Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-04-10
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 avril 1928 10 avril 1928
Description : 1928/04/10 (A29,N57). 1928/04/10 (A29,N57).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64512402
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
VINGT-NEUVIEME ANNEE. N* 57.
LX NUMERO : 10 CBNTIME
MARDI SOIR, 10 AVRIL 1928*
MVtlALjQUOTIDIER
Médartitm & Administration :
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PARIS 0"
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Les Annales Coloniales
1m «murne*» fi NctaIM. sont reçue* m
IvrNM du tourrau.
DIRECTEURS I Maroel RUEDEL et L.-G. THÉBAUL T
Tous la mrttcles pubLU. dAru nobo tournai no peuvent
être reprocWUl qu'en citant les Aauui fn-rmuiis
ABONNEMENTS
avec le supplément illusird :
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France et
Colonl. 1201 6S > SS s
Étranger.. 1M » 1M » M »
On l'abonna sans Crala dans
tooa les bumn da porta.
LES COLONIES ET LE COMMERCE
Dans la bousculade de la semaine du départ,
la Commission Sénatoriale des Colonies, puis
je Sénat lui-même, auraient pu examiner, dis-
cuter, approuver mon rapport sur l'Agence Gé-
nérale des CoIOIÛeI eu moÎDs de temps qu'il
n'en faut pour le sténographier. Notre Com-
mission des Colonies a préféré attendre la ren-
trée prochaine. Il est probable que nous au-
rons des débats sérieux. Nous n'aurions eu que
des débats rapides et superficiels, en admet-
tant même que, dans l'avalanche, cela n eût
pas roulé avec la même rapidité vertigineuse
que bien d'autres propositions ou projets. Félix
culpa, retard heureux : nous remettrons t œuvte
en chantier quand nous pourrons travailler dans
le calme, dans l'atmosp h ère sereine des séances
DOnDala.
Or, voici que le Bulletin du C.R.C.I.A. (n'ea-
sayez pas, lecteurs, de prononcer cela comme
un nom propre du pavs Àgrach) publie un rap-
port de son Comité de Direction sur « La liai-
son entre les colonies et le commerce ».
C.R.C.I.A., pour ne pas prolonger plus long-
temps votre curiosité inquiète, ce n'est pas le
Comité des Réformes de la Concentration Intel-
lectuelle et Artistique, c'est tout simplement le
bon vieux Comité Républicain du Commerce,
I n d ustrie et dirige
'de l'Industrie et de l'Agriculture, qCue haumet.
mon éminent collèsue. M. Charles Otaumet.
Le rapporteur, M. Chenet, a fait une étude
fort intéressante et sur laquelle je tiens à attirer
l'attention de tous ceux qui se préoccupent de
l'avenir de nos colonies.
Quand j'ai rappelé, à la Tribupe du Sénat,
lors de la discussion du superadditif douanier,
que le défaut de coordination entre les divers
ministères, et notamment entre celui des Colo-
nies et du Commerce, était la source d'une
foule de graves inconvénients, j'ai bien senti
que tout le monde était d'accord Hi-dessus. Sans
doute, l'honorable M. Chapeal, président de la
Commission des Douanes et ancien ministre du
Commerce, me répliquait que la règle, pour les
conventions commerciales, était de réunir les re-
présentants des colonies et ceux du ministère
du Commerce. l'étais trop poli pour vouloir,
sinon le contredire, du moins lui répliquer que
cette règle souffrait quelquea exceptions. Le
tapport que J ai sous les yeux commence par
déclarer qu'il n'y a actuellement aucune liaison,
« au point de vue relations économiques », entre
les services du ministère des Colonies et ceux
du ministère du Commerce, entre r Agence Gé-
nérale et les Agences des Colonies, a une part,
et l'Office National du Commerce extérieur, de
l'autre. Delà. un gaspillage fâcheux dans les
efforts entrepris. par les deux départements,
pour assurer l'approvisionnement de nos indus-
trie» nationales en matibes premières. Or. nous
tommes dans une période où la lutte contre le
gaspillage sous toutes ses formes est menée avec
assez de vigueur pour que nous puissions entre-
voir une organisation scientifique du travail dans
tous les domaines. Normalisation, rationalisa-
tion ne tendent qu'à cela. Les départements
ministériels ne sauraient avoir l'ambition de tes-
ter. au milieu d'un progrès aussi général, les
représentants attardés des vieilles méthodes et,
plus particulièrement, de celle qui consirte à
n'en pas avoir.
Le rapporteur du Conseil de Direction du
C.R.C.I.A. propose, en conséquence, l'institu-
tion, à l'Office National du Commerce Exté-
rieur. d'un service de liaison entre les deux mi-
nistères. Son rôle serait d'assurer la liaison en-
tre les deux organismes dont nous avons parlé,
« l'Agence Générale des Colonies étant réarasa-
nisée, bien entendu, sur des bases plus élargies
et surtout beaucoup plus pratiques avec une
Elus grande indépendance dans l'action ». (Dia-
le ! voilà le hic, ou, comme on dit dans le
jargon contemporain, le point névralgique du
problème !) - - -.
- Donc, cet office aurait d abord à centraliser
tous les renseignements sur les mat ières pre-
mières qu'on peut importer de chacune de nos
provinces lointaines, sur les mesures qui ont été
appliquées pour leur mise en valeur. sur les be.
soins de ces provinces en produits fabriqués ve.
nus de l'extérieur. Après avoir rassemblé tous
les résultats des études techniques qui lui vien-
draient soit des différents bureaux du ministère
de la rue Oudinot. soit de nos colonies elles-
memea. le service les ferait connaître au com-
merce et à l'industrie de la métropole ; il aurait
son bulletin périodique, il serait en relations
constantes avec les Chambres de Commerce, il
se mettrait. enfin, à la disposition des industriels
et des commerçants qui s adresseraient directe-
ment à lui. Le ministère du Commerce, de son
côté, le tiendrait. d'une façon régulière, au cou-
rant des beIoina de DOtre COIDIDIICe et de DObe
industrie métropolitaine : la liaison serait donc
ainsi établie entre tous les producteurs colo-
niaux et les fabricants et œpciants de la
France.
Aujourd'hui, ces renseignements si précieux
font défaut et aux industriels français qui ne
savent pas exactement ce qu'ils peuvent atten-
dre - de nos colonies en matières premières, et
aux colonies qm sont mal édairéessur les con-
ditions dans lesquelles s'approvisionnent nos
industries nationales ; de U, des heurts iD\'OI
lontaires. des efforts qui se contrarient, des in-
térêts qui, sans le vouloir, se combattent.
Voici un exerwaple. Un industriel français
vient à l'O.N.C.E. (c'est l'Office National du
Commerce Extérieur). Il désire s'informer des
conditions de prix et d'approvisionnement du
marché américain en coton « Mid American » ;
le service de liaison étant créé (et il peut. nous
dit-on, être organisé avec un seul fonctionnaire :
euh 1 euh ! au début, peut-être, mais ne dorons
pu trop la pilule !), c'est à lui que l'on ren-
voie l'industliel en lui disant : Vous voilà ren-
seigné sur les conditions du march é américain.
mais si vous alliez vérifier les conditions dans
lesquelles vous pourriez vous procurer cette qua-
lité de coton de telle ou telle de nos colonies !
En effet, notre industriel se rend au service
de liaison. LA, on lui démontre que le coton
de notre Cambodge, par exemple, a les mêmes
f actéristiqoes que celui qu'il veut importer
d'Amérique, aux points de vue longueur, téna-
cité, résistance, facilité de torsion, etc. ; on
lui apprend quelles sont les quantités qu'on oeut
attenoe de cette colonie, les conditions d'achat,
de transport, les formalités douanières,, et on
ajoute : « Au surpiUl. voulez-vous que j'an-
nonce votre visite à l'Agence Economique de
l'Indo-Chine ? Vous terminerez là une enquête
que vous avez si bien commencée et vous vous
convaincrez que vous n aurez pas perdu votre
tempe. Au revoir. et merci. »
Un tel veut importer de la gomme laque, un
tel du benjoin, un tel des nattes : « Monsieur,
lui dira le fonctionnaire du service de liaitoa.
savez-vous que presque tous ces produits que
vous achetez comme provenant de Bangkok ou
de Honp-Kong arrivent bel et bien d'Indo-
Chine, Tonkin ou Laos ; alors, pourquoi ne pu
vous adresser à des exportateurs de Saigon ou de
Halphong ? C'est la sagesse même. »
RemarqUODl-le : ces industriels importateurs,
ces commerçants importateurs sont renseignés
sur les marchés étrangers ; renseignez-les sur les
possibilités qu'offrent nos colonies, et ils de-
viendront les clients de la plus grande France.
Le rapporteur du Conseil de Direction du
C.R.C.I.A., reprenant une vieille idée que
j'ai étudiée moi-même dans mon travail sur
l'Asence Economique, ajoute que ce service
de liaison n'aurait d'utilité pratique que s'il
était complété par une exposition permanente
rapprochant nos produits coloniaux des produits
similaires fournis par l'étranger. (Que devient la
promesse de l'unique fonctionnaire ? Mais je ne
veux pas chercher ici d'inutiles chicanes et je ne
suis pas de ces gens pour lesquels la peur
d'augmenter le nombre des fonctionnaires est le
commencement de la fin de la sagesse : qu'on
en crée autant ou il en faut, 1 essentiel est ou on
n'en crée pas d'inutiles 1) Cette exposition per-
manente serait, avant tout, une foire d'échan-
tillons, tenus toujours à l'état frais, surtout pour
les produits périssables. M. Chenet en esquisse
le plan général : grandes divisions à la tête des-
quelles se trouveraient autant de spécialistes
expérimentés, section des textiles, section des
gommes, section des oléagineux, section des
bois, etc.
Ainsi, l'industriel dont j'ai parlé et qui vient
aux informations peut imméd iatement vérifier
de ses yeux, de ses propres yeux, la vérité des
affirmations qu'on lui apporte ; il peut goûter
et comparer (goûter est, bien entendu, une
figure) ; il se décidera en connaissance de cause.
Tel est. dans ses grandes lignes,, le projet
présenté et discuté au Comité de Direction du
C.R.C.I.A. Je suis d'avis qu'il mérite d'être
examiné ailleurs. Mais ce qui me parait hors
de dilCUllicm, c'est le mal auquel if a l'inten-
tion de porter remède : Agences des Colonies
et Agence Générale des Colonies, Office Na-
tional du Commerce Extérieur ne peuvent conti-
nuer à s'iporer. je ne éais pas jusqu'à dire
à se regarder avec méfianoe, ce qui, après tout,
serait un moindre mal. De 1 ordre, de la coordi-
nation, de l'harmonie. voilà ce qu'il faut dans
l'administration contemporaine, et, tant que nous
n aurons pas cela, il y aura beaucoup d'activités
dépensées en pure perte. La discipline qui, se-
lon la formule connue, est la force des armées.
est beaucoup plus encore la force qui assurera
le relèvement économique et la prospérité com-
merciale. industrielle, agricole de la France et
de ses colonies.
Ifarto Itasiafan,
Sénateur de V Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
Exposition coloniale internationale
de Paris
Le Commissariat général de l'Exposition
Coloniale Internationale de Paris sera ins-
tallé à partir du 12 avril courant au Grand-
Palais, porte C.
1 .1. -
Emigrants polonais en Tunisie
«♦ 1
Le Gtornale dItalia reproduit la nouvelle
selon laquelle un notable contingent d'ou-
vriers polonais viendrait prochainement
s'installer en Tunisie.
.1.
Une escadre anglaise à Bizerte
1
Une escadre anglaise, composée du
conducteur de flottille Stuart et des contre-
torpilleurs Caroline et Vanessa, est arrivée
à Bizerte. Elle à pris le mouillage dans ta
baie Ponty. (Par dépêche.)
..a
Dépêches de l'Indochine
«♦»
Agitation à Hankéou
Une vive agitation se manifeste à Han-
kéou à la suite de la demande laite au
consul de France, par les autorités chin li-
ses de livrer deux réfugiés politiques.
Des placards ont été apposés dans la ville
chinoise, réclamant le - retour à la Chine
des concessions européennes.
Les négociations continuent entre le
consul et les autorités chinoise$l.
L'amiral Slotz, commandant la division
navale d'Extrême-Orient, est parti pour
Hankéou, à bord de Vaviso Craonne.
Cinéma Colonial
Conflit de races
Dans VInsoumise, film tiré de la pièce
de M. Pierre Frondaie, le prince arabe Fa-
zel el Ouargli, est un personnage fort sé-
duisant. Il a été aimé par une Parisienne,
Fabienne, qu'il a épousée. Dans son pays,
il reprend l'autorité d'un maitre. C'est là
tout le drame, qui se dénoue dans des péri-
péties violentes, la vie arabe, vue par
des yeux yankees, n'est pas traduite avec
une absolue exactitude, mais le metteur en
scène a trouvé là le prétexte de brillants dé-
cors.
L'état sanitaire
de la Côte d'Ivoire
181 ¥
Parmi les colonies du group e de
l'A.O.F., la Côte d'Ivoire fut con-
sidérée pendant longtemps comme
la moins saine. Ã. la moindre épidémie, la
population européenne, peu nombreuse, était
décimée : V atmosphère écrasante de la Forêt,
son impénétrabilité due tant à la végétation
qu'à la férocité de ses habitants, étaient au-
tant d'obstacles à notre installation, et, ce-
pendant, la conviction que cette région était
un pays d'un avenir économique considérable
était fortement ancrée dans l'esprit de ses
premiers et hardis pionniers.
En quelque dix années, la Côte d'Ivoire
fut pacifiée, pénétrée, traversée par une
voie ferrée qui s'avance actuellement à 453
kilomètres dans l'intérieur, des rotâtes auto-
mobilables sillonnent la Forêt qui a livré
ses secrets et ses richesses. A peine débarqué
sur le wharf de Bassam, une automobile
vous emmène en quelques heures à Dabou,
à 100 kilomètres de là, sur la lagune Ebrié,
par une route splendide qui, le long de la
mer, gagne Abidjan et, de là, en pleine
forêt, à l'ombre des palmes majestueuses,
va franchir l'Oyo sur un pont de bois, puis
VAgnèby par un bac et arrive à Dabou pour
se prolonger vers Tiassalé, en remontant vers
le nord-ouest en pleine forêt.
De cette transformation rapide de la colo-
nie est résultée une amélioration très sensi-
ble des conditions de vie des Européens et
des indigènes et l'on put s'apercevoir,
comme le fait, remarquer le docteur Bouf-
fard dans son étude sur le fonctionnement
des services de santé en Côte d'Ivoire en
1926 (Bulletin du Comité d'études histori-
ques et scientifiques de l'A.O.F.), que le
climat de la Côte d'Ivoire est bien meilleur
qu'on ne le pense et qu'il serait tôt que
certaines colonies de l'A.O.F. perdent cette
réputation d'insalubrité que les ravages du
paludisme et de la fièvre jaune leur ont
octroyée.
En 1925, de mars à juillet, on ne put voir
un seul Européen gravement malade et, chez
les travailleurs des chantiers forestiers, au-
cune épidémie et, tout au contraire, un en-
train remarquable. Ce qu'un simple profine
a constaté, le docteur Bou/fard, avec sa
grande connaissance acquise par un long
séjour, a pu en rechercher les causes et sur-
tout fixer les règles d'hygiène et de pro-
phylaxie dont l'observance améliorera ev-
core l'état sanitaire de la colonie.
C'est, en effet, par suite de négligences
dans l'application des mesures prophylacti-
ques : pas de quinine préventive, trop d'al-
cool, pas de moustiquaire, oue les maladies
se répandent d'une a on bénigne, il est vrai,
mais entraînant parfois des indispositions
d'assez longue durée.
Le paludisme, dont la bilieuse hémoglo-
binurique est la plus sérieuse et redoutable
manifestation, a presque disparu grâce à la
qtàninisation préventive.
La furonculose, dont la fréquence est en
rapport avec l'hyper fonctionnement des glan-
des de la, peau, a été combattue très effica-
cement par le docteur BouHard au moyen
de Vautohémothérapie. A la quatrième ou
cinquième injection, l'éruption est arrêtée et
la guérison définitive est obtenue le plus
souvent à la douzième injection.
Sur les dangers que l'alcool de traite fait
courir aux indigènes, le docteur Bouffard
écrit un long chapitre. Nous en retiendrons
seulement que la consommation progressive
d'alcool d'importation de toute nature trou-
ble profondément le psychisme indigène et
le conduit encore plus sûrement que l'Euro-
péen à être la proie des maladies sociales
dont les plus redoutables sont les maladies
vénériennes.
Nous sommes en train de compromettre
définitivement la vitalité d'une race et en
retardons l'évolution intellectuelle.
Prétendre que l'on peut, sans inconvé-
nient, laisser supplanter par l'alcool d'im-
portation les boissons fermentées locales,
t'est véritablement faire preuve d'une insuf-
fisance technique regrettable.
les Kroomen, ces remarquables et vigou-
reux travailleurs que connaissent les colons
de la côte d'Afrique, disparaissent peu à
peu, frappés sévèrement par l'alcoolisme et
la syphilis. Mais je doute fort (et tous ceux
oue j'ai interrogés en doutent également)
que l'on renonce à distribuer ce poison aux
travailleurs. Quand on a goûté à cet alcool
de traite, on ne peut l'appeler qu'un véri-
table poison; c'est du vitriol dont on abreuve
ces pauvres noirs.
Les efforts, réellement méritoires, du per-
sonnel médical ont donc amélioré la situa-
tion sanitaire' de la colonie ; les médecins
ont été de véritables et précieux auxiliaires
de l'Administration locale dans son œuvre
colonisatrice. Leur petit nombre ne leur a
malheureusement pas permis de détruire tout
A fait l'hydre de Lerne qui compte à la Côte
d'Ivoire plus de sept têtes qu'on ne saurait
abattre d un seul coup.
L*indigène entre progressivement dans la
Vote de Vkygiène individuelle et domestique.
Sans être une colonie de peuplement, la Côte
d'Ivoire devient rapidement un pays où
l'Européen feut vivre en famille ; les en-
fants y sont très rarement malades, les accou-
chements y sont plus faciles qu'ailleurs, à
ce point que le docteur Bouffard, dont j'ai
analysé trop sommairement le travail, insiste
toujours auprès des mutures mamans -bout
qu'elles achèvent leur grossesse à la colonie.
Conclusions des plus rassurantes pour
l'avenir de la tolOllie, qui feut compter
parmi une des plus riches de la côte occi-
dentale d'Afrique.
Krment irawaes,
Sénateur de la Marne.
Vice-président de la Commission des DeuaneR.
NOIR SUR BLANC
BANANIA?? ?
Nous avons publié un docianent formel établi
par l'Institut de Recherches Agronomiques du
Laboratoire de la Faculté de Pharmacie de
Paris. Il était signé du directeur du Laboratoire
l M. Fayolle, et disait textuellement,
centra l, 'analyse d'une botte du produit dit Ba-
après
nania : 1
LE PRODUIT NE RENFERME pAS
DE FARINE DE BANANES.
Nous empruntions à la Rumeur ce document
que d'autres journaux, notamment le Petit Bleu,
ont reproduit. Depuis, nous avons vu dans la
Rumeur une longue insertion ne démentant ni
D'infirmant le procès-verbal de l'éminent pro-
fesseur, C'est un bloc enfariné pas de ba-
nanes - où l'on dit que depuis quelques années
la Société achète pour quelque cent mille francs
de cossettes de bananes dans les colonies étran-
gères.
Nous avons lu, en outre, dans la Rameur,
une information financière concernant la Société
BANANIA qui marche, paraît-il, très bien.
De cela, nous nous moquons comme un pois-
son d'une pomme.
Ce qui nous importe, c'est de savoir si le
document signé par M. Fayolle est un faux ; si
oui, nous publierons, nous, gratuitement, le dé-
menti signé de M. Fayolle et des représentants
autorisés de Banania, heureux d'apprendre au
public qu'il n'est pas empoisonné par un produit
frelaté.
Sinon. toutes les suppositions sont permises.
£'A.,.
4001
Crise de main-doeuvre
aux Comores
.1.
Madagascar, si riche de produits divers,
ne l'est pas de main-d'oeuvre. L'on sait les
préoccupations du gouvernement général et
des colons à ce sujet. Mais elles sont plus
sérieuses encore aux Comores, puisque
Mayotte en est réduite à demander des tra-
vailleurs à la Grande Ile.
Les éléments locaux sont mauvais ou in-
suffisants. La plupart des indigènes sans
moyens d'existence ne travaillent que pour
payer l'impôt de capitation.
Chaque année, on enregistre à Pêpoque
des pluies^ qui est celle des plantations, un
nombre décroissant de bras et une régression
des plantations en quantité et en qualité.
On en arrive & se demander si les moyens
modernes de culture mécanique sont capa-
bles de suppléer à la pénurie d'hommes. Le
seul remède à celle-ci. vraisemblablement,
est dans une politique d'exportation et d'im-
portation de main-d'œuvre, qui ne saurait
être qu'affaire d'Etat.
8.a
Flnrs, cllalsons «(.élections
A la Martinique, cela se passe comme au
vingt Prairial de l'An II. L'enthousiasme
est encore jeune dans nos vieilles colonies
antillaises et emporte la foule dans un de
ces mouvements romantiques qui rappellent
l'idyllique fête de l'Etre suprême!. a J'ai
vu un peuple ivre d'orgueil et de ioie. »
« J'ai vu les femmes vêtues de rouge por-
tant des fleurs; les fanfares jouaient çà et
là dans la verdure. » Seulement, ce grand
spectacle s'est déroulé au 14 mars de l'an
1928, sous les Tropiques, en rade de Fort-
de-France et non a dans les nobles espaces
du Champ-de-Mars ». Les héros ne por-
taient ni le frac bleu pâle ni la culotte cou-
leur de paille à boucles d'argent des Con-
ventionnels célèbres, ils étaient en veston et
chapeau de paille; les hymnes enflammés,
dont les auteurs ne s'appelaient ni Chénier,
ni Désaugiers, célébraient ceux qui se pré-
sentent aux électeurs libres sous l'étiquette :
a Incorruptible ip.
La Guadeloupe chante. Sur l'air de « Ho-
nore sa race » (le nom du candidat rime
richement avec race), l'Ile module ses
doléances. La plainte en mi majeur éclate
contre le contingentement : « Les distille-
ries à dix mille francs se vendent un mil-
lion mais. » :
a Rhum à nous qui té seize sous. »
« Déjà huit francs par Gros Doudou. »
Le septième couplet est un appel à la
revanche : a Gourbeyriens, Capestériens,
n'oubliez pas ceux qui vous ont traités d'an-
thropophages, mangeurs de blancs.» Le can-
tique s'achève dans l'espérance d'un nou-
veau Messie.
Dans nos colonies d'Amérique, les élec-
tions sont une tempête déchaînée, la houle
ne cesse pas un seul instant. Vers l'admira-
ble ciel équatorial monte sans discernement
la longue litanie des injures personnelles
qui tiennent lieu de programme économique.
Et le chœur des électeurs répond chacun
pour son saint : c Ainsi soit-il 1 »
Sapotille
USKMIOR les etllill" lUMMItflR
1. frllCl
Les étudiants guadeloupéens en France
viennent de former une association générale
(23, rue Monge, Paris 511), en vue de ren-
forcer leur solidarité et de défendre leurs
intérêts.
Le Président du Comité est M. Lenis Blan-
che, élève de l'Ecole Normale Supérieure.
Pour tous renseignements et demande
d'adhésion, s'adresser à M. Louis Détanger,
Licencié en droit, au siège social, 23, rue
Monge.
Le Président reçoit sur rendez-vous.
GIBRALTAR A LA NAGE
l"
Il AfIo1't' la réussite de miss Gleitze, la nageuse
lludson a renonça à tenter la traversée du dé-
troit de (iibraltnr. Elle rejoindra l'Angleterre
à boni de 1' Insulinde.
Voyage aux Antilles
Des goûts et des couleurs.
l' 1
Des pitons culminants des îles, j'ai vu
jusqu'au lointain de l'Océan, le bercement
de la terre.
Comme dans le poème de Paul Fort, « on
pourrait faire une ronde autour du monde io,
si les trois milliards environ d'êtres humains
disséminés sur le globe c voulaient se don-
ner la main 1.
Mais les trois races, des Pôles à l'Equa-
teur, malgré leur existence depuis les siècles
des siècles sur la même petite planète, conti-
nuent de se dévisager curieusement et sans
aménité. La faute en est au Créateur; au
lieu de limiter sa palette au blanc, au noir,
au jaune, il aurait dû traiter l'homme à la
manière impressionniste, ne pas lui ménager
toutes les couleurs de son arc-en-ciel. Il eût
été divertissant, pour rompre la monotonie
et le particularisme, de rencontrer des hom-
mes vert jade, violet évêque ou bleu perven-
che. Seuls les grandes revues de music-hall
et les fonds de teint des élégantes téméraires
nous réservent ces spectacles originaux.
Martinique et Guadeloupe, depuis trois
cents ans, sont des succursales du Pmodiç
Terrestre, où se poursuit le croisement de
deux races opposées, la blanche et la noire.
A l'ombre bleue des palmiers de Karoukéra
et de Madinina, les premiers possesseurs du
sol, Caraïbes aux fins cheveux plats, ayant
été exterminés par les envahisseurs, les co-
lons d'Europe, Français pour la plupart,
partirent en croisade à travers le globe pour
ramener, de gré ou de force, les bris qui
manquaient aux îles dépeuPlées. Ils essayé
rent de l'Afrique, de la Chine, de VInde,
et ces humains importés des divers points
de la planète aux Antilles se mêlèrent diver-
sement, donnant à l'infini des dégradations
de nuances.
La Martinique et la Guadeloupe furent
peuplées de Mulâtres, de Quarterons, de
Câpres, de Métis, de Griffes, selon que
l'amour, par les nuits chaudes, si douces et
lascives sous l'Equateur, unissaient Nor-
mands et Coragolaises, JPlègres soudanais et
femmes des bord du Gange, Tourangeaux,
Bretons, Gascons et filles de la côte de Ma-
labar ou du pays des Somalis.
Seulement, à l'heure où cessait l'obscurité
des étoiles et quand les lies, dans la brume,
n'étaient encore que des nuages fermant
l'horizon, les enfants de l'amour se réveil-
laient frères ennemis. Madinina et fiarou-
kéra légères sur le miroir sans tain de l'eau
devenaient d'étranges glaces, brouillées de
sombres reflets OÙ chacun cherchait sur son
visage le secret d'un coin du monde.
Ainsi, les races, entre elles, demeurèrent
impénétrables. Dans les luttes aux mysté-
rieuses rancunes, les blancs, les noirs, les
hommes de couleur, risquèrent souvent la
prospérité des îles sur de périlleux sentiers
dressés au bord d'abimes
La race noire agit, s'élève, fait sûrement
sa place au soleil. Elle a le nombre pour
elle, une volonté, des muscles neufs.
Les hommes de couleur, doués d'un vIf
esprit d'assimilation participent habilement
aux luttes politiques; ils ont des poumons
puissants, un verbe sonore et une largé,
confiance .en eux-mêmes.
Les blancs se sont trop prématurément
résolus à vivre à l'écart dans une sorte de
résignation un peu dédaigneuse, au lieu de
poursuivre les efforts qui avaient créé et
développé les îles. Ils ne doivent pas se
laisser effriter par l'exode qui les ferait dis-
paraître lentement, alors qu'ils ont à jouer
un rôle primordial d'animateur. -
Le jour où les vains préjugés de couleur
iront rejoindre dans l'arsenal médiéval les
insignes juifs et les cagoules des pénitents,
la Martinique et la Guadeloupe connaîtront
peut-être l équilibre stable qui manque au
développement de leur prospérité.
C'est à quoi je pense dans la fcèriqus
Madinina, tandis que le soleil couchant est
une galère en or qui lance des rayons.
iKfarie* £ oM<«e Sicetrel.
fiiV MBH
I o 1
Le cargo Ciglio venait d'Alger à Nantes avec
des phosphates quand, trompé par l'obscurité,
il vint se jeter sur le prolongement du chemin
des Boeufs, au lieudit Tourellc-du-Bavard, & 25
milles environ de Saint-Nazaire, entre Noir-
moutier et Belle-Isle. A ce moment, le Tour-
billlon, de Saint-Nazaire, qui se trouvait & son
poste de veille sous la citadelle du Palais à
Belle-Isle, reçut du Ciglio un S. O. S. Il se ren-
dit aussitôt à son secours. Pendant plusieurs
heures, il tenta, en vain, de lui passer des re-
morques. La mer était houleuse. Le Ciglio pen-
ché sur bâbord, avait de fortes déchirures et il
y avait quatre mètres d'eau dans les cales.
Pourtant, l'équipage ne , voulut pas abandon-
ner son bord. Devant l'inutilité de ses efforts,
le Tourbillon dut revenir à Saint-Nazaire d'où
l'on envoya aussitôt le grand remorqueur
Jcannik sur les lieux du naufrage.
Le Jeannik a tenté de déséchouer le bateau,
nui est au fond d'un trou, fortement rempli
d'eau et gravement avarié. L'endroit est parti-
culill'emcnl dangereux, bon nombre de bateaux
y ayant déjà sombré.
, 1
POUR TERRE-NEUVE
»»»
Un vapeur de pêche de 2.200 tonnes por-
tant le nom de Sergenl-Gouame, construit à
Hambourg, pour le gouvernement français au
titre des réparations, vient de s'ancrer au port
de Saint-Malo. Un deuxième vapeur de même
tonnage sera terminé sous peu.
Selon l'Agence Wolff, il s'agit de deux
vapeurs de 65 mètres de long, munis d'une ma-
chine de 600 chevaux et susceptibles de faire
10 milles et demi à l'heure.
Ces. vapeurs seraient destinés à la pêche dau
la région de Terre-Neuve.
Le commerce de la France
avec ses colonies
-
Pendant les deux premiers mois de 1908,
les chiffres ci-dessous, concernant les échan-
ges de la métropole avec ses colonies, com-
parés à ceux des deux premiers mois de 1927*
ont été enregistrés :
Importations de la métropole
(en milliers de francs)
1928 1927
Algérie 427.077 4*4-«9®
Tunisie. 67.381 71.^00,
Maroc. 45.657 20.050
Afrique occidentale
française 134*346 106.895
Madagascar et dépen-
dances 77-892 58.34S
Indo-Chine française. 105.975 "3-74S
Autres colonies et
pays de protecto-
rat 119396 113.442
Totaux des colonies
françaises et pays
de protectorat 977.724 919.081*
Quant à la valeur des exportations fran-
çaises à destination des colonies et pays dtt
protectorat, elle s'établit de la façon sot*
vante, comparée à celle des deux premiers
mois de 1927 :
Exportations (en milliers de francs)
1928 1937
Algérie 441068 547-473
Tunisie 107.289 124.76a
Maroc 168.616 150.390
Afrique occidentale
française 133-938 125.688
Madagascar et dépen-
dances 61.359 64.479
Indo-Chine française. 166.872 240.012
Autres colonies et
pays de protecto-
rat 93-634 106.645
Totaux des colonies
françaises et pays
de protectorat 1.172.776 1.359.447
La Métropole, en janvier et février 1928,
a donc importé des produits coloniaux pouie,
58.643.000 francs de Plus que pendant la pt.
riode correspondante de 1927.
Au contraire, elle a exporté sur ses colo-
nies et pays de protectorat pour 186-671 -006
francs de moins en janvier-février 1928 que
pendant les deux premiers mois de 1927.
1 «i»
Les Artistes Coloniaux
Uu 11 au 85 avril, à la Galerie Jean Char-
pentier, 76, faubourg Saint-Honoré, M. MaM»
ubertrRobert, exposera une série de tahleaux
qu'U a rapportés de son voyage en Afrique du
Nord, de lunis à Marrakech.
Une utilisation
des bols coloniaux
»♦»
La Société Coloniale des Artistes français
organise un concours de modè Ies de moulurea
pour l'utilisation des bois coloniaux à la fabd.
cation de l'encadrement des œuvres art
entre les différents artistes qui voudront bien lui
envoyer des projets de moulures.
Nul n est admis à concourir s'il ne justifio
de sa qualité de Français.
Ce concours est doté de 1.300 francs de pris
et d'un objet d'art.
1 or prix : une prime de 600 francs.
2* prix : une prime de 400 francs.
3* prix : une prime de 300 francs.
4* prix : un objet d' art.
Les candidats devront présenter trois dessinrf
de profils de moulures, sans aucune ornementa-
tion, grandeur d'exécution, pour être exécutées
à la toupie et servir à la fabrication de cadrer.
La largeur des moulures, pour les trois des-
sins, est fixée à 0,05, 0,08 et 0,12 centimètre.
Chacun des dessins devra être accompagné
de son exécution en plâtre, sur une longueur da
0,20 centimètres.
Tout modèle qui ne pourrait être exécuté à
la toupie sera exclu du CODCOUn.
Les projets seront anonymes, ils porteront une
devise ou un signe qui sera répété sur une enve*
loppe cachetée, déposée par les concurrents ptt
même temps que les projets et contenant les
noms. prénoms et adresse du titulaire.
Le dépôt des projets est fixé au jeudi 10 maïa
de 9 h. à 12 h., et de 14 h. à 16 h., ait
Grand Palais des Champs-Elysées, Coun-Ia-
Reine (porte charretière).
Le jugement des projets aura lieu quelques
jours après leur dépôt. Le jury habituel de la
Société coloniale jugera les projets déposés. Les
projets primés resteront la propriété de la So-
ciété Coloniale, ceux non primés devront être
retirés d'urgence le 22 mai 1928. Les concur-
rents pourront se rendre compte de la couleus
et de la dureté des bois à 1 Agence Générale
des Colonies, Galerie d'Orléans, Palais-Royal
(Section des Bois coloniaux).
Un institut international africain
Une association où sont représentées 24 so-
ciétés savantes et plus de 10 nations, et qui a
pris le nom d Institut International pour l'Etude
des Langues et des Civilisations africainu. vient
de se constituer.
Cet Institut se propose les buts suivants :
Etudier les langues et les civilisations indi-
gènes d'Afrique ; aider à la production d'ou-
vrages scolaires en langues indigènes ; étudiée
les institutions sociales chez les Africains ; en-
courager la coopération internationale pour le
développement intellectuel des peuples afri-
cains, etc. Déjà. d'ailleurs, ils' est mis à
l' œuvre.
Les Gouvernements comme les Sociétés sa*
vantes ont fait bon accueil à cet Institut nais-
sant. Les missions, tant catholiques que protêt
tantes, y ont des représentants qualifiés ; sur kl
12 membres du Conseil, 3 sont Français, et -
assemblées générales ont été déjà ternies à Lon-
dres, à Pana et à BhPMeller.
L* nwwtl organisme parait vraiment répomèe
LX NUMERO : 10 CBNTIME
MARDI SOIR, 10 AVRIL 1928*
MVtlALjQUOTIDIER
Médartitm & Administration :
84. m a
PARIS 0"
LMPH.1 UOUVWB IMRT
» RICHKI.IBU IMI
Les Annales Coloniales
1m «murne*» fi NctaIM. sont reçue* m
IvrNM du tourrau.
DIRECTEURS I Maroel RUEDEL et L.-G. THÉBAUL T
Tous la mrttcles pubLU. dAru nobo tournai no peuvent
être reprocWUl qu'en citant les Aauui fn-rmuiis
ABONNEMENTS
avec le supplément illusird :
UIU I Moi* t MAI*
France et
Colonl. 1201 6S > SS s
Étranger.. 1M » 1M » M »
On l'abonna sans Crala dans
tooa les bumn da porta.
LES COLONIES ET LE COMMERCE
Dans la bousculade de la semaine du départ,
la Commission Sénatoriale des Colonies, puis
je Sénat lui-même, auraient pu examiner, dis-
cuter, approuver mon rapport sur l'Agence Gé-
nérale des CoIOIÛeI eu moÎDs de temps qu'il
n'en faut pour le sténographier. Notre Com-
mission des Colonies a préféré attendre la ren-
trée prochaine. Il est probable que nous au-
rons des débats sérieux. Nous n'aurions eu que
des débats rapides et superficiels, en admet-
tant même que, dans l'avalanche, cela n eût
pas roulé avec la même rapidité vertigineuse
que bien d'autres propositions ou projets. Félix
culpa, retard heureux : nous remettrons t œuvte
en chantier quand nous pourrons travailler dans
le calme, dans l'atmosp h ère sereine des séances
DOnDala.
Or, voici que le Bulletin du C.R.C.I.A. (n'ea-
sayez pas, lecteurs, de prononcer cela comme
un nom propre du pavs Àgrach) publie un rap-
port de son Comité de Direction sur « La liai-
son entre les colonies et le commerce ».
C.R.C.I.A., pour ne pas prolonger plus long-
temps votre curiosité inquiète, ce n'est pas le
Comité des Réformes de la Concentration Intel-
lectuelle et Artistique, c'est tout simplement le
bon vieux Comité Républicain du Commerce,
I n d ustrie et dirige
'de l'Industrie et de l'Agriculture, qCue haumet.
mon éminent collèsue. M. Charles Otaumet.
Le rapporteur, M. Chenet, a fait une étude
fort intéressante et sur laquelle je tiens à attirer
l'attention de tous ceux qui se préoccupent de
l'avenir de nos colonies.
Quand j'ai rappelé, à la Tribupe du Sénat,
lors de la discussion du superadditif douanier,
que le défaut de coordination entre les divers
ministères, et notamment entre celui des Colo-
nies et du Commerce, était la source d'une
foule de graves inconvénients, j'ai bien senti
que tout le monde était d'accord Hi-dessus. Sans
doute, l'honorable M. Chapeal, président de la
Commission des Douanes et ancien ministre du
Commerce, me répliquait que la règle, pour les
conventions commerciales, était de réunir les re-
présentants des colonies et ceux du ministère
du Commerce. l'étais trop poli pour vouloir,
sinon le contredire, du moins lui répliquer que
cette règle souffrait quelquea exceptions. Le
tapport que J ai sous les yeux commence par
déclarer qu'il n'y a actuellement aucune liaison,
« au point de vue relations économiques », entre
les services du ministère des Colonies et ceux
du ministère du Commerce, entre r Agence Gé-
nérale et les Agences des Colonies, a une part,
et l'Office National du Commerce extérieur, de
l'autre. Delà. un gaspillage fâcheux dans les
efforts entrepris. par les deux départements,
pour assurer l'approvisionnement de nos indus-
trie» nationales en matibes premières. Or. nous
tommes dans une période où la lutte contre le
gaspillage sous toutes ses formes est menée avec
assez de vigueur pour que nous puissions entre-
voir une organisation scientifique du travail dans
tous les domaines. Normalisation, rationalisa-
tion ne tendent qu'à cela. Les départements
ministériels ne sauraient avoir l'ambition de tes-
ter. au milieu d'un progrès aussi général, les
représentants attardés des vieilles méthodes et,
plus particulièrement, de celle qui consirte à
n'en pas avoir.
Le rapporteur du Conseil de Direction du
C.R.C.I.A. propose, en conséquence, l'institu-
tion, à l'Office National du Commerce Exté-
rieur. d'un service de liaison entre les deux mi-
nistères. Son rôle serait d'assurer la liaison en-
tre les deux organismes dont nous avons parlé,
« l'Agence Générale des Colonies étant réarasa-
nisée, bien entendu, sur des bases plus élargies
et surtout beaucoup plus pratiques avec une
Elus grande indépendance dans l'action ». (Dia-
le ! voilà le hic, ou, comme on dit dans le
jargon contemporain, le point névralgique du
problème !) - - -.
- Donc, cet office aurait d abord à centraliser
tous les renseignements sur les mat ières pre-
mières qu'on peut importer de chacune de nos
provinces lointaines, sur les mesures qui ont été
appliquées pour leur mise en valeur. sur les be.
soins de ces provinces en produits fabriqués ve.
nus de l'extérieur. Après avoir rassemblé tous
les résultats des études techniques qui lui vien-
draient soit des différents bureaux du ministère
de la rue Oudinot. soit de nos colonies elles-
memea. le service les ferait connaître au com-
merce et à l'industrie de la métropole ; il aurait
son bulletin périodique, il serait en relations
constantes avec les Chambres de Commerce, il
se mettrait. enfin, à la disposition des industriels
et des commerçants qui s adresseraient directe-
ment à lui. Le ministère du Commerce, de son
côté, le tiendrait. d'une façon régulière, au cou-
rant des beIoina de DOtre COIDIDIICe et de DObe
industrie métropolitaine : la liaison serait donc
ainsi établie entre tous les producteurs colo-
niaux et les fabricants et œpciants de la
France.
Aujourd'hui, ces renseignements si précieux
font défaut et aux industriels français qui ne
savent pas exactement ce qu'ils peuvent atten-
dre - de nos colonies en matières premières, et
aux colonies qm sont mal édairéessur les con-
ditions dans lesquelles s'approvisionnent nos
industries nationales ; de U, des heurts iD\'OI
lontaires. des efforts qui se contrarient, des in-
térêts qui, sans le vouloir, se combattent.
Voici un exerwaple. Un industriel français
vient à l'O.N.C.E. (c'est l'Office National du
Commerce Extérieur). Il désire s'informer des
conditions de prix et d'approvisionnement du
marché américain en coton « Mid American » ;
le service de liaison étant créé (et il peut. nous
dit-on, être organisé avec un seul fonctionnaire :
euh 1 euh ! au début, peut-être, mais ne dorons
pu trop la pilule !), c'est à lui que l'on ren-
voie l'industliel en lui disant : Vous voilà ren-
seigné sur les conditions du march é américain.
mais si vous alliez vérifier les conditions dans
lesquelles vous pourriez vous procurer cette qua-
lité de coton de telle ou telle de nos colonies !
En effet, notre industriel se rend au service
de liaison. LA, on lui démontre que le coton
de notre Cambodge, par exemple, a les mêmes
f actéristiqoes que celui qu'il veut importer
d'Amérique, aux points de vue longueur, téna-
cité, résistance, facilité de torsion, etc. ; on
lui apprend quelles sont les quantités qu'on oeut
attenoe de cette colonie, les conditions d'achat,
de transport, les formalités douanières,, et on
ajoute : « Au surpiUl. voulez-vous que j'an-
nonce votre visite à l'Agence Economique de
l'Indo-Chine ? Vous terminerez là une enquête
que vous avez si bien commencée et vous vous
convaincrez que vous n aurez pas perdu votre
tempe. Au revoir. et merci. »
Un tel veut importer de la gomme laque, un
tel du benjoin, un tel des nattes : « Monsieur,
lui dira le fonctionnaire du service de liaitoa.
savez-vous que presque tous ces produits que
vous achetez comme provenant de Bangkok ou
de Honp-Kong arrivent bel et bien d'Indo-
Chine, Tonkin ou Laos ; alors, pourquoi ne pu
vous adresser à des exportateurs de Saigon ou de
Halphong ? C'est la sagesse même. »
RemarqUODl-le : ces industriels importateurs,
ces commerçants importateurs sont renseignés
sur les marchés étrangers ; renseignez-les sur les
possibilités qu'offrent nos colonies, et ils de-
viendront les clients de la plus grande France.
Le rapporteur du Conseil de Direction du
C.R.C.I.A., reprenant une vieille idée que
j'ai étudiée moi-même dans mon travail sur
l'Asence Economique, ajoute que ce service
de liaison n'aurait d'utilité pratique que s'il
était complété par une exposition permanente
rapprochant nos produits coloniaux des produits
similaires fournis par l'étranger. (Que devient la
promesse de l'unique fonctionnaire ? Mais je ne
veux pas chercher ici d'inutiles chicanes et je ne
suis pas de ces gens pour lesquels la peur
d'augmenter le nombre des fonctionnaires est le
commencement de la fin de la sagesse : qu'on
en crée autant ou il en faut, 1 essentiel est ou on
n'en crée pas d'inutiles 1) Cette exposition per-
manente serait, avant tout, une foire d'échan-
tillons, tenus toujours à l'état frais, surtout pour
les produits périssables. M. Chenet en esquisse
le plan général : grandes divisions à la tête des-
quelles se trouveraient autant de spécialistes
expérimentés, section des textiles, section des
gommes, section des oléagineux, section des
bois, etc.
Ainsi, l'industriel dont j'ai parlé et qui vient
aux informations peut imméd iatement vérifier
de ses yeux, de ses propres yeux, la vérité des
affirmations qu'on lui apporte ; il peut goûter
et comparer (goûter est, bien entendu, une
figure) ; il se décidera en connaissance de cause.
Tel est. dans ses grandes lignes,, le projet
présenté et discuté au Comité de Direction du
C.R.C.I.A. Je suis d'avis qu'il mérite d'être
examiné ailleurs. Mais ce qui me parait hors
de dilCUllicm, c'est le mal auquel if a l'inten-
tion de porter remède : Agences des Colonies
et Agence Générale des Colonies, Office Na-
tional du Commerce Extérieur ne peuvent conti-
nuer à s'iporer. je ne éais pas jusqu'à dire
à se regarder avec méfianoe, ce qui, après tout,
serait un moindre mal. De 1 ordre, de la coordi-
nation, de l'harmonie. voilà ce qu'il faut dans
l'administration contemporaine, et, tant que nous
n aurons pas cela, il y aura beaucoup d'activités
dépensées en pure perte. La discipline qui, se-
lon la formule connue, est la force des armées.
est beaucoup plus encore la force qui assurera
le relèvement économique et la prospérité com-
merciale. industrielle, agricole de la France et
de ses colonies.
Ifarto Itasiafan,
Sénateur de V Hérault, ancien ministre
Vice-président de la Commission
sénatoriale des Colonies.
Exposition coloniale internationale
de Paris
Le Commissariat général de l'Exposition
Coloniale Internationale de Paris sera ins-
tallé à partir du 12 avril courant au Grand-
Palais, porte C.
1 .1. -
Emigrants polonais en Tunisie
«♦ 1
Le Gtornale dItalia reproduit la nouvelle
selon laquelle un notable contingent d'ou-
vriers polonais viendrait prochainement
s'installer en Tunisie.
.1.
Une escadre anglaise à Bizerte
1
Une escadre anglaise, composée du
conducteur de flottille Stuart et des contre-
torpilleurs Caroline et Vanessa, est arrivée
à Bizerte. Elle à pris le mouillage dans ta
baie Ponty. (Par dépêche.)
..a
Dépêches de l'Indochine
«♦»
Agitation à Hankéou
Une vive agitation se manifeste à Han-
kéou à la suite de la demande laite au
consul de France, par les autorités chin li-
ses de livrer deux réfugiés politiques.
Des placards ont été apposés dans la ville
chinoise, réclamant le - retour à la Chine
des concessions européennes.
Les négociations continuent entre le
consul et les autorités chinoise$l.
L'amiral Slotz, commandant la division
navale d'Extrême-Orient, est parti pour
Hankéou, à bord de Vaviso Craonne.
Cinéma Colonial
Conflit de races
Dans VInsoumise, film tiré de la pièce
de M. Pierre Frondaie, le prince arabe Fa-
zel el Ouargli, est un personnage fort sé-
duisant. Il a été aimé par une Parisienne,
Fabienne, qu'il a épousée. Dans son pays,
il reprend l'autorité d'un maitre. C'est là
tout le drame, qui se dénoue dans des péri-
péties violentes, la vie arabe, vue par
des yeux yankees, n'est pas traduite avec
une absolue exactitude, mais le metteur en
scène a trouvé là le prétexte de brillants dé-
cors.
L'état sanitaire
de la Côte d'Ivoire
181 ¥
Parmi les colonies du group e de
l'A.O.F., la Côte d'Ivoire fut con-
sidérée pendant longtemps comme
la moins saine. Ã. la moindre épidémie, la
population européenne, peu nombreuse, était
décimée : V atmosphère écrasante de la Forêt,
son impénétrabilité due tant à la végétation
qu'à la férocité de ses habitants, étaient au-
tant d'obstacles à notre installation, et, ce-
pendant, la conviction que cette région était
un pays d'un avenir économique considérable
était fortement ancrée dans l'esprit de ses
premiers et hardis pionniers.
En quelque dix années, la Côte d'Ivoire
fut pacifiée, pénétrée, traversée par une
voie ferrée qui s'avance actuellement à 453
kilomètres dans l'intérieur, des rotâtes auto-
mobilables sillonnent la Forêt qui a livré
ses secrets et ses richesses. A peine débarqué
sur le wharf de Bassam, une automobile
vous emmène en quelques heures à Dabou,
à 100 kilomètres de là, sur la lagune Ebrié,
par une route splendide qui, le long de la
mer, gagne Abidjan et, de là, en pleine
forêt, à l'ombre des palmes majestueuses,
va franchir l'Oyo sur un pont de bois, puis
VAgnèby par un bac et arrive à Dabou pour
se prolonger vers Tiassalé, en remontant vers
le nord-ouest en pleine forêt.
De cette transformation rapide de la colo-
nie est résultée une amélioration très sensi-
ble des conditions de vie des Européens et
des indigènes et l'on put s'apercevoir,
comme le fait, remarquer le docteur Bouf-
fard dans son étude sur le fonctionnement
des services de santé en Côte d'Ivoire en
1926 (Bulletin du Comité d'études histori-
ques et scientifiques de l'A.O.F.), que le
climat de la Côte d'Ivoire est bien meilleur
qu'on ne le pense et qu'il serait tôt que
certaines colonies de l'A.O.F. perdent cette
réputation d'insalubrité que les ravages du
paludisme et de la fièvre jaune leur ont
octroyée.
En 1925, de mars à juillet, on ne put voir
un seul Européen gravement malade et, chez
les travailleurs des chantiers forestiers, au-
cune épidémie et, tout au contraire, un en-
train remarquable. Ce qu'un simple profine
a constaté, le docteur Bou/fard, avec sa
grande connaissance acquise par un long
séjour, a pu en rechercher les causes et sur-
tout fixer les règles d'hygiène et de pro-
phylaxie dont l'observance améliorera ev-
core l'état sanitaire de la colonie.
C'est, en effet, par suite de négligences
dans l'application des mesures prophylacti-
ques : pas de quinine préventive, trop d'al-
cool, pas de moustiquaire, oue les maladies
se répandent d'une a on bénigne, il est vrai,
mais entraînant parfois des indispositions
d'assez longue durée.
Le paludisme, dont la bilieuse hémoglo-
binurique est la plus sérieuse et redoutable
manifestation, a presque disparu grâce à la
qtàninisation préventive.
La furonculose, dont la fréquence est en
rapport avec l'hyper fonctionnement des glan-
des de la, peau, a été combattue très effica-
cement par le docteur BouHard au moyen
de Vautohémothérapie. A la quatrième ou
cinquième injection, l'éruption est arrêtée et
la guérison définitive est obtenue le plus
souvent à la douzième injection.
Sur les dangers que l'alcool de traite fait
courir aux indigènes, le docteur Bouffard
écrit un long chapitre. Nous en retiendrons
seulement que la consommation progressive
d'alcool d'importation de toute nature trou-
ble profondément le psychisme indigène et
le conduit encore plus sûrement que l'Euro-
péen à être la proie des maladies sociales
dont les plus redoutables sont les maladies
vénériennes.
Nous sommes en train de compromettre
définitivement la vitalité d'une race et en
retardons l'évolution intellectuelle.
Prétendre que l'on peut, sans inconvé-
nient, laisser supplanter par l'alcool d'im-
portation les boissons fermentées locales,
t'est véritablement faire preuve d'une insuf-
fisance technique regrettable.
les Kroomen, ces remarquables et vigou-
reux travailleurs que connaissent les colons
de la côte d'Afrique, disparaissent peu à
peu, frappés sévèrement par l'alcoolisme et
la syphilis. Mais je doute fort (et tous ceux
oue j'ai interrogés en doutent également)
que l'on renonce à distribuer ce poison aux
travailleurs. Quand on a goûté à cet alcool
de traite, on ne peut l'appeler qu'un véri-
table poison; c'est du vitriol dont on abreuve
ces pauvres noirs.
Les efforts, réellement méritoires, du per-
sonnel médical ont donc amélioré la situa-
tion sanitaire' de la colonie ; les médecins
ont été de véritables et précieux auxiliaires
de l'Administration locale dans son œuvre
colonisatrice. Leur petit nombre ne leur a
malheureusement pas permis de détruire tout
A fait l'hydre de Lerne qui compte à la Côte
d'Ivoire plus de sept têtes qu'on ne saurait
abattre d un seul coup.
L*indigène entre progressivement dans la
Vote de Vkygiène individuelle et domestique.
Sans être une colonie de peuplement, la Côte
d'Ivoire devient rapidement un pays où
l'Européen feut vivre en famille ; les en-
fants y sont très rarement malades, les accou-
chements y sont plus faciles qu'ailleurs, à
ce point que le docteur Bouffard, dont j'ai
analysé trop sommairement le travail, insiste
toujours auprès des mutures mamans -bout
qu'elles achèvent leur grossesse à la colonie.
Conclusions des plus rassurantes pour
l'avenir de la tolOllie, qui feut compter
parmi une des plus riches de la côte occi-
dentale d'Afrique.
Krment irawaes,
Sénateur de la Marne.
Vice-président de la Commission des DeuaneR.
NOIR SUR BLANC
BANANIA?? ?
Nous avons publié un docianent formel établi
par l'Institut de Recherches Agronomiques du
Laboratoire de la Faculté de Pharmacie de
Paris. Il était signé du directeur du Laboratoire
l M. Fayolle, et disait textuellement,
centra l, 'analyse d'une botte du produit dit Ba-
après
nania : 1
LE PRODUIT NE RENFERME pAS
DE FARINE DE BANANES.
Nous empruntions à la Rumeur ce document
que d'autres journaux, notamment le Petit Bleu,
ont reproduit. Depuis, nous avons vu dans la
Rumeur une longue insertion ne démentant ni
D'infirmant le procès-verbal de l'éminent pro-
fesseur, C'est un bloc enfariné pas de ba-
nanes - où l'on dit que depuis quelques années
la Société achète pour quelque cent mille francs
de cossettes de bananes dans les colonies étran-
gères.
Nous avons lu, en outre, dans la Rameur,
une information financière concernant la Société
BANANIA qui marche, paraît-il, très bien.
De cela, nous nous moquons comme un pois-
son d'une pomme.
Ce qui nous importe, c'est de savoir si le
document signé par M. Fayolle est un faux ; si
oui, nous publierons, nous, gratuitement, le dé-
menti signé de M. Fayolle et des représentants
autorisés de Banania, heureux d'apprendre au
public qu'il n'est pas empoisonné par un produit
frelaté.
Sinon. toutes les suppositions sont permises.
£'A.,.
4001
Crise de main-doeuvre
aux Comores
.1.
Madagascar, si riche de produits divers,
ne l'est pas de main-d'oeuvre. L'on sait les
préoccupations du gouvernement général et
des colons à ce sujet. Mais elles sont plus
sérieuses encore aux Comores, puisque
Mayotte en est réduite à demander des tra-
vailleurs à la Grande Ile.
Les éléments locaux sont mauvais ou in-
suffisants. La plupart des indigènes sans
moyens d'existence ne travaillent que pour
payer l'impôt de capitation.
Chaque année, on enregistre à Pêpoque
des pluies^ qui est celle des plantations, un
nombre décroissant de bras et une régression
des plantations en quantité et en qualité.
On en arrive & se demander si les moyens
modernes de culture mécanique sont capa-
bles de suppléer à la pénurie d'hommes. Le
seul remède à celle-ci. vraisemblablement,
est dans une politique d'exportation et d'im-
portation de main-d'œuvre, qui ne saurait
être qu'affaire d'Etat.
8.a
Flnrs, cllalsons «(.élections
A la Martinique, cela se passe comme au
vingt Prairial de l'An II. L'enthousiasme
est encore jeune dans nos vieilles colonies
antillaises et emporte la foule dans un de
ces mouvements romantiques qui rappellent
l'idyllique fête de l'Etre suprême!. a J'ai
vu un peuple ivre d'orgueil et de ioie. »
« J'ai vu les femmes vêtues de rouge por-
tant des fleurs; les fanfares jouaient çà et
là dans la verdure. » Seulement, ce grand
spectacle s'est déroulé au 14 mars de l'an
1928, sous les Tropiques, en rade de Fort-
de-France et non a dans les nobles espaces
du Champ-de-Mars ». Les héros ne por-
taient ni le frac bleu pâle ni la culotte cou-
leur de paille à boucles d'argent des Con-
ventionnels célèbres, ils étaient en veston et
chapeau de paille; les hymnes enflammés,
dont les auteurs ne s'appelaient ni Chénier,
ni Désaugiers, célébraient ceux qui se pré-
sentent aux électeurs libres sous l'étiquette :
a Incorruptible ip.
La Guadeloupe chante. Sur l'air de « Ho-
nore sa race » (le nom du candidat rime
richement avec race), l'Ile module ses
doléances. La plainte en mi majeur éclate
contre le contingentement : « Les distille-
ries à dix mille francs se vendent un mil-
lion mais. » :
a Rhum à nous qui té seize sous. »
« Déjà huit francs par Gros Doudou. »
Le septième couplet est un appel à la
revanche : a Gourbeyriens, Capestériens,
n'oubliez pas ceux qui vous ont traités d'an-
thropophages, mangeurs de blancs.» Le can-
tique s'achève dans l'espérance d'un nou-
veau Messie.
Dans nos colonies d'Amérique, les élec-
tions sont une tempête déchaînée, la houle
ne cesse pas un seul instant. Vers l'admira-
ble ciel équatorial monte sans discernement
la longue litanie des injures personnelles
qui tiennent lieu de programme économique.
Et le chœur des électeurs répond chacun
pour son saint : c Ainsi soit-il 1 »
Sapotille
USKMIOR les etllill" lUMMItflR
1. frllCl
Les étudiants guadeloupéens en France
viennent de former une association générale
(23, rue Monge, Paris 511), en vue de ren-
forcer leur solidarité et de défendre leurs
intérêts.
Le Président du Comité est M. Lenis Blan-
che, élève de l'Ecole Normale Supérieure.
Pour tous renseignements et demande
d'adhésion, s'adresser à M. Louis Détanger,
Licencié en droit, au siège social, 23, rue
Monge.
Le Président reçoit sur rendez-vous.
GIBRALTAR A LA NAGE
l"
Il AfIo1't' la réussite de miss Gleitze, la nageuse
lludson a renonça à tenter la traversée du dé-
troit de (iibraltnr. Elle rejoindra l'Angleterre
à boni de 1' Insulinde.
Voyage aux Antilles
Des goûts et des couleurs.
l' 1
Des pitons culminants des îles, j'ai vu
jusqu'au lointain de l'Océan, le bercement
de la terre.
Comme dans le poème de Paul Fort, « on
pourrait faire une ronde autour du monde io,
si les trois milliards environ d'êtres humains
disséminés sur le globe c voulaient se don-
ner la main 1.
Mais les trois races, des Pôles à l'Equa-
teur, malgré leur existence depuis les siècles
des siècles sur la même petite planète, conti-
nuent de se dévisager curieusement et sans
aménité. La faute en est au Créateur; au
lieu de limiter sa palette au blanc, au noir,
au jaune, il aurait dû traiter l'homme à la
manière impressionniste, ne pas lui ménager
toutes les couleurs de son arc-en-ciel. Il eût
été divertissant, pour rompre la monotonie
et le particularisme, de rencontrer des hom-
mes vert jade, violet évêque ou bleu perven-
che. Seuls les grandes revues de music-hall
et les fonds de teint des élégantes téméraires
nous réservent ces spectacles originaux.
Martinique et Guadeloupe, depuis trois
cents ans, sont des succursales du Pmodiç
Terrestre, où se poursuit le croisement de
deux races opposées, la blanche et la noire.
A l'ombre bleue des palmiers de Karoukéra
et de Madinina, les premiers possesseurs du
sol, Caraïbes aux fins cheveux plats, ayant
été exterminés par les envahisseurs, les co-
lons d'Europe, Français pour la plupart,
partirent en croisade à travers le globe pour
ramener, de gré ou de force, les bris qui
manquaient aux îles dépeuPlées. Ils essayé
rent de l'Afrique, de la Chine, de VInde,
et ces humains importés des divers points
de la planète aux Antilles se mêlèrent diver-
sement, donnant à l'infini des dégradations
de nuances.
La Martinique et la Guadeloupe furent
peuplées de Mulâtres, de Quarterons, de
Câpres, de Métis, de Griffes, selon que
l'amour, par les nuits chaudes, si douces et
lascives sous l'Equateur, unissaient Nor-
mands et Coragolaises, JPlègres soudanais et
femmes des bord du Gange, Tourangeaux,
Bretons, Gascons et filles de la côte de Ma-
labar ou du pays des Somalis.
Seulement, à l'heure où cessait l'obscurité
des étoiles et quand les lies, dans la brume,
n'étaient encore que des nuages fermant
l'horizon, les enfants de l'amour se réveil-
laient frères ennemis. Madinina et fiarou-
kéra légères sur le miroir sans tain de l'eau
devenaient d'étranges glaces, brouillées de
sombres reflets OÙ chacun cherchait sur son
visage le secret d'un coin du monde.
Ainsi, les races, entre elles, demeurèrent
impénétrables. Dans les luttes aux mysté-
rieuses rancunes, les blancs, les noirs, les
hommes de couleur, risquèrent souvent la
prospérité des îles sur de périlleux sentiers
dressés au bord d'abimes
La race noire agit, s'élève, fait sûrement
sa place au soleil. Elle a le nombre pour
elle, une volonté, des muscles neufs.
Les hommes de couleur, doués d'un vIf
esprit d'assimilation participent habilement
aux luttes politiques; ils ont des poumons
puissants, un verbe sonore et une largé,
confiance .en eux-mêmes.
Les blancs se sont trop prématurément
résolus à vivre à l'écart dans une sorte de
résignation un peu dédaigneuse, au lieu de
poursuivre les efforts qui avaient créé et
développé les îles. Ils ne doivent pas se
laisser effriter par l'exode qui les ferait dis-
paraître lentement, alors qu'ils ont à jouer
un rôle primordial d'animateur. -
Le jour où les vains préjugés de couleur
iront rejoindre dans l'arsenal médiéval les
insignes juifs et les cagoules des pénitents,
la Martinique et la Guadeloupe connaîtront
peut-être l équilibre stable qui manque au
développement de leur prospérité.
C'est à quoi je pense dans la fcèriqus
Madinina, tandis que le soleil couchant est
une galère en or qui lance des rayons.
iKfarie* £ oM<«e Sicetrel.
fiiV MBH
I o 1
Le cargo Ciglio venait d'Alger à Nantes avec
des phosphates quand, trompé par l'obscurité,
il vint se jeter sur le prolongement du chemin
des Boeufs, au lieudit Tourellc-du-Bavard, & 25
milles environ de Saint-Nazaire, entre Noir-
moutier et Belle-Isle. A ce moment, le Tour-
billlon, de Saint-Nazaire, qui se trouvait & son
poste de veille sous la citadelle du Palais à
Belle-Isle, reçut du Ciglio un S. O. S. Il se ren-
dit aussitôt à son secours. Pendant plusieurs
heures, il tenta, en vain, de lui passer des re-
morques. La mer était houleuse. Le Ciglio pen-
ché sur bâbord, avait de fortes déchirures et il
y avait quatre mètres d'eau dans les cales.
Pourtant, l'équipage ne , voulut pas abandon-
ner son bord. Devant l'inutilité de ses efforts,
le Tourbillon dut revenir à Saint-Nazaire d'où
l'on envoya aussitôt le grand remorqueur
Jcannik sur les lieux du naufrage.
Le Jeannik a tenté de déséchouer le bateau,
nui est au fond d'un trou, fortement rempli
d'eau et gravement avarié. L'endroit est parti-
culill'emcnl dangereux, bon nombre de bateaux
y ayant déjà sombré.
, 1
POUR TERRE-NEUVE
»»»
Un vapeur de pêche de 2.200 tonnes por-
tant le nom de Sergenl-Gouame, construit à
Hambourg, pour le gouvernement français au
titre des réparations, vient de s'ancrer au port
de Saint-Malo. Un deuxième vapeur de même
tonnage sera terminé sous peu.
Selon l'Agence Wolff, il s'agit de deux
vapeurs de 65 mètres de long, munis d'une ma-
chine de 600 chevaux et susceptibles de faire
10 milles et demi à l'heure.
Ces. vapeurs seraient destinés à la pêche dau
la région de Terre-Neuve.
Le commerce de la France
avec ses colonies
-
Pendant les deux premiers mois de 1908,
les chiffres ci-dessous, concernant les échan-
ges de la métropole avec ses colonies, com-
parés à ceux des deux premiers mois de 1927*
ont été enregistrés :
Importations de la métropole
(en milliers de francs)
1928 1927
Algérie 427.077 4*4-«9®
Tunisie. 67.381 71.^00,
Maroc. 45.657 20.050
Afrique occidentale
française 134*346 106.895
Madagascar et dépen-
dances 77-892 58.34S
Indo-Chine française. 105.975 "3-74S
Autres colonies et
pays de protecto-
rat 119396 113.442
Totaux des colonies
françaises et pays
de protectorat 977.724 919.081*
Quant à la valeur des exportations fran-
çaises à destination des colonies et pays dtt
protectorat, elle s'établit de la façon sot*
vante, comparée à celle des deux premiers
mois de 1927 :
Exportations (en milliers de francs)
1928 1937
Algérie 441068 547-473
Tunisie 107.289 124.76a
Maroc 168.616 150.390
Afrique occidentale
française 133-938 125.688
Madagascar et dépen-
dances 61.359 64.479
Indo-Chine française. 166.872 240.012
Autres colonies et
pays de protecto-
rat 93-634 106.645
Totaux des colonies
françaises et pays
de protectorat 1.172.776 1.359.447
La Métropole, en janvier et février 1928,
a donc importé des produits coloniaux pouie,
58.643.000 francs de Plus que pendant la pt.
riode correspondante de 1927.
Au contraire, elle a exporté sur ses colo-
nies et pays de protectorat pour 186-671 -006
francs de moins en janvier-février 1928 que
pendant les deux premiers mois de 1927.
1 «i»
Les Artistes Coloniaux
Uu 11 au 85 avril, à la Galerie Jean Char-
pentier, 76, faubourg Saint-Honoré, M. MaM»
ubertrRobert, exposera une série de tahleaux
qu'U a rapportés de son voyage en Afrique du
Nord, de lunis à Marrakech.
Une utilisation
des bols coloniaux
»♦»
La Société Coloniale des Artistes français
organise un concours de modè Ies de moulurea
pour l'utilisation des bois coloniaux à la fabd.
cation de l'encadrement des œuvres art
entre les différents artistes qui voudront bien lui
envoyer des projets de moulures.
Nul n est admis à concourir s'il ne justifio
de sa qualité de Français.
Ce concours est doté de 1.300 francs de pris
et d'un objet d'art.
1 or prix : une prime de 600 francs.
2* prix : une prime de 400 francs.
3* prix : une prime de 300 francs.
4* prix : un objet d' art.
Les candidats devront présenter trois dessinrf
de profils de moulures, sans aucune ornementa-
tion, grandeur d'exécution, pour être exécutées
à la toupie et servir à la fabrication de cadrer.
La largeur des moulures, pour les trois des-
sins, est fixée à 0,05, 0,08 et 0,12 centimètre.
Chacun des dessins devra être accompagné
de son exécution en plâtre, sur une longueur da
0,20 centimètres.
Tout modèle qui ne pourrait être exécuté à
la toupie sera exclu du CODCOUn.
Les projets seront anonymes, ils porteront une
devise ou un signe qui sera répété sur une enve*
loppe cachetée, déposée par les concurrents ptt
même temps que les projets et contenant les
noms. prénoms et adresse du titulaire.
Le dépôt des projets est fixé au jeudi 10 maïa
de 9 h. à 12 h., et de 14 h. à 16 h., ait
Grand Palais des Champs-Elysées, Coun-Ia-
Reine (porte charretière).
Le jugement des projets aura lieu quelques
jours après leur dépôt. Le jury habituel de la
Société coloniale jugera les projets déposés. Les
projets primés resteront la propriété de la So-
ciété Coloniale, ceux non primés devront être
retirés d'urgence le 22 mai 1928. Les concur-
rents pourront se rendre compte de la couleus
et de la dureté des bois à 1 Agence Générale
des Colonies, Galerie d'Orléans, Palais-Royal
(Section des Bois coloniaux).
Un institut international africain
Une association où sont représentées 24 so-
ciétés savantes et plus de 10 nations, et qui a
pris le nom d Institut International pour l'Etude
des Langues et des Civilisations africainu. vient
de se constituer.
Cet Institut se propose les buts suivants :
Etudier les langues et les civilisations indi-
gènes d'Afrique ; aider à la production d'ou-
vrages scolaires en langues indigènes ; étudiée
les institutions sociales chez les Africains ; en-
courager la coopération internationale pour le
développement intellectuel des peuples afri-
cains, etc. Déjà. d'ailleurs, ils' est mis à
l' œuvre.
Les Gouvernements comme les Sociétés sa*
vantes ont fait bon accueil à cet Institut nais-
sant. Les missions, tant catholiques que protêt
tantes, y ont des représentants qualifiés ; sur kl
12 membres du Conseil, 3 sont Français, et -
assemblées générales ont été déjà ternies à Lon-
dres, à Pana et à BhPMeller.
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