trop, que c'est justement
pour qu 'on puisse en faire venir en Europe, et
spécialement en France, qu'on a conseillé
d' organiser le plus intensivement possible les
cultures maraîchères de primeurs, il faut
souhaiter que les choses continuent ainsi, qu'on
n'écoute pas trop les plaintes de ce pauvre
Durand-Dubois- Dupont.
Tout au plus, nous Français de la Métro-
pole, pourrions-nous demander à être mis tout
au moins sur le même rang, comme destina-
taires, que nos voisins et amis. mais à cela
on répond : « Regardez donc le cours de la
livre et celui du franc. »
Cet argument est*sans réplique possible,
hélas, car en affaires la valeur sentiment n'a pas
cours.
Leuis Le Barbier.
LE ION PROCÉDÉ
ces
Dans une petite ville du département d'Al-
ger, lisons-nous dans la « Gazette Artistique
Nord-Ahicaine », un voyageur français « tra-
vaillait » la région, mais sans succès. Il se pré-
sente dans une firme, mais, ici encore, c'est
l'éternel : « Nous n'avons besoin de rien 1 »
Puis-je vous montrer quelques-uns de nos
articles les plus intéressants ? insiste le voya.
sem,
- Non. monsieur, nous n avons pa* le
temps.
- Alors, voudriez-vous me permettre au
moins d'ouvrir ma valise et de ieter un coup
d'oeil moi-même sur mes échantillons ?. II y
a trois semaines que je ne les ai pas vus.
Le plus drôle de l'histoire c'est que le
commerçant sourit, regarda et acheta.
Espérons que la maison représentée par ce
« voyageur » sait reconnaître son habitet,
-
M. le Gouverneur Chanel blessé
̃a»
L'auto de M. Chanel, ancien gouverneur
de la Guyane Française, actuellement
en villégiature à Cannes, a pris feu
au quartier de la Bocca, M. le Gouverneur
des colonies Chanel en se dégageant de sa
voiture, qui a été détruite, a été brûlé su-
perficiellement aux mains et aux bras.
Le Prince Tatarl
On annonce d'Addis-Ababa, qu'à la suite
de la découverte d'un complot contre le
régent, le prince Tafari, régent d'Abyssi-
nie, il a été décidé que ce dernier pren-
drait le rang et le titre de roi.
BROUSSES
& BROUTILLES
*«»
Une « Semaine de l'ours Il ?
Il s'élève souvent, dans la presse, des pro-
testations au sujet de la misère qui sévit au
Jardin des Plantes et au Muséum.
La dcrnicic en date concerne le déran-
gement intestinal d'un ours qui aurait, pa-
rait-il, salement barbouillé toute sa fosse.
C'est convenons-en, la faute au gouverne-
ment, qui n'accorde pas de suffisants crédits
à l'institution du bout du quai, que l'Europe
11»' nous envie pas.
Mais. Ic gouvernement. li- pauvre, est en
bien fâcheuse posture. On lui «orne aux oreil-
les que les impôts sont trop lourds et, simul-
tanément, on ne cesse de lui réclamer des
subsides Cette musique discordante lui dété-
riore le tympan, et c'est peut-être pour (da
qu'il tape < omnie un sourd sur le «ontri-
buable,
Il faudrait donc tiouver autre chose.
T'ne «Semaine de l'Ours»? Oui, évidem.
ment. !e bon co ur de la fouie est inépuisable.
Mais il y a la diarrhée infantile qui ne presse
pas moins, et d'aucun* trouveront que le sau-
vetage de n't. gosses mériterait d'abord une
quête.
Alors? I.e plan Dawes? lié! hé! pourquoi
pas? Ce sarré plan Dawes, cette mine d'or
que nous paraissons avoir mille peines à C.
ploiter rongrùinent, qui sait si l'ours incon-
tinent du jardin des Plantes ne lui porte-
rait pas bonheur r
ifuiffon.
-–-
LE CYCLONE DES ANTILLES
Au Conseil des ministres
Au cours du Conseil des ministres, le
président du Conseil a soumis à la signa-
turc du président de la République un dé-
cret ouvrant, au titie des avances à régula-
riser, un crédit de 100 millions pour les si-
nistrés de la Guadeloupe,
Le Gouverneur de la Guadeloupe
visite l'ile
Le Gouverneur de la Guadeloupe a visité
le 23 au matin Sainte-Rose, Lamentir. et
liaie Ia.hault,qui ont été en partie détruites
par le cyclone du ^2 septembre. Des infor-
mations qu'il a reçues le même jour, il ré-
sulte, -en outre, que le cyclone a causé
d'importants dégâts à Saint-Martm et à
Saint-Barthélemy.
Le Gouverneur a invité les maires à lui
communiquer les noms des victimes. Il les
fera connaître par càblogramme au minis-
tre des Colonies au fur et à mesure de leut
réception. Mais les victimes étant surtout
des habitants du faubaurg de Pointe-à-Pi-
tre et des campagnes, le Chef de la colonie
espère que les renseignements seront mainte-
nant négatifs quant à celles pouvant avoir
des attaches dans la Métropole.
Remerciements
Le Gouverneur a câblé ce qui suit à M.
Léon Perrier : « Dans les doulou-
reuses circonstances qu'éprouve la Guade-
loupe, les condoléances, les sympathies du
Gouvernement lui sont un précieux récon-
fort. En son nom je vous prie d'être son
interprète auprès du Gouvernement de l'as-
surance de la profonde reconnaissance et du
dévouement de tous. Vos messages ont été
communiqués dans toutes les communes et
accueillis avec la plus grande satisfaction.
Au cours de mes visites, .i'ai fait appel à la
solidarité et au courage de la population
qui se leruet au travail pour relever les
ruines. Les municipalités m'assurent le
concours le plus dévoué et le plus confiant. H
Un séisme
Le Ministère des Colonies a reçu un eâ.
blogramme officiel l'informant que le 24 à
5 h. 30 du matin environ une secousse sis-
miquc a été ressentie à Pointc-a-Pitrc,
Les secours
On confirme de Brest que c'est le croiseur
1)tiquesne, commandé par le capitaine de
vaisseau Bramaud du Boucheron, qui appa-
reillera. pour la Guadeloupe, le Duguay-
Trouin, actuellement à Toulon, n'étant pas
en état de partir en campagne.
Le capitaine du Boucheron fait activer les
préparatifs. Tous les permissionnaires ont
été rappelés. Le bâtiment a été repeint et
l'on y prépare l'appartement de M. Clau-
del, ambassadeur de France.
Au médecin principal de la marine Goëre,
seront adjoints deux autres médecins de la
flotte. La pharmacie centrale et le service
des subsistances sont prêts à embarquer les
médicaments et vivres réclamés par le Gou-
verneur de la colonie.
Le croiseur Duquesne a été remorqué en
rade de Brest où l'on achève ses préparatifs
de départ pour les Antilles. Les travaux ont
été retardés par la pose d'appareils frigori-
fiques. L'installation est terminée, et l'on
a embarqué aujourd'hui douze tonnes de
viande.
Le Duquesne appareillera très probable-
ment demain matin pour Saint-Nazaire où
embarquera M. Claudel.
Départ
Ainsi que nous l'avions annoncé, M. L. -
0. Frossard, député de la Martinique,
qu'accompagnent M. I.agrosillière, conseil-
ler général et ancien député de cette colo-
nie ; M. Clerc, ancien sénateur et également
conseiller général de l'île, et M. Léo Hu-
ret, rédacteur au Populaire, sont partis hier
matin pour la Martinique.
M. Frossard désire se rendre compte de
l'importance des dégâts causés dans la co-
lonie par le cyclone et, aussi, selon sa pro-
pre expression, « tenter de restaurer à la
Martinique le suffrage universel ».
A Parts, gala au profit des sinistrés
Un gala doit avoir lieu dimanche soir au
théâtre Fémina pour la présentation au pu-
blic parisien de la vedette Sud-américaine,
Carlos Gardel, fameux créateur de tangos
qui a demandé à M. Paul Santo, organisa-
teur de cette manifestation artistique de
donner le concert au bénéfice des sinistrés
de la Guadeloupe.
Bien entendu, M. Paul Santo a immédia-
tement tenu à s'associer au joli geste de
l'artiste et versera la totalité des bénéfices
au comité de secours.
La 5e Conférence Nord-Africaine
et les affaires sahariennes
18. ̃–
Il paraît qy en trois tournées de travail en
commun, les délégués des quatre groupes de
nos possessions africaines à la 5" Commission
(Affaires sahariennes) ont fait plus de besogne
utile qu'en une aimée de correspondances et de
tiactations lointaines. Cela nous surprend d'au-
tant moins que cette Commission était présidée
par M. Benazet, directeur général des Affaires
indigènes au Maroc, et comprenait parmi ses
membres le colonel Martin représentant les in-
térêts de l'A. O. F.
La police commune des confins sahariens est
assurée pai les Compagnies sahariennes de l'Al-
gérie, dont les points d'appui ont été rappro-
chés des frontières. Leur rayon d'action est
amplifié par l'adjonction de deux sections auto-
mobiles, une escadrille d'aviation et d'un réseau
de T.S.F. qui, chaque jour plus serré, permet
à tous nos postes de rester en communication
constante et de coordonner leur action.
La Tunisie apporte à l' œuvre saharienne son
entier concours. Nous nous souvenons des ré-
sultats de la mission Courtot.
Venu de l'autre rive du Sahara, lisons-nous
dans les Renseignements coloniaux du Bulletin
de l'Aftique Française, le colonel Martin,
chef du cabinet militaire du Gouvernement
Général de I A. O. F., a donné à la Confé-
rence le témoignage palpable et des preuves
évidentes de l'intérêt que M. Carde attache à
l'étude des choses sahariennes, en ce qui con-
cerne l'A,O.F.
Le K Saharien » qui a signé cette étude que
nous résumons, constate que, par une politique
de collaboration organisée qui fait confiance aux
exécutants guidés seulement par des directives
générales, on peut espérer que la sécurité du
Sahara, déjà à peu près assurée, sera tout à
fait confirmée.
Tout cela est très agréable à lire, mais le
« Saharien », qui doit être un « Saharien du
Nord-Africain », passe sous silence ou à peu
près une portion très restreinte du Sahara (le
Rio de Oro n'occupe pas, en effet, une large
place dans l'immensité saharienne), où la sécu-
rité est loin de régner. Les aviateurs Reine et
Fèvre sont certainement de mon avis. Nous li-
sons seulement cette discrète allusion :
« Abstraction faite de portions très restrein-
« tes des territoires sahariens dans lesquels la
« carence étrangère a laissé subsister un état
c d'anarchie latente ; les résultats les plus en-
« courageants ont été enregistrés, Il
N'aurait-il pas été désirable que la 5" Com-
mission consacre une matinée supplémentaire à
l'étude des moyens propres à remédier à cette
« carence étrangère » et à éviter le retour de
pareils incidents fort préjudiciables à notre pres-
tige en pays maure et dangereux pour notre,
ligne de communication aérienne Casablanca-
Dakar.
Il reste donc incompréhensible qu' outillas
comme nous le sommes en troupes sahariennes,
nous ne soyons paj plus en sécurité sur les
confins du Rio de Oro que les Italiens sur les
confins sahariens de la Lybie.
Sur ce point, il y a aussi n carence o. à mon
avis, de la 5° Conférence nord-africaine, et l'on
me dit que cette carence ne vient pas de
l'A, O. F. Il ne faudrait pas. comme l'écrit
le If Saharien », que la réunion de Rabat soit
le chant du cygne de cette institution qui a
déià, par pilleurs, rendu d'excellents services
- à a cause coloniale en Afrique française.
Signalons, pour finir, que la reprise du mou-
vement commercial entre l'Afrique du Nord et
le. Soudan a été envisagée en attendant la pose
du rail transsaharien. Le Gouverneur Gaden, en
Mauritanie, avait déjà amorcé ce mouvement
en reprenant, fort judicieusement, les voies sui-
vies par les courants commerciaux des anciennes
caravanes transsaharien".
Le commerçant qui réalise les plus gros béné-
fices dans son commerce transsaharien n est-il
pas le Chérif de Kano en Nigeria ? Ses cara-
vanes de chameaux vont de Nigeria à Tripoli
porter les denrées du crû que des navires con-
duisent jusqu'à Constantinople, transports déri-
soires de bon marché pour des produits qui ne
sauraient supporter de gros frais, c'est la solu-
tion qu'il faut chercher pour que le transsaha-
rien soit un moyen de transport réellement éco-
nomique. That is the question.
JEugéne Dei'au.r.
UNE CAl ASTROPHE A MEULLA
»♦»
Explosion d'une poudrière
40 tués et 200 blessés tel est le bilan ap-
proximatif des victimes de l'explosion d'une
poudrière au fort de CIll>reriras-Rcljas.
Melilla. Des familles entières ont peri sous
les décombres, des maisons construites au-
tour de la forterese qui a été complètement
anéalltie, les murs épais de la poudrière
ayant formé bourrage.
Le général Sanjurgo, Haut Commissaire
au Maroc, a quitté immédiatement Madrid
pour se rendre sur les lieux de la CrltllStra-
phe,
La consternation est profonde à Madrid
dont la population est encore sous le coup
de Vèmotton causée par l'incendie dit théâ-
ire po pulaire.
A L'ACADËMIE DES SCIENCES
-08
Biologie des annélides polychètes
M. Charles Gravier a présenté, au nom
de M. J.-L. Dantan et au sien, un mémoire
sur les pêches nocturnes à la lumière dans
la baie d'Alger, pèches qui ont permis à ces
deux savants une étude détaillée de la bio-
logie et des mœurs des annélides polychètes..
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