Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-07-10
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 10 juillet 1928 10 juillet 1928
Description : 1928/07/10 (A29,N107). 1928/07/10 (A29,N107).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451283t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. N* 107.
m NUMMO : M CBNTOM
MARDI SOIR, 10 JUILLET 10W,
JOVRMLJVOTIDIER
Médaction & Administration :
U, BNHHMl-mfair
PARIS an
Ttlim. 1 LOUVRB 11-17
- RICHKUKU KMM
Les Annales Coloniales
Les aaftOftCII et réclames sont reçu/les su
bureau du tournai.
DIRECTEURS : Marcel RUEDBL et L.-G. THÉBAULT
Tous les articles publiés dans notre journal ne peuvent
être reproduits 'I,t'I'n niant les :\:\AI.ES COLONIAI.ES.
ABONNEMENTS
avec le supplément ilhiriré :
un au e Moi. a Mol*
Fruce 8t
Colonies 120 o Mt Mt
ttran#er.. 180. tOO* Mt
On s'abonne sans frais daD
tous les bureaux de poste.
Les derniers Négriers
..-
Chacun sait que si l'abolition de la traite
tles nègres n'a été officiellement déclarée
que le 24 avril 1848, cet affreux trafic était
défendu depuis près de vingt ans; au Con-
grès de Vienne, l'Angleterre avait obtenu
une déclaration de principe en faveur de
l'abolition de la traite, et chez nous, Napo-
léon Ier en avait prononcé l'abolition immé-
diate le 29 mars 1815 pour amadouer l'An-
gleterre
C'est dire que, dès cette époque, ceux qui
se livraient au commerce des esclaves étaient
tenus pour de véritables corsaires et pour-
chassés tout le long de la côte occidentale
d'Afrique où ils recrutaient leur « bois
d'ébèae 1.
Aussi les péripéties que relate le journal
de bord de l'Actif pendant sa campagne né-
grière en 1821 présentent-elles quelque inté-
rêt et sont presque d'actualité, car il ne
s'agissait, au fond, que de recruter pour les
lies antillaises ou les Etats de l'Amérique
une main-d'œuvre que nous ne trouvons
plus dans les pays d'où on la tirait. C'est,
du reste, ce qui explique que la constitu-
tion de 1787 avait reconnu nécessaire l'im-
portation des nègres d'Afrique aux Etats-
Unis.
Fort bien gréé, armé en flûte, le brig
Actif, commandé par un jeune capitaine,
quittait donc Paimbœuf le 10 mai 1821
pour a aller faire au Sénégal un com-
merce 9.
Ayant navigué en bonne allure et évité
les croisières britanniques, VActif arrivait
dix jours plus tard à Bani (l'actuel Bonny,
au petit royaume nègre du Nouveau Kala-
bar (dans la Nigéria).
Le roi du pays, qui attendait impatiem-
ment son client, vint à bord recevoir les
cadeaux d'usage et indispensables pour que
les marchands de captifs puissent venir à
bord et trafiquer.
Afin de mieux surveiller le large, le com-
mandant de Y Actif envoya à terre son se-
cond, Michaud, qui activa les opérations
de la traite, et c'est du journal tenu par
ledit Michaud que M. Léon Vignols a extrait
ces notes publiées dans la Revue de VHis-
toire des Colonies françaises.
Michaud, très observateur, nous donne
tnaints détails sur les mœurs des indigènes
qui sont très accueillants, mais fins et por-
tés au vol. Il déclare que le commerce de-
vient de plus en plus difficile, la marchan-
dise rare. A mesure que les courtiers euro-
péens et métis (car nous retrouvons les noms
de quelques grandes familles sénégalaises,
mais l'on ne saurait porter la responsabi-
lité d'actes d'ancêtres!) durent s'enfoncer
aux profondeurs du continent, les nègres
descendirent de plus en plus loin en lon-
gues caravanes, jalonnant leur parcours des
ossements de ceux qui n'avaient pu suivre.
Les captifs étaient échangés contre des
marchandises européennes : eaux-de-vie,
barres de fer, chapeaux, quincaillerie, mer-
cerie, poudre et fusils, miroiterie et verro-
terie.
Somme toute, le captif revenait en
moyenne à 211 fr. 47.
Ce qu'il faut signaler, c'est la propor-
tion de plus en plus grande des cotonnades
dans la pacotille d'échange. L'Actif avait
à bord 18.680 mètres d'étoffes de coton.
L'alcool formait les 11 de la cargaison.
Il est encore malheureusement indispensable
pour le recrutement de notre propre main-
d'œuvre dans bien de nos colonies.
Nous pouvons remarquer le goût de se
vêtir chez les notables en contact avec des
Européens et des musulmans et même à
l'intérieur du Continent noir, où commen-
çait la série des trafiquants et des conqué-
rants de l'Islam.
Malgré l'arrivée inopinée d'une croisière
anglaise, Y Actif put continuer à compléter
sa cargaison, les Anglais s'occupant sur-
tout de la capture d'un négrièr anglais et
de deux négriers espagnols.
Profitant de « l'exécution - des navires es-
pagnols, le capitaine Benoit appareillait le
iw septembre et par beau temps, belle brise,
« orienté tout de suite au plus près 9, filait
vers les Antilles et gagnait même sur un
croiseur une distance suffisante.
Une escale à Cuha pour des raisons
inexpliquées par Michaud retarda l'arrivée
à la Guadeloupe à l'anse Bertrand, où la
cargaison de 177 nègres était débarquée le
13 janvier 1922.
Grâce aux soins relatifs dont les pauvres
captifs étaient entourés, il n'y eut que 19
décès en cours de route. Benoit était un
bon négrier, et il ne faisait, somme toute,
que d'apporter de la main-d'œuvre aux co-
lonies par un procédé qui fut toléré pendant
plus de cent cinquante années.
Cil. Deèlerre,
Sénateur du Nord.
AU PAYS DU SOLEIL
»♦»
Parasols et parapluies dans la Régence
• C'est la France, évidemment, qui fournit
pour la plus grande part la Régence en para-
sols et en parapluies.
La véritable clientèle pour ces articles se
recrute surtout parmi la population française,
la bourgeoisie européenne et l'élément bour-
geois indigène des grands centres de la Ré-
gence : Tunis. Sfax, Bizerte, Sousse, etc. Les
bourgeois indigènes de la ville ou de la cam-
pagne utilisent avec assez de complaisance le
parasol blanc doublé vert. Avant la guerre, ce
parasol se faisait en alpaga gris. C'était riche,
charmant, discret. Aujourd'hui, ils sont de co-
tonnade, neigeux en dehors, verdoyant en de-
dans, comme une pistache entre les dents.
Le parapluie en coton noir ou silésienne fan-
taisie bon marché intéresse particulièrement la
clientèle du pays. Elle n'attache pas une grosse
importance à la qualité et à la richesse de
l'article, étant donné qu'il pleut rarement. Il
n'en est pas de même pour l' ombrelle oui est
ici un article de grande utilité, et la clientèle
recherche l'article sérieux ou de grande fan-
taisie.
Les importations de parapluies et parasols
en coton sont tombées de 7.866 (en kilos). en
1920, à 3.835 kilos en 1926 ; ceux de soie,
de 2.109 kilos à 817 kilos pour le même laps
de temps.
La cause de cette diminution d'achat en
Tunisie est due à la sécheresse prolongée que
la Régence a subie pendant les quatre dernières
années.
Les fabricants de France ont-ils eu à se
plaindre de ce manque à gagner ? Sans doute.
Cependant, leurs parapluies ne leur sont nulle-
ment restés pour compte. La métropole, comme
on le sait, est suffisamment noyée par les pluies
continuelles pour qu'elle absorbe le trop plein
de la fabrication des parapluies dans le monde.
VOL A BORD
le 1
D'après l'information publiée la semaine
dernière par toute la presse, trois cents sacs
postaux originaires de Tunis et débarqués le
30 juin à Marseille par le paquebot Gotirer-
neur-gènéral'Grévy avaient été vidés de leur
contenu en cours de traversée.
L'administration des P. T. T. fait con-
naître que le courrier de Tunisie pour la
France n'a été l'objet d'aucune manœuvre
criminelle.
Par contre, cinq sacs et non trois cents,
ont été vidés sur le même bateau deux jours
auparavant, au cours de son trajet Mar-
seille-Tunis. Quelques objets recommandés
ont disparu ; plusieurs' lettres ont été ou-
vertes ; mais les envois de valeur déclarée
sont parvenus au complet.
L'Aviation Coloniale
Marseille-Alger
L'ouverture du service postal aérien Mar-
seille-Alger qui avait été prévue pour le
dimanche 1" juillet, est reportée à une date
ultérieure.
Dans le Sud-Algérien
l"
L'abreuvement des moutons
I.c manque d'eau dans plusieurs régions
pastorales de l'Algérie constitue un obstacle
au développement de l'élevage du mouton.
Depuis l'occupation française en Algérie,
cette question de l'abreuvement des trou-
peaux a donc été retenue comme des plus
importantes.
Dans son rapport présenté, lors du Con-
grus de l'eau, par M. Jaillet, agriculteur-
éleveur à Fenouane (Oran), le problème de
l'aménagement des eaux nécessaires aux
troupeaux des indigènes doit se résoudre
par une plus parfaite utilisation des points
d'eau existants : sources et puits, par la
création de points d'eau : r'dirs.
Les sources à débit régulier constituent les
points d'eau parfaits pour l'abreuvement des
troupeaux.
On les trouve abondantes à la limite des
régions tellicnnes et des Hauts-Plateaux,
comme aux alentours des nappes aquifères
comme à Chellala et à Aïn-Sefra. Malheu-
lcnserncnt, les sources sont assez rares. dans
les régions moutonnières.
L'aménagement de ces points d'eau est
réduit au captage de la source et à la cons-
truction d'abreuvoirs, mettant à la disposi-
tion des troupeaux de l'eau propre, de l'eau
saine.
Quant aux puits ceux que l'on rencontre
sur les Hauts-Plateaux ont été creusés un
peu au hasard, soit par les militaires lors
de l'occupation, soit par les bureaux arabes
oet les communes mixtes pour les besoins de
leurs administrés, soit par les éleveurs eux-
mêmes.
Les r'dirs naturels sont des trous où s'ac-
cumule l'eau de pluie et où s'alimentent en
eau potable les habitants de la steppe et où
s'abreuvent leurs troupeaux.
Les r'dirs ont l'inconvénient de ne rem-
plir leur fonction que pendant les saisons
pluvieuses. Mais on envisage la construction
de r'dirs artificiels, susceptibll, de donner
de l'eau aux troupeaux pendant toute la
saison d'été.
C'est à ces r'dirs que doivent aller toute
l'attention, toute l'activité, toute la volonté
de ceux-là qui s'intéressent aux @ plus gran-
des destinées de l'élevage algérien.
Ne l'oublions pas, l'élevage occupe une
des premières places si ce n'est la pre-
mière parmi les richesses algériennes.
Les statistiques officielles donnent une
population ovine de 6.t7o.864 têtes pour
l'ensemble des Territoires du Nord et du
Sud.
L'Algérie expédie, bon an mal an, 1 mil-
lion 100.000 têtes en France.
La France reçoit, annuellement, des mil-
liers de tonnes de viande frigorifiée.
Et sa puissance d'absorption va bien au
delà. L'Algérie est capable d'y satisfaire
totalement. Pour cela, il faut permettre aux
troupeaux de se développer. On n'y parvien-
dra qu'en multipliant abondamment les
points d'eau dans les régions favorables à
l'élevage du mouton, et qui en diminuant
les causes d'épuisement de cachexie et de
mortalité permettront au cheptel ovin de
progresser en qualité et en nombre.
.-
Et ?oys|e ai Frucc di Mm da Maroc
< .1
Le Sultan du Maroc a été salué à Tanger
à bord du Maréchal-Lyautey, par le men-
doub, le contrôleur et les autorités chéri-
fiennes.
La flore du Hoggar
et
Le général Laferrine, le com-
mandant Nivelle, les officiers MI-
hariens avaient déjà permis dt
constituer m herbier du Hoggar, mais,
ainsi que le fait remarquer le professeur
Maire, de la faculté des sciences d'Alger,
membre de la mission du Hoggar, la haute
montagne n'avait pas encore fait Vobjet
d'une exploration scientifique.
La mission a été favorisée par une année
de pluies exceptionnelles, qui a donné au
Hoggar un aspect sans doute un peu trom-
peur, mais la moisson n'en fut que plus
abondait.
Jusque vers 1.600 métrés d altitude, on
rencontre une flore soudano-éthiopienne mé-
langée d'éléments méditerranéens. Il en est
de même au Tagant, en Mauritanie, que
nous fit connaître la colonne Michard en
1906-1907 et dont l'analogie avec le Hoggar
est assez frappante.
Grâce à ses recherches, M. Maire a pli
affirmer désormais l'existence d'une végéta-
tion climatique.
De loin en loin quelques touffes de gra-
minées (le mrokça des Arabes) et des aca-
cias appelés à tort des mimosas épineux :
l'abser et le tamat des Touareg.
Varbre le plus haut (environ 12 mètres
de hauteur et 3 m. 14 au tronc à hauteur
d'homme) est l'acacia Albiola. Une liane
gigantesque (Cocculus pendulus) dévore
l'acacia abser, situé au pied du Tefedest.
Il faut signaler un arbre fétiche, le
maerna, l'arbre des esprits dont les Toua-
reg frafpent le tronc pour chasser les
djinns (diables). Cet arbre est apparenté
au modeste cdPrier.
La similitude de la flore des Itaulcs al-
titudes (de 1.600 à 2.400 mètres) avec celle
des régions méditerranéennes est frap-
tante.
Les fleurs délicates des moricatidias,
plantes annuelles, nettement méditerranéen-
nes, ont fait les délices du peintre P.-E.
Dubois, de la mission. Pâturage excellent
pour les chameaux, cette plante se voit pré-
férer par ces animaux aux goûts bizarres
le guettai des Arabes. - -
On ne sait sans doute pas que le cha-
meau, qui broutille chemin faisant son re-
pas quotidien, s'adresse toujours dans un or-
dre rigoureux aux différentes essences qu'il
rencontre. Le soir, au bivouac, après avoir
dormi, il rumine ses provisions qu'il arrose
d'une grande lampée d'eau tirée de sa po-
che de féserve, véritable citerne.
Sur les altitudes extrêmes, 3.000 mètres,
c'est la steppe à armoises, semblable à celle
des hauts plateaux algériens.
La nébulosité et quelques petites pluies
expliquent que des parois rocheuses bien
abritées sont couvertes de lichens perma-
nents.
A Idélès, jusqu'à 1.500 mètres, les dat-
tiers ont des fruits; à Tazerouk, à 1.900
mètres, on récolte d'excellentes figues, des
raisins et des pèches, et /'oléa Laperrine,
véritable olivier aux feuilles allongées en
fines lanières, et dont le fruit renferme un
gros noyau. Cet arbre semble devoir être un
bon porte-greffe.
Nous retrouvons donc dans ces jeunes sa-
vants, dont M. Pierre Bordes a su compo-
ser cette mission, un enthousiasme scienti-
fique analogue à celui qui a inspiré les tra-
vaux de Duveyrier, du Père Charles de
Foucauld, de Ben Hazera, de Churdeau,
de Gautier. Puissent toutes les missions être
composées de la sorte et non plus de grands
as du Sahara en quatrième vitesse.
EetoseareM Néron,
Sénateur de la liaute-Lotre,
Vtce-préstdent de la Commission
(tes Douanes.
BROUSSES
& BROUTILLES
Pas même en Indochine,
ô Richepin 1
Je lisais dernièrement dans un journal
d'Indochine une information d'après la-
quelle deux Chinois, un Shek et un Chan
quelconques, avaient été expulsés du terri-
toire de la Colonie parce qu'ils n'y possé-
daient pas de domicile fixe.
Ainsi, les « pays neufs », c'est donc cela?
Et il n'est donc plus une parcelle du vaste
monde où il soit permis d'être chemineau?
Partout maintenant, le héros de Jean Ri-
chepin, qu'il montrât peau blanche, jaune
ou noire, serait jugé indésirable.
Kim lui-même (s il n'avait des accointan-
ces avec l'Intelligence Service) se ferait
arrêter sur la grand'route qui monte au
Thibet.
Mowgli, le nourrisson des loups, le libre
Mowgli ennemi des chiens et des liens, se.
rait convaincu d'anarchie et de complot con-
tre l'ordre établi, et si soigneusement ligotté
que tous les efforts réunis d'Akela l'héroï-
que, de Baghera aux reins d'acier, et de
Kaa aux chocs de catapulte, ne sauraient
lui rendre l'errance sans limite, sinon sans
loi, à travers la jungle aux sombres lueurs
d'or vert.
C'est cela, le progrès. Un filet nous recou-
vre tous, dont les mailles se resserrent cha-
que jour.
Seuls, les nandar-Log, agiles, adroits et
souples, passent au travers.
AlMfiOft.
LOGIQUEMENT ENFIN.
1
LE MArrRE. Par conséquent, l'air chaud
est plus léger que l'air froid, c'est pourquoi nous
rencontrons le dernier toujours en bas et le pre-
mier en haut.
L'ELÈVE. Mais, m'sieu, vous devez faire
erreur, puisqu'en bas, en Afrique, il fait chaud,
et en haut, au Pôle Nord, il fait froid !
Les condilnK deipw tatÎM
des basanes rfançaises
Noua aWIII vu dans m précédent article
combien la production des bananes aux colo-
nies françaises devait être liée intimement avec
la création ou l'amélioration des transports de
ces fruits de la colonie qui les produit à la
métropole qui les consomme.
Il serait téméraire de croire que tout réside
dans la création de ces moyens de tramport.
11 y a d'autres conditions à remplir qui, plus
immédiatement, dépendent des producteurs et
des vendeurs.
Les bananes des colonies françaises ont été
reconnues bonnes et même supérieures comme
goût à celles de l'étranger, en particulier en
ce qui concerne les fruits de Guinée. Ce point
étant acquis, il est permis de s'étonner qu elles
demeurent en gjos à un prix inférieur à celui
qui est payé pour les bananes des Canaries.
Cela tient surtout à des conditions accessoires
dont l'ensemble constitue un facteur important
de la fixation des prix.
Tout d'abord, il faut examiner à quel résul-
tat sont parvenus les Canariens dans cette in-
dustrie. La production du fruit y est arrivée à
est am vée à
une telle perfection que le poids des bananes
est toujours sensiblement le même et ne varie
pu des unes aux autres d'une vingtaine de
grammes. En outre, les régimes parfaitement
réguliers sont classés en qualités qui ont reçu
des noms, extra-medium, extra, extra-géant,
double-géant, triple-géant, et les caisses d' em-
ballage sont soigneusement étalonnées pour
contenir un, deux ou trois régimes de chacune
de ces qualités.
Le prix en est fixé pour une catégorie, et un
écart fixe est sous-entendu dans les marchés
pour les caisses de moindre ou plus grande
valeur. On peut se rendre compte à quelle per-
fection est arrivée la culture et aussi la con-
naissance des marqueurs (ceux qui choisissent
les régimes dans les plantations) en considé-
rant qu'un simple coup d' oeil leur suffit pour
désigner la catégorie dans laquelle entrera le
régime qu'ils voient sur pied.
D'autre part, les Canariens ont adopté cer-
taines méthodes d'emballage et se sont fami-
liarisés avec l'observation de certains soins
d'une façon si scrupuleuse qu'ils sont arrivés
en quelque sorte à standardiser leur présenta-
tion. Le régime cueilli est manipulé le moins
possible. Avant la coupe, il est débarrassé des
styles noirs qui &e trouvent à l'extrémité de
chaque fruit, éloigné du tronc par un petit
tuteur qui évite les mâchures, soutenu par une
fourche pour éviter la chute. Lors de la coupe,
il est soigneusement enveloppé pour le trans-
port dans une couverture épaisse qu'il ne quitte
que pour être enveloppé dans une feuille
d" ouate, plié ensuite dans une double feuille de
papier spécial, mis en caisse ensuite avec pré-
caution et entouré de paille rompue très souple
comme la paille d' avoine ou des feuilles sé-
chées du bananier.
Cet emballage comme le déballage à 1 arri-
vée est entouré des mêmes soins, le régime
pendu et isolé de ses voisins, puis chauffé ou
refroidi, suivant qu'on veut en activer ou en
retarder la maturation.
Les caisses exigent également beaucoup de
soins dans leur qualité comme dans leur manu-
tention.
Dans ces conditions, les fruits arrivent en
Europe dans un état de perfection tel qu'ils
joignent à leur saveur un véritable charme pour
'œil. Jusqu'ici, les planteurs des colonies
françaises ont trop négligé ces détails impor-
tants ; d'abord, il est très difficile d'inculquer
la notion de ces soins à nos indigènes des colo-
nies, et lorsqu'ils ont acquis cette notion pé-
nible, il est indispensable d'exercer une sur-
veillance continuelle pour obtenir qu'ils l' ap-
pliquent et ne reviennent pas à leurs habitudes
ancestrales. Il est presque impossible d'obtenir
d'un indigène qu'il coupe constamment au
même état de maturité. Nous savons que c'est
difficile, mais pour beaucoup d'indigènes le
désir de faire une plus grande récolte que leur
confrère les incite à couper dans de mauvaises
conditions.
Cette même surveillance doit être exercée
au moment de l' emballage qui, pourtant, doit
être fait rapidement, et l'on a à lutter contre
la paresse héréditaire de la main-d' œuvre.
Enfin, l'indigène comprend difficilement que
! ELuropeen s'attache à une présentation du
fruit, lui, qui achètera même pour sa consom-
mation des fruits cabsés, écorchés ou tachés,
a peine à concevoir qu' on attache de l'im-
portance à la netteté de sa forme et de sa cou-
leur.
Ce sera, pendant de longues années encore,
une difficulté qui écartera du marché les pro-
ducteurs directs indigènes de nos colonies
d'Afrique. Pour longtemps, l'indigène qui
voudra tirer parti des fruits qu'il a produits
en les expédiant en Europe devra les vendre
sur pied à l'Européen qui, lui, se chargera
d'en faire la récolte, d'en soigner @ l'emballage
et la présentation pour leur meilleure vente
sur le marché.
Il serait presque enfantin de croire qu'il y
aura dans ce sens une évolution rapide de la
mentalité de nos sujets coloniaux, et le meil-
leur conseil qu'on puisse leur donner serait de
s'en remettre, pour leur plus grand intérêt,
aux colons qui sont leurs voisins et qui ne de-
mandent pas mieux que d'assumer cette res-
ponsabilité.
H. B.
Dépêches de l'Indochine
-–– 1
Justices de Paix
Le Gouverneur Général p. i. a signé un
arrêté élargissant les conditions d admis-
sion des indigènes aux fonctions de juge de
paix en Cochinchine et prévoyant la créa-
lion d'un certain nombre de nouvelles jus-
tices (le pair indigènes.
AU SENAT
»♦»
Débats
Les services maritimes
entre la France, FAigerie et la Tunisie
Au cours de la séance de lundi dernier, le
Sénat a été appelé à ratifier les conclu-
sions des rapports de M. Albert MahieU, au
nom de la Commission des finances et Cut-
toli, au nom de la commission chargée
pour 1928, de l'examen des projets con-
cernant l'Algérie, sur le projet adopté par
la Chambre des députés, portant approba-
tion des chartes-parties relatives aux ser-
vices maritimes entre la France, l'Algérie
et la Tunisie.
M. Saurin, sénateur d'Oran demande la
parole.
- Les raisons, dit-il, qui déterminent M.
le Ministre à insister sur l'urgence qu'il y
a, dans l'intérêt supérieur du budget de la
métropole, et aussi, il faut loyalement le
reconnaître, de l'Algérie, à la veille de la
célébration du centenaire de la pénétration
de l'influence française dans l'Afrique du
Nord m'imposent le devoir de ne pas m'op-
poser au vote du projet de loi soumis à
l'approbation du Sénat.
Ce faisant, je suis certain d'être l'inter-
prète do ceux des parlementaires algériens
avec lesquels j'ai pu avoir l'occasion de me
concerter avant cette séance et alors que
nous étions en droit de supposer que cette
question ne nous serait soumise qu'à la
rentrée d'octobre.
Le Sénat n'ignore sans doute pas et M.
le ministre le sait, que les délégations finan-
cières avec lesquelles l'accord parfait s'est
réalisé sur le principe du vote de 2.500.000
francs demandés par la métropole, ont
émis, en même temps qu'elles votaient
cette contribution à la construction des na.
vires de l'Etat en service sur l'Afrique du
Nord, des vœux inspirés par le juste souci
de la défense des finances dont la gestion
leur a été déléguée.
Une commission a été déléguée par cette
haute assemblée, rendez-vous a été pris
par elle avec M. le ministre des Travaux
publics pour le 10 septembre, je crois.
Une préoccupation, que vous trouverez
légitime chez un représentant de notre
belle Algérie, vient à mon esprit qui m'in-
cite à poser, avant le vote définitif de la
loi, une question à M. le ministre, dont,
par ailleurs, nous avons toujours eu l'oc.
casion d'apprécierla parfaite bienveillance
chaque fois qu'il s'est agi de la défense ou
de la- protection de nos intérêts.
Cette question la voici.
Le vote de la loi actuelle fermera-t-il la
porte à toute entente possible entre le bud-
get do la métropole et celui de l'Algérie.
Pour préciser, les vœux qui accompagnè-
rent et conditionnent en quelque sorte la
décision des délégations financières ins-
crivant un crédit de 2.500.000 francs à son
budget pour l'amortisaement et le renouvel-
lement de la flotte d'Etat, risquent-ils de ne
plus être pris en considération par le gou-
vernement ?
M. André Tardieu, ministre des Travaux
publics. - Je remercie l'honorable M. Sau-
rin de ne pas donner à son intervention le
caractère d'une opposition au vote du pro-
jet.
Ce projet est attendu depuis très long-
temps par l'Algérie, il la fera sortir et nous
fera sortir d'une situation d'instabilité que
définissait une tacite reconduction perpé-
tuelle. Il donnera une base capable d'assu-
rer le renouvellement de la flotte, tout en
augmentant les recettes de l'Etat.
En' même temps, ce projet assure la Col-
laboration de l'Etat avec 1 Algérie et la Tu-
nisie, collaboration hautement souhaitable,
dont l'achèvement a produit en Algérie, M.
Saurin le sait, la meilleure impression.
Sur la question spéciale que m'a posée
l'honorable M. Saurin, je pourrais, si je ne
craignais d'abuser de la patience du Sé-
nat, lui lire les derniers télégramrrfes qui
ont été échangés entre le Gouverneur gé-
néral et moi. Cela me paralt inutile, puis-
que M. Saurin a apporté lui-même une ré-
ponse a sa question en informant le Sénat
que, dans quelques semaines, le ministre
doit recevoir une délégation des représen-
tants algériens, avec qui, sur tous les
points de détail qui l'intéressent, la conver-
sation se poursuivra dans leg mêmes con-
ditions qu'auparavant, c'est-à-dire dans un
esprit de cordialité et de bonne entente qui
permettra d'incorporer tous les amende-
ments nécessaires à l'entente déflnllive,
sur les divers points que M. Saurin a dans
l'esprit.
Je puis donc donner entière satisfaction
fi l'honorable sénateur.
M. Saurin. Je remercie Monsieur le
ministre et, je prends il nouveau acte avec
la plus grande satisfaction de sa bienveil-
lance dont, je dois l'avouer, jetais assuré
fi l'avance.
Après cet échange d'observations, le pro.
jet est adopté J\ mains levées,
La 5e Chambre de la Cour d'Alger
M. Lisbonne dépose et lit un rapport sur
le projet adopté par la Chambre des dépu-
tés, ayant pour objet de créer une cin-
quième Chambre il la Cour d'Appel d'Al-
ger.
Le rapporteur conclut a l'adoption.
L'urgence est déclarée, la discussion im.
médiate ordonnée et le projet adopté sans
débat.
Des arabes à la Chambre
Des spectateurs magnifiques ont assisté,
impassibles, aux derniers débats sur le pro-
blème du logement.
Vêtus de burnous et coiffés de turbans,
c'étaient des chefs marocains et algériens
venus a Paris pour le 14 juillet.
Mais, malgré la récente ronférence nord-
africaine qui tendait à une œuvre de rap-
prochement, on avait mis les Algériens
dans une loge et les Marocains dans une
autre.
Pur hasard, peut-être, aprî^ tout.
ENCORE LE KRAKATOA
18.
D'après un message de Hatavia aux jour-
naux, le Krakatoa est de nouveau en acti-
eité depuis vendredi.
On ignore l'intensité de cette l'ruplion.
Les éltdioss ai Coaseil fësérat
de la Guadeloupe
- .1.
Voici les résultats du élections au Conseil
Général qui ont eu lieu dimanche dernier à la
Guadeloupe.
(Par dépêche.)
La Pointe-à-Pitre
Inscrits : 10.540. Votants : 4.040.
LISTE D'UNION REPUBLICAINE
OU CARTEL
MM. Fidelin, Dain, Archimède, Clara,
Carie, Meloire, Ruillier, Adélaïde, Banbuc,
2.448 à 2.447 voix.
LISTE DE CONCENTRATION
REPUBLICAINE
MM. Bloncour, Valentino, Bourgarel, Ta-
cite, Gourdin, Dubois, Valluet, Rail ion, Bal-
let, 1.537 à 1.379.
LISTE DE L'ALLIANCE
REPUBLICAINE DEMOCRATIQUE
107 à 38 voix.
SOCIALISTE INDEPENDANT
M. Lara, 127 voix.
Ballottage, il manque quelques voix à la list6
du Cartel pour avoir le quart des électeurs ins-
crits.
Saint-Martin
Inscrits : 780. Votants : 284.
M. Fleming, 283 voix. élu.
Saint-François
Inscrits : 1.234. Votants : 626.
M. Pauvert, de l'Union républicaine socia-
liste, 393 voix, élu.
M. Macal, de l'Union républicaine, 218
voix.
Le Moule
Inscrits : 6.017. Votants : 2.475.
LISTE DE L'UNION
REPUBLICAINE OU CARTEL
MM. Groeve, député I 882 voix ELU
Romana. 1.800-
Mérope 1.878
Tournare l 1-661 -
LISTE DE L'UNION
REPUBLICAINE SOCIALISTE
MM. Bosc 563 voix
Jean Louis. 544
Gob 541 -
Demon. 541-
Marie-Galante
Inscrits : 4.509.
La liste de l'Union républicaine ou cartel est
élue contre la liste républicaine bOCialiste.
p
AU CONSEIL GENERAL
DE LA GUADELOUPE
M. Tellier, Gouverneur de la Guadeloupe
et dépendances, a ouvert le 30 mai la. pre-
mière session ordinaire du Conseil Géné-
ral. Il a prononcé à cette occasion un dis-
cours dont nous donnons ci-dessous les pas-
sages essentiels :
Monsieur le Président..
Messieurs les Conseillers gélléraux,
J'éprouve quelque fierté de me retrouver
devant vous avec la conviction d'être resté
tel que je vous avais promis d'être lorsque
je me présentais à votre première session
ordinaire de 1927 et d'avoir justifié la con-
fiance que vous m'avez témoignée en novem-
bre dernier.
Aussi biettj Messieurs, je puis l'otts donner
l'assurance que les affaires qui TOUS sont
présentées ont été étudiées avec une réelle
conscience et que la plus importante d'entre
elles, le projet de budget rectificatif pour
l'exercice 1928, a été élaborée avec tout le
soin que comporte un tel acte.
Ce document qui est soumis à vos délibé-
rations est arrêté, en recettes et en dépen-
ses, il la somme de 42.663.171 francs, dont
2.201.000 francs pour les opérations d'ordre.
L'augmentation par rapport aux évaluations
primitives, soit 6.518.048 francs porte uni-
quement sur les opérations pro pres au bud-
get local.
En ce qui concerne les dépenses, l'aug-
mentation de 6.518.048 francs affecte poui
une grande part les chapitres de personnel.
Par ailleurs, de l'examen dit projet de
budget dit Port de la Pointe-à-Pitre vous cons-
taterez que les ressources de ce budget an-
nexe ne peuvent être accrues cette année, de
l'excédent des recettes sur les dépenses de
l'exercice précédent. Cette circonstance en-
traine l'obligation de prévoir une subvention
supplémentaire du budget local de 1.370.000
francs pour permettre l'exécution des tra-
vaux projetés.
L'aide - titllmcière apportée au budget du
Port par le budget local se chiffrera ainsi
à un total de 2.370.000 francs contre 1 mil-
lion 500.000 francs en 1927.
Il doit être indiqué à ce sujet que cette
participation devra rester sensiblement la
même pour les années suivantes.
La participation de la Colonie aux dépen-
ses de construction ou de réfection des ou-
vrages communaux et des chemins vicinaux
a été majorée par des prévisions nouvelles
de 60.700 et 07.000 francs.
Dans un autre ordre d'idées nous devons
mentionner l'inscription d'un relèvement de
100.000 francs au tifre des frais de transport
de personnel à l'extérieur de la (nlmtir.,
Enfin, le plan de* campagne a dû recevoir
le complément de crédit indispensable qu'il
est de coutume de lui réserver au moment
de Vétablissement du bttgef rNliii(.¡lif.
Celui de 19.2S a pli. malgré les charges
nouvelles qui viennent d'être passées rapide-
ment en revue, bénéficier d'une prâiision
additionnelle de ;..-H>V;-I irancs
Ce n'est pas sans raison. Messieurs, que
mon exposé sur l'économie du budget a
traité tout d'abord de la question des dé-
penses.
Vous - vous rendre compte ainsi der
difficultés en présence desqttelll's l'Admi-
m NUMMO : M CBNTOM
MARDI SOIR, 10 JUILLET 10W,
JOVRMLJVOTIDIER
Médaction & Administration :
U, BNHHMl-mfair
PARIS an
Ttlim. 1 LOUVRB 11-17
- RICHKUKU KMM
Les Annales Coloniales
Les aaftOftCII et réclames sont reçu/les su
bureau du tournai.
DIRECTEURS : Marcel RUEDBL et L.-G. THÉBAULT
Tous les articles publiés dans notre journal ne peuvent
être reproduits 'I,t'I'n niant les :\:\AI.ES COLONIAI.ES.
ABONNEMENTS
avec le supplément ilhiriré :
un au e Moi. a Mol*
Fruce 8t
Colonies 120 o Mt Mt
ttran#er.. 180. tOO* Mt
On s'abonne sans frais daD
tous les bureaux de poste.
Les derniers Négriers
..-
Chacun sait que si l'abolition de la traite
tles nègres n'a été officiellement déclarée
que le 24 avril 1848, cet affreux trafic était
défendu depuis près de vingt ans; au Con-
grès de Vienne, l'Angleterre avait obtenu
une déclaration de principe en faveur de
l'abolition de la traite, et chez nous, Napo-
léon Ier en avait prononcé l'abolition immé-
diate le 29 mars 1815 pour amadouer l'An-
gleterre
C'est dire que, dès cette époque, ceux qui
se livraient au commerce des esclaves étaient
tenus pour de véritables corsaires et pour-
chassés tout le long de la côte occidentale
d'Afrique où ils recrutaient leur « bois
d'ébèae 1.
Aussi les péripéties que relate le journal
de bord de l'Actif pendant sa campagne né-
grière en 1821 présentent-elles quelque inté-
rêt et sont presque d'actualité, car il ne
s'agissait, au fond, que de recruter pour les
lies antillaises ou les Etats de l'Amérique
une main-d'œuvre que nous ne trouvons
plus dans les pays d'où on la tirait. C'est,
du reste, ce qui explique que la constitu-
tion de 1787 avait reconnu nécessaire l'im-
portation des nègres d'Afrique aux Etats-
Unis.
Fort bien gréé, armé en flûte, le brig
Actif, commandé par un jeune capitaine,
quittait donc Paimbœuf le 10 mai 1821
pour a aller faire au Sénégal un com-
merce 9.
Ayant navigué en bonne allure et évité
les croisières britanniques, VActif arrivait
dix jours plus tard à Bani (l'actuel Bonny,
au petit royaume nègre du Nouveau Kala-
bar (dans la Nigéria).
Le roi du pays, qui attendait impatiem-
ment son client, vint à bord recevoir les
cadeaux d'usage et indispensables pour que
les marchands de captifs puissent venir à
bord et trafiquer.
Afin de mieux surveiller le large, le com-
mandant de Y Actif envoya à terre son se-
cond, Michaud, qui activa les opérations
de la traite, et c'est du journal tenu par
ledit Michaud que M. Léon Vignols a extrait
ces notes publiées dans la Revue de VHis-
toire des Colonies françaises.
Michaud, très observateur, nous donne
tnaints détails sur les mœurs des indigènes
qui sont très accueillants, mais fins et por-
tés au vol. Il déclare que le commerce de-
vient de plus en plus difficile, la marchan-
dise rare. A mesure que les courtiers euro-
péens et métis (car nous retrouvons les noms
de quelques grandes familles sénégalaises,
mais l'on ne saurait porter la responsabi-
lité d'actes d'ancêtres!) durent s'enfoncer
aux profondeurs du continent, les nègres
descendirent de plus en plus loin en lon-
gues caravanes, jalonnant leur parcours des
ossements de ceux qui n'avaient pu suivre.
Les captifs étaient échangés contre des
marchandises européennes : eaux-de-vie,
barres de fer, chapeaux, quincaillerie, mer-
cerie, poudre et fusils, miroiterie et verro-
terie.
Somme toute, le captif revenait en
moyenne à 211 fr. 47.
Ce qu'il faut signaler, c'est la propor-
tion de plus en plus grande des cotonnades
dans la pacotille d'échange. L'Actif avait
à bord 18.680 mètres d'étoffes de coton.
L'alcool formait les 11 de la cargaison.
Il est encore malheureusement indispensable
pour le recrutement de notre propre main-
d'œuvre dans bien de nos colonies.
Nous pouvons remarquer le goût de se
vêtir chez les notables en contact avec des
Européens et des musulmans et même à
l'intérieur du Continent noir, où commen-
çait la série des trafiquants et des conqué-
rants de l'Islam.
Malgré l'arrivée inopinée d'une croisière
anglaise, Y Actif put continuer à compléter
sa cargaison, les Anglais s'occupant sur-
tout de la capture d'un négrièr anglais et
de deux négriers espagnols.
Profitant de « l'exécution - des navires es-
pagnols, le capitaine Benoit appareillait le
iw septembre et par beau temps, belle brise,
« orienté tout de suite au plus près 9, filait
vers les Antilles et gagnait même sur un
croiseur une distance suffisante.
Une escale à Cuha pour des raisons
inexpliquées par Michaud retarda l'arrivée
à la Guadeloupe à l'anse Bertrand, où la
cargaison de 177 nègres était débarquée le
13 janvier 1922.
Grâce aux soins relatifs dont les pauvres
captifs étaient entourés, il n'y eut que 19
décès en cours de route. Benoit était un
bon négrier, et il ne faisait, somme toute,
que d'apporter de la main-d'œuvre aux co-
lonies par un procédé qui fut toléré pendant
plus de cent cinquante années.
Cil. Deèlerre,
Sénateur du Nord.
AU PAYS DU SOLEIL
»♦»
Parasols et parapluies dans la Régence
• C'est la France, évidemment, qui fournit
pour la plus grande part la Régence en para-
sols et en parapluies.
La véritable clientèle pour ces articles se
recrute surtout parmi la population française,
la bourgeoisie européenne et l'élément bour-
geois indigène des grands centres de la Ré-
gence : Tunis. Sfax, Bizerte, Sousse, etc. Les
bourgeois indigènes de la ville ou de la cam-
pagne utilisent avec assez de complaisance le
parasol blanc doublé vert. Avant la guerre, ce
parasol se faisait en alpaga gris. C'était riche,
charmant, discret. Aujourd'hui, ils sont de co-
tonnade, neigeux en dehors, verdoyant en de-
dans, comme une pistache entre les dents.
Le parapluie en coton noir ou silésienne fan-
taisie bon marché intéresse particulièrement la
clientèle du pays. Elle n'attache pas une grosse
importance à la qualité et à la richesse de
l'article, étant donné qu'il pleut rarement. Il
n'en est pas de même pour l' ombrelle oui est
ici un article de grande utilité, et la clientèle
recherche l'article sérieux ou de grande fan-
taisie.
Les importations de parapluies et parasols
en coton sont tombées de 7.866 (en kilos). en
1920, à 3.835 kilos en 1926 ; ceux de soie,
de 2.109 kilos à 817 kilos pour le même laps
de temps.
La cause de cette diminution d'achat en
Tunisie est due à la sécheresse prolongée que
la Régence a subie pendant les quatre dernières
années.
Les fabricants de France ont-ils eu à se
plaindre de ce manque à gagner ? Sans doute.
Cependant, leurs parapluies ne leur sont nulle-
ment restés pour compte. La métropole, comme
on le sait, est suffisamment noyée par les pluies
continuelles pour qu'elle absorbe le trop plein
de la fabrication des parapluies dans le monde.
VOL A BORD
le 1
D'après l'information publiée la semaine
dernière par toute la presse, trois cents sacs
postaux originaires de Tunis et débarqués le
30 juin à Marseille par le paquebot Gotirer-
neur-gènéral'Grévy avaient été vidés de leur
contenu en cours de traversée.
L'administration des P. T. T. fait con-
naître que le courrier de Tunisie pour la
France n'a été l'objet d'aucune manœuvre
criminelle.
Par contre, cinq sacs et non trois cents,
ont été vidés sur le même bateau deux jours
auparavant, au cours de son trajet Mar-
seille-Tunis. Quelques objets recommandés
ont disparu ; plusieurs' lettres ont été ou-
vertes ; mais les envois de valeur déclarée
sont parvenus au complet.
L'Aviation Coloniale
Marseille-Alger
L'ouverture du service postal aérien Mar-
seille-Alger qui avait été prévue pour le
dimanche 1" juillet, est reportée à une date
ultérieure.
Dans le Sud-Algérien
l"
L'abreuvement des moutons
I.c manque d'eau dans plusieurs régions
pastorales de l'Algérie constitue un obstacle
au développement de l'élevage du mouton.
Depuis l'occupation française en Algérie,
cette question de l'abreuvement des trou-
peaux a donc été retenue comme des plus
importantes.
Dans son rapport présenté, lors du Con-
grus de l'eau, par M. Jaillet, agriculteur-
éleveur à Fenouane (Oran), le problème de
l'aménagement des eaux nécessaires aux
troupeaux des indigènes doit se résoudre
par une plus parfaite utilisation des points
d'eau existants : sources et puits, par la
création de points d'eau : r'dirs.
Les sources à débit régulier constituent les
points d'eau parfaits pour l'abreuvement des
troupeaux.
On les trouve abondantes à la limite des
régions tellicnnes et des Hauts-Plateaux,
comme aux alentours des nappes aquifères
comme à Chellala et à Aïn-Sefra. Malheu-
lcnserncnt, les sources sont assez rares. dans
les régions moutonnières.
L'aménagement de ces points d'eau est
réduit au captage de la source et à la cons-
truction d'abreuvoirs, mettant à la disposi-
tion des troupeaux de l'eau propre, de l'eau
saine.
Quant aux puits ceux que l'on rencontre
sur les Hauts-Plateaux ont été creusés un
peu au hasard, soit par les militaires lors
de l'occupation, soit par les bureaux arabes
oet les communes mixtes pour les besoins de
leurs administrés, soit par les éleveurs eux-
mêmes.
Les r'dirs naturels sont des trous où s'ac-
cumule l'eau de pluie et où s'alimentent en
eau potable les habitants de la steppe et où
s'abreuvent leurs troupeaux.
Les r'dirs ont l'inconvénient de ne rem-
plir leur fonction que pendant les saisons
pluvieuses. Mais on envisage la construction
de r'dirs artificiels, susceptibll, de donner
de l'eau aux troupeaux pendant toute la
saison d'été.
C'est à ces r'dirs que doivent aller toute
l'attention, toute l'activité, toute la volonté
de ceux-là qui s'intéressent aux @ plus gran-
des destinées de l'élevage algérien.
Ne l'oublions pas, l'élevage occupe une
des premières places si ce n'est la pre-
mière parmi les richesses algériennes.
Les statistiques officielles donnent une
population ovine de 6.t7o.864 têtes pour
l'ensemble des Territoires du Nord et du
Sud.
L'Algérie expédie, bon an mal an, 1 mil-
lion 100.000 têtes en France.
La France reçoit, annuellement, des mil-
liers de tonnes de viande frigorifiée.
Et sa puissance d'absorption va bien au
delà. L'Algérie est capable d'y satisfaire
totalement. Pour cela, il faut permettre aux
troupeaux de se développer. On n'y parvien-
dra qu'en multipliant abondamment les
points d'eau dans les régions favorables à
l'élevage du mouton, et qui en diminuant
les causes d'épuisement de cachexie et de
mortalité permettront au cheptel ovin de
progresser en qualité et en nombre.
.-
Et ?oys|e ai Frucc di Mm da Maroc
< .1
Le Sultan du Maroc a été salué à Tanger
à bord du Maréchal-Lyautey, par le men-
doub, le contrôleur et les autorités chéri-
fiennes.
La flore du Hoggar
et
Le général Laferrine, le com-
mandant Nivelle, les officiers MI-
hariens avaient déjà permis dt
constituer m herbier du Hoggar, mais,
ainsi que le fait remarquer le professeur
Maire, de la faculté des sciences d'Alger,
membre de la mission du Hoggar, la haute
montagne n'avait pas encore fait Vobjet
d'une exploration scientifique.
La mission a été favorisée par une année
de pluies exceptionnelles, qui a donné au
Hoggar un aspect sans doute un peu trom-
peur, mais la moisson n'en fut que plus
abondait.
Jusque vers 1.600 métrés d altitude, on
rencontre une flore soudano-éthiopienne mé-
langée d'éléments méditerranéens. Il en est
de même au Tagant, en Mauritanie, que
nous fit connaître la colonne Michard en
1906-1907 et dont l'analogie avec le Hoggar
est assez frappante.
Grâce à ses recherches, M. Maire a pli
affirmer désormais l'existence d'une végéta-
tion climatique.
De loin en loin quelques touffes de gra-
minées (le mrokça des Arabes) et des aca-
cias appelés à tort des mimosas épineux :
l'abser et le tamat des Touareg.
Varbre le plus haut (environ 12 mètres
de hauteur et 3 m. 14 au tronc à hauteur
d'homme) est l'acacia Albiola. Une liane
gigantesque (Cocculus pendulus) dévore
l'acacia abser, situé au pied du Tefedest.
Il faut signaler un arbre fétiche, le
maerna, l'arbre des esprits dont les Toua-
reg frafpent le tronc pour chasser les
djinns (diables). Cet arbre est apparenté
au modeste cdPrier.
La similitude de la flore des Itaulcs al-
titudes (de 1.600 à 2.400 mètres) avec celle
des régions méditerranéennes est frap-
tante.
Les fleurs délicates des moricatidias,
plantes annuelles, nettement méditerranéen-
nes, ont fait les délices du peintre P.-E.
Dubois, de la mission. Pâturage excellent
pour les chameaux, cette plante se voit pré-
férer par ces animaux aux goûts bizarres
le guettai des Arabes. - -
On ne sait sans doute pas que le cha-
meau, qui broutille chemin faisant son re-
pas quotidien, s'adresse toujours dans un or-
dre rigoureux aux différentes essences qu'il
rencontre. Le soir, au bivouac, après avoir
dormi, il rumine ses provisions qu'il arrose
d'une grande lampée d'eau tirée de sa po-
che de féserve, véritable citerne.
Sur les altitudes extrêmes, 3.000 mètres,
c'est la steppe à armoises, semblable à celle
des hauts plateaux algériens.
La nébulosité et quelques petites pluies
expliquent que des parois rocheuses bien
abritées sont couvertes de lichens perma-
nents.
A Idélès, jusqu'à 1.500 mètres, les dat-
tiers ont des fruits; à Tazerouk, à 1.900
mètres, on récolte d'excellentes figues, des
raisins et des pèches, et /'oléa Laperrine,
véritable olivier aux feuilles allongées en
fines lanières, et dont le fruit renferme un
gros noyau. Cet arbre semble devoir être un
bon porte-greffe.
Nous retrouvons donc dans ces jeunes sa-
vants, dont M. Pierre Bordes a su compo-
ser cette mission, un enthousiasme scienti-
fique analogue à celui qui a inspiré les tra-
vaux de Duveyrier, du Père Charles de
Foucauld, de Ben Hazera, de Churdeau,
de Gautier. Puissent toutes les missions être
composées de la sorte et non plus de grands
as du Sahara en quatrième vitesse.
EetoseareM Néron,
Sénateur de la liaute-Lotre,
Vtce-préstdent de la Commission
(tes Douanes.
BROUSSES
& BROUTILLES
Pas même en Indochine,
ô Richepin 1
Je lisais dernièrement dans un journal
d'Indochine une information d'après la-
quelle deux Chinois, un Shek et un Chan
quelconques, avaient été expulsés du terri-
toire de la Colonie parce qu'ils n'y possé-
daient pas de domicile fixe.
Ainsi, les « pays neufs », c'est donc cela?
Et il n'est donc plus une parcelle du vaste
monde où il soit permis d'être chemineau?
Partout maintenant, le héros de Jean Ri-
chepin, qu'il montrât peau blanche, jaune
ou noire, serait jugé indésirable.
Kim lui-même (s il n'avait des accointan-
ces avec l'Intelligence Service) se ferait
arrêter sur la grand'route qui monte au
Thibet.
Mowgli, le nourrisson des loups, le libre
Mowgli ennemi des chiens et des liens, se.
rait convaincu d'anarchie et de complot con-
tre l'ordre établi, et si soigneusement ligotté
que tous les efforts réunis d'Akela l'héroï-
que, de Baghera aux reins d'acier, et de
Kaa aux chocs de catapulte, ne sauraient
lui rendre l'errance sans limite, sinon sans
loi, à travers la jungle aux sombres lueurs
d'or vert.
C'est cela, le progrès. Un filet nous recou-
vre tous, dont les mailles se resserrent cha-
que jour.
Seuls, les nandar-Log, agiles, adroits et
souples, passent au travers.
AlMfiOft.
LOGIQUEMENT ENFIN.
1
LE MArrRE. Par conséquent, l'air chaud
est plus léger que l'air froid, c'est pourquoi nous
rencontrons le dernier toujours en bas et le pre-
mier en haut.
L'ELÈVE. Mais, m'sieu, vous devez faire
erreur, puisqu'en bas, en Afrique, il fait chaud,
et en haut, au Pôle Nord, il fait froid !
Les condilnK deipw tatÎM
des basanes rfançaises
Noua aWIII vu dans m précédent article
combien la production des bananes aux colo-
nies françaises devait être liée intimement avec
la création ou l'amélioration des transports de
ces fruits de la colonie qui les produit à la
métropole qui les consomme.
Il serait téméraire de croire que tout réside
dans la création de ces moyens de tramport.
11 y a d'autres conditions à remplir qui, plus
immédiatement, dépendent des producteurs et
des vendeurs.
Les bananes des colonies françaises ont été
reconnues bonnes et même supérieures comme
goût à celles de l'étranger, en particulier en
ce qui concerne les fruits de Guinée. Ce point
étant acquis, il est permis de s'étonner qu elles
demeurent en gjos à un prix inférieur à celui
qui est payé pour les bananes des Canaries.
Cela tient surtout à des conditions accessoires
dont l'ensemble constitue un facteur important
de la fixation des prix.
Tout d'abord, il faut examiner à quel résul-
tat sont parvenus les Canariens dans cette in-
dustrie. La production du fruit y est arrivée à
est am vée à
une telle perfection que le poids des bananes
est toujours sensiblement le même et ne varie
pu des unes aux autres d'une vingtaine de
grammes. En outre, les régimes parfaitement
réguliers sont classés en qualités qui ont reçu
des noms, extra-medium, extra, extra-géant,
double-géant, triple-géant, et les caisses d' em-
ballage sont soigneusement étalonnées pour
contenir un, deux ou trois régimes de chacune
de ces qualités.
Le prix en est fixé pour une catégorie, et un
écart fixe est sous-entendu dans les marchés
pour les caisses de moindre ou plus grande
valeur. On peut se rendre compte à quelle per-
fection est arrivée la culture et aussi la con-
naissance des marqueurs (ceux qui choisissent
les régimes dans les plantations) en considé-
rant qu'un simple coup d' oeil leur suffit pour
désigner la catégorie dans laquelle entrera le
régime qu'ils voient sur pied.
D'autre part, les Canariens ont adopté cer-
taines méthodes d'emballage et se sont fami-
liarisés avec l'observation de certains soins
d'une façon si scrupuleuse qu'ils sont arrivés
en quelque sorte à standardiser leur présenta-
tion. Le régime cueilli est manipulé le moins
possible. Avant la coupe, il est débarrassé des
styles noirs qui &e trouvent à l'extrémité de
chaque fruit, éloigné du tronc par un petit
tuteur qui évite les mâchures, soutenu par une
fourche pour éviter la chute. Lors de la coupe,
il est soigneusement enveloppé pour le trans-
port dans une couverture épaisse qu'il ne quitte
que pour être enveloppé dans une feuille
d" ouate, plié ensuite dans une double feuille de
papier spécial, mis en caisse ensuite avec pré-
caution et entouré de paille rompue très souple
comme la paille d' avoine ou des feuilles sé-
chées du bananier.
Cet emballage comme le déballage à 1 arri-
vée est entouré des mêmes soins, le régime
pendu et isolé de ses voisins, puis chauffé ou
refroidi, suivant qu'on veut en activer ou en
retarder la maturation.
Les caisses exigent également beaucoup de
soins dans leur qualité comme dans leur manu-
tention.
Dans ces conditions, les fruits arrivent en
Europe dans un état de perfection tel qu'ils
joignent à leur saveur un véritable charme pour
'œil. Jusqu'ici, les planteurs des colonies
françaises ont trop négligé ces détails impor-
tants ; d'abord, il est très difficile d'inculquer
la notion de ces soins à nos indigènes des colo-
nies, et lorsqu'ils ont acquis cette notion pé-
nible, il est indispensable d'exercer une sur-
veillance continuelle pour obtenir qu'ils l' ap-
pliquent et ne reviennent pas à leurs habitudes
ancestrales. Il est presque impossible d'obtenir
d'un indigène qu'il coupe constamment au
même état de maturité. Nous savons que c'est
difficile, mais pour beaucoup d'indigènes le
désir de faire une plus grande récolte que leur
confrère les incite à couper dans de mauvaises
conditions.
Cette même surveillance doit être exercée
au moment de l' emballage qui, pourtant, doit
être fait rapidement, et l'on a à lutter contre
la paresse héréditaire de la main-d' œuvre.
Enfin, l'indigène comprend difficilement que
! ELuropeen s'attache à une présentation du
fruit, lui, qui achètera même pour sa consom-
mation des fruits cabsés, écorchés ou tachés,
a peine à concevoir qu' on attache de l'im-
portance à la netteté de sa forme et de sa cou-
leur.
Ce sera, pendant de longues années encore,
une difficulté qui écartera du marché les pro-
ducteurs directs indigènes de nos colonies
d'Afrique. Pour longtemps, l'indigène qui
voudra tirer parti des fruits qu'il a produits
en les expédiant en Europe devra les vendre
sur pied à l'Européen qui, lui, se chargera
d'en faire la récolte, d'en soigner @ l'emballage
et la présentation pour leur meilleure vente
sur le marché.
Il serait presque enfantin de croire qu'il y
aura dans ce sens une évolution rapide de la
mentalité de nos sujets coloniaux, et le meil-
leur conseil qu'on puisse leur donner serait de
s'en remettre, pour leur plus grand intérêt,
aux colons qui sont leurs voisins et qui ne de-
mandent pas mieux que d'assumer cette res-
ponsabilité.
H. B.
Dépêches de l'Indochine
-–– 1
Justices de Paix
Le Gouverneur Général p. i. a signé un
arrêté élargissant les conditions d admis-
sion des indigènes aux fonctions de juge de
paix en Cochinchine et prévoyant la créa-
lion d'un certain nombre de nouvelles jus-
tices (le pair indigènes.
AU SENAT
»♦»
Débats
Les services maritimes
entre la France, FAigerie et la Tunisie
Au cours de la séance de lundi dernier, le
Sénat a été appelé à ratifier les conclu-
sions des rapports de M. Albert MahieU, au
nom de la Commission des finances et Cut-
toli, au nom de la commission chargée
pour 1928, de l'examen des projets con-
cernant l'Algérie, sur le projet adopté par
la Chambre des députés, portant approba-
tion des chartes-parties relatives aux ser-
vices maritimes entre la France, l'Algérie
et la Tunisie.
M. Saurin, sénateur d'Oran demande la
parole.
- Les raisons, dit-il, qui déterminent M.
le Ministre à insister sur l'urgence qu'il y
a, dans l'intérêt supérieur du budget de la
métropole, et aussi, il faut loyalement le
reconnaître, de l'Algérie, à la veille de la
célébration du centenaire de la pénétration
de l'influence française dans l'Afrique du
Nord m'imposent le devoir de ne pas m'op-
poser au vote du projet de loi soumis à
l'approbation du Sénat.
Ce faisant, je suis certain d'être l'inter-
prète do ceux des parlementaires algériens
avec lesquels j'ai pu avoir l'occasion de me
concerter avant cette séance et alors que
nous étions en droit de supposer que cette
question ne nous serait soumise qu'à la
rentrée d'octobre.
Le Sénat n'ignore sans doute pas et M.
le ministre le sait, que les délégations finan-
cières avec lesquelles l'accord parfait s'est
réalisé sur le principe du vote de 2.500.000
francs demandés par la métropole, ont
émis, en même temps qu'elles votaient
cette contribution à la construction des na.
vires de l'Etat en service sur l'Afrique du
Nord, des vœux inspirés par le juste souci
de la défense des finances dont la gestion
leur a été déléguée.
Une commission a été déléguée par cette
haute assemblée, rendez-vous a été pris
par elle avec M. le ministre des Travaux
publics pour le 10 septembre, je crois.
Une préoccupation, que vous trouverez
légitime chez un représentant de notre
belle Algérie, vient à mon esprit qui m'in-
cite à poser, avant le vote définitif de la
loi, une question à M. le ministre, dont,
par ailleurs, nous avons toujours eu l'oc.
casion d'apprécierla parfaite bienveillance
chaque fois qu'il s'est agi de la défense ou
de la- protection de nos intérêts.
Cette question la voici.
Le vote de la loi actuelle fermera-t-il la
porte à toute entente possible entre le bud-
get do la métropole et celui de l'Algérie.
Pour préciser, les vœux qui accompagnè-
rent et conditionnent en quelque sorte la
décision des délégations financières ins-
crivant un crédit de 2.500.000 francs à son
budget pour l'amortisaement et le renouvel-
lement de la flotte d'Etat, risquent-ils de ne
plus être pris en considération par le gou-
vernement ?
M. André Tardieu, ministre des Travaux
publics. - Je remercie l'honorable M. Sau-
rin de ne pas donner à son intervention le
caractère d'une opposition au vote du pro-
jet.
Ce projet est attendu depuis très long-
temps par l'Algérie, il la fera sortir et nous
fera sortir d'une situation d'instabilité que
définissait une tacite reconduction perpé-
tuelle. Il donnera une base capable d'assu-
rer le renouvellement de la flotte, tout en
augmentant les recettes de l'Etat.
En' même temps, ce projet assure la Col-
laboration de l'Etat avec 1 Algérie et la Tu-
nisie, collaboration hautement souhaitable,
dont l'achèvement a produit en Algérie, M.
Saurin le sait, la meilleure impression.
Sur la question spéciale que m'a posée
l'honorable M. Saurin, je pourrais, si je ne
craignais d'abuser de la patience du Sé-
nat, lui lire les derniers télégramrrfes qui
ont été échangés entre le Gouverneur gé-
néral et moi. Cela me paralt inutile, puis-
que M. Saurin a apporté lui-même une ré-
ponse a sa question en informant le Sénat
que, dans quelques semaines, le ministre
doit recevoir une délégation des représen-
tants algériens, avec qui, sur tous les
points de détail qui l'intéressent, la conver-
sation se poursuivra dans leg mêmes con-
ditions qu'auparavant, c'est-à-dire dans un
esprit de cordialité et de bonne entente qui
permettra d'incorporer tous les amende-
ments nécessaires à l'entente déflnllive,
sur les divers points que M. Saurin a dans
l'esprit.
Je puis donc donner entière satisfaction
fi l'honorable sénateur.
M. Saurin. Je remercie Monsieur le
ministre et, je prends il nouveau acte avec
la plus grande satisfaction de sa bienveil-
lance dont, je dois l'avouer, jetais assuré
fi l'avance.
Après cet échange d'observations, le pro.
jet est adopté J\ mains levées,
La 5e Chambre de la Cour d'Alger
M. Lisbonne dépose et lit un rapport sur
le projet adopté par la Chambre des dépu-
tés, ayant pour objet de créer une cin-
quième Chambre il la Cour d'Appel d'Al-
ger.
Le rapporteur conclut a l'adoption.
L'urgence est déclarée, la discussion im.
médiate ordonnée et le projet adopté sans
débat.
Des arabes à la Chambre
Des spectateurs magnifiques ont assisté,
impassibles, aux derniers débats sur le pro-
blème du logement.
Vêtus de burnous et coiffés de turbans,
c'étaient des chefs marocains et algériens
venus a Paris pour le 14 juillet.
Mais, malgré la récente ronférence nord-
africaine qui tendait à une œuvre de rap-
prochement, on avait mis les Algériens
dans une loge et les Marocains dans une
autre.
Pur hasard, peut-être, aprî^ tout.
ENCORE LE KRAKATOA
18.
D'après un message de Hatavia aux jour-
naux, le Krakatoa est de nouveau en acti-
eité depuis vendredi.
On ignore l'intensité de cette l'ruplion.
Les éltdioss ai Coaseil fësérat
de la Guadeloupe
- .1.
Voici les résultats du élections au Conseil
Général qui ont eu lieu dimanche dernier à la
Guadeloupe.
(Par dépêche.)
La Pointe-à-Pitre
Inscrits : 10.540. Votants : 4.040.
LISTE D'UNION REPUBLICAINE
OU CARTEL
MM. Fidelin, Dain, Archimède, Clara,
Carie, Meloire, Ruillier, Adélaïde, Banbuc,
2.448 à 2.447 voix.
LISTE DE CONCENTRATION
REPUBLICAINE
MM. Bloncour, Valentino, Bourgarel, Ta-
cite, Gourdin, Dubois, Valluet, Rail ion, Bal-
let, 1.537 à 1.379.
LISTE DE L'ALLIANCE
REPUBLICAINE DEMOCRATIQUE
107 à 38 voix.
SOCIALISTE INDEPENDANT
M. Lara, 127 voix.
Ballottage, il manque quelques voix à la list6
du Cartel pour avoir le quart des électeurs ins-
crits.
Saint-Martin
Inscrits : 780. Votants : 284.
M. Fleming, 283 voix. élu.
Saint-François
Inscrits : 1.234. Votants : 626.
M. Pauvert, de l'Union républicaine socia-
liste, 393 voix, élu.
M. Macal, de l'Union républicaine, 218
voix.
Le Moule
Inscrits : 6.017. Votants : 2.475.
LISTE DE L'UNION
REPUBLICAINE OU CARTEL
MM. Groeve, député I 882 voix ELU
Romana. 1.800-
Mérope 1.878
Tournare l 1-661 -
LISTE DE L'UNION
REPUBLICAINE SOCIALISTE
MM. Bosc 563 voix
Jean Louis. 544
Gob 541 -
Demon. 541-
Marie-Galante
Inscrits : 4.509.
La liste de l'Union républicaine ou cartel est
élue contre la liste républicaine bOCialiste.
p
AU CONSEIL GENERAL
DE LA GUADELOUPE
M. Tellier, Gouverneur de la Guadeloupe
et dépendances, a ouvert le 30 mai la. pre-
mière session ordinaire du Conseil Géné-
ral. Il a prononcé à cette occasion un dis-
cours dont nous donnons ci-dessous les pas-
sages essentiels :
Monsieur le Président..
Messieurs les Conseillers gélléraux,
J'éprouve quelque fierté de me retrouver
devant vous avec la conviction d'être resté
tel que je vous avais promis d'être lorsque
je me présentais à votre première session
ordinaire de 1927 et d'avoir justifié la con-
fiance que vous m'avez témoignée en novem-
bre dernier.
Aussi biettj Messieurs, je puis l'otts donner
l'assurance que les affaires qui TOUS sont
présentées ont été étudiées avec une réelle
conscience et que la plus importante d'entre
elles, le projet de budget rectificatif pour
l'exercice 1928, a été élaborée avec tout le
soin que comporte un tel acte.
Ce document qui est soumis à vos délibé-
rations est arrêté, en recettes et en dépen-
ses, il la somme de 42.663.171 francs, dont
2.201.000 francs pour les opérations d'ordre.
L'augmentation par rapport aux évaluations
primitives, soit 6.518.048 francs porte uni-
quement sur les opérations pro pres au bud-
get local.
En ce qui concerne les dépenses, l'aug-
mentation de 6.518.048 francs affecte poui
une grande part les chapitres de personnel.
Par ailleurs, de l'examen dit projet de
budget dit Port de la Pointe-à-Pitre vous cons-
taterez que les ressources de ce budget an-
nexe ne peuvent être accrues cette année, de
l'excédent des recettes sur les dépenses de
l'exercice précédent. Cette circonstance en-
traine l'obligation de prévoir une subvention
supplémentaire du budget local de 1.370.000
francs pour permettre l'exécution des tra-
vaux projetés.
L'aide - titllmcière apportée au budget du
Port par le budget local se chiffrera ainsi
à un total de 2.370.000 francs contre 1 mil-
lion 500.000 francs en 1927.
Il doit être indiqué à ce sujet que cette
participation devra rester sensiblement la
même pour les années suivantes.
La participation de la Colonie aux dépen-
ses de construction ou de réfection des ou-
vrages communaux et des chemins vicinaux
a été majorée par des prévisions nouvelles
de 60.700 et 07.000 francs.
Dans un autre ordre d'idées nous devons
mentionner l'inscription d'un relèvement de
100.000 francs au tifre des frais de transport
de personnel à l'extérieur de la (nlmtir.,
Enfin, le plan de* campagne a dû recevoir
le complément de crédit indispensable qu'il
est de coutume de lui réserver au moment
de Vétablissement du bttgef rNliii(.¡lif.
Celui de 19.2S a pli. malgré les charges
nouvelles qui viennent d'être passées rapide-
ment en revue, bénéficier d'une prâiision
additionnelle de ;..-H>V;-I irancs
Ce n'est pas sans raison. Messieurs, que
mon exposé sur l'économie du budget a
traité tout d'abord de la question des dé-
penses.
Vous - vous rendre compte ainsi der
difficultés en présence desqttelll's l'Admi-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 67.29%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 67.29%.
- Auteurs similaires Jardin d'agronomie tropicale Jardin d'agronomie tropicale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Jardin d'agronomie tropicale" or dc.contributor adj "Jardin d'agronomie tropicale")France France /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "France" or dc.contributor adj "France") Perrier Edmond Perrier Edmond /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Perrier Edmond" or dc.contributor adj "Perrier Edmond")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/2
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6451283t/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6451283t/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6451283t/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6451283t
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6451283t