Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-07-12
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 12 juillet 1928 12 juillet 1928
Description : 1928/07/12 (A29,N108). 1928/07/12 (A29,N108).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64512847
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NBUVIEMB AJWEE. - N* 10a
JEUDI SOfA, 12 JUILLET 1939.
JOVMULJHTIIIKN
Rédaction & Administration .*
II.-
PA|US an
tftini.1 bOUVW imt
- MCMIUIUIMI
Les Annales Coloniales
LM annonces et réclames sont reçues au
bureau du (oumai.
, DIRECTEURS: Marotl lltUeDeL et .L.-G. THÉBAULT
Tous les articles publias dans noire journal ne peuvent
être reproduits 'U'cr& citant les AXXAI.ES COLONIAI.ES.
IBONNEIENTS
avec le supplément illustré i
Un in 0 Moil 8 Mol.
France et
Colonies 120 o M » 86 e
Étranger.. 180) 100» U 9
On s'abonne sans frais dada
tous les bureaux de poste.
Une politique du fruit
pour la France et ses. Colonies
-1 1
, .1 .,. 1.
La plûpart de nos colonies, notamment
nos colonies tropicales, sont productrices
naturelles de fruits sains et délicieux, que
les Français d'Europe ont avantage à pou-
voir se procurer frais, abondantJ.. et à bon
marché.
Citrons, oranges, ananas, bananes, co-
cos, mangues, etc., devraient pouvoir
se trouver chaque jour sur la table du
a Français moyen », en même temps que le
café et la chocolat qui devraient être en
totalité produits pour nous par notre em-
pire colonial. -. - - -
En échange, les fruits frais de notre
France d'Europe, ces fruits exquis et nour-
rissants de nos riions tempérées, pom-
mes, poires, raisins, etc. devraient pou-
voir parvenir dans nos colonies et y être
consommés par nos populations d'outre-mer.
------ Cette politique réciproque du fruit, que
les Américains du Nord et du Sud ont réa.
lisée entre eux depuis vingt ans et qu'ils ne
cessent de développer par le moyen de leur
United Fruit and Cy et autres Compagnies
similaires, pourquoi donc les Français d'Eu-
rope et les Français coloniaux sont-ils jus-
quici impuissants à la réaliser ?
Déjà, cependant, les régimes dorés de ba-
nanes pendent en bonne place chez la plu-
part des fruitiers de France, tandis que l'on
consomme des poires, des pommes et des
raisins frais sur les tables de nos créoles de*
Antilles.
Malheureusement, ces pommes, ces rai-
sins, ces poires leur viennnt de Californie,
de Virginie ou du Canada, tandis que lett
bananes et les ananas nous viennent des
Canaries ou des Açores !
La France a des cinq parties du monde »
perd ainsi paresseusement chaque année
plusieurs milliards de francs dont elle enri-
chit le change de l'étranger !
Alors que nos pommes, nos poires, nos
raisins sont d'une saveur supérieure à ceux
des Américains, ce sont les Américains qui
trouvent moyen d'alimenter directement nos
tables coloniales.
Alors que les bananes, les ananas et les
oranges de nos Colonies sont d'une qua-
lité supérieure à celle des produits similai-
res étrangers, ce sont les Espagnols, les
Portugais et les Anglo-Saxons qui trouvent
moyen d'alimenter directement nos tables
métropolitaines !
Sur deux cents millions nue la France
consomme annuellement en bananes, cent
quatre-vingtuatorze millions de frara
sont payés à l'étranger. Six millions de
francs seulement reviennent à nos Colonies.
Sur dix mille quintaux métriques d'ana-
nas que consomme la France, h peine deux
mille lui viennnent de ses Colonies.
Que dire du café et du cacao, dont l'ex-
portation de nos colonie* est inférieure de
cinquante fois à la consommation métro-
politaine ?
Quant à l'envoi des fruits métropoli-
tains dans nos Colonies, il se réduit à peu
près à zéro.
La France n'est-elle donc plus le grand
pays horticole de jadis ? Nos colons ne
sont-ils plus les planteurs habiles de na.
guère ? Nos tarifs douaniers sont-ils insuffi-
samment protecteurs ?
Les raisons de notre carence sont plus
complexes que cela.
D une part, nous nous sommes trop adon-
nés à la monoculture. Nos colonies fruitières
n'ont guère fait que du sucre et du rhum
dans les Antilles, de l'arachide en Afrique.
Elles s'y sont momentanément enrichies,
mais la surproduction entraine maintenant
les bas prix, et cette surproduction ne va
pas sans des dangers prochains qui appa-
raissent à tous les coloniaux avertis.
D'autre part, nous n'avons pas su orga-
niser les transports maritimes appropriés à
l'échange des fruits frais d'Europe en Ou-
tre-Mer et d'Outre-Mer en Europe. Nous
n'avons pas .su construire et exploiter les
cargos-fruitiers rapides et rafraîchis, dont
la mise de fonds initiale aurait assuré des
milliards de fret à la France et des dizaines
de millions de bénéfices annuiels à leurs
possesseurs.
Nos armateurs ont manqué d'initiative et
nos agriculteurs ont manqué d'horizon.
La politique du fruit s'est développée et
se développe jusqu'ici contre nous. Paradoxe
humiliant pour la France agricole et colo-
niale de notre vingtième siècle t
Il est encore temps de mettre fin à ce
paradoxe.
Déjà, à la Guadeloupe, les petits plan.
teurs et les exportateurs de bananes se sont
associés et, en moins de sept ans, ont fait
monter leurs envois de 500 kilos en 1920 à
1 million 500.000 kilos en 1927. Ce n'est
qu'un commencement, mais qui en dit long
sur les possibilités de demain.
Efforts semblables, je le sais, en Guinée
Française et à notre Côte d'Ivoire. Peu à
peu, l'évidence se fait dans les esprits les
plus routiniers. Et chaque Français moyen
commence à comprendre qu'une politique du
fruit national, fruit métropolitain ou fruit
exotique, comporte une concentration de la
production, du transport et de la vente qui
n'est tout de même pas au-dessous des ca-
pacités agricoles, maritimes et commerciales
de la nation française d'aujourd'hui.
Il y a des milliards à cerner pour les
Français d'ici et les Français de là-bas dans
une politique bien conduite du fruit. Seront-
ils longtemps assea naïfs pour laisser à
d'autres ces milliards et même leur en payer
le tribut ?
Henry Mrenftr,
Sénateur de la Guadeloupe,
Ambassadeur de France
rapporteur des Commissionn
des Affaires Etrangères et des Cotonies.
Allers et Retours
nos
M. Bordes, Gouverneur Général de l'Algé-
rie, revenant de la Conférence de Rabat, est
arrivé à Alger.
M. Th. Steeg, Résident Général de France
au Maroc, quittera Rabat le 14 juillet pour
se rendre en France.
M. Lucien Saint, Résident Général de
France à Tunis, est rentré à Tunis, qu'il
quittera de nouveau le IC), à destination de
Paris où il séjournera jusqu'à la fin du mois.
̃ 1
Les représentants algériens
chez M. Poincaré
-00
M. Raymond Poincaré, président du Con..
seil, a reçu en délégation les représen-
tants algériens au Parlement, avec lesquels
il a conféré au sujet de la réévaluation de
l'encaisse or de la Banque d'Algérie et de
Tunisie.
CiriMités aarocaiacs swestiomes
Un. lecteur de l'Œuvre achetait récem-
U-n lecteur de I'OEuvre achetait irécem-
ment au Maroc deux simples poteries qu'il
paya : l'une 15 francs ; l'autre, 5 francs. 11
les fit adresser chezluî, près de Blois. Il
vient de les recevoir accompagnées des fac-
tures des Compagnies de transport, mari-
time et terrestre.
Sur ces papiers précieux très précieux
on lit des choses dans ce goût :
Peines et soins. 5 fr.
Vérification. 3 fr.
De sorte qu'avec les droits de douana,
qui s'élèvent à 35 francs, et des débours
divers, timbres, impôts et taxes, le desti-
nataire a dû payer 73 fr. 45 de « frais n,
pour deux vulgaires potiches qu'il aurait
trouvées au Bazar de l'Hôtel-de-Vine 00
même au Grand Bazar de Blois.
..a -
Les délégations financières
de Madagascar
Par arrêtés du Gouverneur Général, en
vue des élections aux délégations financiè-
res, la Grande lie est divisée en 6 circons-
criptions, à savoir : 1° Diégo-Suarez,
Nossi-Bé, Antalaha : 6 Français et 2 Indi-
gènes ; 2° Tananarive, Antsirnbé, Mora-
manga, Marinarivo, 7 Français et 6 Indi-
gènes ; 3° Mononjnry, Fort-Dauphin, Fia-
narantsoa, AmboBilra, 3 Français et 9 In-
digènes ; 4° Tulènr et Morondava. 2 Fran.
çals et 2 Indigènes ; 5° Marantaetra, Sain-
te-Marie, Tamatave et Vatomandry, 4
Français et 2 indigènes ; 6* Majunga, Ma-
rovoey, Maevatanana et Analalavo, S
Français et 3 Indigènes.
Au total, 24 Français et 24 Indigènes.
Le Salua du Maree el Fraace
060
A son débarquement à Maneille, avant-hier
matin, S. M. Sidi Mohammed, sultan du
Maroc, a été reçu malgré le caractère privé
de son voyage par le général Bemiolle, repré-
sentant le général Mangin, commandant le
15* corps; M. Marty, secrétaire général de
la Préfecture, représentant le préfet, et par
un certain nombre de PGbOnnalitél.
Le jeune sultan est accompagné de M.
Marc, ministre pléaipotentiaire, directeur des
Affaires chérifieuies, du grand vizir El Mokri
et de Si Mamemri, son précepteur.
Portant le fez, vêtu de la gandourah de soie
blanche, chaussé d'élégants souliers vernis, le
sultan du Maroc apparaît, un peu fatigué par
le voyagé. 'Sa courte barbe naissante entoure
von visage fin d'un collier brun qui fait res-
sortir la matité du visage.
Le capitaine Mitrecey, commandant du pa-
quebot, fait les premières présentations. Un peu
étonné de cet accueil, le Sultan sourit à cha-
cun, tend gentiment la main et remercie.
Durant la traversée, S. M. Sidi Mohammed
a été l'objet de manifestations de respectueuse
sympathie.
Le Sultan, qui a été acclamé par une foule
très dense, est descendu dans un hôtel de la
rue de Noailles, où des appartements lui ont
été retenus.
Le souverain, qui avait quitté Marseille hier
matin, est arrivé à Arles hier à midi, où il dé-
jeuna. A 15 h., il était à Avignon. Sous la
conduite du conservateur, le docteur Colombe,
le Sultan a visité longuement le Palais des
Papes, puis est reparti pour Nîmes et Mont-
pellier.
Si Mohammed est arrivé à 19 heures à
Montpellier. Il s'est rendu à la Faculté de
Mblecine, où le doyen le professeur Euziàe,
lui a remis une médaille en or à l'effiaie
d'Hippocrate.
Le Sultan a quitté Montpellier ce matin pour
Carcassonne. M. Poncet, commissaire spécial,
accompagne le Sultan pendant son séjour en
France.
Oum
Au concours général
La médaille de la Société de Géographie
La médaille offerte par la Société de géo-
graphie et une bourse de voyage en avion
et de séjour à Casablanca, instituée par la
Ligue aéronautique, ont été décernées au
lauréat de composition de géographie, M.
Lepeytre, élève de première du lycée Car-
not de Paris.
L'ISLAM i
et le PrtHw Nord-Afrirais
ltl J.!-
Le ministre des Colonies (Wl
le nôtre, celui de l'Italie fasciste)
a prononcé un discours à l'Uni-
versité de Pérouse où il inaugurait l ensei-
gnement réservé aux étrqmgers. Il a parlé
de nouveau de la reconstitution de VAfrique
romaine, et des problèmes de la colonisation
en Lybitii
Pour lui, le problème lybien et, d'une
façon générale, le problème nord-africain se
pose exactement dans les mêmes conditions
où il s'est posé quand celui qui sut vaincre
Numflttce, qui mit Carthage sous sa loi
vint chasser les Puniques et installer sur le
terrain berbère l'influence romaine. Les sa-
vants ont beau démontrer qu'il y a eu dans
l'Afrique du Ned, l'opulent grenier de
Rome, des changements climatologiques et
géophysiques profonds ; d'outres ont beau
penser que seule la main-doetéore indigène
peut, dans ces contrées, mettre en valeur le
sol et exploiter les produits; pour M. Fe-
dersoni, les difficultés sont restées les mê-
mes depuis la conquête romaine : celles qui
viennent du sol, du climat, des populations
n'ont pas changé.
Sans doute, la question est d'importance
et mériterait d'être examinée dans une étude
vaste et complète, qui dépasserait singuliè-ï
rement le cadre de ce niodeïte « la/Jltt 8.
Mais il y a eu cependant, depuis Scipion
l'Africain, un fait qui me par eut avoir une
certaine importance. Vers la fin du sep-
tième siècle, des bandes d'Arabes musul-
mans se répandent dans VAfrique du Nord.
Ce sont pour les Berbères tour à tour païens,
chrétiens, hérétiques, ariens, donatistes, des
frères qui apportent une for mille nouvelle,
une formule de foi envers Allah et son
prophète, et qui réunissent les croyants par
les gestes quotidiens de la prière ; et, sous
la bannière de l'Islam, voici les Berbères
qui montent à la conquête du monde de
l'Occident, au pillage des cités de l'Espa-
gne et de la Gaule. Unification différente
de l'unification romaine. Pourtant, des fis-
sures se produiront ; comme l'Empire ro-
main avait voulu assimiler, lever des impôts
et des troupes, de même le lointain calife
d Asie eftvoie des gouverneurs qui veulent
prélever des taxes et des cadeaux, lesquels
prendront le chemin de VOrient. Le même
mécontentement nait, se propage : le vain-
queur est devenu l'ennemi.
Et c'est alors que de l'Orient arrivent
d'autres hommes, fis vont de tribu en tribu,
rétandant la Parole simple, attortant VIslam
d; la communauté musulmane, primi-
tive, la doctrine de paix, d'union, de
concorde intime ; à chacun son imam, et
que les Arabes orthodoxes soient expulses
et aillent rejoindre leur calife 1 Les diver-
ses sectes kharidjites et chiites groupent les
tribus en niasses élus compactes. La grande
invasion arabe les dissoudra. Deux cent
mille Bédouins ravagent, saccagent, pillent
sans quartier, puis s'adjugent les terres les
plus fertiles. Quia nominor leo. la race
arabe l'emporte et la langue arabe jera
reculer peu à peu les dialectes berbères.
L'ouest verra désormais les grands mou-
vements religieux, et, lancés contre l'Espa-
gne catholique, les empires qu'miraînellt à
la conquête les réformateurs religieux répan-
dent dans l'Afrique du Nord la haine du
chrétien. L'Espagne a tout fait pour que
cette haine soit implacable, ct, comme elle
poursuit les Maures au nom de la foi catho-
lique, c'est au nom de l'Islam que l'Afri-
que du Nord organise la résistance, c'est au
nom de l'Islam que les chérifs marocains
prêchent la guerre sainte et font voyager
d'un bout à Vautre de l'Afrique du Nord
l'armée des marabouts.
De cette influence de l'islam on peut
discuter ; on a pu prétendre qu'elle n'était
pas aussi profonde, aussi décisive qu'elle
avait paru à certains historiens ; le moins
qu'on en puisse dire, c'est qu'elle est réelle,
et que là où elle s'est exercée, pendant des
siècles, il y a malgré tout quelque chose
de changé. Cest la réflexion que je faisais
en lisant les déclarations du ministre des
Colonies italien, qui affirme que le pro-
blème nord-a fricain est ce qu'il était au len-
demain de la chute de Carthage. Sur cette
terre qui a vu tant de révolutions, l'Islam a
pris racine ; cela, c'est un fait qui a changé
bien des choses : le problème nord-africain
n'est plus ce qu'il était.
Marie Mossstssn,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale dès (Montes.
Une riche affaire
l'.
On liquide la flotte indochinoise
La flotte indochinoise créée par M. Albert.
Sarraut, lorsqu'il était Gouverneur Général
de l'Indochine, est sur le point d être liqui-
dée.
Des affiches placardées dans le hall du
Spr^ice Colonial à Marseille annoncent la
prochaine mise en vente, en Indochine, de
deux vapeurs, le Van-Vollenhoven et Les
Fils-dc-Paul-Doumer.
Trouvera-t-on des amateurs pour deux ba-
teaux du grand bateau de fâcheuse mémoire ?
Cette flotte indochinoise avait été formée
à la fin de la guerre. Le vapeur Indochine
fut d'abord acheté; on construisit ensuite, à
l'arsenal de Saigon, le vapeur Albert-Sarraut
et les chantiers de Haïphong reçurent com-
mande du Van-V ollenhoven et des Fils-dé-
Paul-IJoumer.
L'expérience de la flotte d'Etat indochi-
noise ne fut pas financièrement très heu-
reuse : l'adjudication annoncée, sur une mise
à prix de 32.000 piastres, soit environ 416.000
francs, ne la rendra pas plus brillante.
Les élections législatives
l, à la Réa mon"
L .,.
i- Lés dernières élections légi^slatives se sont
déroulées à La Réunion dans un calme i peu
près complet. Les temps sont décidément
changés. En semblables occasions trop sou-
vent dans le passé, la rue et la campagne ont
été le théâtre de scènes parfois sanglantes,
parfois potaques, toujours regrettables.
Il est vrai que certaines personnes difficiles
à satisfaire voient dans la tranquillité présente
le signe d'une indifférence frisant de près la
disparition de l'esprit public dans le pays.
Dans la première circonscription, le député
sortant, M. Lucien Gasparin, a été élu sans
concurrent et au premier tour.
Dans la deuxième, M. Auguste Brunet, qui
sollicitait aussi le renouvellement de son man.
dat, a passé au premier tour également, mais
il a eu à soutenir une lutte assez vive contre
un concurrent qui se couvrait de l'étiquette de
« catholique ».
Sans doute, dans l'immense majorité, la
population de La Réunion est-elle imprégnée
du sentiment religieux. L'empire séculaire du
clergé est un fait dont j' estime les consé-
quences plutôt heureuses.
C'est à lui, pour une grande part, qu'est
due la persistance de l' esprit de famille, et
d'une façon générale l' aménité du caractère
qui est l'une des marques du créole.
Mais que prétendait représenter le concur-
rent catholique de M. Brunet ? On peut se
le demander. Le fantôme de r anticléricalisme
aurait-il émigré vers le paradis de l'océan In-
dien ?
On reproche, paraît-il, à M. Brunet un
vote aussi ancien qu' anodin, lorsque fut re-
mise en question la suppression de l' Ambas-
sade du Vatican. Querelle vaine et, disons-
le, regrettable. Car M. Brunet a donné de
son libéralisme des preuves qu'il serait puéril
et injuste de négliaer. Il a donné surtout, en
troquant un Gouvernement Général contre un
mandat législatif, cette autre preuve qu'il
attachait à l' honneur de représenter son pays
d origine au Parlement, un prix exceptionnel.
Alors ? Alors, il reste qu'il y aura tou-
jours des mécontents ou des maladroits pour
crier à l'incendie quand il n'y a de feu nulle
part.
Mais ce n' est pas tout.
Voici que je lis dans un journal local un
blime à peine déguisé décerné en assemblée
plémère par la Chambre d' Agriculture de
La Réunion contre la représentation parlemen-
taire coupable d'avoir voté sans consultation
i alable de cette compagnie la loi de contin-
iqèntenwnt des rhums.
jt Gettç loi, qui stabilise pour une période de
dix années la situation des usinien, leur fait
cadeau d'un nombre de millions de bénéfices
qui approche du merveilleux. Mais en même
temps, elle réserve aux planteurs qui fourni s-
sent les cannes, lesquelles produisent le sucre,
et après le sucre, le rhum, une petite part du
gâteau. Elle veille également à ce que, dans
le partage, l' ouvrier agricole ne soit pas tota-
lement oublié.
Sagesse, direz-vous, et justice sociale ?
Il parait que non, si toutefois nous avons
bien compris la motion votée par la Chambre
d'Agriculture.
On ne saurait trop mettre en garde les di-
verses assemblées élues de nos colonies contre
certaines tendances rétrogrades qui les laisse-
raient en marge du grand mouvement huma-
nitaire qui se dessine dans tous les pays civi-
lisés. L' antagonisme du capital et du travail
comporte le plus grand danger social. C' est
à y parer que, depuis la guette, surtout, s' em-
ploient les volontés les plus éclairées, et l' on
ne saurait trop louer le Parlement de ses ini-
tiatives dans la législation sur le travail.
Que La Réunion, dond, qui a, elle aussi,
son élite, suive résolument le cours du pro-
grès et de l'émancipation des classes labo-
rieuses. Elle ne le regrettera pas. Et qu'elle
apprécie aussi l'avantage d'être représentée par
des hommes heureusement libérés d'un parti-
cularisme qui, s'il existait chez eux, pourrait
être sévèrement relevé par leurs collègues du
Palais-Bourbon.
Mantrier Jllfter, 1
Avocat à la Cour d'appel.
«*$*. t
LES JEUX "NAUTIQUES
Un beau projet qui se réalise
Dans un récent article, les Annales Colo-
niales disaient le beau projet qu'avaient formé
les Saïgonnais épris de jeux nautiques.
Le Comité de l'Automobile Qub de Co-
chinchine vient d'approuver les propositions et
l'étude faites sur l'installation d'une station de
canots automobiles. L'emplacement approuvé
par le Gouvernement sera immédiatement amé-
nagé, la ville de Saïgon se chargeant de l'ap-
pontement, et le Comité approuvant le contrat
jpassé avec l'entrepreneur pour la construction
d'un garage à canots qui sera édifié de suite.
, Le Comité a accepté la contribution des
sociétés de construction de canots pour l'amé-
nageraient de la station et a décidé qu'une taxe
mensuelle d'une piastre par mètre courant sera
; perçue' pour chaque canot placé dans le garage,
et deux piastres par canot amarré à l'embarca-
dère, le gardiennage étant assuré par l' A.C.C.
Les Sociétés ou propriétaires de canots dé-
sireux d'utiliser la station ont été invités aus-
sitôt à s'inscrire, 115, boulevard de la Somme.
11 nus fe M.MMMtSMM nlnlVe
.1.
Le corps de M. Bartholoni aurait été re-
trouvé, nu cours de travaux de renlloue-
ment du vapeur Trentinian coulé tragique-
ment comme nous l'avons rolaté, en fé-
vrier dernier.
-et@>
DEPART
.,.
M. Henry Umery, sénateur de la Martini-
que, quittera Paris mardi prochain pour rejoin-
te Fott-de-Fmce.
A bord de ma jonque
Le dernier des Mois à queue
« Les Mois, qui ont leur histoire et leurs
légendes, relataient « Les Annales Colonia-
les » à propos de l'homme des bois signalé
dans une plantation de Phurieng, racontent
3ue ces êtres (les Mois à queue) seraient
1anciens représentants du sexe masculin de
la race Moï et qui rentrant chez eux sans y
retrouver leur femme, auraient gagné défini-
tivement la forêt, se nourrissant de racines
et de fruits. »
Ne croyez-vous pas que beaucoup de maris
indochinois ou parisiens ne sont pas
tentés d'en faire autant? Non, parce qu'ils
ne trouvent plus leur femme en rentrant
chez eux, mais, bien plutôt, parce qu'ils la
trouvent devant des casseroles aussi sèches
que l'Amérique et la Belgique réunies, et
qu'ils se délectent en vis-à-vis d'une soupe
aussi plate qu'une gifle, d'un ragoût plus
pénible que six mois de prison.
Mais les représentants du sexe masculin
tout au moins en Indochine vont con-
naître désormais des jours enviables.
Lucullus est bien près de dîner chez Lu-
cullus en Annam..
-- Grâce à une <1 lettrée » annamite de Hué,
Mme Dam-Phuong-Ku-Si qui s efforce depuis
trente ans déjà, de transformer les poupées
de son pays en ménagères modèles, les maris
annamites sont bien près de posséder le ciel
dans leur assiette. D'autant que la bonne
Dame de Hué (qui vaut bien celle de Nohant)
s'est attachée, ces dernières années et tout
particulièrement, à initier ses élèves aux tra-
vaux de la cuisine. Il -.. - - -
- - -
Il n en n'est pas de meilleurs, de plus uti-
lement féminins et de plus salutaires au
bonheur conjugal.
Le cœur le mieux épris fait vite vendange.
(En trois ou six ans, vendange est faite.
L'élevage des petits cochons commence.)
Mais et cela, beaucoup trop de femmes
veulent l'ignorer il reste l'estomac, ta-
bernacle précieux, où se réfugie le dieu
amour mais non seulement sous l'espècc du
nin pt ftti vin
t" -. -- .,.
L'estomac de l'homme aimé 1
Est-il plus à dédaigner que sa tête, ses
reins ou ses bras ? C'est une poche aussi se-
crète que son cœur. Beaucoup plus profonde,
car en somme, le cu'ur humain n a jamais
été si creux que cela. Et ses deux ventricu-
les suffisent à son propre comble.
Pour ma part, je cjois l'cstomac bien plus
insatiable de tendresses, capable de recon-
naissance, de fidélité et d'attachement que
n'impolte quel petit coin réputé de l'individu
masculin. Lui prodiguer les douceurs, les Cfl-
linerics qui procurent l'ineffable jouissance
des bonnes digestions. Voilà un des fins
mots de l'amour.
Toutes les femmes sont susceptibles de
grimper sur l'oreillette gauche du cœur mas-
culin à tour de rôle ou plusieurs à la
fois. Mais, l'épouse si elle daigne s'en
donner la peine reste la femme, la maî-
tresse, l'Elue de l'estomac de son mari.
Quand on aime. est-on à une culbute de
vache près ? Et il n'y a pas si loin du cœur
à l'estomac.
Heureuses petites Indochinoises d'Annam
qui ne pleureront pas sur le lit mais souri-
ront à leur table.
Heureux Mois à queue, par la haute et
lettrée intelligence de Mme Dan-Phuong-
Nu-Si, le dernier d'entre vous a vécu !
HËircsne-Marcette OelJlna.
LA PÉRÉQUATION
pour les fODClioDDI res coloniaux
1
La Commission Martin, qui recevra cet après-
midi les délégués des cadres d'Alsace et de
Lorraine, examinera les cas des dernières caté-
gories de fonctionnaires dans une séance de nuit,
au cours de laquelle elle compte finir ses tra-
vaux.
On sait que cette Commission, qui siège au
Ministère des Finances, est chargée de la péré-
quation des soldes des fonctionnaires et qu'elle
siège actuellement en appel.
1
BROUSSES
& BROUTILLES
»♦«
Vive la Syrie, Monsieur 1
Enfin, ça y est : la pipe-line de Mossoul
n'ira pas dégorger son pétrole à Alexan
drette, « cheu nous », mais à Haïfa, sous le
contrôle du Gouverneur de la Palestine.
Entendons-nous ! Ce haut fonctionnaire an-
glais ne surveillera pas lui-même l'écoule-
ment du précieux liquide. Des sous-fifres
techniciens veilleront à ce oue la. miction soit
régulière d'où je me garderai d'inférer,
de peur de frotsser les plus légitimes suscep-
tibilités internationales, qu'ils feront., office
de vessie.
D'ailleurs, là n'est pas pour nous l'inté-
rêt de l'événement. C'est l'Angleterre qui
assurera de bout en bout la sécurité de la
pipe-line. Albion, pour une fois, sera le sol-
dat des autres.
Fameuse affaire pour la Syrie, qui aura
ainsi du moins espérons-le une raistfn
de plus de se f. la paix à elle-même et de
laisser tranquilles nos pauvres poilus.
Que diable, les calculs du Rhin nous don-
nent déjà bien assez de tracas.
A mettelm
«i»
LIIU. RN SECONnl. PAGE :
LA PO$l<: DR LA PREMIFME PIERRE DE
LA MAISON D'WDO-CIIINE A LA CITE
UNIVERSITAIRE
et lo texte in extenso des intéressants dis-
cours prononcés par MM. Léon. PKHHTEHJ et
,\,-11. FONTAINE.
Dépêches de l'Indochine
-60
Retour
Jacques Thibaud s'est embarqué sur le
Sphynx à destination de Marseille aprôs
avoir donné à Saigon avec, un trt'.ç grand
sucrt\s trois concerts au cours desquels il
reçut de nombreuses ovations.
Indopacifi.
LE HENÉ
La culture des plantes tinctoriales est très
délaissée au Maroc, où l'on se borne générale-
ment à celle des céréales. Seuls les Arabes
s' y adonnent avec leurs moyens primitifs et rou-
tiniers. Les colons européens commencent à
pratiquer, avec succès d ailleurs, la culture ma-
raîchère et les plantations d'arbres à fruits :
c'est un progrès très appréciable, mais on de-
vrait ne rien négliger de ce qui peut procurer
un revenu intéressant, et il devrait y avoir quel-
ques personnes actives et allant de l'avant (il
s' en rencontre) pour faire des essais méthodiques
et pratiques sur les plantes tinctoriales. Il doit
y avoir quelque chose d'intéressant à tenter,
en développant certaines cultures aujourd'hui
monopolisées par les indigènes.
Prenons, par exemple, le henné. Tout le
monde connaît de nom la teinture au henné :
tous les coiffeurs de dames en font emploi.
Parmi les belles qui lui demandent de réparer
des ans l'irréparable outrage dont souffrent leurs
courtes chevelures, bien peu savent que leur
teinture provient d'un arbuste, et parmi leurs
maris il s' en trouve également peu qui sachent
comment s obtient la teinture dont leurs femmes
(car jamais un homme ne se teint, n'est-ce pas?)
font usage. Mais cela n'empêche pas que l'on
fait, dans le monde entier, une grande consom-
mation de henné. Or, le henné pousse bien au
Maroc, à certaines conditions, toutefois. Cet
arbuste demande des terrains fortement irri-
gués et de préférence des sols argilo-calcaires.
ou argilo-siliceux. On le cultive surtout dans
la région des Doukhala, aux environs de Maza-
gan, d'Azemmour. Comme il lui faut, nous
venons de le dire, une assez grande quantité
d'eau pour vivre et se développer, les indigènes
ne le cultivent qu'aux abords immédiats des
puits. Un puits ne pouvant, en moyenne, ser-
vir à l'irrigation de surfaces dépassant un hec-
tare, et l'Arabe faisant généralement diffé-
rentes cultures aux abords des puits, les surfaces
consacrées au henné sont donc toujours très par-
cimonieusement mesurées.
L'arbuste se reproduit par boutures prises
sur des pieds ayant déjà cinq ou six ans d'âge.
On met ces boutures en place dans le courant
de mars, en ayant soin de les arroser tous les
huit ou dix jours. Au bout de vingt à vingt-
cinq jours, la végétation commence et est ra-
pide, puisque, dès la première année, un hec-
tare rapporte deux cents à deux cent cinquante
kilos de feuilles Il atteint, en pleine produc-
tion, 900 à 1.000 kilos par an. Le henné est
donc un arbuste de poussée rapide et de beau
rendement. N
La teinture s' obtient le pl us simplement du
monde. Les feuilles sont séchées, tendues et
broyées pour donner une poudre fine de cou-
leur rougeâtre tirant sur le brun. Cette poudre
est délayée dans de l' eau et sert pour les fem-
mes arabes à se teindre les cheveux, les mains
et les pieds.
Les coupes, car on coupe les petites bran-
ches avec les feuilles, se font en plusieurs fois ;
la première a lieu de fin juillet à fin août, la
seconde fin septembre. Après celle-ci, la végé-
tation s' arrête.
Dans les pays de production, le henné se
vend environ 600 francs ; les Arabes mettent
généralement quatre pieds par mètre carré. Dans
une culture pratiquée rationnellement, il semble
que l'on devrait atteindre 25 à 27.000 pieds
à l'hectare, le rendement dépasserait alors sen-
siblement les chiffres donnés ci-dessus.
La consommation locale est très supérieure
à la production du Maroc, et l' on importe
chaque année des quantités importantes. Ajou-
tons enfin que le henné, ayant de réelles quali-
tés comme astringeant et cicatrisant des plaies,
est employé pour les soins du ccrps. Il serait
de plus, d'une exportation rémunératrice.
Leul* Le Barbier.
Le statut de Tanger
--4 -
Les experts français, anglais, espagnols et
italiens qui étudient actuellement à Paris les
modifications à apporter au statut de Tanger
ont tenu avant-hier une séance pour la révision
définitive des textes adoptés. On déclare dans
les milieux autorisés que la signature de l ac-
cord est proche.
D'autre part, M. Briand, qui a assisté hier
matin au Conseil des ministres, a mis ses col-
lègues au courant de ces négociations.
4.. o-
Lt Aviation Coloniale
Maroc
Hier matin, vers 7 li. 3U, au cours d'un
vol du groupe de cinq avions de la neu-
virnu: escadrille du M'0 d'aviation de Fe/.,
l'hélice d'un de ces avions heurta l'aile
d'un autre se
d'atterrir, le pilote s'aperçut, à ïaible hau-
teur du sol, de la présence de tirailleurs
sur le terrain et, pour éviter un ^rave ac-
cident, il lit. une dangereuse manœuvre
au ras du sol. qui provoqua la rlmtc et
l'incendie de l'appareil.
Le sous-oflicior pilote est très fjrirvenieut
blessé et bnïlé. ; le mitrailleur n'a qu'une
légère blessure.
Au Comité central des Armateurs
de France
• +«
Dans sa dernière séance, le Conseil d admi-
nistration du Comité Central des Armateurs de
France a nommé président, en remplacement
de M. John Dal Piaz, décédé, M. Georges
Philippar, président de la Compagnie des
Messageries Maritimes. Dans la même séance,
le Conseil a nommé vice-président, en rem-
placement de M. Philippar, M. Maurice 1 u-
lier, administrateur-directeur général de la
Compagnie Générale Transatlantique.
LIRE E.N SECONDE PAGE :
La plus navrante histoire, par R.-B. de LA-
HOMIGUIÈRE.
JEUDI SOfA, 12 JUILLET 1939.
JOVMULJHTIIIKN
Rédaction & Administration .*
II.-
PA|US an
tftini.1 bOUVW imt
- MCMIUIUIMI
Les Annales Coloniales
LM annonces et réclames sont reçues au
bureau du (oumai.
, DIRECTEURS: Marotl lltUeDeL et .L.-G. THÉBAULT
Tous les articles publias dans noire journal ne peuvent
être reproduits 'U'cr& citant les AXXAI.ES COLONIAI.ES.
IBONNEIENTS
avec le supplément illustré i
Un in 0 Moil 8 Mol.
France et
Colonies 120 o M » 86 e
Étranger.. 180) 100» U 9
On s'abonne sans frais dada
tous les bureaux de poste.
Une politique du fruit
pour la France et ses. Colonies
-1 1
, .1 .,. 1.
La plûpart de nos colonies, notamment
nos colonies tropicales, sont productrices
naturelles de fruits sains et délicieux, que
les Français d'Europe ont avantage à pou-
voir se procurer frais, abondantJ.. et à bon
marché.
Citrons, oranges, ananas, bananes, co-
cos, mangues, etc., devraient pouvoir
se trouver chaque jour sur la table du
a Français moyen », en même temps que le
café et la chocolat qui devraient être en
totalité produits pour nous par notre em-
pire colonial. -. - - -
En échange, les fruits frais de notre
France d'Europe, ces fruits exquis et nour-
rissants de nos riions tempérées, pom-
mes, poires, raisins, etc. devraient pou-
voir parvenir dans nos colonies et y être
consommés par nos populations d'outre-mer.
------ Cette politique réciproque du fruit, que
les Américains du Nord et du Sud ont réa.
lisée entre eux depuis vingt ans et qu'ils ne
cessent de développer par le moyen de leur
United Fruit and Cy et autres Compagnies
similaires, pourquoi donc les Français d'Eu-
rope et les Français coloniaux sont-ils jus-
quici impuissants à la réaliser ?
Déjà, cependant, les régimes dorés de ba-
nanes pendent en bonne place chez la plu-
part des fruitiers de France, tandis que l'on
consomme des poires, des pommes et des
raisins frais sur les tables de nos créoles de*
Antilles.
Malheureusement, ces pommes, ces rai-
sins, ces poires leur viennnt de Californie,
de Virginie ou du Canada, tandis que lett
bananes et les ananas nous viennent des
Canaries ou des Açores !
La France a des cinq parties du monde »
perd ainsi paresseusement chaque année
plusieurs milliards de francs dont elle enri-
chit le change de l'étranger !
Alors que nos pommes, nos poires, nos
raisins sont d'une saveur supérieure à ceux
des Américains, ce sont les Américains qui
trouvent moyen d'alimenter directement nos
tables coloniales.
Alors que les bananes, les ananas et les
oranges de nos Colonies sont d'une qua-
lité supérieure à celle des produits similai-
res étrangers, ce sont les Espagnols, les
Portugais et les Anglo-Saxons qui trouvent
moyen d'alimenter directement nos tables
métropolitaines !
Sur deux cents millions nue la France
consomme annuellement en bananes, cent
quatre-vingtuatorze millions de frara
sont payés à l'étranger. Six millions de
francs seulement reviennent à nos Colonies.
Sur dix mille quintaux métriques d'ana-
nas que consomme la France, h peine deux
mille lui viennnent de ses Colonies.
Que dire du café et du cacao, dont l'ex-
portation de nos colonie* est inférieure de
cinquante fois à la consommation métro-
politaine ?
Quant à l'envoi des fruits métropoli-
tains dans nos Colonies, il se réduit à peu
près à zéro.
La France n'est-elle donc plus le grand
pays horticole de jadis ? Nos colons ne
sont-ils plus les planteurs habiles de na.
guère ? Nos tarifs douaniers sont-ils insuffi-
samment protecteurs ?
Les raisons de notre carence sont plus
complexes que cela.
D une part, nous nous sommes trop adon-
nés à la monoculture. Nos colonies fruitières
n'ont guère fait que du sucre et du rhum
dans les Antilles, de l'arachide en Afrique.
Elles s'y sont momentanément enrichies,
mais la surproduction entraine maintenant
les bas prix, et cette surproduction ne va
pas sans des dangers prochains qui appa-
raissent à tous les coloniaux avertis.
D'autre part, nous n'avons pas su orga-
niser les transports maritimes appropriés à
l'échange des fruits frais d'Europe en Ou-
tre-Mer et d'Outre-Mer en Europe. Nous
n'avons pas .su construire et exploiter les
cargos-fruitiers rapides et rafraîchis, dont
la mise de fonds initiale aurait assuré des
milliards de fret à la France et des dizaines
de millions de bénéfices annuiels à leurs
possesseurs.
Nos armateurs ont manqué d'initiative et
nos agriculteurs ont manqué d'horizon.
La politique du fruit s'est développée et
se développe jusqu'ici contre nous. Paradoxe
humiliant pour la France agricole et colo-
niale de notre vingtième siècle t
Il est encore temps de mettre fin à ce
paradoxe.
Déjà, à la Guadeloupe, les petits plan.
teurs et les exportateurs de bananes se sont
associés et, en moins de sept ans, ont fait
monter leurs envois de 500 kilos en 1920 à
1 million 500.000 kilos en 1927. Ce n'est
qu'un commencement, mais qui en dit long
sur les possibilités de demain.
Efforts semblables, je le sais, en Guinée
Française et à notre Côte d'Ivoire. Peu à
peu, l'évidence se fait dans les esprits les
plus routiniers. Et chaque Français moyen
commence à comprendre qu'une politique du
fruit national, fruit métropolitain ou fruit
exotique, comporte une concentration de la
production, du transport et de la vente qui
n'est tout de même pas au-dessous des ca-
pacités agricoles, maritimes et commerciales
de la nation française d'aujourd'hui.
Il y a des milliards à cerner pour les
Français d'ici et les Français de là-bas dans
une politique bien conduite du fruit. Seront-
ils longtemps assea naïfs pour laisser à
d'autres ces milliards et même leur en payer
le tribut ?
Henry Mrenftr,
Sénateur de la Guadeloupe,
Ambassadeur de France
rapporteur des Commissionn
des Affaires Etrangères et des Cotonies.
Allers et Retours
nos
M. Bordes, Gouverneur Général de l'Algé-
rie, revenant de la Conférence de Rabat, est
arrivé à Alger.
M. Th. Steeg, Résident Général de France
au Maroc, quittera Rabat le 14 juillet pour
se rendre en France.
M. Lucien Saint, Résident Général de
France à Tunis, est rentré à Tunis, qu'il
quittera de nouveau le IC), à destination de
Paris où il séjournera jusqu'à la fin du mois.
̃ 1
Les représentants algériens
chez M. Poincaré
-00
M. Raymond Poincaré, président du Con..
seil, a reçu en délégation les représen-
tants algériens au Parlement, avec lesquels
il a conféré au sujet de la réévaluation de
l'encaisse or de la Banque d'Algérie et de
Tunisie.
CiriMités aarocaiacs swestiomes
Un. lecteur de l'Œuvre achetait récem-
U-n lecteur de I'OEuvre achetait irécem-
ment au Maroc deux simples poteries qu'il
paya : l'une 15 francs ; l'autre, 5 francs. 11
les fit adresser chezluî, près de Blois. Il
vient de les recevoir accompagnées des fac-
tures des Compagnies de transport, mari-
time et terrestre.
Sur ces papiers précieux très précieux
on lit des choses dans ce goût :
Peines et soins. 5 fr.
Vérification. 3 fr.
De sorte qu'avec les droits de douana,
qui s'élèvent à 35 francs, et des débours
divers, timbres, impôts et taxes, le desti-
nataire a dû payer 73 fr. 45 de « frais n,
pour deux vulgaires potiches qu'il aurait
trouvées au Bazar de l'Hôtel-de-Vine 00
même au Grand Bazar de Blois.
..a -
Les délégations financières
de Madagascar
Par arrêtés du Gouverneur Général, en
vue des élections aux délégations financiè-
res, la Grande lie est divisée en 6 circons-
criptions, à savoir : 1° Diégo-Suarez,
Nossi-Bé, Antalaha : 6 Français et 2 Indi-
gènes ; 2° Tananarive, Antsirnbé, Mora-
manga, Marinarivo, 7 Français et 6 Indi-
gènes ; 3° Mononjnry, Fort-Dauphin, Fia-
narantsoa, AmboBilra, 3 Français et 9 In-
digènes ; 4° Tulènr et Morondava. 2 Fran.
çals et 2 Indigènes ; 5° Marantaetra, Sain-
te-Marie, Tamatave et Vatomandry, 4
Français et 2 indigènes ; 6* Majunga, Ma-
rovoey, Maevatanana et Analalavo, S
Français et 3 Indigènes.
Au total, 24 Français et 24 Indigènes.
Le Salua du Maree el Fraace
060
A son débarquement à Maneille, avant-hier
matin, S. M. Sidi Mohammed, sultan du
Maroc, a été reçu malgré le caractère privé
de son voyage par le général Bemiolle, repré-
sentant le général Mangin, commandant le
15* corps; M. Marty, secrétaire général de
la Préfecture, représentant le préfet, et par
un certain nombre de PGbOnnalitél.
Le jeune sultan est accompagné de M.
Marc, ministre pléaipotentiaire, directeur des
Affaires chérifieuies, du grand vizir El Mokri
et de Si Mamemri, son précepteur.
Portant le fez, vêtu de la gandourah de soie
blanche, chaussé d'élégants souliers vernis, le
sultan du Maroc apparaît, un peu fatigué par
le voyagé. 'Sa courte barbe naissante entoure
von visage fin d'un collier brun qui fait res-
sortir la matité du visage.
Le capitaine Mitrecey, commandant du pa-
quebot, fait les premières présentations. Un peu
étonné de cet accueil, le Sultan sourit à cha-
cun, tend gentiment la main et remercie.
Durant la traversée, S. M. Sidi Mohammed
a été l'objet de manifestations de respectueuse
sympathie.
Le Sultan, qui a été acclamé par une foule
très dense, est descendu dans un hôtel de la
rue de Noailles, où des appartements lui ont
été retenus.
Le souverain, qui avait quitté Marseille hier
matin, est arrivé à Arles hier à midi, où il dé-
jeuna. A 15 h., il était à Avignon. Sous la
conduite du conservateur, le docteur Colombe,
le Sultan a visité longuement le Palais des
Papes, puis est reparti pour Nîmes et Mont-
pellier.
Si Mohammed est arrivé à 19 heures à
Montpellier. Il s'est rendu à la Faculté de
Mblecine, où le doyen le professeur Euziàe,
lui a remis une médaille en or à l'effiaie
d'Hippocrate.
Le Sultan a quitté Montpellier ce matin pour
Carcassonne. M. Poncet, commissaire spécial,
accompagne le Sultan pendant son séjour en
France.
Oum
Au concours général
La médaille de la Société de Géographie
La médaille offerte par la Société de géo-
graphie et une bourse de voyage en avion
et de séjour à Casablanca, instituée par la
Ligue aéronautique, ont été décernées au
lauréat de composition de géographie, M.
Lepeytre, élève de première du lycée Car-
not de Paris.
L'ISLAM i
et le PrtHw Nord-Afrirais
ltl J.!-
Le ministre des Colonies (Wl
le nôtre, celui de l'Italie fasciste)
a prononcé un discours à l'Uni-
versité de Pérouse où il inaugurait l ensei-
gnement réservé aux étrqmgers. Il a parlé
de nouveau de la reconstitution de VAfrique
romaine, et des problèmes de la colonisation
en Lybitii
Pour lui, le problème lybien et, d'une
façon générale, le problème nord-africain se
pose exactement dans les mêmes conditions
où il s'est posé quand celui qui sut vaincre
Numflttce, qui mit Carthage sous sa loi
vint chasser les Puniques et installer sur le
terrain berbère l'influence romaine. Les sa-
vants ont beau démontrer qu'il y a eu dans
l'Afrique du Ned, l'opulent grenier de
Rome, des changements climatologiques et
géophysiques profonds ; d'outres ont beau
penser que seule la main-doetéore indigène
peut, dans ces contrées, mettre en valeur le
sol et exploiter les produits; pour M. Fe-
dersoni, les difficultés sont restées les mê-
mes depuis la conquête romaine : celles qui
viennent du sol, du climat, des populations
n'ont pas changé.
Sans doute, la question est d'importance
et mériterait d'être examinée dans une étude
vaste et complète, qui dépasserait singuliè-ï
rement le cadre de ce niodeïte « la/Jltt 8.
Mais il y a eu cependant, depuis Scipion
l'Africain, un fait qui me par eut avoir une
certaine importance. Vers la fin du sep-
tième siècle, des bandes d'Arabes musul-
mans se répandent dans VAfrique du Nord.
Ce sont pour les Berbères tour à tour païens,
chrétiens, hérétiques, ariens, donatistes, des
frères qui apportent une for mille nouvelle,
une formule de foi envers Allah et son
prophète, et qui réunissent les croyants par
les gestes quotidiens de la prière ; et, sous
la bannière de l'Islam, voici les Berbères
qui montent à la conquête du monde de
l'Occident, au pillage des cités de l'Espa-
gne et de la Gaule. Unification différente
de l'unification romaine. Pourtant, des fis-
sures se produiront ; comme l'Empire ro-
main avait voulu assimiler, lever des impôts
et des troupes, de même le lointain calife
d Asie eftvoie des gouverneurs qui veulent
prélever des taxes et des cadeaux, lesquels
prendront le chemin de VOrient. Le même
mécontentement nait, se propage : le vain-
queur est devenu l'ennemi.
Et c'est alors que de l'Orient arrivent
d'autres hommes, fis vont de tribu en tribu,
rétandant la Parole simple, attortant VIslam
d; la communauté musulmane, primi-
tive, la doctrine de paix, d'union, de
concorde intime ; à chacun son imam, et
que les Arabes orthodoxes soient expulses
et aillent rejoindre leur calife 1 Les diver-
ses sectes kharidjites et chiites groupent les
tribus en niasses élus compactes. La grande
invasion arabe les dissoudra. Deux cent
mille Bédouins ravagent, saccagent, pillent
sans quartier, puis s'adjugent les terres les
plus fertiles. Quia nominor leo. la race
arabe l'emporte et la langue arabe jera
reculer peu à peu les dialectes berbères.
L'ouest verra désormais les grands mou-
vements religieux, et, lancés contre l'Espa-
gne catholique, les empires qu'miraînellt à
la conquête les réformateurs religieux répan-
dent dans l'Afrique du Nord la haine du
chrétien. L'Espagne a tout fait pour que
cette haine soit implacable, ct, comme elle
poursuit les Maures au nom de la foi catho-
lique, c'est au nom de l'Islam que l'Afri-
que du Nord organise la résistance, c'est au
nom de l'Islam que les chérifs marocains
prêchent la guerre sainte et font voyager
d'un bout à Vautre de l'Afrique du Nord
l'armée des marabouts.
De cette influence de l'islam on peut
discuter ; on a pu prétendre qu'elle n'était
pas aussi profonde, aussi décisive qu'elle
avait paru à certains historiens ; le moins
qu'on en puisse dire, c'est qu'elle est réelle,
et que là où elle s'est exercée, pendant des
siècles, il y a malgré tout quelque chose
de changé. Cest la réflexion que je faisais
en lisant les déclarations du ministre des
Colonies italien, qui affirme que le pro-
blème nord-a fricain est ce qu'il était au len-
demain de la chute de Carthage. Sur cette
terre qui a vu tant de révolutions, l'Islam a
pris racine ; cela, c'est un fait qui a changé
bien des choses : le problème nord-africain
n'est plus ce qu'il était.
Marie Mossstssn,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale dès (Montes.
Une riche affaire
l'.
On liquide la flotte indochinoise
La flotte indochinoise créée par M. Albert.
Sarraut, lorsqu'il était Gouverneur Général
de l'Indochine, est sur le point d être liqui-
dée.
Des affiches placardées dans le hall du
Spr^ice Colonial à Marseille annoncent la
prochaine mise en vente, en Indochine, de
deux vapeurs, le Van-Vollenhoven et Les
Fils-dc-Paul-Doumer.
Trouvera-t-on des amateurs pour deux ba-
teaux du grand bateau de fâcheuse mémoire ?
Cette flotte indochinoise avait été formée
à la fin de la guerre. Le vapeur Indochine
fut d'abord acheté; on construisit ensuite, à
l'arsenal de Saigon, le vapeur Albert-Sarraut
et les chantiers de Haïphong reçurent com-
mande du Van-V ollenhoven et des Fils-dé-
Paul-IJoumer.
L'expérience de la flotte d'Etat indochi-
noise ne fut pas financièrement très heu-
reuse : l'adjudication annoncée, sur une mise
à prix de 32.000 piastres, soit environ 416.000
francs, ne la rendra pas plus brillante.
Les élections législatives
l, à la Réa mon"
L .,.
i- Lés dernières élections légi^slatives se sont
déroulées à La Réunion dans un calme i peu
près complet. Les temps sont décidément
changés. En semblables occasions trop sou-
vent dans le passé, la rue et la campagne ont
été le théâtre de scènes parfois sanglantes,
parfois potaques, toujours regrettables.
Il est vrai que certaines personnes difficiles
à satisfaire voient dans la tranquillité présente
le signe d'une indifférence frisant de près la
disparition de l'esprit public dans le pays.
Dans la première circonscription, le député
sortant, M. Lucien Gasparin, a été élu sans
concurrent et au premier tour.
Dans la deuxième, M. Auguste Brunet, qui
sollicitait aussi le renouvellement de son man.
dat, a passé au premier tour également, mais
il a eu à soutenir une lutte assez vive contre
un concurrent qui se couvrait de l'étiquette de
« catholique ».
Sans doute, dans l'immense majorité, la
population de La Réunion est-elle imprégnée
du sentiment religieux. L'empire séculaire du
clergé est un fait dont j' estime les consé-
quences plutôt heureuses.
C'est à lui, pour une grande part, qu'est
due la persistance de l' esprit de famille, et
d'une façon générale l' aménité du caractère
qui est l'une des marques du créole.
Mais que prétendait représenter le concur-
rent catholique de M. Brunet ? On peut se
le demander. Le fantôme de r anticléricalisme
aurait-il émigré vers le paradis de l'océan In-
dien ?
On reproche, paraît-il, à M. Brunet un
vote aussi ancien qu' anodin, lorsque fut re-
mise en question la suppression de l' Ambas-
sade du Vatican. Querelle vaine et, disons-
le, regrettable. Car M. Brunet a donné de
son libéralisme des preuves qu'il serait puéril
et injuste de négliaer. Il a donné surtout, en
troquant un Gouvernement Général contre un
mandat législatif, cette autre preuve qu'il
attachait à l' honneur de représenter son pays
d origine au Parlement, un prix exceptionnel.
Alors ? Alors, il reste qu'il y aura tou-
jours des mécontents ou des maladroits pour
crier à l'incendie quand il n'y a de feu nulle
part.
Mais ce n' est pas tout.
Voici que je lis dans un journal local un
blime à peine déguisé décerné en assemblée
plémère par la Chambre d' Agriculture de
La Réunion contre la représentation parlemen-
taire coupable d'avoir voté sans consultation
i alable de cette compagnie la loi de contin-
iqèntenwnt des rhums.
jt Gettç loi, qui stabilise pour une période de
dix années la situation des usinien, leur fait
cadeau d'un nombre de millions de bénéfices
qui approche du merveilleux. Mais en même
temps, elle réserve aux planteurs qui fourni s-
sent les cannes, lesquelles produisent le sucre,
et après le sucre, le rhum, une petite part du
gâteau. Elle veille également à ce que, dans
le partage, l' ouvrier agricole ne soit pas tota-
lement oublié.
Sagesse, direz-vous, et justice sociale ?
Il parait que non, si toutefois nous avons
bien compris la motion votée par la Chambre
d'Agriculture.
On ne saurait trop mettre en garde les di-
verses assemblées élues de nos colonies contre
certaines tendances rétrogrades qui les laisse-
raient en marge du grand mouvement huma-
nitaire qui se dessine dans tous les pays civi-
lisés. L' antagonisme du capital et du travail
comporte le plus grand danger social. C' est
à y parer que, depuis la guette, surtout, s' em-
ploient les volontés les plus éclairées, et l' on
ne saurait trop louer le Parlement de ses ini-
tiatives dans la législation sur le travail.
Que La Réunion, dond, qui a, elle aussi,
son élite, suive résolument le cours du pro-
grès et de l'émancipation des classes labo-
rieuses. Elle ne le regrettera pas. Et qu'elle
apprécie aussi l'avantage d'être représentée par
des hommes heureusement libérés d'un parti-
cularisme qui, s'il existait chez eux, pourrait
être sévèrement relevé par leurs collègues du
Palais-Bourbon.
Mantrier Jllfter, 1
Avocat à la Cour d'appel.
«*$*. t
LES JEUX "NAUTIQUES
Un beau projet qui se réalise
Dans un récent article, les Annales Colo-
niales disaient le beau projet qu'avaient formé
les Saïgonnais épris de jeux nautiques.
Le Comité de l'Automobile Qub de Co-
chinchine vient d'approuver les propositions et
l'étude faites sur l'installation d'une station de
canots automobiles. L'emplacement approuvé
par le Gouvernement sera immédiatement amé-
nagé, la ville de Saïgon se chargeant de l'ap-
pontement, et le Comité approuvant le contrat
jpassé avec l'entrepreneur pour la construction
d'un garage à canots qui sera édifié de suite.
, Le Comité a accepté la contribution des
sociétés de construction de canots pour l'amé-
nageraient de la station et a décidé qu'une taxe
mensuelle d'une piastre par mètre courant sera
; perçue' pour chaque canot placé dans le garage,
et deux piastres par canot amarré à l'embarca-
dère, le gardiennage étant assuré par l' A.C.C.
Les Sociétés ou propriétaires de canots dé-
sireux d'utiliser la station ont été invités aus-
sitôt à s'inscrire, 115, boulevard de la Somme.
11 nus fe M.MMMtSMM nlnlVe
.1.
Le corps de M. Bartholoni aurait été re-
trouvé, nu cours de travaux de renlloue-
ment du vapeur Trentinian coulé tragique-
ment comme nous l'avons rolaté, en fé-
vrier dernier.
-et@>
DEPART
.,.
M. Henry Umery, sénateur de la Martini-
que, quittera Paris mardi prochain pour rejoin-
te Fott-de-Fmce.
A bord de ma jonque
Le dernier des Mois à queue
« Les Mois, qui ont leur histoire et leurs
légendes, relataient « Les Annales Colonia-
les » à propos de l'homme des bois signalé
dans une plantation de Phurieng, racontent
3ue ces êtres (les Mois à queue) seraient
1anciens représentants du sexe masculin de
la race Moï et qui rentrant chez eux sans y
retrouver leur femme, auraient gagné défini-
tivement la forêt, se nourrissant de racines
et de fruits. »
Ne croyez-vous pas que beaucoup de maris
indochinois ou parisiens ne sont pas
tentés d'en faire autant? Non, parce qu'ils
ne trouvent plus leur femme en rentrant
chez eux, mais, bien plutôt, parce qu'ils la
trouvent devant des casseroles aussi sèches
que l'Amérique et la Belgique réunies, et
qu'ils se délectent en vis-à-vis d'une soupe
aussi plate qu'une gifle, d'un ragoût plus
pénible que six mois de prison.
Mais les représentants du sexe masculin
tout au moins en Indochine vont con-
naître désormais des jours enviables.
Lucullus est bien près de dîner chez Lu-
cullus en Annam..
-- Grâce à une <1 lettrée » annamite de Hué,
Mme Dam-Phuong-Ku-Si qui s efforce depuis
trente ans déjà, de transformer les poupées
de son pays en ménagères modèles, les maris
annamites sont bien près de posséder le ciel
dans leur assiette. D'autant que la bonne
Dame de Hué (qui vaut bien celle de Nohant)
s'est attachée, ces dernières années et tout
particulièrement, à initier ses élèves aux tra-
vaux de la cuisine. Il -.. - - -
- - -
Il n en n'est pas de meilleurs, de plus uti-
lement féminins et de plus salutaires au
bonheur conjugal.
Le cœur le mieux épris fait vite vendange.
(En trois ou six ans, vendange est faite.
L'élevage des petits cochons commence.)
Mais et cela, beaucoup trop de femmes
veulent l'ignorer il reste l'estomac, ta-
bernacle précieux, où se réfugie le dieu
amour mais non seulement sous l'espècc du
nin pt ftti vin
t" -. -- .,.
L'estomac de l'homme aimé 1
Est-il plus à dédaigner que sa tête, ses
reins ou ses bras ? C'est une poche aussi se-
crète que son cœur. Beaucoup plus profonde,
car en somme, le cu'ur humain n a jamais
été si creux que cela. Et ses deux ventricu-
les suffisent à son propre comble.
Pour ma part, je cjois l'cstomac bien plus
insatiable de tendresses, capable de recon-
naissance, de fidélité et d'attachement que
n'impolte quel petit coin réputé de l'individu
masculin. Lui prodiguer les douceurs, les Cfl-
linerics qui procurent l'ineffable jouissance
des bonnes digestions. Voilà un des fins
mots de l'amour.
Toutes les femmes sont susceptibles de
grimper sur l'oreillette gauche du cœur mas-
culin à tour de rôle ou plusieurs à la
fois. Mais, l'épouse si elle daigne s'en
donner la peine reste la femme, la maî-
tresse, l'Elue de l'estomac de son mari.
Quand on aime. est-on à une culbute de
vache près ? Et il n'y a pas si loin du cœur
à l'estomac.
Heureuses petites Indochinoises d'Annam
qui ne pleureront pas sur le lit mais souri-
ront à leur table.
Heureux Mois à queue, par la haute et
lettrée intelligence de Mme Dan-Phuong-
Nu-Si, le dernier d'entre vous a vécu !
HËircsne-Marcette OelJlna.
LA PÉRÉQUATION
pour les fODClioDDI res coloniaux
1
La Commission Martin, qui recevra cet après-
midi les délégués des cadres d'Alsace et de
Lorraine, examinera les cas des dernières caté-
gories de fonctionnaires dans une séance de nuit,
au cours de laquelle elle compte finir ses tra-
vaux.
On sait que cette Commission, qui siège au
Ministère des Finances, est chargée de la péré-
quation des soldes des fonctionnaires et qu'elle
siège actuellement en appel.
1
BROUSSES
& BROUTILLES
»♦«
Vive la Syrie, Monsieur 1
Enfin, ça y est : la pipe-line de Mossoul
n'ira pas dégorger son pétrole à Alexan
drette, « cheu nous », mais à Haïfa, sous le
contrôle du Gouverneur de la Palestine.
Entendons-nous ! Ce haut fonctionnaire an-
glais ne surveillera pas lui-même l'écoule-
ment du précieux liquide. Des sous-fifres
techniciens veilleront à ce oue la. miction soit
régulière d'où je me garderai d'inférer,
de peur de frotsser les plus légitimes suscep-
tibilités internationales, qu'ils feront., office
de vessie.
D'ailleurs, là n'est pas pour nous l'inté-
rêt de l'événement. C'est l'Angleterre qui
assurera de bout en bout la sécurité de la
pipe-line. Albion, pour une fois, sera le sol-
dat des autres.
Fameuse affaire pour la Syrie, qui aura
ainsi du moins espérons-le une raistfn
de plus de se f. la paix à elle-même et de
laisser tranquilles nos pauvres poilus.
Que diable, les calculs du Rhin nous don-
nent déjà bien assez de tracas.
A mettelm
«i»
LIIU. RN SECONnl. PAGE :
LA PO$l<: DR LA PREMIFME PIERRE DE
LA MAISON D'WDO-CIIINE A LA CITE
UNIVERSITAIRE
et lo texte in extenso des intéressants dis-
cours prononcés par MM. Léon. PKHHTEHJ et
,\,-11. FONTAINE.
Dépêches de l'Indochine
-60
Retour
Jacques Thibaud s'est embarqué sur le
Sphynx à destination de Marseille aprôs
avoir donné à Saigon avec, un trt'.ç grand
sucrt\s trois concerts au cours desquels il
reçut de nombreuses ovations.
Indopacifi.
LE HENÉ
La culture des plantes tinctoriales est très
délaissée au Maroc, où l'on se borne générale-
ment à celle des céréales. Seuls les Arabes
s' y adonnent avec leurs moyens primitifs et rou-
tiniers. Les colons européens commencent à
pratiquer, avec succès d ailleurs, la culture ma-
raîchère et les plantations d'arbres à fruits :
c'est un progrès très appréciable, mais on de-
vrait ne rien négliger de ce qui peut procurer
un revenu intéressant, et il devrait y avoir quel-
ques personnes actives et allant de l'avant (il
s' en rencontre) pour faire des essais méthodiques
et pratiques sur les plantes tinctoriales. Il doit
y avoir quelque chose d'intéressant à tenter,
en développant certaines cultures aujourd'hui
monopolisées par les indigènes.
Prenons, par exemple, le henné. Tout le
monde connaît de nom la teinture au henné :
tous les coiffeurs de dames en font emploi.
Parmi les belles qui lui demandent de réparer
des ans l'irréparable outrage dont souffrent leurs
courtes chevelures, bien peu savent que leur
teinture provient d'un arbuste, et parmi leurs
maris il s' en trouve également peu qui sachent
comment s obtient la teinture dont leurs femmes
(car jamais un homme ne se teint, n'est-ce pas?)
font usage. Mais cela n'empêche pas que l'on
fait, dans le monde entier, une grande consom-
mation de henné. Or, le henné pousse bien au
Maroc, à certaines conditions, toutefois. Cet
arbuste demande des terrains fortement irri-
gués et de préférence des sols argilo-calcaires.
ou argilo-siliceux. On le cultive surtout dans
la région des Doukhala, aux environs de Maza-
gan, d'Azemmour. Comme il lui faut, nous
venons de le dire, une assez grande quantité
d'eau pour vivre et se développer, les indigènes
ne le cultivent qu'aux abords immédiats des
puits. Un puits ne pouvant, en moyenne, ser-
vir à l'irrigation de surfaces dépassant un hec-
tare, et l'Arabe faisant généralement diffé-
rentes cultures aux abords des puits, les surfaces
consacrées au henné sont donc toujours très par-
cimonieusement mesurées.
L'arbuste se reproduit par boutures prises
sur des pieds ayant déjà cinq ou six ans d'âge.
On met ces boutures en place dans le courant
de mars, en ayant soin de les arroser tous les
huit ou dix jours. Au bout de vingt à vingt-
cinq jours, la végétation commence et est ra-
pide, puisque, dès la première année, un hec-
tare rapporte deux cents à deux cent cinquante
kilos de feuilles Il atteint, en pleine produc-
tion, 900 à 1.000 kilos par an. Le henné est
donc un arbuste de poussée rapide et de beau
rendement. N
La teinture s' obtient le pl us simplement du
monde. Les feuilles sont séchées, tendues et
broyées pour donner une poudre fine de cou-
leur rougeâtre tirant sur le brun. Cette poudre
est délayée dans de l' eau et sert pour les fem-
mes arabes à se teindre les cheveux, les mains
et les pieds.
Les coupes, car on coupe les petites bran-
ches avec les feuilles, se font en plusieurs fois ;
la première a lieu de fin juillet à fin août, la
seconde fin septembre. Après celle-ci, la végé-
tation s' arrête.
Dans les pays de production, le henné se
vend environ 600 francs ; les Arabes mettent
généralement quatre pieds par mètre carré. Dans
une culture pratiquée rationnellement, il semble
que l'on devrait atteindre 25 à 27.000 pieds
à l'hectare, le rendement dépasserait alors sen-
siblement les chiffres donnés ci-dessus.
La consommation locale est très supérieure
à la production du Maroc, et l' on importe
chaque année des quantités importantes. Ajou-
tons enfin que le henné, ayant de réelles quali-
tés comme astringeant et cicatrisant des plaies,
est employé pour les soins du ccrps. Il serait
de plus, d'une exportation rémunératrice.
Leul* Le Barbier.
Le statut de Tanger
--4 -
Les experts français, anglais, espagnols et
italiens qui étudient actuellement à Paris les
modifications à apporter au statut de Tanger
ont tenu avant-hier une séance pour la révision
définitive des textes adoptés. On déclare dans
les milieux autorisés que la signature de l ac-
cord est proche.
D'autre part, M. Briand, qui a assisté hier
matin au Conseil des ministres, a mis ses col-
lègues au courant de ces négociations.
4.. o-
Lt Aviation Coloniale
Maroc
Hier matin, vers 7 li. 3U, au cours d'un
vol du groupe de cinq avions de la neu-
virnu: escadrille du M'0 d'aviation de Fe/.,
l'hélice d'un de ces avions heurta l'aile
d'un autre se
d'atterrir, le pilote s'aperçut, à ïaible hau-
teur du sol, de la présence de tirailleurs
sur le terrain et, pour éviter un ^rave ac-
cident, il lit. une dangereuse manœuvre
au ras du sol. qui provoqua la rlmtc et
l'incendie de l'appareil.
Le sous-oflicior pilote est très fjrirvenieut
blessé et bnïlé. ; le mitrailleur n'a qu'une
légère blessure.
Au Comité central des Armateurs
de France
• +«
Dans sa dernière séance, le Conseil d admi-
nistration du Comité Central des Armateurs de
France a nommé président, en remplacement
de M. John Dal Piaz, décédé, M. Georges
Philippar, président de la Compagnie des
Messageries Maritimes. Dans la même séance,
le Conseil a nommé vice-président, en rem-
placement de M. Philippar, M. Maurice 1 u-
lier, administrateur-directeur général de la
Compagnie Générale Transatlantique.
LIRE E.N SECONDE PAGE :
La plus navrante histoire, par R.-B. de LA-
HOMIGUIÈRE.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 74.86%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 74.86%.
- Auteurs similaires Agence économique des territoires africains sous mandat Agence économique des territoires africains sous mandat /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Agence économique des territoires africains sous mandat" or dc.contributor adj "Agence économique des territoires africains sous mandat")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k64512847/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k64512847/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k64512847/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k64512847
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k64512847
Facebook
Twitter