Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-06-09
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 juin 1928 09 juin 1928
Description : 1928/06/09 (A29,N89). 1928/06/09 (A29,N89).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451265w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. N° W.
EB mm»o : » cmrpoÊ
SAMEDI SOIH, 9 JUIN 1928.
JMRNftLJVOTIDIEN
Rédaction & Administration :
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France et
Colonies 120 « 65 » Si e
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La répartition de la propriété terrienne à u Réunion
et le Crédit agricole
IIil
Jusqu'à ces dernières années, la moitié des
terres cultivables, soit environ 45.000 hecta-
res, appartenait à trois grands propriétaires
possédant aussi des usines de transforma-
tion : sucreries et distilleries ; venaient en-
suite quelques importantes exploitations de
100 à 500 hectares et enfin des moyennes
et des petites propriétés représentant au total
moins de 10.000 hectares.
A cette distribution inégale de la terre,
éminemment favorable à la grande propriété,
correspondaient, dans l'ordre social, trois
grandes classes rurales nettement différen-
ciées.
a) Quelques riches propriétaires à la fois
industriels et agriculteurs, ayant à la tête
de leurs domaines des régisseurs qui prati-
quaient la culture avec la main-d'œuvre sa-
lariée et le cbkmat partiaire ;
b) Une catégorie de moyens et de petits
propriétaires exploitant pour leur compte,
mais évoluant sous la dépendance étroite des
industries agricoles qui transforment leurs
produits.
c) Une majorité d'ouvriers et de colons
partiaires au service des propriétaires et dont
la condition sociale, voisine de la misère,
rappelait l'ancien servage.
Cette répartition de la propriété inunuable
depuis deux siècles n'était guère propice à
la diffusion du progrès. Elle présentait les
inconvénients des pays de latifundia où, à
côté d'une infime minorité de propriétaires
fortunés, pratiquant volontairement l'absen-
téisme, vit au jour le jour, sur les terres
de l'employeur, une population pauvre et
ignorante (i), amoindrie, à la Réunion, par
le paludisme et l'alcoolisme.
Depuis la guerre, cette situation s'amé-
liore et on constate dans la colonie comme
dans un grand nombre de pays agricoles du
monde, une tendance au morcellement des
grands domaines.
- Comment expliquer ici ce phénomène éco-
nomique qu'aucune disposition législative ou
réglementaire n'a coordonné ni favorisé ?
En raison de la pénurie de la main-d'œu-
vre qui, à la Réunion comme dans la métro-
pole, est devenue un état permanent et de
la difficulté de recruter des ouvriers dans
les pays qui en fournissaient habituellement
(Madagascar, Java, Indochine), il ar-
rive que des propriétaires ne peuvent
avantageusement mettre en valeur des par-
celles éloignées du centre de leur exploita-
tion ou insuffisamment fertiles. Il les ven-
dent aux exploitants dont les femmes ont
fait des économies pendant la guerre avec
les allocations militaires ou à ceux qui, grâce
à l'augmentation inespérée des cours des
produits agricoles, ont acquis par l'épargne
une aisance relative.
Indépendamment de ces mutations dont le
nombre augmente dans toutes les régions de
l'lie, il y a lieu de signaler le morcellement
récent d une des trois grandes propriétés de
la colonie. Achetée en bloc par un groupe
d'hommes d'affaires de Maurice, elle a été
revendue en un grand nombre de domaines
pleins et de parcelles aux cultivateurs des
communes sur lesquelles elle s'étendait dans
le sud-est de la Réunion. Tout en continuant
à travailler sur les grandes exploitations en
qualité de colons - pattiaires, les nouveaux
propriétaires cultivent pour leur propre
compte les terres qu'ils ont achetées.
cette translation de la propriété des mains
de ceux qui la possèdent sans la cultiver
directement entre les mains de ceux qui l'ac-
quièrent pour la mettre en valeur avec toutes
les ressources de leur activité correspond à
un sentiment très vivace du cultivateur réu-
nionais : l'amour de la terre.
L'amour de la terre s'inspire, là-bas,
comme en France, de l'ambition de posséder
et du désir de conserver. Mais cette psycho-
logie paysanne ne s'enferme pas dans une
seule question d'intérêt. Le besoin de possé-
der est lié à un autre sentiment : celui du
respect de la terre qui reste pour le cultiva-
teur l'égale d'une mère nourricière et le
fondement le plus SOT de son indépendance.
L'attachement du paysan au sol qu'il met
en valeur s'harmonise ainsi avec les senti-
ments les plus nobles de l'humanité et c'est,
par suite, un devoir pour les Pouvoirs pu-
blics de favoriser l'accession à la propriété
rurale des travailleurs agricoles : salariés ou
colons, qui ont été de tous temps les indis-
pensables artisans de sa fécondité.
L'expérience a d'ailleurs démontré com-
me le rappelait M. Mas, directeur de la
Banque de la Réunion, dans son rapport du
26 juillet 1909 au Conseil d'administration
de cet établissement que chaque fois
qu'un grand domaine est morcelé entre des
moyens et des petits exploitants tuffis&m-
ment outillés, la quantité des produits ap-
portés sur le marché se trouve notablement
augmentée.
On conçoit qu'il doive en être ainsi. Le
grand propriétaire est dans l'obligation de
faire appel au concours de régisseurs et
d'ouvriers salariés indirectement intéressés à
la bonne marche des opérations culturales et
dont la rémunération grève lourdeuient les
prix de revient. Toute autre est la situation
d'un agriculteur exploitant pour son compte
avec les membres de sa famille ; aucun sa-
crifice ne lui semble trop dur pour amélio-
rer le fonds et perfectionner les moyens de
production. Sans compter il donne sa peine
pour un résultat dont il est le seul bénéfi-
ciaire et, quelque ingrate que soit la terre,
il lui fait produire des récoltes aux oondl-
(1) Le nombre des conscrits illettrés au con-
srà d« r^^l>vrU 1*7 a dépassé 10
tions les moins coûteuses, par les soins in-
cessants dont il l'entoure et par la parcimo-
nie qu'il apporte dans les dépenses qu'elle
nécessite.
Est-ce à dire que la propriété familiale,
incontestable facteur de développement éco-
nomique, est destinée à se dresser contre la
grande propriété ? Certes non. L'une et
l'autre peuvent parfaitement coexister, se
soutenir et se compléter. La grande propriété
dispose de moyens financiers qui lui permet-
tent d'utiliser rapidement les conquêtes de
la science agronomique et de standardiser
la production. Elle précède souvent, dans la
voie du progrès, la petite culture qui béné-
ficie des leçons de l'expérience, réalise en-
suite, par 1 association, les améliorations de
la grande exploitation et apporte en retour
à cette dernière un appoint précieux de main-
d'œuvre stable.
Le problème de l'accession des travail-
leurs agricoles à la propriété rurale qui
préoccupe, à juste titre, les gouvernants
d'un grand nombre d'Etats, a reçu en Fran-
ce une heureuse application grâce aux faci-
lités que - le - crédit agricole -- mutuel accorde
aux modestes travailleurs pour leur permet-
tre d'acquérir, de transformer, d'aménager
ou de reconstituer une petite exploitation.
La mise en vigueur de cette législation dans
la colonie aura des résultats non moins inté-
ressants; elle satisfera les aspirations des
cultivateurs de l'île.
fleerfet Nmtéllc,
6
Déput, de Saône-et-Loire, secrétaire
de la Commission des Colonies,
membre de la Commission des
Mines.
EXPOSITION FORESTIÈRE
*♦* à
M. Léon Perrier, ministre des Colonies, et
M. Henri Queuille, ministre de r Agricul-
ture, inaugureront, le 15 juin, l'Exposition
forestière de Jouy-en-Josas.
̃ S
inspection des Colonies
..1
Par décret du 5 juin 1928, rendu sur la
proposition du ministre des Colonies, sont
nommés dans le corps de 1 Inspection des Co-
lonies au grade d' inspecteur de 38 classe des
Colonies :
MM. Barthes René-Victor-Mane, admi-
nistrateur-adjoint de 1 r. classe des Colonies;
Tupinier Emmanuel-Casimir-Marie- Jacques.
Commissaire de 1111 classe de la Marine ;
Le Giegatn Jean, Commissaire de 1"classe
de la Marine.
Intérim
<
Par décret rendu sur la proposition du mi-
nistre des Colonies, M. Descemet Gabriel-
Orner, administrateur en chef des Colonies,
délérué dans les fonctions de Secrétaire Gé-
néra l du Soudan Français, a été chargé, à
compter du 27 mai 1920, des fonctions inté-
rimaires de Lieutenant-Gouverneur de cette
colonie pendant l' absence du titulaire.
A la Société coloniale
des Artistes Français
m
Le Conseil d'Etat, dans son Assemblée
plénière du 7 juin courant, a proclamé la
reconnaissance d'utilité publique de la Société
Coloniale des Artistes français, que prâide
M. le Sénateur Henry Bérenler, Ambaua-
deur de France. Pour fêter cet événement, les
membres de la Société se réuniront vendredi
prochain 15 juin, dans un dîner qui sera pré-
sidé par M. Léon Perrier, ministre des Colo-
nies, assisté de M. le Maréchal Lyautey, Com-
missaire Général de l'Exposition Coloniale de
1931. de MM. Paul Léon, Directeur Géné-
ral des Beaux-Arts ; Paul Chabas, Président
de la Société des Artistes Français, et J.-L.
Forain, Président de la Société Nationale des
Beaux-Arts.
-
AMoahye Ille
Ancien interprète principal, chef supérieur
honoraire des Irlaoés-Ebiabés, Abdoulaye
Kane vient de mourir à l'âge de 80 ans.
Fils du grand marabout Alpha Ciré des
Dialloubés du Fouta Toro. AMoulaye Kanc
sortait en 1867 comme élève interprète de
l'Ecole des Otages, créée par Faidherbe.
Cette école est devenue l'Ecole des fils de
chefs.
Au Cayor, au Fouta, chez les Aleïbés, con-
tre Lat Dior, dans le Djoloff, partout où nos
troupes sont victorieuses avec l'ons, Voyron,
Dodds, Laude, Abdoulaye Kane se montre
honnête, probe, dévoué, remplissant à mer-
veille les missions les plus délicates et les
plus périlleuses.
« Il brille sur ses collègues par le courage
qu'il a montré dans quelques occasions dan-
gereuses que d'avtres ont déclinées, n
Chevalier de la Légion d'honneur en 1898,
il était nommé officier en 1920.
Il fallait l'entendre parler de Faidherbe
avec un respect filial.
Un soir d'étape à Soldé, en 1901, alors
que je conduisais à Koedi des goumiers sou-
danaIs, il me présenta un de ses condisciples
de l'école des otages devenu aveugle, et ce
fut à qui me dirait les grands services ren-
dus par Faidherbe à leur pays. Par ces deux
braves serviteurs de la cause françaiSet j ap-
pris mieux que dans un livre toute l'htstoire
de l'épopée sénégalaise ; par eux aussi j'ap-
pris à aimer les Sénégalais comme ils avaient
enseigné à leurs frères, fils et neveux l'amour
de la France.
C'est un vieux Sénégalais qui adresse à la
mémoire d'Abdoulaye Kane le souvenir ému
d'un ami.
Iflw
Résumé historique
1' 1
Voici une page d'histoire, ré-
sumée, condensée : fresque un tfI.
- bleau synoptique, J'en prends
l'idée dans une étude publiée par le Bulle-
tin de la Société Française des Ingénieurs
Coloniaux, sur l'usine hydro-électrique du
Félou. Les chutes marquent sur le Sénégal
le point d'arrêt de la première mission fran-
çaise. Les faits sont les suivants; nous les
donnons sans commentaire; ce sont les faits
qui louent.
1852 : mission Faidherbe; elle s'arrête
au Félou, et grave sur les rocs les noms de
ses membres.
1857 : Faidherbe, gouverneur du Soudan,
ajoute à la liste de son état-major de 1852
et à celle des libérateurs de Médine en
1857, les noms de ses collaborateurs.
1922 : le lieutenant gouverneur, M. Ter-
rasson de Fougères érige un monolithe re-
cueilli dans les chutes, et entoure de chaî-
nes le roc où est gravée. par ceux-là mêmes
qui l'ont vécue, une des plus belles pa.{es
de notre histoire coloniale. »
(On relève pourtant une inscription plus
ancienne : « Lieutenant Boué, septembre
1836, commandant le bâtiment à vapeur
l'Africain-Malavois, gouverneur du Séné-
gal. »).
- C'est à l'aval des chutes du Félou que
Faidherbe a tait bâtir la résidence ftlrli-
fiée qui a été longtemps la sentinelle la
plus avancée de la France civilisatrice,
« base militaire de toutes nos opérations de
pénétration vers le Haut-Niger et lieu de
concentration des produits commerciaux ve-
nant de l'intérieur à destination de la
France. 8
Bourgade en ruines, fort délabré, voilà
tout ce qui reste de la première capitale du
Soudan, de Médine où ont résidé Faidherbe,
J offre, Gouraud.
Au dessus d'un ravin, un petit fort : là,
en 1857, Hadji el Omar est venu, à la tête
de 30.000 Arabes, se heurter contre une poi-
gnée de Français qut, pendant vingt-six
jours, leur ont résisté victorieusement; leur
chef était Paul Holle.
Encore d'autres souvenirs : une tombe
au milieu des ruines : elle indique qu'un
Français, Duranton, a été envoyé par Na-
poléon 1er à la recherche de la route de
l'Egypte, en passant par Saint Louis; un
cimetière où les noms s'effacent, un monu-
ment dressé par le Souvenir Français aux
of/icitr tués rappellent l'époque héroïque
et meurtrière.
Notons ce fait important : l occupation
n'était pas terminée qu'on songeait déjà à
utiliser les chutes du Félou. A côté de la
flaque Faidherbe, ou en remarque une autre
avec cette inscription : « Mission d'études
d'utilisation des chutes du Félou, 1902. »
1902, et il faut alter jusqu'à la fin de mai
1927 pour que soit enlin installée, au
prix d efforts surhumains, malgré des obs-
tacles qu'on pouvait croire insurmontables,
cette usine hydro-électrique, qui met en
Tçeuvre les ressources de la vallée du Séné-
gal, et qui, construite dans les conditions
climatériques les plus pénibles (42 et plus
à l'ombre à certains mois), est, suivant M" Y.
Chaîne au, « une belle preuve de ténacité et
d'endurance digne de celles des anciens. »
Mais il est touchant de voir avec quelle
piété est rendu cet hommage aux a an-
ciens ». Une gare qui réunit l'ancienne ca-
pitale à la ligne Dakar-Bamako ; un train
(minuscule, il est vrai), partant pour Kayes
tous les matins; une école pour enfants indi-
gènes; une grande rue pavée qui rappelle
celles de France ; a voilà ce qui marque le.
passage et les efforts d'une génération de
coloniaux dans cette étape de la pénétra-
tion vers le Niger ». Vestiges sacrés qui
commandent le respect et la gratitude;
agnosco sacra vestigia Galliae.
Mario ItOMafaii,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Câlonte*.
Cinéma Colonial
« L'Occident M
VOccident sera bientôt terminé.
Les prises de vues effectuées à Toulon, au
Maroc, à Mogador et à Marrakech, et au stu-
dio de Joinville, auront été exécutées dans
un temps record.
Cette semaine, on tourne au studio dans
un décor splendide avec une nombreuse figu-
ration costumée.
Les services de décoration achèvent d'édi-
fier la réplique de la caverne Bab Doukkala,
où furent tournées certaines scènes d'exté-
rieur. C'est là qu'Hassina (Claudia Victrix)
a caché l'officier de marine Cadière (Lucien
Dalsace).
Le plati.8 à Naiditigotwar
On vient de découvrir, dans la région de
Vatomalidry (côte est de Madagascar, sud de
Tamatave), des sables aurifères contenant
une forte proportion de platine.
La présence du platine associé à l'or avait
déjà été signalée au sud de cette région, en
1908, mais la production avait été négligea-
bfe.
"1
lA gérsnimn roui
La rouille a causé de graves dégàts dans
les plantations de géranium de la Réunion,
dont la production est tombée de 150 tonnes
en 1926 a 80 tonnes en 1927.
Par contre, cette culture parait de plus en
plus prospère en Algérie, où les surfaces
plantées en géranium rosat atteignent 1.500
hectares et produisent plus de 50.000 kilos
d'essence de géranium, dont la valeur atteint
ao millions de francs. : o'
AU SENAT I
̃ m I
UlpT DE M. AUBER
SENATEUR OE LA REUNION
Au début de la anoo de jeudi, M. Paul
Doumer, président du Sénat, u pl is la pa-
role et prononcé l'éloge funèbre de M. Au-
ber, sénateur de la Réunion.
Voici le discours du président de la
Haute-Assemblée.
« Avant-hier, à peine avuis-je, en votre
nom, exprimé les regrets du Senut pour lu
mort de deux de ses membres, que nous
parvenait l'aftligeante nouvelle d'un troi-
sième décès :1e docteur Auber, sénateur
de la Réunion, avait succombé duns la
nuit.
« Notablement plus jeune que les deux
collègues dont il était précédé de peu dans
la tombe, il ne comptait que 01 uiig, et la
tristesse de sa fin s'accroît de l'impression
d'une vie inachevée.
« Auber appartenait à une famille créole
de la vieille lie Bourbon,aujoul'd'ilui lu Réu-
nion, dont les enfants se sont montrés tou-
jours et surtout aux heures tmgiques, les
vaillants fils d'origine ou d'adoption de
notre commune Patrie. Les créoles de
Bourbon ont bien mérité d'elle en réalisant
cette conquête morale des populations au-
tochtones, liées aujourd'hui à lu Métropole
autant par le cœur que par la raison.
u L'lie est tout entière imprégnée du
génie de notre race et, dans les diverses
tronches de l'activité liunjuine, dans les
eciencca, les lettres, la poésie, le droit,
'udmtnish'u.Uon. elle nous fournit des
hommes remarquables dont beaucoup sont
ur rivés à la célébrité.
« Nous recrutons parmi eux. en pHrticu-
lier, nombre d'udmmistruteuis et de IIIU-
gistrats coloniaux moralement et physique-
ment bien préparés à leur tAclie.
« Le docteur Auber avait lui-même fuit
de fortes études et produit des travaux
scientifiques remarqués..Successivement
interne des hôpitaux de Pui is, docteur en
médecine, pharmacien de première classe,
directeur du service de santé et d'hygiène
de son lie natale. on lui devait des publica-
tions sur l'emploi de la cocaïne en chirur-
gie, sur le traitement de la ICpre, l'épidé-
mie de peste de 1900, d'uutres encore, éga-
lement appréciées.
« Maire, en 1904, de la ville de Saint-
Denis, chef-lieu de rUe de la Réunion,
membre du Conseil générul, puis président
de cette assemblée, Auber est élu député
dans une élection partielle, en 19U:-,. mais
il ne se représente pas aux élections gé-
tnérales de l'année suivante.
« Ce n'est qu'en 1920 qu'il consent ei re-
prendre lu vie politique et fi s'éloigner de
nouveau du beuu et doux pays qui lui était
cher.
et EJu sénateur au mois de janvier de
cette année en remplacement de Félix Cré-
pin qui n'est pas oublié ici, il est réélu aux
élections générales de 1921.
et Le docteur Auber avait trouvé ail
Luxembourg un milieu qui convenait à son
caractère, où il pouvait travailler fructueu-
sement dans le silence, et, quand son in-
tervention en séance publique lui paraissait
indispensable, il était assuré de rencontrer
un appui bienveillant.
« C'est ainsi que, peu après son arrivée
parmi nous, en 19$0, il prit la parole dans
ta discussion du budget, pour montrer
l'urgence de donner un statut aux magis-
trats coloniaux. L'année suivante, il inter-
vcnait dans la discussion du pn»jet de loi
sur les services maritimes postaux, puis
dans le budget encore, pour qu'on laissftt
aux Colonies plus de liberté dans l'emploi
de leurs ressources.
« La Commission des iDouanes, où Auber
entre en 1922, lui confie de nombreux l'np-
ports touchant presque tous aux intérêts
coloniaux. Appelé à faire partie de la Com-
mission des Affaires Etrangères, de la
Commission des Colonies et de celle de
l'Algérie, il s'intéresse à leurs travaux, y
appliquant son parfait bon sens et son es-
prit formé par les sciences d'observation,
M Notre regretté collègue, si brutalement
enlevé A sa tâche et aux affections dont il
était entouré, laisse ,une veuve et une fille,
à qui va notre vive et douloureuse svmpa-
thie.
fi A elles, à leurs familles, à nos compa-
triotes de la terre lointaine où le docteur
Auber était estimé et honoré, j'adresse, au
nom du Sénat, nos condoléances attristées,
en les assurant de la grande part que nous
prenons à leur deuil. n
Le Sénat tout entier s'associa aux paroles
de son président.
DEBATS
Les interprètes de langue arabe
Au cours de la séance de mardi, le Sénat
a adopté, sans discussion, les conclusions
du rapport du comte d'Alsace tendant à
l'adoption du projet voté par la Chambre
des députés, porta.nt modifications de l'ar-
ticle 3 de la loi du 24 juillet IftKi portant
réorganisation du corps des interprètes mi-
litaires de langue arabe.
A LA COMMISSION DE L'ARMEE
La Commission sénatoriale de l'armée
s'est réunie sous la présidence de M. Al-
bert Lebrun.
Elle a désigné M. Messimy comme rap-
porteur du projet portant déclassement de
l'enceinte de Sétif. --
Elle a également désigné M. Messimy
comme rapporteur du projet portant. dé-
classement de divers postes d'Algérie et
autorisant l'aliénation de certains d'entre
eux. Il s'agit du déclassement des hloek-
hauss des carrières à plAtre et du djebel
Berda sur le territoire de la commune
d'Aumale (Alger) ; du poste de Sidi Zaher
et de la Smala de Bled-Cluihàa, commune
de Lalla Maghrnia ; des postes optiques
des points A et C et de l'Antar et du poste
d'Aïn-Ben-Khellil, commune de Mecberia :
du poste du djebel Keltoum ; commune de
Hemchi ; du bordj d'Aïq-Sfissifa, commune
d'Aïn-Sefra ; des trois blockfiaus du col de
Founassa et du blockhaus de Fourm-cl-
Kremg, commune de i)jcnien-Uou-lU:zg
(Oran). Il s'agit, en outre, du l'uliéuulion
du poste de DJcbel-Kclloum.
LIRE EN te PAGE :
AU CONSEIL D'ETAT,
DECRETS ET ARRETES,
A LA CHAMBRE
«a»
La et communication » du Gouvernement
Ce n'était pas une uéclaration ministé-
rielle que pouvait luire M. Poinouré, son
cubiaicl uyunt deux uns, ou presque, d exis-
tence. Eu termes officiels, le beuu discours
du président du Conseil s'uppellu une Il COIII-
munication du gouvernement ».
Les colonies, eu tout cas, n'y ont pus Été
oubliées et il est remarquable qu à plu-
sieurs repriscs, M. Poincaré les uit confon-
dues datus une même pensée avec la Fiante
métropolitaine, lorsqu'il appelait de ses
VUJUX « tout ce qui, dans notre puys, si
bouleversé pur la guerre, si accablé par la
charge des l'éparatlons, est de nature à sti-
muler la production nationale et à recreer
-- lu richesse publique ». -
D'accord avec - le Gouvernement, dit
l'éinment orateur, le Conseil IS allouai Eco-
nomique, auquel nous vous inviterons à
donner le plus tôt possible un statut leyal,
vient de commencer une vaste enquOte sur
l'industrie, le commerce et l'agriculture.Les
diverses commissions qu'il a nommées et
qui sont toutes composées de spécialistes
tminents, se proposent d'étudier, d'après
toutes les données qu'elles recueillerunt, les
possibilités de développer en France et
dans toutes nos possessions d'uutrc-me,., la
production industrielle et agricole, d'aîné-
liorer la qualité des produits, les prix de
revient, les relations entre employeurs et
employés, les conditions d'cxistence et de
truvail des ouvriers, de procura• aux
consommateurs des facilités et des garan-
ties nouvelles, sans porter atteinte aux in-
térêts légitimes des producteurs.
Tel est, en deux muts, le vaste plan que
rient d'approuver et d'encourager le Gou-
vernement, et qu il compte poursuivre,
d'accord avec le Conseil National Ecultomi-
que et avec le Conseil supérieur des Colo-
nies. Mous n'attendrons pas que ce plan
soit complètement élaboré pour saisir les
Chambres de celles de ces diverses ques-
tions qui auront à être réglées par voie lé-
gislative et nous vous apporterons ait (ur
et ( mesure, la documentation que réunira
le Conseil National Economique.
Sous mettrons, d'ailleurs, il profit, aussi
largement que IJusSilJÿ, les prestations en
nature pour perfectionner, en France et
dans les colonies, notre outillage et nos
moyens de production, pour développer et
améliorer nos transports terrestres et ma.
ritimes, pour augmenter nos forces motri-
ces, pour alimenter et rendre plus abondan-
tes toutes nos sources de richesse et de
prospérité.
Et, plus loin :
Dans nos colonies comme sur notre terri-
toire métropolitain, uit parti d entrepris
tmc campagne systématique de haine con-
tre les gouvernements quels qu'ils soient,
contre les assemblées politÍllues. contre les
chefs militaires les plus respectables ; il a
essayé de préparer, dans les casernes el
les arsenaux, l'indiscipline et la révolte.
Enfin, le président du Conseil, exprimant
une fois de plus le sincère désir de puix
do la France. en donne pour preuve les
négociations au sujet de Tanger :
Elle a prouvé, en maintes circonstances,
el tout récemment encore à propos de l'af-
faire de Tanger, que, lorstfu'on nous de-
mande quelque chose, à nous-mêmes et que
ni notre sécurité, ni nos réparations n'y
sont intéressées, nous sommes prêts à un
bienveillant examen et à une solution conci-
liante.
Ainsi npparall-il clairement qu'il n'est
plus possible à un chef de gouvernement
de parler de 1a France sans évoquer aussi-
tôt ses prolongements lointains.
U n'v a pas bien longtemps, les colonies
avaient, en somme, l'air de quelque chose
d'assez accessoire.
l.cs temps sont changés.
Réjouissons-nous,
H B. L.
Véritication des pouvoirs
Conformément aux conclusions du 11°
Rureuu, la Chambre a validé l'élection de
M. (iraeve dans la 2° circonscription de la
Guadeloupe.
L'Aviation Coloniale
60
Afrique du Nord
Le capitaine aviateur Fraisclievillo, qui
avait quitté Marrakech le 5 juin, à desti-
nation de Tunis et avait atterri à Alger le
mOnie jour, dans la soirée, est reparti le
G pour TUllis et, malgré un violent orage,
ii a atterri heureusement dans cette ville
dans la soirée d'hier. Il compte repartir
aujourd'hui pour atteindre directement
Fez, qu'il quittera ensuite à destination de
Marrakech.
Aéronautique maritime
L'Aéronautiq ue maritime aura une expo-
sition personnelle importante au t'rand-
Palais, le 2;) juin. A cêté des différents
avions maritimes et hydravions, le minis-
tère exposera un diorunm de M. de la Né-
zière, représentant le navire porte-avion
« BlH 111 u.
De Paris au Cap
L'action « Cinéma » après avoir séjourné
quelques jours Il Accra, en Gold Coast, est
LIITÏ\' t' ¡\ l.ugIlH, d,IIIH lu :"Jigerill.
l)e ce point, les aviateurs Manier, Haud
et Cohendy se dirigeront sur l'embouchure
du Niger, Foivados, probablement.
La traversée du Pacifique
L'avion Croix du Sud qui avait quitté hier
matin la place (b" Nusugui île Viti l.erou ,
de l'archipel des Fidji est arrivé A Bris-
buue ^Australie), le même jour à 10 h. H)
(minuit lo de PHri),
Utilisation de t Okoumé
Notre confrère la « France Militaire »>, sicnole
le* détails de construction d'une raquette de
tennis. Après avoir pnsM le cadre de frène A
la (\t"n\lchi"r\lse.rnb.)tc\ls{,. on réduit le man-
cho de frêne trop lourd et on eollo ensuite, de
part et d'fi\ltrc,de placjuettes du bois plus léger,
toi que l'okoumé,
A bord de ma jonque
0
BÊTES
Aimez-vous les bêtes? J'entends les sauva-
ges, les féroces. Si oui, la foire aux fauves
du Darlac a dû vous réjouir ou vous faire
pleurer, suivant le genre d'ainour que vous
avez pour les bêtes.
Quel bruit dans Ban-Me-Thuot ! J'en trem-
ble encore. Que d'appels éplorés, rageurs, in-
quiets vers la forêt, le désert, la brousse, la
jungle ! Barissement, rugissement, ricane-
ment déchiraient l'étendue lointaine.
Et je n'ai pas eu le courage d'aller plan-
ter mes regards dans les yeux des tigres qu'il
y avait là, en disant comme Marius : « Je
suis Daniel. n
ht cependant.
Dans mon enfance, de quel amour n'ai-je
pas chéri les grandes bêtes ?
A cette époque, les ours de peluche, les
lions de velours, les singes et les éléphants
bourrés de sciure et vivants à force de res-
semblance, n'avaient pas place parmi les
jouets d'une petite fille. On aurait bien trop
craint que cela la fit rêver la nuit.
Pour ma part, j'en rêvais le jour. L'élé.
phant du Jardin des Plantes, Tobi III ou IV,
faisait mon adoration. Je n'ambitionnais rien
d'autre que de posséder le pareil.
Ma mère avait trouvé là le filon de sa
tranquillité.
Si tu es sage, me disait-elle, ton par-
rain te rapportera d'Indochine un gros élé.
phant comme Tobi.
Je ne savais pas ce qu'était l'Indochine.
Je n'avais jamais connu mon parrain. Néan-
moins, j'étais sage. Et comment !
Que
Que d'heures, que de journées j'ai passées
le front au carreau à guetter l'arrivée de ce
parrain tenant en laisse mon fameux élé-
phant !
Je me le représentais bien, cheminant au
milieu des omnibus et des fiacres (Paris, dans
ce temps-là, n'avait pas « d' métro ni d'auto-
cars 1), Combien de fois j'ai vu s'allonger
et se raccourcir cette station de fiacres qui
bornait mon horizon ! La nuit tombée, on
fermait les rideaux. Et je me consolais en
pensant :
Mon parrain connait notre maison.
Et mon cœur battait à chaque coup de son-
nette. Je l'attendais avec une foi inébranla-
ble. Je l'attends encore. Je ne l'espère plus,
vous le comprenez.
Est-ce que les enfants d'aujourd'hui cou-
peraient dans de pareilles bourdes?
J'ai tenté l'expérience. J'al raconté à mes
neveux : le Il y a un grand marché où l'on
vend des éléphants, des tigres vivants. n
Tous trois ont eu le même cri :
Oh ! tu nous en achèteras !
C'est bien mon intention. Si vous êtes
sages.
Chacun un éléphant, dis?
J'ai promis.
Ils ont porté l'heureuse nouvelle dans toute
la maison. Et tout de suite, trois juges, trois
diables sortant d'un bénitier, m'ont entouré.
Tu viens de te moquer de nous avec
tes éléphants.
- Moi !
- Tonton nous a grondés parce que nous
disions des sottises. Pour ta peine, tu nous
emmèneras au Cirque.
Justice est faite.
Tout de même, les enfants qui montent en
auto ne sont pas tellement différents dans
leur ame - des enfants qui voyageaient en
- omnibus.
Seulement, ils ont une puissance d'infor-
mation qui survole et grille les étapes.
Et la foire aux fauves, qui s'est tenue au
fond du mystérieux Cambodge et que des
millions de grandes personnes ignorent
est installée dans la mémoire de ces tout pe-
tits de France, avet- son millier de bètes
sauvages vivantes. Et, peut-être est-ce là, le
grain d'une vocation coloniale?
Mirane-Marcetie oe/JIns.
Le prince annamite chez le prince biniou
-6 1
Le prince héritier d'Annam a assisté ces
jours derniers à une fête donnée par le ma-
harajah de Kapurthala, où il fut donné d'ad-
mirer les films pris dans l'Etat de Kapur.
thala, lors des fêtes du couronnement.
M. Gaston Doumergue, président de la Ré.
publique, était présent à cette fête.
Au Nord de l'Indochine.
.1.
I.e marév-hul Tclian^-So-Lia serait mort, ain.M
que le premier ministre et le gouverneur de la
province de l'Amour, des suiies des blessure-.
1 erue-. par eux lors de l'attentat contre le. tram
du maréchal. Lf's nordistes accusent les Ja-
ponais d'être resptaxables de l'explosion. Les
autorités jllpunIÍ.;I':'> proteste il nettement con-
tre celte accusation.
TAUX DE LA PIASTRE
Le fnuiwTneur (îeuéral de i'Indodiine vient
de faire connaître nu Ministre des f.olonies qu'à
la dat" ita S juin l'.t'is le taux ofliciel de la PliI;-.-
tie « tait de I f(''
1
Grève de Terreneuvas
L'-armaleur du chalutier Maroc ayant
refus»'! d'accorder une augmentation récla-
mée par son équipage, celui-ci a mis sac*
)\ terre à Bordeaux et le navire n'a pu
appareiller a destination des hancs de
Terre-Neuve ; malgré les pourparlers en-
gagés. on n'entrevoit encore aucune sotu"
lion, dans ce conflit.
Grève d'inscrits maritimes
A la swile des incidents (lu ('o)ilolxi. les
insciits maritimes avaient décidé une grève
de vingt-quatre heures. El h; est Hleclisc
depuis ce malin. Les déivarks prévus à
Marseille du Genéral-Gueytlon, pour
la lunisie et du I.icutrnant Fourneau pour
Bizerte n'ont pas eu lieu, l.es services de
surveillance à bord el du remorquage sont
assurés, l.es inscrits maritimes examine-
ront si la grève devra être continuéc, nu
cas où leurs camarades détenus ne seruient
pas mis en liberté.
EB mm»o : » cmrpoÊ
SAMEDI SOIH, 9 JUIN 1928.
JMRNftLJVOTIDIEN
Rédaction & Administration :
94, BN ft MM-IMUr
PARIS ci-)
TtUbU. < LOUVRB le-SI
- aleugumu W-U
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Les Annales Coloniales
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Dirccteurs : Marce. RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
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Un au 6 Moil 8 Moii
France et
Colonies 120 « 65 » Si e
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La répartition de la propriété terrienne à u Réunion
et le Crédit agricole
IIil
Jusqu'à ces dernières années, la moitié des
terres cultivables, soit environ 45.000 hecta-
res, appartenait à trois grands propriétaires
possédant aussi des usines de transforma-
tion : sucreries et distilleries ; venaient en-
suite quelques importantes exploitations de
100 à 500 hectares et enfin des moyennes
et des petites propriétés représentant au total
moins de 10.000 hectares.
A cette distribution inégale de la terre,
éminemment favorable à la grande propriété,
correspondaient, dans l'ordre social, trois
grandes classes rurales nettement différen-
ciées.
a) Quelques riches propriétaires à la fois
industriels et agriculteurs, ayant à la tête
de leurs domaines des régisseurs qui prati-
quaient la culture avec la main-d'œuvre sa-
lariée et le cbkmat partiaire ;
b) Une catégorie de moyens et de petits
propriétaires exploitant pour leur compte,
mais évoluant sous la dépendance étroite des
industries agricoles qui transforment leurs
produits.
c) Une majorité d'ouvriers et de colons
partiaires au service des propriétaires et dont
la condition sociale, voisine de la misère,
rappelait l'ancien servage.
Cette répartition de la propriété inunuable
depuis deux siècles n'était guère propice à
la diffusion du progrès. Elle présentait les
inconvénients des pays de latifundia où, à
côté d'une infime minorité de propriétaires
fortunés, pratiquant volontairement l'absen-
téisme, vit au jour le jour, sur les terres
de l'employeur, une population pauvre et
ignorante (i), amoindrie, à la Réunion, par
le paludisme et l'alcoolisme.
Depuis la guerre, cette situation s'amé-
liore et on constate dans la colonie comme
dans un grand nombre de pays agricoles du
monde, une tendance au morcellement des
grands domaines.
- Comment expliquer ici ce phénomène éco-
nomique qu'aucune disposition législative ou
réglementaire n'a coordonné ni favorisé ?
En raison de la pénurie de la main-d'œu-
vre qui, à la Réunion comme dans la métro-
pole, est devenue un état permanent et de
la difficulté de recruter des ouvriers dans
les pays qui en fournissaient habituellement
(Madagascar, Java, Indochine), il ar-
rive que des propriétaires ne peuvent
avantageusement mettre en valeur des par-
celles éloignées du centre de leur exploita-
tion ou insuffisamment fertiles. Il les ven-
dent aux exploitants dont les femmes ont
fait des économies pendant la guerre avec
les allocations militaires ou à ceux qui, grâce
à l'augmentation inespérée des cours des
produits agricoles, ont acquis par l'épargne
une aisance relative.
Indépendamment de ces mutations dont le
nombre augmente dans toutes les régions de
l'lie, il y a lieu de signaler le morcellement
récent d une des trois grandes propriétés de
la colonie. Achetée en bloc par un groupe
d'hommes d'affaires de Maurice, elle a été
revendue en un grand nombre de domaines
pleins et de parcelles aux cultivateurs des
communes sur lesquelles elle s'étendait dans
le sud-est de la Réunion. Tout en continuant
à travailler sur les grandes exploitations en
qualité de colons - pattiaires, les nouveaux
propriétaires cultivent pour leur propre
compte les terres qu'ils ont achetées.
cette translation de la propriété des mains
de ceux qui la possèdent sans la cultiver
directement entre les mains de ceux qui l'ac-
quièrent pour la mettre en valeur avec toutes
les ressources de leur activité correspond à
un sentiment très vivace du cultivateur réu-
nionais : l'amour de la terre.
L'amour de la terre s'inspire, là-bas,
comme en France, de l'ambition de posséder
et du désir de conserver. Mais cette psycho-
logie paysanne ne s'enferme pas dans une
seule question d'intérêt. Le besoin de possé-
der est lié à un autre sentiment : celui du
respect de la terre qui reste pour le cultiva-
teur l'égale d'une mère nourricière et le
fondement le plus SOT de son indépendance.
L'attachement du paysan au sol qu'il met
en valeur s'harmonise ainsi avec les senti-
ments les plus nobles de l'humanité et c'est,
par suite, un devoir pour les Pouvoirs pu-
blics de favoriser l'accession à la propriété
rurale des travailleurs agricoles : salariés ou
colons, qui ont été de tous temps les indis-
pensables artisans de sa fécondité.
L'expérience a d'ailleurs démontré com-
me le rappelait M. Mas, directeur de la
Banque de la Réunion, dans son rapport du
26 juillet 1909 au Conseil d'administration
de cet établissement que chaque fois
qu'un grand domaine est morcelé entre des
moyens et des petits exploitants tuffis&m-
ment outillés, la quantité des produits ap-
portés sur le marché se trouve notablement
augmentée.
On conçoit qu'il doive en être ainsi. Le
grand propriétaire est dans l'obligation de
faire appel au concours de régisseurs et
d'ouvriers salariés indirectement intéressés à
la bonne marche des opérations culturales et
dont la rémunération grève lourdeuient les
prix de revient. Toute autre est la situation
d'un agriculteur exploitant pour son compte
avec les membres de sa famille ; aucun sa-
crifice ne lui semble trop dur pour amélio-
rer le fonds et perfectionner les moyens de
production. Sans compter il donne sa peine
pour un résultat dont il est le seul bénéfi-
ciaire et, quelque ingrate que soit la terre,
il lui fait produire des récoltes aux oondl-
(1) Le nombre des conscrits illettrés au con-
srà d« r^^l>vrU 1*7 a dépassé 10
tions les moins coûteuses, par les soins in-
cessants dont il l'entoure et par la parcimo-
nie qu'il apporte dans les dépenses qu'elle
nécessite.
Est-ce à dire que la propriété familiale,
incontestable facteur de développement éco-
nomique, est destinée à se dresser contre la
grande propriété ? Certes non. L'une et
l'autre peuvent parfaitement coexister, se
soutenir et se compléter. La grande propriété
dispose de moyens financiers qui lui permet-
tent d'utiliser rapidement les conquêtes de
la science agronomique et de standardiser
la production. Elle précède souvent, dans la
voie du progrès, la petite culture qui béné-
ficie des leçons de l'expérience, réalise en-
suite, par 1 association, les améliorations de
la grande exploitation et apporte en retour
à cette dernière un appoint précieux de main-
d'œuvre stable.
Le problème de l'accession des travail-
leurs agricoles à la propriété rurale qui
préoccupe, à juste titre, les gouvernants
d'un grand nombre d'Etats, a reçu en Fran-
ce une heureuse application grâce aux faci-
lités que - le - crédit agricole -- mutuel accorde
aux modestes travailleurs pour leur permet-
tre d'acquérir, de transformer, d'aménager
ou de reconstituer une petite exploitation.
La mise en vigueur de cette législation dans
la colonie aura des résultats non moins inté-
ressants; elle satisfera les aspirations des
cultivateurs de l'île.
fleerfet Nmtéllc,
6
Déput, de Saône-et-Loire, secrétaire
de la Commission des Colonies,
membre de la Commission des
Mines.
EXPOSITION FORESTIÈRE
*♦* à
M. Léon Perrier, ministre des Colonies, et
M. Henri Queuille, ministre de r Agricul-
ture, inaugureront, le 15 juin, l'Exposition
forestière de Jouy-en-Josas.
̃ S
inspection des Colonies
..1
Par décret du 5 juin 1928, rendu sur la
proposition du ministre des Colonies, sont
nommés dans le corps de 1 Inspection des Co-
lonies au grade d' inspecteur de 38 classe des
Colonies :
MM. Barthes René-Victor-Mane, admi-
nistrateur-adjoint de 1 r. classe des Colonies;
Tupinier Emmanuel-Casimir-Marie- Jacques.
Commissaire de 1111 classe de la Marine ;
Le Giegatn Jean, Commissaire de 1"classe
de la Marine.
Intérim
<
Par décret rendu sur la proposition du mi-
nistre des Colonies, M. Descemet Gabriel-
Orner, administrateur en chef des Colonies,
délérué dans les fonctions de Secrétaire Gé-
néra l du Soudan Français, a été chargé, à
compter du 27 mai 1920, des fonctions inté-
rimaires de Lieutenant-Gouverneur de cette
colonie pendant l' absence du titulaire.
A la Société coloniale
des Artistes Français
m
Le Conseil d'Etat, dans son Assemblée
plénière du 7 juin courant, a proclamé la
reconnaissance d'utilité publique de la Société
Coloniale des Artistes français, que prâide
M. le Sénateur Henry Bérenler, Ambaua-
deur de France. Pour fêter cet événement, les
membres de la Société se réuniront vendredi
prochain 15 juin, dans un dîner qui sera pré-
sidé par M. Léon Perrier, ministre des Colo-
nies, assisté de M. le Maréchal Lyautey, Com-
missaire Général de l'Exposition Coloniale de
1931. de MM. Paul Léon, Directeur Géné-
ral des Beaux-Arts ; Paul Chabas, Président
de la Société des Artistes Français, et J.-L.
Forain, Président de la Société Nationale des
Beaux-Arts.
-
AMoahye Ille
Ancien interprète principal, chef supérieur
honoraire des Irlaoés-Ebiabés, Abdoulaye
Kane vient de mourir à l'âge de 80 ans.
Fils du grand marabout Alpha Ciré des
Dialloubés du Fouta Toro. AMoulaye Kanc
sortait en 1867 comme élève interprète de
l'Ecole des Otages, créée par Faidherbe.
Cette école est devenue l'Ecole des fils de
chefs.
Au Cayor, au Fouta, chez les Aleïbés, con-
tre Lat Dior, dans le Djoloff, partout où nos
troupes sont victorieuses avec l'ons, Voyron,
Dodds, Laude, Abdoulaye Kane se montre
honnête, probe, dévoué, remplissant à mer-
veille les missions les plus délicates et les
plus périlleuses.
« Il brille sur ses collègues par le courage
qu'il a montré dans quelques occasions dan-
gereuses que d'avtres ont déclinées, n
Chevalier de la Légion d'honneur en 1898,
il était nommé officier en 1920.
Il fallait l'entendre parler de Faidherbe
avec un respect filial.
Un soir d'étape à Soldé, en 1901, alors
que je conduisais à Koedi des goumiers sou-
danaIs, il me présenta un de ses condisciples
de l'école des otages devenu aveugle, et ce
fut à qui me dirait les grands services ren-
dus par Faidherbe à leur pays. Par ces deux
braves serviteurs de la cause françaiSet j ap-
pris mieux que dans un livre toute l'htstoire
de l'épopée sénégalaise ; par eux aussi j'ap-
pris à aimer les Sénégalais comme ils avaient
enseigné à leurs frères, fils et neveux l'amour
de la France.
C'est un vieux Sénégalais qui adresse à la
mémoire d'Abdoulaye Kane le souvenir ému
d'un ami.
Iflw
Résumé historique
1' 1
Voici une page d'histoire, ré-
sumée, condensée : fresque un tfI.
- bleau synoptique, J'en prends
l'idée dans une étude publiée par le Bulle-
tin de la Société Française des Ingénieurs
Coloniaux, sur l'usine hydro-électrique du
Félou. Les chutes marquent sur le Sénégal
le point d'arrêt de la première mission fran-
çaise. Les faits sont les suivants; nous les
donnons sans commentaire; ce sont les faits
qui louent.
1852 : mission Faidherbe; elle s'arrête
au Félou, et grave sur les rocs les noms de
ses membres.
1857 : Faidherbe, gouverneur du Soudan,
ajoute à la liste de son état-major de 1852
et à celle des libérateurs de Médine en
1857, les noms de ses collaborateurs.
1922 : le lieutenant gouverneur, M. Ter-
rasson de Fougères érige un monolithe re-
cueilli dans les chutes, et entoure de chaî-
nes le roc où est gravée. par ceux-là mêmes
qui l'ont vécue, une des plus belles pa.{es
de notre histoire coloniale. »
(On relève pourtant une inscription plus
ancienne : « Lieutenant Boué, septembre
1836, commandant le bâtiment à vapeur
l'Africain-Malavois, gouverneur du Séné-
gal. »).
- C'est à l'aval des chutes du Félou que
Faidherbe a tait bâtir la résidence ftlrli-
fiée qui a été longtemps la sentinelle la
plus avancée de la France civilisatrice,
« base militaire de toutes nos opérations de
pénétration vers le Haut-Niger et lieu de
concentration des produits commerciaux ve-
nant de l'intérieur à destination de la
France. 8
Bourgade en ruines, fort délabré, voilà
tout ce qui reste de la première capitale du
Soudan, de Médine où ont résidé Faidherbe,
J offre, Gouraud.
Au dessus d'un ravin, un petit fort : là,
en 1857, Hadji el Omar est venu, à la tête
de 30.000 Arabes, se heurter contre une poi-
gnée de Français qut, pendant vingt-six
jours, leur ont résisté victorieusement; leur
chef était Paul Holle.
Encore d'autres souvenirs : une tombe
au milieu des ruines : elle indique qu'un
Français, Duranton, a été envoyé par Na-
poléon 1er à la recherche de la route de
l'Egypte, en passant par Saint Louis; un
cimetière où les noms s'effacent, un monu-
ment dressé par le Souvenir Français aux
of/icitr tués rappellent l'époque héroïque
et meurtrière.
Notons ce fait important : l occupation
n'était pas terminée qu'on songeait déjà à
utiliser les chutes du Félou. A côté de la
flaque Faidherbe, ou en remarque une autre
avec cette inscription : « Mission d'études
d'utilisation des chutes du Félou, 1902. »
1902, et il faut alter jusqu'à la fin de mai
1927 pour que soit enlin installée, au
prix d efforts surhumains, malgré des obs-
tacles qu'on pouvait croire insurmontables,
cette usine hydro-électrique, qui met en
Tçeuvre les ressources de la vallée du Séné-
gal, et qui, construite dans les conditions
climatériques les plus pénibles (42 et plus
à l'ombre à certains mois), est, suivant M" Y.
Chaîne au, « une belle preuve de ténacité et
d'endurance digne de celles des anciens. »
Mais il est touchant de voir avec quelle
piété est rendu cet hommage aux a an-
ciens ». Une gare qui réunit l'ancienne ca-
pitale à la ligne Dakar-Bamako ; un train
(minuscule, il est vrai), partant pour Kayes
tous les matins; une école pour enfants indi-
gènes; une grande rue pavée qui rappelle
celles de France ; a voilà ce qui marque le.
passage et les efforts d'une génération de
coloniaux dans cette étape de la pénétra-
tion vers le Niger ». Vestiges sacrés qui
commandent le respect et la gratitude;
agnosco sacra vestigia Galliae.
Mario ItOMafaii,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Câlonte*.
Cinéma Colonial
« L'Occident M
VOccident sera bientôt terminé.
Les prises de vues effectuées à Toulon, au
Maroc, à Mogador et à Marrakech, et au stu-
dio de Joinville, auront été exécutées dans
un temps record.
Cette semaine, on tourne au studio dans
un décor splendide avec une nombreuse figu-
ration costumée.
Les services de décoration achèvent d'édi-
fier la réplique de la caverne Bab Doukkala,
où furent tournées certaines scènes d'exté-
rieur. C'est là qu'Hassina (Claudia Victrix)
a caché l'officier de marine Cadière (Lucien
Dalsace).
Le plati.8 à Naiditigotwar
On vient de découvrir, dans la région de
Vatomalidry (côte est de Madagascar, sud de
Tamatave), des sables aurifères contenant
une forte proportion de platine.
La présence du platine associé à l'or avait
déjà été signalée au sud de cette région, en
1908, mais la production avait été négligea-
bfe.
"1
lA gérsnimn roui
La rouille a causé de graves dégàts dans
les plantations de géranium de la Réunion,
dont la production est tombée de 150 tonnes
en 1926 a 80 tonnes en 1927.
Par contre, cette culture parait de plus en
plus prospère en Algérie, où les surfaces
plantées en géranium rosat atteignent 1.500
hectares et produisent plus de 50.000 kilos
d'essence de géranium, dont la valeur atteint
ao millions de francs. : o'
AU SENAT I
̃ m I
UlpT DE M. AUBER
SENATEUR OE LA REUNION
Au début de la anoo de jeudi, M. Paul
Doumer, président du Sénat, u pl is la pa-
role et prononcé l'éloge funèbre de M. Au-
ber, sénateur de la Réunion.
Voici le discours du président de la
Haute-Assemblée.
« Avant-hier, à peine avuis-je, en votre
nom, exprimé les regrets du Senut pour lu
mort de deux de ses membres, que nous
parvenait l'aftligeante nouvelle d'un troi-
sième décès :1e docteur Auber, sénateur
de la Réunion, avait succombé duns la
nuit.
« Notablement plus jeune que les deux
collègues dont il était précédé de peu dans
la tombe, il ne comptait que 01 uiig, et la
tristesse de sa fin s'accroît de l'impression
d'une vie inachevée.
« Auber appartenait à une famille créole
de la vieille lie Bourbon,aujoul'd'ilui lu Réu-
nion, dont les enfants se sont montrés tou-
jours et surtout aux heures tmgiques, les
vaillants fils d'origine ou d'adoption de
notre commune Patrie. Les créoles de
Bourbon ont bien mérité d'elle en réalisant
cette conquête morale des populations au-
tochtones, liées aujourd'hui à lu Métropole
autant par le cœur que par la raison.
u L'lie est tout entière imprégnée du
génie de notre race et, dans les diverses
tronches de l'activité liunjuine, dans les
eciencca, les lettres, la poésie, le droit,
'udmtnish'u.Uon. elle nous fournit des
hommes remarquables dont beaucoup sont
ur rivés à la célébrité.
« Nous recrutons parmi eux. en pHrticu-
lier, nombre d'udmmistruteuis et de IIIU-
gistrats coloniaux moralement et physique-
ment bien préparés à leur tAclie.
« Le docteur Auber avait lui-même fuit
de fortes études et produit des travaux
scientifiques remarqués..Successivement
interne des hôpitaux de Pui is, docteur en
médecine, pharmacien de première classe,
directeur du service de santé et d'hygiène
de son lie natale. on lui devait des publica-
tions sur l'emploi de la cocaïne en chirur-
gie, sur le traitement de la ICpre, l'épidé-
mie de peste de 1900, d'uutres encore, éga-
lement appréciées.
« Maire, en 1904, de la ville de Saint-
Denis, chef-lieu de rUe de la Réunion,
membre du Conseil générul, puis président
de cette assemblée, Auber est élu député
dans une élection partielle, en 19U:-,. mais
il ne se représente pas aux élections gé-
tnérales de l'année suivante.
« Ce n'est qu'en 1920 qu'il consent ei re-
prendre lu vie politique et fi s'éloigner de
nouveau du beuu et doux pays qui lui était
cher.
et EJu sénateur au mois de janvier de
cette année en remplacement de Félix Cré-
pin qui n'est pas oublié ici, il est réélu aux
élections générales de 1921.
et Le docteur Auber avait trouvé ail
Luxembourg un milieu qui convenait à son
caractère, où il pouvait travailler fructueu-
sement dans le silence, et, quand son in-
tervention en séance publique lui paraissait
indispensable, il était assuré de rencontrer
un appui bienveillant.
« C'est ainsi que, peu après son arrivée
parmi nous, en 19$0, il prit la parole dans
ta discussion du budget, pour montrer
l'urgence de donner un statut aux magis-
trats coloniaux. L'année suivante, il inter-
vcnait dans la discussion du pn»jet de loi
sur les services maritimes postaux, puis
dans le budget encore, pour qu'on laissftt
aux Colonies plus de liberté dans l'emploi
de leurs ressources.
« La Commission des iDouanes, où Auber
entre en 1922, lui confie de nombreux l'np-
ports touchant presque tous aux intérêts
coloniaux. Appelé à faire partie de la Com-
mission des Affaires Etrangères, de la
Commission des Colonies et de celle de
l'Algérie, il s'intéresse à leurs travaux, y
appliquant son parfait bon sens et son es-
prit formé par les sciences d'observation,
M Notre regretté collègue, si brutalement
enlevé A sa tâche et aux affections dont il
était entouré, laisse ,une veuve et une fille,
à qui va notre vive et douloureuse svmpa-
thie.
fi A elles, à leurs familles, à nos compa-
triotes de la terre lointaine où le docteur
Auber était estimé et honoré, j'adresse, au
nom du Sénat, nos condoléances attristées,
en les assurant de la grande part que nous
prenons à leur deuil. n
Le Sénat tout entier s'associa aux paroles
de son président.
DEBATS
Les interprètes de langue arabe
Au cours de la séance de mardi, le Sénat
a adopté, sans discussion, les conclusions
du rapport du comte d'Alsace tendant à
l'adoption du projet voté par la Chambre
des députés, porta.nt modifications de l'ar-
ticle 3 de la loi du 24 juillet IftKi portant
réorganisation du corps des interprètes mi-
litaires de langue arabe.
A LA COMMISSION DE L'ARMEE
La Commission sénatoriale de l'armée
s'est réunie sous la présidence de M. Al-
bert Lebrun.
Elle a désigné M. Messimy comme rap-
porteur du projet portant déclassement de
l'enceinte de Sétif. --
Elle a également désigné M. Messimy
comme rapporteur du projet portant. dé-
classement de divers postes d'Algérie et
autorisant l'aliénation de certains d'entre
eux. Il s'agit du déclassement des hloek-
hauss des carrières à plAtre et du djebel
Berda sur le territoire de la commune
d'Aumale (Alger) ; du poste de Sidi Zaher
et de la Smala de Bled-Cluihàa, commune
de Lalla Maghrnia ; des postes optiques
des points A et C et de l'Antar et du poste
d'Aïn-Ben-Khellil, commune de Mecberia :
du poste du djebel Keltoum ; commune de
Hemchi ; du bordj d'Aïq-Sfissifa, commune
d'Aïn-Sefra ; des trois blockfiaus du col de
Founassa et du blockhaus de Fourm-cl-
Kremg, commune de i)jcnien-Uou-lU:zg
(Oran). Il s'agit, en outre, du l'uliéuulion
du poste de DJcbel-Kclloum.
LIRE EN te PAGE :
AU CONSEIL D'ETAT,
DECRETS ET ARRETES,
A LA CHAMBRE
«a»
La et communication » du Gouvernement
Ce n'était pas une uéclaration ministé-
rielle que pouvait luire M. Poinouré, son
cubiaicl uyunt deux uns, ou presque, d exis-
tence. Eu termes officiels, le beuu discours
du président du Conseil s'uppellu une Il COIII-
munication du gouvernement ».
Les colonies, eu tout cas, n'y ont pus Été
oubliées et il est remarquable qu à plu-
sieurs repriscs, M. Poincaré les uit confon-
dues datus une même pensée avec la Fiante
métropolitaine, lorsqu'il appelait de ses
VUJUX « tout ce qui, dans notre puys, si
bouleversé pur la guerre, si accablé par la
charge des l'éparatlons, est de nature à sti-
muler la production nationale et à recreer
-- lu richesse publique ». -
D'accord avec - le Gouvernement, dit
l'éinment orateur, le Conseil IS allouai Eco-
nomique, auquel nous vous inviterons à
donner le plus tôt possible un statut leyal,
vient de commencer une vaste enquOte sur
l'industrie, le commerce et l'agriculture.Les
diverses commissions qu'il a nommées et
qui sont toutes composées de spécialistes
tminents, se proposent d'étudier, d'après
toutes les données qu'elles recueillerunt, les
possibilités de développer en France et
dans toutes nos possessions d'uutrc-me,., la
production industrielle et agricole, d'aîné-
liorer la qualité des produits, les prix de
revient, les relations entre employeurs et
employés, les conditions d'cxistence et de
truvail des ouvriers, de procura• aux
consommateurs des facilités et des garan-
ties nouvelles, sans porter atteinte aux in-
térêts légitimes des producteurs.
Tel est, en deux muts, le vaste plan que
rient d'approuver et d'encourager le Gou-
vernement, et qu il compte poursuivre,
d'accord avec le Conseil National Ecultomi-
que et avec le Conseil supérieur des Colo-
nies. Mous n'attendrons pas que ce plan
soit complètement élaboré pour saisir les
Chambres de celles de ces diverses ques-
tions qui auront à être réglées par voie lé-
gislative et nous vous apporterons ait (ur
et ( mesure, la documentation que réunira
le Conseil National Economique.
Sous mettrons, d'ailleurs, il profit, aussi
largement que IJusSilJÿ, les prestations en
nature pour perfectionner, en France et
dans les colonies, notre outillage et nos
moyens de production, pour développer et
améliorer nos transports terrestres et ma.
ritimes, pour augmenter nos forces motri-
ces, pour alimenter et rendre plus abondan-
tes toutes nos sources de richesse et de
prospérité.
Et, plus loin :
Dans nos colonies comme sur notre terri-
toire métropolitain, uit parti d entrepris
tmc campagne systématique de haine con-
tre les gouvernements quels qu'ils soient,
contre les assemblées politÍllues. contre les
chefs militaires les plus respectables ; il a
essayé de préparer, dans les casernes el
les arsenaux, l'indiscipline et la révolte.
Enfin, le président du Conseil, exprimant
une fois de plus le sincère désir de puix
do la France. en donne pour preuve les
négociations au sujet de Tanger :
Elle a prouvé, en maintes circonstances,
el tout récemment encore à propos de l'af-
faire de Tanger, que, lorstfu'on nous de-
mande quelque chose, à nous-mêmes et que
ni notre sécurité, ni nos réparations n'y
sont intéressées, nous sommes prêts à un
bienveillant examen et à une solution conci-
liante.
Ainsi npparall-il clairement qu'il n'est
plus possible à un chef de gouvernement
de parler de 1a France sans évoquer aussi-
tôt ses prolongements lointains.
U n'v a pas bien longtemps, les colonies
avaient, en somme, l'air de quelque chose
d'assez accessoire.
l.cs temps sont changés.
Réjouissons-nous,
H B. L.
Véritication des pouvoirs
Conformément aux conclusions du 11°
Rureuu, la Chambre a validé l'élection de
M. (iraeve dans la 2° circonscription de la
Guadeloupe.
L'Aviation Coloniale
60
Afrique du Nord
Le capitaine aviateur Fraisclievillo, qui
avait quitté Marrakech le 5 juin, à desti-
nation de Tunis et avait atterri à Alger le
mOnie jour, dans la soirée, est reparti le
G pour TUllis et, malgré un violent orage,
ii a atterri heureusement dans cette ville
dans la soirée d'hier. Il compte repartir
aujourd'hui pour atteindre directement
Fez, qu'il quittera ensuite à destination de
Marrakech.
Aéronautique maritime
L'Aéronautiq ue maritime aura une expo-
sition personnelle importante au t'rand-
Palais, le 2;) juin. A cêté des différents
avions maritimes et hydravions, le minis-
tère exposera un diorunm de M. de la Né-
zière, représentant le navire porte-avion
« BlH 111 u.
De Paris au Cap
L'action « Cinéma » après avoir séjourné
quelques jours Il Accra, en Gold Coast, est
LIITÏ\' t' ¡\ l.ugIlH, d,IIIH lu :"Jigerill.
l)e ce point, les aviateurs Manier, Haud
et Cohendy se dirigeront sur l'embouchure
du Niger, Foivados, probablement.
La traversée du Pacifique
L'avion Croix du Sud qui avait quitté hier
matin la place (b" Nusugui île Viti l.erou ,
de l'archipel des Fidji est arrivé A Bris-
buue ^Australie), le même jour à 10 h. H)
(minuit lo de PHri),
Utilisation de t Okoumé
Notre confrère la « France Militaire »>, sicnole
le* détails de construction d'une raquette de
tennis. Après avoir pnsM le cadre de frène A
la (\t"n\lchi"r\lse.rnb.)tc\ls{,. on réduit le man-
cho de frêne trop lourd et on eollo ensuite, de
part et d'fi\ltrc,de placjuettes du bois plus léger,
toi que l'okoumé,
A bord de ma jonque
0
BÊTES
Aimez-vous les bêtes? J'entends les sauva-
ges, les féroces. Si oui, la foire aux fauves
du Darlac a dû vous réjouir ou vous faire
pleurer, suivant le genre d'ainour que vous
avez pour les bêtes.
Quel bruit dans Ban-Me-Thuot ! J'en trem-
ble encore. Que d'appels éplorés, rageurs, in-
quiets vers la forêt, le désert, la brousse, la
jungle ! Barissement, rugissement, ricane-
ment déchiraient l'étendue lointaine.
Et je n'ai pas eu le courage d'aller plan-
ter mes regards dans les yeux des tigres qu'il
y avait là, en disant comme Marius : « Je
suis Daniel. n
ht cependant.
Dans mon enfance, de quel amour n'ai-je
pas chéri les grandes bêtes ?
A cette époque, les ours de peluche, les
lions de velours, les singes et les éléphants
bourrés de sciure et vivants à force de res-
semblance, n'avaient pas place parmi les
jouets d'une petite fille. On aurait bien trop
craint que cela la fit rêver la nuit.
Pour ma part, j'en rêvais le jour. L'élé.
phant du Jardin des Plantes, Tobi III ou IV,
faisait mon adoration. Je n'ambitionnais rien
d'autre que de posséder le pareil.
Ma mère avait trouvé là le filon de sa
tranquillité.
Si tu es sage, me disait-elle, ton par-
rain te rapportera d'Indochine un gros élé.
phant comme Tobi.
Je ne savais pas ce qu'était l'Indochine.
Je n'avais jamais connu mon parrain. Néan-
moins, j'étais sage. Et comment !
Que
Que d'heures, que de journées j'ai passées
le front au carreau à guetter l'arrivée de ce
parrain tenant en laisse mon fameux élé-
phant !
Je me le représentais bien, cheminant au
milieu des omnibus et des fiacres (Paris, dans
ce temps-là, n'avait pas « d' métro ni d'auto-
cars 1), Combien de fois j'ai vu s'allonger
et se raccourcir cette station de fiacres qui
bornait mon horizon ! La nuit tombée, on
fermait les rideaux. Et je me consolais en
pensant :
Mon parrain connait notre maison.
Et mon cœur battait à chaque coup de son-
nette. Je l'attendais avec une foi inébranla-
ble. Je l'attends encore. Je ne l'espère plus,
vous le comprenez.
Est-ce que les enfants d'aujourd'hui cou-
peraient dans de pareilles bourdes?
J'ai tenté l'expérience. J'al raconté à mes
neveux : le Il y a un grand marché où l'on
vend des éléphants, des tigres vivants. n
Tous trois ont eu le même cri :
Oh ! tu nous en achèteras !
C'est bien mon intention. Si vous êtes
sages.
Chacun un éléphant, dis?
J'ai promis.
Ils ont porté l'heureuse nouvelle dans toute
la maison. Et tout de suite, trois juges, trois
diables sortant d'un bénitier, m'ont entouré.
Tu viens de te moquer de nous avec
tes éléphants.
- Moi !
- Tonton nous a grondés parce que nous
disions des sottises. Pour ta peine, tu nous
emmèneras au Cirque.
Justice est faite.
Tout de même, les enfants qui montent en
auto ne sont pas tellement différents dans
leur ame - des enfants qui voyageaient en
- omnibus.
Seulement, ils ont une puissance d'infor-
mation qui survole et grille les étapes.
Et la foire aux fauves, qui s'est tenue au
fond du mystérieux Cambodge et que des
millions de grandes personnes ignorent
est installée dans la mémoire de ces tout pe-
tits de France, avet- son millier de bètes
sauvages vivantes. Et, peut-être est-ce là, le
grain d'une vocation coloniale?
Mirane-Marcetie oe/JIns.
Le prince annamite chez le prince biniou
-6 1
Le prince héritier d'Annam a assisté ces
jours derniers à une fête donnée par le ma-
harajah de Kapurthala, où il fut donné d'ad-
mirer les films pris dans l'Etat de Kapur.
thala, lors des fêtes du couronnement.
M. Gaston Doumergue, président de la Ré.
publique, était présent à cette fête.
Au Nord de l'Indochine.
.1.
I.e marév-hul Tclian^-So-Lia serait mort, ain.M
que le premier ministre et le gouverneur de la
province de l'Amour, des suiies des blessure-.
1 erue-. par eux lors de l'attentat contre le. tram
du maréchal. Lf's nordistes accusent les Ja-
ponais d'être resptaxables de l'explosion. Les
autorités jllpunIÍ.;I':'> proteste il nettement con-
tre celte accusation.
TAUX DE LA PIASTRE
Le fnuiwTneur (îeuéral de i'Indodiine vient
de faire connaître nu Ministre des f.olonies qu'à
la dat" ita S juin l'.t'is le taux ofliciel de la PliI;-.-
tie « tait de I f(''
1
Grève de Terreneuvas
L'-armaleur du chalutier Maroc ayant
refus»'! d'accorder une augmentation récla-
mée par son équipage, celui-ci a mis sac*
)\ terre à Bordeaux et le navire n'a pu
appareiller a destination des hancs de
Terre-Neuve ; malgré les pourparlers en-
gagés. on n'entrevoit encore aucune sotu"
lion, dans ce conflit.
Grève d'inscrits maritimes
A la swile des incidents (lu ('o)ilolxi. les
insciits maritimes avaient décidé une grève
de vingt-quatre heures. El h; est Hleclisc
depuis ce malin. Les déivarks prévus à
Marseille du Genéral-Gueytlon, pour
la lunisie et du I.icutrnant Fourneau pour
Bizerte n'ont pas eu lieu, l.es services de
surveillance à bord el du remorquage sont
assurés, l.es inscrits maritimes examine-
ront si la grève devra être continuéc, nu
cas où leurs camarades détenus ne seruient
pas mis en liberté.
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