Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-06-26
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 juin 1928 26 juin 1928
Description : 1928/06/26 (A29,N99). 1928/06/26 (A29,N99).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64512758
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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M.
PARIS O")
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Riemuiuir-n
Les Annales Coloniales
Le» annonce» et réclamet sont reçue. au
bureau du Journal.
DiitftCTftuiis : Marcel RUSDEL et L.-G. THÉBAULT
Tous les articles publiés (laiis noire journal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les Ar\SAI.ES COLONIAI-ES.
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Coloni. 120 e 65 » 35 »
Etranger.. 110. tao. M*
On s'abonne sans frais d&Qt
tous les bureaux de poste.
La distillation de l'eau par la chaleur solaire
Nous avons siSoaJé. l'année dernière, lu
expériences de M. Giucatom, chef du Ser.
iœ météorologique tunisien, sur la Distil-
lation de l'eau par la chaleur solaire, expé-
rience dont les résultats favorables seraient
d'un grand prix pour des régions non seule-
ment de Tunisie mais de toute l'Afrique où
la chaleur solaire abonde, mais où l'on ne
trouve que des eaux saumâtres, magnésien-
nes. minéralisées, impropres à la consom-
mation.
L'absence d'eau potable et l'impossibilité
d'en amener ont empêché jusqu'ici de tenter
la colonisation de ces contrées. Si l'on par-
venait à distiller les eaux impures en assez
grandes quantités, de vastes étendues de
lerres inutilisables pourraient être exploitées.
Cette possibilité est d'un intérêt primor-
dial pour les fermes, les maisons particu-
lières, les hôpitaux, les infirmeries, les dis-
pensaires, les casernes, les postes militaires
de tout le Sud tunisien où la disette d'eau
pure est une préoccupation quotidienne.
La révélation même des recherches de
M. Ginestous fut l'occasion pour deux
savants français de revendiquer un mérite
de priorité :
Dès 1926, M. Maurain, directeur de l'Ins-
titut de Physique du Glohe, et M. Brazier,
directeur de l'Observatoire du Parc Saint-
Maur, avaient fait des observations analo-
gues à l'aide d'un appareil construit d'après
les principes que M. Ginestous avait appli-
qués au sien.
Ce dernier s'est empressé de reconnaître
l'antériorité des savants parisiens, tout eu
affirmant l'originalité personnelle de ses
recherches. Les trois hommes, loin de se
poser en rivaux, unirent leurs efforts pour
la solution d'une question (Oui peut être si
bienfaisante pour (les milliers d'hommes
et dans d'immenses territoire's. M. Maurain
écrivait à M. Ginestous : « J'espère main-
tenant que ce dispositif va se répandre et
rendre des services. C'est sur place, comme
vous le dites très justement, qu'il y a lieu
de le faire connaître et vous êtes partinlliè-
rement bien placé pour jouer un rôle pré-
cieux à cet égard. »
M. Ginestous, dans un rapport récent, di-
sait : a J'accepte très volontiers le rôle que
veut bien me donner M. le Doven de la
Faculté des Sciences de Paris, heureux de
travailler utilement pour la colonie nord-
africaine et en particulier pour la colonie
tunisienne à laquelle je dois toute ma recon-
naissance et tout mon dévouement. »
On aime à trouver dans le domaine de
la science utile paréille solidarité et pareille
collaboration.
- -.. -
Voilà pourquoi des essais se poursuivent
actuellement à Medenine, t Bir-Mecheguig
et à Fort-Saint, c'est-à-dire dans des ré-
gions qui sont déjà sahariennes bien que
relevant du Sud tunisien dans son hinter-
land prolongé.
Ces essais qui paraissent donner des ré-
sultats très satisfaisants, sc font encore au
moyen de simples appareils de démonstra-
tion, de dimensions restreintes; mais deux
'de ces appareils ont été associés pour join-
'dre leur production, jusqu'à ce que l'on
construise les engins qui pourront répondre
au but proposé par M. le Résident Général
Lucien Saint : « Appareil fixe permettant
de produire de l'eau distillée par utilisation
de la chaleur solaire et capable de fournir
environ 100 litres d'eau pure par jour du-
rant la période d'insolation moyenne (le
l'été dans le Sud tunisien. »
Il est dès à présent établi que l'appareil
stable destiné à fournir un rendement d'au
moins ioo litres par jour devra avoir 30
mètres de surface d'insolation; mais ce n'est
pas cela qui peut gêner dans des régions oit
l'espace est illimité.
Nous avons insisté, l'année dernière, sur
la technicité des principes scientifiques qui
président à la distillation de l'eau par la
chaleur solaire. Nous ne les rappelons ici
que succinctement.
L'air contient une certaine quantité de va-
peau d'eau qui y est invisible, à l'état de
dissolution. En condensant cette vapeur, on
obtient de l'eau pure. Il s'agit donc d'ame-
ner l'air au maximum de saturation de va-
peur d'eau, puis de recueillir celle-ci.
Or, la chaleur augmente dans de fortes
proportions la puissance de cette saturation
qui s'abaisse aussitôt que la chaleur dimi-
nue. Le problème consiste donc, après avoir
permif. à l'air le maximum de saturation par
la chaleur, d'en abaisser la température
pour lui faire rendre la quantité d'eau qu'il
ne peut plus garder.
On y parvient à l'aide d'un appareil de
construction assez simple qui doit compren-
dre quatre éléments essentiels :
Châssis d'insolation Réservoir d'ali-
tnèntation --- Régulateur distributeur Ré-
servoir de réception des eaux purifiées.
Le châssis d'insolation est une cuve ou
caisse plate construite avec un élément
mauvais conducteur de la chaleur, ayant au-
dessus une surface d'insolation formée d'une
plaque de verre - inclinée.
L'eau impure est versée dans un bassin
d'alimentation en fer galvanisé dominant le
châssis d'insolation dans la caisse duquel
il laisse pénétrer l'eau à distiller De cette
caisse où la chaleur solaire est emmagasinée,
l'évaporation attire la vapeur d'eau jusqu'à
la plaque vitrée qui n'est plus qu'à la tem-
pérature extérieure et où. sous l'influence de
ce changement l'air saturé abandonne en
goutelettes d'eau son excès de vapeur. Ces
goutelettes obéissant à l'inclinaison de la
plaque vitrée, coulent et vonf se réunir dans
un réservoir de réception auquel cette pla-
que aboutit et qui ne contient plus que de
Veau très pure.
L'appareil ainsi sommairement décrit est
- peu enoofribrant, mais, dominé nous
l'avons dit, la place ne compte pas dans les
régions où il est appelé à fonctionner. Il est
facile à réaliser sans grands frais puisqu'il
n'emploie que des matériaux courants. En-
fin, il fonctionne sans moteur, sans surveil-
lance, sans autre soin que d'assurer l'arrivée
de l'eau impure au bassin d'alimentation,
c'est-à-dire avec un minimum de dépenses
presque réduit à zéro.
Ceux qui ont été construits jusquà pré-
sent sont de dimensions restreintes. Ce ne
sont pour ainsi dire encore'que des engins
d'expérience ; mais leurs résultats constants
démontrent que le problème est résolu.
Déjà, on a géminé ces appareils pour des
essais plus significatifs et leur rendement
a plus que doublé, ce qui permet de croire
qu'opérant sur une surface plus étendue, la
production sera plus que proportionnelle.
Sera-ce à Médenine ou plus encore au
Sud, à Fort-Saint, que fonctionnera le pre-
mier appareil à grandes dimensions et à
fort rendement? Le parrainage de M. le Ré-
silient Général ne doit-il pas assurer cette
aubaine à la petite garnison du bordj où
sa venue produisit sur la population saha-
rienne une impression si profonde qu'elle
lui a conservé son nom?
JBmemt Mmwdima,
Sénateur de la Marne.
Vtce-président de la Commission des "ounn".
Au Conseil supérieur
des Colonies
Un câblogramme de M. Marcel Oliviel.
Gouverneur Général de Madagascar, parvenu
ce matin au Ministère des Colonies, communi-
que les résultats des élect ions au Conseil Su-
périeur des Colonies, qui ont eu lieu dimanche
24 juin pour la Côte Est et la Côte Ouest de
Madagascar.
MADAGASCAR
Côte Est.
Electeurs inscrits : 3.246.
Suffrages exprimés : 1.510.
Ont obtenu :
MM. Lasalle. 941 ELU
Brunet. 360
Clermont 154
Six autres candidats se sont vu attribuer les
autres voix.
Côte Ouest.
Electeurs inscrits : 1.692.
Suffrages exprimés : 720.
A obtenu :
M. Georges Btussenot 718 voix ELU
Les résultats des élections qui ont eu
lieu en Océanie, en Nouvelle-Calédonie: à la
Côte d'Ivoire, au Soudan et en Haute-Volta
dimanche dernier ne sont pas encore parvenus
rue Oudinot.
LE POIVIE DE SAIGOft
A l'heure actuelle, n'est-il pas étonnant de
voir des producteurs mettre tout en œuvre
pour abaisser la valeur de leurs propres pro-
duits ?
C'est cependant à quoi s'efforcent les ex-
portateurs de poivre saïgonnais. Le cas est
je crois unique. Cette prétention des expor-
tateurs est pourtant réelle.
Ils ne souhaitent rien moins que de ra-
mener la qualité du poivre Saïgon à celle
du poivre Lampong.
Avant la guerre, lorsque le marché du
poivre au Havre était en pleine prospérité,
le Lampong subissait une pénalité de 12
par rapport au poivre Saigon, qui était alors
reconnu comme valant le poivre Tellichery.
Aujourd'hui, les Saïgonnais exigent des
acheteurs importateurs que leur poivre soit
vendu au même prix que le Lampong, ce qui
signifierait que sa qualité aurait diminué de
12 sur celle d'avant-guerre.
De là une véritable gêne pèse sur notre
marché des poivres. -
Les acheteurs importateurs protestent, les
exportateurs maintiennent leurs exigences.
Et cela menace de s'éterniser au grand dam
des intérêts de l'Indochine et du marché ha-
vrais.
11 est hors de doute qu'avec la législation
actuelle un vendeur saïgonnais qui crible-
rait son poivre serait lésé, puisque son con-
current le plus voisin ne le criblant pas,
vendrait meilleur marché que lui.
Mais ne pourrait-on obliger par une loi ou
par un décret, les exportateurs de Saïgon a
cribler leurs poivres avant de les embar-
quer ?
Les vendeurs saïgonnais étant légalement
obligés de cribler leur poivre, aucun d'eux
ne pourrait s'y soustraire et faire un béné-
fice supplémentaire en ne criblant pas ; tou-
tes les maisons auraient, par conséquent, les
mêmes frais à prévoir dans l'établissement
de leur prix de revient.
En outre, la qualité du poivre Saigon
«'améliorant progressivement, il concurren-
cerait facilement les poivres d'autres prove-
nances et connaîtrait la faveur de l'étranger.
Le vendeur d'origine n'aurait donc qu'à ga-
gner dans l'application d'une telle mesure.
L'acheteur n'y perdraif pas lion plus. Trop
souvent, quand un poivre contient une grosse
quantité d'impuretés, le tritureur se voit
dans l'obligation de le cribler. Il crible donc
Sine marchandise qui a déjà acquitté les
droits et il en résulte une importante perte
sèche.
Quant au consommateur, le trop souvent
oublié, il bénéficierait de la différence de
perte et serait assuré (t'avoir toujours à sa
disposition une marchandise pure, exempte
de toutes tarea originelles ou autrel.
•
L'AFRIQUE ROMAINE
On a beaucoup commenté, tûés
ces temps derniers,# les paroles -df
̃ M. Federomi. tmmstr-e des Cota?
nies : « Le fascisme veut, aussi fortement
qu'il sait vouloir, la renaissance de FAfri-
que Romaine. » On les a rapprochées des
déclarations de M. Astoni, rapporteur des
Colonies à la Chambre, qui prétend qui
c'est le seul moyen pour VItalie de réparer
la défaite coloniale qu'elle a subie au Con-
grès de Versailles. Défaite coloniale; nous
sommes habitués à ce langage chez un peu-
ple qui, pour mieux nous faire comprendre
qu'il sait vouloir fortement, ne recule de.
vant aucune formule énergique ni devant
aucune expression exagérée.
Les journaux, appréciant les grandes idées
et les lignes générales du programme colo-
nial italien, ont indiqué que l'effort du fas-
cisme se concentrerait dans les sultanats de
la Somalie du Nord et sur la réorganisation
du trafic avec l'Abyssinie; mais c'est prin-
cipalement « la Lybie J, nous dit-on, et on
précise : la Tripolitaine et la Cyrénaiquc
qui vont attirer l'attention de l'Italie; c'est
là qu'elle dirigera ses colonies de peuple-
ment, c'est là quelle trouvera la solution si
longtemps attendue de ce problème de
l'émigratioll si difficile pour elle et par fois
si douloureux. Groupements de capitaux,
organisation des crédits, recrutement des
techniciens, répartition des domaines agri-
coles (avec, très probablement, avantages
particuliers aux compatriotes déjà fixés en
Tunisie), toutes ces questions sont à l'étude:
« La Lybie doit devenir pour nous une autre
Tunisie. »
Une Tunisie Italienne à côté d'une Tlmi-
sie franfaisf. Pourquoi pas? Nous sommes
de ceux qui avons toujours écrit qu'il fal-
lait prêter attention aux plaintes de nos voi-
sins réclamant à grands cris des terres ptmr
tant et tant de leurs nationaux que leur pa-
trie ne peut pas nourrir, qui avons insisté
sur ICI gravité du problème démographique
fil Italie, qui avons tâché impartialement
de ̃dégager ce qu'il y avait de juste, de
logique dans le fracas de rt''l'L'"dÙatiotls
bruyantes et violentes, dont certaines au
moins ressemblaient à des coups de pistolet
tirés en l'air pour amasser les passants; mais
derrière ce tintamarre il y avait des appels
auxquels en toute équité les autres nations
ne pouvaient pas, ne devaient pas fermer
l'oreille.
La renaissance de l'Afrique romaine/
Quel beau programme, quel magnifique pro-
gramme si les deux nations latines $' attl,
laie nt dlatllne à la besogne qui leur est ré-
servée, dans un sentiment de confiance réci-
proque, dans une continuité d'ef forts où
l'émulation jouerait son rôle, où l'envie
n'aurait plus aucune placel le voudrais que,
dans les développements des journaux ita-
liens, il fiît tenu compte de la différence
entre la C yrénàique et la Tripolitaine, la
C yrénàique étant plutôt grecque, puisque,
dans le pays d'Aristippc, de Callimaque et
d'Eiatosthène, c'est l'élément hellène qui l'a
sans cesse emporté, la Tripolitaine étant,
avec son rattachement à la Numidie, puis
à la province romaine d'Afrique, restée sous
la dépendance de ('artliage, et n'étant deve-
nue la Tripolitana, c'est-à-dire une province
distincte, que. bien longtemps après, sous
Septime Sévère, et avant conservé les traits
du caractère phénicien et numide jusqu 'à
l'invasion des Vandales.
Mais quel exemple étonnant que celui dit
triomphe de la civilisation romaine dans
cette Afrique du Nord où ces administra-
teurs, ces organisateurs, ces réalisateurs ve-
nus de l'Italie se heurtaient à de si nom-
breux et à de si redoutables obstacles! Je
n'en veux d'autr,. preuve que ce fait : dès
le deuxième siècle, au moment où l'esprit
romain s'épuise, l'Afrique du Nord a sa vie
intellectuelle et la littérature semble s'iirc
réfugiée dans ces provinces si profondé.
ment marquées par le génie des colonisa-
teurs. les noms d'Apulée, que mon maître
Paul Monceaux situait au milieu des écri-
vains latins « comme un Bédouin dans un
congrès de classiques », de Tertullien, le
fougueux auteur de l'Apologétique, en disent
plus long que tous les raisonnements; ces
deux « Bédouins » savaient mieux la rhéto-
rique que ceux qui l'enseignaient alors à
Rome, et c'est grâce à eux que les lettres
latines curent encore leur éclat. ---------
les Romains nous ont laissé de spletidides
exemples; les prendre pour guides, à l'heure
présente, serait, impossible pour une foule
de raisons; mais l'Italie moderne regarde
haut et loin quand elle contemple l'œuvre
formidable de ces puissants comtrltcteurs.
Juarde JROWBRMM,
Sénateur de V Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Cd tontes.
à h ConimissiM de Ir Altérit
Des ColMics et des Protectorats
181
La Commission se réunira demain mer-
credi à 17 h. 1/2, sous la présidence «le
M. Pierre Taittingcr.
A l'ordre du jour figurera :
to Un rapport de M. le médecin inspec-
teur général Lasnet sur la situation sani-
taire médicale en A. E. F. ;
2n Une communication d'un message des
Associations israélites d'Algérie adressé à la
Commission ;
30 Une demande de M. Alexandre Va-
renne, ancien gouverneur général de l'Indo-
chine, tendant à la publication du rapport
de M. le conseiller d'Etat Richard;
4° Questions diverses.
BROUSSES
» BROUTILLES
Chansons DI.t.
Aoue 1 A..,.I
Mé fiez-vous des blancs,
Habitants dit rivage.
Du temps de nos pères,
Des blancs descendirent
LMns cette ile.
On leur dit ; J'oilt; des lerres.
Que vos femntes les cultivent.
Soyez bons, soyes justes,
Et devenez nos frères.
Les blancs promirent, et cependant,
Ils faisaient des retranchements.
Puis, c'est la guerre, un carnage, une ex-
termination générale.
Aoua! Aoua!
.lléfies-'l'oItS des bldHCS.',..
Diable ! Est-ce là le chant dont sont ber-
cés les petits Malgaches ?
Attendez î Ce n est pas très grave, ce ne
l'est même pas du tout.
J'assistais ces jours derniers, à une audi-
tion d'œuvres de Maurice Ravel. Quoique,
Dieu merci, bien vivant, Maurice Ravei
forme avec Claude Debussy et Gabriel Fauré,
ces deux grands disparus, une espèce de tri-
nité qui fait trôner la musique française mo-
derne à une fameuse altitude. L'auteur de
VHeure espagnole accompagnant lui-même,
salle Gaveau, de ses œuvres instrumentales
et vocales, cela valait donc le déplacement.
Mais j'avoue que l'annonce de Trois chan-
sons madécasses « pour chant, ftûte, piano et
violoncelle », m'avait particulièrement allé-
ché.
Ah ! je vous prie de croire que je ne fus
pas déçu. Madeleine Gray, la cantatrice,
lllaïKiuart, le flOtiste, et Maréchal, le vio-
loncelliste sont de parfaits, de probes et no-
bles artistes (dont je regrette de ne pouvoir
dire ici les mérites respectifs). Avec Maurice
Ravel au piano, ce n'était pas un concert
ordinaire.
Mais d'où ce grand compositeur, si pure-
ment français, avait-il pu sortir ces paroles :
A nua.' Am/tl.
Mrfiez-vous des blancs.
si intempestivement séditieuses?
Je le lui fis demander à lui-même et fu*
tout de suite rasséréné ce poème soi-disant
nuulécassc est dû à un Mauricien. C'est déjà
une satisfaction. Mieux vaut qu'il s'agisse
d'une colonie anglaise. Mais je n'irai pa
.\fais je n ir-.ti
faire une comparaison entre les méthodes
françaises de colonisation et (elles, plus ru-
des, de la Grande-Bretagne, ije la ferai d'au-
tant moins que M. Ravel est convaincu que
le poème qu'il a fort éloquemment mis en
musique n'est pas puisé dans un folklore
quelconque, mais est de pure invention.
Aoua ! Aoua ! menez-vous des poètes !
ifmffon.
*̃
CONTRE LA LÈPRE
.,.
Un pavillon de lépreux a été inauguré hier
après-midi. ainsi que nous 1 avions annoncé,
en résumant un interwiev du professeur Jean-
sel me qui prouvait la nécessité de soigner ces
pauvres malades que sont les lépreux et aussi
h grandeur de l'oeuvre à laquelle M. Justin
Godart attacha son nom.
Le délégué du Grand-Maître de l'Ordre de
Malte, le prince Chigi, lui-même bailli.
Grand'Croix de l'Ordre, rappela qu'après
avoir été avant tout d'héroïques soldats, les
Chevaliers de Malte sont devenus avec leurs
successeurs actuels les pionniers de la lutte
contre les maux et les Réaux de toutes sortes
qui désolent encore l'humanité.
Le comte de Bonneval, président de l' Asso-
ciation française des membres de l' Ordre de
Malte, a montré ensuite l'activité de l' Asso-
ciation des œuvres hospitalières :
lôiiie n'u\ru do diaiitc, sans esprit de parti,
n'est-ce pas aujourd'hui, connue uuais le pass<.-.
noire but. SIII)I"('11I1' ? lit nutru pensée SC tourne
eu cet instant avec, reconnaissance vers notre
graml-inailiu, qui Il Inmiillé depuis le ilélml
de son graïul uiagialcre, à la gloire de l'ordre
tluns le inonde entier, par la charité, et qui
cul voir aujourd'hui stoit o uvre court muée en
Frunce, dans ce pays qui lui lient tant au ClI'UI',
en îaison de la place que les chevaliers fran-
çais ont occupée dans l'ordiv depuis mille ans.
M. Justin Godart, sénateur, a prononcé, en
sa qualité de président des œuvres hospitalières
françaises de l'Ordre de Malte un discours
dont nous extrayons le passage suivant :
si nous avons décidé, pour renouer en France
la généreuse et antique tradition hospitalière de
l'Ordre de Malte, de mous consacrer d'ul'ord aux
lépreux, c'est qu'ils sont, parmi les malades,
les plus digues de pitié. Un croit généralement
qu'il n'existe ptus de lépreux en France.
Cependant, il en est, ici même, dont l'hospi-
talisation, tout le monde en convient, doit être
améliorée. Il en est, de trop nombreux qui cir-
culent librement dans Paris et oui constituent
un danger pubbf permanent si, pour une cause
quelconque, la virulence de la contagion qu'ils
portent venait à se réveiller. Ceux qui sont
Français, sont pour la plupart, d'anciens soldats
ou fonctionnaires coloniaux qui ont été atteints
alors qu'ils représentaient lit France dans les
ixiys lointains. Nous avons pensé qu'il impor-
tait, de mettre à la disposition des uns et Jes
autres un asile confortable où ils puissent se
réfugier dans la paix, attirés et retenus par
notre sollicitude. L'Ordre de Malle va le leur
ouvrir et les y accueillir avec le plus complet
esprit de Irnternnc. Il ne se conieniera pomi
d'exercer à leur égard la vertu d'assistante qui
s'impose à ses memlircs. l'n laboratoire île re-
cherches permet Ira aux snvnnls de continuer
leurs études Qui tendent à vaincre par la seieiW-e
te fléau de la l,\pre encore si redoutable dans
cel'tninc:-. parties du monde et qui est une mt,.
nuco pour les autres.
M. Mourier. directeur de I Assistance pu-
blique, prit ensuite la parole pour glorifier
l' œuvre des Chevaliers de Malte et engager
tous ceux qui se sont groupés autour des mal-
heureux à continuer à améliorer le sort des
déshérités de la terre.
La cérémonie proprement dite de la pose de
la première pierre eut lieu ensuite. Le prince
Chigi, M. Justin Godart et le général Dubail
cimentèrent cetto pierre à l'aide du marteau
et de la truelle dor symboliques et scellèrent
ainsi un coffret contenant un parchemin riche-
ment enluminé, signé de tous les personnages
î officiels et relatant la cérémonie en latin et en
français.
A LA CHAMBRE
PROPOSITIONS DE LOI
Les enfants des officiera et soldats morts
en Syrie et au Maroc
Une proposition de loi, adoptée par le
Sénat, concernant les enfants des officiers
et soldats morts en Syrie et au Maroc a
été mise en distribution.
Les fraudes sur les rhum.
Aux ternies de la proposition de loi adop- 1
tée par le Sénat, et transmise à la Chambre,
tendant à réprimer les fraudes et Iolsitica-
tions sur les rhums et talius. il est inter-
dit de désigner, d'exposer, de mettre en
vente ou de vendre, d'importer ou d'expor-
ter, sous le nom de rhum ou de tafia, avec
ou sans qualificatif, ou sous une dénomi-
nation 'ontcuant les mots rhum, tatia, ou
leurs dérivés, toute eau-de-vie présentant
une force alcoolique inférieure a .10 degrés
et ne provenant pas exclusivement de la
distillation. soit du jus de la canne à sucre,
soit des mélasses 011 sirops provenant de la
fabrication du sucre de canne.
PROPOSITION DE RESOLUTION
L'aviation commerciale
Une proposition de l'ésolutjon présenta"
par M. Jean Molinié tend à inviter le Gou-
vernement a déposer un projet de loi sur
l'aviation commerciale.
D'après cette proposition, le projet, no-
tamment, devrait comporter :
Toutes propositions en vue de l'extension
du réseau par voie soit de prolongement
des lignes existantes, soit de création de
lignes nouvelles, ces dernières rtanî
conçues spécialement en vue de mettre la
France en liaison aérienne d'abord arce
ses principales colonies.
AVIS
Un avis a été présenté pur M. Masson
au nom de la Commission des Travaux
publics et des moyens de communication
sur le projet do loi avant pour objet de
permettre au Gouvernement d'autoriser lu
Compagnie française des cibles télégraphi-
ques il vendre les câbles télégraphiques
sous-marins qu'elle possède au sud de New-
York et dans la mer des Antilles.
Cet «vis ruppelle que la Compugnic fran-
çaise des cAblcs télégraphiques. Société
anonyme au capital de 21 millions de
francs, dont le siège social est il Paris, ex-
ploite, entre autres, les divers réseuux de
cAblcs suus-niarins suivants :
Le ,('Ahlp BI'Pst-Hint-Pit'lT('-\Jiqu{'lon :
Le réseau des Antilles comprenant des
eAbles desservant la (invnn<" la Martini-
que, In (îuadeloupe ;
Cn cAble reliant la Nouvelle-Calédonie à
l'Australie.
Ln Commission des Travaux publics
donne un avis nettement défavorable au
projet de loi dont l'étude lui a élé confiée.
L'ARGANIER
Quand vous parcourez la route de Mogador
à Agadir, route fort belle, qui sera très fré-
quentée par les touristes dès que la région sera
ouverte et que l' on aura installé un hôtel con-
fortable à Agadir, vous traversez quelques-
unes des forêts d'arganiers qui font la richesse.
modérée mais réelle tout de même, du Sud
Marocain.
L' arganier est un arbre que la nature sem-
ble avoir créé spécialement pour le Maroc :
c est d'ailleurs, croyons-nous, le seul pays où
il pousse. il atteint une hauteur de 7 ou 6
mètres, son tronc est noueux, et sa cime glo-
buleuse rappelle un peu celle de l' olivier.
L une de ses caractéristiques est d'être très
résistant à la dent du bétail. et c'est fort heu-
reux, car cet arbre constitue pour les trou-
peaux de la région une réserve alimentaire fort
appréciée. Il n'est pas rare de voir sur un
pied d'arganier cinq ou six chèvres perchées.
souvent à plusieurs mètres du sol, et fort occu-
pées à brouter feuilles et écorce. Les autres
animaux se contentent, étant moins agiles, de
brouter les fruits tombés à terre et les branches
qu'ils peuvent atteindre en allongeant le cou.
Cette ressource alimentaire est d'autant plus
précieuse que l' arganier pousse dans des ter-
rains calcaires, désertiques, arides, qui, sans
lui, étant donné que l'on n' a pas encore créé
de plantations d'agaves sisals dans le pays (il
faut espérer que cela viendra) seraient dépour-
vus de toute végétation.
On le rencontre dans le Grand Atlas, dans
sa partie occidentale, et jusque sur le bord de
la mer : dans le Sous, et sur les versants de
l'Anti-Atlas. Son bois est dur et compact : il
est surtout employé comme bois de chauffage.
mais peut, à la rigueur, servir comme bois
d'ébénisterie. Son produit principal est l'huile,
dont les indigènes sont très amateurs, mais que
l'Européen, plus difficile, n'apprécie guère, à
cause de son goût acre. Elle rançit, d'ailleurs,
très vite.
Cette huile, que l'on obtient en écrasant les
noyaux des fruits, se récolte d'une façon assez
spéciale. Le fruit de l'arganier est une sorte de
drupe ovoïde qui devient d'un joli brun rou-
geâtre vers sa maturité, celle-ci se produisant
généralement en juin. Les animaux sont fort
attirés par ces drupes et s' en réga lent. Les
noyaux - très durs ne sont pas broyés par les
dents des animaux et ne sont pas digérés par
leur estomac. ils ressortent comme ils sont en-
trés, avec cette différence toutefois que la pulpe
a entièrement disparu. Les femmes et les en-
fants ramassent précieusement ces noyaux dans
les excréments des bêtes, et les concassent
entre deux pierres. Les femmes les font alors
torréfier dans des plats de terre, et l'amande
est broyée. L'huile est extraite par un malaxage
de la pâte avec de l'eau chaude et décanta-
tion. Elle est a une assez jolie couleur jau-
nâtre rappelant celle de l'huile d'clive. mais
Fa ressemblance avec cette reine des huiles de
table s'arrête là. Comme nous l'avons déjà
dit. elle a un goût âcre qui la rend peu sup-
portable pour un palais européen, même moyen-
nement difficile.
Ce qui n'empêche pas une forêt d'arganiers
d'être, pour les Arabes, une ressource extrê-
mement précieuse. Et c'est déjà quelque chose.
"Mis £ e Mrbler.
*
L'électrification aux Colonies
•+«
par Henri M H'H KL, ancien député
Nul n'ignore plus, à l'heure actuelle, les
applications multiples et bienfaisantes de
l'électricité, partout où son utilisation est
pratiquée.
Et déjà, grâce à l'activité des ingénieurs
du génie rural et au concours chaque jour
plus grand donné par l'Etat aux entreprises
d'électrification, sur nos 38.000 communes
de France on en compte plus de 10.000
dans lesquelles les travaux d'électrification
ont été exécutés et plus de 16.000 pour les.
quelles les projets sont d orblis.
Mais. en ce qui concerne nos colonies, où
en est la question ? Il faut reconnaître
qu'elle est loin d'avoir accompli les mêmes
progrès que dans la Métropote. La raison
principale en est que les centrales et réseaux
électriques y sont encore trop peu dévelop-
,i>s.
Pourtant. si l'on jette un coup (!'œil,
même rapide. sur nos diverses jx»ssessions
d'outre-mer, on constate, non sans une légi-
time satisfaction. que, depuis plusieurs an-
nées, toutes s'orientent de façon très nette,
non seulement vers l'utilisation, mais encore
vers la production de l'électricité.
En Afrique du Nord, notamment en Al-
grie. toutes les villes de quelque impor-
tance sont déjà pournll's de l'éclairage et
île l'énergie électriques. Ce n'est pas tout.
Le Gouvernement Général de l'Algérie a
prévu un vaste programme d'électrification
des campagnes, dont l'exécution est com-
mencée. Tout semble indiquer qu'il sera
rapidement conduit à lionne fin.
AuJ Maroc, pays particulièrement riche
en eaux courantes, un gros effort a été en
trepris en vue de tirer parti des ressources
hydrauliques. L'ne puissante usine thermi-
que. construite à Casablanca, selon les dcr-
nières données scientifiques, a été mise en
route en jo26. Ses machines à vapeur lui
pnx'urent une puissance normale de iS.ooo
kilowatts.
Deux lignes à haute tension, de 60.000
volts, ont été établies, l'une allant de Casa-
blanca à Kourrigha, l'autre de Casablanca
à Rabat, et mesurant 250 kilomètres.
La ScK-iété e Electrique du
Maroc » se prépare, en outre, à installer
une autre ligne vers Marrakech, en con-
nexion avec l'électritication de la voie ferrée
qui sera inaugurée dans un an.
Quant à l'électrifieation des chemins de
fer, elle est terminée sur l'artère Casa-
blanca-Rabat. Dans un très proche avenir,
la traction électrique sera installée sur la
majeure partie du réseau ferré marocain.
En A.O.K., le. Niger, sur certaines parties
de son parcours, est susceptible de fournir
une force hydro-électrique fort appréciable
dans des régions où le combustible fait dé-
faut et où il est à la fois particulièrement
difficile et coûteux d'en importer.
Aussi £ c. fleuve a-t-il été déjà aménagé
à cette fin, aux abords de la ville de lia-
nt a ko.
D'autre part, d.vs travaux d'électrifica-
ti"n ont été entrepris dans le Haut Sénégal
et seront bientôt achevés, l'ne usine ludro-
éleetrique, nouvellement construite, est prête
depuis environ six mois, et la pose îles lignes
aériennes de transport de courant est sur le
I>oint d'être terminée entre Félon et Raves.
N'est-ce pas, d'ailleurs, à la fin de la
présente année, ou au début de 19:19, que
doit être achevée la réalisation de la pre
mière partie du programme de travaux h-
drauliques engagés en A.U.F. sur l'initia-
tive et sous le contrôle du yniissant réalisa-
1 1
teur qu'est le très éminent gouverneur géné-
ral, M. Carde, travaux pour Irsquds 25
millions ont été prévus ?
De même en Guinée n'envisage t-on pas,
dès maintenant, la captation de forces
hydrauliques considérables. pri nci p.oi-nci.t
dans le massif du Fouta-Djalon ?
A Madagascar, le problème de l'électrifi-
eation a retenu depuis longtemps l'atten-
tion de son actif et énergie pie gouverneur
général, mon éminent ami M. Olivier.
Les premiers efforts ont porté sur 1 Ylectri-
tication du réseau de chemin de fer, qui a été
entreprise sans retard sur une partie de la
j ligne qui doit relier Tananarive au Sud de
la Grande lie.
En Indochine, l'éclairage électrique est
installé, dans les villes de la colonie, non
seulement dans les édifices publics, mais en-
core dans nombre d'entreprises et de mai-
sons particulières. Le courant est distribué
par des sociétés qui se sont constituées avec
des capitaux exclusivement français ou indo-
chinois.
I.'A. E. F. en est seulement à la période
ingrate de préparation. Des études relatives
à la captation des eaux se poursuivent très
activement sous la haute et énergique direc
tion du gouverneur général. M. Antonetti,
homme de réalisations s il en lut.
11 n'est pas douteux que les nombreux
lapides et cours d'eaux qui sillonnent l'A.
E. F. forment autant de ressources natu-
relles à utiliser en vue de procurer 1 éner-
gie éhrtrique indispensable a cette colonie,
notamment pour paver à la pénurie de main-
d'œuvre dont elle souffre.
(vhiant à nos autres possessions, vieilles
colonies, territoires sous mandat, les unes et
les autres commencent à se rendre compte
des nombreux avantages quelles pourront
tirer de l'énergie électrique. Ne. possèdent-
elles pas les moyens naturels pour la pro-
duire ? Alms !.., On est entré dans cette
voie.
| Çà et là, dans chacune d 'i l les, des socié-
NMMLJHTIMil
Réduction & Administration :
M.
PARIS O")
ltUPN.1 LOUVRB IMT
Riemuiuir-n
Les Annales Coloniales
Le» annonce» et réclamet sont reçue. au
bureau du Journal.
DiitftCTftuiis : Marcel RUSDEL et L.-G. THÉBAULT
Tous les articles publiés (laiis noire journal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les Ar\SAI.ES COLONIAI-ES.
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Etranger.. 110. tao. M*
On s'abonne sans frais d&Qt
tous les bureaux de poste.
La distillation de l'eau par la chaleur solaire
Nous avons siSoaJé. l'année dernière, lu
expériences de M. Giucatom, chef du Ser.
iœ météorologique tunisien, sur la Distil-
lation de l'eau par la chaleur solaire, expé-
rience dont les résultats favorables seraient
d'un grand prix pour des régions non seule-
ment de Tunisie mais de toute l'Afrique où
la chaleur solaire abonde, mais où l'on ne
trouve que des eaux saumâtres, magnésien-
nes. minéralisées, impropres à la consom-
mation.
L'absence d'eau potable et l'impossibilité
d'en amener ont empêché jusqu'ici de tenter
la colonisation de ces contrées. Si l'on par-
venait à distiller les eaux impures en assez
grandes quantités, de vastes étendues de
lerres inutilisables pourraient être exploitées.
Cette possibilité est d'un intérêt primor-
dial pour les fermes, les maisons particu-
lières, les hôpitaux, les infirmeries, les dis-
pensaires, les casernes, les postes militaires
de tout le Sud tunisien où la disette d'eau
pure est une préoccupation quotidienne.
La révélation même des recherches de
M. Ginestous fut l'occasion pour deux
savants français de revendiquer un mérite
de priorité :
Dès 1926, M. Maurain, directeur de l'Ins-
titut de Physique du Glohe, et M. Brazier,
directeur de l'Observatoire du Parc Saint-
Maur, avaient fait des observations analo-
gues à l'aide d'un appareil construit d'après
les principes que M. Ginestous avait appli-
qués au sien.
Ce dernier s'est empressé de reconnaître
l'antériorité des savants parisiens, tout eu
affirmant l'originalité personnelle de ses
recherches. Les trois hommes, loin de se
poser en rivaux, unirent leurs efforts pour
la solution d'une question (Oui peut être si
bienfaisante pour (les milliers d'hommes
et dans d'immenses territoire's. M. Maurain
écrivait à M. Ginestous : « J'espère main-
tenant que ce dispositif va se répandre et
rendre des services. C'est sur place, comme
vous le dites très justement, qu'il y a lieu
de le faire connaître et vous êtes partinlliè-
rement bien placé pour jouer un rôle pré-
cieux à cet égard. »
M. Ginestous, dans un rapport récent, di-
sait : a J'accepte très volontiers le rôle que
veut bien me donner M. le Doven de la
Faculté des Sciences de Paris, heureux de
travailler utilement pour la colonie nord-
africaine et en particulier pour la colonie
tunisienne à laquelle je dois toute ma recon-
naissance et tout mon dévouement. »
On aime à trouver dans le domaine de
la science utile paréille solidarité et pareille
collaboration.
- -.. -
Voilà pourquoi des essais se poursuivent
actuellement à Medenine, t Bir-Mecheguig
et à Fort-Saint, c'est-à-dire dans des ré-
gions qui sont déjà sahariennes bien que
relevant du Sud tunisien dans son hinter-
land prolongé.
Ces essais qui paraissent donner des ré-
sultats très satisfaisants, sc font encore au
moyen de simples appareils de démonstra-
tion, de dimensions restreintes; mais deux
'de ces appareils ont été associés pour join-
'dre leur production, jusqu'à ce que l'on
construise les engins qui pourront répondre
au but proposé par M. le Résident Général
Lucien Saint : « Appareil fixe permettant
de produire de l'eau distillée par utilisation
de la chaleur solaire et capable de fournir
environ 100 litres d'eau pure par jour du-
rant la période d'insolation moyenne (le
l'été dans le Sud tunisien. »
Il est dès à présent établi que l'appareil
stable destiné à fournir un rendement d'au
moins ioo litres par jour devra avoir 30
mètres de surface d'insolation; mais ce n'est
pas cela qui peut gêner dans des régions oit
l'espace est illimité.
Nous avons insisté, l'année dernière, sur
la technicité des principes scientifiques qui
président à la distillation de l'eau par la
chaleur solaire. Nous ne les rappelons ici
que succinctement.
L'air contient une certaine quantité de va-
peau d'eau qui y est invisible, à l'état de
dissolution. En condensant cette vapeur, on
obtient de l'eau pure. Il s'agit donc d'ame-
ner l'air au maximum de saturation de va-
peur d'eau, puis de recueillir celle-ci.
Or, la chaleur augmente dans de fortes
proportions la puissance de cette saturation
qui s'abaisse aussitôt que la chaleur dimi-
nue. Le problème consiste donc, après avoir
permif. à l'air le maximum de saturation par
la chaleur, d'en abaisser la température
pour lui faire rendre la quantité d'eau qu'il
ne peut plus garder.
On y parvient à l'aide d'un appareil de
construction assez simple qui doit compren-
dre quatre éléments essentiels :
Châssis d'insolation Réservoir d'ali-
tnèntation --- Régulateur distributeur Ré-
servoir de réception des eaux purifiées.
Le châssis d'insolation est une cuve ou
caisse plate construite avec un élément
mauvais conducteur de la chaleur, ayant au-
dessus une surface d'insolation formée d'une
plaque de verre - inclinée.
L'eau impure est versée dans un bassin
d'alimentation en fer galvanisé dominant le
châssis d'insolation dans la caisse duquel
il laisse pénétrer l'eau à distiller De cette
caisse où la chaleur solaire est emmagasinée,
l'évaporation attire la vapeur d'eau jusqu'à
la plaque vitrée qui n'est plus qu'à la tem-
pérature extérieure et où. sous l'influence de
ce changement l'air saturé abandonne en
goutelettes d'eau son excès de vapeur. Ces
goutelettes obéissant à l'inclinaison de la
plaque vitrée, coulent et vonf se réunir dans
un réservoir de réception auquel cette pla-
que aboutit et qui ne contient plus que de
Veau très pure.
L'appareil ainsi sommairement décrit est
- peu enoofribrant, mais, dominé nous
l'avons dit, la place ne compte pas dans les
régions où il est appelé à fonctionner. Il est
facile à réaliser sans grands frais puisqu'il
n'emploie que des matériaux courants. En-
fin, il fonctionne sans moteur, sans surveil-
lance, sans autre soin que d'assurer l'arrivée
de l'eau impure au bassin d'alimentation,
c'est-à-dire avec un minimum de dépenses
presque réduit à zéro.
Ceux qui ont été construits jusquà pré-
sent sont de dimensions restreintes. Ce ne
sont pour ainsi dire encore'que des engins
d'expérience ; mais leurs résultats constants
démontrent que le problème est résolu.
Déjà, on a géminé ces appareils pour des
essais plus significatifs et leur rendement
a plus que doublé, ce qui permet de croire
qu'opérant sur une surface plus étendue, la
production sera plus que proportionnelle.
Sera-ce à Médenine ou plus encore au
Sud, à Fort-Saint, que fonctionnera le pre-
mier appareil à grandes dimensions et à
fort rendement? Le parrainage de M. le Ré-
silient Général ne doit-il pas assurer cette
aubaine à la petite garnison du bordj où
sa venue produisit sur la population saha-
rienne une impression si profonde qu'elle
lui a conservé son nom?
JBmemt Mmwdima,
Sénateur de la Marne.
Vtce-président de la Commission des "ounn".
Au Conseil supérieur
des Colonies
Un câblogramme de M. Marcel Oliviel.
Gouverneur Général de Madagascar, parvenu
ce matin au Ministère des Colonies, communi-
que les résultats des élect ions au Conseil Su-
périeur des Colonies, qui ont eu lieu dimanche
24 juin pour la Côte Est et la Côte Ouest de
Madagascar.
MADAGASCAR
Côte Est.
Electeurs inscrits : 3.246.
Suffrages exprimés : 1.510.
Ont obtenu :
MM. Lasalle. 941 ELU
Brunet. 360
Clermont 154
Six autres candidats se sont vu attribuer les
autres voix.
Côte Ouest.
Electeurs inscrits : 1.692.
Suffrages exprimés : 720.
A obtenu :
M. Georges Btussenot 718 voix ELU
Les résultats des élections qui ont eu
lieu en Océanie, en Nouvelle-Calédonie: à la
Côte d'Ivoire, au Soudan et en Haute-Volta
dimanche dernier ne sont pas encore parvenus
rue Oudinot.
LE POIVIE DE SAIGOft
A l'heure actuelle, n'est-il pas étonnant de
voir des producteurs mettre tout en œuvre
pour abaisser la valeur de leurs propres pro-
duits ?
C'est cependant à quoi s'efforcent les ex-
portateurs de poivre saïgonnais. Le cas est
je crois unique. Cette prétention des expor-
tateurs est pourtant réelle.
Ils ne souhaitent rien moins que de ra-
mener la qualité du poivre Saïgon à celle
du poivre Lampong.
Avant la guerre, lorsque le marché du
poivre au Havre était en pleine prospérité,
le Lampong subissait une pénalité de 12
par rapport au poivre Saigon, qui était alors
reconnu comme valant le poivre Tellichery.
Aujourd'hui, les Saïgonnais exigent des
acheteurs importateurs que leur poivre soit
vendu au même prix que le Lampong, ce qui
signifierait que sa qualité aurait diminué de
12 sur celle d'avant-guerre.
De là une véritable gêne pèse sur notre
marché des poivres. -
Les acheteurs importateurs protestent, les
exportateurs maintiennent leurs exigences.
Et cela menace de s'éterniser au grand dam
des intérêts de l'Indochine et du marché ha-
vrais.
11 est hors de doute qu'avec la législation
actuelle un vendeur saïgonnais qui crible-
rait son poivre serait lésé, puisque son con-
current le plus voisin ne le criblant pas,
vendrait meilleur marché que lui.
Mais ne pourrait-on obliger par une loi ou
par un décret, les exportateurs de Saïgon a
cribler leurs poivres avant de les embar-
quer ?
Les vendeurs saïgonnais étant légalement
obligés de cribler leur poivre, aucun d'eux
ne pourrait s'y soustraire et faire un béné-
fice supplémentaire en ne criblant pas ; tou-
tes les maisons auraient, par conséquent, les
mêmes frais à prévoir dans l'établissement
de leur prix de revient.
En outre, la qualité du poivre Saigon
«'améliorant progressivement, il concurren-
cerait facilement les poivres d'autres prove-
nances et connaîtrait la faveur de l'étranger.
Le vendeur d'origine n'aurait donc qu'à ga-
gner dans l'application d'une telle mesure.
L'acheteur n'y perdraif pas lion plus. Trop
souvent, quand un poivre contient une grosse
quantité d'impuretés, le tritureur se voit
dans l'obligation de le cribler. Il crible donc
Sine marchandise qui a déjà acquitté les
droits et il en résulte une importante perte
sèche.
Quant au consommateur, le trop souvent
oublié, il bénéficierait de la différence de
perte et serait assuré (t'avoir toujours à sa
disposition une marchandise pure, exempte
de toutes tarea originelles ou autrel.
•
L'AFRIQUE ROMAINE
On a beaucoup commenté, tûés
ces temps derniers,# les paroles -df
̃ M. Federomi. tmmstr-e des Cota?
nies : « Le fascisme veut, aussi fortement
qu'il sait vouloir, la renaissance de FAfri-
que Romaine. » On les a rapprochées des
déclarations de M. Astoni, rapporteur des
Colonies à la Chambre, qui prétend qui
c'est le seul moyen pour VItalie de réparer
la défaite coloniale qu'elle a subie au Con-
grès de Versailles. Défaite coloniale; nous
sommes habitués à ce langage chez un peu-
ple qui, pour mieux nous faire comprendre
qu'il sait vouloir fortement, ne recule de.
vant aucune formule énergique ni devant
aucune expression exagérée.
Les journaux, appréciant les grandes idées
et les lignes générales du programme colo-
nial italien, ont indiqué que l'effort du fas-
cisme se concentrerait dans les sultanats de
la Somalie du Nord et sur la réorganisation
du trafic avec l'Abyssinie; mais c'est prin-
cipalement « la Lybie J, nous dit-on, et on
précise : la Tripolitaine et la Cyrénaiquc
qui vont attirer l'attention de l'Italie; c'est
là qu'elle dirigera ses colonies de peuple-
ment, c'est là quelle trouvera la solution si
longtemps attendue de ce problème de
l'émigratioll si difficile pour elle et par fois
si douloureux. Groupements de capitaux,
organisation des crédits, recrutement des
techniciens, répartition des domaines agri-
coles (avec, très probablement, avantages
particuliers aux compatriotes déjà fixés en
Tunisie), toutes ces questions sont à l'étude:
« La Lybie doit devenir pour nous une autre
Tunisie. »
Une Tunisie Italienne à côté d'une Tlmi-
sie franfaisf. Pourquoi pas? Nous sommes
de ceux qui avons toujours écrit qu'il fal-
lait prêter attention aux plaintes de nos voi-
sins réclamant à grands cris des terres ptmr
tant et tant de leurs nationaux que leur pa-
trie ne peut pas nourrir, qui avons insisté
sur ICI gravité du problème démographique
fil Italie, qui avons tâché impartialement
de ̃dégager ce qu'il y avait de juste, de
logique dans le fracas de rt''l'L'"dÙatiotls
bruyantes et violentes, dont certaines au
moins ressemblaient à des coups de pistolet
tirés en l'air pour amasser les passants; mais
derrière ce tintamarre il y avait des appels
auxquels en toute équité les autres nations
ne pouvaient pas, ne devaient pas fermer
l'oreille.
La renaissance de l'Afrique romaine/
Quel beau programme, quel magnifique pro-
gramme si les deux nations latines $' attl,
laie nt dlatllne à la besogne qui leur est ré-
servée, dans un sentiment de confiance réci-
proque, dans une continuité d'ef forts où
l'émulation jouerait son rôle, où l'envie
n'aurait plus aucune placel le voudrais que,
dans les développements des journaux ita-
liens, il fiît tenu compte de la différence
entre la C yrénàique et la Tripolitaine, la
C yrénàique étant plutôt grecque, puisque,
dans le pays d'Aristippc, de Callimaque et
d'Eiatosthène, c'est l'élément hellène qui l'a
sans cesse emporté, la Tripolitaine étant,
avec son rattachement à la Numidie, puis
à la province romaine d'Afrique, restée sous
la dépendance de ('artliage, et n'étant deve-
nue la Tripolitana, c'est-à-dire une province
distincte, que. bien longtemps après, sous
Septime Sévère, et avant conservé les traits
du caractère phénicien et numide jusqu 'à
l'invasion des Vandales.
Mais quel exemple étonnant que celui dit
triomphe de la civilisation romaine dans
cette Afrique du Nord où ces administra-
teurs, ces organisateurs, ces réalisateurs ve-
nus de l'Italie se heurtaient à de si nom-
breux et à de si redoutables obstacles! Je
n'en veux d'autr,. preuve que ce fait : dès
le deuxième siècle, au moment où l'esprit
romain s'épuise, l'Afrique du Nord a sa vie
intellectuelle et la littérature semble s'iirc
réfugiée dans ces provinces si profondé.
ment marquées par le génie des colonisa-
teurs. les noms d'Apulée, que mon maître
Paul Monceaux situait au milieu des écri-
vains latins « comme un Bédouin dans un
congrès de classiques », de Tertullien, le
fougueux auteur de l'Apologétique, en disent
plus long que tous les raisonnements; ces
deux « Bédouins » savaient mieux la rhéto-
rique que ceux qui l'enseignaient alors à
Rome, et c'est grâce à eux que les lettres
latines curent encore leur éclat. ---------
les Romains nous ont laissé de spletidides
exemples; les prendre pour guides, à l'heure
présente, serait, impossible pour une foule
de raisons; mais l'Italie moderne regarde
haut et loin quand elle contemple l'œuvre
formidable de ces puissants comtrltcteurs.
Juarde JROWBRMM,
Sénateur de V Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Cd tontes.
à h ConimissiM de Ir Altérit
Des ColMics et des Protectorats
181
La Commission se réunira demain mer-
credi à 17 h. 1/2, sous la présidence «le
M. Pierre Taittingcr.
A l'ordre du jour figurera :
to Un rapport de M. le médecin inspec-
teur général Lasnet sur la situation sani-
taire médicale en A. E. F. ;
2n Une communication d'un message des
Associations israélites d'Algérie adressé à la
Commission ;
30 Une demande de M. Alexandre Va-
renne, ancien gouverneur général de l'Indo-
chine, tendant à la publication du rapport
de M. le conseiller d'Etat Richard;
4° Questions diverses.
BROUSSES
» BROUTILLES
Chansons DI.t.
Aoue 1 A..,.I
Mé fiez-vous des blancs,
Habitants dit rivage.
Du temps de nos pères,
Des blancs descendirent
LMns cette ile.
On leur dit ; J'oilt; des lerres.
Que vos femntes les cultivent.
Soyez bons, soyes justes,
Et devenez nos frères.
Les blancs promirent, et cependant,
Ils faisaient des retranchements.
Puis, c'est la guerre, un carnage, une ex-
termination générale.
Aoua! Aoua!
.lléfies-'l'oItS des bldHCS.',..
Diable ! Est-ce là le chant dont sont ber-
cés les petits Malgaches ?
Attendez î Ce n est pas très grave, ce ne
l'est même pas du tout.
J'assistais ces jours derniers, à une audi-
tion d'œuvres de Maurice Ravel. Quoique,
Dieu merci, bien vivant, Maurice Ravei
forme avec Claude Debussy et Gabriel Fauré,
ces deux grands disparus, une espèce de tri-
nité qui fait trôner la musique française mo-
derne à une fameuse altitude. L'auteur de
VHeure espagnole accompagnant lui-même,
salle Gaveau, de ses œuvres instrumentales
et vocales, cela valait donc le déplacement.
Mais j'avoue que l'annonce de Trois chan-
sons madécasses « pour chant, ftûte, piano et
violoncelle », m'avait particulièrement allé-
ché.
Ah ! je vous prie de croire que je ne fus
pas déçu. Madeleine Gray, la cantatrice,
lllaïKiuart, le flOtiste, et Maréchal, le vio-
loncelliste sont de parfaits, de probes et no-
bles artistes (dont je regrette de ne pouvoir
dire ici les mérites respectifs). Avec Maurice
Ravel au piano, ce n'était pas un concert
ordinaire.
Mais d'où ce grand compositeur, si pure-
ment français, avait-il pu sortir ces paroles :
A nua.' Am/tl.
Mrfiez-vous des blancs.
si intempestivement séditieuses?
Je le lui fis demander à lui-même et fu*
tout de suite rasséréné ce poème soi-disant
nuulécassc est dû à un Mauricien. C'est déjà
une satisfaction. Mieux vaut qu'il s'agisse
d'une colonie anglaise. Mais je n'irai pa
.\fais je n ir-.ti
faire une comparaison entre les méthodes
françaises de colonisation et (elles, plus ru-
des, de la Grande-Bretagne, ije la ferai d'au-
tant moins que M. Ravel est convaincu que
le poème qu'il a fort éloquemment mis en
musique n'est pas puisé dans un folklore
quelconque, mais est de pure invention.
Aoua ! Aoua ! menez-vous des poètes !
ifmffon.
*̃
CONTRE LA LÈPRE
.,.
Un pavillon de lépreux a été inauguré hier
après-midi. ainsi que nous 1 avions annoncé,
en résumant un interwiev du professeur Jean-
sel me qui prouvait la nécessité de soigner ces
pauvres malades que sont les lépreux et aussi
h grandeur de l'oeuvre à laquelle M. Justin
Godart attacha son nom.
Le délégué du Grand-Maître de l'Ordre de
Malte, le prince Chigi, lui-même bailli.
Grand'Croix de l'Ordre, rappela qu'après
avoir été avant tout d'héroïques soldats, les
Chevaliers de Malte sont devenus avec leurs
successeurs actuels les pionniers de la lutte
contre les maux et les Réaux de toutes sortes
qui désolent encore l'humanité.
Le comte de Bonneval, président de l' Asso-
ciation française des membres de l' Ordre de
Malte, a montré ensuite l'activité de l' Asso-
ciation des œuvres hospitalières :
lôiiie n'u\ru do diaiitc, sans esprit de parti,
n'est-ce pas aujourd'hui, connue uuais le pass<.-.
noire but. SIII)I"('11I1' ? lit nutru pensée SC tourne
eu cet instant avec, reconnaissance vers notre
graml-inailiu, qui Il Inmiillé depuis le ilélml
de son graïul uiagialcre, à la gloire de l'ordre
tluns le inonde entier, par la charité, et qui
cul voir aujourd'hui stoit o uvre court muée en
Frunce, dans ce pays qui lui lient tant au ClI'UI',
en îaison de la place que les chevaliers fran-
çais ont occupée dans l'ordiv depuis mille ans.
M. Justin Godart, sénateur, a prononcé, en
sa qualité de président des œuvres hospitalières
françaises de l'Ordre de Malte un discours
dont nous extrayons le passage suivant :
si nous avons décidé, pour renouer en France
la généreuse et antique tradition hospitalière de
l'Ordre de Malte, de mous consacrer d'ul'ord aux
lépreux, c'est qu'ils sont, parmi les malades,
les plus digues de pitié. Un croit généralement
qu'il n'existe ptus de lépreux en France.
Cependant, il en est, ici même, dont l'hospi-
talisation, tout le monde en convient, doit être
améliorée. Il en est, de trop nombreux qui cir-
culent librement dans Paris et oui constituent
un danger pubbf permanent si, pour une cause
quelconque, la virulence de la contagion qu'ils
portent venait à se réveiller. Ceux qui sont
Français, sont pour la plupart, d'anciens soldats
ou fonctionnaires coloniaux qui ont été atteints
alors qu'ils représentaient lit France dans les
ixiys lointains. Nous avons pensé qu'il impor-
tait, de mettre à la disposition des uns et Jes
autres un asile confortable où ils puissent se
réfugier dans la paix, attirés et retenus par
notre sollicitude. L'Ordre de Malle va le leur
ouvrir et les y accueillir avec le plus complet
esprit de Irnternnc. Il ne se conieniera pomi
d'exercer à leur égard la vertu d'assistante qui
s'impose à ses memlircs. l'n laboratoire île re-
cherches permet Ira aux snvnnls de continuer
leurs études Qui tendent à vaincre par la seieiW-e
te fléau de la l,\pre encore si redoutable dans
cel'tninc:-. parties du monde et qui est une mt,.
nuco pour les autres.
M. Mourier. directeur de I Assistance pu-
blique, prit ensuite la parole pour glorifier
l' œuvre des Chevaliers de Malte et engager
tous ceux qui se sont groupés autour des mal-
heureux à continuer à améliorer le sort des
déshérités de la terre.
La cérémonie proprement dite de la pose de
la première pierre eut lieu ensuite. Le prince
Chigi, M. Justin Godart et le général Dubail
cimentèrent cetto pierre à l'aide du marteau
et de la truelle dor symboliques et scellèrent
ainsi un coffret contenant un parchemin riche-
ment enluminé, signé de tous les personnages
î officiels et relatant la cérémonie en latin et en
français.
A LA CHAMBRE
PROPOSITIONS DE LOI
Les enfants des officiera et soldats morts
en Syrie et au Maroc
Une proposition de loi, adoptée par le
Sénat, concernant les enfants des officiers
et soldats morts en Syrie et au Maroc a
été mise en distribution.
Les fraudes sur les rhum.
Aux ternies de la proposition de loi adop- 1
tée par le Sénat, et transmise à la Chambre,
tendant à réprimer les fraudes et Iolsitica-
tions sur les rhums et talius. il est inter-
dit de désigner, d'exposer, de mettre en
vente ou de vendre, d'importer ou d'expor-
ter, sous le nom de rhum ou de tafia, avec
ou sans qualificatif, ou sous une dénomi-
nation 'ontcuant les mots rhum, tatia, ou
leurs dérivés, toute eau-de-vie présentant
une force alcoolique inférieure a .10 degrés
et ne provenant pas exclusivement de la
distillation. soit du jus de la canne à sucre,
soit des mélasses 011 sirops provenant de la
fabrication du sucre de canne.
PROPOSITION DE RESOLUTION
L'aviation commerciale
Une proposition de l'ésolutjon présenta"
par M. Jean Molinié tend à inviter le Gou-
vernement a déposer un projet de loi sur
l'aviation commerciale.
D'après cette proposition, le projet, no-
tamment, devrait comporter :
Toutes propositions en vue de l'extension
du réseau par voie soit de prolongement
des lignes existantes, soit de création de
lignes nouvelles, ces dernières rtanî
conçues spécialement en vue de mettre la
France en liaison aérienne d'abord arce
ses principales colonies.
AVIS
Un avis a été présenté pur M. Masson
au nom de la Commission des Travaux
publics et des moyens de communication
sur le projet do loi avant pour objet de
permettre au Gouvernement d'autoriser lu
Compagnie française des cibles télégraphi-
ques il vendre les câbles télégraphiques
sous-marins qu'elle possède au sud de New-
York et dans la mer des Antilles.
Cet «vis ruppelle que la Compugnic fran-
çaise des cAblcs télégraphiques. Société
anonyme au capital de 21 millions de
francs, dont le siège social est il Paris, ex-
ploite, entre autres, les divers réseuux de
cAblcs suus-niarins suivants :
Le ,('Ahlp BI'Pst-Hint-Pit'lT('-\Jiqu{'lon :
Le réseau des Antilles comprenant des
eAbles desservant la (invnn<" la Martini-
que, In (îuadeloupe ;
Cn cAble reliant la Nouvelle-Calédonie à
l'Australie.
Ln Commission des Travaux publics
donne un avis nettement défavorable au
projet de loi dont l'étude lui a élé confiée.
L'ARGANIER
Quand vous parcourez la route de Mogador
à Agadir, route fort belle, qui sera très fré-
quentée par les touristes dès que la région sera
ouverte et que l' on aura installé un hôtel con-
fortable à Agadir, vous traversez quelques-
unes des forêts d'arganiers qui font la richesse.
modérée mais réelle tout de même, du Sud
Marocain.
L' arganier est un arbre que la nature sem-
ble avoir créé spécialement pour le Maroc :
c est d'ailleurs, croyons-nous, le seul pays où
il pousse. il atteint une hauteur de 7 ou 6
mètres, son tronc est noueux, et sa cime glo-
buleuse rappelle un peu celle de l' olivier.
L une de ses caractéristiques est d'être très
résistant à la dent du bétail. et c'est fort heu-
reux, car cet arbre constitue pour les trou-
peaux de la région une réserve alimentaire fort
appréciée. Il n'est pas rare de voir sur un
pied d'arganier cinq ou six chèvres perchées.
souvent à plusieurs mètres du sol, et fort occu-
pées à brouter feuilles et écorce. Les autres
animaux se contentent, étant moins agiles, de
brouter les fruits tombés à terre et les branches
qu'ils peuvent atteindre en allongeant le cou.
Cette ressource alimentaire est d'autant plus
précieuse que l' arganier pousse dans des ter-
rains calcaires, désertiques, arides, qui, sans
lui, étant donné que l'on n' a pas encore créé
de plantations d'agaves sisals dans le pays (il
faut espérer que cela viendra) seraient dépour-
vus de toute végétation.
On le rencontre dans le Grand Atlas, dans
sa partie occidentale, et jusque sur le bord de
la mer : dans le Sous, et sur les versants de
l'Anti-Atlas. Son bois est dur et compact : il
est surtout employé comme bois de chauffage.
mais peut, à la rigueur, servir comme bois
d'ébénisterie. Son produit principal est l'huile,
dont les indigènes sont très amateurs, mais que
l'Européen, plus difficile, n'apprécie guère, à
cause de son goût acre. Elle rançit, d'ailleurs,
très vite.
Cette huile, que l'on obtient en écrasant les
noyaux des fruits, se récolte d'une façon assez
spéciale. Le fruit de l'arganier est une sorte de
drupe ovoïde qui devient d'un joli brun rou-
geâtre vers sa maturité, celle-ci se produisant
généralement en juin. Les animaux sont fort
attirés par ces drupes et s' en réga lent. Les
noyaux - très durs ne sont pas broyés par les
dents des animaux et ne sont pas digérés par
leur estomac. ils ressortent comme ils sont en-
trés, avec cette différence toutefois que la pulpe
a entièrement disparu. Les femmes et les en-
fants ramassent précieusement ces noyaux dans
les excréments des bêtes, et les concassent
entre deux pierres. Les femmes les font alors
torréfier dans des plats de terre, et l'amande
est broyée. L'huile est extraite par un malaxage
de la pâte avec de l'eau chaude et décanta-
tion. Elle est a une assez jolie couleur jau-
nâtre rappelant celle de l'huile d'clive. mais
Fa ressemblance avec cette reine des huiles de
table s'arrête là. Comme nous l'avons déjà
dit. elle a un goût âcre qui la rend peu sup-
portable pour un palais européen, même moyen-
nement difficile.
Ce qui n'empêche pas une forêt d'arganiers
d'être, pour les Arabes, une ressource extrê-
mement précieuse. Et c'est déjà quelque chose.
"Mis £ e Mrbler.
*
L'électrification aux Colonies
•+«
par Henri M H'H KL, ancien député
Nul n'ignore plus, à l'heure actuelle, les
applications multiples et bienfaisantes de
l'électricité, partout où son utilisation est
pratiquée.
Et déjà, grâce à l'activité des ingénieurs
du génie rural et au concours chaque jour
plus grand donné par l'Etat aux entreprises
d'électrification, sur nos 38.000 communes
de France on en compte plus de 10.000
dans lesquelles les travaux d'électrification
ont été exécutés et plus de 16.000 pour les.
quelles les projets sont d or
Mais. en ce qui concerne nos colonies, où
en est la question ? Il faut reconnaître
qu'elle est loin d'avoir accompli les mêmes
progrès que dans la Métropote. La raison
principale en est que les centrales et réseaux
électriques y sont encore trop peu dévelop-
,i>s.
Pourtant. si l'on jette un coup (!'œil,
même rapide. sur nos diverses jx»ssessions
d'outre-mer, on constate, non sans une légi-
time satisfaction. que, depuis plusieurs an-
nées, toutes s'orientent de façon très nette,
non seulement vers l'utilisation, mais encore
vers la production de l'électricité.
En Afrique du Nord, notamment en Al-
grie. toutes les villes de quelque impor-
tance sont déjà pournll's de l'éclairage et
île l'énergie électriques. Ce n'est pas tout.
Le Gouvernement Général de l'Algérie a
prévu un vaste programme d'électrification
des campagnes, dont l'exécution est com-
mencée. Tout semble indiquer qu'il sera
rapidement conduit à lionne fin.
AuJ Maroc, pays particulièrement riche
en eaux courantes, un gros effort a été en
trepris en vue de tirer parti des ressources
hydrauliques. L'ne puissante usine thermi-
que. construite à Casablanca, selon les dcr-
nières données scientifiques, a été mise en
route en jo26. Ses machines à vapeur lui
pnx'urent une puissance normale de iS.ooo
kilowatts.
Deux lignes à haute tension, de 60.000
volts, ont été établies, l'une allant de Casa-
blanca à Kourrigha, l'autre de Casablanca
à Rabat, et mesurant 250 kilomètres.
La ScK-iété e Electrique du
Maroc » se prépare, en outre, à installer
une autre ligne vers Marrakech, en con-
nexion avec l'électritication de la voie ferrée
qui sera inaugurée dans un an.
Quant à l'électrifieation des chemins de
fer, elle est terminée sur l'artère Casa-
blanca-Rabat. Dans un très proche avenir,
la traction électrique sera installée sur la
majeure partie du réseau ferré marocain.
En A.O.K., le. Niger, sur certaines parties
de son parcours, est susceptible de fournir
une force hydro-électrique fort appréciable
dans des régions où le combustible fait dé-
faut et où il est à la fois particulièrement
difficile et coûteux d'en importer.
Aussi £ c. fleuve a-t-il été déjà aménagé
à cette fin, aux abords de la ville de lia-
nt a ko.
D'autre part, d.vs travaux d'électrifica-
ti"n ont été entrepris dans le Haut Sénégal
et seront bientôt achevés, l'ne usine ludro-
éleetrique, nouvellement construite, est prête
depuis environ six mois, et la pose îles lignes
aériennes de transport de courant est sur le
I>oint d'être terminée entre Félon et Raves.
N'est-ce pas, d'ailleurs, à la fin de la
présente année, ou au début de 19:19, que
doit être achevée la réalisation de la pre
mière partie du programme de travaux h-
drauliques engagés en A.U.F. sur l'initia-
tive et sous le contrôle du yniissant réalisa-
1 1
teur qu'est le très éminent gouverneur géné-
ral, M. Carde, travaux pour Irsquds 25
millions ont été prévus ?
De même en Guinée n'envisage t-on pas,
dès maintenant, la captation de forces
hydrauliques considérables. pri nci p.oi-nci.t
dans le massif du Fouta-Djalon ?
A Madagascar, le problème de l'électrifi-
eation a retenu depuis longtemps l'atten-
tion de son actif et énergie pie gouverneur
général, mon éminent ami M. Olivier.
Les premiers efforts ont porté sur 1 Ylectri-
tication du réseau de chemin de fer, qui a été
entreprise sans retard sur une partie de la
j ligne qui doit relier Tananarive au Sud de
la Grande lie.
En Indochine, l'éclairage électrique est
installé, dans les villes de la colonie, non
seulement dans les édifices publics, mais en-
core dans nombre d'entreprises et de mai-
sons particulières. Le courant est distribué
par des sociétés qui se sont constituées avec
des capitaux exclusivement français ou indo-
chinois.
I.'A. E. F. en est seulement à la période
ingrate de préparation. Des études relatives
à la captation des eaux se poursuivent très
activement sous la haute et énergique direc
tion du gouverneur général. M. Antonetti,
homme de réalisations s il en lut.
11 n'est pas douteux que les nombreux
lapides et cours d'eaux qui sillonnent l'A.
E. F. forment autant de ressources natu-
relles à utiliser en vue de procurer 1 éner-
gie éhrtrique indispensable a cette colonie,
notamment pour paver à la pénurie de main-
d'œuvre dont elle souffre.
(vhiant à nos autres possessions, vieilles
colonies, territoires sous mandat, les unes et
les autres commencent à se rendre compte
des nombreux avantages quelles pourront
tirer de l'énergie électrique. Ne. possèdent-
elles pas les moyens naturels pour la pro-
duire ? Alms !.., On est entré dans cette
voie.
| Çà et là, dans chacune d 'i l les, des socié-
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