Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-06-12
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 juin 1928 12 juin 1928
Description : 1928/06/12 (A29,N91). 1928/06/12 (A29,N91).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451267q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. N* 91.
fS NUMERO : m CENTIMES
MARDI Oln, 12 JUIN 1928.
JOUIMLJIIOTIDIER
Rédaction & Administration :
m, mm wm-xm*
PARIS an
Til ÉPII. 1 LOUVM IMf
- RICNIUIUIHI
a l
Les Annales Coloniales
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Un la 6 Moit 8 Moll
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Colonies 120. H » M »
Etrangtr.. 180» 101 J 609
On s'abonne sans (irais dtQp
tous les bureaux de poste.
La production lainière de nos colonies
––̃
L'Union ovine de l'Afrique du Nord et
l'Union ovine coloniale, dont la première
compte trois ans et la seconde une année
d'existence, sont deux associations formées
par les Chambres de commerce, les groupe-
ments corporatifs lainiers, des industriels,
négociants, éleveurs, des établissements de
crédit, les grandes compagnies de navigation
et de chemins de fer, pour le développement
de la production/lainière dans les colonies
françaises. Elles viennent de publier des
rapports relatifs aux derniers exercices qui
sont particulièrement suggestifs.
De celui de l'Union ovine ^coloniale, je
veux détacher ce passage qui intéresse l'A.
O. F. :
a Les expériences zootechniques d'intro-
duction du sang mérinos dans les troupeaux
d'A.O.F. et d acclimatement de sujets im-
portés sont poursuivies depuis plus de vingt
années, notamment par les services de l'éle-
vage du Sénégal, du Soudan et de la Haute-
Volta. Ces expériences ont reçu, depuis la
guerre, une impulsion très vive par l'inter-
vention du a Comité d'études et d'essais
d'élevage du mouton mérinos dans les colo-
+ nies françaises » créé par la Chambre de
commerce de Tourcoing. Dans les bergeries
de Rkhard-Toll au Sénégal, Tourcoing-
Bam en Haute-Volta et d'El-Oualadji au
Soudan, ce Comité privé a obtenu des métis
de mérinos sud-africains particulièrement inté-
ressants. Malheureusement, le prix de revient
élevé de tels essais ne permet pas de les pour-
suivre avec les ressources des particuliers :
ces bergeries ont dû être remises aux services
sootechniques de la colonie. *
Et, dans le rapport de l'Union ovine de
l'Afrique du Nord, je trouve des conclusions
du même ordre :
« Ces premières réalisations sont eneoré
peu de chose par rapport au programme gé-
néral de l'association. Celle-ci n'a pu, jus-
qu'à présent, que préparer par des étudt-b
précises des mesures collectives de plus en
plus urgentes, mais trop dispendieuses pour
ses moyens actuels qui permettront seules de
sauver le troupeau nord-africain des pertes
énormes auxquelles il est périodiquement ex-
posé et de lui assurer le développement ré-
gulier qui fera la richesse de ce pays, tout
en contribuant efficacement au ravitaillement
de la métropole. «
Et plus loin, dans le même rapport, je lit
encore ]
« Le Gouvernement s'est justement préoc-
cupide doter les groupements privés d'inté-
rêt général qui apportent dans ce domaine
leur concours à l'Administration de moyens
financiers réguliers et suffisants, tout en as-
surant une répartition plus équitable des
charges entre les industries qui doivent béné-
ficier du développement de la production
cotaniale. Un projet de taxe spéciale sur les
importations avait été établi dans ce but sur
l'initiative du ministre des Colonies, analo-
gue à la taxe de i franc pour 100 kilos de
coton importé, créée par la loi du 31 mars
1927 pour appuyer, les associations ayant
pour objet le développement de la culture
du coton dans les colonies. Sur la demande
du Comité central de la laine, ce projet avait
été différé, en 1927, mais l'unanimité n'ayant
pas pu être obtenue sur la formule d'une
taxe bénévole, le projet du Gouvernement a
été repris par le ministre des Colonies afin
d'apporter une solution définitive à cette
question dont les répercussions métropolitai-
nes et coloniales font un problème d'intérêt
national. 8
On voit où je veux en venir. Tout le dé-
vouement et toute la compétence des diri-
geants de ces associations privées se heur,
teront toujours au même obstacle : la médio-
crité de leurs ressources pécuniaires.
L'Union ovine de l'Afrique du Nord a
fait preuve, depuis trois ans qu'elle existe,
d'une remarquable activité. Elle a organisé
l'achat et l'importation de brebis mérinos
d'Australie. L'importation de géniteurs de
France et d'Espagne a été étudiée, ainsi que
les possibilités de croisement. Pour la pré-
paration d'une station-type d'élevage au Ma-
roc, une a Société marocaine d'études pour
l'élevage du mouton mérinos » a été créée,
sous la forme d'une association en partici-
pation, entre les futurs actionnaires de la
Société définitive qui sera constituée au ca-
pital de 4 millions de francs. Une a Société
nord-africaine de tonte », créée tout spéciale-
ment pour appuyer les efforts d'introduction
en Afrique du Nord des procédés de tonte
mécanique, a fait fonctionner en 1927 douze
ateliers de démonstration (cinq, dont un mo-
bile, au Maroc ; cinq en Algérie ; deux, dont
un électrique, en Tunisie).
Enfin', dès 1926, avait été instituée, pour
faciliter la sécurité des transactions, la 8 So-
ciété nord-africaine de ventes publiques »,
qui a organisé le système de la vente aux
enchères publiques, qui est actuellement pra-
tiquée dans le monde entier pour les laines
comme pour les peaux. Pour donner à cette
organisation nouvelle du marché tout le dé-
veloppement qu'elle comporte, le capital de
la a Société nord-africaine de ventes publi-
ques 1 vient d'être porté à 2.500.000 francs
avec le concours d'importantes firmes indus-
trielles françaises des laines et des peaux
et de tous les établissements de crédit de
l'Afrique du Nord.
Ainsi, nous n'incriminons nullement 'a
compétence et le dévouement de ces organis-
mes privés, mais l'insuffisance des moyens
matériels mis à leur disposition.
Par ailleurs, il faut bien reconnaître que
leur activité se cantonnera fatalement dans
Ufi domaine assez restreint autour du cercle
des ints privs promoteurs. Il est toute
une série de mesures collectives qui doivent
nécessairement être prises par les pouvoirs
publics locaux. Le rapport de l'Union ovine
de l'Afrique du Nord le reconnaît implici-
tement en ces termes :
a Les mesures collectives dont nous par-
lons : aménagement des points d'eau, sur-
veillance et rénovation des pâturages, cul-
ture et conservation des fourrages, établisse-
ment d'abris sommaires contre le vent sur
les terrains de parcours, multiplication des
bains chimiques pour moutons, etc. sont bien
connues de tous les intéressés et elles figurent
à côté de la sélection méthodique des trou-
peaux indigènes dans les programmes des
services de l'élevage des trois pays. Malheu-
reusement, les réalisations demeurent à Vitat
embryonnaire parce qu'elles exigeraient des
crédits beaucoup plus importants que ceux
qui leur sont consacrés actuellement par les
bulgets locaux. »
Concluons : le problème du développement
de la production lainière dans nos colonies
touche à un intérêt national, à des intérêts
locaux et enfin à* des intérêts particuliers.
La solution du problème ne peut être trou-
vée que dans une coordination méthodique
de ces trois catégories d'intérêts, pour un
effort d'ensemble, sur un plan commun. Nous
voilà ramenés sur le terrain de ce que j'ap-
pelle « l'économie mixte » qui est, à mon
sens, la plus logique et la plus efficiente
de toute action coloniale.
8ft.,n.
Jeputé de la Haute-Savate, profi-
teur de législation coloniale et d'éco-
nomie politique A la Faculté de Drou
-fto LIiOft.
8..
L'Aviation Coloniale
*
France-Amérique du Sud
Le courrier aérien Francc-Amérique du
Sud, parti de Toulouse vendredi dernier
6 juin, à 6 heures du matin est arrivé à
Dakar le lendemain soipeài à 17 h. 55, cou-
vrant ainsi en aG heures les 4.700 kme sé-
parant les deux villes. Pour la première
fois, le courrier de France a pu être dis-
tribué à Dakar le lendemain de son dé-
part.
- Par ailleurs, nous apprenons que le cour-
rier parti de Rio-de-Janeiro samedi à 9 heu.
res du matin est arrivé le soOr même à
Pernambouc. Les avions de la Compagnie
Générale Aéropostale ont donc pu en 16
heures relier entre elles les deux grandes
villes, alors que quatre jours de navigation
maritime sont nécesserea.
Les lignes coloniales françaises
Voici lo programme auquel les dirigeants
de notre Aviation Coloniale se sont fixés
pour prolonger les lignes aériennes exis-
tantes :
En principe, ce programme comprend :
1° la ligne Paris-Hanoï ; 20 la ligne Paris-
Afrique Equatoriale-Madugoscar ; 3° la li-
gne de New-York avec extension sur les
Antilles françaises.
La ligne Paris-Hanoi est le prolongement
de la ligne Palis-Bagdad qui empruntera
soit le parcours Prague, Constantinople et
Alep, soit celui de Marseille-Tunis-le'-Caire-
lieyrouth. 11 est entendu déjà que le secteur
de Bagdad à Rangoon sera assuré par
l'aviation britannique sur le parcours Bas-
sora, Dewler-Abbas, Karachi et Calcutta.
Un accord est sur le point d'aboutir entre
la Grande-Bretagne et la Perse pour le pas-
suge des avions britanniques sur le terri-
toire persan. L'aviation française prendra
ensuite le service de Hangoon à Jianoi.
D'ailleurs, tout le programme de l'aviation
indochinOIse, pour l'intérieur comme pour
l'extérieur, vient d'être fixé, d'accord avec
le gouvernement de l\lndo-Chine, par M.
Pierre Brunat, directeur du contrôle au
service de la navigation aérienne. Il est
presque certain, de plus, que la collabora-
tion des aviations française, anglaise et
japonaise fera prolonger la ligne d'Ilanol
jusqu'à Tokio par Hong-Kong et Changhaï.
Voici un premier point.
Second projet : la liaison entre la France
et Madagascar par l'Afrique Equatoriale.
Il existe actuellement : 1° la ligne Paris-
Morseille-Tunis ; âe la ligne Paris-Mar-
seille-les-Baléares-Alger, qui va être ou-
verte dans quelques jours ; 3° la ligne
Paris-Marseille-Toulouse-Perpignan - Casa-
blanca-Dakar. Ce sont ces tronçons des
grandes artères coloniales qui serviront à
la liaison de la France et de la Belgique
avec le Congo belge et Madagascar.
Il est envisagé d'une part une liaison
entre Dakar et Léopoldville par le golfe de
Guinée et le Cameroun, et entre Dakar et
Gao (Niger) ; d'autre part, une liaison éga-
lement entre Dakar et Léopoldville par Al-
ger, In-Salah, Gao, le lac Tchad, Bahçui et
jissala (Congo). Là, le service serait as-
suré par l'aviation belge qui possède la
grande ligne de 3.000 kilomètres, de la
source à I embouchure du Congo, Elisabeth-
ville-Léopoldville. Enfin, l'aviation franr
çaise reprendrait la suite, d'Elisabeth ville a
Tanamarive pour atteindre Madagascar par
le Zambéze et Mozambique.
Enfin, troisième projet : celui de Paris à
New-York et les Antilles par les Iles Aço-
res.
De Khartonm à Pretoria
En quatre jours, deux avions de l'Union
Air Force, se sont rendus de Khartoum à
Pretoria.
ns une fuite dans les réservoirs a
Broken Hill, le voyage se serait passé
88Q8 incident.
Les aviateurs durent se garder la nuit
des lions en maraude, du froid et des mous-
tiques. Rugissant uns cesse, les lions
s'approchaient du cercle des lampes, mais
sans attaquer qui que ce soit.
De Broken Hill à Prétoria, les 801 milles
furent couverts en 7 heures 20 minutes. A
leur atterrissoge, les aviateurs étaient ge-
lée jusqu'aux 08 et mouraient de faim.
U Mie Uucfc ai Sm4m
A
Mon excellent collègue M. Mario
Roustan, à propos de la nouvelle
station hydroélectrique du Fil",,;!'
évoquait, il y a - quelques jours, dans les
Annales Coloniales, quelques faits ayant
trait à la conquête et à la pénétration du
Soudan français et qui comptent parmi les
plus beaux de notre épopée coloniale.
L'usine électrique installée au Félou vient,
en effets d'être admise en recette définitiile.
Etudes et travaux, au nombre desquels un
canal d'amenée d'eau de 950 métrés de lon-
gueur, creusé en pleine roche, auront duré
près de huit ans au total.
L'usine construite, si elle constitue une
expérience très intéressante, est loin toutefois
d'avoir une puissance en rapport avec le dé-
bit moyen du fleuve et la hauteur des chutes.
A cela, deux raisons. La première, de beau-
cou p la plus importante, c'est que le Sénégal
est un fleuve très irrégulier. Son débit, en
période de crue, est plus de quatre cents fois
supérieur au débit d'étiage en saison sèche.
Pour obtenir une force constante sensible-
ment supérieure à celle que peuvent fottrnir
les plus basses eaux, il eut donc fallu enga-
ger des dépenses supplémentaires considéra-
bles. La seconde, c'est qu'il a paru inutile
de procéder à des travaux qui seraient vrai-
ment disproportionnés avec les besoins réels
du pays.
Dès maintenant, le courant électrique
fourni par l'usine du Félou est transporté
sous 30.000 volts à Kayes, ancienne capitale
du Soudan et centre commercial de premier
ordre. (La distance du Félou à Kayes est
d'environ 18 kilomètres.) Ce courant fait
fonctionner les pompes élévatrices de l'usine
municipale des eaux et il alimente par ail-
leurs la distribution d'éclairage et de force
motrice de la ville.
Mais il est bien certain que la ville de
Kayes ne peut avoir à elle seule l'utilisation
de toute l'énergie obtenue à la station hydro.
électrique du Félou. Dès le moment où Von
a envisagé la réalisation des projets d'amé-
nagement des chutes; on a d'ailleurs es-
compté que la majeure partie de cette
énergie pourrait être cédée, à des con-
ditions très abordables, aux colons instal-
lés dans la région de Kayes, tant en amont
qu'en aval du Félou, pour le fonctionne-
ment 'd'irrigations par pompage. La super-
ficie irrigable par ce procédé.,. au moyen des
eaux du fleuve, atteindrait, d'après les esti-
mations faites par l'ingénieur Bjlime, plu-
sieurs dizaines de milliers d'hectares.
L'irrigation des terres de la région de
Kayes serait surtout intéressante pour le dé-
veloppement de la culture du coton. Fait à
noter, le pompage des eaux du fleuve aurait
lieu non pas pendant la période des plus
basses eaux, mais fresque exclusivement pen-
dant la période a'hivernage, favorable aux
cultures, et pendant les trois ou quatre mois
qui suivent, soit tIt, total de juin à janvier
ou février. L'énergie nécessaire serait dont
demand é e à l'usin
demandée à l'usinf productrice à l'époque
où celle-ci pourrait donner toute sa puis-
sance. Au contraire, de février à mai-juin,
période d'étiage pendant laquelle l'usine tic
pourra probablement fournir qu'une force
réduite, la demande de courant serait égale-
ment moins importante et il ne serait, par
ailleurs, procédé en amont à aucun pompage
susceptible d'affaiblir encore, à cette épo-
que, le débit du fleuve.
Comme on le voit, la tentative peut se
traduire par de très heureuses conséquences
et préparer l'avenir pour de nouvelles réali-
sations.
CH. JD«W«rre,
- Sénateur du Nord.
8..
Le Maroc prospère
le-
De Taormat, poste avancé vers le Maroc
espagnol, Mme Madeleine Vernon s'est ren-
due à Meknès. Elle a constaté que les Ber-
bères, naguère dissidents se rendent tran-
quillement au marché. Une paix douce, !a
sécurité ont, grâce il la France, succédé à
la guerre, à la rapine, aux atroces repré-
sailles.
En descendant vers J'ès, dans les vallées
du Leben eT de lTnnaouen, au sud de
l'Ouergha, la voyageuse a vu les lots de
terrains qui vont être donnés à la colonisa-
tion. Déjà, encore qu'elle soit ignorante, la
culture indigène produit des récoltes ma-
gnifiques de céréales.
Autour de Meknès et jusqu'aux derniers
contreforts de l'Atlas, la terre sans iml';;
irrigation se couvre de blé et d'orge, de vi-
gnes. Les fermes poussent comme des
champignons. La récolte est merveilleuse.
Sur le Zerhoun où repose le premier sul-
tan du Maroc, les fruits des innombrables
vergers indigènes achèvent de mûrir et
s'achemineront vers Petitjean.
Et vers l'Ouest monte le mur du barrage
de l'oued Beth, dont le réservoir de 280 mil-
llions de mètres cubes d'eau fécondera
30.000 hectares de coton, de céréales, de
cultures maraîchères.
Que l'œuvre du protectorat est belle de-
puis vingt ans ! ajoute Mme Madeleine
Vernon. Quelle reconnaissance nous devons
aux hommes qui ont dirigé la destinée de
ce pays à la fois France, Californie et Flo-
ride !
De Imelles m Cap ci artoaofcile
t.es lieutenants aviateurs belges Lamar-
che, Fabry et Carton de Wiart et M. Crou-
quet, dont nous avons annoncé le départ
de Marseille, sont arrivés à Bourem (Ni-
ger), d'où ils ont lancé le télégramme sui-
vant : « Arrivés très fatigués Bourem après
traversée très dure, à cause chaleur exces-
sive et tempête de sable. Continuerons de-
main. »
Ua discwn de M. Léei Perrier
Ministre des Colonies
à la Sorbonne
En présence de M. Gaston Doumergue,
Président de la Hépublique, a eu lieu
hier soir, dans le Grand Amphithéâtre
de la Sorbonne, une séance solennelle
du Comité de la Semaine Coloniale.
M. Léon Perrier, en cette occasion, a pro-
noncé le discours suivant qui a été fort ap-
plaudi :
Monsieur le Président de la
République,
Mesdames,
Messieurs,
Mes premières paroles seront pour félici-
ter chaudement les organisateurs de la Se-
maine Coloniale, dont le succès s'annonce
brillant.
Votre présence au milieu de tous, Mon-
sieur le Président, au début de cette semai-
ne de propagande coloniale, a pour tous
ceux qui nous entourent, elle aura pour le
Pays, une grande et solennelle significa-
tion.
On a eu raison de rappeler que les
coloniaux c'étaient, à l'origine, quel-
ques explorateurs et quelques soldats qui
s'en allaient ù travers le inonde, vivre en
des terres ignorées une vie d'énergie, de
fatigue et d'action.
Ils ont vécu, civils et militaires, jusqu'à
la fth du xW siècle, presque au milieu de
l'indifférence et parfois de l'hostilité. Les
hommes de ma génération, et plus encore
ceux de la génération qui l'a précédée,
ont vu de quelle impopularité durable fut
récompensé un des fondateurs de la Répu-
blique, le grand Français, l'admirable édu-
cateur du Peuple, Jules Ferry, qui avait
deviné l'importance capitale des Colonies
et qui avait donné à la France, presque
malgré elle, la Tunisie en Afrique, le
Tonkin en Asie.
Ainsi donc, durant de longues années,
les Colonies ont été ignorées presque au-
tant du Parlement que de l'opinion. Depuis,
elles se sont lentement mais irrésistible-
ment imposées à cette opinion publique. Ce
fut l'œuvre de quelques hommes, comme
vous, Monsieur le Président, vétérans de
l'idée coloniale, dont certains sont à nos
côtés aujourd'hui et ces hommes ont, par
leur action féconde dans les terres loin-
taines, par la presse, par la parole, pour-
suivi leurs efforts persévérants pour ensei-
gner aux Français l'importance des Colo-
nies, la grandeur et la nécessité de l'œuvre
coloniale.
Gnlce à ces Coloniaux, apôtres de l'idée
coloniale, l'opinion publique sait qu'il y a
dans toutes nos Colonies des hommes d'ac-
tion et de labeur qui travaillent et produi-
sent à la fois pour le progrès matériel et
pour la grandeur de la France et du nom
Français.
Certes, il ne s'agit plus de percer les
arcanes des terres et des mers lointaines,
ni de batailler contre la barbarie, ni de
libérer de l'esclavage des masses d'huma-
nité ruinées par des maladies inexorables,
décimées ipar des guerres continuelles et
tyranniques.
Sous la poussée du progrès, le problème
colonial a changé (Taspeci. Mais la tâche
qui nous attend est non moins noble et non
moins belle.
Notre Pays a pris sous sa tutelle plus de
soixante millions d'hommes que nous avons
le devoir de guider vers le mieux être et
d'amener vers la civilisation. Il administre
des territoires représentant des millions et
des millions de kilomètres carrés, en gran-
de partie incultes et abandonnés.
La Semaine Coloniale qui va se dérouler
a pour but de dire hautement ces choses
et d'aflirincr une fois de plus que la pros-
périté de la France est étroitement soli-
daire de la mise en valeur de notre do-
maine colonial. -
Pour reconstituer l'antique richesse de
la France, il faut produire et vendre. Les
colonies offrent à 1 activité agricole, indus-
trielle et commerciale de tous les Français
leurs immenses ressources matérielles qui,
mises en valeur par notre travail et notre
intelligence, enrichirent notre peuple.
Les colonies, il faut le dire et le répéter,
pour qu'il n'y ait pas un seul Français qui
l'ignore, font désormais partie de l'Unité
Française, et grand est le rôle qu'elles ont
à jouer dans l'avenir de notre pays.
La guerre nous a révélé cette France
nouvelle que la métropole soupçonnait à
peine. Pour défendre le territoire envahi,
des hommes sont venus de l'Asie et de
l'Afrique, de Madagascar et des Antilles,
des hommes qui scrutaient obscurément
mais profondément leur solidarité avec les
hommes de France dans les jours de
deuils et d'angoisse. Et ils ont pris leur
part de douleur et de sacrifice.
Dans les œuvres de paix, disons-le, tou-
it urs, les colonies peuvent et doivent au-
jourd'hui prendre leur part.
C'est notre rôle à tous de parler et d'agir
peur que ceitte vérité salutaire s'impose
peu à peu dans tous les esprits et déter-
mine les vocations et les initiatives fécon-
des. A travers le vaste monde, il y a des
territoires et des hommes qui nous atten-
dent, des hommes auxquels nous donnerons
par le travail et par la paix une vie plus
digne de leur caractère sacré djétres hu-
mains ; des territoires dont nous tirerons,
pour le bien-être de leurs habitants et pour
la récompense des hommes d'action, des
richesses nouvelles qui feront le relève-
ment et la prospérité de la France. Il n'y
faut que de l'initiotive, de la vigueur et du
travail. A convaincre les hommes de
France de ces vérités salutaires, il n'est
pas superflu que nous employons toute no-
tre énergie.
Cette belle tâche d'efforts au delà des
mers, de propagande dans la métropole,
cette tâche d'aujourd'hui et de demain, le
ministre des Colonies la suit avec ferveur.
090
La soirée s'est achevée sur une partie
artistique particulièrement brillante où no-
tamment le beau talent de cantatrice de
Mlle Marcelle Gerar a été très apl)récié.
BROUSSES
& BROUTILLES
Aida chez le bistrot
on les méfaits du cinéma
Alda, jeune Arabe de 18 ans, avait préféré
assumer des fonctions ancillaires chez un
cafetier de Lagnes (Vaucluse) que de conti-
nuer à paître les moutons de sa tribu sur
les hauts plateaux du Tell. Tous les goûts
sont dans la nature, mais surtout le goût
des plaisirs urbains, en tête desquels figure
le cinéma.
La jeune fille* ayant écarquillé ses yeux
neufs devant les écrans de Marseille, de
Port-Vendres ou d'Apt, imagina prompte-
ment un bandit masqué, une attaque à main
armée et le pillage du café où elle servait.
A la faveur de ces événements, la caisse du
bistrot devait normalement se vider.
C'est ce qui advint. Malheureusement,
Aïda fut surprise à l'instanr où elle conver-
tissait en menues coupures un billet de cinq
cents francs dont la provenance n'était que
trop certaine.
Elle est maintenant en prison. L'ombre
du cachot, sans doute, l'éclairé, si l'on peut
dire, sur les inconvénients d'une imagina-
tion trop facilement excitée.
Aïda fut de celles qui, de la civilisation,
ne savent prendre que le pire. Souhaitons-
lui de s'apercevoir que la ville et ses ciné-
mas, ça ne vaut pas l'Atlas.
jÊmetion.
A bord de ma jonque
Une femme pour le roi
Une femme? Ce n'est pourtant pas diffi-
cile à trouver. Et à dire vrai, ce n'est pas
ce qui manque au roi du Cambodge. Mais
depuis que la très gracieuse Nangsao Baen
a été jugée indésirable par les autorités
françaises bien que d'autre part follement
désirée S. M. le roi Monivong joue au
veuf consolable.
Sa Majesté n'a que l'embarras du choix.
Sacré embarras !
La coutume cambodgienne, par ailleurs,
ne dicte pas absolument que la reine soit
Cambodgienne. Elle peut être de toute au-
tre nationalité.
Pour changer un peu, pourquoi ce demi-
veuf royal ne porte-t-il pas ses regards au
delà du cercle de ses danseuses?
Ce métier n'est pas le seul qui exige de
la lélèreté.
Nous avons en France un joli bouquet de
femmes à marier, qui ne demanderaient pas
mieux que de devenir reines : comédiennes,
vedettes de cinéma, championnes de sports
ou de beauté dont la gloire pourrait être
susceptible d'approcher celle du roi.
Sans mettre en avant Mistinguett c'est
une autre danseuse - ni Cécile Sorel, ruine
d'Encore, qui risquerait de faire tort aux
autres, on pourrait voir. Il y a Maud Loty,
par exemple. Le roi ne s'ennuierait pas avec
elle. Et, au besoin, elle aurait tôt fait de
dire zut en. cambodgien aux autorités.
Il y a Miss France. Elle s'est fait damer
le pion, c'est vrai, au concours international
de beauté. Mais, à Pnom-Penh qui le sait?
Et quand même.
Le jury américain s'est trompé, voilà tout.
L'honneur est donc sauf, car on peut affir-
mer qu'aucun regard n'a déshabillé notre
déléguée de beauté nationale, vraie jeune
fille de vraie famille. A l'épreuve, en effet,
la tenue de rigueur était le maillot de bain.
Pour Miss France, ce serait donc une au-
baine de devenir reine. -
Et puis nous avons encore Suzanne Len-
glen. Je sais bien que. pour. si. mais.
Enfin, la raquette de la grande Suzanne est
célèbre Elle a déjà battu un roi. Elle ne
demanderait peut-être pas mieux que d'en
battre un deurieme.
En somme, le roi est indécis.
Puisque les autorités françaises le déma-
rient, ne leur incombe-t-il pas d'organiser
une foire aux fiancées - plus aimable, Ri-
non plus curieuse que celle aux fauves en
Annam - dans un des plus jolis coins du
Cambodge ?
Le mariage doit se faire en juillet. Qu'on
se dépêche.
Le roi a besoin d'une femme qui ne man-
que ni d'entregent, ni d'entrejambes. Qu'on
la lui trouve.
Mireene-Mmrcetle nensus.
Au Nord de l'Indochine.
.66
1 0 gouvernement do Nankin, dans un mani-
feste adresst aux puissances, demande le re-
trait itmnMint de toutes les troupes étrangères
qui se trouvent sur le sol chinois.
Le correspondant de Pékin au Tokio A sa ht
annonce que le pouvernement de Nankin se
propose de faire d'importants chnnpements de
personnel. Par respect pour la mémoire de Sun
Val Scn, Nankin sera capitale nationale, quoi-
que une certaine opposition étrangère se ma-
nifeste contre ce transfert du siège du gou-
vernement.
ALAIN GBRBAVLT
Alain Gerbault est arrivé à l'île Ascension
vers le milieu de mai. Le voyage de Sainte-
Hélène à l'Ascension lui avait pris quinze
jours.
Le hardi navigateur a résidé une semaine
à Teck et s'est livré à son sport favori, le
tennis. Chaque soir, il est retourné à bord
de son Firecrest. Sa présence a causé une
vive sensation parmi la population. Durant
tout son séjour, Gerbault n'a mangé que
du riz, du sucre et des confitures.
En partant de l'Ascension, il avait l'in-
tention de se diriger sur l'île de Saint-Vin-
cent, mais il prévoit que s'il n'arrive pas à
prendre le vent, il pourrait être entraîné vers
la Nouvelle-Ecosse.
A L'OFFICIEL
M. :\,.J, fiodin, inspecteur de la comptabilité
des services financiers du Maroc, est nommé
sous-prrfet et rattaché fi la préfecture de la
Seine, en remplacement de M. Deeaillet, mis à
la disposition du ministre des affaires étran-
gères.
LM Mit CMIIIMI lEwatmil II MIMM,
M L'IMMIH ei m Montas
L Exposition intéressante que vient d' orga-
niser à Magic-City la Société professionnelle
des Architectes constitue une très heureuse
initiative et mériterait d'être visitée non seu-
lement des techniciens de la construction et
de la décoration, mais de tous leb Français
en quête d'un logement (ils sont nombreux)
ou d'améliorations à apporter à celui qu'ils
occupent.
Le service des bois de l'Agence générale
des Colonies seul stand colonial de cette
manifestation spéciale a réalisé là une pré-
sentation fort complète et d'un très heureux
effet. Avec l'exposition permanente organisée
par ce service dans la galerie d'Orléans, au
Palais-Royal, l'Exposition des Bois coloniaux
de Magic-City est une des mieux réussies que
nous ayons jamais vues. Et le plus frappant
de r affaire, c'est que le public paraît s inté-
resser aux échantillons présentés, autrement
qu'à titre de curiosité. Y aurait-il quel que
.:hose de changé en France
La mission du Hoggar
Ainsi que les Annales Coloniales l'ont an-
noncé, M. le Gouverneur général Pierre
Bordes, désireux de réserver à l'Algérie et
à lu Science française Je mapnifkjuo otiump
d'études et de découvertes que constitue la
région du Hoggur, avait décidé ronmlÏsa.
tion d'une Mission scientifique composée de
membres de l'Université d'Alger et de per-
sonnalités algériennes que leurs travaux et
leur compétence désignaient particulière-
ment à son choix :
MM. le docteur Maire, professeur de bo-
tanique à la l'acuité des Sciences, corres-
pondant de 1 Institut ; Seurat, professeur
de zoologie à la même Faculté : docteur L. •-
blanc, professeur à la Fuculté de Méde-
cine ; Keygasse, chargé de cours il la Fa-
culté des Lettres, directeur du Musée
d'Ethnographie et de Préhistoire dut Burdo,
le docteur Foley, de l'Institut Pasteur d'Al-
ger, ancien directeur du Service de Santé
des territoires du Sud ; de Peycrimhoff,
chef de !a station de recherches forestières
du Nord de l'Afrique ; PRul-Elie Dubois,
artiste-peintre, Prix Natiollul de 11123, Prix
de l'Algérie en 1927.
Cette Mission, qui était partie d'Alger, !e
16 février dernier y est revenue 1e 14 mai
après un voyage de trois mois, en automo-
bile, des bords de ki Méditerranée aux mon-
tagnes du Hoggar et ramenée vers le Nord
par le large couloir du Gassi Touil traver-
sant les grandes dunes mouvantes de l'Erg
Oriental.
Ces infatigables chercheur* qui ont ob-
servé, noté, étudié, inventorié, vérifié, ont
rapporté de nombreux documents du plus
haut intérét et recueilli des renseignemen's
qui vont devenir de la science et de la vie
La mise en couvre des matériaux réunis,
le dépouillement de ces doimées va exiger
encore de patientes études dont les résul-
tats feront ultérieurement l'objet de publi-
cations scientiliques. D'ores et déjà cepen-
dant, il est possible de donner un aperçu
d'ensemble, très générul, des recherches
effectuées.
AI. le professeur Maire a étudié la végé-
tation et la llore du Suhuru. Lentra). et par-
ticulièrement leurs modilications dons les
hautes montagnes. La llore étant très pau-
vre, certains explorateurs du pays avaieri
récolté déjà des spécimens du la majorité
des espèces qui la composent, mais 011
ignorait presque entièrement la répartition
et Je groupement de ces espèces, surtout
dans les montagnes. Les recherches iaitis
au cours de la missiolt tlu lloggar ont per-
mIs d'ujouter à la flore du Sahara. Central
un nombre important d'espèces qui n'y
étaient pas encore connues. Parmi ces es-
pèces plusieurs sont inédites ; elles ont
permis, d'autre part, de définir un cer-
tain nombre d'associations végétales ca-
ractéristiques du Sahara Central et de ses
montagnes. L'étude réalisée a permis de
constater qu'il existe bien, contrairement ù
l'affirmation de certains auteurs, une végé-
tation climatique dont la présence, dans
ces montagnes, montre que celles-ci sont
humectées d'une façon il peu près réguliè-
re, sinon par des pluies, tout au moins par
des condensations occultes. De nombreu-
ses plantes se présentent partout corurn •
des reliques et témoignent d'un passé hu-
mide et il végétation relativement luxu-
riante. En bien des points l'arboriculture
fruitière serait possible et fournirait un'
contribution précieuse à l'alimentation,
souvent déficiente des indigènes.
M. le professeur Seural a pu constater
que la faune du lloggar est très pauvr;.,
des groupes entiers du règne animal man-
quent totalement ou bien sont à peine, re-
présentés. Les mammifères ne comptent
que quelques espèces. Les oiseaux ne sont
pas très communs. Les serpents venimeux
paraissent faire défaut dans les région?
élevées. La faune des hauts sommets est
caractérisée par l'abondance reiative de
certaines formes à affinités méditerra-
péennes. Le massif est assez riche en col-
iections d'eau permanentes on temporaires,
généralement établies dans des lits de- rivie.
res barrés par des dykes granitiques. M
Seurnt a étudié la faune de ces mares et de
l'existence n l'état vivant ou i1) l'état snh-
fossile de mollusques d'eau douce il con-
clut que le pays a connu autrefois une
grande splendeur, jouissant, alors d'un cli-
mat humide, et était sillonné en tous, sens
par des rivières bien alimenlées.
M. le professeur Isblane par ses nhscr-
vations et mensurations anthropométriques
sur les Touareg Hoggar et les groupements
voisins des Iforns de l'Adrar et de Ternas-
sinine. est arrivé à définir un type ethnique
pnr et ù saisir ses croisements ses mé-
tissages. C.e n'est qu';\ !a suite d'un long
et attentif dépouillement des chiffres et no-
tes recueillis qu'il pourra formuler des con-
clusions précises mais d'ores et, déjft. il es-
time que le Targui noble appartient il nn
groupe 1\bieo-berbève ancien, fixé depuis
des siècles : et. semble-t-il. en Vnbsenre.
d'une anthropométrie composée qui puisse
fS NUMERO : m CENTIMES
MARDI Oln, 12 JUIN 1928.
JOUIMLJIIOTIDIER
Rédaction & Administration :
m, mm wm-xm*
PARIS an
Til ÉPII. 1 LOUVM IMf
- RICNIUIUIHI
a l
Les Annales Coloniales
Les OAIIOtICe, et réclames sont reçues au
bureau du iournal.
DiRtcTftuits : M. RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
Tous les articles publiés ri ans notre iournal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les ANNALES COLONIALES.
ABONNEMENTS
avec le supplément iHustrê :
Un la 6 Moit 8 Moll
fMHMtt
Colonies 120. H » M »
Etrangtr.. 180» 101 J 609
On s'abonne sans (irais dtQp
tous les bureaux de poste.
La production lainière de nos colonies
––̃
L'Union ovine de l'Afrique du Nord et
l'Union ovine coloniale, dont la première
compte trois ans et la seconde une année
d'existence, sont deux associations formées
par les Chambres de commerce, les groupe-
ments corporatifs lainiers, des industriels,
négociants, éleveurs, des établissements de
crédit, les grandes compagnies de navigation
et de chemins de fer, pour le développement
de la production/lainière dans les colonies
françaises. Elles viennent de publier des
rapports relatifs aux derniers exercices qui
sont particulièrement suggestifs.
De celui de l'Union ovine ^coloniale, je
veux détacher ce passage qui intéresse l'A.
O. F. :
a Les expériences zootechniques d'intro-
duction du sang mérinos dans les troupeaux
d'A.O.F. et d acclimatement de sujets im-
portés sont poursuivies depuis plus de vingt
années, notamment par les services de l'éle-
vage du Sénégal, du Soudan et de la Haute-
Volta. Ces expériences ont reçu, depuis la
guerre, une impulsion très vive par l'inter-
vention du a Comité d'études et d'essais
d'élevage du mouton mérinos dans les colo-
+ nies françaises » créé par la Chambre de
commerce de Tourcoing. Dans les bergeries
de Rkhard-Toll au Sénégal, Tourcoing-
Bam en Haute-Volta et d'El-Oualadji au
Soudan, ce Comité privé a obtenu des métis
de mérinos sud-africains particulièrement inté-
ressants. Malheureusement, le prix de revient
élevé de tels essais ne permet pas de les pour-
suivre avec les ressources des particuliers :
ces bergeries ont dû être remises aux services
sootechniques de la colonie. *
Et, dans le rapport de l'Union ovine de
l'Afrique du Nord, je trouve des conclusions
du même ordre :
« Ces premières réalisations sont eneoré
peu de chose par rapport au programme gé-
néral de l'association. Celle-ci n'a pu, jus-
qu'à présent, que préparer par des étudt-b
précises des mesures collectives de plus en
plus urgentes, mais trop dispendieuses pour
ses moyens actuels qui permettront seules de
sauver le troupeau nord-africain des pertes
énormes auxquelles il est périodiquement ex-
posé et de lui assurer le développement ré-
gulier qui fera la richesse de ce pays, tout
en contribuant efficacement au ravitaillement
de la métropole. «
Et plus loin, dans le même rapport, je lit
encore ]
« Le Gouvernement s'est justement préoc-
cupide doter les groupements privés d'inté-
rêt général qui apportent dans ce domaine
leur concours à l'Administration de moyens
financiers réguliers et suffisants, tout en as-
surant une répartition plus équitable des
charges entre les industries qui doivent béné-
ficier du développement de la production
cotaniale. Un projet de taxe spéciale sur les
importations avait été établi dans ce but sur
l'initiative du ministre des Colonies, analo-
gue à la taxe de i franc pour 100 kilos de
coton importé, créée par la loi du 31 mars
1927 pour appuyer, les associations ayant
pour objet le développement de la culture
du coton dans les colonies. Sur la demande
du Comité central de la laine, ce projet avait
été différé, en 1927, mais l'unanimité n'ayant
pas pu être obtenue sur la formule d'une
taxe bénévole, le projet du Gouvernement a
été repris par le ministre des Colonies afin
d'apporter une solution définitive à cette
question dont les répercussions métropolitai-
nes et coloniales font un problème d'intérêt
national. 8
On voit où je veux en venir. Tout le dé-
vouement et toute la compétence des diri-
geants de ces associations privées se heur,
teront toujours au même obstacle : la médio-
crité de leurs ressources pécuniaires.
L'Union ovine de l'Afrique du Nord a
fait preuve, depuis trois ans qu'elle existe,
d'une remarquable activité. Elle a organisé
l'achat et l'importation de brebis mérinos
d'Australie. L'importation de géniteurs de
France et d'Espagne a été étudiée, ainsi que
les possibilités de croisement. Pour la pré-
paration d'une station-type d'élevage au Ma-
roc, une a Société marocaine d'études pour
l'élevage du mouton mérinos » a été créée,
sous la forme d'une association en partici-
pation, entre les futurs actionnaires de la
Société définitive qui sera constituée au ca-
pital de 4 millions de francs. Une a Société
nord-africaine de tonte », créée tout spéciale-
ment pour appuyer les efforts d'introduction
en Afrique du Nord des procédés de tonte
mécanique, a fait fonctionner en 1927 douze
ateliers de démonstration (cinq, dont un mo-
bile, au Maroc ; cinq en Algérie ; deux, dont
un électrique, en Tunisie).
Enfin', dès 1926, avait été instituée, pour
faciliter la sécurité des transactions, la 8 So-
ciété nord-africaine de ventes publiques »,
qui a organisé le système de la vente aux
enchères publiques, qui est actuellement pra-
tiquée dans le monde entier pour les laines
comme pour les peaux. Pour donner à cette
organisation nouvelle du marché tout le dé-
veloppement qu'elle comporte, le capital de
la a Société nord-africaine de ventes publi-
ques 1 vient d'être porté à 2.500.000 francs
avec le concours d'importantes firmes indus-
trielles françaises des laines et des peaux
et de tous les établissements de crédit de
l'Afrique du Nord.
Ainsi, nous n'incriminons nullement 'a
compétence et le dévouement de ces organis-
mes privés, mais l'insuffisance des moyens
matériels mis à leur disposition.
Par ailleurs, il faut bien reconnaître que
leur activité se cantonnera fatalement dans
Ufi domaine assez restreint autour du cercle
des ints privs promoteurs. Il est toute
une série de mesures collectives qui doivent
nécessairement être prises par les pouvoirs
publics locaux. Le rapport de l'Union ovine
de l'Afrique du Nord le reconnaît implici-
tement en ces termes :
a Les mesures collectives dont nous par-
lons : aménagement des points d'eau, sur-
veillance et rénovation des pâturages, cul-
ture et conservation des fourrages, établisse-
ment d'abris sommaires contre le vent sur
les terrains de parcours, multiplication des
bains chimiques pour moutons, etc. sont bien
connues de tous les intéressés et elles figurent
à côté de la sélection méthodique des trou-
peaux indigènes dans les programmes des
services de l'élevage des trois pays. Malheu-
reusement, les réalisations demeurent à Vitat
embryonnaire parce qu'elles exigeraient des
crédits beaucoup plus importants que ceux
qui leur sont consacrés actuellement par les
bulgets locaux. »
Concluons : le problème du développement
de la production lainière dans nos colonies
touche à un intérêt national, à des intérêts
locaux et enfin à* des intérêts particuliers.
La solution du problème ne peut être trou-
vée que dans une coordination méthodique
de ces trois catégories d'intérêts, pour un
effort d'ensemble, sur un plan commun. Nous
voilà ramenés sur le terrain de ce que j'ap-
pelle « l'économie mixte » qui est, à mon
sens, la plus logique et la plus efficiente
de toute action coloniale.
8ft.,n.
Jeputé de la Haute-Savate, profi-
teur de législation coloniale et d'éco-
nomie politique A la Faculté de Drou
-fto LIiOft.
8..
L'Aviation Coloniale
*
France-Amérique du Sud
Le courrier aérien Francc-Amérique du
Sud, parti de Toulouse vendredi dernier
6 juin, à 6 heures du matin est arrivé à
Dakar le lendemain soipeài à 17 h. 55, cou-
vrant ainsi en aG heures les 4.700 kme sé-
parant les deux villes. Pour la première
fois, le courrier de France a pu être dis-
tribué à Dakar le lendemain de son dé-
part.
- Par ailleurs, nous apprenons que le cour-
rier parti de Rio-de-Janeiro samedi à 9 heu.
res du matin est arrivé le soOr même à
Pernambouc. Les avions de la Compagnie
Générale Aéropostale ont donc pu en 16
heures relier entre elles les deux grandes
villes, alors que quatre jours de navigation
maritime sont nécesserea.
Les lignes coloniales françaises
Voici lo programme auquel les dirigeants
de notre Aviation Coloniale se sont fixés
pour prolonger les lignes aériennes exis-
tantes :
En principe, ce programme comprend :
1° la ligne Paris-Hanoï ; 20 la ligne Paris-
Afrique Equatoriale-Madugoscar ; 3° la li-
gne de New-York avec extension sur les
Antilles françaises.
La ligne Paris-Hanoi est le prolongement
de la ligne Palis-Bagdad qui empruntera
soit le parcours Prague, Constantinople et
Alep, soit celui de Marseille-Tunis-le'-Caire-
lieyrouth. 11 est entendu déjà que le secteur
de Bagdad à Rangoon sera assuré par
l'aviation britannique sur le parcours Bas-
sora, Dewler-Abbas, Karachi et Calcutta.
Un accord est sur le point d'aboutir entre
la Grande-Bretagne et la Perse pour le pas-
suge des avions britanniques sur le terri-
toire persan. L'aviation française prendra
ensuite le service de Hangoon à Jianoi.
D'ailleurs, tout le programme de l'aviation
indochinOIse, pour l'intérieur comme pour
l'extérieur, vient d'être fixé, d'accord avec
le gouvernement de l\lndo-Chine, par M.
Pierre Brunat, directeur du contrôle au
service de la navigation aérienne. Il est
presque certain, de plus, que la collabora-
tion des aviations française, anglaise et
japonaise fera prolonger la ligne d'Ilanol
jusqu'à Tokio par Hong-Kong et Changhaï.
Voici un premier point.
Second projet : la liaison entre la France
et Madagascar par l'Afrique Equatoriale.
Il existe actuellement : 1° la ligne Paris-
Morseille-Tunis ; âe la ligne Paris-Mar-
seille-les-Baléares-Alger, qui va être ou-
verte dans quelques jours ; 3° la ligne
Paris-Marseille-Toulouse-Perpignan - Casa-
blanca-Dakar. Ce sont ces tronçons des
grandes artères coloniales qui serviront à
la liaison de la France et de la Belgique
avec le Congo belge et Madagascar.
Il est envisagé d'une part une liaison
entre Dakar et Léopoldville par le golfe de
Guinée et le Cameroun, et entre Dakar et
Gao (Niger) ; d'autre part, une liaison éga-
lement entre Dakar et Léopoldville par Al-
ger, In-Salah, Gao, le lac Tchad, Bahçui et
jissala (Congo). Là, le service serait as-
suré par l'aviation belge qui possède la
grande ligne de 3.000 kilomètres, de la
source à I embouchure du Congo, Elisabeth-
ville-Léopoldville. Enfin, l'aviation franr
çaise reprendrait la suite, d'Elisabeth ville a
Tanamarive pour atteindre Madagascar par
le Zambéze et Mozambique.
Enfin, troisième projet : celui de Paris à
New-York et les Antilles par les Iles Aço-
res.
De Khartonm à Pretoria
En quatre jours, deux avions de l'Union
Air Force, se sont rendus de Khartoum à
Pretoria.
ns une fuite dans les réservoirs a
Broken Hill, le voyage se serait passé
88Q8 incident.
Les aviateurs durent se garder la nuit
des lions en maraude, du froid et des mous-
tiques. Rugissant uns cesse, les lions
s'approchaient du cercle des lampes, mais
sans attaquer qui que ce soit.
De Broken Hill à Prétoria, les 801 milles
furent couverts en 7 heures 20 minutes. A
leur atterrissoge, les aviateurs étaient ge-
lée jusqu'aux 08 et mouraient de faim.
U Mie Uucfc ai Sm4m
A
Mon excellent collègue M. Mario
Roustan, à propos de la nouvelle
station hydroélectrique du Fil",,;!'
évoquait, il y a - quelques jours, dans les
Annales Coloniales, quelques faits ayant
trait à la conquête et à la pénétration du
Soudan français et qui comptent parmi les
plus beaux de notre épopée coloniale.
L'usine électrique installée au Félou vient,
en effets d'être admise en recette définitiile.
Etudes et travaux, au nombre desquels un
canal d'amenée d'eau de 950 métrés de lon-
gueur, creusé en pleine roche, auront duré
près de huit ans au total.
L'usine construite, si elle constitue une
expérience très intéressante, est loin toutefois
d'avoir une puissance en rapport avec le dé-
bit moyen du fleuve et la hauteur des chutes.
A cela, deux raisons. La première, de beau-
cou p la plus importante, c'est que le Sénégal
est un fleuve très irrégulier. Son débit, en
période de crue, est plus de quatre cents fois
supérieur au débit d'étiage en saison sèche.
Pour obtenir une force constante sensible-
ment supérieure à celle que peuvent fottrnir
les plus basses eaux, il eut donc fallu enga-
ger des dépenses supplémentaires considéra-
bles. La seconde, c'est qu'il a paru inutile
de procéder à des travaux qui seraient vrai-
ment disproportionnés avec les besoins réels
du pays.
Dès maintenant, le courant électrique
fourni par l'usine du Félou est transporté
sous 30.000 volts à Kayes, ancienne capitale
du Soudan et centre commercial de premier
ordre. (La distance du Félou à Kayes est
d'environ 18 kilomètres.) Ce courant fait
fonctionner les pompes élévatrices de l'usine
municipale des eaux et il alimente par ail-
leurs la distribution d'éclairage et de force
motrice de la ville.
Mais il est bien certain que la ville de
Kayes ne peut avoir à elle seule l'utilisation
de toute l'énergie obtenue à la station hydro.
électrique du Félou. Dès le moment où Von
a envisagé la réalisation des projets d'amé-
nagement des chutes; on a d'ailleurs es-
compté que la majeure partie de cette
énergie pourrait être cédée, à des con-
ditions très abordables, aux colons instal-
lés dans la région de Kayes, tant en amont
qu'en aval du Félou, pour le fonctionne-
ment 'd'irrigations par pompage. La super-
ficie irrigable par ce procédé.,. au moyen des
eaux du fleuve, atteindrait, d'après les esti-
mations faites par l'ingénieur Bjlime, plu-
sieurs dizaines de milliers d'hectares.
L'irrigation des terres de la région de
Kayes serait surtout intéressante pour le dé-
veloppement de la culture du coton. Fait à
noter, le pompage des eaux du fleuve aurait
lieu non pas pendant la période des plus
basses eaux, mais fresque exclusivement pen-
dant la période a'hivernage, favorable aux
cultures, et pendant les trois ou quatre mois
qui suivent, soit tIt, total de juin à janvier
ou février. L'énergie nécessaire serait dont
demand é e à l'usin
demandée à l'usinf productrice à l'époque
où celle-ci pourrait donner toute sa puis-
sance. Au contraire, de février à mai-juin,
période d'étiage pendant laquelle l'usine tic
pourra probablement fournir qu'une force
réduite, la demande de courant serait égale-
ment moins importante et il ne serait, par
ailleurs, procédé en amont à aucun pompage
susceptible d'affaiblir encore, à cette épo-
que, le débit du fleuve.
Comme on le voit, la tentative peut se
traduire par de très heureuses conséquences
et préparer l'avenir pour de nouvelles réali-
sations.
CH. JD«W«rre,
- Sénateur du Nord.
8..
Le Maroc prospère
le-
De Taormat, poste avancé vers le Maroc
espagnol, Mme Madeleine Vernon s'est ren-
due à Meknès. Elle a constaté que les Ber-
bères, naguère dissidents se rendent tran-
quillement au marché. Une paix douce, !a
sécurité ont, grâce il la France, succédé à
la guerre, à la rapine, aux atroces repré-
sailles.
En descendant vers J'ès, dans les vallées
du Leben eT de lTnnaouen, au sud de
l'Ouergha, la voyageuse a vu les lots de
terrains qui vont être donnés à la colonisa-
tion. Déjà, encore qu'elle soit ignorante, la
culture indigène produit des récoltes ma-
gnifiques de céréales.
Autour de Meknès et jusqu'aux derniers
contreforts de l'Atlas, la terre sans iml';;
irrigation se couvre de blé et d'orge, de vi-
gnes. Les fermes poussent comme des
champignons. La récolte est merveilleuse.
Sur le Zerhoun où repose le premier sul-
tan du Maroc, les fruits des innombrables
vergers indigènes achèvent de mûrir et
s'achemineront vers Petitjean.
Et vers l'Ouest monte le mur du barrage
de l'oued Beth, dont le réservoir de 280 mil-
llions de mètres cubes d'eau fécondera
30.000 hectares de coton, de céréales, de
cultures maraîchères.
Que l'œuvre du protectorat est belle de-
puis vingt ans ! ajoute Mme Madeleine
Vernon. Quelle reconnaissance nous devons
aux hommes qui ont dirigé la destinée de
ce pays à la fois France, Californie et Flo-
ride !
De Imelles m Cap ci artoaofcile
t.es lieutenants aviateurs belges Lamar-
che, Fabry et Carton de Wiart et M. Crou-
quet, dont nous avons annoncé le départ
de Marseille, sont arrivés à Bourem (Ni-
ger), d'où ils ont lancé le télégramme sui-
vant : « Arrivés très fatigués Bourem après
traversée très dure, à cause chaleur exces-
sive et tempête de sable. Continuerons de-
main. »
Ua discwn de M. Léei Perrier
Ministre des Colonies
à la Sorbonne
En présence de M. Gaston Doumergue,
Président de la Hépublique, a eu lieu
hier soir, dans le Grand Amphithéâtre
de la Sorbonne, une séance solennelle
du Comité de la Semaine Coloniale.
M. Léon Perrier, en cette occasion, a pro-
noncé le discours suivant qui a été fort ap-
plaudi :
Monsieur le Président de la
République,
Mesdames,
Messieurs,
Mes premières paroles seront pour félici-
ter chaudement les organisateurs de la Se-
maine Coloniale, dont le succès s'annonce
brillant.
Votre présence au milieu de tous, Mon-
sieur le Président, au début de cette semai-
ne de propagande coloniale, a pour tous
ceux qui nous entourent, elle aura pour le
Pays, une grande et solennelle significa-
tion.
On a eu raison de rappeler que les
coloniaux c'étaient, à l'origine, quel-
ques explorateurs et quelques soldats qui
s'en allaient ù travers le inonde, vivre en
des terres ignorées une vie d'énergie, de
fatigue et d'action.
Ils ont vécu, civils et militaires, jusqu'à
la fth du xW siècle, presque au milieu de
l'indifférence et parfois de l'hostilité. Les
hommes de ma génération, et plus encore
ceux de la génération qui l'a précédée,
ont vu de quelle impopularité durable fut
récompensé un des fondateurs de la Répu-
blique, le grand Français, l'admirable édu-
cateur du Peuple, Jules Ferry, qui avait
deviné l'importance capitale des Colonies
et qui avait donné à la France, presque
malgré elle, la Tunisie en Afrique, le
Tonkin en Asie.
Ainsi donc, durant de longues années,
les Colonies ont été ignorées presque au-
tant du Parlement que de l'opinion. Depuis,
elles se sont lentement mais irrésistible-
ment imposées à cette opinion publique. Ce
fut l'œuvre de quelques hommes, comme
vous, Monsieur le Président, vétérans de
l'idée coloniale, dont certains sont à nos
côtés aujourd'hui et ces hommes ont, par
leur action féconde dans les terres loin-
taines, par la presse, par la parole, pour-
suivi leurs efforts persévérants pour ensei-
gner aux Français l'importance des Colo-
nies, la grandeur et la nécessité de l'œuvre
coloniale.
Gnlce à ces Coloniaux, apôtres de l'idée
coloniale, l'opinion publique sait qu'il y a
dans toutes nos Colonies des hommes d'ac-
tion et de labeur qui travaillent et produi-
sent à la fois pour le progrès matériel et
pour la grandeur de la France et du nom
Français.
Certes, il ne s'agit plus de percer les
arcanes des terres et des mers lointaines,
ni de batailler contre la barbarie, ni de
libérer de l'esclavage des masses d'huma-
nité ruinées par des maladies inexorables,
décimées ipar des guerres continuelles et
tyranniques.
Sous la poussée du progrès, le problème
colonial a changé (Taspeci. Mais la tâche
qui nous attend est non moins noble et non
moins belle.
Notre Pays a pris sous sa tutelle plus de
soixante millions d'hommes que nous avons
le devoir de guider vers le mieux être et
d'amener vers la civilisation. Il administre
des territoires représentant des millions et
des millions de kilomètres carrés, en gran-
de partie incultes et abandonnés.
La Semaine Coloniale qui va se dérouler
a pour but de dire hautement ces choses
et d'aflirincr une fois de plus que la pros-
périté de la France est étroitement soli-
daire de la mise en valeur de notre do-
maine colonial. -
Pour reconstituer l'antique richesse de
la France, il faut produire et vendre. Les
colonies offrent à 1 activité agricole, indus-
trielle et commerciale de tous les Français
leurs immenses ressources matérielles qui,
mises en valeur par notre travail et notre
intelligence, enrichirent notre peuple.
Les colonies, il faut le dire et le répéter,
pour qu'il n'y ait pas un seul Français qui
l'ignore, font désormais partie de l'Unité
Française, et grand est le rôle qu'elles ont
à jouer dans l'avenir de notre pays.
La guerre nous a révélé cette France
nouvelle que la métropole soupçonnait à
peine. Pour défendre le territoire envahi,
des hommes sont venus de l'Asie et de
l'Afrique, de Madagascar et des Antilles,
des hommes qui scrutaient obscurément
mais profondément leur solidarité avec les
hommes de France dans les jours de
deuils et d'angoisse. Et ils ont pris leur
part de douleur et de sacrifice.
Dans les œuvres de paix, disons-le, tou-
it urs, les colonies peuvent et doivent au-
jourd'hui prendre leur part.
C'est notre rôle à tous de parler et d'agir
peur que ceitte vérité salutaire s'impose
peu à peu dans tous les esprits et déter-
mine les vocations et les initiatives fécon-
des. A travers le vaste monde, il y a des
territoires et des hommes qui nous atten-
dent, des hommes auxquels nous donnerons
par le travail et par la paix une vie plus
digne de leur caractère sacré djétres hu-
mains ; des territoires dont nous tirerons,
pour le bien-être de leurs habitants et pour
la récompense des hommes d'action, des
richesses nouvelles qui feront le relève-
ment et la prospérité de la France. Il n'y
faut que de l'initiotive, de la vigueur et du
travail. A convaincre les hommes de
France de ces vérités salutaires, il n'est
pas superflu que nous employons toute no-
tre énergie.
Cette belle tâche d'efforts au delà des
mers, de propagande dans la métropole,
cette tâche d'aujourd'hui et de demain, le
ministre des Colonies la suit avec ferveur.
090
La soirée s'est achevée sur une partie
artistique particulièrement brillante où no-
tamment le beau talent de cantatrice de
Mlle Marcelle Gerar a été très apl)récié.
BROUSSES
& BROUTILLES
Aida chez le bistrot
on les méfaits du cinéma
Alda, jeune Arabe de 18 ans, avait préféré
assumer des fonctions ancillaires chez un
cafetier de Lagnes (Vaucluse) que de conti-
nuer à paître les moutons de sa tribu sur
les hauts plateaux du Tell. Tous les goûts
sont dans la nature, mais surtout le goût
des plaisirs urbains, en tête desquels figure
le cinéma.
La jeune fille* ayant écarquillé ses yeux
neufs devant les écrans de Marseille, de
Port-Vendres ou d'Apt, imagina prompte-
ment un bandit masqué, une attaque à main
armée et le pillage du café où elle servait.
A la faveur de ces événements, la caisse du
bistrot devait normalement se vider.
C'est ce qui advint. Malheureusement,
Aïda fut surprise à l'instanr où elle conver-
tissait en menues coupures un billet de cinq
cents francs dont la provenance n'était que
trop certaine.
Elle est maintenant en prison. L'ombre
du cachot, sans doute, l'éclairé, si l'on peut
dire, sur les inconvénients d'une imagina-
tion trop facilement excitée.
Aïda fut de celles qui, de la civilisation,
ne savent prendre que le pire. Souhaitons-
lui de s'apercevoir que la ville et ses ciné-
mas, ça ne vaut pas l'Atlas.
jÊmetion.
A bord de ma jonque
Une femme pour le roi
Une femme? Ce n'est pourtant pas diffi-
cile à trouver. Et à dire vrai, ce n'est pas
ce qui manque au roi du Cambodge. Mais
depuis que la très gracieuse Nangsao Baen
a été jugée indésirable par les autorités
françaises bien que d'autre part follement
désirée S. M. le roi Monivong joue au
veuf consolable.
Sa Majesté n'a que l'embarras du choix.
Sacré embarras !
La coutume cambodgienne, par ailleurs,
ne dicte pas absolument que la reine soit
Cambodgienne. Elle peut être de toute au-
tre nationalité.
Pour changer un peu, pourquoi ce demi-
veuf royal ne porte-t-il pas ses regards au
delà du cercle de ses danseuses?
Ce métier n'est pas le seul qui exige de
la lélèreté.
Nous avons en France un joli bouquet de
femmes à marier, qui ne demanderaient pas
mieux que de devenir reines : comédiennes,
vedettes de cinéma, championnes de sports
ou de beauté dont la gloire pourrait être
susceptible d'approcher celle du roi.
Sans mettre en avant Mistinguett c'est
une autre danseuse - ni Cécile Sorel, ruine
d'Encore, qui risquerait de faire tort aux
autres, on pourrait voir. Il y a Maud Loty,
par exemple. Le roi ne s'ennuierait pas avec
elle. Et, au besoin, elle aurait tôt fait de
dire zut en. cambodgien aux autorités.
Il y a Miss France. Elle s'est fait damer
le pion, c'est vrai, au concours international
de beauté. Mais, à Pnom-Penh qui le sait?
Et quand même.
Le jury américain s'est trompé, voilà tout.
L'honneur est donc sauf, car on peut affir-
mer qu'aucun regard n'a déshabillé notre
déléguée de beauté nationale, vraie jeune
fille de vraie famille. A l'épreuve, en effet,
la tenue de rigueur était le maillot de bain.
Pour Miss France, ce serait donc une au-
baine de devenir reine. -
Et puis nous avons encore Suzanne Len-
glen. Je sais bien que. pour. si. mais.
Enfin, la raquette de la grande Suzanne est
célèbre Elle a déjà battu un roi. Elle ne
demanderait peut-être pas mieux que d'en
battre un deurieme.
En somme, le roi est indécis.
Puisque les autorités françaises le déma-
rient, ne leur incombe-t-il pas d'organiser
une foire aux fiancées - plus aimable, Ri-
non plus curieuse que celle aux fauves en
Annam - dans un des plus jolis coins du
Cambodge ?
Le mariage doit se faire en juillet. Qu'on
se dépêche.
Le roi a besoin d'une femme qui ne man-
que ni d'entregent, ni d'entrejambes. Qu'on
la lui trouve.
Mireene-Mmrcetle nensus.
Au Nord de l'Indochine.
.66
1 0 gouvernement do Nankin, dans un mani-
feste adresst aux puissances, demande le re-
trait itmnMint de toutes les troupes étrangères
qui se trouvent sur le sol chinois.
Le correspondant de Pékin au Tokio A sa ht
annonce que le pouvernement de Nankin se
propose de faire d'importants chnnpements de
personnel. Par respect pour la mémoire de Sun
Val Scn, Nankin sera capitale nationale, quoi-
que une certaine opposition étrangère se ma-
nifeste contre ce transfert du siège du gou-
vernement.
ALAIN GBRBAVLT
Alain Gerbault est arrivé à l'île Ascension
vers le milieu de mai. Le voyage de Sainte-
Hélène à l'Ascension lui avait pris quinze
jours.
Le hardi navigateur a résidé une semaine
à Teck et s'est livré à son sport favori, le
tennis. Chaque soir, il est retourné à bord
de son Firecrest. Sa présence a causé une
vive sensation parmi la population. Durant
tout son séjour, Gerbault n'a mangé que
du riz, du sucre et des confitures.
En partant de l'Ascension, il avait l'in-
tention de se diriger sur l'île de Saint-Vin-
cent, mais il prévoit que s'il n'arrive pas à
prendre le vent, il pourrait être entraîné vers
la Nouvelle-Ecosse.
A L'OFFICIEL
M. :\,.J, fiodin, inspecteur de la comptabilité
des services financiers du Maroc, est nommé
sous-prrfet et rattaché fi la préfecture de la
Seine, en remplacement de M. Deeaillet, mis à
la disposition du ministre des affaires étran-
gères.
LM Mit CMIIIMI lEwatmil II MIMM,
M L'IMMIH ei m Montas
L Exposition intéressante que vient d' orga-
niser à Magic-City la Société professionnelle
des Architectes constitue une très heureuse
initiative et mériterait d'être visitée non seu-
lement des techniciens de la construction et
de la décoration, mais de tous leb Français
en quête d'un logement (ils sont nombreux)
ou d'améliorations à apporter à celui qu'ils
occupent.
Le service des bois de l'Agence générale
des Colonies seul stand colonial de cette
manifestation spéciale a réalisé là une pré-
sentation fort complète et d'un très heureux
effet. Avec l'exposition permanente organisée
par ce service dans la galerie d'Orléans, au
Palais-Royal, l'Exposition des Bois coloniaux
de Magic-City est une des mieux réussies que
nous ayons jamais vues. Et le plus frappant
de r affaire, c'est que le public paraît s inté-
resser aux échantillons présentés, autrement
qu'à titre de curiosité. Y aurait-il quel que
.:hose de changé en France
La mission du Hoggar
Ainsi que les Annales Coloniales l'ont an-
noncé, M. le Gouverneur général Pierre
Bordes, désireux de réserver à l'Algérie et
à lu Science française Je mapnifkjuo otiump
d'études et de découvertes que constitue la
région du Hoggur, avait décidé ronmlÏsa.
tion d'une Mission scientifique composée de
membres de l'Université d'Alger et de per-
sonnalités algériennes que leurs travaux et
leur compétence désignaient particulière-
ment à son choix :
MM. le docteur Maire, professeur de bo-
tanique à la l'acuité des Sciences, corres-
pondant de 1 Institut ; Seurat, professeur
de zoologie à la même Faculté : docteur L. •-
blanc, professeur à la Fuculté de Méde-
cine ; Keygasse, chargé de cours il la Fa-
culté des Lettres, directeur du Musée
d'Ethnographie et de Préhistoire dut Burdo,
le docteur Foley, de l'Institut Pasteur d'Al-
ger, ancien directeur du Service de Santé
des territoires du Sud ; de Peycrimhoff,
chef de !a station de recherches forestières
du Nord de l'Afrique ; PRul-Elie Dubois,
artiste-peintre, Prix Natiollul de 11123, Prix
de l'Algérie en 1927.
Cette Mission, qui était partie d'Alger, !e
16 février dernier y est revenue 1e 14 mai
après un voyage de trois mois, en automo-
bile, des bords de ki Méditerranée aux mon-
tagnes du Hoggar et ramenée vers le Nord
par le large couloir du Gassi Touil traver-
sant les grandes dunes mouvantes de l'Erg
Oriental.
Ces infatigables chercheur* qui ont ob-
servé, noté, étudié, inventorié, vérifié, ont
rapporté de nombreux documents du plus
haut intérét et recueilli des renseignemen's
qui vont devenir de la science et de la vie
La mise en couvre des matériaux réunis,
le dépouillement de ces doimées va exiger
encore de patientes études dont les résul-
tats feront ultérieurement l'objet de publi-
cations scientiliques. D'ores et déjà cepen-
dant, il est possible de donner un aperçu
d'ensemble, très générul, des recherches
effectuées.
AI. le professeur Maire a étudié la végé-
tation et la llore du Suhuru. Lentra). et par-
ticulièrement leurs modilications dons les
hautes montagnes. La llore étant très pau-
vre, certains explorateurs du pays avaieri
récolté déjà des spécimens du la majorité
des espèces qui la composent, mais 011
ignorait presque entièrement la répartition
et Je groupement de ces espèces, surtout
dans les montagnes. Les recherches iaitis
au cours de la missiolt tlu lloggar ont per-
mIs d'ujouter à la flore du Sahara. Central
un nombre important d'espèces qui n'y
étaient pas encore connues. Parmi ces es-
pèces plusieurs sont inédites ; elles ont
permis, d'autre part, de définir un cer-
tain nombre d'associations végétales ca-
ractéristiques du Sahara Central et de ses
montagnes. L'étude réalisée a permis de
constater qu'il existe bien, contrairement ù
l'affirmation de certains auteurs, une végé-
tation climatique dont la présence, dans
ces montagnes, montre que celles-ci sont
humectées d'une façon il peu près réguliè-
re, sinon par des pluies, tout au moins par
des condensations occultes. De nombreu-
ses plantes se présentent partout corurn •
des reliques et témoignent d'un passé hu-
mide et il végétation relativement luxu-
riante. En bien des points l'arboriculture
fruitière serait possible et fournirait un'
contribution précieuse à l'alimentation,
souvent déficiente des indigènes.
M. le professeur Seural a pu constater
que la faune du lloggar est très pauvr;.,
des groupes entiers du règne animal man-
quent totalement ou bien sont à peine, re-
présentés. Les mammifères ne comptent
que quelques espèces. Les oiseaux ne sont
pas très communs. Les serpents venimeux
paraissent faire défaut dans les région?
élevées. La faune des hauts sommets est
caractérisée par l'abondance reiative de
certaines formes à affinités méditerra-
péennes. Le massif est assez riche en col-
iections d'eau permanentes on temporaires,
généralement établies dans des lits de- rivie.
res barrés par des dykes granitiques. M
Seurnt a étudié la faune de ces mares et de
l'existence n l'état vivant ou i1) l'état snh-
fossile de mollusques d'eau douce il con-
clut que le pays a connu autrefois une
grande splendeur, jouissant, alors d'un cli-
mat humide, et était sillonné en tous, sens
par des rivières bien alimenlées.
M. le professeur Isblane par ses nhscr-
vations et mensurations anthropométriques
sur les Touareg Hoggar et les groupements
voisins des Iforns de l'Adrar et de Ternas-
sinine. est arrivé à définir un type ethnique
pnr et ù saisir ses croisements ses mé-
tissages. C.e n'est qu';\ !a suite d'un long
et attentif dépouillement des chiffres et no-
tes recueillis qu'il pourra formuler des con-
clusions précises mais d'ores et, déjft. il es-
time que le Targui noble appartient il nn
groupe 1\bieo-berbève ancien, fixé depuis
des siècles : et. semble-t-il. en Vnbsenre.
d'une anthropométrie composée qui puisse
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