Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-08-11
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 août 1928 11 août 1928
Description : 1928/08/11 (A29,N124). 1928/08/11 (A29,N124).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451300w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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L'EXEMPLE DE LA JAMAÏQUE
Par le ch emin étranger de la Jamaïque an-
.laile, je veuk revenir aujourd'hui sur une
question du plus haut intérêt français, et dont
j ai déjà plusieurs fois entretenu les lecteurs des
Annales Coloniales.
11 s'agit du développement de la culture des
bananes dans nos Antilles et de leur mise en
vente en France par les moyens d un système
commercial approprié.
La France consomme pour près de deux cents
millions de francs de bananes et ses colonies lui
en fournissent pour à peine six millions de francs.
Or. sans parler de la Guinée française, nos co-
lonies de la Guadeloupe et de la Martinique
pouiraient fournir à la France toute la produc-
tion de bananes nécessaire à sa consommation.
L'avantage serait double : éviter une impor-
tante perte au change pour la métropole, déve-
lopper dans nos Antilles françaises une pré-
cieuse culture complémentaire de celle de la
canne à sucre. -
Que la chose soit- immédiatement possible, je
l'ai démontré dans mes précédents articles de
- - -- 1'_-
juin et de juillet. Ce n est qu une question a or-
ganisation dans les frets et dans la vente, car la
production originale existe déjà et peut SIe
intensifiée aussitôt qu'on le voudra.
A ceux qui resteraient encore sceptiques, je
veux aujourd'hui raconter le merveilleux exem-
ple de cette Antille anglaise, cousine de nos
Antilles françalies. qui s appelle la Jamatque,
Dans la langue caraïbe, Jamaïque voulait
dire « terre des sources et des rivirel ». Elle
l'est, en effet, tout comme notre Martinique et
notre Guadeloupe, où des cours d eau chantent
partout sous les lianes au bruit de mille cas-
rarW tnmhant des Dics vers la - mer. --
Or. il y a un demi-siècle, la Jamaïque ne
produisait que du \ucre et du rhum. C était sa
richesse légendaire. De bananes, point ou peu,
sauf à l'état sauvage. Ce sucre et ce rhum
s'écoulaient surtout vers les Etats-Unis d Ame-
rique. Mais quand ceux-ci « protégèrent » Cuba
et y développèrent le sucre jusqu'à la surpro-
duction que l'on sait. ouand ensuite ils pros-
duct i on lume e on c les autres bo i ssons fer-
crivirent le rhum avec les autres boissons ter-
mentées, la Jamaïque fut menacée d une ruine
totale. Elle y aurait sombré si les Américains
et les Anglais associés n'y avaient aussitôt créé
des bananeraies qui aujourd hui alimentent les
48 Etats de l'Oncle Sam plus le marché euro-
péen de la vieille mère 'Ansieterre.
Ce redressement de la Jamaïque par la ba-
nane est un des plus instructifs qui soient dans
l'histoire d'une colonie. Notre Guadeloupe et
notre Martinique y peuvent puiser la plus utile
des leçons d'histoire économique et sociale.
Cettè histoire a été très bien contée par deux
écrivains coloniaux, l'un (tançais, M. Rey
Boone dans son bel ouvraae. le Bananier. 1 au-
tre M. Crockaërt. dans son remarquable
tre belge, Méditerranée Américaine. En voici les
livre. la
traits essentiels : -
-- Vers 1880, des marchands de fruits de Bos-
ton (U. S. A.), t'aient d'entreprendre la
culture des bananes à la Jamaïque et de vendre
ces bananes dans l'East américain. En 1890,
M. Andrew W. Preston et ses amis, constituè-
rent la Boston Fruit Company au capital de
500.000 dollars. En 1898 ils s'associèrent avec
leur compatriote. M. Keith, qui dès 1875 avait
fondé en Amérique Centrale la Tropical dflcl
Transport C" L'd. Et ainsi fut créée la United
Fruit Cy, aujourd'hui l'une des plus colossales
entreprises du monde entier.
La banane antillaise est à la base de la United
Fruit qui représente aujourd'hui un capital de
auatre milliards de francs, - une flotte de cent
navires bananiers. la Great White rteer, dont
le tonnaze dépasse 300.000 tonnes, une super-
Scie de plus de 600.000 hectares de ter.
rains dont plus de 150.000 cultivés, une pro-
duction-vente de bananes atteignant près de
50.000.000 de régimes pour une , valeur an-
nuelle d'environ 25 millions de dollars , (625
millions de francs), etc., etc.
Malgré ce développement prodigieux de la
United Fruit C), d'autres sociétés concurrentes
anglo-américaines purent aussi se fonder à la
Jamaïque et y prospérer : la Tropical Fruit Cy,
Y Impérial West Indian Mail Service, la jamal-
ca Fruit and Shipping Cv. Et pour toutes ces
Sociétés, la banane est le fruit d'or qui les a en-
richies en moins de vingt-cinq ans.
Chacun de leurs navires, de leurs splendides
« bananiers » blancs, est spécialement équipé
pour le transport des fruits tropicaux. Grâce à
une ventilation rafraichie, les truits sont tians-
portés vite et bien des Antilles aux U. S. A. et
en Angleterre. De très confortables installations
de passagers sont ménagées sur ces navires et
sont occupées tout l'hiver par de luxueux voya-
Surs américains. Le rendement de ce transport
de touristes vers la Jamaïque, où les Compa-
gnies possèdent d'admirables hôtels, est si ré-
munérateur que, pendant les mois d'hiver, le
transport des fruits tropicaux ne coûte presque
rien et que ceux-ci peuvent être vendus au con-
sommateur américain à un prix très avantageux.
Vous entendez, consommateurs français ? A
un prix très a I Alors qu'en France
la banane coûte près trm franc place, et n'ar-
rive pas toujours dans de très bonnes cOnditiaM.
elle ne coûte pas plus de 0 fr. 25 en Amérique
et elle y est consommée à l'aat parfait.
, Et pourtant, la Guadeloupe et la Martintaie
sont a aussi bonnes terres à bananes que la Ja-
malque 1 Et leurs bananes sont de l'aveu de
tous, parmi les plus variées et les meilleures du
monde 1
Qu'attendons-nous, nous Français, pour imi-
ter cet exemple si clair et si probant de la Ja-
maïque Anglaise )
Attendons-nous que des Compagnies de
Transport américaines s' installent à Fort-de
France et à Pointe-à-Pftre pour y pratiquer, en
impératrices des Antilles, une culture et un com-
merce qui auraient dû revenir normalement à
des Compagnies Françaises >
Ne désespéium pas pourtant de 1 énergie
CIe.11.
C. ;. les INHMH de bu–
de la Guadeloupe se sont groupée en un Syn-
dicat Professionnel Général qui va intensifier
la production de la banane dans toute l'lie.
J'ai déjà rappelé à la tribune du Sénat et ici-
même, que l'exportation bananière est passée
progressivement de 500 kilos en 1919, à 1 mil-
lion 500.000 kilos en 19/6. C: était un com-
mencement. Les planteurs déclarent aujourd'hui
(août 1928) pouvoir porter l'exportation à 16
millions de kilos pour 1929. Il leur faut pour
cela les transports appropriés de la Guadeloupe
à Bordeaux, à Saint-Nazaire et au Havre. Fai-
sons confiance à nos armateurs français pour ne
pas se montrer inférieurs à leurs collègues an-
glais ou américains dans un problème qui inté-
tesse à la fois au plus haut point le consomma-
teur de la métropole et l'agriculteur des Antil-
les françaises.
L'exemple de la Jamaïque ne sera plus alors
pour nous une humiliation, mais un réconfort.
Henry Bérenger,
Sénateur de la GuadeloUIJc,
Ambassadeur de Franco
rapporteur des Commissions
des Affaires Etrangères et des Colonies.
Les récoltes algériennes
Défense contre les sauterelles
Les invasions de sauterelles en Algtne
s'étaient, jusqu'à ces dernières années, cun
tinces dans les territoires du bud. Leur
avance aujourd'hui ne cesse pas d'alarmer
les Colons.
Les degats causés par les sauterelles ùani
la région d'Aumale, Ain-bessem, dans cette
d'Aiti-iloucif et en Uranie font craindre pour
1929 des invasions calaimteuses en Aliène.
Ainsi que nous l'avons signalé ta son
temps, des mesures sérieuses ont été prises
pour la destruction des pontes et des cri-
quets dans le Sud. Mais, est-ce suffisant i
i\on, déclare M. Moatti, Directeur du Syn-
dicat de délense contre les sauterelles de la
commune de, Miliana, dans une lettre adres-
sée à notre confrère « La Voix des Colons » :
» Il y a, dit-tl, pour les Syndicats de dé-
fense contre les sauterelles tablis dans les
communes dit l'ell et du littoral une prépa-
ration à la lutte toujours à prévoir chaque
année, préparation qui est nulle ou à peu
près. C'est ainsi que dans de nombreux cen-
Ires le matériel antiacridien est entreposé
n'importe où, plutôt mal entretenu et que
jamais des essais d'appareils lance-flammes
ne sont exécutés de orle qu'en cas d'inva-
siont aucune certitude n'existe d'avotr des
appareils qui fonctionnent bien. Il y a mémll
(II, lias une commune importante du dé-
partement, des vols sérieux de toiles et de
aine.
- Il est inadmissible que ce matériel an-
tiacridien ne soit pas sous la surveillance
directe du Directeur du Syndicat de Défense
qui allra à diriger la lutte, qui aura à se
servir des appareils et autres engins de
lutte. Il faut que VAdministration le com-
prenne et réforme dans le sens précité, toute
la réglementation des moyens de lutter ac-
tuellement en vigueur.
Il serait utile qu'une fois ou deux par an
ce matériel puisse être sorti, vérifié et s'il y
a lieu remis en état, sous la direction d'un
Agent de la défense des cultures et pour
Permettre ces essais de mobilisation anti-
acridienne, les Syndicats devraient avoir
des subventions spéciales qui ont été refu-
sées à deux reprises au Syndicat de Mi-
liana. »
Espérons que les sages revendirations de
M. Moatti seront entendues.
.1.
La Tunisie
à l'Exposition de Rotterdam
.8.
Grâce à l'initiative de M. Boccara, le né-
gociant en tapis bien connu, la Tunisie est
brillamment représentée à l'Exposition de
Rotterdam qui attire une foule considérable
depuis deux mois dans le grand port hol-
landais.
Lors de l'inauguration de la section
française, M. Bokanowski, ministre du Com-
merce, a vivement félicité M. Boccara de son
installation.
Récemment, S. M. la reine de Hollande
a fort admiré les tisseurs qui travaillaient
sous ses yeux et a choisi plusieurs tapis de
Kairouan. Voilà ce qui s'appelle bien tra-
vailler pour soi et pour son pays.
eee
Au Conseil Colonial du Sénégal
Au cours de sa séance du 14 juin 1928,
après avoir pris connaissance de certains in-
cidents qui se sont passés au Lycée Faidherbe
de Saint-Louis du Sénégal, le Conseil colo-
nial a adopté à l'unanimité le vœu suivant,
émis par MM. Duguay-Clédor, Moustaph
Molic Queyc, et Abdon Salarn Kane :
Considérant qu'à l'heure netuellc l'enseigne-
ment donné au Lycée Faidherbe est on ne peut
plus défectueux.
Considérant que cette carence provient, en
grande partie, du manque d'autorité du Provi-
seur actuel et du trop grand nombre d'insti-
tuteurs et de contractuels en service au Lycée
Fnidherbe, aux lieu et place de professeurs de
l'Enseignement secondaire,
Considérant qu'il est de toute urgence de re-
médier il cet état de choses ;
Les Conseillers coloniaux soussignés l'mel-
tent le vœu :
1* Qu'vn proviseur ayant les capacités né-
cessaires, les diplômes exigés et une autorité
suffisante et supérieure à celle du proviseur
actuel soit mis en tète de l'établissement d En-
seignement secondaire de Saint-Louis.
2* Que l'Administration fasse diligence pour
recruter des professeurs d'Enseignement se-
condaire et supprimer le trop grand nombre
d'instituteurs et d'auxiliaires actuellement en
service au Lycée Faidherbe.
RJETOVR
M. Louis Valent, nouvellement élu délé.
gué au Conseil Supérieur des Colonies pour
a Côte d'Ivoire, vient de rentrer à Paris.
Dès son arrivée il a entretenu M. Léon
Perrier, ministre des Colonies, des revendi-
cations urgentes de sa Colonie.
AGENTS D'ÉLEVAGE
r',
fat lu que Madagascar manque
de vétérinaires. Ils sont làbas-jutt
douzaine-et pas plus, chtm-unjntyi
qui compte 600.000 kilomètres carrés de su-
perficie, et où le seul cheptel bovin est éva-
lué à 7 millions et demi de têtes.
Aussi les vétérinaires ont ils plus de hi"-
sogne qui ne leur en faudrait. et dans des cir-
conscriptions plus vastes qu'il ne contien-
drait.
Alors, il faut faire quelque chose, cm il
ne suffit pas apparemment de reprendre
quelques couplets des hymnes consacres au
cheptel bovin, ovin et caprin, avec t'aria-
lions sur les thèmes de la congélation et des
conserves. Viandes sur pied, viandes conge-
lées et frigorifiées, que de choses excellentes
on a dites à ce propos 1 On ferait bien mieux
d'augmenter le nombre des vétérinaires de
Madagascar. Ce serait moins long, plus pra-
tique et plus immédiatement utile.
Vous avez raison, me dit quelqu'un, niais
pas d'argent, pas de Suisse ; pas de crédits,
pas de vétérinaires. Le budget de la colonie
est surcharge. ai même entendu parler
d'une Ligue des Contribuables de la Grande
Ile qui (tu quoque, ô fili !). à l'aide d'une
phrase éloquente de M. le Président du Con-
seil, s'est constituée en brandissant le pro-
gramme des revendications ,f c ces moutons
de contribuables qui deviennent parf ois enra-
gés. Alors, comment concilier les ncccssififs
budgétaires et les nécessités d'ordre écono-
miqut, quand il s'agit de rrlllc des princi.
pales richesses de ce beau pays ?
En cédant qclquc peu du côté scielltifiqtU,
si j'ose m'exprima ainsi ; en formant des
dcmi-vcicrinaircs qui coûteront moins cher et
qui seront plus faciles à recruter. en accep-
tant, comme substituts des vétérinaires, des
« agents d'élevage 9, (titre qui ne casse rien
et qui n'inquiétera pas les détenteurs de di-
plômes authentiques) , lesquels, plus modes-
ement, soigneront le cheptel avec la même
trousse mais avec moins de parchemins que
les vétérinaires complets.
Ces derniers auront plus de temps devant
eux lorsqu'ils seront délivres du souci de ces
petites interventions secondaires qu'on peut
fort btett réussir sans avoir fait de longues
et profondes études. L'agent d'élevage sera
au vétérinaire cc que l'officier de santé est
au docteur en médecine. Il rendra des ser-
vices particuliers et collectifs; il ira de ré-
gion en région, prodiguera aux éleveurs les
conseils utiles, fera l inspection des trou-
peaux, indiquera ce. qu'il faut faire pour cm
pécher ou arrêter les épidémies, bref il sup -
pléera le vétérinaire dans tous les cas où le
déplacement de ce dernier ne s'imposera pas
de toute évidence. L'agent d'élevage non
seulement, sera moins payé, mais comme on le
prendra U plus souvent dans la population
indigèm elle-même, il v a des chances pour
qu'il rende, à certains points de vue, des
services que, malgré toute leur bonne volon-
té, des supérieurs ne pourraient pas rendre
à la population de la Grande /le.
Il y a là une solution partielle, intéres-
sante, mais qu'il serait bon de généraliser
ailleurs. Oui, les budgets de nos colonies
ne leur permettent pas, en général, de s'of-
frir des spécialistes d'autant plus coûteux
qu'ils ont plus de peaux d'ânes. Alors, n'est
il pas souhaitable qu'elles aient à leur dispo-
sition des gens dont la bonne volonté, dont
le dévouement suppléeront à l'wsni lisante
des titres, grades et sacrements, et qui seront
formés pour rendre exactement, les services
qu'on attend d'eux. On sait que, dans cer-
taines colonies, on a formé des médecins de
santé indigène, des sages-femmes indigènes,
des infirmières indigènes. Il faut étendre
cette méthode.
En admettant que tout soit absolument
tltile, absolument nécessaire dans ce qu'on
apprend aux diplômés complets, contentons-
nous de fonctionnaires moins bien pourvus
scientifiquement, mais connaissant parfaite-
ment ce qu'ils ont à faire et désireux de le
faire consciencieusement. Sages-femmes in-
digènes, officiers de santé indigènes, agents
d'élevage indigènes, appelons tous ces sous-
officiers de l'armée pacifique à notre aide,
faute d'officiers ; le galon est digne de res-
pect, parce qu'il représente l'effort de Vin-
telligence, la valeur de l'expérience, la qua-
lité des services rendus, mais s'il est des do-
maines où le nombre des « ficelles 11 ne doit
pas être rigoureusement exigé pour être jugé
digne de servir, c'est bien dans notre France
coloniale.
Mmri* Mots m tan f
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
L'exposition coloniale
internationale de Paris
en 1931
-6 1
Le Comité régional de Propagande en fa.
veur de l'Exposition Coloniale Internatio-
nale de 1931 s'est réuni, à la mairie de Vin-
cennes, sous la présidence de M. Emile Bris-
son, conseiller général de la Seine, assisté
de MM. Karcher, maire du 20* arrondisse-
ment de Paris; Huguin, maire de Vincen-
nes ; Dijeon, maire de Saint-Mandé ; Du-
bocq, maire adjoint du 128 arrondissement
de Paris, et des présidents des unions com-
merciales des communes riveraines du Bois
de Vincennes, pour décider de l'organisation
d'une importante manifestation en l'honneur
de la pose de la première pierre du Palais
permanent des Colonies, qui doit avoir Heu
sous la présidence du chef du Gouvernement
en novembre prochain.
Une commission d'organisation a été
nommée, comprenant, sous la présidence de
M. Victor Brun, président, des industriels et
commerçants des u0, 128 et 20* arrondisse-
ments, un représentant des municipalités et
des unions commerciales des communes ri-
veraines.
Le commerce de l'Indochine
avec l'étranger
»•«
Les importations de l'indochtne viennent,
pour la moitié, de l'etranger.
E11 UJQ, sur un totul de 1.409 millions
de francs d'importations étrangères, il y
avait : 103 millions de pétrole et d'essence,
va millions db sucre, IH millions d'or, ()l
millions de lus et tissus de jute, 63 11111-
lions de coton brut, 48 millions de farine
de lromeiit, etc.
Muis ne sommes-nous pas producteurs de
fruinent, nls et de tissus de jute, de tis-
sus de soie ? Oui. Mais nos colonies pro-
ductrices de sucre sont trop éloignées (,e
I Indochine pour la ruvituiller, (juulll aux
1ils et tissus de jute, la métropole en fabri-
que, mais l lnde, où la matière première se
trouve sur place et où l'industrie est très
développée, est toute proche de lu colonie.
Certains articles rivalisent avec les urli-
cles similaires français, mais, pur une
concurrence en quelque sorte indirecte, eur
ils appartiennent à une autre civilisation ;
c'est le cas pour une bonne partie des tis-
sus de soie d'origine chinoise, des vête-
ments chinois en soie, de la porcelaine de
Chine et du Japon, du papier destiné au
culte, etc.
Nos industriels métropolitains n'ont-ils
rien tenté pour atteindre et se maintenir
en bonne posture sur le marché Indochinois
quant à la rivalité étrangère ? Ils ne faut
pas nier tout effort chez eux. Dans un cer-
tain ordre et, de plus en plus, lea indus-
tries françaises visent à s'adapter au goût
des indigènes. Mais il est juste de le dire,
le tarif douanier spécial accordé à la Chine
assure un assez large débouché aux arti-
cles spécillquement chinois.
Il faut également tenir compte de la
concurrence croissante des pays industriels
de l'Extrême-Orient : les Indes britanni-
ques et surtout le Japon, dont les industries
se sont rapidement développées au cours
des dernières années ; outillés de la ma-
nière la plus moderne, ils ont sur nous
J'uvtlntuc pur leur position géographique
et par 1 abondance de leur nittiii-d'ceuvi-e.
C'est donc plutôt aux marchandises im-
portées par les puys d'Europe ou pur les
Jtuts-LnIS que les marchandises françaises
pourraient se substituer.
Elles se montent à 112 millions de francs
pour les puys européens et à 19 millions
pour les Etats-Unis (non compris le pé-
trole et l'essence).
En dehors du pétrole et de l'essence les
Etuts-Ûnis vendent à l'Indochine des pois-
sons conservés ou préparés ; des bitumes
et asphaltes ; des grumophones, phono-
graphes, etc. -
Les principales importations de pays eu-
ropéens sont, par ordre de vuleur, en 1920,
en premier lieu, le lait concentré ou stéri-
lisé venant de la Suisse ou des Pays-Bas ;
le fer étamé, d'Angleterre ; les bâtiments
de mer en acier, des Pays-Bas ou de l'Alle.
magne ; des fils et tissus de coton, d'An-
gleterre ou de Suisse (muis pour une valeur
faibte par rapport au total des importa-
tions de l'espèce) ; des automobiles ita-
liennes ; des machines pour l'agriculture,
anglaises ou allemandes ; des poteries et
briques réfractaires, venant aussi d'An-
gleterre ou d'Allemugne ; des machines Ù
coudre anglaises ; des machines électri-
ques ou dynamo-électriques italiennes ; des
montres suisses.
En plus, notre industrie est tenue en ha-
leine par celles, en pleine progression, des
pays d'Extrême-Orient. Elle réduit à 10 0/0
du totul des importations américaines ou eu-
ropéennes qui la concurrencent.
La popihtion française en Cochinchine
Les mouvements de la population fran-
çaise en Cochinchine montrent pour l'an-
née 1927 (1.432 arrivées, 1.003 départs) un
excédent des arrivées sur les départs. Cet
excédent est, pour l'année dernière, de ol>y
individus (130 hommes, 203 femmes, 06 en-
fants de moins de 15 ans).
Dans ces chiffres ne sont pas compris
les militaires et fonctionnaires et leurs fa-
milles.
En ce qui concerne les sujets des autres
nations européennes, les arrivées et les
départs s'équilibrent sensiblement.
.1.
S. M. Bao-Dai à Prades
L'empereur d'Annam et son consin, le
prince Vinh Can, accompagnés de leur pré-
cepteur M. Charles, sont arrivés à Prades,
où ils prendront leurs vacan'es,
L'Aviation Coloniale
Paris-Le Cap-Paris
L'avion Cinéma, piloté par Mauler et
Haud, sur le chemin du retour, était si-
gnalé le 4 aoùt à Bamako. Si tout marche
bien, Mauler et Baud espèrent être au
liourgel entre le 15 et le 20 août.
-
Cinéma Colonial
Qu'en pense le Sultan ?
Le film peut être un diplomate de premier
ordre. Il peut être également tout le con-
traire.
Dans L'Occident, tirée de l'œuvre célèbre
d'Henry Kistemaeckers par Henri Fcscourt,
un combat important se déroule dans le Riflf
marocain entre les harkas de la dissidence
et les troupes coloniales. D'autre part, une
escadrille croisant au large de Mogador,
prend part au rude engagement, en bom-
bardant les rebelles et en les faisant pour-
suivre par un détachement de fusiliers ma-
rins.
On trouvera donc tout légitime que le
sultan du Maroc ait fait preuve de quelque
curiosité à l'égard de ce film qui vient de
paraitre à l'écran.
Quant à connaître l'opinion qu'il en garde,
c'est autre chose, bien qu'avec sa politesse
tout orientale il ait demandé une épreuve
du film pour lui-même.
La mort de Jean Galmot
r..
La mort de Jean Galmot parait, d'après les
dépêches succinctes qui parviennent de Cayen-
ne. n'être pas un incident dramatique dans une
lutte inégale, mais un anneau de la chaîne san-
glante dont la proclamation électorale du 22
avril fut la cause initiale. On sait les faits :
M. Jean Galmot, qui jouissait à la Guyane,
depuis vingt ans, et malgré ses malheurs, d'une
popularité quasi unanime, n'avait pas aban-
donné une partie dans laquelle il possédait les
meilleurs atouts.
Après avoir sollicité beaucoup de personna-
lités de se présenter à la Guyane, il avait choisi
comme concurrent de M. Eugène Lautier un
polémiste, dont la plume et le cran sont connus.
Il n'était pas douteux, pour ceux qui connais-
sent les aîtres de la Présidence du Conseil et
du Ministère de l'Intérieur, que la proclama-
tion de M. Eugène Lautier était acquise pour
le 22 avril.
Le choc en retour se fit immédiatement sen-
tir. Le Gouverneur Maillet immobilisé au Gou-
vernement par la population de Cayenne ameu-
tée, la démission de M. Gober, le triste maire
de cette ville, la dissolution du Conseil munici-
pal, un départ précipité, puis, deux mois après.
l'élection à la mairie, sans concurrents, de M.
Quintue (ami de M. Jean Galmot) et de sa
liste, alors que le parti ae M. Galmot ne
s'était vu attribuer que le quart des votants
le 22 avril : tout cela créait un état morbide qui
n'était pas sans danger.
Jean Galmot était devenu le maître de la
colonie. cette fois sans contestation possible.
Il est mort aujourd hui, et un câblogramme
émanant de M. Maillet, Gouverneur de t.
Guyane, annonce que les médecins, chargés de
l'autopsie du cadavre de M. Jean Galmot. ont
conclu à la « présomption d'un empoisonne-
ment criminel ». Contrairement à l'opinion de
M" Odin. avocat de Mme Vve Jean Galmot
et député de la Gironde, le Populaire affirme
que toute idée de crime crapuleux doit être
écartée : reste la vengeance, ajoute-t-il.
D'aucuns dans la presse, aussi bien à droite
qu'au centre et qu'à- gauche. de la Liberté à
l'Humanité, en passant par beaucoup de jour-
naux modérés ou radicaux, voient dans ce crime
la main de l'actuel député de la Guyane, en
vertu du précepte : ls fecit cui prodest.
Heureusement que M* Odin est là au nom
de la famille Ga lInot pour s'él ever contre une
pareille thèse qui risquerait, sans cela, de s' ac-
créditer.
Terminons.
L'assassinat de Jean Galmot, confirmé par
diverses dépêches, a eu une suite. Il a surexcité
au paroxysme l'opinion guyanaise déjà deux
fois alertée. Le sang appelle le sang. Quatre
partisans de M. Eugène Lautier, dont deux
chefs de file, un conseiller général, M. Bour-
garel, et un gardien de cimetière ont été tués
dans une émeute. Les obsèques de M. Jean
Galmot, ajoute une dépêche de ce matin, ont
eu lieu au milieu de l'universel respect, mai s à
leur suite, une bagarre a eu lieu et on enre-
gistre deux nouveaux morts.
Il est à craindre que ce ne soit que le com-
mencement d'un violent mouvement que nous
avions, aux Annales Coloniales, prévu, mais
que nous nous reprochons aujourd'hui de n' avoir
prédit, il y a six mois, que dans des conversa-
tions particulières avec les personnalités politi-
ques ou coloniales que la situation de la
Guyane intéressait ou préoccupait.
Il ne peut être question ici, où l'actuel dé-
- uA. L J. 1 - ru - »_ u • - 1 , r ., l'
pute ae la vjuyane a toujours Denenae a une
bienveillante et protectrice sympathie de faire
de la polémique, mais de juger les événements.
Au lendemain de sa validation comme dé-
puté de la Guyane, le directeur de l'Homme
Libre, dans un article que tous ses amis souhai-
tent unique pour sa réputation de journaliste qui
était grande, écrivait, le 7 juillet dernier, s' ap-
propriant un mot qui pue la décadence romaine:
« Le cadavre d'im ennemi mort sent toujours
bon. » Je regrette, moi qui ne suis que Pari-
sien à trois générations utraque specic si j'ose
dire ne pas pouvoir partager l' opinion de
M. Eugène Lautier et de l'empereur Vitellius.
L'Ans.
P.-S. Le journal de M. Lautier, l'Hom.
me Libre, toujours si bien fait, n'a pas soufflé
mot ni jeudi, ni vendredi, ni samedi, de ce qui se
passe en Guyane. Il est si beau de dire la vérité
et de reconnaître loyalement ses fautes.
Erratum. M. Jean Galmot était né le 1er
juin 1879 à Monpazier (DordoRne), et non à
Monparier (Hérault), comme il a été imprimé
par erreur dans notre dernier numéro.
Le Ministère des Colonies nous communique:
Les dernières injormations parvenues ce ma-
tin de la Guyane au Ministère des Colonies ne
signalent pas de nouvelles bagarres dues à
i émotion produite dans la population de Cayen-
ne par la mort de M. Galmot.
Au cours des violents incidents qui se sont
produits depuis le 6 août, date du décès, six
personnes ont été tuées. Les noms de trois d'en-
tre elles seulement sont connus, à l'heure ac-
tuelle, savoir ; M. Bourgarel, conseiller géné-
ral ; M. Clément, chef de service de l'Ensei-
gnement, et M. Laroze, gardien de cimetière.
Le Gouverneur, conformément aux instructions
qu'il a reçues, a fait tous ses efforts pour ra-
mener le calme. L'instruction juridiciaire se
poursuit, et les pouvoirs publics ne négligeront
rien pour qu'elle continue et s'achève avec tou-
tes garanties de fermeté et d'impartialité. D'ac-
cord avec son collègue de la Marine, le ministre
des Colonies a pris, dès la nouvelle de la mort
de M. Galmot, et craignant une effervescence,
les mesures utiles pour assurer au Gouverneur
les renforts nécessaires au maintien de l'ordre.
L'aviso l Antares, actuellement à Fort-de-
France, est parti pour Cavenne, où il se tiendra
à la disposition du Gouverneur, et débarquera
50 fusiliers marins. Ce bateau transporte, en
outre, à Cayenne. 50 gendarmes prélevés sur
reffectif de la Martinique. Un nouveau déta-
chement d'égale importance, prélevé sur l'ef-
fectif de la Guadeloupe, se tient prêt à suivre,
et s'embarquera, si le Gouverneur de la Guyane
le juge utile, sur le paquebot Biskra le 15 août.
TROP TARD
.tT
Trop tard pour sauver la vie de Jean Gal-
mot, l'interpellation qu'annonce M. L.-O.
Frossard, député S.F.I.O. de la Martinique !
Tous ceux qui avaient salué sdn élection comme
l'aurore d'une ère électorale de clarté et de
loyauté ont été ou déçus, ou irrités, ou charmés
de constater son silence lors des validations des
élections coloniales. Son intervention venge-
resse, surtout au sujet des élections antillaises et
Ruyanaises, avait été tellement annoncée que
l'ancien secrétaire général du Parti communiste
en France, rentré depuis peu dans le giron du
Parti S.F.I.O., et redevenu un de ses leaders,
fut voué aux gémonies par moult coloniaux et
même invité à démissionner. Il s'en tira en pro-
posant une enquête parlementaire sur les méfaits
politiques et judiciaires dans notre empire colo-
nial, enquête qui sera sans doute décidée à la
rentrée du Parlement et dont la Chambre ne
pourra que charger la Commission des Colonies,
tout particulièrement compétente pour ces opé-
rations.
Hier, dans un papier fort bien tourné, comme
il sait les faire, M. L.-O. Frossard crie ven-
geance.
Dans ce journal, nous sommes parf aitement
à l' aise pour parler de feu Jean Galmot. Nous
ne lui avions jamais rien demandé, il ne nous
avait jamais rien donné, nous ne lui avons ja-
mais rien pris. Nous croyons que si la vie de
Jean Galmot, déjà marquée par le destin, avait
pu être sauve. l'intervention de M. L.-O. Fros-
sard, il y a un mois, y aurait contribué. Une
enquête dira demain à toute la France le véri-
table état de la Guyane.
Pour 1 heure, dans la tragique aventure
d'hier, nous ne pourrons que répéter à M. L.-
O. Frossard la phrase que son camarade B.
Maréras, alors député de la Seine, jetait à M.
Caillaux traqué par ses adversaires à la fin de la
guerre :
(( Votre silence, c' est votre crime ! »
M. R.
La case aux livres
–o–
Ecrivains coloniaux. et 1 aUleuls
Par MARIE-LOUISE SICARD.
1
LA VIE DE RENÏTCAILLIE
VAINQUEUR DE TOMBOUCTOU
par
André Lamandé et Jacques Nanteuil
« L'histoire pacifique de René Caillié est
belle comme l'illiadc et l'Odyssée It. Ra-
contée par André Lamandé et Jacques Nan-
teuil, elle est, dans sa simplicité, grandiose
et extrêmement émouvante. Les témoignages
directs sur le vainqueur de Tombouctou
sont peu nombreux, la naissance et la mort
d'un humble ne font guère de bruit. 11 a
fallu l'enquête patiente, le talent vibrant
des deux biographes pour ressusciter l'ad-
mirable figure de René Caillié, symbole des
qualités individuelles d'un Français et aussi
exemple frappant de la négligence natio-
nale.
L'orphelin qui conquit le monde de ses
r6ves était fils d'un boulanger, bagnard in-
nocent ! Cordonnier peu enthousiaste de
son état, tout en tapant la semelle au fond
du village charentais de Mauzé, René Cail-
lié lisait Robinson Crusoé et rêvait d'une
Afrique de sable rouge et d'or au coeur de
laquelle inaccessible, inviolée comme un
tabernacle, régnait Tombouctou la Mysté-
rieuse. u Reviens sur terre, René Caillié, tu
n'es que ça, un fils de bagnard ». Mais l'en-
thousiasme, une bienheureuse ignorance de
l'implacable réalité étaient les deux forces
de cet enfant du peuple faible et si pauvre!
Sans hésiter, il engageait avec la destinée
une partie formidable (t dont l'enjeu était
son propre corps Il. Le 27 avril 1S16, René,
âgé de seize ans, riche de soixante francs
et d une paire de souliers neufs, quittait les
ormeaux de Mauzé et s'embarquait à La Ro-
chelle pour le Sénégal, au service du roi de
France. Un long martyr commençait. Il faut
connaître la physionomie exacte de l'Afrique
au début du dix-neuvième siècle. Penchons-
nous sur une carte de 1824. Les côtes seules
sont nettement dessinées, l'intérieur n'est
qu'une grande tache blanche où le cartogra-
phe - a tracé d'un pointillé hésitant les tron-
çons d'un ver solitaire. Le premier tronçon,
le plus court, part des montagnes qui do-
minent la côte de Guinée, en direction du
Xord. Le second naît à hauteur de Bakel,,
sur le Sénégal, s'infléchit vers l'Est et dis-
paraît au milieu des solitudes où pas un
nom n'est inscrit. Ici, n, partout le mystère
et la mort. Tout au long des itinéraires in-
certains, des cadavres d'Européens jalonnent
les pistes du déscit. Or, voici la réponse de
René Caillié aux décourageants exemples
que lui exposait le baron Roger, le gouver-
neur du Sénégal essayant er. vain d'arracher
ce jeune français rêveur et exalté aux affres
d'une mort certaine. Caillié n'hésite nas. fai-
-- - - -
sant allusion à tous les explorateur?, riches
d'argent, de naissance, de protecteurs, de
chameaux, de marchandises, qui payèrent
l'échec de leur vie, le petit cordonnier de
Mauzé jette magnifiquement : « Que leur
a-t-il donc manqué pour réussir ?. l'appren-
tissage de la misère. Un peu plus de con-
fiance en eux-mêmes, un peu moins dans
leurs appuis. L'argent, les escortes, les let-
tres de recommandation, tout cela ne pèse
pas bien lourd à cent lieues des escales. Ce
qu'il faut pour réussir ! Un homme, mais
un homme aguerri au climat, aux fatigues,
aux privations, au lait aigre, accoutumé aux
mœurs, a la langue, à la religion des tri-
bus et. par dessus tout, un homme invim i-
oument résolu a passer n. Personne ne veut
l'aider, pas même d'une parole consolante.
Qu importe, il poursuivra son but. Le silen-
ce et la solitude lui ont forgé, depuis l'en-
fance, une a me de résistance, une inie en
profondeur, abri pour soi-même aux pires
heures de souffrance. De sa misère, René.
Caillié a tiré les moyens de vaincre, là où
de plus puissants avaient échoué. Le 20
avril 1828, sous une défroque de mendiant,
pèlerin musulman, il entrait enfin dans
Tombouctou.
Vous tous, qui lir('7. puis relirez sûrement
la vie de René Caillié, n'invoquer pas la
chance en songeant au vainqueur du pres-
tigieux voyage. De la chance, il Pen cût
al MJMmo : 40 CENTIMES
SAMEDI som, 11 AOLT Hr.?8.
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être reproduits '¡t..en citant les ANNALES COLONIALES.
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avec III supplément illat*r4:
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Colonies 120 t) M » 85 »
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L'EXEMPLE DE LA JAMAÏQUE
Par le ch emin étranger de la Jamaïque an-
.laile, je veuk revenir aujourd'hui sur une
question du plus haut intérêt français, et dont
j ai déjà plusieurs fois entretenu les lecteurs des
Annales Coloniales.
11 s'agit du développement de la culture des
bananes dans nos Antilles et de leur mise en
vente en France par les moyens d un système
commercial approprié.
La France consomme pour près de deux cents
millions de francs de bananes et ses colonies lui
en fournissent pour à peine six millions de francs.
Or. sans parler de la Guinée française, nos co-
lonies de la Guadeloupe et de la Martinique
pouiraient fournir à la France toute la produc-
tion de bananes nécessaire à sa consommation.
L'avantage serait double : éviter une impor-
tante perte au change pour la métropole, déve-
lopper dans nos Antilles françaises une pré-
cieuse culture complémentaire de celle de la
canne à sucre. -
Que la chose soit- immédiatement possible, je
l'ai démontré dans mes précédents articles de
- - -- 1'_-
juin et de juillet. Ce n est qu une question a or-
ganisation dans les frets et dans la vente, car la
production originale existe déjà et peut SIe
intensifiée aussitôt qu'on le voudra.
A ceux qui resteraient encore sceptiques, je
veux aujourd'hui raconter le merveilleux exem-
ple de cette Antille anglaise, cousine de nos
Antilles françalies. qui s appelle la Jamatque,
Dans la langue caraïbe, Jamaïque voulait
dire « terre des sources et des rivirel ». Elle
l'est, en effet, tout comme notre Martinique et
notre Guadeloupe, où des cours d eau chantent
partout sous les lianes au bruit de mille cas-
rarW tnmhant des Dics vers la - mer. --
Or. il y a un demi-siècle, la Jamaïque ne
produisait que du \ucre et du rhum. C était sa
richesse légendaire. De bananes, point ou peu,
sauf à l'état sauvage. Ce sucre et ce rhum
s'écoulaient surtout vers les Etats-Unis d Ame-
rique. Mais quand ceux-ci « protégèrent » Cuba
et y développèrent le sucre jusqu'à la surpro-
duction que l'on sait. ouand ensuite ils pros-
duct i on lume e on c les autres bo i ssons fer-
crivirent le rhum avec les autres boissons ter-
mentées, la Jamaïque fut menacée d une ruine
totale. Elle y aurait sombré si les Américains
et les Anglais associés n'y avaient aussitôt créé
des bananeraies qui aujourd hui alimentent les
48 Etats de l'Oncle Sam plus le marché euro-
péen de la vieille mère 'Ansieterre.
Ce redressement de la Jamaïque par la ba-
nane est un des plus instructifs qui soient dans
l'histoire d'une colonie. Notre Guadeloupe et
notre Martinique y peuvent puiser la plus utile
des leçons d'histoire économique et sociale.
Cettè histoire a été très bien contée par deux
écrivains coloniaux, l'un (tançais, M. Rey
Boone dans son bel ouvraae. le Bananier. 1 au-
tre M. Crockaërt. dans son remarquable
tre belge, Méditerranée Américaine. En voici les
livre. la
traits essentiels : -
-- Vers 1880, des marchands de fruits de Bos-
ton (U. S. A.), t'aient d'entreprendre la
culture des bananes à la Jamaïque et de vendre
ces bananes dans l'East américain. En 1890,
M. Andrew W. Preston et ses amis, constituè-
rent la Boston Fruit Company au capital de
500.000 dollars. En 1898 ils s'associèrent avec
leur compatriote. M. Keith, qui dès 1875 avait
fondé en Amérique Centrale la Tropical dflcl
Transport C" L'd. Et ainsi fut créée la United
Fruit Cy, aujourd'hui l'une des plus colossales
entreprises du monde entier.
La banane antillaise est à la base de la United
Fruit qui représente aujourd'hui un capital de
auatre milliards de francs, - une flotte de cent
navires bananiers. la Great White rteer, dont
le tonnaze dépasse 300.000 tonnes, une super-
Scie de plus de 600.000 hectares de ter.
rains dont plus de 150.000 cultivés, une pro-
duction-vente de bananes atteignant près de
50.000.000 de régimes pour une , valeur an-
nuelle d'environ 25 millions de dollars , (625
millions de francs), etc., etc.
Malgré ce développement prodigieux de la
United Fruit C), d'autres sociétés concurrentes
anglo-américaines purent aussi se fonder à la
Jamaïque et y prospérer : la Tropical Fruit Cy,
Y Impérial West Indian Mail Service, la jamal-
ca Fruit and Shipping Cv. Et pour toutes ces
Sociétés, la banane est le fruit d'or qui les a en-
richies en moins de vingt-cinq ans.
Chacun de leurs navires, de leurs splendides
« bananiers » blancs, est spécialement équipé
pour le transport des fruits tropicaux. Grâce à
une ventilation rafraichie, les truits sont tians-
portés vite et bien des Antilles aux U. S. A. et
en Angleterre. De très confortables installations
de passagers sont ménagées sur ces navires et
sont occupées tout l'hiver par de luxueux voya-
Surs américains. Le rendement de ce transport
de touristes vers la Jamaïque, où les Compa-
gnies possèdent d'admirables hôtels, est si ré-
munérateur que, pendant les mois d'hiver, le
transport des fruits tropicaux ne coûte presque
rien et que ceux-ci peuvent être vendus au con-
sommateur américain à un prix très avantageux.
Vous entendez, consommateurs français ? A
un prix très a I Alors qu'en France
la banane coûte près trm franc place, et n'ar-
rive pas toujours dans de très bonnes cOnditiaM.
elle ne coûte pas plus de 0 fr. 25 en Amérique
et elle y est consommée à l'aat parfait.
, Et pourtant, la Guadeloupe et la Martintaie
sont a aussi bonnes terres à bananes que la Ja-
malque 1 Et leurs bananes sont de l'aveu de
tous, parmi les plus variées et les meilleures du
monde 1
Qu'attendons-nous, nous Français, pour imi-
ter cet exemple si clair et si probant de la Ja-
maïque Anglaise )
Attendons-nous que des Compagnies de
Transport américaines s' installent à Fort-de
France et à Pointe-à-Pftre pour y pratiquer, en
impératrices des Antilles, une culture et un com-
merce qui auraient dû revenir normalement à
des Compagnies Françaises >
Ne désespéium pas pourtant de 1 énergie
CIe.11.
C. ;. les INHMH de bu–
de la Guadeloupe se sont groupée en un Syn-
dicat Professionnel Général qui va intensifier
la production de la banane dans toute l'lie.
J'ai déjà rappelé à la tribune du Sénat et ici-
même, que l'exportation bananière est passée
progressivement de 500 kilos en 1919, à 1 mil-
lion 500.000 kilos en 19/6. C: était un com-
mencement. Les planteurs déclarent aujourd'hui
(août 1928) pouvoir porter l'exportation à 16
millions de kilos pour 1929. Il leur faut pour
cela les transports appropriés de la Guadeloupe
à Bordeaux, à Saint-Nazaire et au Havre. Fai-
sons confiance à nos armateurs français pour ne
pas se montrer inférieurs à leurs collègues an-
glais ou américains dans un problème qui inté-
tesse à la fois au plus haut point le consomma-
teur de la métropole et l'agriculteur des Antil-
les françaises.
L'exemple de la Jamaïque ne sera plus alors
pour nous une humiliation, mais un réconfort.
Henry Bérenger,
Sénateur de la GuadeloUIJc,
Ambassadeur de Franco
rapporteur des Commissions
des Affaires Etrangères et des Colonies.
Les récoltes algériennes
Défense contre les sauterelles
Les invasions de sauterelles en Algtne
s'étaient, jusqu'à ces dernières années, cun
tinces dans les territoires du bud. Leur
avance aujourd'hui ne cesse pas d'alarmer
les Colons.
Les degats causés par les sauterelles ùani
la région d'Aumale, Ain-bessem, dans cette
d'Aiti-iloucif et en Uranie font craindre pour
1929 des invasions calaimteuses en Aliène.
Ainsi que nous l'avons signalé ta son
temps, des mesures sérieuses ont été prises
pour la destruction des pontes et des cri-
quets dans le Sud. Mais, est-ce suffisant i
i\on, déclare M. Moatti, Directeur du Syn-
dicat de délense contre les sauterelles de la
commune de, Miliana, dans une lettre adres-
sée à notre confrère « La Voix des Colons » :
» Il y a, dit-tl, pour les Syndicats de dé-
fense contre les sauterelles tablis dans les
communes dit l'ell et du littoral une prépa-
ration à la lutte toujours à prévoir chaque
année, préparation qui est nulle ou à peu
près. C'est ainsi que dans de nombreux cen-
Ires le matériel antiacridien est entreposé
n'importe où, plutôt mal entretenu et que
jamais des essais d'appareils lance-flammes
ne sont exécutés de orle qu'en cas d'inva-
siont aucune certitude n'existe d'avotr des
appareils qui fonctionnent bien. Il y a mémll
(II, lias une commune importante du dé-
partement, des vols sérieux de toiles et de
aine.
- Il est inadmissible que ce matériel an-
tiacridien ne soit pas sous la surveillance
directe du Directeur du Syndicat de Défense
qui allra à diriger la lutte, qui aura à se
servir des appareils et autres engins de
lutte. Il faut que VAdministration le com-
prenne et réforme dans le sens précité, toute
la réglementation des moyens de lutter ac-
tuellement en vigueur.
Il serait utile qu'une fois ou deux par an
ce matériel puisse être sorti, vérifié et s'il y
a lieu remis en état, sous la direction d'un
Agent de la défense des cultures et pour
Permettre ces essais de mobilisation anti-
acridienne, les Syndicats devraient avoir
des subventions spéciales qui ont été refu-
sées à deux reprises au Syndicat de Mi-
liana. »
Espérons que les sages revendirations de
M. Moatti seront entendues.
.1.
La Tunisie
à l'Exposition de Rotterdam
.8.
Grâce à l'initiative de M. Boccara, le né-
gociant en tapis bien connu, la Tunisie est
brillamment représentée à l'Exposition de
Rotterdam qui attire une foule considérable
depuis deux mois dans le grand port hol-
landais.
Lors de l'inauguration de la section
française, M. Bokanowski, ministre du Com-
merce, a vivement félicité M. Boccara de son
installation.
Récemment, S. M. la reine de Hollande
a fort admiré les tisseurs qui travaillaient
sous ses yeux et a choisi plusieurs tapis de
Kairouan. Voilà ce qui s'appelle bien tra-
vailler pour soi et pour son pays.
eee
Au Conseil Colonial du Sénégal
Au cours de sa séance du 14 juin 1928,
après avoir pris connaissance de certains in-
cidents qui se sont passés au Lycée Faidherbe
de Saint-Louis du Sénégal, le Conseil colo-
nial a adopté à l'unanimité le vœu suivant,
émis par MM. Duguay-Clédor, Moustaph
Molic Queyc, et Abdon Salarn Kane :
Considérant qu'à l'heure netuellc l'enseigne-
ment donné au Lycée Faidherbe est on ne peut
plus défectueux.
Considérant que cette carence provient, en
grande partie, du manque d'autorité du Provi-
seur actuel et du trop grand nombre d'insti-
tuteurs et de contractuels en service au Lycée
Fnidherbe, aux lieu et place de professeurs de
l'Enseignement secondaire,
Considérant qu'il est de toute urgence de re-
médier il cet état de choses ;
Les Conseillers coloniaux soussignés l'mel-
tent le vœu :
1* Qu'vn proviseur ayant les capacités né-
cessaires, les diplômes exigés et une autorité
suffisante et supérieure à celle du proviseur
actuel soit mis en tète de l'établissement d En-
seignement secondaire de Saint-Louis.
2* Que l'Administration fasse diligence pour
recruter des professeurs d'Enseignement se-
condaire et supprimer le trop grand nombre
d'instituteurs et d'auxiliaires actuellement en
service au Lycée Faidherbe.
RJETOVR
M. Louis Valent, nouvellement élu délé.
gué au Conseil Supérieur des Colonies pour
a Côte d'Ivoire, vient de rentrer à Paris.
Dès son arrivée il a entretenu M. Léon
Perrier, ministre des Colonies, des revendi-
cations urgentes de sa Colonie.
AGENTS D'ÉLEVAGE
r',
fat lu que Madagascar manque
de vétérinaires. Ils sont làbas-jutt
douzaine-et pas plus, chtm-unjntyi
qui compte 600.000 kilomètres carrés de su-
perficie, et où le seul cheptel bovin est éva-
lué à 7 millions et demi de têtes.
Aussi les vétérinaires ont ils plus de hi"-
sogne qui ne leur en faudrait. et dans des cir-
conscriptions plus vastes qu'il ne contien-
drait.
Alors, il faut faire quelque chose, cm il
ne suffit pas apparemment de reprendre
quelques couplets des hymnes consacres au
cheptel bovin, ovin et caprin, avec t'aria-
lions sur les thèmes de la congélation et des
conserves. Viandes sur pied, viandes conge-
lées et frigorifiées, que de choses excellentes
on a dites à ce propos 1 On ferait bien mieux
d'augmenter le nombre des vétérinaires de
Madagascar. Ce serait moins long, plus pra-
tique et plus immédiatement utile.
Vous avez raison, me dit quelqu'un, niais
pas d'argent, pas de Suisse ; pas de crédits,
pas de vétérinaires. Le budget de la colonie
est surcharge. ai même entendu parler
d'une Ligue des Contribuables de la Grande
Ile qui (tu quoque, ô fili !). à l'aide d'une
phrase éloquente de M. le Président du Con-
seil, s'est constituée en brandissant le pro-
gramme des revendications ,f c ces moutons
de contribuables qui deviennent parf ois enra-
gés. Alors, comment concilier les ncccssififs
budgétaires et les nécessités d'ordre écono-
miqut, quand il s'agit de rrlllc des princi.
pales richesses de ce beau pays ?
En cédant qclquc peu du côté scielltifiqtU,
si j'ose m'exprima ainsi ; en formant des
dcmi-vcicrinaircs qui coûteront moins cher et
qui seront plus faciles à recruter. en accep-
tant, comme substituts des vétérinaires, des
« agents d'élevage 9, (titre qui ne casse rien
et qui n'inquiétera pas les détenteurs de di-
plômes authentiques) , lesquels, plus modes-
ement, soigneront le cheptel avec la même
trousse mais avec moins de parchemins que
les vétérinaires complets.
Ces derniers auront plus de temps devant
eux lorsqu'ils seront délivres du souci de ces
petites interventions secondaires qu'on peut
fort btett réussir sans avoir fait de longues
et profondes études. L'agent d'élevage sera
au vétérinaire cc que l'officier de santé est
au docteur en médecine. Il rendra des ser-
vices particuliers et collectifs; il ira de ré-
gion en région, prodiguera aux éleveurs les
conseils utiles, fera l inspection des trou-
peaux, indiquera ce. qu'il faut faire pour cm
pécher ou arrêter les épidémies, bref il sup -
pléera le vétérinaire dans tous les cas où le
déplacement de ce dernier ne s'imposera pas
de toute évidence. L'agent d'élevage non
seulement, sera moins payé, mais comme on le
prendra U plus souvent dans la population
indigèm elle-même, il v a des chances pour
qu'il rende, à certains points de vue, des
services que, malgré toute leur bonne volon-
té, des supérieurs ne pourraient pas rendre
à la population de la Grande /le.
Il y a là une solution partielle, intéres-
sante, mais qu'il serait bon de généraliser
ailleurs. Oui, les budgets de nos colonies
ne leur permettent pas, en général, de s'of-
frir des spécialistes d'autant plus coûteux
qu'ils ont plus de peaux d'ânes. Alors, n'est
il pas souhaitable qu'elles aient à leur dispo-
sition des gens dont la bonne volonté, dont
le dévouement suppléeront à l'wsni lisante
des titres, grades et sacrements, et qui seront
formés pour rendre exactement, les services
qu'on attend d'eux. On sait que, dans cer-
taines colonies, on a formé des médecins de
santé indigène, des sages-femmes indigènes,
des infirmières indigènes. Il faut étendre
cette méthode.
En admettant que tout soit absolument
tltile, absolument nécessaire dans ce qu'on
apprend aux diplômés complets, contentons-
nous de fonctionnaires moins bien pourvus
scientifiquement, mais connaissant parfaite-
ment ce qu'ils ont à faire et désireux de le
faire consciencieusement. Sages-femmes in-
digènes, officiers de santé indigènes, agents
d'élevage indigènes, appelons tous ces sous-
officiers de l'armée pacifique à notre aide,
faute d'officiers ; le galon est digne de res-
pect, parce qu'il représente l'effort de Vin-
telligence, la valeur de l'expérience, la qua-
lité des services rendus, mais s'il est des do-
maines où le nombre des « ficelles 11 ne doit
pas être rigoureusement exigé pour être jugé
digne de servir, c'est bien dans notre France
coloniale.
Mmri* Mots m tan f
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
L'exposition coloniale
internationale de Paris
en 1931
-6 1
Le Comité régional de Propagande en fa.
veur de l'Exposition Coloniale Internatio-
nale de 1931 s'est réuni, à la mairie de Vin-
cennes, sous la présidence de M. Emile Bris-
son, conseiller général de la Seine, assisté
de MM. Karcher, maire du 20* arrondisse-
ment de Paris; Huguin, maire de Vincen-
nes ; Dijeon, maire de Saint-Mandé ; Du-
bocq, maire adjoint du 128 arrondissement
de Paris, et des présidents des unions com-
merciales des communes riveraines du Bois
de Vincennes, pour décider de l'organisation
d'une importante manifestation en l'honneur
de la pose de la première pierre du Palais
permanent des Colonies, qui doit avoir Heu
sous la présidence du chef du Gouvernement
en novembre prochain.
Une commission d'organisation a été
nommée, comprenant, sous la présidence de
M. Victor Brun, président, des industriels et
commerçants des u0, 128 et 20* arrondisse-
ments, un représentant des municipalités et
des unions commerciales des communes ri-
veraines.
Le commerce de l'Indochine
avec l'étranger
»•«
Les importations de l'indochtne viennent,
pour la moitié, de l'etranger.
E11 UJQ, sur un totul de 1.409 millions
de francs d'importations étrangères, il y
avait : 103 millions de pétrole et d'essence,
va millions db sucre, IH millions d'or, ()l
millions de lus et tissus de jute, 63 11111-
lions de coton brut, 48 millions de farine
de lromeiit, etc.
Muis ne sommes-nous pas producteurs de
fruinent, nls et de tissus de jute, de tis-
sus de soie ? Oui. Mais nos colonies pro-
ductrices de sucre sont trop éloignées (,e
I Indochine pour la ruvituiller, (juulll aux
1ils et tissus de jute, la métropole en fabri-
que, mais l lnde, où la matière première se
trouve sur place et où l'industrie est très
développée, est toute proche de lu colonie.
Certains articles rivalisent avec les urli-
cles similaires français, mais, pur une
concurrence en quelque sorte indirecte, eur
ils appartiennent à une autre civilisation ;
c'est le cas pour une bonne partie des tis-
sus de soie d'origine chinoise, des vête-
ments chinois en soie, de la porcelaine de
Chine et du Japon, du papier destiné au
culte, etc.
Nos industriels métropolitains n'ont-ils
rien tenté pour atteindre et se maintenir
en bonne posture sur le marché Indochinois
quant à la rivalité étrangère ? Ils ne faut
pas nier tout effort chez eux. Dans un cer-
tain ordre et, de plus en plus, lea indus-
tries françaises visent à s'adapter au goût
des indigènes. Mais il est juste de le dire,
le tarif douanier spécial accordé à la Chine
assure un assez large débouché aux arti-
cles spécillquement chinois.
Il faut également tenir compte de la
concurrence croissante des pays industriels
de l'Extrême-Orient : les Indes britanni-
ques et surtout le Japon, dont les industries
se sont rapidement développées au cours
des dernières années ; outillés de la ma-
nière la plus moderne, ils ont sur nous
J'uvtlntuc pur leur position géographique
et par 1 abondance de leur nittiii-d'ceuvi-e.
C'est donc plutôt aux marchandises im-
portées par les puys d'Europe ou pur les
Jtuts-LnIS que les marchandises françaises
pourraient se substituer.
Elles se montent à 112 millions de francs
pour les puys européens et à 19 millions
pour les Etats-Unis (non compris le pé-
trole et l'essence).
En dehors du pétrole et de l'essence les
Etuts-Ûnis vendent à l'Indochine des pois-
sons conservés ou préparés ; des bitumes
et asphaltes ; des grumophones, phono-
graphes, etc. -
Les principales importations de pays eu-
ropéens sont, par ordre de vuleur, en 1920,
en premier lieu, le lait concentré ou stéri-
lisé venant de la Suisse ou des Pays-Bas ;
le fer étamé, d'Angleterre ; les bâtiments
de mer en acier, des Pays-Bas ou de l'Alle.
magne ; des fils et tissus de coton, d'An-
gleterre ou de Suisse (muis pour une valeur
faibte par rapport au total des importa-
tions de l'espèce) ; des automobiles ita-
liennes ; des machines pour l'agriculture,
anglaises ou allemandes ; des poteries et
briques réfractaires, venant aussi d'An-
gleterre ou d'Allemugne ; des machines Ù
coudre anglaises ; des machines électri-
ques ou dynamo-électriques italiennes ; des
montres suisses.
En plus, notre industrie est tenue en ha-
leine par celles, en pleine progression, des
pays d'Extrême-Orient. Elle réduit à 10 0/0
du totul des importations américaines ou eu-
ropéennes qui la concurrencent.
La popihtion française en Cochinchine
Les mouvements de la population fran-
çaise en Cochinchine montrent pour l'an-
née 1927 (1.432 arrivées, 1.003 départs) un
excédent des arrivées sur les départs. Cet
excédent est, pour l'année dernière, de ol>y
individus (130 hommes, 203 femmes, 06 en-
fants de moins de 15 ans).
Dans ces chiffres ne sont pas compris
les militaires et fonctionnaires et leurs fa-
milles.
En ce qui concerne les sujets des autres
nations européennes, les arrivées et les
départs s'équilibrent sensiblement.
.1.
S. M. Bao-Dai à Prades
L'empereur d'Annam et son consin, le
prince Vinh Can, accompagnés de leur pré-
cepteur M. Charles, sont arrivés à Prades,
où ils prendront leurs vacan'es,
L'Aviation Coloniale
Paris-Le Cap-Paris
L'avion Cinéma, piloté par Mauler et
Haud, sur le chemin du retour, était si-
gnalé le 4 aoùt à Bamako. Si tout marche
bien, Mauler et Baud espèrent être au
liourgel entre le 15 et le 20 août.
-
Cinéma Colonial
Qu'en pense le Sultan ?
Le film peut être un diplomate de premier
ordre. Il peut être également tout le con-
traire.
Dans L'Occident, tirée de l'œuvre célèbre
d'Henry Kistemaeckers par Henri Fcscourt,
un combat important se déroule dans le Riflf
marocain entre les harkas de la dissidence
et les troupes coloniales. D'autre part, une
escadrille croisant au large de Mogador,
prend part au rude engagement, en bom-
bardant les rebelles et en les faisant pour-
suivre par un détachement de fusiliers ma-
rins.
On trouvera donc tout légitime que le
sultan du Maroc ait fait preuve de quelque
curiosité à l'égard de ce film qui vient de
paraitre à l'écran.
Quant à connaître l'opinion qu'il en garde,
c'est autre chose, bien qu'avec sa politesse
tout orientale il ait demandé une épreuve
du film pour lui-même.
La mort de Jean Galmot
r..
La mort de Jean Galmot parait, d'après les
dépêches succinctes qui parviennent de Cayen-
ne. n'être pas un incident dramatique dans une
lutte inégale, mais un anneau de la chaîne san-
glante dont la proclamation électorale du 22
avril fut la cause initiale. On sait les faits :
M. Jean Galmot, qui jouissait à la Guyane,
depuis vingt ans, et malgré ses malheurs, d'une
popularité quasi unanime, n'avait pas aban-
donné une partie dans laquelle il possédait les
meilleurs atouts.
Après avoir sollicité beaucoup de personna-
lités de se présenter à la Guyane, il avait choisi
comme concurrent de M. Eugène Lautier un
polémiste, dont la plume et le cran sont connus.
Il n'était pas douteux, pour ceux qui connais-
sent les aîtres de la Présidence du Conseil et
du Ministère de l'Intérieur, que la proclama-
tion de M. Eugène Lautier était acquise pour
le 22 avril.
Le choc en retour se fit immédiatement sen-
tir. Le Gouverneur Maillet immobilisé au Gou-
vernement par la population de Cayenne ameu-
tée, la démission de M. Gober, le triste maire
de cette ville, la dissolution du Conseil munici-
pal, un départ précipité, puis, deux mois après.
l'élection à la mairie, sans concurrents, de M.
Quintue (ami de M. Jean Galmot) et de sa
liste, alors que le parti ae M. Galmot ne
s'était vu attribuer que le quart des votants
le 22 avril : tout cela créait un état morbide qui
n'était pas sans danger.
Jean Galmot était devenu le maître de la
colonie. cette fois sans contestation possible.
Il est mort aujourd hui, et un câblogramme
émanant de M. Maillet, Gouverneur de t.
Guyane, annonce que les médecins, chargés de
l'autopsie du cadavre de M. Jean Galmot. ont
conclu à la « présomption d'un empoisonne-
ment criminel ». Contrairement à l'opinion de
M" Odin. avocat de Mme Vve Jean Galmot
et député de la Gironde, le Populaire affirme
que toute idée de crime crapuleux doit être
écartée : reste la vengeance, ajoute-t-il.
D'aucuns dans la presse, aussi bien à droite
qu'au centre et qu'à- gauche. de la Liberté à
l'Humanité, en passant par beaucoup de jour-
naux modérés ou radicaux, voient dans ce crime
la main de l'actuel député de la Guyane, en
vertu du précepte : ls fecit cui prodest.
Heureusement que M* Odin est là au nom
de la famille Ga lInot pour s'él ever contre une
pareille thèse qui risquerait, sans cela, de s' ac-
créditer.
Terminons.
L'assassinat de Jean Galmot, confirmé par
diverses dépêches, a eu une suite. Il a surexcité
au paroxysme l'opinion guyanaise déjà deux
fois alertée. Le sang appelle le sang. Quatre
partisans de M. Eugène Lautier, dont deux
chefs de file, un conseiller général, M. Bour-
garel, et un gardien de cimetière ont été tués
dans une émeute. Les obsèques de M. Jean
Galmot, ajoute une dépêche de ce matin, ont
eu lieu au milieu de l'universel respect, mai s à
leur suite, une bagarre a eu lieu et on enre-
gistre deux nouveaux morts.
Il est à craindre que ce ne soit que le com-
mencement d'un violent mouvement que nous
avions, aux Annales Coloniales, prévu, mais
que nous nous reprochons aujourd'hui de n' avoir
prédit, il y a six mois, que dans des conversa-
tions particulières avec les personnalités politi-
ques ou coloniales que la situation de la
Guyane intéressait ou préoccupait.
Il ne peut être question ici, où l'actuel dé-
- uA. L J. 1 - ru - »_ u • - 1 , r ., l'
pute ae la vjuyane a toujours Denenae a une
bienveillante et protectrice sympathie de faire
de la polémique, mais de juger les événements.
Au lendemain de sa validation comme dé-
puté de la Guyane, le directeur de l'Homme
Libre, dans un article que tous ses amis souhai-
tent unique pour sa réputation de journaliste qui
était grande, écrivait, le 7 juillet dernier, s' ap-
propriant un mot qui pue la décadence romaine:
« Le cadavre d'im ennemi mort sent toujours
bon. » Je regrette, moi qui ne suis que Pari-
sien à trois générations utraque specic si j'ose
dire ne pas pouvoir partager l' opinion de
M. Eugène Lautier et de l'empereur Vitellius.
L'Ans.
P.-S. Le journal de M. Lautier, l'Hom.
me Libre, toujours si bien fait, n'a pas soufflé
mot ni jeudi, ni vendredi, ni samedi, de ce qui se
passe en Guyane. Il est si beau de dire la vérité
et de reconnaître loyalement ses fautes.
Erratum. M. Jean Galmot était né le 1er
juin 1879 à Monpazier (DordoRne), et non à
Monparier (Hérault), comme il a été imprimé
par erreur dans notre dernier numéro.
Le Ministère des Colonies nous communique:
Les dernières injormations parvenues ce ma-
tin de la Guyane au Ministère des Colonies ne
signalent pas de nouvelles bagarres dues à
i émotion produite dans la population de Cayen-
ne par la mort de M. Galmot.
Au cours des violents incidents qui se sont
produits depuis le 6 août, date du décès, six
personnes ont été tuées. Les noms de trois d'en-
tre elles seulement sont connus, à l'heure ac-
tuelle, savoir ; M. Bourgarel, conseiller géné-
ral ; M. Clément, chef de service de l'Ensei-
gnement, et M. Laroze, gardien de cimetière.
Le Gouverneur, conformément aux instructions
qu'il a reçues, a fait tous ses efforts pour ra-
mener le calme. L'instruction juridiciaire se
poursuit, et les pouvoirs publics ne négligeront
rien pour qu'elle continue et s'achève avec tou-
tes garanties de fermeté et d'impartialité. D'ac-
cord avec son collègue de la Marine, le ministre
des Colonies a pris, dès la nouvelle de la mort
de M. Galmot, et craignant une effervescence,
les mesures utiles pour assurer au Gouverneur
les renforts nécessaires au maintien de l'ordre.
L'aviso l Antares, actuellement à Fort-de-
France, est parti pour Cavenne, où il se tiendra
à la disposition du Gouverneur, et débarquera
50 fusiliers marins. Ce bateau transporte, en
outre, à Cayenne. 50 gendarmes prélevés sur
reffectif de la Martinique. Un nouveau déta-
chement d'égale importance, prélevé sur l'ef-
fectif de la Guadeloupe, se tient prêt à suivre,
et s'embarquera, si le Gouverneur de la Guyane
le juge utile, sur le paquebot Biskra le 15 août.
TROP TARD
.tT
Trop tard pour sauver la vie de Jean Gal-
mot, l'interpellation qu'annonce M. L.-O.
Frossard, député S.F.I.O. de la Martinique !
Tous ceux qui avaient salué sdn élection comme
l'aurore d'une ère électorale de clarté et de
loyauté ont été ou déçus, ou irrités, ou charmés
de constater son silence lors des validations des
élections coloniales. Son intervention venge-
resse, surtout au sujet des élections antillaises et
Ruyanaises, avait été tellement annoncée que
l'ancien secrétaire général du Parti communiste
en France, rentré depuis peu dans le giron du
Parti S.F.I.O., et redevenu un de ses leaders,
fut voué aux gémonies par moult coloniaux et
même invité à démissionner. Il s'en tira en pro-
posant une enquête parlementaire sur les méfaits
politiques et judiciaires dans notre empire colo-
nial, enquête qui sera sans doute décidée à la
rentrée du Parlement et dont la Chambre ne
pourra que charger la Commission des Colonies,
tout particulièrement compétente pour ces opé-
rations.
Hier, dans un papier fort bien tourné, comme
il sait les faire, M. L.-O. Frossard crie ven-
geance.
Dans ce journal, nous sommes parf aitement
à l' aise pour parler de feu Jean Galmot. Nous
ne lui avions jamais rien demandé, il ne nous
avait jamais rien donné, nous ne lui avons ja-
mais rien pris. Nous croyons que si la vie de
Jean Galmot, déjà marquée par le destin, avait
pu être sauve. l'intervention de M. L.-O. Fros-
sard, il y a un mois, y aurait contribué. Une
enquête dira demain à toute la France le véri-
table état de la Guyane.
Pour 1 heure, dans la tragique aventure
d'hier, nous ne pourrons que répéter à M. L.-
O. Frossard la phrase que son camarade B.
Maréras, alors député de la Seine, jetait à M.
Caillaux traqué par ses adversaires à la fin de la
guerre :
(( Votre silence, c' est votre crime ! »
M. R.
La case aux livres
–o–
Ecrivains coloniaux. et 1 aUleuls
Par MARIE-LOUISE SICARD.
1
LA VIE DE RENÏTCAILLIE
VAINQUEUR DE TOMBOUCTOU
par
André Lamandé et Jacques Nanteuil
« L'histoire pacifique de René Caillié est
belle comme l'illiadc et l'Odyssée It. Ra-
contée par André Lamandé et Jacques Nan-
teuil, elle est, dans sa simplicité, grandiose
et extrêmement émouvante. Les témoignages
directs sur le vainqueur de Tombouctou
sont peu nombreux, la naissance et la mort
d'un humble ne font guère de bruit. 11 a
fallu l'enquête patiente, le talent vibrant
des deux biographes pour ressusciter l'ad-
mirable figure de René Caillié, symbole des
qualités individuelles d'un Français et aussi
exemple frappant de la négligence natio-
nale.
L'orphelin qui conquit le monde de ses
r6ves était fils d'un boulanger, bagnard in-
nocent ! Cordonnier peu enthousiaste de
son état, tout en tapant la semelle au fond
du village charentais de Mauzé, René Cail-
lié lisait Robinson Crusoé et rêvait d'une
Afrique de sable rouge et d'or au coeur de
laquelle inaccessible, inviolée comme un
tabernacle, régnait Tombouctou la Mysté-
rieuse. u Reviens sur terre, René Caillié, tu
n'es que ça, un fils de bagnard ». Mais l'en-
thousiasme, une bienheureuse ignorance de
l'implacable réalité étaient les deux forces
de cet enfant du peuple faible et si pauvre!
Sans hésiter, il engageait avec la destinée
une partie formidable (t dont l'enjeu était
son propre corps Il. Le 27 avril 1S16, René,
âgé de seize ans, riche de soixante francs
et d une paire de souliers neufs, quittait les
ormeaux de Mauzé et s'embarquait à La Ro-
chelle pour le Sénégal, au service du roi de
France. Un long martyr commençait. Il faut
connaître la physionomie exacte de l'Afrique
au début du dix-neuvième siècle. Penchons-
nous sur une carte de 1824. Les côtes seules
sont nettement dessinées, l'intérieur n'est
qu'une grande tache blanche où le cartogra-
phe - a tracé d'un pointillé hésitant les tron-
çons d'un ver solitaire. Le premier tronçon,
le plus court, part des montagnes qui do-
minent la côte de Guinée, en direction du
Xord. Le second naît à hauteur de Bakel,,
sur le Sénégal, s'infléchit vers l'Est et dis-
paraît au milieu des solitudes où pas un
nom n'est inscrit. Ici, n, partout le mystère
et la mort. Tout au long des itinéraires in-
certains, des cadavres d'Européens jalonnent
les pistes du déscit. Or, voici la réponse de
René Caillié aux décourageants exemples
que lui exposait le baron Roger, le gouver-
neur du Sénégal essayant er. vain d'arracher
ce jeune français rêveur et exalté aux affres
d'une mort certaine. Caillié n'hésite nas. fai-
-- - - -
sant allusion à tous les explorateur?, riches
d'argent, de naissance, de protecteurs, de
chameaux, de marchandises, qui payèrent
l'échec de leur vie, le petit cordonnier de
Mauzé jette magnifiquement : « Que leur
a-t-il donc manqué pour réussir ?. l'appren-
tissage de la misère. Un peu plus de con-
fiance en eux-mêmes, un peu moins dans
leurs appuis. L'argent, les escortes, les let-
tres de recommandation, tout cela ne pèse
pas bien lourd à cent lieues des escales. Ce
qu'il faut pour réussir ! Un homme, mais
un homme aguerri au climat, aux fatigues,
aux privations, au lait aigre, accoutumé aux
mœurs, a la langue, à la religion des tri-
bus et. par dessus tout, un homme invim i-
oument résolu a passer n. Personne ne veut
l'aider, pas même d'une parole consolante.
Qu importe, il poursuivra son but. Le silen-
ce et la solitude lui ont forgé, depuis l'en-
fance, une a me de résistance, une inie en
profondeur, abri pour soi-même aux pires
heures de souffrance. De sa misère, René.
Caillié a tiré les moyens de vaincre, là où
de plus puissants avaient échoué. Le 20
avril 1828, sous une défroque de mendiant,
pèlerin musulman, il entrait enfin dans
Tombouctou.
Vous tous, qui lir('7. puis relirez sûrement
la vie de René Caillié, n'invoquer pas la
chance en songeant au vainqueur du pres-
tigieux voyage. De la chance, il Pen cût
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