Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-08-13
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 août 1928 13 août 1928
Description : 1928/08/13 (A29,N125). 1928/08/13 (A29,N125).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64513019
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. N* 125.
LU NUMERO# t 10 CBNTIMIIS
LUNDI SOIR, 13 AOUT 1908.
JOURIAL QUOTIDIEN
a
Rédaction & Administration :
M, an il Mt-Tfeaiir
PARIS CM
Tll ÉPII. 1 LOUVMt IMI
IMÉCHMIRU 87.
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¡ Les Anna/es Coloniales
i es 17n c7le r-.e
La annonce» et réclame» sont r." au
bureau du journal.
DIRECTEURS : Marcel RUEDEL et L.-G. THBAUL T
Tous les articles publiés dans notre iournal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les ANNALES COLONIALES.
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avec le supplément illustré :
Un ta 6 mois 8 Hom
France et
Colonies 120 » 65 » 31.
Étranger.. 180 » 100 9 50 »
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tous les bureaux de poste.
Main-d'œuvre aux Colonies
Dans quelle mesure et par quels moyens
les engins mécaniques peuvent-ils être em
ployés aux colonies pour compenser l'insuf-
tiSance de la main-d'œuvre? Pour ce qui
concerne la production, demandons-le à
l'étude publiée par M. Léon Géraud, di-
recteur général des Consortiums forestier et
maritime des grands réseaux français, dans
la brochure intitulée : La Main-d'Œuvre
agricole aux Colonies (Association, Colonies,
Sciences)..
Nos colonies, comme la France elle-même,
sont avant tout des colonies agricoles. Riz
en Cochinchine, au Tonkin, à Madagascar;
arachide au Sénégal; cacao a la Cote
d'Ivoire, au Dahomey, et au Cameroun; su.
cre aux Antilles et à la Réunion, et aussi
en Indochine et à Madagascar; café à Ma-
dagascar et en Indochine; thé en Indochine,
dans l'Annam et au Tonkin; manioc, ta-
pioca, vanille, poivre, cannelle, bananes, etc.
que sais-je encore? Bref, la culture par l'in-
digène est le premier élément de la vie éco-
nomique de nos provinces lointaines. Par
conséquent, chaque perfectionnement des
- - - - ---_- .1-
méthodes de culture, cnaque progrès uc
l'outillage agricole a ses répercussions im-
médiates sur leur prospérité.
M. Léon Géraud rite un exempte carac-
téristique : celui de la Guinée. En 1914,
M. le Gouverneur général Poiret entreprend
l'œuvre de longue haleine qui consiste à
substituer aux procédés indigènes rudimen-
taires l'usage de la charrue de labour. En
1914, 9 laboureurs labouraient 40 hectares;
au 30 juin 1926, 1.184 cultivateurs utili-
saient la charrue pour cultiver 6.238 hec-
tares.
'1 t ---
Deux bœufs attelés a la rnarrue laoou-
rent seize fuis la surface cultivée par un
indigène; au lieu de 6 ou 800 kil. de grains,
l'hectare en produit de 2.000 à 2.400 kilos.
Rendement multiplié par le coefficient 40,
économie de main-d'œuvre considérable,
voilà les bénéfices.
Les mêmes tentatives sont poursuivies
dans les autres colonies de l'A. O. F. Ou
a le droit d'espérer qu'elles auront les mfc
mes conséquences heureuses. De même à
Madagascar, dès que l'usage de la charrue
sera devenu général. C'est à cela que l'ad-
ministration doit s'employer. Elle s'y inté-
resse d'ailleurs.
les bras des travailleurs : « il est inadmissi-
ble, alors que la pénurie de main-d'œu.
vre rend précaire la vie de beaucoup d'ex-
ploitants, que des entrepreneurs de travaux
publics effectuent encore des travaux de ter-
rassement presque sans outillage mécanique ».
M. Léon Géraud réclame des clauses extrê-
mement sévères à cet égard dans les cahiers
des charges établis par l'Etat, la colonie,
les municipalités. Il a absolument raison,
d'autant plus que la situation est très
simple : c'est à prendre ou à laisser.
De même pour toutes les exploitations qui
reposent sur ,une concession de l'Etat, c'est-
à-dire sur un abandon des droits de l'Etat
au profit de ces exploitations elles-mêmes :
concession rurale, concession forestière..
concession minière : « la concession est un
acte bienveillant de l'Etat et il est tout à
fait légitime qu'il en subordonne l'octroi à
certaines obligations propres à empêcher le
gaspillage de la main-d'œuvre ». Parbleu !
-On ne saurait mieux dire. Donnant, don-
nant. Je vous cède mes droits, c'est bien
le moins que l'usage que vous en ferez soit
soumis à certaines règles : la première est
que vous n'épuisiez pas, là où vous pou-
vez vous en passer, là où il est de votre in-
térêt de vous en passer, les maigres ressour-
ces en hommes du pays qui vous est confié.
Et M. Léon Géraud fait un paragraphe
spécial réservé à l'exploitation forestière.
Ici, la besogne la plus pénible et de beau-
coup, est celle du débardage. Or, il est
regrettable que le débardage soit effectué
à bras, depuis le point où l'arbre est abattu
jusqu'au point où le bois doit être évacué.
Il est inadmissible que l'Etat ne tienne pas
ce langage aux exploitants : il est bien en-
tendu que vous ne prendrez possession de
votre périmètre que le jour où vous aurez
établi que vous avez à votre disposition le
matériel minimum comprenant voies ferrées,
plateformes, apparaux de manœuvre, sans
cela rien à faire ; vous n'aurez pas de con-
cession.
Ce sont des charges obligatoires trop
lourdes !
Etes-vous certain qu'elles seront fina-
lement plus lourdes que celles qui consis-
tent à travailler sans ce matériel ? Ce sont
des dépenses de premier établissement qui,
parfois, apparaîtront comme fort désagréa-
bles. - D'accord. Mais dans quelle entreprise
n'en ept-il pas de même, et n'est-ce pas à
l'home d'affaires de faire des calcul s avec
précision ? Quoi qu'il en soit, l'Etat est tout
à fait dans son droit, tout à fait dans son
rôle lorsqu'il s'oppose à ce qu'on • exploite
une concession due à sa bienveillance en rui-
nant les ressources de la main-d'œuvre indi-
gène dont il a besoin, dont d'autres ont he.
soin, et qui leur manquent. J'inscris dans
!ë 'cahier des charges l'obligation d'avoir un
matériel oui triple, quadruple ou quintuple
le rendement de chaque ouvrier, et par
là je divise par 5, par 4 011 par 3, le nom-
bre des travailleurs prélevés sur l'ensemble,
sans compter que les indigènes employés
se trouveront dans des conditions meilleures
pour leur santé. Alors, aucune hésitation
n'est possible.
Telles sont quelques-unes, au moins, des
idées de M. Léon Géraud. Elles ne suffi-
raient pas à apporter une solution au pro-
blème redoutable ; il suffit de parcourir le
reste de la brochure de l'Association Co-
lonies-Sciences pour s'en convaincre aisé-
ment; mais ces mesures, jointes à d'autres,
parmi lesquelles celles qui ont trait à l'or-
ganisation de l'hygiène individuelle et so-
ciale passent au premier plan, constitue-
raient un ensemble destiné à fortifier, à pré-
server la race, en attendant qu'elle soit mul-
tipliée au point de nous fournir la main-
d'œuvre qui nous fait défaut.
Mmrim Mawtmtmn,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colontes.
A la mémoire do général Baratier
.e
La Ville de Paris vient d'honorer la mémoire
d'un des membres de la mission Marchand, nous
pourrions dire d'un des membres les pl. impor.
tants de la mission Coaao-Nil, tué pendant la
grande guerre.
Au nom de Louis de Suffren, dans une rue
avoisinant le Champ-de-Mars, est substitué
celui du X général Baratier, dont les cen dres re*
• « 1 f 1 n •
posent à \ormICY. dans la foret ae nelms. pres
des Gueux, village natal de l' auteur des trois
livres remarquablement écrits : A travers VAfri-
que, Epopées africaines. A travers le Continent
noir.
Baratier, quii avait connu Marchand à la co-
lonne Monteil, jalonna la route de la mission
Congo-Nil. En 42 jours de dures étapes, Ba-
ratier, en compagnie de l'interprète Landeroin,
explorait le Bar-el-Ghazal et atteignait le lac
Nô d'où cette rivière se jette dans le Nil. Au
retour, il sauvait Largeau qui, dix-sept ans plus
tard, devait tomber comme lui face à l'ennemi
dans les tranchées de première ligne. - -
Largeau, Marchand, Baratier, de la grande
épopée africaine, ne seront jamais trop honorés
par les Français qu'ils ont dotés d'un immense
empire colonial.
FRANCE ET MARCC
S. M. Sidi Mohamed rentrera au Mottte
le 23 août prochain. Quant à M. Steeg, on
ne croit pas qu'il puisse regagner son poste
avant la première quinzaine d'octobre.
M. Urbain Blanc, délégué à la Résidence,
assurant l'intérim, vient d'être frappé d'un
gros accès de paludisme. Mais son état s'est
amélioré et il pourra, sous peu, reprendre
ses hautes fonctions.
.1.
La mort d'un héros
Le docteur Chatinières, qui mourut du ty-
phus à Taroudant et reçut sur son lit de
mort la médaille des épidémies, vient d'être
cité à l'ordre de la nation, ainsi que nous
l'avons relaté. Notre confrère Le Journal
publie une lettre écrite par cette victime du
devoir et montrant son état d'âme en face de
la mort. La voici, à titre d'exemple :
Cette fois, je suis pincé. le m'y attendais
un peu, malgré toutes les précautions prises.
Il était difficile de ne pas accrocher un fou
infecté. La pouillerie à laquelle nous avons
affaire ici en est couverte d'une couche
grouillante. Nous commençons à en être maî.
tres seulement depuis huit jours.
J'en suis à mon troisième jour. l'ai voulu
pendant quarante-huit heures me figurer que
c'était du paludisme ou un accès hépatique.
La température se maintient entre 390 et
400 et la langue est caractéristique,.
Mon moral est excellent ; de ce côté je suis
tranquille. Ma femme est un peu boulever-
sée, mais très courageuse. Nous envisageons
ensemble toutes les éventualités, surtout les
pires, avec le plus grand sang-froid. Il faut
profiter de ce que j'ai encore ma lucidité.
Nous ne regrettons pas d'être venus à Tarou-
dmlt, mais en cas de dénouement fatal, je de-
mande à ton amité de t'occuper des miens>
etc., etc.
Le docteur Chatinières aura prouvé que le
Maroc renferme des nommes qui savent lut-
ter et se sacrifier pour le bien de l'humanité.
PHILATÉLIE
.1.
Maroc
Depuis le 29 juillet dernier, les premiers
timbres de la nouvelle série de bienfaisance
du Maroc sont livrés aux souscripteurs.
Les nouvelles vignettes, dont les sujets
sont empruntés à la collection de l'excellent
photographe Flandrin, sont en tous points
remarquables.
Cette série ne pourra que faire davantage
honneur aux timbres marocains par sa réa-
lisation que M. Dubcauclard, directeur géné-
ral de l'Office des P. T. T., a voulu parfaite.
Actuellement, le public peut se procurer
la série complète dans les différents bureaux
de poste du Maroc où elle est mise en vente.
La Vigie Marocaine affirme que les sous-
criptions ont été très nombreuses et que le
premier essai de timbre de bienfaisance,
tenté par M. Dubeauclard, aura été un suc-
cès dont le bénéfice permettra de soulager
bien des misères.
Aux Conseils des Prud'hommes
181
î/t médaille d'honneur des conseils des pru-
d'hommes a été décernée à MM. Î.hahn.ne. ment-
,bre patron du confit do prud'hommes d'Alger;
r.lioudarvl AMolknder, membre ouvrier du con-
seil ae prud'hommes d'Aller.
,
Une dime a Timgad
On écrit aux Annales Coloniales
et ce n'est pas la première lettre
du aenre : 1 OuattéT donc Tint*
gad-la-M ervetlleuse sera-t-ellle définitive-
ment mise à jour 1 Ce qu'on voit déjà est
bien beau et d'un art monumental sans rt-
val. N'est-te pas une raison pour souhaiter
voir activer les travaux des fouilles 1 »
Si le style de nos correspondants varie,
leur motif épistolaire est le même : quand
Timgad sera-t-elle complètement ressuscitée
de ses sables.
le répondrai ici à ces impatients bien
excusables d'ailleurs. 1
Quand les admirateurs de la belle ville
romaine verseront une dîme ce qu'ils
n'ont encore jamais fait pour contempler
les magnificences de Timgad-la-Morte.
Nous ne visitons un musée, dans le moin-
dre petit trou de France, sans que notre obole
emplisse Vescarcelle du gardien, collecteur
du péage artistique de la localité.
Dans la plus grande de nos provinces, -
j'ai dit l'Algérie - rien de tel, ou tout
au moins en ce qui concerne les beautés de
Timgad ouvertes comme moulins.
Un budget de quelque cent mille francs
est, il est vrai, alloué aux fouilles. Mais, la
main-d'oeuvre est chère. Le travail accom-
pli là-bas, n'est pas de ceux qu'on exécute
à la mécanique ou en série.
Sortir la pierre ou la mosaïque du sable est
la première phase de la tâche. C'est loin
d'être toute la tâche. Pour dresser au grand
jour et à l'admiration dr.,¡ touristes -
l'auv,e multiple et ancienne, il faut établir,
consolider, voire même raboter une pierre
de voûte, ajuster le faite d'un pilier, a ra-
diablcr », comme disent les sculpteurs pi-
cards qui donnent leurs soins aux 'lJ;eilies
pierres des cathédrales en ruines. Et cela
coûte cher.
Certes, les touristes ne se plaignent pas
de leur visite à Timgad. Seuls les orfèvres
insistent et réclament une exhumation plus
totale. Ils ont raison.
La ville est déjà fresque entièrement sor-
tie de terre el je n'insisterai pas sur la par-
faite beauté qtioffre la vue d ensemble de la
Pompet de notre Afrique du Nord, dont on
a maintes fois parlé - dans ces colonnes. Mais
les faubourgs et les ctmettères (tloust ste-
cles reposent-là, et les restes de ce passé
humain ne nous sont connus encore que par
deux squelettes), doivent être au plus tôt
désensablés. - • - «
Le Gouvernement général, les senitees des
fouilles, les travailleurs ont unis étroitement
leurs efforts dans fauvre commune. Chacun
a fait son devoir en cette affaire. Sauf
les touristes. En sont-ils responsables 1
Même pas. Personne ne leur a jamais rien
demandé. Et cependant l'argent fait dé-
faut.
Qu'on perçoive donc une dîme aussi mo-
dique soit-elle, à l'entrée de Timgad ou de
son musée. Rien n'est plus utile pour mener
jusqu'au bout et rapidement cette œuvre
nationale que les touristes du monde enttïr
ne demandent qu'à venir admirer. Rien n'est
plus utile tri plus logique Personne au
surplus ne songera à s'en étonner.
C'est ce que vient de faire la Régence. Par
décret, on a taxé l'entrée de ses mines. Ce
décret a même déjà reçu sa première appli-
cation à Vamphithéâtre d'El-D;em, dont le
droit d'entrée (f ctc fixé à 1 fr. 25.
D'ailleurs, la auestion a déjà été étudiée,
même résolue affirmativement, 1t crois, en
Algérie. Elle n'a pas encore reçu d'exécution.
Que ce soit un fait dès octobre prochain, épo-
que à laquelle le premier contingent des dix
mille touristes annuels commencera à graviter
vers Timgad.
50.000 francs peuvent être facilement ré-
cupérables en un an par ce moyen. Cette
somme supplémentaire est trop nécessaire au
prompt aboutissement des travaux elttrepris,
pour qu'on n'en fasse pas cas.
Les premières fouilles furent commencées
autour d'un arc de triomphe que les sa-
bles, au cours des siècles, n'avaient pu com-
plètement ensevelir. N'est-il pas temps de
nous en approprier le symbole f
EfVoiiffrff V/ron,
Sénateur de la Haure-LOfre,
Vice-président de la Commission
des Domnes.
Littérature et Colonies
Marius Leblond
Au titre du Ministère des Colonies, nous
avons signalé que le co-directeur de La Vie,
l'excellent romancier Marius Leblond qui fit,
avec Ary, la Sarabande, le Miracle de la
Race et Ulysse Casre ou lilistoire dorée
d'un noir, avait été promu officier de la Lé-
gion d'Honneur.
Rappelons que ce probe écrivain, qui a fait
de si jolis livres coloniaux, est originaire de
la Réunion.
Le docteur Burnet
D'autre part, le docteur Etienne Burnet,
sous-directeur de l'Institut Pasteur à Tunis
et auteur de Loin des icônes et de la Porte
du Sauveur, roman de la vie russe, est fait
officier au titre du ministère de l'Hygiène.
Simone Téry
Feu Gustave Téry, qui aimait beaucoup sa
fille et lui avait assuré une place enviée à
l'Œuvre, lui avait confié avant de mourir un
grand reportage sur l'Indochine. Cette jeune
femme, agrégée comme son père, s'était déj?l.
fait remarquer dans la presse par deux pré-
cédentes enquêtes sur l'Irlande et sur la
Chine en révolution.
La situation - à la Guyane
T
Nous recevons du Ministère des Colonies le
communiqué suivant :
, jLfp information» parvenue» déjà G.
hier dimanche et ce matin au Ministère J'et
CÓlorriea, ne signalent pas de troflbla nouveaux
à Cayenne, depuis les incidents qui se sont pro-
duits il y a quelques icndS. Néanmoillf, les di-
vers élémenl3 que comprend la population de
la 'colonie obligent les autorités locales à de-
meurer très attentives. Les dispositions sont
prises pour que l'apaisement se fasse dans les
esprits et pour que l'on puisse mettre obstacle
à toute tentative de désordre. L'instruction judi-
ciaire ouverte se poursuit régulièrement et avec
toute la célérité désirable. L'autopsie de M.
G al mot a eu lieu avec toutes les garanties né-
cessaires ; l'analyse chimique se poursuit et
l'empoisonnement par arsenic se précise. Des
charges pèsent sur la domestique de M. Gai-
mot, mais celle-ci oppose des dénégations.
Les trois victimes des derniers troubles dont
les noms n'étaient pas encore connus sont :
MM. Rezbia et Jubel, anciens conseillers mu-
nicipaux, et Eustache Saint- Y ves, employé du
Trésor. -- - --
Des maisons ont été saccagées, celle, de M.
Clément, l'une des victimes précédemment
nommées, et celle de M. Gober, ancien maire.
0*
Souvenirs sur Jean Galmot
.Ir ..-
Jean Galmot^» qui aujourd'hui repose de
l'éternel sommeil, a e.u une très belle presse.
Voici quatre anecdotes que publient, entre
autres, nos confrères - :
Philosophie
Jean Galmot, qui vient de mourir de fa-
çon encore mystérieuse, à Cayenne, comptait
beaucoup d'amis au temps où ses affaires
prospéraient. Mais dès qu'il fut ruiné, en
proie aux difficultés financières et aux pour-
suites judiciaires, il vit bientôt le vide se
faire autour de lui. Il vérifia ainsi la vérité
du fi donec eris felix. » du poète latin.
Cet abandon lui fut plus sensible que la
perte de sa fortune. D'avoir mesuré l'éten-
due de l'ingratitude humaine l'avait rendu
un peu triste et réservé, lui qui, jadis, était
la gaité même.
Générosité
Galmot. cependant, était demeuré d'une
générosité qui confinait à la prodigalité. Au
moment même où ses affaires prenaient une
tournure fâcheuse et commençaient à l'in-
quiéter, il donnait de somptueuses étrennes
à ses employés. Un jour, il trouve dans
l'antichambre de ses Our, il trouve dans
l'antichambre de ses bureaux une douzaine
de dactylos entourant un marchand de bi-
joux, qui essayait de tenter ces demoiselles
.Iuj. draat à crédit bagnes «t- colliers.
Bifert qu'il ne connût qu'à peine de vue la
plupart de ces jeunes filles, il paya comp-
tant tous les joyaux proposes et leur dit de
se les partager. Puis, il disparut brusque-
ment pour aller travailler.
Son geste lui avait coûté dix mille francs.
Courage
Jean Galmot a donné dans sa vie de
grands exemples d'énergie.
L'un des plus remarqués fut celui de sa
défense à la Chambre-lorsque la levée de
son immunité parlementaire fut demandée
par le procureur général.
La discussion devait venir en séance à la
fin de l'après-midi. Jean Galmot était au lit
avec 40 degrés de fièvre. Un de ses amis
demanda le renvoi de la discussion, mais la
Chambre le refusa et consentit seulement
une suspension de séance.
Jean Galmot prit alors une forte dose de
quinine, se leva et vint au Palais-Bourbon.
A la reprise de la séance, il était à son banc
et s'expliquait sur les poursuites dont il était
l'objet, acceptant d'ailleurs, non sans une
certaine crînerie, la levée de son immunité.
Qui ?
Lorsque Jean Calmot s'embarqua pour la
Guyane, il était plus riche d'espérances que
d'argent. Pour ajouter quelques billets à son
pécule, il offrit ses services au commandant
du bord, à la fois comme aide-matelot et
comme secrétaire. Agréé, Galmot fit ainsi la
connaissance d'un malheureux aide-cuisinier
dont l'esprit alerte le frappa. Il se lia d'ami-
tié avec lui.
L'aide-cuisinier demanda à être débarqué
dans une île des Antilles où venait d'être
installée une pêcherie de perles.
De nombreuses années s'écoulèrent. Jean
Galmot fit fortune. Un jour, voulant faire un
cadeau, il se rendit, pour choisir un collier,
chez un des plus gros négociants en perles
fines de Paris et d'Europe.
Quelle ne fut pas sa stupéfaction en re-
connaissant dans ce dernier le petit aide-cui-
sinier débarqué aux Antilles qui, après de
fabuleuses aventures, était devenu le grand
joaillier qu'il est encore.
I fne opinion anglaise
sur le bagne de la Guvane
-'– l' *-–
L'écrivain Clarke, de Liverpool, publiera
prochainement un livre dans lequel il ra-
conte ses propres expériences et donne ses
impressions sur les bagnes français de l'Ile
du Diable et de Saint-Laurent de Maroni,
qu'il a été amené à connaître au cours d'un
récent voyage.
La mort d'un explorateur
.8.
Un explorateur de régions inconnues,
mais bien connu. naraît-il. vient do mourir
rue Pierre-Charron, aux Champs-Elysées,
comme il convient, près de l'Arc de Triom-
phe. 11 s'appelait André Rémon.
Grave étearrferie d'un Colonial
10411,
M. Lacombc, administrateur des services
civils de l'Indochine, en villégiature à Vichy,
avait oublié son portefeuille renfermant une
somme de 6.000 francs sur la table de son
lavabo à l'hôtel où il était descendu. Quand
il s'aperçut de son oubli, quelques instants
plus tard, il se hâta de remonter dans sa
chambie, mais le portefeuille avait disparu.
La police recherche le voleur.
Encore à propos de la lèpre
.8. ̃
L'inauguration à l'Hôpital Saint-Louis d'un
futur pavillon des Lépreux a donné un regain
d'actualité à la question si ancienne et cepen-
dant si mal connue encore de la terrible affec-
tion. Comme les autres articles écrits à ce su-
jet, celui paru dans le numéro du 2 août der-
nier des Annales Coloniales contient de légères
erreurs en regard d'incontestables vérités. Ain-
si, parmi les lépreux rencontrés par hasard dans
Paris, il existe plus d'étrangers que d'anciens
soldats coloniaux, et parmi ceux qui sont soi-
Snés à Saint-Louis, il serait curieux d'établir
la statistique proportionnelle des citoyens de la
Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane.
par exemple)
Un des aspects les plus mystérieux de la
lèpre demeure son mode de contamination.
Voici sur ce point deux faits différents. Un
cas de lèpre, dont le signataire de ces lignes
fut témoin en 1911, contractée à Nouméa sur
un Français, habitant un appartement précé-
demment occupé par une famille lépreuse, et
vide depuis deux ans au moment où ce der-
nier en prit possession.
Ensuite, l'auteur de ces lignes est demeuré
indemne (jusqu'à nouvel ordre peut-être, mais
depuis deux ans), bien qu'ayant touché, palpé
et traité un nombre assez considérable de lé-
preux de tout ordre, sans gants, ni aucune
précaution spéciale.
Somme toute, il pense que la principale
cause de contamination doit être recherchée
dans les locaux déjà habités par des lépreux,
notamment dans la poussière de ces locaux, par
suite dans les tapis, d'Orient ou non, qui peu-
vent les garnir.
A I appui de cette opinion, il note encore le
mode de contamination semblable d'une autre
maladie tropicale, le « pian x, contagieuse celle-
là, en outre, d'homme à homme. Aux îles
Wallis, par exemple, les cases indigènes sont
tapissées de nattes soigneusement balayées
tous les jours. L"indolence native exige seule-
ment que les tas de poussière demeurent un
certain temps avant d être enlevés. de sorte
que les petits en f ants ont tout le loisir de s' y
rouler copieusement, ce à quoi ils ne manquent
pas. Or, pas un petit enfant n'y échappe, au
pian. Mêmes résultats issus des mêmes causes,
dans le Pacifique, l'Afrique Noire, et encore,
I Indochine.
En ce qui concerne la géographie de la lè-
pre, l'article susvisé reproduit, comme tous les
autres, l'affirmation de : Madagascar, la Nou-
velle-Calédonie, la Cochinchine et l'Orient
comme principaux foyers lépreux. Pourquoi ou-
blie-t-on toujours l'Afrique noire ? Parce qu' en
réalité, on ignore ce qui s'y passe à ce sujet.
Mais il est, à cette ignorance, quelques raisons
valables.
D'abord, il s'agit d'un continent, et im-
mense, où les lépreux sont nécessairement plus
disséminés qu'ailleurs. Ensuite, on n'a jamais
même songé à procéder à leur recensement :
l' opération excéderait, de combien, les possi-
bilités budgétaires 1 Comment donc se serait-on
fait, dans ces conditions, une idée, même ap-
prochée, de la diffusion de la maladie dans le
continent noir ? Objectera-t-on que, cependant,
l'élément lépreux y vit en liberté, dans les
villages de culture, les villes, voire les capi-
tales, sans qu on lui prête même attention ?
Que t certains malades bien connus exercent
jusqu'à des fonctions publiques, dans les ate-
liers, les bureaux ? Oui, mais l'immense ma-
jorité des lépreux africains réside dans la brous-
se, dont elle ne sort pour ainsi dire jamais, pas
même au passage des rares médecins suscep-
tibles de la parcourir. Que feraient, en l'es-
pèce, ces praticiens ?
Toutefois, à la suite de l'adoption d'une mé-
thode nouvelle de traitement, encore dans la
voie des recherches, mais ayant fourni déjà d'in-
téressants résultats. celui, entre autres, de
faire surgir, comme de terre, un nombre de
lépreux insoupçonné de 1 auteur lui-même jus-
que-Ià, voici qu'une estimation de la diffusion
de la lèpre en Afrique est devenue poesible.
En un seul cercle de la Guinée française (qui
en compte 17), le soussigné a, en effet, traité
plus de 2.000 lépreux en un an (1927). Enten-
dons des malades venus tous spontanément cher-
cher ses soins. Il en existe donc certainement
d'autres, non encore dépistés. En calculant pour
l'ensemble de l'A. O. F., on peut admettre
une proportion de 5 %, au minimum, de lé-
preux par rapport au reste des populations au-
tochtones. Il en est vraisemblablement de même
pour les colonies noires étrangères du Continent
africain. On saisit mieux maintenant l'impor-
tance de ce considérable foyer méconnu. En
comptant 34 millions d'habitants en France, la
même proportion y donnerait t. 700.000 lé-
preux.
JV Victor Brocliard
Ancien médecin des troupes coloniales.
Le sucre du Caroubier
Les caroubes, fruits du caroubier, un des
arbres les plus précieux de la zone africaine par
la valeur de son bois utilisé en marqueterie,
renferment des graines immergées dans une
pulpe sucrée comestible, quoique de saveur peu
agréable.
- -
Incontestablement, elles contiennent du su.
cre. Toutefois, les tentatives faites jusqu'à ce
jour pour l' extraire étaient demeurées infruc-
tueuses.
Or, un savant, le professeur Oddo, serait
parvenu à extraire le sucre de la pulpe en em-
ployant comme dissolvant l' alcool éthylique ou
méthylique. Le procédé serait d' une très grande
simplicité. Quant au sucre ainsi extrait, il serait
facilement purifiable et pourrait être employé
immédiatement dans l'alimentation.
Ce serait ainsi, à plus ou moins bref déW
une petite révolution dans l' industrie sucrière
mondiale.
L'Aviation Coloniale
Marseille-Alger
La ligne aérienne Marseille-Alger1 vienft-
d'être ouverte au trafic. L'appareil, parti
de Marseille à 5 h. 45, a traversé la Médi-
terranée en 4 heures, sans escale, soit en-
viron 800 kilomètres, arrivant à Alger en
9 h. 45. - -- --
Le3 autorités algériennes se trouvaient à
l'arrivée de l'hydravion.
Le service aura lieu régulièrement : hl
dimanche, avec départ de Marseille, et Id
mercredi d'Aler. Dès le 1er septembre, i'
dimanche, d'Alger. Dès le 1er septembre, if
fonctionnera trois fois par semaine, dans
chaque sens, en attendant la liaison jour-
nalière prévue pour l'année 1929.
Maroc
M. Daurat, qui avait été envoyé en mis-
sion alin d'obtenir la libération des avia-
teurs Heine et Serre, prisonniers des Mau-
res, est passé hier à Casablanca, rentrant
en France par la voie des airs.
M. Daurat, qui a pris contact aussi bien
avec les autorités espagnoles du Cap Juby
et de Villa-Cisneros qu'avec le gouverneur.
de la Mauritanie et le Gouverneur Général
de l'A. O. F., estime que - la - - libération des;
prisonniers présente de sérieuses diflicuiU»
en raison de la politique d'indifférence adop-
tée par l'Espagne à Hio del Oro et aussi
par suite de l'impossibilité où nous sommes
d'exercer un droit de poursuite que les
Annales Coloniales ne cessent de réclamer
en territoire espagnol.
Reine et Serre sont en bonne santé. Ils
sont prisonniers d'une tribu qui avait com-
mencé les négociations en vue du rachat,
lorsqu'un fort rezzou, organisé pour piller
la Mauritanie, la prévint que si elle rendait
les aviateurs français sans obtenir des au-
torités européennes la libération de ses
propres prisonniers, il exercerait sur elle
des représailles sanglantes et la razierait
complètement.
Cette circonstance a coupe court a tous
les pourparlers. Actuellement, la cupidité
des chefs maures qui détiennent les avia-
teurs peut seule hAter la solution.
Paris-Le Cap-Paris
Le mauvais temps retarde les aviateurs
Mauler et Baud dans leur voyage de retour
du Cap ; pourtant malgré les intempéries,
1 avion Cinéma était hier dimanche, venant
de Bomako, à Dakar.
En Amérique du Sud
T/aviateur français Georges Souchetn, de
la Compagnie générale aéropostale, a ef-
fectué le 10 août, le trajet DUfmos-Aires-Rfo
de Janeiro en une seule journée, en 17
heures 30 de vol, après escales à Porto-
Alègre et à Fiorianopolis.
Les bovidés en Cochinchine
1"
L'élevage de la race Sind
Le Conseil colonial de Cochinchine a émis ̃
le vœu que l'Administration fasse pour l'éle-
vage des bovidés un effort analogue à celui
qu elle fait pour l'élevage du cheval.
En effet, la Cochinchine est tributaire des
pays environnants pour son approvisionne-
ment en animaux de labour. Les importa-
tions sont, par surcroit, pleines de danger.
Elles n'ouvrent que trop facilement la por-
te à la peste bovine. Calamité extrêmement
redoutable.
La Cochinchine n'est pas un pays d'éle-
vage. Ses besoins allant en augmentant, elle
est dans l'impossibilité de produire elle-mê-
me ce bétail. Elle peut y contribuer pour-
tant dans une certaine mesure.
Des expériences d'élevage tentées, il ré-
suite que la race du Sind réussit très bien
en Cochinchine. Dès IQ.', un remarquable
troupeau de jeunes animaux de cette race
était débarqué à Saïgon. Après la répartition,
il resta au gouvernement de la Cochinchine
cinq taureaux et quelques génisses qui fu-
rent installés dans la bouverie du haras de
Tan-Son-Nhut et gardés comme reproduc-
teurs. Ces animaux s'acclimatèrent parfai-
tement et donnèrent par la suite des produits
de très belle venue.
Résistant bien à la translation de l'Inde
en Cochinchine, la race Sind s'y entretient
et s'y multiplie normalement. Les femelles
possèdent de remarquables qualités laitières
sur lesquelles le climat n'influe pas défavo-
rablement. Il est à noter que les résultats
obtenus l'ont été à peu de frais, sans soins
spéciaux et dans les mèrncs conditions d'en
tretien que pour les vaches annamites.
I.a réponse au venu exprimé par le Con
seil colonial se trouve oonr; tout entière
dans le développement de cet élevage d'ani-
maux indiens. Qu'on multiplie donc les ef
fectifs du troupeau qui sont restés jusqu'ici
encore trop faibles. Après une exnérience de
cinq années, on peut affirmer que la ques-
tion du lait, posée par la Haute Assemblée
Cochinchinoise est facile à résoudre, an
moyen de la race laitière du Sind. L'aug-
mentation rapide du cheptel bovin par l'ac-
climatation de la race indienne en Cochin.
chine est donc grandement souhaitable. On
ne fera jamais trop pour encourager les éle.
veurs, surtout au début de l'exploitation de
la race nouvelle.
3g. W n.
A la Chambre de Commerce
de Majunga
Au cours de sa dernière réunion la Cham.
bre de commerce de Majunga a procédé a
l'élection de son bureau: M. Roffast a été
ré:;lu ̃ présidrnt. M. Abelhauscr zice-prési-
dent et M. Troccou secrétaire.
Ont'été ensuite délégués : à l'nftitc ré-
gintt.if du travail de Majunga : MM. Main-
gouy et de Coudenhove; au Tiibun:-J d'athi.
trage de Majunga : MM. Cadet ct Hodemcr;
à l'Office régional du travail de Marovoay :
MM. Porte et Ibnch: au Conseil d'arbitrage
de Marovoay : MM. Porte et Rauch.
Standardisation des produits
Ta Chambre décide de demander que la
réglementation actuellement envisagée POUI
la standardisation des produits consiste es-
sentiellement, tout d'ahord en une lutte sé-
LU NUMERO# t 10 CBNTIMIIS
LUNDI SOIR, 13 AOUT 1908.
JOURIAL QUOTIDIEN
a
Rédaction & Administration :
M, an il Mt-Tfeaiir
PARIS CM
Tll ÉPII. 1 LOUVMt IMI
IMÉCHMIRU 87.
t, .» 0 l
¡ Les Anna/es Coloniales
i es 17n c7le r-.e
La annonce» et réclame» sont r." au
bureau du journal.
DIRECTEURS : Marcel RUEDEL et L.-G. THBAUL T
Tous les articles publiés dans notre iournal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les ANNALES COLONIALES.
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France et
Colonies 120 » 65 » 31.
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Main-d'œuvre aux Colonies
Dans quelle mesure et par quels moyens
les engins mécaniques peuvent-ils être em
ployés aux colonies pour compenser l'insuf-
tiSance de la main-d'œuvre? Pour ce qui
concerne la production, demandons-le à
l'étude publiée par M. Léon Géraud, di-
recteur général des Consortiums forestier et
maritime des grands réseaux français, dans
la brochure intitulée : La Main-d'Œuvre
agricole aux Colonies (Association, Colonies,
Sciences)..
Nos colonies, comme la France elle-même,
sont avant tout des colonies agricoles. Riz
en Cochinchine, au Tonkin, à Madagascar;
arachide au Sénégal; cacao a la Cote
d'Ivoire, au Dahomey, et au Cameroun; su.
cre aux Antilles et à la Réunion, et aussi
en Indochine et à Madagascar; café à Ma-
dagascar et en Indochine; thé en Indochine,
dans l'Annam et au Tonkin; manioc, ta-
pioca, vanille, poivre, cannelle, bananes, etc.
que sais-je encore? Bref, la culture par l'in-
digène est le premier élément de la vie éco-
nomique de nos provinces lointaines. Par
conséquent, chaque perfectionnement des
- - - - ---_- .1-
méthodes de culture, cnaque progrès uc
l'outillage agricole a ses répercussions im-
médiates sur leur prospérité.
M. Léon Géraud rite un exempte carac-
téristique : celui de la Guinée. En 1914,
M. le Gouverneur général Poiret entreprend
l'œuvre de longue haleine qui consiste à
substituer aux procédés indigènes rudimen-
taires l'usage de la charrue de labour. En
1914, 9 laboureurs labouraient 40 hectares;
au 30 juin 1926, 1.184 cultivateurs utili-
saient la charrue pour cultiver 6.238 hec-
tares.
'1 t ---
Deux bœufs attelés a la rnarrue laoou-
rent seize fuis la surface cultivée par un
indigène; au lieu de 6 ou 800 kil. de grains,
l'hectare en produit de 2.000 à 2.400 kilos.
Rendement multiplié par le coefficient 40,
économie de main-d'œuvre considérable,
voilà les bénéfices.
Les mêmes tentatives sont poursuivies
dans les autres colonies de l'A. O. F. Ou
a le droit d'espérer qu'elles auront les mfc
mes conséquences heureuses. De même à
Madagascar, dès que l'usage de la charrue
sera devenu général. C'est à cela que l'ad-
ministration doit s'employer. Elle s'y inté-
resse d'ailleurs.
les bras des travailleurs : « il est inadmissi-
ble, alors que la pénurie de main-d'œu.
vre rend précaire la vie de beaucoup d'ex-
ploitants, que des entrepreneurs de travaux
publics effectuent encore des travaux de ter-
rassement presque sans outillage mécanique ».
M. Léon Géraud réclame des clauses extrê-
mement sévères à cet égard dans les cahiers
des charges établis par l'Etat, la colonie,
les municipalités. Il a absolument raison,
d'autant plus que la situation est très
simple : c'est à prendre ou à laisser.
De même pour toutes les exploitations qui
reposent sur ,une concession de l'Etat, c'est-
à-dire sur un abandon des droits de l'Etat
au profit de ces exploitations elles-mêmes :
concession rurale, concession forestière..
concession minière : « la concession est un
acte bienveillant de l'Etat et il est tout à
fait légitime qu'il en subordonne l'octroi à
certaines obligations propres à empêcher le
gaspillage de la main-d'œuvre ». Parbleu !
-On ne saurait mieux dire. Donnant, don-
nant. Je vous cède mes droits, c'est bien
le moins que l'usage que vous en ferez soit
soumis à certaines règles : la première est
que vous n'épuisiez pas, là où vous pou-
vez vous en passer, là où il est de votre in-
térêt de vous en passer, les maigres ressour-
ces en hommes du pays qui vous est confié.
Et M. Léon Géraud fait un paragraphe
spécial réservé à l'exploitation forestière.
Ici, la besogne la plus pénible et de beau-
coup, est celle du débardage. Or, il est
regrettable que le débardage soit effectué
à bras, depuis le point où l'arbre est abattu
jusqu'au point où le bois doit être évacué.
Il est inadmissible que l'Etat ne tienne pas
ce langage aux exploitants : il est bien en-
tendu que vous ne prendrez possession de
votre périmètre que le jour où vous aurez
établi que vous avez à votre disposition le
matériel minimum comprenant voies ferrées,
plateformes, apparaux de manœuvre, sans
cela rien à faire ; vous n'aurez pas de con-
cession.
Ce sont des charges obligatoires trop
lourdes !
Etes-vous certain qu'elles seront fina-
lement plus lourdes que celles qui consis-
tent à travailler sans ce matériel ? Ce sont
des dépenses de premier établissement qui,
parfois, apparaîtront comme fort désagréa-
bles. - D'accord. Mais dans quelle entreprise
n'en ept-il pas de même, et n'est-ce pas à
l'home d'affaires de faire des calcul s avec
précision ? Quoi qu'il en soit, l'Etat est tout
à fait dans son droit, tout à fait dans son
rôle lorsqu'il s'oppose à ce qu'on • exploite
une concession due à sa bienveillance en rui-
nant les ressources de la main-d'œuvre indi-
gène dont il a besoin, dont d'autres ont he.
soin, et qui leur manquent. J'inscris dans
!ë 'cahier des charges l'obligation d'avoir un
matériel oui triple, quadruple ou quintuple
le rendement de chaque ouvrier, et par
là je divise par 5, par 4 011 par 3, le nom-
bre des travailleurs prélevés sur l'ensemble,
sans compter que les indigènes employés
se trouveront dans des conditions meilleures
pour leur santé. Alors, aucune hésitation
n'est possible.
Telles sont quelques-unes, au moins, des
idées de M. Léon Géraud. Elles ne suffi-
raient pas à apporter une solution au pro-
blème redoutable ; il suffit de parcourir le
reste de la brochure de l'Association Co-
lonies-Sciences pour s'en convaincre aisé-
ment; mais ces mesures, jointes à d'autres,
parmi lesquelles celles qui ont trait à l'or-
ganisation de l'hygiène individuelle et so-
ciale passent au premier plan, constitue-
raient un ensemble destiné à fortifier, à pré-
server la race, en attendant qu'elle soit mul-
tipliée au point de nous fournir la main-
d'œuvre qui nous fait défaut.
Mmrim Mawtmtmn,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colontes.
A la mémoire do général Baratier
.e
La Ville de Paris vient d'honorer la mémoire
d'un des membres de la mission Marchand, nous
pourrions dire d'un des membres les pl. impor.
tants de la mission Coaao-Nil, tué pendant la
grande guerre.
Au nom de Louis de Suffren, dans une rue
avoisinant le Champ-de-Mars, est substitué
celui du X général Baratier, dont les cen dres re*
• « 1 f 1 n •
posent à \ormICY. dans la foret ae nelms. pres
des Gueux, village natal de l' auteur des trois
livres remarquablement écrits : A travers VAfri-
que, Epopées africaines. A travers le Continent
noir.
Baratier, quii avait connu Marchand à la co-
lonne Monteil, jalonna la route de la mission
Congo-Nil. En 42 jours de dures étapes, Ba-
ratier, en compagnie de l'interprète Landeroin,
explorait le Bar-el-Ghazal et atteignait le lac
Nô d'où cette rivière se jette dans le Nil. Au
retour, il sauvait Largeau qui, dix-sept ans plus
tard, devait tomber comme lui face à l'ennemi
dans les tranchées de première ligne. - -
Largeau, Marchand, Baratier, de la grande
épopée africaine, ne seront jamais trop honorés
par les Français qu'ils ont dotés d'un immense
empire colonial.
FRANCE ET MARCC
S. M. Sidi Mohamed rentrera au Mottte
le 23 août prochain. Quant à M. Steeg, on
ne croit pas qu'il puisse regagner son poste
avant la première quinzaine d'octobre.
M. Urbain Blanc, délégué à la Résidence,
assurant l'intérim, vient d'être frappé d'un
gros accès de paludisme. Mais son état s'est
amélioré et il pourra, sous peu, reprendre
ses hautes fonctions.
.1.
La mort d'un héros
Le docteur Chatinières, qui mourut du ty-
phus à Taroudant et reçut sur son lit de
mort la médaille des épidémies, vient d'être
cité à l'ordre de la nation, ainsi que nous
l'avons relaté. Notre confrère Le Journal
publie une lettre écrite par cette victime du
devoir et montrant son état d'âme en face de
la mort. La voici, à titre d'exemple :
Cette fois, je suis pincé. le m'y attendais
un peu, malgré toutes les précautions prises.
Il était difficile de ne pas accrocher un fou
infecté. La pouillerie à laquelle nous avons
affaire ici en est couverte d'une couche
grouillante. Nous commençons à en être maî.
tres seulement depuis huit jours.
J'en suis à mon troisième jour. l'ai voulu
pendant quarante-huit heures me figurer que
c'était du paludisme ou un accès hépatique.
La température se maintient entre 390 et
400 et la langue est caractéristique,.
Mon moral est excellent ; de ce côté je suis
tranquille. Ma femme est un peu boulever-
sée, mais très courageuse. Nous envisageons
ensemble toutes les éventualités, surtout les
pires, avec le plus grand sang-froid. Il faut
profiter de ce que j'ai encore ma lucidité.
Nous ne regrettons pas d'être venus à Tarou-
dmlt, mais en cas de dénouement fatal, je de-
mande à ton amité de t'occuper des miens>
etc., etc.
Le docteur Chatinières aura prouvé que le
Maroc renferme des nommes qui savent lut-
ter et se sacrifier pour le bien de l'humanité.
PHILATÉLIE
.1.
Maroc
Depuis le 29 juillet dernier, les premiers
timbres de la nouvelle série de bienfaisance
du Maroc sont livrés aux souscripteurs.
Les nouvelles vignettes, dont les sujets
sont empruntés à la collection de l'excellent
photographe Flandrin, sont en tous points
remarquables.
Cette série ne pourra que faire davantage
honneur aux timbres marocains par sa réa-
lisation que M. Dubcauclard, directeur géné-
ral de l'Office des P. T. T., a voulu parfaite.
Actuellement, le public peut se procurer
la série complète dans les différents bureaux
de poste du Maroc où elle est mise en vente.
La Vigie Marocaine affirme que les sous-
criptions ont été très nombreuses et que le
premier essai de timbre de bienfaisance,
tenté par M. Dubeauclard, aura été un suc-
cès dont le bénéfice permettra de soulager
bien des misères.
Aux Conseils des Prud'hommes
181
î/t médaille d'honneur des conseils des pru-
d'hommes a été décernée à MM. Î.hahn.ne. ment-
,bre patron du confit do prud'hommes d'Alger;
r.lioudarvl AMolknder, membre ouvrier du con-
seil ae prud'hommes d'Aller.
,
Une dime a Timgad
On écrit aux Annales Coloniales
et ce n'est pas la première lettre
du aenre : 1 OuattéT donc Tint*
gad-la-M ervetlleuse sera-t-ellle définitive-
ment mise à jour 1 Ce qu'on voit déjà est
bien beau et d'un art monumental sans rt-
val. N'est-te pas une raison pour souhaiter
voir activer les travaux des fouilles 1 »
Si le style de nos correspondants varie,
leur motif épistolaire est le même : quand
Timgad sera-t-elle complètement ressuscitée
de ses sables.
le répondrai ici à ces impatients bien
excusables d'ailleurs. 1
Quand les admirateurs de la belle ville
romaine verseront une dîme ce qu'ils
n'ont encore jamais fait pour contempler
les magnificences de Timgad-la-Morte.
Nous ne visitons un musée, dans le moin-
dre petit trou de France, sans que notre obole
emplisse Vescarcelle du gardien, collecteur
du péage artistique de la localité.
Dans la plus grande de nos provinces, -
j'ai dit l'Algérie - rien de tel, ou tout
au moins en ce qui concerne les beautés de
Timgad ouvertes comme moulins.
Un budget de quelque cent mille francs
est, il est vrai, alloué aux fouilles. Mais, la
main-d'oeuvre est chère. Le travail accom-
pli là-bas, n'est pas de ceux qu'on exécute
à la mécanique ou en série.
Sortir la pierre ou la mosaïque du sable est
la première phase de la tâche. C'est loin
d'être toute la tâche. Pour dresser au grand
jour et à l'admiration dr.,¡ touristes -
l'auv,e multiple et ancienne, il faut établir,
consolider, voire même raboter une pierre
de voûte, ajuster le faite d'un pilier, a ra-
diablcr », comme disent les sculpteurs pi-
cards qui donnent leurs soins aux 'lJ;eilies
pierres des cathédrales en ruines. Et cela
coûte cher.
Certes, les touristes ne se plaignent pas
de leur visite à Timgad. Seuls les orfèvres
insistent et réclament une exhumation plus
totale. Ils ont raison.
La ville est déjà fresque entièrement sor-
tie de terre el je n'insisterai pas sur la par-
faite beauté qtioffre la vue d ensemble de la
Pompet de notre Afrique du Nord, dont on
a maintes fois parlé - dans ces colonnes. Mais
les faubourgs et les ctmettères (tloust ste-
cles reposent-là, et les restes de ce passé
humain ne nous sont connus encore que par
deux squelettes), doivent être au plus tôt
désensablés. - • - «
Le Gouvernement général, les senitees des
fouilles, les travailleurs ont unis étroitement
leurs efforts dans fauvre commune. Chacun
a fait son devoir en cette affaire. Sauf
les touristes. En sont-ils responsables 1
Même pas. Personne ne leur a jamais rien
demandé. Et cependant l'argent fait dé-
faut.
Qu'on perçoive donc une dîme aussi mo-
dique soit-elle, à l'entrée de Timgad ou de
son musée. Rien n'est plus utile pour mener
jusqu'au bout et rapidement cette œuvre
nationale que les touristes du monde enttïr
ne demandent qu'à venir admirer. Rien n'est
plus utile tri plus logique Personne au
surplus ne songera à s'en étonner.
C'est ce que vient de faire la Régence. Par
décret, on a taxé l'entrée de ses mines. Ce
décret a même déjà reçu sa première appli-
cation à Vamphithéâtre d'El-D;em, dont le
droit d'entrée (f ctc fixé à 1 fr. 25.
D'ailleurs, la auestion a déjà été étudiée,
même résolue affirmativement, 1t crois, en
Algérie. Elle n'a pas encore reçu d'exécution.
Que ce soit un fait dès octobre prochain, épo-
que à laquelle le premier contingent des dix
mille touristes annuels commencera à graviter
vers Timgad.
50.000 francs peuvent être facilement ré-
cupérables en un an par ce moyen. Cette
somme supplémentaire est trop nécessaire au
prompt aboutissement des travaux elttrepris,
pour qu'on n'en fasse pas cas.
Les premières fouilles furent commencées
autour d'un arc de triomphe que les sa-
bles, au cours des siècles, n'avaient pu com-
plètement ensevelir. N'est-il pas temps de
nous en approprier le symbole f
EfVoiiffrff V/ron,
Sénateur de la Haure-LOfre,
Vice-président de la Commission
des Domnes.
Littérature et Colonies
Marius Leblond
Au titre du Ministère des Colonies, nous
avons signalé que le co-directeur de La Vie,
l'excellent romancier Marius Leblond qui fit,
avec Ary, la Sarabande, le Miracle de la
Race et Ulysse Casre ou lilistoire dorée
d'un noir, avait été promu officier de la Lé-
gion d'Honneur.
Rappelons que ce probe écrivain, qui a fait
de si jolis livres coloniaux, est originaire de
la Réunion.
Le docteur Burnet
D'autre part, le docteur Etienne Burnet,
sous-directeur de l'Institut Pasteur à Tunis
et auteur de Loin des icônes et de la Porte
du Sauveur, roman de la vie russe, est fait
officier au titre du ministère de l'Hygiène.
Simone Téry
Feu Gustave Téry, qui aimait beaucoup sa
fille et lui avait assuré une place enviée à
l'Œuvre, lui avait confié avant de mourir un
grand reportage sur l'Indochine. Cette jeune
femme, agrégée comme son père, s'était déj?l.
fait remarquer dans la presse par deux pré-
cédentes enquêtes sur l'Irlande et sur la
Chine en révolution.
La situation - à la Guyane
T
Nous recevons du Ministère des Colonies le
communiqué suivant :
, jLfp information» parvenue» déjà G.
hier dimanche et ce matin au Ministère J'et
CÓlorriea, ne signalent pas de troflbla nouveaux
à Cayenne, depuis les incidents qui se sont pro-
duits il y a quelques icndS. Néanmoillf, les di-
vers élémenl3 que comprend la population de
la 'colonie obligent les autorités locales à de-
meurer très attentives. Les dispositions sont
prises pour que l'apaisement se fasse dans les
esprits et pour que l'on puisse mettre obstacle
à toute tentative de désordre. L'instruction judi-
ciaire ouverte se poursuit régulièrement et avec
toute la célérité désirable. L'autopsie de M.
G al mot a eu lieu avec toutes les garanties né-
cessaires ; l'analyse chimique se poursuit et
l'empoisonnement par arsenic se précise. Des
charges pèsent sur la domestique de M. Gai-
mot, mais celle-ci oppose des dénégations.
Les trois victimes des derniers troubles dont
les noms n'étaient pas encore connus sont :
MM. Rezbia et Jubel, anciens conseillers mu-
nicipaux, et Eustache Saint- Y ves, employé du
Trésor. -- - --
Des maisons ont été saccagées, celle, de M.
Clément, l'une des victimes précédemment
nommées, et celle de M. Gober, ancien maire.
0*
Souvenirs sur Jean Galmot
.Ir ..-
Jean Galmot^» qui aujourd'hui repose de
l'éternel sommeil, a e.u une très belle presse.
Voici quatre anecdotes que publient, entre
autres, nos confrères - :
Philosophie
Jean Galmot, qui vient de mourir de fa-
çon encore mystérieuse, à Cayenne, comptait
beaucoup d'amis au temps où ses affaires
prospéraient. Mais dès qu'il fut ruiné, en
proie aux difficultés financières et aux pour-
suites judiciaires, il vit bientôt le vide se
faire autour de lui. Il vérifia ainsi la vérité
du fi donec eris felix. » du poète latin.
Cet abandon lui fut plus sensible que la
perte de sa fortune. D'avoir mesuré l'éten-
due de l'ingratitude humaine l'avait rendu
un peu triste et réservé, lui qui, jadis, était
la gaité même.
Générosité
Galmot. cependant, était demeuré d'une
générosité qui confinait à la prodigalité. Au
moment même où ses affaires prenaient une
tournure fâcheuse et commençaient à l'in-
quiéter, il donnait de somptueuses étrennes
à ses employés. Un jour, il trouve dans
l'antichambre de ses Our, il trouve dans
l'antichambre de ses bureaux une douzaine
de dactylos entourant un marchand de bi-
joux, qui essayait de tenter ces demoiselles
.Iuj. draat à crédit bagnes «t- colliers.
Bifert qu'il ne connût qu'à peine de vue la
plupart de ces jeunes filles, il paya comp-
tant tous les joyaux proposes et leur dit de
se les partager. Puis, il disparut brusque-
ment pour aller travailler.
Son geste lui avait coûté dix mille francs.
Courage
Jean Galmot a donné dans sa vie de
grands exemples d'énergie.
L'un des plus remarqués fut celui de sa
défense à la Chambre-lorsque la levée de
son immunité parlementaire fut demandée
par le procureur général.
La discussion devait venir en séance à la
fin de l'après-midi. Jean Galmot était au lit
avec 40 degrés de fièvre. Un de ses amis
demanda le renvoi de la discussion, mais la
Chambre le refusa et consentit seulement
une suspension de séance.
Jean Galmot prit alors une forte dose de
quinine, se leva et vint au Palais-Bourbon.
A la reprise de la séance, il était à son banc
et s'expliquait sur les poursuites dont il était
l'objet, acceptant d'ailleurs, non sans une
certaine crînerie, la levée de son immunité.
Qui ?
Lorsque Jean Calmot s'embarqua pour la
Guyane, il était plus riche d'espérances que
d'argent. Pour ajouter quelques billets à son
pécule, il offrit ses services au commandant
du bord, à la fois comme aide-matelot et
comme secrétaire. Agréé, Galmot fit ainsi la
connaissance d'un malheureux aide-cuisinier
dont l'esprit alerte le frappa. Il se lia d'ami-
tié avec lui.
L'aide-cuisinier demanda à être débarqué
dans une île des Antilles où venait d'être
installée une pêcherie de perles.
De nombreuses années s'écoulèrent. Jean
Galmot fit fortune. Un jour, voulant faire un
cadeau, il se rendit, pour choisir un collier,
chez un des plus gros négociants en perles
fines de Paris et d'Europe.
Quelle ne fut pas sa stupéfaction en re-
connaissant dans ce dernier le petit aide-cui-
sinier débarqué aux Antilles qui, après de
fabuleuses aventures, était devenu le grand
joaillier qu'il est encore.
I fne opinion anglaise
sur le bagne de la Guvane
-'– l' *-–
L'écrivain Clarke, de Liverpool, publiera
prochainement un livre dans lequel il ra-
conte ses propres expériences et donne ses
impressions sur les bagnes français de l'Ile
du Diable et de Saint-Laurent de Maroni,
qu'il a été amené à connaître au cours d'un
récent voyage.
La mort d'un explorateur
.8.
Un explorateur de régions inconnues,
mais bien connu. naraît-il. vient do mourir
rue Pierre-Charron, aux Champs-Elysées,
comme il convient, près de l'Arc de Triom-
phe. 11 s'appelait André Rémon.
Grave étearrferie d'un Colonial
10411,
M. Lacombc, administrateur des services
civils de l'Indochine, en villégiature à Vichy,
avait oublié son portefeuille renfermant une
somme de 6.000 francs sur la table de son
lavabo à l'hôtel où il était descendu. Quand
il s'aperçut de son oubli, quelques instants
plus tard, il se hâta de remonter dans sa
chambie, mais le portefeuille avait disparu.
La police recherche le voleur.
Encore à propos de la lèpre
.8. ̃
L'inauguration à l'Hôpital Saint-Louis d'un
futur pavillon des Lépreux a donné un regain
d'actualité à la question si ancienne et cepen-
dant si mal connue encore de la terrible affec-
tion. Comme les autres articles écrits à ce su-
jet, celui paru dans le numéro du 2 août der-
nier des Annales Coloniales contient de légères
erreurs en regard d'incontestables vérités. Ain-
si, parmi les lépreux rencontrés par hasard dans
Paris, il existe plus d'étrangers que d'anciens
soldats coloniaux, et parmi ceux qui sont soi-
Snés à Saint-Louis, il serait curieux d'établir
la statistique proportionnelle des citoyens de la
Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane.
par exemple)
Un des aspects les plus mystérieux de la
lèpre demeure son mode de contamination.
Voici sur ce point deux faits différents. Un
cas de lèpre, dont le signataire de ces lignes
fut témoin en 1911, contractée à Nouméa sur
un Français, habitant un appartement précé-
demment occupé par une famille lépreuse, et
vide depuis deux ans au moment où ce der-
nier en prit possession.
Ensuite, l'auteur de ces lignes est demeuré
indemne (jusqu'à nouvel ordre peut-être, mais
depuis deux ans), bien qu'ayant touché, palpé
et traité un nombre assez considérable de lé-
preux de tout ordre, sans gants, ni aucune
précaution spéciale.
Somme toute, il pense que la principale
cause de contamination doit être recherchée
dans les locaux déjà habités par des lépreux,
notamment dans la poussière de ces locaux, par
suite dans les tapis, d'Orient ou non, qui peu-
vent les garnir.
A I appui de cette opinion, il note encore le
mode de contamination semblable d'une autre
maladie tropicale, le « pian x, contagieuse celle-
là, en outre, d'homme à homme. Aux îles
Wallis, par exemple, les cases indigènes sont
tapissées de nattes soigneusement balayées
tous les jours. L"indolence native exige seule-
ment que les tas de poussière demeurent un
certain temps avant d être enlevés. de sorte
que les petits en f ants ont tout le loisir de s' y
rouler copieusement, ce à quoi ils ne manquent
pas. Or, pas un petit enfant n'y échappe, au
pian. Mêmes résultats issus des mêmes causes,
dans le Pacifique, l'Afrique Noire, et encore,
I Indochine.
En ce qui concerne la géographie de la lè-
pre, l'article susvisé reproduit, comme tous les
autres, l'affirmation de : Madagascar, la Nou-
velle-Calédonie, la Cochinchine et l'Orient
comme principaux foyers lépreux. Pourquoi ou-
blie-t-on toujours l'Afrique noire ? Parce qu' en
réalité, on ignore ce qui s'y passe à ce sujet.
Mais il est, à cette ignorance, quelques raisons
valables.
D'abord, il s'agit d'un continent, et im-
mense, où les lépreux sont nécessairement plus
disséminés qu'ailleurs. Ensuite, on n'a jamais
même songé à procéder à leur recensement :
l' opération excéderait, de combien, les possi-
bilités budgétaires 1 Comment donc se serait-on
fait, dans ces conditions, une idée, même ap-
prochée, de la diffusion de la maladie dans le
continent noir ? Objectera-t-on que, cependant,
l'élément lépreux y vit en liberté, dans les
villages de culture, les villes, voire les capi-
tales, sans qu on lui prête même attention ?
Que t certains malades bien connus exercent
jusqu'à des fonctions publiques, dans les ate-
liers, les bureaux ? Oui, mais l'immense ma-
jorité des lépreux africains réside dans la brous-
se, dont elle ne sort pour ainsi dire jamais, pas
même au passage des rares médecins suscep-
tibles de la parcourir. Que feraient, en l'es-
pèce, ces praticiens ?
Toutefois, à la suite de l'adoption d'une mé-
thode nouvelle de traitement, encore dans la
voie des recherches, mais ayant fourni déjà d'in-
téressants résultats. celui, entre autres, de
faire surgir, comme de terre, un nombre de
lépreux insoupçonné de 1 auteur lui-même jus-
que-Ià, voici qu'une estimation de la diffusion
de la lèpre en Afrique est devenue poesible.
En un seul cercle de la Guinée française (qui
en compte 17), le soussigné a, en effet, traité
plus de 2.000 lépreux en un an (1927). Enten-
dons des malades venus tous spontanément cher-
cher ses soins. Il en existe donc certainement
d'autres, non encore dépistés. En calculant pour
l'ensemble de l'A. O. F., on peut admettre
une proportion de 5 %, au minimum, de lé-
preux par rapport au reste des populations au-
tochtones. Il en est vraisemblablement de même
pour les colonies noires étrangères du Continent
africain. On saisit mieux maintenant l'impor-
tance de ce considérable foyer méconnu. En
comptant 34 millions d'habitants en France, la
même proportion y donnerait t. 700.000 lé-
preux.
JV Victor Brocliard
Ancien médecin des troupes coloniales.
Le sucre du Caroubier
Les caroubes, fruits du caroubier, un des
arbres les plus précieux de la zone africaine par
la valeur de son bois utilisé en marqueterie,
renferment des graines immergées dans une
pulpe sucrée comestible, quoique de saveur peu
agréable.
- -
Incontestablement, elles contiennent du su.
cre. Toutefois, les tentatives faites jusqu'à ce
jour pour l' extraire étaient demeurées infruc-
tueuses.
Or, un savant, le professeur Oddo, serait
parvenu à extraire le sucre de la pulpe en em-
ployant comme dissolvant l' alcool éthylique ou
méthylique. Le procédé serait d' une très grande
simplicité. Quant au sucre ainsi extrait, il serait
facilement purifiable et pourrait être employé
immédiatement dans l'alimentation.
Ce serait ainsi, à plus ou moins bref déW
une petite révolution dans l' industrie sucrière
mondiale.
L'Aviation Coloniale
Marseille-Alger
La ligne aérienne Marseille-Alger1 vienft-
d'être ouverte au trafic. L'appareil, parti
de Marseille à 5 h. 45, a traversé la Médi-
terranée en 4 heures, sans escale, soit en-
viron 800 kilomètres, arrivant à Alger en
9 h. 45. - -- --
Le3 autorités algériennes se trouvaient à
l'arrivée de l'hydravion.
Le service aura lieu régulièrement : hl
dimanche, avec départ de Marseille, et Id
mercredi d'Aler. Dès le 1er septembre, i'
dimanche, d'Alger. Dès le 1er septembre, if
fonctionnera trois fois par semaine, dans
chaque sens, en attendant la liaison jour-
nalière prévue pour l'année 1929.
Maroc
M. Daurat, qui avait été envoyé en mis-
sion alin d'obtenir la libération des avia-
teurs Heine et Serre, prisonniers des Mau-
res, est passé hier à Casablanca, rentrant
en France par la voie des airs.
M. Daurat, qui a pris contact aussi bien
avec les autorités espagnoles du Cap Juby
et de Villa-Cisneros qu'avec le gouverneur.
de la Mauritanie et le Gouverneur Général
de l'A. O. F., estime que - la - - libération des;
prisonniers présente de sérieuses diflicuiU»
en raison de la politique d'indifférence adop-
tée par l'Espagne à Hio del Oro et aussi
par suite de l'impossibilité où nous sommes
d'exercer un droit de poursuite que les
Annales Coloniales ne cessent de réclamer
en territoire espagnol.
Reine et Serre sont en bonne santé. Ils
sont prisonniers d'une tribu qui avait com-
mencé les négociations en vue du rachat,
lorsqu'un fort rezzou, organisé pour piller
la Mauritanie, la prévint que si elle rendait
les aviateurs français sans obtenir des au-
torités européennes la libération de ses
propres prisonniers, il exercerait sur elle
des représailles sanglantes et la razierait
complètement.
Cette circonstance a coupe court a tous
les pourparlers. Actuellement, la cupidité
des chefs maures qui détiennent les avia-
teurs peut seule hAter la solution.
Paris-Le Cap-Paris
Le mauvais temps retarde les aviateurs
Mauler et Baud dans leur voyage de retour
du Cap ; pourtant malgré les intempéries,
1 avion Cinéma était hier dimanche, venant
de Bomako, à Dakar.
En Amérique du Sud
T/aviateur français Georges Souchetn, de
la Compagnie générale aéropostale, a ef-
fectué le 10 août, le trajet DUfmos-Aires-Rfo
de Janeiro en une seule journée, en 17
heures 30 de vol, après escales à Porto-
Alègre et à Fiorianopolis.
Les bovidés en Cochinchine
1"
L'élevage de la race Sind
Le Conseil colonial de Cochinchine a émis ̃
le vœu que l'Administration fasse pour l'éle-
vage des bovidés un effort analogue à celui
qu elle fait pour l'élevage du cheval.
En effet, la Cochinchine est tributaire des
pays environnants pour son approvisionne-
ment en animaux de labour. Les importa-
tions sont, par surcroit, pleines de danger.
Elles n'ouvrent que trop facilement la por-
te à la peste bovine. Calamité extrêmement
redoutable.
La Cochinchine n'est pas un pays d'éle-
vage. Ses besoins allant en augmentant, elle
est dans l'impossibilité de produire elle-mê-
me ce bétail. Elle peut y contribuer pour-
tant dans une certaine mesure.
Des expériences d'élevage tentées, il ré-
suite que la race du Sind réussit très bien
en Cochinchine. Dès IQ.', un remarquable
troupeau de jeunes animaux de cette race
était débarqué à Saïgon. Après la répartition,
il resta au gouvernement de la Cochinchine
cinq taureaux et quelques génisses qui fu-
rent installés dans la bouverie du haras de
Tan-Son-Nhut et gardés comme reproduc-
teurs. Ces animaux s'acclimatèrent parfai-
tement et donnèrent par la suite des produits
de très belle venue.
Résistant bien à la translation de l'Inde
en Cochinchine, la race Sind s'y entretient
et s'y multiplie normalement. Les femelles
possèdent de remarquables qualités laitières
sur lesquelles le climat n'influe pas défavo-
rablement. Il est à noter que les résultats
obtenus l'ont été à peu de frais, sans soins
spéciaux et dans les mèrncs conditions d'en
tretien que pour les vaches annamites.
I.a réponse au venu exprimé par le Con
seil colonial se trouve oonr; tout entière
dans le développement de cet élevage d'ani-
maux indiens. Qu'on multiplie donc les ef
fectifs du troupeau qui sont restés jusqu'ici
encore trop faibles. Après une exnérience de
cinq années, on peut affirmer que la ques-
tion du lait, posée par la Haute Assemblée
Cochinchinoise est facile à résoudre, an
moyen de la race laitière du Sind. L'aug-
mentation rapide du cheptel bovin par l'ac-
climatation de la race indienne en Cochin.
chine est donc grandement souhaitable. On
ne fera jamais trop pour encourager les éle.
veurs, surtout au début de l'exploitation de
la race nouvelle.
3g. W n.
A la Chambre de Commerce
de Majunga
Au cours de sa dernière réunion la Cham.
bre de commerce de Majunga a procédé a
l'élection de son bureau: M. Roffast a été
ré:;lu ̃ présidrnt. M. Abelhauscr zice-prési-
dent et M. Troccou secrétaire.
Ont'été ensuite délégués : à l'nftitc ré-
gintt.if du travail de Majunga : MM. Main-
gouy et de Coudenhove; au Tiibun:-J d'athi.
trage de Majunga : MM. Cadet ct Hodemcr;
à l'Office régional du travail de Marovoay :
MM. Porte et Ibnch: au Conseil d'arbitrage
de Marovoay : MM. Porte et Rauch.
Standardisation des produits
Ta Chambre décide de demander que la
réglementation actuellement envisagée POUI
la standardisation des produits consiste es-
sentiellement, tout d'ahord en une lutte sé-
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