Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-05-31
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 mai 1928 31 mai 1928
Description : 1928/05/31 (A29,N84). 1928/05/31 (A29,N84).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6451260t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. - N' M
cas NUMERO : 90 CENTIMES
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PARIS d")
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Les Annales Coloniales
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Les missions en Afrique Équatoriale Française
Le décret du 29 avril 1927 venait à peine
de paraître qu'un projet de modification, éma-
né du Conseil Supérieur des Colonies remettait
en question le statut juridique de nos indigènes
de l'Afrique Equatoriale Française sous une
forme nouvelle et inattendue.
Elaboré à la suite d'une note du Saint Siège,
il ne propose rien moins en effet que soustraire
les indigènes convertis au christianisme à l'ap-
plication de leurs coutumes ancestrales pour les
placer sous l'empire de coutumes nouvelles dé-
rivées directement des commandements de la
.1 ioinn
u La conversion, dit le rapport annexé à
ce rapport, rapproche l'indigène de notre civi-
lisation. Elle l'élève à un niveau supérieur ».
Dès lors, n' y a-t-il pas un moyen « de mettre
un terme à des abus graves, résultats de certai-
pes coutumes, voire de certains rites coutu-
miers » qui sont en contradiction avec ses con-
victions nouvelles ? Ce moyen c'est de suppri-
mer cette coutume gênante et .de la remplacer
par une autre fabriquée de toutes pièces et con-
forme aux principes nouveaux qu'il a librement
adoptés. -- -
Sous ses termes anodins, cette proposition re-
couvre en réalité un vieux problème que l' ex-
périence coloniale européenne a déjà depuis
longtemps résolu : les sociétés indigènes doi-
vent-elles évoluer dans leur milieu sous l'action
'des transformations économiques causées par no-
tre présence ? ou doivent-elles, au contraire,
emprunter les formes juridiques de notre civi-
lisation avant d'entrer dans la voie du piogiès ?
Pareille proposition, basée au fond sur cette
croyance communément répandue en France
que la colonisation est avant tout un problème
juridique, semble faire bon marché d' une expé-
rience coloniale déjà vieille de plus d' un siècle
ainsi que des conséquences de son application
pour les autorités chargées de gouverner et d' ad-
ministrer.
Dès que la France, en effet, poursuivant l' ex-
tension de son domaine colonial, eut à adminis-
trer non plus les quelques milliers d'hommes
que renfermaient certains ilôts de l'Atlantique
ou de l'Océan Indien, mais les millions d'indi-
vidus qui peuplent nos grandes colonies d'Afri-
que et d'Asie, la vieille politique d' assimila-
tion qui avait été pratiquée jusque-là dut être
abandonnée. Il fallut tenir compte de ce fait
nouveau: 1 existence de sociétés indigènes, arrié-
rées sans doute, mais vivaces et parfaitement
équilibrées, jeter par-dessus bord nos vieux
principes de colonisation, abandonner l'espoir
d'organiser ces sociétés à notre image, et s ef-
forcer au contraire de connaître ces institutions
nouvelles, de les maintenir et de les appliquer.
Cette attitude a prévalu partout et forme au-
jourd'hui l'idée directrice de notre politique co-
loniale. C'est dans cet esprit qu'on a mis sur
pied toute une organisation judiciaire particu-
lière aux indigènes et chargée d'appliquer les
coutumes locales.
Ainsi, les sociétés indigènes et leurs institu-
tions sont apparues comme un fait nécessaire
qu'il convient d'étudier et de perfectionner,
mais en aucun cas d'éliminer par une action
aussi néfaste que difficultueuse.
Or, on nous propose aujourd'hui d'abandon-
ner ce principe qui paraissait pourtant définitive-
ment établi, de rompre l'unité de ces sociétés,
en conférant à certains de leurs membres un sta-
tut juridique particulier participant à la fois des
coutumes locales et des règles d'une ou plu-
sieurs religions d'importation, représentatives
de milieux et de conceptions absolument diffé-
rents.
Le simple fait de la conversion suffirait à opé-
rer cette transformation. Mais il faut voir
d'abord ce que recouvre ce mot dont on fait si
grand état et auquel on voudrait attribuer de si
grosses conséquences.
C'est avant tout l' effort quelquefois acharné,
le plus souvent inefficace de toute une armée de
missionnaires envoyés de tous les points du
globe à l'assaut du continent noir.
Mais à l'inverse de l'islam qui progresse en
Afrique de son seul élan, le christianisme appa-
raît surtout comme une plante exotique amenée
A grands frais dans un milieu qui ne peut lui
convenir. Pour quelques conversions soigneuse-
ment enregistrées, que d'efforts impuissants et
de résultats éphémères!
Jusqu'à présent malgré l'abondance des res-
sources mises à sa disposition, les trésors de dé-
vouement qui sont à son service, le christianisme
a peut-être réussi à se plaquer çà et là sur quel-
ques individus, sur quelques familles, mais il
n'a jamais connu de succès profonds et dura-
bles, ni obtenu un changement quel conque dans
--- la mentalité indigène. D'ailleurs pour qui con-
naît les ressorts de l'action religieuse chez les
primitifs, le mot de convenion ne peut être pris
au sérieux. En fait, il ne dépasse jamais quel-
qu'intérêt immédiat ou occasionnel, celui de
s' attirer les bonnes grâces de l'Européen, de
profiter de certains avantages, de voir stf réali-
ser certaines promesses, toujours de faire une
bonne affaire. En Afrique Equatoriale, tous les
indigènes, ou presque, en sont là.
Et c'est sous ce prétexte de conversion qu'on
créerait de toutes pièces un statut juridique nou-
veau, artificiel et monstrueux, mis à la disposi-
tion des indigènes selon leur fantaisie ou selon
les suggestions de n'importe quel Européen.
Alors que toute l'histoire moderne est encore
pleine des efforts faits par le pouvoir laïque
pour dégager le droit civil du droit religieux,
on songerait à rétablir la confusion aux colo-
nies au profit d' une religion d'exception?
Cette tendance est à vrai dire pleine de dan-
gers et grosse de difficultés futures.
La forme des sociétés indigènes et les institu-
tions qui les régissent ne sont pas l' effet du ha-
sard. Derrière elles, il y a tout un milieu géo-
graphique et historique dont elles ne sont que la
conséquence. Elles constituent surtout une réa-
lité, non conforme à nos institutions ou à nos
conceptions sans doute, mais qui a le mérite de
iormer un tout cohérent et vivant.
Si on vient pour des motifs qui ne sont pas
valables, à transformer brusquement certaines
des règles les plus fondamentales qui forment la
loi séculaire de ces sociétés, l'édifice entier ne
tardera pas à s'écrouler, laissant place à l' anar-
chie pure et simple.
D'ailleurs, il n'y a pas qu'un christianisme.
Bien des sectes protestantes ont ici des mission-
naires qui font des conversions. Il existe des
confréries musulmanes qui font, elle aussi, des
conversions.
Il faudrait donc autoriser les indigènes con-
vertis à ces religions ou à des rites différents à
se réclamer de leur nouvelles convictions pour
exiger l'octroi d'un statut particulier et l' appli-
cation d'un droit nouveau? Chacun d'eux, par
un acte de sa seule volonté, pourrait se sous-
traire à sa loi civile pour acquérir des coutumes
nouvelles qui ne seraient ni les lois françaises ni
les coutumes locales?
Mais pour assurer à ces convertis le respect dû
à leurs croyances nouvelles, les tribunaux indi-
gènes se trouveront à todt instant dans la né-
cessité de recourir à l'intervention de l'autorité
religieuse, de réclamer les certificats de mariage,
de baptême, de naissance, de confession, indis-
pensables à l'application du statut. Il est des
cas où ces juridictions pourront se trouver dans
de sérieux embarras. Quoi qu it en soit, il leur
appartiendra de formuler les coutumes nouvelles,
et alors quelles difficultés, que d'erreurs, que
d'abus 1
Au moment même où on commence à aperce-
voir les dangers que fait courir à notre domina-
tion l'envahissement de notre colonie par des
missionnaires étrangers sur lesquels il est impos-
sible d'exercer aucun contrôle, il serait para-
doxal de renforcer leur action en transportant
dans le domaine juridique et légal les résultats
d'une activité que nous jugeons inopportune.
L'oeuvre des missions est une oeuvre qui peut
s'exercer ici sans avoir besoin de voir les prin-
cipes de la religion érigés en coutumes civiles
ayant force de lois.
De toute façon il serait souverainement im-
prudent de diviser la société déjà suffisamment
morcelée, en nouvelles sections fétichistes, mu-
sulmanes, catholiques, protestantes. Comment
serait-il possible d'agir alors sur des sociétés
ainsi désorganisées? Où trouver le point d'appui
nécessaire, le ressort d'une politique indigène
quelconque? Trente années d'efforts pour com-
prendre et conduire ces peuples primitifs seraient
à jamais perdues.
A notre contact la mentalité indigène s'est
modifiée. Sous l'action des relations de plus en
plus fréquentes et des plus étroites oue .@ nous
entretenons avec le milieu indigène, de l'acti-
vité matérielle que nous développons tous les
jours, cette mentalité se transforme lentement,
mais profondément.
A cet égard, le moindre kilomètre de rail fait
beaucoup plus que les textes les plus savam-
ment élaborés et si la réalisation en est infini-
ment plus difficile et plus coûteuse, elle a cer-
tainement le mérite d'être la plus féconde.
Georges JVouelle,
Députt de Saône-et-Loire, secrétaire
de la Commission des Colonies,
membre de la Commission des
Mines.
BROUSSES
* BROUTILLES
"1
La Légion à l'écran
L'on a vu ces temps derniers, sur un
écran de Leipzig, passer un film qui a pour
sujet notre Légion étrangère.
L'oeuvre, évidemment, ne donne pas pour
Une espèce d'idylle fleurie la vie des lé-
gionnaires. Mais elle ne risque pas plus de
nuire à leur corps glorieux que de lui four-
nir de nouveaux engagés. Plusieurs épiso-
des, en effet, témoignent d'un réel souci
d'impartialité.
L'un d'eux montre un officier adoré de
ses hommes et, par un juste retour, sauvant
un jeune Allemand du poteau d'exécution.
Dans un autre, cet Allemand (le héros du
ilm) sauve un petit soldat breton.
Et, dans l'ensemble, le film met en lu-
mière (c'est le cas de le dire, puisqu'il s'agit
4e lanterne magique), le courage de la Lé-
gion et ses vertus de camaraderie poussée
jusqu'à l'héroïsme.
;dp Bref, voilà tm film allemand qui n'a rien
aati-ocanùea.
L'Aviation Coloniale
Les ministrea et notre aviation
Au cours du Conseil des ministres de
mardi dernier, une grande partie de la
séance a été consacrée à l'examen d'un
plan d'organisation de l'aviation en France
et dans les colonies.
Sur la proposition du ministre de l'Aéro-
nautique, il a été décidé de réaliser immé-
diatement la liaison France-Syrie, et cela
sans attendre que les difficultés diplomati-
ques éprouvées pour la traversée de la Mé-
diterranée soient aplanies.
La ligne empruntera le trajet actuel de la
ligne Paris-Constantinople jusqu'à Bel-
grade. De Belgrade, par embranchement
terrestre, elle descendra jusqu'à. Salonique.
De là, par hydravion, elle rejoindra Athè.
nes, et de la capitale de la Grèce elle abou-
tira à un port de Syrie,
Enfin, le Conseil des ministres a délibéré
à nouveau sur la façon la plus pratique
d'organiser la liaison de la France avec
illndochine.
ochine.
Londrea-Le Cap et retour
CO Lady Bailey, qui a quitté le Cap le 12
courant pour rentrer en Angleterre, eet ar
rivée à Znartkop, Tranavan, le 29 mai.
La propagande Coloniale Allemand el
..a
0k
La Propagande allemande, au
cours de l'année - 1927, a été plus
active que l'année précédente. Son
organisation générale est restée la même. Ses'
fins ne se sont pas modifiées ; formation
d'une opinion publique, constitution d'un
bloc de race allemande. dans le monde,
expansion de la puissance et surtout de la
culture allemande. Ses méthodes n'ont pas
changé. L'activité s'est accrue, sans que les
résultats, tels du moins qu'ils apparaissent
dans les documents qui nous sont commu-
Iliqués, témoignent d'un réel progrès. Allons
droit à ce qui concerne la propagande colo-
niale.
La nouvelle loi d'émigration des Etats-
Unis a provoqué de nombreux articles de
journaux. On sait qu' dlç réduit le contin-
gent des é migrant s de certaines nations, par-
mi lesquelles l'Allemagne. D'autre part,
contrôle de l'émigration, organisation des
services de renseignements pour les émi-
grants politiques qui les empêche de perdre
contact avec Ip mère patrie, tout cela préoc
cupe le Reich, les pays, les grandes orga-
nisations. Mais au fond, les journaux sont
d'avis que les Allemands, au lieu d'émigrer
par delà les mers, feraient bien mieux de
peupler les régions voisines de la frontière,
notamment dans l'Est. Une exception tOti-
tefois est à noter ; celle du Canada, vers
lequel l'attention est attirée par les servicer
d'émigratioll et par les écrivains; une colo-
nie « noble » a été fondée au Canada, par
le comte de Bismark, le baron Biiloiv et au-
tres membres de l'aristocrafif.
Par la propagande coloniale elle-même
les associations n'ont pas cessé de rappeler
les colonies perdues et d'en réclamer le re-
tour à VAllemagne : conférences, exposi-
tions, taes, semaines de stage coloniales,
cycle de conférences sur les colonies orgalli-
sées par le Séminaire des Langues Orientales
de Halin, articles accusant les puissances
mandataires de travailler à s'annexer les
Pays qui leur sont confiés ou de les mal ad-
ministrer, tout cela se retrouve en 1927. Il
y a même une pro position ingénieuse : celle
qui consisterait à porter la valeur des colo-
nies ex-allemandes en compte dans le total
des réparaliipnsl Il y a eu une inauguration
originale : celle d'une école coloniale fémi-
nine à Rcudsbllrg; elle a un internat de
30 élèves.
Mais, au fond, ce n est pas la thèse de la
restitution à l'Allemagne de ses colonies qui
gagne le plus de partisans. Au contraire,
elle soulève des oppositions de plus en plus
nombreuses. Celle qui l'emporte peu à peu
est la thèse de Vétablissement des colonies
allemandes à l'intérieur des colonies étran-
gères. L'Allemagne 'doit-elle pratiquer une
politique coloniale? A cette question, posée
par les CI Europaïscllc Gespràche » en dé-
cembre, cinquante réponses ont été envoyées;
7*ingt-deux étaient favorables à la colonisa-
tion, et encore avec de fortes réserves ; vingt-
huit défavorables. On peut dire que, dans
la niasse du public, la restitution des colo-
nies ne parait pas devoir être une bonne af-
faire :
t 0 parce qu'elle imposerait à l'Allemagne
de lourdes charges militaires et pécuniaires,
et pour un profit discutable :
20 parce qu'elle créerait des complications
politiques ;
30 parce qu'il y a des méthodes d'exploi-
tation plus pratiques 'et plus fructueuses :
celle qui consiste à aider les Allemands à
s'installer, à vivre, à prospérer dans les
colonies dont l'étranger assure l'existence à
ses frais, à ses risques et périls ; celle qui
consiste à fonder des consortiums internatio-
naux pour exploiter en commun les colonies
qui appartiennent aux autres nations.
Aussi, quand on murmure çà et là que
VAllemagne, une fois entrée dans la Com-
mission des Mandats de la Société des Na-
tions, ne ferait pas mal de réclamer un
mandat pour elle-même, la « Germania »
entreprend contre cette idée une campagne
énergique. La « Vossische Zeitung 9 sug-
gère qu'on pourrait rétrocéder un des man-
dats à la Société des Nations ou au Palleu-
ropa, lesquels le remettraient non pas à une
seule puissance, mais à un consortium de
puissances mandataires. La a Rote Falmt »
signale la méthode d'après laquelle des asso-
ciations se constituent pour associer les capi-
taux allemands aux capitaux étrangers afin
de mettre en valeur les possessions coloniales
des autres.
En sprécède en disant que le problème 'de la
restitution pure et simple des colonies alle-
mandes ou même de l'une d'entre elles, ne
se pose plus en Allemagne. Il est même
probable que ceux qui en parlent encore ne
comptent pas beaucoup sur une solution
favorable et, en définitive, il y a là surtout
une revendication sentimentale, tradition-
nelle, si l'on veut ou une de ces revendica-
tions dont le principal objet est de faire
passer des revendications plus facilement
réalisables. A mesure que la propagande co-
îoniale se rend mieux compte des nécessités
de l'heure présente, elle se préoccupe plus
spécialement d'utiliser, pour les fins que j'ai
indiquées, VactiiHté de ses colonies allClnatt-
des au sein des colonies étrangères. Ce rôle
de « pionniers économiques 9, d' a agents
de renseignements » dévolu aux citoyens de
VAllemagne qui voyagent aux colonies a
été plusieurs fois marqué par les journaux ;
faire connaître les produits allemands, ré-
pandre les marques allemandes, indiquer aux
industriels et aux commerçants allemands
les marques concurrentes et les moyens de
les remplacer par des produits allemands,
signaler les débouchés possibles, tel est le
'devoIr des pionniers économiques. Empêcher
que les émigrés allemands cessent d'être re-
liés à la mère patrie, travailler à resserrer
entre eux la solidarité de la race, s'opposer
à toute assimilatio" qui les enlèverait pour
toujours à l'Allemagne, tel est celui du
Reich, des pays et des organisateurs. Cons-
tituer, avec la collaboration des capitaux
étrangers, les capitaux nécessaires à l'exploi-
tation des colonies des autres nations, tel est
le devoir des hommes (J' al faires allemands.
Il nous a paru intéressant de dégager ces
traits généraux de la propagande coloniale
allemande ; ils nous permettent, d'esquisser
les grandes lignes de la politique coloniale
vers laquelle l'Allemagne semble désormais
s'orienter.
Mario ItouAlan,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-prâtident de la Commission
sénatoriale des Côlomcs.
Une maison de retraite
pour les vieux coloniaux
.8.
La Tribune de Madagascar préconise la
création d'une maison de retraite pour les
vieux coloniaux. Les uns y seraient admis
moyennant de modestes versements) et ceux
qui, la vieillesse venue, sont dénués de tout,
seraient logés, nourris, vêtus à titre gratuit.
Des subventions, des dons, des legs, des
« fêtes à bénéfices » soutiendraient l'œuvre.
11 n'est pas besoin de dire combien une
fondation de ce genre serait utile, belle et
bonne. Souhaitons seulement - si elle doit
être réalisée un jour - qu'elle soit digne
de ses hôtes.
-
Les Français exilés, grâce à qui - ne
l'oublions pas - la France est si vaste, ont
droit entre tous à une fin de vie heureuse,
honorée, choyée. L'on rêve pour eux quel-
que magnifique domaine plein de soleil,
d'ombrages et d'eaux vives, et sur la vaste
étendue duquel ils puissent selon leur hu-
meur se réunir ou s isoler..,
Mais qui prendra l'initiative nécessaire?
Faut-il compter pour cela sur l'administra-
tion? Personne, sans doute, ne se berce de
cette illusion. L'administration n'est pas
tout à fait une mère sans entrailles. Parfois,
même, laïcisant le vieux proverbe : « Aide-
toi, le Ciel t'aiaera », elle accorde son ap-
pui à quelque création qui lui paraît mé-
riter son estime. Mais on ne peut vraiment
lui demander de créer elle-même, en ce mo-
ment, une œuvre de bienfaisance.
C'est aux « coloniaux », fonctionnaires ou
colons, qu'il appartient de fonder leur mai-
son de retraite. -
Il ne manque pas, dans nos possessions,
d'hommes énergiques, tenaces, capables de
faire pour ce refuge ce qu'a fait Dranem
pour Ris-Orangis!
Qu'une volonté se manifeste dans chaque
colonie, et elle aura tôt fait de grouper au-
tour d'elle toutes les bonnes volontés.
Il suffit d'une impulsion, de quelques pa-
tronages respectés, et l'œuvre naîtra, vivra
et prospérera.
M. m. 4tm &era_
1..
Vacance de chaire à Alger
.1.
Par arrêté du ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts en date du
30 mai 1928, la chaire de droit commercial
de la Faculté de Droit de l'Université
d'Alger est déclarée vacante.
Dépêches de l'Indochine
l' 1
Voyage
Le professeur et Mme Sylvain 1.A!vlJ ont
quitté. Tnliio vendredi pour visiter les rui-
nes dWnykor et autres sites de l'Indochine.
Ils se rendront ensuite à Bangkok d'où ils
rejoindront la France. (lndopacifi.)
Les recettes des chemins de fer
Les recettes brutes des réseaux de che-
mins de ter exploités par la colonie durant
le premier trimestre 1928 se sont élevées
en chiffre rond à 1.170.000 piastres, faisant
ressortir une augmentation totale de près
de 107.000 piastres sur la même période
1927, et une augmentation au rendement
kilométrique de 10 environ. Les recettes
brutes de la ligne llaïphong-Yunnanlou se
chiffrent par 1.190.000 piastres environ, soit
une diminution de 280.000 piastres environ
et une diminution au rendement kilométri-
que de 19,25
Au Nord de l'Indochine.
lee
Le maréchal Chang Tso Lia acquiesçant in la
demande du généruT commandant la 3° divi-
siun japonaise a ordonné il la garnison de
15,000 soldats nordistes de se retirer à 12 kilo-
mètres de Tsing-Tuu.
Les iourragours du Chan-Si auraient fait leur
apparition fi 32 km. à l'ouest de Pkill,
M. Adatci, représentant de la Société des Nations, a transmis au secré-
taire général une déclaration relatant les inci-
dents qui se sont produits entre les troupes
japonaises et chinoises à Tsinan-Fou.
Le gouvernement japonais a invité le secré-
taire géivérul à communiquer sa note à tous
les Etats membres, alin de leur faire connaître
les motifs de l'intervention japonaise.
Le gouvernement japonais fait remarquer
qu'il est inévitable que, voisin do la Chino, il
s'efforce de sauvegarder par ses propres forces
ses nationaux et ses droits acquis.
En ce qui concerne les incidents de Tsinan-
Fou, le Japon dit qu'il a envoyé ses troupes
dans cette ville pour protéger les 2.000 rési-
dents japonais. Cet envoi de troupes n'a été
qu'une mesure de self-protection rendue iné-
vitable par la situation en Chine.
Le Japon insiste sur le fait que les envois ac-
tuels de troupes japonaises « n'ont pas d'autre
objet que de protéger la vie et les biens des ré-
sidents japonais, et ne signifient rien qui res-
semble à une intervention dans les opérations
militaires des armées nordistes ou sudistes. Les
troupes japonaises seront rappelées de Chine
dès que leur présenœ n'y sera plus nécessaire,
et ce en exécution des promesses données par
le Japon ».
A Ii Mosquée de Paris
La fête du « Mouton » qui a lieu soixante-
dix jours après la clôture du Ramadan, a
été célébrée hier à la Mosquée de Paris, où
plus de 1. 500 musulmans de toutes condi-
tions s'étaient rassemblés.
La plupart étaient vêtus à l'européenne
et avaient rassemblé dans des coins leurs
chaussures, d'autres portaient le costume
national et s'étaient débarrassés de leurs
sandales. 11 y avait quelques dames - pas
beaucoup - toutes jolies et élégantes, qui
promenaient leurs yeux ardents su* ce spec-
tacle pittoresque qui, pour une fois, se dé-
roulait sous un vrai soleil d'Afrique.
En l'honneur de la fête, on avait sacrifié,
à la mode musulmane, une cinquantaine
d'ovins ; du sang tachait les dalles et les
murs. Dans une cour, de grands trous
avaient été creusés où brûlait de la braise,
et là-dessus, empalés à des barres de bois,
les « mechouis » gras rôtissaient lentement.
Dans d'énormes marmites cuisait le cous-
cous.
Ces victuailles furent distribuées à la
foule des fidèles, qui les absorbèrent en
priant, ou en chantant, aux accents mélan-
coliques de petits orchestres fort monotones.
Et dans une salle du restaurant de la
mosquée, un repas de gala fut servi à une
assistance nombreuse, que presiaau iu.
Chiappe, préfet de police. On remarquait
autour de lui des conseillers municipaux,
MM. Godin, Le Provost de Launay, Fiquet,
Lallcment, de Fontenay, puis Si Kadour
Ben Gabrit, le président de la Société des
Habous, M. Gould, directeur des affaires
musulmanes aux Affaires étrangères; MM.
Cazée, Ginoux, directeurs à la préfecture;
M. Gerolami, chef des services indigènes de
Paris, directeur du foyer de la rue Lecomte ;
les docteurs Rousseau et Machtou, qui di-
rigent le dispensaire de la Mosquée, et les
membres de la Commission d'assistance et
de protection des indigènes nord-africains.
La variole en Algérie
se
Voeux de l'Académie de Médecine
M. Camus, au nom de la Commission per-
manente de vaccine, a présenté un très in-
téressant rapport à l'Académie de Médecine,
relatif aux nombreux foyers de variole cons-
tatés en France pendant ces dernières an-
nées.
Ils sont presque tous dus à des germes
transportés d'Algérie par des travailleurs
infectés.
Pour s'opposer aux désastres causes par la
variole, et d'une façon plus générale par
toutes les maladies infectieuses, l'Académie
a adopté deux vœux présentés par la Com-
mission permanente de vaccine. Le premier
demande que soit nommée une commission
technique mixte métropolitaine et algérienne
chargée d'élaborer un projet où seraient éga-
lement pris en considération d'une part les
besoins de la préparation hygiénique des
travailleurs indigènes avant leur embarque-
ment, d'autre part leur surveillance et leur
protection hygiénique 'après le débarque-
ment.
Le second demande la mise en pratique
avant l'embarquement de la règle actuelle-
ment en vigueur pour la vaccination obli-
gatoire, c'est-à-dire le contrôle de l'opéra-
tion au huitième jour de l'inoculation avant
la délivrance du certificat ; on éviterait ainsi
d'embarquer des sujets qui, ayant reçu leur
vaccination au cours de l'incubation, ris-
quent de présenter une variole en activité
au moment de leur arrivée au port.
..,.
Contre la syphilis
Les docteurs Léger, de Paris, et Lépinay,
de Casablanca, ont pris une part active aux tra-
vaux du Congrès international de défense con-
tre la syphilis qui se tient actuellement à
Nancy. - -
Le docteur Léger s est particulièrement oc-
cupé des dispensaires coloniaux que la Com-
mission d'assistance des Nord-Africains vient
de visiter.
Le docteur Lépinay a naturellement présenté
un rapport sur les dispensaires au Maroc.
goeum
Le Laos, terre de production
Le Laos, que nous regardions naguère
comme une « terre d'amour », s'ouvre
enfin à la vie économique, grâce aux routes
construites récemment. Grâce aussi à l'au-
tomobile, Hué, la capitale de l'Annam, n'est
plus qu'à une journée du Mékong. Il fallait,
avant que ces routes ne fussent ouvertes à
la circulation, quinze jours pour effectuer ce
trajet. Déjà des entreprises importantes se
créent au Laos, vers le Mékong.
La route et l'automobile vont donc per-
mettre le développement économique du
Laos. Mais cet essor n'arrivera à son maxi-
mum que par la construction de la voie fer-
rée depuis si longtemps réclamée pour relier
la côte au Mékong. Si nous ne nous hâtons
pas de la réaliser, nous verrons le courant
commercial se diriger vers le Siam où la
construction de voies ferrées reliant Bang-
kok au Mékong est activement poussée. Evé-
nements graves. En effet comment admettre
que les productions minières et agricoles du
Laos, au lieu d'aller vers la côte indochi-
noise, soient acheminées vers Rangoon, port
fréquenté surtout par les Compagnies étran-
gères ?
gè La question est d'importance et mérite de
retenir toute l'attention du - Gouvernement
général, comme on le voit.
M. Bosc a présidé la Haute Commission
du Mékong pour l'application du traité
franco-siamois. Sur la situation en Indo-
chine, il donne une note nettement opti-
miste : « L'ordre règne dans tous les pays
de l'Union Indochinoise. La légère efferves-
cence nationaliste qui s'était produite au dé-
but des événements de Chine s'est apaisée.
Tout est calme.
Nous nous en félicitons. Mais les pou-
baos et les pau-saos, follement épris de
fleurs et de chants.? Les nuits de Grande
Lune, désormais, seront-elles nostalgiques
et mouillées par les voix pleurant le temps
jadis ?
La Conférence Nord-Africaine
t.
La délégation de r Afrique Occidentale
française à la Conférence Nord-Africaine qui,
ainsi que nous l'avons annoncé, s'ouvrira à Ra-
bat le 4 juillet prochain, sera composée de M.
Duchêne, conseiller d Etat, du médecin ins-
pecteur général Lasnet, du colonel Martin, de
r infanterie coloniale, de M. l'Administrateur
des Colonies Anet et de l'ingénieur en chef
Chardy.
-080-
Au Foyer Nord-Africain
Averti trop tardivement, je n'ai pu, à mon:
grard regret, accompagner la Commission
d'assistance et de protection des indigènes
nord-africains dans sa visite aux foyers de
Nanterre, de Colombes et des Grésillons.
Mais la visite à l'Office Central de la rue
Lecomte, dirigé par M. Gérolami, m'a am-
plement édifié sur l'importance et les heu-
reux résultats de cette œuvre d'assistance et
d'hygiène.
Les 40.000 Nord-Africains : Algériens,
Marocains et Tunisiens musulmans de Paris
trouvent à l'Oftice de la rue Lecomte assis-
tance et protection dans des conditions ex-
ceptionnelles.
Un service d identité délivre aux indigè-
nes une carte verte d'identité, établie spécia-
lement pour eux et que leur réclament les
usines où ils se présentent.
L'Office tient donc un contrôle exact de
la main-d'œuvre indigène et en même temps
un recensement exact qui est utilisé pour le
recrutement du contingent de chaque classe
de mobilisation. Cet état civil dont se trou-
vent ainsi dotés les indigènes, leur facilite
tous les actes de la vie et ils en apprécient
eux-mêmes les services.
L'Office s'est préoccupé de leur hygiène
en veillant à ce qu'ils soient mieux logés
dans les quartiers ouvriers où ils sont obli-
gés d'habiter. De bons conseils leur ont été
donnés sur les fréquentations à éviter, et
grâce à la connaissance de l'Arabe que pos-
sèdent les employés de l'Office, les indigè-
nes se sont de suite sentis en confiance avec
leurs protecteurs.
Le service de police est assuré par ,0
agents de la brigade nord-africaine qui ont
produit une excellente impression aux mem-
bres de la Commission. En qualité d'auxi-
liaires de la poticc parisienne, ils sont en
nombre suffisant et interviennent rapidement
là où on les appelle. Leur dévouement est
digne de tout éloge.
Un dispensaire dirieé par le docteur Rous-
seau, des salles de douches, un réfectoire,
un café maure, sont installés dans des lo-
caux neufs qui comprennent également des
chambres vastes et aérées pour les indigè-
nes. Une infirmerie est en construction dans
une rue voisine, au 15 de la rue Clairaut.
Un directeur, un sous-directeur, un se-
crétaire général et quelques secrétaires as-
surent à eux seuls le fonctionnement de ce
foyer qui n'a qu'un budget de 650.000 fr.,
alimenté par la Ville de Paris et la Préfec-
ture de la Seine.
Il semble que l'Afrique du Nord pourrait
donner son obole a cette œuvre de - protec-
tion dd ses sujets dont les économies re-
tournent, pour la plupart, dans leurs pays
d'origine.
Et en particulier au Maroc, car ainsi que
me le disait M. le secrétaire général, la
main-d'œuvre marocaine est remarquable
par sa facilité d'adaptation, son désir de
s'instruire et son souci d'économiser pour
envoyer de l'argent au pays.
M. Godin, président du Conseil munici-
pal, fondateur de ce foyer nord-africain,
peut être fier de son œuvre et mérite, ainsi
que ses collaborateurs, tous les encourage-
ments.
En gène Aevaujr.
Nos méharistes de Mauritanie
co 1 -
AQUERAKTEM : un nom sur la carte du
Sahara suivi d'un point d'interrogation ; jus-
qu'à présent, aucun méhariste algérien, souda-
nais ou mauritanien, n'avait pu parvenir à ce
puits dont l'importance pourtant était grande
puisqu'il constituait le relais, l' abreuvoir obli-
gatoire, le repos certain pour les rezzi qui, de-
puis de longues années, partent de la Seguiet
el Hamra pour gagner la région de Tombouc-
tou par Taodéni et Araouan.
Les conférences Nord-Africaines de Tunis
a -
et d Alger s etaient préoccupées de la ques-
tion et avaient décidé de ffire effectuer par
leurs méharistes une reconnaissance, voire une
liaison, en ce point. Le projet ne put avoir de
suite en 1926-1927, les unités algériennes
étant occupées par la poursuite d'un rezzou au
Touat.
La Mauritanie se décida alors à agir seule :
un détachement composé de 2 officiers : capi-
taine Jayet et lieutenant Cousteaux ; 2 sous-
officiers : adjudant Thomas, sergent Alessan-
drini, 30 tirailleurs sénégalais et 47 gardes
maures, quitta la zériba de Cheirick le 16 jan-
vier 1928 et, reprenant l'ancien itinéraire Au-
gieras-Lauzanne, par Rhallaouya et Bir Zrei-
gat parvint à Tamsagout le 4 février.
De ce point, il piqua droit au Sud et attei-
gnit Aqueraktem.
Le détachement y trouva de nombreux puits
d'une eau abondante ; des ossements de cha-
meaux, des débris de gargoulettes, des peaux
de bouc indiquaient que ce point était fréquenté
par les razzieurs qui y font des séjours prolon-
gés à 1 abri des méharistes algériens et sou-
danais et s' y partagent le butin de leurs rapi-
nes. Mais le désert prend parfois de terribles
revanches et, les guides, d'anciens pillards ve-
nus à résipiscence, montrent au capitaine Jayet
les tombes de beaucoup de leurs anciens com-
pagnons morts là, qui sait dans quelles circons-
tances.
D'Aqueraktem, le détachement se dirigea à
la boussole vers l'Ouest et, recoupant à Bir
Zreigat l'itinéraire d'aller, rentra à Cheirick
le 23 février, ayant parcouru 1.600 kilomètres
d'un itinéraire entièrement nouveau et celà,
malgré les pires difficultés : rareté des points
d'eau, ignorance des routes, température gla-
ciale (le thermomètre est descendu plusieurs
cas NUMERO : 90 CENTIMES
JKl 113! SOJil, .il .V.vi h^.
JOURIIL OUOTIDIER
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14, III.
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Les Annales Coloniales
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Les missions en Afrique Équatoriale Française
Le décret du 29 avril 1927 venait à peine
de paraître qu'un projet de modification, éma-
né du Conseil Supérieur des Colonies remettait
en question le statut juridique de nos indigènes
de l'Afrique Equatoriale Française sous une
forme nouvelle et inattendue.
Elaboré à la suite d'une note du Saint Siège,
il ne propose rien moins en effet que soustraire
les indigènes convertis au christianisme à l'ap-
plication de leurs coutumes ancestrales pour les
placer sous l'empire de coutumes nouvelles dé-
rivées directement des commandements de la
.1 ioinn
u La conversion, dit le rapport annexé à
ce rapport, rapproche l'indigène de notre civi-
lisation. Elle l'élève à un niveau supérieur ».
Dès lors, n' y a-t-il pas un moyen « de mettre
un terme à des abus graves, résultats de certai-
pes coutumes, voire de certains rites coutu-
miers » qui sont en contradiction avec ses con-
victions nouvelles ? Ce moyen c'est de suppri-
mer cette coutume gênante et .de la remplacer
par une autre fabriquée de toutes pièces et con-
forme aux principes nouveaux qu'il a librement
adoptés. -- -
Sous ses termes anodins, cette proposition re-
couvre en réalité un vieux problème que l' ex-
périence coloniale européenne a déjà depuis
longtemps résolu : les sociétés indigènes doi-
vent-elles évoluer dans leur milieu sous l'action
'des transformations économiques causées par no-
tre présence ? ou doivent-elles, au contraire,
emprunter les formes juridiques de notre civi-
lisation avant d'entrer dans la voie du piogiès ?
Pareille proposition, basée au fond sur cette
croyance communément répandue en France
que la colonisation est avant tout un problème
juridique, semble faire bon marché d' une expé-
rience coloniale déjà vieille de plus d' un siècle
ainsi que des conséquences de son application
pour les autorités chargées de gouverner et d' ad-
ministrer.
Dès que la France, en effet, poursuivant l' ex-
tension de son domaine colonial, eut à adminis-
trer non plus les quelques milliers d'hommes
que renfermaient certains ilôts de l'Atlantique
ou de l'Océan Indien, mais les millions d'indi-
vidus qui peuplent nos grandes colonies d'Afri-
que et d'Asie, la vieille politique d' assimila-
tion qui avait été pratiquée jusque-là dut être
abandonnée. Il fallut tenir compte de ce fait
nouveau: 1 existence de sociétés indigènes, arrié-
rées sans doute, mais vivaces et parfaitement
équilibrées, jeter par-dessus bord nos vieux
principes de colonisation, abandonner l'espoir
d'organiser ces sociétés à notre image, et s ef-
forcer au contraire de connaître ces institutions
nouvelles, de les maintenir et de les appliquer.
Cette attitude a prévalu partout et forme au-
jourd'hui l'idée directrice de notre politique co-
loniale. C'est dans cet esprit qu'on a mis sur
pied toute une organisation judiciaire particu-
lière aux indigènes et chargée d'appliquer les
coutumes locales.
Ainsi, les sociétés indigènes et leurs institu-
tions sont apparues comme un fait nécessaire
qu'il convient d'étudier et de perfectionner,
mais en aucun cas d'éliminer par une action
aussi néfaste que difficultueuse.
Or, on nous propose aujourd'hui d'abandon-
ner ce principe qui paraissait pourtant définitive-
ment établi, de rompre l'unité de ces sociétés,
en conférant à certains de leurs membres un sta-
tut juridique particulier participant à la fois des
coutumes locales et des règles d'une ou plu-
sieurs religions d'importation, représentatives
de milieux et de conceptions absolument diffé-
rents.
Le simple fait de la conversion suffirait à opé-
rer cette transformation. Mais il faut voir
d'abord ce que recouvre ce mot dont on fait si
grand état et auquel on voudrait attribuer de si
grosses conséquences.
C'est avant tout l' effort quelquefois acharné,
le plus souvent inefficace de toute une armée de
missionnaires envoyés de tous les points du
globe à l'assaut du continent noir.
Mais à l'inverse de l'islam qui progresse en
Afrique de son seul élan, le christianisme appa-
raît surtout comme une plante exotique amenée
A grands frais dans un milieu qui ne peut lui
convenir. Pour quelques conversions soigneuse-
ment enregistrées, que d'efforts impuissants et
de résultats éphémères!
Jusqu'à présent malgré l'abondance des res-
sources mises à sa disposition, les trésors de dé-
vouement qui sont à son service, le christianisme
a peut-être réussi à se plaquer çà et là sur quel-
ques individus, sur quelques familles, mais il
n'a jamais connu de succès profonds et dura-
bles, ni obtenu un changement quel conque dans
--- la mentalité indigène. D'ailleurs pour qui con-
naît les ressorts de l'action religieuse chez les
primitifs, le mot de convenion ne peut être pris
au sérieux. En fait, il ne dépasse jamais quel-
qu'intérêt immédiat ou occasionnel, celui de
s' attirer les bonnes grâces de l'Européen, de
profiter de certains avantages, de voir stf réali-
ser certaines promesses, toujours de faire une
bonne affaire. En Afrique Equatoriale, tous les
indigènes, ou presque, en sont là.
Et c'est sous ce prétexte de conversion qu'on
créerait de toutes pièces un statut juridique nou-
veau, artificiel et monstrueux, mis à la disposi-
tion des indigènes selon leur fantaisie ou selon
les suggestions de n'importe quel Européen.
Alors que toute l'histoire moderne est encore
pleine des efforts faits par le pouvoir laïque
pour dégager le droit civil du droit religieux,
on songerait à rétablir la confusion aux colo-
nies au profit d' une religion d'exception?
Cette tendance est à vrai dire pleine de dan-
gers et grosse de difficultés futures.
La forme des sociétés indigènes et les institu-
tions qui les régissent ne sont pas l' effet du ha-
sard. Derrière elles, il y a tout un milieu géo-
graphique et historique dont elles ne sont que la
conséquence. Elles constituent surtout une réa-
lité, non conforme à nos institutions ou à nos
conceptions sans doute, mais qui a le mérite de
iormer un tout cohérent et vivant.
Si on vient pour des motifs qui ne sont pas
valables, à transformer brusquement certaines
des règles les plus fondamentales qui forment la
loi séculaire de ces sociétés, l'édifice entier ne
tardera pas à s'écrouler, laissant place à l' anar-
chie pure et simple.
D'ailleurs, il n'y a pas qu'un christianisme.
Bien des sectes protestantes ont ici des mission-
naires qui font des conversions. Il existe des
confréries musulmanes qui font, elle aussi, des
conversions.
Il faudrait donc autoriser les indigènes con-
vertis à ces religions ou à des rites différents à
se réclamer de leur nouvelles convictions pour
exiger l'octroi d'un statut particulier et l' appli-
cation d'un droit nouveau? Chacun d'eux, par
un acte de sa seule volonté, pourrait se sous-
traire à sa loi civile pour acquérir des coutumes
nouvelles qui ne seraient ni les lois françaises ni
les coutumes locales?
Mais pour assurer à ces convertis le respect dû
à leurs croyances nouvelles, les tribunaux indi-
gènes se trouveront à todt instant dans la né-
cessité de recourir à l'intervention de l'autorité
religieuse, de réclamer les certificats de mariage,
de baptême, de naissance, de confession, indis-
pensables à l'application du statut. Il est des
cas où ces juridictions pourront se trouver dans
de sérieux embarras. Quoi qu it en soit, il leur
appartiendra de formuler les coutumes nouvelles,
et alors quelles difficultés, que d'erreurs, que
d'abus 1
Au moment même où on commence à aperce-
voir les dangers que fait courir à notre domina-
tion l'envahissement de notre colonie par des
missionnaires étrangers sur lesquels il est impos-
sible d'exercer aucun contrôle, il serait para-
doxal de renforcer leur action en transportant
dans le domaine juridique et légal les résultats
d'une activité que nous jugeons inopportune.
L'oeuvre des missions est une oeuvre qui peut
s'exercer ici sans avoir besoin de voir les prin-
cipes de la religion érigés en coutumes civiles
ayant force de lois.
De toute façon il serait souverainement im-
prudent de diviser la société déjà suffisamment
morcelée, en nouvelles sections fétichistes, mu-
sulmanes, catholiques, protestantes. Comment
serait-il possible d'agir alors sur des sociétés
ainsi désorganisées? Où trouver le point d'appui
nécessaire, le ressort d'une politique indigène
quelconque? Trente années d'efforts pour com-
prendre et conduire ces peuples primitifs seraient
à jamais perdues.
A notre contact la mentalité indigène s'est
modifiée. Sous l'action des relations de plus en
plus fréquentes et des plus étroites oue .@ nous
entretenons avec le milieu indigène, de l'acti-
vité matérielle que nous développons tous les
jours, cette mentalité se transforme lentement,
mais profondément.
A cet égard, le moindre kilomètre de rail fait
beaucoup plus que les textes les plus savam-
ment élaborés et si la réalisation en est infini-
ment plus difficile et plus coûteuse, elle a cer-
tainement le mérite d'être la plus féconde.
Georges JVouelle,
Députt de Saône-et-Loire, secrétaire
de la Commission des Colonies,
membre de la Commission des
Mines.
BROUSSES
* BROUTILLES
"1
La Légion à l'écran
L'on a vu ces temps derniers, sur un
écran de Leipzig, passer un film qui a pour
sujet notre Légion étrangère.
L'oeuvre, évidemment, ne donne pas pour
Une espèce d'idylle fleurie la vie des lé-
gionnaires. Mais elle ne risque pas plus de
nuire à leur corps glorieux que de lui four-
nir de nouveaux engagés. Plusieurs épiso-
des, en effet, témoignent d'un réel souci
d'impartialité.
L'un d'eux montre un officier adoré de
ses hommes et, par un juste retour, sauvant
un jeune Allemand du poteau d'exécution.
Dans un autre, cet Allemand (le héros du
ilm) sauve un petit soldat breton.
Et, dans l'ensemble, le film met en lu-
mière (c'est le cas de le dire, puisqu'il s'agit
4e lanterne magique), le courage de la Lé-
gion et ses vertus de camaraderie poussée
jusqu'à l'héroïsme.
;dp Bref, voilà tm film allemand qui n'a rien
aati-ocanùea.
L'Aviation Coloniale
Les ministrea et notre aviation
Au cours du Conseil des ministres de
mardi dernier, une grande partie de la
séance a été consacrée à l'examen d'un
plan d'organisation de l'aviation en France
et dans les colonies.
Sur la proposition du ministre de l'Aéro-
nautique, il a été décidé de réaliser immé-
diatement la liaison France-Syrie, et cela
sans attendre que les difficultés diplomati-
ques éprouvées pour la traversée de la Mé-
diterranée soient aplanies.
La ligne empruntera le trajet actuel de la
ligne Paris-Constantinople jusqu'à Bel-
grade. De Belgrade, par embranchement
terrestre, elle descendra jusqu'à. Salonique.
De là, par hydravion, elle rejoindra Athè.
nes, et de la capitale de la Grèce elle abou-
tira à un port de Syrie,
Enfin, le Conseil des ministres a délibéré
à nouveau sur la façon la plus pratique
d'organiser la liaison de la France avec
illndochine.
ochine.
Londrea-Le Cap et retour
CO Lady Bailey, qui a quitté le Cap le 12
courant pour rentrer en Angleterre, eet ar
rivée à Znartkop, Tranavan, le 29 mai.
La propagande Coloniale Allemand el
..a
0k
La Propagande allemande, au
cours de l'année - 1927, a été plus
active que l'année précédente. Son
organisation générale est restée la même. Ses'
fins ne se sont pas modifiées ; formation
d'une opinion publique, constitution d'un
bloc de race allemande. dans le monde,
expansion de la puissance et surtout de la
culture allemande. Ses méthodes n'ont pas
changé. L'activité s'est accrue, sans que les
résultats, tels du moins qu'ils apparaissent
dans les documents qui nous sont commu-
Iliqués, témoignent d'un réel progrès. Allons
droit à ce qui concerne la propagande colo-
niale.
La nouvelle loi d'émigration des Etats-
Unis a provoqué de nombreux articles de
journaux. On sait qu' dlç réduit le contin-
gent des é migrant s de certaines nations, par-
mi lesquelles l'Allemagne. D'autre part,
contrôle de l'émigration, organisation des
services de renseignements pour les émi-
grants politiques qui les empêche de perdre
contact avec Ip mère patrie, tout cela préoc
cupe le Reich, les pays, les grandes orga-
nisations. Mais au fond, les journaux sont
d'avis que les Allemands, au lieu d'émigrer
par delà les mers, feraient bien mieux de
peupler les régions voisines de la frontière,
notamment dans l'Est. Une exception tOti-
tefois est à noter ; celle du Canada, vers
lequel l'attention est attirée par les servicer
d'émigratioll et par les écrivains; une colo-
nie « noble » a été fondée au Canada, par
le comte de Bismark, le baron Biiloiv et au-
tres membres de l'aristocrafif.
Par la propagande coloniale elle-même
les associations n'ont pas cessé de rappeler
les colonies perdues et d'en réclamer le re-
tour à VAllemagne : conférences, exposi-
tions, taes, semaines de stage coloniales,
cycle de conférences sur les colonies orgalli-
sées par le Séminaire des Langues Orientales
de Halin, articles accusant les puissances
mandataires de travailler à s'annexer les
Pays qui leur sont confiés ou de les mal ad-
ministrer, tout cela se retrouve en 1927. Il
y a même une pro position ingénieuse : celle
qui consisterait à porter la valeur des colo-
nies ex-allemandes en compte dans le total
des réparaliipnsl Il y a eu une inauguration
originale : celle d'une école coloniale fémi-
nine à Rcudsbllrg; elle a un internat de
30 élèves.
Mais, au fond, ce n est pas la thèse de la
restitution à l'Allemagne de ses colonies qui
gagne le plus de partisans. Au contraire,
elle soulève des oppositions de plus en plus
nombreuses. Celle qui l'emporte peu à peu
est la thèse de Vétablissement des colonies
allemandes à l'intérieur des colonies étran-
gères. L'Allemagne 'doit-elle pratiquer une
politique coloniale? A cette question, posée
par les CI Europaïscllc Gespràche » en dé-
cembre, cinquante réponses ont été envoyées;
7*ingt-deux étaient favorables à la colonisa-
tion, et encore avec de fortes réserves ; vingt-
huit défavorables. On peut dire que, dans
la niasse du public, la restitution des colo-
nies ne parait pas devoir être une bonne af-
faire :
t 0 parce qu'elle imposerait à l'Allemagne
de lourdes charges militaires et pécuniaires,
et pour un profit discutable :
20 parce qu'elle créerait des complications
politiques ;
30 parce qu'il y a des méthodes d'exploi-
tation plus pratiques 'et plus fructueuses :
celle qui consiste à aider les Allemands à
s'installer, à vivre, à prospérer dans les
colonies dont l'étranger assure l'existence à
ses frais, à ses risques et périls ; celle qui
consiste à fonder des consortiums internatio-
naux pour exploiter en commun les colonies
qui appartiennent aux autres nations.
Aussi, quand on murmure çà et là que
VAllemagne, une fois entrée dans la Com-
mission des Mandats de la Société des Na-
tions, ne ferait pas mal de réclamer un
mandat pour elle-même, la « Germania »
entreprend contre cette idée une campagne
énergique. La « Vossische Zeitung 9 sug-
gère qu'on pourrait rétrocéder un des man-
dats à la Société des Nations ou au Palleu-
ropa, lesquels le remettraient non pas à une
seule puissance, mais à un consortium de
puissances mandataires. La a Rote Falmt »
signale la méthode d'après laquelle des asso-
ciations se constituent pour associer les capi-
taux allemands aux capitaux étrangers afin
de mettre en valeur les possessions coloniales
des autres.
En s
restitution pure et simple des colonies alle-
mandes ou même de l'une d'entre elles, ne
se pose plus en Allemagne. Il est même
probable que ceux qui en parlent encore ne
comptent pas beaucoup sur une solution
favorable et, en définitive, il y a là surtout
une revendication sentimentale, tradition-
nelle, si l'on veut ou une de ces revendica-
tions dont le principal objet est de faire
passer des revendications plus facilement
réalisables. A mesure que la propagande co-
îoniale se rend mieux compte des nécessités
de l'heure présente, elle se préoccupe plus
spécialement d'utiliser, pour les fins que j'ai
indiquées, VactiiHté de ses colonies allClnatt-
des au sein des colonies étrangères. Ce rôle
de « pionniers économiques 9, d' a agents
de renseignements » dévolu aux citoyens de
VAllemagne qui voyagent aux colonies a
été plusieurs fois marqué par les journaux ;
faire connaître les produits allemands, ré-
pandre les marques allemandes, indiquer aux
industriels et aux commerçants allemands
les marques concurrentes et les moyens de
les remplacer par des produits allemands,
signaler les débouchés possibles, tel est le
'devoIr des pionniers économiques. Empêcher
que les émigrés allemands cessent d'être re-
liés à la mère patrie, travailler à resserrer
entre eux la solidarité de la race, s'opposer
à toute assimilatio" qui les enlèverait pour
toujours à l'Allemagne, tel est celui du
Reich, des pays et des organisateurs. Cons-
tituer, avec la collaboration des capitaux
étrangers, les capitaux nécessaires à l'exploi-
tation des colonies des autres nations, tel est
le devoir des hommes (J' al faires allemands.
Il nous a paru intéressant de dégager ces
traits généraux de la propagande coloniale
allemande ; ils nous permettent, d'esquisser
les grandes lignes de la politique coloniale
vers laquelle l'Allemagne semble désormais
s'orienter.
Mario ItouAlan,
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre
Vice-prâtident de la Commission
sénatoriale des Côlomcs.
Une maison de retraite
pour les vieux coloniaux
.8.
La Tribune de Madagascar préconise la
création d'une maison de retraite pour les
vieux coloniaux. Les uns y seraient admis
moyennant de modestes versements) et ceux
qui, la vieillesse venue, sont dénués de tout,
seraient logés, nourris, vêtus à titre gratuit.
Des subventions, des dons, des legs, des
« fêtes à bénéfices » soutiendraient l'œuvre.
11 n'est pas besoin de dire combien une
fondation de ce genre serait utile, belle et
bonne. Souhaitons seulement - si elle doit
être réalisée un jour - qu'elle soit digne
de ses hôtes.
-
Les Français exilés, grâce à qui - ne
l'oublions pas - la France est si vaste, ont
droit entre tous à une fin de vie heureuse,
honorée, choyée. L'on rêve pour eux quel-
que magnifique domaine plein de soleil,
d'ombrages et d'eaux vives, et sur la vaste
étendue duquel ils puissent selon leur hu-
meur se réunir ou s isoler..,
Mais qui prendra l'initiative nécessaire?
Faut-il compter pour cela sur l'administra-
tion? Personne, sans doute, ne se berce de
cette illusion. L'administration n'est pas
tout à fait une mère sans entrailles. Parfois,
même, laïcisant le vieux proverbe : « Aide-
toi, le Ciel t'aiaera », elle accorde son ap-
pui à quelque création qui lui paraît mé-
riter son estime. Mais on ne peut vraiment
lui demander de créer elle-même, en ce mo-
ment, une œuvre de bienfaisance.
C'est aux « coloniaux », fonctionnaires ou
colons, qu'il appartient de fonder leur mai-
son de retraite. -
Il ne manque pas, dans nos possessions,
d'hommes énergiques, tenaces, capables de
faire pour ce refuge ce qu'a fait Dranem
pour Ris-Orangis!
Qu'une volonté se manifeste dans chaque
colonie, et elle aura tôt fait de grouper au-
tour d'elle toutes les bonnes volontés.
Il suffit d'une impulsion, de quelques pa-
tronages respectés, et l'œuvre naîtra, vivra
et prospérera.
M. m. 4tm &era_
1..
Vacance de chaire à Alger
.1.
Par arrêté du ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts en date du
30 mai 1928, la chaire de droit commercial
de la Faculté de Droit de l'Université
d'Alger est déclarée vacante.
Dépêches de l'Indochine
l' 1
Voyage
Le professeur et Mme Sylvain 1.A!vlJ ont
quitté. Tnliio vendredi pour visiter les rui-
nes dWnykor et autres sites de l'Indochine.
Ils se rendront ensuite à Bangkok d'où ils
rejoindront la France. (lndopacifi.)
Les recettes des chemins de fer
Les recettes brutes des réseaux de che-
mins de ter exploités par la colonie durant
le premier trimestre 1928 se sont élevées
en chiffre rond à 1.170.000 piastres, faisant
ressortir une augmentation totale de près
de 107.000 piastres sur la même période
1927, et une augmentation au rendement
kilométrique de 10 environ. Les recettes
brutes de la ligne llaïphong-Yunnanlou se
chiffrent par 1.190.000 piastres environ, soit
une diminution de 280.000 piastres environ
et une diminution au rendement kilométri-
que de 19,25
Au Nord de l'Indochine.
lee
Le maréchal Chang Tso Lia acquiesçant in la
demande du généruT commandant la 3° divi-
siun japonaise a ordonné il la garnison de
15,000 soldats nordistes de se retirer à 12 kilo-
mètres de Tsing-Tuu.
Les iourragours du Chan-Si auraient fait leur
apparition fi 32 km. à l'ouest de Pkill,
M. Adatci, représentant
taire général une déclaration relatant les inci-
dents qui se sont produits entre les troupes
japonaises et chinoises à Tsinan-Fou.
Le gouvernement japonais a invité le secré-
taire géivérul à communiquer sa note à tous
les Etats membres, alin de leur faire connaître
les motifs de l'intervention japonaise.
Le gouvernement japonais fait remarquer
qu'il est inévitable que, voisin do la Chino, il
s'efforce de sauvegarder par ses propres forces
ses nationaux et ses droits acquis.
En ce qui concerne les incidents de Tsinan-
Fou, le Japon dit qu'il a envoyé ses troupes
dans cette ville pour protéger les 2.000 rési-
dents japonais. Cet envoi de troupes n'a été
qu'une mesure de self-protection rendue iné-
vitable par la situation en Chine.
Le Japon insiste sur le fait que les envois ac-
tuels de troupes japonaises « n'ont pas d'autre
objet que de protéger la vie et les biens des ré-
sidents japonais, et ne signifient rien qui res-
semble à une intervention dans les opérations
militaires des armées nordistes ou sudistes. Les
troupes japonaises seront rappelées de Chine
dès que leur présenœ n'y sera plus nécessaire,
et ce en exécution des promesses données par
le Japon ».
A Ii Mosquée de Paris
La fête du « Mouton » qui a lieu soixante-
dix jours après la clôture du Ramadan, a
été célébrée hier à la Mosquée de Paris, où
plus de 1. 500 musulmans de toutes condi-
tions s'étaient rassemblés.
La plupart étaient vêtus à l'européenne
et avaient rassemblé dans des coins leurs
chaussures, d'autres portaient le costume
national et s'étaient débarrassés de leurs
sandales. 11 y avait quelques dames - pas
beaucoup - toutes jolies et élégantes, qui
promenaient leurs yeux ardents su* ce spec-
tacle pittoresque qui, pour une fois, se dé-
roulait sous un vrai soleil d'Afrique.
En l'honneur de la fête, on avait sacrifié,
à la mode musulmane, une cinquantaine
d'ovins ; du sang tachait les dalles et les
murs. Dans une cour, de grands trous
avaient été creusés où brûlait de la braise,
et là-dessus, empalés à des barres de bois,
les « mechouis » gras rôtissaient lentement.
Dans d'énormes marmites cuisait le cous-
cous.
Ces victuailles furent distribuées à la
foule des fidèles, qui les absorbèrent en
priant, ou en chantant, aux accents mélan-
coliques de petits orchestres fort monotones.
Et dans une salle du restaurant de la
mosquée, un repas de gala fut servi à une
assistance nombreuse, que presiaau iu.
Chiappe, préfet de police. On remarquait
autour de lui des conseillers municipaux,
MM. Godin, Le Provost de Launay, Fiquet,
Lallcment, de Fontenay, puis Si Kadour
Ben Gabrit, le président de la Société des
Habous, M. Gould, directeur des affaires
musulmanes aux Affaires étrangères; MM.
Cazée, Ginoux, directeurs à la préfecture;
M. Gerolami, chef des services indigènes de
Paris, directeur du foyer de la rue Lecomte ;
les docteurs Rousseau et Machtou, qui di-
rigent le dispensaire de la Mosquée, et les
membres de la Commission d'assistance et
de protection des indigènes nord-africains.
La variole en Algérie
se
Voeux de l'Académie de Médecine
M. Camus, au nom de la Commission per-
manente de vaccine, a présenté un très in-
téressant rapport à l'Académie de Médecine,
relatif aux nombreux foyers de variole cons-
tatés en France pendant ces dernières an-
nées.
Ils sont presque tous dus à des germes
transportés d'Algérie par des travailleurs
infectés.
Pour s'opposer aux désastres causes par la
variole, et d'une façon plus générale par
toutes les maladies infectieuses, l'Académie
a adopté deux vœux présentés par la Com-
mission permanente de vaccine. Le premier
demande que soit nommée une commission
technique mixte métropolitaine et algérienne
chargée d'élaborer un projet où seraient éga-
lement pris en considération d'une part les
besoins de la préparation hygiénique des
travailleurs indigènes avant leur embarque-
ment, d'autre part leur surveillance et leur
protection hygiénique 'après le débarque-
ment.
Le second demande la mise en pratique
avant l'embarquement de la règle actuelle-
ment en vigueur pour la vaccination obli-
gatoire, c'est-à-dire le contrôle de l'opéra-
tion au huitième jour de l'inoculation avant
la délivrance du certificat ; on éviterait ainsi
d'embarquer des sujets qui, ayant reçu leur
vaccination au cours de l'incubation, ris-
quent de présenter une variole en activité
au moment de leur arrivée au port.
..,.
Contre la syphilis
Les docteurs Léger, de Paris, et Lépinay,
de Casablanca, ont pris une part active aux tra-
vaux du Congrès international de défense con-
tre la syphilis qui se tient actuellement à
Nancy. - -
Le docteur Léger s est particulièrement oc-
cupé des dispensaires coloniaux que la Com-
mission d'assistance des Nord-Africains vient
de visiter.
Le docteur Lépinay a naturellement présenté
un rapport sur les dispensaires au Maroc.
goeum
Le Laos, terre de production
Le Laos, que nous regardions naguère
comme une « terre d'amour », s'ouvre
enfin à la vie économique, grâce aux routes
construites récemment. Grâce aussi à l'au-
tomobile, Hué, la capitale de l'Annam, n'est
plus qu'à une journée du Mékong. Il fallait,
avant que ces routes ne fussent ouvertes à
la circulation, quinze jours pour effectuer ce
trajet. Déjà des entreprises importantes se
créent au Laos, vers le Mékong.
La route et l'automobile vont donc per-
mettre le développement économique du
Laos. Mais cet essor n'arrivera à son maxi-
mum que par la construction de la voie fer-
rée depuis si longtemps réclamée pour relier
la côte au Mékong. Si nous ne nous hâtons
pas de la réaliser, nous verrons le courant
commercial se diriger vers le Siam où la
construction de voies ferrées reliant Bang-
kok au Mékong est activement poussée. Evé-
nements graves. En effet comment admettre
que les productions minières et agricoles du
Laos, au lieu d'aller vers la côte indochi-
noise, soient acheminées vers Rangoon, port
fréquenté surtout par les Compagnies étran-
gères ?
gè La question est d'importance et mérite de
retenir toute l'attention du - Gouvernement
général, comme on le voit.
M. Bosc a présidé la Haute Commission
du Mékong pour l'application du traité
franco-siamois. Sur la situation en Indo-
chine, il donne une note nettement opti-
miste : « L'ordre règne dans tous les pays
de l'Union Indochinoise. La légère efferves-
cence nationaliste qui s'était produite au dé-
but des événements de Chine s'est apaisée.
Tout est calme.
Nous nous en félicitons. Mais les pou-
baos et les pau-saos, follement épris de
fleurs et de chants.? Les nuits de Grande
Lune, désormais, seront-elles nostalgiques
et mouillées par les voix pleurant le temps
jadis ?
La Conférence Nord-Africaine
t.
La délégation de r Afrique Occidentale
française à la Conférence Nord-Africaine qui,
ainsi que nous l'avons annoncé, s'ouvrira à Ra-
bat le 4 juillet prochain, sera composée de M.
Duchêne, conseiller d Etat, du médecin ins-
pecteur général Lasnet, du colonel Martin, de
r infanterie coloniale, de M. l'Administrateur
des Colonies Anet et de l'ingénieur en chef
Chardy.
-080-
Au Foyer Nord-Africain
Averti trop tardivement, je n'ai pu, à mon:
grard regret, accompagner la Commission
d'assistance et de protection des indigènes
nord-africains dans sa visite aux foyers de
Nanterre, de Colombes et des Grésillons.
Mais la visite à l'Office Central de la rue
Lecomte, dirigé par M. Gérolami, m'a am-
plement édifié sur l'importance et les heu-
reux résultats de cette œuvre d'assistance et
d'hygiène.
Les 40.000 Nord-Africains : Algériens,
Marocains et Tunisiens musulmans de Paris
trouvent à l'Oftice de la rue Lecomte assis-
tance et protection dans des conditions ex-
ceptionnelles.
Un service d identité délivre aux indigè-
nes une carte verte d'identité, établie spécia-
lement pour eux et que leur réclament les
usines où ils se présentent.
L'Office tient donc un contrôle exact de
la main-d'œuvre indigène et en même temps
un recensement exact qui est utilisé pour le
recrutement du contingent de chaque classe
de mobilisation. Cet état civil dont se trou-
vent ainsi dotés les indigènes, leur facilite
tous les actes de la vie et ils en apprécient
eux-mêmes les services.
L'Office s'est préoccupé de leur hygiène
en veillant à ce qu'ils soient mieux logés
dans les quartiers ouvriers où ils sont obli-
gés d'habiter. De bons conseils leur ont été
donnés sur les fréquentations à éviter, et
grâce à la connaissance de l'Arabe que pos-
sèdent les employés de l'Office, les indigè-
nes se sont de suite sentis en confiance avec
leurs protecteurs.
Le service de police est assuré par ,0
agents de la brigade nord-africaine qui ont
produit une excellente impression aux mem-
bres de la Commission. En qualité d'auxi-
liaires de la poticc parisienne, ils sont en
nombre suffisant et interviennent rapidement
là où on les appelle. Leur dévouement est
digne de tout éloge.
Un dispensaire dirieé par le docteur Rous-
seau, des salles de douches, un réfectoire,
un café maure, sont installés dans des lo-
caux neufs qui comprennent également des
chambres vastes et aérées pour les indigè-
nes. Une infirmerie est en construction dans
une rue voisine, au 15 de la rue Clairaut.
Un directeur, un sous-directeur, un se-
crétaire général et quelques secrétaires as-
surent à eux seuls le fonctionnement de ce
foyer qui n'a qu'un budget de 650.000 fr.,
alimenté par la Ville de Paris et la Préfec-
ture de la Seine.
Il semble que l'Afrique du Nord pourrait
donner son obole a cette œuvre de - protec-
tion dd ses sujets dont les économies re-
tournent, pour la plupart, dans leurs pays
d'origine.
Et en particulier au Maroc, car ainsi que
me le disait M. le secrétaire général, la
main-d'œuvre marocaine est remarquable
par sa facilité d'adaptation, son désir de
s'instruire et son souci d'économiser pour
envoyer de l'argent au pays.
M. Godin, président du Conseil munici-
pal, fondateur de ce foyer nord-africain,
peut être fier de son œuvre et mérite, ainsi
que ses collaborateurs, tous les encourage-
ments.
En gène Aevaujr.
Nos méharistes de Mauritanie
co 1 -
AQUERAKTEM : un nom sur la carte du
Sahara suivi d'un point d'interrogation ; jus-
qu'à présent, aucun méhariste algérien, souda-
nais ou mauritanien, n'avait pu parvenir à ce
puits dont l'importance pourtant était grande
puisqu'il constituait le relais, l' abreuvoir obli-
gatoire, le repos certain pour les rezzi qui, de-
puis de longues années, partent de la Seguiet
el Hamra pour gagner la région de Tombouc-
tou par Taodéni et Araouan.
Les conférences Nord-Africaines de Tunis
a -
et d Alger s etaient préoccupées de la ques-
tion et avaient décidé de ffire effectuer par
leurs méharistes une reconnaissance, voire une
liaison, en ce point. Le projet ne put avoir de
suite en 1926-1927, les unités algériennes
étant occupées par la poursuite d'un rezzou au
Touat.
La Mauritanie se décida alors à agir seule :
un détachement composé de 2 officiers : capi-
taine Jayet et lieutenant Cousteaux ; 2 sous-
officiers : adjudant Thomas, sergent Alessan-
drini, 30 tirailleurs sénégalais et 47 gardes
maures, quitta la zériba de Cheirick le 16 jan-
vier 1928 et, reprenant l'ancien itinéraire Au-
gieras-Lauzanne, par Rhallaouya et Bir Zrei-
gat parvint à Tamsagout le 4 février.
De ce point, il piqua droit au Sud et attei-
gnit Aqueraktem.
Le détachement y trouva de nombreux puits
d'une eau abondante ; des ossements de cha-
meaux, des débris de gargoulettes, des peaux
de bouc indiquaient que ce point était fréquenté
par les razzieurs qui y font des séjours prolon-
gés à 1 abri des méharistes algériens et sou-
danais et s' y partagent le butin de leurs rapi-
nes. Mais le désert prend parfois de terribles
revanches et, les guides, d'anciens pillards ve-
nus à résipiscence, montrent au capitaine Jayet
les tombes de beaucoup de leurs anciens com-
pagnons morts là, qui sait dans quelles circons-
tances.
D'Aqueraktem, le détachement se dirigea à
la boussole vers l'Ouest et, recoupant à Bir
Zreigat l'itinéraire d'aller, rentra à Cheirick
le 23 février, ayant parcouru 1.600 kilomètres
d'un itinéraire entièrement nouveau et celà,
malgré les pires difficultés : rareté des points
d'eau, ignorance des routes, température gla-
ciale (le thermomètre est descendu plusieurs
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